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Notre Commandant en Chef

Monday 23 November 2015 at 03:00

Parce que dans ces horreurs et scandales, un moment de rire (parce que, hélas, il vaut mieux en rire pour ne pas mourir de rage) est toujours bienvenu :

Source: http://www.les-crises.fr/notre-commandant-en-chef/


« Nous payons les inconséquences de la politique française au Moyen-Orient »

Monday 23 November 2015 at 03:00

« Nous payons les inconséquences de la politique française au Moyen-Orient »

Source : Le Monde, le 17 novembre 2015.

Laurent Fabius et le ministre du pétrole saoudien Ali al-Naimi le 8 novembre à Paris.

Soyons réalistes, demandons l’impossible, clamaient dans les rues de Paris les utopistes de mai 1968. Etre réaliste aujourd’hui, c’est réclamer à ceux qui gouvernent d’aller aux racines de ce mal qui, le 13 novembre, a tué au moins 129 personnes dans la capitale française. Elles sont multiples, et il n’est pas question d’en faire ici l’inventaire. Nous n’évoquerons ni l’abandon des banlieues, ni l’école, ni la reproduction endogamique d’élites hexagonales incapables de lire la complexité du monde. Nous mesurons la multiplicité des causes de l’expansion de l’islamisme radical.

Comme nous savons à quel point l’étroitesse des rapports entretenus dans tout le monde arabe entre les sphères politique et religieuse a pu faciliter son émergence, nous n’avons aucune intention simplificatrice. Mais, aujourd’hui, c’est la politique internationale d’une France blessée, et de l’ensemble du monde occidental, que nous voulons interroger.

Sur l’islamisme d’abord. Depuis le début de sa montée en puissance, dans les années 1970, les dirigeants occidentaux se sont convaincus qu’il devenait la force politique dominante du monde arabo-musulman. Addiction au pétrole aidant, ils ont renforcé le pacte faustien les liant aux Etats qui en sont la matrice idéologique, qui l’ont propagé, financé, armé. Ils ont, pour ce faire, inventé l’oxymore d’un « islamisme modéré » avec lequel ils pouvaient faire alliance.

LE DJIHADISME EST AVANT TOUT L’ENFANT DES SAOUD ET AUTRES ÉMIRS AUXQUELS ELLE SE FÉLICITE DE VENDRE À TOUR DE BRAS SES ARMEMENTS SOPHISTIQUÉS. ON NE VEUT PAS VOIR QUE LA MÊME IDÉOLOGIE LES ANIME

Le soutien apporté ces derniers mois au régime turc de M. Erdogan dont on connaît les accointances avec le djihadisme, et qui n’a pas peu contribué à sa réélection, en est une des preuves les plus récentes. La France, ces dernières années, a resserré à l’extrême ses liens avec le Qatar et l’Arabie saoudite, fermant les yeux sur leur responsabilité dans la mondialisation de l’extrémisme islamiste.

Le djihadisme est avant tout l’enfant des Saoud et autres émirs auxquels elle se félicite de vendre à tour de bras ses armements sophistiqués, faisant fi des « valeurs » qu’elle convoque un peu vite en d’autres occasions. Jamais les dirigeants français ne se sont posé la question de savoir ce qui différencie la barbarie de Daesh de celle du royaume saoudien. On ne veut pas voir que la même idéologie les anime.

Cécité volontaire

Les morts du 13 novembre sont aussi les victimes de cette cécité volontaire. Ce constat s’ajoute à la longue liste des soutiens aux autres sanglants dictateurs moyen-orientaux – qualifiés de laïques quand cela convenait – de Saddam Hussein à la dynastie Assad ou à Khadafi – et courtisés jusqu’à ce qu’ils ne servent plus. La lourde facture de ces tragiques inconséquences est aujourd’hui payée par les citoyens innocents du cynisme à la fois naïf et intéressé de leurs gouvernants.

L’autre matrice du délire rationnel des tueurs djihadistes est la question israélo-palestinienne. Depuis des décennies, les mêmes dirigeants occidentaux, tétanisés par la mémoire du judéocide perpétré il y a soixante-dix ans au cœur de l’Europe, se refusent à faire appliquer les résolutions de l’ONU susceptibles de résoudre le problème et se soumettent aux diktats de l’extrême droite israélienne aujourd’hui au pouvoir, qui a fait de la tragédie juive du XXe siècle un fonds de commerce.

On ne dira jamais assez à quel point le double standard érigé en principe politique au Moyen-Orient a nourri le ressentiment, instrumentalisé en haine par les entrepreneurs identitaires de tous bords. Alors oui, soyons réalistes, demandons l’impossible. Exigeons que la France mette un terme à ses relations privilégiées avec l’Arabie saoudite et le Qatar, les deux monarchies où l’islam wahhabite est la religion officielle, tant qu’elles n’auront pas coupé tout lien avec leurs épigones djihadistes, tant que leurs lois et leurs pratiques iront à l’encontre d’un minimum décent d’humanité.

Exigeons aussi de ce qu’on appelle « la communauté internationale » qu’elle fasse immédiatement appliquer les résolutions des Nations unies concernant l’occupation israélienne et qu’elle entérine sans délai la création trop longtemps différée de l’Etat palestinien par le retour d’Israël dans ses frontières du 4 juin 1967.

Ces deux mesures, dont riront les tenants d’une realpolitik dont on ne compte plus les conséquences catastrophiques, n’élimineront pas en un instant la menace djihadiste, aujourd’hui partout enracinée. Mais elles auront l’immense mérite d’en assécher partiellement le terreau. Alors, et alors seulement, les mesures antiterroristes prises aujourd’hui en l’absence de toute vision politique pourraient commencer à devenir efficaces.

Sophie Bessis et Mohamed Harbi (Historiens)


Impunité saoudienne

Source : Serge Halimi, pour Le Monde Diplomatique, en mars 2012.

Les libertés fondamentales ne sont pas mieux respectées en Arabie saoudite qu’en Iran. Est-ce donc à son statut de premier pays exportateur de pétrole et d’allié des Etats-Unis que la monarchie wahhabite doit d’être miraculeusement épargnée par la « communauté internationale » ? L’Arabie saoudite peut en tout cas intervenir à Bahreïn, y écraser une protestation démocratique, exécuter soixante-seize personnes en 2011 (dont une femme accusée de « sorcellerie »), menacer du même châtiment un blogueur qui a diffusé sur son compte Twitter un dialogue imaginaire avec le Prophète, condamner les voleurs à l’amputation, proclamer les chefs d’inculpation de viol, de sodomie, d’adultère, d’homosexualité, de trafic de drogue, d’apostasie passibles de la peine capitale, sans que, hormis le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, nul ou presque semble s’en émouvoir. Ni le Conseil de sécurité de l’ONU, ni le G20, dont l’Arabie saoudite est membre, ni le Fonds monétaire international (FMI), dont la directrice générale vient de saluer le « rôle important » joué par Riyad dans la stabilisation de l’économie mondiale.

