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Syrie : Réponse à un historien auto-proclamé, par Richard Labévière

Tuesday 18 October 2016 at 01:15

Richard Labévière est un journaliste et écrivain français qui a été rédacteur en chef à la Télévision suisse romande (TSR) et à Radio France internationale (RFI), et Rédacteur en chef de Défense, la revue de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) de 2003 à 2011

Source : Proche et Moyen-Orient, Richard Labévière, 22-08-2016

Avec la reconquête annoncée d’Alep par l’armée nationale syrienne, Jean-Pierre Filiu – l’égérie des « révolutions arabes » – perd ses nerfs et remet le couvert1 : « la non-intervention des démocraties occidentales et de l’ONU dans le conflit syrien, depuis 2011, résonne en écho historique de la non-intervention prônée par les mêmes démocraties occidentales et la Société des Nations (SDN) lors de la guerre d’Espagne, de 1936 à 1939. Pas plus alors qu’aujourd’hui cette politique de passive complicité n’aura réussi à épargner à l’Europe des vagues de réfugiés et une violence sans précédent pour chaque époque respective. Je persiste et signe comme historien dans ce parallèle que beaucoup rejettent ». Diantre !

Cette imprudente persistance couronne cinq années d’une propagande échevelée, déformante et particulièrement désinformante quant à la situation qui prévaut en Syrie et dans la sous-région. Multirécidiviste acharné, Jean-Pierre Filiu nous répète inlassablement depuis l’été 2011 quatre himalayennes bêtises :

Disons humblement que l’avenir de la Syrie dépend d’abord des Syriens qui se prononceront eux-mêmes lorsque leur pays sera débarrassé des dizaines de milliers de mercenaires tchétchènes, chinois, maghrébins et européens payés par l’Arabie, le Qatar et les autres démocraties les plus exemplaires du monde. Voilà restitué en quelques traits le bêtisier de celui qui ose se présenter comme un « historien » alors que ses humeurs militantes répondent termes à termes à l’agenda stratégique de ses commanditaires dont l’ultime finalité est le démantèlement de la Syrie nationale. Rien de très scientifique là-dedans, sinon trois postures récurrentes comme autant de figures imposées d’un patinage idéologique mortifère.

Durant l’été 2006, Bernard-Henri Lévy « couvrant » l’agression israélienne contre le Liban depuis… Haïfa osait déjà comparer (en première page du Monde) la soldatesque israélienne avec les joyeuses bandes des Brigades internationales engagées contre le fascisme dans l’Espagne de 1936. En l’occurrence, les bombardiers de Tel-Aviv étaient en train de détruire la quasi-totalité des infrastructures du Pays du cèdre en causant la mort de plus d’un millier de civils. Mais bon… BHL poussait l’inadmissible comparaison dans Le Monde sans que personne n’ait la possibilité de lui répondre. Le petit commissaire politique des pages « débats-opinions » du Monde – Nicolas Truong – veillait au grain, censurant toute tentative de réponse à cette infamie2. Ayant dû se retourner plusieurs fois dans sa tombe, George Orwell nous avait pourtant prévenu dans son 1984 : « la guerre c’est la paix ; la liberté c’est l’esclavage ; l’ignorance c’est la force ».

L’ANACHRONISME HISTORIQUE

Pour un historien, même auto-proclamé, l’anachronisme constitue, sans doute, une faute professionnelle, sinon l’égarement le plus rédhibitoire. Définissant l’opération historiographique, le grand médiéviste Michel de Certeau l’articule autour de trois dimensions inséparables et interactives. En premier lieu, elle est le produit du lieu social dont elle émane à la manière dont les biens de consommation sont produits dans des entreprises. A cet égard, il insiste sur le terme même de fabrication afin de souligner sa dimension la plus instrumentale. L’oeuvre historienne est alors conçue comme le produit d’un lieu institutionnel qui le surdétermine en tant que relation au corps social, tout en étant le plus souvent purement implicite, le non-dit du dire historien : « Est abstraite, en histoire, toute « doctrine » qui  refoule son rapport à la société… Le discours « scientifique » qui ne parle pas de sa relation au « corps » social ne saurait articuler une pratique.

En second lieu, l’histoire est une pratique, justement. Elle n’est pas simple parole noble d’une interprétation désincarnée et désintéressée. Au contraire, elle est toujours médiatisée par la technique et sa frontière se déplace constamment entre le donné et le créé, entre le document et sa construction, entre le supposé réel et les mille et une manières de le dire. A cet égard, l’historien est celui qui maîtrise un certain nombre de techniques depuis l’établissement des sources, leur classement jusqu’à leur redistribution en fonction d’un autre espace en utilisant un certain nombre d’opérateurs. L’historien est alors autant tributaire de l’archivistique de son époque que du degré de technicité des moyens mis en oeuvre pour la prospecter. Sur ce plan, la révolution informatique modifie substantiellement les procédures et démultiplie les potentialités d’analyse.

En troisième lieu, et cela fait le titre même de son ouvrage d’épistémologie historique de 1975, l’histoire est écriture. L’attention que porte Michel de Certeau au mode d’écriture de l’histoire ne signifie nullement qu’il limiterait cette discipline à sa seule dimension discursive : « En fait, l’écriture historienne – ou historiographie – reste contrôlée par les pratiques dont elle résulte ; bien plus, elle est elle-même une pratique sociale »3. Ainsi, en continuant à comparer indûment les jihadistes syriens aux Brigades internationales et les démocraties actuelles à celles de la SDN, Filiu remplit clairement un rôle social et une fonction idéologique précise. Son anachronisme (du grec ana : en arrière et khronos : le temps), son erreur inlassablement répétée n’est pas fortuite mais sert délibérément les intérêts des puissances régionales et internationales qui cherchent à faire de la Syrie ce qu’elles ont déjà fait de l’Afghanistan, de l’Irak de la Libye du Liban et de l’Europe.

L’anachronisme se retrouvent dans la littérature à vocation historique où l’auteur insère un fait, un personnage ou un objet qui ne correspond pas à l’époque relatée. C’est souvent le cas de la littérature de science-fiction mais aussi de romans historiques comme Da Vinci code ou Les rois maudits, par exemple, où les guerres médiévales sont présentées sous des formes que la guerre ne prendra que bien plus tard. En l’occurrence, les fous furieux du Front Fatah Al-Cham qui utilisent la population d’Alep comme bouclier humain n’ont rien… mais alors rien à voir avec Buenaventura Durruti, Isaac Puente, Ciprinano Mera et leurs partisans qui défendaient Madrid contre les hordes fascistes de Franco ! Indépendamment du respect minimal que l’on doit à ces combattants de la liberté et compte tenu de ces quelques rappels méthodologiques, on ne saurait que trop conseiller à notre « historien » une lecture sérieuse de Michel de Certeau et aussi celle de L’esprit scientifique de Gaston Bachelard. Cet effort l’amènerait certainement à corriger les nombreuses erreurs factuelles et les contresens qui ponctuent les différentes brochures qu’il a consacrées au phénomène jihadiste et à l’histoire complexe des Proche et Moyen-Orient.

IL ETAIT UNE FOIS LA REVOLUTION

Le deuxième registre préféré de Jean-Pierre Filiu est… LA REVOLUTION ! « Il était une fois la révolution » est un film italien de Sergio Leone, sorti en 1971. L’histoire se passe en 1913 au Mexique. Deux personnages font connaissance : un pilleur de diligences, Juan Miranda (Rod Steiger) et un Irlandais, ex-membre de l’IRA en fuite, spécialiste en explosifs, John Mallory (James Coburn). Juan voit en John le complice idéal pour braquer la banque de Mesa Verde qui se révélera plus riche en prisonniers politiques qu’en lingots d’or. Juan et John vont alors se trouver plongés en plein cœur des tourmentes de la révolution mexicaine, et ce bien malgré eux. Entre autres vertus, ce beau western spaghetti nous ramène à la relativité opérationnelle et morale de toute espèce de processus révolutionnaire.

L’auteur de ces lignes se souvient d’un plateau agité sur TV5-Monde avec une autre égérie de la « révolution syrienne ». Echarpe rouge autour du cou, le brave homme n’avait que le mot de « révolution » à la bouche jusqu’à ce que je lui fasse remarquer qu’il était peut-être un peu tôt pour qualifier les événements syriens de « révolution ». Réponse courroucée de mon interlocuteur : « mais Monsieur, vu votre jeune âge que savez-vous des révolutions ? Avec une certaine délectation j’expliquai alors qu’effectivement, « jeune reporter » j’avais eu la chance de couvrir la chute de Somoza et la victoire de la révolution sandiniste au Nicaragua. Celle-ci rétorquai-je arrêta trois décisions pour le coup fondamentalement révolutionnaires : une ambitieuse réforme agraire, la nationalisation des compagnies agro-alimentaires américaines (United Fruit Company) et la promotion des femmes. A quoi j’ajoutai : « à part violer les femmes des villages chrétiens et kurdes des heures durant, vos « révolutionnaires jihadistes » ont-ils adopté des décisions similaires ou approchantes ? » Notre révolutionnaire de plateau faillit avaler sa belle écharpe rouge.

