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D’autres visions sur la libération d’une partie d’Alep-Est : “Une vraie bonne nouvelle !”

Wednesday 14 December 2016 at 02:10

D’autres regards, proches de la vision du gouvernement, pour mieux comprendre la guerre de l’information qui se joue.

Bien entendu, il faut rester très prudents, et prendre ces témoignages avec un grand recul – la manipulation est partout…

La plupart du temps la vérité est au milieu des propagandes des 2 camps…

On remarquera le joli billet de l’humoriste Nicole Ferroni, qui prend beaucoup plus de recul que la quasi totalité des journalistes militants :

Source : Youtube, Sputnik France, 29-11-2016

Interview : Ksénia Lukyanova
Montage, prise de son et mixage: Jb Deucher

Source : Youtube, 29-11-2016

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Source : Youtube, 04-12-2016

Je me doutais qu’un jour je dérangerais certaines personnes, je publie une réponse donc à un article honteux écrit pour me faire taire, dégommer le travail que l’on se tue à faire ici et essayer de décrédibiliser les témoignages humains que je transmets ainsi que la situation ici. Dans un sens c’est drôle en prenant du recul car tellement vide, mais je tiens à rectifier ceci pour ceux qui vivent ici et affrontent la guerre pour de vrai, pas derrière un clavier. Le titre de cet article est tragique à souhait: Pierre le Corf, dans l’enfer de la propagande du régime de Bachar al Assad Article original lien, recopié et réponse https://medium.com/…/un-enfant-nécrirait-pas-mieux-8ac25b41…
Comme je raconte des choses au quotidien de ma vie d’humanitaire qui n’appuient pas la position de personnes qui veulent voir cette guerre continuer, ce gouvernement être détruit, etc. certaines personnes n’hésitent pas à mentir se rendant compte que mon témoignage à du sens et apporte des lumières. De l’art de décontextualiser et de mobiliser des complotistes en herbe, un article qui ne ressemble pas plus à un article qu’à une sorte de règlement de comptes, probablement parce que j’ai bloqué l’auteure de mes réseaux sociaux, fatigué de ses commentaires à la limite du harcèlement
Le fait que je vive à l’Ouest doit donner des sueurs à quelques personnes. Ici les gens souffrent terriblement et cette guerre est une horreur. D’un coté comme de l’autre, sous les roquettes / missiles ou sous les bombes des avions. Pour moi les civils d’Alep font 1, je suis neutre politiquement et religieusement, il n’y a pas de raison qu’il en soit autrement, la situation est assez difficile comme ça ici. Je ne détiens aucune vérité sur la Syrie, la guerre etc mais je vis ici et je raconte, pour ça je ne manquerais jamais de dénoncer les attaques non pas rebelles mais terroristes ici qui tuent tous les jours à Alep Ouest, je ne dis pas qu’il y a tout noir ou tout blanc mais les morceaux de gens que l’on ramasse ici, ils meurent pour une raison que je dénoncerais sans relâche.
Petite perte de temps mais histoire de me prémunir des mauvaises intentions à l’avenir et donner une réponse une bonne fois pour toute si ces personnes ou d’autres venaient à vouloir continuer à me prendre pour cible alors que je ne suis qu’un humanitaire ici et que rien ne me rattache à un quelconque parti / gouvernement, ce parce que je vois des choses que je ne devrais peut-être pas voir ni transmettre. J’ai envoyé un message à l’auteure pour essayer de comprendre sa passion pour moi mais elle ne répond plus, ça change. Prenez du recul sur ce qu’ils écrivent, je n’ai pas plus de temps à accorder à ce genre d’enfantillages, il y a assez à faire ici mais si vous voulez me clouer le bec c’est pas gagné. Merci à tous We are superheroes

Source : Youtube, 04-12-2016

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Source : Youtube, 20-11-2016

“Pierre Le Corf, bloggeur français, n’a pas mâché ses mots pour décrire la menace terroriste croissante à Alep, qui favorise la détérioration de la situation humanitaire. Témoin oculaire des faits, il se montre également peu confiant à l’égard des informations relayées par plusieurs médias ces derniers temps.Français résident à Alep et travaillant dans l’humanitaire, Pierre Le Corf, sans se soucier des prises de positions des médias et des hommes politiques, a livré un nouveau témoignage sur sa page Facebook sur le fléau de la guerre qui règne au quotidien dans cette ville syrienne « depuis cinq ans déjà ».

« Des tirs de mortiers et de roquettes, qui tombent ici à l’ouest de la ville, se mélangent aux combats à l’est et dans le ciel. Les terroristes nous tirent dessus en ce moment (juste là, l’une des roquettes a tué sept enfants sur une école), essayant en même temps de détruire les avions, qui bombardent leurs positons armées et protègent ou, du moins, limitent les attaques sur les 1,2 million de civils ici. Quand les avions s’en vont, même pour peu de temps, les roquettes et mortiers pleuvent ici. Ne me prenez pas à défaut. Je ne suis pas là pour faire de la politique ou lancer des débats. Je parle de ce que je vois depuis tant de mois, de ce que j’entends de ceux, qui se sont échappés même récemment des zones contrôlées par les fronts islamiques (et non rebelles comme on les appelle en Occident), des familles entières ayant la chance d’être en vie entre les snipers et les mines anti-personnel », a raconté Pierre Le Corf, ajoutant que le prix à payer pour sortir est de 300 dollars et que personne ne peut se l’offrir ou partir dans des conditions très limitées.

Selon lui, les drapeaux noirs des terroristes font légion à Alep, et la guerre se montre toujours meurtrière, car ces derniers continuent de tuer.

Cependant, le Alep d’aujourd’hui n’a pourtant rien à voir avec l’image de « ville morte » promue par divers médias. « Des centaines de milliers de gens vivent ici », surtout quand il s’agit de la partie ouest, d’après M. Le Corf. En outre, « ces gens vivent comme des fantômes ». Plusieurs civils ont été tués par des balles perdues, notamment des balles explosives des snipers terroristes. Les autres ont été abattus lorsqu’ils essayaient de fuir via les couloirs humanitaires. De plus, certains civils sont utilisés comme boucliers humains lors des bombardements. « Parce que si les civils restent dans la ville, ils limitent les frappes aériennes ». Les quartiers est d’Alep sont une tout autre chose et se trouvent sous contrôle des « terroristes point barre », qui veulent envahir la moitié ouest où il n’y a pas de militaires, sauf des « checkpoints » et que des civils. Pierre Le Corf souligne que l’armée syrienne et ses alliés, dont la Russie, n’effectuent des frappes que contre la partie est d’Alep en proie aux terroristes, sans oublier « des tirs retour » de ces derniers. « Ma mission c’est l’humain, je prie pour chaque homme, femme et enfant qui ne porte pas une arme mais je tiens à souligner qu’elle n’est pas meurtrière à cause d’une guerre, puisque cette guerre est une mascarade, mais à cause d’idéologies ici et d’intérêts extérieurs qui insufflent la mort et des moyens de l’insuffler au quotidien en Syrie, détruisant son histoire, sa vie et l’espoir de tous ceux qui y vivent. Pardon de parler tant, ce n’est pas forcément clair… mais vous devez comprendre ce qui se passe au-delà de ce que racontent les médias qui sont parfois malveillants, parfois paresseux, vous devez comprendre que vous en êtes les relais », a poursuivi Pierre Le Corf, empli de tristesse pour les gens qui trouvent la mort « gratuitement » dans cette guerre « insensée ». Pour ce Français, certains hommes politiques ont déjà « condamné la Syrie. Et ces gens-là sont des victimes de cet enfermement de la Syrie sur elle-même ». Pierre Le Corf a notamment fondé à ses propres frais l’ONG We are superheroes (Nous sommes des superhéros) afin d’aider la population civile locale à survivre dans des conditions de conflit armé.”

Source : Youtube, 20-11-2016

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ONU : Une journaliste démonte en deux minutes la rhétorique des médias principaux sur la Syrie

Eva Bartlett est une journaliste et activiste canadienne :

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Scènes de liesse et d’euphorie dans les rues d’Alep alors que la libération est «imminente»

Source : Russia Today, 12-12-2016

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Après plus de cinq ans de guerre, et alors même que la libération de la ville n’a pas encore été officiellement proclamée, la foule est descendue dans les rues d’Alep pour manifester sa joie et son soulagement.

De nombreux Syriens sont descendus dans les rues d’Alep ce lundi 12 décembre pour célébrer la libération de la ville, qui devrait être officiellement annoncée par l’armée syrienne de manière «imminente» selon plusieurs agences de presse. Plusieurs témoins ont partagé sur les réseaux sociaux des images montrant l’euphorie de la population, après plus de cinq ans de guerre ayant laissé la majeure partie de la ville en ruine.

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«L’armée a commencé l’assaut du dernier bastion terroriste dans le quartier de Salaheddine», a indiqué une source proche de l’armée syrienne à l’agence russe RIA Novosti. «Les terroristes résistent, tentant d’utiliser des mortiers. Cependant, la libération complète d’Alep devrait être achevée bientôt», a poursuivi cette source militaire.

La correspondante de RT à Alep rapporte que «la rue est en folie». Les habitants de la ville célèbrent la libération quasi-totale de la cité avec des coups de feu en l’air, des chants et des slogans de soutien à Bashar el-Assad et à l’armée syrienne. Selon elle, les bombardements se poursuivraient tout de même dans certains quartiers de la ville.

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Plus tôt dans la journée du lundi 12 décembre, le ministre de la Défense russe avait annoncé que plus de 13 000 civils avaient été sauvés de l’emprise des rebelles dans l’est d’Alep au cours des dernières 24 heures. En outre, plus de 700 combattants rebelles ont remis leurs armes et se sont rendus à l’armée syrienne, toujours selon le ministre, tandis que des ingénieurs russes continuent à déminer les zones reconquises.

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La bataille d’Alep est depuis longtemps considérée comme un enjeu crucial du conflit syrien : après des succès considérables ces derniers jours, l’armée syrienne est parvenue à circonscrire les rebelles dans un quartier isolé de la ville. Le gouvernement syrien, une fois Alep officiellement reprise aux rebelles, contrôlera alors les cinq principales villes du pays.

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Alors que Washington presse depuis plusieurs jours Moscou d’instaurer un cessez-le-feu immédiat à Alep, la Russie a proposé de reporter une telle trêve à quelques jours, affirmant qu’un arrêt soudain des combats permettrait aux terroristes de récupérer les territoires repris par l’armée – un compromis balayé par les Etats-Unis.

Source : Russia Today, 12-12-2016

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Rappels

Qui est Pierre Le Corf, humanitaire breton basé à Alep?

Source : France 3 région, Emilie Colin

Pierre Le Corf a 27 ans, originaire du Morbihan, il a tout quitté il y a deux ans et demi pour mener un tour du monde solidaire. Depuis huit mois, il est installé à Alep et vit au quotidien avec ses habitants. Il essaie d’apporter son soutien, une mission non sans risque. 

© Pierre Le Corf Pierre Le Corf (à gauche) et une petite fille syrienne, à Alep en octobre 2016. Il explique cette photo en disant que la plupart des enfants sur place parlent de leur ancienne maison, leur chambre qu'ils rêvent de retrouver.

© Pierre Le Corf Pierre Le Corf (à gauche) et une petite fille syrienne, à Alep en octobre 2016. Il explique cette photo en disant que la plupart des enfants sur place parlent de leur ancienne maison, leur chambre qu’ils rêvent de retrouver.

Cela fait huit mois qu’il est installé à Alep (zone ouest) en Syrie et qu’il veut apporter son aide à la population. Pierre Le Corf a 27 ans, il serait le seul français établi sur place depuis aussi longtemps. Fils d’ostréiculteurs et originaire du Morbihan, il a tout quitté, tout vendu il y a 3 ans, pour fonder son association We are superheroes et se lancer dans un tour du monde solidaire. Joint par téléphone lundi, il explique son parcours, et son envie de rester en Syrie, tant qu’il pourra.

ALEP, “L’UNE DES PLUS GRANDES COMMUNAUTÉS MARGINALISÉES DU MONDE, DES FANTÔMES QUI ESSAIENT DE SURVIVRE ET DE CROIRE EN DEMAIN”

“J’y suis arrivé il y a 8 mois à travers une autre ONG qui était touchée par les actions que je menais dans d’autres pays. Au départ, mon projet (We are superheroes) c’était de donner du sens à l’histoire des gens et de transmettre leur savoir, en tant qu’expérience de vie. Au fur et à mesure le programme s’est mis en place sur des zones de génocide, de gangs. Cela a touché beaucoup de gens. Cette ONG a voulu encourager le travail que je faisais et m’a proposé de venir en Syrie pour continuer.

Je ne pensais pas rester trop longtemps. Je suis arrivé en passant par Damas. En arrivant à Alep, j’ai découvert des gens extraordinaires, une situation qui dépassait de très très loin ce que les médias racontaient à son propos et j’ai eu envie de rester. Du coup c’est ce que j’ai fait pour à la fois transmettre ce qui se passe ici, et aussi créer des programmes qui puissent véritablement aider les gens.”

AGIR AU QUOTIDIEN

Pierre Le Corf s’est fixé plusieurs missions notamment celle de pouvoir fournir des trousses de premiers soins. Il finance lui même ces projets, “une grosse responsabilité” qui l’amène désormais à lancer des collectes de fond pour pouvoir continuer. Il raconte son quotidien.

“Il n’y a pas de journée type ici parce que la guerre change tout tout le temps. Il y a des jours où des gens que vous aimez se font tuer par une roquette, donc vous allez voir où c’est tombé, vous allez rencontrer la famille à l’hôpital, vous allez essayer de trouver des solutions pour l’aider.”

RESTER ?

“Beaucoup de gens sont inquiets autour de moi. Je ne prends jamais de risques immodérés, après évidemment les roquettes et les mortiers tombent là où ils tombent. Ne pas porter de gilet pare-balles ? C’est une vrai volonté, il n’y pas d’intérêt à porter un gilet pare-balles dans un endroit où les gens n’en ont pas. Pourquoi moi j’aurais le droit d’en porter un et pas eux ?”

WE ARE SUPERHEROS : PARTIR ET DONNER À VOIR LES AUTRES

“We are superheroes c’était il y a deux ans et demi. Je devais être au plus près de la réalité. Je viens d’une famille très modeste, sans vraiment beaucoup de moyens. Je suis parti très tôt de chez moi. J’ai grandi dans un environnement compliqué. Au fur et à mesure des années, j’ai fini par plus ou moins réussir, par vivre correctement même, en montant des projets d’entreprise. Mais au bout d’un moment, je ne me reconnaissais plus vraiment. Ayant grandi dans ces environnements-là, j’ai toujours été auprès de gens qui avaient besoin d’aide. J’ai moi-même grandi avec des gens qui ont été capables de me tendre la main. Du coup j’ai décidé de me reconcentrer sur ce qui importait le plus, à savoir ceux dont on parlait le moins. J’ai eu envie d’arriver à découvrir le monde non pas comme on me le racontait mais comme il l’était réellement et ne pas me limiter à la France sur ma perception de l’être humain.”

A VOIR,  LE REPORTAGE DE FRANCE 2

Source : France 3 région, Emilie Colin

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À Alep, un Français “donne une voix à ceux qui n’en ont pas”

Source : France 24,  04/05/2016

© Pierre Le Corf | Pierre Le Corf, à Alep en Syrie, avec des enfants Syriens :

© Pierre Le Corf | Pierre Le Corf, à Alep en Syrie, avec des enfants Syriens : “Je les appelle les invincibles, on leur a volé leur enfance.”

