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[Recommandé] Soutien à Paul Moreira – et commentaires

Sunday 31 January 2016 at 03:55

Soutien à Paul Moreira, par Olivier Berruyer

(posté aux bons soins d’Internet),

Monsieur Moreira,

je tenais à vous apporter ici publiquement mon soutien pour votre documentaire sur l’Ukraine.

Soutien de principe : contrairement aux féroces blogueurs ukrainiens, je n’ai guère d’avis dessus, puisque, tout comme eux d’ailleurs, je ne l’ai pas vu.

Ceci n’est guère gênant, car, contrairement aux calomnies, je ne défends nullement les Russes (avec qui je n’ai aucun lien direct ou indirect, pas plus qu’avec qui que ce soit à l’est de Bastia), j’ai juste longuement cherché à éclairer, modestement mais très longuement, ce dossier – auquel je ne connaissais rien au moment de Maïdan.

Je vous confie au passage qu’il est quand même très agaçant de se dire qu’on est bien obligé de passer du temps, soir et week-end, à s’occuper de ça sur son blog personnel, alors que, je le rappelle, je ne suis pas journaliste, et que c’est non seulement leur métier, mais qu’en plus il y a de fortes aides publiques.

Ce qui est bien normal, car il n’y a pas de Démocratie sans Journalisme de Qualité. Hélas, le Journalisme de Qualité est décédé dans l’indifférence générale dans les années 1970-1980, comme tant d’autres choses.

Par chance, vous faites cependant partie des quelques rares exceptions (hommage aussi ici au très grand Denis Robert), et, ayant apprécié plusieurs de vos reportages passés, je vous soutiens simplement parce que vous êtes un journaliste intègre, et que je sais que votre reportage sera très très au-dessus de la soupe qui nous a été servie depuis 2013.

Sans doute certains points me feront tiquer, mais on est alors dans le cadre du débat normal – Hubert Beuve-Méry disait fort justement «L’objectivité n’existe pas. L’honnêteté, oui ! »

Ce qui nous manque, après, c’est 10 Paul Moreira, faisant 10 reportages sur l’Ukraine, qui auront des axes différents, et nous permettraient de mieux cerner la complexité de la situation.

Vous vous demandez dans un des extraits, à propos de la narrative vendue par les médias, “Mais d’où me venait cette légère impression de m’être fait avoir ?

J’ai eu envie de vous répondre : “Mais n’est-ce pas tout simplement de l’habitude ?”

Car il faut quand même bien arriver à la triste conclusion qu’en matière de politique internationale, la malinformation est quand même la règle.

Bien entendu, elle se devine plus ou moins aisément suivant les cas, mais on peut identifier quelques cas où sa présence est quasi-certaine ; les plus flagrants sont ceux où il y a un fort enjeu en matière de ressources ou de géopolitique, a fortiori si la zone est un sujet de tension avec la Russie ou la Chine.

Sa présence se détecte alors immédiatement lorsque le sujet est présenté avec un manichéisme débilitant, “les gentils contre les méchants” (et, par chance, on soutient toujours les gentils !!!), “les démocrates contre le Dictateur”, dans nuance, sans présentation des enjeux, etc.

Le cas ukrainien est donc sur ce thème un cas d’école (qui ne sera évidemment jamais enseigné en école de journalisme. D’ailleurs, comment se fait-il que la plupart des jeunes journalistes que je croise n’ont entendu parler ni de la Charte de Munich, ni de Noam Chomsky ? Mais on apprend quoi dans une école de journalisme ?? Cela me rappelle cette si belle citation de Bertrand Russell : “Les hommes naissent ignorants mais non stupides. C’est l’éducation qui les rend stupides.”)

 

Ensuite, intervenant avec honnêteté sur un tel sujet, vous ne pouvez qu’être confronté à la horde des chiens de garde, qui font montre d’ailleurs du plus beau visage de la nouvelle “Ukraine Démocratique” depuis qu’on y a chassé l’ignoooble Président PRO-RUSSE corrompu. On ne notera pas qu’il avait été démocratiquement élu ni que presque tous les élus ukrainiens sont corrompus, et que le nouveau Président est un milliardaire qui a été son Ministre (tout comme celui du Président précédent, son adversaire….).

Quand au journaliste du Monde en charge de l’Ukraine que vous égratignez à raison, je me permets de vous rappeler que son prédécesseur en poste en 2013/2014, avec qui j’ai débattu à Arrêts sur Images (mémorable !), à déclaré dans la chaine vidéo du Monde, plus de 15 jours après les évènements, que les manifestants à Maïdan n’étaient pas armés !!!

Il fallait oser, non ? Le bilan officiel du nouveau pouvoir pour les forces de l’ordre est pourtant de 1130 policiers blessés dont 200 par balle dont 17 morts !!

Un commentateur d’@si a formidablement résumé notre débat avec humour :

Un de mes deux haut-parleurs m’ayant lâché dans le fracas des missiles sol-sol, je n’ai capté que l’argumentation de Piotr Smolar:

– Faut arrêter le délire! Vous êtes intoxiqué par la propagande russe.
– …
– Il est faux de dire que le gouvernement de Kiev est illégitime et qu’il est composé d’aventuriers et de fascistes.
– …
– Bon, d’accord, il y a quelques ultranationalistes néonazis, mais ils ne sont pas au pouvoir.
– …
– Oui, OK, ils y sont, mais ils sont vraiment minoritaires dans l’opinion.
– …
– Bon, d’accord, ils y ont été portés par les acclamations de la foule, mais en tout cas, ils n’ont aucune influence sur la situation actuelle.
– …
– Bon, OK, ministre de la Défense, chef de la sécurité générale, procureur général, vice-Premier ministre, mais ils ont totalement abandonné leurs discours extrémistes.
– …
– Oui, d’accord, ils participent à des cérémonies à la gloire des Waffen-SS et leurs députés appellent publiquement à brûler les russophones, mais ça n’a absolument aucune conséquence sur les tensions régionales.
– …
– Bon, OK, mais de toute façon, on ne peut pas demander à la population de trancher, ça serait contraire à la Constitution!
– …
– Oui, d’accord, le pouvoir actuel n’est pas non plus légitime, puisque c’est un coup de force qui a chassé le président élu, mais il est quand même issu avant tout d’un grand mouvement populaire pro-européen.
– …
– Bon, OK, les oligarques corrompus que Maidan voulait chasser se sont réinstallés, mais ça n’a aucun rapport avec l’UE ou l’OTAN.
– …
– Oui, d’accord, peut-être que l’aide de la diplomatie euro-atlantique a été déterminante, mais… euh… faut arrêter le délire! vous êtes intoxiqués par la propagande russe….

Bref, à un moment, on ne peut plus présumer la bonne foi…

 

Arrêtons-nous donc sur ce merveilleux Comité Ukraine de Libération

Le Comité Ukraine de Libération

“Face à l’indifférence et à la guerre de l’information, ce blog propose des éclairages et des décryptages sur la vie d’un pays en révolution.

Il y a quelques mois, nous nous sommes rassemblés à la rédaction de la revue Esprit afin de discuter de l’Ukraine. La guerre avait éclaté en plein centre de l’Europe et nous étions alarmés par l’apathie de l’opinion. C’est pire aujourd’hui, alors que nous avons détourné les yeux vers la Syrie. Aussi voulons-nous ici parler de ce pays européen en péril”

Hmm, tout un programme. Et quelles sont les lumières qui vont nous “éclairer”  ? :

Bon, alors déjà, quand on voit Galia Ackerman, Antoine Arjakovsky et Marie Mendras, on se dit qu’on a le tiercé là.

C’est dommage, Bernard-Henri Lévy et Caroline Fourest auraient pu se libérer, on avait le quinté.

Ce club regroupe tout le meilleur du pays en termes de russophobie maladive – si ces gens critiquaient Israël comme ils critiquaient la Russie, ils seraient tous poursuivis depuis belle lurette, et la plupart interdits de médias.

Mais en l’espèce, c’est “Renaud Renardy (journaliste)” qui a pris la plume. Énorme :

Canal+ met en images le discours du Kremlin

La chaîne cryptée diffuse ce lundi 1er février un reportage qui prétend démasquer «les bandes armées d’extrême-droite» qui ont fait la révolution ukrainienne. Il comporte beaucoup d’erreurs factuelles et épouse sans nuance la vision véhiculée par les médias russes.

Par Renaud Rebardy

«Spécial »? Sûrement. Mais «investigation»? Pas du tout. Le reportage réalisé par Paul Moreira qui sera diffusé lundi 1er février au soir sur Canal +, dans l’émission qui porte ce nom, et consacré aux hommes qui ont fait la révolution ukrainienne, ne contient pas de révélation et aucun fait nouveau. Il compte en revanche pas mal d’erreurs factuelles, et semble nourri par une obsession anti-américaine.

Notez que le russophobe qui vous accuse d’américanophobie, c’est un peu comme un nazi qui vous accuse de racisme, vous devez-vous dire que vous vous rapprochez de la vérité…

Outre que je suis sûr que le reportage ne va pas très loin, c’est incroyable cette pensée : et au nom de quoi on ne pourrait d’ailleurs pas être “anti-américain”, ou plutôt “anti-gouvernement-ploutocratique-américain”, l’Américain de base, il veut juste payer moins d’impôt et réduire l’État, ce qui serait une TRES BONNE idée (le Tea-Party, espoir pour le monde ?). Peut-on faire le total du nombre de morts causés par les États-Unis et par la Russie depuis 1990 svp ? Pour les États-Unis, on est déjà à près de 4 millions de musulmans morts, selon l’ONG Prix Nobel de la Pais 1984. Et l’ancienne ministre des affaires étrangères de Clinton assume sans broncher 500 000 enfants morts (il y a très peu de pays où ça existe) :

Ou encore, si on s’est tapé des attentats en 2015, c’est parce que Daech existe, donc aussi, en partie, à cause des Américains qui ont attaqué l’Irak en 2003 sans écouter Chirac, et qui continuent de soutenir Arabie et Turquie, alors comme on dit “ça commence à bien faire” – fin du coup de gueule.

Sous le titre «Les masques de la révolution ukrainienne» il prétend faire découvrir les «milices incontrôlées d’extrême-droite» qui ont joué un rôle déterminant dans la révolution puis la guerre du Donbass. Il affirme que «derrière les gentils manifestants du Maidan», se trouvaient des groupes néo-nazis qui se sont armés, à la faveur de ces évènements et qui dictent aujourd’hui sa politique au nouveau pouvoir de Kiev. Il insiste longuement sur l’idée que les États-Unis ont volontairement fermé les yeux sur l’existence de ces groupes, parce qu’ils avaient besoin d’eux «pour bloquer Poutine».

Un peu comme le Congrès américain qui a voté la semaine passée la suppression de l’interdiction de financer des groupes néo-nazis en Ukraine, mais chuuuut.

Paul Moreira se rend au sein de l’organisation Pravy Sektor, puis du bataillon Azov. Il ne précise pas que les premiers sont des militants assez isolés et les seconds un régiment désormais totalement intégré au sein de l’armée ukrainienne.

Outre que c’est faux, quand bien même, quel est le rapport ?

Il revient longuement sur les évènements tragiques d’Odessa : la mort de manifestants pro-russes dans l’incendie de la maison des syndicats, le 2 mai 2014. Puis il participe au «Yes forum», à Kiev, où il croise des représentants américains venus exprimer leur soutien à la politique du nouveau gouvernement de Kiev.

Il conclut en que l’Ukraine est aujourd’hui un pays en proie au chaos, à la merci de bandes d’extrémistes armés et sous la coupe des Etats-Unis.

Mais QUI, QUI, QUI, pourrait bien croire ceci ?

Le ton est celui du commentaire plus que de l’exposé des faits. La nuance, on l’aura compris, n’a pas ici sa place.

Je ne commente même pas.

Chemin faisant, Paul Moreira commet quelques erreurs lourdes. Il affirme ainsi que le nouveau pouvoir ukrainien à voulu «interdire l’usage du russe» après la révolution de 2014. Or il n’en a jamais été question. Rappelons les faits : au moment de la révolution, certains députés ont voulu enlever au Russe son statut de langue officielle dans certaines régions de l’est. Et le président s’y est opposé. Personne n’a jamais voulu pénaliser les Ukrainiens qui emploient le russe dans leur vie quotidienne. Et le suggérer relève de l’ignorance ou de la volonté de désinformer.

Euh, ce n’est pas “certains députés”, c’est la majorité, la loi a été votée. Si ce n’est pas “le nouveau pouvoir ukrainien à voulu «interdire l’usage du russe»”, je ne sais pas ce que c’est…

De même, Paul Moreira présente Oleg Tiagnibok, le dirigeant du parti Svoboda, comme étant «issu de la mouvance néo-nazie». Il est un ultra-conservateur et un nationaliste. On peut le classer à l’extrême-droite. Mais cela ne fait pas de lui un admirateur d’Adolf Hitler. En réalité, il est plus proche d’un Viktor Orban, premier ministre de Hongrie, ou d’un Jaroslaw Kazczynski, le dirigeant du PiS, le parti au pouvoir en Pologne. On a le droit de ne pas l’aimer mais il n’est pas nécessaire de dresser un faux portrait de lui pour le combattre.

