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Le chef de la marine chinoise affirme qu’un incident mineur peut déclencher la guerre en mer de Chine du Sud

Friday 13 November 2015 at 01:01

Y’a pas à dire, c’est rassurant sur la santé mentale des dirigeants américains…

Source : Reuters, le 30/10/2015

Le commandant des forces navales chinoises a dit à son homologue américain qu’un petit incident pourrait provoquer la guerre en mer de Chine méridionale si les États-Unis n’arrêtaient pas leurs “actes de provocation” dans les routes maritimes contestées, a déclaré la Marine chinoise vendredi.

L’amiral Wu Shengli a fait ces remarques à l’amiral John Richardson, chef des opérations navales, pendant une vidéoconférence jeudi dernier, selon une déclaration de la marine chinoise.

Les deux officiers ont tenu des discussions après qu’un navire militaire de la flotte U.S. ait navigué à une douzaine de milles nautiques d’une des îles artificielles de Beijing dans le très disputé archipel des Spratley, jeudi dernier.

La Chine a reproché à Washington cette patrouille, et considère cette présence dans la limite des eaux chinoises, pour laquelle la Chine a déjà protesté, comme le défi américain le plus significatif à propos des sept îles artificielles situées dans une des zones maritimes les plus fréquentées au monde.

“Si les États-Unis continuent ces sortes d’actes dangereux et provocants, cela pourrait bien mettre en situation d’urgence tant les forces maritimes qu’aériennes, et alors un incident même mineur peut être l’étincelle qui déclenchera la guerre”, a déclaré Wu.

“(J’)espère que les États-Unis voudront préserver la bonne entente entre les flottes chinoise et américaine – ce qui n’a pas été chose facile – et évitent que ce genre d’incident se reproduise”, a dit Wu.

Auparavant, un officiel américain avait rappelé que les cadres de la Marine s’étaient mis d’accord pour maintenir le dialogue et faire en sorte d’éviter les points de friction.

Les escales prévues par les navires américains et chinois, ainsi que les séjours en Chine d’officiers américains formateurs sont maintenus, a dit l’officiel.

“Aucun de ces projets n’est compromis, rien ne sera annulé”, a dit l’officiel.

RENCONTRES IMPREVUES

Tous les officiers ont accepté d’appliquer à cet incident le Protocole des Rencontres Imprévues en Mer (CUES).

“Ils ont convenu qu’il est très important que toutes les parties continuent d’utiliser la procédure d’agrément du CUES dans les opérations rapprochées, afin d’éviter les malentendus et toutes sortes de provocations pouvant survenir”, a dit l’officiel.

En effet, Wu a déclaré qu’il pensait que les marines chinoises et américaines avaient de nombreuses raisons de coopérer et pourraient “jouer un rôle positif dans le maintien de la paix et de la stabilité en mer de Chine du Sud”.

Un porte-parole de la marine américaine a souligné que la position de Washington sur la liberté de navigation des États-Unis signifiait “protéger les droits, la liberté et la légalité d’usage de l’espace maritime et aérien garantis à toutes les nations par le droit international”.

Des navires militaires chinois ont suivi le destroyer lance-missiles USS Lassen, alors qu’il évoluait dans les îles Spratley mardi dernier. La marine américaine est en manœuvre dans un domaine maritime rempli de navires chinois.

Alors que la marine américaine en Asie est réputée pour sa technologie embarquée depuis des décennies, l’atout de la Chine est plutôt la quantité, avec des douzaines de bâtiments et de navires garde-côtes déployés habituellement en mer de Chine du Sud, estime un expert de la sécurité.

La Chine a déjà protesté pour des faits similaires contre le Vietnam, les Philippines, la Malaisie, Taiwan et Brunei dans la mer de Chine du Sud, dans laquelle transitent pour 5 milliards de dollars de commerce maritime chaque année.

La semaine prochaine, le président chinois Xi Jinping rendra visite au Vietnam et à Singapour, alors que le ministre de la Défense Chang Wanquan participera à une rencontre des ministres de la Défense du Sud-est asiatique en Malaisie. Le secrétaire à la Défense américain Ash Carter y est attendu également.

REVERS DE JUSTICE

D’autre part, la Chine a subi un revers légal jeudi dernier, quand un tribunal d’arbitrage hollandais a annoncé qu’il était habilité à recevoir des plaintes territoriales des Philippines contre Beijing en mer de Chine du Sud.

Le tribunal a dit que des auditions complémentaires pourraient être tenues afin de déterminer si les arguments des Philippines sont recevables. La Chine n’a pas participé à la procédure et en l’occurrence ne reconnaît pas l’autorité du tribunal.

Manille, en 2013, a déjà soumis le cas en cherchant quels étaient ses droits pour utiliser les eaux de la mer de Chine du Sud dans la zone d’exclusion économique des 200 milles (EEZ) selon la Convention des Nations Unies pour le Droit de la Mer (UNCLOS).

La Chine, qui pour la première fois fait face à la surveillance légale de ses affirmations dans la Mer de Chine méridionale, ne participerait ni n’accepterait de confier l’affaire à un tribunal d’arbitrage, a affirmé vendredi le vice ministre des Affaires étrangères Liu Zhenmin.

Liu a déclaré aux journalistes que l’affaire n’affecterait pas la souveraineté de la Chine sur ces eaux.

Le gouvernement philippin a fait bon accueil de la décision du tribunal.

Florin Hilbay, le Conseiller auprès du ministre de la Justice qui est l’avocat en chef dans cette affaire, a affirmé que la procédure représentait un “pas en avant significatif pour les Philippines dans la recherche d’une résolution pacifique et impartiale des conflits entre les parties et la clarification de leurs droits sous la Convention des Nations Unies pour le Droit de la Mer (UNCLOS)”.

(Rapporté par Ben Blanchard, Michael Martina et Wini Zhou à Pékin, Andrea Shalal, David Brunnstrom et Yegenah Torbati à Washington, Anthony Deutsch à Amsterdam et Manuel Mogato à Manille ; Ecrit par Dean Yates ; Edité par Paul Tait)

L’USS Lassen (DDG 82) transite en formation avec le ROKS Sokcho (PCC 778) pendant l’exercice militaire “Foal Eagle” de 2015, au large et à l’est de la Péninsule coréenne, le 12 mars 2015. Document photographique fournit par la Marine américaine.
REUTERS/U.S NAVY/MARTIN WRIGHT, 1ERE CLASSE SPECIALISTE DES COMMUNICATIONS DE MASSE/PHOTO PUBLIEE VIA REUTERS

Source: http://www.les-crises.fr/le-chef-de-la-marine-chinoise-affirme-quun-incident-mineur-peut-declencher-la-guerre-en-mer-de-chine-du-sud/


La privatisation des barrages, c’est la paix !

Friday 13 November 2015 at 00:15

C’est pour ce genre d’articles que c’est indispensable Médiapart :)

Source : Médiapart, Martine Orange, 03-11-2015

Le barrage et le lac de Roselend, en Savoie. © Nono vlf — Travail personnel. Sous licence CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons.

Après les autoroutes, les barrages: le bradage du patrimoine public devrait se poursuivre. La direction européenne de la concurrence vient d’ouvrir une enquête pour position dominante d’EDF dans l’hydroélectricité. Le gouvernement semble tout disposé à y répondre en remettant la rente hydraulique au privé, sans réciprocité. Nos révélations.

