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L’ex-commissaire européenne à la concurrence prise la main dans le pot de confiture

Thursday 29 September 2016 at 09:40

L’ex-commissaire européenne à la Concurrence était directrice d’une société offshore

Source : Le Point, le 22 septembre 2016.

La presse néerlandaise a révélé que Neelie Kroes dirigeait une société établie aux Bahamas pendant la durée de son mandat européen.

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Un nouveau « Bahamas Leaks ». L’ancienne commissaire européenne à la Concurrence Neelie Kroes a été directrice d’une société aux Bahamas durant son mandat, contrairement aux règles européennes, a révélé mercredi la presse néerlandaise. D’après les documents en possession du quotidien Süddeutsche Zeitung et du Consortium international des journalistes d’investigation ICIJ, Neelie Kroes a été directrice de Mint Holdings Ltd, une entreprise offshore établie aux Bahamas, « du 4 juillet 2000 au 1er octobre 2009 », ont indiqué les quotidiens néerlandais De Trouw et Het Financieele Dagblad.

Or, les commissaires européens doivent, au début de leur mandat, renoncer à toutes leurs fonctions de direction et notifier toutes celles, rémunérées ou non, des dix années précédentes dans un registre public. L’ex-ministre néerlandaise des Transports, qui dit s’être désinscrite depuis 2002, assure avoir quitté Mint Holdings au début de son premier mandat comme commissaire européenne en 2004 et évoque une faute administrative en 2009, ont rapporté les médias néerlandais.

Un directeur non exécutif

L’ancienne commissaire « était, selon ses propres dires, un directeur non exécutif et aurait donné des conseils stratégiques à Mint Holdings qui voulait racheter des parts du géant américain de l’énergie Enron pour 6 milliards de dollars », précisent les quotidiens. « Ce rachat a échoué à l’été 2000. » « Parce que Mint Holdings n’a jamais été opérationnelle, selon elle, elle n’a jamais fait état de sa fonction de direction », ajoutent De Trouw et Het Financieele Dagblad, qui publient plusieurs documents dont la source n’a pu être confirmée. Neelie Kroes « reconnaît qu’elle est formellement en infraction avec le code de conduite des commissaires européens », a-t-elle réagi auprès des deux quotidiens néerlandais.

Son avocat a informé le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. Cette docteur en économie assure en prendre l’entière responsabilité et accepter les conséquences, d’après les journaux. Quelque 1,3 million de documents d’entreprises aux Bahamas en possession de Süddeutsche Zeitung et de l’ICIJ ont été révélés sous le nom de « BahamaLeaks », selon De Trouw et Het Financieele Dagblad.


Bahamas Leaks : Neelie Kroes bientôt poursuivie ?

Source : Le Point.

L’ex-commissaire Neelie Kroes, accusée d’avoir dirigé une société offshore durant son mandat, pourrait être poursuivie. Le seul précédent : Édith Cresson.

Au cas où, Neelie Kroes a d’ores et déjà fait appel à un avocat. Et l’ancienne commissaire à la concurrence (2004-2009) et ex-vice présidente (2009-2014) de la Commission Barroso a peut-être raison de se préparer au pire… Aujourd’hui consultante pour la firme Uber, elle pourrait bientôt avoir à s’expliquer devant la Cour de justice de l’Union européenne, à la suite des révélations du Consortium international de journalisme d’investigation sur son rôle d’administratrice d’une société offshore aux Bahamas de 2000 à 2009, soit au cours de son mandat de commissaire à la concurrence. À moins que la commission Juncker, qui croule sous les scandales de son prédécesseur, n’en décide autrement.

Demande de clarifications

Dans une lettre envoyée dans la matinée de jeudi, Jean-Claude Juncker a demandé à l’ancienne commissaire « des clarifications » sur son rôle dans la compagnie et ce qu’elle savait exactement de ces fonctions. Une attitude similaire à celle prise en septembre concernant le président de la commission Barroso. À quelques différences près, toutefois : si le prédécesseur de Juncker n’a informé l’ex-Premier ministre luxembourgeois qu’une fois sa prise de poste rendue publique, Neelie Kroes a eu la délicatesse d’en informer la Commission par mail vendredi dernier. Elle y indique qu’elle n’a pas mentionné l’existence de « ce formulaire » lors de sa déclaration d’intérêt en tant que commissaire à la concurrence en 2004. Pendant six jours, pourtant, la Commission n’a pas réagi à ce mail. « Elle n’en a pris conscience que tardivement », le jour même des révélations, affirme une source européenne qui évoque une « énorme erreur ». Six jours, c’est néanmoins nettement plus rapide que lors de l’affaire Barroso, où il avait fallu deux mois au président Juncker pour saisir le comité d’éthique européen.

Jusqu’où ira la Commission ?

Cette fois-ci, la Commission semble bien vouloir aller plus loin. C’est en tout cas ce qu’on laisse entendre dans les couloirs. Le cas Kroes est en effet jugé plus grave que celui de l’ancien président de la Commission, José Manuel Barroso, la suspicion portant sur un conflit d’intérêts au cours de son mandat. La Commission reste dans l’attente de nouvelles informations données par Neelie Kroes. À 75 ans, l’ancienne commissaire, déjà attaquée par les eurodéputés lors de sa prise de fonction en 2004 pour ses multiples casquettes d’administratrice au sein de sociétés privés – plus de quarante à l’époque – se défend d’avoir été administratrice de la société offshore jusqu’en 2009. Il y a eu une « erreur administrative », a indiqué son avocat au Consortium de journalistes. La société, créée pour racheter les actifs du géant américain de l’énergie Enron Cop, a échoué en 2000 puis a fait faillite. « Elle pensait qu’elle n’était plus administratrice dès le moment où cette société n’était plus nécessaire », a justifié son avocat. Des affirmations qu’elle devra répéter aussi à Juncker.

Mais plusieurs questions se posent. Qui mènera l’enquête ? Les réponses restent vagues. Une chose est sûre : la Direction générale de la concurrence, menée par la Suédoise Magrete Vestager, déjà au cœur de toutes les attentions pour s’être attaquée aux géants économiques américains dont Apple et Google, pourrait l’être encore davantage. Qui dit en effet que l’ancienne commissaire néerlandaise n’a pas usé de sa fonction pour avantager tels ou tels clients lors de son mandat dans la très puissante DG ? Le fils de Badr-El-Din, un autre administrateur de la société, soutient déjà sur son blog avoir fait un stage dans le cabinet de la commissaire, en 2007.

Le précédent Édith Cresson

Lire la suite : Le Point.


« Bahamas Leaks » : la trahison morale des élites

Source : Le Monde / Idées, le 22 septembre 2016.

Editorial du « Monde ». L’affaire est consternante. L’ancienne commissaire européenne à la concurrence Neelie Kroes a été membre du conseil de direction d’une société offshore aux Bahamas jusqu’en 2009, alors qu’elle était en poste à la Commission européenne, entre 2004 et 2014. C’est ce que révèlent les documents confidentiels auxquels Le Monde a eu accès. La Néerlandaise, après avoir nié l’affaire, l’a reconnue.

Cette structure, Mint Holdings Limited, a été mise en place en 2000 avec des investisseurs des Emirats arabes unis pour racheter des actifs d’Enron, géant américain de l’énergie aujourd’hui disparu. Mme Kroes, 75 ans, explique aujourd’hui que cette société n’a jamais été opérationnelle, qu’elle n’a reçu aucun avantage financier et ajoute qu’une « erreur administrative a été commise » : sa présence en tant que directrice sur le registre de la société aurait dû être supprimée en 2002.

On aimerait la croire. Mais comment expliquer qu’elle ait « oublié », lorsqu’elle est devenue commissaire, de mentionner, dans sa déclaration d’intérêts, comme l’exige la règle européenne, cette activité qui remontait à moins de dix ans. Mme Kroes, franchement, on n’oublie pas qu’on a voulu racheter Enron ! Dès lors, c’est toute sa crédibilité qui s’effondre. Sur la prétendue non-activité de cette « coquille » dont on peut être sûr qu’elle était opaque, beaucoup moins qu’elle était vide. Sur son impartialité lorsqu’elle était commissaire à la concurrence et avait un œil sur le secteur de l’énergie…

Une attirance maladive pour l’argent

Lire la suite : Le Monde / Idées, le 22 septembre 2016.

Source: http://www.les-crises.fr/lex-commissaire-europeenne-a-la-concurrence-prise-la-main-dans-le-pot-de-confiture/


Le Département d’État s’obstine aveuglément à pousser à la guerre contre la Syrie, par James Carden

Thursday 29 September 2016 at 00:55

Article du mois de juin – comme quoi les choses s’accélèrent…

Source : The Nation, le 21/06/2016

La représentante Tulsi Gabbard, vétérane de la guerre en Irak, explique à The Nation pourquoi l’intervention américaine ne fera qu’empirer la crise humanitaire en Syrie.

By James Carden | 21 juin 2016

Un homme porte un enfant après des frappes aériennes sur Alep, Syrie, le 28 avril 2016. (Validated UGC via AP video)

Un homme porte un enfant après des frappes aériennes sur Alep, Syrie, le 28 avril 2016. (Validated UGC via AP video)

De tous les mythes qui circulent à Washington lors de ces dernières années Obama et qui passent pour de la sagesse populaire, celui qui est le plus tenace est sans doute celui de l’« inaction » d’Obama dans l’affaire syrienne.