Le commentaire pratique aussi l’amalgame lorsqu’il présente la nouvelle ministre des finances Natalia Jaresko comme étant «une ancienne diplomate américaine», sans autre précision. La réalité est bien différente. Natalia Jaresko est en effet née aux États-Unis. Mais dans une famille ukrainienne de la diaspora. Elle a brièvement travaillé pour l’administration américaine. Elle est venue vivre en Ukraine dés 1993 et n’a plus quitté ce pays depuis. Elle y travaillait dans la finance. Elle n’est pas l’agent d’influence des Etats-Unis, mais plutôt l’incarnation du lien entre l’Ukraine et sa diaspora. Ces Ukrainiens de l’étranger, en effet, ont fui devant l’avancée des Soviétiques, dans les années 1920 ou après 1939. Ils ont vécu, dans l’exil avec le sentiment qu’ils devaient conserver les traditions. Ils ont espéré des changements dans leur pays d’origine. Ils se sont transmis cet espoir de génération en génération. Certains d’entre eux reviennent aujourd’hui, alors que des changements commencent à se produire. Natalia Jaresko en est l’illustration.

Euh :

6 ans au département d’État, dont 3 en tant que chef de la section économique de l’ambassade des États-Unis dans un des pays les plus corrompus du monde, avant de filer dans la finance, c’est une blague ?

Le plus dérangeant est que le reportage de Paul Moreira épouse au plus près la vision de l’Ukraine véhiculée depuis plusieurs années par le Kremlin. Il offre une illustration, dans un langage plus moderne et plus jeune, des thèses contenues dans les discours de Vladimir Poutine. Des reportages semblables à celui-ci, avec les mêmes images violentes, les mêmes déformations des faits, les mêmes commentaires, on a pu en voir des dizaines sur les chaines russes. Il est assez désolant d’être rattrapé, en France, par télé-Poutine.

Voilà, on y est, merci. C’est fabuleux comme l’aveuglement leur fait même perdre toute prudence. J’imagine, là-encore que c’est évidemment faux (la propagande du Kremlin est vraiment grossière, mais c’est le problème des Russes ça, le nôtre, c’est ce qu’on lit là). Mais ce qui est formidable, c’est ce nouveau crime de “Penser comme le Kremlin”, donc ce pseudo-journaliste écrit clairement que, partager l’analyse des Russes vous disqualifie, DONC que les Russes ont toujours et complètement tort, qu’il est impossible qu’ils aient raison.

Ce qui est exactement le contraire de la vision que doit avoir un journaliste, à savoir d’être neutre.

Ceci devrait lui valoir retrait de la carte de presse (qu’il écrive ce que bon lui semble, mais alors c’est “éditorialiste” ou “blogueur”, il salit la profession là), ou au moins mutation au Service Amérique du Sud (pour ne plus avoir d’affect avec son sujet).

P.S. Pour finir en beauté, revenons sur le “Paul Moreira présente Oleg Tiagnibok, le dirigeant du parti Svoboda, comme étant «issu de la mouvance néo-nazie». Il est un ultra-conservateur et un nationaliste. On peut le classer à l’extrême-droite. Mais cela ne fait pas de lui un admirateur d’Adolf Hitler. En réalité, il est plus proche d’un Viktor Orban

Rappelons qu’Oleg Tyagnibok, est leader et cofondateur du parti Svoboda, alias Parti Social National d’Ukraine :

Honoré en 2012 par le centre Simon Wiesenthal en tant qu’un des 10 pires antisémites mondiaux, en particulier pour son appel à purger l’Ukraine de 400 000 Juifs et Russes (Source : Centre Simon Wiesenthal) :

Honoré en 2010 de la médaille d’or des vétérans du bataillon de la Waffen SS Galicie (Source) :

(N.B. : vous noterez le respect du journaliste de ce grand journal ukrainien envers ce grand homme par le choix délicieux et judicieux de la photo)

Donc le type décoré de la Croix d’Or de la Waffen SS est juste “d’extrême-droite” ? Ca, c’est de la lumière…

Et encore, par chance, il n’a pas parlé de Yuri Mykhalchyshyn, l’idéologue de Svoboda :

Il anime le blog nachtigal88 - “Nachtigal” est le nom du bataillon ukrainien de la Wehrmacht qui a envahi l’Ukraine en juin 1941, “88″ est un chiffre néonazi : le H est la 8ème lettre de l’alphabet, donc 88 = HH = Heil Hilter). Il y a par exemple traduit l’ABC national-socialiste de Goebbels :

Yuriy Mykhalchyshyn

Il a rédigé un livre en 2010, « Feu », recueil de textes de nationalistes ukrainiens mais aussi de traductions en ukrainien des « plus brillants intellectuels nationaux-révolutionnaires européens » – comme Joseph Goebbels, Ernst Röhm, Alfred Rosenberg, Otto Strasser…

Yuriy Mykhalchyshyn: Feu. Version 1.0

Tant de tolérance et de sodomisation de diptères pour défendre des types comme ça dans Libération, venant de soi-disant Grands inquisiteurs contre l’extrême-droite en France ne laisse pas d’étonner…

 

Monsieur Moreira, pour conclure

Merci donc pour vos lumières.

J’espère que vous poursuivrez, histoire de nous aider à ne plus ressentir l’intense sensation de se faire avoir tout le temps.

Ainsi, par exemple, sur la Libye : quand Patrick Haimzadeh, qui est un ancien diplomate à Tripoli et un des experts français sur ce pays, explique sur France Inter que :  

Dès le départ, l’objectif c’était effectivement de faire sauter Kadhafi. Al Jazeera avait dès le départ mis en place une cellule de désinformation, en tout cas pour relayer les paroles de libyens qui étaient en fait dans les studios d’Al Jazeera à Doha et qui ont évoqué notamment l’histoire des bombardements. Qui a été centrale, parce que l’histoire des bombardements c’est ce qui a été repris par Nicolas Sarkozy le 21 février, 4 jours après le début de l’insurrection, à Bruxelles, pour déclarer la logique de guerre contre Kadhafi. Mais les bombardements, il n’y en a jamais eu.

Rassurez-moi, c’est une GROSSE BLAGUE ?

 

Le dossier Syrien est vraiment chouette aussi :

1/ Le fait que la France ait reconnu comme représentant du peuple syrien un machin non représentatif composé en majorité de Frères Musulmans. Ce sont eux surtout qui disaient que Al-Nosra faisait du bon boulot et essayaient de protéger Al-Qaïda… On aura du mal à en avoir une image claire, car la soeur de la journaliste de Libération en charge du dossier Syrien en a fait partie. Cette responsable de la rubrique Syrie à Libération a aussi créé une association militant pour le renversement d’Assad : chapeau la déontologie… Mais comment diable ceci est-il autorisé ? Comment espérer être informé si les journalistes sont des militants politiques ?

2/ Le fait que la France ait livré des armes à des rebelles en Syrie, contrairement au Droit international, comme l’a reconnu François Hollande. Armes qui ont tué des centaines d’appelés du contingent Syriens, et qui se sont retrouvées pour la plupart dans les mains de djihadistes. Et on servi à tuer des milliers d’appelés du contingent syriens. (Source : Le Monde). Rappelons que l’ancien chef de la CIA au Moyen Orient a déclaré :

“Les États-Unis ont été incapables d’identifier le moindre groupe syrien dit « modéré » lorsque la guerre civile a débuté. L’Armée syrienne libre n’a jamais vraiment existé et il était impossible de savoir dans quelles mains les armes données par les États-Unis allaient finir. La racine du mal remonte bien à 2003, lorsque les États-Unis ont adopté cette doctrine du « changement de régime » par la force au Moyen-Orient. Elle n’a conduit qu’à la guerre civile et sectaire.”

(encore un anti-américain primaire, notez)

On continue d’ailleurs…

3/ Le fait que le gouvernement a caviardé le rapport qu’il a rendu public sur l’attaque au gaz en Syrie en 2003, supprimant les passages qui indiquaient qu’Assad pouvait être innocent (ce qui serait logique, notez, mais on ne cherche plus la logique des chose désormais), le tout pour qu’on bombarde la Syrie. Cette manipulation est clairement de la haute trahison, et devrait être traitée comme telle. (source : Malbrunot/Chesnot)

4/ La fait que la France ait refusé la proposition de collaboration d’Assad sur les djihadistes français en Syrie, comme Bernard Squarcini (ancien chef du Renseignement intérieur) en a accusé le gouvernement, avant que Le Drian confirme.

5/ Le rôle de nos alliés, les gouvernements Turc, Saoudien et Qatari (et de leurs proches) dans le soutien au terrorisme, le tout avec l’appui des États-Unis comme le New York Times vient de le révéler

6/ Vous aurez noté comme les médias ont voulu nous faire pleurer sur l’assassinat par les Russes du chef militaire de l’armée djihadiste de l’Islam ? (lisez ce papier, franchement)

7/ Moins certain, le fait que la France aurait peut-être participé à la préparation d’un coup d’État en Syrie en 2012 – ce qui mériterait une enquête sévère, après la Libye

Mais attention, si vous traitez ça, vous allez passer dans la catégorie supérieure : “Complotiste !!!”

 

Vous m’accorderez que le traitement de ces points par la presse a été très en-dessous du minimum acceptable…

J’y pense : j’aurais aussi pu vous parler de votre chtite consœur, la pôvre Ursula Gauthier, honteusement expulsée par les super-méchants Chinois (mon papier ici)

Si on ne peut plus écrire : “Dans une société qui a tendance à se sentir à part, voire mal aimée, et qui en retour n’éprouve que peu de sympathie pour le reste du monde, la force des réactions d’empathie a surpris les observateurs.”

Damned, nous qui étions si bien informés sur la Chine du coup… (vous notez que les Chinois expulsent très rarement des journalistes, et ben, pas de bol, pour une fois que ça arrive, ça tombe sur une Française, dites, quel hasard…)

 

Bref, pour conclure : plutôt que de répandre le malheur sur la planète, occupons-nous donc de ce qui se passe chez nous, il y a beaucoup à faire au niveau des Médias, des Libertés publiques, de la 1984-isation du pays et donc, de la Démocratie. Arrêtons de vouloir exporter cette dernière, importons-là plutôt ! (exemple : Proportionnelle avec primes de la plupart des autres pays européennes, Votations de la Suisse, et, oh, tiens, 50 % des députés des classes inférieures et moyennes comme dans la nouvelle constitution syrienne {article 60 : “Au moins la moitié des membres de l’Assemblée du peuple sont des ouvriers ou des paysans“}.)

Olivier Berruyer

Source: http://www.les-crises.fr/soutien-a-paul-moreira-et-commentaires/


La Chine développe un nouveau système de transport de missiles balistiques intercontinentaux

Sunday 31 January 2016 at 01:30

Je suis tombé complètement par hasard sur ça.

Je vous le mets pour ce qui m’a scotché quelques secondes : non pas tant l’article que la photo, cette vieille locomotive presque antédiluvienne qui transporte de quoi détruire Paris et sa couronne…

Source : IHS Jane’s 360, le 23/12/2015

Richard D Fisher Jr, Washington, DC – IHS Jane’s Defence Weekly

23 décembre 2015

Une image du train transportant le missile RT-23 (SS-24) pourrait donner des informations sur la configuration du convoi ferroviaire chinois DF-41. Source: Internet russe

Le 5 décembre 2015, la Chine a été observée en train de mener un test de lancement d’une nouvelle version d’un convoi ferroviaire transportant un missile balistique intercontinental nommé “DF-41″ de la Société des Sciences et Technologies Aérospatiales de Chine, selon des diplomates américains.

Ce test, qui ne s’est pas déroulé en entier, était un essai du système de “lancement à froid”, dans lequel le missile “DF-41″ fut éjecté de son tube de lancement à l’aide d’une charge à gaz, évitant la mise à feu du moteur. L’objet de cet essai était probablement de vérifier la compatibilité du système de lancement à tube avec son nouveau convoi ferroviaire. Il fut suivi d’un autre essai visible du “DF-41″, qui lui s’est déroulé en entier, le 4 décembre 2015.

Les détails de chaque test ont été, dans un premier temps, révélés par des diplomates américains au Washington Free Beacon, qui a rapporté le dernier test le 21 décembre 2015.

Cela confirme aussi des rapports précédents concernant l’intérêt que la Chine porte au rail mobile afin d’augmenter la capacité de survie de sa force balistique. Dans un article de journal paru en mai 2012, l’ancien officier des forces balistiques et stratégiques russes, le colonel général Victor Esin, a remarqué qu’il y aurait une version ferroviaire du missile “DF-41″.

En 2013, le projet du Contrôle des armes de l’Université de Georgetown a déclaré que la Chine avait obtenu des wagons capables de transporter des missiles balistiques de l’Ukraine, où le Bureau d’Etudes Ioujnoïe produisit le missile intercontinental RT-23 à propergol solide transportable par train qui fut utilisé par l’URSS et ensuite la Russie entre 1987 et 2005.

La première version du DF-41, d’une portée de 14 000 km et capable de porter 10 têtes nucléaires, est transportée par un tracteur-érecteur-lanceur à 18 roues.

Rappel : Pékin-Paris : 8 000 km ; Pékin-Washington : 11 000 km…

A vue de nez, cela doit faire de 100 à 300 fois Hiroshima par missile…

Nous savons peu de choses à propos de la structure des unités du missile chinois DF-41 transporté par convoi ferroviaire, bien que l’on attende qu’elles exploitent les tunnels ferroviaires de la Chine. Des sources taïwanaises ont affirmé que la Chine a déjà construit 1000 à 2000 km de rails spéciaux pour qu’ils soient compatibles avec ces missiles lourds.

