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« Brexit » : « Les déserteurs ne seront pas accueillis à bras ouverts », prévient M. Juncker

Sunday 22 May 2016 at 04:00

Merci Jean-Claude – je l’attendais depuis longtemps une telle sortie !

Un génie  🙂

Source : à lire sur Le Monde

mais tout est là :

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« Les “déserteurs” ne seront pas accueillis à bras ouverts », prévient Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, à un mois du référendum britannique sur le maintien, ou non, du Royaume-Uni dans l’Union européenne. « Si les Britanniques devaient dire non, ce que je n’espère pas, la vie communautaire ne continuerait pas comme avant. Le Royaume-Uni devra accepter d’être considéré comme un Etat tiers, que l’on ne caressera pas dans le sens du poil », explique M. Juncker dans un entretien au Monde.

En conséquence, gros tabac en Angleterre :

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Et là, on le coeur de la pensée d’un européiste bruxellois : comme ses précédentes interventions ont clairement renforcé le Non au référendum hollandais, il en conclut logiquement qu’il n’était pas allé assez loin dans ses menaces et son mépris, et il recommence donc, mais plus fort…

Un génie.

Source: http://www.les-crises.fr/brexit-les-deserteurs-ne-seront-pas-accueillis-a-bras-ouverts-previent-m-juncker/


Censures, par Jacques Sapir

Sunday 22 May 2016 at 01:11

Source : Russeurope, Jacques Sapir, 11-05-2016

Le sectarisme a encore frappé (ou pas). Deux, parmi les « chefs » des « frondeurs », Benoît Hamon et Christian Paul, ont déclaré qu’il n’était pas question pour eux de voter une motion de censure « de droite ». La tentative de déposer une motion de censure « de gauche » ayant visiblement échoué, on devine que ces grands politiques (et leurs suiveurs) s’abstiendront. On ne sait ce qu’il y a de plus détestable dans cette attitude : le sectarisme ou l’hypocrisie. Sans doute les deux.

Du sectarisme en politique

Car, une motion de censure est un acte de défiance envers le gouvernement. Si l’on considère ce gouvernement comme « de gauche », la censure est de droite. Si l’on considère ce gouvernement comme « de droite », elle est de gauche. A partir du moment ou l’on veut voter une censure, c’est cela, et cela seul, qui compte. Qualifier une censure par les députés qui l’ont présentée n’est que pur sectarisme. Car, un acte politique ne prend sens que dans sa réalisation, et non dans son origine. Définir cet acte par qui en est l’origine est absurde, même si, dans le texte de cette motion les termes peuvent être clairement connotés. Au bout du compte, seul le résultat compte !

Mais, ajoutons que pour quelqu’un se disant « de gauche », c’est même une double absurdité que de qualifier un acte par son origine. Non seulement c’est oublier qu’en politique la dynamique d’un acte est primordiale mais en plus c’est sacrifier à un « mythe de l’origine » comme n’importe quel militant identitaire. C’est donc montrer au grand jour que son sectarisme l’emporte sur les intérêts que l’on prétend défendre.

Or, les députés représentent la Nation. Ils doivent donc s’engager sur ce qu’ils pensent et non sur qui a présenté tel ou tel texte. Dans le cas présent, la loi El Khomri divise. On peut l’approuver comme on peut la rejeter. Mais, on aura toujours plus de considération pour qui aura assumé ses choix que pour qui aura laissé le sectarisme prendre le pas sur son choix.

De l’hypocrisie en politique

Mais, on peut ici craindre le pire, et ce pire s’appelle l’hypocrisie. Car, si le sectarisme est une plaie qui défigure l’action politique, l’hypocrisie, elle, en est tout simplement la négation. On peut reprocher à un acteur politique ses erreurs, mais on ne peut lui pardonner l’hypocrisie.

Or, en prétendant défendre ses « valeurs » (et en oubliant qu’en politique on n’a que des principes) le député « frondeur » sait fort bien qu’il laisse passer la loi El Khomri qu’il prétend honnir. En se réfugiant derrière le discours sur une motion de censure « de gauche », il construit un argumentaire de justification qui lui permet d’expliquer son inaction en lui donnant les apparences de la morale. Certes, car Monsieur le « frondeur » a des certitudes, il est opposé à cette loi. Certes, il la trouve rétrograde, inadaptée aux problèmes posés, et fort dangereuse dans un contexte de chômage de masse. Mais il ne peut « en conscience » (très bon cela, coco, que d‘invoquer la conscience en un tel moment) voter une motion « de droite ». Et, comme il sait fort bien que le dépôt d’une motion « de gauche » est plus qu’hasardeux, cela va donc aboutir à ce qu’il ne vote aucune motion de censure. Le tour est joué, mais dans la honte et l’ignominie. Cette même personne va, ensuite, s’étonner du discrédit dont souffrent les partis politiques traditionnels, sans même voir que son propre comportement est à l’origine du dit discrédit.2222

Tout est donc dit sur les « frondeurs », sur leur sectarisme, leur hypocrisie et leur lâcheté, sur ce qu’ils sont et ceux qu’ils ne représentent pas. Ajoutons, cependant, que le sectarisme et l’hypocrisie ne se manifestent pas seulement au Parlement. Car, ce sont ces deux maux qui sont aussi à l’œuvre au sein du mouvement social, et en particulier sur la question de l’Euro. On se souvient de ceux qui, n’est-ce pas Fréderic Lordon, défendaient une sortie « de gauche » de l’Euro. Comme si cela avait un sens…Assurément, il y aura débat sur la politique à mettre en place après la sortie de l’Euro, et cette politique pourra être « de gauche » ou « de droite ». Mais, pour que ce débat ait lieu, il faudra d’abord être sortie de l’Euro, et cela n’est ni de gauche, ni de droite. On est pour ou l’on est contre, mais ici aussi, comme sur la question du vote de la censure, vouloir faire parade de sa gauchitude comme pourrait le dire une ministre que je ne nommerai pas, c’est tout simplement faire preuve d‘hypocrisie et donc de lâcheté.

Source : Russeurope, Jacques Sapir, 11-05-2016

Source: http://www.les-crises.fr/censures-par-jacques-sapir/


Les cinq méthodes de l’industrie pharmaceutique pour nous bourrer de médicaments inutiles, par Sarah Lefèvre

Sunday 22 May 2016 at 01:01

Très bonne enquête du site Reporterre, que je vous recommande

Source : Reporterre, Sarah Lefèvre, 10-02-2016

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L’industrie pharmaceutique va bien, très bien même. Grâce aux Français, leurs plus fidèles clients au monde, mais d’abord grâce à un intense et efficace travail de l’ombre auprès des autorités politiques et sanitaires et des médecins. Si la santé des laboratoires est renforcée par ces pratiques, ce n’est pas le cas de celle des patients.

Au concours des consommateurs du comprimé, les Français figurent toujours sur la première marche du podium. En moyenne : quatre comprimés avalés par jour pour l’ensemble de la population et une facture de 34 milliards d’euros en 2014. Soit 2,7 % de plus que l’année précédente, dont 20 milliards pris en charge par la Caisse nationale d’assurance maladie. Parallèlement, l’industrie pharmaceutique s’affirme comme la plus rentable au monde et elle ne cesse de progresser : 639 milliards d’euros de chiffres d’affaires global pour le secteur en 2013, en croissance de 4,5 % par rapport à 2012. Il y a 10 ans, un rapport de la Chambre des Communes anglaises sur l’industrie pharmaceutique concluait : « Elle est maintenant hors de tout contrôle. Ses tentacules s’infiltrent à tous les niveaux » (texte en bas de cet article). Le constat est-il toujours d’actualité ? Comment s’y prend-elle, dans quelles strates se fond-elle pour maintenir notre dépendance et commercialiser toujours plus de nouvelles molécules ?