D’après Robert S. Ford, ancien ambassadeur des États-Unis en Syrie (de 2010 à 2014) et désormais membre important à l’Institut du Moyen Orient, l’administration Obama a continué une politique de « non-ingérence » au sujet de la Syrie, prétendant que le président et d’autres hauts responsables de l’administration ont été « réticents à l’idée d’avoir recours à tous les moyens à disposition pour faire pression » sur le gouvernement syrien. Et la semaine dernière, le New York Times révélait qu’au Département d’État, 51 responsables de niveau intermédiaire avaient rédigé un « billet de désaccord » adressé à leur Secrétaire d’État John Kerry, conseillant vivement aux États-Unis de réaliser « des frappes militaires contre le gouvernement de Bachar el-Assad. » Le Times a remarqué plus tard que les dissidents en complet à rayures du ministère des Affaires Étrangères « s’irritent depuis longtemps du refus de la Maison-Blanche de se laisser entraîner dans un conflit en Syrie. »

Pourtant, loin de « refuser de se laisser entraîner dans un conflit en Syrie, » l’administration Obama a, depuis 2013, activement financé et entraîné les rebelles syriens prétendument « modérés », qui sont, en fait, des extrémistes salafistes liés à al-Qaïda. Des opérations de la CIA et du Pentagone parallèles à celles de l’administration ont favorisé la déstabilisation de la région, et donc la crise des réfugiés. En outre, en s’en prenant au gouvernement souverain de Bachar el-Assad, elles ont contribué à renforcer la position stratégique de l’EI.

Pire encore, les alliés des Américains ont travaillé main dans la main avec les sunnites radicaux, adversaires du gouvernement laïc de Bachar el-Assad. Même Ford a publiquement avoué en janvier 2015 : « Pendant longtemps, nous avons regardé de l’autre côté quand al-Nosra et les groupes armés au sol, dont nous aidons une partie, se sont alliés pour effectuer des opérations militaires contre le régime. »

Effectivement, dès 2015 il était de plus en plus difficile de soutenir la fiction d’une opposition « modérée ». Selon le journaliste Gareth Porter, « Les États-Unis misent secrètement et indirectement sur le succès militaire de la branche syrienne d’al-Qaïda, et comme on avait besoin d’une feuille de vigne politique, il fallait soutenir qu’existait toujours une opposition armée “modérée”. »

C’est la représentante de Hawaï, Tulsi Gabbard, qui mène les actions visant à l’arrêt d’une guerre illégale et stérile pour un changement de régime en Syrie. L’année dernière, cette jeune femme, qui a servi deux fois dans les rangs de l’armée en Irak, a déposé un projet de loi qui devrait supprimer les fonds pour ce qu’elle appelle « la guerre de l’administration pour un changement de régime en Syrie. »

En attendant le vote de ce projet au Congrès, Tulsi Gabbard a déposé, la semaine dernière, un amendement à la Loi de finances de la Défense destiné à bloquer les fonds du programme pour « la formation et l’équipement syriens ». Même si l’amendement a recueilli le soutien de 135 représentants, y compris de conservateurs convaincus comme le représentant de la Caroline du Sud, Trey Gowdy, et celui du Michigan, Justin Amash, et de démocrates de premier plan comme le candidat du Maryland au Sénat, Chris Van Hollen, il n’a cependant pas été voté. Et le rejet de cet amendement s’est trouvé coïncider avec la publication par le Département d’État de la note de désaccord qui appelle à des frappes militaires contre la Syrie.

Si on les examine conjointement, ces événements sont troublants. En effet, comme le fait remarquer, à juste titre, Tulsi Gabbard, si la guerre pour le changement de régime réussissait à renverser Assad, ce seraient l’EI et al-Qaïda qui viendraient combler le vide. C’est cette perspective, qui serait une catastrophe stratégique, tactique et morale, que la politique américaine devrait chercher à éviter. Loin d’atténuer la crise humanitaire et celle des réfugiés, l’action militaire des États-Unis les aggraverait. Et pourtant, l’administration, via le programme de la CIA « Train and Equip » (Formation et équipement), persiste à se plier à la volonté de nos plus odieux alliés que sont la Turquie, l’Arabie saoudite ou encore le Qatar, en insistant pour qu’Assad quitte la scène.

Dans un discours, ce week-end, au Sommet du peuple à Chicago, Tulsi Gabbard a attaqué directement les 51 « dissidents » du Département d’État. Selon elle, « trop de gens n’ont pas tiré les leçons du passé, ils n’ont rien appris de l’Irak et du renversement de Saddam Hussein, ils n’ont rien appris du chaos qui a résulté du renversement de Kadhafi en Libye. »

Lundi, elle a déclaré à The Nation : « Intensifier la guerre pour renverser Assad va encore empirer la situation. Cela va causer davantage de souffrance et de chaos, cela va tellement renforcer l’EI et al-Qaïda qu’ils vont finir sans doute par être capables de s’emparer de la Syrie tout entière. » Cette éventualité serait, selon Tulsi Gabbard, un désastre, « qui verrait un génocide des minorités religieuses, des laïques, des athées et de tous ceux qui refusent d’accepter la théologie extrémiste du wahhabisme. La crise des réfugiés va empirer de façon exponentielle et elle pourrait conduire à une confrontation directe avec la Russie. »

Pourtant, les diplomates dissidents insistent sur le fait qu’ils ne préconisent pas de s’engager sur une « pente glissante » qui déboucherait sur une confrontation avec la Russie, mais avancent que doit simplement être mise en place « la menace crédible » d’une réponse militaire ciblée des États-Unis aux violations des droits de l’homme faites par le régime. Toutefois, selon un responsable du Pentagone qui a parlé à notre journal : « Qu’arriverait-il si un missile sol-air abattait un avion de combat des États-Unis au-dessus de la Syrie ? Les missiles russes S-400 pourraient être utilisés pour éliminer les missiles de croisière américains, et aurait-on encore vraiment affaire à une guerre par procuration ? Et que pourrions-nous faire pour contrer cela ? Essayer d’anéantir les sites de S-400 russes ? Ça m’a tout l’air d’une pente glissante. »

Selon ce responsable, officier dans l’armée depuis 20 ans, qui a effectué de nombreuses missions dans les ambassades américaines du monde entier, la note de désaccord « semble être le fait de carriéristes qui se sont beaucoup démenés pour atteindre un but néfaste, le renversement d’Assad, tout en refusant d’accepter que la priorité s’est déplacée et qu’il s’agit maintenant de vaincre l’EI et que, pour ce faire, peut-être faudra-t-il permettre à Assad de reprendre la situation en main. »

En fin de compte, la politique que soutient la note de désaccord mènerait les États-Unis sur le chemin de la guerre contre la Syrie et presque certainement à une guerre contre la Russie. Pendant ce temps, on a besoin plus que jamais d’initiatives sérieuses, comme celles de la représentante Tulsi Gabbard, pour forcer l’administration à concentrer ses efforts sur la lutte contre l’EI et la conclusion de la guerre civile syrienne.

Source : The Nation, le 21/06/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/le-departement-detat-sobstine-aveuglement-a-pousser-a-la-guerre-contre-la-syrie-par-james-carden/


1er débat Clinton / Trump

Wednesday 28 September 2016 at 00:55

Le 1er débat Clinton / Trump a donc eu lieu hier. Je vous le propose :

Bien entendu, les médias avaient bien préparé le terrain (avec une grande précision comme on le voit) – on n’est jamais trop prudent :

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La quasi-totalité des média a donc considéré hier matin que Clinton avait gagné haut la main :

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(quand je pense qu’un type a fait des études pour en arriver à écrire de tels titres…)

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clinton trump

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Libé a été plus mesuré :

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Je vous conseille quand même ce grand moment de délire du Monde – un grand moment de probité et de mesure journalistique (je me demande si du coup le salaire de la direction du Monde rentre dans les dépenses de campagne de Clinton ?) :

clinton trump

clinton trump

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Vous avez noté d’ailleurs le niveau de délire de certaines personnes, qui en France hurlent presque “Vive Clinton !!!!” (je reste bine plus mesuré, on aura un mauvais président américain dans tous les cas… et en plus, en effet, je ne vote pas !)

Le niveau d’hystérisation du traitement de la plupart des sujets fait vraiment peine à voir… Aura-t-on un jour quelques médias mesurés, évitant de prendre parti outrageusement, expliquant la complexité des situations comme si nous n’étions pas neuneus ?

Hillary a du coup fait ses choux gras sur un sondage CNN :

clinton trump

Pourtant, les votes en ligne des sites d’information sont moins catégoriques – attention, ils ne sont pas représentatifs, bien entendu, car le lectorat peut-être orienté, mais ça devient intéressant quand le média n’est pas trop coloré et que les votants sont très nombreux… À prendre avec beaucoup de recul…

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410 000 votants quand même…

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435 000…

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220 000…

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Même Slate…

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Sans surprise là…

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Bref, à vous de vous faire votre propre opinion… 🙂

Source: http://www.les-crises.fr/1er-debat-clinton-trump/


Jérôme Kerviel : sa peine abaissée de 99.8% !

