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[6 ans] En 2013, Fabius poussait à ARMER les rebelles syriens, en raison de 70 000 morts…

Thursday 16 March 2017 at 00:54

Petite vidéo souvenir en raison des 6 ans du début de la guerre en Syrie. Elle date de mars 2013 :

Syrie: Paris et Londres vont livrer des armes aux rebelles

Paris et Londres vont livrer des armes aux rebelles en Syrie, annonce Laurent Fabius jeudi. Le ministre français des Affaires étrangères a expliqué que la France et la Grande-Bretagne vont demander que la prochaine réunion de l’Union européenne sur l’embargo sur les armes pour la Syrie soit avancée.

La France et la Grande-Bretagne demandent “aux Européens, maintenant, de lever l’embargo pour que les résistants aient la possibilité de se défendre”, a-t-il déclaré sur France Info.

Et si les participants n’arrivent pas à se mettre d’accord, Paris et Londres décideront de livrer des armes à titre national aux rebelles, car la France “est une nation souveraine”, a ajouté Laurent Fabius.

Mardi, le Premier ministre britannique David Cameron avait déjà indiqué que son pays pourrait se désolidariser de l’embargo de l’UE en cours, en fournissant des armes à l’opposition syrienne pour lutter contre le président Bachar al-Assad.

La prochaine réunion de l’Union européenne sur l’examen de l’embargo sur les armes à destination de la Syrie est prévue fin mai. Laurent Fabius a toutefois indiqué jeudi que Paris et Londres allaient demander à ce que cet examen ait lieu plus tôt. “Il faut aller très vite” et “nous allons demander avec les Britanniques que la réunion (…) soit avancée”, a-t-il dit, n’excluant pas qu’elle intervienne avant fin mars. (source : BFM, 14/03/2013)

Ainsi, en 2013, comme il y avait 70 000 morts en Syrie, il était urgent d’y envoyer encore plus d’armes.

Bilan actuel : plus de 300 000 morts.

Par chance, Fabius n’est plus là – des fois qu’il veuille y envoyer des armes atomiques maintenant…

Source: https://www.les-crises.fr/6-ans-en-2013-fabius-poussait-a-armer-les-rebelles-syriens-en-raison-de-70-000-morts/


Jean-Claude Michéa : La Présidentielle, le Brexit et Donald Trump

Thursday 16 March 2017 at 00:20

Source : Comité Orwell, Jean-Claude Michéa, 01-03-2017

Jean-Claude Michéa est philosophe. Il fait dans ses livres une critique globale du libéralisme, aussi bien contre son versant économique que culturel. Parmi ses ouvrages : Impasse Adam Smith (Climats, 2002), Les mystères de la gauche (Climats, 2013) et son dernier livre paru en janvier, Notre ennemi le capital (Climats, 2017). Il propose comme alternative au libéralisme un socialisme reposant sur le concept orwellien de common decency, c’est-à-dire de décence commune. Dans cet entretien, Jean-Claude Michéa aborde la candidature d’Emmanuel Macron, ainsi que le Brexit et l’élection de Donald Trump.

Le comité Orwell a signé récemment un livre intitulé Bienvenue dans le pire des mondes, le triomphe du soft totalitarisme qui fait référence au Meilleur des mondes de Huxley et à 1984 de George Orwell. Y a-t-il quelque chose de totalitaire ou de potentiellement totalitaire dans notre époque ?

  Mussolini voyait dans le « totalitarisme » (il est l’un des premiers à avoir employé l’expression) le moyen de contrôler « du berceau à la tombe » l’existence quotidienne des individus. Or c’est bien aussi ce que finit par accomplir aujourd’hui – au nom de la « compétitivité », de la « flexibilité », de la « croissance » et de la nécessité « d’adapter les mentalités au monde moderne » – l’économie capitaliste mondialisée. À cette différence près, il est vrai, que cette dernière exerce essentiellement son emprise « totalitaire » à travers les mécanismes anonymes et impersonnels de l’accumulation du capital, et non plus, comme sous le stalinisme et le fascisme, en recourant de façon privilégiée à la main visible de l’Etat (d’où l’illusion, très répandue de nos jours, selon laquelle toute forme de dépendance personnelle aurait définitivement disparu du monde libéral et que nos différents « choix » n’engageraient donc que notre seule responsabilité individuelle). Sous ce rapport, l’avenir que nous prépare le capitalisme de la Silicon Valley est singulièrement révélateur. Il s’agit en effet d’un monde dans lequel l’homme « connecté » – bardé de prothèses, puces électroniques, écrans et autres « capteurs » – pourrait se voir signifier à chaque instant de sa vie l’attitude « rationnelle » qu’il convient d’adopter, qu’il s’agisse de la « gestion » de sa santé, de sa vie affective ou de celle de son réfrigérateur. Si l’on ajoute que la politique des gouvernements libéraux, qu’ils soient de droite ou de gauche, dépend désormais infiniment plus de la « confiance » de leurs créanciers internationaux que des intérêts de ceux qui les ont élus, on comprend donc que ces gouvernements soient de plus en plus tentés de voir dans les derniers vestiges de la souveraineté populaire – et dans les libertés qu’elle implique encore – le principal obstacle à leur mission « civilisatrice » (« il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens » admettait encore récemment Jean-Claude Juncker). Nous entrons donc bien, de ce point de vue, dans une ère « post-démocratique » où la liberté illusoire du consommateur aliéné (le pouvoir de choisir à quel type de propagande publicitaire il devra obéir) ne pourra trouver son véritable complément quotidien que dans une dépendance toujours accrue des individus atomisés envers la dynamique aveugle de la « croissance » mondiale. Le recul constant, depuis trente ans, de la liberté d’expression et du débat démocratique (là encore, le livre d’André Perrin en apporte des preuves irréfutables) trouve sans doute ici sa raison d’être la plus fondamentale. En d’autres termes – comme Orwell le soulignait déjà dans sa critique des idées du « professeur Hayek » -, il apparaît bel et bien inhérent à l’idéologie libérale, du fait même de sa « neutralité axiologique » constitutive, de devoir progressivement se retourner en son contraire et d’accoucher ainsi, à la longue, d’un monde qui aurait certainement horrifié ses pères fondateurs. Mais habent sua fata libelli !

George Orwell parlait du fait que la langue anglaise était simple et donc facile à mal parler. Partagez-vous le combat du linguiste Claude Hagège pour la diversité des langues contre l’anglais qui véhiculerait une idéologie libérale ?

  Le fait qu’Emmanuel Macron ait encore récemment choisi de s’adresser en anglais aux députés allemands constitue à coup sûr une confirmation particulièrement surréaliste de l’analyse de Claude Hagège ! Mais c’est là, d’une certaine façon, la conséquence inévitable des dogmes libéraux. Comme le rappelaient en effet Pierre Bitoun et Yves Dupont (leur essai sur le Sacrifice des paysans est en tout point remarquable), le développement continuel du capitalisme suppose « des travailleurs « libres », détachés de tout lien social, mobilisables à tout moment et acceptant de se former tout au long de leur vie pour s’adapter aux exigences du marché ». L’uniformisation linguistique de la planète ne représente donc, de ce point de vue, qu’un aspect parmi d’autres de l’uniformisation marchande et juridique du monde. Encore convient-il de préciser que l’« anglais » qui est ainsi destiné – dans l’idéal d’un monde intégralement « siliconisé » – à remplacer toutes les autres langues nationales n’est évidemment pas celui de Chesterton, de Melville ou de Virginia Woolf. Il s’agit avant tout d’un business English – ou, si l’on préfère, d’un globish -, certes inapte à exprimer le moindre sentiment humain un peu complexe, mais amplement suffisant, en revanche, pour rendre concrètement possibles le type d’opérations et de relations humaines simplifiées (ce que Carlyle et Marx appelaient le cash nexus) qui doivent correspondre à une société libérale « multiculturelle » développée. Bien entendu, cette langue internationale demarché (très différente, sous ce rapport, du projet humaniste qui a toujours soutenu l’esperanto) présente également un avantage politique immédiat. Quiconque a lu l’appendice de 1984 consacré à la « novlangue » sait bien, en effet, que plus un langage se voit systématiquement appauvri (aussi bien dans ses ressources lexicales que syntaxiques), moins il permet à ses locuteurs de construire un jugement critique cohérent et libérateur sur la vie qui leur est faite (la rage et la violence aveugle – « le monde de la haine et des slogans » écrivait Orwell – apparaissant alors comme le substitut le plus naturel des ressources linguistiques abandonnées). C’est ce qui explique, entre autres, cette politique constante, de Claude Allègre à Najat Vallaud-Belkacem, visant à vider progressivement la langue française de tout son pouvoir critique et poétique, sous le couvert « pédagogique » et mensonger d’en « simplifier » l’apprentissage pour les classes populaires (« la poésie est l’idéal du langage » observait pourtant Proudhon). Ce n’est, du reste, certainement pas un hasard si Najat Vallaud-Belkacem appartient elle-même – tout comme, d’ailleurs, Emmanuel Macron, Laurent Joffrin, Alain Minc ou Eric Fassin – au cercle très fermé des Young leaders de cette French-American Fondation, qui est chargée, depuis 1976, d’encourager en France tout ce qui peut servir, d’une manière ou d’une autre, les intérêts économiques et culturels du système capitaliste. Que nos « experts » en « sciences » de l’éducation aient pu ainsi présenter un temps les slogans de l’industrie publicitaire comme un support d’apprentissage de la langue française beaucoup plus approprié que les œuvres de la grande littérature classique en dit d’ailleurs très long sur les enjeux réels d’une telle politique !