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Tout commence par le cabinet du médecin traitant : le principe concurrentiel de la médecine libérale et payée à l’acte implique la notion de satisfaction. Claude Malhuret, sénateur UMP, a proposé plusieurs amendements en faveur de l’indépendance du corps médical face au lobby pharmaceutique lors du vote de la loi santé. « Les médecins sont prêts à tout pour garder leurs patients. Alors ils répondent à leurs demandes. Les somnifères, les benzodiazépines[anxiolytiques]… C’est un scandale, ça tue les vieux ! C’est normal, quand on est vieux, de ne dormir que cinq heures par nuit. Tous ceux qui en prennent à long terme – pas plus de six semaines normalement – sont finalement dépendants et subissent un déficit cognitif d’autant plus fort qu’ils sont âgés. » Dans ce système régi par la rentabilité et la réponse aux besoins immédiats du patient, pas le temps de s’intéresser en profondeur aux origines des troubles du sommeil ou d’une dépression, comme l’explique Jean-Sébastien Borde, président du Formindep, collectif de médecins qui œuvre pour une formation indépendante. « Nous sommes parmi les champions du monde de la consommation des anxiolytiques. Or l’accompagnement de ces pathologies prend du temps si l’on veut comprendre ce qu’il se passe, tandis que la prise d’un médicament va soulager automatiquement. C’est la conjonction d’un manque de praticiens et d’un nombre de consultations très élevé pour chacun qui conduit à ces prescriptions très importantes. »

 1. Manipuler le baromètre thérapeutique

Cette surconsommation de médicaments est encouragée par les labos. Première technique : modifier le seuil à partir duquel le médecin doit prescrire. Prenons l’exemple de l’hypertension, à l’origine de troubles cardiovasculaires, qui représente la moitié du marché médicamenteux de la cardiologie, selon Philippe Even, ex-président de l’institut Necker [1] et fervent militant anticorruption. « L’industrie, puis les agences de santé et les médecins ont redéfini l’hypertension à 14, contre 16 auparavant. Alors que la tension moyenne de la population se situe aux alentours de 13. Ça a l’air de rien comme ça, je n’arrive pas à réveiller les gens à ce sujet, mais qu’est-ce que cela signifie ? » Le professeur émet un bref silence avant de hausser le ton. « Cela veut dire quadrupler le marché des antihypertenseurs, parce qu’il y a quatre fois plus de gens qui ont une tension entre 14 et 16 ! »

2. À nouvelles maladies, nouveaux marchés

Autre tendance, la transformation de facteurs de risque en maladies. Exemple phare : le cholestérol, « notre ennemi à tous ». Parmi les traitements « blockbusters », le Crestor, du laboratoire Astrazeneca. Il est la troisième référence pharmaceutique la plus commercialisée au monde. Cette pilule anticholestérol fait partie de la famille des statines, prescrites à outrance et souvent à vie. « Cinq millions de gens sont traités avec des statines en France, explique Claude Malhuret. Contre un million seulement qui en auraient besoin. » Seules les personnes qui ont déjà eu un accident cardiovasculaire devraient en consommer, selon lui. Quid des quatre millions de personnes qui en prennent inutilement ? Les effets secondaires recensés sont lourds : insuffisance rénale, troubles musculaires, cognitifs, hépatiques, impuissance, myopathie, cataractes. Le sénateur enchérit : « Le jour où toutes ces personnes âgées qui consomment des statines et autres somnifères vont mourir d’un accident médicamenteux, personne ne va s’en occuper ou bien même s’en soucier. Elles seront mortes de vieillesse, comme tout le monde ! » 20.000 accidents dus à de mauvaises prescriptions sont recensés chaque année en France. Un chiffre sous-estimé selon Michèle Rivasi, députée européenne EELV« du fait des carences de notre système de pharmacovigilance ».

3. Chers visiteurs médicaux

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Une vigilance qui doit s’opposer à l’omniprésence du marketing. Les médecins sont quotidiennement sollicités par les visiteurs médicaux qui assurent la promotion des nouvelles molécules. « Les lobbies sont omniprésents dans les couloirs des hôpitaux, affirme Jean-Sébastien Borde, du Formindep. Or, le médicament prescrit par le spécialiste aura tendance ensuite à être prescrit par le généraliste à la sortie de l’hôpital. » Et cette promotion fonctionne à merveille, selon une étude de 2013 publiée dans Prescrire, la seule revue médicale indépendante en France. Les médecins qui reçoivent le plus de consultants ont les ordonnances les plus généreuses. Ces mêmes praticiens reçoivent plus de patients, pour des temps de consultation plus courts et lisent davantage de presse gratuite financée par les firmes elles-mêmes. Les visiteurs tentent d’instaurer « une relation amicale » avec les médecins et offrent petits-déjeuners ou déjeuners, proposent d’organiser le pot de départ des internes… 244.572.645 € : voici le montant total des cadeaux des firmes pharmaceutiques aux médecins entre janvier 2012 et juin 2014, recensés par le collectif Regards citoyens.

4. Séduire les leaders d’opinion

Les Key Opinion Leaders, alias KOL, ou leaders d’opinion, clés de voûte de la promotion des médicaments, interviennent en première ligne, avant et après l’autorisation de mise sur le marché (AMM) des médicaments. Ils sont rémunérés pour réaliser les essais cliniques, les valider puis prêcher la bonne parole durant les congrès de spécialistes, dont les déplacements, frais de bouche et hôtels sont pris en charge par les labos, pour eux comme pour leurs confrères présents sur place. En tant que chef du service de gériatrie à l’hôpital Pompidou, à Paris, Olivier Saint-Jean a le profil parfait. « Je suis un KOL négatif », affirme-t-il pourtant. Le professeur refuse de prescrire les seuls traitements « inutiles voire dangereux » qui existent aujourd’hui contre la maladie d’Alzheimer. « C’est complexe pour nous de dire : “Je n’ai rien à vous prescrire.” Mais à partir du moment où je me suis rendu compte que le traitement était dangereux pour les patients, j’ai basculé et j’ai dit à mes étudiants à l’université que cela ne marche pas. » En 2006, l’Inserm lui demande d’étudier de plus près les analyses de ces médicaments. Résultat : il démontre leur inutilité, et révèle qu’ils peuvent s’avérer toxiques pour des patients justement atteints de troubles de la mémoire. « Je me suis fait insulter par mes confrères, raconte-t-il. Certains, en lien avec les labos, disaient qu’il était criminel de dire que ces médicaments étaient inefficaces. » KOL négatif, donc non rentable, brebis égarée d’un star système qu’il décrit par ailleurs pour y avoir participé quand la recherche était encore teintée d’espoir.

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« Il y a trente ans, ces personnes âgées restaient dans les hospices et les fonds de salle des hôpitaux psychiatriques. Puis, les labos ont proposé des médicaments en parallèle de professionnels qui se bougeaient pour avoir une vraie reconnaissance de ces malades. J’ai eu des liens d’intérêts avec les labos à ce moment-là. On avait vraiment envie de faire mieux. Cela m’arrivait d’aller faire des formations à des médecins traitants et puis, c’est vrai que je repartais avec un chèque. Parfois réinjecté dans le service, parfois dans ma poche. » À l’heure où le montant des crédits alloués à la recherche ne cesse de baisser, de plus en plus de chefs de service, les « patrons », comme on les appelle, acceptent la manne des études diligentées par les labos.

