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Dans l’intimité du parti Démocrate, les vérités qui dérangent sont requalifiées en “Complots de Poutine”, par Glenn Greenwald

Monday 31 October 2016 at 00:45

Source : The Intercept, le 11/10/2016

Glenn Greenwald

Le 11 octobre 2016

Photo: Alexander Utkin/AFP/Getty Images

Photo: Alexander Utkin/AFP/Getty Images

Donald Trump, pour des raisons que j’ai déjà soulignées à plusieurs reprises, est un candidat extrémiste, méprisable et dangereux, et son humiliante défaite quasi-certaine est pour dans moins d’un mois. Alors je me rends compte du peu d’empressement de certains milieux à critiquer les tactiques journalistiques sordides et parfois frauduleuses employées pour atteindre ce but. Face à un dominateur, injurieux, misogyne, fanatique, effrayant, sans loi, quelle est l’importance d’un peu de fraude journalistique ou d’alarmisme continuel entre amis au sujet d’agents du Kremlin forcément subversifs, si elle contribue à l’arrêter ?

Mais janvier arrive, les Démocrates continueront d’être, plus que jamais, la formation politique dominante aux États-Unis, et les tactiques qu’ils adoptent maintenant perdureront après l’élection, ce qui les rend dignes d’un examen minutieux. Ces tactiques consistent maintenant principalement à rejeter les faits ou les documents qui desservent leurs leaders, en insinuant fortement que quiconque pose des questions ou s’oppose à ces dirigeants est un larbin ou agent du Kremlin, chargé d’une mission anti-américaine, subversive et dangereuse, au profit d’acteurs hostiles basés à Moscou.

Pour voir combien ce comportement est devenu extrême et destructeur, examinons rapidement deux affirmations totalement fausses des Démocrates, véhiculées durant ces quatre derniers jours par des journalistes fidèles au parti, qui ont été diffusées et ont amené des milliers de personnes, sinon plus, à les croire. Vendredi, WikiLeaks a publié sa première série de courriels obtenus à partir du compte du président de campagne de Clinton, John Podesta. Malgré la tradition de longue date de WikiLeaks de ne publier que des documents authentiques, l’ex-responsable du renseignement favori du MSNBC, Malcolm Nance, quelques heures après la publication de l’archive, a posté un tweet affirmant, sans aucune preuve et sans référence à aucun document d’archives de WikiLeaks, qu’elle était entachée de nombreuses falsifications :

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Avertissement officiel : Les #PodestaEmails sont déjà avérés comme criblés de falsifications évidentes & #blackpropaganda même pas professionnelles.

Comme vous pouvez le voir, cet “Avertissement officiel” a été re-tweeté plus de 4000 fois. Non seulement par des fans quelconques de Clinton, mais aussi par des journalistes de haut niveau supporters de Clinton qui, par leur propagande, donnent leur approbation à cette affirmation. Ce faisant, ils conduisent un nombre énorme de gens à penser que les archives de WikiLeaks sont un tissu de mensonges et que leur contenu doit simplement être ignoré. Les responsables officiels de la campagne de Clinton ont passé la journée à nourrir ces insinuations, suggérant fortement que les documents étaient peu dignes de confiance et devaient donc être ignorés. Pouf, et voilà, des faits déplaisants à propos d’Hillary Clinton disparaissent, comme une fée protégeant des enfants apeurés avec sa baguette magique en couvrant de poussière le démon qui ainsi disparaît.

Sauf que la fraude ici, c’était la déclaration de Nance, et pas du tout les documents publiés par WikiLeaks. Ceux-là étaient véridiques. Bien sûr, durant le débat de dimanche soir, Clinton elle-même a confirmé leur authenticité, alors qu’on lui posait directement la question au sujet des extraits du discours à Wall Street trouvé dans la publication. Et les journaux, par exemple du New York Times et AP (Associated Press), rapportèrent — et continuent de rapporter — dans leur contenu sans aucune prudence, que ça pourrait être des faux. Aucun vrai journaliste de la presse écrite ou des salles de rédaction (contrairement aux agents de campagne se faisant passer pour des journalistes) n’est tombé dans le piège du scam, mais cette tactique n’a pas empêché l’information de passer.

Mais cela a envoyé un signal aux fans les plus dévots de Clinton d’ignorer simplement la publication. Quiconque écrit des articles sur ce que ces documents révèlent sont instantanément inondés de déclarations de Démocrates disant que ce sont des faux, par des gens qui pointent souvent vers des “articles” comme celui-ci.

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Cet article a été partagé presque 22 000 fois rien que sur Facebook. Pour la défense de Nance, c’est vrai que quelque inconnu a posté un email falsifié sur internet et prétendu qu’il était vrai. Mais cela ne venait pas de WikiLeaks et n’avait rien à voir avec le fait de vérifier la fiabilité de l’archive (pas plus que les fausses histoires du NYT sur Internet ne mettent en doute la fiabilité des articles de ce journal). Personne n’a relevé ne serait-ce qu’un seul mail ou document douteux publié par WikiLeaks, y compris ceux des proches de Clinton dont le nom est listé comme auteurs ou destinataires. Et pourtant, ces journalistes et “experts” ont délibérément convaincu on ne sait combien de personnes de croire à ce conte de fées : que WikiLeaks est plein de falsifications.

Plus insidieux et subtil, mais bien pire, nous avons ce que Newsweek et son journaliste-adorateur de Clinton Kurt Eichenwald a fait hier soir. Ce qui est arrivé, dans le vrai monde des faits, était extrêmement banal. Un des emails de la deuxième tranche d’archive WikiLeaks/Podesta, posté hier, était de Sidney Blumenthal à Podesta. La seule raison de l’email de Blumenthal était de montrer à Podesta une des séries interminables d’articles d’Eichenwald exonérant Clinton, celui-ci au sujet de Benghazi. Donc, dans le corps de l’email à Podesta, Blumenthal a simplement collé le lien et le contenu entier de l’article. Bien que le propos de l’article d’Eichenwald fût de défendre Clinton (comme tout ce qu’il dit et fait), un paragraphe au milieu reconnait qu’une des critiques mineures de Clinton sur Benghazi était peut-être rationnelle.

Une fois que WikiLeaks a annoncé que ce second paquet d’emails était en ligne, beaucoup d’organisations (y compris The Intercept, le NYT et AP) ont commencé à les passer au peigne fin pour trouver une information intéressante et publier des articles. Telle cette histoire publiée par Sputnik, le site d’information officiel du gouvernement russe similaire à RT, qui mettait en évidence ce mail de Blumenthal. Mais l’histoire de Sputnik attribua à tort le texte de l’article du Newsweek à Blumenthal, suggérant ainsi qu’un des conseillers les plus proches de Clinton l’a critiquée sur Benghazi. Sputnik a rapidement retiré l’article quand Eichenwald a indiqué que ces propos étaient les siens, pas ceux de Blumenthal. Et puis, dans son discours de campagne la nuit dernière, Trump a fait référence à cet article de Sputnik (des heures après qu’il ait été publié et répandu sur les médias sociaux), proclamant (bien sûr faussement) que même Blumenthal a critiqué Clinton sur Benghazi.

Voilà ce qui est arrivé. Il n’y a aucune suggestion dans cet article, encore moins de preuves, que les emails de WikiLeaks sont falsifiés : cela n’est tout simplement pas vrai. C’était juste une erreur de Sputnik rapportant cet email. Dès que Sputnik a réalisé l’erreur d’attribution à Blumenthal, il a retiré l’article. Ce n’est pas difficile d’imaginer comment un membre du staff de Sputnik, pressé et imprudent, a pu jeter un coup d’œil à cet email et à raté le fait que Blumenthal a transmis à Eichenwald un article plutôt que de l’écrire lui-même. Et alors que personne ne savait comment cette histoire erronée de Sputnik arriva à Trump et qu’il allait l’utiliser dans son discours, c’est facile d’imaginer comment un membre de l’équipe de Trump serait tombé sur cette histoire largement partagée, publiée des heures avant sur internet, et l’a passée à Trump pour qu’il en parle, sans réaliser les raisons d’être sceptique, et cela au sein d’une campagne inepte et de bas niveau, qui a déjà cité avant InfoWars et autres sites pro suprématie blanche, parmi bien d’autres.

