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ENTRAIDE : Transcriptions, Saisies, Anglais, Photos Aix et Paris, Cholestérol

Saturday 26 November 2016 at 00:00

Bonjour

Nous avons des besoins importants et assez urgents pour différents projets

Nous comptons donc vraiment sur vous…

Transcriptions

Nous cherchons des volontaires pour transcrire sous Word des interviews audios.

Saisies

Nous cherchons un volontaire pour ressaisir sous Excels des données en pdf. Riens de compliqué.

De même si vous avez un peu de temps, nous aurions un second projet du même ordre, encore plus simple…

Photos Aix et Paris

Je cherche des personnes pouvant réaliser des photos numériques de documents aux archives d’Aix-en-Provence et de Paris.

Responsable Traductions anglaises

Je recherche un volontaire avec un bon niveau d’anglais et un peu de temps pour piloter les traductions chaque semaine.

Dossier Cholestérol

Je renouvelle l’appel lancé dans le billet sur le cholestérol : comme c’est un beau sujet sur la construction du savoir – et sur la propagande ! -, j’aimerais le creuser. Nous cherchons donc des volontaires intéressés par le sujet et la thématique ; il ne faut nullement être un pro de la santé, mais des profils scientifiques, curieux, sachant fouiner le web, seraient bienvenus – même de façon très ponctuelle (genre quelques heures), pour creuser certains points (plus on sera nombreux, plus ce sera simple).

=> Contact

Contactez-nous ici en indiquant en objet le sujet sur lequel vous vous proposez…

Merci d’avance ! 🙂

Source: http://www.les-crises.fr/entraide-transcriptions-saisies-anglais-photos-aix-et-paris-cholesterol/


L’Empire contre-attaque, par Chris Hedges

Friday 25 November 2016 at 02:20

Source : Truthdig, le 02/10/2016

Un garçon brandit un drapeau avec le portrait au pochoir de Rafael Correa, le président de l'Équateur, durant la convention Alianza PAIS à Quito, ce samedi. Correa est le leader du parti. (Dolores Ochoa / AP)

Un garçon brandit un drapeau avec le portrait au pochoir de Rafael Correa, le président de l’Équateur, durant la convention Alianza PAIS à Quito, ce samedi. Correa est le leader du parti. (Dolores Ochoa / AP)

Une décennie auparavant, les gouvernements de gauche, défiant Washington et les lobbies mondialisés, ont pris le pouvoir au Brésil, en Argentine, au Paraguay, au Venezuela, en Uruguay, en Bolivie et en Équateur. Il semblait que la vague en Amérique latine renversait tout. L’ingérence de Washington et l’exploitation par des entreprises internationales pourraient finalement être vaincues. Les gouvernements latino-américains, dirigés par des leaders charismatiques tels que Hugo Chavez au Venezuela, Luiz Inácio Lula da Silva au Brésil, Evo Morales en Bolivie et Rafael Correa en Équateur, ont remporté d’énormes victoires électorales. Ils ont institué des réformes socialistes qui ont bénéficié aux pauvres et à la classe ouvrière. Ils ont refusé d’être des marionnettes des États-Unis. Ils ont pris le contrôle des ressources de leurs pays ainsi que leur destinée. Ils ont construit la première révolte réussie contre le néolibéralisme et la domination des entreprises. Ce fut une révolte que beaucoup aux États-Unis espéraient importer ici-même.

Mais les mouvements et gouvernements d’Amérique latine sont devenus des proies face aux sombres forces de l’impérialisme américain et la fureur du monde des affaires. Les ruses longtemps appliquées par Washington et ses entreprises alliées sont de retour : la propagande “noire”, la manipulation des médias, les pots-de-vin et la corruption des politiques, généraux, policiers, responsables syndicaux et journalistes, le coup d’État législatif, l’étranglement économique, le discrédit des leaders élus démocratiquement, la criminalisation de la gauche, et l’utilisation d’escadrons de la mort pour faire taire et faire disparaitre ceux qui prennent  la défense des pauvres. C’est un jeu ancien et sale.

Le président Correa, qui a subi l’inimitié de Washington pour avoir accordé l’asile politique à Julian Assange il y a quatre ans et pour avoir fermé la base militaire aérienne américaine de Manta en 2009, a prévenu récemment qu’une nouvelle version de l’Opération Condor était en place en Amérique latine. L’Opération Condor, active dans les années 1970 et 1980, a vu des milliers de syndicalistes, de dirigeants communautaires, d’étudiants, de militants, d’hommes politiques, de diplomates, de chefs religieux, de journalistes et d’artistes être torturés, assassinés et disparaître. Les chefs du renseignement des régimes de droite en Argentine, Bolivie, Chili, Paraguay, Uruguay et, plus tard, du Brésil avaient supervisé les campagnes de terreur. Ils ont reçu des fonds des États-Unis, le soutien logistique et la formation de la Central Intelligence Agency. La liberté de la presse, les organisations syndicales, toutes les formes de dissidence artistique et d’opposition politique ont été supprimées. Dans un effort coordonné, ces régimes démembraient brutalement les mouvements radicaux et gauchistes à travers l’Amérique latine. Rien qu’en Argentine 30 000 personnes ont disparu.

L’Amérique latine semble prête à être plongée de nouveau dans une période de contrôle dictatorial et de pure exploitation par les entreprises privées. Les gouvernements de l’Équateur, de la Bolivie et du Venezuela, qui est au bord de l’effondrement, ont dû combattre des tentatives de coup d’État de droite et de sabotage économique continu. Le sénat brésilien a destitué la présidente démocratiquement élue Dilma Rousseff. Le nouveau président de l’aile droite de l’Argentine, Mauricio Macri, financé par les fonds spéculatifs américains, a remboursé rapidement ses bienfaiteurs en remettant 4,65 milliards de dollars à quatre fonds spéculatifs, incluant Elliott Management dirigé par le milliardaire Paul Singer. La rétribution des fonds spéculatifs qui avaient acheté la dette argentine à quelques pennies pour un dollar signifie que la firme de Singer a pris 2,4 milliards de dollars, un montant de 10 à 15 fois l’investissement initial. Le gouvernement argentin précédent, sous Cristina Fernández de Kirchner, avait refusé de payer la dette acquise par les fonds spéculatifs et les avait férocement qualifiés de « fonds vautours ».

J’ai interviewé Guillaume Long, le ministre de l’Équateur des Affaires étrangères et de la mobilité humaine, pour mon spectacle “On Contact” la semaine dernière. Long, qui a obtenu un doctorat de l’Institut pour l’Étude des Amériques à l’Université de Londres, a lancé un appel à l’Organisation des Nations Unies pour la création d’une agence mondiale de réglementation fiscale. Il a dit qu’une telle agence devrait forcer les sociétés esquivant l’impôt, dont le Fonds monétaire international estime les coûts pour les pays en développement à plus de 200 milliards de dollars par an en perte de revenus, à payer les pays pour les ressources naturelles qu’elles extraient et pour les pertes nationales résultant d’accords privés souvent secrets. Il a également demandé l’abolition des paradis fiscaux à l’étranger.

Long dit que les politiques économiques néolibérales des années 1980 et 90 ont été profondément destructrices en Amérique latine. Les faibles contrôles économiques existants ont été abandonnés au nom du libre-échange et de la déréglementation. Les sociétés et les banques internationales ont reçu le permis d’exploiter. « Cette déréglementation dans un environnement déjà déréglementé » a donné lieu à l’anarchie, dit Long. « Les gens puissants ont même eu moins de contrôles et de contrepoids à leurs pouvoirs, » a-t-il dit.

« Le néolibéralisme est mauvais dans la plupart des contextes, » dit Long quand nous avons parlé à New York. « Il a été mauvais en Europe. Il a été mauvais dans d’autres parties du monde. Il a démantelé l’État-providence. Dans le contexte où nous avions déjà un État faible, où les institutions ne sont pas consolidées, où il y a de forts vestiges féodaux, comme en Amérique latine, où vous n’avez pas vraiment un fort contrat social avec des institutions, avec la modernité, le néolibéralisme brise simplement toute espèce de pacte social. Cela signifie plus de pauvreté, plus d’inégalités, d’énormes vagues d’instabilité. »

Les pays ont vu les services de base, dont plusieurs déjà insuffisants, réduits ou éliminés au nom de l’austérité. Les élites ont amassé des fortunes alors que presque tout le monde est tombé dans la misère économique. Le paysage politique et économique est devenu instable. L’Équateur a eu sept présidents entre 1996 et 2006, l’année où Correa a été élu. Il a subi une crise bancaire massive en 1999. Il a abandonné la monnaie du pays pour le dollar américain en désespoir de cause. Le chaos en Équateur a été répercuté dans les pays tels que la Bolivie et l’Argentine. L’Argentine, en 1998, est tombée dans une dépression qui a vu l’économie se contracter de 28%. Plus de 50% des Argentins ont plongé dans la pauvreté.

« L’Amérique latine, » a déclaré Long, « avait touché le fond. »

C’est à partir de ce bourbier néolibéral que la gauche s’est regroupée et a pris le pouvoir.

« Les peuples sont parvenus à mettre un terme à ce moment de leur histoire, » dit Long. « Ils ont décidé de reconstruire leurs sociétés et de lutter contre l’interventionnisme étranger et je dirais même l’impérialisme. À ce jour en Amérique latine, la question principale est l’inégalité. L’Amérique latine n’est pas nécessairement le continent le plus pauvre du monde. Mais il est certainement le continent le plus inégalitaire du monde. »

« L’Équateur est un producteur de pétrole, » a déclaré long. « Nous produisons environ 530 000 barils de pétrole par jour. Nous recevions 20% de redevances des multinationales d’extraction de pétrole. Maintenant, c’est l’inverse. C’est nous qui payons une redevance aux multinationales d’extraction. Nous avons dû renégocier tous nos contrats pétroliers en 2008 et 2009. Certaines multinationales ont refusé de se conformer aux nouvelles règles du jeu et ont quitté le pays. Alors, notre compagnie pétrolière d’État entra en jeu et occupa les puits. Mais la plupart des multinationales ont dit OK, on y va, c’est toujours rentable. Alors maintenant, c’est dans l’autre sens. Nous payons des entreprises privées pour extraire le pétrole, mais ce pétrole est à nous. »

Long admit qu’il y a eu de sérieux revers, mais insista sur le fait que la gauche n’est pas décomposée.