Wednesday 28 September 2016 at 00:30

Jérôme Kerviel condamné à verser un million d’euros à la Société Générale… Tout comprendre à cette décision

Source : 20 Minutes, le 23 septembre 2016.

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Jérôme Kerviel quitte la cour d’appel de Versailles (Yvelines) avec son avocat David Koubbi, le 23 septembre 2016. – Martin BUREAU / AFP

La cour d’appel de Versailles (Yvelines) a estimé ce vendredi que l’ancien trader n’était que «partiellement responsable» du préjudice subi par la banque…

C’est une histoire de chiffres depuis plus de huit ans. Et de gros sous. La cour d’appel de Versailles (Yvelines) a condamné, ce vendredi au civil, Jérôme Kerviel à verser un million d’euros de dommages et intérêts à la Société Générale pour le préjudice qu’elle a subi en 2008. La banque en avait demandé 4.900 fois plus, c’est-à-dire 4,9 milliards d’euros. 20 Minutes analyse cette décision.

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Que signifie la décision de la cour d’appel de Versailles ?

Sommée de réexaminer l’affaire sur le plan civil, la cour d’appel de Versailles a finalement estimé que Jérôme Kerviel n’était que « partiellement responsable » de toute l’affaire qui porte son nom depuis 2008. C’est-à-dire que selon elle, il y a un autre responsable. Et il suffit de lire l’arrêt pour comprendre qu’il s’agit de la Société Générale elle-même.

« L’organisation défaillante [de la Société Générale] et l’accumulation de manquements en matière de sécurité et de surveillance des risques, qui préexistait aux faits, (…) a permis la commission des délits et retardé leur détection (…) et a eu un rôle causal essentiel dans la survenance et le développement du préjudice. » Autrement dit, la banque a eu des manquements qui ont entraîné l’affaire Kerviel.

Pourquoi Kerviel doit tout de même verser un million d’euros et en quoi c’est embêtant ?

Si la Société Générale n’avait pas eu des « manquements », l’affaire Kerviel n’aurait jamais pu exister. Mais le trader, définitivement condamné au pénal, est tout de même « partiellement responsable ». La cour a donc estimé qu’il devait verser un million d’euros à la banque.
C’est embêtant pour lui. Autant la banque n’aurait jamais pu lui réclamer 4,9 milliards d’euros, autant cette somme d’un million d’euros apparaît recouvrable. Jean Veil, l’avocat de la Société Générale, a d’ailleurs annoncé que la décision était « exécutable ». Sans emploi à l’heure actuelle, l’ancien trader a touché un peu d’argent du livre qu’il a écrit, du film que Christophe Barratier a tiré de son histoire et de la décision des prud’hommes du début d’année.

Pourquoi la banque demandait 4,9 milliards d’euros ?

Depuis le premier jour de l’affaire, la Société Générale a toujours annoncé qu’elle avait subi des pertes de 4,9 milliards d’euros en raison des agissements de Jérôme Kerviel. Selon la défense du trader, cette estimation ne repose sur aucune « expertise indépendante ». En juin, lors de l’audience devant la cour d’appel de Versailles, elle avait, à nouveau, réclamé cette expertise. Mais la cour, ce vendredi, n’a pas accédé à sa requête.

Comment ont réagi les différentes parties ?

A la sortie de l’audience, Jean Veil a parlé d’une décision « satisfaisante » et « exécutable ». « Je dois encore lire l’arrêt en détail. Mais à première vue, cela me paraît être une décision satisfaisante ».

David Koubbi, l’avocat de Kerviel, a lui sorti sa calculette. « Un million d’euros représente 0,02 % de 4,9 milliards. Donc, la banque est responsable à 99,98 % et Jérôme Kerviel à 0,02 %. Nous allons nous servir de la décision pour continuer le combat devant la cour de révision. »

L’Etat peut-il espérer récupérer 2,197 milliards d’euros dans cette affaire ?

C’est l’autre enjeu de l’affaire. « Victime » depuis 2008, la Société Générale a bénéficié d’une ristourne fiscale de 2,197 milliards d’euros pour compenser les « pertes exceptionnelles » dues à l’affaire Kerviel. Mais si la banque est en partie responsable, l’Etat pourrait être en droit de réclamer le remboursement de cette ristourne fiscale.

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Christian Eckert, le secrétaire d’Etat au Budget, a déjà fait savoir que l’Etat pourrait entamer des démarches pour faire valoir ses droits. Jérôme Kerviel est prêt à l’aider. « Aujourd’hui, Jérôme Kerviel est le plus gros pourvoyeur d’argent public, a réagi David Koubbi, son avocat. Nous nous tenons à la disposition des services de Bercy pour qu’ils récupèrent cette somme. »

Interrogée avant l’audience, une source proche de la banque nous confiait qu’il n’en était « absolument pas question » !


Affaire Kerviel : la justice ramène de 4,9 milliards à 1 million d’euros les dommages-intérêts

Source : L’Obs, le 23 septembre 2016.

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La cour d’appel de Versailles a condamné ce vendredi 23 septembre Jérôme Kerviel à verser un million d’euros de dommages et intérêts à la Société Générale, contre 4,9 milliards lors d’un premier jugement qui avait été cassé en 2014.

Le président de la cour a dit que la juridiction l’avait “déclaré partiellement responsable du préjudice causé à la Société Générale”.
La cour n’a pas suivi les conclusions de l’avocat général qui avait recommandé, le 17 juin dernier, de rejeter intégralement la demande de compensation de la banque, mettant en avant ses défauts de contrôle dans cette affaire.

Cette décision de la cour “est tout à fait satisfaisante”, s’est félicité l’avocat de la banque Jean Veil. A l’inverse, Jérôme Kerviel a promis de continuer “le combat” pour être blanchi.

La décision de la cour d’appel de Versailles “me donne l’énergie pour continuer” ce “combat” car “j’estime encore ne rien devoir à la Société Générale”, a aussitôt réagi l’ex-trader, assailli par les journalistes. “La cour a dégraissé de 99,98% la somme” due par Jérôme Kerviel, a ajouté son avocat David Koubbi.

Jérôme Kerviel, 39 ans, a toujours affirmé que la Société Générale ne pouvait ignorer qu’il prenait des positions non couvertes qui se sont soldées par une perte de 4,9 milliards d’euros.

Mais la banque, condamnée en 2008 par la commission bancaire à une amende de 4 millions d’euros pour des “carences graves” dans son système de contrôle interne, assure que ce sont les agissements frauduleux de son ancien trader qui ont “mis en échec” ses systèmes de contrôle.

En mars 2014, la Cour de cassation a confirmé la condamnation pénale de Jérôme Kerviel, mais renvoyé l’affaire devant la cour d’appel de Versailles en ce qui concerne les dommages et intérêts qui lui sont imputables.

Quelles conséquences en matière fiscale ?

La décision de ce vendredi, susceptible d’un pourvoi en cassation, fait planer un doute quant aux conséquences pour la banque en matière fiscale. L’Etat pourrait en effet demander le remboursement de la déduction fiscale de 2,2 milliards d’euros dont a bénéficié la banque, en raison de l’affaire Kerviel.

Interrogé sur cette possibilité, l’avocat de la banque, Jean Veil, a déclaré : “Je ne pense pas qu’il puisse le faire compte tenu de la rédaction de l’arrêt et compte tenu de ce qu’est la jurisprudence en la matière.”

“Il faudrait une faute volontaire, une faute excessive et ça n’est pas ce qui est écrit dans l’arrêt de la cour d’appel de Versailles d’aujourd’hui”, a-t-il poursuivi.

“Par conséquent, sur ce plan-là, il n’y a à mon avis aucune inquiétude et aucune incidence de cette décision sur la capacité du ministère des Finances de revenir sur l’application normale de ce qu’est la loi fiscale.”

Mais Bercy a annoncé cet après-midi que la situation fiscale de la Société Générale allait être réexaminée. Le ministre de l’Economie et des Finances, Michel Sapin, et le secrétaire d’Etat au Budget, Christian Eckert, “ont demandé à l’administration fiscale d’examiner les conséquences de cet arrêt sur la situation fiscale de la Société générale concernant les résultats de l’exercice de l’année 2008 et de préserver intégralement les intérêts de l’État”, indique Bercy dans un communiqué.

Source: http://www.les-crises.fr/jerome-kerviel-sa-peine-abaissee-de-99-8/


Miscellanées du Mercredi (Delamarche, Béchade, ScienceEtonnante, DataGueule)

Wednesday 28 September 2016 at 00:01

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute de Delamarche : “Aujourd’hui la banque centrale ne fait rien et n’a jamais rien fait”

II. Philippe Béchade

La minute de Béchade : “Si on gère à long terme, on vend tout parce que ça va dans le mur”

Philippe Béchade VS Bernard Aybran (1/2): La FED aura-t-elle les mêmes effets que la BoJ sur les marchés ? – 21/09

Philippe Béchade VS Bernard Aybran (2/2): Dans un contexte où les banques centrales dirigent les marchés, quelle stratégie d’allocation faut-il adopter ? – 21/09

Les indés de la finance: L’action de Twitter s’envole en Bourse – 23/09

III. ScienceEtonnante

Adam et Eve ont-ils existé ? — Science étonnante #29

IV. DataGueule

Samsung : trois étoiles et des poussières #DATAGUEULE 17


Petite sélection de dessins drôles – et/ou de pure propagande…

 

Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-du-mercredi-delamarche-bechade-scienceetonnante-datagueule-3/


[2014] Noam Chomsky : Pourquoi les Américains en savent-ils autant sur le sport et si peu sur les affaires internationales ?