Le système d’ogive balistique transportable par train de deuxième génération de la Russie, appelé Barguzin, pourrait entrer en service en 2020. Un train ou un régiment pourrait transporter jusqu’à six missiles.

Source : IHS Jane’s 360, le 23/12/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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L’hiver nucléaire (bon courage aux survivants) :

Sans retour, est un documentaire (0h35) sorti en septembre 2012 au titre original Unsurvivable, qui met en garde l’humanité contre le danger d’une possible Troisième Guerre mondiale nucléaire et ses conséquences, dans un avenir proche.

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L’Hiver nucléaire, par Fidel Castro

Ce n’est pas juste pour citer Castro – mais il a vu de près le risque en 1962…

J’ai honte d’avoir tout ignoré de cette question dont je n’avais même pas entendu parler. Sinon, j’aurais compris bien plus tôt que les risques d’une guerre nucléaire sont pires que ce que j’avais imaginé. Je supposais que la planète pouvait supporter l’éclatement de centaines de bombes nucléaires parce que je calculais que les Etats-Unis et l’URSS avaient réalisé d’innombrables essais pendant des années. Je n’avais pas tenu compte d’une réalité toute simple : ce n’est pas la même chose de faire éclater cinq cents bombes atomiques en mille jours que de le faire en un jour.

Je l’ai appris après m’être informé auprès de plusieurs spécialistes en la matière. Inutile de dire que je suis resté stupéfait d’apprendre qu’il n’y avait pas besoin d’une guerre nucléaire mondiale pour faire périr notre espèce.

Il suffirait d’une guerre atomique entre deux puissances nucléaires parmi les plus faibles, tels l’Inde et le Pakistan – qui réunissent toutefois, à eux deux, bien plus d’une centaine d’armes de ce genre – pour que l’espèce humaine disparaisse.

Je vais raisonner un peu à partir des éléments que m’ont offerts nos experts en la matière, tirés de ce que les scientifiques les plus prestigieux du monde ont exposé.

Il y a des choses qu’Obama sait pertinemment :

…une guerre nucléaire entre les USA et l’URSS provoquerait un « hiver nucléaire ». Le débat international au sujet de cette prédiction, animé par l’astronome Carl Sagan, obligea les leaders des deux superpuissances à reconnaître que leur course aux armements mettait en danger, non seulement leurs deux pays, mais aussi l’humanité entière.« …les modèles mis au point par des scientifiques russes et étasuniens indiquaient qu’une guerre atomique provoquerait un hiver nucléaire terriblement destructeur pour toute la vie sur la Terre. Le savoir représenta pour nous, gens de morale et d’honneur, un grand encouragement… »

…Les guerres nucléaires zonales pourraient déclencher une catastrophe mondiale similaire. De nouvelles analyses prouvent qu’un conflit entre l’Inde et le Pakistan au cours duquel une centaine de bombes – soit à peine 0,4 p. 100 des plus de 25 000 ogives que compte le monde actuellement – seraient larguées sur des villes et des zones industrielles provoquerait assez de poussières pour ruiner l’agriculture mondiale. Une guerre régionale pourrait causer des morts jusque dans des pays éloignés.

Armée d’ordinateurs modernes et de modèles climatiques novateurs, notre équipe a démontré que les idées des années 80 non seulement étaient correctes, mais que les effets dureraient au moins dix ans, bien plus que ce qu’on croyait avant […] la poussière d’une simple guerre régionale serait réchauffée par le Soleil et s’élèverait pour rester suspendue pendant des années dans l’atmosphère supérieure, tamisant la lumière solaire et refroidissant la Terre.

Certains croient que la théorie de l’hiver nucléaire développée dans les années 80 est discréditée. Voilà pourquoi ils seront peut-être surpris de nous entendre dire qu’une guerre nucléaire zonale, par exemple entre l’Inde et le Pakistan, pourrait dévaster l’agriculture sur toute la planète.

La théorie originale a été rigoureusement validée. Ses fondements scientifiques étaient avalisés par des recherches que mena l’Académie nationale des sciences, par des études que parrainèrent les forces armées des USA et le Conseil international des syndicats scientifiques qui regroupe des représentants de vingt-quatre académies nationale de la science et d’autres organismes scientifiques .

Le refroidissement ne semble peut-être guère préoccupant. Or, il faut savoir qu’une légère diminution de la température peut avoir de graves conséquences.

Les céréales stockées aujourd’hui sur la planète peuvent alimenter la population mondiale pendant deux mois (cf. « Crisis alimentarias : ¿una amenaza para la civilización ? », par Lester R. Brown, Investigación Y Ciencia, juillet 2009).

La fumée des grands incendies de forêt pénètre parfois dans la troposphère et dans la stratosphère inférieure, pour être entraînée à de grandes distances, ce qui provoque un refroidissement. Nos modèles tiennent compte aussi de ces effets.

Voilà soixante-cinq millions d’années, un astéroïde s’est écrasé dans la péninsule du Yucatan. Le nuage de poussières qui en est résulté, mêlé à la fumée des incendies, occulta le Soleil, faisant disparaître les dinosaures. Le volcanisme massif qui avait lieu alors en Inde aggrava peut-être ces effets.

…le fait qu’il existe toujours plus d’États nucléaire élève les probabilités d’une guerre, déclenchée délibérément ou par accident.

La Corée du Nord a menacé de faire la guerre si on n’arrêtait pas d’inspecter ses navires à la recherche de matériaux nucléaires.

Des leaders extrémistes indiens, à la suite des dernières attaques terroristes dont l’Inde a été victime, ont prôné une frappe nucléaire contre le Pakistan.

L’Iran a menacé de détruire Israël, puissance nucléaire, qui a juré à son tour qu’il ne permettrait jamais que l’Iran le devienne.

Les deux premières bombes atomiques ont tellement bouleversé le monde que celles-ci n’ont jamais plus été employées, malgré leur nombre croissant.

Une guerre nucléaire est inévitable à partir du moment où le délai fixé par le Conseil de sécurité de l’ONU viendra à terme : tout peut arriver dès que le premier cargo iranien sera arraisonné.

Dans le cadre du Traité de réduction des armes stratégiques offensives (START), les USA et la Russie se sont engagés à ramener leur arsenal, d’ici fin 2012, à 1 700 et 2 200 ogives nucléaires déployées.Si ces armes étaient utilisées contre des cibles urbaines, des centaines de millions de personnes mourraient et un énorme nuage de fumée de 180 Tg inonderait l’atmosphère.

La seule possibilité d’éliminer les risques d’une catastrophe climatique est d’éliminer les armes atomiques.

J’ai rencontré aujourd’hui à midi quatre spécialistes cubains : Tomás Gutiérrez Pérez, José Vidal Santana Núñez, le colonel José Luis Navarro Herrero, chef du Secrétariat Science et technologie du ministère des Forces armées révolutionnaires, et Fidel Castro Dà­az-Balart, avec lesquels j’ai analysé le point que j’aborde dans ces Réflexions.

J’avais demandé cette réunion hier, 22 août. Je ne voulais pas perdre une minute. Elle a été sans aucun doute fructueuse.

Fidel Castro Ruz
Le 23 août 2010

Traduction J-F Bonaldi, La Havane

Source : LeGrandSoir

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On terminera par l’article Hiver Nucléaire de Wikipédia français, ou, bien bien mieux, la version américaine

 

Source: http://www.les-crises.fr/la-chine-developpe-un-nouveau-systeme-de-transport-de-missiles-balistiques-intercontinentaux/


Prévisions de revenus abondants pour l’industrie de la défense au milieu du ralentissement global, par Lee Fang

Sunday 31 January 2016 at 00:38

Source : The Intercept_, le 09/01/2016

Photo: Anne-Christine Poujoulat/AFP/Getty Images

Lee Fang

L’industrie mondiale de l’aérospatiale et de la défense sort du marasme. Selon un nouveau rapport rendu par le cabinet d’audit Deloitte, “la résurgence des menaces à la sécurité mondiale” promet un “rebond” lucratif des dépenses en matière de défense.

Le rapport informe les investisseurs que l’on prévoit “un tournant positif” en ce qui concerne la “croissance des revenus” à cause du terrorisme et de la guerre au Moyen-Orient, et des tensions en Europe de l’Est et dans le sud de la mer de Chine.

Beaucoup d’analystes prédisaient un ralentissement des recettes de l’industrie des armes étant donné la réduction progressive de l’engagement militaire américain en Irak et en Afghanistan. Après tout, comme le montre ce graphique issu du rapport Deloitte, aucun pays n’arrive à la cheville des États-Unis en terme de dépenses.

 

Mais aujourd’hui les gouvernements du monde entier se hâtent d’augmenter leur budget de la défense afin de “combattre le terrorisme et répondre aux problèmes de sécurité intérieure”.

Le rapport Deloitte donne presque le vertige :

2015 a été une année charnière qui a vu les tensions s’exacerber entre la Chine, ses voisins et les É-U au sujet des “constructions d’îles” dans les mers de Chine et de Chine Orientale, ainsi que des revendications du droit de souveraineté sur ces mêmes territoires maritimes par la Chine. Il faut ajouter à cela le désaccord entre la Russie et l’Ukraine concernant la prise de la Crimée par la Russie et les actions militaires de cette dernière dans l’est de l’Ukraine. La Corée du Nord continue de menacer ses voisins avec ses ambitions nucléaires et ses tirs de roquettes agressifs. L’État Islamique (EI) devient une menace fondamentale en Syrie, en Irak, et en Afghanistan, et participe à l’exportation du terrorisme en Europe, en Afrique et ailleurs. Les récents attentats tragiques à Paris, au Mali, dans la péninsule du Sinaï et à d’autres endroits ont encouragé les nations à rejoindre la lutte contre le terrorisme.

Plusieurs gouvernement touchés par ces menaces sont en train d’accroître leur budget en matière de défense afin de combattre le terrorisme et de répondre aux problèmes de sécurité nationale, y compris des cyber-menaces. Pour les entreprises de la défense, cela représente une occasion de vendre plus d’équipement et de systèmes d’armements militaires. Les produits, dont on prévoit qu’ils vont connaître un regain d’intérêt des acheteurs, comprennent les véhicules de terrain armés, les munitions pour les attaques terrestres, l’aide aérienne légère aux avions, le renseignement, la surveillance et les capteurs de détection électroniques, la cyber-protection, les engins de patrouille maritimes et aériens, ainsi que l’approvisionnement des équipements de maintenance et d’entretien, étant donné que le rythme des opérations militaires va probablement s’intensifier, de même que le nombre de missions.

On prévoit qu’un retour à la croissance va probablement avoir lieu pour les entreprises du sous-secteur de la défense, en raison de l’intérêt grandissant de plusieurs nations concernées comme exposé plus haut. S’ajoutent à cela des programmes de défense qui vont probablement débuter bientôt, représentant des milliards de dollars, et principalement le programme du département de la Défense américain. Ces programmes vont entrer en phase de conception de fabrication industrielle et atteindre une production à bas coût, ou de grande échelle dans les prochaines années. Ces programmes comprennent le remplacement du sous-marin de classe Ohio, des avions de combat F-35, des ravitailleurs aériens KC-46A, des bombardiers à longue portée, des avions d’entraînement USAF T-X, et des programmes pour l’avion de combat Rafale.

Quant aux facteurs qui pourraient ralentir la course mondiale à l’armement, le rapport en dit peu sur la diplomatie ou sur les mouvements pacifistes. Il note en revanche que la chute des prix du pétrole pourrait  affaiblir le marché des armes, même si ce n’est pas encore à l’ordre du jour.

Aux États-Unis, comme nous le rapportions, des patrons de l’industrie de la défense se vantent d’avoir poussé les candidats à adopter des politiques plus militaristes. La tendance libertarienne au sein du parti républicain a, par exemple, fait massivement volte-face et la plupart des candidats se rallient de plus en plus à des visions bellicistes.

Photo du haut: Un avion de combat français Rafale chargé de bombes s’envole du porte-avions français Charles-de-Gaulle le 23 novembre 2015 pour l’est de la Méditerranée, dans le cadre de l’opération Chammal en Syrie et en Irak contre l’État Islamique.

Source : The Intercept_, le 09/01/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/previsions-de-revenus-abondants-pour-lindustrie-de-la-defense-au-milieu-du-ralentissement-global-par-lee-fang/


Revue de presse internationale du 31/01/2016

Sunday 31 January 2016 at 00:01

Merci à nos contributeurs pour cette revue internationale avec un peu de sciences et quelques articles en VF. Nous cherchons deux ou trois amateurs de tweeter pour analyser régulièrement les liens publiés sur quelques comptes en anglais et nous remonter les plus intéressants. Pour postuler, utiliser le formulaire de contact du blog. Bonne lecture.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-internationale-du-31012016/


Manuel Valls veut étendre la déchéance aux “délits les plus graves”

Saturday 30 January 2016 at 04:32

Source : France Inter, 27-01-2016

Devant les députés, le Premier ministre a souhaité que l’extension de la déchéance de nationalité concerne non seulement “les crimes” mais aussi “les délits les plus graves”. Il a également signalé le retrait de toute référence à la binationalité.