Mais alors quelle différence y a t-il entre lien et conflit d’intérêts ? Claude Malhuret s’est battu au Sénat en 2015 lors du vote de la loi santé de Marisol Touraine pour imposer des amendements en faveur de plus de transparence entre les firmes et le corps médical. « Un laboratoire vous demande par exemple d’effectuer des recherches pour approfondir la compétence sur une pathologie. Vous réalisez cette étude, vous amenez donc des résultats et êtes rémunéré pour les services que vous avez rendus au laboratoire mais vous n’êtes pas en situation de conflit. Au contraire, il y a conflit d’intérêts lorsque, en échange d’une rémunération, vous apposez votre signature en bas d’une étude que vous n’avez pas pris le temps de suivre, de réaliser vous-même. » Ceux-ci sont une minorité insiste Philippe Even dans son dernier ouvrage Corruptions et crédulité en médecine : il identifie par exemple « les six cardiologues parisiens les plus liés à l’industrie ». Ce sont eux qui agissent ensuite auprès des autorités publiques, puis qui deviennent membres et présidents des agences de santé et livrent leurs recommandations au ministère pour les autorisations de mise sur le marché (AMM).

5. Contrôler les études et les consciences

Une fois l’AMM obtenue, une grosse machine en trois étapes se met en branle. La première est celle de la diffusion orale : « Il faut que des universitaires aillent de congrès en séminaires répandre la vérité sur la dernière merveille du monde qui vient d’arriver », raconte Philippe Even. Aux États-Unis, des médecins que l’on appelle les « Tour Doctors » passent des contrats d’orateurs avec les firmes.

C’est à ce moment-là que la presse s’en empare, c’est la deuxième phase. Les firmes s’arrangent alors pour faire signer les articles par les spécialistes des pays au plus fort potentiel de marché : États-Unis, Europe, Japon, Chine, Brésil. « Le plus souvent, ils lisent l’article écrit par des sous-traitants de l’industrie et le signent », poursuit l’auteur de Corruption et crédulité en médecine. Nos consultants ou leaders d’opinion ont ensuite la charge de répercuter la promotion dans leurs pays respectifs, dans les journaux locaux, sur les plateaux télé. « Et alors de nombreux journaux, même réputés, tombent dans le panneau : “Un expert mondialement reconnu”, lit-on dans Le Monde ou dans Le Figaro, par exemple… Reconnu à l’intérieur du périph, oui ! » rit Philippe Even, avant de poursuivre. « Or, ces journaux, comme les journaux spécialisés ne vivent plus que grâce à la pub et donc à l’industrie. » D’ailleurs, quel secteur se porte encore mieux que l’industrie pharmaceutique ? Justement celui de ces journaux médicaux. « Alors que les firmes pharmaceutiques réalisent en moyenne 20 % de bénéfices par an, les organes de publication en réalisent 30 % ! » affirme le président de l’institut Necker.

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Dernière phase : le médicament doit être recommandé par les prescripteurs et les sociétés dites savantes, comme les fédérations de santé, qui sont des centaines en France. La fédération de cardiologie par exemple, celle de l’hypertension, la société d’athérosclérose, etc., financées par les laboratoires : « Elles émettent des recommandations officieuses. Pour les rendre officielles, la Haute Autorité de santé reprend les articles d’experts qui les ont rédigés pour les firmes. À travers ces trois étapes, les congrès, les journaux, les sociétés et agences de santé, on peut dire que les sociétés tiennent directement la plume des prescripteurs. »

Sur les 2.000 médicaments commercialisés (10.000 au total avec les copies), seuls « 200 sont utiles », selon Philippe Even. Michel Thomas, professeur en médecine interne [2] à Bobigny, va plus loin. Il a publié une étude en 2013 recensant 100 médicaments vraiment indispensables. « On considérait qu’il y avait beaucoup trop de consommation de médicaments en France et qu’il fallait se pencher sur l’essentiel. » Après validation auprès d’une centaine de médecins internistes français, la liste se réduit aujourd’hui à 85 références, hors traitements de maladies rares et anticancéreux, pour une prise en charge de « 95 % des pathologies de départ ». Michel Thomas attend avec impatience de voir si, comme prévu dans la loi de santé, une liste des médicaments « préférentiels » inspirés de la sienne verra le jour. « Le Leem, le syndicat des firmes pharmaceutiques en France, a fait une offensive lors de la discussion de cette loi pour tenter de l’interdire, mais cette proposition a retenu l’aval de l’Assemblée et du Sénat », se félicite-t-il. Reste à savoir quand et comment sera promulguée cette loi de santé, car, comme il le dit, « les décrets d’application peuvent tout changer ».


« L’INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE EST MAINTENANT HORS DE TOUTCONTRÔLE »

Voici un extrait d’un rapport de 2006 de la Chambre des Communes anglaise sur l’industrie pharmaceutique, dont les conclusions ont été reprises par l’ONU en 2008. Selon les médecins contactés, ce rapport est toujours valable.

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« L’industrie pharmaceutique trahit ses responsabilités à l’égard du public et des institutions. Les grandes firmes se sont de plus en plus focalisées sur le marketing, plus que sur la recherche, et elles exercent une influence omniprésente et persistante, non seulement sur la médecine et la recherche, mais sur les patients, les médias, les administrations, les agences de régulation et les politiques. (…) Elle s’est imbriquée dans tout le système, à tous les niveaux. C’est elle qui définit les programmes et la pratique médicale. Elle définit aussi les objectifs de recherche de médicaments sur d’autres priorités que celles de la santé publique, uniquement en fonction des marchés qu’elle peut s’ouvrir. Elle détermine non seulement ce qui est à rechercher, mais comment le rechercher et surtout comment les résultats en seront interprétés et publiés. Elle est maintenant hors de tout contrôle. Ses tentacules s’infiltrent à tous les niveaux. Il faut lui imposer de grands changements. »

Source : Reporterre, Sarah Lefèvre, 10-02-2016

Source: http://www.les-crises.fr/les-cinq-methodes-de-lindustrie-pharmaceutique-pour-nous-bourrer-de-medicaments-inutiles-par-sarah-lefevre/


Revue de presse internationale du 22/05/2016

Sunday 22 May 2016 at 00:01

Merci à nos contributeurs pour cette revue internationale. Bonne lecture.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-internationale-du-22052016/


Revue de presse du 21/05/2016

Saturday 21 May 2016 at 04:00

La revue de la semaine, et de la précédente… Merci à nos contributeurs. Bonne lecture !

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-21052016/


The Big Short, le casse du siècle

Saturday 21 May 2016 at 02:05

Comme je viens de le voir en DVD, je vous recommande hautement ce film, drôle et très éclairant sur la crise des Subprimes

Source : Le journal du geek, Elodie, 22-12-2015

The Big Short, réalisé par Adam McKay, dépeint comment l’intuition d’un ex-neurochirurgien devenu financier le fera parier gros sur les subprimes, ces prêts risqués octroyés à tour de bras, et préfigurera la crise immobilière américaine qui entraîna avec elle l’économie mondiale.

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La crise, on en entend parler depuis bientôt 10 ans maintenant, on en aurait presque oublié qu’elle vient des États-Unis et trouve son origine dans la crise des subprimes, du nom de ces emprunts risqués, pourris dirons d’autres, accordés allègrement car très lucratifs pour le préteur.

L’emprunteur quant à lui est attiré par des taux très bas… au départ. Divers montages financiers complexes cachent l’arbre et la forêt avec : en cas de défaut de paiement, la revente du bien doit rembourser le prêteur. Mais cela ne fonctionne qu’au sein d’un marché immobilier en croissance constante. Dans le cas inverse, c’est tout le château de cartes qui s’effondre. Et devinez ce qu’il s’est passé en 2007 ?

