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[Démocratie] Royal : “Nous ne ferons pas l’erreur de Cameron, nous ne ferons pas de référendum sur la sortie de l’Europe”

Tuesday 26 July 2016 at 01:00

Enfin la gloire internationale (enfin, au moins en Angleterre) pour Ségolène Royal…

Il y a un truc qui me fascine depuis toujours chez les “socio-démocrates” : c’est à quel point, de façon constante et profonde, ils ne sont pas sociaux, et ils ne sont pas démocrates…

Amis jeunes (surtout), je sais que ça étonne toujours au début (c’est normal), mais leur vrai visage est celui-ci, ne cherchez pas d’autre explication…

Savourez donc son interview à la BBC, à regarder d’urgence : 1 minute 14 secondes sans langue de bois…

Bref, vous avez le choix entre “Europe” ou “Europe” quoi… (c’est à dire, en vrai, entre “Organisation Néolibérale de Bruxelles” ou “Organisation Néolibérale de Bruxelles”)…

Verbatim :

S. Royal : Nous ne ferons pas l’erreur de David Cameron, rassurez-vous. Nous n’allons pas faire de référendum pour la sortie de la France de l’Union européenne, ça, je puis vous l’affirmer.

Journaliste : Vous…

S. Royal : Parce que nous savons comment ça marche.

Journaliste : Vous nous dites en substance que vous n’autoriserez jamais le peuple français à exprimer son opinion profonde sur sa volonté d’appartenir à l’Union européenne ou non ?

S. Royal : Eh bien nous ne le ferons pas. Nous ne le ferons pas, en tout cas les responsables qui sont…

Journaliste : Vous ne croyez pas en la Démocratie ?

S. Royal : Non, nous… Je… Je… Nous croyons en la démocratie, mais nous croyons aux bonnes questions par rapport aux bonnes réponses, parce que la bonne question, cela aurait été « Est-ce que vous êtes… »

Journaliste : (Rire.) Je ne pense pas qu’il s’agisse de Démocratie si vous pensez qu’il n’y a qu’une seule bonne réponse et que l’autre est inacceptable !

S. Royal : Si, si si ! Je vais vous expliquer ! La bonne question, ce n’est pas de savoir si oui ou non vous voulez sortir de l’Europe, parce qu’à ce moment-là les gens votent pour autre chose. Ils votent pour changer de gouvernement, ils votent parce qu’ils ont compris qu’ils sont instrumentalisés dans un vote, etc. La bonne question, c’est quelle Europe voulez-vous ? Est-ce que vous voulez une Europe qui s’occupe de ceci, est-ce que vous voulez une Europe qui s’occupe de cela, est-ce que vous voulez une Europe approfondie, est-ce que vous voulez une Europe qui s’engage sur telles ou telles valeurs ? Là, ça aurait un sens. Donc… À ce moment-là, on peut faire des débats démocratiques au sein d’un pays pour savoir ce que veulent les citoyens par rapport à l’Europe. Et moi-même je vais vous dire une chose, je suis scandalisée parfois de la façon dont fonctionne l’Union européenne ! Parfois je découvre qu’il y a des comités d’experts qui décident à ma place, moi […]

Sinon, pour les courageux, le reste de l’interview est là.

Comment la femme politique la plus puissante de France a utilisé la BBC pour montrer son mépris pour le Brexit démocratique, par Nabila Ramdani

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Source : The Telegraph, le 06/07/2016

Cette femme n'a aucune idée de ce que la démocratie signifie. Crédit : GEOFFROY VAN DER HASSEL / AFP

Cette femme n’a aucune idée de ce que la démocratie signifie. Crédit : GEOFFROY VAN DER HASSEL / AFP

Cette femme n’a aucune idée de ce que la démocratie signifie.

Au cours de la  semaine du référendum aboutissant à la décision historique de la Grande-Bretagne de quitter l’Union européenne, la plus puissante femme politique de France était sur place pour donner à son voisin une leçon de démocratie.

Ségolène Royal, ministre socialiste de l’Énergie et de l’Environnement, a affirmé que l’électorat britannique avait été « pris en otage » parce que « les dirigeants politiques n’avaient pas été capables d’obtenir un vote positif du public. »

Critiquant directement le Premier ministre élu, elle a dit que la France « ne fera pas l’erreur de David Cameron, je peux vous l’assurer. Nous ne ferons pas de référendum sur la sortie de l’Union européenne de la France, je peux vous l’assurer. »

La prestation de Mme Royale à l’émission Hard Talk de la BBC a été largement saluée par les sceptiques du Brexit. Mark Hendrick, député travailliste de Preston et ex-député européen du Lancashire central a, dans un tweet, qualifié son intervention de « brillante » et qu’elle avait maintenant la stature « pour une deuxième candidature présidentielle !

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Personne ne semblait informé — et certainement pas le journaliste Stephen Sackur — que Mme Royal est l’une des politiciennes les plus antidémocratiques d’Europe. Non seulement elle a été sévèrement battue par Nicolas Sarkozy aux élections présidentielles de 2007, mais elle a perdu en plus toutes les élections significatives depuis.

L’homme de droite Nicolas Sarkozy, un personnage profondément clivant, maintenant impliqué dans de nombreuses enquêtes de corruption, ridiculisa, par sa victoire de plus de six points en 2007, les déclarations de Mme Royal qui affirmait alors incarner le choix naturel pour la présidence après plus d’une décennie de régime conservateur.

Elle a été battue quand elle a essayé de devenir Premier secrétaire du Parti socialiste en 2008, et à nouveau en 2011, avec seulement sept pour cent des voix à la primaire présidentielle de cette année. La plus grande humiliation de Mme Royal est cependant survenue en 2012, quand son adversaire pour le siège parlementaire de La Rochelle l’a battue avec 63 pour cent des voix.

Beaucoup ont cru que 2012 verrait la fin de la désastreuse carrière de Mme Royal, mais son ex-compagnon, François Hollande, lui a sauvé la mise. Avec la sottise qui le caractérise, le Président a nommé la mère de ses quatre enfants à son gouvernement sans la moindre consultation du peuple français. Le duo prétend être socio-démocrate, mais affiche une arrogance à couper le souffle. Ils ne voient pas du tout en quoi un échec électoral devrait être un obstacle à l’accession au pouvoir.

Cela n’a pas empêché Mme Royal de dire à M. Sackur que la Grande-Bretagne entrait dans un « monde imaginaire », et que « nous avons besoin de clarté et de vérité, et nous devons appliquer les principes démocratiques. »

Quel que soit le point de vue qu’on puisse avoir sur le statut de la Grande-Bretagne en Europe, la prestation de Mme Royal à la BBC démontre de manière éclatante la folie hystérique qui entoure le débat européen. Non seulement les faits ont été régulièrement manipulés, voire ignorés, mais des commentateurs étrangers sont en plus mis en avant, de manière injustifiée et sans aucun recul, par un média d’État britannique.

La démocratie est un anathème pour Mme Royal. Elle ne représente que l’establishment parisien obsolète et inquiet qui n’hésite pas à s’asseoir sur la démocratie pour maintenir ses privilèges. Elle est soutenue en cela par beaucoup de collègues, y compris le ministre de l’Économie non élu Emmanuel Macron, qui a averti que le Brexit réduira la Grande-Bretagne à « un petit pays à l’échelle mondiale ».

Être un ministre non élu permet de disposer de voitures avec chauffeur et d'être logé dans des appartements de l'État. Crédit : PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP

Être un ministre non élu permet de disposer de voitures avec chauffeur et d’être logé dans des appartements de l’État. Crédit : PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP

Quand M. Macron est apparu à la BBC récemment, en avril, il a affirmé, dans l’émission d’Andrew Marr, que la Grande-Bretagne serait « complètement assassinée » dans les négociations commerciales mondiales si elle quittait l’UE, car elle n’aurait pas plus d’importance alors que Jersey ou Guernesey. M. Macron, ancien banquier d’affaires, est désormais révéré et considéré comme un possible président, bien que n’ayant jamais remporté d’élection de sa vie. Encore une fois, M. Marr a choisi de ne pas mentionner ce dernier fait.

Comme tous les hommes politiques français, les secrétaires d’État non élus, à Paris, ne sont soumis à rien qui ressemble à l’examen minutieux auquel sont astreints leurs homologues de Westminster. En plus des salaires et des frais payés d’un montant de plus de 15 000 livres par mois (environ 18 000 €), Mme Royal et M. Macron ont d’autres avantages comme une voiture avec chauffeur, et disposent d’appartements appartenant à l’État.

Lorsqu’ils apparaissent à la télévision française, ils sont traités avec le respect dû aux roitelets. Mme Royal sévit régulièrement sur toutes les chaînes, débitant le même genre de platitudes qu’on ne récuse ni ne conteste, comme celles qu’elle servait à M. Sackur et qui paraissent souvent interminables.

Beaucoup parmi les 17 millions de Britanniques qui ont voté pour quitter l’UE l’ont fait précisément parce qu’ils pensent que les politiciens sont des imposteurs, tout comme Mme Royal vient de le montrer. Le projet qui a été lancé par la France et l’Allemagne est devenu si monstrueux et incompréhensible qu’il suscite une classe de politiciens qui ont complètement oublié ce que le mot « démocratie » signifie réellement.

Mme Royal devrait, à 62 ans, être assez âgée et sage pour se montrer plus avisée. Elle a même promis d’empêcher la « contagion » de la démocratie, en déclarant à M. Sackur : « Mais maintenant que le vote est passé, nous devons envoyer un signal à d’autres pays qui pourraient être tentés d’utiliser le vote politiquement. » Plus sinistre encore, elle a même discuté de la possibilité de « punir » le Royaume-Uni pour son vote Brexit, avant de décider — apparemment sans la moindre ironie — que ceci « ne serait pas compatible avec mon idée de la démocratie. »

Brexit : Comment les dirigeants du monde et les politiques ont réagi

Barack Obama

Président des États-Unis

« Le peuple du Royaume-Uni a parlé, et nous respectons sa décision. Les relations privilégiées entre les États-Unis et le Royaume-Uni sont durables, et l’adhésion du Royaume-Uni à l’OTAN demeure la pierre angulaire essentielle de la politique étrangère des États-Unis, de la sécurité et de la politique économique. »

Donald Trump

Candidat républicain à la présidentielle des États-Unis

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Tout juste arrivé en Écosse. Les gens sont enthousiastes après le vote. Ils ont récupéré leur pays, tout comme nous allons reprendre l’Amérique. Fin du jeu !

Hillary Clinton

Candidate démocrate à la présidence des États-Unis

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« Cette période d’incertitude ne fait que souligner la nécessité d’un dirigeant calme, stable et expérimenté à la Maison Blanche. » -Hillary #BrexitVote

Angela Merkel

Chancelière d’Allemagne

Mme Merkel a déclaré que les États membres devaient « calmement et prudemment analyser et évaluer la situation, avant de prendre les bonnes décisions ensemble.

« Nous prenons note de la décision du peuple britannique avec regret. Il ne fait aucun doute que c’est un coup porté à l’Europe et au processus d’unification européenne. »

Vladimir Poutine

Président de la Russie

M. Poutine a déclaré que le Brexit aurait des conséquences à la fois « positives et négatives » pour la Russie et le reste du monde, mais qu’il attendait la réaction des marchés pour stabiliser le choc initial. « La vie nous montrera s’il y a plus de points positifs ou négatifs, » a-t-il dit.

Enda Kenny

Premier ministre irlandais

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Je tiens à assurer le peuple irlandais que nous nous sommes préparés avec la plus grande attention possible à l’éventualité d’une sortie du Royaume-Uni de l’UE.

François Hollande

Président de la France

« Les Britanniques ont voté par référendum pour quitter l’Union européenne. C’est un choix douloureux et je le regrette profondément pour le Royaume-Uni et pour l’Europe, mais ce choix est le leur et nous devons le respecter. »

Malcom Turnbull

Premier ministre australien

« Nous respectons la décision du peuple britannique et nous savons que nous continuerons d’avoir dans le futur les relations les plus étroites avec le Royaume-Uni. À titre personnel, je suis désolé de la démission de David Cameron. »

Marine le Pen

Présidente du Front National de France

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Victoire de la liberté ! Comme je le demande depuis des années, il faut maintenant le même référendum en France et dans les pays de l’UE. MLP

Le Pen a salué la décision britannique, en disant : « La liberté a gagné. »

Lars Lokke Ramunssen

Premier ministre danois

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Je respecte (mais regrette) votre décision, @David_Cameron. Merci pour votre coopération pendant ces années.

« Nous devons respecter le choix de la majorité du peuple britannique. En même temps, je ne le cacherai pas, je crois que c’est un résultat très triste pour l’Europe et pour le Danemark. »

Andrzej Duda

Président polonais

« La Grande-Bretagne est un grand pays européen et notre alliée historique. Je crois que le résultat du référendum n’y changera rien. »

Source : The Telegraph, le 06/07/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/royal-nous-ne-ferons-pas-l-erreur-de-cameron/


Faut-il craindre une guerre avec la Russie à l’horizon 2030 ? Par Fredrik Wesslau et Andrew Wilson

Tuesday 26 July 2016 at 00:45

De la belle propagande bien de chez nous…

Source : L’Express, Fredrik Wesslau, Andrew Wilson, 23/07/2016

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L’objectif de la Russie est de retrouver son statut de grande puissance. Pour ce faire, elle ne cesse d’user de stratégies économiques, militaires et diplomatiques qui font craindre le pire à ses voisins et à l’Union européenne. L’analyse de Fredrik Wesslau et Andrew Wilson du Conseil européen des relations internationales.

OB : “L’ECFR a été élu « Meilleur nouveau think tank dans le monde sur les cinq dernières années » par Foreign Policy dans ses éditions de janvier/février 2009 et 2010”. Parmi les 50 membres fondateurs : Daniel Cohn-Bendit, Joschka Fischer, Alain Minc, Christine Ockrent, Dominique Strauss-Kahn et George Soros…

D’après l’agence spatiale russe, la Russie colonisera la lune en 2030, les cosmonautes y construiront une base dotée d’une centrale solaire et d’un laboratoire scientifique au-dessus desquels orbitera un satellite. Le président Poutine sera peut-être parti depuis longtemps – ou peut-être sera-t-il toujours président. Il y aura cinq millions de Russes de moins qu’aujourd’hui et la croissance stagnera. Reste la question de la position du pays sur la scène internationale…

Dans un rapport publié par le Conseil européen des relations internationales, nous avons examiné la façon dont la Russie et ses voisins de l’Est de l’Union européenne pourraient se développer d’ici 2030.

Pour se légitimer, le Kremlin a recourt au conflit

Depuis qu’il est devenu président en 2000, le contrat social de Poutine avec les Russes repose sur des améliorations régulières de la qualité de vie. De 1999 à 2013, le salaire moyen est passé de 60 à 940 dollars. Mais ce bilan social pourrait se déliter.

Après un rebond les deux prochaines années, l’économie russe stagnera autour de 1% de croissance annuelle. Les sanctions occidentales influenceront cette impasse économique mais de plus gros problèmes impacteront l’économie russe, notamment le déclin démographique, la corruption, la faiblesse de l’État de droit et la mauvaise gestion. D’ici 2030, la Russie aura perdu cinq places et ne devrait plus être que la 15e économie mondiale.

OB : Bien sûr, on baisse tous, car ce sont les autres qui montent pour trouver leur juste place, type Chine ou Inde…

Pour renforcer sa légitimité, le Kremlin se repose sur le nationalisme, l’aventurisme dans ses affaires étrangères et la désignation d’ennemis extérieurs. Il y aura davantage de “petites guerres victorieuses” – dans les pays voisins, dans certains pays du Moyen-Orient, ou encore en Egypte- comme on l’a vu en Crimée et en Syrie. Leur but est de susciter de la légitimité, de détourner l’attention de l’économie et de renforcer le discours selon lequel la Russie est à nouveau une grande puissance.

Il y aurait tellement à dire dans cette fange. Mais enfin, notez le pilonnage “le gouvernement n’est pas légitime” (alors qu’une président à 12 % de popularité l’est, évidemment)

Une recherche de l’escalade si ce n’est de la guerre

De ses aventures militaires récentes (Syrie, Ukraine et Géorgie), Moscou a appris que la force militaire est un instrument de politique étrangère efficace pour atteindre des objectifs diplomatiques et politiques. La modernisation des forces armées se heurte aux restrictions des ressources, mais confère encore au Kremlin un instrument puissant.

Les forces armées russes continueront de cibler principalement l’OTAN et les pays limitrophes. Les régions les plus exposées sont les États baltes, les Balkans occidentaux et l’Asie centrale. La Russie ne cherchera pas de manière proactive à entrer en guerre avec l’Occident, mais voit un intérêt à s’engager avec empressement dans une escalade majeure, jusqu’à manifester sa volonté – réelle ou feinte – d’utiliser des armes nucléaires.

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Ses voisins de l’Est et de l’Europe Centrale en ligne de mire

La Russie devrait encore tenter de dominer ses voisins immédiats, notamment l’Ukraine. Des voisins obéissants sont indispensables à la sécurité nationale de la Russie et à ses ambitions de grande puissance. Son but maximaliste est un cercle d’États amis et loyaux s’alignant sur les positions de Moscou. Le but minimaliste est un cercle d’États faibles et dysfonctionnels, gérés par des leaders corrompus, incapables de se réformer ou de rejoindre l’OTAN et l’UE, donc de facto inféodés à Moscou.

La Géorgie, l’Ukraine et la Moldavie devraient patauger entre semi-démocratie et réformes partielles. Le postcommunisme est bien plus difficile à réformer que le communisme, dans la mesure où les élites locales et les réseaux de corruption ont acquis les moyens de reproduire leur pouvoir.

Ah, c’est encore la faute du communisme, ok. Moi qui ai cru qu’il y avait des libéraux en Ukraine…

Des oligarques et des hommes politiques contrôlent les organes de presse et manipulent la politique. Des systèmes judiciaires pervertis protègent l’élite et minent l’État de droit.

Mais il parlent de quel pays là, ça m’en rappelle un autre ?

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La Biélorussie, l’Azerbaïdjan et l’Arménie demeureront sur le déclin en essayant de trouver un équilibre entre l’UE et la Russie. La Biélorussie et l’Arménie resteront des satellites russes, mais l’amenuisement des ressources en Russie provoqueront une recrudescence de tensions et de menaces de la part de Minsk et même d’Erevan soucieux de s’aligner au contraire avec l’Occident. Les nationalismes biélorusse et arménien, plus nativistes, devraient croître.

L’Europe dispose de très peu d’options politiques

L‘influence que l’Europe peut avoir sur le comportement russe a ses limites. Notamment compte tenu du fait que l’assurance de la Russie est de plus en plus animée par le désir du Kremlin de se légitimer face au déclin économique.

Cela laisse très peu de bonnes options politiques à l’Europe. Les sanctions économiques sont brutales, ont un coût pour l’Europe et alimentent le story telling du Kremlin. Encourager la dissuasion des pays de l’Est pose un dilemme sécuritaire classique et fait également le jeu du Kremlin. Mais en dépit de leurs inconvénients, ces mesures sont nécessaires face à l’agressivité russe pour protéger les principes sous-jacents à l’ordre sécuritaire de l’Europe.

Et c’est vrai que la sécurité en Europe ne fait que croître grâce à l’UE…

Le dialogue est vital, mais doit être approprié. Il ne doit pas signifier une acceptation implicite des transgressions de la Russie en Ukraine ou être synonyme de “business as usual”. Si la tendance est aux conflits, alors l’ouverture des canaux de communication avec Moscou sera indispensable pour éviter des calculs fatals.