Prenant en compte une demande du groupe Les Républicains, Manuel Valls a donc décidé de modifier légèrement la formulation de l’article 2, qui prévoit les situations où la déchéance de nationalité peut être envisagée par le législateur. Concrètement, une fois inscrit la Constitution, cet article permettrait au législateur (donc au Parlement) de pouvoir voter une loi prévoyant la déchéance de nationalité pour les crimes “qui constituent une atteinte grave à la vie de la Nation”, mais aussi pour les “délits les plus graves”.

Un terme relativement flou, précisé par le Premier ministre, qui cite comme exemples “l’association de malfaiteurs, le financement direct du terrorisme ou l’entreprise terroriste individuelle, tous punis d’une peine de 10 ans d’emprisonnement” (soit la peine maximale en matière délictuelle).

La mesure a pris de court l’opposition, Christian Jacob estimant que cette nouvelle formulation “ne simplifie pas les réactions” de la droite. Jean-Christophe Lagarde (UDI) estime quant à lui que la déchéance de nationalité ne devrait pas aller au-delà des crimes.

 La question de la binationalité devient invisible

Autre modification : aucune référence à la binationalité ne figurera dans le texte de la révision constitutionnelle, “ni a priori dans la loi ordinaire”, promet Manuel Valls. Cette référence explicite avait fait débat, certains accusant le projet de stigmatiser une partie de la population (les binationaux), explicitement exposés à une sanction différente de celle encourue par une personne de seule nationalité française.

Mais dans les faits, explicitement ou non, la mesure ne concernerait pas les personnes n’ayant qu’une nationalité. La France ne peut en effet pas créer d’apatrides, selon le droit international, et Manuel Valls a même précisé qu’en marge de cette réforme constitutionnelle, ”la France s’engagera dans la ratification” de la Convention de 1954 interdisant la création d’apatrides. Une Convention que la France a déjà signé en 1955.

Par France Inter avec agences, | 27 Janvier 2016 à 12:48
Source : France Inter, 27-01-2016
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Voici le projet :

Je réprécise un point : ce genre de disposition existe déjà plus ou moins dans le code civil, mais n’est guère appliqué.

Et pour cause. Jusqu’en 2011, il était impossible de remonter ces articles de loi au Conseil constitutionnel, qui ne s’est jamais prononcé dessus.

Et comme le Conseil d’État l’a noté, il est très probable que ces dispositions soient jugées inconstitutionnelles. Recitons-le :

En premier lieu, les lois républicaines ont constamment réservé la sanction qu’est la déchéance de nationalité au cas d’un binational devenu français. Il en d’abord été ainsi avec la loi du 7 avril 1915 puis avec la loi du 10 août 1927 ainsi qu’avec le décret-loi du 12 novembre 1938. Pour des personnes nées françaises, les lois républicaines n’ont jamais retenu la possibilité d’une déchéance de nationalité mais seulement d’une perte de nationalité alors que cette perte résulte normalement d’un acte volontaire ou d’une situation de fait et non d’une sanction. Ainsi toutes les caractéristiques dégagées par le Conseil constitutionnel dans sa jurisprudence sont réunies pour qu’il existe un principe fondamental reconnu par les lois de la République relatif à l’absence de possibilité de déchéance de nationalité pour une personne née française même si elle possède une autre nationalité.

Bref, on agite la menace terroriste, on a déjà les délits graves, et on se retrouvera bientôt avec des déchéances pour vol d’autoradio…

Relire ce beau billet : La déchéance, c’est maintenant, par François de Smet

Source: http://www.les-crises.fr/manuel-valls-veut-etendre-la-decheance-aux-delits-les-plus-graves/


[Propagande] La Pologne s’éloigne de la démocratie – édito du New York Times

Saturday 30 January 2016 at 01:53

Eh oui, un peu de propagande US pour changer, avec l’édito du New York Times (Le Monde américain, en mieux quand même) du 13/01

Source : NYTimes.com, 13-01-2016

OB J’imagine que les serpents, c’est le nouveau gouvernement polonais.

Je trouvais les rats façon années 1930 plus tendance, non ?

Par LE COMITÉ ÉDITORIAL

Il est inquiétant, ces dernières semaines, de voir la Pologne, symbole des pays de l’Est qui ont brisé les chaînes étouffantes du Kremlin, adopter d’elle-même des mesures dictatoriales, avec notamment une attaque nationaliste et droitière contre les médias et la justice du pays. La Commission européenne a prévu de se réunir mercredi pour décider d’éventuelles sanctions, mais il est peu probable qu’elle en prenne, en partie car la Hongrie ainsi que d’autres gouvernements bienveillants envers la Pologne opposeraient leur veto, mais également parce qu’elles ne serviraient qu’à renforcer l’hostilité de Varsovie à l’égard de l’Union européenne.

Néanmoins, il devrait être clairement signifié au gouvernement polonais que son repli par rapport aux valeurs fondamentales de la démocratie libérale est condamnable et stupide.

Alors que les USA sont un modèle de Démocratie accomplie…

Depuis sa victoire aux élections législatives fin octobre,

ben oui, il faut bien le reconnaitre…

le parti nationaliste et eurosceptique Droit et Justice dirigé par l’ex-Premier ministre Jarosław Kaczyński, avance rapidement sur son agenda conservateur.

Alors qu’en Turquie, l’esprit des Lumières règne de plus en plus notez, mais chuuuut…

Il a truffé le Tribunal constitutionnel de juges influençables,

alors que les précédent ne l’étaient évidemment pas…

réduit la capacité du Tribunal à s’opposer aux lois, imposé un contrôle gouvernemental plus intense des les médias publics, choisi un de ses fidèles partisans condamné naguère pour abus de pouvoir afin de superviser la police et les agences de renseignement et il a également banni les drapeaux de l’Union européenne des conférences de presse gouvernementales.

Le dernier point étant évidemment le pire…

Cette dérive droitière,

oui, enfin, ça semble être juste la politique de droite pour laquelle les Polonais ont voté hein… C’est comme la “dérive gauchiste” quand la gauche s’attaque au modèle néolibéral, vous avez noté ?

qui imite les politiques de Victor Orban, Premier ministre de la Hongrie et ami de M. Kaczyński, a provoqué des critiques au sein de la communauté sur la manière dont les ex-vassaux soviétiques se sont empressés de rejoindre l’union et de bénéficier de ses largesses pour finalement se retourner contre ses valeurs essentielles.

OH LES FOURBES  !!!!!!!!!!!!!!!!! Je te les renverrai au Goulag moi, tous ces sous-hommes qui veulent gérer leur pays comme bon leur semble…

Le revirement de la Pologne est d’autant plus frustrant que le parti Droit et Justice avait déjà été porté au pouvoir il y a dix ans, sous le gouvernement de M. Kaczyński et de son frère jumeau Lech Kaczyński, pour finalement être évincé après deux années mouvementées.

‘tain d’alternance, va…

En fait, ils sont embêtés, parce qu’on sent que leur rêve inavoué est le régime de parti unique.

Cependant, aussi détestable que soit la politique de la Pologne, elle reflète aussi les énormes difficultés rencontrées par les Européens de l’Est à assimiler l’économie de marché et les libertés sociales des sociétés occidentales dont ils ont été séparées de force pendant des décennies.

Oui, c’est la faute au communisme, bien sûr… Et à Attila et Ponce Pilate aussi, un peu….

Ces défis ont été renforcés par le sentiment d’injustice qu’ont les Européens de l’Est d’être à la traîne, même de nos jours, loin derrière leurs voisins européens, en terme de niveau de vie.

Ces reproches ne sont pas l’apanage de l’Europe de l’Est. La démocratie libérale et ses institutions ailleurs en Europe (et même aux États-Unis dans une certaine mesure) sont menacées par des personnes alarmées par l’afflux d’un grand nombre de réfugiés et par l’incertitude économique. Droit et Justice en Pologne n’est qu’un des nombreux mouvements réactionnaires qui se sont développés dans des démocraties avancées.

Le problème est que M. Kaczyński, ainsi que d’autres qui perçoivent l’Union européenne ou les institutions de la démocratie libérale comme une menace pour leur mode de vie, ne comprennent pas qu’une union reposant sur des valeurs et des libertés communes, accompagnée d’institutions indépendantes pour les sauvegarder, est la meilleure défense contre le genre de dictature qu’ils ont subie sous le communisme.

Eh oui, dédicace spéciale à Orwell !!!!!!!!

Punir la Pologne à travers des sanctions serait contre productif et même hypocrite, étant donné la prolifération de ce type de partis à travers l’Europe.

Oui,, c’est sûr qu’il doit bien y avoir une raison, amis alors laquelle… On ne saura pas, Valls ayant dit qu’il ne fallait pas réfléchir….

Le plus drôle c’est qu’en effet, ça prend l’eau de toute part, alors il n’ont plus grand chose à quoi se raccrocher.

Et ils sont incapables de voir et d’accepter qu’ils sont en train de perdre.

Mais cela n’empêche pas les dirigeants de l’Union européenne de faire comprendre clairement aux Polonais que la politique de M. Kaczyński s’éloigne dangereusement de la démocratie que la Pologne a si passionnément adoptée il y a 25 ans.

Envoyez les violons…

C’est beau des intégristes complètement aveuglés, non ?

Source : NYTimes.com, le 13 janvier 2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/propagande-la-pologne-seloigne-de-la-democratie-edito-du-new-york-times/


Schengen : la Commission lance un ultimatum à la Grèce

Saturday 30 January 2016 at 00:51

Source : Toute l’Europe, 28-01-2016

Evoquée lundi à Amsterdam, la prolongation du contrôle des frontières extérieures au sein de l’espace Schengen se concrétise de jour en jour. Une procédure qui mettrait la Grèce au ban de l’Union européenne. Athènes serait contrainte de surveiller par ses propres moyens les 200 km de frontière maritime qui la séparent de la Turquie. Pour l’instant, les Etats membres espèrent que le chantage au portefeuille suffira à assurer un meilleur contrôle des frontières et la mise en place de tous les “hotspots” promis n’ayant pas encore vu le jour.

 Quand il faut choisir entre Berlin et Athènes

OB : et le choix prend toujours facile 2 ou 3 secondes, hein…

Le Monde détaille les trois  étapes de la procédure lancée par la Commission européenne, à la demande des Etats membres, pour “isoler la Grèce“. Tout d’abord, “la Commission européenne a endossé, mercredi, un projet ‘d’évaluation Schengen’ [qui devra être validé par] les Etats membres“. Si ce rapport est entériné, “Athènes [aura] trois mois pour ‘remédier’ au problème“.  A défaut, “Bruxelles peut décider d’autoriser la prolongation de deux ans des contrôles aux frontières“.

Il ressort du rapport qu’il y a de graves lacunes dans la façon dont la Grèce gère les frontières extérieures“, explique le commissaire européen aux Affaires intérieures et à la Migration, Dimitris Avramopoulos [Le Vif].  Pour le commissaire, “des efforts considérables sont encore nécessaires en matière d’accueil, d’enregistrement, de relocalisation et de retour des migrants“.

Le Monde s’interroge, sur “le but de la manœuvre“. Pour Cécile Ducroutieux, correspondante à Bruxelles du quotidien, “il s’agit d’éviter que, par la force des choses, Berlin se retrouve en infraction avec le code Schengen. Ce qui reviendrait, de la part de nombre de spécialistes bruxellois, à une ‘petite mort’ des accords Schengen“.

Cette procédure, comme le précisent Les Echos, constitue un “ultimatum fait à la Grèce“. En effet, bien que la procédure réside en une autorisation exceptionnelle des contrôles aux frontières sur les deux années à venir, “pour la Grèce, qui n’a pas de points de contact terrestres avec l’espace Schengen, cela signifierait avant tout des contrôles pour les allées et venues par avion ou bateau, soit un coup porté au tourisme qui reste l’un de ses rares moteurs économiques“. Constat qui permet au Figaro de titrer “Grèce : la saison touristique sous pression“.

La Grèce, entourée d’Etats non membres de l’espace Schengen

Harlem Désir, secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes, a déclaré à Public Sénat que “la sortie de la Grèce de Schengen serait une grave erreur“.

En parallèle, le quotidien italien La Repubblica transcrit les propos tenus par Matteo Renzi, critiquant la gestion très “franco-allemande” de la crise : “Si l’on cherche une stratégie commune sur le thème des migrants, il n’est pas possible [pour Angela Merkel] d’appeler d’abord Hollande, puis Juncker et faire de telle sorte que j’apprenne les choses dans les journaux“.

Selon Libération, “la situation est en réalité ubuesque : la Grèce est le seul pays de l’Union qui n’a aucune frontière avec un pays membre de Schengen. La Macédoine ne fait pas partie de l’UE et la Bulgarie et la Roumanie ne sont pas membres de Schengen“.

Par contre, la Grèce partage “200 km de frontière maritime avec la Turquie“, et “c’est là que se trouve la brèche“. Pourtant, “officiellement c’est fait. L’Union européenne a conclu un accord avec la Turquie, se montrant au passage bien plus conciliante avec Ankara qu’avec Athènes. Mais visiblement, cette politique n’est pas payante” [Libération].

Vers l’isolement des îles hellènes ?

Le journal espagnol El Mundo rapporte les propos tenus par un ministre grec qui, excédé, dénonçait les propos tenus par un collègue belge lui ayant déclaré qu’il lui était “bien égal que les naufragés se noient“, tant qu’ils ne les laissaient pas passer. Des propos démentis depuis Bruxelles.

