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Sept idées fausses sur les médias, par Aude Lancelin

Friday 13 October 2017 at 05:30

Source : Aude Lancelin, 11-10-2017

Les gardiens de nos médias CAC 40 ont une rhétorique bien rodée pour se garder de toute critique, et continuer à passer pour des héros des libertés publiques tout en oeuvrant à verrouiller le système d’information français. Demi-vérités, mythes éculés ou mensonges éhontés, certains de leurs arguments s’avèrent hélas encore très efficaces auprès du public. Voici comment s’armer intellectuellement contre ces pseudo-évidences en sept leçons.

Les journalistes ont-ils trahi, au sens où Julien Benda pu parler en son temps d’une trahison des clercs ? On pourrait le penser, à voir avec quelle ardeur certains d’entre eux défendent les pouvoirs en place, mordent les mollets des quelques réfractaires, et se satisfont globalement d’un fonctionnement où leurs seuls interstices de liberté sont pourtant condamnés à demeurer sans vraie portée. L’idée de trahison est toutefois peu adaptée, la plupart des journalistes n’ayant pas une claire conscience de l’idéal professionnel qu’ils sacrifient en se faisant les défenseurs d’un système des médias devenu profondément vicieux dans son fonctionnement, et dangereux dans ses implications démocratiques. La plupart n’agissent pas avec l’intention de nuire. Eux-mêmes sont en effet devenus, via l’instruction reçue dans les écoles de journalisme, ou la formation sur le tas dans les open spaces des rédactions contemporaines, le produit d’une vision javélisée de ce métier qui ne leur permet plus d’accéder au sens que celui-ci pouvait avoir, lorsque la grande presse d’opinion existait encore. Accompagnateurs enthousiastes de la ruine de leur profession, beaucoup de journalistes ont l’impression sincère de défendre un système actionnarial certes pas parfait, mais suffisamment bon, au sens où la psychanalyste Mélanie Klein, parlait de soins maternels suffisamment bons pour ne pas trop amocher un psychisme. Lorsqu’ils interviennent dans l’espace public pour patrouiller en faveur de leurs actionnaires, qualifier de complotistes les détracteurs d’un système d’information gardienné dans sa quasi-totalité par les entreprises du CAC 40, et certifier la liberté d’expression dont ils jouissent, certains d’entre eux ont même réellement le sentiment de s’inscrire dans un glorieux combat historique en faveur de la vérité des faits. Si on les attaque, n’est-ce pas d’ailleurs le signe qu’ils gênent ? Si on les malmène dans les meetings, si on les insulte sur les réseaux, n’est-ce pas la preuve qu’ils ont mis leurs pas dans les traces des deux Albert, Londres et Camus ?

A cela, ajoutons que l’idée de traîtrise ne convient pas davantage à la sociologie nouvelle de ce métier, aux nouvelles lignes de front que celle-ci commence malgré tout à esquisser, et aux espoirs qui peuvent tout de même en naître. Plutôt que des Judas, beaucoup de journalistes sont en effet désormais des estropiés de ce système. Si on laisse de côté la fine pellicule des éditorialistes surpayés et fanatiquement dévoués à la perpétuation de ce dernier, la précarisation galopante de la profession est désormais une réalité. Il s’agit désormais d’un milieu où, pour parler crûment, on peut obtenir la sacro-sainte « carte de presse », et donc être déclaré journaliste professionnel, pour un revenu mensuel correspondant à la moitié d’un Smic. Lorsque l’on sait que, malgré cela, le nombre de cartes de presse a pour la première fois reculé en France depuis 2015, cela en dit long sur la réalité salariale d’un métier que la destruction en cours du code du travail va bien sûr encore considérablement contribuer à dégrader. Ainsi beaucoup de journalistes sont-ils en train de changer de classe, c’est un fait. Seulement voilà, même chez ces gens-là, et à cet égard la puissance de l’idéologie ne laisse pas d’impressionner, vous en trouverez encore très peu à cette heure pour remettre en question le système général de possession des médias pourtant en grande partie responsable de leur situation. Ou pour quitter le domaine de la plainte purement locale, et réclamer autre chose que des « chartes éthiques », c’est-à-dire de bonnes paroles de leurs actionnaires, des promesses vertueuses de non-intervention, et autres airs de flûte grandioses qui n’engagent que ceux qui les écoutent.