Pierre Le Corf est français. Depuis trois semaines, cet homme de 27 ans se trouve à Alep en Syrie, une ville en proie à des violents bombardements. Il partage le quotidien des habitants de la zone tenue par le régime et livre leurs témoignages.

“Je suis là pour donner une voix à ceux qui n’en ont pas”, martèle Pierre Le Corf depuis Alep, grande ville du nord de la Syrie, sur laquelle s’abat une pluie de bombes depuis une dizaine de jours. Alors que les derniers habitants de la ville cherchent à fuir par n’importe quel moyen, lui refuse de partir, au grand dam de certains de ses proches. Pourtant rien ne prédestinait le jeune Français de 27 ans à se trouver au cœur du conflit syrien. Et sur son front le plus dangereux.

Début 2015, le jeune homme originaire de Bretagne lance une organisation, “We are surperheros”. L’idée est simple : faire le tour du monde et dresser des portraits de gens lambda, rencontrés au fil de sa route. “Car je crois que chacun a une histoire”, soutient-il, convaincu qu’on s’enrichit de la rencontre de l’autre. Son aventure le mène sur les cinq continents, souvent à la rencontre de personnes défavorisées. Le voyage de Pierre Le Corf n’a pas toujours été sans danger.

Conscient de susciter l’inquiétude – voire la désapprobation – en se rendant dans un pays où la guerre a déjà tué plus de 270 000 personnes, il justifie sa démarche. “J’ai vécu de nombreux mois dans des zones vraiment très difficiles, peut-être tout autant que la Syrie, mais au contexte différent”, argumente-t-il. “Je n’ai pas la prétention de changer le monde, mais les gens qui vivent en condition de guerre ont besoin de sentir qu’ils ne sont pas oubliés. J’espère partager avec vous leurs histoires et leur apporter de l’espoir. C’est ma petite goutte d’eau”, explique le jeune homme à France 24.

La ville d’Alep est divisée depuis fin 2012 en deux parties : l’Est est tenu par les rebelles, l’Ouest par le régime. L’est de la ville a été régulièrement pilonné par l’aviation syrienne, et, depuis février dernier, par les Russes également. Les rebelles, eux, ripostent par des tirs de roquette, de mortiers et de bombonnes de gaz bourrées d’explosifs sur la partie de la ville tenue par le régime. Depuis que les violences ont gagné la métropole du Nord, les Alépins ont fui la ville par milliers, souvent vers la Turquie ou vers l’étranger.

Pierre Le Corf se trouve pour sa part du côté de la ville tenu par le régime de Bachar al-Assad. Il raconte sur les réseaux sociaux le quotidien qui s’offre à ses yeux et surtout les histoires des Syriens qu’il rencontre, qui vivent depuis le 24 avril sous un déluge de feu d’une intensité jusqu’alors inédite dans cette partie de la ville.

Les Alépins font preuve d’une “résilience incroyable”

Si l’on s’en tient à la couverture médiatique du conflit, force est de reconnaître que la menace jihadiste, les bombardements, et l’image d’une ville en ruines tiennent le haut de l’affiche. “On ne parle jamais des enfants qui continuent d’aller à l’école, des milliers de commerçants qui ouvrent chaque jour leurs échoppes et des familles qui doivent continuer à vivre, parce qu’à Alep, la vie continue face à la guerre”, témoigne-t-il. “Le quotidien de ces gens est riche et mérite d’être partagé”.

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Des histoires particulières et la réalité du quotidien, c’est ce que Pierre Le Corf veut partager. Ainsi, mardi 3 mai, il se trouvait avec une famille dans le quartier de Zahraa, dans le nord-ouest de la ville, ciblé par les tirs rebelles. Ils lui ont raconté que la principale raison pour laquelle les Syriens envoyaient leur fils à l’étranger à n’importe quel prix était le service militaire. “En Syrie, si une famille n’a qu’un fils, il est exempté du service militaire. S’ils en ont au moins deux, ils doivent obligatoirement le faire et se retrouveront au front”, raconte-t-il. Quelques jours auparavant, Pierre Le Corf se trouvait à Cheikh Maqsoud, un quartier peuplé majoritairement de Kurdes. Il y a rencontré une jeune femme, dont l’époux a rejoint les rangs de l’organisation État islamique (EI) en emmenant ses deux enfants.

Les personnes rencontrées au fil des jours racontent leur quotidien au jeune breton. “Ce qui pèse particulièrement sur les Syriens que j’ai rencontrés à Alep, ce sont surtout les pénuries d’eau, d’électricité, et le coût exorbitant de la vie. Pour vous donner une idée, un kilo de pomme de terre, qui coûtait 15 livres avant la guerre, en coûte aujourd’hui 300 [un peu plus d’un euro selon le taux de change actuel]”, raconte-t-il. “Ils me disent aussi ce qu’est la souffrance de perdre sa maison et tous ses biens. Car 75 % des personnes qui vivent aujourd’hui à Alep sont des déplacés : avant la guerre, ils habitaient dans des villages alentours ou dans d’autres endroits de Syrie. Ils vivent maintenant dans des carcasses d’immeubles ou sous des tentes. Souvent, ces personnes vivaient très bien auparavant et se retrouvent dans des sortes de bidonvilles”.

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En les côtoyant au quotidien, il s’est également rendu compte à quel point “la guerre ronge en eux l’espoir, et plus encore, elle ronge l’envie de vivre”. Malgré tout cela, les Alépins “font preuve d’une résilience incroyable : ils semblent s’être habitués à la situation et continuent à vivre. Par exemple, en allant au travail, tu ramasses un blessé ou un corps. Tu le mets dans une voiture qui l’emmènera à l’hôpital et puis tu continues ton chemin vers ton travail”. Dans un conflit aussi complexe que celui qui fait rage en Syrie, où les acteurs locaux, régionaux et internationaux se sont multipliés et jouent chacun leur propre partition, difficile de faire la part des choses sur le plan politique. Alors Pierre Le Corf insiste : “Je ne parle que de ce que je vois, de ce que j’entends. […] Je suis ici un observateur totalement neutre”.

Source : France 24,  04/05/2016

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France 2 et Alep – ou comment manipuler l’information

Source : Gérard Luçon, 09-10-2016

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Pierre le Corf a été l’objet d’un reportage sur France 2 malheureusement (et sans que cela ne me surprenne) ses propos et son action ont été détournés pour cause de propagande anti-syrienne et pro-djihadistes (ou terroristes), on a volontairement mélangé les quartiers et laissé croire que les “gentils” sont les “méchants”, et réciproquement ….. notre presse est décidément de plus en plus lamentable !!! Ce qui était un contre-pouvoir est devenu un outil de propagande, subventionné et servile …

Voici le lien pour le reportage

http://www.francetvinfo.fr/monde/revolte-en-syrie/video-syrie-dans-alep-un-francais-a-decide-daider-les-populations-bombardees_1857681.html

Et voici une petite mise au point, très saine, faite par ce Monsieur :

„De Pierre le Corf :
Merci pour vos message sur ma modeste action We are superheroes via le JT de FR2

… mais je voudrais compléter aux côtés de mon ami le Dr Nabil Antaki, que c’est tous les jours que des gens meurent ici du terrorisme, j’ai perdu des familles, des enfants, des connaissances, j’ai vu trop de gens mourir et ca continuera demain quand je me réveillerais, quand chacun se réveillera.
Je suis neutre ici en tant qu’humanitaire, mais je suis contre la barbarie et le fanatisme. Ceux que vous appelez rebelles n’existent pas autour d’Alep, ici ce ne sont que des drapeaux noirs tout autour de la ville, ceux de Al-Nusra, même drapeau que Daesh. Balles, mortiers, roquettes, bonbonnes de gaz remplies de clous et j’en passe. Ils arrachent la tête des prisonniers et civils qui refusent de se soumettre à la charia. La majorité d’entre eux sont Afghans, Tchétchènes, Irakiens etc, ne sont pas Syriens, ils souhaitent créer un état Islamique (Oui Daesh aussi = concurrents)

Ils apportent la mort et s’en nourrissent. En tirant sur les civils et en s’installant dans des villes et périphéries qu’ils prennent par la force, s’installant au milieu des civils, infrastructures (hôpitaux, écoles ou ils installent de l’armement) les prenants directement et indirectement en otage, puis tirant à l’arme lourde sur les civils de l’autre côté. Les avions défendent Alep de ces tirs et de ceux qui les provoquent, des civils meurent de l’autre côté à cause de cette présence terroriste. Cerise sur le gateau, des “White Helmets” qui viennent se précipiter pour secourir les civils touchés (ces derniers sont en majorité des combatants djihadistes de Al-Nosra, aussi noms rebelles en Occident) et utilisent les morts et blessés pour créer une communication béton contre le gouvernement Syrien et le peuple qui paye le prix dans le grand tableau de pertes et profits. Une chose que m’a dit un homme qui vivait avec Nusra m’a marqué “c’est drôle, on n’a pas de provisions mais toutes les semaines des armes neuves”.

Regardez ce drapeau noir qui flotte sur la butte, très peu de personnes oseront publier ça ici ou même prendre une photo, mais c’est ce que vous trouverez autour d’Alep, j’ai pris cette photo aujourd’hui depuis une ligne de front avec une famille, un sniper tirait sur notre bâtiment. Faites vos propres recherches sur Al-Nusra (récemment renommé Front Fatah al-Cham ou armée libre), sur leurs actions et identité, vous vous y reconnaissez ? Je n’ai rien à gagner à vous dire tout ça, 99,9% des gens qui parlent de cette guerre aujourd’hui ne sont jamais venu ici en temps de guerre. Je suis humanitaire, je fais de mon mieux pour aider les gens, je fais juste de mon mieux et je ne veux pas vous dire quoi penser, mais je ne peux plus supporter de voir tant de gens mourir pour des mensonges qui arrangent tout le monde, jamais une guerre n’aura jamais fait couler autant de sang et d’encre grace aux technologies sociales, de l’encre et des mots qui tuent, soyez en conscient. Je vois ce qui se passe au quotidien, j’ai rencontré des dizaines de familles qui sont de ce côté après s’être échappés et affronte le même quotidien. Oui on ne peut pas fermer les yeux sur ceux qui meurent à l’Est, je prie pour eux même si la plupart d’entre eux qui sont restés croient au djihad, je prie pour que les enfants en particulier puissent échapper à cette guerre et se reconstruire par eux-même. S’il vous plaît, je sais que beaucoup de médias tentent de conditionner vos visions de ce conflit, mais prenez plus de recul, ça peut sauver des vies.

Disons que c’est une reflexion à voix haute mais si le monde est suffisamment fou pour se reconnaître en le Front Front Fatah al-Cham, je préfère encore rester là ou je suis et mourir.” (Fin du texte de Monsieur Le Corf)

Pendant ce temps, en Irak, et sans que notre presse ne nous en informe ….

http://www.lopinion.fr/blog/secret-defense/forces-speciales-francaises-blesses-en-irak-111583?utm_source=facebook&utm_medium=social&utm_content=divers&utm_campaign=share

et à l’ONU on présente des photos de Gaza en lieu et place de Alep …

http://observers.france24.com/fr/20161006-intox-compte-twitter-france-onu-diffuse-photo-alep-prise-gaza-desinformation&nbsp ;

P.-S. la caricature jointe date de 1958 …

Source : Gérard Luçon, 09-10-2016

Source: http://www.les-crises.fr/dautres-visions-sur-liberation-dune-partie-dalep-est/


La France n’aurait jamais dû soutenir la rébellion syrienne, par l’archevêque d’Alep

Wednesday 14 December 2016 at 00:30

Jean-Clément Jeanbart, né en 1943 (73 ans) à Alep (Syrie) est un prélat catholique syrien de l’Église grecque-catholique melkite. Il est archevêque de l’archéparchie d’Alep depuis 1995. Dès le début de la guerre civile syrienne en 2011, il est particulièrement actif dans la protection des fidèles, persécutés par les islamistes.

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Voici une compilation de sa vision (qui n’est bien entendu pas non plus forcément LA vérité, mais qui aide à mieux la cerner) depuis un an – à rebrousse-poil de celle de François Hollande et donc de nos médias…

14 octobre 2015

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« En Syrie, les chrétiens ne voient pas d’alternative à Bachar el-Assad »

L’archevêque grec-catholique d’Alep, Jean-Clément Jeanbart, décrit la situation dramatique des chrétiens en Syrie et estime que le régime de Damas est pour l’instant leur plus sûr bouclier

L’archevêque grec catholique Jean-Clément Jeanbart montre des photos d’Alep, la capitale économique de la Syrie coupée en deux depuis l’offensive des rebelles en 2012. Les tirs de mortiers répondent aux barils d’explosifs largués par l’armée syrienne sur les quartiers tenus par les rebelles, à moins que cela soit l’inverse. Plus personne dans cette ville martyrisée ne sait exactement. L’archevêché a été durement touché par les bombes. Jean-Clément Jeanbart a dû déménager dans un couvent plus loin de la ligne de front, réfugié dans sa propre ville, comme beaucoup d’autres chrétiens. L’archevêque était à Genève à l’invitation du cercle international de la Fondation pour Genève.

Le Temps: Combien de chrétiens restent-ils à Alep?

Jean-Clément Jeanbart: Je n’ai pas de chiffres précis mais il doit en rester un peu moins que 100 000, soit deux fois moins qu’avant la guerre. Tous les chrétiens résident dans la partie de la ville contrôlée par le gouvernement. Beaucoup se sont réfugiés dans d’autres parties de la Syrie ou dans les pays voisins, au Liban ou en Jordanie. Le problème, ce sont ceux qui ont émigré en Europe ou outre-Atlantique.

Pourquoi est-ce un plus grand problème?

Parce qu’ils ne reviendront probablement pas. L’émigration saigne les communautés chrétiennes de Syrie, une présence deux fois millénaire. Les premiers chrétiens à avoir été baptisés après les apôtres étaient syriens. Ils étaient venus à Jérusalem pour le pèlerinage de la Pentecôte juive. À l’époque, on ne baptisait que des juifs, le peuple de Dieu. Il était plus dangereux de se convertir pour les habitants de Jérusalem que pour les pèlerins. On estime que 3000 d’entre eux venus d’Alep, de Damas, d’Homs, de Sidon, de Tyr, au Liban, et d’autres villes du Proche-Orient ont été baptisés. Plus tard, Saint-Paul a été le premier à baptiser des non-juifs. Il a été lui-même converti, baptisé et ordonné prêtre par l’Église de Syrie.

Comment reprocher aux gens de vouloir quitter un pays en guerre?

C’est vrai: les chrétiens avaient perdu espoir. Nos jeunes partaient, parce qu’ils étaient préoccupés pour leur avenir et ne voulaient pas être enrôlés dans l’armée. Parfois, ce sont leurs parents qui les incitaient à fuir. Il y a déjà eu tellement de morts. Je reproche à certains pays de favoriser l’émigration massive des Syriens. Je ne crois pas à la possibilité de tels mouvements de population vers l’Europe sans complicité. […]

Qui aurait intérêt à encourager l’exode des Syriens?

