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Plus de frein, pas d’air bag, accélérateur coincé, à fond vers le mur, par Régis de Castelnau

Thursday 2 March 2017 at 06:15

Source : Vu du Droit, Régis de Castelnau, 28-02-2017

Comment donner raison à Marine Le Pen et lui abandonner la défense des libertés publiques.

Emmanuel Todd avait parlé de « flash totalitaire » au moment de l’organisation par le pouvoir socialiste des manifestations après les massacres de Charlie hebdo et de l’Hyper-casher en janvier 2015. Cette façon de qualifier fut accueilli par un violent concert de désapprobation. Cela aurait pourtant mérité discussion, surtout à la lumière des jours qui ont suivi. Cette expression fait aujourd’hui un retour fracassant, pour qualifier le comportement hallucinant d’un système aux abois. Une presse aux ordres, à la fois de ses patrons oligarques et du pouvoir d’État, fait la promotion d’un télévangéliste sorti de nulle part, et affublé de tous les attributs de ce que les Français ne supportent plus. Ayant connu toutes les élections présidentielles depuis 1965 je n’ai jamais vu un tel déferlement de propagande. Et je n’ai jamais assisté non plus à une telle instrumentalisation de la justice et de la police à des fins directement politiciennes.

Avec esprit de responsabilité les Français sont restés stoïques face à la catastrophe démocratique et politique de la présidence Hollande, s’en remettant pour s’en débarrasser à l’élection la plus importante des institutions de la Ve République. Ils constatent effarés toute une série de manipulations visant à confisquer ce scrutin, pour faire élire Emmanuel Macron à la faveur d’un deuxième tour contre Marine Le Pen. Manipulations qui utilisent sans vergogne les services de l’État dont beaucoup abandonnent une neutralité qui devrait pourtant leur être constitutive.

On a déjà dit ce qu’il fallait penser de la crédibilité et de l’impartialité du Parquet National Financier, pas seulement à cause du rôle qu’il a joué dans l’opération anti-Fillon, ou de l’incroyable acharnement vis-à-vis de Nicolas Sarkozy mais aussi du peu d’empressement à intervenir dès lors qu’il s’agissait de proches du chef de l’État. De ce point de vue, le Pôle Financier qui de son côté assure l’instruction n’est pas en reste. On aura compris l’utilité du renvoi en pleine période électorale de Nicolas Sarkozy en correctionnelle, qui ne présentait pourtant aucune urgence. Il fallait fermer la porte à un plan B Sarkozien après le déclenchement du bombardement de François Fillon. On aura également compris l’utilité, dans la perspective du deuxième tour, d’affaiblir Marine Le Pen en déclenchant contre elle et son entourage des rafales d’actes de procédure qui eux non plus ne présentaient pourtant aucune urgence.

Que l’on comprenne bien, le propos n’est pas de considérer que François Fillon n’a rien à se reprocher, ou que le Front National est exempt de tout agissement à caractère pénal. Le problème, est que cette accélération à ce moment-là d’affaires anciennes poursuit un but politique évident : empêcher le débat de fond. À tout prix. Prenons l’exemple de la transmission aux duettistes du Monde, amis du pouvoir, de pièces de procédure couvertes par le secret. Cette transmission effectuée par des fonctionnaires chargés de veiller à son respect est un manquement doublé d’une infraction pénale gravissime. Et puis, la phrase rituelle : « la justice doit passer, il n’y a pas de trêve » est une hypocrisie destinée à justifier toutes les manipulations. Évidemment, que des procédures pour des affaires ou des faits anciens ne sont marquées d’aucune urgence, et peuvent être suspendues pendant une campagne électorale présidentielle. À titre d’exemple, la publication des lettres d’observations des Chambres Régionales des Comptes, sur la gestion des collectivités locales est interdite six mois avant les élections locales. Pour justement éviter les manipulations.

Et ce qui est paradoxal, c’est qu’ainsi le Front National présenté comme une organisation pré-fasciste et que personnellement, j’ai toujours combattu, peut prendre la posture de victime de l’arbitraire, et sa candidate se présenter en défenseuse des libertés publiques. Parce que sur les deux derniers incidents, intervenu la semaine dernière, c’est Marine Le Pen qui avait raison.

Tout d’abord, pour faire bon poids après perquisitions, gardes à vue et mise en examen spectaculaires et médiatisées, la police judiciaire s’est permis de convoquer une parlementaire couverte par son immunité. Comment peut-on considérer que cette convocation illégale soit légitime et que le refus de Marine Le Pen d’y déférer soit un scandale ? L’immunité parlementaire est une protection accordée aux représentants du peuple régulièrement élus, face à l’arbitraire dont pourrait faire preuve le pouvoir en place. Cette inviolabilité est tout simplement une liberté publique fondamentale, que la police judiciaire, sur ordre, et pour faire du buzz, s’apprêtait à violer. C’est donc bien la candidate du Front National qui en la circonstance l’a défendue. Il convient de féliciter les ânes bâtés qui lui ont offert cette opportunité.

Il y a ensuite le discours de Nantes où Marine Le Pen a dit précisément ceci : «les fonctionnaires à qui un personnel politique aux abois demande d’utiliser les pouvoirs de l’Etat pour surveiller les opposants ou organiser à leur encontre des persécutions, des coups tordus ou des cabales». «Dans quelques semaines ce pouvoir politique aura été balayé, mais ces fonctionnaires devront assumer le poids de ces méthodes illégales et ils mettent en jeu leur propre responsabilité »

Eh bien, Marine Le Pen fait simplement, et à sa façon, brutale, référence à la loi française. Et elle rappelle aux fonctionnaires leur devoir, en leur précisant fermement qu’en cas de violation de celui-ci leur responsabilité serait engagée. C’est en particulier l’article 28 du statut de la fonction publique qui met à la charge du fonctionnaire un devoir d’obéissance. « Loi n°83.634 du 13 juillet 1983, article 28 Le fonctionnaire « doit se conformer aux instructions de son supérieur hiérarchique, sauf dans le cas où l’ordre donné est manifestement illégal et de nature à compromettre gravement un intérêt public. » »

Une seule exception est donc prévue, si l’ordre « est manifestement illégal ». Cela veut dire que tout fonctionnaire qui accepte en connaissance de cause de commettre un acte en exécution d’un ordre illégal engage sa responsabilité. Pénale si l’acte en question consiste en une infraction prévue au code pénal, simplement professionnelle si ce n’est pas le cas. Cette question de « l’ordre manifestement illégal » a donné lieu à une importante jurisprudence pénale et administrative. L’essentiel de ces décisions ont été consécutives à des procédures engagées après des alternances qu’elles soient locales ou nationales. Prenons à nouveau un exemple, l’infraction pénale, celle-là incontestable, commise ces dernières semaines, qui a consisté à fournir aux duettistes du Monde des éléments de procédure frappées du plus strict secret professionnel. Comme l’a relevé Éric Dupont Moretti, on peut penser que cela ne peut être le cas que des policiers chargés de l’enquête, ou des magistrats du PNF. Une fois les responsabilités éventuelles établies, il serait normal que la justice pénale et les procédures disciplinaires suivent leur cours. Une plainte a été déposée par François Fillon, on peut gager qu’elle ne connaîtra dans l’immédiat aucune suite mais il serait légitime, si celui-ci devenait Président de la République, qu’il demande à son Garde des Sceaux « que la justice passe sans désemparer ».

Qualifier cet appel à la responsabilité des fonctionnaires de volonté d’épuration n’est pas sérieux. Mais il est reçu comme tel au sein des couches populaires par tous ceux qui sont en rage et ne supporte plus l’arrogance irresponsable de la cohorte qui rêve de garder ses places dans le sillage du télévangéliste. Encore bravo d’avoir permis à nouveau à Marine Le Pen de jouer sur le velours.

Hypnotisés par la vipère Macron et l’anaconda Le Pen, Fillon est atone, Mélenchon mutique, Hamon à l’ouest, et tous les autres inaudibles. La voiture n’a plus de frein, pas d’airbag, l’accélérateur est coincé, et on fonce vers le mur.

Frédéric Lordon, a choisi une métaphore marine… « Voguons donc avec entrain vers un deuxième tour tant espéré, qui ne nous laissera que le choix de la candidate de l’extrême droite et du candidat qui fera nécessairement advenir l’extrême droite ».