C’est une lettre qui semble n’avoir jamais été reçue. La teneur du message est pourtant de celles auxquelles il est habituellement porté la plus grande attention. Le 22 octobre, la commissaire européenne chargée de la concurrence, Margrethe Vestager, a adressé à Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et responsable à ce titre des questions européennes, un courrier pour l’informer de l’ouverture d’une enquête sur les concessions hydrauliques accordées en France à EDF.

Pourtant, ni le ministère des affaires étrangères, premier destinataire de ce courrier, ni le ministère du développement durable, directement impliqué, ni le ministère des finances, ni même EDF, premier concerné, n’en accusent officiellement réception. Interrogés tour à tour, tous feignent l’ignorance ou disent ne pas être concernés. Car reconnaître l’existence de cette enquête européenne reviendrait à mettre le sujet dans le débat public et, encore plus, obligerait Paris à adopter – pour une fois – des positions claires tant en France que vis-à-vis de l’Europe. Mais le gouvernement a plutôt envie de poursuivre les négociations en coulisses, comme cela se pratique sur le dossier de l’énergie depuis quinze ans.

Difficile, il est vrai, d’annoncer en plein sommet sur le changement climatique que l’État s’apprête à renoncer à toute maîtrise sur la gestion collective d’un bien public comme l’eau, et à abandonner l’énergie renouvelable la moins chère et la plus rentable au privé. Encore plus inavouable de la part du gouvernement de reconnaître qu’il accepte de mettre à bas tout le système de péréquation tarifaire et de service public de l’électricité – système auquel nos dirigeants se disent, dans de grandes envolées d’estrades, si attachés.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Le courrier de Margrethe Vestager, accompagné d’un rapport de 69 pages sur les implications de l’enquête, est sans ambiguïté. « La commission considère que les mesures par lesquelles les autorités françaises ont attribué à EDF et maintenu à son bénéfice l’essentiel des concessions hydroélectriques en France sont incompatibles avec l’article 106 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne », informe la commissaire européenne. Afin de bien préciser sa pensée, la direction de la concurrence écrit dans l’introduction de son rapport que ces attributions créent « une inégalité des chances entre les opérateurs économiques dans l’accès aux ressources hydrauliques aux fins de la production d’électricité permettant à EDF de maintenir ou de renforcer sa position dominante en France sur les marchés de la fourniture d’électricité au détail ».

(Des extraits de cette lettre ont été blanchis pour des raisons de confidentialité)

Cette remise en cause est lourde de conséquences, non seulement pour EDF, mais pour l’ensemble du système électrique français. Car l’énergie hydroélectrique est une des pierres angulaires de ce système. Représentant un peu plus de 12 % de la production électrique en France, les barrages constituent la seule énergie stockable, disponible à tout moment, pour assurer la continuité sur le réseau face aux consommations de pointe et aux intermittences de production, devenues de plus en plus fréquentes avec l’émergence des autres énergies renouvelables (éolien et solaire). Ce sont aussi les barrages qui soutiennent la sûreté du parc nucléaire français, bâti au bord de l’eau, en fournissant l’eau nécessaire au refroidissement des centrales, et en prévenant le risque d’inondations de sites nucléaires.

Toutes ces données ne semblent pas prises en considération, la sécurité paraissant par définition acquise à la commission. « La procédure en cours, dans la mesure où elle vise à faire respecter les règles de concurrence, ne remet aucunement en cause l’application des règles assurant la sécurité approvisionnement, qui continuent à être applicables », nous a répondu le porte-parole de la direction de la concurrence. « Bien sûr, il y a des cahiers des charges qui peuvent poser des obligations de sécurité. Mais que valent-ils face à la perspective de gains rapides, de la vente d’électricité hydraulique quand le MW est le plus cher ? Cela fonctionne jusqu’au jour où  il y a un accident », remarque un spécialiste du réseau.

De toutes façons, la grande affaire pour la commission européenne, c’est l’entorse à la concurrence libre et non faussée sur le marché de l’énergie. La France possède le deuxième réseau hydroélectrique européen. Bâti pour l’essentiel au sortir de la Seconde Guerre mondiale, il est totalement amorti. Il permet de produire l’énergie renouvelable la moins chère, entre 20 et 30 euros le mégawattheure, contre plus de 50 euros pour le nucléaire, au-delà de 80 euros pour l’éolien et le solaire. Selon la direction générale de l’énergie et du climat, les installations hydroélectriques dégagent un excédent brut d’exploitation de 2,5 milliards d’euros par an. Investissements et rémunération du capital déduits, le bénéfice s’élèverait à quelque 1,25 milliard d’euros par an.

De tels résultats suscitent bien des convoitises. Tous les privés en veulent leur part. Dès 2006, date de l’ouverture du marché français de l’énergie à la concurrence, les rivaux d’EDF ont demandé à bénéficier eux aussi des concessions hydrauliques, exploitées jusqu’alors à 80 % par EDF et 17 % par Engie (ex-GDF-Suez) dans le cadre de la nationalisation de l’électricité et de la loi sur l’eau. En 2012, l’association française indépendante de l’électricité et du gaz (Afieg), regroupant l’allemand E.ON, l’italien Enel, le suédois Vattenfall, le suisse Alpiq, s’est à nouveau manifestée pour réclamer d’avoir sa part dans les concessions hydrauliques. Depuis, certains membres semblent s’être beaucoup activés pour porter le dossier devant la commission européenne.

Le cas n’aurait pas pris aussi mauvaise tournure si le gouvernement français n’avait pas adopté des positions volontairement floues, pratiquant depuis des années un double langage, promettant une chose à Paris, une autre à Bruxelles. « Le problème ne vient pas tant de la réglementation européenne que de la loi Sapin [de 1993, qui oblige la mise en concurrence et un appel d’offres lors des renégociations de concession - ndlr]. En changeant le statut d’EDF en 2006, en abandonnant le statut de service public, l’État s’est retrouvé dans l’obligation de lancer des appels d’offres lors du renouvellement des concessions hydroélectriques. La droite a enterré le problème. En 2011, il aurait été possible, lors la discussion de la directive européenne sur les concessions, d’exclure les barrages. Le gouvernement allemand, incité par des lobbies très actifs, y est parvenu. Mais le gouvernement français n’a rien fait. En arrivant au ministère, j’ai hérité de la patate chaude », raconte la députée Delphine Batho, ancienne ministre de l’écologie (de mai 2012 à juillet 2013).

À l’époque, Delphine Batho, considérant que ce capital hydraulique payé par les générations passées devait être conservé dans des mains publiques, a cherché des alternatives pour éviter de dilapider ce patrimoine. Elle ira jusqu’à proposer la renationalisation de la production hydroélectrique et la création d’un établissement public pour le gérer. Renationaliser, quel vilain mot ! L’idée est enterrée à toute vitesse par le gouvernement et Bercy, alors que les lobbies électriques européens se mettent en branle pour conjurer tout projet pouvant contrer leurs intérêts.

Sans réciprocité

Le gouvernement ira plus loin. Tandis que le ministre des finances d’alors, Pierre Moscovici, aujourd’hui commissaire européen aux affaires économiques et financières, négocie début 2013 avec la commission de nouveaux dépassements budgétaires français par rapport aux règles de Maastricht, un codicille est discrètement introduit lors de ces négociations. En contrepartie de la bienveillance de la commission européenne sur ses écarts budgétaires, l’État français propose de privatiser ses concessions hydrauliques. « Aucun autre État européen n’a accepté de renoncer à avoir la maîtrise de ses barrages », s’indignent alors plusieurs députés.

