C’est toujours la même chose lorsque les premiers ministres japonais se rendent à Washington pour un sommet à la Maison Blanche. Rien ne semble se passer et personne n’y fait attention, même lorsque des événements importants se produisent, alors que nous devrions tous y être attentifs. Et lorsque, finalement, nous y prêtons une attention passagère, nous avons généralement tout faux. En janvier 1960, lorsque le premier ministre Nobusuke Kishi s’est rendu à Washington, le président Eisenhower a félicité le criminel de guerre et signé un traité de sécurité auquel le public japonais s’est vigoureusement opposé. Cette semaine-là, Newsweek a désigné Kishi comme étant « ce vendeur japonais sympathique et avisé. »
Source : ScheerPost, Patrick Lawrence
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Kishi s’est révélé en effet être un bon vendeur. Trois ans plus tard, il a fait appel à la police armée pour expulser les parlementaires de l’opposition de la Diète et forcer la ratification du traité Anpo, comme l’appellent les Japonais [Le traité de coopération mutuelle et de sécurité entre les États-Unis et le Japon a été signé le 19 janvier 1960 entre le Japon et les États-Unis, NdT]. Les membres de son parti, le Parti libéral démocrate (PLD) étaient les seuls présents lors du vote de ce traité. « Un personnage de 75 kg débordant de dignité, de dynamisme et de passion : une incarnation parfaite de l’étonnante résurgence de son pays », écrivait le TIME à propos de l’homme qui aurait dû être pendu une décennie plus tôt.
Et voilà que maintenant nous avons le premier ministre Fumio Kishida, qui a rencontré notre président Joe l’endormi dans le bureau ovale. Je ne sais pas ce que vaut Kishida ou dans quelle mesure il est fier de lui-même ou de sa nation, mais, dans un étonnant parallèle avec le sommet Kishi-Eisenhower, Joe Biden a encensé son virage radical vers le militarisme alors même que la Constitution pacifiste du Japon l’interdit.