Avec le nombre de réfugiés qui arrivent en Europe, il devient plus facile de justifier des solutions radicales. Certains se demandent quelle pourrait être la suite. Une nouvelle intervention militaire en Syrie ou une zone d’exclusion aérienne. Pour l’instant, les Occidentaux s’y sont refusés mais cela pourrait changer.

Vous semblez particulièrement remonté contre la Turquie?

Alep faisait autrefois partie de l’Empire ottoman et le sultan considérait que c’était son bien le plus précieux. Sans cette ville, la Syrie serait amputée de son poumon économique. Avant la guerre, il y avait plus de 1400 usines qui employaient plus d’un million d’ouvriers. Tout a été détruit par les groupes armés à la solde des pays étrangers. À Pâques, un quartier chrétien et arménien a été bombardé par les rebelles. Il y a eu une quarantaine de morts. Ce n’était pas un hasard: le pape venait de reconnaître le génocide des Arméniens par les Turcs. Beaucoup d’Arméniens ont fui Alep, car ils craignaient de connaître le même sort que leurs ancêtres.

Ce sont maintenant les Russes qui bombardent en Syrie.

Ces frappes ont redonné espoir aux chrétiens. Voilà la réalité. J’ai parlé avec de nombreux collègues mais aussi des laïques. Tous voyaient désormais une lueur d’espoir pour que chacun se mette enfin autour d’une table pour mettre un terme à cette guerre folle et inhumaine. Avant le conflit, nous avions commencé à construire quelque 70 appartements à Alep pour des jeunes familles chrétiennes. Le chantier a dû être interrompu à cause des combats et certaines familles ont tenu à récupérer leur argent, même si la livre syrienne s’est effondrée. Juste après le début des frappes russes, une famille nous a suppliés de la reprendre à nouveau dans le projet. Ils croyaient à nouveau à la possibilité d’une solution position.

Mais, depuis le début des bombardements russes, l’État islamique s’est rapproché d’Alep. Ne craignez-vous pas une prise de la ville?

Cela ne veut rien dire. Comme Raqqa, le fief de l’État islamique, est visé, il est logique que les djihadistes se soient repliés aux abords d’Alep, où ils ont toujours été présents. L’armée syrienne semble avoir renforcé ses positions dans la ville.

Sur le terrain, ce sont surtout les rebelles anti-Assad qui combattent l’État islamique.

Peut-être mais ils les avaient auparavant invités en Syrie. Quand il est apparu que l’État islamique voulait en réalité les dominer et créer son propre califat, ils se sont alors mis à le combattre.

N’y a-t-il pas de rebelles syriens qui trouvent grâce à vos yeux?

Les rebelles modérés existent encore mais ils sont trop peu nombreux. La plupart ont fui le pays ou se sont réconciliés avec d’autres factions. La majorité des musulmans syriens sont modérés. Mais leur voix est étouffée par les cris des plus aguerris et des plus fanatiques. C’est une autre forme de dictature.

L’avenir de la Syrie peut-elle passer par le maintien au pouvoir de Bachar el-Assad?

Pas nécessairement mais le problème est que 80% de ses opposants sont des fondamentalistes. Nous réclamons un régime démocratique, pluraliste et non-confessionnel, gardien de la liberté religieuse des nombreuses dénominations de Syrie. Si les djihadistes et les autres groupes étaient prêts à garantir que nos fidèles ne soient pas égorgés, exécutés ou obligés de renier leur foi pour trouver un emploi ou un logement, nous ne verrions pas d’inconvénient à ce qu’ils exercent le pouvoir. Mais ce n’est pas le cas. Nous ne voyons donc pour le moment pas d’alternative au régime de Bachar el-Assad.

Vous ne voyez vraiment personne à même de le remplacer, alors qu’il a tellement de sang sur les mains?

Vous savez, c’est un homme cultivé et ouvert. Il a d’ailleurs épousé une femme née et éduquée au Royaume-Uni. Cela montre une sympathie pour l’éducation à la démocratie et aux valeurs qu’elle a reçues. Ce n’est pas vraiment le profil d’un fanatique. Bachar el-Assad n’est pas aussi mauvais que vous le dites en Occident, où la vision de la situation est contaminée par l’argent versé par certains pays. Ils ont intérêt à affaiblir la Syrie mais, contre toute attente, elle résiste encore. Bachar el-Assad a-t-il plus de sang sur les mains que les autres? Franchement, je n’en sais rien. Au début du conflit, il a plutôt fait preuve de retenue. Ce n’est pas le pire président de la région et il est encore aimé en Syrie. Il ne demanderait sans doute pas mieux que de sortir de ce guêpier. Une fois la guerre terminée, je ne serais pas surpris qu’il ne se représente pas à de nouvelles élections. De toute façon, le camp loyaliste devra forcément être inclu dans le futur règlement de paix.

Rangez-vous tous les chrétiens dans le camp du président?

Non. Ils ne sont pas nécessairement tous loyalistes, mais ils trouvent que jusqu’à présent ils n’ont pas été maltraités par ce régime. Nous voulons surtout la fin de la guerre et son cortège d’atrocités et la réconciliation et la concorde entre tous les Syriens.

Source : Le Temps

28 janvier 2016

L’archevêque d’Alep en Syrie : l’incitation à l’immigration est “une déportation”

Publié le dans International

La 7ème Nuit des Témoins se tiendra ce vendredi soir à la cathédrale Notre-Dame de Paris. Milices armées, Bachar Al-Assad, immigration : Mgr Jean-Clément Jeanbart, archevêque d’Alep en Syrie, racontera la situation dans son pays. Il était notre Grand Témoin.
Alep, Mgr Jean-Clément Jeanbart la connaît bien. Et pour cause : il y a vu le jour  en 1943 au sein d’une famille grecque-catholique melktite de douze enfants. ordonnée prêtre en 1968n cela fait maintenant plus de 20 ans qu’il est archevêque d’Alep. Une ville de Syrie qui, il y a deux ans encore, était inaccessible. « C’était très difficile de se déplacer et de maintenir des liens avec l’extérieur », raconte-t-il, « désormais, nous pouvons maintenant sortir, il y a une route latérale qui nous permet d’aller jusqu’au Liban pour prendre l’avion, les lignes téléphoniques fonctionnent de nouveau, l’internet reprend ». La vie quotidienne n’est pas pour autant meilleure : pas d’électricité, pas d’eau. « Notre eau vient de l’Euphrate, les canalisations ont été coupées par les rebelles », explique Mgr Jeanbart, « Alep est une ville de trois millions d’habitants, imaginez ce que c’est sans eau ! ». Autrefois, plus d’un million d’ouvriers travaillaient dans les usines, Alep étant la ville la plus industrialisée d’Orient. « Ces usines ont été rasées par les rebelles ».

« De très bonnes relations avec les musulmans »Umayyad Mosque in Aleppo

Pour autant, la moitié des chrétiens sont restés sur place. Du coup, explique l’archevêque d’Alep, « l’affluence est plus importante aux célébrations religieuses, les gens viennent plus qu’avant. Nous n’avons aucun problème à vivre notre vie religieuse là où il y a le gouvernement. Nous avons de très bonnes relations avec les musulmans. Ils représentent 80 % des habitants ». Mgr Jeanbart souligne également que les écoles sont toujours debout, accueillant à la fois des élèves chrétiens et des élèves musulmans.

L’immigration : une Syrie vidée de ses « forces vives »

Quelques chiffres qui en disent long : avant le début de la guerre, la Syrie comptait 22 millions d’habitants. Aujourd’hui, 12 millions de personnes ont perdu leur logement. 8 millions ont été déplacées à l’intérieur du pays et 4 millions sont parties à l’étranger. « Devant cette grande catastrophe qu’est l’exode des chrétiens, il ne faut pas baisser les bras, même si on se demande toujours si tout le monde ne va pas partir », lance Mgr Jeanbart qui n’hésite pas à parler de « déportation ». Et l’archevêque d’Alep d’expliquer :« Nous avons vu non seulement des gens partir, mais aussi des pays offrir le transport par avion gratuit, donner des visas à peine demandés… Tout à coup,  on les emmène, on prend les quelques forces humaines restantes… C’est comme si c’était une déportation ». Un mot fort, que reprend à son compte le directeur général de l’AED en France, Marc Fromager : « Derrière ce mot, il y a l’action voulue et organisée de prélever de la Syrie les forces vives, on peut parler de rapt« , ajoute-t-il, « La plupart des migrants arrivés cet été en Europe sont des hommes jeunes, qui pourraient reconstruire le Moyen-Orient, notamment la Syrie, lorsque la guerre sera terminée. Si tout le monde est parti, qui va reconstruire ce pays ? Le mot ‘déportation’ est fort mais correspond à la réalité ».

Un complot occidental ?

Mgr Jeanbart, lui, va plus loin et s’interroge : « C’est la première fois de l’histoire que des centaine de milliers de personnes se déplacent comme ça, sous les yeux de la Turquie qui avait les moyens de les empêcher de passer. Cela justifiait auprès de l’opinion publique un silence et un laissez-faire face à d’éventuelles frappes », souligne l’archevêque d’Alep, « je suis de plus en plus persuadé qu’il y avait un complot pour justifier une intervention militaire musclée en Syrie. Un complot des Etats-Unis, de l’Europe, de l’OTAN. Mais la donne a changé avec l’intervention soudaine russe, ils ont été pris de court ». Mgr Jeanbart le répète, il ne s’agit là pas d’une information mais d’une opinion personnelle. Il rappelle également que le pape François a, dès le début du conflit, été très positif envers la Syrie en demandant qu’il n’y ait pas de frappes. « Il a toujours poussé à une solution politique ». Revenant sur la situation des migrants, il rappelle les deux points de vue. Le point de vue occidental d’abord : « Si des réfugiés arrivent, il faut les accueillir, on ne peut pas les laisser dans leur souffrance et leur désarroi ». Le point de vue syrien, ensuite : « De notre côté, partir fait du tort au pays et aux immigrants eux-mêmes, car ils rêvent d’un monde meilleur. Ce monde meilleur, s’il y a des réformes dans le pays, ils l’auront sur place, peut-être mieux qu’en Europe ».

Pourparlers : « un signe d’espoir et de sérieux dans la recherche d’une solution politique »

Évoquant les discussions politiques : « Je trouve que la solution politique serait que tout le monde mette un peu d’eau dans son vin, on ne peut pas parler de vin avec nos frères musulmans qui ne boivent pas, c’est une expression », explique dans un sourire Mgr Jeanbart, « il faut que l’on trouve un dénominateur commun qui puisse mettre à l’aise tout le monde ». Il explique : « Le gouvernement syrien refuse absolument que le dénominateur commun soit religieux, confessionnel. Il tient à un pays laïc, non dans le sens opposé à l’islam ou au christianisme, mais laissant le domaine religieux dans le privé, séparé de la politique ». L’opposition rebelle n’est évidemment pas d’accord. Pour l’Archevêque, le Président Bachar Al-Assad n’est donc pas le problème. Opinion partagée par Marc Fromager : « C’est aux Syriens de décider », dit-il, « vu la dangerosité de l’Etat Islamique qui commence à se retourner contre ses parrains originaux –  locaux comme l’Arabie Saoudite, le Qatar, la Turquie ou occidentaux comme les Etats-Unis, la France et l’Allemagne – et avec l’intervention russe qui redistribue les cartes dans la région, on peut espérer qu’un jour tout le monde se mettra d’accord sur la nécessité de réduire sérieusement la capacité de nuisance des l’EI, mais pour le moment nous n’y sommes pas encore… Si l’on voulait vraiment mettre fin à cette guerre, la seule solution est pour le moment le scénario russe, défendre l’Etat syrien, d’attaquer l’ensemble des rebelles, y compris les pseudo-modérés qui n’existent pas« .

Pire sans Bachar Al-Assad ?

Mgr Jeanbart défend, lui aussi, le maintien de la structure politique actuelle : « En maintenant le gouvernement, l’armée, l’Etat, on sauvegarde le pays d’une guerre civile. Si le régime coulait, le Président s’en allait, ce serait une infinité de guerres locales partout. Les gens s’entre-tueraient. Ce serait terrible.Bachar Al-Assad n’est pas seulement une personne, un symbole, il a toute une population derrière lui… Il faut donner la possibilité à la Syrie de continuer à vivre. Si la Syrie n’est plus gouvernable, les pays limitrophes pourront prendre une partie du pays et faire ce qu’ils veulent. Il faut éviter le chaos. Sans ça, vous n’aurez plus de chrétiens, de minorités, il y aura des atrocités ».

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Source : Radio Notre Dame

29 janvier 2016

L’archevêque d’Alep appelle les Syriens à ne pas fuir le pays

L’archevêque d’Alep regrette que la Syrie “se vide”, alors que des millions de personnes ont déjà quitté le pays à cause de la guerre.

Source : BFM

30 janvier 2016

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Si Bachar Al-Assad quitte le pouvoir, ce sera la guerre civile

« Je suis inquiet parce que je vois nos fidèles partir. Avec l’arrivée de centaines de milliers de réfugiés en Europe, j’ai peur de l’avenir. Je sens comme si une déportation de notre population était organisée, surtout de notre population productive, ceux qui pouvaient reconstruire le pays et l’Église. C’est la classe moyenne, la charnière et la colonne vertébrale de notre société, qui est en train d’être absorbée ».

L’archevêque d’Alep adresse ainsi un message aux chrétiens d’Occident. « Je voudrais que vous vous rappeliez que les premiers chrétiens sont les chrétiens de Syrie. L’Église a commencé chez nous. J’appelle les chrétiens d’Europe et du monde entier à ne pas oublier cette Église et à la préserver », lance-t-il.

Des pourparlers entre l’ONU et les représentants du régime de Damas ont débuté à Genève le vendredi 29 janvier. Y-a-t-il encore des raisons de croire à la paix en Syrie ? « Tout dialogue est positif. Toutes les fois que deux personnes de bonne volonté se rencontrent, elles trouvent toujours des lieux communs même si ça prend un peu de temps ».

Le président iranien Hassan Rohani, en visite à Paris il y a quelques jours, a expliqué qu’en l’état actuel des choses, il n’y a pas d’autres solutions que de maintenir Bachar Al-Assad au pouvoir. « Il a raison. Si, par malheur, le président part, ce sera la guerre civile. Ce sera tout le monde contre tout le monde et on s’entretuera. Maintenant, c’est le gouvernement, l’armée contre l’opposition et les rebelles. Sans le président, ce sera l’armée qui s’entretuera, les gens et les différentes communautés qui s’entretueront ».

9 février 2016

L’archevêque d’Alep estime que “la moitié des chrétiens ont quitté” la ville

L’archevêque d’Alep, Monseigneur Jean-Clément Jeanbart, redoute que les chrétiens d’Orient ne reviennent plus en Syrie. “Ce que nous voulons, c’est que les Syriens vivent de nouveau ensemble “, a-t-il répété, ce mardi sur RMC.

Source : RMC

28 avril 2016

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Le grand entretien. Mgr Jean-Clément Jeanbart : « La France n’aurait jamais dû soutenir la rébellion syrienne »

L’archevêque d’Alep était l’invité jeudi 21 avril de l’association SOS chrétiens d’Orient qui lui a remis un chèque de 150 000 euros destiné à la reconstruction de sa ville martyre.