La même monarchie s’obstine-t-elle à interdire aux femmes — qui déjà ne peuvent pas se déplacer en voiture sans mari ou chauffeur — de participer aux Jeux olympiques ? Cette violation de deux articles au moins de la charte sportive (1) ne suscite pas, elle non plus, beaucoup de remous. A supposer que l’Iran se fût rendu coupable d’un tel apartheid sexuel, une campagne internationale de protestations eût déjà été lancée.

Le traitement de faveur permanent dont bénéficie la dynastie wahhabite vient de trouver une nouvelle illustration avec les déclarations du premier ministre tunisien. M. Hamadi Jebali a loué ses hôtes saoudiens lors d’une de ses premières visites officielles à l’étranger. Or Riyad, qui appuya jusqu’au bout le clan Ben Ali, refuse d’extrader le dictateur déchu et sert de refuge à sa fortune mal acquise. L’argent des pays du Golfe encourage par ailleurs les provocations des salafistes tunisiens et finance des chaînes de télévision qui propagent dans le pays une lecture moyenâgeuse de l’islam.

En janvier 2008, le président français Nicolas Sarkozy prétendait que, « sous l’impulsion de sa majesté le roi Abdallah », l’Arabie saoudite développait une « politique de civilisation ». Quatre ans plus tard, ce pays, où règne la corruption, est surtout devenu le fer de lance du sunnisme ultraconservateur dans le monde arabe. Les gérontes de Riyad, qui assimilent les protestations de la jeunesse saoudienne à une « nouvelle forme de terrorisme », ne se soucient du droit des peuples que pour l’opposer aux régimes de leurs rivaux régionaux, « radicaux » ou chiites. Le royaume se croit sans doute abrité des tempêtes populaires par son saupoudrage social d’une fraction de la rente pétrolière, par le mépris que la majorité sunnite voue aux 10 à 20 % de chiites qui grondent dans l’est du pays, par la crainte de l’Iran enfin. L’indulgence internationale dont bénéficie la monarchie saoudienne lui procure un bouclier de plus.


Dans le Golfe, l’argent plutôt que l’accueil

Source : Akram Belkaïd, pour Le Monde Diplomatique, en Octobre 2015.

«Mais pourquoi les pays du Golfe ne font-ils rien pour les réfugiés ? » Omniprésente sur les réseaux sociaux comme dans toute la presse mondiale, cette question jette une lumière crue sur le refus des monarchies pétrolières d’accueillir les Syriens — ou les Yéménites, dont on parle peu — qui quittent leur patrie. Aucun des six membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) (1) n’est signataire de la convention de Genève relative aux réfugiés et n’a de législation permettant à des ressortissants fuyant un conflit de s’installer sur leur sol. Il n’est donc pas question pour eux de laisser s’installer des camps de réfugiés.

En 1948 déjà, le royaume saoudien fermait ses frontières aux Palestiniens chassés par la création d’Israël au prétexte qu’il n’avait pas les moyens de les héberger. Aujourd’hui, ces six pays parmi les plus riches au monde insistent sur le fait qu’ils financent la prise en charge humanitaire des Syriens, notamment au Liban et en Jordanie. Le Koweït devrait ainsi débourser un total de 304 millions de dollars en 2015 au profit des agences de l’ONU, tandis que l’Arabie saoudite a débloqué 20 millions de dollars pour les camps jordaniens, quand les Etats-Unis — premier donateur — s’engagent pour 1,1 milliard dans l’ensemble de la région.

« Les pays du Golfe préfèrent mettre l’accent sur l’aspect financier plutôt que d’ouvrir leurs frontières », observe Sarah Leah Whitson, directrice pour le Moyen-Orient au sein de Human Rights Watch. Dans les faits, la situation est un peu plus contrastée. Si l’Arabie saoudite n’a plus délivré de permis de travail aux Syriens depuis 2011, les Emirats arabes unis en ont tout de même accueilli 150 000 depuis le début des hostilités. « Cela se fait au cas par cas, explique un expatrié maghrébin installé à Abou Dhabi. Le plus souvent, ce sont des gens qui ont déjà de la famille dans les Emirats et qui peuvent y trouver du travail. Pour les autorités, il est hors de question de provoquer le moindre appel d’air. » Dans tous les cas, la règle fondamentale imposée à ces chanceux est la même : la moindre activité politique en rapport avec leur pays d’origine leur est interdite.

Source: https://www.les-crises.fr/nous-payons-les-inconsequences-de-la-politique-francaise-au-moyen-orient/


Les démons sont éternels, par Jacques Raillane

Sunday 22 November 2015 at 20:00

Source : Jacques Raillane, alias “Abou Djafar”, ancien analyste de la DGSE (Direction générale des services extérieurs), sur son blog Le Monde, le 21 novembre 2015.

Fidèle à l’esprit du 11 janvier, fait d’ouverture et de lucidité, le ministre de l’Intérieur l’a clairement rappelé alors que quelques voix audacieuses s’interrogeaient sur l’efficacité de nos services, au lendemain des attentats du 13 novembre : il n’y a pas eu de faille dans le dispositif (en fait, il n’y en a jamais). Et, se justifiant avec l’agilité intellectuelle qui nous le rend si sympathique, le même a rappelé le nombre de policiers et de gendarmes mobilisés sur le territoire national depuis plusieurs mois. Manifestement, le brave homme semble confondre les moyens et leur emploi et n’entend pas voir le bilan de l’organisation dont il a la charge remis en cause par les faits. Après tout, les faits, c’est tellement 20e siècle, et critiquer, c’est tellement la marque d’une posture anti nationale.

Un succès

Le ministre a cependant raison. Le terme de faille n’est pas approprié, et je lui préfère, tout comme quelques amis bien renseignés, celui de naufrage, voire même celui denaufrage historique. NAUFRAGE HISTORIQUE.

130 morts, Monsieur le Ministre, à Paris et Saint-Denis, et certains des blessés sont vraiment dans un sale état, mais pas de faille, oh non, aucune. Devrait-on alors parler de succès ? Ou de fatalité ? Je ne suis pas le seul à trembler de rage en écrivant ces lignes tant l’indécence de la position officielle le dispute à l’ampleur de l’attaque qui nous a frappés - et à laquelle on s’attendait. Vraiment, vous êtes certain, tout s’est passé comme prévu ? Même pas un petit souci ? Ah bon, d’accord. Oui, oui, je circule.