En tout cas, ce n’est qu’un petit embarras pour Trump, basé sur une preuve évidente. Il a cité une fausse histoire d’un site russe non crédible, comme il est intéressant de le noter. Mais ce n’est pas ce qui s’est passé. Eichenwald dans un état hystérique grandissant, a posté frénétiquement pas moins de trois douzaines de tweets sur le sujet la nuit dernière, à chaque fois intensifiant ses arguments. Pendant ce temps, il a conduit un très grand nombre de personnes à croire qu’il a prouvé que : 1) les documents des archives de WikiLeaks sont retouchés ; 2) que la Russie met des faux dans les archives de WikiLeaks ; 3) que Sputnik connaissait les archives de WikiLeaks avant qu’elles ne soient postées en ligne ; 4) que WikiLeaks coordonnait ses publications avec le gouvernement russe ; 5) que le gouvernement russe et l’équipe de campagne de Trump se sont entendus pour faussement attribuer les mots de Eichenwald à Blumenthal.

En fait, Eichenwald n’a absolument aucune preuve de tout cela. La question n’est pas que ses preuves ne soient ni convaincantes ni concluantes ; la question est qu’il n’y a aucune preuve, sur rien. C’est juste une théorie de conspiration et une spéculation qu’il a inventée. Pire encore, l’article, faisant allusion à ces allégations et encourageant les lecteurs à y croire ne revendique aucune de ces choses expressément. Au lieu de cela, Eichenwald écrivait ses tweets dérangés et gonflait à plusieurs reprises cette histoire vraiment dérisoire — un email faussement attribué par Sputnik et repris par Trump — en un avertissement en cinq points que la preuve avait été faite d’un insidieux complot des Russe pour subvertir les élections US, avec Trump et de faux documents WikiLeaks au milieu

EN SOIT, cela n’est pas si important. Tout journaliste est tenté par le battage médiatique. Mais Eichenwald est allé bien plus loin, y compris comme démontré ci-dessous, en utilisant des mensonges récusables. Mais ce qui rend les faits si significatifs, c’est de voir combien de journalistes raisonnables et parfaitement intelligents se sont laissés prendre par la double hystérie des dynamiques de groupe sur Twitter et des œillères électorales — tout comme ils l’ont fait avec l'”Avertissement officiel” de Nance — et cela au point que CNN a invité Eichenwald ce matin pour parler de son scoop mêlant Poutine, Trump et WikiLeaks dans le complot visant à gaver les Américains de désinformation russe.

Regardez comment ce récit perverti a été interprété en très peu de temps sans personne pour le contredire de crainte d’être taxé de larbin de Poutine ou supporter de Trump (accusations qui en passant font inévitablement leur chemin à la suite de cet article.) :

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Folks : Wikileaks est corrompu. La Russie savait exactement où chercher pour prendre mes paroles et les mettre dans la bouche des amis d’Hillary

Le gouvernement russe a falsifié un email. Puis Trump a cité le courriel falsifié lors d’un rassemblement. Seuls ces deux-là le savaient. Comment ?

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Appeler cela une tromperie éculée, c’est mésestimer le cas. En particulier, l’assertion répétée que son histoire a quelque chose à voir, sans le démontrer, avec “WikiLeaks travaille avec Poutine” ou “WikiLeaks est corrompu” est un mensonge pur et simple. L’affirmation du deuxième tweet — que “seuls ces deux-là [Trump et la Russie] le savaient — est un pur mensonge. Trump l’a cité alors que cela avait été publié des heures plus tôt et largement partagé sur Internet. De plus, tous des documents publiés par WikiLeaks ont toujours été identifiés comme absolument authentiques.

Mais regardez ces tweets : chacun a été retweeté par près de 1000 personnes, et bien plus que ça dans le cas du plus sensationnel. Et ils ont été vite popularisés par des gens qui devraient savoir que quiconque soutient Hillary Clinton veut croire que c’est vrai :

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Vous doutez de la véracité des e-mails #Wikileaks ? Voici un indicateur qui vous dit que vous avez raison d’être méfiant.

— Diane Duane (@dduane) October 11, 2016

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Voici la raison pour laquelle vous ne devriez jamais croire tout ce qui vient de la Russie et/ou de WikiLeaks. Et pourquoi il est stupide de les citer

— Georg Kleine (@GeorgKleine) October 11, 2016

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La Russie a fuité des e-mails piratés mais pour la première fois a contrefait un journaliste. Seule la presse russe a publié le mensonge. Pourtant, @ realDonaldTrump…

— Chris Sacca (@sacca) le 11 octobre 2016

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Rien de tout cela n’est vraiment arrivé. Ou du moins il n’y a pas une seule preuve. Il y a des gens intelligents et rationnels qui croient des scams. Pourquoi ? C’est en partie parce que Twitter entretient ce courant de pensée et ce manque de sens critique — vous cliquez et sans effort vous envoyez tout ce que les gens sont prêts à croire — mais aussi parce qu’ils croient tellement au droit de leur cause (élire Clinton, battre Trump) qu’ils ont banni toute limite et contrainte, croyant que toute histoire, accusation ou bavure, peu importe qu’elle soit vraie ou complotiste, est justifiée par le but à atteindre.

Mais alors que la candidature de Trump présente de graves dangers, c’est également le cas du courant bien-pensant, particulièrement quand il submerge les plus influents. Le problème est que rien de cela ne va se calmer après l’élection. La machine électorale, qui a été construite sur l’union des élites pour soutenir Clinton — rejetant tous les faits gênants comme étant frauduleux pour les escamoter, qualifiant les critiques et les adversaires d’outils ou d’agents d’un pouvoir ennemi visant à détruire l’Amérique — est puissante. Comme on l’a vu ici, elle est capable d’inventer n’importe quelle histoire, peu importe qu’elle soit fausse ; diabolisant les critiques, peu importe la bassesse, et incitant les gens à croire qu’ils sont attaqués.

Pendant longtemps les socialistes se sont proclamés comme faisant partie de “la communauté réaliste” et ont traité les conservateurs de bigots et de victimes de “fermeture épistémique”. Les forces que l’on voit en mouvement ici ne sont en rien des sous-produits de la raison.

Photo du haut : Téléviseurs dans un magasin de Moscou en avril 2015, pendant la transmission de la séance annuelle du Président de la Russie Vladimir Poutine au téléphone avec la nation.

Source : The Intercept, le 11/10/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/dans-lintimite-du-parti-democrate-les-verites-qui-derangent-sont-requalifiees-en-complots-de-poutine-par-glenn-greenwald/


L’administration Obama, qui menace de suspendre les pourparlers avec la Russie au sujet de la Syrie, envisage d’armer les rebelles syriens, par Adam Entous et Felicia Schwartz

Monday 31 October 2016 at 00:37

Source : The Wall Street Journal, le 28/09/2016

Le secrétaire d’État appelle à un arrêt de l’offensive à Alep lors d’un échange téléphonique avec le ministre des Affaires étrangères russe

Par Adam Entous et Felicia Schwartz

WASHINGTON – L’administration Obama a menacé de se retirer des pourparlers avec la Russie en raison de l’échec du cessez-le-feu en Syrie, et a relancé un débat interne sur l’opportunité de fournir plus de force de frappe aux rebelles pour faire face à une intensification de l’assaut russe et syrien sur leur place forte d’Alep, ont affirmé des responsables américains.

La Maison-Blanche avait suspendu le débat sur l’armement plus tôt cette année pour donner l’opportunité au secrétaire d’État John Kerry d’essayer de négocier un cessez-le-feu avec son homologue russe.

M. Kerry a dit au ministre des Affaires étrangère russe Sergei Lavrov, lors d’un appel téléphonique mercredi, que les États-Unis étaient prêts à suspendre leur engagement avec Moscou sur la Syrie si la Russie ne prenait pas “des mesures immédiates” pour arrêter l’offensive sur Alep.

Le débat relancé sur ce que l’administration considère comme un plan B, selon des responsables américains, est centré sur la question de savoir s’il faut autoriser la CIA, et ses partenaires dans la région, à livrer des systèmes d’armement qui permettraient aux unités rebelles avalisées par la CIA de frapper les positions d’artillerie russes et syriennes depuis une longue distance.

L’administration Obama a exclu la fourniture aux rebelles de systèmes portables de défense aérienne, connus sous le nom de Manpads, mais des membres de l’administration ont affirmé qu’ils envisageaient de les armer de systèmes anti-aériens moins mobiles et qui poseraient donc moins de risques de prolifération.