On se souvient aussi d’un livre à quatre mains de Benjamin Stora (qui n’a aucune légitimité particulière concernant la Syrie) et d’Edwy Plenel (le chevalier blanc de toutes les investigations), deux rescapés du trotskisme de leur jeunesse vantant les progrès des « révolutions arabes » et n’hésitant pas à proclamer l’avènement prochain d’un « 1789 arabe » ! A mourir de rire, si les événements n’étaient pas aussi tragiques, mais en tout cas, lecture à conseiller dans la série Harry Potter comme remède au désenchantement du monde cruel.

Enfin de la même veine, on a gardé au coffre un papier de Jean-Pierre Filiu publié par Le Monde, daté du mois d’août 2011, où – substantiellement – il qualifie les « révolutions arabes » de tsunami démocratique submergeant le monde arabo-musulman et, surtout provoquant une panique générale parmi les groupes jihadistes, annonçant leur défaite prochaine, sinon leur définitive disparition. Bien vu et encore bravo !

Pour la révolution française, la joute des historiens est loin d’être terminée. Après les classiques d’Albert Soboul, d’Albert Mathiez, de Maurice Agulhon et de Boris Porchnev vint l’entreprise révisionniste de François Furet appuyée par ses copains « nouveaux philosophes » affirmant que Robespierre et Staline : c’est la même chose… A prochetmoyen-orient.ch, on recommande régulièrement la lecture du livre magnifique d’Eric Hazan Une histoire de la révolution française4.

Pour la révolution russe, et en hommage aux Brigades internationales d’Espagne, La révolution inconnue de l’historien anarchiste Voline demeure incontournable. Sans anachronisme aucun, l’ouvrage décrit scientifiquement les différences, les confrontations et les luttes entre les conceptions autoritaires et libertaires de la révolution, annonçant la fin tragique de Durruti et de ses amis sacrifiés durant le siège de Madrid. Alors, face à la « révolution syrienne » – dont Jean-Pierre Filiu continue à penser qu’elle produira l’homme nouveau après le départ de Bachar al-Assad – calmons-nous, parce que l’Arabie saoudite, les Etats-Unis et Israël poussent d’autres pions qui n’ont vraiment rien à voir avec l’homme nouveau de notre historien pressé… Et c’est, plus ou moins consciemment mais en convergence militante et assumée avec ses ex-collègues du Quai d’Orsay, que l’« historien » Filiu monte aux barricades en nous servant toutes les fadaises d’une rébellion modérée, laïque, voire démocratique.

L’IDIOT UTILE

Même Le Monde, qui annonce la chute imminente de Bachar al-Assad depuis juillet 2011, commence à s’interroger sur la vraie nature des « révolutionnaires » syriens. Sur une pleine page5, le quotidien découvre dernièrement « le nouveau visage de l’insurrection d’Alep » : « appelés en renfort par les rebelles modérés, les jihadistes de l’ex-franchise d’Al-Qaïda tirent profit de la bataille »… On croit rêver ! Et le plus sérieusement du monde, le quotidien conclut que le groupe jihadiste qui occupe Alep « n’a pas signalé qu’il comptait modifier ses objectifs de long terme : l’établissement d’un émirat islamique en Syrie et l’imposition de la charia comme législation ». Ouf ! Cela fait plus de quatre ans qu’on leur explique, mais… mieux vaut tard que jamais !

Jean-Pierre Filiu, à qui les colonnes du Monde restent largement ouvertes, persiste et signe pourtant, accroché à une troisième posture/imposture qui ressurgit immanquablement dès que sa chère rébellion modérée est en difficulté : celle de « l’idiot utile ». Historiquement, l’expression a désigné des sympathisants communistes tel Jean-Paul Sartre qui soutenaient inconditionnellement l’URSS. Sartre expliquait alors à ses proches qu’il ne fallait surtout pas dire la vérité sur les purges et le goulag afin de « ne pas désespérer Billancourt »… « La liberté de critique est totale en URSS et le citoyen soviétique améliore sans cesse sa condition au sein d’une société en progression continuelle », écrivait alors la coqueluche de Saint-Germain-des-Prés dans « Retour d’URSS »6. Bien-sûr, c’était la Guerre froide, dans les têtes aussi…

Certains historiens confirmés attribuent l’expression « idiot utile » à Lénine, même si on n’en trouve cependant pas trace dans ses ouvrages publiés. D’autres l’ont utilisée pour désigner et stigmatiser les intellectuels égarés dont la défense enthousiaste et naïve du régime soviétique exempte de toute critique. L’un des premiers « idiots utiles » serait le libéral hongrois Benkert, homme de lettres signant du pseudonyme de Karl-Maria Kertbeny. Personnalité excentrique, il était connu de Karl Marx et de Friedrich Engels qui le considéraient effectivement comme un « idiot » pouvant être utile. On trouve dans la Correspondance Marx-Engels, ces remarques : « cet âne de Kertbeny » (lettre de Marx, 3 juin 1864), « voyons s’il peut nous servir à quelque chose » (lettre de Engels, 2 février 1868).

L’expression « Useful Idiot » apparut aux États-Unis pour la première fois en 1948. Elle fut alors utilisée dans un article du New York Times à propos de la politique italienne. L’expression semble n’avoir plus été usitée dans la presse écrite jusqu’en 1961. Depuis, l’idiot utile est considéré comme étant naïf, parfois de bonne foi mais en plein déni de réalité à cause de son aveuglante fidélité. « L’expression est maintenant utilisée pour décrire une personne qui se laisse manipuler par un mouvement politique, un groupe terroriste ou un gouvernement hostile et ne s’applique plus uniquement aux communistes », nous disent les encyclopédies…

Retournement de la fin de la Guerre froide, le terme d’idiot utile est aujourd’hui réveillé par les néo-conservateurs américains pour qualifier amicalement les intellectuels de gauche européens – comme notre cher « historien » – souvent invités par les think-tanks américains afin de soutenir la « politique sunnite » de Washington, de Tel-Aviv et de Paris… En effet, les idiots utiles d’aujourd’hui sont littéralement fascinés par les Etats-Unis et leurs coups tordus démocratiques. Mais ces nouveaux idiots utiles sont dangereux.

Un jour, ils devront, sans doute, assumer leur responsabilité active dans le départ des gamins paumés de nos banlieues vers les jihad syriens, irakiens et africains, dans l’expansion du terrorisme contemporain et dans le soutien complice des pétromonarchies dictatoriales du Golfe. A force de décrire une rébellion syrienne comparable aux joyeuses bandes romantiques des Brigades internationales de la Guerre d’Espagne, il ne faut pas s’étonner de voir des gosses en rupture d’identité culturelle, familiale et sociale faire le serment des Brigands de Schiller : « voyez, mes yeux sont dessillés ! Quel fou j’étais de vouloir retourner à ma cage ! Mon esprit a soif d’action, j’aspire à la liberté de tout mon souffle ! Brigands, meurtriers ! Ce mot seul suffisait à mettre la loi sous mes pieds. Les hommes m’ont caché l’humanité au moment où j’en appelais à l’humanité. Loin de moi sympathie et ménagements humains ! Je n’ai plus de père, je n’ai plus d’amour, le sang et la mort m’apprendront à oublier que quelque chose ait jamais pu m’être cher. Venez, venez ! Oh ! Je vais me donner à la distraction d’une manière effroyable ! »7. Aujourd’hui, ces brigands devenus terroristes et assassins n’ont pas grand-chose à voir avec les Brigades internationales.

Malgré tout, Jean-Pierre Filiu « persiste et signe » sa comparaison stupide et indigne, il continue de nourrir sa haine viscérale du « régime de Bachar al-Assad » qui, pourtant ne menace pas la France, ni ses habitants, ni ses intérêts. Les psychiatres peuvent-ils expliquer une telle fixation obsessionnelle, un tel transfert d’émotions ? Qu’est-il arrivé à notre « historien » lorsqu’il n’était encore que diplomate de seconde zone en poste à Damas et à Tunis ? Historien peau de lapin… Jean-Pierre Filiu est un peu à l’histoire ce que BHL est à la philosophie : une imposture grossière, envahissante et dangereuse. Que notre homme ne donne-t-il l’exemple en partant combattre les armes à la main l’ignoble Bachar ! A défaut d’être pertinent, cela aurait au moins du panache !