« Ça dépend de la façon de mesurer le succès, » dit-il. « Si vous mesurez en termes de longévité, et combien de temps ces gouvernements étaient au pouvoir — dans notre cas, nous sommes toujours au pouvoir, bien sûr, et nous allons gagner en février l’année prochaine — alors ce que vous voyez, au Venezuela plus ou moins 17 ans [que les gouvernements de gauche ont été au pouvoir], en Équateur 10 ans maintenant, et en Argentine et au Brésil, 13 années. »

« Une des critiques visant la gauche est qu’ils sont bien intentionnés, des gens valables avec de bonnes idées, mais qu’on ne doit pas les laisser gouverner parce que le pays va faire faillite, » dit-il. « Mais en Équateur nous avons eu des taux de croissance très sains, 5 à 10 pour cent par an. Nous avons eu beaucoup de bons résultats économiques. Nous avons diversifié notre économie. Nous avons délaissé l’importation de 80% de l’énergie pour [devenir] exportateurs nets d’électricité. Nous avons fait de grandes réformes dans l’enseignement, dans l’enseignement supérieur. Beaucoup de choses qui ont eu du succès sur le plan économique. Alors que l’économie néolibérale, orthodoxe, a échoué la décennie précédente ».

Long a reconnu que son gouvernement s’est créé de puissants ennemis, pas seulement en accordant l’asile politique à Assange dans son ambassade à Londres, mais en assignant Chevron Texaco en Cour de justice pour essayer d’obtenir réparation des dommages écologiques causés par ses déversements massifs de pétrole en Amazonie, où la compagnie a foré depuis le début des années soixante jusqu’à son expulsion en 1992. Elle a laissé derrière elle quelques mille fosses à déchets toxiques. Les déversements de pétrole représentent collectivement quatre-vingt-cinq fois la taille du déversement de la British Pétroleum dans le Golfe du Mexique et dix-huit fois la quantité de la marée noire de l’Exxon Valdez. Une Cour équatorienne a ordonné à Chevron Texaco de payer 18,2 milliards de dollars en dédommagement, un montant réduit plus tard à 9,5 milliards de dollars. Le géant du pétrole, de toute façon, a refusé de payer. L’Équateur s’est tourné vers les Cours internationales dans une tentative pour arracher le paiement à la compagnie.

Long a dit que la différence entre les épandages massifs de pétrole ailleurs et les déversements équatoriens étaient que ces derniers n’étaient pas accidentels. “[Ils ont été faits] à dessein pour réduire les coûts. Ils étaient au milieu de l’Amazonie. Normalement, ce que vous auriez dû faire c’est extraire le pétrole et placer ces membranes qui permettent d’empêcher les infiltrations dans le sol. Ils n’ont pas posé ces membranes. Le pétrole s’est infiltré dans le réseau d’eau. Il a pollué l’ensemble du réseau de rivières de l’Amazone. Il a créé un énorme problème sanitaire et de santé publique. Il y a eu beaucoup de cancers détectés.”

Long a dit que son gouvernement était parfaitement conscient que Chevron Texaco avait “un énorme pouvoir de lobbying aux États-Unis, à Wall Street, à Washington.”

« Il y a beaucoup de choses qui ne se voient pas, » en parlant de la campagne de déstabilisation contre son gouvernement et les autres gouvernements de gauche. “Les avantages que nous pourrions récolter, les investissements que nous ne recevrons pas parce que nous avons été souverainistes. Dans le cas de [l’Équateur fermant] la base aérienne américaine de Manta, nous aurions aimé que les américains comprennent et ça a été le cas. Mais ce fut un geste audacieux. Nous avons déclaré “plus jamais ça.” Nous l’avons déclaré dans notre constitution. Nous avons écrit une nouvelle constitution en 2008. Ce fût un vibrant moment de notre histoire. Nous avons établi de nouvelles règles du jeu. Nous avons l’une des constitutions les plus progressistes du monde. Elle déclare effectivement les droits de la Nature. C’est la seule constitution qui déclare les droits de la Nature, et pas seulement les droits de l’Homme. Nous avons libéré le territoire équatorien des bases militaires étrangères. Il n’y avait pas d’autre moyen. Mais il y a des conséquences à vos actes. »

Une de ces conséquences fut un coup d’État avorté en 2010 par les membres de la Police Nationale équatorienne. Il a été réprimé par la force. Long accusa les nombreuses ONG occidentales en Équateur et dans la région de financer les partis de droite. Les militaires, les chefs de la police et aussi des politiciens en Amérique latine ont été depuis longtemps sur les fiches de paye de la CIA. Le président Correa en 2008 a renvoyé son ministre de la Défense, le chef du renseignement des armées, les commandants de l’armée et de l’armée de l’air, et les chefs interarmées, disant que le renseignement équatorien était “totalement infiltré et soumis à la CIA.”

“Il y a une conspiration internationale en ce moment, certainement contre les gouvernements de progrès,” dit-il. ” Il y a eu quelques revers électoraux en Argentine, et le Venezuela est dans une situation difficile. Les médias dénoncent cela d’une certaine façon, mais oui, c’est sûr, le Venezuela affronte de sérieux problèmes. Il y a une tentative de tirer parti de la chute des prix des produits essentiels et de renverser [le gouvernement]. On vient juste d’assister à un coup d’État parlementaire au Brésil. [La présidente Dilma Rousseff] a été élue avec 54 millions de voix. Le Labor Party (parti travailliste) est au pouvoir au Brésil depuis 13 ans. Le seul moyen pour les partis de droite de se débarrasser d’eux est de faire un coup d’État. Ils ne peuvent rien obtenir du suffrage universel.”

Long a déclaré que même si la gauche subit des revers électoraux, il sera difficile pour la droite de réinstaller une politique strictement néolibérale.

“Il y a un terrain politique durement disputé entre une droite traditionnelle et la gauche radicale,” dit-il. “Une gauche radicale, qui a prouvé sa capacité à réduire la pauvreté, les inégalités, et à conduire l’économie, eh bien elle possède des jeunes cadres qui ont été ministres du gouvernement et autres postes. Je pense que tôt ou tard, elle reviendra au pouvoir.”

Les “entreprises-léviathans” et les agences impérialistes qui travaillent pour elles remodèlent à nouveau l’Amérique latine en un paradis pour l’exploitation par les entreprises capitalistes. C’est l’éternelle histoire du combat du faible contre le fort, du pauvre contre le riche, de l’impuissance contre le pouvoir, et de ceux qui veulent être libérés des forces impérialistes.

« Il n’y a pas de limites dans ce combat à mort, » a déclaré Ernesto “Che” Guevara. “Nous ne pouvons pas être indifférents à ce qui se passe partout dans le monde, car une victoire d’un pays contre l’impérialisme est notre victoire ; exactement comme une défaite est notre défaite.”

Source : Truthdig, le 02/10/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/lempire-contre-attaque-par-chris-hedges/


[En passant] Pour François Fillon…

Friday 25 November 2016 at 01:59

Je me demandais si la malédiction allait cesser.

Ben non, en fait, grâce au “Travaillez plus pour gagner moins” de la thérapie-de-choc-sans-thérapie de Fillon :

gagner-moins

(Genre je ne mettrais pas la fin de l’ISF dans le “Tout le monde gagnera moins”)

Et n’oublions pas le :

François Fillon, lui, base ses 100 premiers jours entre le 1er juillet et le 30 septembre :

“Vous parlez d’un modèle social qui génère six millions de chômeurs, deux millions de jeunes sans formation, un modèle qui se traduit par le déclassement des classes moyennes, qui n’arrive pas endiguer l’explosion de la pauvreté, qui ne permet même pas aux Français d’être logés correctement.”

“Ce modèle social français n’existe plus aujourd’hui. On n’est pas en 1945, on est dans un monde ouvert, on a besoin de changer profondément ce modèle pour qu’il soit plus juste.”

François Fillon estime qu’il ne doit plus y avoir de durée légale du travail. Tout doit être négocié au sein de l’entreprise. Avec une limite maximale quand même, fixée par l’Union européenne, de 48h par semaine. Pour François Fillon, “il faut vraiment en terminer” avec les 35h.

“Alain Juppé ne veut pas vraiment changer les choses. Il propose des modifications qui ne changeront pas fondamentalement le pays. Tout le monde doit faire un effort, travailler plus et gagner un peu moins. Je n’accepte pas qu’on dise ‘c’est impossible’.”

“Il ne s’agit pas de supprimer des postes de fonctionnaires pour le plaisir, on sait qu’on a besoin de fonctionnaires. Pourquoi je propose 500.000 ? Parce que j’augmente le temps de travail. Vous aurez toujours autant d’heures de travail de policiers, infirmiers, si j’augmente le temps de travail.”

[OB : c’est bien connu les policiers ou les services de santé sont tous à 35 heures, heum…]

“La France n’a pas vocation à être multiculturelle ; la France a une histoire, une langue. Nous n’avons pas fait le choix du communautarisme, du multiculturalisme. Ce n’est pas le choix que je veux pour notre pays. Quand un étranger vient dans notre pays, il doit s’intégrer, respecter notre héritage. Quand on vient dans la maison d’un autre, par courtoisie, on ne prend pas le pouvoir..”

[OB : trèèèèès amusant de la part de l’héritier de l’Algérie Française… Les Français ayant bien sûr toujours respecté les héritages locaux des colonies…]

” La question fondamentale, c’est comment aller de l’avant, comment entrer dans le monde d’aujourd’hui… En conservant les valeurs qui sont les nôtres, cette culture, cette langue, cette référence.”

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Intéressant, le gars n’est plus très loin de me convaincre d’aller prendre l’air dimanche…

Source: http://www.les-crises.fr/en-passant-pour-francois-fillon/


Merkel-Fillon ou la glaciation économique de la zone euro, par Romaric Godin

Friday 25 November 2016 at 01:10

Source : La Tribune, Romaric Godin, 22/11/2016

Quelle sera la politique européenne de François Fillon en cas d'élection ? (Crédits : Reuters)

Quelle sera la politique européenne de François Fillon en cas d’élection ? (Crédits : Reuters)

Le programme de gouvernance de la zone euro de François Fillon est très proche des projets de Wolfgang Schäuble et d’Angela Merkel. 2017 devrait, dans ce cas, préluder d’un retour des politiques perdantes des années 2010-2013.

A quoi ressemblera la gouvernance économique de la zone euro dans un an ? Politiquement, rien n’est évidemment encore certain. Mais, après ce week-end, on peut suggérer une hypothèse quant à ceux qui dirigeront les deux plus importants Etats membres de l’Union économique et monétaire. En Allemagne, la décision d’Angela Merkel de se représenter rend très probable son maintien au pouvoir après les élections de septembre 2017, même si la constitution d’une coalition pourrait être difficile. En France, l’hypothèse d’une victoire de François Fillon à l’élection présidentielle de mai 2017 doit désormais être prise très au sérieux. Ce duo Merkel-Fillon devrait donc prendre les rênes de la  zone euro. Avec quels objectifs ?