Le porte-parole du Département d’État John Kirby a affirmé, mercredi, que l’administration Obama discutait d’options “en dehors du champs diplomatique” pour résoudre le conflit, mais a refusé de donner des détails.

Un accord de cessez-le-feu russo-américain a échoué la semaine dernière après que des responsables américains ont accusé la Russie d’avoir bombardé un convoi humanitaire, et le régime du président syrien Bashar al-Assad d’avoir lancé une nouvelle offensive contre les zones d’Alep tenues par les rebelles.

Des membres de l’administration affirment que la vitesse de l’offensive russe et syrienne contre Alep a poussé la Maison-Blanche à accélérer ses délibérations et forcé les responsables politiques à envisager des options pour lesquelles ils étaient jusqu’ici réticents.

En plus de l’approvisionnement en armes par la CIA et ses partenaires, les États-Unis envisagent de donner leur feu vert à leurs alliés régionaux, y compris la Turquie et l’Arabie saoudite, pour fournir des systèmes d’armement plus puissants aux rebelles.

Certains responsables américains pensent qu’il est peut-être déjà trop tard pour avoir un quelconque impact sur le champ de bataille, et que l’administration devrait envisager de prendre une action militaire américaine directe contre le régime d’Assad pour stopper la campagne.

Des membres de l’administration prédisent une forte opposition à la Maison-Blanche à toute option impliquant une action directe de l’armée américaine contre le régime d’Assad, en raison du risque de déclencher un conflit plus étendu avec la Russie. L’armée américaine a mené des frappes en Syrie contre l’État islamique depuis 2014.

Le Wall Street Journal rapportait en février que les meilleurs conseillers en renseignement et militaires du président Barack Obama faisaient pression sur la Maison-Blanche pour proposer un plan alternatif afin d’aider les rebelles à mieux repousser les Russes et les Syriens. Le programme secret de la CIA pour armer les rebelles a commencé en 2013, impliquant une aide à des groupes rebelles examinés et approuvés par des responsables américains.

Les grands partisans au sein de l’administration Obama de la fourniture de force de frappe aux rebelles pour contrer les Russes ont été le directeur de la CIA John Brennan et le Secrétaire à la Défense Ash Carter. La Maison-Blanche et M. Kerry ont plutôt soutenu les négociations avec les Russes. La Maison-Blanche a été soucieuse de ne pas aggraver un combat par procuration avec Moscou qui pourrait aspirer Washington plus loin encore dans le conflit.

L’ultimatum américain de mercredi a été la déclaration la plus forte de Washington sur un conflit larvé entre les deux puissances au sujet de l’échec du cessez-le-feu. Les États-Unis et la Russie ont annoncé l’accord sur le cessez-le-feu ce mois-ci, qui entrainait la possibilité d’une coopération militaire plus étroite contre les combattants islamistes.

Le ministère russe des Affaires étrangères a affirmé mercredi que M. Lavrov, lors de la conversation, a souligné que des rebelles anti-gouvernement soutenus par Washington “ont refusé de suivre l’accord russo-américain… mais ont au contraire fusionné avec Jabbat al-Nosra” un groupe lié à al-Qaïda qui s’est rebaptisé en juillet et a affirmé avoir coupé les liens avec le mouvement extrémiste.

Depuis que la Russie est intervenue il y a un an pour aider M. Assad à se maintenir au pouvoir, l’aviation russe a ciblé lors de ses frappes des rebelles soutenus par la CIA a affirmé un officiel américain.

Dans son appel à M. Lavrov, M. Kerry a exprimé “sa grave inquiétude” au sujet des attaques continues des forces russes et syriennes contre des hôpitaux et autres infrastructure civiles d’Alep, a affirmé M. Kirby.

“Le secrétaire d’État a clairement dit que les États-Unis et ses partenaires tenaient la Russie pour responsables de la situation, y compris concernant l’usage de bombes anti-bunker et incendiaires dans l’environnement urbain, une escalade drastique qui met les civils en grand danger,” a affirmé M. Kirby.

M. Kirby a affirmé que la meilleure option pour la Syrie serait une “cessation immédiate des hostilités” et l’acheminement d’aides humanitaires.

“La politique est que nous continuons à soutenir la solution diplomatique, plutôt que la militaire,” a-t-il affirmé, “cela ne signifie pas que nous ne continuons pas à discuter des autres options et alternatives qui pourraient nous être offertes”

Les responsables politiques américains envisagent de légiférer pour étoffer les sanctions américaines contre le gouvernement syrien et ses soutiens, et la Maison-Blanche a affirmé plus tôt dans la semaine que M. Kerry avait parlé durant le weekend avec les ministères des Affaires étrangères européens au sujet du renforcement des mesures punitives.

Si les États-Unis persistent dans leur idée de cesser les discussions avec la Russie, les mesures incluront probablement de rappeler une équipe de Genève qui a rencontré des représentants russes pour essayer de mettre en œuvre l’accord de cessez-le-feu.

Une unité militaire établie pour “déconflictualiser” les opérations aériennes dans le combat contre l’État islamique resterait en place même si les discussions sur le cessez-le-feu sont suspendues, a affirmé un officiel.

M. Kirby a affirmé que les États-Unis espéraient que l’incitation à une coopération militaire plus étroite avec les États-Unis, ainsi que l’augmentation des coûts pour l’armée russe alors que le conflit en Syrie s’éternise, pourrait entrainer un changement de position de la Russie.

“La Russie continuera d’envoyer des troupes à la maison dans des sacs mortuaires et ils continueront de perdre des ressources, et peut-être même plus d’avions,” a affirmé M. Kirby.

Bien que la Russie a affirmé aux États-Unis vouloir une coopération plus étroite et une stabilité en Syrie, “nous n’avons rien vu depuis que l’accord de Genève du 9 septembre a été conclu qui nous amènerait à croire que la Russie est sérieusement sur le point de remplir ses engagements,” a affirmé M. Kirby.

Nathan Hodge a participé à la rédaction de cet article.

Source: The Wall Street Journal, le 28/09/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Des combattants de l’armée syrienne libre

Source: http://www.les-crises.fr/ladministration-obama-qui-menace-de-suspendre-les-pourparlers-avec-la-russie-au-sujet-de-la-syrie-envisage-darmer-les-rebelles-syriens-par-adam-entous-et-felicia-schwartz/


Un expert en armement affirme que l’État islamique reçoit des armes en provenance d’Europe de l’Est via une nouvelle filière d’approvisionnement “rapide”, par Louise Ridley

Monday 31 October 2016 at 00:30

Source : The Huffington Post, le 11/09/2016

Nous avons une filière d’approvisionnement qui part d’une usine d’Europe de l’Est et arrive à l’État islamique en Irak en moins de deux mois.”

Louise Ridley

Un expert en armement affirme que les combattants de l’État islamique utilisent illégalement des armes, légères ou non, fabriquées dans des usines d’Europe de l’Est et qui transitent par une filière d’approvisionnement “presque directe”, récemment découverte.

James Bevan, directeur du Conflict Armament Research (CAR) (Recherche sur les Conflits et les Armements), a déclaré au Huffington Post britannique que, cet été, des enquêtes ont repéré des évolutions rapides et inquiétantes sur la source de l’armement qui permet au prétendu État islamique de combattre d’autres groupes et de perpétrer des massacres.

Armes découvertes dans un camion de l'État islamique

Armes découvertes dans un camion de l’État islamique

Selon Bevan, dont la société piste les transferts d’armes illégaux, ces armes sont transportées en quelques semaines depuis l’Europe de l’Est vers l’État islamique en Irak et en Syrie via une filière “très rapide” traversant plusieurs pays.

Dans une interview donnée au Huffington Post britannique, Bevan a affirmé que, jusqu’ici, les armes de l’EI étaient essentiellement des armes légères de l’armée irakienne, y compris des armes transférées par l’armée américaine lors de son repli d’Irak entre 2007 et 2011.

“A ce moment-là, l’État islamique s’est emparé de positions de l’armée irakienne, a capturé ces armes et les a transférées vers la Syrie.” Il ajoute qu’une partie des armes de l’État islamique pourrait provenir d’unités de l’armée syrienne vaincues au combat. “This is normal with any kind of rebellion or insurgency, they first use the weapons and ammunition of their adversaries.”

Mais l’arsenal de l’État islamique comprend désormais des matériels bien plus récents portant, dit Bevan, des “dates de fabrication de 2013, 2014 et même 2015.” Il a remonté la piste de ces armes neuves jusqu’en Europe de l’Est. Elles comprennent des AK-47, des mitrailleuses et des explosifs.