Source : L’Express, Fredrik Wesslau, Andrew Wilson, 23/07/2016

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Excusez-moi pour la masse de fluo, mais ce n’est pas ma faute…

Voici donc le type “d’élites” que produit notre système éducatif – pauvres de nous…

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Source: http://www.les-crises.fr/faut-il-craindre-une-guerre-avec-la-russie-a-lhorizon-2030-par-fredrik-wesslau-et-andrew-wilson/


Leonard Besselink : Au-delà de la notification : Comment quitter l’Union Européenne sans avoir recours à l’article 50 du TUE

Tuesday 26 July 2016 at 00:15

Un article spécial pour les Juristes de Droit International… 🙂

Source : UK Constitutional Law Association, le 30/06/2016

BESSELINK

BESSELINK

En termes légaux, le référendum en Grande-Bretagne à propos de l’appartenance à l’UE est un référendum de consultation abrogatif. Le cas échéant, il doit être mis en application par les autorités compétentes, à commencer par le Parlement. De plus, toutes les parties souhaitent combler le vide de l’abrogation de la loi de l’UE. Ceci nécessite une interprétation du référendum par toutes les parties concernées, dans laquelle les politiciens britanniques sont à présent complètement engagés. Cela nécessite aussi une interprétation des règles constitutionnelles pertinentes et des principes qui devront être mis en œuvre. L’article 50 du TUE sur le retrait de l’UE est maintenant reproduit dans tous les principaux journaux européens, et les politiciens, les journalistes et les avocats semblent se voir attribuer un rôle important dans tout ceci. Dans ce blog j’explique que ce rôle est largement surestimé, tout d’abord car quel que soit le sens qu’il puisse avoir il est assujetti à une réalité politique telle qu’interprétée par les acteurs impliqués, et ensuite parce qu’il a un faible sens légal. Je montre de plus que l’interprétation la plus évidente du résultat du référendum pour l’Écosse pourrait rendre superflu le recours à l’article 50.

Retrait : les révolutions politiques et la loi

Le retrait de l’Union Européenne dans ce cas implique de défaire le travail d’intégration d’une des plus grandes économies d’Europe dans un marché commun interne avec maintenant 27 autres états membres, qui tous ensemble forment une entité publique qui tend vers le bien commun de ses citoyens. C’est un processus qui vise à des ruptures de nature politique, qui ont immanquablement des impacts économiques. Ce n’est pas un processus naturel, mais une révolution historique, consciente, et faite uniquement par les hommes. Même les plus pacifiques des révolutions dont nous avons été témoins en Europe depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, telles que la fin de la dictature des colonels en Grèce, la fin du fascisme libéral au Portugal et en Espagne, et la chute du Mur, sont des preuves que les révolutions ne peuvent pas être adaptées de force par la loi au moment où elles se produisent. C’est aussi le cas pour l’Union Européenne et la rupture de la Grande-Bretagne. La politique est décisive en tant que moyen légal pour adapter les situations dans le régime post-révolutionnaire, et non pas les lois qui étaient valides auparavant. Ceci était aussi le cas pour la moins compliquée des révolutions constitutionnelles, celle d’Allemagne : les Allemands ont introduit une disposition subtile dans leur Grundgesetz [Constitution, NdT], Loi fondamentale, qui spécifie comment l’Allemagne serait unifiée constitutionnellement une fois que l’Est et l’Ouest seraient réunifiés (Article 146 GG) — quand la réunification a eu lieu, cette disposition n’a pas du tout été utilisée.

Cette preuve historique rend peu crédible le fait que cela pourrait être différent avec la séparation de la Grande-Bretagne de l’Union à laquelle aspire le référendum. Cela impliquerait aussi que nous soyons prudents en ne donnant plus qu’un rôle modeste à jouer à l’article 50 du TUE.

Cependant, l’opinion répandue est que la loi est déterminante dans le processus politique qui doit suivre le souhait de l’électorat britannique de quitter l’Union. Malheureusement, l’article 50 du TUE a bien peu à offrir au-delà d’un vague chemin procédural, qui peut difficilement être plus qu’une option parmi d’autres. C’est parce que l’article 50 a une fonction principale différente : celle de prendre en compte le droit unilatéral des états membres de quitter l’Union, en plus de fournir à l’Union la possibilité de mettre unilatéralement un terme à l’application des traités pour un état la quittant.

Au-delà de la “notification”

Si l’on comprend que l’article 50 nous offre peu et que ce qu’il fournit est optionnel dans le sens où il ne s’agit que d’une option parmi d’autres, le retrait d’un état membre sans la “notification” qu’il mentionne ne serait bien entendu pas en mesure d’empêcher son retrait.

L’article 50 du TUE n’indique pas la forme qu’une notification devrait prendre, pourtant cette expression semble désormais comprise de façon générale comme une déclaration formelle — un fait étrange : une déclaration formelle dont la forme est inconnue. Pas plus que l’article 50 n’indique à quel moment une telle “notification” devrait être fournie. En l’absence de ces fondements élémentaires, la fameuse “période de deux ans” perd son sens. Et dans ce cas il est difficile de comprendre que l’article 50 implique une obligation légale pour les autorités d’un état membre sortant de donner une “notification” selon les lois de l’UE. En plus de cela la formulation actuelle de l’article 50 montre clairement qu’il n’est pas non plus nécessaire de parvenir à une entente avec l’UE, puisqu’il assure l’expiration des traités vis-à-vis d’un tel état membre en l’absence d’un accord.

Bien sûr, une autorité compétente d’un état membre pourrait notifier l’intention de retrait, et le faire en utilisant l’article 50 du TUE, avec pour résultat, si rien d’autre ne se passe, que l’UE considérerait les traités inapplicables pour cet état membre au bout de deux ans. Mais c’est uniquement une façon de dire qu’il s’agit d’une part d’un ensemble de mesures unilatérales prises par un état membre et d’autre part de la décision par l’UE de mettre un terme aux traités avec cet état.

Ceci nous amène à la fonction réelle à laquelle l’article 50 du TUE était destiné : il a été introduit dans le Traité Constitutionnel raté pour ôter le doute que les états membres puissent se retirer unilatéralement de l’Union — une perspective qui avait été précédemment rejetée par la plupart des avocats européens (mais pas cependant par le chef du service légal de la commission, Dewost, qui a témoigné à la cour constitutionnelle allemande dans le cas de Maastricht). Ce droit à un retrait unilatéral est codifié dans le premier paragraphe de l’article 50 du TUE, tout comme l’hypothèse de la durée de deux ans dans le troisième paragraphe qui rajoute la reconnaissance du droit unilatéral de l’Union de considérer les traités inopérants avec un état se retirant, qu’il soit incapable ou non-désireux de parvenir à un accord sur la situation. Les amendements proposés durant la convention sur le futur de l’Europe, qui ont tenté de refuser le droit à un retrait unilatéral en tant que tel ou de rendre un retrait dépendant d’un accord mutuel, n’ont pas été adoptés dans le texte final du Traité Constitutionnel, que l’on retrouve maintenant dans l’article 50 du TUE.

L’Écosse (et peut-être l’Irlande du Nord) resterai(en)t, tandis que l’Angleterre et le Pays de Galles s’en iraient

La signification de “retrait” dans le contexte du Brexit n’est pas simple. Le Royaume-Uni n’est pas un état monobloc, et politiquement parlant il est certain qu’une nette majorité de tous les districts écossais consultés ont voté pour rester dans l’Union — constat qui n’est pas tout à fait vrai pour l’Irlande du Nord, bien que dans cette partie de la Grande-Bretagne une majorité ait exprimé un vote de maintien dans l’UE. L’Écosse qui resterait dans l’Union alors que l’Angleterre et le Pays de Galles la quitteraient a des précédents historiques dans l’histoire législative de l’UE, comme l’histoire des relations entre le Groenland et l’UE le démontre amplement. En effet, il existe de nombreux états membres dans lesquels les traités et le droit communautaire dérivé ne s’applique qu’à certaines parties du territoire de l’état. Il en est ainsi pour le Royaume-Uni (voir l’article 355 du TFUE), mais aussi pour la France. Le Royaume des Pays-Bas en est un autre exemple : la loi européenne ne s’applique pas dans les pays autonomes des Caraïbes du Royaume, et même en ce qui concerne les pays autonomes des Pays-Bas inclus dans le Royaume, la loi européenne ne s’applique qu’à la partie du continent européen. Il y a l’exemple de l’île de St-Martin, dont la moitié française est dans l’Union Européenne et où la loi européenne s’applique, et dont l’autre moitié (néerlandaise) est hors de l’Union. Fait intéressant, il existe une frontière ouverte entre ces deux parties basée sur un ancien traité entre la France et les Pays-Bas. Nous avons donc un exemple actuel d’une île dont une partie est dans l’Union et l’autre à l’extérieur, sans frontière physique ni gardes-frontière. Il n’est pas irréaliste de penser qu’il pourrait y avoir bientôt une autre île dans la même situation.

En effet, la sortie de l’Union de la part de l’Angleterre et du Pays de Galles pourrait prendre la forme légale d’un changement de disposition de l’application territoriale des traités. Dans la pratique, l’article 355(5) du traité de fonctionnement de l’Union pourrait être amendé de façon à inclure une disposition qui énoncerait que, “nonobstant l’article 52 du TUE”, qui établit que les traités s’appliquent au Royaume-Uni, “les traités ne s’appliquent pas à l’Angleterre et au Pays de Galles” — cette dernière phrase pouvant être insérée après la lettre (a) de l’actuel paragraphe 5 de cet article.

Cette élégante solution légale serait en accord avec les résultats du référendum anglais, et n’impliquerait pas l’utilisation de l’article 50 du TUE. Cette solution possède quelques avantages non-négligeables, bien que certains soient contingents de développements politiques. Un des avantages est que la partie qui se joue revient en effet aux politiques et n’est pas restreinte à cette difformité légale dénommée article 50. Un autre avantage de cette approche est que l’Irlande du Nord et l’Ecosse n’auraient pas besoin de devenir indépendants et de se séparer du Royaume-Uni ­ cela éviterait au moins un référendum redondant.

L’impact de l’exclusion de l’Angleterre et du Pays de Galles du fonctionnement des traités est tel qu’il nécessiterait d’être accompagné par un dispositif sur la position de ces deux états envers l’Union Européenne, mais ceci devrait de toute manière être fait dans un traité à part, considérant que l’Angleterre voudrait d’une façon ou d’une autre bénéficier d’une relation spéciale avec l’UE — comme cela serait le cas avec quelque chose comme le statut de la Turquie ou des pays de l’AELE.

Il y a bien entendu aussi des écueils. Le plus évident serait que l’Écosse reste dans le Royaume-Uni et dans l’UE alors que l’Angleterre en sort, créant ainsi une frontière ouverte. En l’absence d’une frontière physique et de contrôles frontaliers combinés à l’absence d’un registre public des habitants et de leurs droits de résidence, le maintien de la liberté de circulation des personnes seulement pour l’Écosse reviendrait dans les faits à une liberté de circulation des citoyens européens dans l’Angleterre et le Pays de Galles. Mais puisque certaines personnes pensent que la Zone Commune de Voyage entre le Royaume-Uni et l’Irlande pourrait aussi être conservée après un Brexit, et que d’éminents militants pro-Brexit reviennent sur l’intérêt revendiqué de supprimer la libre circulation pour l’ensemble des personnes, en échange d’un accès au marché européen, cet inconvénient pourrait bien moins peser que ce nous pensions il y a seulement une semaine.

Quoi qu’il en soit, cette façon de maintenir une partie de la Grande-Bretagne dans l’Union Européenne pourrait éviter un quelconque recours à l’article 50 du TUE, quoi que cette disposition ait à offrir.

Leonard F.M. Besselink est professeur de droit constitutionnel à l’Université d’Amsterdam et co-éditeur en chef du European Constitutional Law Review.

Source : UK Constitutional Law Association, le 30/06/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/leonard-besselink-au-dela-de-la-notification-comment-quitter-lunion-europeenne-sans-avoir-recours-a-larticle-50-du-tue/


Irlande : une croissance de 26,3 % artificiellement gonflée, par Romaric Godin

Monday 25 July 2016 at 01:18

Quand un “partenaire de l’UE-la paix” nous mange la laine sur le dos…

Source : La Tribune, Romaric Godin, 12/07/2016

La croissance irlandaise atteint des sommets. (Crédits : © Cathal McNaughton / Reuters)

La croissance irlandaise atteint des sommets. (Crédits : © Cathal McNaughton / Reuters)

Selon l’office des statistiques irlandais, la croissance du pays a atteint 26,3 % en euros de 2010 l’an passé. Une croissance inédite gonflée par les particularités de l’économie irlandaise et qui ne profite que très marginalement aux ménages.

Voilà qui a de quoi faire tourner les têtes. L’Office central des Statistiques irlandais (CSO) a révisé ce mardi 12 juillet les chiffres de la croissance pour 2015 de la République d’Irlande et a multiplié la croissance annuelle du pays par trois ! Initialement prévue à 7,8 %, elle a été révisée à 26,3 % ! Désormais, en euros de 2010, le PIB irlandais s’élève à 243,91 milliards d’euros contre 191 milliards d’euros initialement indiqué. L’Irlande reste ainsi la dixième économie de l’UE (la huitième de la zone euro), mais n’est plus qu’à 70 milliards d’euros de 2010 de l’Autriche. En euros courants, la croissance irlandaise approche un tiers à 32,4 %. Avec de tels chiffres, le ratio de dettes publiques sur PIB tombe de 101 % à 80 %.

L’effet “multinationales”

De tels chiffres sont évidemment très rares pour une économie aussi développée que l’Irlande. Ils reflètent la nature très particulière de la croissance irlandaise, basée sur la localisation d’actifs attirés par le faible taux d’imposition de la République sur les bénéfices des entreprises (12,5 % pour les revenus commerciaux avec de possibles réductions). Beaucoup de multinationales fixent leurs opérations en Irlande pour bénéficier de ce taux, sans que les montants « basés » en Irlande ne correspondent effectivement à des activités réalisées dans la République. Les bénéfices de ces compagnies sont ensuite redistribués aux actionnaires qui ne sont presque jamais Irlandais. Durant l’année 2015, les sociétés internationales ont fait jouer la concurrence de façon particulièrement rude. L’attachement de la classe politique irlandaise dans sa quasi-totalité au faible taux de l’impôt sur les sociétés a permis d’attirer de nombreux actifs étrangers en Irlande.

Le PNB également en hausse

On constate, du reste, que la croissance du Produit national brut (PNB), qui reflète la richesse produite par les entreprises irlandaises et non pas par les entreprises localisées en Irlande, est inférieure de 5,6 points à celle du PIB, à 18,7 %, ce qui permet de mettre en lumière une partie des effets des transferts liés à ces multinationales. En clair : près de 22% de la croissance irlandaise en 2015 a été rapatriée à des propriétaires étrangers et ne sera donc pas redistribuée à la population irlandaise. Le PNB prend donc en compte la part de la « contribution » des entreprises étrangères à l’économie irlandaise comme les taxes payées effectivement et les salaires versées aux fournisseurs irlandais. En cela, sa croissance reste tout à fait exceptionnelle.

Les trois facteurs de la croissance

Trois éléments expliquent principalement cette croissance insolite : le rapatriement d’actifs financiers des multinationales sous la législation irlandaise, le mouvement vers l’Irlande des transferts de brevets qui fait, là aussi, grimper la valeur des actifs dans l’économie et qui est comptabilisé comme des investissements et enfin l’effet de l’activité de location-vente (« leasing ») d’avions qui est désormais intégrée dans les comptes nationaux. Or, une entreprise de leasing aéronautique s’est installé dans le pays en 2015, emportant avec elle non pas les avions physiques, mais son portefeuille d’actifs comprenant la valeur des avions. Aidan Regan, directeur de l’institut européen de Dublin, estime que c’est la première source de la croissance de l’investissement. Ceci a contribué à gonfler le PIB et, dans une moindre mesure le PNB, de l’Irlande.

Etrange discrétion

Un coup d’œil sur le détail des comptes nationaux de l’île verte permet de se rendre compte de certaines anomalies. Les taux de croissance sectoriels vont de 5,7 % à 10,4 %, ce qui correspond assez aux chiffres préliminaires, tandis que l’industrie affiche, elle, une croissance de 97,8 % ! Etrangement, le CSO refuse de donner le détail de cette croissance entre les trois principaux sous-secteurs industriels du pays, la pharmacie, l’informatique et les équipements médicaux « pour des raisons de confidentialité ». Cette confidentialité avancée pour refuser un détail statistique dit assez la nature de « l’activité » répertoriée par le CSO : ce sont des éléments fiscaux principalement. Cette discrétion traduit aussi le caractère très exceptionnel de cette croissance qui dépend sans doute de quelques entreprises seulement, puisque la répartition sectorielle rendrait leur identification possible.

Des exportations gonflées

Il convient également de ne pas se laisser impressionner par la progression de 102 % des exportations irlandaises. Une grande partie d’entre elles sont en effet également le fruit d’un effet comptable. Comme le souligne dans un texte de 2014 l’économiste John FitzGerald, qui explique la forte volatilité des comptes nationaux irlandais, les « contrats de fabrication » que passent des entreprises basées en Irlande dans des pays tiers pour vendre des produits dans d’autres pays sont désormais enregistrés comme des « importations » et des « exportations » dans les statistiques et non pas seulement comme des profits pour les entreprises concernées. La norme comptable prend en effet en compte non pas le lieu du commerce effectif, mais le changement de propriété du produit. Même si un produit ne passe pas par l’Irlande, le fait d’être acheté et revendu par une entreprise irlandaise le fait entrer dans les statistiques commerciales. Il n’y a donc pas là de considérations liées à la compétitivité propre de l’économie irlandaise.

Faible impact sur les salaires

PIB et PNB ne sont donc pas de bons indicateurs pour connaître la réalité de l’économie irlandaise. Le résultat des élections de février 2016 où la coalition au pouvoir pendant la crise et qui avait fait campagne sur la “reprise” a subi une nette défaite, perdant jusqu’à 24 points et 42 sièges au parlement, devrait alerter sur le caractère assez fictif de cette croissance de 26,7 %. De fait, on constate que la hausse des rémunérations non-agricoles a été de 5,7 % contre 35,6 % pour les bénéfices. Si l’on veut bien apprécier la nature de la croissance irlandaise en 2015, ce chiffre est très éclairant : la part des salaires dans le PIB est passée de 35,38 % en 2014 à 28,18 % en 2015. Un recul qui prouve combien cette croissance est « désincarnée » dans la réalité irlandaise.

Caractère volatil

Aucun doute, cependant, que l’Irlande connaît une croissance vigoureuse. En partie, du reste, en raison de cette stratégie fiscale qui a plusieurs retombées sur l’économie réelle, notamment sur les dépenses de consommation et le recours aux services aux entreprises. L’Irlande dispose aussi d’un appareil productif moderne et efficace, notamment dans le domaine de la santé et de l’agriculture. La croissance irlandaise n’est pas « fictive » : la consommation des ménages a progressé de 4,4 % et, on l’a vu, la croissance de tous les secteurs de l’économie est supérieure à 5 %. Mais elle n’est pas aussi vigoureuse que les grands agrégats le laisse penser. Les chiffres, publiées également, ce 12 juillet du premier trimestre 2016, prouvent le caractère volatil des comptes nationaux du pays : le PIB a reculé sur trois mois de 2,1 %, ce qui représente la plus forte baisse de la zone euro (la Grèce a affiché un recul de -0,4 % par exemple). Mais le PNB a progressé de 1,3 %…

Croissance prédatrice

Pour beaucoup d’Irlandais, la crise de 2010-2013 a encore laissé des traces et l’émigration, si elle se ralentit, reste une réalité sans que le mouvement de retour de ceux qui sont partis durant la crise ne s’enclenche. Les effets de l’austérité, notamment dans les secteurs de la santé, de l’éducation et des transports se font encore sentir et sont mal ressentis dans le pays. Quant à l’apport à la croissance de la politique de dévaluation interne menée par le gouvernement dans les années de crise, il reste relativement limité, puisque les secteurs les plus porteurs pour l’économie irlandaises sont ceux qui servent les salaires les plus élevés et demandent le plus d’investissements publics (éducation, valorisation à l’étranger de la place irlandaise, infrastructures), comme l’a montré Aidan Regan. En revanche, il convient de rappeler que la politique fiscale irlandaise conduit à transférer des richesses depuis leurs lieux de création en échappant aux impôts nationaux. La croissance irlandaise est réelle, mais c’est une croissance prédatrice qui se fait au détriment des autres. Là encore, plutôt que d’applaudir passivement en inventant le mythe d’une croissance produit de l’austérité, les responsables européens feraient bien de s’interroger sur ces pratiques.