Source : Vu du Droit, Régis de Castelnau, 28-02-2017

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La Droite :

Source: http://www.les-crises.fr/plus-de-frein-pas-dair-bag-accelerateur-coince-a-fond-vers-le-mur-par-regis-de-castelnau/


« La tentation du Bien est beaucoup plus dangereuse que celle du Mal », par Tzvetan Todorov

Thursday 2 March 2017 at 06:00

Tzvetan Todorov est mort le 7 février 2017 🙁

Source : Tamoudre  30.12.2016

Boris Cyrulnik et Tzvetan Todorov, deux intellectuels, deux observateurs engagés de nos sociétés, dialoguent sur la capacité des individus à basculer dans la « barbarie » ou bien à y résister.

Boris Cyrulnik est neuropsychiatre et directeur d’enseignement à l’université de Toulon. Tzvetan Todorov est historien et directeur de recherche honoraire au CNRS. Tous deux ont traversé l’époque de manière singulière. Tous deux sont devenus des penseurs plébiscités et des observateurs engagés de nos sociétés.

Le premier, né en 1937 dans une famille d’immigrés juifs d’Europe centrale et orientale, fut l’un des rares rescapés de la rafle du 10 janvier 1944 à Bordeaux et popularisa, bien des années plus tard, le concept de « résilience », cette capacité psychique à se reconstruire après un traumatisme. Le second, né en 1939 à Sofia (Bulgarie) et théoricien de la littérature, rejoint Paris en 1963 et s’attache depuis les années 1980 aux questions mémorielles et au rapport à l’autre.

Boris Cyrulnik a publié Ivres paradis, bonheurs héroïques (Odile Jacob, 2016), ouvrage sur le besoin et la nécessité de héros pour vivre et survivre. Tzvetan Todorov a écrit Insoumis (Robert Laffont/Versilio, 2015), portrait de ces contemporains qui, tels Etty Hillesum ou Germaine Tillion, Malcolm X ou Edward Snowden, ont su dire « non » et fait preuve de résistance à l’oppression.

Tous deux dialoguent sur la capacité des individus à basculer dans la « barbarie » ou bien d’y résister au moment où une Europe meurtrie et apeurée par les attentats s’interroge sur son devenir.

[…]

Qu’est-ce qui fait qu’un individu s’attache plutôt à des héros bénéfiques ou bien à des héros maléfiques ? La tentation du Mal est-elle aussi puissante que la tentation du Bien ?

T. T. : Pour moi, la tentation du Mal n’existe presque pas, elle est très marginale à mes yeux. Il existe sans doute quelques marginaux ici et là qui veulent conclure un pacte avec le diable et faire régner le Mal sur la Terre, mais de ce point de vue je reste plutôt disciple de Grossman, pour qui le Mal vient essentiellement de ceux qui veulent imposer le Bien aux autres. La tentation du Bien me semble donc beaucoup plus dangereuse que la tentation du Mal.

Je dirais, au risque d’être mal compris, que tous les grands criminels de l’histoire ont été animés par le désir de répandre le Bien. Même Hitler, notre mal exemplaire, qui souhaitait effectivement le Mal pour toutes sortes de populations, en même temps espérait le Bien pour la race élue germanique aryenne à laquelle il prétendait appartenir.

C’est encore plus évident pour le communisme, qui est une utopie universaliste, même si, pour réaliser cette universalité, il aurait fallu éliminer plusieurs segments sociaux de cette même humanité, qui ne méritaient pas d’exister : la bourgeoisie, les koulaks, etc. Les djihadistes d’aujourd’hui ne me paraissent pas animés par le désir de faire le Mal, mais de faire le Bien, par des moyens que nous jugeons absolument abominables.

Pour cette raison, je préfère ne pas parler de « nouveaux barbares ». Parce que la barbarie, qu’est-ce que c’est ? La barbarie n’est pas l’état primitif de l’humanité : depuis les premières traces de vie humaine, on trouve aussi des preuves de générosité, d’entraide. De nos jours, les anthropologues et les paléontologues affirment que l’espèce humaine a su survivre et s’imposer, alors qu’elle n’était pas la plus forte physiquement, grâce à l’intensité de la coopération entre ses membres, lui permettant de se défendre contre les menaces qui la guettaient.

La barbarie, c’est plutôt le refus de la pleine humanité de l’autre. Or bombarder de façon systématique une ville au Moyen-Orient n’est pas moins barbare que d’égorger un individu dans une église française. Cela détruit même beaucoup plus de personnes. Lors des attentats dont Paris a été victime dernièrement, on a sous-estimé l’élément de ressentiment, de vengeance, de représailles, qui était immédiatement mis en avant quand on a pu interroger ces individus ou dans leurs déclarations au moment de leurs actes. Ils n’agissaient pas de façon irrationnelle, puisqu’ils pensaient atteindre les objectifs qui étaient les leurs en tuant indifféremment des personnes qui se trouvaient sur leur chemin : ils voulaient répondre à la guerre par la guerre, ce qui est une logique hélas répandue dans l’histoire de l’humanité.

Qu’est-ce qui fait qu’on bascule du côté de la tuerie au nom d’une idéologie ?

B. C. : La bascule se fait lorsqu’on se soumet à la Théorie du Un, comme le dit le linguiste allemand Victor Klemperer. Si l’on en vient à penser qu’il n’y a qu’un seul vrai dieu, alors les autres sont des faux dieux, ceux qui y croient sont des mécréants, des « mal-croyants » dont la mise à mort devient quasiment morale. Si on se soumet à la théorie du Un, on peut basculer.

Le mot « barbare », en effet, ne convient pas. C’est dans la belle culture germanique de Goethe et de Kant que s’est déroulée l’une des tragédies les plus honteuses du XXe siècle. Le psychiatre américain Leon M. Goldensohn [1911-1961], qui, lors du procès de Nuremberg, expertisa la santé mentale des vingt et un accusés nazis, interrogea Rudolf Höss, le directeur du camp d’Auschwitz, qui lui répondit en substance : « J’ai passé à Auschwitz les plus belles années de ma vie. » Comment est-ce pensable ? Rudolf Höss poursuit : « Je m’entendais bien avec ma femme, j’avais quatre enfants que j’aimais beaucoup. »

Dans Les entretiens de Nuremberg, où figurent ces discussions, il y a même la photo de la maisonnette et du « bonheur » domestique du directeur du camp d’Auschwitz. « En même temps, poursuit-il, j’avais un métier bien difficile, vous savez, il fallait que je fasse disparaître, que je brûle 10 000 corps par jour, et ça, c’était difficile, vous savez. »

Donc l’expression que je propose pour comprendre ce phénomène paradoxal est celle de « morale perverse ». Un individu peut être parfaitement éthique avec ses proches, qu’il cherche à défendre et à comprendre – ma femme, mes enfants, etc. – mais les juifs, ce n’est pas les autres, les Tziganes ce n’est pas les autres, les Nègres sont des humains, mais ils sont inférieurs, donc on en fera de l’élevage. Il est moral d’éliminer les juifs comme il est moral de combattre la souillure d’une société pour que notre belle race blonde et aux yeux bleus aryens puisse se développer sainement.

C’est au nom de la morale, c’est au nom de l’humanité qu’ont été commis les pires crimes contre l’humanité. C’est au nom de la morale qu’ont été commis les pires crimes immoraux. Morale perverse, donc : on est moraux avec ceux qui partagent notre monde de représentation et on est pervers avec les autres parce que la définition de la perversion, c’est pour moi celle de Deleuze et de Lacan : est pervers celui qui vit dans un monde sans autre.

T. T. : Le jugement moral se constitue à plusieurs niveaux successifs. Au départ, la distinction même du Bien et du Mal peut être absente, faute d’avoir entouré le petit être humain par des soins et de l’avoir protégé par des attachements. Le résultat de ce manque est le nihilisme radical. Le deuxième pas dans l’acquisition du sens moral consiste à dissocier l’opposition du Bien et du Mal de celle entre Je et Autrui ou entre Nous et les Autres ; l’adversaire ici est l’égoïsme ou, sur le plan collectif, l’ethnocentrisme. Enfin le troisième degré consiste à renoncer à toute répartition systématique du Bien et du Mal, à ne pas situer ces termes dans une quelconque partie de l’humanité, mais à admettre que ces jugements peuvent s’appliquer aussi bien à nous qu’aux autres. Donc, à combattre le manichéisme du jugement.