Bien avant que cette bulle immobilière n’éclate, en 2005 au centre de la finance mondiale, à Wall Street, un homme de la Deutsche Bank, ex-neurochirurgien borgne atteint du syndrome d’Asperger répondant au nom de Michael Burry (interprété par Christian Bale, parfait), trouve l’anguille sous le rocher et prend le risque, contre l’avis de tous, patron et investisseurs, de parier contre ces taux d’emprunts qui paraissent trop beaux pour être vrais et donc contre les banques qui les proposent, soit les plus grosses du pays.

Justement en langage financier, « parier contre » se dit « to short ». D’où le titre, The Big Short.

[Bon, le titre du film est tiré du livre éponyme de Michael Lewis, dont les livres The Blind Side: Evolution of a game et Moneyball: The Art of Winning an Unfair Game donneront également des films très remarqués (The Blind Side avec Sandra Bullock honoré d’un oscar pour son rôle et Le Stratège, déjà avec Brad Pitt et Jonah Hill)].

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Et en effet, le pari sera gros, mais Burry ne sera pas le seul à miser, anticiper la crise immobilière et parier contre le marché.

Jared Vennett (Ryan Gosling et sa moumoute noire en mode bichon) sent l’opportunité et entraîne avec lui un fonds d’investissement dirigé par Mark Baum (excellent Steve Carell), financier atypique puisque pourvu d’une conscience, d’abord réticent, puis finalement partant pour tenter l’aventure.

De jeunes entrepreneurs plein d’avenir et de bagout, créateur d’un fonds d’investissement amateur et qui veulent se faire une place au soleil prendront le train en marche, aidés par un ancien trader repenti et retraité, Ben Rickert interprété par Brad Pitt, également producteur du film.

Tous ensembles, mais chacun de leur côté, ils vont réaliser le casse du siècle, au nez et çà la barbe des banques les plus puissantes du monde, aveuglé par les rendements espérés.

Voilà pour la mise de départ. Quant au scénario, malgré une fin plus que prévisible puisque connue de tous, il est fou, bien ficelé, inimaginable et pourtant 100 % réel.

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Ce film réunit donc un casting 5* : Christian Bale, qui n’est jamais aussi excellent que lorsqu’il semble totalement possédé par ses personnages, Ryan Gosling, qui a plus de répliques que dans Drive et Only God forgives réunis (ce qui devrait contenter les haters… ou pas) et se révèle excellent dans son rôle de financier sans état d’âme qui martyrise son assistant. Gosling retrouve d’ailleurs son partenaire de Crazy Stupid Love, Steve Carell.

Depuis Foxcatcher, Carell dévoile une autre facette de son jeu qui n’est pas pour nous déplaire : déjà excellent avec la bande de Wil Ferrell ou dans 40 ans toujours puceau de Judd Apatow, Steve Carell nous prouve que les étiquettes ne sont faites que pour ceux qui les distribuent. Enfin, Brad Pitt en trader repenti et parano (à raison ?) enfile son costume avec aisance.

Adam McKay a réussi la prouesse de parler d’un sujet assez repoussant et rébarbatif, l’économie, et d’en faire un film riche, dense, palpitant, révoltant, énergique, cynique, loufoque et franchement réussi.

Le montage happe le spectateur dans un tourbillon pour ne l’éjecter sur son siège qu’au générique de fin, hébété et révolté par cette crise dont beaucoup annonçaient qu’elle signerait la fin du capitalisme tel qu’on l’avait connu…

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The Big Short est un thriller financier captivant aussi emporté que l’éclatement de la bulle immobilière fut retentissant et dévastateur. Pour ceux qui n’y connaissent rien à l’économie, aucun risque d’être perdu, le film s’offre des petites parenthèses où les termes techniques les plus compliqués sont expliqués par des stars qui réalisent des caméos savoureux (mention spéciale à Margot Robbie).

On reconnait là la patte de ce réalisateur habitué des comédies loufoques comme Anchorman (Présentateur vedette, la légende de Ron Burgundy), Frangins malgré euxAnt-manVery Bad Cops ou encore Ricky Bobby roi du circuit : les répliques fusent, le ton est enlevé et l’humour forcément (voire férocement) noir et cynique. À noter, une bande originale des plus soignées où se croisent Gorillaz, Gnarlz Barkley et Led Zeppelin.

The Big Short, c’est l’histoire d’une catastrophe annoncée qui semble devoir inlassablement se reproduire.

Source : Le journal du geek, Elodie, 22-12-2015

 

THE BIG SHORT : Le Casse du Siècle – Bande-annonce officielle (VF) [au cinéma le 23 décembre 2015]

Source : Youtube, 09-10-2015

Source : Youtube, 09-10-2015

Source: http://www.les-crises.fr/critique-the-big-short-le-casse-du-siecle/


Propagande de Guerre et médias mensonges ?, par Michel Collon

Saturday 21 May 2016 at 02:03

Source : Youtube, Thinkerview, 19-04-2016

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Interview de Michel Collon : Écrivain Journaliste indépendant, Belge.

 

Source : Youtube, Thinkerview, 19-04-2016

Source: https://www.les-crises.fr/propagande-de-guerre-et-medias-mensonge-par-michel-collon/


François-Bernard Huyghe : « On assiste à une hollywoodisation de l’information »

Saturday 21 May 2016 at 00:01

Source : Info Syrie, Louis Denghien , 23-06-2011

Unknown1Titulaire d’un doctorat d’Etat en sciences politiques et chercheur habilité en sciences de l’information et de la communication, François-Bernard Huyghe, né en 1951, est un spécialiste reconnu des médias et techniques de communication appliqués à la géopolitique et aux conflits qu’elle connaît comme aux idéologies qui structurent les affrontements internationaux, du terrorisme islamiste aux croisades du Nouvel Ordre mondial. Déjà à l’origine, via l’ouvrage éponyme (1987), du concept de « soft-idéologie », F.-B. Huyghe a créé plus récemment le néologisme « infostratégie » qui définit assez bien le champ de ses recherches et travaux dans les champs de l’intelligence économique, de la médiologie ou la polémologie. Ses compétences lui ont permis d’enseigner au Celsa de l’université Paris IV-Sorbonne, à l’université de Limoges et à l’Ecole de Guerre Economique ainsi que dans divers organismes d’analyse comme L’Institut de Relations internationales et stratégique (IRIS) où il est expert associé. F.-B.Huyghe a en outre créé l’Observatoire géostratégique de l’Information en Ligne. Il est également l’auteur ou le co-auteur d’une quinzaine d’ouvrages qui font référence.

Il a bien voulu nous donner son analyse de la situation en Syrie, et du traitement médiatique et politique qu’elle inspire, notamment en Occident. Et, par delà le cas de la Syrie, aborder la genèse et les manifestations de la désinformation made in USA (ou en Occident).

Dernier ouvrage paru : Les terroristes disent toujours ce qu’ils vont faire, avec Alain Bauer, P.U.F. 2010.

 

La désinformation a longtemps été considérée, chez nous, comme une réalité essentiellement soviétique. Quand commence-t-on à prendre conscience d’une désinformation « à l’occidentale » ?