  Dans toute votre œuvre, vous vous attaquez au libéralisme, dans ses deux faces, libertaire et économique. La candidature d’Emmanuel Macron est-elle aujourd’hui l’incarnation la plus aboutie de cette idéologie ?

   On ne doit pas oublier qu’Emmanuel Macron, avant de devenir banquier d’affaires chez Rothschild, a d’abord été l’élève d’Etienne Balibar et de Paul Ricœur. Ce qui lui confère incontestablement ce minimum de culture historique et cette capacité d’analyse philosophique dont la plupart des politiciens actuels sont désormais à peu près totalement dépourvus (l’époque des Hollande, des Sarkozy et autres Christiane Taubira n’a évidemment plus grand-chose à voir avec celle des Jaurès, des Blum ou des Clémenceau !). Il n’est donc pas si étonnant qu’il ait pu prendre conscience de façon beaucoup plus claire que la plupart des autres politiciens de métier du lien idéologique structurel qui unit nécessairement le libéralisme économique d’un Friedrich Hayek au libéralisme culturel d’un Michel Foucault (d’autant que sa pratique professionnelle du monde de la finance internationale lui en fournissait chaque jour l’illustration concrète). Mais c’est une prise de conscience qui ne peut elle-même être pleinement comprise que si on la replace également dans le contexte des transformations spécifiques du capitalisme contemporain. D’une part, en effet, parce que l’expérience pionnière de la Silicon Valley se fonde depuis déjà très longtemps sur la reconnaissance explicite de cette unité dialectique des deux moments du libéralisme (ce n’est évidemment pas par hasard si elle trouve l’une de ses origines idéologiques les plus nettes dans la « contre-culture » de l’extrême gauche californienne des années 1960). Et d’autre part, parce qu’au vu des problèmes écologiques et économiques gravissimes qui s’accumulent aujourd’hui à l’horizon, les secteurs les plus lucides – ou les plus modernistes – du monde financier et des grandes firmes transnationales en sont eux-mêmes venus à penser, comme je le soulignais déjà dans Notre ennemi le capital, que la poursuite de l’aventure libérale exigeait désormais qu’on renonce, au moins pour un temps, au système traditionnel de l’« alternance unique », au profit d’un mode de gouvernance du système capitaliste politiquement plus efficace, et dont la « grande coalition » à l’allemande offre de nos jours la forme la plus connue (ce n’est sans doute pas un hasard si la social-démocratie allemande avait déjà renoncé dès 1959 à toute critique de fond du système libéral). Dans cette  nouvelle perspective stratégique – qui suppose évidemment un certain degré de remise en question des « vieux clivages politiques » (et on se gardera bien de confondre ce « ni gauche ni droite » des élites avec le « ni gauche ni droite » des classes populaires), il est clair que le consensuel Alain Juppé apparaissait comme le candidat par excellence de cette fraction la plus consciente – et la plus influente – des classes dirigeantes. C’est donc uniquement la victoire inattendue du thatchérien François Fillon (victoire essentiellement due aux effets pervers de ce nouveau système des « primaires » importé de manière irréfléchie des États-Unis) qui a rapidement conduit cette fraction de l’élite dirigeante – et donc, à sa suite, la grande majorité du personnel médiatique – à reporter, par défaut, tous ses espoirs sur cette candidature d’Emmanuel Macron qui ne devait pourtant être définitivement activée, au départ, que quelques années plus tard et dans des conditions politiques beaucoup plus propices et mieux préparées. Et comme le jeune Emmanuel Macron est, du coup, encore visiblement trop tendre pour assumer de façon entièrement « professionnelle » le destin qu’on a programmé pour lui – et qu’il n’est donc pas à l’abri d’un certain nombre de bourdes plus ou moins lourdes de conséquences – bien malin est celui qui peut dire aujourd’hui ce qui sortira des urnes lors du joli mois de mai !

Beaucoup se sont enthousiasmés à la victoire de Donald Trump et du Brexit : qu’en avez-vous pensé ?

    Si quelque chose peut nous réjouir dans ces deux événements, du reste très différents, c’est uniquement le fait que, dans les deux cas, les grands médias du système et leurs instituts de sondage – malgré les moyens de manipulation dignes de Big Brother dont ils disposent par définition – ont piteusement échoué dans leur tentative d’imposer aux électeurs, et notamment à ceux des classes populaires, la ligne politique qui correspondait le mieux aux intérêts des secteurs les plus modernistes de l’élite au pouvoir (ceux que représentait Hillary Clinton aux États-Unis et que continue à représenter Angela Merkel en Europe). De là, cette incroyable croisade médiatique qui vise aujourd’hui – du matin jusqu’au soir et sept jours sur sept – à nous présenter le Brexit et l’élection de Donald Trump comme une menace terrifiante pour le « monde libre » et le point de départ d’une nouvelle apocalypse « populiste ». Il y a même quelque chose de tout à fait surréaliste à voir ce même monde médiatique qui célèbre d’ordinaire sans le moindre état d’âme toutes les vertus de l’ordre capitaliste mondial (et que Marx appelait déjà la « presse aux ordres de la Bourse »), reprocher en même temps au nouveau président américain d’en incarner la figure la plus impitoyable ! Il reste que personne ne peut sérieusement croire que Donald Trump et Theresa May seraient subitement devenus des ennemis résolus de l’oligarchie financière et de la logique du profit ! C’est pourquoi il me semble beaucoup plus raisonnable de voir dans cette hallucinante croisade anti-Trump et anti-Brexit qu’orchestre en continu la fraction dominante des grands médias libéraux (celle dont le citoyennisme marchand de France-info représente en France la forme la plus caricaturale) l’un des signes les plus spectaculaires du fait que les classes dirigeantes de la planète sont aujourd’hui en plein désarroi et qu’elles éprouvent la plus grande difficulté – notre actuelle campagne présidentielle en offre chaque jour l’illustration – à s’accorder de manière cohérente sur la meilleure façon de sauver un système capitaliste mondial qui prend l’eau de toute part. C’est dire l’ampleur de la crise qui nous attend !

Propos recueillis par Alexandre Devecchio et Laurent Ottavi

Source : Comité Orwell, Jean-Claude Michéa, 01-03-2017

Source: http://www.les-crises.fr/jean-claude-michea-la-presidentielle-le-brexit-et-donald-trump/


Macron en pré-campagne en 2016 à Las Vegas (381 000 € d’argent public)

Wednesday 15 March 2017 at 02:57

Le 8 mars, le Canard enchaîné a révélé le problème “Macron à Las Vegas” :

Bien sûr, la presse a parlé du délit de favoritisme envers Havas par Business France.

Cependant très vite, le ministre actuel, Sapin, a déclaré que Macron était hors de cause : (car le ministre SAIT, pas besoin de la Justice) :

Mais en fait, moi, c’est ceci qui m’a particulièrement intéressé :

On voit que Macron a fait mettre une énorme pression pour organiser cet évènement le 6 janvier 2016 – pression qui a nécessairement conduit au dérapage (c’est comme si je demandais à quelqu’un de gagner 12 000 € demain. ce sera dur de le faire honnêtement…). Et que cet évènement a couté 381 000 € – OUBLIONS l’histoire de l’appel d’offres, peu importe.