A chacun de ces stades peut s’installer la perversité dont on parle. Il n’existe pas deux espèces d’êtres humains, les uns qui risquent de fauter et les autres, dont nous ferions partie, à qui ça n’arrivera jamais. D’un autre côté, si on s’ouvrait à une compassion universelle, on ne pourrait plus vivre, on devrait aider tous les sans-abri, tous les mendiants qu’on rencontre dans la rue et partager avec eux ce qu’on a, or on ne le fait pas et on ne peut le faire – sauf si on est un saint. Il y a une sorte d’équilibre qui doit s’établir entre la protection de soi et le mouvement vers autrui. Mais ignorer l’existence des autres, c’est cesser d’être pleinement humain.

B. C. : J’étais emprisonné dans la synagogue de Bordeaux, ville où 1 700 juifs ont été raflés le 10 janvier 1944 par Maurice Papon. Il n’y eut que deux survivants, dont votre serviteur. Et j’ai retrouvé le fils et les petits-enfants de Mme Blanché, la dame mourante sous laquelle je me suis caché afin d’échapper à la rafle, avec lesquels j’entretiens aujourd’hui des relations amicales. Oui, la vie est folle, c’est un roman.

Quand j’étais emprisonné, il y avait un soldat allemand en uniforme noir qui est venu s’asseoir à côté de moi un soir. Il me parlait en allemand et me montrait des photos d’un petit garçon. Et j’ai compris – sans comprendre sa langue – que je ressemblais à son fils. Cet homme avait besoin de parler de sa famille et de son enfant qu’il ne voyait pas, ça lui faisait du bien. On peut dire que j’ai commencé ma carrière de psychothérapeute ce soir-là !

Pourquoi est-il venu me parler ? Je l’ai compris en lisant Germaine Tillion, qui raconte que, lorsque les nouvelles recrues de femmes SS arrivaient à Ravensbrück, elles étaient atterrées par l’atrocité du lieu. Mais, dès le quatrième jour, elles devenaient aussi cruelles que les autres. Et, quand Germaine Tillion donnait des « conférences » le soir à Geneviève de Gaulle et à Anise Postel-Vinay, elle les faisait souvent sur l’humanisation des gardiens du camp.

Elle disait : ce qui nous faisait du bien, quand on voyait un gardien courtiser une femme SS, c’est que c’était donc un être humain. Elle ne voulait pas diaboliser ceux qui la condamnaient à mort, elle voulait chercher à découvrir leur univers mental. Et c’est en lisant Germaine Tillion que je me suis dit : voilà, j’avais à faire à des hommes, et non pas à des monstres. Parce que comprendre, c’est non pas excuser, mais maîtriser la situation. Arrêté à l’âge de 6 ans et demi, j’étais considéré comme « ein Stück », une chose qu’on pouvait brûler sans remords, qu’on pouvait tuer sans culpabilité puisque je n’étais pas un être humain, mais « ein Stück ».

Donc, contrairement à ce que l’on dit souvent, notamment à propos du djihadisme, il faut chercher à le comprendre, et non pas refuser, par principe, l’explication ?

B. C. : Evidemment. La compréhension permet de lutter et d’agir. Par exemple, sur le plan psychosocial, le mot « humiliation » est presque toujours utilisé par ceux qui passent à l’acte. L’humiliation du traité de Versailles a été momentanément réelle, parce que pendant quelques années les Allemands ne pouvaient pas reconstruire une société, tout ce qu’ils gagnaient partant en dommages de guerre pour la France.

Mais les Allemands oubliaient de dire que dans les années 1920 – lorsque les politiques ont compris que ça empêchait l’Allemagne de se reconstruire – il y eut un véritable plan Marshall pour aider leur pays à se reconstruire. Donc le mot humiliation servit d’arme idéologique pour légitimer la violence des nazis – comme celle des djihadistes, d’ailleurs. Tous les totalitarismes se déclarent en état de légitime défense. Il leur paraît normal et même moral de tuer sans honte ni culpabilité.

Aujourd’hui, sur environ 8 400 fichés « S », rappelle une enquête du CNRS, on dénombre près de 100 psychopathes. La psychopathie, ce n’est pas une maladie mentale, mais une carence éducative et culturelle grave. Ce sont des enfants qui n’ont pas été structurés par leur famille, ni par la culture ni par leur milieu. Quand il n’y a pas de structure autour d’un enfant, il devient anomique, et l’on voit réapparaître très rapidement des processus archaïques de socialisation, c’est-à-dire la loi du plus fort.

Michelet le disait : quand l’Etat est défaillant, les sorcières apparaissent. Cent psychopathes sur 8 400 cas, c’est la preuve d’une défaillance culturelle. C’est une minorité dans les chiffres, mais c’est une majorité dans les récits et l’imaginaire parce que le Bataclan, le Stade de France, Nice ou le 13-Novembre font des récits atroces et spectaculaires qui fédèrent une partie de ces meurtriers.

T. T. : Très souvent, ces jeunes qui s’égarent dans le djihad cherchent un sens à donner à leur vie, car ils ont l’impression que la vie autour d’eux n’a pas de finalité. S’ajoute à leurs échecs scolaires et professionnels le manque de cadre institutionnel et spirituel. Quand je suis venu en France en 1963, il existait un encadrement idéologique très puissant des jeunesses communistes et des jeunesses catholiques. Tout cela a disparu de notre horizon et le seul épanouissement, le seul aboutissement des efforts individuels, c’est de devenir riche, de pouvoir s’offrir tel ou tel signe extérieur de réussite sociale.

De façon morbide, le djihad est le signe de cette quête globale de sens. Il est la marque de cette volonté de s’engager dans un projet collectif qui frappe souvent des personnes qui jusque-là étaient en prison pour des petits vols et des menus crimes, mais qui cessent de trafiquer, de boire ou de fumer du haschisch pour être au service d’une doctrine vraie, de ce « Un » dont vous parliez tout à l’heure. Ils sont d’abord prêts à sacrifier la vie d’autrui, mais ensuite la leur aussi.

Y a-t-il des héros ou des contre-récits qui pourraient permettre de structurer davantage leur univers mental ?

 

[…]

Lire le début et la fin sur Tamoudre, 30.12.2016

Source: http://www.les-crises.fr/la-tentation-du-bien-est-beaucoup-plus-dangereuse-que-celle-du-mal-par-tzvetan-todorov/


Revue de presse du 2 mars 2017

Thursday 2 March 2017 at 00:30

La revue avec dans le thème Matières Premières, un dossier sur l’uranium (4 articles résumés, deux en anglais), et pour le reste des contributions datant de la semaine spéciale “déconex” du blog, donc un peu en retard… Merci à nos contributeurs. Pour les rejoindre, vous pouvez postuler via le formulaire de contact du blog. Bonne lecture.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-2-mars-2017/


Droit à l’oubli : la CJUE va examiner la désindexation des données sensibles dans Google, par Marc Rees

Wednesday 1 March 2017 at 04:45

Source : Nextinpact, Marc Rees, 24/02/2017

Saisi par quatre personnes, le Conseil d’État a décidé de saisir la Cour de justice de l’Union européenne d’un train de questions sur le terrain du « droit à l’oubli » ou droit à l’effacement dans les moteurs de recherche.

Quatre personnes, quatre profils différents, mais un problème commun : la faculté pour les moteurs de recherche d’indexer des informations parfois sensibles diffusées dans la presse.

Le droit à l’effacement

Premier cas, une conseillère régionale d’Île-de-France avait réclamé de Google l’effacement d’un lien vers une vidéo se moquant de ses anciennes activités publiques. Elle était mise en scène au côté du maire de la commune dont elle était directrice de cabinet. La vidéo, en fait une image fixe, évoquait une relation intime avec une incidence sur son parcours.

Dans la deuxième affaire, un ex-représentant de l’Église de scientologie réclamait le déréférencement d’un lien vers un article de Libération de septembre 2008 repris par le site du Centre contre les manipulations mentales. Il aurait, selon ces contenus, proposé de l’argent aux enfants d’une défunte, adepte de l’Église de scientologie, et ce en échange de leur renoncement à intenter une action judiciaire.

Dans l’avant-dernier cas, un ancien conseiller de Gérard Longuet a sollicité l’effacement de plusieurs liens hypertextes évoquant sa mise en examen dans les années 90, alors qu’il a bénéficié en 2010 d’un non-lieu. Enfin, un ex-animateur d’école sollicitait le retrait de sept liens sur Google, dirigeant vers des articles du Figaro et de Nice Matin relatif à sa condamnation en 2010 pour des actes pédophiles.

Ces personnes peuvent-elles réclamer un droit au déréférencement ? Google comme la CNIL ont dit non en chœur. L’un et l’autre se sont appuyés sur une jurisprudence de la Cour de justice de l’Union européenne. Le 13 mai 2014, celle-ci a d’un, considéré que les moteurs de recherches étaient responsables des traitements effectués par leurs outils d’indexation, de deux, posé les critères permettant à un citoyen d’obtenir un coup de gomme.