Venant en défense de la proposition gouvernementale, la Cour des comptes émet un opportun référé le 21 juin 2013. Elle y relève que l’État n’a pas respecté ses engagements de mise en concurrence des installations hydroélectriques. Ces manquements, insiste-t-elle, entraînent une perte de recettes budgétaires, estimées selon elle à 250 millions d’euros d’ici à 2016 et surtout à une captation de la rente hydroélectrique par les concessionnaires, en d’autres termes EDF.

Mais de quelle rente parle-t-on, interrogent dans un rapport parlementaire d’octobre 2013 sur les concessions hydrauliques les députés Marie-Noëlle Battistel (PS, suppléante de Didier Migaud, elle lui a succédé lorsque celui-ci a pris la présidence de la Cour des comptes) et Éric Straumann (LR). « Comment peut-on considérer que la rente hydroélectrique soit abandonnée au concessionnaire sortant dès lors que celui-ci est obligé, dans les tarifs réglementés de vente, de fournir l’électricité au coût de production ? La rente hydroélectrique profite en réalité au consommateur, directement concerné par la question du pouvoir d’achat… », écrivent alors les rapporteurs en réplique à l’analyse de la Cour des comptes, tout en rappelant que les collectivités, par le biais des redevances, et l’État, grâce aux dividendes d’EDF, sont directement intéressés aux résultats de l’entreprise publique et de sa gestion du parc hydraulique.

Dans leur rapport, les deux députés insistent aussi sur l’importance d’assurer la sécurité du système électrique, de gérer les usages de l’eau (de nombreuses usines et exploitations agricoles sont liées aux infrastructures hydrauliques), de préparer la transition du système énergétique français. Ils soulignent aussi les risques de dégradation des territoires, de suppression d’emplois, de délitement du modèle français. Dans leur recommandation, ils préconisent de confier la gestion du parc hydraulique à un exploitant unique sous la forme d’attribution, afin que l’État conserve la maîtrise de tout le système de l’eau. Le rapport fut adopté à l’unanimité par les membres de la commission des affaires économiques.

Le gouvernement est resté sourd à tous ces arguments. À l’occasion de la loi de transition énergétique, il a lancé la privatisation des barrages. Lors de la discussion sur le projet de loi, les députés de droite comme de gauche ont tenté de s’opposer à cette disposition et défendu le maintien d’un contrôle public du parc hydraulique. En vain. « C’est la raison pour laquelle je me suis abstenue lors du vote de la loi», dit Delphine Batho. L’alliance de circonstance entre une haute administration qui, par idéologie, réfute tout intérêt de l’État, des lobbies privés et des élus qui rêvent de conforter leur pouvoir en captant une partie de la manne des barrages a eu raison de toutes les résistances et objections.

Pour sauver les apparences, le gouvernement prévoit, dans le cadre de la loi sur la transition énergétique adoptée en juillet, une privatisation partielle et non totale. Il est prévu que les concessions des ouvrages hydrauliques soient remises en concurrence par le biais d’appels d’offres. Leur exploitation doit se faire par le biais de sociétés d’économie mixte, l’État ou les collectivités locales détenant au moins 34 % du capital, l’opérateur au moins 34 % aussi. Alors que les affaires liées à l’attribution des concessions d’eau dans les municipalités sont encore dans toutes les mémoires, on n’ose imaginer ce qu’il pourra advenir alors que les enjeux sur ces concessions hydrauliques se chiffrent en centaines de millions d’euros.

Mais il y avait un risque pour le gouvernement, que le nouveau système mette trop longtemps à se mettre en place. La mise en demeure de la direction européenne de la concurrence tombe à pic. Elle devrait permettre d’accélérer le processus et de remettre en cause des concessions qui n’auraient peut-être été renouvelées que dans dix ou quinze ans, voire plus, au motif que l’État se doit de répondre aux injonctions de Bruxelles.

Reste un problème, cependant, qu’il va bien falloir justifier tant au niveau européen qu’au niveau français. Comment expliquer que la France soit la seule à ouvrir ses barrages hydrauliques à la concurrence, alors que tous les autres États européens en conservent un contrôle étroit ? L’Allemagne a exclu ses barrages de la concurrence. Les concessions sont octroyées par les Länder pour une durée de 40 à 80 ans. Et la commune dispose d’un droit de veto sur tout nouvel exploitant. La Suède, dont un des opérateurs lorgne les barrages français, a mis ses barrages sous le régime de l’autorisation publique. En Norvège, les exploitations hydrauliques sont obligatoirement accordées à une structure publique pour une durée illimitée. En Autriche, les concessions sont accordées pour une durée de 60 à 80 ans. En Italie, les concessions attribuées à l’Enel, l’électricien historique, sont toutes maintenues au moins jusqu’en 2029. La Suisse, candidate aussi pour reprendre des barrages en France, ne relève pas du droit européen.

« Vos rapporteurs ont été soumis à la pression insistante d’opérateurs étrangers qui souhaitent pénétrer le marché français sans être menacés sur leur propre marché. Lorsque nous les avons interrogés, ils ont été bien en peine de répondre à nos questions sur la réciprocité. Aucun autre État membre n’est amené à mettre en concurrence un parc hydraulique conséquent dans les mêmes conditions que la France », rappelaient Marie-Noëlle Battistel et Éric Straumann dans leur rapport.

Pour l’instant, l’argument ne semble pas gêner la direction européenne de la concurrence. Celle-ci pourrait même aller encore plus loin. Selon des rumeurs persistantes, elle pourrait interdire à EDF de présenter sa candidature à tout appel d’offres sur les renouvellements de concession. Interrogé à ce sujet, le porte-parole de la commission n’a pas voulu répondre, indiquant que la question était prématurée.

Si ce n’est pas une mise à mort programmée du modèle français, cela y ressemble beaucoup. Le système intégré et unifié, mis en place après la Seconde Guerre mondiale, paraît condamné pour faire place à un système privatisé, morcelé, tel qu’il existait dans les années 1930 et qui se révéla incapable de mener à bien l’équipement du territoire. Les dispositifs prévus signent à terme la fin de la péréquation et des tarifs régulés. La gestion de la Compagnie nationale du Rhône, détenue à 51 % par des collectivités locales et 49 % par Engie, donne une illustration des nouvelles pratiques à venir. Si les collectivités locales touchent quelque 200 millions d’euros de redevances par an, les dizaines de millions de bénéfices restants vont aux actionnaires et aux dirigeants, en aucun cas aux consommateurs. Ce qui s’appelle partager la rente.

Quant à EDF, s’il se trouve privé de tout ou partie de sa production hydraulique, alors que dans le même temps, il lui faut gérer la réduction du nucléaire et le démantèlement de son parc, et que l’État ne cesse de lui imposer de nouvelles obligations, il ne peut que crouler sous les contraintes et être condamné à augmenter sans cesse les tarifs. Toute la charge va être reportée sur les consommateurs et les contribuables. C’est ce qui s’appelle sans doute les bénéfices de la concurrence libre et non faussée.