Une arme légère de l'État islamique découverte en Syrie.

Une arme légère de l’État islamique découverte en Syrie.

Dans une interview donnée au Huffington Post britannique, Bevan a déclaré qu’actuellement le CAR interpelle entre autres les gouvernements bulgare et serbe au sujet de ventes d’armes à l’Arabie saoudite.

Bevan estime qu’en dépit de l’existence d’un accord par lequel l’Arabie saoudite s’engage à être l’unique utilisateur final de ces armes, à l’exclusion de quelque autre pays que ce soit, il semble bien que le royaume ait purement et simplement envoyé ces dernières en Turquie, d’où elles parviennent “très, très rapidement” aux mains de l’État islamique à travers des filières illégales.

“Nous avons affaire à une filière d’approvisionnement qui part d’un fabricant d’Europe de l’Est, transite via un second pays d’Europe de l’Est en direction de l’Arabie saoudite puis de la Turquie, puis à des groupes d’opposants syriens et enfin à l’État islamique à Falloujah, en Irak, et ce en moins de deux mois,” explique-t-il. “C’est presque direct. Par voie maritime, cela prendrait un mois.”

Bevan affirme que ses preuves, tirées de l’analyse des armes après le siège de Fallujah achevé en mai, démontrent que tout fournisseur d’armes à l’un des nombreux groupes d’opposition syriens n’a “absolument aucun contrôle” sur leur destination finale. Des factions syriennes qui à première vue s’opposent à l’État islamique se fondent dans ce dernier ou coopèrent avec ce dernier, faisant que les armes se retrouvent rapidement aux mains de l’État islamique, dit-il.

Des puissances étrangères essayant d’aider des groupes combattant l’État islamique apportent en fait leur soutien aux forces islamistes, dit-il, ajoutant que “il est très difficile de les distinguer par rapport aux forces de l’État islamique. Ils sont imbriqués dans l’État islamique, ou ont un accord avec lui, ou un groupe va faire sécession et ses combattants vont rejoindre l’État islamique avec leurs armes.

“Cela prouve que tout fournisseur des groupes d’opposition syriens n’a absolument aucun contrôle sur la destination finale de ces armes. C’est quasiment l’exacte situation survenant dans les années 1980 en Afghanistan, au sens où les USA, l’Arabie saoudite et les autres alliés fournissaient des armes à l’ISI, les services secrets pakistanais.

Ils avaient ensuite le choix de les distribuer. Ils ont choisi les vainqueurs, qui représentaient la ligne dure des forces islamistes, à l’origine d’al-Qaïda et des Taliban.”

Il est possible que des gouvernements de l’Europe de l’Est sachent que les armes vendues ne font que transiter par l’Arabie saoudite, affirme Bevan, car les armes de “gros calibre soviétiques” qu’ils vendent ne seraient jamais utilisées par l’armée de l’Arabie saoudite, qui préfère des armes légères, plus chères, d’origine américaine.

“Ce que nous allons faire est de retourner voir ces gouvernements (d’Europe de l’Est), et leur dire : vous avez un sérieux problème, car vous avez exporté 7000 roquettes en Arabie saoudite qui ont un calibre russe, et vous savez pertinemment que l’Arabie saoudite n’utilise pas ce type d’armement. Alors pourquoi les exportez-vous en sachant que, de toute évidence, ils les donneront à quelqu’un d’autre ?

“Ils le savent depuis longtemps et ils s’en moquent,” a-t-il admis, mais il pense que confronter des pays à de telles évidences finira bien par entraîner des résultats.

Les équipes du CAR ont retrouvé la trace de près d’un demi-million d’armes ou munitions en deux ans, en utilisant les numéros de série qui relient chaque arme à une usine précise.

Il a envoyé une enquête de traçabilité à un gouvernement lui demandant à quel pays il avait vendu des armes, et remonté la filière de transfert à partir de là.

C’est le CAR qui a révélé en février que la Turquie était une plaque tournante de composants comme les cordons de détonation et les fertilisants agricoles qui sont utilisés par l’EI pour réaliser des bombes utilisées dans les attaques suicide. La chaîne d’approvisionnement comprenait 51 sociétés réparties dans le monde, dont Nokia et des marques européennes et américaines.

“Un certain nombre de ces équipements étaient produits en Europe et arrivaient sur le marché domestique turque, totalement non régulé, et ensuite l’État islamique utilisait littéralement la Turquie comme un entrepôt,” a précisé Bevan au HuffPost britannique. Avec comme résultat, l’interdiction par la Turquie de vendre plusieurs fertilisants chimiques, qui avaient sans doute été utilisés par des militants kurdes pour tuer des dizaines de personnes sur son propre sol.

Ce mois-ci, il est apparu que la chaîne d’approvisionnement de l’État islamique via la Turquie pourrait être brisée après qu’un groupe militant ait été refoulé du dernier territoire qu’il contrôlait près de la frontière syrano-turque.

Le mois dernier, le CAR a également prouvé que les armes vendues par la Chine à son allié le Soudan ont été acheminées jusqu’aux rebelles de l’opposition dans le Soudan du Sud, où deux casques bleus chinois ont été récemment tués.

Source: The Huffington Post, le 11/09/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Source: http://www.les-crises.fr/un-expert-en-armement-affirme-que-letat-islamique-recoit-des-armes-en-provenance-deurope-de-lest-via-une-nouvelle-filiere-dapprovisionnement-rapide-par-louise-ridley/


Revue de presse internationale du 31/10/2016

Monday 31 October 2016 at 00:01

Enfin une revue de presse internationale (pour laquelle nous manquons cruellement de participants, vous savez comment postuler…) ! Avec des articles récents ou plus anciens collectés cet été, dont plusieurs proposés en traduction – la plupart grâce à Hervé (que nous en profitons pour remercier) via son blog. Bonne lecture.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-internationale-du-31102016/


Revue de presse du 30/10/2016

Sunday 30 October 2016 at 02:45

La revue du dimanche. Merci à nos contributeurs.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-30102016/


Un film à voir au cinéma : Captain Fantastic

Sunday 30 October 2016 at 02:30

Je vous conseille pour cette journée qui dure une heure de plus un très beau film (comédie dramatique) : Captain Fantastic (note record de 18/10 sur Allociné…)

En plus, il y a un clin d’oeil au grand Noam Chomsky dedans 🙂

Je vous rappelle que j’ai aussi créé avant ce blog, ce blog dédié à Noam Chomsky : www.noam-chomsky.fr.

Comme (évidemment) il roupille un peu depuis, je cherche quelqu’un qui serait un peu motivé pour m’aider à l’animer (cela prendra très peu de temps, avec un gros plus si vous connaissez un peu wordpress ou sinon si vous êtes relativement à l’aise en informatique. Me contacter)

Source : Télérama, 12-10-2016

Synopsis

Ben et sa femme détestaient la société consumériste et ont donc tout quitté pour aller vivre dans les bois. Alors que son épouse est à l’hôpital, Ben continue à enseigner à ses six enfants comment vivre en communion avec la nature. Ils les entraînent à chasser, les poussent à dépasser leurs limites physiques et leur fait l’école. Leur monde s’écroule quand leur mère, bipolaire, se suicide. Ben découvre le testament de son épouse. Il est bien décidé à ce que ses dernières volontés soient respectées. Le père de la défunte, qui menace de faire arrêter Ben si il se rend à la cérémonie, compte bien enterrer sa fille alors que la jeune femme voulait être incinérée…

Critique lors de la sortie en salle le 12/10/2016

Par Jérémie Couston

Vivre dans une cabane au milieu des bois, avec des livres, un potager et une canne à pêche, en marge de cette société de consommation aliénante, qui n’en a jamais rêvé ? C’est l’utopie concrète proposée (imposée ?) par Ben Cash à ses six jeunes enfants. Au programme de leur éducation mi-hippie, mi-altermondialiste, en autarcie dans une forêt du nord-ouest des États-Unis : chasse au daim à l’arc, escalade, yoga et cours d’espéranto. Dans cette petite communauté où la religion n’a pas sa place, on ne fête pas Noël mais le « Noam Chom­sky Day », en référence au célèbre linguiste et philosophe. La tête et le corps façonnés par un père à tendance autoritaire, la progéniture semble ne manquer de rien sinon de l’amour de leur mère, récemment hospitalisée pour ­bipolarité. Sa disparition coïncidera avec le désir d’émancipation de l’aîné, qui se verrait bien, enfin, courir le guilledou et entrer à Harvard.