Wolfgang Schäuble devrait rester en place

En Allemagne, il y a fort à parier que rien ne devrait changer. Pour la gestion de la zone euro, Angela Merkel fera toujours confiance, dans l’hypothèse de sa reconduction, à son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble. Ce dernier, malgré son âge avancé (74 ans) demeurera sans doute à la Wilhelmstrasse, siège du ministère des Finances. Plusieurs arguments soutiennent cette idée. D’abord, l’homme vient d’annoncer qu’il se représenterait à la députation dans son fief d’Offenburg, non loin de Strasbourg. Cette nouvelle candidature affirme sa volonté de ne pas « décrocher » et donc de conserver un poste à responsabilité après les élections. Or, personne en Allemagne ne dispose d’un prestige équivalent à Wolfgang Schäuble pour diriger les Finances. Il est le ministre qui a réussi à équilibrer les comptes fédéraux pour la première fois depuis 1969. Du reste, aucun allié potentiel futur d’Angela Merkel ne peut prétendre à ce poste stratégique.

La vision allemande de l’avenir de la zone euro

Quelle est la position allemande sur l’avenir de la zone euro ? C’est celle du statu quo. Berlin refuse toute intégration supplémentaire, et notamment toute « socialisation » des dettes ou toute coordination des politiques économiques en dehors de l’ajustement unilatéral des pays en déficit. Dans les jours qui ont suivi le Brexit, les ministres des Affaires étrangères français et allemand avaient proposé d’en finir avec ces deux piliers de la politique allemande. Le projet a été écarté rapidement sur le refus de Wolfgang SchäubleCe dernier a donc logiquement repoussé également la proposition de la commission de donner à la zone euro une impulsion budgétaire de 0,5 % du PIB l’an prochain, impulsion que seule l’Allemagne aurait pu donner dans le cadre actuel et qui aurait été le prélude à la constitution d’un « policy mix », une politique économique de la zone euro. Berlin est également par la voix de son ministre des Finances très critique vis-à-vis de la politique monétaire de la BCE qu’elle juge trop laxiste et trop incitative aux déficits, alors même que le déficit public global de la zone euro est désormais à 1,8 % du PIB et ne cesse de se réduire.

Le projet européen de François Fillon : recentrage sur la zone euro

Face à cette position qui devrait durer après les élections de 2017 dans la mesure où le duo Merkel/Schäuble va perdurer et où cette politique correspond à une conviction profonde du ministre allemand des Finances, déjà énoncé voici vingt ans, quelle sera la position française dans l’hypothèse d’une élection à l’Elysée de François Fillon ? La campagne de la primaire de la droite et du centre n’aura guère permis d’y voir réellement clair dans la mesure où l’Europe a été un sujet quasiment totalement absent des débats.

Pour autant, le nouveau favori de la primaire de la droite et du centre dispose d’un programme européen de deux pages publié en juillet 2016 où il est question de la gouvernance de la zone euro. L’invocation des mânes du Général de Gaulle et de Philippe Séguin, l’ancien mentor de François Fillon, est de pure forme, ainsi que l’appel à la construction d’une « Europe des Nations ». Le candidat annoncé de la droite n’entend pas revenir sur l’euro, mais propose un « projet européen recentré sur la zone euro qui sera engagé dès mai 2017 avec un calendrier précis établi à l’avance ».

Harmonisation fiscale

Cette réforme repose sur l’idée de l’harmonisation des « politiques budgétaires et fiscales » au sein des Dix-Neuf visant à rapprocher « en une dizaine d’années la fiscalité sur les entreprises au sein des Etats membres de la zone euro » débouchant « à terme » sur un Trésor européen « avec mise en commun des dettes ». Pour parvenir à cet objectif, François Fillon compte, comme les deux derniers présidents français, sur le « couple franco-allemand ». D’ici « trois ans », les deux pays devront en effet « se doter d’un impôt sur les sociétés à taux unique, de taux de TVA et d’une fiscalité sur le capital harmonisés ». Un vieux projet, officiellement défendu par François Hollande et Nicolas Sarkozy, mais qui n’a jamais été réellement appliqué compte tenu des différences considérables entre les deux pays en termes de structures fiscales.

De nouvelles institutions

Sur le plan de la gouvernance de la zone euro, François Fillon se veut fidèle à son idée « d’Europe des Nations garante de la souveraineté » et ne propose donc pas un véritable fédéralisme. Le centre du pouvoir devrait demeurer au sein des Etats membres et non au sein de la Commission et du parlement européen. Mais François Fillon veut néanmoins renforcer l’intégration de la zone euro par la création d’un « directoire politique » chargé de « se fixer des objectifs d’harmonisation budgétaire, fiscales et de règles d’endettement », mais aussi par un « véritable gouvernement économique de la zone euro », d’abord au niveau de l’Eurogroupe, mais ensuite à celui des chefs d’Etat. Ce gouvernement se fera sous le contrôle des parlements nationaux. Néanmoins, François Fillon défend la création d’un « secrétariat général de la zone euro complètement autonome de la Commission » qui assurera le suivi et la gestion de la zone économique ». Quant à la BCE, elle sera aussi responsable de « l’emploi et de la croissance ».

Une politique économique unilatérale

Globalement, le projet de François Fillon semble particulièrement proche des conceptions de Wolfgang Schäuble. On constate d’abord une concentration des objectifs sur les « réformes » et l’ajustement budgétaire unilatéral des Etats-membres. L’harmonisation fiscale franco-allemande n’a pas d’autre sens : les taux d’imposition allemands étant inférieurs et peu susceptibles d’être remontée, tout l’effort sera porté par la France et, globalement, par les pays en déficits et aux impositions fortes. Ceci supposera dans ces pays un ajustement violent. La question demeurera de savoir que faire des pays à faible imposition comme l’Irlande, Chypre ou les Pays-Bas. Ces pays refuseront sans doute de casser la poule aux œufs d’or et l’harmonisation risque de demeurer limitée, donc inefficace.

Deuxième élément de proximité avec la vision allemande : l’absence de « centres fédéraux ». La gouvernance de la zone euro demeurera intergouvernementale. Or, la gestion intergouvernementale de la crise a montré ses limites et a prouvé son incapacité à mettre en place une véritable solidarité au sein de la zone euro. Seule exception : le « secrétariat général de la zone euro » proposé par François Fillon ressemble étrangement au « ministre des Finances » de la zone euro de Wolfgang Schäuble qui doit se substituer à la Commission pour imposer réformes et consolidation budgétaire « conformément aux règles ».

Du reste, dans le projet de François Fillon, la gouvernance européenne n’est pas susceptible de traiter d’autres sujets que ceux de l’ajustement budgétaire et fiscal. En complément de la politique accommodante de la BCE, François Fillon n’envisage ainsi pas de relance comme la Commission actuellement, mais des « vraies réformes structurelles », « un calendrier sur la réduction des déficits », « une accélération des réformes structurelles ». Autrement dit, le candidat à la primaire de la droite et du centre propose une politique fortement déflationniste pour compléter la politique reflationniste de Mario Draghi au niveau de la zone euro.

Le retour de la stratégie de Deauville

Quoique très proche des positions de Wolfgang Schäuble, le projet de François Fillon comporte certains éléments inacceptable actuellement par Berlin : l’évolution vers une socialisation des dettes dans un Trésor européen et la mise en place d’une responsabilité de la BCE en termes de croissance et d’emploi. Pour convaincre l’Allemagne – dont, on l’a vu, la politique officielle reste le statu quo – de le suivre, François Fillon propose un « contrat » à Berlin : la France fera des réformes. Cet échange de bons procédés entre les réformes françaises et l’acceptation allemande de plus d’intégration est un des grands mythes de la politique française depuis l’entrevue de Deauville entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel en octobre 2010. Il n’a jamais montré d’autres vertus en termes de politiques européennes que de conduire à des délais de grâce pour la consolidation budgétaire française.

Le jeu perdant du mythe « réformes contre intégration européenne »

En réalité, à ce petit jeu, la France, comme la plupart des autres pays de la zone euro, se place volontairement dans une position de faiblesse dont il est difficile de sortir, car l’Allemagne, qui ne veut pas bouger vers plus de solidarité, se montre constamment insatisfaite. Malgré leurs politiques violentes depuis 2010, ni la Grèce, ni l’Espagne, ni le Portugal n’ont « assez » réformé pour Wolfgang Schäuble… La stratégie de François Fillon ressemble à celle de Nicolas Sarkozy de 2010 à 2012, lorsque lui-même était premier ministre. Le président français n’avait alors réussi à arracher quelques concessions à Berlin, comme le Mécanisme européen de stabilité, qui remplaçait un dispositif existant, le FESF, qu’à un prix élevé, celui du pacte budgétaire et de l’officialisation des politiques d’austérité dans le cadre du MES. Ici, il y a fort à parier que Berlin garde ce qui lui convient dans les propositions de François Fillon en refusant ce qui l’irrite, comme le Trésor européen ou la réforme de la BCE. Le projet Fillon pourrait donc voir le jour, c’est même en réalité le seul possible, puisque c’est le seul acceptable par l’Allemagne. Mais ce sera surtout un projet Schäuble.

Crise inévitable

Avec un tel duo franco-allemand à sa tête, qu’adviendra-t-il à la zone euro ? Toute idée de relance sera abandonnée. Pire même, l’effet de la politique budgétaire en zone euro deviendra franchement négative, avec la France, l’Espagne et l’Italie qui devront mener des politiques restrictives, tandis que l’Allemagne conservera sa position. Rien ne sera fait pour résorber l’excédent courant allemand, rendant l’ajustement unilatéral encore plus complexe. Ce sera une nouvelle « glaciation » de la politique économique en zone euro, alors même que les Etats-Unis, le Japon et le Royaume-Uni relanceront leurs économies et attireront les investissements. Les forces déflationnistes et récessives seront à nouveau libérées, contraignant la BCE à maintenir une politique ultra-accommodante ou à accepter un resserrement des taux dans une nouvelle période d’ajustement budgétaire. Dans les deux cas, les risques d’une nouvelle crise – à laquelle l’euro aura peut-être du mal à survivre – seront beaucoup plus élevés.

Source : La Tribune, Romaric Godin, 22/11/2016

Source: http://www.les-crises.fr/merkel-fillon-ou-la-glaciation-economique-de-la-zone-euro-par-romaric-godin/


François Fillon, clarté et incohérences, par Jacques Sapir

Friday 25 November 2016 at 00:30

Source : Russeurope, Jacques Sapir22/11/2016

Le succès de François Fillon au premier tour de la primaire de la Droite et du Centre a été spectaculaire. Avec plus de 44% des suffrages il a presque 16 points d’avance sur le deuxième, Alain Juppé, et pratiquement 23,5 points d’avance sur Nicolas Sarkozy, qui est éliminé. Ce succès s’explique par le double mouvement de rejet dont ont été l’objet tant Nicolas Sarkozy qu’Alain Juppé. On savait les français lassés par l’ancien président, qui n’avait quitté la politique que pour mieux y revenir. Sous des dehors de fermeté, sa versatilité, mais aussi ses compromissions, l’ont trahi. Quant à Alain Juppé, il paye au prix fort l’ambiguïté de son personnage, qui se dit de droite mais n’a de cesse de vouloir draguer la gauche. Il a aussi souffert de sa superbe et de son arrogance, de son petit côté Aznavour chantant « Je m’voyait déjà, en haut de l’affiche… »[1]. Mais il a prouvé qu’il ne suffit pas d’être vieux pour avoir du talent.