Source : La Tribune, Romaric Godin, 12/07/2016

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Source: http://www.les-crises.fr/irlande-une-croissance-de-263-artificiellement-gonflee-par-romaric-godin/


[Médias] Entrevue accordée par le Président Bachar al-Assad à la chaîne américaine NBC News

Monday 25 July 2016 at 01:12

Intéressante interview – à lire bien entendu avec recul et esprit critique pour discerner la propagande syrienne.

Mais je rappelle que les saloperies que font nos gouvernants en douce, c’est généralement Assad qui nous en parlera le premier… 😉

Source : Le Grand Soir, 22-07-2016

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En ce 14 juillet 2016, où le peuple français a eu à souffrir du même terrorisme qui déchire et bafoue quotidiennement la Syrie depuis plus de cinq ans, dans un contexte d’hypocrisie meurtrière d’une grande majorité de dirigeants régionaux et occidentaux, la chaîne américaine NBC News a publié un entretien accordé par le Président syrien à son journaliste Bill Neely.

Pour préparer son questionnaire [1], M. Neely nous dit qu’il a visionné les vidéos et lu les transcriptions de presque tous les entretiens accordés par le Président syrien ces dernières années, en plus d’avoir bénéficié des suggestions de toute l’équipe de NBC News, « y compris celles qui occupent l’esprit de beaucoup de gens ». Il a retenu de l’entretien : « Je lui ai dit qu’il était un dictateur brutal avec le sang de centaines de milliers sur les mains. Il a répondu à cela. Il n’a pas flanché. Je présume que c’est un homme qui avait déjà entendu toutes ces questions ». Quel scoop !

À lire les points essentiels retenus par nos médias aux ordres, nous pouvons nous demander s’ils s’intéressent, un peu plus que M. Neely, à ce qui préoccupe « l’esprit des gens » et surtout s’ils écoutent les vraies réponses aux sujets qu’ils refusent d’aborder.

Admettront-ils, un de ces jours, que la guerre des Syriens est de défendre la Syrie contre le terrorisme, tandis que la guerre des coalisés à Washington, Paris et Londres, est de la détruire par ce même terrorisme qu’ils ont excellemment utilisé, nourri et soutenu, avant qu’il ne se retourne contre eux ?

Retiendront-ils, contrairement à M. Neely, que diaboliser le Gouvernement et l’Armée nationale syrienne ne dissipera pas la peur qui s’est emparée de nous ? Ou bien se contenteront-ils de continuer à nous servir des insanités du style des rédacteurs de Libération ; lesquels osent encore commenter, en ces termes, la mort de plus de 120 civils, ce 19 juillet, à Manbej, une ville au nord d’Alep, par une supposée bavure [2] : « Cette bavure de la coalition internationale fait le jeu à la fois du gouvernement syrien et de l’Etat islamique, qui se sont rapidement emparés de l’information pour leur propagande… Selon des témoins sur place en contact avec Libération, l’implication de l’aviation française serait fausse. Cette accusation du régime syrien révèle tout de même sa volonté de s’attaquer à la France. Et pour Bachar al-Assad, d’appuyer sa volonté de participer à la coordination des frappes de la coalition internationale » ? Rien que ça !

Nous aurons compris qu’ils n’ont pas encore reçu les ordres pour tenir compte du message évident du Président syrien malgré l’arrogance et le nombrilisme de M. Neely : aidez-nous à combattre les terroristes pour les empêcher de retourner chez vous. Faites en sorte de ne pas nourrir leur arsenal et surtout leur idéologie.

Nous aurons compris que nos dirigeants n’ont toujours pas renoncé à leur projet initial et que le « bon boulot », défini initialement par Laurent Fabius, consiste toujours à tuer plus de Syriens.

Puissent les blessés se remettre au plus vite. Puissent les victimes innocentes, ici et ailleurs, reposer en paix. Puissent leurs familles surmonter la douleur de leur absence [NdT].

* * *

Bill Neely  : Monsieur le Président, nous vous remercions de nous avoir reçus et de permettre à NBC de vous poser quelques questions importantes.

Le Président al-Assad : Vous êtes les bienvenus à Damas.

1. Il y a quelques semaines, vous avez dit devant les membres du Parlement syrien que vous reprendriez chaque pouce de la Syrie. Le Département d’État américain a qualifié cette déclaration de « délirante ». Vous êtes loin de gagner cette guerre, n’est ce pas, sans même parler de reprendre chaque pouce de la Syrie ?

Le Président al-Assad : En fait, l’Armée syrienne a fait beaucoup de progrès récemment, ce qui est le but de toute armée ou de tout gouvernement. Je ne pense pas que cette déclaration des États-Unis soit pertinente. Elle ne reflète ni le respect du droit international et de la Charte des Nations Unies, ni le respect de la souveraineté d’un pays ayant le droit de contrôler l’ensemble de son territoire.

OB. Alors que nous, quand Hollande dit qu’on va vite battre Daech avec juste nos avions qui tuent au passage des civils, ce n’est pas “délirant”, hein…

2. Mais, à votre avis, combien de temps vous faudra-t-il pour gagner cette guerre ?

Le Président al-Assad : Vous parlez d’une question liée à nombre de facteurs, le facteur le plus important étant : « Combien de temps les soutiens de ces terroristes vont-ils continuer à les soutenir, en particulier la Turquie, le Qatar et l’Arabie saoudite, avec l’appui de certains pays occidentaux, y compris les États-Unis ? ». Si ce soutien cessait, cela ne prendrait pas plus de quelques mois.

3. Pas plus de quelques mois ? Voyez-vous, je me suis trouvé ici une dizaine de fois et j’ai entendu vos responsables dire : « Il faudra un mois pour reprendre Homs… Il faudra six mois pour reprendre ailleurs… » Cela prend toujours plus de temps. Donc, d’un point de vue réaliste, cela prendra des années. Non ?

ON : OUF, j’ai VRAIMENT eu peur que le journaliste enquête sur ces gravissimes accusations d’Assad contre nos dirigeants – un “délire” encore, probablement… #OupsJ’aiRienEntendu…

Le Président al-Assad : Voilà pourquoi j’ai dit que cela dépend de l’importance du soutien que les terroristes vont continuer à recevoir et de l’importance de leur recrutement en Turquie grâce à l’argent saoudien, pour toujours en expédier un plus grand nombre en Syrie. Leur but est de prolonger la guerre. Ils peuvent la prolonger tant qu’ils le voudront et ont déjà réussi à ce faire. Si bien que la réponse dépend de votre question. Si vous parlez du temps qu’il faudra pour régler le conflit, en tant que conflit syrien isolé, cela ne prendra pas plus de quelques mois. Mais si vous en parlez comme d’un conflit où interviennent nombre de puissances régionales et internationales, comme c’est le cas aujourd’hui, cela prendra beaucoup de temps et nul ne peut répondre à votre question. Nul ne sait comment la guerre va évoluer.

OB. : Eh, un “délire” contre un pays qui négocie son entrée dans l’UE…#OupsJ’aiRienEntendu… #OupsJ’aiRienEntendu… #OupsJ’aiRienEntendu…

4. Il y a un an, la guerre évoluait tout autrement. Dans l’un de vos discours, vous avez dit que vous étiez à court de troupes et que vous aviez dû renoncer à certaines zones à contrecœur. Qu’est-ce qui a changé depuis ? Est-ce l’intervention de la Russie ? Voilà la vraie raison du tournant pris par cette guerre, n’est-ce pas ? Le fait que la Russie soit de votre côté. 

Le Président al-Assad : Certainement, le soutien russe à l’Armée syrienne a fait pencher la balance contre les terroristes.

5. C’est le facteur crucial ?

Le Président al-Assad : Il l’est, sans aucun doute. En même temps, la Turquie et l’Arabie saoudite ont envoyé plus de troupes depuis que cette intervention légale de la Russie a commencé. Mais, malgré ce fait, ce fut le facteur crucial, comme vous venez de le mentionner.

6. Donc, vous devez beaucoup au Président Poutine.

OB. : le journaliste a un handicap mental ou quoi ?

Le Président al-Assad : Tout le monde sait quels sont ceux qui se sont tenus à nos côtés : les Russes, les Iraniens, et même les Chinois, chacun à sa manière, qu’elle soit politique, militaire ou économique, car il ne s’agit pas d’une question à facteur unique. Vous ne pouvez donc pas parler uniquement de la puissance de feu ou des ressources humaines. C’est une question à plusieurs facteurs. Tous ces pays ont soutenu la Syrie, à côté d’autres pays qui l’ont soutenue à un degré moindre.

7. Est-ce que le président Poutine a exigé quelque chose de vous ? Quel est le « deal » ?

Le Président al-Assad : Il n’a rien demandé.

8. Rien ?

OB. : même pas 100 balles et un Mars ???? Bon, je comprends que ça étonne un Américain…

Le Président al-Assad : Pour deux simples raisons : la première est que leur politique est fondée sur des valeurs, ce qui est très important ; la deuxième est qu’actuellement nos intérêts sont communs parce qu’ils combattent les mêmes terroristes qu’ils auraient à combattre en Russie. Nous combattons des terroristes qu’il faudra peut-être combattre en Europe, aux États-Unis et partout ailleurs dans le monde. Mais la différence entre le Président Poutine et les autres responsables occidentaux est qu’il le voit clairement, alors que les autres responsables en Europe, et plus généralement en Occident en sont incapables. Voilà pourquoi son intervention repose à la fois sur des valeurs et sur l’intérêt du peuple russe.

9. Vous vous parlez souvent ? 

Le Président al-Assad : Quand il le faut. Nous nous parlons directement ou par l’intermédiaire de nos fonctionnaires réciproques.

10. Pour exemple, combien de fois vous vous êtes parlé cette année ?

Le Président al-Assad : Je ne les ai pas comptées. Nous nous sommes parlé à plusieurs reprises.

11. Comment décririez-vous votre relation avec lui ?

Le Président al-Assad : Très franche, très honnête, respect mutuel.

12. Mais il ne vous a rien demandé, c’est bien le cas ?

OB. : le journaliste a donc clairement un handicap mental…

Le Président al-Assad : Rien du tout.

13. Parce que le soupçon est que la Russie puisse travailler de concert avec les États-Unis. Le secrétaire d’État Kerry devant rencontrer Vladimir Poutine ce jeudi à Moscou, le soupçon est qu’ils en viennent à une sorte de « deal » qui pourrait porter de mauvaises nouvelles pour vous.

OB. : Niark Niark Niark…

Oh my God !!!!!!!! Mais ce ne serait pas la définition même d’un COMPLOT ça au fait ?

Le Président al-Assad : Tout d’abord, concernant la première partie de votre question, si Poutine voulait me demander quelque chose, il me demanderait de combattre les terroristes, parce que c’est là que résident ses intérêts en tant que Président d’un pays tel que la Russie. Ensuite, concernant cette allégation qui revient de temps à autre afin de suggérer que les Russes et les Américains se sont réunis et se sont entendus sur l’avenir de la Syrie, les responsables russes ont déclaré clairement, et à maintes reprises, que la question syrienne dépend du peuple syrien. Hier encore, le ministre Lavrov a dit : « Nous ne pouvons pas nous asseoir avec les Américains pour définir ce que veulent les Syriens. C’est une question syrienne et seul le peuple syrien peut définir l’avenir de son pays et comment résoudre son problème ». Le rôle de la Russie et des États-Unis est d’offrir l’atmosphère internationale susceptible de protéger les Syriens de n’importe quelle ingérence. Le problème est que les Russes sont honnêtes, tandis que les Américains n’ont rien offert dans ce domaine ; mais cela ne signifie pas qu’ils décident de ce que nous avons à faire en tant que Syriens.

14. Donc, juste pour être clair, ni le ministre des Affaires étrangères Lavrov, ni le Président Poutine, ne vous ont jamais parlé de transition politique et du jour où vous aurez à quitter le pouvoir ? Ce n’est jamais arrivé ?

Le Président al-Assad : Jamais, parce que, comme je l’ai dit, cela dépend du peuple syrien. Seul le peuple syrien décide qui peut être Président, comment il arrive au pouvoir et quand il doit le quitter. Ils ne m’ont jamais dit un seul mot à ce sujet.

15. Et vous n’avez donc pas la moindre inquiétude que la rencontre entre le Secrétaire Kerry et Vladimir Poutine aboutisse à une entente qui pourrait vous obliger à quitter le pouvoir ?

Le Président al-Assad : Non, parce que contrairement à la politique américaine, la politique russe ne repose pas sur la conclusion d’accords, mais sur des valeurs. C’est en raison de ces principes différents que je ne vois pas ce genre d’entente entre les Russes et les Américains.

OB : Bon, bien sûr, c’est de la propagande, mais enfin, il y a du vrai aussi…

16. Pourtant, il n’y a pas que la Russie qui bombarde vos ennemis, ce qui est sûr est que les États-Unis en font autant. Accueillez-vous favorablement les frappes aériennes américaines contre l’EIIL [État Islamique en Irak et au Levant] ?

Le Président al-Assad : Non, parce qu’elles ne sont pas légales.

17. Elles ne sont pas légales pour la Russie non plus. N’est-ce pas ? 

OB : on a un champion, là, c’est clair…

Le Président al-Assad : Non. Premièrement, les Russes sont invités légalement et officiellement par le gouvernement syrien. Tout gouvernement a le droit d’inviter tout autre pays à l’aider dans n’importe quel domaine. Par conséquent, les frappes russes sont légales en Syrie, tandis que les frappes américaines et évidemment celles de tous leurs alliés ne le sont pas. Deuxièmement, depuis l’intervention russe, le terrorisme, disons-le, a subi une régression ; alors qu’avant cela et au cours de l’intervention illégale des Américains et de leurs alliés, l’EIIL et le terrorisme étaient en expansion et s’étendaient sur de nouvelles zones syriennes. Ils ne sont pas sérieux. Je ne peux donc pas accueillir favorablement leur manque de sérieux et leur présence illégale en Syrie.

18. Des milliers de missions, des centaines de frappes aériennes, et les États-Unis ne sont pas sérieux en Syrie ?

Le Président al-Assad : La question ne relève pas du nombre de frappes, mais du résultat. Telle est la question. La réalité du terrain dit que depuis le début des frappes aériennes américaines, le terrorisme s’est étendu et s’est renforcé, non l’inverse. Il n’a diminué que quand les Russes sont intervenus. C’est cela la réalité. Nous devons parler des faits et non seulement des actions superficielles qui ont été menées.

OB : c’est vrai que c’est un type très cruel Assad, de dire ça à un Américain

19. Donc, les frappes aériennes américaines sont inefficaces et contre-productives ?

Le Président al-Assad : Oui, d’une certaine façon. Lorsque le terrorisme est en croissance, les frappes sont contre-productives. C’est exact.

20. A qui la faute ? Est-ce une faute militaire, ou bien est-ce tout simplement le Président Obama qui n’a pas été, disons-le, suffisamment impitoyable ?

Le Président al-Assad : Non, il ne s’agit pas d’être impitoyable, mais d’être authentique. Il s’agit des intentions réelles. Il s’agit du sérieux et de la volonté. Les États-Unis n’ont pas la volonté de vaincre les terroristes. Ils veulent les contrôler et les utiliser en tant que carte comme ils l’ont fait en Afghanistan. Ce qui se reflète sur le terrain militaire. Si vous comparez les résultats de plus de 120 à 130 frappes aériennes russes sur quelques zones en Syrie, aux 10 à 12 frappes américaines avec tous leurs alliés en Syrie et en Irak, vous constateriez que leur résultat est non significatif, militairement parlant, et que cette inefficacité militaire traduit leur volonté politique.

OB : #OupsJ’aiRienEntendu…

21. Selon votre propre expression, il y avait la « volonté politique » de vous écarter du pouvoir. Telle était la volonté de Washington. Il semble que ce ne soit plus le cas. Avez-vous une idée pourquoi les États-Unis ont apparemment changé d’avis sur votre avenir ?

Le Président al-Assad : Non, parce que le problème avec les responsables américains est qu’ils disent quelque chose, masquent leurs intentions, et avancent dans une autre direction. Ils disent quelque chose, puis disent son contraire. Vous ne pouvez donc pas parler de leurs vraies intentions. Ce dont je suis sûr est qu’ils n’ont pas de bonnes intentions à l’égard de la Syrie. Peut-être sont-ils en train de manœuvrer ou de modifier leurs tactiques. Mais, ce que je crois est que leurs intentions n’ont pas changé.

22. Le Président Obama voulait vous éjecter. Il va bientôt quitter son poste, alors que vous restez en place. Avez-vous gagné ?

Le Président al-Assad : Non, ce n’est pas entre lui et moi. C’est entre moi et qui veut détruire ce pays, surtout les terroristes sévissant actuellement en Syrie. Notre victoire en tant que Syriens se situe là où nous pouvons nous en débarrasser et rétablir la stabilité en Syrie. Sinon, nous ne pouvons pas parler de victoire. Il est vrai qu’ils n’ont pas réussi à exécuter leur plan. Mais s’ils ont essuyé un fiasco, cela ne signifie pas que nous avons gagné la guerre. Je dois donc être réaliste et précis dans le choix des termes à cet égard.

23. Mais l’un des principaux objectifs du Président Obama, qui était de vous éjecter du pouvoir, a clairement échoué. Pensez-vous qu’il a échoué ?

Le Président al-Assad : Oui, je l’ai dit, il a échoué. Mais cela ne signifie pas que je gagne, parce que pour lui la guerre est de m’éjecter, alors que pour moi la guerre est de restaurer la Syrie, non de rester à mon poste. Donc, vous parlez de deux guerres différentes. Pour moi, il ne s’agit pas d’une guerre personnelle. Ma guerre est de protéger la Syrie. Je ne me soucie pas de ce que veulent les autres présidents. Je me soucie de ce que les Syriens veulent. S’ils veulent que je reste, je resterai ; s’ils veulent que je parte, je partirai. Ce sont là des situations différentes, complètement différentes.

24. Pensez-vous que les États-Unis ont fondamentalement mal compris votre guerre contre l’EIIL, contre ce que vous pourriez désigner par l’ennemi commun ?

Le Président al-Assad : Encore une fois, ce n’est pas un ennemi commun, parce que nous, nous sommes sincères dans notre combat, non seulement contre l’EIIL, mais aussi contre le Front al-Nosra et toutes les organisations terroristes affiliées à Al-Qaïda en Syrie. Nous voulions nous débarrasser de tous les groupes terroristes. Nous voulions les vaincre, alors que les États-Unis voulaient les gérer afin de renverser le gouvernement syrien. Vous ne pouvez donc pas parler d’un intérêt commun, à moins qu’ils ne veuillent vraiment les combattre et les vaincre. Ce qu’ils n’ont pas fait. Ils étaient présents en Irak en 2006, ils n’ont pas cherché à les vaincre.

25. Mais l’Amérique est très sincère en ce qui concerne le combat contre l’EIIL. L’EIIL est une menace pour le territoire américain. Comment pouvez-vous dire que l’Amérique n’est pas sérieuse dans la lutte contre l’EIIL ?

OB : Du lourd…

Le Président al-Assad : Parce que l’EIIL a été mis en place en Irak dès 2006 alors que les États-Unis y étaient, non la Syrie. Il s’est développé sous le contrôle des autorités américaines qui n’ont rien fait pour le combattre à l’époque. Pourquoi le combattraient-elles maintenant ? D’ailleurs, elles ne le combattent toujours pas. Il a prospéré sous le regard des avions américains, lesquels auraient pu le voir exploiter les champs pétroliers puis acheminer le pétrole vers la Turquie. Ils n’ont même pas essayé d’attaquer un seul convoi de l’EIIL. Comment pouvaient-ils être contre l’EIIL ? Ils ne pouvaient pas le voir ? Ils ne voyaient pas ? Comment se fait-il que les Russes l’ont vu dès le premier jour et ont lancé leurs attaques contre ses convois ? En fait, l’intervention russe a démasqué les intentions américaines concernant L’EIIL et les autres groupes terroristes. C’est évident.

OB : #OupsJ’aiRienEntendu…

26. Il y a trois ans, le président Obama a menacé de vous attaquer. Il a tracé une ligne rouge, puis s’est retiré sans exécuter sa menace. Qu’en pensez-vous ? Est-ce le signe d’un président faible ?