Monday 26 September 2016 at 23:10

Source : Alternet, le 15/09/2014

De la façon dont le système est construit, il n’y a pratiquement aucun moyen pour les gens d’influencer le monde réel.

Par Noam Chomsky, le 15 septembre 2014

Le texte suivant est extrait d’un grand classique, The Chomsky Reader, qui offre un point de vue unique sur la grande question : “Comment pouvons-nous, en tant que population, avoir autant de connaissances sur les subtilités de diverses équipes de sport, tout en restant immensément ignorants sur nos engagements à l’étranger ?

Vous avez écrit sur la façon dont les idéologues professionnels et les mandarins cachaient la réalité. Et vous avez parlé — parfois vous le nommiez le “bon sens cartésien” — du bon sens dont le peuple est capable. En effet, vous mettez clairement en avant ce “bon sens” quand vous révélez les aspects idéologiques des débats, en particulier dans les sciences humaines contemporaines. Que voulez-vous dire par “bon sens” ? Qu’est-ce que cela signifie pour notre société ? Par exemple, vous avez écrit que dans une société concurrentielle et fragmentée, il est très difficile pour les gens d’être conscients de leurs intérêts. Si vous ne pouvez pas participer au système politique de façon concrète, si vous êtes réduit au rôle de spectateur passif, quel est alors le niveau de votre savoir ? Comment le bon sens peut-il émerger dans un tel contexte ?

CHOMSKY : Laissez-moi vous donner un exemple. Quand je conduis, j’allume parfois la radio et je remarque régulièrement que je tombe sur des débats sportifs. Ce sont des conversations téléphoniques. Des gens appellent et ont une discussion longue et complexe, et il est clair qu’il y a là un degré assez élevé de réflexion et d’analyse. Les gens savent tellement de choses. Ils connaissent tout un tas de détails compliqués et se lancent dans des discussions élaborées pour savoir si le coach a pris la bonne décision la veille, etc. Ce sont des gens ordinaires, pas des professionnels, qui appliquent toute leur intelligence et leurs compétences analytiques dans ces domaines, tout en accumulant pas mal de connaissances et, autant que je sache, de compréhension. D’un autre côté, quand j’entends les gens parler, par exemple, de questions internationales ou de problèmes intérieurs, on atteint un niveau de superficialité incroyable.

Cette réaction est peut être due en partie à mes propres domaines d’intérêts, mais, au fond, je pense que c’est exact. Et je crois que cette concentration sur des sujets comme le sport a un certain sens. De la façon dont le système est construit, il n’y a pratiquement aucun moyen pour les gens, sans un certain niveau d’organisation qui irait bien au-delà de ce qui existe actuellement, d’influencer le monde réel. Ils pourraient tout aussi bien vivre dans un monde imaginaire, et c’est d’ailleurs ce qu’ils font. Je suis certain qu’ils utilisent leur bon sens et leurs compétences intellectuelles, mais dans un domaine n’ayant aucune signification, et qui prospère justement parce qu’il n’a aucune signification, et qu’il est une diversion par rapport aux problèmes plus sérieux sur lesquels on n’a aucune influence ni effet puisqu’il se trouve que le pouvoir réside ailleurs.

Maintenant, je pense que les mêmes compétences intellectuelles, les mêmes capacités de compréhension, d’accumulation de preuves, d’obtention d’informations, de réflexions profondes sur des problèmes pourraient être utilisées — et seraient utilisées — dans un système de gouvernance différent qui impliquerait la participation populaire dans les prises de décisions importantes et dans des domaines qui importent vraiment pour la vie humaine.

Certaines questions sont complexes. Il y a des domaines qui nécessitent des connaissances spécifiques. Je ne propose pas une certaine forme d’anti-intellectualisme. Mais mon point de vue est que de nombreuses choses peuvent être comprises sans avoir des connaissances spécifiques ou d’une grande portée. En fait, même une connaissance spécialisée dans ces domaines n’est pas hors de portée des gens qui ont envie de s’y intéresser. […]

Pensez-vous que les gens se sentent inhibés par leur manque de compétences ?

CHOMSKY : Il existe également des experts en football, mais ces gens ne se réfèrent pas à eux. Les gens qui appellent parlent avec une totale assurance. Ils ne se préoccupent pas d’être en désaccord avec l’entraîneur ou un quelconque expert local. Ils ont leur propre avis et ils arrivent à avoir un débat intelligent. Je pense que c’est un phénomène intéressant. Maintenant, je ne pense pas que les problèmes internationaux et locaux soient plus compliqués. Et ce qui passe pour un discours sérieux et intellectuel sur ces sujets ne reflète pas un niveau de compréhension ou de connaissances plus important.

On retrouve des cas semblables dans certaines cultures dites primitives. On remarque très souvent que certains systèmes intellectuels ont été construits avec une considérable complexité, avec des spécialistes qui connaissent tout du sujet et d’autres qui ne comprennent pas tout, etc. Par exemple, les systèmes fondés sur le droit du sang sont élaborés avec une énorme complexité. De nombreux anthropologues ont essayé de montrer que ceci peut avoir une fonction utile dans cette société. Mais cette fonction peut très bien être simplement intellectuelle. Un peu comme les mathématiques. Ce sont des domaines où l’on peut utiliser notre intelligence pour créer des systèmes complexes et alambiqués, et élaborer leurs propriétés de la même façon que l’on fait des mathématiques. Ils n’ont pas les mathématiques et les technologies ; ils ont d’autres systèmes fondés sur une culture riche et complexe. Je ne veux pas pousser l’analogie plus loin, mais il se peut que quelque chose de semblable se produise ici.

Le pompiste qui veut faire marcher sa tête ne va pas perdre son temps sur des problèmes internationaux, puisque cela ne sert à rien ; il ne peut rien y faire de toute façon, il pourrait apprendre des choses désagréables, et même avoir des problèmes. Donc mieux vaut qu’il le fasse avec quelque chose d’amusant, et d’inoffensif — le football, le basketball, des choses comme ça. Mais des compétences sont utilisées ici, ainsi que de la réflexion, et de l’intelligence. Une des fonctions que remplit le sport, dans notre société et ailleurs, est d’offrir quelque chose qui détourne l’attention des gens des choses importantes, afin que les gens au pouvoir puissent les faire sans intervention extérieure.

Je demandais tout à l’heure pourquoi les gens sont-ils intimidés par l’aura des experts. Peut-on changer cela ? Est-ce que les experts et des intellectuels auraient peur que les gens appliquent leur intelligence du sport à leurs propres domaines de compétence dans les affaires étrangères, les sciences sociales et ainsi de suite ?

CHOMSKY : Je pense que c’est plutôt banal. Ces domaines d’interrogations qui concernent les problèmes humains immédiats ne sont pas particulièrement profonds ou inaccessibles à quiconque prend la peine de se pencher sur la question, même sans formation spéciale. Les commentaires sur les affaires publiques dans la presse grand public sont souvent peu profonds et mal informés. Tous ceux qui écrivent sur ces sujets et les commentent savent très bien comment s’en tirer dans la mesure où l’on ne s’éloigne pas de la doctrine acquise. Je suis certain que quasi tout le monde exploite cet avantage. Je suis conscient que je le fais moi-même. Quand je parle des crimes nazis ou des atrocités soviétiques, par exemple, je sais que je ne serai pas appelé à en apporter la preuve, par contre une caution scientifique détaillée est nécessaire si je m’aventure à critiquer les pratiques d’un des saints-États : les États-Unis eux-mêmes, ou Israël, depuis qu’il a été consacré par l’intelligentsia après sa victoire de 1967. Cette liberté par rapport à la nécessité de preuves ou même d’une rationalité est très commode, tel que le découvrira rapidement n’importe quel lecteur informé des journaux d’opinion, ou même de la plupart des publications scientifiques. Cela rend la vie facile, et permet d’émettre une grosse quantité de non-sens ou de biais ignorants sans conséquence, et même de purement et simplement diffamer. Les preuves ne sont pas nécessaires, les arguments à côté de la plaque. L’accusation classique contre les dissidents américains ou mêmes les libéraux [de gauche, NdT] — j’ai cité plusieurs cas imprimés par le passé et en ai ramassé beaucoup d’autres — est qu’ils prétendent que les États-Unis sont la source du mal dans le monde ou d’autres idioties du même ordre ; Il y a donc une convention que ces accusations sont complètement légitimes lorsque la personne visée est quelqu’un qui ne marche pas dans le rang comme les autres, et donc ces accusations sont émises sans même un soupçon de preuve. L’adhésion aux lignes du parti confère le droit d’agir de manières qui seraient considérées comme scandaleuses de la part de n’importe quel détracteur des dogmes établis. Une trop grande prise de conscience du public pourrait le mener à réclamer de meilleures normes de rigueur intellectuelle, ce qui sauverait certainement beaucoup de forêts de la destruction, et ferait dégringoler de nombreuses réputations.