Parce que, moi éternel ricaneur, d’un seul coup je ne ricane plus car je ne vois pas une faille, mais un tas de cadavres, plusieurs tas, en fait, devant des bars, dans les rues, dans une salle de concert, dans un quartier où l’essence même de notre pays, joyeuse, métissée, a été fauchée. Mais non, n’est-ce pas, tout va bien, tout s’est passé comme prévu ? J’imagine que c’est ce que vous allez expliquer aux familles, n’est-ce pas ? D’ailleurs, n’est-ce pas ce que vous célébriez le vendredi 13 dans la journée ? Moi, qui étais alors loin de la France, je ne trouvais alors sur le compte Twitter de la Place Beauvau, tandis que les morts s’accumulaient dans nos rues, que de misérables manifestations d’autocélébration.

Tout va bien

Tout va on ne peut mieux

Et pourtant, que ne nous avait-on promis ? La sécurité pour tous, des services devenus soudainement infaillibles grâce à une loi qu’on nous disait indispensable. A l’époque, au milieu des moqueries et des accusations à peine déguisées de trahison, on nous expliquait que les mesures votées, devenues légales après le vote d’une Représentation nationale sous pression (« Je vais voter cette loi, je ne veux pas qu’on me reproche quoi que ce soit en cas d’attentat »), étaient en réalité déjà largement mises en œuvre par les services concernés et que la lutte contre le terrorisme s’en verrait ainsi renforcée légalement et consolidée sur le terrain. Il faut dire qu’entre les attentats déjoués fortuitement et les carnages évités de justesse dans un train, la menace n’avait rien d’anecdotique.

Jamais, JAMAIS, ne fut discutée l’organisation de la communauté du renseignement. Jamais, JAMAIS, l’Assemblée, malgré les discours fermes de Jean-Jacques Gandhi, ne tenta de savoir comment les attentats du mois de janvier avaient pu se produire, comment des hommes connus – et parfois surveillés – avaient pu échapper à notre vigilance. A l’inverse de toute logique, économique ou industrielle, à l’encontre de la plus élémentaire rigueur intellectuelle, on décida de renforcer considérablement les moyens de structures lourdement prises en défaut. Ceux qui, en un fascinant mélange d’arrogance et d’ignorance (« Vous êtes très… français » aurait sans doute dit Larmina), moquaient la communauté impériale du renseignement tombaient dans les mêmes pièges, votant des budgets sans savoir s’ils seraient correctement utilisés, attribuant des renforts sans savoir où ils seraient affectés, décidant d’un accroissement de la masse des renseignements recueillis sans jamais JAMAIS se demander s’ils seraient correctementanalysés, et surtout dans quel but. Avoir une idée de manœuvre, c’est tellement 20esiècle.

Il faut dire que les stratèges à l’origine de ces décisions étaient admirablement conseillés. On trouvait – et on trouve toujours – dans les antichambres du pouvoir les mêmes conseillers, inspirateurs de la catastrophique réforme de 2008 ayant abouti à la disparition des Renseignements généraux (DCRG) – une bonne raison pour les adorateurs de l’ancien Président de ne pas la ramener, d’ailleurs – et fourguant à tout va l’imposture d’une certaine criminologie française. Il faut dire que confier à des individus niant depuis le début l’existence d’Al Qaïda (elle n’existe pas, mais on écrit quand même des livres à son sujet, faut bien vivre) le soin de penser l’ensemble de notre stratégie contre le jihad tient du génie. Foulant aux pieds des milliers de pages de travaux scientifiques, les voilà qui mettent en avant une espèce de gourou aux motivations troubles qui, alors qu’on se bat du Maroc aux Philippines, affirme sans rire que tout ça c’est rien que la faute aux jeux vidéos et à la drogue et au chômage. Sans doute les assassins de Sadate, en 1981, avaient-ils trop joué en ligne (#ohwait), sans doute les fils à Papa détournant les avions du 11 septembre étaient-ils trop pauvres.

Transformant le pays occidental le plus menacé par le jihadisme en un stupéfiant îlot de superbe ignorance, vomissant la CIA ou la NSA en ne cessant secrètement de les envier, drapés dans des valeurs de gauche tout en envisageant des Guantanamo gaulois, nos héros, rejetant par avance toute vision d’ensemble d’un phénomène vieux de près de 40 ans, s’en remettent à de fumeuses théories psychologisantes qui font rire – quand elles ne font pas pleurer – les vrais professionnels (puisqu’il y en a, dans tous ces domaines, et qu’on prend bien soin de ne pas les écouter). Les historiens nous expliqueront sans doute par quel complexe cheminement une élite – ou supposée telle – a inventé la réforme- sabotage. Face à ces échecs vertigineux, personne, cependant, ne semble avoir pensé une seconde à démissionner. La décence, c’est tellement 20e siècle.

Il y a près de cinquante ans, les mêmes nous disaient qu’il était interdit d’interdire. Il est désormais interdit de critiquer, et on envoie pour nous châtier, nous autres malheureux PEAP, l’élite intellectuelle du parti. Que n’a-t-on dit au général Desportes, au colonel Goya, et à quelques autres qui déploraient la coûteuse et inutile présence de nos troupes dans nos rues ? Traités avec dédain par des responsables politiques désormais face à leurs responsabilités (Monsieur le Ministre de la Défense, ça baigne à Bamako ? ça filoche à Bangui ?), les observateurs ne ressentent aucune jubilation à avoir pu voir et comprendre ce que tant de beaux esprits s’obstinaient à ignorer. Ils pourraient cependant se moquer, même si c’est pas leur genre.

Prenons, à tout hasard, les frappes aériennes soudainement intensives réalisées en Syrie et en Irak. Qu’on écrase sous les bombes les combattants de l’EI ne me pose pas de problème, mais je me demande pourquoi on le fait APRES le carnage du 13 novembre. Ces frappes, que nous avons été quelques uns à juger trop timides, et donc à la fois peu pertinentes et inutilement dangereuses (en nous sur exposant pour un résultat opérationnel médiocre), nous ont été présentées comme des actions préventives. Il va, là aussi, être compliqué d’y voir un succès, et ce d’autant plus que nos ennemis, en revendiquant les attentats du 13 novembre, ont bien pris soin de préciser qu’ils nous frappaient en réaction. Que ce soit faux ou vrai importe peu, puisque nous parlons ici de communication. Nous sommes sans nul doute plus puissants qu’eux, mais ils sont tellement plus forts. Mais la réalité, c’est tellement 20e siècle.

Quelques heures après la perpétration du pire attentat jamais commis sur notre sol par ceux que nous bombardions justement pour l’éviter, nous avons donc redoublé d’effort. Mais, osé-je demander, si nous avons su si vite où et qui frapper après le carnage, pourquoi ne pas l’avoir fait AVANT ? Pudeur ? Splendide retenue ? Ou faut-il plutôt penser que nous nous agitons, une fois de plus, en tous sens et que, magnifique démonstration de notre solidité dans l’épreuve, nous nous vengeons ? La pertinence de cette stratégie est d’autant plus spectaculairement démontrée que celui qu’on présente comme le cerveau des attentats est mort à Saint-Denis et non pas à Raqqa. Pendant que nous ravagions des stations-services en Syrie, l’homme le plus recherché des services français pouvait s’infiltrer en Europe pour mourir finalement à quelques centaines de mètres d’un stade dont il avait fait fuir le Président. Je suis sans doute lyrique, mais j’y vois comme le symbole de notre soumission aux événements.