Après une première partie euphorisante, sur la symbiose avec la nature, les joies et les limites d’un système éducatif en vase clos, le film et ses néo-Robinsons entament une mini-révolution, au risque de la déconvenue. A bord d’un vieux bus, la famille Cash se confronte au monde extérieur. A commencer par les parents de la défunte, caricatures un peu grossières du capitalisme triomphant : ils n’ont jamais compris le virage écolo-libertaire de leur fille… Incarné par un Viggo Mortensen en grande forme, Ben est-il le ­superhéros que le titre suggère ? Fantastique ou fantasque ? En tout cas un père idéaliste qui se bat pour ses convictions et pour que ses enfants vivent dans un monde authentique. De quoi forcer le respect.

 Jérémie Couston

Source : Télérama, 12-10-2016

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Source: http://www.les-crises.fr/un-film-a-voir-captain-fantastic/


L’orage est imminent, par Victor Davis Hanson

Sunday 30 October 2016 at 02:05

L’article cité par le Général Mark Milley dans son discours martial…

Une illustration de la préparation de populations à la guerre.

Source : Townhall, le 22/09/2016

Victor Davis Hanson | Publié le 22 septembre 2016

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Cet été, le président Obama jouait souvent au golf. Hillary Clinton et Donald Trump promettaient de laisser aller le monde. L’été semblait s’achever dans la torpeur et le monde paraissait plutôt calme.

L’été 1914 en Europe paraissait calme, lui aussi. Mais le 28 juillet, l’archiduc François-Ferdinand d’Autriche fut assassiné à Sarajevo par Gavrilo Princip avec l’aide de ses complices séparatistes serbes. Cet acte isolé a déclenché la Première Guerre mondiale.

Pendant l’été 1939, la plupart des observateurs pensaient qu’Adolf Hitler en avait enfin fini avec ses intimidations en série. On supposait que les politiques d’apaisement avaient permis de rassasier ses immenses appétits territoriaux. Mais, le 1er septembre, l’Allemagne nazie envahissait soudain la Pologne et déclenchait la Seconde Guerre mondiale, qui allait engloutir quelque 60 millions de vies.

Les guerres paraissent souvent venir de nulle part, alors que des événements imprévus transforment en embrasements planétaires des tensions qui couvent de longue date.

Les boutefeux sont souvent des agresseurs plus faibles qui croient naïvement que les nations plus puissantes qu’eux souhaitent la paix à tout prix et qu’elles ne réagiront pas à une agression opportuniste.

Malheureusement, notre tranquille fin d’été 2016 a dissimulé beaucoup de tensions latentes qui maintenant émergent, en grande partie en raison du désengagement des États-Unis qui seraient, paraît-il, fatigués.

La guerre, elle, à la différence des États, ne dort pas.

La Russie a massé des troupes à sa frontière avec l’Ukraine. Le président russe Vladimir Poutine semble croire que l’Europe est plongée dans le désarroi et il croit que la principale préoccupation du président Obama est de présenter des excuses aux étrangers pour les fautes passées des États-Unis. Poutine parie qu’au sein des puissances occidentales fatiguées, il ne s’en trouvera aucune pour pouvoir ou vouloir endiguer sa réintégration de l’Ukraine — ou ensuite des États baltes. Quel branché d’Amsterdam se soucie de ce qui pourrait arriver à la lointaine Kiev ?

L’Iran a échangé des otages américains contre une rançon. Il n’y a pas longtemps, un missile iranien a manqué de peu un porte-avions américain. Des Iraniens ont piraté un bateau américain et ont harcelé nos navires de guerre dans le golfe Persique. Téhéran promet régulièrement de détruire soit Israël, soit les États-Unis, soit les deux. C’est un drôle de dividende de paix de « l’accord avec l’Iran » !

La Corée du Nord n’est pas simplement délirante. Les récents essais nucléaires et tirs de missiles en direction du Japon donnent l’impression que l’homme fort de Corée du Nord, Kim Jong-Un, croit vraiment qu’il pourrait gagner une guerre − et obtenir ainsi d’encore plus grandes concessions de la part de l’Occident et de la part de ses voisins asiatiques.

De manière analogue, les islamistes radicaux semblent décidés à mener de nouvelles attaques en postulant que l’Occident ne répondra probablement pas par un déploiement de puissance écrasant. Le week-end dernier nous a confrontés à des explosions de bombes artisanales à Manhattan et dans le New Jersey, ainsi qu’à une attaque à l’arme blanche dans un centre commercial du Minnesota − et à la frustration des Américains.

L’Europe et les États-Unis ont été déstabilisés par un déferlement de migrants − principalement de jeunes hommes − venus du Moyen-Orient déchiré par la guerre. Le politiquement correct a figé les dirigeants occidentaux, les empêchant de ne serait-ce que formaliser la menace et, bien sûr, d’y répondre.

Pendant ce temps le gouvernement américain semble plus préoccupé par la fermeture du centre de détention de Guantanamo, par le souci qu’aucun représentant de l’État ne prononce les mots « terreur islamique » et par la diffusion de mises en garde des Américains contre tout excès dû à leurs préjugés supposés innés.

Les agresseurs sont également encouragés par d’importantes coupes dans le budget de la défense des États-Unis. Le canard boiteux de la présidence Obama, les politiques menées dans l’ombre et la division culturelle et raciale des États-Unis reflètent la lassitude des électeurs vis-à-vis des engagements internationaux.

Ce serait une erreur de croire que la guerre est impossible parce qu’elle ne bénéficie à personne, ou qu’elle est surannée en notre XXIe siècle si sophistiqué, ou qu’elle serait insensée dans un monde nucléarisé.

La nature humaine est immuable et reste irrationnelle. Le mal est éternel. Malheureusement, l’apaisement est souvent vu par les malfrats non comme de la magnanimité à charge de revanche mais comme de la timidité à exploiter.

Quelqu’un devra bientôt dire aux Nord-Coréens qu’un ordre mondial stable ne peut tolérer leurs tirs de missiles et essais nucléaires répétés.

Quelqu’un pourrait rappeler à Poutine que les anciennes Républiques soviétiques ont droit à l’auto-détermination.

Quelqu’un pourrait informer les Chinois que personne ne peut installer des îles artificielles et des bases militaires pour contrôler les voies maritimes commerciales.

Quelqu’un pourrait faire entendre aux terroristes islamistes qu’il y a une limite à la patience occidentale face à leurs bombardements permanents, leurs meurtres et leurs destructions.

Le problème est qu’il n’y a pas de « quelqu’un » (et sûrement pas les Nations Unies ou l’Union européenne) qui possède l’autorité et la puissance requises, en dehors des États-Unis. Mais pendant longtemps, les États-Unis ont accompli plus que leur part du maintien de l’ordre international, et leur peuple est las des coûteuses chasses aux dragons à l’étranger.

Le résultat, en cette date tardive, est que la thérapie lourde qui consisterait à restaurer la dissuasion à long terme est presque aussi dangereuse que la maladie du sempiternel apaisement à court terme.

Obama semble convaincu de pouvoir quitter ses fonctions avec l’aura d’un porteur de paix avant que ses brebis apaisées ne finissent par s’unir dans une réaction violente. Il nous a assuré que le monde n’avait jamais été aussi calme et paisible.

D’autres ont affirmé la même chose au cours des dernières semaines des paisibles étés 1914 et 1939.

Les nuages de la guerre s’accumulent. L’orage est imminent.

Source : Townhall, le 22/09/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/lorage-est-imminent-par-victor-davis-hanson/


Le projet de déclaration belge pour le CETA : ce que les Wallons ont obtenu

Saturday 29 October 2016 at 02:54

Comme vous l’avez vu, la Wallonie a cédé, mais en ayant fait avancer nos intérêts – comme quoi elle a pu faire ce que n’a pu faire la Commission…

Mais il faut maintenant que les 28 Parlements ratifient, on va voir, surtout aux Pays-Bas…

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Source : RTBF, Johanne Montay, 26-10-2016

Le projet de déclaration belge pour le CETA: ce que les Wallons ont obtenu - © Tous droits réservés

Le projet de déclaration belge pour le CETA: ce que les Wallons ont obtenu – © Tous droits réservés

Ils se démènent comme des diables, à nouveau réunis en comité de concertation depuis ce mercredi matin. C’est la pause jusqu’à 15 heures, mais ils ont bon espoir d’engranger un accord. Les ministres du gouvernement wallon PS-cdH pensent avoir obtenu un certain nombre d’acquis, notamment sur des thèmes particulièrement chers au cdH comme la défense de l’agriculture. Mais ils ne veulent pas acheter un chat dans un sac : tout devra être encore validé par les experts et les juristes, une fois que les textes seront déposés par la Commission et le Fédéral.