Le Président al-Assad : C’est le problème avec les États-Unis. Depuis des années, ils ont promu l’idée qu’un bon président est dur, impitoyable et va-t-en guerre, sinon ce serait par définition un président faible ; ce qui est faux. En fait, depuis la deuxième Guerre mondiale, les administrations américaines successives ont agi en attisant le feu des conflits dans toutes les parties de ce monde. Avec le temps, elles sont devenues de plus en plus pyromanes. Elles se différencient les unes des autres par les moyens utilisés, non par l’objectif. C’est ainsi que l’administration Bush a continué à engager ses propres troupes, que la suivante a utilisé des mercenaires de substitution et que la troisième a travaillé par procuration. Rien n’a changé, le cœur du problème est toujours le même.

OB : #OupsJ’aiRienEntendu…

27. Revenons à ce moment précis d’il y a trois ans. Était-ce le signe d’une faiblesse des États-Unis et de son président ?

OB : ce clown est fascinant…

Le Président al-Assad : Non, parce qu’ils ont quand même mené leur guerre par procuration contre la Syrie. Ils n’ont pas combattu l’EIIL. Ils n’ont exercé aucune pression sur la Turquie ou l’Arabie Saoudite afin qu’elles arrêtent d’envoyer argent, personnel et soutien logistique aux terroristes. Ils auraient pu le faire. Ils ne l’ont pas fait. Par conséquent, ils mènent toujours leur guerre, mais d’une manière différente. Ils n’ont pas envoyé leurs troupes, ils ne nous ont pas attaqués avec leurs missiles, mais nous envoient des mercenaires. C’est ce que j’ai signifié en disant que le cœur du problème est toujours le même.

OB : #OupsJ’aiRienEntendu…

28. Avez-vous été surpris qu’ils n’aient pas attaqué ?

Le Président al-Assad : Non, non. Ce ne fut pas une surprise. Cependant, je pense que ce qu’ils font actuellement revient au même et qu’entre nous expédier des mercenaires et nous envoyer des missiles, cette dernière option pourrait être plus efficace pour eux.

29. Vous êtes un leader. Pensez-vous qu’en ne respectant pas la ligne rouge qu’elle a elle-même tracée, l’Amérique a nui à sa propre crédibilité, non seulement au Moyen-Orient, mais dans le monde entier ?

Le Président al-Assad : Pour être franc avec vous, cette crédibilité n’a jamais existé pour nous, au moins depuis le début des années soixante dix. Depuis que nous avons rétabli nos relations avec les États-Unis en 1974, nous n’avons jamais vu une réelle crédibilité quelle que soit l’administration et sur tous les sujets que nous avons eu à traiter. Je ne peux donc pas dire que les États-Unis ont nui à leur propre crédibilité. Nombre de leurs propres alliés ne les croient pas. Je pense que la crédibilité américaine est au plus bas, généralement en raison de leur politique, leurs politiques dominantes, et non en conséquence du cas que vous avez mentionné. Telle est notre vision sur ce sujet.

OB : Méchant, va !!!!

30. Au plus bas, en termes de crédibilité dans le monde ? 

Le Président al-Assad : En général, oui. Et c’est dû à l’ensemble de leur politique, non particulièrement à celle adoptée contre la Syrie.

31. Vous réjouissez-vous de la fin du mandat du président Obama ? 

Le Président al-Assad : Changer d’administration sans changer de politique ne signifie rien pour nous. C’est donc un problème de politique et, en Syrie, nous n’avons jamais parié sur un président qui vient ou s’en va, pour la bonne raison que ce qu’ils disent au cours de leur campagne est différent de ce qu’ils mettent en pratique après leur élection.

32. Vous avez parlé des présidents qui se valent et qui n’ont jamais changé de politique. Il n’empêche que l’année prochaine, il y aura un nouveau président aux États-Unis. Espérez-vous une relation différente ? Pensez-vous que ce soit possible ?

Le Président al-Assad : Oui, bien sûr. Nous espérons toujours que le prochain président serait plus sage, moins pyromane, moins militariste et moins aventuriste. Voilà ce que nous espérons, mais que nous n’avons jamais constaté ; la différence entre les présidents successifs étant très marginale. Donc, nous gardons l’espoir, mais nous ne parions pas là-dessus.

33. Il y aura un nouveau président aux États-Unis où existent deux choix principaux, l’un d’eux étant Donald Trump. Que savez-vous de M. Trump ?

Le Président al-Assad : Rien. Juste ce que j’ai entendu dans les médias, et pendant la campagne. Comme je viens de le dire, nous ne devons pas perdre notre temps à écouter ce qu’ils disent pendant leur campagne et qu’ils modifieront après leur élection. C’est donc après la campagne que nous pourrons évaluer le nouveau président, non pendant.

34. Étant à Damas, qu’entendez-vous dans les médias au sujet de M. Trump ?

Le Président al-Assad : Le conflit entre les Américains auquel nous ne prêtons pas beaucoup d’attention. Je veux dire que même la rhétorique des différents candidats change en cours de campagne. Ce que vous entendez aujourd’hui ne sera pas pertinent demain. Nous ne pouvons donc pas construire nos propres politiques sur leur politique menée au jour le jour.

35. Mais vous suivez cette élection ?

OB : Oui, j’essaie, mais…. Oups, mon pays est un petit peu en guerre et j’ai perdu près de 100 000 soldats, c’est vrai !

Le Président al-Assad : Pas vraiment. Parce que, comme je l’ai dit, vous ne pouvez suivre un débat, aujourd’hui encore, déconnecté de la réalité. Il le deviendra après la prise de fonction. Jusqu’à présent, il reste rhétorique. Nous n’avons pas de temps à perdre avec la rhétorique.

36. Simplement rhétorique. Ainsi, par exemple et concernant M. Trump, vous ne croiriez pas que sa politique sera nécessairement conforme à ses dires ? 

Le Président al-Assad : Non, nous ne le pouvons pas. Je ne parle pas de Trump, de Clinton ou de quelqu’un d’autre. Je parle d’un principe général s’appliquant à tout président américain et dans toute campagne américaine.

37. Il a fait très peu de commentaires sur la Syrie ou le Moyen-Orient, mais il vous décrit comme un « bad guy ». Cela vous inquiète-il ?

Le Président al-Assad : Non. C’est son opinion. Il n’a pas à me voir comme un bon gars. Pour moi, la question est comment les Syriens me voient, bon gars ou mauvais gars, non l’avis d’un américain qu’il soit citoyen, président ou candidat à la présidence. Je ne me soucie pas de cela. Disons que cela ne fait pas partie de ma carte politique.

38. L’une des choses qu’il a dite très clairement est qu’il sera plus dur avec l’EIIL. Cela devrait vous réjouir, puisque vous venez de dire qu’Obama n’était pas sérieux avec l’EIIL. Est-ce le cas ?

Le Président al-Assad : Vous n’avez pas à être plus dur. En réalité, dans la vraie vie et en cette région, ces mots n’ont aucun sens. Vous devez combattre l’EIIL par différents moyens. Il ne s’agit pas seulement de combattants que vous devez frapper par les bombes et les missiles les plus perfectionnés. Le problème du terrorisme est très compliqué et lié à une idéologie. Comment pouvez-vous être dur contre l’idéologie de l’EIIL ? Telle est la question. Comment pouvez-vous être dur à l’égard de son économie, de ses finances et des dons qu’il reçoit ? Comment pouvez-vous remédier à cela ?

OB : eh, nulos, Valls, il sait faire lui !!!

39. Je pense que M. Trump parle de dureté militaire. Il veut…

Le Président al-Assad : Ce n’est pas suffisant. Vous devez être intelligent. Il ne suffit pas d’être dur. Pour commencer, vous devez avoir la volonté et être authentique, puis vous devez vous comporter avec intelligence. Ce n’est qu’ensuite que vous devrez être dur et militairement efficace. La dureté est donc l’ultime option après avoir rempli ces premiers critères.

40. D’après ce que vous en savez, M. Trump est-il suffisamment intelligent ?

Le Président al-Assad : Je ne le connais pas. Dans un face-à-face, je pourrai le juger, mais je ne vois cette personne qu’à la télévision, où vous savez qu’on peut tout manipuler. Vous pouvez vous préparer, vous pouvez répéter ; ce qui fait que le problème n’est pas là.

OB : Méchant, la télévision, c’est le Bien et la Vérité !

41. Aimez-vous ce que vous voyez de M. Trump à la télévision ?

Le Président al-Assad : Je ne suis pas les élections américaines parce que, comme je l’ai dit, nous ne parions pas là-dessus.

42. Il semble respecter le président Poutine. Est-ce que cela vous donne l’espoir d’un homme avec lequel vous pourriez, peut-être, faire des affaires ?

Le Président al-Assad : S’il est sincère. Je pense qu’il dit vrai, car chaque personne sur Terre, qu’elle soit d’accord ou non avec le président Poutine, devrait le respecter parce qu’il est respectable. Il se respecte, respecte l’autre, respecte ses valeurs, respecte les intérêts de son peuple ; et il est honnête et authentique. Alors, comment ne pas respecter une telle personne ? Donc, si Trump est sincère, je pense qu’il est correct. Voilà ce que je peux en dire.

43. M. Trump a également fait des commentaires sur les Musulmans, proposant d’interdire leur entrée aux États-Unis. Est-ce que cela vous a dérangé ou mis en colère ?

Le Président al-Assad : Oui, d’autant plus que la Syrie est un mélange de religions, de confessions et d’ethnies. Nous pensons que cette grande diversité est une grande richesse, non l’inverse. C’est le comportement des gouvernements et des forces influentes qui peut en faire un problème ou une source de conflit. Mais si vous faites en sorte que des gens différents s’intègrent véritablement et harmonieusement, cette richesse bénéficie à toute société, y compris aux États-Unis.

44. Donc, M. Trump n’aurait pas dû prononcer cette sorte de commentaire à propos des Musulmans ?

Le Président al-Assad : Nul ne devrait user d’un discours discriminatoire dans aucun pays. Je ne crois évidemment pas en ce genre de rhétorique.

45. M. Trump n’a aucune expérience en politique étrangère. Cela vous inquiète-t-il ?

Le Président al-Assad : Qui avait une telle expérience avant lui ? Obama, George Bush ou Clinton ? Aucun d’entre eux n’en avait. Tel est le problème avec les États-Unis. Vous devez vous trouver un homme d’État qui ait une réelle et longue expérience, parce qu’avoir fait partie du Congrès pendant quelques années ou, par exemple, avoir été ministre des Affaires étrangères, ne signifient pas que vous possédez une telle expérience. L’expérience des États exige beaucoup plus de temps. Par conséquent, nous ne pensons pas que tous les présidents des États-Unis étaient suffisamment versés en matière de politiques.

OB : #JeSuisJournaliste #JePassePourUnGrosCon

46. Ainsi, un homme sans expérience en politique étrangère, à la Maison Blanche, n’est pas nécessairement dangereux de votre point de vue ?

Le Président al-Assad : Toute personne qui n’a pas d’expérience, que ce soit à la Maison Blanche, au Palais présidentiel en Syrie, ou à la tête de n’importe quel autre État, est généralement dangereuse pour le pays. Les États-Unis étant une grande puissance, bien sûr que les répercussions sont plus graves sur le reste du monde. Mais il ne s’agit pas uniquement d’un problème d’expérience, puisqu’au final les institutions du pays peuvent compenser. Il s’agit d’intention. Cet homme aura-t-il une bonne expérience, mais des intentions militaristes, destructrices et ainsi de suite ? Vous devez donc tenir compte de plusieurs facteurs. Il ne suffit pas de parler uniquement de l’expérience.

47. Quelqu’un d’autre a plus d’expérience en matière de politique étrangère et c’est Hillary Clinton. Dans un certain sens, vous la connaissez. Quelles seraient les conséquences de sa victoire aux élections ?

OB : VOTEZ POUR ELLE PLEASSSSSSSSSE !

Le Président al-Assad : Une fois de plus, je dois vous répéter la même réponse. Cela dépendra de sa politique. Quelle politique va-t-elle adopter ? Va-t-elle prouver sa dureté en emmenant les États-Unis vers une autre guerre ou plus d’escalades ? Dans ce cas, ce sera mauvais pour tout le monde, y compris les États-Unis. Si elle prend une autre direction, ce sera mieux. Mais, encore une fois, nous nous concentrons plus sur les intentions que sur l’expérience. L’expérience est certes très importante, mais l’intention est cruciale pour tout président. Par conséquent, pourriez-vous leur poser la question de savoir s’ils peuvent vraiment dire au peuple américain, et au reste du monde, quelles sont leurs véritables intentions politiques ? Vont-ils vers une escalade, ou bien nous donneront-ils à voir plus de concorde en ce monde ?

48. Il existe une nette différence entre Mme Clinton et M. Trump. Il semble que la première soit déterminée à se débarrasser de vous. C’est du moins sa position déclarée. Le second dit vouloir se concentrer sur l’EIIL en vous abandonnant à votre sort. Ma question est : pour vous-même, Hillary Clinton représente-t-elle une plus grande menace que Donald Trump ?

Le Président al-Assad : Non, parce que depuis le début de cette crise, nous avons entendu à maintes reprises la même litanie, « Assad doit partir », de la part de presque tous les officiels occidentaux, quel que soit leur niveau de responsabilité. Nous ne nous en sommes jamais souciés. Jamais. Vous ne pouvez donc pas parler de cela comme d’une menace. C’est une ingérence dans nos affaires internes à laquelle nous n’allons pas répondre. Tant que j’ai le soutien du peuple syrien, je ne me soucie pas de quiconque en parle, qu’il s’agisse du président des États-Unis, lui-même, ou de n’importe qui d’autre. Pour nous, cela ne change rien. Voilà pourquoi j’ai dit que ce disent Clinton, Trump ou Obama n’a aucun sens pour moi. Nous n’en tenons pas compte sur notre carte politique. Nous ne perdons pas notre temps avec ce genre de rhétorique ou d’exigences.

49. Mais si Hillary Clinton, élue présidente, établissait une zone d’exclusion aérienne sur votre territoire, au nord de la Syrie par exemple, cela ferait une énorme différence.

Le Président al-Assad : Bien sûr. C’est là que vous pouvez parler de menace et voilà pourquoi je vous ai dit que, pour nous, la politique est d’une grande importance. C’est quand ils ont commencé à soutenir les terroristes dans le cadre de leur projet, plan ou étape, que vous avez observé plus de chaos dans le monde. Une première question : les États-Unis ont-ils intérêt à plus de chaos dans le monde entier, ou bien ont-ils intérêt à plus de stabilité ? Bien sûr qu’ils peuvent créer le chaos. C’est ce qu’ils n’ont cessé de créer dans le monde entier les 50 à 60 dernières années. Ce n’est pas nouveau. D’où une autre question : vont-ils faire pire et plus fort ? Il ne s’agit donc pas de moi et cela ne concerne pas ma présidence. Cela concerne la situation d’ensemble dans le monde, parce que vous ne pouvez pas séparer la situation en Syrie de celle du Moyen-Orient, et que quand le Moyen-Orient n’est pas stable, le monde ne peut pas être stable.

50. Permettez-moi de mesurer jusqu’à quel point vous pourriez souhaiter une nouvelle relation avec les États-Unis. L’EIIL a son quartier général dans votre pays, à Raqqa. Si jamais vous saviez que l’EIIL était sur le point d’attaquer les États-Unis, en avertiriez-vous l’Amérique ? 

Le Président al-Assad : Par principe, oui, parce que l’EIIL peut s’attaquer à des civils et que je ne peux pas blâmer des innocents, aux États-Unis, du fait des mauvaises intentions de leurs dirigeants. Et, comme je l’ai dit à plusieurs reprises, je ne considère pas les États-Unis comme un ennemi direct tant qu’ils n’occupent pas ma terre. En même temps, disons que ce cas de figure n’est pas réaliste, puisqu’il n’y a pas de relation entre nous. Ce type d’information ou de coopération sur la sécurité nécessite une coopération politique. Nous n’avons ni l’une, ni l’autre.

51. Je me suis entretenu plusieurs fois avec votre Vice-ministre des Affaires étrangères, Dr Fayçal al-Miqdad. Il m’a décrit le danger d’une explosion de la crise syrienne, non seulement à travers le Moyen-Orient, mais à travers le monde entier. Ce qui est clairement arrivé. Maintenant que l’EIIL est refoulé ou brisé, y’a-t-il un danger que ses combattants se dispersent ? Votre victoire contre L’EIIL constituerait-elle un danger pour les États-Unis, lesquels deviendraient plus vulnérables au terrorisme ?

Le Président al-Assad : Non, si nous vainquons l’EIIL, nous aidons le reste du monde, parce que ces terroristes viennent de plus d’une centaine de pays, y compris les pays occidentaux. S’ils ne sont pas vaincus, ils retourneront dans ces pays plus expérimentés, plus fanatisés, plus extrémistes, et mèneront des attaques. Donc, si nous les vainquons ici, nous aidons tous les autres pays, y compris les États-Unis.

52. Mais les combattants de l’EIIL peuvent quitter Raqqa et comme nous l’avons vu avec les attaques terroristes en Europe, ils viennent en France, ils viennent en Belgique. Ils pourraient aussi bien venir et mener des attaques aux États-Unis. C’est un vrai risque, non ?

Le Président al-Assad : Oui, c’est de cela que je parle. J’ai dit que si nous les vainquons ici, si nous réussissons à les défaire dans le sens où ils ne pourraient plus retourner d’où ils viennent, nous aidons. S’ils quittent, s’ils échappent, si vous continuez à maintenir ce terrorisme, c’est là que peut commencer l’exportation de ces terroristes en Europe, comme ce qui est arrivé récemment en France. Donc, ce que vous dites est exact, et c’est ce que je veux dire. En les menant à leur défaite ici, nous aidons les autres. S’ils repartent, ils seront un danger pour le reste du monde.

53. Comme dans toute guerre, il y a deux côtés. Vos forces ont été accusées de faire des choses terribles. Je suis venu ici plusieurs fois et j’ai vu quelques-unes de ces choses terribles suite à des attaques aériennes et des bombardements de vos forces. Pensez-vous qu’un jour vous ferez face à un tribunal international ?

Le Président al-Assad : Tout d’abord, vous devez faire votre travail de Président. Lorsque votre pays est attaqué par des terroristes, vous devez le défendre et c’est mon travail selon la Constitution. Je fais donc mon travail et je vais continuer à le faire, peu importe ce à quoi je ferai face. Soyons clairs à ce sujet. Défendre le pays ne peut pas être mis en balance avec l’avenir personnel du Président, qu’il risque de passer devant une cour criminelle ou équivalent, qu’il risque la mort. Cela n’a pas d’importance. Si vous ne voulez pas faire face à toutes ces choses, quittez votre poste et cédez-le à quelqu’un d’autre.

54. Mais la raison pour laquelle les gens disent que vous devriez passer devant un tribunal pour crimes de guerre est qu’il est clair que vous usez de n’importe quel moyen. Je sais que vous ne reconnaissez pas l’usage de barils explosifs. Peu importe le métal, vous attaquez avec une force et des armes non discriminatoires dans des zones civiles. C’est vrai, non ?

Le Président al-Assad : Premièrement, ces gens ont-ils des critères concernant le genre de moyens que vous devriez utiliser contre des terroristes ? Ils n’en ont pas. La question n’est donc pas pertinente. Elle n’a pas de sens d’un point de vue juridique, ni d’un point de vue réaliste. Deuxièmement, aucune armée n’userait d’un armement non discriminatoire dans une telle situation où les deux parties sont presque entremêlées.

55. Sauf votre respect, Monsieur le Président, j’ai vu une bombe lancée à partir d’un hélicoptère. C’était non discriminatoire.

Le Président al-Assad : Disons que, techniquement parlant, le problème n’est pas de savoir si le lancement s’est fait d’un hélicoptère ou d’un avion. Ce n’est pas la question. Puisque vous parlez de précision, le plus important serait de dire que nous utilisons des armes dont la précision est comparable aux drones et missiles de haute précision utilisés par les États-Unis en Afghanistan. Combien de terroristes ont-ils tués jusqu’à présent ? Ils ont tué beaucoup, beaucoup plus de civils et d’innocents.