Autant de raisons pour lesquelles, aujourd’hui, il est plus que jamais important d’identifier les différentes idées fausses qui empêchent le public de prendre conscience de la nécessité de s’emparer de la question des médias, et d’en faire une question politique prioritaire. Ces verrous-là, je viens de le dire, ils sont souvent entretenus par les journalistes eux-mêmes. Parfois ce sont de pseudo-évidences en réalité erronées, parfois des mensonges éhontés, parfois des mythes consolateurs pour la profession, mais tous ont en tout cas un très fort pouvoir de neutralisation, et entretiennent le public dans l’idée que finalement, il y a quelques brebis galeuses dans ce métier, mais que globalement tout ne va pas si mal, que tout pourrait même être pire, et surtout que l’on ne voit pas comment cela pourrait aller beaucoup mieux. J’en ai listé sept au total. Il est absolument indispensable d’avoir ces sept idées trompeuses en tête, et de s’armer intellectuellement face à elles. Car désormais, c’est bien le drame, nous ne retrouverons pas une véritable vie démocratique tant que, d’une façon ou d’une autre, la situation dans les médias n’aura pas été déverrouillée.

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Source: https://www.les-crises.fr/sept-idees-fausses-sur-les-medias-par-aude-lancelin/


[Russeurope en exil] Catalogne, la voie d’un compromis ?, par Jacques Sapir

Friday 13 October 2017 at 05:00

Billet invité

La décision du Premier-ministre du gouvernement catalan, annoncée lors de son discours de mardi 10 octobre devant le Parlement de Catalogne, de suspendre pour quelques semaines la déclaration d’indépendance ouvre une fenêtre pour de possibles négociations. C’était ce que je préconisais la semaine dernière dans une note publiée sur le blog Lescrises.fr d’Olivier Berruyer[1] mais aussi dans un article publié dans Sputnik. C’est une mesure sage et un pas vers le compromis. Mais, il implique qu’un pas équivalent soit fait par Madrid. Or, rien ne prouve que M. Rajoy en soit capable. Il est aujourd’hui clair que si l’offre de compromis était rejetée, cela n’aboutirait qu’à raffermir les indépendantistes dans leur volonté de se séparer de l’Espagne.

De la rupture du pacte national à la recherche d’un compromis

A la base de la recherche d’un possible compromis, il convient de se rappeler que les indépendantistes considèrent que le pacte national représenté par la Constitution espagnole de 1978 est caduc. C’était ce qu’écrivaient la maire de Barcelone, Ada Colau et le président de la Généralité de Catalogne, Carles Puigdemont : « Quand le Tribunal Constitutionnel a rejeté le statut qui au préalable avait été voté par les parlements catalan et espagnol et adopté par référendum par les citoyens de Catalogne, le pacte constitutionnel de 1978 s’est rompu ». Ils s’appuient de plus pour tirer ce constat tant sur les conditions très particulières dans lesquelles cette Constitution a été rédigée (avec l’influence très nette de secteurs du franquisme alors toujours vivant dans les institutions espagnoles, et en particulier dans l’armée) que sur le comportement du gouvernement de Madrid envers la Catalogne depuis 2010.

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Source: https://www.les-crises.fr/russeurope-en-exil-catalogne-la-voie-dun-compromis-par-jacques-sapir/


Miscellanées du 13/10/2017

Friday 13 October 2017 at 04:30

I. Les Econoclastes

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Source: https://www.les-crises.fr/miscellanees-du-13102017/


Billet invité

La suspension de mon carnet Russeurope par Hypotheses.org a légitimement choqué. J’en veux pour preuve le succès de la pétition à laquelle se sont associés des universitaires reconnus. Mais, cette suspension suscite aussi de légitimes questions auxquelles il me faut répondre.

Pourquoi se battre pour le réouverture de Russeurope ?

Russeurope fut ouvert sur le portail Hypotheses.org en septembre 2012, après que j’ai été démarché par des personnes travaillant pour ce portail. Il était d’une grande facilité d’utilisation, et en un sens lié, même si très indirectement et symboliquement, à l’EHESS (mon institution) et à la FMSH. J’ai signalé dès l’ouverture que, outre des articles théoriques, des billets servant à tester des hypothèses de travail, je comptais publier aussi des textes plus politiques et polémiques. Ce fut accepté, mais hélas sans trace écrite. Je pensais avoir affaire à des personnes « décentes » au sens ou Orwell parle de « common decency ». J’avoue que j’ai probablement eu tort, du moins pour certaines.