Or cet évènement, c’était ceci :

“Gros succès” auprès des patrons français aux États-Unis, donc…

Et, hasard, que s’est-il passé le lendemain, 7 janvier 2016 ? Eh bien Macron faisait enregistrer le nom de “en-marche.fr” pour sa future campagne :

Macron était donc bien en pré-campagne et profitait de son voyage pour faire du lobbying patronal…

D’autres éléments montrent bien d’ailleurs qu’il établissait sa stratégie depuis longtemps (ce qui est normal) – il ne s’est pas décidé à se présenter à la présidentielle un beau matin de fin 2016…

Le tout, donc, avec 381 000 € d’argent public, dont 100 000 € d’hôtel…

Ce qui se résume ainsi dans cette vidéo humoristique :

 

 

Source: http://www.les-crises.fr/macron-en-pre-campagne-en-2016-a-las-vegas-381-000-e-d-argent-public/


Revue de presse du 15/03/2017

Wednesday 15 March 2017 at 01:20

Pour rejoindre les contributeurs des revues (merci à eux !), vous pouvez postuler via le formulaire de contact du blog. La revue internationale a particulièrement besoin de volontaires pour paraître régulièrement.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-15032017/


ÉVOLUTION DU BLOG : nous avons besoin de votre avis !

Tuesday 14 March 2017 at 03:25

Cher lecteur / chère lectrice, je souhaitais m’adresser directement à vous aujourd’hui.

On ne sort pas d’une telle expérience depuis 6 semaines sans réfléchir en profondeur au sens de son action.

Cela fait maintenant six ans que ce blog existe, et – pour les plus fidèles d’entre vous – peut-être avez-vous pu voir le site évoluer et se diversifier. En conséquence, je me rends aujourd’hui compte que beaucoup de points sont à repenser. Et pour cela, j’aimerais vous solliciter pour avoir vos avis et suggestions. 🙂

Il va y avoir plusieurs changements. Déjà l’esthétique du blog va être repensée, à la demande de beaucoup – ce que je partage, j’aurais dû le faire plus tôt – (je remercie ceux qui travaillent dessus actuellement, vous êtes formidables), le slogan va être modifié, nous cherchons aussi un logo et enfin… nous pensons même à changer le nom du blog ! Tout un programme donc !

I. Mais c’est quoi, au fond, ce site ?

Finalement, qu’est devenu ce site ?

Pour moi, voici les grandes orientations actuelles du blog :

Mais vous avez peut-être une autre vision – exprimez-vous en commentaire !

En tout cas, je précise qu’il n’est pas prévu de modifier le type d’articles qu’on y publie (bref on ne change pas le fond).

II. Le nom du site

J’ai appelé le site « Les-crises » en 2011, car j’imaginais alors parler surtout de la crise économique, dont j’avais bien pressenti qu’elle allait entraîner par réaction de nombreuses autres crises (sociales, politiques, géopolitiques…). Ce n’était pas trop mal anticipé, mais, au fil du temps, l’orientation du blog a évolué – sous la pression de grands médias en échec de plus en plus flagrant – pour proposer un spectre de réflexion plus large.

Le nom Les-Crises ne me semble plus tellement approprié, car je ne vous propose plus seulement des graphiques et des analyses brutes des différentes crises, mais aussi dorénavant de la réflexion, des sujets d’opinion et des analyses d’autres penseurs.

L’autre raison d’un éventuel changement serait que le nom, qui est très « générique » est un peu trop « passe-partout », n’identifie pas toujours spontanément ce site, voire n’est peut être pas très « sexy » vous voyez. Après, on ne va pas sombrer dans le Buzzfeed, l’idée n’est pas de trouver quelque chose de très tape-à-l’œil, mais, vous l’aurez compris, quelque chose de plus approprié et de plus singulier.

Cependant, a contrario, certains sont habitués et attachés au nom tel qu’il est, ou penseront qu’un changement serait une mauvaise idée. Or, comme vous êtes les premiers concernés par tout cela, je vous propose d’en discuter à partir de ce petit sondage :

Merci !

III. La modération

Comme je l’ai déjà dit, la modération sur ce blog vise à ne sélectionner que les commentaires les plus pertinents, afin de conserver des échanges le plus en lien avec l’article, et de ne pas se retrouver avec 200 commentaires par article. L’espace commentaire n’est pas un forum. Nous faisons cependant notre possible pour que les points de vue s’expriment – et il ne manque pas de commentaires en désaccord avec ma propre vision…

Certains en sont contents, d’autre se plaignent parfois d’avoir vu leur commentaire refusé (on ne parle pas d’autres cas de modération ici).

Je souhaitais simplement avoir votre sentiment sur ce principe. Merci

IV. Le slogan

« Des images pour comprendre » tel était en 2011 le cœur de mon projet : proposer de plus de graphiques, de schémas et de représentations possibles pour rendre accessibles et agréables les sujets souvent très économiques que je vous proposais alors.

Si aujourd’hui je n’ai pas abandonné mes schémas et mes images (il n’y a qu’à regarder la série sur la pollution –  et pas de panique, les graphiques économiques reviendront en 2017 ou 2018…) j’estime que le slogan est un peu tombé en désuétude.

Il faudrait donc un slogan fort, court, impactant et cohérent avec l’esprit du blog ! Des propositions ? 🙂

V. Pistes pour un logo

Alors là pour le coup ce sera un plus, car le blog n’a jamais eu de logo. Pourtant, pour faciliter d’identification de ce dernier, mais aussi pour les réseaux sociaux, pour signer nos images, nos graphiques, nos vidéos… cela me semble indispensable.

À nouveau, il faut qu’il représente bien l’esprit du blog, et que, d’une certaine manière, il concilie un aspect « militant » et un aspect « information » si vous voyez ce que je veux dire  🙂

L’idée n’est pas de proposer un logo à ce stade, mais simplement que vous avanciez des idées, des pistes pour un travail futur graphique…  (évitez les symboles trop connotés ou déjà utilisés)

À vos claviers – merci !!! 🙂

Source: http://www.les-crises.fr/evolution-du-blog-nous-avons-besoin-de-votre-avis/


L’origine des particules en Île-de-France

Tuesday 14 March 2017 at 00:44

Index de la série “Pollution de l’air”

  1. La pollution de l’air cause 48 000 morts par an en France (+ présentation des polluants)
  2. La pollution aux particules fines
  3. Les graves effets des particules sur la santé
  4. La pollution de l’air dans le monde
  5. La pollution de l’air en Europe I (+ les morts du charbon)
  6. La pollution de l’air en Europe II
  7. La pollution de l’air en France
  8. Le très polluant chauffage au bois
  9. Le choix erroné de la France pour le diesel (mais le diesel a évolué…)
  10. Arrêtons avec les “centrales à charbon allemandes”…
  11. La pollution de l’air en Île-de-France (hors particules)
  12. La pollution aux particules en Île-de-France
  13. L’origine des particules en Île-de-France
  14. Les épisodes de pollution aux particules en Île-de-France
  15. Qualité de l’air en Île-de-France et épisodes de pollution récents
  16. La pollution dans le métro
  17. La pollution de l’air à la maison
  18. Suivi en direct de la pollution
  19. Quelques suggestions…
  20. Documents
  21. Synthèse de la série Pollution de l’air

L’origine des particules en Île-de-France

Airparif a réalisé une intéressante étude en 2011 sur l’origine des particules dans la région. Il en ressort ceci – sachant que la pollution a pas mal baissé depuis lors, et que la méthodologie surestime un peu la part des importations.

Part importée des particules fines PM2.5

En moyenne annuelle, près des axes routiers (ou vivent un tiers des franciliens), la pollution aux particules fines PM2.5 est constituée à 60 % de sources locales, et à 40 % de sources en provenance des autres régions ou pays :

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Loin des axes routiers (ou vivent les deux tiers des franciliens), la pollution (qui est du coup nettement inférieure, attention : on retrouve le même total que précédemment sans le trafic) est constituée à environ 30 % de sources locales (qui en masse représentent évidemment autant que la part locale des mesures proches des axes routiers…), et à 70 % de sources en provenance des autres régions ou d’autres pays.

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Marqueurs

Rappelons que parmi les PM2.5, il existe des particules très nocives : les composés carbonés (carbone élémentaire – suie- et carbone organique), qui en représentent 65 % (en zone trafic).