Quelle est la situation à Alep ?
Mgr Jean-Clément Jeanbart : La trêve a été interrompue. De violents combats ont eu lieu autour de la ville qui vont causer de nouvelles violences et un nombre croissant de victimes. Certains États ne veulent pas la paix dans les circonstances actuelles et espèrent au contraire que la situation se renverse. Je pense à la Turquie en particulier mais aussi Israël et l’Arabie saoudite. Une solution diplomatique compromettrait leur objectif de voir la Syrie se désintégrer. Les djihadistes sont pris en étau tandis que l’armée est sur le point de les encercler. Les Alepins sentent qu’une grande offensive approche et sont profondément préoccupés. Approximativement un million de personnes sont encore dans la ville. Pour vous donner une idée, avant la guerre plus de trois millions d’habitants vivaient à Alep. Il est donc terrible de voir cette ville en pleine expansion ainsi démolie…

Malgré tout, peut-on croire en une issue prochaine du conflit ?
Je pense que oui dans le mesure où de nombreuses personnes de l’opposition ont réalisé qu’il était absurde de continuer de s’entretuer. D’un autre côté, l’opposition basée à Ryad (Arabie saoudite, ndlr), la plus réticente aux négociations, a finalement rejoint la table des négociations à Genève. Troisièmement, la conjoncture internationale a considérablement changé, autant pour l’Europe qui subit la menace du terrorisme que pour les États-Unis et la Russie qui s’accordent. On est arrivé à un point où exclure la Russie n’est plus possible, contrairement à ce qu’espérait au départ l’OTAN. Après son intervention et son succès.

Vladimir Poutine se place désormais en grand défenseur des chrétiens d’Orient, ressentez-vous les choses de la même manière ?
Il peut bien se présenter comme il veut ! Mais il faut reconnaître que nous avons été soulagés par l’intervention russe parce qu’elle a éloigné les terroristes les plus fondamentalistes, Daesh et al-Nosra qui sont ceux qui inquiètent le plus les chrétiens. Même les musulmans syriens ne sont pas épargnés par ces islamistes : la majorité des musulmans de Syrie sont modérés, considèrent que la religion est importante au même titre que leur citoyenneté. Dans ce pays, demander à quelqu’un sa religion est presque impoli. Ce qui compte c’est que l’on vive ensemble et que l’on partage une nationalité. Cela ne veut pas dire que la société était parfaite, il y avait beaucoup de réformes importantes, mais sur le plan de la laïcité du moins la situation convenait à tous.

Quelle est votre position vis-à-vis de Bachar el-Assad ?
Notre position est la suivante, vis-à-vis de qui que ce soit : notre avis sera positif dès l’instant où cette personne nous donnera le droit de vivre décemment dans notre pays. Celui qui vient et qui nous garantit ce droit et la liberté d’être nous-mêmes, d’avoir notre religion tout en étant un citoyen avec tous les droits et devoirs que cela comporte, celui-là est le bienvenu. Nous craignons que l’opposition ne soit pas capable de nous donner cet élément indispensable à notre vie dans ce pays qui est le nôtre finalement. Par la force des choses, nous refusons donc la rébellion telle qu’elle se présente. Nous ne refusons pas une opposition modérée, capable de vivre en harmonie avec toutes les différentes populations.

Vous refusez de personnaliser le conflit en quelque sorte ?
Oui car c’est en réalité un conflit entre différentes façons de concevoir la citoyenneté : une identité monolithique et confessionnaliste face à une identité laïque où le citoyen se sent fils de ce pays parce qu’il y est né, qu’il remplit son devoir pour celui-ci, qu’il le sert et veut le bâtir. En parallèle, qu’il soit musulman ou chrétien, l’important est qu’il soit libre. Nous sommes favorables à cette dernière conception des choses et soutiendrons la personne – ou le groupe ou gouvernement – qui nous donnera cela. […]

La politique de la France envers la Syrie vous a-t-elle déçu ces dernières années ?
Oui parce que nous aimons la France et que c’est un pays que nous considérions comme ami. Nous avons passé beaucoup d’années à étudier la langue, la culture, la littérature et l’Histoire de votre pays. Nous sommes d’une certaine manière des enfants de France. Vous comprenez alors que cela nous déconcerte de la voir nous délaisser comme cela parce que nous ne sommes pas assez riches à ses yeux, elle à qui nous avons donné notre cœur et pour laquelle nous avons tout tenté pour la faire aimer de nos concitoyens.

Qu’aurait dû faire le gouvernement français selon vous ?
Ne pas soutenir la rébellion armée. S’il n’y avait pas eu d’opposition armée, nous aurions fait partie de l’opposition ! Il fallait faire un effort pour améliorer ce qui existait et non pas soutenir ceux qui détruisent tout.

Les relations tendent à s’améliorer ?
Oui sans aucun doute, beaucoup de sénateurs, de députés ont visité dernièrement la Syrie et commencent maintenant à revenir sur leur position initiale. On sent qu’il y a davantage de discrétion dans les déclarations et moins d’agressivité.

Comment percevez-vous l’initiative du pape François de ramener des musulmans avec lui jusqu’au Vatican ?
C’est une très bonne chose ! C’est un signe envoyé aux musulmans que les chrétiens les aiment et c’est un fait, nous les aimons et ne leur voulons que du bien. Mais il faut qu’ils nous aiment aussi et qu’ils n’aient pas peur de nous. Il ne faut pas interpréter d’une mauvaise façon le geste du Pape et croire qu’il encourage les Syriens à quitter leur pays, je suis sûr que ce n’est pas ce qu’il souhaite. Cela me plaît que François sème un peu de doute sur son action, qu’il veuille n’être que Miséricorde et non pas un instrument politique. Tout comme lorsque le Saint-Père invite chaque paroisse à accueillir une famille. Il n’a pas dit que tous les Syriens devaient aller vivre en France mais seulement que ceux qui étaient déjà sur place, désemparés, puissent être accueillis. Il y a une grande différence entre « Accueillez-les tous » et « Soutenez une famille dans la détresse ». […]

Propos recueillis par Arthur Herlin

26 juillet 2016

Msg Jeanbart : « La Paix reviendra par la force des choses… »

Msg Jeanbart, archevêque d’Alep en Syrie, préside le Grand pardon. Dans un contexte international tendu, il vient en messager. Combatif défenseur de la Paix, il porte l’espoir des Chrétiens d’Orient persécutés.
Msg Jean-Clément Jeanbart, archevêque d’Alep en Syrie est l’invité du Grand pardon qu’il préside ce mardi aux côté de Msg Centène, évêque de Vannes. ” Sainte-Anne et moi, c’est une longue histoire, explique l’archevêque. Je prie Sainte-Anne depuis l’âge de 11 ans et je suis entré au grand séminaire de Sainte-Anne de Jérusalem avant d’être ordonné prêtre en 1968″.

Msg Jeanbart évoquera sans doute en jour de pardon, la situation des Chrétiens d’Orient. “Chaque jour, la ville compte de nouvelles victimes, c’est là le malheur. La partie administrative d’Alep est protégée des incursions jihadistes. Mais notre archevêché, situé entre la vieille ville, investie par les rebelles et la nouvelle ville, a déjà été visé six fois. Il règne une grande confusion dans l’opposition au régime de Bachar El Hassad”.

Source : Ouest France

4 août 2016

« Si vous nous voulez du bien, aidez-nous à rester chez nous »

Au-delà de la destruction du patrimoine religieux, des morts et de la faim, le «grand problème» des chrétiens de Syrie est «l’exode», un exode que le Canada a encouragé, déplore l’archevêque d’Alep, Jean-Clément Jeanbart. De passage au Canada à l’occasion du Congrès suprême des Chevaliers de Colomb, qui se termine aujourd’hui à Toronto, Monseigneur Jeanbart s’est entretenu avec La Presse au sujet de la guerre qui déchire la Syrie depuis plus de cinq ans et dont la fin approche, croit-il.

Plus de cinq ans après le début de la guerre civile, croyez-vous que l’issue est proche ?

Si vous m’aviez posé cette question il y a six mois, j’aurais hésité à vous répondre. Maintenant, je pense que les choses s’annoncent bien et qu’on a des raisons de croire que cette guerre-là sera terminée très bientôt. Peut-être même avant la fin de l’année. Je ne dis pas que la guerre cessera entièrement, mais au moins [ce niveau de] violence. Le siège d’Alep qui dure depuis cinq ans sera défait assez prochainement et, petit à petit, la solution va arriver.

Vous parlez du siège d’Alep. Comment les chrétiens d’Alep vivent-ils la guerre ?

Ils la vivent difficilement parce qu’ils ont peur, ils sont terrorisés, il y a des bombardements des quartiers, des mortiers qui tombent sur leurs maisons et sur eux. Il y avait aussi dans le temps, maintenant un peu moins, le risque d’incursion des terroristes dans la ville. Ils manquent de beaucoup [de choses], ils vivent modestement, pauvrement, mais ils continuent à vivre. Notre grand problème actuellement est l’émigration, l’exode, qui est encouragé par certains pays, mais qui peut nous rendre vraiment un très mauvais service et condamner cette Église deux fois millénaire, l’Église des premiers chrétiens, à la disparition, ce qui serait un grand drame.

Justement, dans quel état se trouve l’Église syrienne, aujourd’hui ?

Il y a eu beaucoup d’églises détruites, mais il y en a aussi beaucoup qui restent. Pour ce qui est du patrimoine ancien, archéologique, il n’y a pas énormément de destruction, à ce que je sache, mais nous avons perdu plus de 100 églises [actives]. Ce sont des églises récentes qui ont été atteintes. […] Grâce à Dieu, nous sommes encore au-delà de la moitié [de la communauté], mais nous espérons que la paix arrive et se fasse pour que ceux qui sont là restent. Après la guerre, il y aura beaucoup de travail, la vie sera différente, la liberté plus grande, nous aurons un nouveau pays où nous aurons la possibilité de vivre ensemble, respectueusement, les uns avec les autres. […] Vous savez, jusqu’à maintenant, nous vivons avec nos frères musulmans dans les villes. Le problème, ce sont les musulmans qui viennent de l’étranger et qui n’ont rien à voir avec nous. Les musulmans syriens sont habitués à vivre avec les chrétiens. Nous vivons très bien avec eux.

Vous déplorez l’exode des chrétiens et les pays qui l’encouragent, c’est clairement un reproche au Canada ?

J’aime le Canada, je trouve que c’est un acte de charité, mais je pense que vous auriez pu nous aider en faisant arrêter ces violences, en poussant les nations à ne pas financer les terroristes et à ne pas envoyer des armes et des mercenaires. Mais prendre nos fidèles chez vous… Vous avez un beau pays, très agréable, vous êtes gentils et accueillants, je n’ai pas à [vous] critiquer, mais vous êtes un peu trop gentils actuellement. […] Ce n’est pas ce qui peut nous aider. Si vous nous voulez du bien, aidez-nous à rester chez nous.

Mais il y a des gens qui meurent en Syrie, faut-il les inciter à rester chez eux ?

Non ! Ceux qui meurent, c’est autre chose. Mais les statistiques montrent qu’il y a très peu de morts parmi les chrétiens. Moi, j’ai fait une étude, il y en a, mais proportionnellement, ça ne représente pas ce que certains prétendent. Bien sûr, quand il y a danger de mort, je suis tout à fait d’accord, je serais le premier à leur dire de s’en aller. […] Il y a des cas malheureux, oui, mais ce n’est pas aussi important que ce qu’on pense.

En 2012, un an après le début de la guerre, vous avez dit faire confiance au président Bachar al-Assad… Est-ce toujours le cas ?

Jusqu’à maintenant, pour éviter une désintégration, une guerre civile, le président Assad peut être une solution provisoire. Il sera là jusqu’à établir un gouvernement qui puisse gérer le pays et il s’en ira de lui-même. Je pense qu’il ne tient pas à ce poste qui est vraiment très difficile et qui demande beaucoup de sacrifices.

Vous pensez qu’il ne s’accrochera pas au pouvoir ?

Non, non, non. Certainement pas. Il a tout ce qu’il faut pour être heureux ailleurs. […] À moins que le peuple le pousse malgré lui, mais je pense qu’il résistera.

Source : La Presse.ca

1er septembre 2016

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Le credo anti-islamiste de l’archevêque d’Alep

Pour Jean-Clément Jeanbart, la descente aux enfers de la Syrie correspond aux objectifs de l’Arabie saoudite et de la CIA américaine. Le meilleur allié des chrétiens? La Russie

Jean-Clément Jeanbart, l’archevêque d’Alep, a des raisons de s’alarmer. A Genève, où il est passé cette semaine après avoir été reçu au Vatican par le pape François, il a eu l’occasion de décrire une nouvelle fois la tragique situation que vivent aujourd’hui les chrétiens de Syrie. Mais le prélat apportait aussi une bonne nouvelle: ses mises en garde, qu’il répète inlassablement depuis le début de la guerre en Syrie, ont fait leur effet. «Notre vision des faits progresse. Les gens comprennent mieux ce qui est réellement en train de se passer», souligne-t-il.

Cette vision «chrétienne» du conflit, au demeurant, n’est pas très éloignée de celle que professent à satiété, par exemple, les médias de propagande russes lorsqu’ils évoquent la situation en Syrie.

OB : ce qui est drôle là-dedans, c’est à quel point pour un “journaliste” le fait que, sur ce point, l’hypothèse que le gouvernement russe puisse avoir bien plus raison que le gouvernement français est une abomination, un délire absolu… Puisque sur 100 % de sujets, la Russie a donc tort.

La guerre actuelle? Elle oppose désormais, grosso modo, les djihadistes à un pouvoir syrien qui, certes, a ses défauts mais qui reste le rempart essentiel face aux islamistes fanatiques. L’opposition modérée? «Elle avait du bon à l’origine, mais elle est sortie du jeu de la guerre. Aujourd’hui, elle n’existe pratiquement plus.»

Cette radicalisation de la guerre a un coupable principal, aux yeux du prélat : c’est l’Arabie saoudite, qui alimente désormais tous les opposants, regroupés dans la bouche de l’archevêque sous la même appellation de Daech (l’acronyme en arabe de l’organisation de l’État islamique). Mais cette descente aux enfers a aussi ses complices. Le sauve-qui-peut de millions de réfugiés syriens, par exemple, qui risquent leur vie pour fuir les combats et les barils d’explosifs largués par les hélicoptères du régime? «C’est un scénario monté par la CIA américaine afin de terroriser l’opinion publique internationale et de préparer une intervention contre Bachar el-Assad», assure Mgr Jeanbart.

De fait, une mise en scène similaire avait déjà été utilisée à l’heure de faire croire à l’utilisation d’armes chimiques à la Ghouta, près de Damas, qui a fait des centaines de morts en 2013 selon des enquêtes indépendantes. «C’était, là aussi, un prétexte des Américains pour bombarder Damas. Seule l’intervention du pape François a permis d’éviter ce qui se préparait», croit savoir l’archevêque.

Jean-Clément Jeanbart en convient: c’est désormais sur la Russie – quelles que soient ses raisons politiques inavouées – que reposent les espoirs des chrétiens d’Orient. Moscou a «bousculé» le projet fou qui consistait à tenter de «désintégrer la Syrie». […]

Mais l’archevêque le reconnaît également: il prêche surtout pour ses fidèles, dont il a à coeur de garantir la survie. Ainsi, pas un mot pour évoquer les quelque 200 000 personnes assiégées dans les quartiers de l’Est d’Alep qui subissent quotidiennement les bombardements des armées russe et syrienne et qui sont menacés de famine. C’est une zone contrôlée par «Daech». Et les chrétiens, là-bas, «se comptent sur les doigts d’une main».