Source : Médiapart, Martine Orange, 03-11-2015

Source: http://www.les-crises.fr/la-privatisation-des-barrages-cest-la-paix/


“Mediapart et Arrêt sur images dans la tourmente”, par Acrimed

Friday 13 November 2015 at 00:01

Pensez à aussi soutenir ces sites indispensables au paysage de l’internet français  :)

Source : Acrimed, 6 novembre 2015

De lourds redressements fiscaux

Les instances judiciaires et l’administration fiscale ont donc tranché en la défaveur de Mediapart et d’Arrêt sur images, condamnant de facto les deux sites d’information à un lourd redressement fiscal : 4,1 millions d’euros pour Mediapart et 540 000 euros pour Arrêts sur images.

Ces sommes correspondent à un arriéré de TVA pour la période 2008-2014, durant laquelle les deux sites ont fait le choix de s’aligner sur la TVA de la presse classique, soit 2,1%, et non sur celle que la loi leur imposait (entre 19,6 et 20%).

Mediapart et Arrêt sur images seraient-ils donc de vulgaires fraudeurs, sortes de Jérôme Cahuzac de la presse en ligne ? C’est ce que d’aucuns semblent penser en exigeant des deux sites qu’ils s’acquittent de sommes qui mettent en péril leur santé, voire même leur survie.

Mais la vérité est bien différente : non seulement Mediapart et Arrêt sur images n’ont pas dissimulé leur « fraude », mais ils l’ont revendiquée, cherchant à la politiser, soutenus dans cette démarche par de nombreux autres titres regroupés dans le Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne [1], qui a publié un communiqué dénonçant les décisions de l’administration fiscale.

Nulle dissimulation, mais bien une lutte contre une situation manifestement inéquitable : alors qu’ils étaient soumis au droit de la presse au même titre que la presse classique, les sites d’information étaient sujets à une TVA 10 fois plus élevée ! Une incohérence qui a finalement été admise par le législateur, avec une modification de la loi en 2014 et un alignement des taux de TVA.

Edwy Plenel affirme en outre que «  de 2008 à 2013, tous les interlocuteurs officiels de Mediapart, informés du taux de TVA que nous pratiquions, ont soutenu notre défense de l’égalité entre presse imprimée et presse numérique. Qu’ils soient à l’Élysée, à Matignon, au ministère de la Culture et de la Communication, au ministère des Finances et à celui du Budget, dans les cabinets ministériels comme dans les administrations concernées, ils appuyaient notre position, parallèlement soutenue par tous les syndicats professionnels, parmi lesquels au premier chef le SPIIL ».

Légalité vs légitimité ?

Était-il justifié de recourir à des moyens illégaux pour défendre une revendication légitime ? On peut en discourir à perte de vue : ce ne serait pas la première fois ni sans doute la dernière qu’une illégalité serait légitime. Ne pas payer la TVA en vigueur et se mettre de facto hors-la-loi dans l’attente et l’espoir que la loi change était-il le moyen le plus approprié ? Force est de constater que c’est aussi l’auto-réduction de la TVA qui a permis d’obtenir sa réduction légale, et ainsi de corriger une inégalité de traitement, d’autant plus flagrante au regard des dizaines de millions d’euros attribués dans la plus grande opacité aux « grands » titres de la presse écrite via le système des aides publiques à la presse. Mais force est de constater aussi que leur refus de se soumettre à une fiscalité discriminatoire – et reconnue comme telle par les pouvoirs publics – met aujourd’hui Mediapart et Arrêt sur images dans une situation périlleuse.

C’est pourquoi nous relayons les campagnes de soutien financier lancées par les deux titres, qui en appellent à leurs abonnés et plus généralement à leur lectorat pour les aider à traverser cette mauvaise passe – en attendant les résultats d’un éventuel jugement en appel. Il s’agit ainsi pour les deux sites de préserver un modèle garantissant leur indépendance : pas de publicité, pas de subventions, un capital qui n’est pas sous le contrôle d’actionnaires extérieurs.

C’est ce que rappelle Daniel Schneiderman dans son appel aux dons/abonnements : « Nous n’avons jamais dépendu que de nos abonnés, et de tous ceux qui, sans l’être, nous soutiennent. Nous y croyons plus que jamais : ce modèle est le seul qui garantisse une totale indépendance. Nous ne voulons dépendre ni des banques, ni des subventions, pour faire face à tous les impondérables qui pourraient survenir, pour investir quand nécessaire (prochainement, par exemple, dans du matériel pour vous proposer des émissions en Haute Définition). Bref, si nous changions de modèle économique, ce ne serait plus le même site ».

Il existe bien des différences entre, d’une part, Acrimed et, d’autre part, Mediapart (par exemple sur la critique des médias) et Arrêt sur images (par exemple sur le rapport aux médias dominants), et nous continuerons de défendre un projet politique de transformation des médias, qui ne peut se réduire à la création de médias privés indépendants, aussi utiles soient-ils.

Mais de toute évidence, et ce sans faire fi de nos divergences d’approche, voire de nos désaccords, l’urgence est à la défense de médias dont la disparition ou même l’affaiblissement serait un coup dur porté à l’indépendance journalistique et au pluralisme déjà bien rabougri du paysage médiatique. Une mauvaise nouvelle dont il est encore possible de se passer.

- L’appel d’Arrêts sur images
- L’appel de Mediapart

Acrimed

Source :   Acrimed, 6 novembre 2015

Source: http://www.les-crises.fr/mediapart-et-arret-sur-images-dans-la-tourmente-par-acrimed/


[Corruption institutionnalisée] Comment le Parlement US vend désormais directement ses votes…

Thursday 12 November 2015 at 01:24

C’est une des choses les plus incroyables que j’ai vues depuis que je tiens ce blog…

200 millions de $ versés directement aux élus pour acheter leur vote…

« Nous nous avançons vers un âge où il n’y aura plus de sénateur de l’Arkansas ou de député de la Caroline du Sud, mais des sénateurs de Wal-Mart et des représentants de la Bank of America ». Ainsi s’exprimait en janvier 2010 Melanie Sloan, directrice de l’association Citizens for Responsibility and Ethics. Il y avait en effet de quoi fulminer : le 21 de ce mois, la Cour Suprême des Etats-Unis venait de rendre un arrêt lourd de conséquences allégeant grandement les restrictions sur le financement des campagnes électorales. La décision n’avait pas été unanime, loin de là : passée par 5 voix contre 4, elle avait fait l’objet d’une furieuse dispute, et l’arrêt final n’avait d’ailleurs pas dissuadé Paul Stevens, tête de file de la minorité, à sortir de la réserve traditionnelle s’imposant dans ce cas, accusant la majorité d’activisme judiciaire, rien de moins. Il se fit plus précis, en arguant de l’absurdité, selon lui, de placer des corporations sur le même plan judiciaire que des personnes physiques. Barack Obama lui-même s’était ému de cet arrêt, sans que cette émotion ne se traduise véritablement en actes.

Le siège de la Cour Suprême à Washington

Coïncidence de calendrier, cet arrêt tombait alors qu’un autre évènement venait de frapper les esprits : le 19 janvier avait vu Scott Brown, un républicain, remporter le siège de sénateur du Massachussetts, laissé vacant par le décès de Ted Kennedy, sénateur démocrate, frère des défunts John F et Robert F., et figure historique de l’aile progressiste du parti Démocrate. La stupeur passée, la colère s’était emparée des progressistes américains, qui voyaient dans ce double  coup de tonnerre la fin d’une ère. Il semble aujourd’hui que les prédictions de Melanie Sloan soient en passe de se réaliser.