Le droit de mentir au service du pouvoir est maintenu avec une vigueur considérable et passionnée. Cela devient évident dès lors que quiconque prend la peine de démontrer que les accusations contre un ennemi officiel sont inexactes ou, parfois, de pures inventions. La réaction immédiate des serviteurs du pouvoir est que la personne fait l’apologie des vrais crimes des ennemis officiels. Le cas du Cambodge est un exemple frappant. Que les Khmers Rouges aient été coupables d’épouvantables atrocités n’était remis en question par personne, mis à part quelques sectes Maoïstes marginales. Il est aussi vrai, et facilement prouvable, que la propagande occidentale s’est servie de ces crimes avec délectation, les exploitant pour produire une justification rétrospective des atrocités de l’Occident, et puisque les normes de rigueur intellectuelle sont inexistantes pour une cause aussi noble, ils ont aussi produit un dossier de fausses preuves et de tromperies qui sont remarquables. La démonstration de ce fait, et c’est un fait, provoqua un énorme tollé, suivi d’encore plus de nouveaux et fascinants mensonges, tel que Edward Herman et moi, parmi tant d’autres, avons documentés. L’idée maîtresse ici est que contester le droit de mentir au service de l’État est un crime innommable. Similairement, n’importe quelle personne qui met en exergue que certaines des accusations contre Cuba, le Nicaragua, le Vietnam ou un autre ennemi officiel sont douteuses ou fausses sera immédiatement dépeinte comme faisant l’apologie de vrais ou présumés crimes, une technique très utile pour s’assurer que les normes intellectuelles ne soient pas applicables aux serviteurs du pouvoir et qu’il n’y aura pas d’entrave à leurs loyaux service rendus au pouvoir. Le détracteur a généralement peu d’accès au média, et les conséquences personnelles pour le détracteur sont suffisamment dérangeantes pour en dissuader beaucoup de suivre son chemin, particulièrement parce que certains journaux, le New Republic, par exemple, se vautrent au niveau le plus bas de la malhonnêteté et de la couardise, en refusant régulièrement de permettre ne serait-ce qu’un droit de réponse aux diffamations qu’il publie. Donc le droit sacré de mentir n’est pas prêt d’être remis en cause puisqu’il n’y a pas de menaces sérieuses à l’horizon. Mais les choses pourraient changer si des secteurs incertains et instables du public étaient admis dans l’arène du débat et de la discussion.

L’aura de présumée expertise fournit aussi une façon pour le système d’endoctrinement de proposer ses services au pouvoir tout en maintenant une image d’indifférence et d’objectivité. Les médias, par exemple, peuvent se tourner vers les universitaires et les experts pour fournir la perspective qui est requise par les cercles du pouvoir, et le système universitaire est suffisamment obéissant au pouvoir externe de façon à ce que les experts soient généralement disponibles pour prêter le prestige que confère leur carrière à l’étroit éventail d’opinions permises. Mais lorsque cette méthode dérape — tel qu’en ce moment sur le cas de l’Amérique latine, par exemple, ou dans la discipline émergente de la terrorologie — une nouvelle catégorie de soi-disant experts peut être établie, apportant les opinions ratifiées que les médias ne peuvent pas exprimer directement sans perdre leurs prétentions d’objectivité qui légitiment leur fonction d’émetteur de propagande. J’ai relevé de nombreux exemples, tout comme l’ont fait d’autres.

La structure semblable à une guilde des professions qui œuvrent dans le champ des affaires publiques aide aussi à préserver la pureté de la doctrine. En fait, elle est gardée avec beaucoup de soin. Mon expérience personnelle est peut-être pertinente. Tel que je l’ai mentionné plus tôt, je n’ai généralement pas de légitimité académique dans aucun domaine, et mon propre travail a été plutôt éparpillé. Il y a plusieurs années, j’ai œuvré dans le domaine des linguistiques mathématiques et la théorie des automates, et occasionnellement j’ai donné des conférences dans des colloques de mathématique ou d’ingénierie. Personne n’aurait rêvé de mettre en doute ma légitimité de parler de ces sujets, qui était nulle, comme tout le monde le savait ; cela aurait été risible. Les participants étaient plus préoccupés par ce que j’avais à dire, et non pas de mon droit d’en parler. Mais lorsque je parle, disons, de relations internationales, il est souvent demandé que je présente mes références, de prouver ma légitimité qui m’autorise à rentrer dans cette auguste arène, aux États-Unis du moins, ailleurs ce n’est pas le cas. C’est une généralisation raisonnable, je crois, que plus une discipline a du contenu intellectuel, moins elle doit se protéger du fait d’être examinée, par le moyen d’une structure de corporation. Les conséquences en lien avec votre question sont assez évidentes.

Vous avez dit que la plupart des intellectuels finissent par embrouiller la réalité. Comprennent-ils la réalité qu’ils obscurcissent ? Comprennent-ils le processus social qu’ils mystifient ?

CHOMSKY : La plupart des gens ne sont pas des menteurs. Ils ne peuvent tolérer trop de dissonance cognitive. Je ne veux pas non plus nier qu’il y ait des menteurs effrontés, simplement des propagandistes éhontés. Vous pouvez les trouver dans le journalisme tout comme dans les professions académiques. Mais je ne crois pas que ce soit la norme. La norme est l’obéissance, l’adoption d’une attitude dépourvue de sens critique, menant sur le chemin facile de l’aveuglement volontaire. Je pense qu’il y a aussi un processus sélectif dans les professions académiques et dans le journalisme. C’est à dire que les gens qui sont indépendants d’esprit et à qui on ne peut demander d’obéir, ne font généralement pas carrière. Ils sont souvent éjectés en cours de route. […]

Tiré de The Chomsky Reader, tel que publié sur le site de Noam Chomsky. (Serpents Tail Publishing, 1988)

Source : Alternet, le 15/09/2014

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

U.S. linguist and philosopher Noam Chomsky pauses while addressing the audience at the National Autonomous University's Educational Investigation Institute (UNAM) in Mexico City September 21, 2009. REUTERS/Jorge Dan (MEXICO POLITICS) - RTR284R6

Source: http://www.les-crises.fr/pourquoi-les-americains-en-savent-ils-autant-sur-le-sport/


Ahmed, Français

Monday 26 September 2016 at 02:56

Un témoignage en passant…

C’est pour des personnes comme lui que je parle autant de Zemmour (ça va durer encore quelques jours finalement, mais vous aurez aussi des billets sur d’autres thèmes… 🙂 )

Depuis le 7 janvier 2015, on me demande mon avis. Si je peux expliquer. Si j’avais vu cela venir. On me demande de me « désolidariser ». On m’exhorte à condamner, comme pour supprimer un éventuel doute. Avec des millions d’autres, mon prénom, mon teint ont fait de moi, aux yeux de bien trop de mes concitoyens, une personne en lien avec les terroristes. Moi qui connais la France depuis mon premier jour. Moi qui ne suis allé que six ou sept fois dans ce pays auquel on me renvoie inconsciemment quotidiennement, et duquel je suis sensé être un représentant. À moi, et à tant d’autres, on demande perpétuellement d’apporter la preuve d’un attachement réel pour la France.

Les salles de spectacles, les terrasses, et les stades sont à nouveau pleins. Mais plus qu’une terreur collective, c’est une terreur intime qui monte, nous poussant à douter de l’autre et à commettre la plus grande des erreurs : celle de classer nos concitoyens, de se demander lesquels sont plus français, et lesquels le sont moins. En triant nos citoyens, nous sommes en train de rompre avec ce qui accompagnait initialement notre idéal de Liberté, d’Égalité et de Fraternité : l’unité de la République.

Car ceux qui défendaient hier avec tant de force cette République lorsqu’elle était mise à mal, se taisent aujourd’hui. Les journalistes, les représentants du peuple, les associations, les intellectuels, et d’autres, jusqu’à récemment encore, rassuraient tous les membres de la communauté nationale sur leur appartenance à celle-ci. Où sont-ils passés, alors que les Français – tous les Français – ont plus que jamais besoin d’eux ? Ils n’ont pas déserté. Non, ils ont dérivé : et pire, ils disent désormais : « ce n’est pas moi qui dérive, c’est le phare qui s’éloigne… ».

Je repense ici au Président Chirac qui, en 2005, au moment d’un autre État d’urgence, proclamait :

« L’adhésion à la loi et aux valeurs de la République passe nécessairement par la justice, la fraternité, la générosité. C’est ce qui fait que l’on appartient à une communauté nationale. C’est dans les mots et les regards, avec le cœur et dans les faits, que se marque le respect auquel chacun a droit. Et je veux dire aux enfants des quartiers difficiles, quelles que soient leurs origines, qu’ils sont tous les filles et les fils de la République. 