‘Le plan le plus facile est de mettre la Grèce en quarantaine’ aurait déclaré un diplomate européen” [Mediapart].

Pour la presse britannique, à l’agenda chargé par le Brexit, la situation n’est pas tenable. The Telegraph évoque une Grèce “martyrisée par l’Union européenne [qui] menace de repousser les bateaux de sauvetage au milieu d’une crise des réfugiés“. Tandis que le Guardian fait mention d’une Grèce “furieuse d’être ‘bouc émissaire’ dans cette crise des réfugiés“.

Source : Toute l’Europe, 28-01-2016
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Magnifique l’UE-la-paix!
Je sens bien la saisie du Parthénon d’ici 2 ou 3 ans – comme on a déjà pris les frises…

Source: http://www.les-crises.fr/schengen-la-commission-lance-un-ultimatum-a-la-grece/


Revue de presse du 30/01/2016

Saturday 30 January 2016 at 00:01

La revue de la semaine, permise comme toujours par nos contributeurs. Nous cherchons deux ou trois amateurs de tweeter pour analyser régulièrement les liens publiés sur quelques comptes en anglais et un en français, et nous remonter les plus intéressants. Pour postuler, utiliser le formulaire de contact du blog. Bonne lecture.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-30012016/


L’Ukraine, de plus en plus européenne…

Friday 29 January 2016 at 04:10

Dans la famille “l’Union européenne” ça change votre vie, voici aujourd’hui l’Ukraine !

Voici donc un comparatif des salaires bruts mensuels en Chine et en Ukraine, minimaux et moyens :

On voit donc que, contrairement à la Chine, évidemment, l’Ukraine se rapproche de plus en plus de la logique de l’UE… Salaire minimal en 2015 : 46 € bruts par mois (il augmentera un peu en 2016), contre 230 € en Chine…

Comme vous allez me demander, le salaire moyen chinois tourne donc à 56 350 yuans en 2014, et environ 60 000 yuans en 2015, soit avec un yuan à 0,14 euro, on a bien 8400 € soit 700 € bruts mensuels – une grande partie devant cependant être économisée pour la retraite. Et il est très inégalement réparti…

Mais il monte vite, le plan quinquennal chinois prévoit une hausse annuelle du salaire minimal de 13 % par an… Soit un doublement tous les 5 ans à ce rythme. « Le peuple doit être notre priorité, assurer et améliorer son bien-être doit être le point de départ et le but de tout notre travail », avait déclaré Wen Jiabao, le Premier ministre chinois en mars 2011, lors de la présentation du plan quinquennal.

Vous me direz aussi que j’aurais pu faire un graphe en parité de pouvoir d’achat (PPA), mais ce qui m’intéresse ici n’est pas l’analyse du niveau de vie dans ces pays, mais bel et bien l’analyse de l’intensité concurrentielle pour nos emplois – et l’employeur qui délocalise ne s’intéresse en rien aux coûts en PPA, son analyse se base sur ces chiffres…

Et je vous rappelle que depuis le 01/01/2016, nous sommes en libre-échange avec l’Ukraine

Et il n’y a que les Néerlandais qui voteront à propos de cette folie…

Pauvres de nous…

 

Voici aussi au passage l’inflation 2015 en Ukraine…

“L’Europe”, ça vous gagne – et on a compris qu’ici, le peuple n’est pas sa priorité… (c’est l’effet BHL comme en Libye)

Source: http://www.les-crises.fr/lukraine-de-plus-en-plus-europeenne/


[Ukraine] Le jour où les parlementaires ont (de nouveau) sacrifié nos emplois à la globalisation…

Friday 29 January 2016 at 02:00

Et je ne parle même pas des relations avec la Russie pour récupérer le pays quasiment le plus pauvre d’Europe…

Je fais allusion à l’accord d’association UE-Ukraine, qui contient principalement un accord de libre-échange ua niveau économique.

Et cet accord a été ratifié cet été.

Merci à Didier qui nous a fait une belle synthèse des débats

Les débats au Sénat

Les débats sont consultables ici. Mais comme ils sont long, voici la synthèse :

Débat au Sénat préalable à la ratification des accords avec l’Ukraine et la Géorgie. Séance du 7 mai 2015    Florilège

La version gouvernementale :

M. Harlem Désir, secrétaire d’État chargé des affaires européennes : […] Je me suis moi-même rendu à Kiev, à l’occasion du premier anniversaire de « Maïdan », le 22 février dernier. J’ai alors pu mesurer les attentes des autorités et des citoyens ukrainiens pour qui l’Europe et le lien avec l’Europe sont synonymes d’État de droit, de démocratie, de lutte contre la corruption, de liberté, de solidarité, mais aussi de nouvelles perspectives sociales et économiques. […] La situation reste aujourd’hui très fragile dans l’est de l’Ukraine et de fortes tensions persistent, notamment autour de Donetsk et de Marioupol. Toutefois, le processus de sortie de crise négocié le 12 février à Minsk [...] est aujourd’hui la seule feuille de route pour la paix [et] doit être […] strictement respectée : le cessez-le-feu, le retrait des armes lourdes, le volet politique concernant le futur statut des régions de l’Est et les élections qui doivent s’y tenir, le respect de l’intégrité territoriale des frontières et de la souveraineté de l’Ukraine.[...] Les entreprises françaises, qui comptent parmi les principaux fournisseurs et investisseurs dans le pays, [...] profiteront de l’amélioration attendue de l’État de droit, du climat des affaires, des conditions d’investissement, qui seront facilitées, ainsi que des avancées réglementaires. [...] Cet accord ne porte pas sur une perspective d’adhésion à l’Union européenne. […] La conclusion de cet accord d’association avec l’Union européenne n’implique en aucun cas que l’Ukraine doive renoncer à ses relations avec la Russie. Le partenariat oriental n’est dirigé contre aucun pays et ne vise pas à créer de lignes de fracture sur le continent européen.

Les arguments en faveur des accords :

M. Daniel Reiner (PS), rapporteur de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées : […] C’est la décision du président Viktor Ianoukovytch de suspendre brutalement le processus de négociation [...] qui avait été l’élément déclencheur du soulèvement populaire de Maïdan. Néanmoins, très vite, la protestation a [...] débouché sur une crise politique et internationale aux multiples implications. Le gouvernement provisoire mis en place en février 2014 après le départ de Viktor lanoukovytch a, quant à lui, affirmé très vite son intention d’entériner l’accord. […] L’accord représente également un puissant levier pour moderniser son économie, en incitant à l’instauration d’un environnement favorable à la concurrence et aux investissements dans un pays où la corruption et l’économie informelle sont encore, hélas ! des réalités. […] À lui seul, le conflit à l’Est coûterait au pays quelque 10 millions de dollars par jour. Depuis un an, l’activité s’est effondrée, la monnaie ukrainienne a perdu plus de la moitié de sa valeur, les réserves de change ont fortement diminué et le secteur bancaire se trouve largement fragilisé. […] Si l’application de l’accord est susceptible, dans un premier temps, de provoquer des ajustements difficiles, notamment pour la production industrielle et les biens de consommation courante, l’Ukraine bénéficiera, pour certains produits sensibles, d’une asymétrie transitoire, la diminution des droits de douane étant plus rapide pour les exportations ukrainiennes que pour les exportations européennes. Enfin, l’Ukraine bénéficiera sur la période 2014-2020 d’une aide financière européenne […] approchant les 13 milliards d’euros sur la période. […] Il convient aussi de ne pas décevoir les aspirations de la société ukrainienne à l’égard de l’Europe. Néanmoins […] nous ne sommes pas favorables à un élargissement de l’Union européenne à l’Ukraine.

M. Hervé Maurey (UDI, NC), président du groupe interparlementaire d’amitié France-Ukraine. D’une part, cet accord a provoqué des événements politiques et historiques majeurs, parfois dramatiques ; d’autre part, la signature et la ratification de cet accord témoignent d’une volonté politique forte de l’Ukraine de construire son avenir en partenariat avec l’Europe. […] La volte-face du Président Ianoukovitch, à seulement quelques jours du sommet de Vilnius, a déclenché les événements de Maïdan […] Il a en effet fallu attendre que les caméras du monde entier se braquent sur les sacrifiés de Maïdan pour qu’une initiative conjointe des ministres des affaires étrangères français, allemands et polonais permette d’entendre la voix de l’Europe dans le règlement de cette crise. Sitôt installé, en février 2014, le gouvernement intérimaire a réaffirmé sa ferme volonté de parvenir à la signature de l’accord. […] Cet accord, pourtant obtenu de haute lutte, ne règle pas, tant s’en faut, tous les problèmes auxquels l’Ukraine est confrontée. […] Des violences se poursuivent à l’est de l’Ukraine, et, avec plus 6 000 morts à ce jour, ce conflit est le plus meurtrier que l’Europe ait connu depuis les années quatre-vingt-dix. Il entraîne avec lui son lot de violences contre les personnes et les biens, et de violation du droit international. À cet égard, nous ne devons pas oublier les conditions d’annexion de la Crimée. La question du retour des prisonniers n’est pas non plus réglée à ce jour.

M. André Gattolin (EELV) : ce serait une grave erreur que d’ignorer le choix libre d’un peuple européen de se rapprocher de valeurs si chères à l’Union européenne que sont la démocratie, l’état de droit et le respect des libertés fondamentales. […] Une telle intégration économique constitue globalement une réponse adaptée aux impacts provoqués par les embargos russes sur l’économie ukrainienne. […] Cet accord prévoit également une coopération en matière de nucléaire civil. […] Il ne s’agit pas là d’une source d’énergie [...] propre ou sûre. Mais, faute de mieux, [...] cette disposition permettra a minima de réduire les risques, vu le caractère vieillissant du parc nucléaire ukrainien [et] permettra aussi de desserrer le lien de dépendance à l’égard de la Russie en matière d’entretien des centrales nucléaires, en particulier du site de Tchernobyl. [..] La sécurisation du réseau ukrainien de transit de gaz naturel permettra à l’Union européenne de sécuriser son propre approvisionnement énergétique. […]  L’Union européenne et ses États membres doivent à très court terme relever un autre type de défi : [...] contrer les campagnes de désinformation massives actuellement menées par la Russie. L’Union européenne est d’ailleurs très préoccupée par cette manipulation de l’information. Federica Mogherini, Haute représentante pour les affaires étrangères et la politique de sécurité de l’Union européenne, élabore en ce moment […] un important plan d’action sur la communication stratégique.

M. Claude Malhuret (UMP). L’accord a déjà eu une conséquence majeure : la très grave crise internationale déclenchée par la Russie, avec la volte-face de Viktor Ianoukovitch, la révolution du Maïdan, la fuite du président ukrainien, l’annexion de la Crimée, l’invasion déguisée de l’est de l’Ukraine par les troupes russes, les sanctions occidentales, la crise économique en Russie, tout cela en quelques mois ! […] Que fait la Russie ? Elle s’abstient soigneusement de répondre aux questions et fait traîner au maximum les discussions. Elle a déjà obtenu le report à 2016 de la mise en place de l’accord. Pendant ce temps, elle continue de saigner l’Ukraine, mois après mois. […] Pour son malheur, l’Ukraine a fait partie pendant soixante-dix ans de l’Union soviétique. Elle est aujourd’hui touchée par les soubresauts de la décomposition de cet empire et menacée, comme la Géorgie, l’Azerbaïdjan, la Moldavie avant elle et peut-être demain les pays baltes, par la politique agressive de Vladimir Poutine, pour qui la chute de l’URSS est « la plus grande catastrophe du XXe siècle ». Nous savons, nous, que la catastrophe ne fut pas la mort, mais la naissance de l’URSS. La Russie aura donc, hélas, manqué par trois fois l’occasion de partager la réussite de l’Europe : au XIXe siècle à cause de l’autocratie tsariste, au XXe siècle en raison de la dictature communiste et au XXIe siècle du fait d’un nouveau nationalisme impérialiste et revanchard condamné à l’échec. Ce qui est étonnant, c’est que le Président russe passe encore souvent pour un stratège. Pendant des années, dans l’affaire syrienne, dans l’affaire iranienne, dans l’affaire géorgienne, on nous a rebattu les oreilles du génie de Poutine, de sa stratégie toujours gagnante contre une Europe impuissante et une Amérique démotivée.

Ce prétendu génie n’était dû qu’au traditionnel retard des démocraties à réagir et à leur aversion aux conflits. Mais l’avantage des démocraties, c’est que, lorsqu’elles prennent conscience du danger, la puissance de leurs institutions et de leur économie entraîne des réponses qui font mal. Alors que nous sommes, avec les sanctions, au bas de l’échelle des réactions possibles, le tigre de papier russe s’est effondré en quelques mois : récession de 5 % en 2015, fuite des capitaux massive, baisse de 30 % des réserves de change, chute du rouble de 40 %, taux de crédit à 17 %. Devant des démocraties qui ne tremblent plus, devant des alliés comme le Kazakhstan et la Biélorussie qui renâclent, car ils ont compris qu’ils risquaient d’être les prochaines victimes, la seule porte de sortie qu’a trouvée le génial Poutine est de se jeter dans les bras de la Chine, dix fois plus peuplée et trois fois plus riche, où Xi Jinping l’a accueilli à bras ouverts et s’est empressé de lui acheter à prix bradé tout le pétrole et le gaz disponible. Génial stratège, et pauvre Russie !