Richard Labévière
15 août 2016
(Depuis l’Echo des montagnes d’Armoy – Haute-Savoie)


1 Médiapart, 7 août 2016. 
2 A l’époque, avec l’écrivain Philippe de Saint-Robert et une dizaine d’autres plumes reconnues, nous adressâmes au Monde une « réponse à Bernard-Henri Lévy » en expliquant les causes de cette guerre et ses conséquences désastreuses, évitant toute attaque polémique et, surtout en nous limitant au même nombre de mots et de signes que ceux de la diatribe de BHL. Notre censeur – Nicolas Truong – nous répondit que le quotidien n’avait pas la place de publier une telle tribune. Ce qui était possible pour BHL ne l’était pas pour une dizaine de journalistes et d’experts reconnus des Proche et Moyen-Orient. Après les attentats de janvier 2016, Nicolas Truong a été l’un des premiers à se proclamer « Je suis Charlie » et, bien-sûr, défenseur de la liberté de la presse.  
3 Michel de Certeau, L’écriture de l’histoire. Editions Gallimard, 1975. 
4 Eric Hazan : Une histoire de la révolution française. Edition La Fabrique, 2012. 
5 Le Monde du 10 août 2016. 
6 Libération du 15 juillet 1954. 
7 Schiller : Les Brigands. Editions bilingue Aubier, 1968.

Source : Proche et Moyen-Orient, Richard Labévière, 22-08-2016

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A lire aussi :

 

Source: http://www.les-crises.fr/syrie-reponse-a-un-historien-auto-proclame-par-richard-labeviere/


Négociations sur la Syrie : Poutine accuse la France d’avoir cherché à « envenimer la situation »

Tuesday 18 October 2016 at 00:59

Pour changer, la vision russe (à prendre avec recul…)

Source : Russia Today, 12-10-2016

Vladimir Poutine au forum économique de Moscou, le 12 octobre 2016.

Vladimir Poutine au forum économique de Moscou, le 12 octobre 2016.

Au lendemain de l’annulation par Moscou d’une rencontre qui était prévue à Paris entre François Hollande et Vladimir Poutine, le président russe s’est déclaré offensé par le comportement de la diplomatie française sur le dossier syrien.

«Ce n’est pas la France qui doit être offensée par le veto russe, mais plutôt Moscou qui doit être offensé», a déclaré le chef du Kremlin, mercredi 12 octobre, lors du forum de l’investissement de Moscou. Vladimir Poutine reproche à Paris de s’être engagé à respecter les amendements déposés par Moscou sur sa proposition de résolution au Conseil de Sécurité de l’ONU concernant la Syrie, puis d’avoir soumis un texte qui n’en tenait aucun compte – un comportement ayant contraint la Russie a user de son droit de veto.

Vidéo : Poutine : «Ce n’est pas à nos partenaires d’être offensés par cette situation»

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«Lorsque Jean-Marc Ayrault s’est rendu à Moscou, Sergueï Lavrov [le chef de la diplomatie russe] lui a assuré que Moscou n’avait pas la volonté d’utiliser son droit de veto si la France prenait en compte les amendements proposés par Moscou», a déclaré le président russe. En d’autres termes, la France et la Russie se sont entendues sur le contenu de la proposition française.

Or par la suite, poursuit Vladimir Poutine, le ministre des Affaires étrangères français a rencontré les dirigeants américains. Résultat : «La résolution française ne mentionnait pas du tout la responsabilité de l’opposition et de ses combattants dans la crise actuelle en Syrie.» Une manière, selon le dirigeant russe, de se plier à la volonté de Washington. «Servir les intérêts politiques des Etats-Unis, est-ce le rôle d’un pays sérieux qui prétend à un titre de grande puissance?», a-t-il regretté.

Les déclarations du chef du Kremlin sur la diplomatie française font référence à une proposition de résolution de la France sur un cessez-le-feu à Alep, soumise au Conseil de Sécurité de l’ONU le samedi 8 octobre, et rejetée en raison du veto russeParis avait par la suite posé son veto à la contre-proposition de Moscou, à l’unisson avec Washington et Londres.

Poutine : la rencontre avec Hollande n’a pas été «annulée», c’était seulement le mauvais moment

Le lendemain de ces désaccords, dimanche 9 octobre, François Hollande avait annoncé qu’il pourrait annuler sa rencontre avec Vladimir Poutine, prévue lors de son voyage à Paris le 19 octobre. Mardi 11 octobre, le président russe avait finalement fait savoir qu’il comptait «reporter» sa visite diplomatique dans la capitale française, où il devait également inaugurer un centre spirituel et culturel russe au Quai Branly.

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Lors de son intervention au forum économique de Moscou, mercredi, le chef d’Etat russe a souhaité dédramatiser l’incident diplomatique : «En vérité, nous n’avons même pas annulé la visite [à Paris]. Nos interlocuteurs français ont tout simplement laissé entendre que le moment n’était pas très bon pour ouvrir officiellement notre centre culturel et pour discuter de tous ces sujets humanitaires, et qu’il valait mieux reporter l’événement». Une suggestion à laquelle le Kremlin a répondu de manière positive, selon Vladimir Poutine. «Nous ne nous imposons pas», a souligné ce dernier.

Voir la vidéo sur l’annulation de la rencontre avec Hollande

Poutine : les Etats-Unis savent que le convoi humanitaire a été attaqué par des terroristes

Concernant la situation syrienne elle-même, le chef du Kremlin a annoncé, mercredi, connaître le responsable de l’attaque du convoi humanitaire de la Croix rouge et de l’ONU du 19 septembre dernier, qui avait provoqué la mort d’une vingtaine de civils près de la ville d’Alep. «C’était l’un des groupes terroristes [syriens]. Nous le savons, et les Etats-Unis le savent également – mais préfèrent accuser la Russie de manière fallacieuse», a déploré le dirigeant russe.

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A l’issu du drame, le Pentagone avait soutenu que les véhicules humanitaires avaient été détruits par des bombardements aériens et que des avions de guerre russes se trouvaient dans la zone concernée durant les événements. Moscou avait nié ces accusations, et fait savoir qu’un drone américain surveillait le convoi, de sorte que Washington ne pouvait ignorer ce qu’il s’était réellement passé.

«Nous n’avons jamais voulu de rupture avec les Etats-Unis»

Vladimir Poutine a également profité de son intervention au forum de l’investissement de Moscou pour rappeler que les tensions diplomatiques entre les Etats-Unis et la Russie, au sujet notamment du dossier syrien, n’étaient pas le fait de cette dernière. «Nous n’avons jamais voulu de rupture avec les Etats-Unis. Au contraire, nous aspirons à de bonnes relations avec ce grand pays, la plus grande économie du monde», a insisté le chef d’Etat.

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Washington, selon le président russe, a pour sa part contribué à refroidir les relations entre les deux pays ces derniers mois, en accusant Moscou de piratage en Amérique – la publication par WikiLeaks, notamment, des mails de la direction du Parti démocrate. Les Etats-Unis, selon Vladimir Poutine, chercheraient de cette manière à «distraire l’attention de l’essentiel des informations relayées par les hackers, qui révèlent une manipulation de l’opinion publique» de la part des responsables politiques américains.

Source : Russia Today, 12-10-2016

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Source : Pravda France, le 12 octobre 2016.

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La France a présenté au Conseil de Sécurité un projet de résolution sur la Syrie que la Russie n’aurait pas pu avaliser. Elle l’a fait exprès pour faire monter la tension, a déclaré Vladimir Poutine au VIII Forum d’Investisseurs « VTB Capital « Lappel de la Russie ! » qui se tient le 12 octobre à Moscou.

« Nous avons déclaré que nous étions prêts à soutenir l’initiative du représentant spécial du secrétaire général de l’ONU Staffan de Mistura sur le retrait des milices armées d’Alep. La réaction de la partie française a été plutôt positive. Nous nous attendions à réaliser un travail fructueux, ensemble avec la France et d’autres membres du Conseil de Sécurité », a dit Poutine, selon l’agence RIA-Novosti.

Comme le chef d’État russe l’a raconté, le chef du Quai d’Orsay Ayrault s’est rendu à Moscou et a explicité les grands points de la résolution. En guise de réponse, le ministre des Affaires Etrangères de Russie Sergheï Lavrov a promis que la Russie n’allait pas opposer son veto à condition que l’on tienne compte des amendements russes. A son tour, le ministre français a promis de s’exécuter en assurant tout un chacun que Paris ne voulait absolument pas « se faire plomber par un veto ».

Moscou était mécontente que, dans la version française, « le gouvernement syrien était tenu pour responsable de tous les griefs et il n’y avait pas un seul mot sur l’opposition », a précisé le président russe.

« Juste après, le chef de la diplomatie française a pris son envol de Moscou à Washington. Le lendemain, il avait sa grande sortie avec Monsieur Kerry, et ils ont accusé la Russie de tous les pêchés mortels. Personne n’a voulu converser avec nous de rien ni discuter de quoi que ce soit. Ils ont juste poussé la résolution au Conseil de Sécurité en s’attendant ouvertement à notre veto », a ajouté Vladimir Poutine.

Selon lui, cela a été fait non pas pour adopter cette résolution, car les organisateurs étaient au courant de la position de la Fédération de Russie. « Cela a été fait pour obtenir ce veto. Pourquoi faire ? Mais pour faire monter la tension, provoquer une hystérie anti-russe dans les médias se trouvant sous leur contrôle en trompant sa propre population et ses concitoyens », a fait valoir le leader russe.