-F.-B. Huygue : La désinformation soviétique était une désinformation de services secrets et s’exerçait via des supports classiques comme la presse écrite, ou les documents écrits – qu’on se souvienne par exemple des faux carnets secrets d’Hitler ; la désinformation occidentale a, bien sûr, toujours existé. On a en simplement réalisé toute l’ampleur avec la première guerre du Golfe où il y avait, via CNN, un monopole américain de la représentation du conflit : en bref, si les Irakiens voulaient se voir mourir, il fallait qu’ils regardent CNN. Les autorités américaines tenaient là leur revanche de la guerre du Viet Nam, où ils avaient, en quelque sorte, été trahis par leur propre presse, qui relayait à l’envi toutes les atrocités et bavures commises par l’armée américaine, et qui se livrait, dans les faits, à une véritable campagne de démoralisation de cette armée. Rien de tel en Irak où la presse a collaboré avec l’institution militaire, qui délivrait les accréditations aux journalistes « embeded » – intégrés aux unités militaires et littéralement commandés par les « communication officers« . On s’est vite rendu compte que l’énorme couverture médiatique de cette guerre n’a absolument pas empêché la floraison – et la diffusion mondiale – des bobards de guerre, comme le plus gros canon (irakien) du monde, la marée noire provoquée par Saddam, les bébés koweiti sous couveuse débranchés par les soldats irakiens, sans parle du statut flatteur de « quatrième armée du monde » décerné à l’unanimité de la presse occidentale aux troupes de Saddam Hussein. Au même moment – 1990-91 -, le bloc de l’Est s’effondre, ce qui donne à l’Ouest, et singulièrement aux Américains, le monopole de la désinformation d’échelle universelle.

Bien sûr, toutes ces manip’s ont été assez vite décelées, dénoncées, analysées ; j’ai moi-même participé à nombre de colloques où l’on s’est penché sur cette désinformation made in USA. Ce qui n’a pas empêché l’intox de se poursuivre, notamment lors de la deuxième guerre du Golfe en 2003 avec les fameuses et imaginaires « armes de destruction massive  » de Saddam. De toute façon, la désinformation, ça ne marche qu’a une seule et unique condition : si elle répond aux attentes du récepteur ; bref, la désinformation ne peut se faire qu’avec le consentement de l’opinion, qui n’a ni le temps ni l’envie de remettre en cause ses préjugés sur telle ou telle question. Et plus le public aura été préparé psychologiquement par les médias, plus il réagira comme le souhaitent les manipulateurs : on est donc là en présence d’un cercle assez vicieux.

La désinformation est, aujourd’hui et maintenant, essentiellement liée à ce que mon maître Régis Debray désigne comme « vidéosphére » : tout passe par l’oeil de la caméra qui a de plus en plus tendance à « scénariser » l’information, avec ce qu’il faut de drames, de « gentils » évidents et de « méchants » indéfendables. On assiste depuis vingt ans, sous l’influence des moyens et de l’idéologie des Américains, à une hollywoodisation de l’actualité, où l’Amérique et ses alliés sont, bien sûr, les bons et des gens comme Saddam Hussein, Milosevic, Ahmadinejad, Kadhafi – Poutine dans une certaine mesure – et, plus récemment, Bachar al-Assad sont les méchants de ce film.

Ce phénomène est porté encore par deux grands événements : d’abord la démocratisation de l’information par internet pour faire circuler, ou même fabriquer, de l’information, ou de la désinformation. Tout le monde peut se connecter à tout le monde en un  temps record. Ca peut donner les mots d’ordre et convocations à des manifs politiques lancés par de jeunes Tunisiens et Egyptiens sur Facebook et Twitter. Evidemment, l’impact du message d’un individu va être néanmoins fonction des moteurs de recherche, ou des communautés disposées à relayer ce message.

Ensuite il y a ce phénomène contemporain que j’appellerai le scepticisme de masse : s’il se passe par exemple un événement comme le 11 septembre, il peut se trouver beaucoup de gens pour nier sa réalité, parler de complot et de trucage. Cette négation, cette méfiance sont nourris par la désidéologisation, la fin des grands récits idéologiques (communisme, libéralisme triomphant), le discrédit des discours officiels. L’atomisation des sources de l’information – on n’est plus à l’époque où le 20 heures de Poivre d’Arvor était une grand-messe fédératrice de l’information – facilite les discours et interprétations dissidents : l’internaute est seul devant son écran, séparé du monde par lui et il peut, plus facilement, se fabriquer son propre univers, sa propre info.

On aurait pu croire que cette méfiance, cette prise de distance d’avec les vérités médiatiques assénées aurait un effet positif, dans le sens d’un meilleur esprit critique du citoyen, qui n’accepterait plus les bobards d’antan. Eh bien pas du tout ! Les bobards existent plus que jamais, et si d’aventure ils sont découverts, il est trop tard, comme en Irak. Et surtout, il existe une désinformation par le scepticisme : on nie les évidences, au profit de thèses conspirationnistes ou carrément fantaisistes, impliquant jusqu’aux extra-terrestres.

Et puis il y a internet, arme à double tranchant ; d’un côté on a, notamment aux Etats-Unis, des enquêteurs du web très consciencieux et sérieux : ce sont par exemple des internautes américains qui ont démonté la supercherie de la liesse populaire au moment du renversement de la statue de Saddam à Bagdad, en montrant les camions qui avaient acheminé la poignée de manifestants encadrés par les G.I.’s. Mais d’un autre côté, ce scepticisme de masse peut être exploité par une foultitude de complotistes et de détraqués pour qui, comme dans la série des X-Files, « la réalité est (forcément) ailleurs« .

Et puis, bien sûr, des puissances politiques ont intérêt à la désinformation. En cette ère de l’image, il est devenu essentiel de décrédibiliser les images fournies par le camp opposé. L’exemple qui me vient à l’esprit est celui de cet enfant palestinien tué dans les bras de son père par des balles israéliennes au cours de la seconde intifada ; cette image terrible est devenue une icône pour la cause palestinienne ; à tel point que des spécialistes des services israéliens se sont acharnés à la décrédibiliser en faisant une sorte de révisionnisme, en affirmant que les images de la mort de l’enfant ont été truquées en arguant de l’angle de tir, de la nationalité palestinienne du cameraman ayant filmé la scène, en parlant d’ombre impossible, etc.

La vérité devient d’autant plus difficile à cerner et à imposer que, dans un monde divisé et compliqué, il peut y avoir de vrais complots, de même qu’un paranoïaque peut faire l’objet d’une vraie persécution ! Et puis, circonstance aggravante de la confusion, on peut mentir pour une cause vraie ou justifiée : il y a certainement eu des bilans exagérés de morts du côté palestinien, il n’empêche que Tsahal tue des civils palestiniens et que la cause palestinienne est éminemment défendable.

-Voilà qui nous amène à la Syrie, avec cette histoire de lesbienne damascène persécutée par le pouvoir qui se révèle être un Américain barbu de 40 ans installé en Ecosse..

-FBH : Exactement, ce type en substance a expliqué qu’il avait menti, mais pour témoigner d’une réalité vraie ! On pourrait bien sûr parler de la fausse démission de l’ambassadeur de Syrie dont on a (mal) imité la voix. Et les fameux réseaux sociaux sont souvent des amplificateurs de trucages ou de fausses nouvelles. On ne peut pas dire que la corporation des blogueurs sorte renforcée de cette histoire. En ce qui concerne les journalistes professionnels qui répercutent ces montages, il faut dire à leur décharge relative qu’ils travaillent souvent dans des conditions d’urgence, avec des moyens limités, qui ne leur permettent pas de vérifier dans les délais voulus l’authenticité d’une nouvelle.