Voici les points essentiels :

  1. Clause de sauvegarde générale permettant à la Belgique ou une entité fédérée de se retirer du CETA : cette demande a été pleinement acceptée.
  2. Le mécanisme de règlement des différends doit évoluer vers une cour internationale publique. Cette demande est pleinement intégrée et des engagements clairs sont pris à cet égard. L’accès aux PME sera facilité.
  3. Dans le domaine agricole, des mécanismes de sauvegarde particuliers sont prévus pour les consommateurs et les agriculteurs permettant l’activation de mesures de protection et soutien, y compris lorsqu’un déséquilibre de marché est identifié pour un seul produit.
  4. Les services aux personnes au sens large (y compris associatif) et les mécanismes d’assurance sociale sont pleinement protégés et exclus du champ d’application du CETA.

Nous vous livrons en exclusivité le projet de Déclaration de la Belgique (Etat fédéral et entités fédérées) pour la signature du CETA.

Parmi les aménagements notables, les points suivants :

1. Au cas où l’une des entités fédérées informerait l’Etat fédéral de sa décision définitive et permanente de ne pas ratifier le CETA, l’Etat fédéral notifiera au Conseil au plus tard dans un délai d’un an à compter de la notification par ladite entité de l’impossibilité définitive et permanente pour la Belgique de ratifier le CETA. Les dispositions nécessaires seront prises conformément aux procédures de l’UE.

2. La Belgique a pris acte de ce que l’application provisoire du CETA ne s’étend pas à diverses dispositions du CETA, notamment en matière de protection d’investissement et de règlement des différends (ICS), conformément à la décision du Conseil relative à l’application provisoire du CETA. Elle a en outre pris acte du droit de chaque partie à mettre fin à l’application provisoire du CETA conformément à son article 30.7.

La Région flamande et la Communauté flamande saluent en particulier la déclaration conjointe de la Commission européenne et du Conseil de l’Union européenne à propos de l’Investment Court System.

3. Les autorités concernées procéderont, chacune pour ce qui les concerne, à intervalles réguliers à une évaluation des effets socio-économiques et environnementaux de l’application provisoire du CETA.

Si, sur base de leur analyse globale et substantielle des effets sociaux, économiques et environnementaux observés de l’application provisoire du CETA, l’une ou plusieurs d’entre elles notifient à l’Etat belge leur volonté définitive et permanente de mettre fin à cette application provisoire, l’Etat belge notifiera au Conseil, au plus tard dans un délai d’un an à compter de cette notification par la ou les entités concernées l’impossibilité définitive et permanente de la Belgique de ratifier le CETA. Les dispositions seront prises subséquemment en conformité avec les procédures de l’Union européenne.

4. La déclaration du Conseil et des Etats membres traitant des décisions du Comité conjoint du CETA en matière de coopération réglementaire pour des compétences relevant des Etats membres confirme que ces décisions devront être prises de commun accord par le Conseil et ses Etats-membres.

Dans ce contexte, les gouvernements des entités fédérées indiquent que, pour les matières relevant de leurs compétences exclusives ou partielles au sein du système constitutionnel belge, elles entendent soumettre toute coopération en matière de réglementation à l’accord préalable de leur Parlement, de même que toute décision réglementaire qui en découlerait.

5.  L’Etat fédéral ou une entité fédérée compétente en matière agricole se réserve le droit d’activer la clause de sauvegarde en cas de déséquilibre de marché, y compris lorsque ce déséquilibre est identifié pour un seul produit. Des seuils précis seront déterminés au conseil européen endéans les 12 mois qui suivent la signature du CETA déterminant ce que l’on entend par déséquilibre de marché.

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Source : RTBF, Johanne Montay, 26-10-2016

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Le combat n’est pas terminé ! par No-Transat

L’origine du combat

En 2011, lorsque nous lancions la plateforme No Transat ! pour alerter des dangers de possibles tractations politiques entre l’Union européenne et les états-Unis (tractations faites à la demande de puissantes multinationales), on pouvait nous prendre pour des illuminés (le TTIP n’avait pas encore d’existence officielle) ou de doux rêveurs (comment allions-nous intéresser l’opinion publique ET les acteurs politiques aux enjeux démocratiques, écologiques et sociaux de tels accords négociés en secret dans de hautes sphères ?).

En 2013, le lancement officiel des négociations sur le TTIP nous donnait raison sur le 1er point (non, nous n’étions pas des illuminés…) tandis que de nombreux mouvements sociaux – à commencer par l’Alliance D19-20 – décidaient d’entrer dans la danse militante contre l’austérité et le TTIP. Quant au CETA, le « petit » frère du TTIP, on doit sa découverte à la vigilance du CNCD. Tous ensemble, nous avons milité durant ces années pour faire sortir de l’ombre les enjeux citoyens de ces traités, sans jamais ménager ni notre peine intellectuelle (analyse et décryptage des textes) ni notre temps militant (conférences et formations, actions et manifestations, auditions parlementaires…). Récemment, le collectif www.stopttip.be a vu le jour, incluant en son sein tout ce que la société civile belge (francophone et néerlandophone) compte comme organisations militantes (syndicats, mutuelles, ONG, asbl défendant les droits de l’homme, le social ou l’environnement).

Oui mais… Tout ça pour conduire à quoi ?

Quels résultats concrets ?

La 1ère avancée obtenue par la mobilisation anti-CETA/TTIP fut de convaincre la presse d’arrêter de copier/coller les déclarations lénifiantes de la Commission européenne, pour laisser place à quelques arguments contradictoires. Certes, les médias n’ont jamais vraiment parlé de nos griefs à l’encontre du shopping législatif ou de la coopération réglementaire prévue par le CETA et le TTIP, mais ils ont quand même abondamment parlé du problème des Tribunaux d’arbitrage privés, découvert le principe des listes négatives (libéralisant par défaut tout secteur non protégé par un gouvernement au moment de la signature de l’accord) et donné du crédit aux risques de nivellement par le bas de normes sociales, sanitaires et écologiques.

Une 2ème avancée obtenue par la mobilisation anti-CETA/TTIP fut d’imposer à la Commission européenne une première réforme – certes cosmétique – des Tribunaux d’arbitrage, le RDIE (Règlements des Différends Investisseurs-états) laissant place à l’ICS (Investment Court System) avec davantage de transparence dans la procédure et la possibilité d’aller en appel des décisions. Le système n’en reste pas moins une « justice sur mesure » trop favorable aux multinationales.

Autre victoire sur la Commission européenne : poussés dans le dos par leur opinion publique, plusieurs états (dont l’Allemagne) ont fait savoir qu’ils voulaient que le CETA soit reconnu comme un accord « mixte » (c’est-à-dire mettant en jeu des compétences européennes ET nationales). La mort dans l’âme, la Commission européenne s’est résignée à cette proposition (qui impliquait ipso facto de prendre en compte l’avis des Parlements nationaux) sans s’imaginer un seul instant que cela pourrait bloquer la procédure de ratification dès son arrivée en Conseil européen. Mais voilà : alors que l’unanimité des états-membres était requise pour dire oui à cet accord mixte, plusieurs entités fédérées belges (Parlement wallon, Parlement bruxellois, Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles) ont fait savoir que leur opposition au CETA, exprimée de longue date, n’avait pas changé d’un iota.  Et ce fut l’ouverture d’un psychodrame…

Côté officiel, les pleurs et lamentations ont côtoyé les pressions, ultimatums et autres couteaux sous la gorge de l’entité honnie entre toutes : le gouvernement wallon. Pour nous, ce fut une sacrée victoire : alors que les traités bilatéraux d’investissements passaient généralement le cap du Conseil européen comme une lettre à la poste, un gouvernement élu s’opposait enfin à la ratification du CETA ! Et provoquait un débat public qui a fait la une des journaux du monde entier… C’est, en soi, une immense victoire pour nous tous qui mobilisons contre le CETA, TTIP et autres TISA depuis des années. 