Nous ne construirons rien de durable sans le respect. Nous ne construirons rien de durable si nous laissons monter, d’où qu’ils viennent, le racisme, l’intolérance, l’injure, l’outrage. Nous ne construirons rien de durable sans combattre ce poison pour la société que sont les discriminations. Nous ne construirons rien de durable si nous ne reconnaissons pas et n’assumons pas la diversité de la société française. Elle est inscrite dans notre Histoire. C’est une richesse et c’est une force. » [Jacques Chirac, 14/11/2005]

De plus en plus rares sont les voix qui défendent notre cohésion nationale et rappellent que vouloir séparer les Français n’est pas acceptable, qu’être musulman n’est pas un crime, que ceux qui tuent n’ont pas plus à voir avec l’Islam que le Ku Klux Klan avec la chrétienté. Pire, ces rares voix qui veulent maintenir notre unité nationale, qui dénoncent simplement les claires dérives idéologiques et les propos outranciers, sont désormais insultés de de « traîtres », de « lâches », de « collabo ».

Les premières victimes sont et resteront ceux morts, ceux aux corps et aux âmes meurtris par les actes terroristes : nous nous devons de leur faire honneur en bravant notre terreur intime, en luttant contre une scission de notre communauté nationale. Car voilà l’objectif central des terroristes, qui ne s’en sont jamais cachés. Ainsi, nous nous devons de rester, plus que jamais, soudés. Car oui, la menace extrémiste existe bel et bien. Oui, il y a un sérieux problème de fondamentalisme à combattre. Vous ne trouverez aucun angélisme de ma part – nous sommes tous la cible des terroristes. Reste qu’en identifiant mal l’ennemi, on lui confère un grand pouvoir : celui d’être tout le monde, et donc personne.

Je perçois un malaise immense. Je vois mon frère, cadre supérieur en informatique, changer de prénom sur son CV pour augmenter ses réponses favorables.  Je vois des personnes bienveillantes gênées à l’idée d’utiliser le mot « arabe », ne sachant plus s’il a une valeur péjorative ou non. Je vois des amis qui se font contrôler trop souvent pour un visage pas assez clair ou une voiture trop belle pour leur teint. Je vois emmener un enfant de 8 ans au commissariat pour « apologie de terrorisme ». Je vois exclue de l’école une fille pour une jupe trop longue. Je vois qu’on tente de mener un débat aussi stérile qu’immonde sur « l’identité nationale ». Je vois des agressions de femmes voilées. Je vois des policiers forcer une femme à se dévêtir sous peine de devoir quitter la plage. Je vois des hebdomadaires associer à l’Islam des idées si négatives que leurs questions deviennent des affirmations frôlant l’insulte. Bref, je vois et je sens cette grave dérive qui fait de moi – comme de tant d’autres – un français qui l’est un peu moins que les autres…

Les inacceptables propos entendus et, bien pire encore, l’absence totale de condamnations fermes de journalistes, patrons de médias, politiciens, ne peuvent que gravement interpeller. Aujourd’hui, il est possible d’affirmer qu’être français c’est être blanc, c’est être catholique, c’est avoir un prénom chrétien, le tout sans être disqualifié ou discrédité. Au contraire, ce qui était hier encore une tache indélébile sur son parcours est devenu un fait d’arme médiatique ou politique. Malgré le 11 septembre 2001, malgré le 21 avril 2002, jamais je n’aurais pu penser voir un jour la banalisation de l’ignominie dans ce pays où tant de gens ont été persécutés, déportés, assassinés parce qu’ils pensaient ou croyaient différemment, parce qu’ils s’appelaient Salomon ou Rachel, parce qu’ils ne criaient pas avec les loups, parce qu’ils rêvaient une France indivisible.

Et dans cette course à qui sera le plus français, nous perdrons tous : car être Français n’est pas une matière dont on dispose en plus ou moins grand volume. Être Français, c’est une qualité, pas une quantité. C’est un sentiment, pas un bien. C’est une valeur, pas un prix. Et déjà, je vois les yeux rougis de tant Français – car ils le sont ! – qui se sentent insultés, blessés, rejetés. J’entends des discours pour lesquels, j’en suis sûr, nous aurons honte ensemble dans quelques temps. J’ai mal, désormais, pour tous ceux qui, dans les rangs de l’Armée, de la Police n’ont pas un « prénom chrétien », alors qu’ils mettent leurs vies quotidiennement en danger pour défendre des citoyens qui doutent de leur identité. Je pleure pour les morts et leurs familles qui, à Paris ou à Nice, entendent que certaines victimes ne sont peut-être pas complètement françaises, finalement. C’est une France qui s’avilit. C’est une tragédie. C’est une honte qui, comme l’Histoire l’a montré tant de fois, en appellera malheureusement d’autres.

Nous faisons ainsi totalement le jeu  de nos ennemis,  matraqués que nous sommes par des médias en plein naufrage. Certains ont même passé tellement de temps à combattre l’extrême-droite qu’ils en ont oublié de combattre ses idées, idées dont ils sont parfois même devenus malgré eux le porte-voix. Comment ne pas être atterrés en entendant des journalistes demander « Qu’est-ce qu’on fait des Musulmans ? » dans ce pays où on s’est demandé « Que faire des juifs ? » il y a trois quarts de siècle ? Comment ne pas être estomaqués à la question « Comment faire ? Bombarder, nettoyer, tuer ? » ? Comment ne pas frémir lorsque certains crient « il ne faut pas avoir peur de se faire traiter d’islamophobe » ? Devons-nous leur rappeler qu’une critique raisonnable et argumentée de l’islamisme et des extrémismes en général sera toujours audible, soutenue dans son droit de manière quasi-unanime ? Que ceux qui utilisent un tel alibi pour légitimer la diffusion de leur rejet de l’Islam et des musulmans – racisme policé –  utilisent les mêmes arguments que ceux qui répandaient hier leur antisémitisme ? Que penserions-nous d’un individu qui proclamerait qu’il ne faut pas avoir peur d’être taxé de judéophobie ? C’est cette mentalité qui a clairement contribué à abattre les murs porteurs de la résistance à la xénophobie, bête immonde qui est en train de se réveiller progressivement sous nos yeux.  Réveillons-nous !

Mais attention : toutes ces questions, toutes ces réflexions nous font hélas oublier qu’ils y a des mots qui blessent, qu’il y a des êtres humains qui souffrent de ces dérives. Alors moi, en attendant, que dois-je dire à ma mère, née en Algérie ? De partir ? Pour un pays qu’elle n’a connu que quelques années et qui la considère – ironie de l’histoire – comme une Française ? De quitter sa ville, ses collègues, son jardin ? Tout ça parce qu’une poignée de terroristes se sont habillés du drapeau de ses convictions pour mieux les bafouer en assassinant des innocents ? À elle qui vit paisiblement depuis toujours, que dois-je lui dire ? Qu’elle doit apprendre à être traitée comme une citoyenne de seconde zone après 40 ans  de présence, parce que certains voient en elle un mauvais souvenir, voire une menace ? Que dois-je lui dire quand, à la radio, on lui dit « qu’il n’y a pas de différence entre islam et islamisme » alors qu’en Algérie, les islamistes on fait un carnage durant dix ans sans que personne ne lève le petit doigt ? Dois-je lui dire qu’elle serait islamiste sans le savoir ? Que dois-je lui dire quand, devant la télé où on présente sa religion comme belliqueuse, elle répète « Mais ça, ce n’est pas l’Islam ! » ? Dois-je lui dire qu’elle ne doit pas pleurer avec le reste de la France lorsque le temps s’arrête un 7 janvier, un 13 novembre ou un 14 juillet ?  Je ne sais plus. Et cela me fait mal. Très mal.

Ahmed

P.S. À ceux qui se demanderont, si je suis musulman, catholique, athée ou autres, je leur réponds que cela n’a aucune importance : je suis Français.

Artcile écrit pour le site www.les-crises.fr, librement reproductible en intégralité (en citant la source ou pas, comme bon vous semble… 🙂 ).

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Source: http://www.les-crises.fr/ahmed-francais/


“Regime change” en Syrie : L’énorme opération Timber Sycamore de la CIA et de l’Arabie Saoudite [New York Times]

Monday 26 September 2016 at 01:15

Important article du New-York Times, très peu repris, que je ressors…

Tout ceci ça va sans dire, mais ça va mieux en le disant, surtout dans un grand média…

Ne PAS laisser des gouvernements faire ceci serait une excellente façon de lutter contre l’islamisme et le terrorisme – plus que changer notre Constitution par exemple… #JeDisÇaJeDisRien

Source : The New York Times, le 23-01-2016.

[Timber Sycamore] Pour le financement des rebelles syriens, les États-Unis sont fortement dépendants de l’argent saoudien

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Washington — Lorsque le Président Obama a secrètement autorisé la Central Intelligence Agency à commencer à armer les combattants rebelles de Syrie en 2013, l’agence d’espionnage savait qu’elle aurait un partenaire disposé à aider à financer l’opération clandestine. C’était le même partenaire sur lequel la CIA s’est appuyée pendant des décennies pour son argent et sa discrétion dans les conflits lointains : le royaume d’Arabie saoudite.