Un TPPI qui ne passe pas

On aurait tendance à l’oublier de ce côté-ci de l’Atlantique, mais le débat sur le TTIP (Trans-atlantic Trade and Investment Partnership, Partenariat Transatlantique pour l’Investissement et le Commerce, ex-TAFTA) n’est pas un long fleuve tranquille aux Etats-Unis. De fait, le pays se retrouve engagé dans deux négociations, le TTIP ayant un jumeau pour la zone Asie-Pacifique, le TPP. Négocié dans des conditions tout aussi opaques que celles de son versant Atlantique, le TPP n’en est pas moins soumis à l’aval du Congrès. (Eh oui, on a du mal à se figurer ces derniers temps qu’il existe encore des pays où les parlementaires ne conçoivent pas exclusivement leur rôle comme celui de simples figurants).

Une série de votes parlementaires au printemps et dans l’été 2015 a permis de mettre en lumière les conséquences fâcheuses de l’arrêt de 2010. Pour cela, il faudra entrer quelque peu dans les détails.

Deux dispositions devaient donner le départ officiel des négociations sur le TPP :

Par une petite filouterie concoctée entre le Congrès et la Maison-Blanche, les deux dispositions se retrouvaient mêlées au sein d’un même package. Le but ? Les Républicains en majorité favorables au projet de TPP avalisaient du même coup les mesures compensatoires, et les Démocrates circonspects se voyaient gratifiés d’un lot de consolation, un édulcorant pour aider à avaler la couleuvre libre-échangiste. Vous suivez toujours ?

A défaut d’être une formalité, le vote devait au moins emporter l’adhésion de la majorité sans trop de heurts. Las ! C’était sans compter sur une révolte du groupe Démocrate à la Chambre, qui, bien que minoritaire, avait réussi à faire capoter l’ensemble, par 316 voix (contre 126 en faveur du pack). Sans doute la capitulation était-elle trop grande pour nombre de Démocrates, allant jusqu’à faire basculer la (très) modérée Nancy Pelosi, whip démocrate à la Chambre, dans le camp du « non ». Un camouflet pour Barack Obama, qui s’était personnellement investi dans l’affaire, démarchant Pelosi jusqu’à la dernière minute.

La FTA est morte, vive la TPA

Décompte final du vote de la TPA

L’affaire ne pouvait évidemment pas en rester là. Le FTA fut rapidement ressuscité et rebaptisé TPA (Trade Promotion Authority), dépouillé cette fois-ci du TAA. Une procédure accélérée permit de voter sur ce nouvel avatar le 10 juillet 2015. Et cette fois-ci, pas de miracle : la TPA passa, mais de justesse, avec 219 voix pour, lorsqu’il en fallait 218 pour que la disposition entrât en vigueur.

Ce qui a particulièrement frappé les observateurs une fois la poussière retombée, ce n’est pas tant l’extrême justesse avec laquelle la TPA a pu passer que la débauche d’argent mobilisée par les différents lobbys à Washington pour faire basculer le vote. Qu’on en juge : selon Paola Casale, de l’université d’Otterbein (Ohio), s’appuyant sur les chiffres fournis par l’organisation Open Secret, ce ne seraient pas loin de 200 millions de dollars qui auraient été promis pour inciter députés et sénateurs à voter Oui.

Au marché des consciences

Bien entendu, nous ne parlons pas ici de sommes versées de la main à la main ; il s’agit de promesses de dons aux comités de campagne des différents parlementaires, lesquelles ne connaissent plus de plafond depuis l’arrêt de 2010. Il ne faut pas oublier que dans le contexte politique américain, l’argent est de plus en plus primordial : il suffira de rappeler ici que 6 milliards de dollars ont été dépensés lors de la campagne présidentielle de 2012, un record historique. Avec des élections tous les deux ans, députés et sénateurs se voient de plus en plus appelés à solliciter les donateurs à plein temps. Dans ce contexte, difficile de résister aux juteuses promesses des lobbies. Des refus répétés vous privent d’un soutien précieux, et condamnent de fait votre avenir politique.

Viendra l’objection : rien n’empêche d’autres lobbys d’abonder en sens inverse. A ce titre, comme en témoignent les chiffres fournis, aucune illusion n’est permise : c’est pot de terre contre pot de fer.

David vs Goliath (mais sans intervention divine)

Montant total des promesses de dons des lobbys, sur le site Open Secret

En face des 200 millions offerts pour le oui, à peine 23 millions pour le non. Une telle différence s’explique aisément lorsque l’on examine dans le détail la nature des donateurs.

Sans grande surprise, on trouvera dans le camp du « oui » de grandes compagnies d’assurances, des banques d’affaires et des fournisseurs de services financiers, compagnies pétrolières et énergétiques, cabinets d’avocats d’affaires, etc. Pour faire face à cette artillerie lourde, on trouvera surtout des syndicats d’enseignants ou de travailleurs, des associations de consommateurs ou des ONG. Il est bien évident que toute la bonne volonté de ces groupes n’est pas appelée à peser face à l’artillerie lourde de Wall Street.

Le plus gâté de tous a été le député Républicain John Boehner, qui a reçu 5,3 millions de dollars au total pour voter « oui » -ce qu’il a fait. Viennent ensuite les Républicains Kevin Mc Carthy et Paul Ryan, qui ont reçu chacun 2,4 millions de dollars pour voter dans le même sens, ce qu’ils ont fait également. Le Guardian dresse un tableau semblable pour les sénateurs, quoique les sommes soient sensiblement moindres.

Au regard d’une dépense aussi faramineuse, les résistances observées ici et là prennent l’allure de petits miracles. Ainsi, le député Démocrate Steny Hoyer avait reçu 1,6 million de dollars pour voter « oui » et « seulement » 282 710 dollars pour le « non » ; cela ne l’a pas empêché de rejeter le texte. De même pour les Démocrates Joe Crowley, Patrick Murphy et Richard Neal, lesquels ont refusé entre 1,1 et 1,3 million de dollars et ont rejeté le texte. Il y a également quelques « héros » chez les Républicains : les députés Mick Mulvaney, Andy Harris, Thomas Massie et Dana Rohrabacher s’étaient vu offrir entre 180 832 et 541 746 dollars pour approuver la TPA, et rien du tout s’ils la rejetaient. Cela ne les a nullement empêchés de voter « non ».

De tels exemples d’intégrité, s’ils sont tout à l’honneur des députés en question, ne doivent pas occulter le fait que ceux-ci sont condamnés à rester minoritaires. Les députés et sénateurs issus de terres fortement marquées politiquement disposent de davantage de marge de manœuvre que la plupart de leurs confrères, devant disputer âprement leur réélection tous les deux ans. Ceux-ci pourront-ils longtemps se permettre de rejeter les trente deniers d’argent de Wall Street, lorsque leur campagne en dépend ? Poser la question, c’est hélas y répondre. Et il ne s’agit nullement de dénoncer la corruption des hommes politiques ordinaires, mais de souligner le simple fait qu’aux Etats-Unis aujourd’hui, il est impossible de remporter une élection sans soutien financier accru. Avec les conséquences néfastes que cela impose. Et cela ne remonte pas seulement à 2010.