François Fillon, quant à lui n’a rien caché de ses opinions, et s’affirme un homme de droite, de la droite catholique qui a toujours existé en France. L’honnêteté paye en politique, et c’est une bonne nouvelle. Il ne reste plus qu’à espérer que le candidat de la gauche réelle, on veut parler de Jean-Luc Mélenchon, sera aussi au premier tour de la Présidentielle. La clarté des opinions vaut cent fois le clair-obscur d’un Juppé ou d’un Macron.

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La percée de François Fillon

La probabilité désormais pour que François Fillon soit le candidat des « Républicains » à l’élection présidentielle de 2017 est donc importante. On ne peut, pourtant, exclure une mobilisation in extremis d’électeurs de gauche allant voter à la primaire de la Droite et du centre pour éliminer celui qu’ils considèrent comme « le pire » des candidats. Ce scénario est rendu possible par les règles même d’organisation de la primaire, qui permet toutes les manipulations. Mais, ce serait un comble d’immoralité et de malhonnêteté politique. Si l’on en croit les sondeurs, 15% des électeurs au premier tour de cette primaire sont venus de ce que l’on appelle la « gauche ». Cela représenterait 600 000 voix sur les 4 millions de suffrages[2]. Il n’est donc pas impossible que le résultat du scrutin, en ce qui concerne l’élimination de Nicolas Sarkozy, ait pu être faussé par ce vote, que l’on qualifie de « stratégique » d’électeurs de « gauche ». En effet, la différence entre Alain Juppé et Nicolas Sarkozy était d’environ 330 000 voix (8 points), et l’on ne peut donc exclure, si l’on considère que les électeurs venus de la « gauche » se sont majoritairement portés sur Alain Juppé, que ceci ait influencé le résultat final. Voilà qui montre bien le caractère non démocratique et manipulatoire des primaires dites « ouvertes »[3]. Ceci valide l’idée que les « frontières » sont bien importantes pour la démocratie, une idée dont certains des adversaires des « primaires », n’est-ce pas Alexis Corbière, feraient bien de reconnaître…

Certains candidats ont donc décidé de rejeter ce système, et ils ont bien fait.

L’émergence de François Fillon comme probable vainqueur de la primaire de la Droite et du Centre implique une modification de l’échiquier politique. A l’inverse d’Alain Juppé, ce candidat aura – du moins en apparence – un programme à la fois plus radical en économie, mais aussi plus appuyé sur ce qu’il appelle la souveraineté de la Nation. On peut, à l’évidence, douter de cela, tout comme l’on peut aussi douter de l’efficacité du programme économique. François Fillon apparaît comme un homme respectable, mais dont le projet est aussi gros de fortes incohérences.

Les contradictions de François Fillon

Ce n’est pas sur l’éducation, où il prend assez courageusement le contre-pied des positions pédagogistes de la gauche comme de la droite, ou sur la politique extérieur qu’il faut, au premier regard les chercher. On ne peut qu’approuver la volonté de prendre ses distances avec l’Arabie Saoudite, pays qui finance l’expansion du salafisme à l’échelle internationale, et qui s’enfonce chaque jour un peu plus dans une crise qui le conduira à l’éclatement. De même, la volonté affichée de se rapprocher et de l’Iran et de la Russie fait sens. Encore que, en politique extérieur, on peut et on doit s’interroger sur la cohérence qu’il y a à vouloir construire une politique commune au niveau de l’Union européenne, dont on ne sait que trop qu’elle est traversée de courants et de positions contradictoires, et l’affirmation – certes, bienvenue – d’une politique différente sur le Moyen-Orient et sur la Russie. Nommé Président, s’il y parvient, François Fillon devra ici choisir entre les intérêts de l’Allemagne et ceux de la France. Et, sur ce point, il semble bien qu’il y ait incompatibilité. Dès lors, que vaudront ses proclamation d’attachement à la foi européenne, ce que d’aucuns taxeraient d’européisme, et sa volonté de faire avancer l’indépendance nationale et la souveraineté française ? On sait que François Fillon avait, à la suite de Philippe Séguin, appelé à voter « non » au traité de Maastricht, un choix qu’il dit maintenant regretter. C’est son droit le plus strict. Néanmoins, cela lui ôte bien de la crédibilité quand il parle de la souveraineté de la France.

On ne court pas impunément deux lièvres à la fois ; à jouer à ce jeu on peut facilement tout perdre, et une élection, et sa réputation.

Les incohérences de François Fillon

On n’attaque pas François Fillon comme on attaquerait Nicolas Sarkozy, un homme qui s’est tellement déjugé et parjuré ces dernières années que l’on en a le tournis, ni comme on attaquerait un Alain Juppé, certes matois maire de Bordeaux, mais dont la carrière contient de si nombreux couacs, à commencer par le mouvement social de 1995 et jusqu’à sa responsabilité dans le chaos Libyen, qu’il suffit de les rappeler pour le discréditer.

François Fillon a, quant à lui, été Premier ministre pendant cinq ans, de 2007 à 2012. Elu pour la première fois à l’Assemblée Nationale en 1981 (il y a donc 35 ans de cela), il n’est pas ce que l’on appelle un perdreau de l’année, et il convient donc de lui demander des comptes sur son action passée. S’il a eu des désaccords avec Nicolas Sarkozy, il lui est toujours resté fidèle et n’a jamais démissionné. Il doit donc assumer sa part d’héritage et de responsabilités.

François Fillon, il convient de le reconnaître, a dit des choses justes sur la sécurité publique et la lutte contre le terrorisme. Son dialogue avec le juge Trévidic sur France-2 il y a quelques semaines (le 24 octobre) en portait la marque. Mais, on ne peut prétendre restaurer l’autorité de l’Etat et vouloir supprimer 500 000 postes de fonctionnaires sans une totale incohérence.

Que François Fillon pense que dans certaines activités il y a trop de fonctionnaires n’est pas un crime. Qu’il ne comprenne pas que la fonction publique qui est directement au contact avec le crise de la société, les policiers, les pompiers, les infirmières, les enseignants et quelques autres, est à bout de force, souffre dans ses conditions de travail d’un profond manque d’effectif tout comme de soutien de sa haute hiérarchie, est largement démobilisée par des conditions salariales indignes, est la preuve qu’il ne comprend pas la crise que la France traverse. Ou alors pire, qu’il ne VEUT pas la voir ayant chaussé les lunettes du dogmatisme le plus rigide.

Il est certain que la fonction publique est aujourd’hui mal distribuée. Mais, elle n’est pas en sureffectifs globaux. Elle est au même niveau, par nombre d’habitants, que ce que l’on peut avoir dans des pays voisins comme l’Allemagne ou la Grande-Bretagne. Vouloir aggraver les conditions de travail en joignant au manque d’effectif une surcharge d’horaire, dont on rappelle qu’elle est nommément prévue dans son projet, est une lourde faute qui risque – si cette politique est appliquée – de provoquer un effondrement de pans entiers de l’appareil d’Etat à un moment critique de notre histoire. Notons ici qu’Alain Juppé n’est pas en reste sur cette idée de diminution des fonctionnaires. L’un et l’autre ont donc sur ce point des positions irresponsables.

Contre Fillon ?

Ses positions sur l’économie sont connues. Il est cependant faux de les traiter, comme s’empresse de le faire un P « S » à l’agonie, mais aussi un Alain Juppé en mal de soutien et en quête de voix de « gauche », d’ultra-libérales. Son projet est en réalité moins un projet de privatisations générales qu’un projet d’adaptation, et donc de soumission, au cadre extérieur.

Elles n’en sont pas moins désastreuses quant à leurs conséquences. Obsédé par le problème de la dette publique, au point d’oublier que cette dernière atteignait les 150% du PIB en 1945 pour descendre à 35% dans les années soixante, il ne comprend à l’évidence pas que la question sur ce point est celle de la croissance mais aussi des taux d’intérêts. Les recettes qu’il prétend appliquer, forte baisse des dépenses publiques, baisses des impôts et des cotisations sociales des entreprises (avec transfert sur les ménages d’une partie des cotisations manquantes financée par une hausse de la TVA), enfin baisse des retraites et des salaires effectivement perçus, vont cumuler un choc dépressif fiscal ET un choc dépressif de consommation. La démonstration de l’effet négatif de ces mesures a été faites par de nombreux économistes peu suspects de sympathies gauchistes, et en particulier par des économistes du FMI[4].

Ce n’est donc pas la thérapie de choc que nous promet François Fillon, mais le choc sans thérapie. Les conséquences en seront une nouvelle poussée du chômage, une nouvelle montée de la précarité. Ces politiques sont l’équivalent, en ce début du XXIème siècle, des politiques désastreuses menées par le Chancelier Brünning en Allemagne, Ramsay MacDonald en Grande-Bretagne, et Pierre Laval en France, au début des années 1930. Il a certes une excuse. Comme au début des années trente, avec le « bloc-Or », notre pays se trouve piégé par la monnaie unique, qui ne nous laisse aucun degré de liberté.

Mais, là où un véritable gaulliste prendrait la décision de rompre, où un patriote sincère et désintéressé saurait faire l’unité nationale de la gauche à la droite pour proposer une autre politique, François Fillon s’enfonce dans des combinaisons douteuses, et pour tout dire complètement illusoires. Le renforcement de la « gouvernance » de la zone Euro n’aboutira qu’à serrer un peu plus le corset qui étouffe déjà la France. François Fillon aime bien prendre la pose, assumer des postures gaulliennes, mais – au final – il se révèle tout à fait soumis à la commission européenne, et à son idéologie supranationale que de Gaulle aurait honni. Il y a là une véritable trahison.

L’impact sur l’investissement

Il y a cependant plus grave. Les mesures qu’il entend appliquer seront profondément néfastes à l’investissement et priveront d’avenir les générations montantes. Fors de baisser les prestations patronales et de permettre aux entreprises de faire travailler plus pour le même salaire, le projet de François Fillon ne contient rien sur l’investissement. Or, si les mesures évoquées vont augmenter les profits des entreprises (et de leurs propriétaires), leur impact sur l’investissement sera des plus faible, voire nul. On le sait depuis de nombreuses années, et cela a été dit et écrit par de nombreux collègues, l’investissement n’est jamais le produit de plus de profit mais de perspectives de croissance[5]. Quand la demande est incertaine, ou stagnante, les entreprises n’investissent pas et les profits partent se placer sur des produits financiers divers, donnant naissance à des bulles spéculatives[6].