Pour le seul carbone élémentaire (35 % des PM2.5 en zone trafic), on a constaté que l’import ne représentait que 5 % des émissions, et que 90 % du carbone élémentaire venait des gaz d’échappement.

carbone-elementaire

Ainsi, pour l’analyse, le carbone élémentaire est un bon marqueur de la pollution issue du trafic local et du fond urbain.

A contrario, on constate que les sulfates non marins (nss-So4) sont importés à 90 % : c’est donc un bon marqueur de la pollution importée.

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Composition détaillée des PM2.5

Pour plus de détails, voici la compostions détaillée par origine :

origine-particules-3

EC : Carbone élémentaire (suies) ; MOP : Matière Organique Particulaire ; nss-SO4 : sulfates non marins ; NO3- : Nitrates ; NH4+ : Ammonium

Les espèces carbonées (EC et MOP) représentent donc 90 % de la contribution du trafic local et 65 % de la contribution urbaine.

Si le Carbone élémentaire est surtout d’origine humaine (il est issu de toutes les combustions), la Matière Organique Particulaire peut être d’origine humaine (combustions incomplètes) ou constituée de particules biogéniques primaires, telles que des spores ou des pollens. Elle peut comporter une grande variété de familles organiques (hydrocarbures aliphatiques, esters, alcools, cétones, aldéhydes, acides, HAP, PCB…), dont certaines sont très toxiques.

Rappelons qu’il existe un lien significatif entre le carbone élémentaire et les troubles cardiovasculaires pouvant entraîner l’hospitalisation ou le décès. Le sulfate est également associé à des risques de troubles respiratoire ou cardiovasculaire, avec une significativité plus fréquente en période hivernale. Le carbone organique a également été cité pour son impact significatif sur les pathologies cardiovasculaires – mais vu sa complexité, cela dépend évidemment de sa composition.

Il faut enfin noter une chose importante : le carbone élémentaire est une espèce primaire : il est émis par les pots d’échappement, il se retrouve dans l’air ; si on en réduit l’émission, sa concentration baisse d’autant. En revanche, beaucoup d’autres espèces sont secondaire, issues de réactions chimiques très complexes et interdépendantes ; ainsi, on ne peut pas dire quel sera par exemple l’impact d’une diminution de NO2 sur les niveaux de particules mesurés dans le centre urbain de Paris.

Voici les évolutions saisonnières de la composition :

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EC : Carbone élémentaire (suies) ; MOP : Matière Organique Particulaire ; nss-SO4 : sulfates non marins ; NO3- : Nitrates ; NH4+ : Ammonium

On constate sans surprise que l’import et le fond urbain augmentent en hiver (chauffage, conditions météorologiques…) et que le trafic augmente en été. Mais au final il n’y a pas un grand écart.

Composition détaillée des PM10

Voici la composition des particules PM10 :

pm10-variations-3

EC : Carbone élémentaire (suies) ; OM : Matière Organique ; nss-SO4 : sulfates non marins ; NO3- : Nitrates ; NH4+ : Ammonium

Dans la mesure où les PM2.5 représentent environ 70 % des PM10, la répartition des espèces chimiques est assez similaire pour les deux classes granulométriques de particules.

La principale différence est due aux sels de mer (import et salage l’hiver) et aux poussières minérales, qui se trouvent principalement dans la fraction grossière (entre 2,5 et 10 μm). La remise en suspension et les phénomènes d’abrasion (freins, pneumatiques, revêtements routiers) sont donc responsables au minimum de 2,3 μg/m3 de la concentration moyenne annuelle de PM10 mesurée sur le site trafic.

Évolution quotidienne en PM10 et dépassements

Voici l’évolution quotidienne des PM10 en 2009-2010, soumise à une limite quotidienne de 50 µg/m3 :

pm10-variations-4

pm10-variations-2

(Contrairement aux PM2.5, les mesures d’AirParif ne permettent pas ici de séparer le fond urbain de l’import de PM10)

La contribution du fond est donc très importante, et est même parfois suffisante pour dépasser les 50 μg/m3 à elle-seule, ce qui est arrivé 21 fois durant l’étude ; mais elle représente aussi 20 % de l’année la moitié des niveaux nécessaires pour réaliser un dépassement des 50 μg/m3.

Si les dépassements en PM10 le long du trafic sont répartis tout au long de l’année, on observe que les dépassements les plus intenses ont principalement lieu en hiver et au printemps :

pm10-variations

Six épisodes de dépassement particulaires marqués ressortent spécifiquement entre décembre 2009 et avril 2010 ; ils correspondent à des épisodes anticycloniques persistants sur quelques jours caractérisés par des vents de nord-est (comme pour la plupart des épisodes) ou sud-est. 

A contrario, les longues périodes sous régime de vent océanique de secteur nord-ouest à sud-ouest se caractérisent par des niveaux homogènes de particules en dessous du seuil des 50 μg/m3.

Analysons plus en détail l’évolution des PM2.5, composant majoritaire des PM10, pour lesquelles on dispose de plus de données.

Évolution quotidienne en PM2.5 et dépassements

Voici l’évolution quotidienne des PM2.5 en 2009-2010 :

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Nb : 40 jours n’ont pu être mesurés

Détail pour le carbone élémentaire (marqueur du trafic local) et pour les sulfates (marqueur de l’import) :

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Détail pour chaque contribution aux PM2.5 :

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On observe que la contribution du trafic local en PM2.5 est de l’ordre de 11 μg/m3 tout au long de l’année et ne présente pas de variations annuelles marquées. Aucun pic intense n’est observé au cours de l’année, la contribution du trafic local en PM2.5 n’est jamais responsable à elle-seule d’un dépassement du 50 μg/m3 en PM10. La contribution du trafic local étant un plus variable dans les PM10 que dans les PM2.5, cela signifie sans surprise que la variabilité est surtout due aux particules grossières (entre 2.5 et 10 µg), qui sont surtout des sels et des poussières, plus dépendantes de la météo.

En moyenne, la contribution urbaine aux niveaux de PM2.5 est de 4 μg/m3. Elle varie plus dans le temps, mais n’excède pas 25 μg/m3 au cours de la campagne et est inférieure à 10 μg/m3 pendant 90 % du temps. Les rares fluctuations observées sont généralement liées à des situations météorologiques peu dispersives, avec moins de 3 m/s de vent en moyenne sur la journée – mais la réciproque n’est pas vraie : toutes les journées peu dispersives ne s’accompagnent pas de fortes contributions urbaines :

origine-particules-93

La contribution de l’import aux niveaux de PM2.5 s’élève en moyenne à 10 μg/m3 sur l’année soit environ les deux-tiers de la contribution du fond. Elle montre une très forte variabilité : l’import de PM2.5 sur l’Île-de-France peut, dans certaines situations météorologiques, excéder les 50 μg/m3 – soit à lui seul le niveau limite pour toutes les PM10 !

On peut donc mieux comprendre les variations des PM10 et les dépassements :

pollution-15

Le rôle des vents

Si on représente la concentration moyenne sur une rose des vents, on a ceci :

origine-particules-8

Sans surprise, c’est l’import (en vert à droite) qui est le plus impacté.

Analysons : la tâche verte montre que la contribution de l’import est sensiblement plus importante lorsque le vent vient du nord/nord-est (partie pointant vers “13 heures” sur le cadran à droite), ce qui correspond à un import de masses d’air continentales en provenance des fortes zones d’émissions en Europe (Europe du nord et de l’est).

Il est également important par vents de sud-est (partie pointant vers “16 heures” sur le cadran à droite). Cette zone pourrait représenter un import de masses d’air d’origine continentale étant passées au-dessus des régions au sud de l’Île-de-France (Rhône-Alpes, région Provence Alpes Côte d’Azur…) en provenance d’Europe du sud ou centrale.

pm-10-ue

On l’observe sur les sulfates :

origine-particules-9

La plupart viennent bien du Nord-est. Une part importante de ces sulfates est due aux centrales à charbon d’Allemagne et de Pologne.