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Source: https://www.les-crises.fr/russeurope-en-exil-les-questions-et-la-petition-par-jacques-sapir/


Le service de la classe, par Frédéric Lordon

Tuesday 10 October 2017 at 06:00

Source : Le Monde diplomatique, Frédéric Lordon, 03-10-2017

Pour savoir ce que c’est que l’inconscience subjectivement vécue du journalisme objectivement au service de la classe, il suffit de lire l’article du Monde intitulé « Macron face à l’étiquette de président des riches » (1). Citons : « L’opposition tente d’installer la même petite musique qu’il y a dix ans : “Macron, président des riches” » . Sans les cabales vicieusement musicales de « l’opposition », la chose, en effet, aurait-elle pu venir à l’idée de quiconque ? À lire la suite de l’article, il y a de quoi en douter car, en définitive, pas un fait susceptible de soutenir cette retorse accusation n’est réellement établi, preuve en est qu’ils méritent tous le conditionnel et surtout de les faire endosser par les petits musiciens : « les “insoumis” seraient les représentants du “peuple” face à l’ancien banquier d’affaire devenu président de “l’oligarchie” » ; à en croire des socialistes — des socialistes ! — « le nouveau président mènerait une politique inégalitaire ». Mais rien de tout ça n’est assuré, on demandera sans doute aux Décodeurs de trancher : le président Macron mène une politique pour l’oligarchie, vrai ou faux ?

Ni de droite ni de gauche : « efficace » !

Il faudra bien ça pour éclaircir cet incompréhensible mystère : comment se peut-il en effet qu’une élection de classe tranchée comme jamais livre ainsi une politique de classe tranchée comme jamais ? Heureusement un « conseiller » de l’Elysée vient nous sortir de la difficulté : « La question n’est pas de savoir si le budget est pour les riches ou les moins riches[car dans la tête d’un « conseiller », les pauvres n’existent pas, il n’y a que « des moins riches »], s’il s’agit d’un budget libéral ou social, la question, c’est celle de l’efficacité ».

La récurrence entêtante, presque frénétique, dans le discours gouvernemental de ce topos vieux comme Deng Xiaoping (lui parlait des chats à qui on ne demande pas s’ils sont marxistes ou pas mais d’attraper les souris) ou Tony Blair, qui déclamait semblablement (les souris en moins) devant les parlementaires français en 1998, en dit long sur la sécheresse d’imagination d’un gouvernement qui porte le service de la classe à son comble, et ne pourra, en effet, jamais se trouver d’autre vêtement que « l’efficacité » — quand bien même tout ce qui a été fait depuis trente ans, et qu’il se propose simplement d’intensifier, a spectaculairement échoué. Heureusement, il y a la presse pour s’émerveiller de la modernité du vieux, de l’inédit du non-advenu (« le clivage gauche-droite n’existe plus »), ou de la percée du surplace (« LRM n’est pas un parti »). Et puis pour examiner avec gravité les arguments de « l’efficacité ».

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Source: https://www.les-crises.fr/le-service-de-la-classe-par-frederic-lordon/


Vietnam, documentaire sur Arte, par André Bouny

Tuesday 10 October 2017 at 05:30

Source : Agoravox, André Bouny, 25/09/2017

La guerre est toujours perdue.

Je rappelle que la version qui nous a été donnée à voir dure un peu moins de 8 h, présentée comme la moitié de celle originale diffusée aux Etats-Unis. Ceci peut expliquer son montage comprenant des transitions qui perturbent parfois la chronologie des faits. Cependant, tant de non-dits et de contre-vérités, d’interprétations restreintes des chiffres lorsqu’il s’agit des morts vietnamiens, du tonnage général de bombes tombées sur le Viêt Nam, le Laos et le Cambodge ou, par exemple, du volume des agents chimiques épandus, entre autres ; d’interprétations élargies jusqu’à la complaisance, voire taiseuses ou bien fausses lorsque sont évoquées les « affaires » américaines liées à cette guerre, tandis que la plupart de ces données sont déclassifiées et documentées. Il n’était pas difficile pour des réalisateurs états-uniens ayant travaillé plus de dix ans sur le sujet de s’emparer d’archives avérées et officielles, me semble-t-il.

En effet, en 2005, dans le cadre de relations « apaisées » avec les États-Unis, le Viêt Nam révéla officiellement qu’un million de combattants et quatre millions de civils avaient été tués sans qu’aucun pays de la communauté internationale ne remette en cause ce bilan – qui pourrait s’avérer en-deçà de la réalité. Le documentaire Vietnam se tient très éloigné du compte.

La voix off du documentaire Vietnam évoque le tonnage de bombes larguées sur le seul Nord-Viêt-Nam et fait une comparaison à minima avec celui de la Deuxième Guerre mondiale. Or, le Viêt Nam a reçu trois fois et demie (comparer les 7 078 032 tonnes de bombes sur le Viêt Nam aux 2 057 277 tonnes de toute la Seconde Guerre mondiale) le tonnage de bombes larguées durant toute la Deuxième Guerre mondiale. Au cours de la guerre secrète, le petit Laos voisin a pour sa part reçu, à lui seul, une quantité plus importante que durant toute la seconde guerre mondiale à raison d’un raid toutes les 8 minutes pendant 9 ans. Mais cette terrible pesée n’est pas terminée, car nous devons encore y ajouter les bombardements considérables d’une autre guerre, secrète elle aussi, menée parallèlement au Cambodge, qui en reçut peu ou prou autant que le Laos. Ces chiffres ahurissants, inimaginables, suffisent à donner une idée de l’ampleur, et du nombre effroyable de victimes, du conflit. En fait, il est tombé 6 fois le tonnage de bombes de la Seconde Guerre mondiale sur l’ancienne Indochine.