Dans un article devenu fameux, le Directeur général de la DGSE écrivait en 2014 que le renseignement visait à réduire l’incertitude. Il a, ici, spectaculairement échoué. Comme souvent dans l’histoire de notre pays, les plus épouvantables tannées ne sont pas dues à la lâcheté de nos combattants mais à la médiocrité de nos chefs. Jamais, en effet, les policiers, espions, magistrats, douaniers, gendarmes n’ont été mieux formés, mieux équipés qu’au moment où j’écris ces lignes. Quant aux militaires, dont on réduit sans fin le budget depuis des années, il apparaît aujourd’hui qu’on a besoin d’eux, de leur engagement, de leur patriotisme, de leur courage, et qu’ils ont besoin, eux, d’un minium de soutien. Le talent personnel, l’engagement absolu, au détriment de tout le reste, peuvent ne pas suffire quand le système ne fonctionne pas, ou, pire, quand il ne cherche pas à fonctionner tant il est occupé à autre chose : se battre pour les budgets, les missions, les dossiers, la gloire, les étoiles, les postes, etc.

Selon une tradition solidement établie, c’est donc une nouvelle génération que la France envoie défendre ses valeurs et ses intérêts sans jamais réfléchir à la façon dont il faudrait s’y prendre. Le sacrifice des personnels, civils et militaires, au Sahel comme en France, est d’autant plus admirable qu’il est gaspillé. Le panache, cette grandeur dans l’échec qui ne fait plus vibrer que les anciens Premiers ministres devenus avocats d’affaires, ne doit pas suffire quand tant est en jeu. Comme ne cesse de le répéter le colonel Goya, les défaites admirables, c’est beau, mais les victoires, c’est mieux.

La défaite face au terrorisme prend rarement la forme d’une débandade militaire. Il s’agit, le plus souvent, et en toute logique, d’une défaite politique puisque le terrorisme, mode opératoire, ne cherche qu’un effet politique. Il faut ainsi noter que ce sont les civils visés qui, par leur réaction, font ou ne font pas le succès sur le long terme du terrorisme. En rigolant malgré leurs larmes, en créant des comptes parodiques sur Twitter ou Facebook, en se réunissant spontanément dans les rues, en envahissant les terrasses parisiennes, nos concitoyens ont démontré toute la résilience qu’on attendait d’eux. Mais, et là aussi comme souvent, la trahison est venue des chefs, des élus, des responsables.

Exprimant une peur indécente, presque hystérique, alors que la population, groggy, se relevait déjà, la classe politique nationale, à de rares exceptions, s’est rapidement livrée à une affligeante surenchère associant propositions juridiques ineptes, polémiques indignes (mention spéciale à M. Bartolone qui, dimanche matin, avec sa diction inimitable de boxeur drogué, accusait sur RTL la précédente majorité d’avoir ruiné la sécurité de la France mais appelait dans la même phrase à l’union), et déclarations imbéciles (poke Malek Boutih, Xavier Bertrand, Laurent Wauquiez, et un paquet d’autres).

C’est pourtant de la tête de l’Etat qu’est venu le spectacle le plus consternant. Oubliant des années de soutien à ceux qui veulent renverser le régime, des décennies d’affrontements clandestins, la France a, en effet, paru adopter les positions de Damas et de Moscou au sujet du jihad syrien. Cette inflexion, décidée sereinement après mûre réflexion, aurait pu être explicitée, défendue, argumentée, mais elle a, en réalité, été décidée sous la pression des événements. De même la proclamation de l’Etat d’urgence, si elle a de nombreuses justifications opérationnelles, donne le sentiment d’une perte de contrôle de la situation par un Etat et une administration qui, après avoir pendant des années réduit le budget des forces armées ou rejeté par principe des constats sociaux douloureux, prennent en pleine face la terrible réalité du monde. On pense ici à la brave dame qui reprochait récemment à David Thomson de décrire les jihadistes comme ils sont, ou à ceux qui geignaient en 2013 devant le masque glaçant d’un Légionnaire désormais perdu pour la République. Regardez bien se développer en France notre version du néoconservatisme, souvent défini ainsi : « A neoconservative is a liberal who has been mugged by reality » (Irving Kristoll). La réalité est cruelle, surtout pour ceux qui la niaient par aveuglement.

Que la population soit sensible à la violence, puisqu’elle est visée par elle, n’a rien de choquant. On aimerait simplement parfois plus de lucidité de sa part. Mais que nos gouvernants tombent dans tous les pièges qu’on leur tend a de quoi inquiéter, alors que tous les constats officiels sont faux (le Premier ministre évoquant les jeux vidéos ? Sérieusement ?) et qu’il est interdit de questionner le gaspillage d’énergie provoqué par la désorganisation de la lutte anti terroriste en France, déjà en difficulté depuis longtemps.

De ce point de vue, et en pensant au terrible gâchis de ces vies brutalement achevées ou brisées, l’attentat commis et revendiqué par l’EI est un succès pour les jihadistes. Ils contemplent notre fébrilité, la déconnexion entre nos ambitions et nos moyens, les béances au sein de nos services malgré la qualité des moyens techniques et humains mis en œuvre, et ils envisagent peut-être même de recommencer. Après tout, ça marche. Pourquoi se priver ?

Source: http://www.les-crises.fr/les-demons-sont-eternels/


[Actualité] Même après le 13 Novembre, tout le monde campe sur ses positions et rien ne bouge…

Sunday 22 November 2015 at 19:40

Source : L’Hebdo, le 22 novembre 2015.

Les dirigeants occidentaux sont convenus la semaine dernière, en marge du sommet du G20 en Turquie, de prolonger de six mois, jusqu’en juillet 2016, les sanctions contre la Russie. Elles avaient été décidées en raison de la politique du Kremlin envers l’Ukraine.

Cette décision a été prise alors que se multiplient les déclarations en faveur d’une coopération avec la Russie dans la lutte contre les djihadistes de l’Etat islamique, à la suite des attentats du 13 novembre à Paris.

La prolongation des sanctions a été décidée lors d’une réunion entre le président américain Barack Obama, la chancelière allemande Angela Merkel, le premier ministre britannique David Cameron, le président du Conseil italien Matteo Renzi et le ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius, a déclaré samedi un diplomate européen qui a requis l’anonymat.

Ces dirigeants ont notamment estimé qu’il fallait maintenir la pression sur la Russie avant les élections prévues par les séparatistes dans l’est de l’Ukraine en février prochain, a ajouté le diplomate.