Mais, tout de même, il y a des ressorts idéologiques ou géopolitiques à la désinformation, en Syrie comme ailleurs…

-FBH : Bien sûr ! L’idéologie, c’est quand les réponses précèdent les questions, comme disait Althusser. L’idéologie, c’est une interprétation de la réalité, qui nous structure, et la vie serait probablement invivable sans idéologie. En Occident, la majorité des gens fonctionnent avec ce que j’ai pu appeler la « soft-idéologie », minimaliste car réduite aux droits de l’homme et à une liberté abstraite, et basée sur le principe qu’il n’existe pas d’alternative au système et à ses valeurs. Du coup, en Syrie, comme en Tunisie ou en Egypte, le consommateur d’infos occidental va spontanément se ranger du côté des manifestants luttant pour la « liberté », surtout si ces manifestants par leur côté jeune et branché ou au moins « démocrate » ont un air de parenté avec les Occidentaux, et que les régimes auxquels ils s’opposent paraissent dictatoriaux, archaïques ou au moins psychorigides. L’identification est d’autant plus facile chez l’internaute français ou anglais qu’il lui suffit d’un clic pour s’associer, sans trop de risque, au mouvement. Et puis on ne sait pas – et on ne réfléchit pas – au type de régime que pourraient mettre en place ces manifestants : il se peut, en Egypte comme en Tunisie – comme en Syrie aussi – que les insurgés portent finalement au pouvoir des islamistes du type Frères musulmans, pas vraiment « cools » d’un point de vue jeuniste occidental !

Mais si on objecte ça l’opinion dominante a tôt fait de vous faire passer pour un salaud soutien des dictateurs, ou désinformateur au service du Baas (par exemple), risque que je prends moi-même en ce moment en vous disant ceci sur votre site (rires). Mais encore une fois, on est confronté à un phénomène d’hollywoodisation de l’info, les blogueurs, mais aussi les médias »sérieux », étant de plus en plus dans le storytelling, la belle histoire avec une fin édifiante qui verrait la victoire des « gentils » sur les « méchants ». Et tant pis pour le manichéisme, le refus de la complexité du monde.

-Il y a aussi certainement chez les journalistes un tropisme du changement, une forme de « bougisme » appliqué à l’actualité internationale…

-FBH : Sans aucun doute. Mon ami le chercheur en médiologie Daniel Bougnoux a résumé le problème des médias par cette formule trinitaire : « l’argent-l’urgent-les gens ». L’argent, c’est l’exigence de la rentabilité et d’un bon taux d’audience ; l’urgent, c’est la disponibilité réduite, brève, de l’attention du public, et la brièveté croissante du délai d’enquête ou de vérification dont dispose le journaliste, dans un monde de concurrence exacerbée et accélérée ; les gens, c’est les journalistes, milieu réduit et fort différent, dans son mode de vie et ses opinions, du reste de la population : il y a une déformation globale et importante de la vision du monde et de la société qu’a la caste médiatique par rapport à celle de la population « moyenne ».

Pour en revenir à la Syrie, percevez-vous dans le traitement médiatique de l’actualité de ce pays des zones d’ombre, de la désinformation d’obédience ou d’origine américaine ? La version « standard » de manifestants à mains nues affrontant un pouvoir surarmé et brutal est-elle crédible ?

-FBH : Moi, je ne doute pas que le régime baasiste soit capable d’ordonner à sa police de tirer. Cela dit, il est évident que des questions se posent, et des remarques s’imposent. D’abord, c’est une révolte contre des chiites, ce qui fait bien l’affaire de certains pays, musulmans mais pas chiites, surtout quand des tentatives de déstabilisation de l’Iran ont fait long feu. Tout ça ne prouve pas que Damas soit victime d’un complot saoudien ou américain, mais il est permis de se poser des questions. Et puis il y a ce problème récurrent, en Occident, du « deux poids, deux mesures » : on s’indigne de la répression en Syrie, et on passe sous silence celle pratiquée au Bahrein par l’armée saoudienne qui a étouffé le mouvement populaire menaçant la dynastie alliée à Ryad (et à Washington).

-Que pensez-vous des affirmations du gouvernement syrien faisant état de la mort de militaires et policiers tués par des insurgés armés ? On a vu des cadavres en uniforme, à Jisr al-Choughour, dans le nord du pays…

-FBH : Il m’est difficile d’être affirmatif, chacun fait sa propagande. Maintenant il n’est pas du tout impossible que les troupes de Damas se soient heurtés à des insurgés armés islamistes. Et si groupes armés il y a, ils sont forcément soutenus par des puissances étrangères : mon père a été résistant, il recevait ses armes des Anglais ! Mais pour les médias occidentaux, il vaudra mieux – toujours dans le cadre du storytelling édifiant et politiquement correct – tourner l’objectif vers des civils jeunes et désarmés, plutôt que sur des barbus en armes. Dans le cas des soldats apparemment tués à Jisr al-Choughour, on se retrouve dans le cas de figure suivant : la méta-propagande occidentale dit que les images syriennes sont de la propagande ! Ca me rappelle tout à fait cet épisode de la guerre de l’OTAN contre la Serbie quand Milosevic a reçu Ibrahim Rugova, figure de proue des Albanais du Kosovo, et dont les médias occidentaux avaient fait une sorte de Gandhi balkanique. Quand la télévision serbe a diffusé les images de cet entretien, pourtant bien réel, entre le « Gandhi » albanais et l’ »Hitler » serbe, l’OTAN a décrété qu’il s’agissait d’un montage, Rugova étant certainement au fond d’une geôle serbe : toujours ce besoin de décrédibiliser les images de l’adversaire.

Il est vrai qu’il est de plus en plus difficile au citoyen-téléspectateur moyen de s’y retrouver, la confusion et les contradictions, sinon l’imposture, sont partout : regardez Barak Obama, que nos médias ont « vendu » comme un mix de John Kennedy et Martin Luther King, on lui a décerné le prix Nobel de la Paix, moyennant quoi il envoie 50 000 G.I.’s en Afghanistan, avant ensuite d’annoncer un début de retrait américain dès cet été. A propos de l’Afghanistan, tout le monde sait, à commencer par les militaires, que c’est une guerre perdue. Mais les Etats occidentaux continuent officiellement d’entretenir la fiction d’une mission démocratique difficile, certes, mais qui doit être poursuivie. Ca aussi c’est de la désinformation, ou de la fuite en avant.

Depuis le temps que vous travaillez sur les médias et les manipulations qu’ils peuvent relayer, n’êtes-vous pas découragé ? La vérité, ou la dénonciation du mensonge, enseignent-elles vraiment ? Il y a eu l’Irak (deux fois), la Serbie, l’Iran, la Côte d’Ivoire et, aujourd’hui, la Libye et la Syrie, pays qui ont en commun d’être ou d’avoir été en butte à l’hostilité occidentale et d’avoir suscité un discours officiel et unanimiste dans les médias, dont beaucoup des termes se sont avérés faux. Bref, la désinformation continue, en dépit des travaux et colloques, en dépit de la contre-information parfois disponible sur internet…

-FBH : Oui, la désinformation continue, parce que c’est une arme politique et géopolitique. En ce qui concerne les médias, on doit incriminer, comme je l’ai déjà dit, les exigences d’un métier confronté de plus en plus à la concurrence et à la rapidité ; on doit aussi pointer la paresse et le conformisme idéologique de nombre de journalistes. Au fond qui fabrique l’info, en matière de politique étrangère ? Il y a les conseillers de la Maison Blanche, les « spin doctors » qui donnent souvent le la aux chancelleries – et aux médias – occidentaux. Et parfois ces spin doctors n’agissent pas, ou pas seulement, pour la grandeur et la sécurité de l’empire américain : entre autres, le conseiller aux affaires étrangères du candidat républicain John MacCain était payé par les Georgiens, des alliés stratégiques de Washington dans le Caucase. Et Dick Cheney, l’éminence grise néoconservatrice de George Bush Jr, un des grands artisans de la guerre d’Irak, avait des intérêts dans les entreprises travaillant à la reconstruction du pays, après la chute de Saddam Hussein…

Reste que, en dépit de tous les moyens employés à faire passer le message officiel dans les opinions, les promoteurs de la propagande disons « occidentale » sont soumis aux aléas de la démocratie d’opinion sur laquelle ils s’appuient : en clair, les « croisés de la Vertu », en Libye, en Afghanistan ou ailleurs, ont des obligations de résultats rapides. Car l’opinion occidentale se lasse vite, et pratique, comme les journalistes d’ailleurs, le « zapping » géopolitique. Si Kadhafi tient encore deux ou trois mois, par exemple, que pourra faire la coalition ? Pour en revenir au dossier syrien, on est bien obligé de constater une absolue concordance entre les buts géostratégiques américains et les mots d’ordre, campagne de presse et discours qu’on nous assène, de laCôte d’Ivoire à la Syrie en passant par l’Iran, le Soudan ou la bande de Gaza.