Source : Le Temps ou

27 septembre 2016

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L’archevêque d’Alep : “Si crimes de guerre il y a, ils sont perpétrés des deux côtés”

Mgr Jean-Clément Jeanbart, joint par téléphone dans la partie de la ville syrienne aux mains du régime de Bachar el-Assad, confie sa colère et son désarroi.

Le Point.fr : Comment vivez-vous actuellement à Alep ?

Jean-Clément Jeanbart : Nous arrivons à nous ravitailler, grâce aux organisations humanitaires, par exemple l’Unicef. Mais nous n’avons pas d’électricité, l’eau est souvent coupée, le travail devient impossible. Il n’y a plus d’emplois. Nous sommes terrorisés par ce qui se passe. La situation n’a jamais été aussi préoccupante. Ce que nous espérions avec la dernière trêve malheureusement n’a pas eu lieu. Qu’allons-nous devenir ? Depuis cinq ans nous vivons sous les bombes. Notre ville, naguère, était prospère, hyperactive, cosmopolite ; tout le monde pouvait y vivre ensemble, main dans la main. Et maintenant ?  Tout cela est réduit à néant. On dirait qu’Alep subit le même sort qu’Hiroshima ou Nagasaki. Allons-nous pouvoir un jour reconstruire tout cela ? Nous sommes terrassés, mais nous gardons espoir.

OHHHH le méchant provocateur, parler d’Hiroshima – dont les responsables n’ont jamais été poursuivis…

Partagez-vous les condamnations devant l’ONU des représentants français, américains et anglais dénonçant les bombardements russes et syriens comme « crimes de guerre » ?

Avant d’incriminer, il faut vérifier. Beaucoup d’informations arrivent de façon faussée. Je vois toutes ces violences, toutes ces batailles, mais je ne sais pas quelle conclusion en tirer… Si crimes de guerre il y a, ils sont perpétrés des deux côtés. Toute guerre est un crime. Je condamne la guerre d’où qu’elle vienne. Je vous dis cela en toute bonne foi. Je ne me couvre pas les yeux, je n’ai pas peur que l’on m’arrête. Je demande qu’une seule chose : que toutes les parties s’assoient autour d’une table, et on trouvera une solution. Mais si certains refusent le dialogue, qu’ils sortent ! Pour vivre ensemble, il faut d’abord respecter l’autre. Ce pays appartient à tous les Syriens. Personne ne peut prétendre à un droit exclusif sur cette terre. Arrêtons cette folie ! Que cherchez-vous ? Vous voulez détruire ce pays et vous le partager comme des loups ? C’est une guerre pleine de sang, d’argent, de corruption, de mensonges. Arrêtez de jouer en dessous de la table ! Laissez-nous tranquilles ! Qu’avons-nous fait pour mériter cela ? Je parle en homme d’Église, avec sa conscience et son cœur. Chaque jour qui passe, je souffre comme si je perdais un frère ou une sœur.

Quand nous nous étions vus à Paris il y a quelques mois vous imploriez les chrétiens de ne pas fuir Alep. Est-ce toujours votre état d’esprit ?

Oui, et plus que jamais, car, sans prétention, je pense que notre société a besoin des chrétiens parce qu’ils œuvrent pour la convivialité, l’acceptation de l’autre, la gratuité. Ici, les chrétiens ont souvent été à l’avant-garde, en médecine, en sciences et en urbanisme, notamment. La Syrie, qui a vu naître le christianisme et des centaines de millions de chrétiens qui ont contribué à son édification, est ma terre autant que celle des autres. Nous devons rester ici parce que nous y sommes enracinés, autant religieusement que socialement. En moins de deux ans, nous avons restauré 250 maisons pour que leurs habitants restent, nous avons fourni des prêts gratuits à 70 jeunes, nous avons proposé des bourses d’études pour 1 200 élèves, nous avons créé un centre de formation aux métiers du bâtiment, un centre de promotion pour les femmes, une coopérative alimentaire… Nous avons lancé un mouvement qui s’appelle Bâtir pour rester. Nous attendons avec impatience la paix, qui sera le salut de tout le monde. Le 6 octobre, nous rassemblerons plus de mille enfants chrétiens et musulmans de sept à douze ans pour prier ensemble pour la réconciliation et la paix.

Source : Le Point

28 septembre 2016

Voici une lettre de Mgr Jean-Clément Jeanbart, archevêque melkite d’Alep, datée du 28 septembre dernier :

Le monde entier est terrorisé à la vue de l’image d’Alep que lui ont servi les médias de masse ces derniers jours. Un grand nombre de nos amis de l’étranger se préoccupent pour nous et veulent avoir de nos nouvelles. Il est évident que nous vivons des moments tragiques de notre Histoire et ce qui arrive continue à faire souffrir Alep et les Alépins qui depuis cinq ans n’ont pu avoir aucun répit, tellement ils ont été harcelés et malmenés par les groupes armés venus, de toute part dans le monde, pour mener une soi-disant guerre sainte, dans un pays gouverné par des impies et des infidèles ! Depuis cinq ans maintenant ces terroristes font la loi, là où les autorités civiles du pays n’arrivent pas à être présentes. Ils ont semé la terreur partout, tué des dizaines de milliers d’innocents, détruits par milliers les usines, les commerces et les institutions de services publiques, saccagé les habitations et volé sans souci aucun, les biens du pays et des citoyens. Ils ont fait beaucoup de victimes innocentes, enlevé et sauvagement assassiné d’innombrables personnes pacifiques, y compris des religieuses, des prêtres et même des évêques.

Cela continue aujourd’hui, ce matin une dizaine d’obus sont tombés sur deux de nos quartiers résidentiels provoquant de nouvelles destructions et faisant, encore une fois, de nombreuses victimes entre morts et blessés. Des batailles font rage dans les banlieues de la ville, les rebelles du Front Al-Nosra essaient de reprendre position dans des zones considérées comme stratégiques, quasi totalement dépeuplées et presque entièrement détruites, qu’ils occupaient jusqu’en juin dernier dans la périphérie de la ville. Des vues de ces lieux de désolation totale sont largement diffusées par les chaînes de télévision : c’est là que les grandes batailles en cours ont lieu actuellement.

Nous avons mis de grands espoirs sur le cessez-le-feu décidé il y a trois semaines, nous souhaitons qu’il puisse permettre une pacification, suivie d’une réconciliation nationale et d’une reprise de la vie normale dans le pays ! Malheureusement cette trêve, fragilisée par les infractions continuelles des opposants radicaux, a été officiellement rompue il y a quelques jours, suite aux frappes inattendues de la Coalition, alliée des rebelles, sur Deir-El-Zor. Ces frappes ont atteint une base militaire de l’Armée syrienne et causé la mort de plus de 90 soldats présents dans leurs casernes, sans compter le nombre non déclaré de blessés. Est-ce que cette reprise des combats peut s’arrêter ? Nous le souhaitons et comptons pour cela sur la grâce de Dieu, seule capable d’éveiller la conscience des grands décideurs. Le spectacle horrifiant de ce qui se passe a de quoi secouer tout homme qui respecte la sacralité de la vie humaine. Si M. Staffan de Mistura [envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie] réussit à relancer le processus de paix déjà entamé, nous pouvons espérer une éclaircie et peut-être même des résultats concrets de pacification, préalable indispensable aux assises du dialogue tant souhaité.

Le plus dur pour les chrétiens présents actuellement à Alep serait de devoir vivre, matin et soir, dans l’anxiété d’une situation d’insécurité déstabilisante et d’incertitude troublante. Ils ont peur du lendemain, l’avenir de leurs enfants les préoccupe énormément. Imaginer qu’un jour un État d’obédience musulmane fondamentaliste leur serait imposé est pour eux un cauchemar insupportable. C’est la raison pour laquelle nous nous tournons vers nos frères en France et partout en Occident et nous les supplions de nous aider en faisant en sorte que cela n’advienne point. Nous ne leur demandons pas de faire la guerre pour nous, mais tout simplement de mettre un terme aux prétentions injustes de leurs alliés qui veulent nous imposer des lois vétustes, insupportables pour un homme du XXIe siècle qui veut être libre de choisir sa culture, son mode de vie et sa foi.

Nous faisons appel à nos frères en France pour prier pour nous et que toutes les femmes et tous les hommes Français soucieux de la dignité de l’être humain et épris de liberté, viennent à notre secours pour sortir notre pays chéri du gouffre du régime fondamentaliste dans lequel on cherche à nous plonger. De grâce, aidez-nous à continuer à vivre dignement sur cette terre bénie qui nous a vu naître et grandir !

23 octobre 2016

À Alep en Syrie, les tirs continuent de pleuvoir sur les quartiers Est et Ouest de la ville. Dans un communiqué, Mgr Jean-Clément Jeanbart archevêque grec melkite d’Alep confie sa tristesse et son inquiétude pour les populations civiles. Il appelle aussi à la solidarité entre chacun.

NOS DEUX PRINTEMPS
Nous nous étions imaginés au début de l’an 2011, que le mouvement populaire, que nous avions vu sur les places publiques de notre ville, allait nous conduire vers l’éclosion d’une ère nouvelle dans le pays, couronnée par un printemps de liberté, marqué par le bourgeonnement de pousses de liberté, de démocratie, de pluralisme, et par l’éclosion d’un esprit d’amitié allant en grandissant dans le cœur des citoyens.

Nous nous sommes attendus au meilleur à la vue de ce qui s’était passé les premiers mois du soulèvement mais l’image n’a pas tardé à se clarifier, et très vite, il nous est apparu, qu’en réalité, nous étions en proie à un mouvement biaisé et un prétendu ‘’ printemps arabe’’ qui n’avait point de roses pour décorer notre quotidien, ni de fleurs pour embellir nos sentiers. Tout ce que ce printemps de malheur nous a apporté, c’est la douleur, la misère et la destruction. Destruction qui a démoli nos maisons, nos institutions, et nos sources de revenu. Il a privé notre peuple de ses moyens et de son gagne-pain. Il a endeuillé et fait saigner de tristesse et de douleur le cœur d’un nombre considérable de mamans, de veuves et d’orphelins. Douleur, que chacun d’entre nous a ressenti à la vue des événements effroyables qui nous entourent et qui ont poussé au déplacement et à l’émigration un grand nombre des nôtres en recherche d’un peu de sécurité et de tranquillité.

Malheureusement, jour après jour, nous avons constaté que c’était bel et bien une conspiration vile et méprisable, une guerre contre notre pays pour le détruire, et tous les moyens étaient bons pour le faire saigner et le priver de ses ressources humaines et matérielles pour l’appauvrir en lui enlevant tous les éléments indispensables à une vie digne et respectable, et finir par l’aliéner sans espoir de retour.
Ce qui s’est passé nous a terrorisés et nous a conduits au bord du gouffre, ce qui a poussé beaucoup d’entre nous au désespoir et les a incités à s’en aller malgré eux, la mort dans l’âme, avec comme seul bagage le regret et la tristesse d’être loin de leur chère patrie, terre de leurs aïeux, et lieu de naissance de leurs enfants. Ceci est une perte considérable pour eux et pour tous les citoyens de cette terre si bonne, perte indicible pour la nation qui les a vus grandir et qui a grand besoin d’eux pour se relever et rebâtir avec eux, de nouveau, ce pays, et lui rendre son lustre et toute sa splendeur.

S’il est vrai que le ressources matérielles de la patrie peuvent être reconstituées, il faut admettre qu’il est aussi vrai de dire que les ressources humaines perdues sont d’une valeur inestimable et bien difficiles à remplacer.

Il est vrai que l’armée avance sensiblement sur tous les fronts, et que le terrorisme est en train d’être repoussé, il est de même vrai que le danger d’un effondrement de la nation, Dieu merci, n’existe plus, et que nous entrevoyons actuellement les indices d’une paix prochaine et percevons ses premiers signes pointer à l’horizon. Nous entendons parler ces derniers temps de grands projets de construction et d’investissements considérables, qui peut-être, nous donnent des raisons de croire à une reconstruction possible dans de brefs délais. Mais ce qui nous inquiète, et nous préoccupe, c’est de voir les ennemis de notre pays manigancer pour lui enlever ses ressources humaines qui risquent d’être irrécupérables.

La pression continuelle sur les habitants d’Alep, et la terreur qu’on leur fait subir sans arrêt, accompagnées en même temps des facilités qu’on leur offre pour trouver une accommodation confortable dans certains des pays occidentaux, semblent être un plan bien monté ayant pour but de vider la Syrie de ce qu’elle a de plus précieux, i.e. ses braves citoyens, dont l’habilité artisanale et professionnelle bien connue, reste indispensable à leur pays éprouvé qui a grand besoin de leur apport pour se refaire. Leurs valeurs humaines, leur savoir-faire, leur application au travail et leur persévérance peuvent faire une grande différence dans la reconstruction d’une communauté nationale, saine et prospère, à laquelle nous aspirons tous avec anxiété.

La guerre que nous livrent nos ennemis est inouïe, elle semble avoir pour but la destruction de la pierre et l’annihilation de l’élément humain ; notre bataille fait face actuellement à l’oppresseur sur deux fronts : le premier a lieu sur le champ de bataille pour arrêter sa violente agression contre les citoyens innocents et leurs biens ainsi que sur les institutions. Le second, se situe en plein milieu de la population. Ce dernier a pour but de résister aux campagnes qui tendent à pousser notre jeunesse à s’éloigner du pays pour le priver de ses forces vives et de ses ressources humaines actives. Nous avons besoin de combattants pour lutter sur deux fronts : des soldats sur les champs de bataille, et nous autres pasteurs avec tous les citoyens de bonne volonté qui aiment leur pays, sur le front de l’action sociale et humanitaire

Le front social sur lequel nous sommes appelés à agir est vaste et semé d’embûches, il a besoin dans ses batailles de notre participation à tous: individus et institutions, il exige de chacun d’entre nous : foi, détermination et engagement. Notre ennemi serait chaque individu qui agit pour prolonger la durée de la guerre avec ses conséquences tragiques, matériellement et humainement, notre ennemi serait aussi bien celui qui fait la promotion programmée des projets douteux, établis à différentes enseignes humanitaires et soi-disant caritatives, visant en fin de compte à déstabiliser notre société et à la vider de ses forces vives. Dans cette campagne, nous devons compter sur :

  1. L’aide du Seigneur et son pouvoir illimité.
  2. La vigilance de nos jeunes et leur compréhension de ce qui se trame autour d’eux, leur sentiment d’appartenance à cette terre et leur amour de la patrie.
  3. La disposition des autorités civiles à faire des efforts pour redonner une vie normale à la ville d’Alep, et leur détermination à faciliter les entreprises et les besognes des citoyens et à soutenir leur résistance en les encourageant par tous les moyens possibles.
  4. La solidarité et l’entre-aide entre tous ceux qui croient en la nécessité de rester dans ce pays si cher, et à l’importance d’y persévérer, et ils sont, Dieu soit loué, assez nombreux.
  5. Un travail collectif de groupe pour propager une pensée positive dans les esprits et chercher à déceler les signes prometteurs d’un avenir meilleur, encourageant, pour aller de l’avant dans le travail et la construction.
  6. L’engagement de l’Eglise et de ses institutions chargées de travailler avec ceux qui ont choisi de rester dans ce cher pays, concrétisé par une disponibilité assidue, à s’élancer avec eux, main dans la main, dans des projets d’habitat et de développement qui puissent leur offrir les conditions nécessaires pour pouvoir vivre dignement dans leur pays.