Depuis lors, la CIA et son homologue saoudienne maintiennent un accord inhabituel pour la mission d’entraînement des rebelles, à laquelle les Américains ont donné le nom de code Timber Sycamore. Avec cet accord, selon d’actuels et anciens hauts fonctionnaires, les Saoudiens fournissent à la fois des armes et de grosses sommes d’argent, et la CIA dirige l’entraînement des rebelles au maniement des fusils d’assaut AK-47 et des missiles antichars.

Le soutien aux rebelles syriens n’est que le chapitre en cours d’une relation qui dure depuis des dizaines d’années entre les services d’espionnage d’Arabie saoudite et les États-Unis, une alliance qui a traversé le scandale Iran-Contra, le soutien des moudjahidines contre les Soviétiques en Afghanistan et les combats par procuration en Afrique. Quelquefois, comme en Syrie, les deux pays ont travaillé de concert. D’autres fois, l’Arabie saoudite a simplement signé des chèques, souscrivant aux activités clandestines américaines.

Les secrets du royaume

Des décennies de coopération discrète

Les programmes conjoints d’armement et d’entraînement se poursuivent, auxquels d’autres nations du Moyen-Orient contribuent, alors que les relations entre les États-Unis et l’Arabie saoudite — et la position du royaume dans la région — fluctuent. Les liens traditionnels, pétrole bon marché et géopolitique, qui ont longtemps rapproché les pays se sont desserrés avec le déclin de la dépendance américaine au pétrole étranger et avec les mouvements discrets de l’administration Obama pour un rapprochement diplomatique avec l’Iran.

Et pourtant l’alliance persiste, maintenue à flot sur une mer d’argent saoudien et par une reconnaissance des intérêts propres de chacun. En plus des vastes réserves de pétrole de l’Arabie saoudite et de son rôle de repère spirituel pour le monde musulman sunnite, cette relation ancienne en matière de renseignement aide à comprendre pourquoi les États-Unis ont été réticents à critiquer ouvertement l’Arabie saoudite sur ses violations des droits de l’homme, son traitement des femmes et son soutien à la souche extrême de l’islam, le wahhabisme, qui a précisément inspiré plusieurs des organisations terroristes que combattent les États-Unis. L’administration Obama n’a pas publiquement condamné la décapitation, ce mois-ci, par l’Arabie saoudite, d’un religieux dissident chiite, le cheikh Nimr al-Nimr, qui avait défié la famille royale.

Même si les Saoudiens ont affirmé publiquement contribuer à l’armement de groupes rebelles en Syrie, l’étendue de leur participation à la campagne d’actions clandestines de la CIA et leur soutien financier direct n’ont pas été révélés. Des interviews d’une demi-douzaine responsables américains en poste et à la retraite, et des sources provenant de plusieurs pays du golfe Persique ont permis d’en reconstituer les détails. La plupart se sont exprimés sous couvert d’anonymat parce qu’ils n’étaient pas autorisés à parler du programme.

Dès que l’opération de la CIA a commencé, l’argent saoudien l’a soutenue.

« Ils ont compris qu’ils ont besoin de nous, et nous comprenons que nous avons besoin d’eux, » a déclaré Mike Rogers, originaire du Michigan, ancien membre républicain du Congrès et président du House Intelligence Committee quand l’opération de la CIA a commencé. M. Rogers a refusé de discuter des détails du programme classifié.

Les hauts fonctionnaires n’ont pas révélé le montant de la contribution saoudienne, bien plus importante que celle des autres nations, au programme d’armement des rebelles contre l’armée du président Bachar el-Assad. Mais on estime le coût total de l’armement et de l’entraînement à plusieurs milliards de dollars.

La Maison-Blanche a couvert le financement clandestin par l’Arabie saoudite — et par le Qatar, la Jordanie et la Turquie — à un moment où M. Obama a poussé les États du Golfe à jouer un rôle plus grand dans la sécurité de la région.

Le roi Salmane d’Arabie saoudite et le président Barack Obama en septembre à la Maison-Blanche. Crédits Gary Cameron/Reuters

Les porte-parole de la CIA et de l’ambassade saoudienne à Washington ont refusé tout commentaire.

Quand M. Obama s’est engagé à armer les rebelles au printemps 2013, c’était en partie pour essayer de gagner le contrôle de la mêlée générale dans la région. Les Qataris et les Saoudiens acheminaient des armes en Syrie depuis plus d’un an. Les Qataris avaient même fait entrer des cargaisons de missiles portatifs FN-6 chinois par la frontière turque.

Les efforts saoudiens étaient dirigés par le flamboyant prince Bandar ben Sultan, à l’époque chef du renseignement, qui ordonnait aux espions saoudiens d’acheter des milliers d’AK-47 et des millions de munitions en Europe de l’Est pour les rebelles syriens. La CIA a aidé à obtenir les commandes d’armes pour les Saoudiens, notamment une grosse transaction en Croatie en 2012.

A l’été 2012, un sentiment de liberté s’était répandu le long de la frontière turque avec la Syrie, avec l’acheminement, par les nations du Golfe, d’argent et d’armes à des groupes rebelles — même à certains dont les responsables américains craignaient qu’ils n’aient des liens avec des groupes radicaux comme Al-Qaïda.

La CIA était particulièrement sur la touche durant cette période, autorisée par la Maison-Blanche sous le programme d’entraînement Timber Sycamore à livrer une assistance non létale aux rebelles, mais pas d’armes. À la fin 2012, selon deux anciens hauts responsables américains, David H. Petraeus, alors directeur de la CIA, a sermonné sérieusement les responsables du renseignement de plusieurs nations du Golfe lors d’une rencontre près de la mer Morte en Jordanie. Il leur a reproché d’avoir envoyé des armes en Syrie sans se coordonner entre eux ou avec les agents de la CIA en Jordanie et en Turquie.

Des mois plus tard, M. Obama a donné son accord pour que la CIA commence à armer directement et à entraîner les rebelles à partir d’une base en Jordanie, amendant le programme Timber Sycamore afin d’autoriser l’assistance létale. Selon la nouvelle disposition, la CIA a dirigé l’entraînement, pendant que la Direction générale du renseignement d’Arabie saoudite a fourni l’argent et les armes, dont des missiles antichars TOW.

Les Qataris ont aussi aidé à financer l’entraînement et permis qu’une base qatarienne soit utilisée comme lieu d’entraînement supplémentaire. Mais des responsables américains ont dit que l’Arabie saoudite était de loin la plus grosse contributrice à l’opération.

Alors que l’administration Obama a vu cette coalition comme un argument de vente au Congrès, certains, dont le sénateur Ron Wyden, un démocrate de l’Oregon, ont soulevé la question de savoir pourquoi la CIA avait besoin de l’argent saoudien pour son opération, selon un ancien responsable américain. M. Wyden a refusé tout entretien, mais son bureau a publié une déclaration appelant à plus de transparence. « Les hauts responsables ont déclaré publiquement que les États-Unis essaient d’augmenter les capacités sur le champ de bataille de l’opposition anti Assad, mais ils n’ont pas fourni de détails au public montrant comment cela se passe, quelles agences américaines sont impliquées, ou avec quels partenaires ces agences travaillent », disait le communiqué.

Quand les relations entre les pays concernés par le programme d’entraînement se tendent, il revient souvent aux États-Unis de négocier des solutions. En tant qu’hôte, la Jordanie attend des paiements réguliers des Saoudiens et des Américains. Quand les Saoudiens paient en retard, selon un ancien haut responsable du renseignement, les Jordaniens se plaignent aux responsables de la CIA.

Alors que les Saoudiens ont financé les précédentes missions de la CIA sans engagement, l’argent pour la Syrie vient avec des exigences, ont dit des responsables en poste et à la retraite. « Ils veulent une place à la table et ils veulent pouvoir dicter sera l’ordre du jour », raconte Bruce Riedel, ancien analyste de la CIA et aulourd’hui membre éminent de la Brookings Institution.

Le programme d’entraînement de la CIA est séparé d’un autre programme d’armement des rebelles syriens, un programme que le Pentagone a dirigé et qui s’est terminé depuis. Il était conçu pour entraîner les rebelles à lutter contre les combattants de l’État islamique en Syrie, contrairement au programme de la CIA, qui s’intéresse aux groupes rebelles qui se battent contre l’armée syrienne.

Sur cette photo datant de 2007, le prince Bandar ben Sultan, qui a ordonné à des espions saoudiens d’acheter des milliers de fusils d’assaut AK-47 pour les rebelles syriens. Crédits Hassan Ammar/Agence France-Presse — Getty Images

Même si une alliance du renseignement est au centre du combat en Syrie et a été importante dans la guerre contre Al-Qaïda, une source constante d’irritation des relations américano-saoudiennes est simplement combien de citoyens saoudiens continuent à soutenir des groupes terroristes, disent des analystes.