“La seule chance d’avoir ce que nous voulons, c’est de jouer la carte des sanctions. Les sanctions financières doivent rester en place jusqu’au bout”, a-t-il ajouté.


Syrie : Obama n’envisage pas la fin de la guerre civile sans départ d’Assad

Source : Le Parisien, le 19 novembre 2015.

Manille (Philippines), jeudi 19 novembre. Barack Obama a confirmé sa ligne sur la Syrie : Bachar al-Assad ne peut participer à des élections libres dans son pays.

Manille (Philippines), jeudi 19 novembre. Barack Obama a confirmé sa ligne sur la Syrie : Bachar al-Assad ne peut participer à des élections libres dans son pays.

C’est un « no » à Vladimir Poutine. En déplacement à Manille (Philippines) pour un forum économique, le président américain Barack Obama a estimé ce jeudi qu’il ne pouvait y avoir d’issue à la guerre civile en Syrie si Bachar al-Assad restait au pouvoir.

Il a écarté ainsi des suggestions de dirigeants du Proche-Orient selon lesquelles le président syrien pourrait participer à de futures élections. « Je n’imagine pas une situation dans laquelle nous pouvons mettre fin à la guerre civile en Syrie, avec Assad qui resterait au pouvoir », a-t-il expliqué.

Les déclarations du président américain interviennent quelques jours après une rencontre avec Vladimir Poutine, principal soutien de la Syrie, qui semblait indiquer que les deux parties seraient proches d’un accord. Le président russe, qui cherche à maintenir la présence stratégique russe en Syrie, s’oppose vigoureusement au départ d’Assad. «Seuls ceux qui se sentent exceptionnels se permettent de se conduire d’une manière si éhontée, imposant aux autres leur volonté», avait-il déclaré vendredi dernier.

Malgré les rapprochements depuis le crash d’un avion russe dans le Sinaï et les attentats de Paris, entre la Russie, les États-Unis et la France, le sort du président syrien reste un point de discorde entre l’occident et les soutiens d’Assad, Moscou et Téhéran.

Mercredi, le patron de la Maison-Blanche estimait que la Russie avait été «un partenaire constructif à Vienne en essayant de créer une transition politique» en Syrie, en référence aux récents pourparlers internationaux qui se sont tenus en Autriche. «Mais il y a évidemment un piège, c’est que Moscou est toujours intéressé à ce qu’Assad reste au pouvoir».

Barack Obama a insisté sur le fait que les Syriens n’accepteraient pas qu’Assad reste au pouvoir après une guerre civile qui dure depuis plus de quatre ans et a fait plus de 250 000 morts, dont beaucoup du fait des exactions de son régime. « Même si je disais que c’est bien, je ne pense pas que cela fonctionnerait. On ne pourrait pas obtenir que la population syrienne — en majorité — soit d’accord avec une telle issue », a fait valoir Obama.

« Assad représente les intérêts d’une partie conséquente de la société syrienne, c’est pourquoi l’on n’arrivera pas à un règlement pacifique (du conflit) sans sa participation », lui a répondu le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, cité par les agences russes. « Nous sommes prêts à une coopération pratique avec les pays de la coalition et à travailler avec eux pour en définir les modalités, qui, bien sûr, respecteraient la souveraineté de la Syrie et les prérogatives du gouvernement syrien », a-t-il ajouté.


Etat d’urgence en Crimée après une coupure totale de l’électricité venant d’Ukraine

Le Monde.fr avec AFP

Les autorités de la république de Crimée ont annoncé, dans la nuit de samedi à dimanche 22 novembre, avoir instauré l’état d’urgence, peu après une coupure totale de l’électricité venant d’Ukraine. Des sources ukrainiennes ont affirmé que ces coupures étaient dues à un sabotage de lignes à haute tension, sans indiquer qui pourrait en être responsable. Sur les 2 millions d’habitants de la région, 1,6 million sont privés de courant.

A lire ici


USA: 1,3 milliard de dollars de bombes vendu à l’Arabie saoudite

Le gouvernement américain a autorisé la vente de plus de 17.000 munitions air-sol à l’armée de l’air saoudienne pour près d’1,3 milliard de dollars, a annoncé le département d’Etat aujourd’hui.

Le Congrès devrait donner son feu vert à cette vente, qui a lieu au moment où des avions de l’Arabie saoudite bombardent les rebelles Houthis au Yémen.

Source : Figaro, 16/11/2015

Yemen : 2200 morts fin septembre, 93 % de civils

Mais pourquoi-nous détestent-ils tant ?

Source: http://www.les-crises.fr/actualite-meme-apres-le-13-novembre-tout-le-monde-campe-sur-ses-positions-et-rien-ne-bouge/


L’Arabie saoudite : un Daesh qui a réussi

Sunday 22 November 2015 at 07:40

Source : Kamel Daoud, pour le New York Times, le 20 novembre 2015.

Daesh noir, Daesh blanc. Le premier égorge, tue, lapide, coupe les mains, détruit le patrimoine de l’humanité, et déteste l’archéologie, la femme et l’étranger non musulman. Le second est mieux habillé et plus propre, mais il fait la même chose. L’Etat islamique et l’Arabie saoudite. Dans sa lutte contre le terrorisme, l’Occident mène la guerre contre l’un tout en serrant la main de l’autre. Mécanique du déni, et de son prix. On veut sauver la fameuse alliance stratégique avec l’Arabie saoudite tout en oubliant que ce royaume repose sur une autre alliance, avec un clergé religieux qui produit, rend légitime, répand, prêche et défend le wahhabisme, islamisme ultra-puritain dont se nourrit Daesh.

Le wahhabisme, radicalisme messianique né au 18ème siècle, a l’idée de restaurer un califat fantasmé autour d’un désert, un livre sacré et deux lieux saints, la Mecque et Médine. C’est un puritanisme né dans le massacre et le sang, qui se traduit aujourd’hui par un lien surréaliste à la femme, une interdiction pour les non-musulmans d’entrer dans le territoire sacré, une loi religieuse rigoriste, et puis aussi un rapport maladif à l’image et à la représentation et donc l’art, ainsi que le corps, la nudité et la liberté. L’Arabie saoudite est un Daesh qui a réussi.

Le déni de l’Occident face à ce pays est frappant: on salue cette théocratie comme un allié et on fait mine de ne pas voir qu’elle est le principal mécène idéologique de la culture islamiste. Les nouvelles générations extrémistes du monde dit « arabe » ne sont pas nées djihadistes. Elles ont été biberonnées par la Fatwa Valley, espèce de Vatican islamiste avec une vaste industrie produisant théologiens, lois religieuses, livres et politiques éditoriales et médiatiques agressives.