Mon deuxième sujet d’étonnement est que cette politique puisse trouver des soutiens chez nous. N’importe quel observateur objectif ne peut qu’être choqué par l’invraisemblable litanie des violations du droit international et du droit tout court opérées depuis quelques années par la Russie : intervention en Géorgie, soutien aux sécessions de l’Ossétie, de l’Abkhazie, du Nagorno-Karabakh, de la Transnistrie, annexion de la Crimée, invasion quasi ouverte de l’est de l’Ukraine, pressions sur la Moldavie et les pays baltes, violation des espaces aériens norvégiens, finlandais et portugais, envoi de sous-marins dans les eaux territoriales suédoises, menaces contre des navires danois, affirmation publique par Poutine qu’il a envisagé l’utilisation d’armes nucléaires tactiques, augmentation de 30 % du budget militaire, propagande anti-occidentale massive, chasse aux ONG, destruction du Boeing de la Malaysia Airlines, emprisonnement de Navalny et de bien d’autres, exil forcé pour Khodorkovski, Kasparov et tant d’autres, assassinat d’Anna Politkovskaïa, de Litvinenko, de Markelov, d’Anastasia Babourova, de Sergueï Magnitski, de Boris Beresovski, de Boris Nemtsov, plus récemment. Et la liste n’est pas exhaustive !

Pourtant, certains continuent de nier l’évidence. Les plus ardents soutiens de l’autocrate ne surprennent pas. Les extrémistes de droite et de gauche ont un flair infaillible pour renifler les dictateurs et leur faire la courte échelle. De Le Pen à Mélenchon, de Orban à Tsipras, qui gouverne à Athènes avec l’extrême droite et qui recueille les applaudissements du Front national français, c’est à qui gagnera le concours de courbettes. Alors que les troupes russes sont en Crimée et dans le Donbass, ils nous disent que les responsables de la situation sont les Américains. Les autres responsables à leurs yeux sont les dirigeants européens, cette Europe qu’ils haïssent et qu’ils veulent abattre ; cette Europe dont la politique de voisinage propose exactement ce que Poutine, tout comme eux, ne peut supporter : la démocratie, le respect de la loi et des droits de l’homme, le développement économique et la solidarité entre les États membres. Ce qui est navrant, en revanche, c’est le soutien incompréhensible de personnalités appartenant à des formations démocratiques, […] les libres opinions dans les journaux expliquant que la Crimée est russe, comme l’est de l’Ukraine, qu’il faut se dissocier des Américains qui sont des va-t-en-guerre, […]

Toutes ces actions derrière lesquelles la patte de l’ours russe n’est que trop visible me choquent profondément. Les arguments utilisés sont la transcription au mot près de la propagande russe, qui nous explique que « les Ukrainiens sont des fascistes, la nation ukrainienne n’existe pas, l’Ukraine fait partie de la sphère d’influence de la Russie, la Crimée a choisi volontairement son annexion par la Russie, la Russie a été humiliée pendant des années depuis la chute du mur de Berlin et il faut la comprendre ». Je remarque au passage que personne ne semble s’émouvoir de l’humiliation durant des décennies, ô combien plus grave, des Polonais, des Tchèques, des Hongrois et de toutes les autres victimes de l’occupation soviétique, à commencer par les Ukrainiens. Les thuriféraires de Poutine ne se donnent même pas l’élégance d’habiller, au moins en façade, la propagande russe. […] Les nazis disaient vouloir défendre les minorités allemandes dans les Sudètes comme Poutine prétend vouloir défendre les « Russes ethniques » en dehors de la Russie. […]  Les sanctions sont une décision délicate ; elles ont un coût pour nous-mêmes. Pourtant, il fallait les décider, et il faut s’y tenir sans écouter les sirènes qui nous disent qu’elles n’ont aucun effet alors qu’à l’évidence leur effet est majeur. L’arrêt désormais assumé de la vente des Mistral est un acte courageux, qu’il faut soutenir.

Le fait que nous n’ayons jamais autant engrangé de contrats d’armement est d’ailleurs le meilleur démenti aux porte-voix de Poutine qui martelaient l’argument selon lequel notre crédibilité commerciale était en jeu. […] L’Ukraine est devenue un piège pour Poutine. Ses propres erreurs lui ont déjà infligé trois défaites. La première, qu’il n’avait pas prévue, fut la chute de Ianoukovitch et le printemps de Maïdan. La deuxième défaite fut que l’Ukraine soit très largement unie et capable de se battre, ce qu’il n’avait pas prévu non plus. Et la troisième défaite, encore moins prévue tellement est grand son mépris pour les Européens, fut que l’Europe soit capable de réagir. […] Que l’Europe reste unie, et unie avec les États-Unis. […] Un point dans ces accords est un véritable trou noir : l’impossibilité de contrôler la frontière russo-ukrainienne par où passent chaque jour – c’est un secret de Polichinelle – de nouveaux soldats et de nouvelles armes russes en prévision d’éventuels combats, à Marioupol par exemple.

Mme Gisèle Jourda (PS). Dès 2011, l’Ukraine a été fortement incitée par la Russie à rejoindre l’Union eurasiatique avec la Biélorussie et le Kazakhstan et surtout sa fameuse union douanière, incompatible avec la zone de libre-échange approfondi négociée avec l’Union européenne. […] Oui, l’Ukraine se bat pour l’Europe ! Le soulèvement populaire de Maïdan l’illustre parfaitement, tout comme la signature de cet accord. […] Pour la jeunesse ukrainienne, c’est un puissant symbole, un signe d’espérance et d’espoir. Pour Raphaël Glucksmann, conseiller de l’ancien président géorgien Mikheil Saakachvili, « ces documents incarnent l’Europe, la possibilité ou l’impossibilité d’un avenir ».

M. Jean-Yves Leconte (PS). Lorsque le Président Ianoukovitch a finalement refusé de signer l’accord d’association, la population s’est mobilisée pour protester, malgré les pressions russes qui commençaient à peser sur l’économie du pays. [...] Elle ne supportait plus le système kleptocratique et elle voyait en l’Europe une garantie de l’État de droit. Après le départ du Président Ianoukovitch, le pays a dû faire face, d’une part, à la plus grande violation du droit international en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale – l’annexion de la Crimée – et, d’autre part, à une déstabilisation majeure. […] En raison de la situation de guerre dans le pays, les promesses de Maïdan semblent bien loin. La situation sociale est explosive, l’économie est totalement bloquée, l’oligarchie est toujours très présente et, en raison du conflit, les forces armées occupent une place très importante dans la société. Par ailleurs, il ne faut pas se le cacher, il y a des enjeux en termes de liberté d’expression. [….] Cet accord s’inscrit dans l’esprit de 1989, de la chute du mur de Berlin, des combats menés durant toute leur vie politique par Charles de Gaulle, Willy Brandt ou François Mitterrand pour sortir l’Europe du joug de Yalta, du joug totalitaire et faire en sorte que les peuples décident de leur avenir. […] L’histoire nous a montré que, lorsque la France et la Russie sont opposées, c’est l’ensemble de l’Europe qui est malade. Cette conviction historique ne doit pas nous empêcher de nous manifester quand la Russie commet l’inacceptable.

M. Alain Néri (PS). Évidemment, cet accord ne doit en aucun cas être interprété comme une perspective donnée à l’Ukraine d’adhérer à l’Union européenne ou à l’OTAN. Il précise d’ailleurs clairement qu’il n’est pas incompatible avec une participation à l’Union eurasiatique qui prend forme autour de la Russie. 

OB : C’est triste une bêtise pareille, le type n’a pas l’air d’avoir réfléchi que quand un pays appartient à 2 zones de libre-échange, il n’y a pratiquement plus qu’une seule zone de libre-échange…

Arguments défavorables aux accords :

M. Michel Billout (PCF, opposé aux accords). Le refus par un gouvernement pro-russe de le signer a été à l’origine de la guerre civile et de la quasi-partition du pays en 2013. […] Nos actes auront inévitablement des répercussions sur l’évolution de la situation dans la région. […] Force est de constater que les représentants européens se sont montrés particulièrement prudents. […] C’est cette prudence de l’Union européenne qui explique la prise en compte assez large, pendant le sommet, des préoccupations des Russes en termes aussi bien d’approvisionnements gaziers que d’application du processus de paix dans le Donbass. En revanche, l’Union européenne a exigé des Ukrainiens des engagements substantiels en faveur des accords de Minsk, et ce malgré les violations du cessez-le-feu qui s’intensifient dans le Donbass. Dans un tel contexte, où le gouvernement ukrainien joue manifestement un rôle ambigu, est-il opportun de ratifier si rapidement cet accord ? La procédure accélérée [...] est assez inhabituel[le] pour les accords internationaux de ce type. […] Dans quelle mesure cette ratification par le Parlement français contribuera[-t-elle], ou non, à trouver une solution politique à la crise actuelle [?]

De plus, le contenu même de l’accord [...] nous paraît critiquable. […]  La stratégie de l’Union européenne, dite de politique de voisinage, […] au lieu de mettre en place chez nos voisins des politiques de coopération sur une base d’égalité et de réciprocité, vise en réalité à étendre la zone d’influence de l’Union européenne par le biais d’une libéralisation économique. […] En Ukraine, cette politique, en démantelant progressivement la structure étatique de l’économie et en favorisant la mise en coupe réglée des principaux secteurs stratégiques de l’industrie par des oligarques qui se sont partagé le pouvoir, a pris en otage la population, lui faisant subir des réformes ultralibérales dévastatrices ! Les Russes, de leur côté, ont perçu cette stratégie, qui vise de fait à instaurer un rapport de force, comme une menace directe [...]. N’entrons donc pas dans ce jeu, où l’Ukraine tient le rôle de tête de pont de l’économie libérale ! Notre pays gagnerait à ne pas s’inscrire dans une telle stratégie, qui veut isoler la Russie, sur fond de sanctions économiques et de surenchères militaires auxquelles la Pologne et les États-Unis poussent en permanence. […] Les événements récents nous ont montré que le rapprochement économico-institutionnel avec l’Union européenne n’était pas toujours le meilleur moyen de stabiliser la situation dans cette région. […] La ratification de l’accord par notre pays nous semble prématurée.

M. Alain Bertrand (PS, s’abstient). Il reste encore beaucoup à faire pour que ces pays amis se hissent au niveau de nos standards européens, malgré les difficultés que nous connaissons.[...]  Il faut encourager le développement économique de ce pays, qui dispose d’atouts et d’un formidable potentiel, [...] par exemple [les] ressources minérales ou l’agriculture. L’Ukraine offre à l’évidence des perspectives d’investissements et de commerce importantes pour ses voisins. Mais le climat des affaires devrait être plus serein. […] L’Ukraine figure malheureusement en queue de peloton dans le classement sur la corruption. […] La Rada a adopté une stratégie anti-corruption pour 2014-2017, et les services de sécurité ont été largement réformés. Mais l’assassinat d’un député et d’un journaliste au mois d’avril dernier témoigne tragiquement des difficultés actuelles. […] Le conflit a fait plus de 6 000 morts. De nombreuses personnes ont été déplacées. […]

Nous pouvons légitimement nous interroger sur la stratégie du Gouvernement visant à engager rapidement la procédure de ratification […]. Personne n’ignore le fond du sujet : sa portée politique à l’égard de la Russie, qui s’inquiète de la concurrence exercée par l’Union européenne au détriment de l’Union économique eurasiatique et d’une potentielle avancée de l’OTAN vers l’Est. Car c’est bien de cela qu’il s’agit dans l’esprit de nos amis russes, et il convient de le prendre en considération. Notre diplomatie doit aussi se soucier de l’équilibre à trouver entre l’Europe, qui regarde légitimement vers l’Est, et la Russie, qui souhaite tout aussi légitimement conserver une aire d’influence, conformément à son histoire et à son poids sur la scène internationale. […] L’Ukraine constitue évidemment un point névralgique […] La Russie souhaite en faire une zone neutre, une zone tampon. D’ailleurs, l’Ukraine est elle-même tiraillée entre Bruxelles et Moscou depuis 1991. La révolution de la place Maïdan en a été l’illustration. Si le pouvoir actuel est pro-occidental aujourd’hui, qu’en sera-t-il demain ? Les liens historiques et culturels entre l’Ukraine et la Russie sont très forts ! […] À l’égard de la Russie, il sera opportun d’éviter les provocations telles que les entraînements militaires de l’OTAN à proximité des frontières russes. Enfin, l’Union européenne doit définir collectivement une stratégie diplomatique efficace, durable et sûre dans sa relation avec la Russie, afin d’éviter de bâtir des murs d’incompréhension qui obscurciraient l’avenir des peuples.