« Mais je ne sais si ça correspond ou non aux intérêts des pays européens de servir de façon aussi simpliste les intérêts de la politique extérieure ou peut-être même de la politique intérieure de ses alliés, en l’occurrence, les Etats-Unis. Vraiment je ne sais ! Est-ce que cela répond au rôle d’un pays sérieux voulant faire de la politique sérieuse et qui le clame haut et fort ? Un pays qui désire avoir une politique internationale indépendante ? Un pays qui veut s’appeler une grande puissance ? », s’est demandé Poutine.

« Nous sommes prêts à travailler avec tous les partenaires y compris avec nos partenaires français et européens pour soigner ce problème extrêmement important et grave », a ajouté le président de Russie.

En parlant de la pression exercée sur la Russie dans le cadre de la pacification syrienne, Vladimir Poutine a souligné que le chantage contre Moscou ne réussirait jamais.

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Pour sourire un peu dans ces guerres de propagande :

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Source: http://www.les-crises.fr/negociations-sur-la-syrie-poutine-accuse-la-france-davoir-cherche-a-envenimer-la-situation/


“Si l’on cesse d’armer les rebelles, nous aurons la paix demain en Syrie”

Tuesday 18 October 2016 at 00:45

Source : Philippe Revaz, pour RTS, le 12 octobre 2016.

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Il faut cesser d’armer les rebelles syriens et traiter avec Bachar al-Assad. C’est l’appel lancé mardi sur La Première par l’ex-otage Theo Padnos, retenu deux ans en Syrie par le Front al-Nosra.

Près de deux ans après sa libération, Theo Padnos reste en contact permanent avec ses anciens geôliers en Syrie, notamment via internet (lire encadré). Une relation presque intime à distance, qu’il partage aussi avec le FBI.

Depuis New York, où il s’est confié à la RTS, le journaliste exprime son incompréhension face aux Occidentaux qui envoient des armes à des combattants supposés modérés. “Au moment où ces armes arrivent en Syrie, soit celui qui les reçoit n’est pas vraiment modéré, soit il envoie ces armes à son cousin, qui est un extrémiste. Cela encourage la violence”, explique-t-il.

Pour Theo Padnos il existe peut-être des combattants modérés en Syrie. Encore faut-il les trouver. “Après cinq ans de bombardements, peut-on encore être modéré lorsqu’on a vu sa famille tuée sous les bombes?”, s’interroge l’ex-otage. Selon lui, ce sont les conditions de la guerre qui créent l’extrémisme.

“Le but des rebelles est le djihad éternel”

La solution, pour Theo Padnos, est de coopérer avec le régime syrien, afin de tenter de modérer ses hommes. “Avec eux, on peut discuter, alors qu’avec les djihadistes, c’est impossible”, soutient celui qui devait négocier pour aller aux toilettes.

“Je sais comment les négociations se passent avec eux. Il ne s’intéressent qu’aux armes. Leur but est le djihad éternel. Ils aimeraient que le combat continue jusqu’à ce qu’ils arrivent à Jérusalem ou à Rome. Tandis que le but de Bachar al-Assad est de rester au pouvoir et d’avoir la paix. Même s’il opprime les gens, cela fait une grande différence”, précise-t-il.

Certains rebelles ont été éduqués en Europe et parlent comme de vrais démocrates. Mais sur le terrain, avec nos armes, ils ne vont pas se comporter de façon démocratique.
Theo Padnos, journaliste américain et ex-otage en Syrie.

Un régime sans pitié

Comment soutenir le régime syrien aujourd’hui, alors qu’Alep est bombardée et sa population civile matraquée? L’ex-otage reconnaît que le régime est sans pitié. “Ils aimeraient faire sortir les civils et bombarder ceux qui restent, mais beaucoup refusent de quitter leur maison et ceux qui meurent sont les plus vulnérables: les femmes et les enfants”.

Pour Theo Padnos, il suffirait de cesser de soutenir les rebelles pour que tout s’arrête. “Si Obama, Merkel et Hollande pouvaient convaincre les pays du Golfe d’arrêter d’envoyer des armes aux rebelles, on aura la paix demain en Syrie.”

Source: http://www.les-crises.fr/si-lon-cesse-darmer-les-rebelles-nous-aurons-la-paix-demain-en-syrie/


Quand je lis Libération, j’ai envie d’envahir la Pologne…

Monday 17 October 2016 at 02:20

Pour les plus jeunes, voici une formation à la propagande de guerre, dont je rappelle les principes :

  1. Nous ne voulons pas la guerre.
  2. Le camp adverse est le seul responsable de la guerre.
  3. Le chef du camp adverse a le visage du diable (ou « l’affreux de service »).
  4. C’est une cause noble que nous défendons et non des intérêts particuliers.
  5. L’ennemi provoque sciemment des atrocités, et si nous commettons des bavures c’est involontairement.
  6. L’ennemi utilise des armes non autorisées.
  7. Nous subissons très peu de pertes, les pertes de l’ennemi sont énormes.
  8. Les artistes et intellectuels soutiennent notre cause.
  9. Notre cause a un caractère sacré.
  10. Ceux (et celles) qui mettent en doute notre propagande sont des traîtres.

Exercice avec Libération du 11 octobre 2016 :

Libération

Libération

Libération

Libération

(comme on parle de la Russie, on met une photo de Le Pen, normal)

Le GRAND classique : les TRAITRES :

Libération

Libération

(admirez le titre sur Fillon : “Pourquoi lorsque les Américains ont détruit l’Irak, tout le monde s’est tu ?” – grave erreur de propagande, un résistant a dû se glisser chez Libé….)

Et enfin : QUE FAIRE ?

Libération

Libération

Bonne idée, comme ça on pourra donc juger aussi tous ceux qui ont fait parvenir des armes aux djihadistes, et ceux qui les ont financés pour complicité (j’espère que Hollande a un bon avocat).

Libération

Libération

Donc il y a un droit de véto à l’ONU, mais quand la Russie l’utilise, c’est le maaaal. Bon, notez que la France a aussi utilisé son droit de véto à la résolution russe sur la Syrie, mais ça, les médias n’en ont pas parlé…

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veto-4

veto-2

veto-3

(rejeté = véto en l’espèce, car le véto n’est pas une procédure particulière, “un joker” à sortir : il se produit simplement de facto quand un membre permanent vote non, comme ici avec France, États-Unis et Royaume-Uni. Mais il est vrai qu’on l’emploie généralement plus quand le membre permanent qui vote non est minoritaire).

Mais bon, bonne idée de réforme, ça permettra de condamner enfin Israël, comme on aurait pu condamner la France pour la guerre d’Algérie…

Libé a d’autres “solutions”, sur des sujets d’importance proche comme l’idée 6 :

Libération

ou la 8 :

Libération

Enfin, vous l’attendiez, l’édito de Laurent Joffrin de ce numéro :

Crucial, par Laurent Joffrin

Faut-il se résigner à voir les considérations humaines les plus élémentaires – le droit des gens, la lutte contre les crimes de guerre, la proscription de certains armements – disparaître des relations internationales ?

Faut-il désormais, selon les préceptes de Machiavel, d’Henry Kissinger… ou de Vladimir Poutine, subordonner toute politique étrangère à la stricte défense de l’intérêt national ?

OB ; euhh, ça, c’est juste un principe élémentaire de Diplomatie qui n’a rien de Machiavélique…

C’est la question cruciale posée par la réaction internationale – ou l’absence de réaction – au comportement de la Russie, membre du Conseil de sécurité de l’ONU, dans le conflit syrien.

Le péché originel a sans doute été commis par Barack Obama. Après avoir tracé une ligne rouge – le non-emploi d’armes chimiques par le régime de Bachar al-Assad -, le président américain a brusquement reculé quand la France proposait de riposter par une intervention aérienne.

OB : car il a avoué qu’on lui a dit que les informations sur la culpabilité d’Assad n’étaient pas blindées… (Source : “les informations issues du renseignement sur l’usage du gaz sarin en Syrie, bien que solides, n’étaient pas « exemptes de tout doute » “Je suis très fier de ce moment”)

Ainsi, la parole des États-Unis et, partant, celle des grandes démocraties, était d’un seul coup dévaluée.

OB : “Soumission”

Vladimir Poutine en a profité pour se poser en médiateur dans le conflit. Depuis, il avance ses pions sans opposition notable, tout à la volonté de voir la Russie reconquérir la place éminente naguère occupée par l’URSS sur l’échiquier mondial.

Les bombardements extrêmes infligés aux quartiers rebelles de la ville d’Alep – où l’organisation Etat islamique est absente – sont en grande partie le résultat de ce renoncement.