56. Même si cela était vrai, cela ne n’implique pas que vous faites bien.

Le Président al-Assad : Non, non, non. Je veux dire que le genre d’armement que vous utilisez n’a pas de rapport avec le sujet que vous soulevez. Il ne s’agit pas de l’usage d’armes plus ou moins précises. De tels critères n’existent pas. Cela fait juste partie de la campagne médiatique lancée récemment. Ici, je parle du point de vue légal. Nous avons le droit de nous défendre.

57. Sauf votre respect, il ne s’agit pas juste d’une campagne médiatique. Comme vous le savez bien, les Nations Unies ont parlé de ce sujet ainsi que les associations des droits de l’homme. Et il ne s’agit pas uniquement de l’usage d’armes non discriminatoires contre des civils, puisque cette semaine l’ONU a parlé de l’utilisation du siège et de la famine comme armes de guerre à Alep et à Darayya, près d’ici. Cela se passe en ce moment même, tout près de nous, non ?

Le Président al-Assad : Nous parlerons du siège. Pour revenir aux armes, la seule chose dont le gouvernement ne peut pas faire usage est ce qu’interdit le droit international. N’importe quelles autres armes que vous utilisez contre le terrorisme est un droit. Il est donc de notre droit d’user de n’importe quel autre armement pour vaincre les terroristes.

58. Et vous savez que vous êtes accusé d’avoir utilisé des armes chimiques ? Ce que vous niez.

Le Président al-Assad : Nous ne l’avons pas fait. Cela fait trois ans que personne n’a avancé aucune preuve à ce sujet. Que des allégations.

59. Il y a beaucoup de preuves, mais vous les rejetez.

Le Président al-Assad : Non, non. Il n’y a pas de preuve, seulement des photos sur Internet et chacun peut…

60. Photographique, scientifique, témoin oculaire…

Le Président al-Assad : Rien. Une délégation de l’Organisation internationale des armes chimiques est venue en Syrie et n’a trouvé aucune preuve. Ses délégués ont recueilli toutes sortes d’échantillons pour offrir des preuves, mais rien. Il n’y a aucune preuve. Nous n’avons donc pas utilisé des armes chimiques, d’autant plus qu’il n’y a aucune logique à un tel usage de notre part.

61. Parlons des méthodes utilisées par vos forces, lesquelles isolent et assiègent des milliers de civils qui meurent de faim, tout près d’ici. Le reconnaissez-vous ?

Le Président al-Assad : Supposons que ce que vous dites soit exact. Supposons. Vous parlez de zones encerclées ou assiégées par l’Armée depuis des années, non des mois. Ces gens là manqueraient de nourriture et de toutes les nécessités de base du fait du gouvernement, mais en même temps nous combattent depuis deux ans et nous pilonnent de leurs mortiers tuant les civils des régions voisines. Selon votre récit, cela signifie, que nous leur permettons d’être approvisionnés en armement mais pas en nourriture. Est-ce réaliste ?

62. C’est ce que dit l’ONU. Par exemple, l’ONU dit qu’à Madaya elle a réussi à acheminer seulement quatre convois d’aide pendant toutes ces années.

Le Président al-Assad : Comment les empêcherions-nous de recevoir de la nourriture, alors que nous n’avons pas pu les empêcher de recevoir des armes pour nous tuer ? Quelle est la logique dans tout cela ? C’est contradictoire. Soit nous dressons un siège contre tout, soit nous autorisons tout. C’est le premier point. Le deuxième qui prouve que ce que vous dites n’est pas vrai, ce sont toutes les vidéos qui montrent tous les convois, envoyés par les Nations Unies, atteignant ces mêmes zones. Cela fait des années que l’ONU dit et répète à l’envi cette même narrative, mais ces gens sont toujours en vie. Comment auraient-ils pu vivre aussi longtemps sans nourriture ?

63. Cibler des civils est un crime de guerre. Tout récemment, la famille de Marie Colvin, une journaliste américaine, a lancé une procédure aux États-Unis contre vous et votre gouvernement qu’elle accuse de l’avoir délibérément ciblée et tuée. Vous connaissez Marie Colvin, c’était une de mes amis.

Le Président al-Assad : Oui. Une journaliste, oui.

64. Vos forces ont-elles ciblé Marie Colvin et ses collègues dans l’intention de la tuer ?

Le Président al-Assad : Tout simplement, non. Tout d’abord, les Forces armées n’avaient aucune idée de sa présence et nous ne la connaissions pas. C’est la guerre. Elle est entrée illégalement en Syrie et a travaillé avec les terroristes. Étant donné qu’elle est entrée illégalement, elle a été responsable de ce qui lui est arrivé. Deuxième…

65. Elle est responsable de sa propre mort ?

Le Président al-Assad : Bien sûr, elle est venue illégalement en Syrie. Nous ne pouvons être responsables de chaque personne qui entre légalement dans notre pays. Elle est entrée illégalement et elle est allée du côté des terroristes. Nous ne l’avons envoyée nulle part, nous ne connaissions rien d’elle.

OB : Lisez bien, c’est important, nous y reviendrons…

66. Comme vous le savez, cela n’explique pas pourquoi les missiles ont frappé la maison où elle se trouvait à Homs ?

Le Président al-Assad : Non, non, personne ne sait si elle a été tuée par un missile, de quel type de missile il pourrait s’agir, d’où il venait et comment c’est arrivé. Personne n’a la moindre preuve. C’est arrivé en zone de conflit, en zone de guerre, et vous savez que lorsque vous êtes pris quelque part sous un feu croisé, vous ne pouvez pas dire qui a tué qui. Ce sont donc des allégations. Deuxièmement, des centaines de journalistes sont venus en Syrie, légalement et illégalement, et ont couvert du côté des terroristes, non de celui du gouvernement ; nous ne les avons pas tués. Alors, pourquoi aurions-nous sélectionné cette personne afin de la tuer ? Il n’y a pas de raison. Troisièmement, des dizaines de journalistes travaillant pour le gouvernement et le soutenant ont été tués. Les avons-nous tués ? Nous ne l’avons pas fait. Avez-vous jamais entendu parler d’une bonne guerre ? Je ne le pense pas. C’est une guerre. Vous avez toujours des victimes innocentes tuées dans diverses circonstances, sans que personne ne puisse dire comment.

67. Voyez-vous, Monsieur le Président, vous donnez l’impression d’un homme qui ne ressent aucune responsabilité pour les choses terribles subies, en son nom, par le peuple syrien. Vous avez un air de : « Eh bien, cela n’a vraiment pas d’importance ! ».

Le Président al-Assad : Vous portez uniquement la responsabilité de la décision que vous prenez. Vous ne portez pas la responsabilité de la décision que vous n’avez pas prise.

68. Mais certaines des décisions que vous avez prises ont entraîné la mort de centaines de milliers de personnes.

OB : Rappel : bilan actuel, environ 300 000 morts : environ 100 000 soldats de l’armée, 100 000 djihadistes et 100 000 civils… Donc, euh ???

Le Président al-Assad : Comme ?

69. Les attaques contre certaines zones, les campagnes de frappes aériennes, l’utilisation de certaines armes.

Le Président al-Assad : Les deux seules décisions que nous avons prises depuis le début de la crise sont de défendre notre pays contre les terroristes et d’instaurer le dialogue avec tous. Nous avons dialogué avec tout le monde, y compris certains groupes terroristes prêts à déposer leurs armes. Nous sommes restés très souples. Nous n’avons jamais pris la décision d’attaquer une zone qui n’était pas occupée par des terroristes ou d’où ils bombardaient les villes adjacentes.

70. Avez-vous jamais regardé, par exemple, les images, photos et vidéos d’enfants se trouvant dans les zones tenues par les rebelles ? Si oui, je me demande ce que vous ressentez. Le chagrin, le regret, rien ?

Le Président al-Assad : Ma question est comment pouvez-vous vérifier que ces enfants vus sur Internet sont bien présents dans ces zones ?

71. Vous voyez, Monsieur le Président, vous voilà reparti. Une telle réponse renforce tout simplement le point de vue selon lequel vous éludez votre responsabilité. 

Le Président al-Assad : Non, non, non.

72. En réalité, vous ne vous souciez pas des gens de l’autre côté, que vos forces tuent ?

Président Assad : Cette question pourrait recevoir une réponse si vous répondez à la question suivante : comment jugez-vous actuellement Bush pour le million d’Irakiens morts depuis la guerre d’Irak en 2003 ?

73. Je ne suis pas ici pour parler de Bush. Je suis ici pour vous interroger.

OB : Méchant, méchant, méchant, méchant, méchant, méchant, méchant,  !!!!!!!!!!!

Le Président al-Assad : Non, non. Ici, je ne parle que de principe. D’un même principe. Il a attaqué un pays souverain, alors que je défends mon pays. Si vous utilisez un seul standard, c’est une chose, mais si vous appliquez un double standard, c’est autre chose.

74. Vous ne me donnez toujours pas l’impression de vous soucier vraiment beaucoup de tout ceci.

Le Président al-Assad : Non, non. Je m’adresse à un public américain et il nous faut établir une analogie entre nos deux situations, parce que c’est en rapport avec la logique dont vous vous servez pour expliquer quelque chose. Il ne s’agit pas de ma réponse. Bush a attaqué un pays souverain, alors que nous défendons notre pays. Il a tué les Irakiens sur leur terre, alors que nous nous défendons principalement contre des terroristes venus de différents pays à travers le monde. Nous sommes donc dans notre droit, et vous venez nous parler d’une guerre propre sans victimes, sans civils innocents tués ; ce qui n’existe pas…

OB : eh, oh, ça va avec Bush, oh, quelle importance après tout, c’est vieux ?

75. Est-ce ainsi que vous expliquez la guerre, par exemple, à vos enfants à la table du petit déjeuner ? Je suis sûr qu’ils sont très…

Le Président al-Assad : Bien sûr et je leur parle de la réalité, des faits. Quant aux enfants tués, je leur dis de qui sont-ils les enfants, d’où ils sont, comment ils ont été tués. Vous, vous parlez de la propagande, des campagnes médiatiques et parfois de fausses photos sur internet. Nous, nous ne pouvons parler que des faits. Je ne peux pas leur parler d’allégations.

76. Avez-vous déjà pleuré à propos de ce qui est arrivé en Syrie ?

OB : #BienvenueChezLesBisounours

Le Président al-Assad : Pleurer ne signifie pas que vous êtes un homme bon ou que vous ressentez beaucoup de compassion. Il s’agit de ce que vous éprouvez dans votre cœur, non dans vos yeux. Ce n’est donc pas une question de larmes. Ensuite, en tant que Président, il ne s’agit pas de ce que vous ressentez, mais de ce que vous comptez faire. Comment allez-vous procéder pour protéger les Syriens ? Lorsqu’un événement malheureux survient, ce qui est quotidien, allez-vous continuer de pleurer tous les jours, ou bien continuer à travailler ? Chaque fois qu’un incident malheureux arrive, je me demande comment je pourrais en protéger les autres Syriens.

77. Que comptez-vous faire à l’avenir ? Allez-vous poursuivre encore et encore et encore ? Vous et votre père avez occupé le pouvoir pendant quarante-six ans, est-ce exact ?

Le Président al-Assad : Non, ce n’est pas exact, parce qu’il fut un président et que je suis un autre président. Votre description n’est absolument pas exacte. Il a été élu par le peuple syrien et j’ai été élu après sa mort. Il ne m’a pas placé sur un poste quelconque, de sorte que vous ne pouvez pas faire cette liaison. Je suis au pouvoir depuis seize ans et non quarante-six.

78. Vous êtes au pouvoir depuis seize ans, ma question est : allez-vous y rester encore et encore ?

Le Président al-Assad : S’il s’agit de mon poste, vous devez interroger le peuple syrien. S’il ne veut pas de moi, je dois partir de suite, aujourd’hui même. S’il veut de moi, je dois rester. Cela dépend de lui. Je veux dire que je ne peux pas rester contre sa volonté ; auquel cas, je ne peux pas continuer, je ne peux pas réussir. Je n’ai pas l’intention de ne pas réussir.

79. Comment pensez-vous que l’Histoire se souviendra de vous ?

Le Président al-Assad : Comment j’espère que l’Histoire se souviendra de moi ? Je ne peux pas le prédire, je ne suis pas devin. J’espère que l’Histoire me verra comme l’homme qui a protégé son pays du terrorisme, de l’ingérence, a sauvé sa souveraineté et l’intégrité de son territoire.

OB : Lisez bien, c’est important, nous y reviendrons…

80. Parce que vous savez que le premier jet qu’a retenu l’Histoire dit que vous êtes un dictateur brutal, un homme avec du sang sur vos mains et même plus de sang que votre père.

Le Président al-Assad : Non. Une fois de plus je donnerai cet exemple du médecin qui coupe un bras gangréné pour sauver le patient. Vous ne dites pas de lui qu’il est médecin brutal. Il fait son travail pour sauver le reste du corps. Par conséquent, lorsque vous protégez votre pays des terroristes, lorsque vous tuez des terroristes et que vous défaites des terroristes, vous n’êtes pas brutal, vous êtes un patriote. Voilà comment vous vous voyez et voilà comment le peuple veut vous voir.

81. Et voilà comment vous vous voyez ? Comme un patriote ?

Le Président al-Assad : Je ne peux pas être objectif sur moi-même. Le plus important est de savoir comment les Syriens me voient. C’est là une opinion vraie et objective, non ma propre opinion.

Bill Neely : Monsieur le Président, merci beaucoup pour avoir répondu aux questions de NBC et d’avoir pris le temps de vous entretenir avec moi. Merci beaucoup.

Le Président al-Assad : Merci à vous.

Docteur Bachar al-Assad

Président de la République arabe syrienne

14/ 07/ 2016

Sources : SANA / NBC News

Texte intégral de l’entrevue en anglais http://sana.sy/en/?p=82569

Vidéo NBC news http://www.nbcnews.com/nightly-news/video/watch-full-exclusive-interview-with-syrian-president-bashar-al-assad-724734019921

Traduit de l’anglais par Mouna Alno-Nakhal

 Source : Le Grand Soir, 22-07-2016

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Le Monde a fait un billet sur l’Interview :

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Je ne peux le commenter, car l’article ne parle que Marie Colvin, morte en 2012 dans un bombardement…

Idem pour France 24

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Mais Libération vous en fait un Résumé – je vous laisse juge de sa fidélité :

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Le président syrien a donné un entretien exclusif à la chaîne américaine. Selon le dirigeant, l’histoire se souviendra de lui comme d’un grand homme.

Le président syrien Bachar al-Assad a donné une interview «exclusive» à la chaîne américaine NBC. «Filmée par le service de presse de la présidence syrienne», prévient le présentateur. L’intégralité de l’entretien doit être diffusée ce jeudi sur la chaîne américaine, mais estdéjà visionnable sur Internet.

Interviewé par le journaliste britannique Bill Neely, qui a fait de nombreux reportages en Syrie, Al-Assad aborde le conflit qui ravage son pays depuis mars 2011, l’organisation Etat islamique et le Front al-Nusra, branche locale d’Al-Qaeda, l’élection présidentielle américaine, la diplomatie russe… Depuis le début de la révolte contre le régime de Damas, la guerre en Syrie a fait plus de 280 000 morts et jeté sur les routes des millions de personnes, provoquant une crise humanitaire majeure dans la région et en Europe. Neely n’hésite pas à confronter Bachar Al-Assad, toujours impassible, à ses crimes de guerre. Voici cinq morceaux choisis des quarante-cinq minutes d’entretien.

1. Des enfants tués par l’armée syrienne ? «Propagande et campagnes médiatiques»

Bachar al-Assad rejette catégoriquement avoir commis des atrocités, remettant en cause sans ciller la validité de toute preuve contre lui. L’utilisation d’armes chimiques ? «Personne n’a de preuves à ce sujet, seulement des photos sur Internet.» Des enfants tués ? «Propagande et campagnes médiatiques.» Des civils pris pour cibles ? «On n’a jamais attaqué une zone où il n’y avait pas de terroristes.» Pire : à la question de savoir comment l’histoire se souviendra de lui, Assad répond qu’il sera vu comme «l’homme qui a protégé son pays du terrorisme et des interventions, et qui a garanti la souveraineté et l’intégrité de ses terres».

«Vous savez qu’une première ébauche de l’histoire vous dépeint comme un dictateur brutal, un homme avec du sang sur les mains, même plus que votre père», reprend le journaliste. «Si vous avez un docteur qui coupe la main de son patient à cause de la gangrène pour le sauver, vous ne dites pas que le docteur est brutal, il fait son travail pour sauver le reste du corps, ose le président syrien. Donc quand vous protégez votre pays des terroristes, que vous tuez des terroristes et que vous les battez, vous n’êtes pas brutal, vous êtes un patriote.»

2. Poutine n’aurait «jamais» évoqué son départ avec lui

Bachar al-Assad soutient que son allié russe n’a «jamais» discuté avec lui d’une transition politique susceptible d’aboutir à son départ.«Jamais, parce que comme je l’ai dit, cette question revient au peuple syrien, affirme-t-il. Seul le peuple syrien peut dire qui sera président, quand celui-ci doit venir, quand il doit partir. [Les Russes] n’ont jamais dit un mot sur ça.»

Ces déclarations interviennent avant l’arrivée, ce jeudi à Moscou du secrétaire d’Etat américain, John Kerry, pour tenter de ressusciter le processus de paix en Syrie. La Russie et les Etats-Unis codirigent les efforts de la communauté internationale pour réunir autour d’une même table de négociations le régime d’Al-Assad et les groupes rebelles.

3. Al-Assad n’aurait besoin que de «quelques mois» pour reconquérir tout son pays

A la question du journaliste «combien de temps faudra-t-il pour reconquérir le pays ?» Bachar al-Assad remet la faute sur les alliés des rebelles syriens. «L’armée syrienne a beaucoup progressé récemment dans cette reconquête, affirme-t-il. Si les pays qui aident les terroristes[les rebelles, dans le langage d’Al-Assad, ndlr], comme la Turquie, l’Arabie Saoudite, le Qatar, mais aussi les Etats-unis et ses alliés, cessent de les aider, la reconquête ne nous prendrait que quelques mois.»

Le changement d’équilibre dans la guerre observé depuis l’an dernier a été, selon le Président, principalement le fait de l’aide de l’armée russe aux troupes du régime syrien. «Le soutien du gouvernement russe a fait pencher la balance en notre faveur, reconnaît-il. Cela a été un facteur crucial dans le changement d’équilibre entre les forces en présence.»

4. La journaliste Marie Colvin est «responsable» de sa mort

Au journaliste qui lui demande si la reporter américaine Marie Colvin, tuée dans un bombardement à Homs imputé au régime syrien en 2012, était «responsable de sa propre mort», Al-Assad répond : «Bien sûr.»Précisant qu’elle «était entrée illégalement en Syrie, [qu’]elle a travaillé avec les terroristes, […] et [qu’]elle est donc responsable de tout ce qu’il lui est arrivé».

Al-Assad a été interrogé sur ce sujet après le dépôt d’une plainte le 9 juillet contre le régime, aux Etats-Unis, par la famille de Marie Colvin. Elle l’accuse d’avoir tué «délibérément et avec préméditation» la reporter de 56 ans. Pour le Président, «personne ne sait si elle a été tuée par un missile, de quel type, et d’où il a pu être tiré. Personne n’a aucune preuve. Ce sont juste des allégations».

Selon la plainte de la famille, l’armée syrienne avait intercepté les communications de la journaliste du Sunday Times avant d’envoyer des bombes sur le lieu où elle se trouvait, un appartement transformé en centre de presse dans le quartier rebelle de Baba Amr, à Homs.

5. Aux Etats-Unis, personne n’a d’expérience en matière de politique étrangère

Pour Al-Assad, le manque d’expérience en politique internationale du candidat aux élections présidentielles américaines, Donald Trump, n’a rien d’étonnant. Il affirme que toutes les personnes qui ont travaillé récemment à la Maison Blanche n’avaient aucune expérience sur ces questions. Il interroge : «Qui avait de l’expérience avant ? Obama ? George Bush ? Ou Bill Clinton ? Aucun d’eux n’avait de l’expérience en la matière. C’est le problème avec les Etats-Unis.» Par contre, il reconnaît que ce manque d’expérience peut être dangereux pour les Etats-Unis,«comme pour n’importe quel pays».