L’arrêt de la Cour Suprême n’a finalement fait que fragiliser un peu plus un système politique déjà à la dérive. Si les Etats-Unis veulent encore conserver le droit de qualifier leur fonctionnement interne de démocratique, il va leur falloir en repenser l’ensemble, avant que l’institutionnalisation de la corruption n’emporte tout.

————————–*** Notes ***

[1] Le Whip est à l’origine un chien de berger, chargé de maintenir la cohésion du troupeau en surveillant ceux qui s’en écartent. Au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, il est l’équivalent d’un chef de groupe parlementaire.

Pour prolonger :

A propos de l’arrêt du 21 janvier 2010

Le site « Flush the TPP »

Une typologie de la corruption aux Etats-Unis, sur le blog « naked capitalism »

 

Cliquez ici pour aller vers le site Open Secrets donnant la nature des donateurs pour le vote du 10 juillet (communiqué de presse ici).

L’étalement des dons par trimestre (vert POUR, rouge CONTRE) :

Bilan : 200 M$ vs. 23 M$…

Qui a soutenu le projet : (avocats [qui ont versé à eux seuls plus que TOUS les opposants !], secteur bancaire et financier, armement, …)

Qui le combattait ? (enseignants, groupes féministes, syndicats, écolos… ça va plus vite à lire…)

Et voici le bilan par parlementaire – elle est pas belle la corruption légalisée et transparente quand même ?

Les parlementaires les plus arrosés par les POUR :

Les parlementaires les plus arrosés par les CONTRE :

Vous notez qu’ils sont à peu près tous démocrates, et que la plupart ont voté non…

On aura une pensée émue tout de même pour un système où la plupart des députés du parti du président votent contre un projet de libre-échange pour lequel il s’investit beaucoup…

Bon 200 M$, c’est toujours ça de pris, mais bon, c’est limite avec le renchérissement du coût de la vie…

Par chance, il y a d’autres votes, avec d’autres autorisations au Président de négocier… Comme le S995, en cours :

Et hop, 300 M$ de dollars en plus…

A ce propos (je suis tombé dessus par hasard, c’est trop beau), Obama a évidemment fait une déclaration officielle pour le lancement du processus législatif de cette dernière loi.

Je vous passe le blabla sur “le libre-échange c’est bien, surtout pour les travailleurs”, mais cette phrase est mythique :

“Nous devons nous assurer que ce soit nous, et pas d’autres pays comme la Chine, qui écrivions les règles de l’économie globalisée.”

Chapeau l’artiste !

Source: http://www.les-crises.fr/comment-le-parlement-us-vend-desormais-ses-votes/


Le vol 9268 ou le désordre dans le ciel et l’Égypte menacée, par Philippe Grasset

Thursday 12 November 2015 at 00:30

Il y a un truc qui me chiffonne, quand j’écoute les médias Mainstream.

  1. La Russie est (comme toujours) méchante, car elle bombarde les gentils terroristes d’Al Quaïda, armés par l’Occident, et ne s’attaque pas aux méchants terroristes de l’État islamique – même si elle dit qu’elle le fait, mais ce sont des menteurs les Russes ;
  2. En revanche, l’Occident défend la Démocratie, et les Stazunis, la Grande-Bretagne et la France (soit 60 % à l’aise des dépenses militaire du monde) bombardent durement le méchant État islamique depuis un an et demi – même si ça ne l’a hélas nullement empêchée de conquérir toujours plus de territoires…

Mais alors, c’est étrange, pourquoi les types de l’État islamique ont-ils détruit un avion russe moins de 2 mois après le début des frappes russes ????? Étrange non ? ;)

Par ailleurs j’ai également trouvé éloquent la manière assez insidieuse qui a été employée pour limiter la compassion envers les victimes russes.

Un exemple : L’état islamique a revendiqué immédiatement l’attentat – sachant que les experts indiquent qu’ils n’ont jamais menti à ce jour. Mais tout a été fait pour ne pas trop privilégier cette piste.

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Le vol 9628 ou le désordre dans le ciel et l’Égypte menacée

Source : dedefensa, 06-11-2015

Il y a une semaine, le vol 9628 de la compagnie MetroJet/Kogalymavia, qui transportait 224 passagers et hommes d’équipage tous de nationalité russe, a explosé en plein vol au-dessus du Sinaï. Les débris ont été retrouvés, identifiés, et idem pour les fameuses boîtes noires qui sont en cours de dépouillement ou qui sont entièrement dépouillées. Au départ, il y avait une sorte d’entente générale pour écarter l’hypothèse d’un tir de missile, d’envisager sans réelle conviction l’hypothèse d’une bombe, et de privilégier l’incident mécanique aux conséquences radicales et extraordinaires. Aujourd’hui, c’est la thèse de la bombe à bord qui émerge de plus en plus précisément, avec les Britanniques extrêmement actifs pour toutes sortes de raisons, mais notamment parce qu’il y a 20.000 de leurs nationaux en vacances à Charm El-Sheikh. Les Britanniques ont pris la décision peu ordinaire d’interrompre tous les vols prévus pour le retour normal de ces touristes, qui restent donc sur place, presque dans l’extraordinaire position d’être comme des “otages” ou des “prisonniers” d’on ne sait quoi. (DEBKAFiles, qui, dès le premier jour, a affirmé qu’il s’agissait d’une attaque terroriste, les désigne ce 5 novembre comme : « 20.000 Britons under siege »)

On a là-dessus une toute petite idée du désordre qui accompagne cet évènement, où chacun joue double, sinon triple jeu, tout cela correspondant à la complexité inouïe de la situation au Moyen-Orient, et la complexité à mesure, multiplié géométriquement par les esprits enfiévrés de narrative, des effets imprévus et inattendus des actions des principaux acteurs.

• … Mais restons-en à DEBKAFiles. Dès le premier jour, le 31 octobre, le site israélien a privilégié la thèse de l’attentat, accréditant de facto le “communiqué” de Daesh du 31 octobre dans l’après-midi, et continuant à insister sur la possibilité qu’il s’agisse d’une attaque par missile. Le 5 novembre encore, dans le texte cité, la possibilité d’une attaque par missile est explicitée par la référence à l’organisation terroriste opérant en Libye Ansar al Sharia, responsable de l’attaque de Benghazi qui coûta la vie à l’ambassadeur des USA. Ansar al Sharia disposerait de missiles de fabrication russe Buk (code-OTAN SA-11), de moyenne portée (entre 5 et 50 kilomètres), venus des arsenaux libyens du temps de Kadhafi. « Ce groupe terroriste ultra-violent a des liens opérationnels très étroits avec le groupe ISIS dans le Sinaï, et il est tout à fait possible qu’il ait transféré ce système de Libye dans le Sinaï… »

D’abord plutôt “satisfait” de cette attaque présentée comme une riposte efficace à l’activité russe en Syrie qui gêne les opérations israéliennes, DEBKAFiles a changé de ton le 5 novembre, pour se faire plus alarmiste pour un certain nombre pays, y compris Israël, ce qui pourrait refléter effectivement le sentiment des sources du renseignement israélien du site, et leur volonté de le faire savoir… « Alors que de plus en plus de gouvernements occidentaux se rapprochent de la thèse que le crash de l’avion russe a été causé par un engin explosif,  les sources contre-terroristes de DEBKAFiles répètent que l’on ne peut pas écarter la thèse d’un tir de missile. L’argument développé mercredi par Washington et Londres selon laquelle les organisations terroristes ne disposent pas de missiles capables d’atteindre et d’abattre de tels avions est simplement incorrecte. La possession par ISIS-Sinaï de systèmes de missiles sol-air avancés met non seulement en danger les avions dans l’espace aérien de la péninsule, mais aussi les avions volant au-dessus du Canal de Suez ainsi que sur des parties de l’Arabie saoudite, de Jordanie et d’Israël. »