Il faut ainsi que les données soient « adéquates, pertinentes et non excessives au regard des finalités pour lesquelles elles sont collectées et pour lesquelles elles sont traitées ultérieurement ». Ou encore qu’elles soient « exactes et, si nécessaire, mises à jour », etc.  Aucun de ces critères n’était rempli selon le moteur ou l’autorité de contrôle.

Aux limites des données sensibles

Seul hic, à l’instar du rapporteur public, le Conseil d’État a été contraint de s’infiltrer dans les méandres du droit au déréférencement, cet univers dans lequel Google a toujours rechigné à mettre le moindre pied. Les quatre affaires ont en effet trait à des données très sensibles, celles « qui révèlent l’origine raciale ou ethnique, les opinions politiques, les convictions religieuses ou philosophiques, l’appartenance syndicale » ou qui sont relatives « à la santé et à la vie sexuelle ».

Or, à leur égard, le droit européen pose un principe d’interdiction de collecte ou de traitement. De même, les traitements relatifs aux infractions ne peuvent être mis en œuvre que par certaines entités telles les juridictions ou encore les auxiliaires de justice. Une question surgit, évidente, mais complexe : ces interdictions de principe pèsent-elles sur les moteurs de recherche ?

On imagine sans mal les conséquences si une interdiction de principe pesait a priori sur les moteurs, ces systèmes gorgés d’algorithmes et de robots où l’humain intervient le moins possible. Cette problématique a été considérée comme « sérieuse» par le Conseil d’État, au point que celui-ci a décidé de transmettre la patate chaude à la Cour de justice.

Puisque rien n’est simple en matière de traitement de données personnelles, on en arrive donc à deux scénarios. Ou bien l’interdiction pèse sur les moteurs, ou bien elle ne pèse pas sur leurs épaules. Ces alternatives ne sont pas neutres.

Hypothèse 1 : l’interdiction de traitement pèse sur les moteurs

Dans l’affirmative, en effet, une série de nouvelles questions se pose. Google, Bing, Qwant et les autres sont-ils alors obligés à faire droit aux demandes de déréférencement relatives à des liens pointant vers des pages web traitant de telles données ?

Mieux. Le droit européen prévoit plusieurs exceptions à l’interdiction de traiter ces données sensibles. Ce peut être le consentement de la personne ou bien parce qu’on est face à « des données manifestement rendues publiques par la personne concernée » ou enfin que le traitement est « nécessaire à la constatation, à l’exercice ou à la défense d’un droit en justice ». Justement. Ces exceptions peuvent-elles être opposées par Google aux personnes réclamant le « droit à l’oubli » ?

La directive autorise aussi une autre exception, celle des traitements de données effectuées à des fins journalistiques (ou pour l’expression artistique). Pour bien compliquer la tâche, il s’agit maintenant de savoir si les moteurs, eux aussi, peuvent se prévaloir « de cette circonstance pour refuser de faire droit à une demande de déréférencement ».

Hypothèse 2 : l’interdiction ne pèse pas sur les moteurs

 

Lire la suite sur : Nextinpact, Marc Rees, 24/02/2017

Source: http://www.les-crises.fr/droit-a-loubli-la-cjue-va-examiner-la-desindexation-des-donnees-sensibles-dans-google-par-marc-rees/


Mises au point de Mediapart à ses détracteurs, par la SDJ de Mediapart

Wednesday 1 March 2017 at 02:10

Juste pour info, dans la série “tout va bien en ce moment”…

Merci de ne pas relancer toujours le même thème en commentaire. Médiapart n’est pas parfait, évidemment. Comme les Crises.

Mais Médiapart apporte un vrai plus à l’information dans la pays.

Donc arrêtez de vouloir un Médiapart (ou Les-Crises) parfait, cela n’arrivera jamais.

Ce qu’il faut, c’est 30 nouveaux “Médiapart”, qui auront autant d’orientations variées.

Et on appellerait ça le pluralisme…

Source : Le Blog Mediapart, 27-02-2017

Cette fois, c’en est trop. Depuis sa création, Mediapart est l’objet de critiques diverses et variées. Mais ces dernières semaines, les insultes et les inventions sont allées beaucoup trop loin. Pour la première fois, les journalistes de la rédaction ont donc décidé de faire une réponse claire, nette et commune à ces détracteurs pour qui la réalité des faits constitue visiblement un détail.

Cette fois, c’en est trop. Depuis sa création, Mediapart est l’objet de critiques diverses et variées. Nous les acceptons bien volontiers quand il s’agit de débats de fond, et prenons soin de les ignorer quand il s’agit de rumeurs, de diffamations, de mensonges. Chacun est libre de penser ce qu’il veut de notre travail. Mais encore faudrait-il que ces opinions soient fondées sur une connaissance de celui-ci.

Ces dernières semaines, les insultes et les inventions, émises dans le seul but de nous discréditer, sont allées beaucoup trop loin. Pour la première fois, les journalistes de Mediapart ont donc décidé de faire une réponse claire, nette et commune à ces détracteurs pour qui la réalité des faits constitue visiblement un détail.

  • Mediapart est « l’idiot utile de l’islamisme politique », un « site fréro-salafiste », et Edwy Plenel est « proche » de Tariq Ramadan

Mediapart est un journal d’information générale qui publie parfois des entretiens sur l’islam, comme dans cette série de vidéos parues en 2016 sur les différents contours contemporains de l’islam. Ou encore dans cette série d’entretiens avec dix musulmans de La Courneuve en 2010.

En août 2013, Edwy Plenel a écrit l’article « Pour les musulmans », s’alarmant des conséquences de la fin des printemps arabes et de leurs espoirs démocratiques. Un an plus tard, sous le même intitulé, il a développé son propos dans un essai paru aux éditions La Découverte, plaidoyer contre toutes les discriminations, sans en oublier aucune, et contre les haines, d’où qu’elles viennent.

À la suite de cette parution, Edwy Plenel a été invité à participer à une conférence publique sur la situation des jeunes musulmans de France, organisée par l’association Action pour un monde sans frontières (APMSF), le 17 janvier 2015, à Brétigny-sur-Orge. Le théologien musulman Tariq Ramadan participait également à cette rencontre-débat. C’est la seule fois où le directeur de Mediapart s’est retrouvé à la même tribune que M. Ramadan.

En avril 2016, nous avons consacré à ce dernier une longue enquête critique, à l’occasion de laquelle nous l’avons bien évidemment interrogé.

  • Mediapart a « couvé »« promu » et « soutenu » Mehdi Meklat

Mehdi Meklat, ancien chroniqueur du Bondy Blog, auteur d’un grand nombre de tweets antisémites, homophobes et misogynes sous son alias « Marcelin Deschamps », n’a jamais travaillé à Mediapart. Il n’y a jamais publié de chroniques, ni tenu de blog.

Il fut une seule fois l’invité de l’un de nos live, en octobre 2015, consacré aux dix ans de la révolte dans les quartiers populaires et organisé en partenariat avec Le Bondy Blog, né lors de ces émeutes. Il y a pris la parole lors d’une séquence d’une dizaine de minutes.

Son dernier livre, Minute (Éd. Seuil), coécrit avec son ami Badrou, a été recensé de façon critique en même temps que d’autres ouvrages traitant des élections présidentielles dans un article daté du 23 février 2017.

  • Mediapart n’est pas un média, mais « une organisation politique » et une « officine »

Mediapart est un quotidien en ligne, lu par plus de 135 000 abonnés. Son équipe de 74 salariés se consacre tous les jours à la production d’informations et d’enquêtes. Sans publicité et sans aide publique à la presse, nous ne vivons que de nos abonnements. C’est peut-être ce qu’il manque à nos détracteurs les plus virulents : s’abonner à Mediapart pour nous critiquer en connaissance de cause et non pour l’idée qu’ils se font de qui nous sommes.

  • Ève Plenel, fille du directeur de Mediapart, « gagne 3 000 euros par mois pour un emploi à mi-temps à la mairie de Paris alors qu’elle vit à Berlin ».

Ève Plenel a été choisie en avril 2016 par la mairie de Paris pour coordonner la stratégie de « Paris sans sida » à l’horizon 2030. Elle a, dans la foulée, démissionné de ses fonctions de directrice générale d’Arcat et du Kiosque Infos Sida, deux structures du groupe SOS, pour ne se consacrer qu’à cette mission.