L’investissement est donc une fonction (certes, pas linéaire) des perspectives de croissance mais aussi, et on tend à l’oublier, des conditions matérielles et humaines de production sur un territoire donné[7]. Les effets indirects sur l’investissement d’une bonne infrastructure tant matérielle que sociale sont largement démontrés[8]. C’est ce que l’on appelle les facteurs de compétitivité d’un territoire[9].

La politique préconisée par François Fillon provoquerait une chute de la croissance, estimée entre -0,5% et -1,0% la première année, entre 0,0% et -0,5% la deuxième. Ces estimations sont certainement critiquables, mais elles s’appuient sur les estimations les plus récentes de ce que l’on appelle le « multiplicateur budgétaire[10] » pour l’économie française. On peut considérer qu’elles ont probablement tendance à sous-estimer l’effet dépressif de ces mesures. La conséquence pour l’emploi serait probablement une hausse du nombre des demandeurs (calculé selon les chiffres de la DARES pour les catégories A, B et D) d’environ 350 000 pour 2018 et de 150 000 – 200 000 pour 2019, soit un total d’environ 500 000 demandeurs d’emploi de plus.

Mais, la destruction des services publics qui résulterait de la diminution du nombre des fonctionnaires dans les trois catégories évoquées, et de l’arrêt des investissements publics, aurait des conséquences aussi nocives, quoi que certainement plus diffuses. Elles se feraient sentir sur les années 2019 à 2022. Au total, non seulement le projet de François Fillon serait nocif dans l’immédiat, mais il détériorerait la compétitivité de la France de manière considérable, et provoquerait une hausse importante du nombre global des demandeurs d’emplois, entre 700 000 et 1 million. Ajoutons, pour être juste, que ces résultats désastreux seraient les mêmes, à des variantes près, avec Alain Juppé, mais aussi des candidats du centre gauche comme Emmanuel Macron.

Une folie européiste

On dira que tout ceci est folie dans la situation dans laquelle nous sommes. Mais, il y a de la logique dans cette folie. Et cette logique s’appelle l’Euro. Cela place le projet porté par François Fillon au cœur même du débat sur l’Euro, et en conséquence nous dit comment le combattre. Car, on comprend qu’il ne sert à rien de s’attaquer à des mesures diverses, qu’un candidat peut toujours révoquer ou modérer, si l’on ne s’attaque à la logique de son projet.

Si François Fillon est, de par ses qualités qui ne sont pas négligeables et que l’on aurait tort de sous-estimer, un adversaire en apparence formidable, un homme qui a réussi à renverser les pendules à sa faveur, à faire mordre la poussière à Nicolas Sarkozy et à acculer le favori de la presse et de l’établissement, Alain Juppé, au rôle d’outsider, sa faiblesse cependant est là. En révélant un projet qui reprend les principes mêmes de la politique de déflation qui fut menée dans les années trente, il révèle – certainement à son propre insu – la nature de la politique qu’il propose. Il prétend relever la France et défendre sa souveraineté, mais en réalité son projet n’est que la conséquence logique de la soumission à la logique de l’Union européenne et de l’Euro.

Cela implique que l’Euro et ses conséquences seront au centre de la campagne présidentielle. Cette dernière se jouera sur l’Euro, ou sera irrémédiablement perdue. Soit on accepte l’Euro, et les français n’ont pas d’autres choix que cette politique dépressive et de régression sociale (comme on en a eu un exemple avec la loi El Khomri) qui entraînera plus de chômage, moins de services publics, plus de misère et de crimes. Soit on rejette l’Euro, et on le rejette de manière conséquente, en proposant aux français un programme cohérent de sortie de la monnaie unique et en en tirant toutes les conséquences, que ce soit en économie ou que ce soit en ce qui concerne les institutions européennes. Il faut le dire haut et fort : soit c’est l’Euro, avec ses conséquences, le chômage, la misère, la déconstruction accélérée de notre Nation, ou soit c’est la sortie de l’Euro qui, elle et elle seule, nous permettra d’inverser cette pente mortifère. La meilleure manière de s’opposer à Fillon (et le cas échéant à Juppé) ce n’est pas tant d’attaquer l’homme que d’attaquer le projet, d’en montrer la cohérence et aussi les incohérences tout comme les conséquences inévitables, et de montrer qu’il existe une autre voie, qu’il existe une alternative. Mais, pour cela, il faudra être au clair sur l’Euro. Aujourd’hui, il n’y a que trois candidats pour pouvoir occuper ce terrain là.

 

 

Le projet porté par François Fillon a un immense avantage. Il clarifie les choix qui sont proposés aux français. La bataille qui s’annonce ne sera pas autour du prétendu « ultra-libéralisme » de l’un (Fillon) ou du « libéralisme modéré » de l’autre (Juppé). Car, l’un et l’autre, tout comme le cas échéant un Macron ou tout candidat issu de la matrice agonisante de la « gauche » parlementaire, n’ont d’autre projet que celui qu’imposent immanquablement l’Euro et son corset de fer. C’est ce corset qu’il convient de le briser, ici et maintenant.

L’élection présidentielle se fera sur la question de l’Euro. Tous les candidats doivent en être conscients, et choisir leur camp.

 

Notes

[1] https://www.youtube.com/watch?v=MCDMCLwosIc

[2] Rappelons les résultats : François Fillon : 44,1%, Alain Juppé 28,5%, Nicolas Sarkozy : 20,6%, avec une participation d’environ 4,1 millions de suffrages.

[3] Voir Corbière A. Le piège des primaires, Paris, Le Cerf, 2016.

[4] Blanchard O. and Daniel Leigh, Growth Forecast Errors and Fiscal Multipliers, IMF Working Paper, Janvier 2013, Washington DC. Voir aussi, Baum A., Marcos Poplawski-Ribeiro, and Anke Weber, Fiscal Multipliers and the State of the Economy, IMF Working Paper, décembre 2012, Washington DC.

[5] Bourdieu J, Benoît Cœuré et Béatrice Sédillot « Investissement, incertitude et irréversibilité », Revue économique, Volume 48, n°1, 1997. pp. 23-53. Auerbach A.J., et Y. Gorodnichenko « Measuring the Output Responses to Fiscal Policy », American Economic Journal: Economic Policy 2012, Vol. 4, n° 2, pp 1–27.

[6] Malinvaud, E, « Profitability and investment facing uncertain demand », Document de travail de l’INSEE, n° 8303, Paris, 1983 ; Idem, « Capital productif, incertitudes et profitabilités », Document de recherche de l’IME, Université de Dijon, n°93, 1986. Carruth A., Dickerson A. et Henley A. (2000), « What Do We Know About Investment Under Uncertainty ? », Journal of Economic Surveys, vol. 14, n° 2, pp. 119-153.

[7] Pindyck R.,«Irreversible Investment, Capacity Choice and the Value of the Firm», American Economic Review, vol. 78, n°5, 1988, décembre, pp. 969-985.

[8] Naboulet A. et Raspiller S., « Les déterminants de la décision d’investir : une approche par les perceptions subjectives des firmes », Document de travail de la Direction des Études et Synthèses Economiques, n° G 0404, Insee, 2004.

[9] D.A. Aschauer, “Is public expenditure productive?”, in Journal of Monetary Economics, vol. XXIII, n°2, mars, 1989, pp. 177-200. Idem, “Why is Infrastructure Important?”, in A. H. Munnell, (ed.), Is there a Shortfall in Public Capital Investment, Federal Reserve Bank of Boston, Boston ; et R. Ford & P. Poret, “Infrastructure and Private-Sector productivity”, OCDE, Departement d’économie et statistique, Working paper n°91, OCDE, Paris, 1991.

[10] En anglais Fiscal Multiplier. Voir Blanchard O., et D. Leigh, « Growth Forecast Errors and Fiscal Multipliers », IMF Working Paper, WP/13/1, FMI, Washington D.C., 2013.

Source : Russeurope, Jacques Sapir22/11/2016


Source: http://www.les-crises.fr/francois-fillon-clarte-et-incoherences-par-jacques-sapir/


Je suis Arabe et beaucoup d’entre nous sommes heureux de la victoire de Trump, par Omar Kamel

Friday 25 November 2016 at 00:01

Source : Etat d’exception, Omar Kamel15/11/2016

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Ce n’est pas que nous prenons Trump pour autre chose que ce qu’il est. Trump est un raciste et misogyne égocentrique qui, dans un monde rationnel, ne devrait occuper aucune position de pouvoir. Mais Hillary Clinton non plus.

Nous avons suivi le lancement de la campagne présidentielle de 2016 de loin (aussi « loin » que cela est possible dans un monde où il y a internet) et, au départ, nous voulions que Bernie Sanders gagne, et étions vraiment contents de voir tous les soutiens qu’il a réussi à obtenir. Mais hélas, Bernie a fait deux très mauvais choix. Il a dit être d’accord avec la liste noire d’Obama et son usage des frappes par drones, et il a aussi dit qu’il soutiendrait Clinton si elle gagnait la primaire. Certaines personnes ont continué à soutenir Bernie, mais pour beaucoup d’entre nous, pour moi, c’en était trop. Bernie a eu beau dire qu’il était « mieux », il ne pouvait certainement pas dire qu’il était « bien ».

Nous avons également observé l’élite politique ignorer Bernie et mettre en avant Clinton face à celui qui se décrivait lui-même comme « socialiste ». Nous avons vu des gens comme John Oliver et toute l’équipe du Saturday Night Live attaquer sévèrement Trump et essayer de préparer la voie à une victoire de Clinton. Oliver en est même arrivé à attaquer et à ridiculiser des candidats mineurs comme Stein et Johnson, mais pas Clinton. Nous avons vu comment de soi-disant libéraux et soi-disant démocrates ont fait de Clinton un héros. Nous avons vu comment toutes ces personnes s’aplatissaient et prétendaient que Clinton était quelqu’un de bien, parce qu’ils se sentaient obligés de choisir entre le « moins pire ».

C’était pathétique.

Il y a certes un peu de fatalité dans ces lignes, et un profond degré de cynisme. Nous sommes beaucoup à penser que si l’Amérique n’a pas su choisir la meilleure option, alors elle méritait la pire. De plus, il y a une forte envie qu’éclate la vérité brute, plutôt que de continuer avec la façade hypocrite. En un sens, de nombreux Américains sont comme Trump, mais la plupart d’entre eux aiment se considérer comme plus proches de Clinton qui prétend être libérale, démocratique, de gauche, humaine, charitable, gentille. Certains ont fait face aux faits avec honnêteté et ont admis que Clinton était une criminelle et une manipulatrice qui s’amuse avec les pires délinquants de la planète (Arabie saoudite et Israël, par exemple), et s’appuie sur leur soutien financier et politique. Ils ont compris qu’en promettant de poursuivre l’héritage d’Obama, Clinton promettait en fait de tuer 4 000 innocents pakistanais par des attaques de drones dans une tentative illégale d’assassiner des « terroristes » supposés. Ils comprennent que c’est une femme pour qui Madeline Albright est un modèle et Kissinger une icône, une femme qui a commencé sa carrière chez les Républicains avant de changer de bord et d’agir comme si elle était une Démocrate, probablement parce qu’elle a réalisé qu’en tant que femme, elle pourrait aller plus loin en étant Démocrate. C’est une menteuse qui prétend avoir échappé au feu d’un tireur embusqué dans une terre étrangère, alors qu’en réalité elle a été accueillie avec des fleurs.