-Une dernière question : quel pourrait être le prochain pays à susciter une désinformation ?

-FBH : L’Iran me paraît demeurer un bon « client » pour ça.

-François-Bernard Huyghe, nous vous remercions.

Source : Info Syrie, Louis Denghien 23-06-2011

Source: http://www.les-crises.fr/francois-bernard-huyghe-on-assiste-a-une-hollywoodisation-de-linformation/


Bruxelles confirme que la zone euro possède une politique économique : l’austérité, par Romaric Godin

Friday 20 May 2016 at 00:30

Source : La Tribune, Romaric Godin, 12/05/2016

ean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, avait promis de ne pas recourir à

ean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, avait promis de ne pas recourir à “l’austérité stupide”. Vraiment ? (Crédits : FRANCOIS LENOIR)

La Commission européenne envisage de sanctionner le Portugal et l’Espagne pour leurs politiques budgétaires. Une double décision risquée.
Le 2 février, devant le parlement européen, Jean-Claude Juncker affirmait que la Commission européenne ne « conduirait pas des politiques stupides d’austérité. » Mais, trois mois plus tard, il est bien difficile de croire à une telle promesse.  On l’a vu avec la Grèce. Lundi, l’Eurogroupe a demandé officiellement la mise en place d’un mécanisme d’austérité « automatique » pour atteindre l’objectif très ambitieux d’un excédent primaire de 3,5 % du PIB en 2018, le tout étant accompagné d’une nouvelle série de mesures de réductions de dépenses et de hausse d’impôt pour un montant global de 5,5 % du PIB hellénique.

Ce que Bruxelles compte faire

Mais les autorités européennes ne s’en tiennent pas à la seule Grèce. Selon les informations publiées sur les sites bruxellois Euractiv et Politico et dans le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, l’Espagne et le Portugal devraient faire face à de nouvelles exigences de Bruxelles sur le plan budgétaire. Le collège des commissaires mardi 10 mai se serait mis d’accord sur ce principe. Les budgets espagnols et portugais avaient été validés avec des réserves lors du semestre européen et la Commission estime désormais que les deux pays n’ont pas fait suffisamment d’efforts pour réduire leur déficit et le ramener dans les clous du « pacte de croissance et de stabilité » qui prévoit un déficit public inférieur à 3 % du PIB.

En théorie, Bruxelles pourrait proposer d’infliger aux deux pays des sanctions pécuniaires allant jusqu’à 0,2 % du PIB. Mais elle pourrait aussi décider de nouvelles mesures de correction, en donnant « une dernière chance » aux États concernés. Apparemment, la Commission n’a pas encore décidé de la voie à suivre. Mais une chose est certaine : selon les nouvelles règles européennes, le Conseil européen doit, pour « casser » la décision de la Commission disposer d’une majorité qualifiée deux deux tiers, ce qui donne beaucoup de poids à Bruxelles.

Le cas portugais

Le cas des deux pays est un peu différent. Au Portugal, le nouveau gouvernement socialiste soutenu par la gauche radicale arrivé au pouvoir en novembre avait proposé un budget revenant sur un certain nombre de mesures d’austérité, mais en théorie dans les clous des 3 %. En février, la Commission avait contesté ce budget en doutant des prévisions de croissance de l’économie portugaise puis, moyennant des mesures supplémentaires d’austérité, l’avait validé temporairement. Elle reprendrait aujourd’hui cette validation, considérant sans doute que l’application de l’austérité n’est pas suffisante.

Le cas espagnol

En Espagne, le gouvernement de Mariano Rajoy a accusé en 2015 un déficit budgétaire nettement supérieur aux attentes, 5,1 % du PIB contre 4,2 %. Le budget de 2016 qui prévoyait un retour à 2,8 % du PIB du déficit a, là aussi, été mis en doute par la Commission sur les prévisions de croissance, devient donc largement caduc. L’Espagne connaît un vide gouvernemental depuis les élections du 20 décembre et revotera le 26 juin. Il est donc difficile pour le gouvernement Rajoy de procéder à un collectif budgétaire. Pour le moment, les autorités espagnoles estiment pouvoir suivre la trajectoire budgétaire tracée, mais les Communautés autonomes (régions) contestent les réductions de dépenses qui leur sont imposées. Bruxelles estime, là aussi, que l’Espagne, n’en fait pas assez.

Renforcer la position de la Commission

Avec ces interventions inédites, la Commission a évidemment un but : montrer au parlement et au Conseil européen qu’elle ne fait pas preuve de « laxisme » dans sa surveillance budgétaire. C’est pour l’équipe de Jean-Claude Juncker un élément essentiel, car de nombreuses discussions sont en cours pour établir une nouvelle réforme de la zone euro et se doter notamment d’un « ministre des Finances de la zone euro » qui, comme l’avait proposé le ministre allemand Wolfgang Schäuble cet été, pourrait être chargé de la surveillance budgétaire des Etats membres à la place de la Commission. Bruxelles montre donc les muscles pour prouver qu’elle n’est pas laxiste et qu’on peut lui faire confiance pour faire rentrer les « mauvais élèves » dans les clous.

Une mauvaise lecture de la crise de la zone euro

Avec cette décision, qui va donc au-devant des désirs de certains Etats membres, la Commission confirme que, pour elle, la crise de la zone euro n’est que le fruit de « dérapages budgétaires » pour éviter sa répétition, il suffit de resserrer la surveillance et de sanctionner les récalcitrants. Chacun aura un budget bien géré et il n’y aura plus de crise. Ce schéma est abondamment défendu dans la presse allemande, notamment la Süddeutsche Zeitung. Or, il s’agit largement d’une réécriture de l’histoire. La crise de la zone euro est une seconde phase de la crise financière de 2008. Plusieurs économistes ont souligné que c’était l’endettement privé et le transfert de cet endettement vers le public qui était à l’origine de la crise. L’Espagne dégageait avant la crise des excédents budgétaires. D’autres ont aussi montré que les déficits publics étaient le fruit déséquilibres structurels au sein de la zone euro, les excédents des uns étant les déficits des autres, et de la politique agressive de réduction du coût du travail en Allemagne. Bref, un pacte de stabilité qui serait strictement appliqué ne serait nullement le gage de la prospérité et de la stabilité de la zone euro.

Une mauvaise réponse à la situation actuelle

La démarche est d’autant plus contestable qu’elle intervient dans un contexte délicat : la Commission vient de revoir à la baisse les prévisions de croissance des deux pays. Or, répondre à cet affaiblissement conjoncturel par de l’austérité est-elle en mesure d’inverser la tendance ? C’est évidemment le contraire qui risque de se produire. En menant des politiques déflationnistes, la Commission risque gros alors que la BCE ne parvient pas, malgré une politique de plus en plus agressive à redresser les perspectives d’inflation dans ces deux pays. Au Portugal, l’inflation est certes de positive en mars sur un an, mais elle est faible (0,5 %). En Espagne, les prix ont reculé sur un an de 0,7 % en mars. Sans vraies perspectives d’inflation, il sera difficile pour les États de se désendetter et les investissements resteront faibles. Pour désendetter un État, l’inflation est une méthode beaucoup plus efficace que la réduction rapide des déficits. Or, une réduction rapide des déficits ne peut que peser sur l’inflation en pesant sur la demande.