M. Pascal Allizard (UMP, favorable aux accords). Le conflit est à l’origine de mesures et de sanctions de l’Europe à l’égard de son grand voisin russe, qui y répond par d’autres sanctions. Cette spirale funeste doit être arrêtée. Certes, c’est d’abord l’annexion de la Crimée qui est à l’origine de ces sanctions, mais cela fait déjà plusieurs années que nous savons que la politique européenne dite du « Partenariat oriental » va dans le mur. D’abord, elle coûte cher. Nous avons dépensé des milliards d’euros dans la politique de coopération sans vraiment savoir à qui étaient destinés les fonds. [E]lle repose sur une vision manichéenne et technocratique [qui] a placé les anciens pays du bloc soviétique dans une position trop difficile : choisir entre l’Union européenne ou l’Union eurasiatique proposée par la Russie, sachant que choisir l’un implique de rejeter l’autre. Quelle maladresse dans une zone où les identités, produits d’une histoire tourmentée, peuvent être multiples ! […] Deux langues sont communément employées en Ukraine : l’ukrainien et le russe. Si l’ouest est naturellement tourné vers l’Europe, la majorité des échanges de l’est du pays ont continué de se faire avec la Russie, même après l’indépendance de l’Ukraine, les populations des régions frontalières étant intimement liées. C’est pourquoi il faut que le Partenariat oriental évolue. Il doit mieux prendre en compte la position d’un partenaire aussi important que la Russie. Ne soyons pas candides, rien de durable ne pourra se construire dans cette région sans relations normalisées avec les Russes. Cela n’implique pas un renoncement aux valeurs et principes de l’Europe.

 

Mme Nathalie Goulet (UDI, AC, favorable aux accords). Pour faire partie de la commission Ukraine au sein de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, je sais l’importance de ce pays pour la sécurité de l’Europe. Personne n’a oublié le nuage de Tchernobyl… […] Le président de la commission des droits de l’homme, M. Rabinovitch, [...] a longuement insisté sur le problème de la corruption. Il est donc indispensable de veiller au bon usage de ces fonds. […] Il faut également parler des droits de l’opposition. Il existe bien une Constitution, mais celle-ci n’est pas respectée. […] Le fait que le gouvernement compte des membres qui ne sont pas de nationalité ukrainienne contribue à rendre plus complexe l’appréciation de la situation politique.

Extrait de dialogues :

M. Pascal Allizard (UMP). Je souhaite néanmoins que cette économie de marché ne soit pas accaparée par quelques oligarques de l’ancien système,…

M. Alain Néri (PS). Très bien !

M. Pascal Allizard (UMP). … reconvertis dans les affaires, comme cela a pu se passer dans d’autre pays. L’Europe devra y veiller attentivement pour que les Ukrainiens ne soient pas dépossédés des fruits du développement.

 

Les débats à l’Assemblée

Les débats sont consultables ici. Mais comme ils sont long, voici la synthèse :

Débat à l’Assemblée nationale préalable à la ratification des accords avec l’Ukraine et la Géorgie. Séance du 25 juin 2015    Florilège

La version gouvernementale :

Mme Annick Girardin (PRG), secrétaire d’État chargée du développement et de la francophonie. Très similaires, ces accords visent à établir une « association politique et une intégration économique » entre l’Union européenne et, respectivement, l’Ukraine et la Géorgie. Ils constituent de puissants leviers de modernisation et de réforme au service des citoyens ukrainiens et géorgiens, et dans l’intérêt de la stabilité du voisinage de l’Union. Les accords d’association permettent [de] renforcer le dialogue politique et la coopération en matière de réformes intérieures, de politique extérieure et de sécurité, dans un large éventail de domaines d’intérêt communs. Ce dialogue est fondé sur les valeurs et principes fondamentaux de l’Union européenne, à commencer par le respect des valeurs démocratiques, des droits de l’Homme, de l’État de droit, de la bonne gouvernance et du développement durable. […] Alors que l’Union européenne est le premier partenaire commercial de l’Ukraine – 31 % des échanges commerciaux –, comme de la Géorgie – 27 %[, l]’accord permettra en effet à terme une libéralisation quasi-totale des échanges, assortie d’un calendrier de diminution des droits de douane, calendrier asymétrique afin de prendre en compte les différences de développement économique entre l’Union et ses partenaires. […] Les entreprises françaises, qui comptent parmi les principaux fournisseurs et investisseurs dans ces pays,[...] profiteront de l’amélioration attendue de l’État de droit, de conditions d’investissement facilitées ainsi que des avancées réglementaires […] par exemple en matière de protection des indications géographiques. […] Ces accords ne prévoient pas de perspective d’adhésion à l’Union européenne. […] Pour la France, comme pour l’Union européenne, la conclusion de ces accords d’association avec l’Union européenne n’implique en aucun cas que l’Ukraine et la Géorgie doivent renoncer à leurs relations avec la Russie. Les accords ne les remettent nullement en cause. […] En apportant votre soutien et votre approbation à ces textes, vous témoignerez de l’amitié profonde qui lie la France et ces pays. Vous soutiendrez le développement de ces pays dans le cadre d’une relation nouvelle qu’ils ont souhaitée avec l’Union européenne et contribuerez à renforcer la stabilité et la paix aux frontières de l’Union européenne.

La vision des partisans :

M. Jean-Pierre Dufau (PS), rapporteur de la commission des affaires étrangères.

Ces pays ont en commun d’avoir engagé un effort considérable pour se rapprocher des standards démocratiques et économiques européens. […] Leurs peuples se sont battus et ont versé leur sang – la dernière fois, sur la place Maïdan. Ces pays ont aussi en commun d’avoir perdu le contrôle d’une partie de leur territoire et d’être de ce fait en situation de confrontation plus ou moins ouverte avec la Russie.

S’agissant de la Géorgie, chacun se souvient que depuis son indépendance, ce pays est confronté au séparatisme de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud. Ce fut même la cause en 2008 d’une guerre russo-géorgienne. […] L’arrivée au pouvoir en 2012 et 2013 de dirigeants moins hostiles à la Russie a permis un apaisement entre les deux pays [...]. Cependant, le dossier n’a connu aucune avancée sur le fond, bien au contraire […]. Cet hiver, la Russie a en effet signé des traités avec les soi-disant gouvernements des deux régions séparatistes, traités qui reviennent de fait à les intégrer à la Russie du point de vue économique et sécuritaire, ce qui est évidemment inacceptable pour la Géorgie. Dans ce contexte, la Géorgie a, depuis une décennie, fait le choix de l’Europe, ainsi que celui de se rapprocher de l’OTAN. Elle a mené de nombreuses réformes qui, même si tout n’est pas parfait, lui ont assuré des succès économiques relatifs et qui, aujourd’hui, en font certainement l’un des plus démocratiques des pays issus de l’ex-URSS. […] De même, la lutte contre la corruption a produit des résultats significatifs.

J’en viens à l’Ukraine. [...] La crise politique au niveau central, qui a culminé en février 2014 sur la place Maïdan, est pour le moment surmontée. J’entends par là que l’Ukraine a actuellement un président, M. Porochenko, qui a été largement élu […] et un Parlement, démocratiquement issu des élections d’octobre dernier et comportant une très forte majorité proeuropéenne. Cela rompt avec la période précédente où le pays était profondément clivé entre sa partie occidentale, très nationaliste et proeuropéenne à la fois, et sa partie orientale et méridionale, largement russophone. L’Ukraine est aujourd’hui plus unie qu’elle ne l’a jamais été – si l’on fait naturellement abstraction de la Crimée et du Donbass. […] Les combats se sont apaisés depuis les accords de Minsk 2 en février dernier, mais ils n’ont jamais cessé. La situation économique et humanitaire est très difficile, même si le pays ne connaît ni la famine ni les camps de réfugiés qui existent ailleurs. […] Ce pays ne traverse pas seulement une crise nationale, mais aussi une crise économique très grave. En 2014 et 2015, le PIB ukrainien devrait connaître une baisse cumulée de 12 % à 15 %. La monnaie a perdu plus de la moitié de sa valeur face à l’euro et au dollar. Le déficit public est de l’ordre de 10 % du PIB si l’on tient compte de l’entreprise publique gazière Naftogaz, et le ratio entre la dette publique et le PIB est passé de 40 % à 94 % entre 2013 et 2015.
Face à cela, l’Ukraine bénéficie d’aides internationales massives, notamment du FMI et de l’Union européenne. Au total, l’aide internationale s’élèverait à 41 milliards de dollars d’ici 2018, soit l’équivalent de la moitié du PIB annuel de l’Ukraine. […] L’Ukraine s’est engagée dans un ensemble très complet de réformes politiques et économiques qui touchent de nombreux domaines : réforme constitutionnelle, décentralisation, indépendance de la justice et des médias, lutte contre la corruption, marchés publics, marché de l’énergie, banques ou encore privatisations. […]  Il s’agit de se conformer aux standards européens afin que l’Ukraine soit en mesure de présenter une candidature à l’Union européenne en 2020. […] Chacun de ces accords est aussi un accord de libre-échange dit « complet et approfondi » tel que le promeut la politique commerciale de l’Union […] : les droits de douane doivent être supprimés sur la quasi-totalité des flux commerciaux – entre 98 % et 100 % selon les cas. [...] […]  Leur préambule est explicite : compte tenu de la forte demande exprimée par l’Ukraine et par la Géorgie […] il reconnaît certes « l’identité européenne », les « aspirations européennes » ou encore la situation de « pays européen » des deux pays.

Mme Élisabeth Guigou (PS), présidente de la commission des affaires étrangères. La commission des affaires étrangères s’est beaucoup impliquée [...] dans le suivi des événements en Ukraine, qui ont provoqué plus de 6 400 morts et 16 000 blessés, et qui ont obligé près de deux millions de personnes à abandonner leur logement. Nous ne pouvons pas non plus oublier les épreuves que la Géorgie a traversées en 2008 et le fait que son intégrité territoriale est affectée par le séparatisme des régions d’Ossétie du Sud et d’Abkhazie.

L’approbation de ces accords d’association est une manière de saluer la mémoire de tous ceux qui, en Ukraine comme en Géorgie, ont lutté pour que leur pays s’engage sur la voie des réformes.

[…]  Les intentions des gouvernements ukrainien et géorgien sont tout à fait claires et affichées. S’agissant de l’Union, leur objectif avoué est de mettre leurs pays respectifs en position de présenter leur candidature d’ici quelques années. Pouvons-nous écarter d’emblée ces futures candidatures ? Je crois que l’idéal européen et les traités européens ne nous le permettent pas.  Mais pouvons-nous attendre tranquillement que des candidatures se déclarent sans nous soucier du contexte géopolitique ? Ce serait aller de nouveau au devant d’une crise grave. […] La Russie est un partenaire économique et politique majeur. Il faut maintenir le dialogue afin, espérons-le, lorsque la crise en Ukraine sera surmontée, dans le respect de son intégrité territoriale, de construire ce partenariat Union européenne-Russie que nous appelons de nos vœux.

Mme Danielle Auroi (EELV, vice-présidente du groupe d’amitié France/Etats-Unis), présidente de la commission des affaires européennes. […]  L’application de l’accord de Minsk 2 demeure difficile et la situation n’est pas encore stabilisée, loin s’en faut. […]  Le cessez-le-feu n’a jamais été parfaitement respecté et l’OSCE, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, n’a pas les moyens de surveiller de façon draconienne l’immense territoire […]. Des problèmes demeurent, ne serait-ce que la question des prisonniers, en particulier des prisonniers ukrainiens en Russie. Il subsiste une dizaine de « points chauds » où les tirs d’artillerie lourde n’ont jamais cessé, occasionnant des pertes humaines quotidiennes parmi les forces loyales ukrainiennes comme parmi la population civile. Le niveau d’inquiétude est remonté d’un cran, début juin, avec le déclenchement par les séparatistes à Marinka, au sud-ouest de Donetsk, d’une attaque d’une violence sans précédent depuis la mi-février.

Les régions séparatistes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud [...], qui représentent environ 20 % de la superficie du pays et sont majoritairement peuplés de russophones, ont en effet obtenu leur indépendance de fait il y a sept ans, suivant, me semble-t-il, une logique du même type que celle qui a conduit à l’annexion de la Crimée. Ces événements ont poussé le pays à se tourner vers l’Union européenne, qui est désormais son premier partenaire commercial.

M. Philippe Baumel (PS). […] L’étymologie« U-Kraïna », littéralement le pays de des confins, rappelle qu’elle a toujours été tiraillée entre plusieurs influences, polonaise ou russe, orientale ou occidentale, comme en témoigne son histoire. [...] En raison de l’annexion de la Crimée par la Russie et de la perte de contrôle d’une partie de la région du Donbass, l’Ukraine est confrontée à une crise majeure et doit relever simultanément un défi économique immense. […] Ce matin même, la Russie se prétendait impuissante à bloquer les volontaires russes qui partent au combat. L’Union européenne a donc décidé dès lundi de prolonger jusqu’en 2016 les sanctions économiques visant la Russie dont le rôle dans le conflit ukrainien n’est malheureusement plus à démontrer. […] Nous connaissons le rôle de l’accord d’association dans la crise politique ukrainienne. Le refus de l’ex-président ukrainien Viktor Ianoukovytch de le parapher en novembre 2013 a été à l’origine de manifestations ayant mené à la « révolution de la dignité » ou de Maïdan en février 2014. Le nouvel exécutif ukrainien a aussitôt repris la négociation de l’accord d’association qui a été ratifié le 16 septembre 2014. Celui-ci n’est évidemment pas responsable de la situation actuelle dont les racines profondes sont d’abord à chercher dans les divisions internes du pays, dans sa mauvaise gouvernance, en particulier au cours des années ayant précédé la récente révolution, et dans l’attitude de la Russie. […]

M. François Rochebloine (UDI). L’Ukraine subit encore de plein fouet les effets de la crise avec la Russie et les événements, malgré la signature des accords de Minsk II , ne sont toujours pas pacifiés. En dépit du cessez-le-feu, elle doit encore faire face aux forces russes, et, depuis la mi-mars, la situation s’est hélas à nouveau dégradée. La prolongation des sanctions de l’Union européenne contre la Russie en atteste.