Tout au long de la campagne, les partisans de Clinton ont fermé les yeux sur ses échecs. D’une certaine façon, ils étaient plus horrifiés par ce que Trump pourrait faire que par ce que Clinton a déjà fait.

Donc non, nous n’étions pas très enthousiasmés par une victoire de Clinton. Rien ne changerait. L’Amérique continuerait à se prendre pour une démocratie progressiste qui a d’abord voté pour un homme noir, puis pour une femme. Le démon continuerait à porter un visage acceptable, à se montrer… présentable.

Nous ne pensons pas que Trump vaille mieux, mais nous pensons qu’une victoire de Trump peut forcer les Etats-Unis d’admettre ce que le pays est devenu, et permettrait à d’autres pays du monde de réagir correctement une fois l’image de façade disparue.

JFK aussi se cachait derrière un masque, mais en dessous, il était un adultère menteur qui a levé l’embargo sur les armes à Israël, permettant aux Etats-Unis de lui fournir les armes utilisées contre les Palestiniens. La « relation spéciale » entre les USA et Israël a commencé avec JFK. Son sourire et son charme, cependant, font que les gens, même dans le monde arabe, se sont tournés vers lui avec tendresse. Avec Bill Clinton c’était pareil, le charme et le sourire, alors qu’il a signé en faveur de l’utilisation de la force militaire contre des Américains sur le sol américain (à Waco), et a poussé les Palestiniens à Oslo, puis plus tard, dans ses audiences de mise en accusation, a menti sur ce qui relevait pourtant de choses évidentes. Le Bill Clinton dont je me souviens était un menteur arrogant et un meurtrier, pas un homme charmant du tout. Le dernier de cette série de supposés bons gars est Obama, fièrement noir, mais plus proche de ce que Malcolm X a appelé un « n**** de maison ». Obama n’a pas arrêté la machine de guerre, et n’a pas fermé Guantanamo. L’usage des drones pendant le mandat d’Obama a augmenté de façon exponentielle, mais … il est un admirable comédien. Il pleure quand les fusillades scolaires ont lieu, il rit de lui-même, il danse et rape pour votre plaisir, il semble cool et décontracté, un grand papa, un gars amusant.

Pour des dizaines de milliers de Pakistanais cependant, Obama n’est rien d’autre qu’un assassin au sang froid. Pour les Égyptiens, il est juste un de plus dans une longue lignée de présidents américains qui ont soutenu une dictature militaire, lui fournissant argent et armes. Au Yémen (pays arabe le plus pauvre), il est l’homme qui a contribué à fournir à l’Arabie saoudite (ostensiblement le pays le plus fasciste sur Terre) plus de 100 milliards de dollars d’armes avec lesquelles ils ont détruit le Yémen. Pour des millions de personnes à travers le monde, il est une bombe qui arrive à avoir un sourire peint sur elle.

Et maintenant, enfin, plutôt que de subir l’argument du supposé progrès qu’aurait conforté la présence d’une femme à la présidence, l’Amérique a voté pour Trump.

Bien.

Dévoilez le racisme, mettez à nu l’arrogance, mettez à nu les mensonges et les brutalités.

Faites face à vous-mêmes, voyez-vous, et alors peut-être, peut-être, les choses vont-elles changer…

Source: http://www.les-crises.fr/je-suis-arabe-et-beaucoup-dentre-nous-sommes-heureux-de-la-victoire-de-trump-par-omar-kamel/


[Vidéo] Charles Gave : “Les peuples se révoltent enfin face à leurs élites corrompues”

Thursday 24 November 2016 at 01:30

Pour changer, vision du très libéral (ancienne formule…) Charles Gave

Source : Youtube, Planètes 360, 19-11-2016

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Entretien exclusif Planetes360

Entretien avec Charles Gave Economiste et financier, Charles Gave s’est fait connaitre du grand public en publiant un essai pamphlétaire en 2001 “ Des Lions menés par des ânes “(Éditions Robert Laffont) où il dénonçait l’Euro et ses fonctionnements monétaires. Son dernier ouvrage “L’Etat est mort, vive l’état” aux Editions François Bourin 2009 prévoyait la chute de la Grèce et de l’Espagne. Il est le fondateur et président de Gavekal research (www.gavekal.com) et Gavekal Securities et membre du conseil d’administration de SCOR.

Source : Youtube, Planètes 360, 19-11-2016

Source: http://www.les-crises.fr/video-charles-gave-les-peuples-se-revoltent-enfin-face-a-leurs-elites-corrompues/


Revue de presse du 24/11/2016

Thursday 24 November 2016 at 00:55

Merci à nos contributeurs pour cette revue de presse !

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-24112016/


Le rapport anti-Empire n°146 par William Blum

Thursday 24 November 2016 at 00:35

Source : William Blum, le 06/11/2016

Par William Blum, publié le 6 novembre 2016

Recueil de pensées sur la politique étrangère américaine

Louis XVI a eu besoin d’une révolution, Napoléon a eu besoin de deux défaites historiques, l’empire espagnol a eu besoin de multiples révolutions au Nouveau monde, la Russie tsarine a eu besoin d’une révolution communiste, les empires austro-hongrois et Ottoman ont eu besoin de la Première Guerre mondiale, l’Allemagne nazie a eu besoin de la Seconde Guerre mondiale, le Japon impérial a eu besoin de deux bombes atomiques, l’empire portugais en Afrique a eu besoin d’un coup d’État chez lui, l’empire soviétique a eu besoin de Mikhaïl Gorbatchev… De quoi aura besoin l’empire américain ?

“Je ne crois pas que quiconque puisse consciemment déclencher une Troisième Guerre mondiale. La situation est plus proche de la veille de la Première Guerre mondiale, lorsque les grandes puissances étaient armées et prêtes à en découdre jusqu’à ce qu’un incident déclenche les événements. Depuis que Gorbatchev a naïvement mis un terme à la Guerre froide, les États-Unis surarmés à l’extrême ont activement encerclé la Russie avec leurs systèmes d’armement, leurs exercices militaires agressifs, l’expansion de l’OTAN. En même temps, la diabolisation de Vladimir Poutine lors des dernières années a atteint des niveaux de propagande de guerre. Les Russes ont toutes les raisons de croire que les États-Unis se préparent à une guerre contre eux et vont certainement prendre des mesures défensives. Ce mélange de préparations militaires excessives et de propagande contre un “ennemi diabolique” favorise la survenue d’incidents anecdotiques susceptibles de faire tout exploser.” – Diana Johnstone, auteur de “Queen of Chaos: The Misadventures of Hillary Clinton” (La reine du chaos : les mésaventures d’Hillary Clinton)

En septembre 2013, le président Obama a déclaré devant l’Assemblée Générale des Nations-Unies : “Je suis persuadé que l’Amérique est exceptionnelle.” L’année suivante, aux Nations-Unies, il désignait la Russie comme l’une des trois menaces pour le monde, avec l’État islamique et le virus Ebola. Le 9 mars 2015, Obama considérait le Venezuela comme une “menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité nationale et la politique étrangère des États-Unis.”

Vladimir Poutine, lors d’un discours aux Nations-Unis en 2015, s’adressant aux États-Unis au sujet de leur politique étrangère : “Réalisez-vous ce que vous avez fait ?”

Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les États-Unis ont :

  1. Tenté de renverser plus de 50 gouvernements étrangers, dont la plupart étaient élus démocratiquement.
  2. Lâché des bombes sur la population de plus de 30 pays.
  3. Tenté d’assassiner plus de 50 dirigeants étrangers.
  4. Tenté de supprimer les mouvements populaires ou nationalistes dans 20 pays.
  5. Gravement interféré dans les élections démocratiques d’au moins 30 pays. (*)
  6. En outre… bien que difficilement quantifiables…, ils ont été plus impliqués dans la pratique de la torture que n’importe quel autre État dans le monde… depuis plus d’un siècle… pas en seulement pratiquant la torture, mais en l’enseignant, en fournissant les manuels et l’équipement.

(*) Voir le chapitre 18 de Willam Blum, “État voyou : un guide pour la seule super puissance mondiale”

Le 28 octobre 2016, la Russie a été exclue du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies. Au même moment l’Arabie saoudite a gagné un second mandat, incontesté. Est-ce que quelqu’un connaît l’adresse email de George Orwell ?

Les guerres de Washington ont engendré un million de réfugiés qui envahissent actuellement l’Europe. Ils fuient l’Afghanistan et l’Irak ; la Libye et la Somalie ; la Syrie et le Pakistan.

L’Allemagne accueille de nombreux réfugiés syriens à cause de sa culpabilité liée à la Seconde Guerre mondiale. Que feront les États-Unis en raison de leur culpabilité ? Les Américains ne sont pas formés pour ressentir ce type de culpabilité.

“Le plan des États-Unis est de régenter le monde. Le thème affiché est l’unilatéralisme, mais, en définitive, c’est une histoire de domination. Cela implique que les États-Unis maintiennent leur supériorité écrasante et empêchent l’ascension de nouveaux rivaux susceptibles de les contester sur la scène mondiale. Cela implique la domination des amis et des ennemis de manière indifférenciée. Cela ne nécessite pas que les États-Unis soient plus puissants, ou les plus puissants, mais qu’ils soient puissants de manière absolue.” Vice-Président Dick Cheney – discours de West Point, juin 2002.

Vol au-dessus d’un nid de coucou : “Nous sommes, c’est une réalité factuelle et l’histoire irréfutable, la plus grande force du bien que le monde ait jamais connu. (…) La sécurité et la liberté de millions de personnes de par le monde dépendent du pouvoir militaire, économique, politique et diplomatique de l’Amérique.” – Dick Cheney et Liz Cheney, “Why the world needs a powerful America” (Pourquoi le monde a besoin d’une Amérique puissante) (2015)

D’après le porte-parole du Département d’État Mark Toner : “Assad doit partir même si la Syrie le soutient.”

Nombre d’orientations prises par l’administration Obama dans sa politique cubaine marchent dans les pas de celles de Bill Clinton, comme cela est énoncé dans les recommandations du rapport de 1999 d’un groupe de travail du Council on Foreign Relations. Le rapport affirmait que : “Aucun changement de politique ne devrait avoir pour effet premier de consolider ou avoir l’apparence de légitimer le statu quo politique sur l’île.”