Risques élevés

Rappelons qu’en Espagne, l’ampleur de l’ajustement demandé est considérable, il est inédit depuis 2012. C’est donc bel et bien à une nouvelle cure d’austérité que l’on veut soumettre un pays qui se remet à peine de la crise (le PIB par habitant n’a pas retrouvé son niveau d’avant-crise), qui est menacé par la déflation et l’instabilité politique et qui reste soumis à un taux de chômage considérable. Au Portugal, le risque est encore plus élevé : une sanction du budget par la Commission pourrait conduire à une dégradation du pays par l’agence canadienne DBRS. Or, cette agence est la seule à conserver une notation « investissement » au Portugal. Si DBRS relègue le pays au rang d’obligation « pourrie », alors la BCE cessera de racheter des titres portugais. Les taux du pays s’envoleront et le Portugal devra accepter les conditions de la BCE pour bénéficier d’une dérogation. La Commission prend donc le risque de déclencher une attaque des marchés contre le Portugal.

La politique économique de la zone euro existe

Au final, la Commission prouve qu’il existe bien une politique économique dans la zone euro et que cette politique est l’austérité. Quel que soit le risque, Bruxelles continue à répondre par l’austérité aux défis auxquels la zone euro doit faire face. Pire même, la Commission fait en sorte que les pouvoirs politiques « rentrent dans le rang. » Car c’est bien de cela dont il s’agit : enfermer le futur gouvernement espagnol dans la réduction obligatoire des déficits (et, au passage, exclure toute coalition avec ceux qui refuserait cette réduction, ce qui conduit à interdire toute alliance à gauche) et faire chuter l’actuel gouvernement portugais sur l’exclusion du « QE » de la BCE, alors même que, désormais, le président de la République conservateur peut à nouveau dissoudre le parlement.

Sous couvert d’une application des « règles », qui se fait en réalité au cas par cas, la Commission vise bel et bien des objectifs politiques. Et confirme que l’austérité demeure la ligne politique officielle de la zone euro, alors que la politique budgétaire redevenait au niveau de la zone euro neutre pour la croissance. Ceci est logique compte tenu de l’architecture institutionnelle mise en place de 2011 à 2013 pour renforcer la surveillance budgétaire.  Si, dans les mois qui viennent, le contexte international se détériore à nouveau avec la hausse des taux étasuniens et un essoufflement chinois qui se confirme et si les gains de pouvoir d’achat des ménages dus à la baisse du prix de l’énergie se réduisent ou disparaissent, Bruxelles pourrait avoir commis une de ses plus grandes erreurs politique en ce printemps 2016. La Commission confirme en tout cas n’avoir rien retenu de ses erreurs passées.

 Source : La Tribune, Romaric Godin, 12/05/2016

Source: http://www.les-crises.fr/bruxelles-confirme-que-la-zone-euro-possede-une-politique-economique-lausterite-par-romaric-godin/


Arabie saoudite : « les positions de la France sont presque complètement alignées sur les nôtres »

Friday 20 May 2016 at 00:15

C’est bien de le dire…

Source : à lire sur Le Monde, Christophe Ayad, 10.05.2016

Propos recueillis par  Christophe Ayad

Le ministre des affaires étrangères Adel bin Ahmed Al-Jubeir parle à la presse après une réunion sur la Syrie au ministère des affaires étrangères à Paris. PHILIPPE LOPEZ / AFP

Le ministre des affaires étrangères Adel bin Ahmed Al-Jubeir parle à la presse après une réunion sur la Syrie au ministère des affaires étrangères à Paris. PHILIPPE LOPEZ / AFP

Venu participer, lundi 9 mai, à Paris, à la réunion des « affinitaires », qui regroupe les pays les plus proches de l’opposition syrienne, Adel Al-Jubeir, le ministre saoudien des affaires étrangères a répondu aux questions du Monde sur la crise syrienne, sur le différend avec l’Iran et sur les relations avec Washington et Paris.

[…]

Quel rôle jouent les Américains en Syrie ? Leur soutien à l’opposition ne semble pas très ferme. On les sent prêts à transiger sur le départ de Bachar Al-Assad…

Les Etats-Unis soutiennent l’opposition syrienne politiquement et militairement. La position américaine, présentée par le secrétaire d’Etat [John Kerry], est que Bachar doit partir. La question est « comment » et « quand » ? L’avantage d’une réunion [des « affinitaires »] est d’éviter les malentendus. Par exemple, je ne pense pas que les Américains aient donné leur feu vert à un cessez-le-feu excluant Alep, comme il a été dit.

Je juge les Américains à leurs actes, et ce que je vois est qu’ils continuent de livrer des armes à l’opposition syrienne.

Les Etats-Unis ont essayé de se coordonner avec Moscou pour déterminer les positions de la rébellion modérée, afin d’éviter les frappes aériennes russes. Cela n’a pas marché, les Russes ont continué de viser les modérés en prétendant viser les groupes terroristes, comme Daech [acronyme arabe du groupe Etat islamique] et le Front Al-Nosra. Il a pu y avoir des incompréhensions, des problèmes de communication, mais je ne crois pas que les Américains diffèrent tant que ça du reste du groupe [des « affinitaires »]. Je juge les Américains à leurs actes, et ce que je vois est qu’ils continuent de livrer des armes à l’opposition syrienne.

[…]

Y a-t-il un espoir de vous voir renouer les relations diplomatiques rompues avec l’Iran en janvier ?

Il suffit que l’Iran cesse de s’ingérer dans nos affaires, de tuer nos diplomates, de détruire nos ambassades, d’introduire des explosifs dans notre pays ou chez nos voisins. L’Iran doit arrêter d’exporter le sectarisme, d’envoyer ses troupes dans des pays où elles n’ont rien à faire, de former des milices comme le Hezbollah au Liban, et les houthistes au Yémen. […]

On reproche aussi à l’Arabie saoudite d’exporter un islam radical sous la forme de l’idéologie wahhabite.

Les gens disent que le wahhabisme et le terrorisme sont les deux faces d’une même médaille. C’est un cliché et c’est faux. Al-Qaida et Daech attaquent l’Arabie saoudite, ce sont nos ennemis. Nous avons mis en place des programmes de déradicalisation, nous avons passé au crible nos livres, nos mosquées, nos hommes de religion et nos fondations religieuses. L’année dernière, nous avons arrêté 700 personnes pour appartenance à Daech. Nos forces de sécurité meurent dans ces opérations. Penser que nous finançons et promouvons l’idéologie des gens qui veulent nous détruire est absurde.

C’est un peu plus compliqué que ça, hein..

Comment se fait-il que la relation franco-saoudienne n’ait jamais été aussi forte que sous François Hollande, un président socialiste ?

En 1990, François Mitterrand, un socialiste, a envoyé des troupes pour aider à libérer le Koweït. En 2003, Jacques Chirac, un conservateur modéré, a dit non aux Américains sur la guerre en Irak, comme nous. Le président de la France, quel qu’il soit, est important pour nous. La France a eu un rôle spécial au Levant et en Afrique du Nord. Nous avons avec elle des relations très fortes, commerciales, militaires, de sécurité, économiques. Ses positions, sur tous les sujets, Israël et la Palestine, le Liban, la Syrie, l’Iran, l’Irak, le Yémen, sont presque complètement alignées sur les nôtres.

Christophe Ayad

Source : à lire sur Le Monde, Christophe Ayad, 10.05.2016

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Source: http://www.les-crises.fr/arabie-saoudite-les-positions-de-la-france-sont-presque-completement-alignees-sur-les-notres/