• Le même texte considère d’un œil critique l’absence d’initiative de certains pays particulièrement concernés par la situation à Charm-Sinaï, notamment les Britanniques, qui se sont beaucoup agité et ont affirmé dès mardi leurs doutes quant à la possibilité d’un attentat, jusqu’à la décision de suspendre tout vol de ou vers Charm avec des nationaux britanniques à bord, – effectivement comme s’ils craignaient des tirs de missiles. En attendant, observe DEBKAFiles, ils n’ont préparé aucun plan pour les “20.000 vacanciers britanniques assiégés” à Charm El-Cheikh. Conclusion du site israélien : Jusqu’ici, les hésitations, changements de version, refus de commentaire, etc., des principaux pays concernés n’ont qu’un but : « …gagner du temps pour ne rien faire contre ISIS dans le Sinaï. Ni les USA, ni la Russie, ni la Grande-Bretagne, ne sont prêts à envoyer des forces dans la péninsule pour affronter directement les terroristes. »

Ces commentaires signalent qu’on est en train de passer de la seule affaire de la destruction en vol (accidentelle ou provoquée) d’un charter russe à celle de la sécurité sur le territoire du Sinaï, qui est un point très important d’affrontement avec le terrorisme, en plus des points classiques (Syrie, Irak, Afghanistan). Si on s’est tant attaché aux évolutions et précisions de DEBKAFiles, c’est parce que le site donne une bonne idée, vues ses connexions directes, de l’évolution des évaluations des services de sécurité israéliens. L’on a donc vu l’humeur passer d’une certaine “satisfaction” que la Russie, qui a pris un certain monopole du contrôle du ciel syrien, ressente un contrecoup de cette opération qui frustre les Israéliens en les privant d’une partie importante de leur liberté de manœuvre ; à une inquiétude affirmée pour la sécurité de l’espace aérien de la région (dont celui d’Israël) devant l’activité des groupes terroristes, sans doute équipés, pour certains dont DEBKAFiles, de systèmes d’armes avancés et dévastateurs, hérités soit des aventures catastrophiques des pays du bloc BAO (Libye), soit de l’incroyable tortuosité de la politique US multidirectionnelle et multi-contradictionnelle. Qui plus est, effectivement, l’affaire du vol 9628 montre, une fois de plus, l’impréparation des acteurs militaro-politiques extérieurs devant certaines actions ou certains théâtres de l’action des terroristes, alors qu’ils sont pour la plupart responsables de la constante aggravation de la situation et du renforcement des groupes terroristes toujours pour les mêmes raisons.

• Un autre point de vue est dominé par le facteur de la concurrence entre la Russie et les pays du bloc BAO. Il est exposé dans un texte de Justin Raimondo, sur Antiwar.com, qui détaille les hypothèses et les louvoiements, notamment des USA et de UK, vis-à-vis de la version de la destruction du vol 9628. Raimondo cite diverses interventions, interprétations, etc., essentiellement du côté US, pour en arriver à la conclusion  qu’il s’agissait essentiellement de créer continuellement une situation qui soit le moins favorable à la Russie. Pour lui, si la partie USA-UK n’a pas immédiatement évoqué la thèse de l’attentat, c’est pour éviter un mouvement de sympathie de l’opinion publique en faveur des Russes. Il y a eu aussi les diverses théories plus complexes jusqu’aux plus rocambolesques, comme celle d’un “inside job” du FSB (l’attentat organisé par le FSB lui-même, pour obtenir cet effet de sympathie prorusse), qui a été aussitôt soutenue avec enthousiasme par l’exceptionnel sénateur McCain.

« According to numerous news reports, intercepts of “internal communications” of the Islamic State/ISIS group provided evidence that it wasn’t an accident but a terrorist act. Those intercepts must have been available to US and UK government sources early on, yet these same officials said they had no “direct evidence,” as Clapper put it, of terrorist involvement. Why is that? And furthermore: why the general unwillingness of Western governments and media to jump to their usual conclusion when any air disaster occurs, and attribute it to terrorism?

» The answer is simple: they didn’t want to arouse any sympathy for the Russians. Russia, as we all know, is The Enemy – considered even worse, in some circles, than the jihadists.  Indeed, there’s a whole section of opinion-makers devoted to the idea that  we must help Islamist crazies in Syria, including al-Qaeda’s affiliate, known as al-Nusra, precisely in order to stop the Evil Putin from extending Russian influence into the region.

» In a broader sense, the reluctance to acknowledge that this was indeed a terrorist act is rooted in a refusal to acknowledge the commonality of interests that exists between Putin’s Russia and the West. The downing of the Metrojet is just the latest atrocity carried out by the head-choppers against the Russian people: this includes not only the Beslan school massacre, in which over 700 children were taken hostage by Chechen Islamists, but also the five apartment bombings that took place in 1999. The real extent of Western hostility to Russia, and the unwillingness to realize that Russia has been a major terrorist target, is underscored by the shameful propaganda pushed by the late Alexander Litvinenko, and endorsed by Sen. John McCain, which claims that the bombings were an “inside job” carried out by the Russian FSB – a version of “trutherism” that, if uttered in the US in relation to the 9/11 attacks, is routinely (and rightly) dismissed as sheer crankery. But where the Russians are concerned it’s not only allowable, it’s the default. A particularly egregious example is Russophobic hack Michael D. Weiss, who, days before the downing of the Russian passenger plane, solemnly informed us that Putin was “sending jihadists to join ISIS.” Boy oh boy, talk about ingratitude! »

• D’une façon générale, les Russes restent extrêmement prudents, se retranchant derrière les procédures de l’enquête, dont l’appréciation officielle était jusqu’à ces derniers jours qu’elles peuvent durer plusieurs mois avant de donner leurs conclusions. Il n’empêche que Poutine vient de décider, sur la recommandation du chef du FSB, d’annuler les vols russes vers l’Égypte, sans qu’on sache précisément pour quelle durée ; par mesure de précaution, certes, mais une précaution qui en dit long dans le climat actuel. Même des partisans décidés de la Russie et de Poutine, comme le Saker-US, concluent d’une façon assez nette, après plusieurs jours de silence pour pouvoir mieux mesurer les éléments de cette affaire, que le vol 9628 a été victime d’un attentat. (Mais le Saker-US rejette absolument l’idée d’un missile sol-air, pour favoriser l’hypothèse d’une bombe posée à bord de l’avion, avec la complicité de l’un ou l’autre membre des services de sécurité égyptiens, ou la très mauvaise qualité de ces services en général.)