On pourrait contrecarrer : Mais l’Arabie saoudite n’est-elle pas elle-même une cible potentielle de Daesh ? Si, mais insister sur ce point serait négliger le poids des liens entre la famille régnante et le clergé religieux qui assure sa stabilité — et aussi, de plus en plus, sa précarité. Le piège est total pour cette famille royale fragilisée par des règles de succession accentuant le renouvellement et qui se raccroche donc à une alliance ancestrale entre roi et prêcheur. Le clergé saoudien produit l’islamisme qui menace le pays mais qui assure aussi la légitimité du régime.

Il faut vivre dans le monde musulman pour comprendre l’immense pouvoir de transformation des chaines TV religieuses sur la société par le biais de ses maillons faibles : les ménages, les femmes, les milieux ruraux. La culture islamiste est aujourd’hui généralisée dans beaucoup de pays — Algérie, Maroc, Tunisie, Libye, Egypte, Mali, Mauritanie. On y retrouve des milliers de journaux et des chaines de télévision islamistes (comme Echourouk et Iqra), ainsi que des clergés qui imposent leur vision unique du monde, de la tradition et des vêtements à la fois dans l’espace public, sur les textes de lois et sur les rites d’une société qu’ils considèrent comme contaminée.

Il faut lire certains journaux islamistes et leurs réactions aux attaques de Paris. On y parle de l’Occident comme site de « pays impies »; les attentats sont la conséquence d’attaques contre l’Islam ; les musulmans et les arabes sont devenus les ennemis des laïcs et des juifs. On y joue sur l’affect de la question palestinienne, le viol de l’Irak et le souvenir du trauma colonial pour emballer les masses avec un discours messianique. Alors que ce discours impose son signifiant aux espaces sociaux, en haut, les pouvoirs politiques présentent leurs condoléances à la France et dénoncent un crime contre l’humanité. Une situation de schizophrénie totale, parallèle au déni de l’Occident face à l’Arabie Saoudite.

Ceci laisse sceptique sur les déclarations tonitruantes des démocraties occidentales quant à la nécessité de lutter contre le terrorisme. Cette soi-disant guerre est myope car elle s’attaque à l’effet plutôt qu’à la cause. Daesh étant une culture avant d’être une milice, comment empêcher les générations futures de basculer dans le djihadisme alors qu’on n’a pas épuisé l’effet de la Fatwa Valley, de ses clergés, de sa culture et de son immense industrie éditoriale?

Guérir le mal serait donc simple ? A peine. Le Daesh blanc de l’Arabie Saoudite reste un allié de l’Occident dans le jeu des échiquiers au Moyen-Orient. On le préfère à l’Iran, ce Daesh gris. Ceci est un piège, et il aboutit par le déni à un équilibre illusoire : On dénonce le djihadisme comme le mal du siècle mais on ne s’attarde pas sur ce qui l’a créé et le soutient. Cela permet de sauver la face, mais pas les vies.

Daesh a une mère : l’invasion de l’Irak. Mais il a aussi un père : l’Arabie saoudite et son industrie idéologique. Si l’intervention occidentale a donné des raisons aux désespérés dans le monde arabe, le royaume saoudien leur a donné croyances et convictions. Si on ne comprend pas cela, on perd la guerre même si on gagne des batailles. On tuera des djihadistes mais ils renaîtront dans de prochaines générations, et nourris des mêmes livres.

Les attaques à Paris remettent sur le comptoir cette contradiction. Mais comme après le 11 septembre, nous risquons de l’effacer des analyses et des consciences.

*** A propos de Kamal Daoud ***
Manquant d’une voix le Goncourt 2014, il est couronné du Prix Goncourt du premier roman 2015

Le 3 décembre 2014 dans l’émission de Laurent Ruquier On n’est pas couché sur France 2, il déclare à propos de son rapport à l’islam : « Je persiste à le croire : si on ne tranche pas dans le monde dit arabe la question de Dieu, on ne va pas réhabiliter l’homme, on ne va pas avancer, a-t-il dit. La question religieuse devient vitale dans le monde arabe. Il faut qu’on la tranche, il faut qu’on la réfléchisse pour pouvoir avancer. ». Quelques jours plus tard, cela lui vaut d’être frappé d’une fatwa par Abdelfattah Hamadache Zeraoui, un imam salafiste, qui a appelé le 16 décembre sur Facebook à son exécution écrivant que « si la charia islamique était appliquée en Algérie, la sanction serait la mort pour apostasie et hérésie ». Il précise « Il a mis le Coran en doute ainsi que l’islam sacré ; il a blessé les musulmans dans leur dignité et a fait des louanges à l’Occident et aux sionistes. Il s’est attaqué à la langue arabe [...]. Nous appelons le régime algérien à le condamner à mort publiquement, à cause de sa guerre contre Dieu, son Prophète, son livre, les musulmans et leurs pays. ». Il réitère par la suite ses menaces sur les chaînes de télé et les sites d’information des extensions TV des quotidiens arabophones réputés populistes Ennahar et Echourouk

Source: https://www.les-crises.fr/larabie-saoudite-un-daesh-qui-a-reussi/


[Débat] Géopolitique, Russie, Terrorisme, Finance – “Les vrais ennemis, ce sont l’Arabie et le Qatar !” (Gave)

Sunday 22 November 2015 at 05:00

Vidéo réalisée avant les attentats.

Participants : Charles Gave (Économiste, entrepreneur français), Artem Studennikov (Ministre Conseiller de l’Ambassade de Russie), Hervé de Carmoy (Ancien banquier, ancien vice-président de la commission Trilatérale Europe) et Olivier Berruyer (Actuaire / Les-crises.fr).

Source: http://www.les-crises.fr/thinkerview-geopolitique-russie-terrorisme-finance/


Revue de presse du 22/11/2015

Sunday 22 November 2015 at 03:30

Comme pour la revue internationale, peu d’articles en relation avec les attentats. Merci à nos contributeurs dont certains nous transmettent leur récolte chaque semaine depuis presque deux ans. Le nombre des lecteurs du blog a beaucoup augmenté, celui des veilleurs des revues de presse a diminué : si chacun prend son tour de garde, le travail sera moins lourd pour tous, nous vous invitons donc à nous rejoindre via le formulaire de contact du blog. Bonne lecture.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-22112015/


Monsieur Hollande, vous êtes tombé dans le piège ! Comme Bush, vous rendez le monde moins sûr !, par David Van Reybrouck

Sunday 22 November 2015 at 02:30

Source : Blog Mediapart, le 15 novembre 2015.