M. Rémi Pauvros (PS, président du groupe d’amitié France/Ukraine). […]  L’accord d’association avec l’Ukraine […] est le fruit d’un combat douloureux mené depuis plusieurs mois par de nombreux citoyens ukrainiens, un combat pour la liberté et pour la démocratie. C’est avec beaucoup d’émotion que je souhaite ici saluer ce combat, car c’est l’esprit du mouvement de Maïdan qui résonne aujourd’hui dans cet hémicycle, l’esprit de ce mouvement né à Kiev par la volonté de citoyens ukrainiens qui se sont insurgés contre les velléités du président ukrainien de l’époque de s’opposer à la signature de cet accord d’association, un mouvement qui a porté haut et fort la voix des citoyens ukrainiens aspirant à un idéal européen de liberté, de démocratie et de modernité.

La vision des opposants :

M. Nicolas Dhuicq (UMP, président du groupe d’amitié France/Russie). Le groupe Les Républicains, ex-UMP, votera ces textes mais nous serons nombreux, issus en particulier de la famille gaulliste, à nous opposer résolument à ce type de provocation. Car c’est bien de provocation qu’il s’agit ! Quelle est la situation actuelle ? Les 1 200 entreprises françaises installées dans la Fédération de Russie, avec laquelle l’Occident a systématiquement refusé depuis le 11 septembre 2001 toute coopération sérieuse, en particulier en matière de lutte contre le terrorisme, en ont assez des sanctions dont elles sont les premières à souffrir ! Comme le montre bien l’exemple de l’ancien chancelier Schröder qui travaille désormais pour Gazprom, l’Allemagne a parfaitement compris la situation et ses échanges économiques ne faiblissent pas. Pire encore, nous sommes passés derrière les entreprises italiennes au sein de la Fédération de Russie et nos banques timorées n’osent pas prêter à nos entreprises, tant aux grands groupes comme Total qu’aux PME, uniquement par peur des mesures de rétorsion des banques américaines ! Telle est la situation actuelle ! Il faudrait au moins cinquante milliards d’euros pour reconstruire l’économie ukrainienne. Avons-nous l’argent nécessaire ? L’Union européenne abondera-t-elle en monnaie sonnante et trébuchante l’économie de nos frères ukrainiens ? Que nenni ! […]

Et puisqu’il est question de valeurs européennes, qui ici s’interrogera sur la situation du président Porochenko dont la fortune personnelle a été multipliée par trois ou quatre depuis les derniers événements et qui commerce directement ou indirectement avec la Fédération de Russie à titre personnel ? Qui, dans cet hémicycle, s’interrogera sur son gouvernement, issu d’un véritable coup d’État, et sur l’action des services secrets à Maïdan, en particulier ceux de Varsovie ? […] Qui mènera les enquêtes sur certains assassinats perpétrés à Maïdan ? Qui s’interrogera sur la présence dans le gouvernement de M. Porochenko de trois ministres qui étaient encore de nationalité américaine trois jours à peine avant d’être nommés et dont l’un travaillait pour le département d’État ? […] Il s’agit, nous dit-on, d’ouvrir en grand les portes d’un libre-échange censé résoudre tous les problèmes alors que prévaut une situation de guerre civile dans laquelle des familles sont torturées et divisées de chaque côté de la frontière, dont certaines, russes orthodoxes, souhaitent dans leur âme profonde être rattachées à la grande patrie russe !

Mme Pascale Crozon (PS, favorable aux accords). Incroyable !

M. Nicolas Dhuicq (UMP). Tant que nous n’aurons pas compris cela, nous nous tromperons sur l’Ukraine ! Tant que nous n’aurons pas parlé librement ici de la division Galicia de triste mémoire, qui massacra Polonais et Juifs pendant la Seconde guerre mondiale et continue aujourd’hui à y défiler en uniforme officiel, nous nous tromperons sur l’Ukraine ! Qui vous parlera ici de ces affiches de propagande du gouvernement ukrainien appelant à écraser le cafard russe ? […] Plus cocasse, l’accord proposé avec la Géorgie. Qui ici dira que M. Saakachvili, qui lança son pays dans une opération funeste, dans une aventure terrible, a été nommé citoyen ukrainien et est désormais gouverneur de la ville et de l’oblast d’Odessa ?

Mme Pascale Crozon (PS, favorable aux accords). Et que voulez-vous qu’on y fasse ?

M. Nicolas Dhuicq (UMP). N’est-ce pas là un motif majeur d’interrogation ? Comment se fait-il que l’ancien président géorgien soit désormais ukrainien et administre une ville ukrainienne ? Ne pensez-vous pas, mes chers collègues, que ces accords sont une véritable provocation ? Que l’Ukraine, zone frontière, anciennement possession du royaume polono-lituanien, anciennement frontière du tsar, a toujours vocation à être une zone frontière entre la Fédération de Russie et nous ?

M. André Chassaigne (PCF).

En 2009, l’Union européenne lançait les négociations en vue d’un accord d’association avec l’Ukraine, la Géorgie et quatre autres pays de l’espace post-soviétique. Quatre ans après, l’interruption de ce processus de négociation par le président Ianoukovitch, sous la pression de la Russie, mettait l’Ukraine à feu et à sang, conduisant à une guerre civile et une quasi-partition de ce pays, qui a causé 6 000 victimes et réduit un million de personnes à l’état de réfugiés. C’est à l’aune de ce processus dramatique que nous devons aujourd’hui nous interroger sur le bien-fondé d’un nouvel accord et, plus largement, sur le rôle que la France peut jouer dans la stabilité de cette région. […] Le rapport de notre collègue Jean-Pierre Dufau souligne à juste titre – je cite – « le rôle déclencheur qu’a joué la question de l’accord d’association dans la crise politique […] que traverse l’Ukraine ». […]

En ratifiant cet accord, ne prenons-nous pas le risque d’envenimer le conflit ukrainien et les séparatismes géorgiens ? Car, malgré la signature des accords de Minsk 2 en février dernier, le cessez-le-feu demeure précaire dans une région située au cœur d’un affrontement géopolitique ancien et vivace entre l’ancien espace soviétique et l’OTAN. En 1994, la Russie s’était engagée à s’abstenir de toute menace ou pression économique sur l’Ukraine en vue d’influencer sa politique, par le mémorandum de Budapest, également signé par les États-Unis. Cet accord garantissait l’indépendance et la souveraineté ukrainienne dans ses frontières, un principe que nous devons défendre avec la plus grande fermeté. Puis en 1997, l’acte fondateur OTAN-Russie avait défini un modus vivendi entre les deux blocs militaires, l’OTAN s’engageant à ne pas déployer d’armements nucléaires chez ses futurs membres. Cet équilibre a été rompu, les engagements bafoués de part et d’autre, et l’Ukraine, comme la Géorgie, sont devenus le terrain d’affrontement des grandes puissances. Les États-Unis portent une responsabilité première de cette situation pour n’avoir jamais renoncé à étendre la sphère d’influence du bloc atlantique. Si l’OTAN a perdu sa raison d’être avec la fin de l’URSS, elle a pourtant poursuivi sans frein sa doctrine stratégique impérialiste, profitant de chaque faiblesse russe pour avancer ses pions.

Ce furent les adhésions de la République tchèque, de la Hongrie et de la Pologne en 1999, puis celles de la Bulgarie, de la Slovaquie, des pays Baltes, de la Roumanie et de la Slovénie en 2004. Et que dire du projet d’adhésion de l’Ukraine, ravivé périodiquement par l’OTAN, notamment par Bush en 2008 ? La Russie de Poutine, obnubilée par son désir de puissance, n’espérait pas tant pour justifier sa politique de « grande Russie ». Aujourd’hui, tous nos efforts doivent converger pour refuser un embrasement géopolitique dont l’Europe serait la première victime. La mère des menaces, c’est évidemment la militarisation du conflit ukrainien et de l’ensemble de l’espace post-soviétique. Fort heureusement, l’accord de Minsk y a mis un coup de frein, mais il est impératif que nous obtenions des autorités russes la fin des livraisons d’armes aux insurgés. Dans le même temps, la France doit peser de tout son poids pour empêcher les provocations aux frontières russes. L’installation, en février dernier, de six nouvelles bases de l’OTAN, dotées de 40 000 hommes, entre la Baltique et la mer Noire, ne fait que contribuer à l’escalade, et les démarches engagées en décembre dernier par les nouvelles autorités ukrainiennes pour rejoindre l’Alliance atlantique risquent de conforter – je dis bien : conforter – la Russie dans son sentiment d’isolement. […]

Dans ce contexte géopolitique brûlant, les accords d’association entre l’Union européenne, l’Ukraine et la Géorgie seront inévitablement interprétés comme un nouveau pas vers le rattachement de l’espace post-soviétique au bloc atlantique. […]  Est-il bien raisonnable de se prêter à un tel engrenage ? Est-ce le rôle de la France ? […] Il est bien difficile de ne pas interpréter le partenariat oriental lancé par l’Union européenne comme une prolongation de l’entreprise du bloc atlantique en matière économique. […]  Il s’agit d’ancrer l’Ukraine dans une économie de marché totalement déréglementée et, en contrepartie, de lui fermer les portes de l’économie russe, ce qui a déjà fait chuter, sur un an, le PIB ukrainien de 17,6 % et sa monnaie de 70 %. Si le peuple ukrainien voit l’Europe comme l’horizon d’une vie meilleure, ces mesures préparent des lendemains qui déchantent pour la majorité et, à n’en pas douter, de formidables profits pour une nouvelle caste d’oligarques ukrainiens. […]  En échange de 25 milliards de dollars d’aide, le FMI, la BCE et la Commission européenne – aujourd’hui, l’évocation de ces institutions éveille chez tout le monde la même pensée – souhaitent ainsi la libéralisation des entreprises publiques – notamment dans l’énergie – le gel des salaires et la baisse des dépenses publiques, un scénario à la grecque, en somme, qui produira le même marasme économique et les mêmes effets dévastateurs pour la population ukrainienne. Nous ne pouvons que déplorer que l’Union européenne se fasse ainsi le héraut d’un capitalisme sauvage.  […]

Nous ne pouvons passer sous silence les dérives réactionnaires qui travaillent le gouvernement ukrainien de l’intérieur. Le président Porochenko entend réécrire l’histoire au profit des forces nationalistes et fascistes qui ont collaboré avec l’armée nazie. […] En retour, le parti communiste, et tout ce qui a trait au communisme, pourrait prochainement être interdit et condamné à la clandestinité, comme aux pires heures de l’histoire. Enfin, les relents antisémites trouvent à s’exprimer comme jamais. […] Comment la France pourrait-elle apporter un blanc-seing à ces égarements ? […] C’est pourquoi nous regrettons que les pas de notre diplomatie se soient, sur d’autres dossiers – j’insiste sur ces mots – placés dans ceux des Américains…alors que l’intérêt de la France n’était pas celui-là. […] Trop souvent, notre politique étrangère a mis de côté les autorités russes : je pense à la crise syrienne, aux négociations sur le nucléaire iranien, mais aussi au boycott impensable des célébrations du soixante-dixième anniversaire de la victoire sur le nazisme à Moscou, vécu comme un véritable affront par le peuple russe. […] Enfin, la réintégration de notre pays au sein du commandement intégré de l’OTAN, qui n’a pas été remis en cause par ce gouvernement, a affaibli notre indépendance nationale.

1er extrait de dialogues :

Mme Chantal Guittet (PS). Plusieurs raisons me conduisent à soutenir ces accords d’association. En premier lieu, ce rapprochement fait écho à une volonté exprimée à la suite de deux révolutions : celle de Maïdan, qui a eu lieu en février 2014,…

M. Nicolas Dhuicq (UMP). Coup d’État !

Mme Chantal Guittet (PS). … et la révolution des roses de novembre 2003 en Géorgie.

M. Nicolas Dhuicq (UMP). Coup d’État !

Mme Chantal Guittet (PS). Elles ont amené au pouvoir des gouvernements pro-européens qui ont fait le choix stratégique du rapprochement avec l’Union européenne.

2nd extrait de dialogues :

Mme Annick Girardin (PRG), secrétaire d’État. Les atteintes à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine ne peuvent rester sans réponse. Le régime de sanctions décidé par l’Union européenne est calibré, temporaire et peut être adapté à tout moment à l’évolution de la situation politique. […] Les choses sont claires, monsieur Chassaigne : l’Ukraine et la Géorgie doivent pouvoir choisir souverainement leur avenir.

M. André Chassaigne (PCF). Tout comme la Grèce !

Eh oui, seuls 10 % des présents ont voté contre (ce n’est pas très grave qu’ils n’étaient que 18, ça marche comme ça, ils se spécialisent. Ils auraient été 1 800, il y aurait eu 1 600 oui et 200 non, ça ne changeait rien. On a d’ailleurs vu avec les débats que la fine fleur intellectuelle du Parlement s’était mobilisée… heum heum)

Merci pour nos emplois en tous cas…

N’hésitez en tous cas pas à contacter les députés pour leur demander des explications…

Source: http://www.les-crises.fr/ukraine-le-jour-ou-les-parlementaires-ont-de-nouveau-sacrifie-nos-emplois-a-la-globalisation/