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Source: https://www.les-crises.fr/vietnam-documentaire-sur-arte-par-andre-bouny/


Les maladies du désespoir, par Chris Hedges

Tuesday 10 October 2017 at 05:00

Source : Truthdig, Chris Hedges, 03-09-2017

Mr. Fish

La crise des opioïdes, les fusillades de masse fréquentes, l’augmentation des taux de suicide, en particulier chez les hommes blancs d’âge moyen, l’obésité morbide, l’obsession du jeu, l’investissement de notre vie affective et intellectuelle dans des lunettes sordides et l’attrait de la pensée magique, depuis les promesses absurdes du droit chrétien à la croyance que la réalité n’est jamais un obstacle à nos désirs, sont les pathologies d’une culture malade. Ils sont sortis d’un monde délabré où les possibilités, qui leur confèrent statut, l’estime de soi et la dignité, se sont taries pour la plupart des Américains. Ils sont l’expression d’un désespoir et d’une morbidité aigus.

Une perte de revenu cause plus qu’une simple détresse financière. Elle coupe, comme le sociologue Émile Durkheim l’a souligné, les liens sociaux vitaux qui nous donnent un sens. Le déclin du statut et du pouvoir, l’incapacité de progresser, le manque d’éducation et de soins de santé, et la perte d’espoir sont des formes d’humiliation paralysantes. Cette humiliation alimente la solitude, la frustration, la colère et le sentiment d’inutilité. Bref, quand on est marginalisé et rejeté par la société, la vie n’a souvent pas beaucoup de sens.

« Quand la vie ne vaut pas la peine d’être vécue, tout devient prétexte pour s’en débarrasser… », écrivait Durkheim. « Il y a une humeur collective, comme il y a une humeur individuelle, qui entraîne les nations vers la tristesse… Car les individus sont trop étroitement impliqués dans la vie de la société pour qu’elle soit malade sans qu’ils soient affectés. Sa souffrance devient inévitablement la leur. »

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Source: https://www.les-crises.fr/les-maladies-du-desespoir-par-chris-hedges/


Billet invité

Pour une science ouverte à la liberté d’expression des chercheurs.

Demande de réouverture du Carnet en ligne de Jacques Sapir

 

Les autorités de la plate-forme Hypotheses.org et de Open Edition ont pris la décision de suspendre le carnet de recherches Russeurope qu’avait ouvert Jacques Sapir en 2012. Il ne peut donc plus écrire dessus.

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Source: https://www.les-crises.fr/petition-pour-la-reouverture-immediate-du-carnet-russeurope-par-jacques-sapir/


[Vidéo] Alstom : Une affaire d’Etat ? Par LCP

Monday 9 October 2017 at 05:15

Source : LCP, 25/09/2017

Si la vidéo ne s’afiche pas, elle est ici, sur LCP

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Source: https://www.les-crises.fr/video-alstom-une-affaire-detat-par-lcp/


Source : Le Figaro Vox, Jean-Michel Quatrepoint, 29/09/2017

FIGAROVOX/ENTRETIEN – Pour Jean-Michel Quatrepoint, la vente d’une partie d’Alstom à Siemens était écrite. Un empire industriel a été détruit en quelques années, faute de volontarisme politique. Selon lui, les promesse d’ «alliance entre égaux» ne seront pas tenues.

Jean-Michel Quatrepoint est journaliste économiste. il a travaillé entre autres au Monde, à La Tribune et au Nouvel Economiste. Il a écrit de nombreux ouvrages, dont La Crise globale en 2008 qui annonçait la crise financière à venir. Son dernier livre, Alstom, scandale d’Etat a été publié en septembre 2015.

FIGAROVOX.- Après la vente des activités énergie d’Alstom à General Electric, vous aviez dénoncé cette opération, en 2015, dans nos colonnes, puis à travers un livre, Alstom, un scandale d’Etat. La fusion d’aujourd’hui entre les activités ferroviaires d’Alstom et celle de Siemens était-elle écrite?

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Source: https://www.les-crises.fr/jean-michel-quatrepoint-la-vente-dalstom-etait-un-scandale-ecrit-davance/