Elle est payée mensuellement 1 682 euros net pour un temps partiel qu’elle effectue à Paris, ayant un bureau à la mairie. Ses déplacements depuis Berlin, où travaille son compagnon et où sont scolarisés ses enfants, sont totalement à sa charge. Face aux calomnies dont elle est victime, en raison de son patronyme, l’ensemble des acteurs de la lutte contre le sida lui ont exprimé publiquement leur soutien dans cette tribune.

  • « Mediapart a fraudé le fisc » et « le gouvernement a sauvé Mediapart en effaçant sa dette fiscale »

Mediapart a toujours appliqué sur le prix de ses abonnements le taux de TVA de 2,1 % dévolu à la presse et conforme aux engagements des pouvoirs publics et des syndicats professionnels. Nous suivons ainsi le principe de neutralité des supports, papier ou numérique, instauré en 2009 par le décret établissant le statut de la presse en ligne.

L’administration fiscale, qui conteste ce que nous considérons comme une question de principe, nous a imposé rétroactivement une TVA à 19,6 % pour la période allant de la création de notre site, en 2008, jusqu’au 31 janvier 2014 (après cette date, il n’y a plus de débat : une loi votée entre temps établit que la presse en ligne doit bénéficier du taux de TVA à 2,1 % à partir de février 2014).

La somme réclamée par le fisc se compose de 3 348 233 euros de différentiel de taux de TVA, plus 1 349 462 euros d’intérêts, ainsi que de pénalités pour mauvaise foi. Mediapart a payé l’intégralité du différentiel de TVA demandé et provisionné dans ses comptes le montant des intérêts et des pénalités, en attendant les suites judiciaires.

Nous contestons la décision de l’administration devant le tribunal administratif de Paris (la requête est ici). La Cour de justice de l’Union européenne devra également se prononcer dans les prochains mois sur cette question.

Source : Le Blog Mediapart, 27-02-2017

Source: http://www.les-crises.fr/mises-au-point-de-mediapart-a-ses-detracteurs-par-la-sdj-de-mediapart/


[Vérité post-Journalisme] Message aux controversés Emmanuel Jarry et Michel Rose, de l’agence Reuters (à la Direction controversée)

Tuesday 28 February 2017 at 15:09

Aux lecteurs : désolé, j’ai encore un peu de ménage à faire cette semaine. Je termine le coeur du sujet Macron ce soir, et on reprend un cours plus normal la semaine prochaine… Désolé.

“Bonjour, Reuters, c’est le blogueur !”

Chers Emmanuel Jarry et Michel Rose, de l’agence Reuters :

je vous remercie d’avoir parlé de moi dans votre Dépêche d’hier :

Elle amène cependant quelques questions de ma part :

1/ Point accessoire. Je voudrais simplement savoir quand M. Philippot (avec qui je n’ai aucun lien) se serait “référé” à moi svp ? C’est bien possible, me lit qui veut, mais merci de m’indiquer votre source précise svp.

Je sais qu’il a parlé du sujet Macron hier sur BFM, mais je l’entends dire à 11’13 : “Certains ont fait le calcul.”

Comme il ne vous aura pas échappé que je ne m’appelle pas “Olivier Certain” mais “Olivier Berruyer”, merci donc de m’indiquer les autres endroits où il aurait parlé nominativement de moi, pour mon information.

Parce que sinon, je vous rappelle qu’il suffit d’une paire d’yeux (en fait, un seul suffit, même…), d’un cerveau et d’une calculatrice pour arriver à ce résultat :

macron

Pour les impôts, je suis gentil, c’est là :

macron

2/ Je ne comprends par ailleurs pas pourquoi vous laissez entendre que je serais la “source” de ce questionnement, alors qu’il s’agit, comme je l’ai indiqué clairement, de questions fondamentales posées par le Canard enchaîné le 1er juin 2016, et auxquelles M. Macron refuse de répondre depuis lors :

3/ Tiens, puisque je vous tiens : vous n’avez donc pas eu envie de creuser ce sujet auprès de M. Macron depuis le 1er juin 2016 ? #Journalisme #NoNews

4/ Point central. Je souhaitais VRAIMENT revenir sur le mot “controversé” que vous avez accolé à mon nom. Je trouve ça TRÈS original comme méthode.

Je m’interroge simplement sur son adéquation avec les principes éthiques élémentaires de votre profession :

J’aimerais donc là-encore connaitre vos sources exactes. Ici, il vous sera plus facile d’en trouver, je vous l’accorde.

Ma vraie question est : Quelle est la règle chez Reuters pour accoler dans une dépêche le terme “controversée” à une personnalité controversée ?

Parce que si on va par là, tout le monde est, à un moment ou à un autre, “controversé” (bienvenue au club, grâce à ce billet).

Par exemple, j’ai regardé vos dépêches, et je n’ai pas vu ce terme accolé à M. Bernard-Henri Levy par exemple :

Il me semble pourtant que “philosophe controversé” serait assez bien adapté – même si vous m’accorderez qu’en dehors de Saint-Germain-des-Prés, il y a plutôt un franc consensus – mais vous comprenez l’idée.

Ceci étant, loin de moi de penser qu’il y aurait un “tarif spécial” quand on critique les médias et les journaux, plutôt que quand on les dirige, hein… 🙂

Il l’est toujours depuis lors en fait – la presse en parle peu…

Notez aussi que votre propre Direction semble très “controversée” par ses salariés :

Bref, si vous ne corrigez pas la dépêche (et j’ai peu d’espoir sur le respect actuel de la Vérité dans votre profession, après 3 semaines d’observation des pratiques du journal Le Monde…) , je vous remercie de me répondre afin que j’estime votre intention de nuire, et que j’en tire les conséquences. Ma réputation n’est pas un paillasson pour “journalistes”.

Parce que votre petit jeu irresponsable contamine désormais tous les médias, genre LCI.

Vous vous imaginez bien comme il peut être facile, par exemple, pour un individu (genre moi) de trouver un job si Reuters vous a estampillé intuitus personae “controversé”. Alors que vous vous exprimiez simplement sur votre blog – et bientôt simplement sur votre Facebook ? – en tant que citoyen vigilant désireux de surveiller les Pouvoirs.

M. Jarry, vous noterez enfin, qu’à ce jour, on ne m’a remonté encore aucune erreur sur ma liste de 25 questions longues comme le bras à Macron…

M. Rose, on compte donc sur vous pour cuisiner M. Macron quand il ne sera plus en PLS…  🙂

Bref, Reuters, un bon conseil : prenez donc exemple sur Arthur Berdah qui, au Figaro, sait encore travailler correctement :

Source = Canard ; préservation de mon identité ; pas de dépréciation ou de rumeur ; pas de lien direct suggéré avec Phillipot – exemplaire !

Je vous recommande donc, en conclusion, de réfléchir chez Reuters à ce point éthique d’importance.

Car les journalistes feraient mieux de cesser de s’interroger sur le “Journalisme post-Vérité” pour passer vraiment du temps à travailler sur la “Vérité post-Journalisme”…

Source: http://www.les-crises.fr/message-aux-controverses-emmanuel-jarry-et-michel-rose-de-lagence-reuters-a-la-direction-controversee/


[Patrimoine] Macron a répondu : “Allez-vous faire voir !”

Tuesday 28 February 2017 at 11:41

Du grand “art” journalistique…

(Résumé des question à poser à Macron en fin d’article)

Emmanuel Macron attaqué sur son patrimoine par le FN et la droite

Notez bien les 3 premiers mots – alors qu’on demande simplement quelques comptes à une personne voulant diriger le pays…

Source : Ouest-France, 27/02/2016

Alors que leurs deux candidats à l’élection présidentielle Marine Le Pen et François Fillon sont rattrapés par la justice, le FN et Les Républicains s’attaquent au patrimoine de l’autre favori des sondages, Emmanuel Macron.

Le Front national et une faction des Républicains, dont les candidats à l’élection présidentielle sont mis en cause par la justice, ont relancé lundi leurs attaques sur le patrimoine de leur adversaire principal, Emmanuel Macron.

Le vice-président du FN, Florian Philippot, interrogé par BFMTV, a ainsi invité la presse à interroger l’ancien ministre de l’Économie sur ce qu’il a fait des revenus perçus quand il était à la banque Rothschild, de septembre 2008 à mai 2012.

Emmanuel Macron a déclaré à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) « un patrimoine faible, très faible, inférieur à la moyenne des Français », soutient le conseiller de la présidente et candidate du FN, Marine Le Pen.