Mais, aujourd’hui, que penser de l’accord « CETA bis » négocié par la Région wallonne avec le Canada, la Commission européenne et les autres entités décisionnelles belges ?

Qu’a obtenu le gouvernement wallon (et les autres entités fédérées) ?

Négocié par le gouvernement wallon avec le Canada, un « Instrument interprétatif commun » va être annexé au CETA. Valable pour toutes les parties prenantes de l’accord, ce document important va limiter la casse « libéralisation / privatisation / mise en concurrence » dans des secteurs importants : marchés publics, secteur de l’eau, services publics et (pour la seule Belgique) sécurité sociale. Dans tous ces domaines, le gouvernement wallon semble avoir obtenu[1] de sérieuses garanties pour les autorités publiques à pouvoir réguler (y compris en renationalisant des secteurs privatisés) en fonction de l’intérêt général. De même, les tristement célèbres Tribunaux d’arbitrage privés vont devoir être revus, dans le but d’en faire des Tribunaux pleinement publics, priés de ne pas accepter les plaintes abusives des multinationales (face à des législations sociales ou environnementales). Si on doit saluer cette avancée, le problème de base n’a pas changé : on crée un système judiciaire spécialement dédié aux conflits états-Investisseurs, et seuls ces derniers peuvent déposer plainte en prenant pour référence juridique les traités commerciaux internationaux (dont l’ADN est bien plus favorable aux investisseurs que celui des Constitutions nationales). Enfin, l’accord belgo-belge stipule que la Belgique demandera à la Cour de Justice européenne de se prononcer sur la légalité des nouvelles procédures d’arbitrage, tandis que les Régions pourront imposer à la Belgique de ne pas ratifier définitivement le CETA en cas d’évaluation négative dans les mois ou les années qui viennent.

Que reste-t-il comme problèmes ?

Ces aménagements du texte ne sont pas rien. Ce sont des « avancées » qui limitent sérieusement la « casse sociale » initialement promise par le CETA. Ce dernier est-il pour autant un bon accord politique qu’on devrait s’empresser de ratifier ? Plusieurs raisons nous poussent à dire « pas si vite ! ».

Premièrement, c’est durant une petite dizaine de jours que les négociateurs bruxellois et wallons ont cherché à aménager un texte négocié durant plusieurs années et… long de 1.600 pages. Il est difficile, dans un tel contexte, de modifier en profondeur les lignes de force initiales du CETA.

Sans rentrer dans tous les détails, on peut dire que les enjeux suivants restent problématiques :

1)      Le « shopping législatif » sort renforcé : aujourd’hui, le marché unique européen met déjà en concurrence les systèmes fiscaux, sociaux et environnementaux non harmonisés à l’échelle européenne. Plutôt que de solutionner ce problème crucial en optant (par exemple) pour une harmonisation fiscale, l’Union européenne va élargir le shopping législatif au Canada en ratifiant le CETA (et à d’autres pays au fur et à mesure que de nouveaux accords de « libre-échange » seront engrangés) ;

2)      Le problème des listes négatives demeure : si certains domaines importants (sécurité sociale, services publics, marchés publics) ont été préservés grâce aux négociations imposées par la Région wallonne, il n’en reste pas moins que le principe des listes négatives (qui font de la libéralisation et de la mise en concurrence le principe de fonctionnement « par défaut » de l’économie) reste acté dans le CETA. Ce qui constitue un important recul par rapport aux anciens traités internationaux ;

3)      La coopération réglementaire fait toujours du CETA un accord vivant : même si elle n’a pas stricto sensu force de loi, la coopération réglementaire ouvre une sorte de droit de négociation permanent à des instances technocratiques UE-Canada dans de nombreux domaines ayant un impact sur l’emploi, l’environnement ou notre alimentation. Qui plus est, des principes telle que l’évaluation « coût-bénéfice » des « obstacles non-tarifaires » (sic) au commerce ou la volonté de traquer les « coûts inutiles » de recherches scientifiques menées séparément en Europe et au Canada poussent clairement à confier davantage d’initiatives, de discussions et de négociations à des instances transatlantiques, opaques et non élues, loin de tout contrôle démocratique ;

4)      L’enjeu climatique : alors qu’il faudrait réduire de toute urgence l’empreinte écologique de l’humanité et le réchauffement climatique (qui créent déjà des drames sociaux et des réfugiés climatiques), le CETA continue d’internationaliser des secteurs d’activités (notamment l’agriculture) au détriment de l’emploi local et du contrôle des émissions de CO2. C’est, en soi, parfaitement absurde !

Quel bilan, quel avenir ?

On doit saluer le travail fait par les Parlements wallon et de la Fédération Wallonie-Bruxelles, et les gouvernements qui s’en sont faits les porte-parole, car ils ont été les seuls à oser mettre le doigt sur certaines « questions qui fâchent », quitte à s’attirer moult critiques et pressions diplomatiques, affairistes, médiatiques…

À l’inverse, les « avancées obtenues » n’empêchent pas le CETA de porter certains défauts et déséquilibres inhérents à son acte de naissance (des années de négociations opaques, menées par des technocrates à la demande de firmes multinationales).

En 2011, nous avons été parmi les premiers à lancer l’alerte.

Aujourd’hui, nous continuerons à faire un travail d’analyse et de vulgarisation, notamment pour expliquer de façon simple et accessible les enjeux démocratiques, écologiques et sociaux de ce « CETA bis ».

Demain, avec toutes celles et tous ceux qui le désirent, nous continuerons à mobiliser pour obtenir davantage de changements et de meilleures réformes dans la manière d’organiser le commerce mondial. Ce qui, en l’état, continue de passer par le refus des CETA, TISA et autres TTIP.


[1] La formulation se veut prudente… étant donné le peu de temps pour prendre connaissance des documents (et leur articulation juridique avec le Traité en lui-même…).

Source : No-Transat

Faut-il avoir peur du Ceta ? 6 exemples concrets pour vous faire une idée

On lire aussi ceci sur l’Obs

LE CETA NE FERA PAS JURISPRUDENCE DANS LE SENS SOUHAITÉ ! par François Leclerc

À lire chez Paul Jorion

Accord belge sur le CETA : quelles leçons pour les sociaux-démocrates?

À lire chez Blog Mediapart

 

Source: http://www.les-crises.fr/le-projet-de-declaration-belge-pour-le-ceta-ce-que-les-wallons-ont-obtenu-par-johanne-montay/


Se distraire à en mourir (BD : Aldous Huxley & George Orwell par Neil Postman)

Saturday 29 October 2016 at 01:42

Source : Partage-le.com, traduit par Jessica Aubin, le 26 Août 2016.

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Source: http://www.les-crises.fr/se-distraire-a-en-mourir-bd-aldous-huxley-george-orwell-par-neil-postman/


Racines historiques profondes des valeurs, des institutions et de l’identité européennes, par Peter Turchin

Saturday 29 October 2016 at 00:38

Source : euromind, le 16/09/2016

Peter Turchin

Le grand projet d’intégration européenne est un échec. Les signes de dysfonctionnement abondent : de la débâcle de la dette grecque à la crise de l’immigration et maintenant le “Brexit”. La tendance à la désintégration au niveau européen se reflète dans les États constituants : pensez aux envies d’indépendance des Écossais et des Catalans, ou à l’incapacité de la Belgique à former un gouvernement national depuis des années. Dans un renversement spectaculaire de la tendance d’Après-guerre, les Européens ont apparemment perdu leur capacité à coopérer au travers des différentes entités nationales et entre les différents groupes ethniques.

Pour mettre cet échec en perspective, amener les gens à coopérer dans de très grands groupes comme l’UE est difficile. La science qui tente de comprendre comment les humains peuvent être en mesure de former d’énormes sociétés coopératives comptant des dizaines ou des centaines de millions de membres en est encore à ses balbutiements. Les sociologues ne disposent pas vraiment d’expériences impliquant des centaines de millions de personnes. Néanmoins, beaucoup de progrès ont été accomplis en adoptant une approche scientifique pour l’analyse des données historiques. [Voir Turchin, Peter. 2016. Ultrasociety: How 10,000 Years of War Made Humans the Greatest Cooperators on Earth (Comment 10 000 ans de guerre ont fait des Hommes les plus grands coopérateurs sur Terre), Chaplin, CT: Beresta Books.]

Ce que nous avons appris nous montre que la capacité des gens à former de grands groupes coopératifs est conditionnée par l’Histoire lointaine – des événements qui ont eu lieu  des centaines et parfois des milliers d’années auparavant. Les analyses historiques ont identifié un facteur particulièrement important : l’influence durable du passé et des empires maintenant disparus depuis longtemps. Pourquoi ?