Mais il faut relativiser : cela ne représente au pire que 3,5 µg sur 20 µg : 80 % à 90 % de la pollution en provenance du Nord-Est n’est pas liée à des centrales à charbon…

ATTENTION cependant : cette analyse donne une quantité moyenne suivant la direction du vent ; il faut donc ensuite pondérer par la fréquence des directions du vent. On a donc ces données :

rose-des-vents

On voit donc que le vent souffle surtout du sud-ouest, les deux secteurs de vent dominants que connaît la région :

On peut donc calculer l’apport moyen suivant le sens du vent :

rose-des-vents-2

Message personnel : ceci a été très compliqué à faire, ce serait bien qu’AirParif réalise et actualise ce schéma, disposant des données détaillées

On voit donc qu’il y a une sur-représentation de la pollution venue du Nord-Nord-Est, c’est-à-dire des zones polluées d’Angleterre, d’Allemagne ou de Pologne, par vent du Nord-Est (rappelons bien que les centrales à charbon y jouent un rôle négligeable). Soulignons aussi qu’en fait, la plupart du temps, le vent est du Sud-Ouest, ramenant la pollution d’Aquitaine ou du centre de la France vers Paris, et contribuant à polluer Belgique et Allemagne. Le problème a aussi une composante nationale et européenne.

En conclusion, il ressort qu’environ la moitié de la pollution aux particules en Île-de-France est importée d’autres régions, voire pays.

Et qu’il y a une claire surreprésentation de la pollution venue du Nord-Est et un peu dans le Sud / Sud-Ouest (vents dominants).

Mais on retrouve en fait une chose évidente : oui, il y a de la pollution qui vient régulièrement du nord-est quand le vend vient du nord-est et passe au dessus de zones très polluées en Europe centrale…

Si le Nord-Est avait une concentration moyenne en polluants, la pollution importée serait inférieure d’environ un quart à un tiers, soit environ 2 à 3 µg/m3

Cette “sur-pollution” venue du Nord-est représente donc une part importante pour une pollution de fond totale de 14 µg, et un objectif OMS de 10 µg, et une cible ultime plus basse encore.

Mais il faut aussi la relativiser, sachant d’abord que les calculs d’AirParif la surestiment un peu, mais aussi qu’elle ne représente finalement environ que 10 % de la pollution totale ; et que les suies noires les plus dangereuses, ne sont pas importées.

Enfin, n’oublions pas non plus que Paris pollue aussi en retour les autres régions et pays, surtout le Nord-est lors des fréquents vents du Sud-ouest – ce qui n’est pas mesuré par AirParif…

Contributions des différentes sources aux concentrations en PM2.5

Toutes origines

Voici une estimation des sources de particules fines sur le site trafic d’Auteuil, où, comme on l’a vu, environ 40 % des PM2.5 sont d’origine extérieure à la région tandis que 61 % sont produites localement par l’impact direct de l’axe routier et par le fond urbain :

sources-1

On constate :

Sources locales

Si on enlève l’impact des importations, on a les sources qui représentent la contribution francilienne sur laquelle des actions locales peuvent être entreprises :

sources-2

Avec 52 % des PM2.5 produites, on constate clairement l’impact prédominant de l’échappement du trafic routier sur la production locale de particules fines en zone trafic.

Fond urbain

La contribution du site urbain représente 17 % de la concentration en PM2.5 en zone trafic et 30 % loin du trafic. En voici les sources :

sources-5

On observe 3 principale sources, pour un quart à chaque fois : le trafic, les composés inorganiques secondaires et le chauffage au bois, ainsi que, dans une moindre mesure, l’industrie.

Ces différentes contributions de PM2.5 varient significativement entre l’été et l’hiver (en répartition comme en masse totale : + 50 % en hiver) :

sources-3

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Ceci s’explique par un quadruplement des émissions dues au chauffage au bois (qui représentent alors près de 30 % de particules fines du fond urbain – les autres sources de chauffage couvrant pourtant 95 % des besoins n’émettant que 4 % des particules fines du fond urbain) et au doublement des composés inorganiques secondaires – qui ont la particularité physique de voir leur phase gazeuse augmenter avec l’augmentation des températures tandis la phase particulaire diminue.

Particules importées

Intéressons-nous ici aux sources des particules importées :

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sources-6

Les composés inorganiques secondaires constituent la contribution majoritaire aux PM2.5 importées dans l’agglomération avec presque 50 % de la concentration moyenne annuelle de l’import (5 μg/m3 sur une concentration totale de 10 μg/m3). Elles représentent ainsi à elles-seules le niveau d’un probable futur objectif de santé publique pour toutes les PM2.5.

L’ammoniac gazeux émis par l’agriculture participe significativement aux concentrations de nitrate d’ammonium et de sulfate d’ammonium présents sous forme particulaire. Les nitrates sont principalement issus des zones urbaines et plus particulièrement du trafic tandis que les sulfates sont émis par l’industrie. Néanmoins, l’impact de ces sources sur la part inorganique secondaire des PM2.5 ne peut pas être évalué quantitativement car les processus de formation de ces composés sont très complexes (et non linéaires).

On note également la forte part du chauffage résidentiel.

Carbone élémentaire

Terminons par ce graphique sur les sources du très dangereux carbone élémentaire (les suies) :

sources-8

Le carbone élémentaire représente environ 30 % de la concentration annuelle moyenne des PM2.5 déterminée sur le site trafic. 95 % de ce composé est produit localement par le trafic local et le fond urbain et environ 90 % du carbone élémentaire est issu de l’échappement.

Sur un site éloigné du trafic, le carbone élémentaire représente encore 11 % de la concentration des particules fines, venant aux deux tiers du trafic.

Synthèse sur les sources

Le trafic routier contribue à presque 50 % aux concentrations de PM2.5 sur le site trafic et représente 12 μg/m3 .

Les véhicules diesel représentent la principale source de PM2.5 émises par le secteur trafic puisqu’ils sont responsables d’environ 90 % des particules émises par le trafic à l’échappement.

Le chauffage résidentiel et plus particulièrement le chauffage au bois représente environ 14 % des concentrations de particules fines mesurées sur le site trafic, un tiers de cette contribution étant francilienne et deux tiers de cette contribution ayant une origine externe à l’Île-de-France.

Les composés inorganiques secondaires représentent 26 % des niveaux de particules fines sur le site trafic. Les précurseurs de ces composés, en ce qui concerne le principal composé inorganique secondaire qui est le nitrate d’ammonium, sont émis majoritairement par l’agriculture et le trafic routier. Ces composés sont issus à 76 % de l’import.

Voici également les résultats d’une étude de 2007 :

pollution air particules

On peut résumer tout ceci en graphiques. D’abord les sources agrégées, pour l’impact du seul trafic local, des imports et du fond urbain :

sources-particules-fines-idf-1

On peut alors les cumuler, pour analyser la pollution de l’air en zone trafic et en zone hors trafic :

sources-particules-fines-idf-2

(cliquez pour agrandir ; les fractions importées sont en moucheté)

La même chose en pourcentages :

sources-particules-fines-idf-3

Et on peut recommencer en groupant tout ce qui est importé, afin de voir ce sur quoi on peut agir au niveau de la région :

sources-particules-fines-idf-4

et en pourcentage :

sources-particules-fines-idf-5

Enfin, on peut comparer la composition des PM10 et des PM2,5 :

composition-particules-paris-1

en rappelant bien que les PM2,5 représentent les deux-tiers des PM10 :

composition-particules-paris-2

Voici enfin un détail plus fin, issu d’une étude plus ancienne, qui a étudié la variation saisonnière :

pollution air particules

On observe bien l’effet du chauffage en hiver et celui de l’été avec l’action du soleil sur les réactions chimiques générant les composés secondaires.

Résumé /Conclusion

Les particules, et tout particulièrement les particules fines PM2.5, jouent un rôle majeur dans les effets sanitaires engendrés par la pollution atmosphérique.

En zone près du trafic, environ 60 % de la concentration annuelle de PM2.5 est d’origine francilienne : près de 45 % est une conséquence de l’impact direct du trafic et 15 % provient de la pollution générale de l’agglomération parisienne (le fond urbain). C’est sur ces parts que des actions locales peuvent agir.

En moyenne annuelle, loin du trafic, l’origine des concentrations de particules PM2.5 mesurées sur le site urbain de fond de Paris, provient à un tiers de sources localisées dans l’agglomération parisienne et deux tiers de sources extérieures à la région.

Les pistes d’actions pour améliorer les choses sont donc une lutte drastique :

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Source: http://www.les-crises.fr/lorigine-des-particules-en-ile-de-france/


[Ukraine] Une Histoire faussée ne crée pas d’amis, par Andreas Umland

Monday 13 March 2017 at 04:57

Bon, ça reste du Foreign Policy très mainstream USA, mais il y a des choses très intéressantes dans ce billet de l’historien allemand Andreas Umland…

Ce billet fait suite à la présentation du révisionniste Volodymyr Viatrovich

Source : Foreign Policy, Andreas Umland, 25-10-2016

La glorification des nationalistes ukrainiens de guerre de Kiev menace de détourner ses alliés Occidentaux – juste quand il a le plus besoin d’eux.