  1. hein ?
  2. 370 morts (de trop, évidemment) en 2 semaines, on voit la violence fantastique… Ca fait 2 bombardements au Yémen quoi…
  3. comme d’habitude, on se garde malhonnêtement de dire qu’il y a là al-Qaïda et ses alliés…

Comme personne ne pense, à juste titre, enclencher la mécanique d’un conflit armé avec la Russie, il reste un choix cruel : ne rien dire ou bien parler en vain. A moins que… Entre la guerre et la reddition, il existe des moyens intermédiaires, symboliques, mais aussi douloureux pour l’orgueil russe. Des gestes diplomatiques, une mise à l’écart ostensible, ou encore la menace d’organiser le Mondial de football 2018 ailleurs que dans un pays dirigé par un criminel de guerre. Il est temps d’y réfléchir sérieusement.

OB : il fallait oser…

Laurent Joffrin, 11/10/2016

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Du coup, bonus : Libé expliquait le 28 septembre ce qu’était un crime de guerre :

“Les «infractions graves» aux Conventions de Genève d’août 1949 peuvent être considérées comme des crimes de guerre, «lorsqu’elles visent des personnes ou des biens protégés par les dispositions des Conventions», c’est-à-dire les civils, mais aussi les soldats (on ne peut torturer un soldat ennemi, par exemple). Ces infractions sont nombreuses : homicide intentionnel [OB : comme à Guantanomo] ; torture [OB : comme en Irak] , traitements inhumains et expériences biologiques [OB : comme en Irak] ; causer intentionnellement de grandes souffrances ou porter gravement atteinte à l’intégrité physique ou à la santé [OB : comme au Vietnam]; destruction et appropriation de biens, non justifiées par des nécessités militaires et exécutées sur une grande échelle de façon illicite et arbitraire ; priver intentionnellement un prisonnier de guerre ou tout autre personne protégée de son droit d’être jugé régulièrement et impartialement [OB : comme à Guantanamo] ; détention illégale ; prise d’otages ; déportation… [OB : comme après le 11 Septembre]

L’article 8 liste en outre d’autres raisons de qualifier un acte de crime de guerre. Il peut s’agir du fait «de diriger intentionnellement des attaques contre la population civile en tant que telle ou contre des civils qui ne participent pas directement part aux hostilités» [OB : comme au Vietnam], «d’attaquer ou de bombarder, par quelque moyen que ce soit, des villes, villages, habitations ou bâtiments qui ne sont pas défendus et qui ne sont pas des objectifs militaires» [OB : comme à Hiroshima], «de tuer ou de blesser un combattant qui, ayant déposé les armes ou n’ayant plus de moyens de se défendre, s’est rendu à discrétion» [OB : comme en Irak], «de diriger intentionnellement des attaques contre le personnel, les installations, le matériel, les unités ou les véhicules employés dans le cadre d’une mission d’aide humanitaire ou de maintien de la paix» [OB : comme en Afghanistan], «d’affamer délibérément des civils comme méthode de guerre, en les privant de biens indispensables à leur survie, y compris en empêchant intentionnellement l’envoi des secours» [OB : comme au Vietnam], «de soumettre des personnes d’une partie adverse tombées en son pouvoir à des mutilations ou à des expériences médicales ou scientifiques», ou encore «d’employer des gaz asphyxiants, toxiques ou similaires, ainsi que tous liquides, matières ou procédés analogues [OB : comme à Nagasaki]» (consulter la liste complète ici). On voit bien en quoi le cas syrien peut correspondre à cette notion.

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Non… L’armée syrienne oui, mais moi je ne vois pas ce que la Russie a fait pour mériter cette accusation d’une violence inouïe et les menaces de saisir la CPI !

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Ils sont dingues ! Tout ça pour les forces au sol qui combattent Daech et les autres djihadistes ! Allez avoir des relations diplomatiques normales après…

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Rappel : le gouvernement syrien (rouge) ne combat effectivement pas Daech (en noir) en priorité, même s’il lui a repris Palmyre.
Pour une raison évidente sur la carte : les rouges sont attaqués par al-Qaïda and co (les verts) , et leur urgence stratégique est évidemment de les battre eux, vu qu’ils ont frontaliers…

Et le pire, c’est que, bien sûr, nous faisons pareil… Par chance, Poutine a de l’humour…

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Bref, ceci montre bien, pour la 50e fois, le besoin impérieux de pouvoir poursuivre de tels propos.

Non pas devant la justice, bien sûr, mais au moins devant une autorité éthique du journalisme. Ce genre de torchon belliciste n’a pas à mériter le titre de “journal”, hautement subventionné.

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Rappel : Article 20 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques de l’Onu de 1966 :

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Toute propagande en faveur de la guerre est interdite par la loi.

avec cette réserve que la France s’est empressée de mettre:

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“Adéquate” comment du coup ?

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Il faut donc arriver à séparer ce qui relève :

Il va en effet falloir se demander très rapidement si notre espèce a envie de connaitre un XXIIe siècle ou pas…

Source: http://www.les-crises.fr/quand-je-lis-liberation-jai-envie-denvahir-la-pologne/


[Vidéo] États-Unis-Russie : Tensions Géopolitiques et Terrorisme, par Thinkerview

Monday 17 October 2016 at 01:15

Source : Thinkerview, 10-10-2016

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Entretien avec Artem Studennikov (Ministre Conseiller de l’Ambassade de Russie).
Vidéo enregistrée le 7 octobre 2016.

SUJETS :
Conflit Nucléaire, Ministre Conseiller, Russie, USA, Iran, Arabie Saoudite, Syrie, Libye, France, Liban, Yémen, OTAN, Guerre froide, Moyen-Orient, Afghanistan, Cameroun, Tchad, Mali, Nigeria, Tchétchénie, Terrorisme, Déstabilisation extrémiste, opposition modérée, Etat Islamique, Égypte, Bavures, Alep.

Source : Thinkerview, 10-10-2016

Source: http://www.les-crises.fr/video-etats-unis-russie-tensions-geopolitiques-et-terrorisme-par-thinkerview/


Syrie : « A n’importe quel moment il peut y avoir un dérapage », par Bassam Tahhan

Monday 17 October 2016 at 00:45

Source : Russia Today, 07-10-2016

Alep, Syrie

Alep, Syrie

La ligne des Etats-Unis en Syrie n’est pas claire au vu des divergences internes existant au sein du commandement américain et mène à la defaite, estime le politologue et spécialiste de la Syrie, Bassam Tahhan.

RT France : La Russie et les Etats-Unis ont arrêté toute collaboration en Syrie. A quel point les tensions entre ces deux pays sont-elles graves ?  Peut-il y avoir un incident semblable à celui de l’avion russe abattu par la Turquie ?

Bassam Tahhan (B. T.) : Nous savons que la coopération concernant le dossier syrien pour lutter contre Daesh, le Front Al-Nosra et tous les autres groupes terroristes a été suspendue, mais il reste quand même des contacts au niveau du contrôle de l’espace aérien syrien pour éviter tout incident. La rupture n’est donc pas totale. Comment l’interpréter ? Les Etats-Unis ne veulent pas entrer en guerre contre la Russie sur le territoire syrien, tout en sachant que la Russie a déployé des S-300, des S-400 à Khmeimim et à Tartous. Donc, toute la côte syrienne est bien défendue par les Russes.

Il n’y a pas de décision centrale aux Etats-Unis en ce qui concerne les activités militaires en Syrie

Ce qui s’est produit à Deir es-Zor [attaque de l’aviation américaine contre l’armée syrienne] montre qu’à n’importe quel moment il peut y avoir un dérapage. Mais un dérapage camouflé. C’est-à-dire, le chef des armées américaines dans cette région peut prendre une décision et abattre un avion russe si ce commandant appartient aux «faucons», car il n’y a pas de décision centrale aux Etats-Unis en ce qui concerne les activités militaires.

Les Américains vont aider ce qu’ils appellent l’opposition modérée – qui n’existe pas

RT France : A quel point le risque de confrontation est-il réel ? 

B. T. : A mon avis, les Etats-Unis ne rentreront pas en guerre directe avec les Russes en Syrie. Il y a des déclarations du porte-parole du Département d’Etat, John Kirby [qui a dit : «Les groupes extrémistes continueront d’exploiter les vides en Syrie pour étendre leurs activités, ce qui pourrait inclure des attaques contre les intérêts russes, peut-être même les villes russes. La Russie continuera de renvoyer ses troupes au pays dans des sacs mortuaires et continuera de perdre des ressources, peut-être même des avions»]. Si on lit entre les lignes, les Américains vont aider ce qu’ils appellent l’opposition modérée – qui n’existe pas. Ils vont aider les quelque 100 groupes islamistes à s’attaquer aux intérêts russes en Syrie, mais pas seulement en Syrie – si l’on relit sa déclaration – ils enverront même des djihadistes pour commettre des attentats dans les grandes villes russes.

A l’avenir cette tension ne servira qu’à essayer d’épuiser la Russie en Syrie. Je ne pense pas que la Russie puisse être affaiblie par cette guerre au niveau économique. Mais Vladimir Poutine s’est engagé dans cette bataille et il ne peut pas perdre cette bataille. Et à mon avis, les Etats-Unis l’ont déjà perdue, mais pas entièrement. Il me semble donc que Vladimir Poutine va continuer sur cette ligne forte et le fait d’avoir à nouveau déployé des missiles montre qu’il est décidé à continuer d’une manière ferme.