L’écrivain et historien belge David Van Reybrouck considère que François Hollande est tombé dans le piège des terroristes. « Vous avez accepté leur invitation au djihad avec enthousiasme. Mais cette réponse, que vous avez voulue ferme, fait courir le risque monstrueux d’accélérer encore la spirale de la violence. Je ne la trouve pas judicieuse. » 

Monsieur le Président,

Le choix extraordinairement irréfléchi de la terminologie que vous avez utilisée dans votre discours du samedi après-midi, où vous répétiez qu’il s’agissait d’un « crime de guerre » perpétré par « une armée terroriste » m’a interpellé. Vous avez dit littéralement :

« Ce qui s’est produit hier à Paris et à Saint-Denis près du Stade de France, est un acte de guerre, et face à la guerre, le pays doit prendre les décisions appropriées. C’est un acte de guerre qui a été commis par une armée terroriste, Daech, une armée de terroristes, contre la France, contre les valeurs que nous défendons partout dans le monde, contre ce que nous sommes, un pays libre qui parle à l’ensemble de la planète. C’est un acte de guerre qui a été préparé, organisé, planifié de l’extérieur et avec des complicités intérieures que l’enquête fera découvrir. C’est un acte de barbarie absolue. »

Si je souscris pleinement à la dernière phrase, force est de constater que le reste de votre discours est la répétition angoissante et presque mot à mot de celui que GW Bush a tenu devant le Congrès américain peu après les attentats du 11 septembre : « Des ennemis de la liberté ont commis un acte de guerre contre notre pays. »

Les conséquences de ces paroles historiques sont connues. Un chef d’État qui qualifie un événement d’acte de guerre se doit d’y réagir, et de rendre coup pour coup. Cela a conduit Bush à l’invasion de l’Afghanistan, ce qui était encore admissible parce que le régime avait offert asile à Al Qaeda – même l’ONU avait approuvé. A suivi alors l’invasion totalement démente de l’Irak, sans mandat de l’ONU, pour la seule raison que les É.-U. soupçonnaient que ce pays détenait des armes de destruction massive. À tort, s’est-il avéré, mais cette invasion a conduit à l’entière déstabilisation de la région, qui se prolonge jusqu’à aujourd’hui. Le départ des troupes américaines en 2011 a laissé le pays dans une vacance du pouvoir. Et c’est peu après, lorsque dans le sillage du Printemps arabe une guerre civile a éclaté dans le pays voisin, que l’on a pu constater à quel point l’invasion militaire américaine avait été pernicieuse. Dans le nord-ouest de l’Irak déraciné et l’est de la Syrie déchirée, entre l’armée gouvernementale et la Free Syrian Army, assez d’espace s’était manifestement créé pour que se lève un troisième grand acteur : DAECH.

Bref, sans l’invasion idiote de Bush en Irak, il n’y aurait jamais été question de DAECH. C’est par millions que nous avons manifesté contre cette guerre en 2003, moi aussi, la désapprobation était universelle. Et nous avions raison. Cela, pas parce que nous étions capables de prédire l’avenir, nous n’étions pas clairvoyants à ce point. Mais nous en sommes pleinement conscients aujourd’hui : ce qui s’est passé dans la nuit du vendredi à Paris est une conséquence indirecte de la rhétorique de guerre que votre collègue Bush a employée en septembre 2001.

Et pourtant, que faites-vous ? Comment réagissez-vous moins de 24 heures après les attentats ? En employant la même terminologie que votre homologue américain de l’époque ! Et sur le même ton, bonté divine !

Vous êtes tombé dans le piège, et vous l’avez fait les yeux grands ouverts. Vous êtes tombé dans le panneau, Monsieur le Président, parce que vous sentez dans votre cou le souffle de faucons comme Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen vous brûler la nuque. Et vous avez depuis si longtemps la réputation d’être un faible. Vous êtes tombé dans le panneau. Des élections se préparent en France, elles auront lieu les 6 et 13 décembre, ce ne sont que des élections régionales, mais après ces attentats, elles seront placées sous le signe de la sécurité nationale, à n’en point douter. Vous êtes tombé dans le panneau à pieds joints, parce que vous avez fait mot pour mot ce que les terroristes espéraient de vous : une déclaration de guerre. Vous avez accepté leur invitation au djihad avec enthousiasme. Mais cette réponse, que vous avez voulue ferme, fait courir le risque monstrueux d’accélérer encore la spirale de la violence. Je ne la trouve pas judicieuse.

Vous parlez d’une « armée terroriste ». Pour commencer, rien de tel n’existe. C’est unecontradictio in terminis. Une « armée terroriste », c’est un peu comme pratiquer un régime boulimique. Des pays et des groupes peuvent avoir des armées ; s’ils ne parviennent pas à en former, ils peuvent opter pour le terrorisme, c’est-à-dire pour des actions ponctuelles dont l’impact psychologue est maximal au lieu d’un déploiement structurel de forces militaires avec des ambitions géopolitiques.

Mais une armée, dites-vous ? Soyons clairs : jusqu’ici, nous ignorons si les auteurs des faits sont des combattants syriens revenus ou envoyés. Nous ne savons pas si les attentats ont été tramés dans le califat ou dans les banlieues et « quartiers ». Et bien que certains indices laissent supposer qu’il s’agit d’un plan global émanant de la Syrie (la quasi-simultanéité de l’attentat-suicide au Liban et de l’attaque éventuelle d’un avion russe), force est de constater que le communiqué de DAECH est venu bien tard, et qu’il ne contient pas d’autres éléments que ceux qui circulaient déjà sur internet. Ne serait-il pas question de coordination ou de récupération ?

Pour autant que l’on sache, il pourrait s’agir d’individus incontrôlés, sans doute pour la plupart des citoyens français revenus de Syrie : ils y ont appris à manier des armes et des explosifs, s’y sont immergés dans une idéologie totalitaire, cryptothéologique et s’y sont familiarisés aux opérations militaires. Ils sont devenus des monstres, tous tant qu’ils sont, mais ils ne sont pas une armée.

Le communiqué de DAECH glorifait les « lieux soigneusement choisis » des attentats, vos propres services soulignaient le professionnalisme de leurs auteurs : sur ce point, remarquons que vous parlez la même langue. Mais qu’en est-il, en réalité ? Les trois hommes qui se sont rendus au Stade de France où vous assistiez à un match amical de football contre l’Allemagne semblent plutôt être des amateurs. Ils voulaient sans doute pénétrer dans l’enceinte pour commettre un attentat contre vous, c’est fort possible. Mais celui qui se fait sauter à proximité d’un McDonald et n’entraîne qu’une victime dans la mort est un bien piètre terroriste. Qui ne fait que quatre morts avec trois attentats-suicides, alors qu’un peu plus tard une masse humaine de 80 000 personnes sort de l’enceinte, est un bon à rien. Qui veut décimer le public d’une salle avec quatre complices, mais ne bloque même pas la porte de sortie n’est pas un génie de la stratégie. Qui s’embarque dans une voiture et mitraille des citoyens innocents et sans armes attablés aux terrasses, n’est pas un militaire formé à la tactique, mais un lâche, un enfoiré, un individu totalement dévoyé qui a lié son sort à d’autres individus du même acabit. Une meute de loups solitaires, ça existe aussi.