Enfin, nous voulons dire à nos fidèles et à tous les amis qui veulent nous entendre que nous nous sommes décidés fermement à nous engager et à participer à cette campagne décisive, nous dédiant sans réserve et mettant en œuvre toutes nos capacités pour soutenir nos jeunes dans leur marche et leurs efforts en vue de s’enraciner toujours davantage dans notre terre bien-aimée. Ensemble, nous voulons bâtir notre avenir, ensemble, nous voulons continuer à vivre d’une façon digne et honorable tant que le Seigneur le voudra, dans notre ville chérie, Alep.

Alep, le 23.10.2016

Métropolite J.C. JEANBART

31 octobre 2016

Interview en anglais dont ceci :

Les organisations internationales (ONU, UE) jouent-elles un rôle positif dans la résolution du conflit ? De votre point de vue, une meilleure compréhension entre les nations puissantes ou une action internationale plus efficace est-elle nécessaire?

L’ONU, L’UE semblent jouer un rôle neutre et parfois négatif ; ils semblent le faire très souvent et nous ne comprenons pas pourquoi leur position ne prend jamais en compte les rapports et opinions de notre gouvernement. Je crains qu’ils aient eu à l’esprit, et ce depuis 2011, la position de l’OTAN et des pays du Golfe comme une priorité. Ils devraient se libérer, rechercher l’équité et essayer d’être justes dans leurs déclarations.

En novembre 2016, il indique :  « Les médias européens n’ont cessé d’étouffer le quotidien de ceux qui souffrent en Syrie. Ils se sont même permis de fournir des justifications à ce qui arrive dans notre pays, en reprenant des informations qu’ils n’ont jamais pris la peine de vérifier ».

À suivre..

Source: http://www.les-crises.fr/la-france-naurait-jamais-du-soutenir-la-rebellion-syrienne-par-larcheveque-dalep/


Rex Tillerson, PDG d’Exxon, choisi par Trump comme Secrétaire d’État

Wednesday 14 December 2016 at 00:25

Voici l’article du New York Times d’hier présentant le choix du futur Secrétaire d’État américain.

Sur le fond, nous verrons bien à l’usage ce qu’il vaut (on a échappé à bien pire). C’est certes un milliardaire de plus dans l’entourage de Trump, mais après tout, cela peut avoir deux avantages :

  1. on ne ment pas au peuple : on voit que l’oligarchie dirige, au lieu d’avoir des pantins obéissant à la même oligarchie
  2. un PDG est habitué à faire des deals, ce qui est bien ce qu’on attend du chef d’une Diplomatie. Cela nous changera des incompétents apôtres “de la diplomatie des valeurs” (qui n’est donc pas une diplomatie…), qui échouent logiquement régulièrement dans les grandes largeurs…

Mais c’est sur la forme que cela est très révélateur. Voici donc un billet sur la nomination du Secrétaire d’État américain, mais trouverez vous l’obsession des journalistes ?

Rex Tillerson, PDG d’Exxon, choisi comme secrétaire d’État

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WASHINGTON – Le Président élu Donald J. Trump a officiellement sélectionné mardi Rex W. Tillerson, le PDG d’Exxon Mobil, comme Secrétaire d’État. En annonçant la nomination de M. Tillerson, le Président élu rejette les inquiétudes des deux camps selon lesquelles ce dirigeant globe-trotter d’un géant de l’énergie aurait une relation trop intime avec Vladimir Poutine, le président de la Russie.

Une déclaration du bureau de transition de M. Trump tôt ce mardi a mis fin à ces délibérations publiques chaotiques sur le diplomate en chef du pays – un processus qui a pu varier par moment allant du choix de récompenser Rudolph W. Giuliani, un de ses plus loyaux soutiens, jusqu’à envisager de pardonner Mitt Romney, un de ses plus ardents critiques.

Finalement, M. Trump a décidé de prendre le risque d’un combat pénible pour la confirmation devant le Sénat.

Ces quelques derniers jours, les députés républicains et démocrates ont averti que M. Tillerson serait soumis à un examen détaillé de ses deux décennies de relations avec la Russie, qui lui ont valu l’Ordre de l’Amitié en 2013, et avec M. Poutine.

Les auditions se concentreront sur les affaires d’Exxon Mobil avec Moscou. La compagnie a des milliards de dollars de contrats pétroliers qui ne pourront continuer que si les États-Unis lèvent les sanctions contre la Russie, et l’implication de M. Tillerson dans l’industrie de l’énergie russe pourrait créer une ligne très floue entre ses intérêts de pétrolier et son rôle de chef de la diplomatie américaine.

M. Tillerson a exprimé publiquement ses doutes sur les sanctions, qui ont interrompu certains des plus grands projets d’Exxon Mobil en Russie, y compris un accord avec la compagnie pétrolière d’État pour rechercher et exploiter du pétrole en Sibérie, qui pourrait valoir des dizaines de milliards de dollars.

Le sénateur John McCain, républicain de l’Arizona, a déclaré samedi que les connexions de M. Tillerson avec M. Poutine étaient “un sujet de préoccupation pour moi” et a promis de les examiner de près s’il était nommé.

“Vladimir Poutine est un voyou, un harceleur et un assassin, et quiconque le décrit autrement est un menteur”, a dit M. McCain sur Fox News.

M. Trump a nourri les spéculations sur son choix pour le Secrétariat d’État pendant des semaines. À la fin, il a non seulement rejeté M. Giuliani et M. Romney, mais aussi une liste sans cesse changeante qui par moments a inclus le sénateur Bob Corker, républicain du Tenessee ; David H. Petraeus, l’ancien général d’armée et directeur de la CIA ; et Jon M. Huntsman Jr., l’ancien gouverneur de l’Utah et candidat à la présidentielle de 2012.

M. Romney, M. Petraeus et M. Corker, les trois principaux compétiteurs, ont tous reçu des appels lundi soir pour les informer de la décision de M. Trump, selon certaines personnes présentes lors du choix final du président  élu.

Il a posé son choix sur M. Tillerson, un habitué des gros contrats qui a passé les quarante dernières années chez Exxon, en majorité à la recherche d’accord sur le pétrole et le gaz dans des régions agitées du monde. Natif de Wichita Falls, Texas, parlant avec un fort accent texan, M. Tillerson, 64 ans, dirige une compagnie avec des succursales dans environ 50 pays, et a signé des accords pour étendre ses affaires au Vénézuela, au Qatar, au Kurdistan et ailleurs.

Grosse enquête qui nous permet de mieux comprendre la vision du type sur les affaires du monde, heum…

S’il est confirmé au poste de secrétaire d’État, M. Tillerson fera face à un nouveau défi : nourrir des alliances autour du monde moins autour d’accords commerciaux et plus autour de la diplomatie.

Ceci pourrait s’avérer un test décisif en Russie, où M.  Tillerson a combattu des années pour affermir ses connexions à travers des négociations d’affaires pesant des milliards de dollars. Sous sa direction, Exxon est entrée dans des co-entreprises avec Rosnef, une compagnie pétrolière soutenue par l’état russe, et a contribué aux programmes sociaux et de santé du pays.

Dans son nouveau rôle, M. Tillerson devrait gérer les relations difficiles entre les États-Unis et la Russie de M. Poutine, y compris les sanctions économiques imposées après l’intervention de Moscou en Ukraine et en Crimée occupée. Le mois dernier, le président Obama et des dirigeants européens se sont mis d’accord pour maintenir les sanctions en place jusqu’à ce que M. Poutine accepte un cessez-le-feu et le retrait des armes lourdes des lignes de front en Ukraine orientale.

D’autres républicains ont contesté la sélection potentielle de M. Tillerson, dont le sénateur Marco Rubio de Floride, qui a exprimé son inquiétude dans un message Twitter lundi au sujet  de ses relations avec M. Poutine.

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M. Trump préférait initialement M. Guiliani, l’ancien maire de New York, mais s’est lassé rapidement de son penchant à attirer l’attention des médias de façon disproportionnée. M. Trump était également gêné par des rapports sur les implications à l’étranger des affaires de M. Giuliani.  Et certains des plus proches conseillers du Président élu, y compris son beau-fils, Jared Kushner, considérait M. Giuliani comme peu fait pour ce rôle.

Ceci amena à l’intérêt pour M. Romney, qui avait appelé M. Trump un “imposteur” et un “hypocrite” pendant la campagne. M. Romney avait aussi mis en avant la Russie comme un danger pour les intérêts des États-Unis durant la campagne de 2012.

M. Trump et M. Romney ont fait la paix, se sont rencontrés deux fois et ont discuté périodiquement par téléphone. Mais certains des conseillers de M. Trump, y compris la directrice de sa campagne, Kellyanne Conway, ont publiquement averti dans une série d’interviews télévisées que certains de ses soutiens s’éloigneraient si M. Romney était choisi.

M. Tillerson a émergé comme possible candidat sur les chaudes recommandations de James A. Baker III, l’ancien secrétaire d’État sous la présidence de George Bush, et Robert M. Gates, l’ancien secrétaire de la défense, d’après une personne dans le secret de la décision.

M. Kushnner et le stratégiste en chef de M. Trump,  Stephen K. Bannon, ont fortement argué en faveur de M. Tillerson, et le Président élu était intrigué.

M. Trump a rencontré M. Tillerson pendant plus de deux heures samedi à la tour Trump de Manhattan. À ses assistants, M. Trump a décrit M. Tillerson comme appartenant à une autre “catégorie” que les autres options.

M. Romney a reconnu tard lundi soir dans un message Facebook qu’il n’avait pas été retenu, écrivant “c’était un honneur d’avoir été considéré comme secrétaire d’État potentiel de notre grand pays”.

“Mes discussions avec le président élu Trump ont été un enrichissement et un plaisir” a écrit M. Romney.

Michael D. Shear écrivait depuis Washington, et Maggie Haberman depuis New York.

Source : New York times, 13/12/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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(18 allusions à la Russie donc…)

Conclusion : GRAVE danger : le chef de la diplomatie de la première puissance nucléaire s’entend très bien avec le Président de la deuxième !!!

#EtNotreGuerreAlors ?

Source: http://www.les-crises.fr/rex-tillerson-pdg-dexxon-choisi-par-trump-comme-secretaire-detat/


C’est pire que vous ne le pensez, par Chris Hedges

Tuesday 13 December 2016 at 00:59

Source : Truthdig, le 11/11/2016

Publié le 11 novembre 2016 Par Chris Hedges

Des policiers de New York gardent la Trump Tower, la résidence du président élu Donald Trump à Manahattan. (Richard Drew / AP)

Des policiers de New York gardent la Trump Tower, la résidence du président élu Donald Trump à Manahattan. (Richard Drew / AP)

Il y aura énormément d’agitation sociale quand la base de Donald Trump se rendra compte qu’elle a été trahie. Je ne sais pas quand cela arrivera. Mais il est certain que cela arrivera. Les investissements dans les actions de l’industrie de l’armement, de la sécurité intérieure et des complexes de prisons privées sont montés en flèche depuis l’élection de Trump. Quelle meilleure source de profits qu’un État policier militarisé ?

Notre démocratie capitaliste a cessé de fonctionner il y a plus de vingt ans. Nous avons été victimes d’un coup d’État du monde des affaires mené à bien par les Partis démocrate et républicain. Il ne reste pas d’institutions qu’on puisse légitimement qualifier de démocratiques. Dans une vraie démocratie, Trump et Hillary Clinton n’auraient jamais été nommés candidats à la présidence. La longue et impitoyable attaque du monde des affaires contre la classe ouvrière, le système législatif, la politique électorale, les médias de masse, les services sociaux, l’écosystème, l’éducation et les libertés civiles ont, au nom du néolibéralisme, éviscéré le pays, qui est devenu une épave en décomposition. Nous vantons les mérites de l’ignorance. Nous avons remplacé les discussions politiques, l’information, la culture et les efforts intellectuels par un respect religieux pour la célébrité et le spectacle.

Comme l’a fait remarquer l’historien Gaetano Salvemini, « l’abandon des institutions démocratiques » constitue la base du fascisme, qui est le produit d’une démocratie qui a cessé de fonctionner. L’apparence de démocratie va demeurer, comme lors des dictatures de la seconde partie de l’Empire romain, mais sa réalité, c’est le despotisme ou, dans notre cas, le despotisme du monde des affaires. Le citoyen ne participe pas vraiment au gouvernement.

« Cette situation ressemble beaucoup à celle de la fin de la république de Weimar en Allemagne, m’a dit Noam Chomsky avec une perspicacité troublante quand je l’ai rencontré il y a six ans. Les parallèles sont frappants. Il y avait aussi, à l’époque, un terrible désenchantement au sujet du système parlementaire. Le fait le plus frappant à propos de Weimar, c’était non pas que les Nazis aient réussi à anéantir les sociaux-démocrates et les communistes, mais que les partis traditionnels, les conservateurs et les libéraux, détestés, aient disparu, ce qui laissa un vide dans lequel les Nazis, avec beaucoup d’astuce et d’intelligence, s’engouffrèrent.

Les États-Unis ont beaucoup de chance qu’aucun personnage honnête et charismatique ne soit apparu, continua Chomsky. Tous les personnages charismatiques sont si évidemment des escrocs qu’ils se détruisent eux-mêmes, comme Joseph McCarthy, Richard Nixon ou les prêcheurs évangélistes. Si quelqu’un de charismatique et d’honnête apparaît, ce pays va avoir des problèmes à cause de la frustration, du désenchantement, de la colère légitime et de l’absence de réactions cohérentes. Qu’est-on censé faire si quelqu’un dit : “J’ai une réponse : Nous avons un ennemi” ? Il y a eu les juifs. Ici il y aura les immigrants illégaux et les noirs. On nous dira que les hommes blancs sont une minorité persécutée. On nous dira que nous devons nous défendre et défendre l’honneur de notre pays. La force armée sera exaltée. Il y aura beaucoup de violence, de passages à tabac. Tout cela pourrait prendre une importance colossale. Et si cela arrive, le danger sera plus grand qu’en Allemagne. Les États-Unis sont une puissance mondiale. L’Allemagne était puissante mais elle avait des ennemis plus puissants. Je ne pense pas que ces évènements soient si éloignés. Si les sondages ne se trompent pas, ce ne sont pas les Républicains, mais les Républicains de droite, les cinglés, qui vont remporter la prochaine élection avec une majorité écrasante. »

La répression des opposants ne va pas tarder à ressembler à la répression sous les anciens régimes totalitaires du passé. La sécurité d’État va devenir une présence envahissante et palpable. On va traiter les formes d’opposition les plus modérées comme si elles constituaient une menace pour la sécurité nationale. Beaucoup, dans l’espoir d’éviter le courroux de l’État, vont devenir dociles et passifs. Nous, cependant, nous devons riposter. Nous devons nous lancer dans des actions durables de désobéissance civile, comme beaucoup l’ont fait dans les rues depuis l’élection. Cependant nous devons aussi être conscients que l’espace démocratique dont nous disposons dans notre système de totalitarisme inversé s’est beaucoup rétréci.