Le succès des opérations américaines pour transformer le régime syrien barrerait la route aux intérêts précis de l’État russe. Parmi ceux-ci, la construction probable en Syrie d’un nouveau pipeline pour transporter le gaz du Qatar vers le marché européen permettrait d’affaiblir Gazprom, la plus grande entreprise russe et son plus important exportateur. Le refus d’Assad d’envisager cette route a joué un rôle certain dans le fait que le Qatar verse des milliards de dollars en armes et en argent à la guerre civile syrienne au nom des forces anti-Assad.

“La guerre contre la Russie sera nucléaire. Washington s’y est préparé. Washington s’est retiré du traité ABM (Anti-Balistic Missiles), a créé ce qu’il pense être un bouclier ABM, et changé sa doctrine de guerre pour permettre aux E-U d’utiliser l’arme nucléaire les premiers. Tout cela vise manifestement la Russie et le gouvernement russe le sait. Combien de temps le gouvernement russe restera-t-il les bras croisés en attendant la première frappe de Washington ?” – Paul Craig Roberts, 2014

Plus tôt dans l’année, l’Iran a signé l’accord sur le nucléaire avec les États-Unis, acceptant de cesser de faire ce qu’ils n’ont jamais fait. Toute ambition nucléaire iranienne, réelle ou fantasmée, est bien sûr le résultat de l’hostilité américaine envers l’Iran, et non le contraire.

Si l’Union Européenne était un gouvernement indépendant et rationnel, elle interdirait absolument à tout pays membre de stocker des armes nucléaires américaines ou d’accueillir un site de missiles anti-balistique américain ou n’importe quelle autre base militaire près des frontières russes.

La prédominance sur tout le spectre (Full Spectrum Dominance) est une expression que le Pentagone aime utiliser pour faire référence au contrôle total de la planète : la terre, la mer, l’air, l’espace, le cosmos et le cyber-espace. Pouvez-vous imaginer un autre pays parlant ainsi ?

Henry Kissinger aux pourparlers pour la paix de Paris en septembre 1970 : “Je refuse de croire qu’une petite puissance de quatrième zone comme le Nord-Vietnam n’a pas de point de rupture.”

En 2010, WikiLeaks révéla un câble envoyé aux ambassades des E-U par la Secrétaire d’État d’alors, Hillary Clinton. Elle écrivait ceci : “L’Arabie saoudite reste un soutien financier essentiel pour al-Qaïda, les talibans, al-Nosra et d’autres groupes terroristes… dans le monde entier.” Ceci a-t-il entraîné au moins l’utilisation de l’arme préférée de Washington : des sanctions de toutes sortes ? Pas du tout.

Le général américain Barry McCaffrey, en avril 2015 : “Parce que, jusqu’à présent, la réaction de l’OTAN à l’agression de Poutine a été d’envoyer une poignée de troupes aux pays Baltes pour montrer sa « résolution », laquelle a seulement convaincu Poutine que l’alliance est incapable ou peu disposée à combattre. Nous devrions donc changer son appréciation rapidement, et contester la doctrine déclarée de Poutine qu’il est disposé à intervenir militairement dans d’autres pays pour « protéger » les peuples russophones. Pour l’amour de Dieu, la dernière fois que nous avons entendu cela c’était juste avant qu’Hitler n’envahisse les Sudètes.”

Non, mon cher général, nous l’avons entendu à maintes reprises en 1978, lorsque les États-Unis ont envahi la petite nation de Grenade pour protéger et sauver des centaines d’Américains qui auraient été menacés par le nouveau gouvernement de gauche. Tout cela était un mensonge, rien de plus qu’un prétexte pour renverser un gouvernement qui ne croyait pas que l’Empire américain était un don de Dieu pour l’humanité.

Depuis 1980, les États-Unis sont intervenus dans les affaires de quatorze pays musulmans jusqu’à les envahir et les bombarder. Ce sont (par ordre chronologique) l’Iran, la Libye, le Liban, le Koweït, l’Irak, la Somalie, la Bosnie, l’Arabie saoudite, l’Afghanistan, le Soudan, le Kosovo, le Yémen, le Pakistan et maintenant la Syrie.

Comment notre interminable horreur au Moyen-Orient a-t-elle commencé : Discours radiodiffusé de George W. Bush, le 28 septembre 2002 : “Le régime irakien possède des armes bactériologiques et chimiques, il reconstruit les installations pour en produire plus et, selon le gouvernement britannique, pourrait lancer une attaque bactériologique ou chimique en 45 minutes après l’émission de l’ordre d’attaque. Le régime entretient depuis longtemps des liens avec des groupes terroristes et il y a des terroristes d’al-Qaïda en Irak. Ce régime cherche à se doter d’une bombe nucléaire et, étant en possession de matière fissile, pourrait en construire une en l’espace d’un an. Pourtant, six semaines avant le 11 septembre, Condoleezza Rice a déclaré à CNN : « Rappelons-nous que son pays [de Saddam] est en réalité divisé. Il ne contrôle pas la partie septentrionale de son pays. Nous pouvons lui garder les bras liés. Ses forces militaires n’ont pas été reconstituées. »

Le fait est qu’il y a plus de participation de la population cubaine dans le fonctionnement de son pays que la population américaine dans la gestion du sien. Une raison importante est l’absence des nombreuses sociétés privées qui, aux États-Unis, exercent une grande influence sur tous les aspects de la vie.

“Les États-Unis entourent frénétiquement la Chine avec des armes militaires, des avions derniers modèles, des flottes navales et une multitude de bases militaires au Japon, en Corée du Sud et aux Philippines grâce à plusieurs petites îles voisines du Pacifique, ainsi que depuis sa base nouvelle et élargie en Australie… La marine américaine, des porte-avions et des sous-marins nucléaires, patrouillent dans les eaux proches de la Chine. Le ciel, constellé d’avions de chasse, d’avions de surveillance, de drones et de satellites d’espionnage, revêt une obscurité symbolique à midi.” (Jack A. Smith, « Hegemony Games: USA vs. PRC », CounterPunch)

La Crimée n’avait jamais quitté volontairement la Russie. Le dirigeant de l’URSS, Nikita Khrouchtchev, originaire de la région, avait fait don de la Crimée à l’Ukraine en 1954. La Crimée était toujours fortement opposée à ce changement et a voté massivement pour rejoindre la Russie après le coup d’État ukrainien induit par les E-U en 2014. Le président russe Vladimir Poutine désigne l’armée ukrainienne comme “la légion étrangère de l’OTAN”, qui ne recherche pas les intérêts nationaux de l’Ukraine. Les États-Unis, cependant, insistent à qualifier d’invasion l’action russe en Crimée.

Poutine au sujet de la Crimée/Ukraine : « Nos partenaires occidentaux ont créé le « précédent du Kosovo » de leurs propres mains. Dans une situation absolument identique à celle de la Crimée, ils ont reconnu la sécession du Kosovo de la Serbie légitime, tout en soutenant qu’aucune autorisation de l’autorité centrale d’un pays pour une déclaration unilatérale d’indépendance n’était nécessaire… Et la Cour internationale de Justice des Nations Unies a souscrit à ces arguments. C’est ce qu’ils ont dit ; c’est ce qu’ils ont annoncé au monde entier et ils ont forcé tout le monde à accepter – et maintenant ils se plaignent de la Crimée. Pourquoi donc ?”

Paul Craig Roberts : “L’absurdité de tout cela ! Même un imbécile sait que, si la Russie envoyait des chars et des troupes en Ukraine, la Russie en mettrait assez pour assurer le travail. La guerre serait terminée en quelques jours, sinon en quelques heures. Comme Poutine lui-même l’a déclaré il y a quelques mois, si l’armée russe entrait en Ukraine, les informations ne traiteraient pas du sort de Donetsk ou de Marioupol, mais de la chute de Kiev et de Lviv.”

Lors d’un examen approfondi de la politique des États-Unis à l’égard de la Chine, publié en mars 2015, le Conseil des relations extérieures a déclaré sans ambages que « il n’existe aucune perspective réelle de construire une confiance fondamentale », « une coexistence pacifique », une « compréhension mutuelle », un partenariat stratégique ou un « nouveau type de relations entre pays » entre les États-Unis et la Chine. Les États-Unis, déclare le rapport, doivent donc développer « la volonté politique » et les capacités militaires « pour traiter avec la Chine afin de protéger les intérêts vitaux des États-Unis. »

“John F. Kennedy a transformé la mission de l’armée latino-américaine de « défense de l’hémisphère », une relique obsolète de la Seconde Guerre mondiale, en « sécurité intérieure », qui signifie la guerre intérieure contre sa population. » Noam Chomsky

Les joueurs cubains de baseball qui sont payés un million de dollars à jouer pour une équipe américaine ne sont pas des « transfuges, » un mot qui a une connotation politique claire.

Boris Eltsine était acceptable pour les Américains et les Européens parce qu’il était perçu comme une figure faible et influençable qui permettait le déploiement d’un capitalisme occidental débridé en territoire russe nouvellement ouvert à la suite de l’effondrement de l’Union soviétique. L’ère d’Eltsine fut également une époque de corruption rampante pour les oligarques russes qui étaient étroitement associés au capital occidental. Cette culture délétère a cessé avec l’élection de Vladimir Poutine deux fois comme président entre 2000-2008, et encore en 2012.

De nombreux dirigeants de l’EI étaient d’anciens officiers militaires irakiens emprisonnés par les troupes américaines. La lutte n’est pas contre l’EI, elle est contre Assad ; à l’étape suivante, ce n’est pas contre Assad, c’est contre Poutine ; alors, au niveau suivant, ce n’est pas contre Poutine, c’est contre le pays le plus susceptible de s’opposer à la domination du monde américain, la Russie. Et c’est pour toujours.

Brancher Cuba sur l’internet basé aux Etats Unis signifierait l’acheminement de toutes ses communications directement à la NSA.

George W. Bush a vécu une existence bien tranquille au Texas, en comparaison. Avec un intérêt pour la peinture. “J’essaie de laisser quelque chose à la postérité,” a-t-il déclaré deux ans plus tôt. C’est bien, George, on peut accepter quelques tableaux plutôt que les charniers de morts irakiens.

Seymour Hirsh :”L’Amérique se porterait mieux si, il y a 30 ans, nous avions laissé la Russie continuer sa guerre en Afghanistan… L’erreur de l’administration Carter a été d’essayer d’arrêter les Russes d’envahir l’Afghanistan. Nous nous serions mieux portés si nous avions laissé les Russes battre les Talibans.” (Deutsche Welle, interview du 2 avril 2014) Et nous nous serions encore mieux portés si nous n’avions pas mis à bas le gouvernement afghan progressiste et laïque, ce qui a laissé monter en puissance les Talibans et incité les Russes à intervenir sur leur frontière où la population musulmane soviétique se soulevait.