Les Américains seront beaucoup plus hésitants à intervenir avec des forces terrestres

RT France : Mais jusqu’où les deux parties peuvent-elles aller pour faire triompher leur point de vue dans la région ? Y a-t-il une limite ?

B. T. : Je crois que les Américains auront plus d’appréhension à intervenir avec des forces terrestres, à augmenter leur présence militaire après ce qu’il s’est passé à Deir Es-Zor [où des troupes de l’armée ont été ciblées par des frappes de l’armée américaine]. Par contre, ils vont mener une sorte de guerre par procuration. Ils vont essayer d’avoir les Turcs de leur côté, de continuer à encourager le Royaume saoudien et les pétromonarchies du Golfe à aider les islamistes.

La position des Américains au Moyen-Orient sur plusieurs dossiers reste faible et évolue vers une défaite

RT France : Le conflit en Syrie, peut-il dégénérer en allant au-delà d’une guerre civile et d’une guerre contre le terrorisme et devenir l’objet d’une confrontation mondiale ?

B. T. : Je ne pense pas, parce que si ce grand dérapage survient personne ne sait comment les choses vont évoluer. D’autant plus que la Russie a aussi renforcé sa présence en Crimée et face à l’Ukraine et que Moscou bénéficie du soutien de pays qui ont du poids sur la scène internationale et qui ne seront pas forcément, en cas de conflit généralisé, du côté américain. Il s’agit de la Chine et de l’Iran, par exemple.

De plus, la position des Américains au Moyen-Orient sur plusieurs dossiers reste faible et mène à une défaite.

Les Etats-Unis ont des choses plus urgentes à gérer, comme ce qui se passe en mer de Chine. L’Extrême-Orient commence à inquiéter les Etats-Unis beaucoup plus que le Moyen-Orient. Vladimir Poutine a bien compris et évalué la situation avant de s’engager avec autant de fermeté : il savait que les Américains n’allaient pas s’engager jusqu’au bout contre lui, sinon ils seraient perdants.

Bassam Tahhan est politologue franco-syrien, spécialiste des questions internationales, islamologue et professeur de lettres arabes.

Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.

Source : Russia Today, 07-10-2016

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Washington : «Si la Russie ne cesse pas ses bombardements, les extrémistes la viseront directement»

Source : Russia Today, 28-09-2016

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Selon le département d’Etat américain, si la Russie n’arrête pas sa violence en Syrie, les extrémistes vont exploiter le chaos dans le pays pour attaquer les intérêts russes et même son territoire.

«Les groupes extrémistes continueront d’exploiter les vides en Syrie pour étendre leurs activités, ce qui pourrait inclure des attaques contre les intérêts russes, peut-être même les villes russes. La Russie continuera de renvoyer ses troupes au pays dans des sacs mortuaires et continuera de perdre des ressources, peut-être même des avions», a déclaré John Kirby, porte-parole du département d’Etat américain, lors d’une conférence de presse.

Selon lui, si la guerre continue «de plus en plus de vies russes seront perdues, de plus en plus d’avions russes seront abattus».

Au matin du 28 septembre, le secrétaire d’Etat américain John Kerry a menacé de mettre fin à toute coopération entre les Etats-Unis et la Russie en Syrie, à moins que les forces russes et le gouvernement syrien ne cessent leurs bombardements sur Alep.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a présenté une version différente de l’appel lancé par son homologue américain, rappelant que les Etats-Unis devaient avant tout contraindre les forces syriennes d’opposition à se séparer des groupes terroristes tels que l’ex-Front Al-Nosra, rebaptisé Front Fatah al-Cham, depuis qu’il a annoncé qu’il avait rompu avec le groupe terroriste Al-Qaïda.

Sergueï Lavrov a également rappelé, que de nombreux groupes rebelles considérés comme «modérés» par Washington venaient grossir les rangs du groupe Front Fatah al-Cham, qui selon les déclarations récentes de plusieurs dirigeants du groupes terroriste, recevaient un appui militaire de la part des Etats-Unis.

John Kirby a précisé que les Etats-Unis avaient «une influence sur certains groupes, mais pas tous».

«D’autres nations ont une influence [sur les groupes en action en Syrie]. Nous admettons que tous les groupes d’opposition n’ont pas rejoint le cessez-le-feu, mais nous continuons de travailler dans ce sens», a ajouté John Kirby.

Source : Russia Today, 28-09-2016

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Source: http://www.les-crises.fr/syrie-a-nimporte-quel-moment-il-peut-y-avoir-un-derapage-par-bassam-tahhan/


Revue de presse du 15/10/2016

Sunday 16 October 2016 at 02:59

Cette semaine, ça n’est pas joli joli, de la Deustsche Bank à HSBC, du gouvernement portugais à la poste Suisse, de Julliard à Soros, ou de Berlin à la Maison Blanche… Merci à nos contributeurs pour cette revue. Bonne lecture à tous, qui peuvent les rejoindre en postulant via le formulaire de contact du blog !

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-15102016/


140 morts au Yémen, l’Arabie saoudite de nouveau sur la sellette

Sunday 16 October 2016 at 02:45

Vous noterez bien que ces morts n’intéressent presque personne…

Source : Le Point, AFP,  

Selon l’ONU, des frappes aériennes ont touché de plein fouet une importante cérémonie funéraire samedi dans la ville contrôlée par des rebelles chiites.

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L’Arabie saoudite était de nouveau dimanche sur la sellette au lendemain d’un carnage ayant fait plus de 140 morts dans la capitale yéménite Sanaa, qui a poussé Washington à prendre plus de distance avec Riyad. Selon l’ONU, des frappes aériennes ont touché de plein fouet une importante cérémonie funéraire samedi dans la ville contrôlée par des rebelles chiites. Elles ont fait aussi 525 blessés, selon un dernier bilan.

La coalition arabe conduite par l’Arabie saoudite a nié dans un premier temps toute implication, avant de publier un communiqué dans la nuit annonçant une enquête « immédiate ». Cette attaque a été dénoncée par Washington, Téhéran, la Croix-Rouge et le coordinateur humanitaire de l’ONU pour le Yémen. « Profondément troublés », les États-Unis, alliés de Riyad, ont annoncé le réexamen de leur soutien à la coalition qui avait déjà été réduit ces derniers mois. « La coopération sécuritaire des États-Unis avec l’Arabie saoudite n’est pas un chèque en blanc », a affirmé Ned Price, porte-parole du Conseil de sécurité nationale à la Maison-Blanche.

Les relations entre Washington et Riyad n’ont cessé de se détériorer ces deux dernières années, en particulier après une amorce de rapprochement américano-iranien. L’objectif de la coalition arabe est de rétablir l’autorité du gouvernement yéménite reconnu par la communauté internationale sur l’ensemble du pays, en partie contrôlé par les rebelles chiites houthis qui se sont emparés de Sanaa il y a deux ans. L’Iran, qui soutient les Houthis, a vivement réagi. Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Bahram Ghasemi, « a condamné fermement les frappes » saoudiennes, les qualifiant de « crime épouvantable contre l’humanité ».

Victimes collatérales

Depuis le début du conflit actuel en mars 2015, des centaines de civils ont été des victimes collatérales de raids aériens attribués à la coalition sous commandement saoudien. Dans un communiqué, le CICR s’est dit « horrifié » par ces nouvelles pertes « monstrueuses » de vies civiles. Robert Mardini, son directeur pour le Moyen-Orient, a indiqué que le CICR faisait son possible pour apporter des secours, précisant par ailleurs avoir « fourni 300 sacs mortuaires jusqu’ici » pour évacuer les cadavres.

Le coordinateur humanitaire de l’ONU au Yémen, Jamie McGoldrick, n’a pas mâché ses mots. « La communauté humanitaire du Yémen est choquée et scandalisée par les raids aériens qui ont visé une salle publique où des milliers de personnes participaient à une cérémonie funéraire. » Ces personnes étaient venues présenter leurs condoléances pour la mort du père du « ministre de l’Intérieur » des rebelles, Jalal al-Rouichène.

Le maire de la capitale Sanaa, Abdel Qader Hilal, figure parmi les morts, a indiqué Al-Masirah, la chaîne TV des Houthis. Il n’est pas exclu que d’autres hauts responsables rebelles aient été tués samedi. « Un avion a tiré un missile contre la salle et, quelques minutes après, un deuxième appareil a bombardé le site », a indiqué un témoin, qui s’est identifié par son prénom, Moujahid. Le général Jalal al-Rouichène, qui avait été nommé ministre de l’Intérieur par le président Abd Rabbo Mansour Hadi, est resté en poste après la conquête de Sanaa par les rebelles en septembre 2014.