Une coopération réussie exige que les gens partagent des valeurs, des institutions et une identité sociale. Les valeurs nous disent pourquoi nous voulons coopérer : quel bien public voulons-nous produire collectivement ? Les normes et les institutions nous disent comment organiser cette coopération. L’identité partagée aide les gens à œuvrer ensemble pour surmonter les obstacles à la coopération (comme la tentation de profiter des efforts des autres). A titre d’exemple, le premier principe de la gestion de l’action coopérative, identifié par le politologue et prix Nobel Elinor Ostrom, était de définir des limites claires pour les groupes. Des valeurs, institutions et identités incompatibles condamnent souvent tout effort de coopération avant même qu’il puisse se développer.

L’expérience historique de la vie dans un même État se traduit souvent par la diffusion de valeurs, d’institutions et d’identités communes au sein de groupes initialement disparates. Des éléments de culture changent progressivement, y compris ceux qui influent sur la coopération, mais souvent persistent encore longtemps après la désintégration de l’empire.

Nous pouvons utiliser les données de la World Values Survey (WVS) pour visualiser ces « fantômes des empires passés ». Depuis 1981, la WVS a recueilli des données sur les croyances des gens dans de nombreux pays. Les chercheurs ont découvert qu’une grande partie des variantes entre les populations des différents pays peuvent être définies en seulement deux dimensions : (1) les valeurs traditionnelles par rapport à des valeurs laïques et rationnelles, et (2) les valeurs de survie par rapport aux valeurs d’expression personnelle. Lorsque les valeurs de chaque pays de l’échantillon sont représentées dans un espace à deux dimensions définies par ces deux axes, nous obtenons ce qu’on appelle la carte culturelle Inglehart-Welzel. J’ai pris les données du WVS pour les pays européens de la dernière (sixième) enquête et mis la légende en fonction de l’histoire partagée au sein des anciens États : les empires carolingien, des Habsbourg, ottoman, britannique et russe. « Nordique » se réfère aux empires danois et suédois (attendu que le Danemark à certaines périodes de l’histoire incluait la Norvège, l’Islande et une partie de la Suède, tandis que la Suède incluait la Finlande).

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Comme le montre la figure, les pays modernes, qui partagent le même passé et le même empire disparu depuis longtemps, sont groupés très étroitement. Il y a peu de chevauchements. Et quand il y en a, cela peut refléter l’influence d’empires encore plus anciens. Par exemple, l’Espagne, l’Italie, la Grèce et les Balkans étaient tous au cœur de l’Empire romain.

Le groupe des pays qui faisaient partie de l’Empire carolingien (qui a atteint son apogée en 800 sous Charlemagne) est d’un intérêt particulier. Il est remarquable que le groupe initial de six États européens qui ont signé en 1957 le traité instituant la Communauté Economique Européenne, précurseur de l’Union européenne (France, Allemagne, Italie et Benelux), étaient également au cœur de l’empire de Charlemagne.

Ce n’est pas une coïncidence. L’empire carolingien était la forme embryonnaire de ce que nous appelons aujourd’hui la civilisation occidentale, à savoir la majeure partie de la chrétienté latine, cette partie de l’Europe médiévale qui était catholique, plutôt qu’orthodoxe ou non-chrétienne, composée des États qui ont succédé aux Carolingiens (par exemple, la France et l’Empire allemand, aussi appelé « saint Empire romain »). Plus tard, à ce noyau, on a ajouté des régions qui ont été conquises par des non-chrétiens (par exemple, la plus grande partie de l’Espagne, la Prusse) ou des terres anciennement carolingiennes converties (par exemple, le Danemark et la Pologne). Bien que jamais unis politiquement après l’éclatement de l’Empire carolingien, les habitants de la chrétienté latine savaient qu’ils partageaient un certain sens supranational. Ils étaient unis par leur foi commune, dirigée par le pape à Rome, par une culture partagée et par le langage commun de la littérature, de la liturgie, et de la diplomatie internationale latine. Comme l’historien Robert Bartlett nous le dit dans The Making of Europe: Conquest, Colonization and Cultural Change, 950-1350, les étrangers étaient également conscients de cette identité supranationale, et désignaient les chrétiens latins sous le nom de “Francs” (“Faranga” en arabe, “Fraggoi” en grec). Le ménestrel Ambroise a écrit à propos de la première Croisade : « Quand la Syrie a été reprise dans une autre guerre et Antioche assiégée, l’une de ces grandes guerres et ces combats contre les Turcs et les mécréants, dont beaucoup d’entre eux ont été abattus, il n’y avait pas de conspirations ou de querelles, personne ne demandait qui était Normand ou Français, qui était Poitevin ou Breton, qui était du Maine ou de Bourgogne, qui était Flamand ou Anglais… tous ont été appelés « Francs », qu’ils fussent bruns ou blonds ou roux ou blancs. » La chrétienté latine a été le précurseur direct de la civilisation occidentale, et même le schisme religieux de la Réforme, malgré le sang versé, s’est avéré n’être qu’une querelle de famille. Il n’a pas détruit l’identité globale dont les racines remontent aux Carolingiens, et qui a servi de base pour le projet d’unification européenne actuelle. [Pour en savoir plus sur cette histoire, voir Turchin, Peter. 2006. War and Peace and War: The Life Cycles of Imperial Nations. NY: Pi Press.]

Rétrospectivement, cependant, l’expansion bien trop rapide de l’UE à partir du groupe de base des six pour arriver à 28 membres a clairement contribué à son dysfonctionnement. Premièrement parce qu’il est plus facile à six personnes (ou six chefs d’État) de se mettre d’accord sur une façon de procéder, que de le faire à vingt-huit. Deuxièmement, et tout aussi important, l’expansion au-delà du noyau carolingien (les cercles rouge dans la figure) a réuni des gens (et des politiciens) de diverses cultures, détenant des valeurs différentes, et prenant des chemins incompatibles avec la coopération. Ceci peut être vu dans la façon dont les cercles représentant les 22 pays supplémentaires sont largement dispersés dans la figure. Un tel décalage dans les normes et les institutions a créé des obstacles supplémentaires à une action collective efficace.

L’intégration européenne serait-elle mieux servie par une approche « modulaire » plus progressive ? Par exemple, les pays nordiques ont déjà leur propre « noyau d’intégration », le Conseil nordique. Le groupe Visegrad (Pologne, Hongrie, Slovaquie et République tchèque) en est un autre. Peut-être l’UE fonctionnerait-elle mieux comme ensemble imbriqué de ces groupes, plutôt qu’en étant un seul vaste groupe qui repose sur des arrangements informels entre les États les plus puissants ?

Dans un article récemment publié dans la revue scientifique internationale Nature, [Turchin, Peter. 2016. Mine the past for Patterns. Nature 535: 488-489.] je demandais davantage de recherches pour étudier ces pistes, de manière empirique et systématique, en utilisant de nombreuses bases de données historiques  qui analysent méticuleusement le dossier historique (par exemple, voir Seshat: Global History Databank). Voici quelques-unes des questions que nous pourrions poser : quels arrangements et quelles institutions politiques administratives ont aidé la coopération dans les grands empires (qui ont souvent commencé comme des confédérations), tels que Rome, ou la Confédération Maratha, aux États-Unis ? Que pouvons-nous apprendre du sort de l’Empire des Habsbourg, que nous considérons comme une tentative antérieure (qui a échoué) d’« Union européenne », mis en place par une série de mariages entre dynasties ? Est-ce qu’une construction graduelle et progressive aurait pour résultat une union plus durable ? Avec quel type de hiérarchie les unités politiques fonctionnent-elles le mieux : l’horizontale avec un seul niveau, ou l’imbriquée, à plusieurs niveaux ? Quelle est l’importance du sentiment d’identité pour préserver l’unité de grands groupes humains ?

C’est une tendance marquée chez les décideurs politiques de considérer les crises économiques et politiques actuelles comme si elles étaient totalement sans précédent, ce qui les conduit à répéter les vieilles erreurs. Mais alors que nous choisissons d’ignorer les leçons de l’Histoire, l’Histoire, elle, ne nous ignore pas.

Source : euromind, le 16/09/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/racines-historiques-profondes-des-valeurs-des-institutions-et-de-lidentite-europeennes-par-peter-turchin/