Votre analyse d’une « armée terroriste » n’est pas correcte. Le terme que vous avez employé, « acte de guerre », est extraordinairement tendancieux, même si cette rhétorique belliqueuse a été reprise sans honte aucune par Mark Rutte aux Pays-Bas et Jan Jambon en Belgique.

Dans votre tentative d’apaiser la nation, vous rendez le monde moins sûr. Dans votre tentative d’utiliser un langage belliqueux, vous avez montré votre faiblesse. Il y a d’autres formes de fermeté que le langage guerrier. Après les attentats en Norvège, le Premier ministre Stoltenberg avait plaidé sans détours pour « plus de démocratie, plus d’ouverture, plus de tolérance ». Dans votre discours vous avez cité la liberté. Vous auriez dû aussi faire référence aux deux autres valeurs défendues par la République : l’égalité et la fraternité. Deux valeurs dont nous avons plus besoin en ce moment que de votre inquiétante rhétorique guerrière”.

David Van Reybrouck est l’auteur de “Congo, une histoire” chez Actes Sud, pour lequel il a obtenu le Prix Médicis Essai 2012.

Source: http://www.les-crises.fr/monsieur-hollande-vous-etes-tombe-dans-le-piege/


[2013] La France annonce qu’elle armera les rebelles syriens + exemple “d’Opposition modérée”

Sunday 22 November 2015 at 00:57

Mes bon amis, il faut quand même avoir l’envie d’informer au corps pour ne pas tout laisser tomber quand on voit des trucs comme ça…

14/03/2013 Syrie: France et Grande-Bretagne vont livrer des armes aux rebelles annonce Laurent Fabius

SYRIE – C’est la première fois que la France se positionne de manière aussi significative dans le conflit syrien.

La France, mais aussi la Grande-Bretagne, vont en effet demander d’avancer la prochaine réunion de l’Union européenne sur l’embargo sur les armes pour la Syrie et, à défaut d’unanimité, décideront d’en livrer à titre national aux rebelles.

Paris et Londres demandent “aux Européens, maintenant, de lever l’embargo pour que les résistants aient la possibilité de se défendre”, déclare le ministre. A défaut de l’unanimité requise à l’Union européenne pour lever cette mesure, les deux pays prendront la décision de livrer des armes, car la France “est une nation souveraine”, a précisé Laurent Fabius.

“Nous considérons que c’est un pas dans la bonne direction, a réagi le porte-parole de l’opposition syrienne, Walid al-Bounni. (…) Bachar al-Assad n’acceptera de solution politique (à la crise) que lorsqu’il saura qu’il a face à lui une force (armée) qui va le renverser”. “Tant que les Européens et les Américains n’arment pas la rébellion, ils sont en train de dire à Bachar al-Assad ‘continue de te battre’”, a-t-il estimé. Et “tant que les Iraniens et les Russes continuent de lui offrir leur soutien, il (Bachar al-Assad) restera convaincu qu’il va gagner”, a ajouté le porte-parole.

“Dans une violation flagrante du droit international, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a annoncé la volonté de son pays et celle de la Grande-Bretagne de fournir des armes aux groupes terroristes”, a de son côté vigoureusement réagit Damas, via l’agence officielle syrienne Sana.

Mardi, le Premier ministre britannique David Cameron avait déjà indiqué que son pays pourrait se désolidariser de l’embargo de l’UE en cours, en fournissant des armes à l’opposition syrienne pour lutter contre le président Bachar al-Assad.

La prochaine réunion de l’Union européenne sur l’examen de l’embargo sur les armes à destination de la Syrie est prévue fin mai. Mais le ministre français veut faire bouger les choses rapidement.

“Il faut aller très vite” et “nous allons demander avec les Britanniques que la réunion (…) soit avancée”, a-t-il dit, n’excluant pas qu’elle intervienne avant fin mars. “On ne peut pas accepter qu’il y ait ce déséquilibre actuel avec d’un côté l’Iran et la Russie qui livrent des armes à Bachar et de l’autre des résistants qui ne peuvent pas se défendre”, a fait valoir Laurent Fabius. “Lever l’embargo c’est un des seuls moyens qui restent pour faire bouger politiquement la situation”, a-t-il estimé.

Rappelons que le conflit en Syrie a fait, selon l’ONU, plus de 70.000 morts depuis son déclenchement le 15 mars 2011.

Source : Huffington Post, 14/03/2013

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L’embargo a finalement été levé…

Mais ce n’est pas important, Hollande a avoué que la France livrait des armes depuis mi 2012…

«Nous avons commencé quand nous avons eu la certitude qu’elles iraient dans des mains sûres»,

Pas de bol, l’ancien chef de région de la CIA au Moyen-Orient, le grand espion Robert Baer, a indiqué “les États-Unis ont été incapables d’identifier le moindre groupe syrien dit « modéré » lorsque la guerre civile a débuté” (Source : L’Humanité).

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En images chez nous :

Interview à la télé russe en 2013 d’un chef de l’Armée Syrienne Libre - voyons qui sont ces modérés à qui nous avons livré des armes :

Ici, un islamiste de la brigade salafiste Ahrar al-Sham avec un missile Milan français :

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“Amusant” sinon, décryptage d’un reportage de France 2 par un pro, partisan du gouvernement syrien… Ça vaut le coup :

 

Source: http://www.les-crises.fr/2013-la-france-annonce-quelle-armera-les-rebelles-syriens/


[Cadeaux ?] C’est bientôt Noël…

Sunday 22 November 2015 at 00:02

On m’a signalé ça il y a 2 semaines, ce qui m’avait fait sourire sur le moment, un peu moins maintenant…

[Texte édité] Disons qu’il y a des symboles et génération d’envies (la Kalash à 620 €, même si elle ne marche pas comme une vraie :) ) du désir sur laquelle on peut s’interroger, sans faire d’amalgame, évidemment, avec les tireurs sportifs…

En tous cas, je vous laisse réagir en commentaires de ce billet à prendre avec un peu de recul quand même et sans psychose svp… :)

Source.

Précision importante, pour acheter, il faut une licence de club de tir, et une autorisation de la préfecture, pas simples en ce moment…

Et les armes ne sont pas automatiques ici : il est bien plus simple d’aller voir des trafiquants pour avoir discrètement du matériel efficace…

Mais je répète, c’est un billet un sur le symbole, sur le désir, sur la pub, pas sur le risque d’une vraie Kalash dans la nature achetée légalement, c’est très peu vraisemblable.

Edit : j’espère avoir été plus clair. Merci pour les commentaires des tireurs, mais vous ne répondez pas finalement à la question qu’on peut se poser : A quoi ça sert de vendre des trucs comme ça ? 

Sinon Stock assez étonnant - mais qui n’a rien d’unique, c’est une armurerie, quoi…

C’est possible de payer en 4 fois sans frais ?

Source: http://www.les-crises.fr/cadeaux-cest-bientot-noel/