« Or M. Macron a gagné plus de trois millions d’euros […] quand il était chez Rothshild », a-t-il ajouté. « Je pose une question : comment on explique cette disproportion entre ce qu’il a gagné et ce qui apparaît dans son patrimoine ? » Florian Philippot s’est référé au blogueur controversé Olivier Berruyer, qui décortique sur son site Les-crises.fr les déclarations de patrimoine d’Emmanuel Macron et s’interroge sur la façon dont il a dépensé 1,8 million d’euros après impôts.

Message à Ouest-France Reuters: c’est quoi cette déontologie de bouse de m’affubler sans arrêt de qualificatifs désobligeants ? J’ai regardé, je ne trouve pas dans vos archives ce même qualificatif accolé à Bernard-Henri Levy, pourquoi ? Merci donc de corriger svp.

L’entourage de Macron « tranquille »

Le député LR Jacques Myard renvoie pour sa part à ce site dans un communiqué de presse sous le titre Quel est le patrimoine du candidat Emmanuel Macron ? Un élu alsacien régionaliste, Paul Mumbach, « candidat des maires en colère » à la présidentielle, a rendu quant à lui publique une lettre dans laquelle il interroge la HATVP sur la « sincérité » du patrimoine déclaré par l’ancien ministre.

Autant d’insinuations balayées par l’entourage du fondateur et candidat du mouvement En Marche ! dont la percée dans les derniers sondages paraît affoler les états-majors des autres candidats, de la gauche à l’extrême droite.

« Leurs chiffres sont faux. Ils n’incluent ni la fiscalité ni les prêts qu’Emmanuel Macron a remboursés sur la période », a dit un membre du premier cercle de son équipe de campagne. « On est parfaitement tranquille. Emmanuel Macron est le plus insoupçonnable de tous les candidats. »

« Tout a été dit sur la façon dont il a gagné de l’argent et dont il l’a utilisé », a-t-il poursuivi. « On est parfaitement conscient qu’on veut nous entraîner dans des polémiques inutiles et stériles pour faire diversion par rapport aux problèmes que rencontrent les uns et les autres avec la justice. »

Baisse de revenus et de train de vie

Une information judiciaire a été ouverte sur des soupçons d’emplois fictifs et de trafic d’influence dont aurait bénéficié la famille de François Fillon, tandis que des proches de Marine Le Pen ont été mis en examen ou renvoyés en correctionnelle dans des affaires visant le fonctionnement et le financement du FN.

Emmanuel Macron n’entend pas à ce stade répondre aux questions de ses adversaires sur l’usage personnel ou familial qu’il a fait de ses revenus, ce qui relève de sa vie privée, a fait savoir l’un de proches.

« Quand les autres seront parvenus au niveau de transparence où nous sommes, peut-être accepterons-nous d’entrer dans ce débat », a-t-il ajouté. En attendant, le candidat d’En Marche ! se réserve le droit de poursuivre en justice « tous ceux qui insinueraient qu’on a maquillé quoi que ce soit », a-t-il averti.

Emmanuel Macron a déjà été interrogé à plusieurs reprises sur ses revenus et son patrimoine. Il a fait plusieurs fois valoir que son engagement politique s’était traduit, après son départ de la Banque Rothschild, par une forte baisse de ses revenus et de son train de vie.

Il rappelle également régulièrement qu’il a démissionné de la fonction publique pour se lancer dans la course à l’Élysée et vit aujourd’hui des droits d’auteur de son livre Révolution.

Source : Ouest-France, 27/02/2016

Source originale : Reuters

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Bien sûr… Il refuse toujours de répondre aux mêmes questions du Canard Enchaîné de juin 2016 (oh, faut se réveiller le Canard… 😉 ) :

Bref :

J’ai déjà dit que je ne le soupçonnais d’aucun maquillage illégal.

Il me semble en revanche important de comprendre son rapport à l’argent, à la dette, aux dépenses somptuaires, à la bonne gestion de son patrimoine, au secteur bancaire.

Évidemment que les chiffres indiqués sont donnés après impôts – j’ai calculé !

macron

Et en plus, ce sont leurs propres chiffres :

macron

Qu’est-ce qui n’est pas clair avec “1 500 000 € après impôts” ?

M. Macron a touché l’équivalent d’un petit gain au Loto, au bout de 2 ans, il n’a plus un sou.

On lui demande des comptes, il répond comme un vulgaire Cahuzac “Allez-vous faire voir !” et ajoute “Confiez-moi l’État maintenant, même si je n’ai jamais été élu conseiller municipal d’opposition à la Bourboule”. Normal, quoi… #2017EnFrance

Admirez comme ils essaient de retransformer cette affaire en “No News” – on les laisse faire ?

Quand au “candidat le plus insoupçonnable….” – heum heum :

macron

macron

donc :

Je vous l’avais bien dit :

Mais comme je ne suis pas journaliste, je ne lâcherai rien… Il doit tenir sa parole du JDD 12/02 :

macron

Je repose donc mes principales questions à M. Macron ici :

  1. M. Macron, vous avez gagné (surtout chez Rothschild) ≈ 2,7 millions d’euros bruts entre 2011 et 2013, soit ≈ 1,4 million d’euros nets après impôts. Vous déclarez un patrimoine quasi nul en 2014. Cela signifierait une dilapidation d’environ 1 SMIC PAR JOUR durant 3 ans. Votre porte-parole a indiqué que vous aviez « pas mal dépensé ». Pourriez-vous vous expliquer, et justifier la réalité et la composition de ces dépenses ? (Question 2)
  2. M. Macron, en 2007, à 30 ans, vous décidez d’acheter un appartement. Vous gagnez alors environ 40 000 € par an, et n’avez guère d’apport personnel. Vous choisissez un appartement de 83 m² à Paris à 890 000 €, soit un investissement de plus de 1 000 000 € avec travaux et frais de notaire. En théorie, cela signifie donc aux taux d’intérêts de 2007 plus de 40 000 € de simple charge d’intérêts par an. Pourquoi un tel choix aussi disproportionné avec vos revenus ? (Question 4)
  3. M. Macron, pour financer votre achat, vous empruntez en 2007 selon vos déclarations au JDD 550 000 € à votre ami multimillionnaire, le regretté Henry Hermand, et 400 000 € au Crédit Mutuel. Le tout avec 40 000 € de revenus annuels. Comment les avez-vous convaincus – surtout la Banque – que vous auriez un jour assez d’argent pour les rembourser ? Saviez-vous  donc que vous deviendriez associé-gérant chez Rothschild 5 ans plus tard ? (Question 5)
  4. M. Macron, sans le prêt de 550 000 € sans intérêts à débourser (seulement en 2022) de votre ami multimillionnaire, le regretté Henry Hermand, vous n’auriez jamais pu acheter votre appartement en 2007. Êtes-vous intervenu à l’Élysée ou à Bercy sur des affaires le concernant lui ou son secteur d’activité (immobilier, start-up, presse…) ? (Question 6) 
  5. M. Macron, vous déclarez avoir acheté en 2007 votre appartement 960 000 € avec travaux. Vous avez estimé vous-même votre appartement 935 000 € en 2014. Comme le souligne le Canard enchaîné, les prix ont augmenté de 33 % dans votre quartier durant ces 7 ans. Vous avez indiqué au Canard enchaîné avoir “acheté cher“. “Acheter cher”, ici, ce serait donc avoir payé au moins 250 000 € de trop pour un appartement qui n’était en plus pas du tout dans vos moyens de l’époque.  Pourriez-vous donc nous expliquer pourquoi vous êtes un des très rares Parisiens en moins-value dans cette période ? (Question 9)
  6. M. Macron, vous passez chez Rothschild d’une rémunération en rythme annuel de 137 000 € en 2009 à 2 600 000 € en 2012. Une telle progression salariale est-elle fréquente ? Puisque vous avez apparemment dilapidé presque tout cet argent en 3 ans, pourquoi avoir quitté Rothschild en 2012 ? Êtes-vous censé y revenir si vous perdez en avril ? (Question 11)
  7. On lit sur le site du magazine Capital (06/11/2014) que vous auriez appelé en 2013 la rapporteure PS du projet de loi  de séparation des banques « plusieurs fois pour lui demander de retirer deux amendements non favorables à [vos] amis banquiers. Elle avait fait la sourde oreille. » Pouvez-vous nous confirmer ces faits et vous en expliquer ? Pouvez-vous nous confirmer qu’ils n’ont aucun lien avec la question précédente ?  (Questions 12 et 25)
  8. Selon vos déclarations au JDD, vous gagnez 1 500 000 € après impôts chez Rothschild essentiellement en 2011-12. Il semble bien que mi-2012, vous empruntiez 200 000 € de plus au Crédit mutuel. Est-ce vrai ? Pourquoi augmenter votre endettement bancaire dans ces conditions, surtout d’un tel montant ?  (Question 13)
  9. M. Macron, malgré vos plantureux revenus, vous empruntez au Crédit Mutuel le 23/11/2011 “350 000 € pour des travaux dans la résidence secondaire” – qui appartient à votre épouse. À quoi correspondent ces gigantesques travaux ? N’est-ce pas un peu excessif, surtout quand on a apparemment déjà du mal à se désendetter ? (Question 16)
  10. M. Macron, un LDD de 40 000 €, c’est une possibilité réservée aux anciens ministres ? Pour les autres personnes, c’est normalement limité à 12 000 €, non ? (hors intérêts capitalisés) Est-ce une erreur de saisie dans votre déclaration ? (Question 18)
  11. D’après le site du tribunal de commerce, votre association de financement aurait un code d’activité NAF 6622Z, qui est celui des Agents et courtiers d’assurance. Est-ce une simple erreur de plus ? (Question 23)
  12. M. Macron, vous avez certifié avoir acheté : 1/ 40 000 € 2/ une Volkswagen EOS en 2005 (à 28 ans) 3/ d’occasion 4/ que vous avez estimée à 6 000 € en 2014. Or 1/ la VW EOS n’est commercialisée qu’à partir de 2006 2/ mi-2006, le modèle le plus cher neuf vaut 36 000 € 3/ la plupart des modèles de 2006 valent 10 à 12 k€ en 2014 4/ 40 000 € semblent être supérieurs à votre rémunération annuelle 2005. D’où vient le souci ? Estimez-vous important qu’un ministre remplisse avec soin les 20 lignes de sa déclaration pour que les citoyens puissent exercer un contrôle démocratique ?