Dans une interview de 1998, l’ancienne secrétaire d’État Madeleine Albright a résumé exactement ce que les États-Unis pensent des Nations Unies : “L’ONU joue un rôle important. Mais si ça ne nous plait pas, nous avons toujours la possibilité de poursuivre nos propres intérêts en matière de sécurité nationale, et je peux vous assurer que c’est ce que nous ferons si nous n’aimons pas la façon dont tournent les choses.” Elle est actuellement conseillère pour la politique extérieure d’Hillary Clinton.

“Un dirigeant qui emmène son pays à la guerre est aussi nocif pour la famille humaine qu’un parent abusif dans sa propre famille.” – Suey Kane

“Il m’a fallu un certain temps avant que je ne réalise pleinement que les États-Unis ne voient pas beaucoup d’intérêt dans la diplomatie. La puissance suffit. Seuls les faibles s’appuient sur la diplomatie… L’empire romain n’avait pas besoin de diplomatie, pas plus que les États-Unis.” – Boutros Boutros-Ghali, secrétaire général des Nations-Unies de janvier 1992 à décembre 1996.

“Les interventions ne sont pas effectuées contre des dictateurs mais contre ceux qui essaient de redistribuer, pas contre Jimenez au Venezuela mais contre Chavez, pas contre Somoza au Nicaragua mais contre les Sandinistes, pas contre Batista à Cuba mais contre Castro, pas contre Pinochet au Chili mais contre Allende, pas contre les dictateurs du Guatemala mais contre Arbenz, pas contre le Shah en Iran mais contre Mossadegh etc.” – Johan Galtung, norvégien, principal fondateur de la discipline des études de la paix et des conflits.

“Il n’a jamais été fait mention du fait que les chrétiens d’Irak aient vécu en sécurité sous la présidence de Saddam Hussein, et même privilégiés, jusqu’à ce que George Bush envahisse et détruise l’Irak. On peut s’attendre au même sort pour les chrétiens de Syrie si la protection du régime d’Assad est mise en pièce par le soulèvement fomenté par les États-Unis. Nous verserons alors des larmes de crocodile sur les chrétiens de Syrie.” – Eric Margolis, 2014

“Le pouvoir juif a la capacité de faire taire le débat sur le pouvoir juif.” – Gilad Atzmon

“Nous avons besoin d’un procès pour juger tous ceux qui portent une responsabilité notable dans la période du siècle passé, la plus meurtrière et écologiquement destructive de l’histoire de l’humanité. Nous pourrions l’appeler le tribunal des crimes de guerre, de la pollution aérienne et des malversations financières, et nous pourrions mettre dans le box des accusés des politiques, des dirigeants d’entreprises et grands propriétaires de média, avec des écouteurs, comme Eichmann, et les obliger à écouter les preuves de la manière dont ils ont tué des millions de gens et presque assassiné la planète et rendu la plupart d’entre nous plus misérables que nécessaire. Bien sûr, nous n’aurions pas le temps de nous occuper d’eux un par un. Il faudrait regrouper les banquiers d’investissement de Wall Street en un paquet, les membres du Council on Foreign Relations en un autre, et tout le reste de la Harvard Business School et diplômés en Droit de Yale en un troisième. Nous n’avons pas besoin de châtiments, uniquement dans un but éducationnel. Il n’y aurait pas de peine capitale, mais plutôt un bannissement vers une usine Nike outre-mer avec le vœu d’un silence perpétuel.” – Sam Smith

“J’en suis venue à penser que l’exportation de la démocratie est l’équivalent de ce que les missionnaires ont toujours fait en vue de conquérir et d’occuper les contrées sauvages pour le compte des pouvoirs en place. J’ai dit que l’Eglise a inventé le concept de conversion par tous les moyens, y compris la torture et la mort bien entendu, faisant par là une grande faveur à ses victimes, puisque c’était dans le but de “sauver leurs âmes immortelles” et cela s’appelle maintenant “démocratisation”.” Rita Corriel

“Il est à peu près impossible de commémorer les morts de la guerre sans les glorifier, et il est impossible de les glorifier sans glorifier leurs guerres.” – Paul Craig Roberts

Source: William Blum, le 06/11/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Source: http://www.les-crises.fr/le-rapport-anti-empire-n146-par-william-blum/


C’est le ralliement des Démocrates au néolibéralisme qui a offert la victoire à Trump (The Guardian), par Naomi Klein

Thursday 24 November 2016 at 00:01

Source : Le Grand Soir, Naomi Klein, 18-11-2016

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Naomi KLEIN

Ils mettront ça sur le dos de James Comey et du FBI. Sur le dos des radiations des listes, et du racisme. Ils accuseront le ’Bernie ou rien’ [Bernie or bust] et la misogynie – les petits partis, les candidats indépendants. Ils accuseront les grands médias de lui avoir fourni la plate-forme, les réseaux ’sociaux’d’avoir été le mégaphone, et Wikileaks d’avoir déballé le linge sale.

Dans tout cela, l’influence principale qui nous amène à vivre ce cauchemar éveillé est ignorée : le néolibéralisme. Cette vision du monde – totalement incarnée par Hillary Clinton et sa machine – ne fait pas le poids en face de l’extrémisme ’à la Trump’. C’est la décision de présenter celle-là contre celui-ci qui a scellé notre sort. Alors s’il-vous-plaît, si nous n’apprenons que cela, au moins tirons les leçons de cette erreur.

Voici ce que nous devons admettre : énormément de gens souffrent. Avec les politiques néolibérales de dérégulation, privatisation, d’austérité et de business trans-national, leur niveau de vie a brutalement chuté. Ils ont perdu leurs boulots, perdu leurs retraites. La plus grande part du filet de sécurité – qui rendait ces pertes moins effrayantes -, ils l’ont perdue. Pour leurs enfants, ils anticipent un avenir encore pire que leur précarité actuelle.

Pendant ce temps, ils ont assisté à l’avènement de la classe de Davos, un réseau hyper-connecté de milliardaires de la banque et de la technologie, de dirigeants élus excessivement familiers avec ces intérêts, et de stars hollywoodiennes qui font paraître tout cela odieusement glamour. Le succès est une fête à laquelle ils ne sont pas invités, et ils comprennent intimement que l’ascension de ces fortunes et de ce pouvoir est d’une façon ou d’une autre reliée directement à l’aggravation de leurs dettes et de leur pauvreté.

Pour les gens qui voyaient leur statut et leur sécurité comme un droit de naissance – à savoir des hommes blancs pour la plus grande part – toutes ces pertes sont intolérables.

Donald Trump s’adresse directement à cette souffrance. La campagne du Brexit s’adressait directement à cette souffrance.De même l’essor de tous les partis d’extrême droite en Europe. Ils y répondent par un nationalisme sentimental et la colère contre des bureaucraties économiques hors d’atteintes – que ce soient Washington, l’Accord de Libre Échange Américain [ALENA], l’Organisation Mondiale du Commerce ou l’Union Européenne. Et fatalement, ils y répondent par le dénigrement des immigrants et des gens de couleur, en conspuant les musulmans, et en humiliant les femmes. Le gratin du néolibéralisme n’a rien à offrir face à cette souffrance, parce que c’est le libéralisme qui a déchaîné la classe de Davos. Des gens comme Hillary et Bill Clinton sont la crème des réjouissances de Davos. À vrai dire, c’est eux qui ont lancé la fête.

Le message de Trump était : ’C’est l’enfer, tout ça’. Clinton à répondu ’Pas de problèmes, ça va’ [’All is hell’/’All is well’]. Mais ça ne va pas. Ça ne va pas du tout.

Les réponses néo-fascistes à l’insécurité généralisée et aux inégalités ne disparaîtront pas. Mais ce que nous ont appris les années 30, c’est que pour combattre le fascisme une vraie gauche est nécessaire. Un bonne part des soutiens de Trump pourrait lui être arrachée si une véritable redistribution des richesses était au programme. Un programme pour s’attaquer à la classe des milliardaires avec autre chose que des mots, et utiliser cet argent pour unNew Dealécologique. Un tel projet pourrait créer un raz-de-marée d’emplois bien payés et protecteurs, apporter aux minorités [communities of color] des ressources et des opportunités dont elles ont cruellement besoin, et affirmer que les pollueurs devront payer pour la formation des travailleurs, et leur intégration pleine et entière à ce futur.

Il pourrait tracer les politiques qui combattraient à la fois le racisme institutionnalisé, les inégalités économiques et la crise écologique [climate change]. Il pourrait s’attaquer aux traités commerciaux néfastes et à la violence policière, et honorer les peuples indigènes d’être les protecteurs originels de la terre, des eaux et du ciel.

Les gens sont en colère à bon droit, et un projet de gauche puissant, multi-sectoriel, peut diriger cette colère là où elle devrait s’exercer, en combattant pour des solutions d’ensembles qui uniront à nouveau une société fragmentée.

Une telle alliance est possible. Au Canada, nous avons commencé à la façonner sous la bannière d’un programme citoyen nommé ’Un bond vers l’avant’ [The Leap Manifesto], adopté par plus de 220 organisations, de Greenpeace Canada à Black Lives Matter Toronto, et certains de nos plus grands syndicats.

La campagne exceptionnelle de Bernie Sanders a largement pavé le chemin pour la construction d’un tel rassemblement, et démontré que le désir d’un socialisme démocratique est bien présent. Mais très tôt sa campagne a échoué à s’attacherles votes des noirs et des latinos les plus âgés, qui sont la population la plus maltraitée par notre modèle économique actuel. Cet échec a empêché la campagne d’atteindre son véritable potentiel. Ces erreurs peuvent être corrigées, tirons parti de cette coalition audacieuse, transformatrice, pour bâtir.

C’est cela, la tâche qui est devant nous. Le parti Démocrate doit être résolument débarrassé de ses néo-libéraux pro-entreprise, ouil doit être abandonné. D’Elisabeth Warren à Nina Turner, des anciens d’Occupy qui ont saisi la campagne explosive de Bernie Sanders [the Bernie campaign supernova], il y a, à ce moment, plus de meneurs progressistes, inspirants l’unité, qu’en aucun autre point de ma vie. Nous sommes ’bardés de leaders’ [leaderful], comme beaucoup le disent dans le Movement for Black Lives.

Alors remettons-nous du choc aussi vite que possible, et construisons le mouvement radical qui détient une réponse véritable à la haine et à la peur de tous les Trumps de ce monde. Mettons de côté ce qui nous tient séparé, et commençons, maintenant.

Naomi Klein

09/11/2016

Traduction pas neutre et pas objective par Embe, sans aucun droit ni aucune autorisation autre que le principe de liberté de s’informer et d’informer.

Source : Le Grand Soir, Naomi Klein, 18-11-2016

Source: http://www.les-crises.fr/cest-le-ralliement-des-democrates-au-neoliberalisme-qui-a-offert-la-victoire-a-trump-the-guardian-par-naomi-klein/