Une marche nationaliste à Lviv, Ukraine, le 1er janvier 2016 alors qu’ils célèbrent le 107ème anniversaire de Stepan Bandera

Arriver à un terme avec le passé est toujours un travail compliqué. Mais dans très peu de pays le débat sur l’histoire est aussi chargé – et aussi significatif – qu’en Ukraine.

Cela a trait avec l’histoire complexe d’une nation qui a été prise en étau, durant une grande partie du XXe siècle, entre deux puissances totalitaires qui cherchaient sa destruction. Le fait que la succession d’une de ces puissances – la Russie agressive et chauvine de Vladimir Poutine – exploite cyniquement l’un des éléments les plus controversés de l’histoire ukrainienne dans sa guerre contre Kiev n’aide pas. De plus en plus, cependant, la responsabilité en incombe à Kiev elle-même.

Il y a en particulier la problématique de l’interprétation historique d’un parti nationaliste qui a cherché à créer une Ukraine indépendante aux alentours de la seconde guerre mondiale – l’irréductible « faction Bandera » de l’Organisation des Nationalistes Ukrainiens (OUN-B). Le dilemme est que, alors que plusieurs des chefs de l’OUN-B et membres ordinaires ont donné leur vie durant le combat pour l’indépendance ukrainienne, la plupart d’entre eux étaient aussi de virulents nationalistes, définitivement xénophobes. Certains ont même été complices de l’Holocauste et d’autres crimes de masse contre des civils. Du coup, alors que le groupe bénéficie d’une popularité considérable au sein de la classe dirigeante de l’Ukraine et d’une large part l’élite intellectuelle, il est très controversé chez la population du pays proche de la culture russe, les juifs, l’intelligentsia libérale, et ses partenaires étrangers.

La question de savoir comment les Ukrainiens devraient interpréter cette Histoire en temps de guerre nécessite de la nuance et de la retenue.

Par conséquent, il est surprenant que les leaders politiques ukrainiens aient décidé en 2014 de laisser les rênes de l’Institut Ukrainien pour la Mémoire Nationale (UINP en Ukrainien) – le principal organe gouvernemental responsable de la mémoire historique – à un groupe de jeunes activistes aux compétences scientifiques inconnues.

Sous son nouveau directeur, Volodymyr Viatrovych, l’institut a poussé une version expurgée de l’idéologie de l’OUN-B et de ses action durant la guerre. Par le biais de ses différentes publications populaires, apparitions dans les médias, de projets internet et autres initiatives, l’UINP présente les leaders du groupe, Stepan Bandera, Roman Shukhevych et Yaroslav Stetsko en héros nationaux d’une noblesse incontestable.

Complément Les-crises :

Stetsko donne du pain et du sel aux envahisseurs allemands – Lire ici

En aout 1941, le même Stetsko écrivit dans son autobiographie : « Bien que je considère que c’est Moscou, qui en fait tient l’Ukraine en captivité, et non pas les Juifs, comme l’ennemi principal et décisif, je considère tout de même pleinement le rôle indéniablement nuisible et hostile des Juifs, qui aident Moscou à asservir Ukraine. Je soutiens donc la destruction des Juifs et la pertinence de l’apport des méthodes allemandes d’extermination des Juifs en Ukraine, plutôt que de tenter de les assimiler. »

Du coup, alors même que l’Ukraine essaie de s’intégrer à l’Occident, son célèbre mouvement ultra-nationaliste du temps de la guerre a bénéficié d’une reconnaissance officielle en tant que pinacle du patriotisme ukrainien. Mais – à part quelqu’autres répercutions à l’intérieur du pays – cette approche risque de saboter tout partenariat important de Kiev avec ses partenaires occidentaux.

En particulier, la campagne de l’institut pour honorer un mouvement nationaliste extrême est totalement contraire aux principes d’intégration Européenne. Contrairement à ce que pensent quelques Ukrainiens, l’union de l’Europe qui a débuté dans les années 1950, n’était pas en premier lieu un projet anti-Moscou. Au contraire, c’était une réponse au défi du nationalisme radical, qui a engendré deux guerres mondiales en tout juste un demi-siècle. C’est pourquoi la passion de l’UINP pour les ultranationalistes de l’OUN-B pose autant de problèmes. Il honore précisément ces aspects de l’Histoire européenne que le continent a essayé de dépasser depuis 1945.

Un des problèmes dans l’histoire de l’OUN-B, c’est son antisémitisme. Pour être sûr, la haine des juifs n’était pas aussi proéminente de la xénophobie du groupe que de celle des nazis allemands. Mais c’était néanmoins suffisamment important pour motiver un nombre considérable de ses membres à participer à l’Holocauste, soit comme collaborateurs des Allemands, soit en tant que chasseurs “indépendants” de juifs.

Pas la peine de préciser que l’UNIP et d’autres pseudo-historiens ukrainiens préfèrent passer ces événements sous silence, mettant l’accent sur de nombreux cas réels d’Ukrainiens (et même quelques nationalistes) qui ont sauvé des juifs durant la guerre. Mais cette approche ne laisse que peu de place à la reconnaissance des crimes commis par l’OUN-B. Du fait des communiqués et des publications trompeurs de l’UINP, la plupart des ukrainiens savent très peu de choses sur le fait que certaines milices du groupe ont participé à des pogroms anti-juifs durant la guerre, même si c’est maintenant largement documenté  autant par des historiens ukrainiens que des historiens occidentaux.

Face à la continuité du discours Occidental sur l’Holocauste, ces développements auront un effet corrosif sur les relations de l’Ukraine avec l’étranger, son image à l’international, et sa diplomatie culturelle (sans mentionner ses relations avec Israël.)

Les contradictions ne feront que grossir alors que les recherches les plus récentes sur la participation de l’OUN-B à des crimes de guerre se répandent depuis la communauté académique aux livres d’histoires occidentaux, l’éducation sur l’Holocauste et les mass-médias.

Graduellement, le fait que l’Ukraine mette la pédale douce sur les crimes commis par l’OUN-B deviendront de moins en moins acceptables. (Le fait que personne dans la nouvelle équipe de l’UINP ne semble avoir de profil académique à proprement parler, et que son directeur est devenu célèbre dans la communauté des historiens pour son approche sélective de l’Histoire, rend peu probable le fait qu’une narrative positive au sujet de l’OUN-B fasse son chemin en Occident.)

Le plus gros problème immédiat qui apparaît avec cette narrative officielle de Kiev au sujet de la seconde guerre mondiale est qu’elle est inacceptable pour les membres de l’Union Européenne et de l’OTAN, comme la Pologne ou l’Allemagne, qui sont très pointilleuses sur la façon dont cette période de l’histoire européenne est interprétée. La Pologne n’acceptera rien de moins que la reconnaissance complète et une mémoire décente des massacres de dizaines de milliers de civils polonais par l’Armée Ukrainienne Insurgée, qui était sous le commandement de l’OUN-B.

Pour ce qui est de l’Allemagne, toute suggestion qui pourrait honorer des collaborateurs nazis, telle que le leader de l’OUN Roman Choukhevytch– un officier de la Wehrmacht et d’un célèbre bataillon de police auxiliaire – est absolument hors de question.

Mise à part les États-Unis et le Canada, la Pologne et l’Allemagne sont les partenaires occidentaux les plus importants de l’Ukraine. Berlin a joué un rôle crucial dans l’imposition et l’extension des sanctions de l’UE contre la Russie, et l’Allemagne est l’un des principaux donateurs occidentaux de l’Ukraine (et potentiellement un prochain partenaire d’affaires.) Et bien que la Pologne soit moins forte que l’Allemagne, elle pourrait être un partenaire encore plus important pour Kiev, puisque son niveau de connaissance et d’intérêt pour l’Ukraine dépasse celui de n’importe quel autre pays membre de l’Union.

Étant donné sa compréhension aiguë de la menace russe, la Pologne est souvent l’avocat pro-ukrainien le plus insistant dans les organisations occidentales, particulièrement lorsque l’on parle de sécurité. Varsovie reste aussi le principal allié de Kiev dans la région, puisque l’Ukraine ne peut espérer rejoindre ni l’OTAN, ni l’UE dans un proche avenir.