Trump, sans institutions démocratiques pour le contenir, va précipiter les attaques du monde des affaires. Le système de pensions de vieillesse et d’invalidité sera privatisé, et les forces de police militarisées seront mises hors de cause quand elles tueront, sans discernement, des citoyens désarmés, tandis que le président laissera se déchaîner l’industrie de l’énergie fossile qui va dégrader la vie sur Terre et très probablement y mettre fin. Dans son administration vont siéger les extrémistes du Parti républicain, des hommes et des femmes profondément dénués d’intelligence, de moralité, et dotés de la faculté étonnante de faire peu de cas de la réalité. Ces idéologues ne parlent que le langage de l’intimidation et de la violence.

La moitié du pays vit dans la pauvreté. Nos anciens centres industriels sont des friches, des ruines. Un simple décret judiciaire nous a dépouillés de nos droits constitutionnels, y compris du respect des droits de la défense et de l’habeas corpus. Les entreprises et la classe des milliardaires boycottent légalement les impôts. La police abat des citoyens désarmés dans la rue. Les forces armées, aux termes de l’article 1021 du National Defense Authorization Act, ont le pouvoir de transférer des citoyens étatsuniens dans tout le pays, de leur enlever tout droit à un procès équitable et de les retenir indéfiniment sur nos sites clandestins. Nous sommes le peuple le plus espionné, surveillé, écouté, photographié et contrôlé de l’histoire. Quand le gouvernement vous surveille 24 heures sur 24, vous ne pouvez pas employer le mot « liberté ». C’est la relation d’un maître et de ses esclaves. Et les gouvernements qui exercent ce type de surveillance deviennent vite totalitaires. Les élites faillies ont donné à Trump et à ses copains les outils légaux et physiques capables de transformer instantanément l’Amérique en un État policier brutal.

Rudy Giuliani ; Newt Gingrich, qui préconise de déchoir de leur citoyenneté les citoyens étatsuniens soupçonnés d’être peut-être des terroristes ; le général en retraite Michael Flynn et John Bolton, eh bien ces hommes ne vont faire preuve d’aucune modération ni légale ni morale. Ils voient le monde à travers les lunettes manichéennes du bien et du mal, en noir ou blanc, et pour eux, on est ou un patriote ou un traître. La politique est devenue, comme le philosophe Walter Benjamin l’a dit du fascisme, une esthétique. Et l’expérience suprême pour les fascistes, comme Benjamin nous en a avertis, c’est la guerre.

La terreur d’État et la violence d’État, que connaissent bien les gens de couleur pauvres de nos colonies intérieures, nous allons nous aussi bien les connaître. Le racisme, le nationalisme, la misogynie, l’islamophobie, l’antisémitisme, l’intolérance, la suprématie blanche, le fanatisme religieux, les crimes haineux et la vénération des valeurs hypermasculines de la culture militaire vont définir le discours politique et culturel. Les élites au pouvoir vont essayer de détourner la frustration et la rage croissantes en direction des éléments vulnérables de la société, les travailleurs sans-papiers, les musulmans, les afro-américains, les latinos, les homosexuels, les féministes et autres. Nos guerres sans fin au Moyen-Orient vont s’étendre, peut-être jusqu’à une confrontation avec la Russie.

Certains, comme Ralph Nader, ont vu venir cette dystopie. Ils ont, de toutes leurs forces, essayé de fonder un troisième parti viable et de donner aux mouvements citoyens le pouvoir d’offrir à la classe ouvrière déshéritée un idéal, de l’espoir. Ils savaient que plus longtemps le monde des affaires étranglait le système économique et politique, plus on semait les germes d’un fascisme américain.

Les élites ont dressé de nombreux obstacles, en refusant de laisser Ralph Nader ou ensuite Jill Stein participer aux débats, en rendant le vote difficile ou impossible, en transformant les campagnes électorales en longs spectacles qui coûtent des milliards de dollars, et en utilisant habilement la politique pour intimider les électeurs. Cependant, la classe libérale faillie a aidé les élites, élection présidentielle après élection présidentielle, surtout d’ailleurs après le succès de Nader en 2000, les prétendus progressistes ont succombé au maître mot stupide, « le moindre mal ». Ceux qui auraient dû être les alliés naturels des troisièmes partis et des mouvements d’opposition ont honteusement capitulé devant le Parti démocrate qui, comme le Parti républicain, est au service de la bête immonde de l’impérialisme et fait la guerre aux pauvres, à la classe ouvrière et à la classe moyenne. La lâcheté de la classe libérale lui a fait perdre toute crédibilité, comme Bernie Sanders quand il a vendu son âme à la campagne Clinton. La classe libérale a prouvé qu’elle n’avait pas le courage de se battre pour quoi que ce soit. Elle a dit des mots et évoqué des idées auxquels elle ne croyait pas vraiment. Elle est, en grande partie, responsable du mouvement qui a créé Trump. Elle aurait dû, après que le président Bill Clinton eut fait voter en 1994 le NAFTA, avoir la prescience d’abandonner le Parti démocrate pour fonder des partis et des institutions qui défendent vraiment les intérêts de la classe ouvrière. Si elle avait défendu les membres de cette classe, cela aurait sans doute empêché ceux-ci d’être séduits par des protofascistes.

La pourriture de notre démocratie faillie a régurgité un escroc, créé par les médias, qui a d’abord joué le rôle de maître de l’univers de fiction dans une émission de téléréalité et ensuite celui d’homme politique dans un vaudeville. Trump a attiré les dollars et augmenté les taux d’audience. La vérité et la réalité ne jouaient aucun rôle ici. Ce n’est qu’après sa nomination comme candidat que les médias ont vu leur Frankenstein comme une menace, mais alors c’était trop tard. S’il y a un autre groupe borné aussi haï, et même plus, que la classe libérale, c’est la presse subordonnée au monde des affaires. Plus elle attaquait Trump, plus Trump séduisait.

Trump est emblématique de ce que les anthropologues appellent « les cultes de crises ». Une société en phase terminale se réfugie souvent dans la pensée magique. La réalité est trop difficile à supporter, alors cette société se met à croire aux promesses extraordinaires et impossibles d’un démagogue ou d’un charlatan qui promet le retour d’un Âge d’or perdu. Les bons boulots vont revenir. Le pays va redevenir prospère. Les villes délabrées vont être reconstruites. L’Amérique va être grande, de nouveau. Ces promesses, impossibles à tenir, ne diffèrent pas de celles qu’a faites aux Amérindiens, dans les années 1880, le prétendu prophète religieux Wovoka. Il demandait à ses disciples de faire des cérémonies de danse de cinq jours, appelées la Ghost Dance. Les Amérindiens portaient des chemises qui, leur avait-on dit, les protégeraient des balles. On leur avait assuré que les troupeaux de buffles reviendraient, que les chefs et les guerriers morts surgiraient de la terre et que les hommes blancs disparaîtraient. Aucune des promesses du prophète ne se réalisa. Beaucoup de ses disciples furent abattus comme des moutons par l’armée des États-Unis.

Nous sommes face à la crise la plus profonde de l’histoire de l’humanité. Et en réponse, nous élisons comme président un homme qui ne croit pas au changement climatique. Une fois que les sociétés ont coupé le contact avec la réalité, ceux qui disent la vérité deviennent des parias et des ennemis de l’État. Ils sont en butte à une forte répression étatique. Ceux qui sont perdus dans les rêveries du culte de la crise applaudissent à l’élimination de ces Cassandre. Les mythes si séduisants de la pensée magique sont d’agréables opiacés. Mais cette drogue, comme toutes les drogues, mène à la dégradation et à la mort.

Source : Truthdig, le 11/11/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/cest-pire-que-vous-ne-le-pensez-par-chris-hedges/


« Les États-Unis dans le monde » : 3 questions à Célia Belin et Frédéric Charillon, par Pascal Boniface

Tuesday 13 December 2016 at 00:30

Source : Le blog Mediapart, Pascal, Boniface, 01-12-2016

Célia Belin, docteure en science politique de l’Université Panthéon-Assas, est chargée de mission États-Unis/relations transatlantiques au CAPS. Frédéric Charillon est professeur des Universités en science politique à l’Université d’Auvergne, notamment. Ils répondent à mes questions à l’occasion de l’ouvrage “Les États-Unis dans le monde”, paru aux Éditions CNRS.

Vous évoquez une opposition entre « Amérique forteresse » et « Amérique flambeau ». Quels en sont les termes et les enjeux ?

Au-delà des joutes verbales et des guerres de twitter, ce qui s’est joué dans l’élection présidentielle américaine de 2016, est le positionnement de l’Amérique sur la scène internationale. Hillary Clinton et Donald Trump offraient aux électeurs une véritable alternative entre deux approches diamétralement opposées de la relation des États-Unis au reste du monde.

La candidate démocrate, proche de l’establishment, a clamé son attachement au rôle des États-Unis comme garant de l’ordre libéral international mis en place à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. Perçue comme interventionniste, notamment à cause de ses positions en faveur de la guerre en Irak et en Libye, Hillary Clinton croit en l’exceptionnalisme américain et considère que les États-Unis, superpuissance indispensable, ne doivent pas se soustraire à leurs responsabilités internationales. Elle s’inscrit ainsi dans la pensée internationaliste encore dominante à Washington, incarnée par des intellectuels tels que Robert Kagan, auteur de The World America Made, ou Bruce Jones, auteur de Still Ours to Lead, pour qui l’Amérique, flambeau du monde libre, aurait encore vocation à guider les nations alliées hors des ténèbres, quitte à entretenir un réseau d’alliances en Europe, en Asie et au Moyen-Orient, encombrant mais rémunérateur.

À l’inverse, Donald Trump a remis en cause la légitimité de cette vision dominante, en développant une approche de tendance « jacksonienne », du nom du président Andrew Jackson, décrit par Walter Russell Mead comme un mélange d’isolationnisme, nationalisme et unilatéralisme. Donald Trump juge que les alliés de l’Amérique bénéficient des garanties de sécurité de la première puissance mondiale, sans assurer l’effort nécessaire à leur propre sécurité. Le candidat républicain, devenu président-élu, perçoit les relations internationales comme un jeu à somme nulle dans lequel les États-Unis doivent défendre leurs intérêts au sens strict. Dans le même temps, D. Trump cultive une vision obsidionale des États-Unis, qui seraient envahis de toute part, par les immigrés mexicains comme par les musulmans, auxquels il faut interdire l’accès « tant que l’on ne se sait pas ce qu’il se passe ». C’est cette Amérique forteresse avec laquelle le monde devra désormais composer.

Barack Obama a-t-il su adapter le leadership américain au monde post-américain ?

Dès le début de son premier mandat, le président Obama a eu l’ambition de remettre en adéquation la politique étrangère des États-Unis avec les moyens réels du pays et les évolutions géopolitiques.

Le président a d’abord axé son effort sur une stratégie du « retranchement stratégique », incarnée par le retrait d’Irak, la réduction des dépenses militaires, le passage d’une stratégie de contre-insurrection à une stratégie de contre-terrorisme, un usage accru des moyens de la guerre furtive (drones, surveillance, forces spéciales) pour gérer l’instabilité sans procéder à des changements de régime.

Parallèlement, Barack Obama a voulu miser sur de nouvelles formes de leadership, selon la logique du smart power, qui combine hard et soft power dans l’objectif que l’Amérique ne fasse plus un usage systématique et coûteux de la force brute. Le pivot vers l’Asie, le leading from behind en Libye, les négociations commerciales avec l’Asie ou l’Europe et les sanctions économiques à l’encontre de l’Iran et de la Russie sont autant de modalités différentes de ce smart power, avec des succès variables.

Enfin, il a choisi de faire évoluer certains blocages historiques, en ouvrant la possibilité d’une relation pragmatique avec Cuba, le Vietnam ou encore la Birmanie. Si l’accord sur le nucléaire iranien a fait tomber l’un des plus gros tabous de la politique étrangère américaine, il est fragilisé par le retour au pouvoir du camp républicain, qui ne croit pas en son efficacité.

Le président Obama a donc fait fortement évoluer la posture américaine dans le monde. Pour certains, il l’a rationnalisée et renforcée afin de mieux appréhender les défis futurs, mais, pour d’autres, il a aussi contribué à accélérer le passage au « monde post-américain », notamment en créant une impression de vide de pouvoir, par exemple en Syrie, et en favorisant l’affirmation de la Russie et de la Chine. Le débat reste ouvert.

Vous évoquez une position insolite pour les États-Unis : celle d’avoir comme priorité extérieure l’ensemble du système international. Pouvez-vous développer ?

Contrairement à la plupart des puissances qui organisent leurs priorités de politique étrangère autour de deux ou trois cercles d’intérêt (généralement l’environnement stratégique régional, la relation avec les puissances globales, et éventuellement des régions plus lointaines avec lesquelles des liens historiques existent), les États-Unis ont le monde entier pour priorité. D’abord parce qu’ils en ont les moyens : c’est la première puissance mondiale, avec un niveau de dépenses militaires qui continue d’approcher 40% du total de la planète. Ensuite parce qu’ils se considèrent comme une nation exceptionnelle, indispensable, dont dépend la sécurité internationale. Enfin parce qu’il est exact que leurs intérêts politiques et économiques sont globaux.

Dans ces conditions, la priorité n’est pas dictée par la géographie, mais plutôt par l’actualité. Toute crise de nature à remettre en question le système international et les valeurs sur lesquelles repose la suprématie américaine (libre échange, stabilité de partenaires clefs), où qu’elle se situe, devient une priorité. C’est naturellement le cas de beaucoup de pays du monde, à cette différence que seuls les États-Unis ont le réseau diplomatique, l’influence politique et la capacité de projection militaire pour intervenir seuls si besoin à l’échelle universelle.

Un mot enfin sur cette préoccupation typiquement américaine pour le « système international ». Depuis l’époque bipolaire, la question de la structure du système international (est-il devenu unipolaire ? – ce que personne ne soutiendrait plus aujourd’hui – est-il multipolaire ? Apolaire ?) est omniprésente dans le débat intellectuel aux États-Unis. Cette préoccupation existe certes également en Russie et de façon croissante en Chine, mais plutôt sur une tonalité critique, pour contester les équilibres actuels de ce système. Nulle-part autant qu’aux Etats-Unis, elle n’est abordée avec autant de conservatisme. Conservatisme, parce que la question est de savoir si, après, un XXe siècle « américain », le XXIe le sera également. En d’autres termes, il y a aux États-Unis, à juste titre, le sentiment que le pays a réussi à constituer un système international globalement conforme à ses intérêts. Et de façon très singulière, ce système, en soi, et sa préservation (ou son évolution dans le maintien des équilibres) constituent un enjeu de politique étrangère fort.