SERVICE ETRANGER

Service “Étranger” au journalisme, clairement…

Source: http://www.les-crises.fr/entrevue-accordee-par-le-president-bachar-al-assad-a-la-chaine-americaine-nbc-news/


L’étrange cas d’un nazi devenu tueur à gages israélien… [Haaretz]

Monday 25 July 2016 at 00:36

Incroyable information issue du plus grand journal israelien…

Source : Haaretz, le 27/03/2016

Otto Skorzeny, l’une des meilleures recrues du Mossad, était un ancien lieutenant des Waffen-SS et l’un des SS préférés d’Hitler.

Otto Skorzeny | Credit: Wikimedia Commons / Kurt Alber

Otto Skorzeny | Credit: Wikimedia Commons / Kurt Alber

Le 11 septembre 1962, un savant allemand disparut. Les faits étaient simples : Heinz Krug s’était rendu à son travail mais il n’était jamais rentré chez lui.

La police de Munich disposait d’un seul élément important : les fréquents allers-retours de Krug au Caire. C’était l’un de ces dizaines d’experts nazis en fusées aux services desquels l’Égypte avait recours pour développer un armement sophistiqué.

HaBoker, journal israélien maintenant disparu, prétendit, de façon surprenante, avoir l’explication : les Égyptiens avaient kidnappé Krug pour l’empêcher de faire affaire avec Israël.

Par cette révélation un peu maladroite, cependant, Israël essayait de dissuader les enquêteurs de fouiller trop profondément pour élucider cette disparition, même si ceux-ci n’auraient jamais pu retrouver le savant de 49 ans.

Nous pouvons maintenant le révéler, en nous fondant sur des interviews avec d’anciens officiers du Mossad et avec des Israéliens qui ont accès aux archives secrètes de ce service depuis un demi-siècle, Krug a été assassiné pour intimider les chercheurs allemands qui travaillaient pour l’Égypte, et ce meurtre faisait partie d’un complot des services de renseignement israéliens.

En outre, la révélation la plus abasourdissante, c’est celle de l’identité de l’agent du Mossad qui a tiré les coups de feu mortels : Otto Skorzeny, l’une des meilleures recrues du service d’espionnage israélien, était un ancien lieutenant-colonel au sein de la Waffen-SS et l’un des chefs préférés d’Hitler. Le Führer, en effet, l’avait décoré de la médaille militaire la plus prestigieuse, la croix de chevalier de la croix de fer, pour avoir dirigé l’opération de sauvetage qui avait soustrait son ami Mussolini à ses ravisseurs.

Mais c’était avant. Dès 1962, selon nos sources — qui ne nous ont parlé que contre la promesse de ne pas voir leur identité révélée — Skorzeny avait un autre employeur. Le récit de la façon dont cela est arrivé est l’une des histoires les plus intéressantes, tenues secrètes à ce jour, des archives du Mossad, l’agence dont le nom entier, traduit de l’hébreu, signifie : « Institut pour le renseignement et les missions spéciales ».

Otto Skorzeny avec Mussolini qu'il vient de libérer - 12 septembre 1943. Credit: Wikimedia Commons /Toni Schneiders

Otto Skorzeny avec Mussolini qu’il vient de libérer – 12 septembre 1943. Credit: Wikimedia Commons /Toni Schneiders

Il faut, tout d’abord, pour comprendre cette histoire, savoir que le Mossad pensait devoir, en priorité, empêcher les chercheurs allemands qui collaboraient alors au programme de fusée de l’Égypte de continuer dans cette voie. Pendant plusieurs mois avant sa mort, en effet, Krug, tout comme d’autres Allemands qui travaillaient à la construction de fusées en Égypte, avait reçu des messages menaçants. Quand ils étaient en Allemagne, on leur téléphonait au milieu de la nuit, leur enjoignant d’abandonner le programme égyptien. Quand ils se trouvaient en Égypte, ils recevaient des lettres piégées et plusieurs d’entre eux avaient été blessés par ces explosions.

Krug, justement, était quasiment le premier sur la liste des cibles du Mossad.

Lors de la guerre qui s’était terminée 17 ans plus tôt, Krug faisait partie de l’équipe de superstars à Peenemünde, centre de recherche de l’armée, sur la côte de la mer Baltique, où des chercheurs allemands travaillaient pour Hitler et le troisième Reich. L’équipe, dirigée par Wernher von Braun, était fière d’avoir conçu les fusées qui, lors du Blitz, avaient presque vaincu l’Angleterre. Ils avaient de plus larges ambitions, et cela incluait des missiles qui pourraient avoir une beaucoup plus grande portée, une exactitude encore plus précise et un pouvoir de destruction plus important.

Selon les informations du Mossad, dix ans après la fin de la guerre, von Braun avait invité Krug et d’autres anciens collègues à le rejoindre en Amérique. Ce savant, dont le passé nazi avait été pratiquement gommé, dirigeait un programme de développement de missiles pour les États-Unis. Il était même devenu l’un des pères du programme d’exploration de l’espace de la NASA. Krug fit un autre choix, apparemment plus lucratif : il rejoignit en Égypte des chercheurs du groupe de Peenemünde, menés par le professeur allemand Wolfgang Pilz, qu’il admirait énormément. Ils allaient concevoir un programme de missiles secret pour ce pays arabe.

Selon les Israéliens, Krug ne pouvait pas ignorer qu’Israël, où tant de survivants de l’holocauste avaient trouvé refuge, était la cible visée par la capacité militaire de ses nouveaux maîtres. Pour un nazi convaincu, ce serait là une occasion de continuer la sinistre mission d’extermination des juifs.

Krug, cependant, était rendu fou par les coups de téléphone et les lettres de menaces. Ses collègues et lui savaient que les Israéliens en étaient à l’origine. C’était évident. En 1960, des agents israéliens avaient kidnappé, au fin fond de l’Argentine, Adolf Eichmann, l’un des principaux organisateurs de l’holocauste. Les Israéliens avaient, à la surprise générale, amené clandestinement ce nazi à Jérusalem, où il avait été jugé. Il avait été pendu le 31 mai 1962.

Que Krug songe que lui aussi, peut-être, allait se faire attraper par le Mossad n’était pas déraisonnable. C’est pour cela qu’il demanda de l’aide à un héros nazi, qui passait pour le meilleur des meilleurs au temps de la splendeur d’Hitler.

Otto Skorzeny (deuxième à partir de la gauche), 3 octobre 1943. Credit: Wikimedia Commons

Otto Skorzeny (deuxième à partir de la gauche), 3 octobre 1943. Credit: Wikimedia Commons

Le jour de sa disparition, selon de nouveaux renseignements émanant de sources dignes de foi, Krug quitta son bureau pour rencontrer Skorzeny, l’homme qui, d’après lui, serait son sauveur.

Skorzeny, qui avait alors 54 ans, n’était ni plus ni moins qu’une légende. Un soldat impétueux et inventif qui avait grandi en Autriche, célèbre pour sa longue balafre sur la joue gauche, conséquence d’une joute d’escrime un peu trop fougueuse dans sa jeunesse, et qui avait fini par devenir lieutenant-colonel dans la Waffen-SS. Grâce à ses exploits comme commandant de guérilla, il avait été remarqué par Hitler qui le voyait comme un homme capable de se surpasser au-delà de ce qu’on peut imaginer et que rien n’arrêtait dans l’accomplissement de sa mission.

Par ses exploits pendant la guerre, le colonel galvanisait les Allemands et inspirait aux ennemis de l’Allemagne un certain respect. Les renseignements militaires américain et britannique appelaient Skorzeny « l’homme le plus dangereux d’Europe ».

Krug contacta Skorzeny en espérant que ce grand héros, qui vivait alors en Espagne, arrive à trouver le moyen d’assurer la sécurité des chercheurs.

Les deux hommes se trouvaient dans la Mercedes blanche de Krug et s’éloignaient de Munich par le nord quand Skorzeny déclara qu’il avait recruté trois gardes du corps. Ils étaient juste dans la voiture derrière, dit-il, et ils allaient les accompagner dans un endroit sûr, dans la forêt, pour bavarder. C’est à ce moment et à cet endroit que Krug fut assassiné, sans avoir été mis en accusation ni condamné. L’homme qui appuya sur la détente n’était autre que le célèbre héros nazi. Les services d’espionnage israéliens avaient réussi à faire d’Otto Skorzeny un agent secret de l’État juif.

Après que Krug eut été tué, les trois israéliens versèrent de l’acide sur son corps, attendirent un moment avant de l’enterrer dans un trou qu’ils avaient creusé auparavant. Ils recouvrirent alors cette tombe improvisée de chaux vive, pour que les chiens policiers et les animaux sauvages ne flairent jamais la piste de restes humains.

La troïka qui avait coordonné cette exécution judiciaire était dirigée par un futur premier ministre, Yitzhak Shamir, qui était alors le chef de l’unité des opérations spéciales du Mossad. Il y avait aussi Zvi « Peter » Malkin, qui s’était attaqué à Eichmann en Argentine et qui, plus tard, allait se faire une place dans le monde de l’art en tant que peintre new-yorkais. C’est Yosef « Joe » Raanan, le responsable des services de renseignement en Allemagne, qui supervisait de loin l’opération. Tous trois avaient perdu de nombreux membres de leur famille lors de ce génocide barbare de 6 millions de juifs, étendu à tout un continent, qu’Eichmann, entre autres, avait organisé.

Otto Skorzeny (à gauche) et Adrian von Folkersam (à droite) à Budapest, 16 octobre 1944. Credit: Wikimedia Commons

Otto Skorzeny (à gauche) et Adrian von Folkersam (à droite) à Budapest, 16 octobre 1944. Credit: Wikimedia Commons

Israël avait des motivations claires en travaillant avec un homme comme Skorzeny, il s’agissait de se rapprocher autant que possible des nazis qui aidaient l’Égypte à fomenter un nouvel holocauste.

Les méthodes du Mossad pour protéger Israël et les juifs ne suivent pas de règles établies d’avance. Les espions de ce service ont fait fi des lois de beaucoup de pays, quand ils ont agi dans le but d’éliminer les ennemis d’Israël : les terroristes palestiniens, les chercheurs iraniens, et même un inventeur d’armement canadien, Gerald Bull, qui travaillait pour Saddam Hussein jusqu’à ce que quelques balles n’interrompent sa carrière, à Bruxelles, en 1990. Les agents du Mossad à Lillehammer, en Norvège, ont même tué un serveur marocain qu’on soupçonnait, à tort, d’être le cerveau derrière le massacre, en 1972, de 11 israéliens aux Jeux olympiques de Munich par le groupe terroriste Septembre noir. Ahmed Bouchikhi a été assassiné en 1973 alors qu’il sortait d’un cinéma, en compagnie de son épouse, qui était enceinte. Le gouvernement israélien a ensuite versé un dédommagement à sa veuve, sans toutefois admettre officiellement sa responsabilité. Cette mission bâclée a retardé d’autres exécutions du Mossad, mais elle n’y a pas mis fin.

Pour se rendre aux endroits imprévus où accomplir ces invraisemblables missions, le Mossad s’est parfois trouvé obligé d’avoir des associés peu ragoûtants. Quand les Israéliens devaient conclure des alliances à court terme, ils étaient prêts, comme dit le proverbe, à danser avec le diable si cela semblait nécessaire.

Mais pourquoi donc Skorzeny travaillait-il avec le Mossad ?

Il était né à Vienne, en juin 1908, dans une famille bourgeoise, fière que certains de ses membres aient servi dans l’armée de l’empire austro-hongrois. Depuis son tout jeune âge, il s’était montré intrépide, hardi et doué d’un talent certain pour inventer des fables emberlificotées qui lui permettaient de duper les autres. C’était là des caractéristiques essentielles pour un officier de commando en temps de guerre et sûrement aussi des qualités très appréciées par le Mossad.

Il avait adhéré à l’antenne autrichienne du parti nazi en 1931, alors qu’il avait 23 ans, il avait servi dans ses milices armées, les SA, et il adulait Hitler. Le Führer avait été élu chancelier en 1933 avant de s’emparer de l’Autriche en 1938. Quand il avait envahi la Pologne et que la Seconde Guerre mondiale avait éclaté, Skorzeny avait abandonné son entreprise de construction et s’était engagé non dans l’armée régulière, la Wehrmacht, mais dans la division SS Leibstandarte qui servait, en quelque sorte, de garde du corps à Hitler.

Dans des mémoires rédigés après la guerre, il a raconté ses années de service en qualité de SS comme s’il n’avait fait que voyager, sans quasiment jamais verser le sang, dans la Pologne, la Hollande et la France occupées. Ses activités ne pouvaient pas avoir été aussi anodines que son livre le laissait entendre. Il avait participé à des batailles en Russie et en Pologne et les Israéliens pensaient sûrement qu’il avait très probablement été impliqué dans l’extermination des juifs. Les Waffen-SS, après tout, n’étaient pas l’armée régulière, c’était le bras armé du parti nazi et de son plan génocidaire.

Otto Skorzeny, en Poméranie, rendant visite au 500ème bataillon de parachutistes, février 1945. Credit: Wikimedia Commons

Otto Skorzeny, en Poméranie, rendant visite au 500ème bataillon de parachutistes, février 1945. Credit: Wikimedia Commons

Sa mission la plus célèbre et la plus audacieuse, il l’avait accomplie en septembre 1943 à la tête de commandos qui volaient dans des planeurs dépourvus de moteurs pour aller porter secours, dans une station de montagne haut perchée, à l’ami et allié d’Hitler, le dictateur fasciste Mussolini, récemment déposé. Il l’avait enlevé à ses ravisseurs dans des conditions impossibles.

C’est cette équipée qui valut à Skorzeny sa promotion au grade de lieutenant-colonel et à celui de contrôleur opérationnel des forces spéciales d’Hitler. Le Führer le récompensa aussi par un tête-à-tête de plusieurs heures, en plus de la médaille de chevalier si convoitée. Cependant c’est loin d’être son seul exploit.

En septembre 1944, au moment où le dictateur de la Hongrie, l’amiral Miklos Horthy, un allié des nazis, allait demander la paix à la Russie alors que les puissances de l’Axe commençaient à s’effondrer, Skorzeny se rendit à Budapest, à la tête d’un contingent des Forces spéciales, pour kidnapper Horthy et remplacer son gouvernement par un régime à la ligne plus dure, celui du mouvement fasciste des croix fléchées qui, pour sa part, se mit à assassiner ou à déporter dans des camps de concentration des dizaines de milliers de juifs hongrois qui avaient jusque-là réussi à survivre.

En 1944 aussi, Skorzeny choisit 150 soldats, dont certains parlaient un anglais assez bon voire excellent, pour mettre en œuvre un plan hardi qui visait à repousser les Alliés après leur débarquement en Normandie, le jour J du débarquement. Les Alliés avançant sur le territoire français, Skorzeny fit endosser à ses hommes des uniformes étasuniens pris sur des prisonniers et leur fournit des tanks américains pour qu’ils attaquent et plongent dans la confusion les troupes alliées derrière leurs propres lignes.

Cette mystification, d’une grande hardiesse, à laquelle il faut ajouter le vol des biens des soldats américains, valut à Skorzeny, après la fin de la guerre, deux années d’interrogatoires, d’emprisonnement et de procès. Les juges militaires alliés finirent cependant par l’acquitter en 1947. Une fois de plus, il fut présenté dans les gros titres des journaux du monde entier comme l’homme le plus dangereux d’Europe. Il savoura sa célébrité et publia ses mémoires traduites dans de nombreuses langues et éditions, y compris celle des Greenhill Books « Skorzeny special missions: the autobiography of Hitler’s commando ace » (Les missions spéciales de Skorzeny : l’autobiographie du meilleur chef commando d’Hitler). Dans ses ouvrages, il brodait de façon hyperbolique sur la réalité des faits tout en minimisant incontestablement ses contacts avec les plus sanguinaires des dirigeants nazis. Il évoquait ses conversations avec Hitler en présentant le dictateur comme un stratège militaire bienveillant et prévenant.

Il y a cependant beaucoup de choses que Skorzeny n’a pas dévoilées, y compris la façon dont il a échappé aux autorités militaires américaines qui l’avaient retenu après son acquittement. Les procureurs réfléchissaient à sa mise en accusation devant les tribunaux de Nuremberg, mais il réussit à s’enfuir lors d’un transfert, grâce à l’aide présumée de soldats SS qui auraient endossé des uniformes de la police militaire américaine.

La fuite de Skorzeny aurait pu être facilitée aussi par l’organisation qui a précédé la CIA, le Bureau des services spéciaux, pour lequel il a un peu travaillé après la guerre. On peut noter qu’on lui a permis de s’installer en Espagne, un paradis pour les vétérans nazis, avec la protection du Généralissime Francisco Franco. Dans les années qui suivirent, il a collaboré, en tant que conseiller, avec le Président Peron d’Argentine et le gouvernement égyptien. C’est à cette époque qu’il s’est lié d’amitié avec les officiers égyptiens qui dirigeaient le programme des missiles et employaient des experts allemands.

Otto Skorzeny, témoin aux procès de Nuremberg, attendant dans une cellule, 24 novembre 1945. Credit: Wikimedia Commons

Otto Skorzeny, témoin aux procès de Nuremberg, attendant dans une cellule, 24 novembre 1945. Credit: Wikimedia Commons

En Israël, une équipe du Mossad se mit au travail pour trouver le lieu où il serait le plus facile de tuer Skorzeny. Le chef de l’agence, Isser Harel, avait toutefois un plan plus hardi. Au lieu de le tuer, il voulait l’attraper dans ses filets.

Les officiers du Mossad savaient depuis un certain temps que pour cibler les chercheurs allemands, ils avaient besoin d’un homme à l’intérieur du groupe ciblé. En fait, le Mossad avait besoin d’un nazi.

Les Israéliens ne trouveraient jamais un nazi en qui ils pourraient avoir confiance, mais ils pensaient à un nazi sur qui ils pourraient compter, quelqu’un de sérieux et de déterminé qui aurait, dans le passé, exécuté des plans risqués, et qui saurait garder des secrets. La décision, à première vue bizarre, de recruter Skorzeny ne fut pas facile à prendre, d’un point de vue personnel, cette tâche étant dévolue à Raanan, né lui aussi à Vienne, et qui avait échappé de peu à l’holocauste. Après que les nazis eurent envahi son pays en 1938, ce juif autrichien, qui s’appelait alors Kurt Weisman, fut envoyé, à l’âge de 16 ans, en Palestine. Sa mère et son frère cadet restèrent en Europe et périrent.

Comme beaucoup de juifs en Palestine, il rejoignit les rangs de l’armée britannique, dans l’espoir d’aider à renverser l’Allemagne, et il servit dans la Royal Air Force. Après la création de l’État d’Israël en 1948, il prit, comme beaucoup, un nom hébreu et, devenu Joe Raanan, il fit partie des premiers pilotes de la toute petite armée de l’air de cette nouvelle nation. Le jeune homme fut nommé rapidement commandant de base aéronautique et, plus tard, chef du renseignement de l’armée de l’air.

Le CV exceptionnel de Raanan, y compris son travail dans la RAF dans le service de la guerre psychologique, suffit à attirer l’attention de Harel, qui le recruta dans le Mossad en 1957. Quelques années plus tard, il fut envoyé en Allemagne pour y diriger les opérations secrètes avec ordre de se concentrer sur les savants allemands qui travaillaient en Égypte. Ainsi, c’est Raanan qui dut concevoir et commander l’opération destinée à établir un contact avec Skorzeny, le célèbre chef des commandos nazis.

L’espion israélien eut du mal à surmonter son dégoût, mais quand il lui en fut donné l’ordre, il rassembla une équipe qui partit en Espagne pour « collecter des renseignements avant d’agir. » Ses membres observèrent Skorzeny, sa villa, son bureau et ses habitudes quotidiennes. Il y avait avec eux une Allemande de 28-29 ans qui n’était pas un véritable agent à plein temps du Mossad, mais « une assistante ». On appelait ce genre de personnes en hébreu « saayani » si c’était une femme et « saayan » si c’était un homme. Cette jeune femme était, en quelque sorte, figurante dans un film pompeusement mélodramatique, jouant n’importe quel rôle demandé, une saayani faisant souvent semblant d’être la petite amie d’un combattant clandestin du Mossad.