Pour les curieux, le détail des 25 questions et les éléments probatoires sont consultables dans ce long billet.

Question bonus : M. Macron, que pensez-vous de cette déclaration de Charles de Gaulle ? « Mon seul adversaire, celui de la France, n’a jamais cessé d’être l’Argent. » [Charles de Gaulle, 11 décembre 1969, discussion avec André Malraux, cité dans Les chênes qu’on abat, Gallimard)

P.S. M. Macron refusant de répondre à ces questions élémentaires, il n’a donc ni confirmé ni infirmé nos calculs pour le moment.

Source: http://www.les-crises.fr/patrimoine-macron-a-repondu-allez-vous-faire-voir/


Revue de presse du 28 février 2017

Tuesday 28 February 2017 at 01:10

La revue du… mardi ! Merci à nos contributeurs. Pour les rejoindre nombreux… vous pouvez postuler via le formulaire de contact du blog. Bonne lecture.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-28-fevrier-2017/


[“Vote Utile” Macron…] Guénolé : Nous ne sommes pas des oies ! (4/5)

Monday 27 February 2017 at 05:30

Série : Le Phénomène Macron…

Coup de gueule sur France Culture du politologue Thomas Guénolé – qui a ô combien raison sur cette nouvelle tentative de hold-up démocratique. Le discours de Cohn-Bendit est vraiment lamentable.

Transcription

 

Valentine  : «  Aujourd’hui  : Macron,  l’attrape-tout  !  »

Benoît Bouscarel  : «  Oui la semaine a été faste, hein,  pour Emmanuel Macron, qui a engrangé de nombreux nouveaux soutiens dans la course à la présidentielle. Christophe Caresche encore ce matin, le député réformateur du PS, se dit entre les lignes dans le journal du dimanche à la pointe d’un mouvement de fond au sein du parti socialiste, qui prendrait selon lui le parti de l’ancien ministre de l’Économie. Avant lui il y avait eu François de Rugy cette semaine.  François de Rugy qui a cassé son engagement de candidat de la primaire de gauche à soutenir celui ou celle qui allait sortir des urnes.

Bien sûr il y a eu François Bayrou  mercredi, la grande et heureuse surprise de la semaine pour le candidat d’ «  En marche  », et puis ce matin la confirmation d’une sympathie qui avait déjà été exprimée, celle de Daniel Cohn-Bendit, ancien eurodéputé écolo, qui a  assez clairement, c’était sur France Inter tout à l’heure, vous allez l’entendre, appelé à voter utile, c’est-à-dire à voter Macron.  »

Daniel Cohn-Bendit  : «  Qui peut au deuxième tour, le mieux battre Marine Le Pen  ? Je crois que si c’est François Fillon qui est au deuxième tour, la gauche n’ira pas voter. Deuxièmement si c’est Benoît Hamon, la droite n’ira pas voter. Donc si vous voulez vraiment nous éviter Marine Le Pen, eh bien, Emmanuel Macron au jour d’aujourd’hui est le mieux placé.  »

Benoît Bouscarel  : «  Bonsoir Thomas Guénolé.  Décidément, Emmanuel Macron attire beaucoup en ce moment, beaucoup de soutiens, même si du côté de Jean-Louis Borloo on a fait savoir aujourd’hui que le dîner annoncé dans un premier temps entre Macron et Borloo ce soir n’aurait finalement pas lieu. Comment est-ce que vous analysez cet appel au vote utile qu’on vient d’entendre, là de la part de Daniel Cohn-Bendit  ?  »

Thomas Guénolé  : «  Moi ce qui me frappe, c’est le  deux poids deux mesures que l’on peut constater entre Daniel Cohn-Bendit en 2017 et Alain Duhamel en 2007.

Alain Duhamel avait dit dans une conférence à titre personnel  : «  je compte voter plutôt pour François Bayrou  », et du coup il avait été suspendu d’une grande partie de ses activités d’éditorialiste.

Par contre Daniel Cohn-Bendit, quand il vous dit publiquement  : «  moi,  faut voter utile, et moi je voterai Macron  ». En fait il reste en poste comme chroniqueur politique quotidien sur Europe 1 et ça ne pose aucun problème. En réalité ça pose un souci beaucoup plus large et aussi bien les auditeurs de France Culture qu’un certain nombre de citoyens, en fait tous les citoyens qui sont soucieux d’un équilibre démocratique lors de la campagne du premier tour, doivent réfléchir à ça et en parler autour d’eux, à savoir. Vous avez un problème d’interviews longues comme le bras et répétitives, d’Emmanuel Macron par le Journal du Dimanche, groupe Lagardère, accumulation de couvertures de Paris Match pour Emmanuel Macron avec ou sans son épouse, groupe Lagardère. Europe 1 vous avez Daniel Cohn-Bendit  : chronique politique quotidienne qui dit et redit et répète qu’il est pro Macron et qu’il faut voter Macron.  »

Benoît  Bouscarel  : «   Bah, il parle aussi de la hauteur de son statut d’homme politique…  »

Thomas Guénolé  :  «  Mais… c’est-à-dire… en fait, le simple fait qu’il puisse s’exprimer librement en disant qu’il faut voter Macron ce qui n’est pas une chronique d’analyse politique là pour le coup,  c’est une chronique de campagne électorale pro en faveur d’un candidat. Le simple fait qu’il puisse faire ça quotidiennement sur Europe 1 et que donc l’actionnaire d’Europe 1 le laisse faire sans considérer que, comment dire  ? que c’est un parti pris inacceptable pendant la campagne présidentielle, vous permet de conclure qu’Europe1 vote Macron. Sauf qu’Europe 1 est une grande radio privée française. Ajoutez à ça,  la situation actuelle qui est que RMC, si vous écoutez RMC, les différentes matinales, RMC nous vend du Macron. Si vous rajoutez à ça que BFM-TV (le calcul a récemment été fait par Marianne) diffuse autant de minutes de meeting de Macron tout seul, que de Fillon, Le Pen, Mélenchon et Hamon réunis. Et que ces deux médias que je viens de citer plus l’Express… l’Express  accumule les couvertures sur Macron et fait campagne assez ouvertement pour Macron. Si vous rajoutez… et ça, ces éléments-là, c’est le même groupe qui a le même actionnaire qui est M. Patrick Drahi. Ajoutez à ça, Claude Perdriel, qui est un grand actionnaire de médias, qui a dit que, lui, à titre personnel, il souhaite que Macron, qu’Emmanuel Macron soit élu président de la république. Eh bien, il est propriétaire entre autres de Challenges. Challenges  fait campagne de manière assez ouverte pour Emmanuel Macron.  »

OB : saines remarques, non ?