L’attaque « ne restera pas impunie »

Le gouvernement yéménite, qui avait dû fuir le pays en février 2015, tente actuellement de regagner le terrain perdu, avec l’appui de la coalition arabe. Il a renforcé ses positions dans le Sud, mais peine à reconquérir les régions du Nord. Des tentatives de favoriser un règlement politique ont échoué en août dernier lors de pourparlers de paix inter-yéménites sous l’égide de l’ONU au Koweït. Vendredi, le médiateur de l’ONU Ismaïl Ould Cheikh Ahmed avait évoqué la possibilité d’instaurer une trêve de 72 heures, mais c’était avant le carnage de Sanaa.

L’attaque « ne restera pas impunie », a prévenu le Conseil politique suprême, mis en place récemment par les Houthis et leurs alliés, les partisans de l’ex-président Ali Abdallah Saleh. Il a appelé ses partisans à « user de tous les moyens pour répondre à ce crime ». Le Conseil a en outre appelé les Yéménites à participer dimanche à une manifestation devant le bureau de l’ONU à Sanaa pour protester contre « les crimes de guerre » de la coalition. Le rassemblement a été baptisé « Volcan de la colère ».

Source : Le Point, AFP,  

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Yémen : les Etats-Unis craignent d’être accusés de crimes de guerre

Source : Le Nouvel Obs11/10/2016

Des frappes aériennes de l'Arabie saoudite ont touché une grande cérémonie funéraire dans la capitale yéménite Sanaa, le 8 octobre 2016, faisant 140 morts et 525 blessés. (Osamah Abdulrhman/AP/SIPA)

Des frappes aériennes de l’Arabie saoudite ont touché une grande cérémonie funéraire dans la capitale yéménite Sanaa, le 8 octobre 2016, faisant 140 morts et 525 blessés. (Osamah Abdulrhman/AP/SIPA)

Les Américains soutiennent et vendent des armes à l’Arabie saoudite qui mène la coalition contre les rebelles yéménites. De nombreux civils ont été tués lors de frappes de la coalition.

22,2 milliards de dollars. C’est le montant total des ventes d’armements signées entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite entre mai 2015 et février 2016. Ces contrats ont permis aux Saoudiens d’acheter pour 1,3 million de dollars de munitions afin de poursuivre leur offensive au Yémen. Et c’est là que le bât blesse.

Lancée en mars 2015, l’intervention militaire saoudienne devait contrer la rébellion houthie et replacer au pouvoir le président Abd Rabbo Mansour Hadi, chassé par les rebelles. Un an et demi plus tard, le conflit a fait au moins 10.000 morts et trois millions de déplacés, selon l’ONU.

Plusieurs membres de l’administration américaine interrogés par Reuters s’inquiètent de la possible implication des Etats-Unis dans des crimes de guerre au Yémen. Le département d’Etat a également émis, en privé, de sérieux doutes sur la capacité des militaires saoudiens à viser les militants houthis sans faire de victimes civiles.

Un précédent juridique

Une inquiétude renforcée par un jugement, évoqué par certains membres de l’administration dans des emails consultés par Reuters, rendu en 2013 et qui pourrait faire jurisprudence.

En effet, la cour spéciale créée après la guerre civile en Sierra Leone précisait dans son jugement que “l’aide pratique, l’encouragement et le soutien moral” suffisent pour être désignés responsable d’un crime de guerre. Le procureur n’a pas besoin de prouver l’implication du “complice” dans un crime spécifique.

A mesure que l’inquiétude grandit, les Américains multiplient les mises en garde à l’égard de l’Arabie saoudite, sans pour autant stopper la vente d’armes. Ils ont notamment envoyé un expert stratégique et dressé une liste de sites à ne pas frapper afin éviter de nouvelles victimes parmi les civils.

Mais samedi 8 octobre, une frappe saoudienne au Yémen a fait 140 morts. “Profondément troublés”, les Etats-Unis ont annoncé l'”examen immédiat” de leur soutien à la coalition menée par Riyad. “La coopération sécuritaire des Etats-Unis avec l’Arabie saoudite n’est pas un chèque en blanc”, a insisté Ned Price, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche.

(Avec agences) 

Source : Le Nouvel Obs11/10/2016

Annexe : les documents :  tmsnrt.rs/2dL4h6L; tmsnrt.rs/2dLbl2S;tmsnrt.rs/2dLb7Ji; tmsnrt.rs/2dLbbIX (Source : Reuters)

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Yémen: les Etats-Unis bombardent trois sites radars en zone sous contrôle des Houthis

Source : Le Point13/10/2016

Les Etats-Unis ont bombardé trois sites radars dans des zones contrôlées par les rebelles Houthis au Yémen, suite à des attaques par missiles contre des bateaux de guerre américains dimanche et mercredi, a indiqué le Pentagone mercredi.

Les frappes autorisées par le président Barack Obama ont été menées avec des missiles de croisière Tomahawk tirés par le destroyer USS Nitze, a précisé un responsable américain.

Les frappes “visaient des des radars impliqués dans les récents tirs de missiles menaçant l’USS Mason et d’autres bateaux opérant dans les eaux internationales en Mer Rouge et ans le détroit de Bab Al-Mandeb” entre la mer Rouge et l’Océan indien, indiqué le porte-parole du Pentagone dans un communiqué.

“Ces frappes limitées de légitime défense ont été conduites pour protéger nos personnels, nos navires, et notre liberté de navigation sur cette voie maritime importante”, a-t-il indiqué.

Les Etats-Unis “répondront à toute nouvelle menace sur nos navires et sur le trafic commercial comme il le convient”, a-t-il ajouté.

Mercredi, l’USS Mason a été pris pour cible par un missile tiré depuis une zone contrôlée par les rebelles Houthis. Le missile s’était abîmé en mer avant d’atteindre sa cible.

Dimanche, l’USS Mason et l’USS Ponce avaient déjà été visés par deux missiles, qui là encore se sont perdus en mer avant de les atteindre.

Les Etats-Unis avaient prévenu que ces attaques ne resteraient pas impunies.

Le Yémen est en proie à une guerre civile opposant les rebelles Houthis et les forces de l’ancien président Ali Abdallah Saleh.

Les Etats-Unis ne participent pas aux combats mais appuient la coalition menée par l’Arabie saoudite, qui elle-même soutient les forcesloyalistes et mène depuis mars 2015 une campagne de bombardements aériens dénoncée pour son caractère meurtrier pour la population civile.

Les Etats-Unis apportent du renseignement à la coalition arabe et font du ravitaillement en vol pour les avions qui vont bombarder le Yémen.

La guerre au Yémen a déjà fait plus de 6.700 morts et a déplacé au moins 3 millions de personnes depuis le début des frappes de la coalition arabe, selon des chiffres de l’ONU.

Source : Le Point13/10/2016

Source: http://www.les-crises.fr/140-morts-au-yemen-larabie-saoudite-de-nouveau-sur-la-sellette/


Grèce : le monde sans pitié de l’Eurogroupe, par Romaric Godin

Sunday 16 October 2016 at 02:30

Source : La Tribune, Romaric Godin, 11/10/2016

Jeroen Dijsselbloem, président de l'Eurogroupe, ne fait aucun cadeau aux Grecs. (Crédits : © Eric Vidal / Reuters)

Jeroen Dijsselbloem, président de l’Eurogroupe, ne fait aucun cadeau aux Grecs. (Crédits : © Eric Vidal / Reuters)

L’Eurogroupe n’a versé qu’une partie de la tranche prévue à la Grèce. Un nouveau geste de défiance envers le gouvernement grec.
L’Eurogroupe n’est pas tendre avec le gouvernement grec. La délégation hellénique se rendait pourtant à Bruxelles lundi 10 octobre avec l’espoir de voir se débloquer les 2,8 milliards d’euros de la tranche du programme prévue pour cet automne. Alexis Tsipras, le premier ministre grec, avait réussi, non sans peine, à faire accepter les 15 « mesures préliminaires » exigées par les créanciers. Du reste, les 18 autres ministres des Finances en ont convenu et ont applaudi. Mais ils n’ont libéré que 1,1 milliard d’euros sur les 2,8 milliards prévus.

Payer ses dettes avec de la dette

Pourquoi ? Les 1,1 milliard d’euros sont destinés au service de la dette, notamment les 450 millions d’euros que la Grèce doit rembourser d’ici à la fin de l’année au FMI. C’est le fonctionnement habituel de « l’aide » à la Grèce, nom donné à cette cavalerie financière qui consiste à rembourser la dette grecque par de la dette accordée à la Grèce. C’est aussi ce qui est nécessaire à empêcher tout défaut de la Grèce. Cette somme pouvait (et devait pour la tranquillité de l’Eurogroupe lui-même) être libérée immédiatement.

La question des arriérés

Ce n’est pas le cas des 1,7 milliards d’euros restant. Cette somme a une autre destination : elle doit venir payer les arriérés de l’Etat vis-à-vis de ses fournisseurs. C’est un élément important pour l’économie grecque, parce que ces impayés de l’Etat mettent souvent en difficulté les entreprises helléniques. Rappelons que, hors service de la dette, l’Etat grec a dégagé entre janvier et juin près de 3 milliards d’euros d’excédent « primaire », mais que cet argent ne peut être utilisé pour solder ces arriérés et doit être consacré entièrement au paiement de la dette. Dans la logique du « programme », ces arriérés sont donc payées par de la dette nouvelle afin que la dette ancienne puisse être remboursée. Il ne s’agit donc pas réellement d’un « cadeau » fait aux Grecs.