Des rapports internes du Mossad révélèrent plus tard qu’elle s’appelait Anke, qu’elle était jolie, vive et aimait beaucoup flirter. Voilà qui était parfait pour le travail dont il s’agissait, on allait jouer au couple.

Un soir des premiers mois de 1962, Skorzeny, prospère, doué d’un certain charme viril en dépit de sa balafre, se trouvait dans un bar huppé de Madrid en compagnie de sa femme, nettement plus jeune que lui, Ilse von Finckenstein. Une vraie nazie à n’en pas douter, elle aussi : elle était la nièce de Hjalmar Schacht, le talentueux ministre des Finances d’Hitler.

Ils savouraient des cocktails et se détendaient quand le barman les présenta à un couple germanophone qu’il venait de servir. La femme était jolie et avait dans les 28-29 ans et son compagnon, un homme élégant, avait, lui, près de 40 ans. Ils dirent être des touristes allemands et évoquèrent l’histoire pénible qui leur était arrivée : on venait de les dépouiller complètement dans la rue.

Leur allemand était parfait, même si l’homme avait un léger accent autrichien, qui rappelait celui de Skorzeny. Ils donnèrent leur nom, de faux noms, il s’agissait, en fait, d’un agent du Mossad dont l’identité ne peut pas encore être révélée et son « assistante », Anke.

Ils prirent quelques verres de plus, puis on commença à flirter sans retenue, et la femme de Skorzeny ne tarda pas à inviter le jeune couple, qui avait tout perdu, argent, passeports et bagages, à passer la nuit dans leur somptueuse villa. Le charme des nouveaux-venus opérait de façon irrésistible, c’était comme si les deux couples étaient liés par un désir réciproque. Après qu’ils eurent pénétré dans la maison, toutefois, au moment crucial où ce flirt espiègle avait atteint le point où le moment semblait arrivé de passer à l’étape suivante, Skorzeny, cet hôte si charmant, braqua un révolver sur le jeune couple et déclara : « Je sais qui vous êtes et je sais pourquoi vous êtes là. Vous êtes des agents du Mossad et vous êtes venus pour me tuer. »

Le jeune couple ne broncha pas. L’homme déclara : « Vous avez à moitié raison. Nous sommes effectivement du Mossad mais si nous étions venus pour vous tuer, vous seriez mort depuis des semaines. »

« Ou peut-être, dit Skorzeny, c’est moi qui vais juste vous tuer. »

Anke intervint : « Si vous nous tuez, ceux qui nous suivent ne vont pas se donner la peine de prendre un verre avec vous. Vous ne verrez même pas leur visage avant qu’ils ne vous fassent sauter la cervelle. Nous vous demandons seulement de nous aider. »

Après une longue minute qui sembla une heure, Skorzeny, le révolver toujours braqué sur le jeune couple, demanda cependant : « Quel genre d’aide ? Vous avez besoin qu’on vous aide pour quelque chose ? » L’officier du Mossad, dont maintenant encore les collègues ne dévoilent pas l’identité, dit à Skorzeny qu’Israël avait besoin de renseignements et était prête à le payer grassement.

Le chef de commando préféré d’Hitler se tut quelques instants, réfléchit, et surprit l’israélien en disant : « L’argent ne m’intéresse pas, j’en ai suffisamment. »

L’homme du Mossad fut encore plus étonné d’entendre Skorzeny évoquer ce qu’il voulait réellement : « J’ai besoin que Wiesenthal enlève mon nom de sa liste. » Simon Wiesenthal, le célèbre chasseur de nazis basé à Rome, l’avait mis sur sa liste de criminels de guerre, mais voilà que l’accusé soutenait n’avoir commis aucun crime.

L’israélien ne croyait pas aux protestations d’innocence des officiers supérieurs nazis, mais le recrutement d’un espion exige des mensonges opportuns et des subterfuges. « O.K., dit-il, ce sera fait. On va s’en occuper. »

Skorzeny finit par baisser son arme et les deux hommes se serrèrent la main, l’agent du Mossad cachant son dégoût.

« Je savais que cette histoire à propos de l’attaque dont vous aviez été victime était fausse, dit Skorzeny, avec le sourire fanfaron d’un professionnel du renseignement. Je savais que c’était juste une couverture. »

L’étape suivante consista à le faire venir en Israël. Son agent traitant du Mossad, Raanan, organisa un voyage secret à Tel Aviv où Skorzeny fut présenté à Harel. Le nazi fut interrogé et reçut aussi des instructions et des recommandations plus spécifiques. Pendant cette visite, on fit visiter à Skorzeny Yad Vashem, le musée de Jérusalem, dédié à la mémoire des 6 millions de juifs victimes de l’holocauste. Le nazi resta silencieux et se conduisit avec respect. Il y eut un instant étrange quand un survivant de la guerre pointa son doigt en la direction de Skorzeny et le traita de « criminel de guerre ».

Raanan, excellent acteur comme se doivent d’être tous les espions, sourit à cet homme et répondit calmement : « Non, vous faites erreur. C’est un membre de ma famille, qui est lui-même un survivant des camps. »

Naturellement, beaucoup dans le renseignement israélien se posèrent des questions sur la réalité et l’apparente facilité du recrutement de ce célèbre soldat dévoué à son pays. Est-ce parce qu’il se souciait tant de son image qu’il avait exigé d’être rayé de la liste des criminels de guerre ? Skorzeny indiqua que se trouver sur la liste faisait de lui une cible. En coopérant avec le Mossad, il s’achetait une assurance-vie.

Le nouvel agent semblait donner des preuves de sa totale fiabilité. Comme les Israéliens le demandaient, il partit pour l’Égypte et dressa une liste détaillée des savants allemands et de leurs adresses.

Il fournit aussi les noms de nombreuses sociétés écrans européennes qui vendaient et livraient des composants destinés aux projets militaires de l’Égypte, comme la firme de Heinz Krug à Munich, Intra.

Raanan continua à être le responsable de l’opération contre les savants allemands, mais il réserva la tâche de rester en contact avec Skorzeny à deux de ses meilleurs agents, Rafi Eitan et Avraham Ahituv.

Rafi Eitam a été l’un des personnages les plus extraordinaires du renseignement israélien. Il a gagné le surnom « M. Kidnapping » pour son rôle dans l’enlèvement d’Eichmann et d’autres hommes recherchés par les agences de sécurité israéliennes. Il a aussi aidé Israël à se procurer ce qu’il fallait pour son programme nucléaire secret. Il a été au centre d’un scandale dans les années 80 en recrutant Jonathan Pollard, ce juif américain qui s’était mis à espionner le gouvernement de son pays.

Après une vie dans l’ombre, ce personnage, qui a surpris par son originalité, est devenu en 2006, à l’âge de 79 ans, député, à la tête d’un parti qui représente les personnes âgées.

« Oui, j’ai rencontré Skorzeny et j’ai été son agent traitant, » nous a-t-il confirmé récemment. Comme d’autres vétérans du Mossad, il a refusé de nous donner plus de détails de façon officielle.

Ahituv, né en Allemagne en 1930, s’est trouvé, lui aussi, impliqué dans de nombreuses opérations clandestines tout autour du monde. De 1974 à 1980, il a dirigé le service de sécurité intérieure, le Shin Bet, dont les archives recèlent aussi de nombreux secrets et qui a souvent mené des projets conjointement avec le Mossad.

Les agents du Mossad ont effectivement essayé de persuader Wiesenthal d’enlever Skorzeny de sa liste de criminels de guerre, mais le chasseur de nazis a refusé. Alors le Mossad, avec son chutzpah (toupet) habituel, a rédigé une fausse lettre, censée avoir été écrite par Wiesenthal et adressée à Skorzeny où il est spécifié que Skorzeny est disculpé.

Skorzeny a continué à surprendre les Israéliens par l’intensité de sa coopération. Pendant un voyage en Égypte, il a même envoyé par la poste des colis remplis d’explosifs, et une bombe fabriquée par des israéliens a tué cinq Égyptiens sur le site militaire consacré aux fusées, Factory 333, où travaillaient des savants allemands.

La campagne d’intimidation a été couronnée de succès : la plupart des Allemands ont quitté l’Égypte. Israël n’a cessé sa violence et ses menaces, toutefois, que lorsqu’une de ses équipes a été arrêtée en Suisse, en train d’exercer des pressions verbales sur la famille d’un savant allemand. Un homme du Mossad et un savant autrichien qui travaillait pour Israël ont été jugés. Par chance, le juge suisse a compris la peur d’Israël devant le programme de fusées égyptien. Les deux hommes ont été reconnus coupables d’avoir proféré des menaces, mais ils ont été remis aussitôt en liberté.

Le Premier ministre, David Ben Gourion, cependant, a conclu que toute cette publicité était désastreuse pour l’image d’Israël et surtout qu’elle pouvait nuire à un accord passé avec l’Allemagne de l’ouest pour des ventes d’armes.

Harel a envoyé sa lettre de démission, qu’à son extrême surprise, Ben Gourion a acceptée. Le nouveau directeur du Mossad, le commandant du renseignement de l’armée, le Général Meir Amit, a renoncé à poursuivre les nazis ou à les intimider.

Amit a « réveillé » Skorzeny au moins une fois encore. Le chef des services secrets voulait explorer la possibilité de négociations secrètes de paix et il a demandé au nazi payé par Israël d’organiser une rencontre avec un haut responsable égyptien, mais cela n’a rien donné.

Skorzeny n’a jamais expliqué les raisons exactes pour lesquelles il avait aidé Israël. Dans son autobiographie, on ne trouve ni le mot « Israël » ni même le mot « juif ». Certes il a eu l’assurance-vie qu’il cherchait, le Mossad ne l’a pas assassiné.

Il avait aussi un goût très prononcé pour l’aventure et l’idée de faire un travail secret avec des espions fascinants, même si c’était des juifs, devait agir comme un aimant pour l’homme à qui ses équipées risquées avaient valu la croix de fer décernée par Hitler. Skorzeny était tout à fait le genre d’homme que les tueries rajeunissaient et ragaillardissaient, du moins en avait-il l’impression.

Il est possible que les regrets et le besoin de rédemption aient aussi joué un rôle. Les psychologues du Mossad n’y croyaient pas, mais peut-être a-t-il regretté ce qu’il avait fait pendant la Seconde Guerre mondiale.

Sans doute a-t-il été motivé par la combinaison de tous ces facteurs et peut-être même d’autres, mais Otto Skorzeny a emporté son secret dans la tombe. Il est mort d’un cancer, à 67 ans, à Madrid, en juillet 1975.

Il a eu deux enterrements : l’un dans une église de la capitale espagnole et l’autre pour enterrer ses cendres dans la concession familiale à Vienne. Des dizaines de vétérans allemands et leurs épouses, qui n’ont pas hésité à faire le salut nazi et à entonner quelques-uns des chants préférés d’Hitler, ont assisté à ces deux cérémonies. Figuraient en bonne place quatorze des médailles de Skorzeny, sur la plupart desquelles on ne pouvait manquer de remarquer des croix gammées noires.

Au service de Madrid, il y avait un homme que, dans la foule, personne ne connaissait, mais qui, par habitude, essayait de cacher son visage autant qu’il le pouvait. C’était Joe Raanan qui, à cette époque, était devenu un homme d’affaires israélien prospère.

Ce n’est pas le Mossad qui avait envoyé Raanan aux obsèques de Skorzeny, c’est lui qui avait décidé de s’y rendre et à ses propres frais. C’était l’hommage personnel d’un soldat né en Autriche à un autre, et d’un vieil agent traitant au meilleur, mais plus méprisable, agent qui n’ait jamais été sous ses ordres.

Dan Raviv, un correspondant de CBS News à Washington, et le journaliste israélien Yossi Melman sont les co-auteurs de cinq livres qui traitent de l’espionnage israélien et des agences de sécurité.

Source : Haaretz, le 27/03/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/letrange-cas-dun-nazi-devenu-tueur-a-gages-israelien-haaretz/


Revue de presse du 24/07/2016

Sunday 24 July 2016 at 02:00

Dernière revue de presse francophone de la saison avant le repos des braves jusque septembre. Un grand merci à tous nos contributeurs. Chers lecteurs du blog profitez de l’été pour postuler via le formulaire de contact du blog et rejoindre à la rentrée notre équipe qui a toujours besoin de renforts !

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-24072016/


[Vidéo] Attentat de Nice – Responsables et coupables – L’analyse de François Asselineau

Sunday 24 July 2016 at 00:40

Bon, une fois n’est pas coutume, voici une analyse de nature plutôt politique. Elle est de bon sens, ça fait chaud au cœur d’entendre un dirigeant de parti la tenir – et rien n’explique d’ailleurs qu’elle n’ait pas été portée dans la plupart des partis, tant elle est justement de bon sens.

Je rappelle que ce blog ne soutient aucun parti, mais essaye de donner parfois la parole à ceux à qui les médias ne la donnent pas.

J’ai donc bien aimé la colère de François Asselineau, pleine de sincérité, et que je partage totalement.

Quand je pense que les médias & Co essaient d’assimiler l’UPR à l’extrême-droite (comme tout dissident notez), eh bien écoutez ceci, et comparez avec FN, LR et le PS – et on verra vite où sont les extrêmes…

Sinon, merci de ne pas troller les commentaires sur le thème “vive l’UPR” (conseil amical, je vous assure que vous donnez une très mauvaise image de votre parti partout avec ce genre de propagande so-1910…), on enlèvera. Restons-en au fond de l’analyse, merci.

Source : Youtube, UPR, 22-07-2016

Capture d’écran 2016-07-23 à 14.13.21

François Asselineau analyse les causes et les effets de l’attentat de Nice du 14 Juillet 2016, dans un entretien donné le 18 Juillet 2016.

00:09. Condoléances et rappel du communiqué du 15 juillet:
https://www.upr.fr/actualite/france/c…
01:25. Le lourd tribut payé par les musulmans et le mythe de la guerre “Islam contre occident”.
06:16. Amateurisme et irresponsabilité du gouvernement.
09:25. La politique agressive de l’OTAN et de l’UE: Lybie, Syrie, Soudan…
17:32. Le verrouillage de la démocratie et la déclaration stupéfiante de Ségolène Royale.
21:25. Pourquoi la société voulue par nos gouvernants produit des détraqués et des désespérés.
27:07. Les 1,3 millions de morts civils commis par l’OTAN représentent plus de 15000 fois l’attentat de Nice.
28:51. Les propositions et les engagements de l’UPR pour mettre fin au terrorisme.

Source : Youtube, UPR, 22-07-2016

Source: http://www.les-crises.fr/video-attentat-de-nice-responsables-et-coupables-lanalyse-de-francois-asselineau/


Erevan, une prise d’otages à la portée insoupçonnée, par Maxence V

Sunday 24 July 2016 at 00:01

Source : Maxence V correspondant indépendant à Erevan

Des policiers bloquent l’accès de la rue menant au bâtiment de police où se déroule une prise d’otages à Erevan, en Arménie, le 17 juillet 2016. PHOTO KAREN MINASYAN / AFP

Des policiers bloquent l’accès de la rue menant au bâtiment de police où se déroule une prise d’otages à Erevan, en Arménie, le 17 juillet 2016. PHOTO KAREN MINASYAN / AFP

Depuis six jours a lieu à Erevan, capitale de l’Arménie, une crise qui ne semble pas présenter la moindre solution. Aux origines de cette dernière, on retrouve un mécontentement populaire ardent face aux élites et oligarques du pays. Comment une simple prise d’otages pourrait amener à la chute d’un gouvernement dans la région du Caucase, voire à une série de bouleversements majeurs aux portes de l’Europe ?

Rappel des faits :

Le 17 juillet à 5h00 du matin, un groupe armée d’une trentaine de personnes a pris d’assaut une station de police du quartier de Erebouni, dans le sud de la ville. Un premier bilan se dresse alors : 1 mort, le policier Arthur Vanoyan, 4 blessés et 8 otages, parmi lesquels le chef adjoint de la police arménienne, Vartan Yeghiazaryan, et le numéro 2 de la police d’Erevan, Valeri Osipyan.

Dès les premières heures, le groupe a réclamé la libération de leur leader, Zhirayr Selifyan, et invité la population à s’emparer des rues pour manifester contre le gouvernement. Le groupe a également appelé à la destitution du président de la République Serzh Sargsiyan et la création d’un nouveau gouvernement.

Autre problème, la station de police dans laquelle se déroule cette prise d’otages est aussi l’un des plus grands dépôts d’armes du pays. Il a donc tout de suite été encerclé par les forces de l’ordre, et les routes d’accès menant à la station ont été immédiatement bloquées. Une vague d’arrestations sur tout le territoire arménien à suivi cet assaut, visant tour à tour des affiliés au groupe des preneurs d’otages, des manifestants et des suspects, souvent sans aucune preuve. Ces incarcérations ont provoqué l’indignation d’une large majorité de la population, et les protestations de beaucoup d’associations et activistes locaux.

Une médiation menée par le député de l’opposition Nikol Panisyan, à été mise en place, mais sans grand résultat. Dans les journées du 17 et du 18 Juillet, le groupe a libéré la moitié des otages, tout en rappelant que leurs exigences restaient inchangées. La grande popularité dont bénéficie l’opposant Zhirayr Selifyan, le mécontentement général envers le gouvernement actuel et la vague d’arrestations arbitraires ont eu comme résultat l’organisation de manifestations de masse dans les journées du 19 et du 20 Juillet. Celles-ci ont eu lieu en de multiples endroits de la capitale, avec à la clé l’édification de barricades à Erebouni la nuit du 21. Des affrontements physiques entre manifestants et policiers sont même survenus dans ce même quartier, ainsi que dans le centre- ville.

Aux racines de la crise

Les causes profondes de ces heurts et de cette prise do’tages ne sont pas locales, elle sont le résultat d’un mécontentement profond qui règne depuis plusieurs années au sein de la population. Elles se trouvent dans l’histoire récente du pays, une histoire où s’entremêlent une guerre territoriale pour le contrôle du Haut-Karabagh, région séparatiste arménienne revendiquée par l’Azerbaïdjan, l’insatisfaction de la population arménienne envers le gouvernement et les oligarques du pays (qui contrôlent l’ensemble de l’économie et des politiques du pays) et la corruption des institutions.

Le groupe armé à l’origine de cette nouvelle crise se fait appeler ”Sasna Dzrer”, du nom de l’un des plus célèbres poèmes épiques arméniens, où le protagoniste, David de Sassoun, défie le sens commun pour apporter un changement dans la société arménienne. Il est constitué en bonne partie de vétérans de la guerre du Haut-Karabagh, le conflit qui opposa les milices séparatistes arméniennes à l’armée d’Azerbaïdjan pour le contrôle de la région dans les années 90. Avec la victoire des Arméniens et la signature d’un cessez-l-feu en mai 1994, la région s’est auto-proclamée indépendante. Cependant aucun traité de paix n’a jamais été signé, avec comme résultat une guerre inachevée entre les Arméniens du Haut-Karabagh, supportés par l’Arménie, et l’Azerbaïdjan, qui revendique la région comme partie intégrante de son territoire. Les affrontements ayant régulièrement lieu tout au long de la frontière sont devenus de plus en plus fréquents ces dernières années.

Mais revenons à nos preneurs d’otages. Le groupe en question est affilié à l’organisation politique d’opposition ”Fondation parlementaire”, groupe extra-parlementaire très critique envers le gouvernement et qui s’oppose à tout accord avec l’Azerbaïdjan, et notamment au récent projet consistant à restituer une partie des territoires conquis suite à la victoire des séparatistes. Cette organisation est d’une certaine façon l’expression de la déception des vétérans du Haut-Karabagh envers la politique interne et régionale du gouvernement de Sargsyan. Une déception matérialisée politiquement par Sefilyan, leader et principale figure de référence de l’opposition au gouvernement. Son arrestation en Juin 2016, pour soupçon de fomenter une révolution armée, est, selon beaucoup de locaux, politiquement motivée, à l’image de l’arrestation de son frère, et des menaces physiques et verbales dont son victimes les sympathisants et les militants de son organisation.