Benoît  Bouscarel  : «  Bon d’après vous il y a un système Macron  ?  Il y a quelque chose de l’ordre de la force occulte qui fabrique du Macron à longueur de journée dans les médias  ?   Et Cohn-Bendit est à la botte de ce système  ?  »

OB : ah, non, pour le journalisme, c’est du complotisme, pardon…

Thomas Guénolé  :  «Moi ce que je vous dis c’est que, à l’heure actuelle la campagne présidentielle de premier tour est tout simplement faussée par l’existence de grands groupes médias privés qui font campagne massivement à coups de matraquage publicitaire pour un seul des candidats.  »

Benoît  Bouscarel  : «Est-ce qu’à la lumière des arguments que vous nous donnez là ce soir on peut quand même parler de l’argument du vote utile, qui revient en force face à la  crainte d’une présence quasi certaine si on écoute les divers analystes de Marine Le Pen au second tour  ?  »

Thomas Guénolé  :  «Alors, je voudrais rappeler que, il y a eu le Brexit, il y a eu la victoire de Trump, il y a eu la victoire de Fillon à la primaire de la droite, il y a eu la victoire de Hamon à la primaire de la gauche, alors que les sondages, quels que soient les pays, multiplient les erreurs énormes sur le résultat possible des scrutins. De quel droit peut-on nous matraquer l’argument du vote utile pour quoi que ce soit  ?

J’ajoute que les électeurs sont grands, qu’ils sont souverains, qu’ils sont capables de lire des programmes et de voter en conscience, alors il faudrait dire à un certain nombre de grands actionnaires de médias privés, il faudrait leur dire très simplement, nous ne sommes pas des oies, et il faudrait donc arrêter d’essayer de nous enfoncer Macron dans la gorge à tout prix.  »

Benoît  Bouscarel  : «  Merci on vous a bien compris, Thomas Guénolé, politologue. Merci d’avoir accepté notre invitation ce soir.  »

Source: http://www.les-crises.fr/vote-utile-macron-guenole-nous-ne-sommes-pas-des-oies/


Emmanuel Macron : c’est son mentor Henry Hermand qui en parle le mieux ! (Le Figaro) (3/5)

Monday 27 February 2017 at 05:00

Très étonnante interview dans le Figaro du septembre 2016 du multimillionnaire Henry Hermand, décédé en novembre dernier, très proche ami d’Emmanuel Macron.

Cela nous permet de mieux cerner le personnage.  Bonne lecture !

Série : Le Phénomène Macron…

Le chef d’entreprise de 92 ans appellait ses amis à financer et appuyer la démarche de l’ancien ministre de l’Économie. Et donnait plusieurs conseils au probable candidat à la présidentielle. En 2012, il avait pourtant soutenu François Hollande…

Source : Le Figaro, 18/09/2016

LE FIGARO. – On vous présente souvent comme un homme qui a fait fortune dans les supermarchés. Quel est votre parcours ?

Henry HERMAND. – Ce sont des foutaises ! Je suis issu du secteur agricole, j’ai étudié à Polytechnique et été formé à l’énergie atomique. Puis, en 1964, j’ai créé un supermarché au Blanc-Mesnil, sous le nom du consortium interprofessionnel des producteurs (CIP). J’ai développé ensuite des hypermarchés et des centres commerciaux.

Vous avez rencontré Emmanuel Macron en 2002. Vous êtes cité parmi ses conseillers, ses relais influents. Concrètement, quel rôle jouez-vous auprès de lui ?

Je ne le quitte jamais! J’ai une légitimité de parcours à le conseiller sur ses grandes orientations. Je lui fais passer des notes. J’ai obtenu qu’on abandonne l’idée de sociallibéralisme, de social-réformisme, pour parler de progressisme, qui signifie l’adaptation à ce qui change. Je lui apporte mon expérience auprès de la gauche non communiste, des éléments historiques. Je demande qu’on mette en place un comité politique avec des parlementaires. Je vois d’autres personnes, j’ai déjeuné hier avec Marisol Touraine, rocardienne, même si je ne l’ai pas encore convaincue de soutenir

Macron ! Je veux, par exemple, que quelqu’un comme Pascal Lamy (ancien directeur général de l’OMC, NDLR) se rapproche de lui et le soutienne, pour lui faire part de ses connaissances sur les partis sociaux -démocrates dans le monde.

Avez-vous donné de l’argent à En marche ! et à Emmanuel Macron ?

Je vais le faire, dans le cadre légal, c’est-à-dire 7 500 euros. Je lui ai juste prêté de l’argent à titre personnel, pour qu’il s’achète un appartement à Paris. J’incite toutes mes relations d’affaires à immédiatement
aider Emmanuel Macron. Je m’inspire de la campagne d’Obama, basée sur des petits porteurs.

Avez-vous mis vos contacts à la Maison-Blanche en relation avec Emmanuel Macron?

Le fils de l’un de mes contacts rocardiens travaille dans le cabinet de Barack Obama. Le président américain a envoyé une lettre à Sylvie Rocard au moment de la disparition de Michel. Ce monsieur dans le cabinet peut nous montrer comment on fait une campagne. Emmanuel Macron pourrait d’ailleurs se rendre aux États-Unis.

Emmanuel Macron va-t -il annoncer prochainement sa candidature à l’élection présidentielle ?

J’étais l’un de ceux qui le suppliaient de ne pas tarder à démissionner de manière à ne pas entretenir la confusion avec Hollande. J’aurais aimé qu’il le fasse plus tôt. Emmanuel Macron a repris sa liberté, il ne doit pas encore parler de campagne présidentielle. Il sera candidat s’il y a un mouvement d’opinion suffisamment fort pour que ce soit bénéfique à l’intérêt général et non à son propre intérêt.

Ancien banquier, il n’a jamais été élu. Quels sont ses atouts pour se présenter à l’élection présidentielle ?

En juillet 2014, il pensait à créer une sorte de société d’études autour de la politique. n avait envisagé de faire des conférences à Londres, à Berlin. Il a fallu l’affaire Montebourg et l’appui de Valls et Jouyet, plus que celui du président, pour nommer Macron. Hollande souhaitait lui laisser seulement le secrétariat d’État au Budget. Depuis la commission Attali, Emmanuel a eu l’occasion d’avoir un réseau très important. Il apparaît aujourd’hui comme un recours. L’une de ses qualités est de s’ouvrir au monde, de comprendre ce qui se passe.

Vous avez été témoin de son mariage avec Brigitte  Trogneux, qui est de plus en plus visible auprès de lui …

Elle est très importante. Elle a orienté ses lectures, joué un rôle dans ses cercles d’amis, veillé à ce qu’il ne se disperse pas. Il a eu la chance, étant très jeune, d’être en vie commune. Il n’a pas, au contraire de la majorité des gens brillants de son âge, multiplié les copines. Cela a joué un rôle important dans son travail! ll n’a pas été sollicité, ou du moins, il a refusé.

Une partie de la gauche exècre Emmanuel Macron. A-t-il commis des erreurs politiques ?

Cette gauche est ringarde. Il a cependant fait des choses que je n’ai pas appréciées. Il a fait apparaître Chevènement comme parrain, alors qu’il était le pire ennemi de Rocard ! Emmanuel est trop jeune pour avoir connu ces périodes, il a besoin d’être recadré sur des connaissances historiques. Les couvertures de Paris Match, c’était une erreur, et je lui ai dit. C’est people, c’est médiocre, notamment la photo avec le nudiste. Même chose pour le Puy -du-Fou. ll n’avait pas besoin de s’afficher avec Villiers. Ce désir qu’il a de serrer toutes les mains, même des personnes qui ne sont pas d’accord avec lui, est regrettable. Il perd parfois son temps, c’est un peu ridicule. Avec sa femme, on lui demande d’arrêter. On veut freiner ses tentatives de trop convaincre.

En 2012, vous aviez pourtant voté pour François Hollande …

J’ai été un des premiers à soutenir financièrement Hollande dans la compétition. Son comportement m’a déçu. li a seulement oeuvré à construire une majorité qui ne fonctionnait pas avec des écolos et des gauchistes. Je l’ai vu avant l’été pendant deux heures. Je dois le choquer. Mon soutien inconditionnel à Emmanuel ne doit pas lui faire un grand plaisir.

Source: http://www.les-crises.fr/emmanuel-macron-cest-son-mentor-henry-hermand-qui-en-parle-le-mieux/