Mais la glorification continue par Kiev de Bandera et de son mouvement risque d’écarter Varsovie de la cause ukrainienne.

Le pire dans tout cela, c’est que la passion de l’Ukraine pour l’OUN rend encore plus facile aux propagandistes russes de présenter Kiev comme un repaire de fascistes. Bien sûr, l’assaut violent  de Poutine sur l’état ukrainien depuis 2014 a été l’une des principales raisons pour lesquelles le pays s’est rapproché de ses héros nationalistes en premier lieu. Malgré tout, plus l’historiographie officielle de Kiev déviera de ce qui est communément accepté en Occident, plus il sera facile à Poutine de faire planer le doute au sein des amis de Kiev.

Les conséquences de l’inaptitude de l’Ukraine à étudier correctement, accepter et à enseigner les côtés les plus sombres de son passé commencent à se faire sentir. En réalité, elles semblent causer des scandales internationaux de plus en plus régulièrement. L’UINP et d’autres activistes sont en train d’aliéner les partenaires internationaux de l’Ukraine les plus importants alors que l’Ukraine a plus que jamais besoin de leur aide.

Pour cette et d’autres raisons, l’Ukraine devrait suivre une approche plus académique, et moins évasive de son histoire en temps de guerre – comme la plupart des pays occidentaux l’ont déjà fait.

Source : Foreign Policy, Andreas Umland, 25-10-2016

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Volodymyr Viatrovich nomme ici pour un magazine les cinq “personnalités exceptionnelles qui, selon lui, ont changé le cours de l’Histoire”. Il cite Gutenberg, Churchill, Havel, Elon Musk et… Roman Choukhevytch :

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Sa fiche Wikipedia est éloquente : c’est un nationaliste ukrainien, engagé sous l’uniforme nazi et un génocidaire :

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Brute largement dénoncée par le centre Simon Wiesenthal :

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Source: http://www.les-crises.fr/une-histoire-faussee-ne-cree-pas-damis-par-andreas-umland/


[Vidéo] Le monde menacé par une nouvelle crise financière ? Par Jean-Michel Naulot

Monday 13 March 2017 at 03:15

Source : TV5 Monde, Jean-Michel Naulot, 05-03-2017

C’est la mise en garde de Jean-Michel Naulot dans son livre “Eviter l’effondrement”, (éd. Seuil). L’ex banquier et ancien régulateur à l’AMF estime qu’une nouvelle crise est sur le point d’éclater. En cause selon lui : la dérégulation financière.

Source : TV5 Monde, Jean-Michel Naulot, 05-03-2017

Source: https://www.les-crises.fr/video-le-monde-menace-par-une-nouvelle-crise-financiere-par-jean-michel-naulot/


Thomas Legrand, sélectionneur de l’équipe des candidats à la Présidentielle, par Nils Solari

Sunday 12 March 2017 at 00:59

Source : ACRIMED, Nils Solari, 10-03-2017

Thomas Legrand n’est pas seulement journaliste politique : il est aussi « l’éditorialiste politique qui s’invite chaque matin à la table du petit déjeuner [1] ». Il est exactement l’unique titulaire de la chaire d’éditorialisme politique dans la « matinale » de France Inter qui lui confie – c’est son titre – « L’édito politique ». Seulement voilà, à la différence des médias d’opinion, comme le sont Libération ou Le Figaro, France Inter n’est pas ou ne devrait pas être un média de parti pris et Thomas Legrand ne devrait pas rivaliser avec Laurent Joffrin. Le pluralisme éditorial devrait être la règle, et pas seulement en économie – n’est-ce pas Dominique Seux [2] ? –, domaine où ce pluralisme est quotidiennement bafoué.

Thomas Legrand est donc un journaliste politique, mais un journaliste politique engagé. Habitués que nous sommes à bénéficier, chaque jour, de ses lumières, force est de constater que nous ne sommes jamais au bout de nos surprises [3]. En ce matin du 8 mars, il nous prouve une nouvelle fois qu’il tient une forme olympique, et nous fait part de sa vision, tout en nuances, à propos de la tenue du scrutin présidentiel…

Le Conseil constitutionnel vient en effet de publier les premiers états des parrainages pour les candidats aux présidentielles. Ce qui vaut à Patrick Cohen, en guise d’amorce de « l’édito politique » de France Inter, de nous annoncer que « presque tous les candidats à la présidentielle sont maintenant sur la ligne de départ »… et Thomas Legrand d’acquiescer, prêt à observer, depuis les hauteurs de sa chaise de juge-arbitre, les candidats qui passeront les épreuves qualificatives… ou mieux, celui qui franchira la ligne en vainqueur.

Métaphores et bons mots

Tout commence par le constat du « revirement […] en toupie à donner le tournis » des centristes et autres « frondeurs anti-Fillon revenus au point de départ avec une vélocité de petit rat de l’opéra ». Revirement, poursuit-il, dont Gérard Larcher [4] aurait « donné un exemple hier avec un aplomb comique ». Et lorsque Thomas Legrand souligne le « comique », c’est grâce à une métaphore qu’il a lui-même introduite et qui vient choquer sur un argument de poids, une moquerie à propos du physique du président du Sénat : « Larcher en rat de l’Opéra, j’avoue que l’image est osée ». Certes !

Après la droite, c’est au tour de Hamon et Mélenchon, « Les compèresde gauche » qui « ont décidé de perdre séparément plutôt que de faire gagner l’un d’eux ! ». Car les électeurs de gauche, assène Legrand, seront « contraints de couper la gauche par leur vote », avant de poursuivre, non sans un air dédaigneux, que « Nous allons avoir aussi un ou deux trotskistes »

Mépris à l’égard des « petits candidats »

Le trotskisme, ce courant pour lequel Thomas Legrand fait part de toute sa bienveillance, en le décrivant comme l’« objet décoratif de toutes présidentielles françaises [qui] sera bien là en 2017, comme la dinde à Noël ou la Légion étrangère le 14 juillet ». Nathalie Arthaud et Philippe Poutou apprécieront. Tout comme Nicolas Dupont-Aignan, qui lui aussi, sera probablement heureux d’apprendre qu’il « grignotera les scores de M. Le Pen et de F. Fillon avec son gaullo-souverainisme affable » [5].

Mais le reste de ceux ce qu’un autre matin, l’éditorialiste de France Inter aurait pu qualifier de « petits candidats », n’est pas en reste. Puisque après avoir cité Rama Yade et souligné que « peut-être qu’un Asselinot [6], un Cheminade arriveront à se qualifier avant le 17 mars », il va, dans un élan de pluralisme éhonté, nous expliquer les motivations réelles de leurs candidatures : « ajouter au folklore et donner la migraine aux décompteurs de temps de parole des radios et télés  ». Heureusement que le CSA, dans la foulée de la loi organique du 26 avril 2016 dite « de modernisation des règles de l’élection présidentielle », et sous la pression ahurissante de l’éditocratie, a eu la bienséance d’alléger les contraintes de temps de parole imposées aux médias !

Quant à Marine Le Pen, on apprend, sans volonté aucune d’abonder dans la prophétie auto-réalisatrice annoncée par les sondages [7] qu’elle pourrait « pour la première fois […] faire gagner l’extrême-droite en France ».

Le « gros porteur » Macron

Heureusement, l’animateur star de la « matinale » voit clair dans le jeu de son éditorialiste : « L’état des forces en présence favorise à l’évidence le candidat que vous n’avez pas encore cité ? ». Pas dupe le Patrick Cohen [8] ! Car s’il est bien question d’Emmanuel Macron, ce dernier devrait surement s’inspirer des conseils de la nouvelle Madame Soleil de la radio qui lui enjoint de « jouer au loto cette semaine tellement les paramètres lui sont favorables ».

Le constat est sans appel : « Hamon trop à gauche, Fillon trop à droite, offrent plus qu’un boulevard, une piste de décollage pour gros porteurs ». Décidément fier de son art de la métaphore, Thomas Legrand nous l’assure : l’engouement pour Emmanuel Macron [9]« n’est à l’évidence pas une bulle médiatique » [10]. Et de juge-arbitre, Thomas Legrand troque alors sa chaise pour le fauteuil plus confortable d’un aiguilleur du ciel politique : « Mais pour bien décoller, ce gros porteur Macron doit équilibrer sa charge entre ses ailes droite et gauche, organiser un peu mieux sa cargaison entre produits périmés ou trop frais ». Qualifier ainsi, sans oser le nommer, Alain Minc de « produit périmé », même Acrimed n’aurait pas osé !