Depuis que l’opposition a été achetée ou matée par le “parti républicain” du président Sargsyan, la société civile arménienne se noit dans une vie politique privée de pluralisme, voire même de binarité. Les récents affrontements dans le Haut-Karabagh survenus en Avril 2016 ont démontré l’inefficacité du gouvernement, et mis en évidence le retard logistique de l’armée arménienne, laquelle oppose aux armes de dernière génération des Azerbaïdjanais des armes obsolètes issues de l’époque soviétique. Le résultat de cette situation bien morose fut sans appel, soit la très forte progression de l’organisation politique de Salifyan auprès des jeunes, des vétérans de guerre et de leurs proches. Tous s’opposent farouchement aux projets du gouvernement qui, sous pression russe, envisage de faire des importantes concessions territoriales à l’Azerbaïdjan pour pouvoir en finir avec ce conflit latent.

Il faut donc voir dans les manifestations de ces derniers jours, non pas dans un support inconditionné et unanime au groupe, mais plutôt l’expression d’un malaise ancré au sein même de cette société arménienne qui ne trouve plus d’interlocuteurs et de moyens politiques pour pouvoir se faire entendre et exprimer sa défiance envers le gouvernement.

Cet assaut à la station de police d’Erebouni est donc vécue par une part importante de la population comme le reflet d’une profonde lassitude et de la perte de confiance envers un système, celui des institutions arménienne, qui ne cessent de se dégrader au profit d’une poignée d’oligarque et de fonctionnaire corrompus.

Des conséquences imprévisibles

Les pourparlers sont pour l’instant au point mort. En six jours, aucune déclaration officielle de la part du gouvernement n’a vu le jour, et les rumeurs parlent de l’arrivée du groupe « Alpha russe », une unité spéciale de police russe venue pour participer à l’assaut contre les insurgés. Une action qui ne sera pas facile vue l’expérience militaire des membres du groupe, et dont les conséquences sont imprévisibles tant sur la société civile que sur la politique interne et régionale.

L’Arménie, stricte alliée de la Russie, accueille des bases militaires à Gyumri, dans le nord du pays, à Erevan, dans le quartier de Erebouni, et dans les alentours de Meghi, au Sud du pays, près de la frontière avec l’Iran. Des soldats russes patrouillent également le long de la frontière avec la Turquie, fermée depuis le 1992 par les gouvernements turques en soutien à l’Azerbaïdjan, principal allié de la Turquie dans le Caucase. Une Russie qui essaie depuis longtemps d’entamer des accords de coopération économique et militaire avec le pays pour pouvoir l’intégrer dans sa sphère d’influence, et ainsi contrer, entre autres, l’alignement du voisin géorgien sur la politique extérieure des États-Unis.

Dans un contexte régional et interne aussi complexe, dont l’équilibre précaire semble un peu plus fragile de jour en jour, les conséquences d’un assaut la part des unités de police et du prolongement de ces manifestations d’ampleur semblent imprévisibles.

Une intervention qui se terminerait dans le sang pourrait bien déclencher une réaction en chaîne, provoquant à terme une sympathie populaire forte et grandissante envers les insurgés. La possibilité d’un changement de gouvernement violent, qui se déroulerait sans l’aval de la Russie, et sans répercussions sur le front azerbaïdjanais, semble aujourd’hui très difficile à imaginer.

Une situation délicate aux portes de l’Europe, qui, si elle devient critique, pourrait bien redistribuer de nombreuses cartes dans les mains des gouvernement et stratèges régionaux…

Maxence V. – Correspondant indépendant à Erevan

Source: http://www.les-crises.fr/erevan-une-prise-dotages-a-la-portee-insoupconnee-par-maxence-v/


15 Livres pour votre été…

Saturday 23 July 2016 at 02:28

Comme certains le demandent régulièrement, voici une petite sélection d’ouvrages recommandés, pour agrémenter votre été..

N’hésitez pas à en recommander vous-aussi en commentaires…

bibliotheque

I. Économie

1-1/ Dominer le monde ou sauver la planète ?, de Noam Chomsky

(voir aussi du même auteur : Deux heures de lucidité & Comprendre le pouvoir)

La politique actuelle de l’administration Bush sur la scène mondiale constitue-t-elle une rupture avec la position traditionnelle des États-Unis ? Pour Noam Chomsky – qui signe là son premier grand essai depuis une quinzaine d’années –, la Stratégie de sécurité nationale adoptée en 2002 a eu de nombreux précédents dans la pratique des administrations passées, tant républicaines que démocrates. Ce qui est vraiment nouveau, c’est que cette attitude n’est plus déniée mais revendiquée ouvertement.

Avec autant d’indignation que d’humour, Chomsky analyse le discours du projet américain, dont il souligne très efficacement l’illogisme et l’injustice. Hégémonie ou survie : tel est, selon Chomsky, le choix historique aujourd’hui, et nul ne sait quelle orientation va l’emporter.



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N.B. Pour ceux qui souhaitent, un lien direct pour acheter ces livres.
Par transparence, c’est le prix normal, mais 7 % seront reversés au blog – après vous l’achetez où vous voulez… 🙂

1-2/ La crise de trop – Reconstruction d’un monde failli, de Frédéric Lordon

(voir aussi du même auteur : Jusqu’à quand ?)

Alors même qu’elle n’a pas encore épuisé ses développements propres, la crise financière s’est déjà dépassée elle-même. Elle s’est dépassée économiquement en une récession meurtrière. Elle s’est dépassée politiquement car le dérèglement financier finit par apparaître pour ce qu’il est vraiment : le symptôme d’un dérèglement d’une tout autre nature et d’une tout autre échelle. C’est un modèle d’ensemble qu’une sorte de «catalyse par les points extrêmes» rend d’un coup visible, et surtout odieux. Comment la société a-t-elle pu tolérer si longtemps de tels niveaux d’inégalités ? Pourquoi a-t-il fallu atteindre le point d’obscénité de l’enrichissement de la finance pour produire enfin une mise en question ? Quelles forces ont oeuvré si longtemps à installer et défendre pareille configuration du capitalisme ?

Et aussi, maintenant, quelles sont les voies de sortie, à quelles transformations radicales faut-il procéder ? Le livre fait des propositions. De la refonte totale des structures bancaires en un «système socialisé du crédit» jusqu’au desserrement des deux contraintes qui écrasent le salariat – celle de la rentabilité actionnariale et celle de la concurrence internationale sans rivage -, il s’agit de saisir l’opportunité historique d’une «nouvelle donne», seule à même de dénouer une crise sociale extrême.



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1-3/ Quand le capitalisme perd la tête, de Joseph E. Stiglitz

Poursuivant le procès du libéralisme sans limites amorcé dans La Grande Désillusion, Joseph Stiglitz s’appuie cette fois sur son expérience de quatre ans en tant que conseiller économique principal du président Clinton pour répondre à une question centrale : comment, au tournant du troisième millénaire, est-on passé du prétendu ” triomphe ” du capitalisme à l’américaine – bien entendu surévalué et fondé sur des bases très incertaines, notamment l’effervescence boursière et tout ce qui s’ensuit (stock-options, tyrannie des actionnaires…) – à une chute retentissante ?

Avec une clarté de propos remarquable et une attention constante aux mécanismes économiques les plus concrets, l’auteur aborde le phénomène de la bulle spéculative, la vague des déréglementations aux Etats-Unis – en particulier dans le domaine des télécommunications – et leurs conséquences, ou encore les scandales comptables, à commencer par le premier et le plus retentissant : le cas Enron. Fort de ses observations, Stiglitz esquisse les grandes lignes d’un ” idéalisme démocratique “, vision d’avenir fondée sur un juste équilibre entre le marché et l’Etat, et sur des valeurs telles que la justice sociale (égalité des chances, priorité à l’emploi) ou encore le droit du citoyen à l’information.



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1-4/ L’horreur économique, de Viviane Forrester

Viviane Forrester, passionnée de littérature, férue de philosophie et de psychanalyse, a rencontré avec cet ouvrage un succès sans précédent. Dénonçant le culte de la rentabilité et la tyrannie du profit, l’auteur prend l’exact contre-pied de l’idéologie libérale qui prétend subordonner toute décision politique aux seuls impératifs de l’économie.
Ce livre révolté n’est cependant pas révolutionnaire. S’inspirant largement des analyses de Hannah Arendt qui annonçait déjà les dangers liés au dépérissement du politique, devenu l’instrument privilégié de l’ordre économique existant, l’auteur appelle de ses voeux un renouveau du débat démocratique. L’intérêt essentiel de ce best-seller, écrit avec talent et conviction, est de révéler l’ampleur du désastre humain induit par la démission des élites et l’apathie du citoyen.

Déploration vaine ou coup de colère salutaire, cet ouvrage s’inscrit résolument dans la tradition humaniste, stigmatisant la paresse et la lâcheté qui pérennisent l’injustice. Toute la question est de savoir si Viviane Forrester, après avoir été entendue, a des chances d’être écoutée.



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1-5/ Economix : la première histoire de l’économie en BD, de Dan E. Burr

Mêlant la bande dessinée avec des textes clairs et pleins d’humour, ce roman graphique transforme la « science obscure » de l’économie en une histoire amusante et accessible à tous.

Cette BD/document d’un nouveau genre explore trois siècles de pratiques économiques. Elle raconte la mondialisation, les grands penseurs, les impasses et les rebonds, l’impact des guerres, des changements climatiques ou des pénuries de ressources.

Clair et pédagogique, tout en images, avec l’humour en prime, Economix est indispensable dans toutes les bibliothèques. Comprendre l’économie, c’est maîtriser notre destin.



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[Bonus] Les faits sont têtus, d’Olivier Berruyer  🙂

Un réquisitoire contre la vision actuelle à court terme de la finance.

100 graphiques originaux, tout en couleurs, permettent de comprendre la crise dans laquelle nous sommes plongés et ce qui nous attend. L euro aggrave la crise au lieu de protéger l Europe.
Le compte à rebours de l éclatement de la monnaie unique a-t-il commencé ? Le maintien de l euro nécessiterait des transferts massifs entre nos pays, auxquels les peuples ne sont pas prêts.

Nous ne retrouverons pas la croissance des Trente Glorieuses. La croissance forte ne reviendra pas en Europe : depuis cinquante ans son rythme ne cesse de baisser jusqu à tendre vers zéro. Nos sociétés peuvent s adapter à une croissance très faible, mais cela exige des choix clairs. Ce livre les propose.

La facture de 40 ans de laxisme va être salée. Depuis 1974, pas un seul budget de l État n a été à l équilibre. Depuis 2008, les États ont pris des engagements démesurés. Les banques centrales ont inondé le secteur financier de liquidités. À l heure des comptes, il faudra choisir entre les contribuables (impôts) et les épargnants (restructuration ou inflation) pour régler la note.

UN LIVRE D’UNE RARE PÉDAGOGIE, LUCIDE, QUI TRACE DES SOLUTIONS POUR L’AVENIR.



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II. Propagande et Médias

2-1/ Propaganda, de Edward Bernays

“LE manuel classique de l’industrie des relations publiques “, selon Noam Chomsky. Véritable petite guide pratique écrit en 1928 par le neveu américain de Sigmund Freud, ce livre expose cyniquement et sans détour les grands principes de la manipulation mentale de masse ou de ce que Bernays appelait la ” fabrique du consentement “.

Comment imposer une nouvelle marque de lessive ? Comment faire élire un président ? Dans la logique des ” démocraties de marché “, ces questions se confondent. Bernays assume pleinement ce constat : les choix des masses étant déterminants, ceux qui viendront à les influencer détiendront réellement le pouvoir. La démocratie moderne implique une nouvelle forme de gouvernement, invisible : la propagande. Loin d’en faire la critique, l’auteur se propose d’en perfectionner et d’en systématiser les techniques à partir des acquis de la psychanalyse.

Un document édifiant où l’on apprend que la propagande politique au XXe siècle n’est pas née dans les régimes totalitaires mais au cœur même de la démocratie libérale américaine. Texte présenté par Norman Baillargeon, philosophe, professeur à l’université du Québec à Montréal et auteur d’un Petit cours d’autodéfense intellectuelle, paru chez Lux en 2007.



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2-2/ Les nouveaux chiens de garde, de Serge Halimi

Quel point commun y a-t-il, selon Serge Halimi, entre Michel Field, Claire Chazal, Alain Duhamel, Jean-Marie Cavada et PPDA ? La même révérence devant leur patron, les grands groupes tels Bouygues, Havas ou Matra-Hachette, la même révérence devant l’argent et le pouvoir politico-industriel, les mêmes pratiques. Maintenir à distance certains sujets pour mieux en matraquer d’autres, désinformer, moins par volonté de manipuler que par paresse et par reddition devant l’idéologie néolibérale dominante, c’est le credo des nouveaux chiens de garde. La collusion entre les intérêts des propriétaires de la presse française et le trust des trente journalistes qui en tiennent les rênes à coup de présence incessante, d’info-marchandise, de renvois d’ascenseurs et flagorneries de courtisans, sape l’indépendance des journalistes, fragilisés par la crainte du chômage.

“Des médias de plus en plus présents, des journalistes de plus en plus dociles, une information de plus en plus médiocre”, une sentence qui résume bien l’esprit de l’auteur qui, avec les résistants contre la pensée unique, hier Paul Nizan, aujourd’hui Chomsky, signe un plaidoyer lapidaire pour la dissidence intellectuelle.



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III. Politique

3-1/ 1984, de George Orwell

INDISPENSABLE

L’origine de 1984 est connue : militant de gauche violemment opposé à la dictature soviétique, George Orwell s’est inspiré de Staline pour en faire son “Big Brother”, figure du dictateur absolu et du fonctionnement de l’URSS des années trente pour dépeindre la société totalitaire ultime. Mais Orwell n’oublie pas de souligner que les super-puissances adverses sont elles aussi des dictatures…

Ce qui fait la force du roman, outre son thème, c’est la richesse des personnages, qu’il s’agisse du couple qui se forme, malgré la morale étroite du Parti, ou même du policier en chef qui traque les déviants, ex-opposant lui-même, passé dans les rangs du pouvoir… C’est aussi cette “novlangue”, affadie et trompeuse, destinée aux “proles”, et ces formules de propagande (“L’ignorance, c’est la force”) scandées par des foules fanatisées et manipulées.

1984 est un livre-phare, apologie de la liberté d’expression contre toutes les dérives, y compris celles des sociétés démocratiques.



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3-2/ Le Meilleur des mondes, de Aldous Huxley

Voici près d’un siècle, dans d’étourdissantes visions, Aldous Huxley imagine une civilisation future jusque dans ses rouages les plus surprenants : un État Mondial, parfaitement hiérarchisé, a cantonné les derniers humains sauvages dans des réserves. La culture in vitro des fœtus a engendré le règne des ” Alphas “, génétiquement déterminés à être l’élite dirigeante. Les castes inférieures, elles, sont conditionnées pour se satisfaire pleinement de leur sort. Dans cette société où le bonheur est loi, famille, monogamie, sentiments sont bannis. Le meilleur des mondes est possible. Aujourd’hui, il nous paraît même familier…



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3-3/ Après la Démocratie, de Emmanuel Todd

(voir aussi du même auteur : L’invention de la France : Atlas anthropologique et politique)

L’élection de Nicolas Sarkozy semble avoir placé la France en état d’apesanteur : cadeaux fiscaux aux plus riches, socialistes passés à droite, atlantisme, exhibitionnisme présidentiel, désignation de boucs émissaires immigrés ou musulmans, etc., etc. Dénoncer l’action de Nicolas Sarkozy ne suffit pas. C’est en partie grâce à ses défauts qu’il a été élu. Sous la diversité des symptômes, c’est d’une véritable crise de la démocratie qu’il s’agit. Pour la comprendre, il faut identifier, au présent et dans la longue durée de l’histoire, ces facteurs lourds que sont le vide religieux, la stagnation éducative, la nouvelle stratification sociale, l’impact destructeur du libre-échange, l’appauvrissement des classes moyennes, l’égarement des classes supérieures.

Emmanuel Todd ne ménage personne, dans aucun camp. Son approche permet de comprendre pourquoi la société française hésite entre ethnicisation et retour de la lutte des classes. Elle oblige à se demander si les hommes politiques, incapables de manipuler plus longtemps notre « démocratie d’opinion », ne vont pas devoir purement et simplement supprimer le suffrage universel. A moins que, cédant à la pression de la société, ils n’acceptent d’envisager une nouvelle politique économique, protectionniste à l’échelle européenne.



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IV. Histoire

4-1/ Une Histoire populaire des États-Unis de 1492 a nos jours, de Howard Zinn

Cette histoire des Etats-Unis présente le point de vue de ceux dont les manuels d’histoire parlent habituellement peu. L’auteur confronte avec minutie la version officielle et héroïque (de Christophe Colomb à George Walker Bush) aux témoignages des acteurs les plus modestes. Les Indiens, les esclaves en fuite, les soldats déserteurs, les jeunes ouvrières du textile, les syndicalistes, les GI du Vietnam, les activistes des années 1980-1990, tous, jusqu’aux victimes contemporaines de la politique intérieure et étrangère américaine, viennent ainsi battre en brèche la conception unanimiste de l’histoire officielle.



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4-2/ Un paradoxe français : Antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la Résistance, de Simon Epstein

Spécialiste de l’antisémitisme, Simon Epstein a constitué au fil des ans un socle informatif considérable sur les itinéraires contrastés de deux catégories de Français : ceux qui protestèrent contre le racisme et l’antisémitisme dans les années 1920 et 1930, avant de s’engager dans la Collaboration ; et ceux qui exprimèrent une hostilité ou un préjugé à l’égard des Juifs, puis qui se retrouvèrent, l’heure venue, dans la Résistance. Ce livre ne retrace ni l’histoire de l’antiracisme ni celle de l’antisémitisme ; il est l’histoire du passage de l’un à l’autre. Les principaux chefs de la Collaboration ont traversé, chacun à sa manière, une phase de dénonciation de la haine antijuive ; beaucoup furent même militants de la Ligue internationale contre l’antisémitisme (LICA). Réciproquement, de nombreux résistants, et non des moindres, sont originaires d’une extrême droite nationaliste qui, dans les années 1930, fut fertile en prises de positions hostiles aux Juifs. C’est ce phénomène paradoxal que Simon Epstein décrit puis analyse, en s’appliquant aussi à démonter l’occultation dont ces chassés-croisés, déroutants certes mais significatifs, ont fait l’objet dans les mémoires françaises.



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V. Divers

5-1/ TV Lobotomie : La vérité scientifique sur les effets de la télévision, de Michel Desmurget

Sophie, 2 ans, regarde la télé 1 heure par jour : cela double ses chances de présenter des troubles attentionnels. Kevin, 4 ans, regarde des programmes jeunesse violents : cela quadruple ses chances de présenter des troubles du comportement à l’école primaire. Lina, 15 ans, regarde des séries comme Desperate Housewives : cela triple ses chances de connaître une grossesse précoce non désirée. Entre 40 et 60 ans, Yves a regardé la télé 1 heure par jour : cela augmente d’un tiers ses chances de développer la maladie d’Alzheimer. Henri, 60 ans, regarde la télé 4 heures par jour. René, son jumeau, moitié moins. Henri a deux fois plus de chances de mourir d’un infarctus que René. Pour les spécialistes, il n’y a plus de doute, la télévision est un fléau. Son influence négative nous coûte en moyenne trois ans de vie.

«Le problème des intellectuels, c’est qu’ils reprochent à la télévision de n’être pas assez bonne. Ils sont suspects de vouloir mettre Arte sur toutes les chaînes et d’imposer leurs préférences culturelles à tout le monde. Pour ma part, je ne crois pas qu’il y ait une bonne ou une mauvaise télévision – je préfère qu’il n’y ait pas de télévision du tout.»
(Alexandre Lacroix, philosophe)

«Parce que les influences médiatiques sont subtiles, cumulatives, et qu’elles adviennent sur une longue période de temps, parents, pédiatres et éducateurs peuvent ne pas être conscients de leur impact.»
(Victor Strasburger, professeur de pédiatrie, école de Médecine, université de New Mexico)



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Source: http://www.les-crises.fr/livres-pour-votre-ete/