Source : Le blog Mediapart, Pascal, Boniface, 01-12-2016

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Source: http://www.les-crises.fr/les-etats-unis-dans-le-monde-3-questions-a-celia-belin-et-frederic-charillon-par-pascal-boniface/


Les destruction sans fin du “dernier hôpital d’Alep”

Tuesday 13 December 2016 at 00:15

Comme quoi, il faut se méfier des réseaux sociaux

Il semble bien, hélas, que la nouvelle soit finalement devenue vraie – mais cela mériterait une enquête plus approfondie…

EDIT : comme a priori il y a de gros mal-comprenants, je précise que ce billet est un simple billet vérifiant un sujet qui circule depuis des semaines sur les Réseaux sociaux et à propos des réseaux sociaux, pas des médias ! :

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Comme c’était clairement dit ci-dessus, craignant un fake, j’ai simplement voulu voir si les tweets étaient vrais (en mettant les sources), et alerter sur le manque de fiabilité de ce qu’on trouve sur Twitter (et non pas sur les journalistes !), appelant à la prudence élémentaire en ces temps de propagande de guerre DANS LES DEUX CAMPS…

4 février 2016

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25 juillet 2016

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27 juillet 2016

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28 juillet 2016

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31 juillet 2016

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31 juillet 2016

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03 août 2016

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01 octobre

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01 octobre 2016

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3 octobre 2016

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(EDIT : On voit ici que le sujet hôpital est très présent dans les grands médias à ce moment là – ce qui se comprend aussi ; ils ne parlent évidemment pas du “dernier hôpital” à ce stade, c’est un truc qui circule sur Twitter)

14 octobre 2016

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14 octobre 2016

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16 novembre 2016

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16 novembre 2016

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18 novembre 2016

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18 novembre 2016

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18 novembre 2016

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18 novembre 2016

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20 novembre 2016

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21 novembre 2016

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30 novembre 2016

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8 décembre 2016

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Source: http://www.les-crises.fr/destruction-de-lhopital-dalep-25-juillet-2016/


Le Qatar et l’Arabie saoudite ont allumé une bombe à retardement en finançant la diffusion de l’islam radical à travers le monde, par David Blair

Tuesday 13 December 2016 at 00:01

Source : The Telegraph, le 04/10/2014

Le général Jonathan Shaw, ancien chef adjoint britannique à l’État-major de la Défense déclare que le Qatar et l’Arabie saoudite sont responsables de la diffusion de l’islam radical

Le général Shaw déclare à The Telegraph que le Qatar et l'Arabie saoudite sont les premiers responsables du développement du salafisme wahhabite, l'islam extrémiste qui inspire les terroristes. Photo: EPA

Le général Shaw déclare à The Telegraph que le Qatar et l’Arabie saoudite sont les premiers responsables du développement du salafisme wahhabite, l’islam extrémiste qui inspire les terroristes. Photo: EPA

Par David Blair, le 4 octobre 2014

Le Qatar et l’Arabie saoudite ont allumé une bombe à retardement en finançant la diffusion de l’islam radical, selon un ancien commandant des forces britanniques en Irak.

Le Général Johathan Shaw, qui prit sa retraite en tant que chef adjoint à l’État-major de la Défense en 2012, déclare à The Telegraph que le Qatar et l’Arabie saoudite ont été les premiers responsables de la montée de l’islam extrémiste qui inspire les terroristes de l’EI.

Les deux États du golfe ont dépensé des millions de dollars pour promouvoir une interprétation militante et prosélyte de leur foi issue d’Abdul Wahhab, un clerc du XVIIIème siècle, et fondée sur le Salaf ou premiers adeptes du Prophète.

Mais les gouvernants des deux pays sont maintenant plus menacés par leurs créatures que le Royaume-Uni ou l’Amérique, déclare le général Shaw. L’État Islamique en Irak et au Levant (EIIL) a juré de faire tomber les régimes du Qatar et d’Arabie saoudite, les considérant tous deux comme les avant-postes corrompus de la décadence et du péché.

Ainsi le Qatar et l’Arabie saoudite ont toutes les raisons de conduire une guerre idéologique contre l’EIIL, dit le générale Shaw. Pour sa part il ajoute que l’offensive militaire occidentale contre le mouvement terroriste était destinée à se montrer “futile”.

“C’est une bombe à retardement qui, sous prétexte d’éducation, laisse le salafisme wahhabite mettre le feu au monde. Et il est financé par l’argent saoudien et qatari, cela doit cesser,” dit le général Shaw. “Et la question suivante est : le bombardement des populations là-bas sert-il vraiment à contrer cette influence ? Je ne pense pas. Je préférerais de loin une prise en compte plus forte de la bataille idéologique plutôt que la bataille physique.”

Le général Shaw, âgé de 57 ans, a pris sa retraite de l’armée après 31 ans d’une carrière qui l’a conduit de la direction d’une section parachutiste lors de la bataille de Mount Longdon, l’affrontement le plus sanglant de la guerre des Malouines, à superviser le retrait britannique de Bassora dans le sud de l’Irak. En tant qu’adjoint au chef d’État-major de la Défense, il s’est spécialisé dans les politiques de contre-terrorisme et de sécurité.

Ce parcours l’a rendu extrêmement conscient des limites de ce que la force peut obtenir. Il pense que l’EIIL ne peut être vaincu que par des voies politiques et idéologiques. Les frappes occidentales en Irak et en Syrie ne conduiront à rien selon lui qu’à des succès tactiques temporaires.

Lorsqu’il s’agit de lutte idéologique, le Qatar et l’Arabie saoudite sont des acteurs centraux. “La racine du problème est que ces deux pays sont les deux seuls au monde où le salafisme wahhabite est la religion officielle, et EIIL est l’expression violente du salafisme wahhabite,” a déclaré le général Shaw.

“La menace principale de l’EIIL ne s’adresse pas à nous en Occident : elle vise l’Arabie saoudite et les autres États du Golfe.”

Le Qatar et l’Arabie saoudite jouent de petits rôles dans la campagne contre l’EIIL, contribuant pour chacun à hauteur de deux à quatre chasseurs à réaction. Mais le général Shaw déclare qu’ils “devraient être en première ligne” et, surtout, qu’ils devraient conduire une contre révolution idéologique contre l’EIIL.

Les campagnes aériennes britannique et américaine n’arrêteront pas “le soutien des populations du Qatar et d’Arabie saoudite pour ce genre d’activité,” ajoute le général Shaw. “Cela rate l’objectif. Cela pourrait en cas de succès résoudre des problèmes tactiques immédiats. Mais cela ne traite pas le problème fondamental du salafisme wahhabite comme culture et comme croyance qui se trouve être incontrôlable et représente toujours la base idéologique de l’EI – et qui continuera à exister même si nous arrêtons leur avance en Irak.”

Le général Shaw considère que l’approche gouvernementale vis à vis de l’EIIL est fondamentalement erronée. “On continue de traiter cette question en termes militaires, ce qui, à mon avis, est une incompréhension du problème.” “Mon inquiétude est que nous sommes en train de répéter les erreurs commises en Afghanistan et en Irak, qui consistent à mettre la question militaire au cœur de notre réponse à la menace, sans s’intéresser aux questions politiques ni aux causes. Le danger est une fois de plus que nous traitions le symptôme et pas la cause.”

Le général Shaw dit que l’objectif principal de l’EIIL était de renverser les régimes établis au Moyen-Orient, pas de frapper des objectifs occidentaux. Il se pose la question de savoir si l’assassinat de deux otages britanniques et américains était une justification suffisante pour lancer cette campagne.

“L’EIIL mena une grosse incursion en Irak en juin. L’Occident ne fit rien en dépit de milliers de tués dans la population,” déclare le général Shaw. “Qu’est-ce qui a changé au cours des derniers mois ? Les décapitations d’Occidentaux à la télévision. Et cela nous a conduits à changer soudain de politique et à lancer des attaques aériennes.”

Il pense que l’EIIL pourrait avoir exécuté les otages afin de provoquer une réponse militaire de l’Amérique et du Royaume-Uni qui pourrait être présentée comme un assaut des Chrétiens contre l’Islam. “Quel intérêt éventuel y a-t-il pour l’EIIL de nous entraîner dans cette campagne ?” demande le général Shaw. “Réponse : d’unifier le monde musulman contre le monde chrétien. Nous avons été manœuvrés. Nous avons fait ce qu’ils souhaitaient que nous fassions.”

Cependant l’analyse du général Shaw reste ouverte aux questions. Même s’ils en avaient la volonté, les dirigeants d’Arabie saoudite et du Qatar sont peut-être incapables de mener une lutte idéologique contre l’EIIL. Le roi Abdallah d’Arabie saoudite a 91 ans et n’est actif que sporadiquement. Son successeur désigné, le prince Salman, a 78 ans et est d’ores et déjà considéré comme presque sénile. La direction ossifiée du royaume est probablement destinée à rester paralysée dans un futur prévisible.

Pendant ce temps, au Qatar, le nouvel émir Tamin ben Hamad al Thani n’a que 34 ans dans une région où on respecte l’âge. Que ce dirigeant formé à Harrow et Sandhurst ait l’autorité personnelle pour conduire une contre-révolution idéologique au sein de l’islam est douteux.

Étant donné que l’Arabie saoudite et le Qatar ne peuvent presque certainement pas faire ce que le général Shaw considère comme nécessaire, l’Occident peut n’avoir pas d’autre choix que de mener des actions militaires contre l’EIIL en vue de réduire la menace terroriste, à défaut de l’éliminer.

“J’ai la fâcheuse impression que nous ne faisons qu’empirer la situation. Nous gérons la situation d’une manière que nous ne comprenons pas,” dit le général Shaw. “Je suis opposé au principe d’attaquer sans objectif politique clair.”

Source : The Telegraph, le 04/10/2014

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/le-qatar-et-larabie-saoudite-ont-allume-une-bombe-a-retardement-en-financant-la-diffusion-de-lislam-radical-a-travers-le-monde-par-david-blair/


ENTRAIDE : Communication, Excel, Photos Aix et Paris, Spécialiste SEO et UX, Wikipedia

Monday 12 December 2016 at 06:18

Bonjour

Nous avons des besoins importants et assez urgents pour différents projets

Nous comptons donc vraiment sur vous…

Communication

Nous avons besoin d’une personne avec de très bonnes compétences en communication et en rédaction. Besoins ponctuels ne prenant pas trop de temps.

Excel

Nous avons aussi besoin d’une personne : 1/qui se débrouille assez bien avec Excel (graphiques)  2/ qui se débrouille assez bien en anglais 3/ qui a un peu de temps, pour m’aider pour une étude des élections américaines.

Spécialiste SEO

Nous cherchons quelques conseils d’un spécialiste en référencement SEO

Spécialiste UX

Nous cherchons de l’aide d’un spécialiste en expérience utilisateur UX.

Photos Aix et Paris

Nous cherchons des personnes pouvant réaliser des photos numériques de documents aux archives d’Aix-en-Provence et de Paris.

Wikipédia

Il nous faudrait de l’aide de personnes habitués à participer fréquemment à Wikipédia.

 

=> Contact

Contactez-nous ici en indiquant en objet le sujet sur lequel vous vous proposez…

Merci d’avance ! 🙂

Source: http://www.les-crises.fr/entraide-communication-excel-photos-aix-et-paris/


Revue de presse du 11/12/2016

Monday 12 December 2016 at 01:30

La revue du dimanche, avec en particulier un zoom contrasté sur la façon dont est abordée la crise de l’emploi en France par rapport à d’autres pays, et divers sujets sur l’accaparement (des terres, des richesses, du transport des marchandises, des recherches sur internet). Merci à nos contributeurs.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-11122016/


« Ce qui a été omis à la mort de Fidel Castro » par Noam Chomsky

Monday 12 December 2016 at 01:03

Source : Investig’Action, Marc de Miramon, Jérôme Skalski, 08-12-2016

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Le linguiste et philosophe Noam Chomsky, figure majeure du paysage intellectuel états-unien, nous a livré ses réflexions exclusives après la mort de Fidel Castro à l’occasion d’une rencontre dans les locaux de « l’Humanité » et de « l’Humanité Dimanche ».

« Les réactions à la mort de Fidel Castro diffèrent selon l’endroit du monde où vous vous trouvez. Par exemple, en Haïti ou en Afrique du Sud, c’était une figure très respectée, une icône, et sa disparition a suscité une grande émotion.

« Aux États-Unis, l’ambiance générale a été résumée par le premier titre du « New York Times », lequel indiquait en substance : « Le dictateur cubain est mort ». Par curiosité, j’ai jeté un oeil aux archives de ce journal pour voir combien de fois ils avaient qualifié le roi d’Arabie saoudite de « dictateur ». Sans surprise, il n’y avait aucune occurrence…

« Il y a également un silence absolu sur le rôle joué par les États-Unis à Cuba, la manière dont Washington a oeuvré pour nuire aux velléités d’indépendance de l’île et à son développement, dès la révolution survenue en janvier 1959. L’administration Eisenhower a tenté de renverser Castro, puis, sous celle de Kennedy, il y a eu l’invasion manquée de la baie des Cochons, suivie d’une campagne terroriste majeure.

« Des centaines, voire des milliers de personnes ont été assassinées avec la complicité de l’administration américaine et une guerre économique d’une sauvagerie extrême a été déclarée contre le régime de Fidel Castro. Cette opération, baptisée opération « Mangouste », a culminé en octobre 1962 et devait aboutir à un soulèvement à Cuba auquel Washington aurait apporté son appui.

« Mais en octobre 1962, Khrouchtchev a installé des missiles à Cuba, sans doute en partie pour contrecarrer l’opération « Mangouste » mais aussi pour compenser l’avantage militaire dont disposait l’armée américaine dans la guerre froide, conséquence du refus par Washington de l’offre de désarmement mutuel émise par Moscou. Ce fut sans doute le moment le plus dangereux de l’histoire de l’humanité.

« Personne ne se demande pourquoi Mandela, à peine libéré de prison, a rendu hommage à Fidel Castro.

« Dès la fin de la crise des missiles, Kennedy a relancé les opérations terroristes contre Cuba ainsi que la guerre économique, ce qui a eu des implications majeures sur les capacités de développement de Cuba.

« Imaginez ce que serait la situation aux États-Unis si, dans la foulée de son indépendance, une superpuissance avait infligé pareil traitement : jamais des institutions démocratiques n’auraient pu y prospérer.

« Tout cela a été omis lors de l’annonce de la mort de Fidel Castro. Autres omissions : pourquoi une personnalité aussi respectée que Nelson Mandela, à peine libérée de prison, a-t-elle rendu hommage à Fidel Castro en le remerciant de son aide pour la libération de son pays du joug de l’apartheid ?

« Pourquoi La Havane a-t-elle envoyé tant de médecins au chevet d’Haïti après le séisme de 2010 ?

« Le rayonnement et l’activisme international de cette petite île ont été stupéfiants, notamment lorsque l’Afrique du Sud a envahi l’Angola avec le soutien des États-Unis. Les soldats cubains y ont combattu les troupes de Pretoria quand les États-Unis faisaient partie des derniers pays au monde à soutenir l’apartheid.

« Sur le plan interne, à Cuba, il y avait certes une combinaison de répression, de violations des droits de l’homme, mais à quels niveaux ces abus étaient-ils liés aux attaques répétées venues de l’extérieur ? Il est difficile d’avoir un jugement clair sur cette question. Il faut également noter que le système de santé à Cuba s’est imposé comme l’un des plus efficaces de la planète, bien supérieur, par exemple, à celui que nous avons aux États-Unis.

« Et concernant les violations des droits de l’homme, ce qui s’y est produit de pire ces quinze dernières années a eu lieu à Guantanamo, dans la partie de l’île occupée par l’armée américaine, qui y a torturé des centaines de personnes dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme ». »

Cette entrevue fait partie d’un dossier de 28 pages paru dans « l’Humanité Dimanche » ( édition du 1er au 14 décembre 2016 ) à l’occasion du décès de Fidel Castro.

Source : Investig’Action, Marc de Miramon, Jérôme Skalski, 08-12-2016

Source: http://www.les-crises.fr/ce-qui-a-ete-omis-a-la-mort-de-fidel-castro-par-noam-chomsky/