Pour autant, l’éditorialiste avertit : « Il n’y a pas de vol d’essai. Le premier sera le crash, ou le début d’un voyage », pour lequel il admet tout de même, assez tardivement (puisqu’en conclusion) et non sans paradoxe, qu’il « serait bon aussi de géo-localiser un peu plus précisément la destination… ». Un Macron ainsi averti en vaut-il deux ?

***
Misère du journalisme politique. Qu’avons-nous appris ? Rien ou presque, hormis les partis pris d’un journaliste politique. Entre métaphores douteuses, mépris à l’égard des petits candidats et macronite aiguë, Thomas Legrand a quitté la chaise de l’arbitre pour participer à la course, et frise le faux-départ. Est-ce dû à un entraînement intensif aux côtés de ses confrères éditorialistes avec qui il semble partager les mêmes constats, dopés à la sondomanie ? Nous nous garderons bien de trancher. En tout cas, en amateurs avertis de ce genre de sport, nous ne pouvons que constater qu’il vient de prendre une longueur d’avance dans le piétinement effréné du pluralisme sur une antenne qui devrait le protéger…
 

Source : ACRIMED, Nils Solari, 10-03-2017

Source: https://www.les-crises.fr/thomas-legrand-selectionneur-de-lequipe-des-candidats-a-la-presidentielle-par-nils-solari/


Hypocrisie sur le prétendu “piratage” russe, par Michael Brenner

Sunday 12 March 2017 at 00:40

Source : Consortium News, le 30/12/2016

Le 30 décembre 2016

Pendant que les fonctionnaires de Washington enragent sur un prétendu piratage russe des courriels du Parti démocrate, on a oublié la façon dont le gouvernement des États-Unis a initié les tactiques de cyberguerre et attaqué des pays sans méfiance, rappelle Michael Brenner.

Par Michael Brenner

Le psychodrame sur le prétendu mais non étayé piratage russe des courriels du Parti démocrate pour influencer les élections présidentielles américaines n’a pas encore atteint son paroxysme. Cependant, il a déjà été désigné comme le travail de fiction le plus surréaliste et passionné du XXIe siècle.

Dans toute l’excitation, il est facile de perdre toute mesure. Peut-être le plus grand morceau de l’histoire cachée est le rôle pionnier du gouvernement des États-Unis dans la surveillance électronique et le piratage. Il semble que nous ayons oublié que l’Agence de Sécurité Nationale (NSA) et l’Agence Centrale du Renseignement (CIA) écoutaient des chefs d’État en Allemagne, au Brésil, en Argentine, en Irak, au Venezuela – et, pour finir, plusieurs autres capitales. En outre, le Secrétaire général des Nations Unies, le Président de la Commission de l’Union européenne, la Banque centrale européenne et Dieu sait qui d’autre.

Le président Barack Obama et l’ancien président George W. Bush (avec la première dame Michelle Obama et l’ancienne première dame Laura Bush) se rendent à un événement de la Maison-Blanche le 31 mai 2012. (Photo officielle de la Maison-Blanche par Chuck Kennedy)

Ce n’était pas une coïncidence. Cela faisait partie d’une stratégie calculée, approuvée par deux présidents successifs pour surveiller toutes les communications électroniques à travers le monde. L’auteur James Bamford et d’autres experts bien informés nous ont fourni un historique détaillé du programme.

Pourtant, les États-Unis – tels que nous les ont présentés les médias dominants et la plupart des commentateurs reflétant la version officielle de Washington – nous sont présentés innocents au milieu des principaux protagonistes. Le scénario présente l’Amérique comme la victime d’une cyber-agression non provoquée par les Russes et, dans d’autres circonstances, par les Chinois – ces attaques sortant de nulle part, une attaque dans une compétition présumée pour la domination mondiale entre les puissances.

Est-ce que tout cela est vrai ? Franchement, nous n’en avons même pas vu la preuve. Mais supposons qu’il y ait un élément de vérité (en laissant de côté l’absurdité d’un complot du Kremlin pour manipuler puis détruire la démocratie américaine).

Sur l’offensive

Rappelons-nous que ce sont les États-Unis qui ont lancé les premières cyber-attaques – il y a quelques années par la NSA. Cette histoire est détaillée dans les documents de Snowden dont l’authenticité n’a jamais été mise en doute. Nous avons réussi à infiltrer les réseaux informatiques de plusieurs organismes gouvernementaux chinois et de particuliers. Nous nous sommes vantés de notre succès dans les communications intra-gouvernementales. Ces événements se sont produits à une époque où les documents connexes maintenant dans le domaine public révélaient l’ambition de la NSA de puiser dans tous les réseaux de communications électroniques dans le monde, et a établi un programme pour atteindre cet objectif.

Le lanceur d’alertes de la NSA Edward Snowden parlant à Moscou le 9 octobre 2013. (D’après une vidéo publiée par WikiLeaks)

Simultanément, les États-Unis étaient en train de lancer des agressions offensives contre l’Iran. Les cibles comprenaient non seulement leurs installations de recherche nucléaire mais aussi les centres sensibles de l’industrie pétrolière et gazière. Ce sont des actes de guerre. Pourtant, il n’y a jamais eu de mandat d’un organisme international pour cela, pas plus qu’un casus belli. Nous l’avons fait en collaboration avec les Israéliens parce que nous avions décidé unilatéralement que l’agression était dans notre intérêt national. Maintenant, nous sommes indignés que d’autres fassent ce que nous avons fait. C’est de l’hypocrisie répugnante. Ce n’est pas très brillant. Car les premières actions firent penser de manière insouciante que les États-Unis auraient toujours l’avantage ; par conséquent, l’établissement de normes et de règles était inutile et malvenu. La même logique a opéré en ce qui concerne les drones et les assassinats ciblés.

Les conditions ont maintenant changé et les États-Unis sont maintenant vulnérables aux attaques. L’option de négocier des règles internationales et peut-être des règlements formels est en train de disparaître. Nous devrons vivre avec le désordre chaotique que nous avons créé.

Quelle que soit la réflexion que la NSA a menée sur le sujet (et peut-être d’autres agences), celle-ci affiche une mystérieuse ressemblance avec l’attitude du général Curtis LeMay de l’armée de l’air à l’égard de la stratégie nucléaire : l’accentuation de la provocation parce qu’elle jouait à notre avantage ; défense uniquement sous la forme de “représailles massives” ce qui – pour Lemay – a été la couverture stratégique pour la première frappe massive ; et la conviction qu’il s’agissait d’un jeu inévitable à somme nulle joué pour les plus hauts enjeux. En d’autres termes, la stratégie du cowboy. Et c’est la pensée stratégique du cowboy qui a régné dans la NSA.

Armée cybernétique

L’article le plus révélateur à ce sujet est apparu dans WIRED en juillet 2014 par James Bamford. Le général de l’armée Keith Alexander, qui a été directeur de la NSA de 2005 à 2014, a révélé toute la portée de son ambition. Voici quelques-unes des citations les plus remarquables de l’article : « Pendant des années, le général américain Keith Alexander a amassé une cyber-armée secrète. Maintenant, il est prêt à attaquer. … Les forces d’Alexandre sont formidables – des milliers d’espions NSA, plus 14 000 cyber-soldats. … Une chasse décisive pour déceler les failles cachées de sécurité mûres pour l’exploitation.

Le général Keith Alexander, ancien directeur de l’Agence de sécurité nationale.

Les plans comprenaient une doctrine “d’alerte d’attaque” appelant à des cyber-représailles massives contre quiconque lancerait une attaque stratégique sur des ordinateurs US sensibles. Son nom de code était « MonsterMind ». Mais les préparatifs de la Grande Cyber Guerre ne laissaient évidemment pas le temps de tracer les plus petites attaques (comme le prétendu piratage des courriels du Parti démocrate) ou bien son radar était très défectueux.

[Voir également THE INTERCEPT du 10 octobre 2014, “Secrets d’État: Saboteurs de la NSA en Chine et en Allemagne” par Peter Maass et Laura Poitras.]

Michael Brenner est professeur de relations internationales à l’Université de Pittsburgh.

Source : Consortium News, le 30/12/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: https://www.les-crises.fr/hypocrisie-sur-le-pretendu-piratage-russe-par-michael-brenner/