« Plus l’argumentaire devient, Nous avons besoin d’eux comme partenaires contre le terrorisme, moins il est convaincant, » dit William McCants, ancien conseiller en contre-terrorisme au département d’État et auteur d’un livre sur l’État islamique. « Si c’est simplement une conversation sur la coopération dans le contre-terrorisme, et si les Saoudiens sont une grande partie du problème en premier lieu, alors comment cet argument peut-il convaincre ? »

À court terme, l’alliance reste solide, renforcée par une obligation entre les maîtres de l’espionnage. Le prince Mohammed ben Nayef, ministre de l’Intérieur saoudien qui a pris en charge l’effort d’armement des rebelles syriens du prince Bandar, connaît le directeur de la CIA, John O. Brennan, depuis l’époque où M. Brennan était le chef de la station de l’agence à Riyad dans les années 90. D’anciens collègues disent que les deux hommes restent proches, et le prince Mohammed s’est fait des amis à Washington avec ses actions offensives pour démanteler des groupes terroristes comme Al-Qaïda dans la péninsule arabique.

Le poste qu’occupait autrefois M. Brennan à Riyad est, plus que celui d’ambassadeur, le véritable siège du pouvoir américain dans le royaume. D’anciens diplomates se souviennent que les discussions les plus importantes transitaient toujours par le chef de la station de la CIA.

Des responsables du renseignement en poste et à la retraite, disent qu’il y a toujours un avantage à ce mode de communication : les Saoudiens sont beaucoup plus réceptifs à la critique américaine quand elle est faite en privé, et ce canal secret a fait plus pour orienter le comportement saoudien vers les intérêts de l’Amérique que n’importe quel reproche public.

Les racines de la relation sont profondes. À la fin des années 70, les Saoudiens ont organisé ce que l’on connaissait comme le « Safari Club, » une coalition de nations incluant le Maroc, l’Égypte et la France, qui a dirigé des opérations en Afrique à une époque où le Congrès avait cloué les ailes de la CIA après des années d’abus.

Les groupe des quatre du gouvernement d’Arabie Saoudite

Bref retour sur les personnalités les plus puissantes du royaume et sur leur position pour la succession parfois compliquée.

« Et ainsi, le royaume, avec ces pays, a aidé d’une certaine façon, je le crois, à garder le monde en sécurité à une époque où les États-Unis n’en étaient pas capables », se rappelle le prince Turki Al-Fayçal, un ancien dirigeant du renseignement saoudien, dans un discours à l’université de Georgetown en 2002.

Dans les années 80, les Saoudiens ont aidé à financer les opérations de la CIA en Angola, où les États-Unis ont soutenu les rebelles contre le gouvernement allié aux Soviétiques. Bien que les Saoudiens aient été profondément anticommunistes, la motivation principale de Riyad semblait être de consolider ses liens avec la CIA. « Ils achetaient de la bonne volonté », se rappelle un ancien cadre supérieur du renseignement qui était impliqué dans l’opération.

Dans l’épisode peut-être le plus important, les Saoudiens ont aidé à armer les rebelles moudjahidines pour chasser les Soviétiques hors d’Afghanistan. Les États-Unis ont investi des centaines de millions de dollars chaque année dans la mission, et les Saoudiens s’y sont alignés, au dollar près.

L’argent circulait par un compte suisse géré par la CIA. Dans le livre La Guerre de Charlie Wilson, le journaliste George Crile III décrit comment la CIA s’est arrangée pour que le compte ne rapporte pas d’intérêt, respectant l’interdiction islamique de l’usure.

En 1984, quand l’administration Reagan a cherché de l’aide pour son plan secret de vente d’armes à l’Iran pour financer les rebelles Contras au Nicaragua, Robert C. McFarlane, conseiller en sécurité nationale, a rencontré le prince Bandar, à l’époque ambassadeur saoudien à Washington. La Maison-Blanche a dit clairement que les Saoudiens « gagneraient une quantité de faveurs considérable » en coopérant, s’est rappelé par la suite M. McFarlane.

Le prince Bandar s’est engagé sur un million de dollars par mois pour aider à financer les Contras, en reconnaissance du soutien passé de l’administration aux Saoudiens. La contribution a continué après que le Congrès a coupé le financement des Contras. À la fin, les Saoudiens avaient versé 32 millions de dollars, payés à travers un compte aux îles Caïman.

Lorsque le scandale Iran-Contra a éclaté et les questions sur le rôle des Saoudiens sont survenues, le royaume a gardé ses secrets. Le prince Bandar a refusé de coopérer à l’enquête dirigée par Lawrence E. Walsh, procureur indépendant.

Dans une lettre, le prince a refusé de témoigner, expliquant que « la confiance et le dévouement de notre pays, comme notre amitié, ne sont pas donnés uniquement sur le moment mais sur le long terme. »

C .J. Chivers a contribué à ce reportage.

Source : The New York Times, le 23 janvier 2016.

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Lire une analyse dans ce billet

Source: http://www.les-crises.fr/regime-change-en-syrie-l-enorme-operation-timber-sycamore/


[Rencontre] Lundi 26 septembre, avec des lecteurs du blog musulmans

Sunday 25 September 2016 at 05:45

Vu le tour que prend le débat politique (et que je trouve inquiétant – plus le temps passe, plus on sombre décidément dans l’obscurantisme…) je me demande s’il serait possible à quelques lecteurs / lectrices musulman(e)s (ou simplement d’origine musulmane, donc pratiquants, croyants ou convertis ou athées, bref faisant partie de la minorité “visible” pas à la joie dans les déclarations politiques et médiatiques actuelles. Ceci étant personnes d’origine africaine ou asiatique ou autres se sentant parfois discriminés bienvenus aussi…) de venir me rencontrer pour discuter entre nous de leur vécu, de leurs visions, de leurs analyses, de leurs craintes, à une époque où la parole leur est de plus en plus fermée. J’en ferai ici un petit compte-rendu. Je compte vraiment sur vous.

L’idée serait d’être une bonne dizaine environ, et de prendre un verre le lundi 26 septembre à partir de 19h30, dans le centre de Paris.

Inscrivez-vous en l’indiquant en commentaire…

En espérant vous y croiser…

Amitiés

Olivier Berruyer

EDIT : P.S. comme on m’a fait la remarque, quand j’ai parlé de “Rencontre sans blancos” pour les inscriptions, c’est un clin d’oeil à Valls – en espérant qu’on puisse faire encore un peu de second degré… 🙂
debat

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EDIT : tiens, l’élite intellectuelle du FN nous parle – merci Quentin Lamotte :

connerie-fn

(le mot “sans blancos” est bien de moi, mais ce n’est pas ça le souci, vous aurez compris…)

Cela confirme bien tout l’intérêt de cette rencontre – car oui, je rencontre encore qui je veux, quand je veux, comme je veux, que je sache…

C’est d’ailleurs tout le sujet. Moi, je comprends très bien qu’on ne veuille pas voir de burkini. Mais il faut arriver à prendre du recul (et c’est difficile) pour bien saisir le fond du problème, à savoir ici : peut-on s’habiller comme on veut sur un plage (en topless, en tee shirt, en burkini, en duvet…), ou faut il une loi (et changer la Constitution pour cela, on l’a proposé !) pour l’interdire ? Et vous notez bien que, quand on accepte ce recul d’une Liberté fondamentale, vous notez qu’on a très vite : “Il faut vous interdire de donner tel prénom à votre enfant.” Et on voit que, pour les mêmes, il faut commencer à régenter de près qui vous rencontrez, dans quelles conditions etc.

Donc ne vous trompez pas de débat, et protégez au maximum les libertés de l’Autre (surtout s’il est différent, et surtout si vous n’aimez pas ce qu’il fait), car sinon on viendra rapidement réduire vos propres Libertés... CQFD

Bref, j’ai donc bien désormais “l’extrême-droite de droite” et “l’extrême-droite de gauche”  aux basques, je ne change donc pas de cap…   🙂

(je ne suis pas là pour faire de la politique sur ce blog, et n’en ferai pas – nous ne soutenons personne -, mais en l’espèce comme on me cherche… Je suis d’ailleurs fasciné par tous ces gens qui viennent ici chercher des coups, mais bon, chacun son truc… Et comme j’aime bien faire plaisir, en voilà donc… : )

fn-2

einstein-monde

Source: http://www.les-crises.fr/rencontre-lundi-26-septembre-avec-des-lecteurs-du-blog-musulmans/


[Vidéo] Horizon – La France a peur : le syndrome du grand méchant monde

Sunday 25 September 2016 at 01:15

Source : Youtube, Horizon, 11-11-2015

Capture d’écran 2016-09-10 à 00.16.58

Criminalité, délinquance, violence, maladie, immigration, chômage… Il semble qu’on ait toutes les raisons d’avoir peur! Mais d’où vient ce sentiment de danger, d’insécurité? De notre propre expérience?
“Le syndrome du grand méchant monde” est une expression forgée par George Gerbner, expression mettant en avant l’idée que le contenu homogène et répété des images à la télévision augmente notre méfiance, engendre de la peur.
Dans cet épisode, Gull se propose d’étudier cette hypothèse en se recentrant sur les journaux télé et autres reportages.

Nous avons indiqué nos sources et références utilisées dans la vidéo en bas de page de l’article de la video: http://hackingsocialblog.wordpress.co…

Pour aller plus loin, n’hésitez pas à faire un tour sur le blog du hacking social où vous retrouverez tous nos articles:
http://hackingsocialblog.wordpress.com/

Source : Youtube, Horizon, 11-11-2015

Source: http://www.les-crises.fr/video-horizon-la-france-a-peur-le-syndrome-du-grand-mechant-monde/