Chicane administrative

Reste que l’Eurogroupe avait décidé en mai que pour débloquer cette partie de la tranche de crédit, il fallait que l’Etat grec ait préalablement entièrement utilisé la tranche précédente au solde d’une partie de ses arriérés. Techniquement, rien ne justifie cette méthode, c’était en réalité un geste de défiance de plus envers le gouvernement grec. L’idée était de s’assurer que les Grecs utilisent correctement ces sommes et de ne continuer à les verser qu’à cette condition. Il y avait là une véritable volonté d’infantilisation des Grecs qui allait de pair avec l’autre grande mesure décidée en juin : la baisse automatique des dépenses en cas de déviation de l’objectif d’excédent primaire en 2018.

On pouvait cependant se montrer plus souple dans l’exécution de cette méthode. Mais l’Eurogroupe a décidé ce lundi 10 octobre de montrer à Athènes qu’il n’entendait pas faire preuve d’une telle souplesse. L’Eurogroupe n’a pas disposé des informations lui permettant de s’assurer de l’utilisation complète des 1,8 milliard d’euros de juin pour le paiement des arriérés. Pourtant, le gouvernement grec assure qu’en septembre, il a versé 105 % des sommes fixées par l’Eurogroupe. Mais il n’a pas su apporter les éléments concrets de ce fait. L’Eurogroupe a donc suspendu le versement de la deuxième partie de la tranche. Le gouvernement grec espère désormais que cette tranche pourra être libérée le 24 octobre lors de la prochaine réunion du conseil d’administration du MES qui est un Eurogroupe élargi.

L’Eurogroupe insiste sur l’absence de confiance

Cette chicanerie administrative prouve que le gouvernement grec ne devra compter sur aucune « compréhension » de la part de l’Eurogroupe. L’intérêt du gouvernement et de l’économie grecque elle-même ne détermine jamais les décisions des 17 ministres des Finances qui agissent bien, plus que jamais, comme un simple syndicat de créanciers soucieux de faire sentir leur puissance à un débiteur qu’ils jugent responsable de ses déboires. L’absence de souplesse n’est pas simplement un fait administratif, car l’Eurogroupe a lui-même fixé ces règles et il peut donc montrer en théorie de la compréhension. C’est bien un message envoyé au gouvernement grec : la « confiance » n’est pas encore revenue. L’Eurogroupe ne croit pas le gouvernement grec sur parole. Or, cette « confiance » est précisément l’excuse avancée depuis l’été 2015 pour exiger toujours plus de concessions à Alexis Tsipras qui, nolens volens, doit s’y soumettre. Les ministres des Finances tiennent donc plus que jamais en surveillance étroite le gouvernement d’Alexis Tsipras.

Coup dur pour Alexis Tsipras

En tout cas ce « retard technique » est un nouveau « coup dur » pour le premier ministre grec, alors que l’espoir d’un allègement de la dette grecque semble s’éloigner compte tenu de l’impossibilité pour le FMI de faire plier Berlin sur ce sujet.Alexis Tsipras comptait sur le bouclage rapide de cette deuxième revue du programme pour avancer sur le sujet de la dette et pour pouvoir, en fin de semaine, aller à un congrès de Syriza qui s’annonce difficile, avec un élément positif. Ce ne sera pas le cas. Le premier ministre devra donc justifier sa politique alors que l’Eurogroupe reste défiant et que Berlin refuse toute avancée d’envergure sur la dette. Le tout dans un contexte difficile où Syriza est désormais largement devancée par les Conservateurs de Nouvelle Démocratie. L’Eurogroupe ne pouvait ignorer une telle situation. En se montrant tatillon, il savait qu’il affaiblirait encore un Alexis Tsipras qui, en dépit de ses efforts, n’a pas su créer un vrai climat de confiance avec des créanciers qui, eux, n’ont jamais vraiment oublié leurs objectifs politiques.

 Source : La Tribune, Romaric Godin, 11/10/2016

Source: http://www.les-crises.fr/grece-le-monde-sans-pitie-de-leurogroupe-par-romaric-godin/


La complicité des USA dans le carnage au Yémen, par le New York Times

Saturday 15 October 2016 at 10:10

Source : The New York Times, le 17/08/2016

Par le comité de rédaction. Le 17 août 2016

Des travailleurs ramassent des restes humains dans un hôpital dirigé par Médecins Sans Frontières après une frappe aérienne, mardi, au Yémen. Abduljabbar Zeyad/Reuters

Des travailleurs ramassent des restes humains dans un hôpital dirigé par Médecins Sans Frontières après une frappe aérienne, mardi, au Yémen. Abduljabbar Zeyad/Reuters

Un hôpital associé avec Médecins Sans Frontières. Une école. Une usine de chips. Selon les lois internationales, ces installations au Yémen ne sont pas des cibles militaires légitimes. Cependant, elles ont toutes été bombardées ces derniers jours par des avions de guerre appartenant à la coalition menée par l’Arabie saoudite, et tuant plus de 40 civils.

Les États-Unis sont complices de ce carnage. Ils ont appuyé la coalition de bien des manières, notamment par la vente d’armes aux Saoudiens pour les apaiser après l’accord nucléaire avec l’Iran. Le Congrès devrait mettre en suspens les ventes d’armes, et le président Obama devrait informer discrètement Riyad que les États-Unis retireront leur aide cruciale si les Saoudiens n’arrêtent pas de viser des civils et s’accordent à négocier la paix.

Les frappes aériennes sont une nouvelle preuve que les Saoudiens ont accéléré leur campagne de bombardements contre les milices houthies, qui contrôlent la capitale, Sanaa, depuis que les pourparlers furent suspendus le 6 août, rompant un cessez-le-feu qui avait était déclaré il y a plus de quatre mois. Ils suggèrent également une des deux possibilités désagréables suivantes. La première est celle que les Saoudiens et leur coalition de partenaires principalement arabes sunnites n’ont pas encore appris à identifier des cibles militaires autorisées. L’autre est que tuer des civils innocents leur importe peu. Le bombardement de l’hôpital qui, à lui seul, a tué 15 personnes, était la quatrième attaque sur un établissement soutenu par Médecins Sans Frontières l’année passée, bien que l’on ait indiqué l’emplacement des hôpitaux à toutes les parties en conflit.

En tout, la guerre a tué plus de 6500 personnes, déplacé plus de 2,5 million d’autres, et a poussé l’un des pays les plus pauvres du monde aux privations et à la dévastation. Un rapport récent de l’ONU incriminait la coalition pour 60% des morts et des blessures d’enfants l’année dernière. Les groupes des droits de l’homme et de l’ONU ont suggéré que des crimes de guerre avaient été commis.

L’Arabie saoudite, qui débuta la guerre aérienne en mars 2015, a la plus lourde responsabilité dans l’attisement du conflit avec les Houthis, un groupe chiite autochtone avec de faibles connexions avec l’Iran. Les Saoudiens sont intervenus au Yémen dans le but de défaire les Houthis et de réinstaller le président Abdu Rabbu Mansour Hadi, que les rebelles avaient évincé. Ils considèrent l’Iran comme leur ennemi principal et redoutaient que Téhéran ne gagne trop d’influence dans la région.

Bien que beaucoup d’experts pensent que la menace soit exagérée, M. Obama accorda un soutien à l’intervention au Yémen – sans autorisation formelle du Congrès – et vend encore plus d’armes aux Saoudiens, en partie pour apaiser la colère de Riyad à propos de l’accord nucléaire avec l’Iran. Cela dit, depuis son investiture, M. Obama a vendu aux Saoudiens 110 milliards de dollars d’armes, dont des hélicoptères Apache et des missiles.

M. Obama a également fourni à la coalition une aide inestimable en renseignement, ravitaillement en vol d’avions et une aide dans l’identification de cibles appropriées. Des experts déclarent que la coalition serait clouée au sol si Washington retirait son soutien. Au contraire, la semaine dernière, le département d’État a approuvé la vente potentielle de 1,15 milliards de dollars de plus en chars et autres équipements à l’Arabie saoudite, pour remplacer ses éléments détruits dans la guerre. Le Congrès a le pouvoir de bloquer cette vente ; le sénateur Chris Murphy, démocrate du Connecticut, dit qu’il discute de cette possibilité avec des législateurs. Mais les chances sont maigres, en partie à cause de la politique.

Au vu des pertes civiles, un soutien prolongé des Américains dans cette guerre est indéfendable. Comme M. Murphy l’a déclaré sur CNN mardi : « Il y a une empreinte américaine sur chacune des vies civiles perdues au Yémen. »

Source : The New York Times, le 17/08/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/la-complicite-des-usa-dans-le-carnage-au-yemen-par-le-new-york-times/