Quoi qu’il en soit, les Russes sont furieux vis-à-vis des Britanniques, qui disent avoir eu des indices sinon plus de la préparation d’une attaque avant la destruction du vol 9628. Leur argument est évident et ne porte nullement sur la véracité des indications, mais simplement sur ceci : “Si vous aviez des indices, vrais ou faux, pourquoi ne pas nous les avoir communiqués ?” … La réponse étant sans doute, simplement : “parce que vous êtes Russes”. La question qui se pose à propos de cet incident est de savoir si les Russes protestent pour la forme, pour avancer dans la guerre de communication avec le bloc BAO, ou bien s’ils croient encore qu’il existe une forme ou l’autre de possibilité de coopération sincère entre la Russie et le bloc BAO (ou, dans tous les cas, certains pays du bloc BAO, essentiellement les Anglo-Saxons). Si c’est la deuxième réponse, il faut alors déplorer chez eux un reste de naïveté dont ils devraient se débarrasser au plus vite.

• Mais, incontestablement, le pays le plus touché par l’attentat est l’Égypte, beaucoup plus que la Russie. Il est d’ailleurs raisonnable de penser que l’attitude des Russes, plutôt embarrassés entre leur prudence sinon le déni de certaines indications, et tout de même certaines mesures de précaution, vient pour beaucoup de leur volonté de ménager au maximum l’Égypte, d’éviter de mettre Sissi dans l’embarras en renforçant l’idée que ce pays n’a pas de système de contrôle de sécurité efficace. La Russie a misé gros sur ses relations stratégiques avec l’Égypte d’une part, et d’autre part elle pourrait calculer qu’à l’occasion de cet incident, au cours duquel le couple USA-UK n’a rien fait pour aider l’Égypte bien au contraire, ce pays devrait se rapprocher décisivement de l’axe Russie-Syrie-Iran-Irak dont il est déjà proche.

(Il ne nous semble pas que ce soit un gros risque de la part des Russes de réagir de façon si mesurée. Notre sentiment est que, pour l’opinion publique, la destruction du vol 9628 a plus à voir avec l’attaque terroriste constante dont la Russie est l’objet depuis plus d’une décennie qu’avec la présence russe en Syrie. Le Saker-US nous semble avoir raison lorsqu’il écrit : « As soon as the Russian military operation in Syria began, officials were asked whether this would not dramatically increase the risks of terrorist attacks against Russian.  Their answer was always the same one: “we already are under maximal threat, this does not make it worse“.  This is forgotten in the West, but Russia is still battling a terrorist insurgency in Dagestan.  Wahabi crazies are regularly arrested even in Moscow! » A notre sens, la réaction de l’opinion publique russe pourrait être contraire à celle que certains pourraient attendre : un durcissement vis-à-vis du terrorisme, une assimilation plus complète de l’intervention russe eh Syrie à la lutte contre le terrorisme qu’elle n’était faite jusqu’alors, – plutôt que comme un simple soutien à Assad.)

Finalement et outre de montrer une fois de plus le désordre général de la situation, et des situations au Moyen-Orient, la destruction du vol 9628 devrait surtout avoir pour effet de faire entrer l’Égypte de plain-pied dans le chaudron moyen-oriental autour de la Syrie, beaucoup plus qu’elle ne l’a fait jusqu’ici, avec des risques d’extension du désordre international et multinational au Sinaï lui-même. L’Égypte va être touchée de plein fouet par l’attaque, avec une réduction supplémentaire du tourisme étranger dans le pays qui constitue une grosse source de revenus. D’autre part, l’attaque met clairement en lumière la connexion entre le centre syrien de la crise d’une part, l’extension libyenne d’autre part, en rappelant le rôle que la Libye joue comme pourvoyeuse de désordre dite “de second rideau”, et l’Égypte coincée entre les deux. On y ajouterait même, cerise énorme sur le gâteau, l’Algérie sur l’aile occidentale de la Libye, qui est particulièrement “travaillée” par les divers groupes terroristes, de contrebande, de crime organisé en ce moment où le pouvoir politique se délite rapidement, et qui constitue actuellement la principale préoccupation interne de certains services de renseignement d’un possible embrasement à venir.

Dans ce cadre absolument menaçant, l’Égypte est pratiquement enfermée dans une position où les choix diminuent et où les urgences s’imposent. Notre appréciation est que l’Égypte ne pourra faire autrement que quitter son attitude passive et défensive, qu’elle devra nécessairement passer à l’offensive, éventuellement hors de son territoire strictement dit, sous peine de connaître des remous internes qui pourrait conduire à un basculement total du pays dans l’anarchie. C’est finalement une situation assez générale, lorsqu’on considère les évènements d’une façon intégrée. Le désordre grandit et s’étend à une telle rapidité, et l’incontrôlabilité de la situation à mesure, qu’il n’est plus possible, le plus souvent, de rester sur des positions défensives, selon une stratégie de la forteresse. Nous pensons qu’il va falloir  très vite accepter l’argument, de la part des Russes, que le principal motif de leur intervention en Syrie est bien un effort pour bloquer l’extension du terrorisme vers le Caucase, directement ou indirectement. L’implication de l’Égypte, si elle se fait, devrait avoir des effets collatéraux importants, notamment sur ses relations avec l’Arabie qui est son principal pourvoyeur de fonds, mais qui se trouve elle aussi dans une situation en constante aggravation interne avec notamment une réduction notable de ses revenus pétroliers et surtout avec le conflit avec le Yemen, avec actuellement une situation militaire inquiétante. (Selon les Iraniens, les attaques et incursions yéménites en territoire saoudiens se multiplient.)

Quoi qu’il en soit, si la destruction du vol 9628 est bien un attentat de Daesh contre la Russie pour riposter contre l’intervention russe en Syrie, ce n’est pas une affaire qu’on peut maintenir dans ce strict cadre. C’est une affaire, une crise dans la crise comme d’habitude, dont les conséquences vont largement dépasser ce seul antagonisme Russie-Daesh, et même le seul théâtre conflictuel de la Syrie. Là aussi, le phénomène de la tache d’huile va jouer à fond, contribuant à élargir encore le cercle maléfique du désordre, avec des acteurs qui, de plus en plus, et même ceux qui paraissent les plus raisonnables, n’ont plus rien à perdre dans un engagement de plus en plus décisif ; il ne s’agit certainement pas d’un embourbement comme certains le prévoit en se référant à un cas classique d’une époque disparue, mais au contraire d’un accroissement de la potentialité explosive de l’ensemble qui constitue l’arrière-plan constant de la situation nouvelle.

Source : dedefensa, 06-11-2015

Source: http://www.les-crises.fr/le-vol-9628-ou-le-desordre-dans-le-ciel-et-legypte-menacee-par-philippe-grasset/


Les racines du racisme aux États-Unis par Noam Chomsky

Thursday 12 November 2015 at 00:01

Source : George Yancy, Le grand soir, 20-08-2015

Noam CHOMSKY

J’ai réalisé une série d’interviews sur la thème de la race pour la revue The Stone. Je réalise cette huitième interview avec Noam Chomsky, linguiste, philosophe de la politique, et l’un des plus célèbres intellectuels au monde. Il a écrit de nombreux ouvrages, comme récemment, avec André Vltchek, « L’Occident terroriste – d’Hiroshima à la Guerre des drones ».

George Yancy

George Yancy : Lorsque je vois le titre de votre livre « L’Occident terroriste », me vient à l’esprit le fait que beaucoup de noirs aux États-Unis ont été pendant fort longtemps terrorisés par le racisme blanc. Cela va de la violence arbitraire jusqu’au lynchage de plus 3000 noirs (dont un certain nombre de femmes) dans la période qui va de 1882 à 1968. Du coup en 2003, lorsque des actes inhumains ont été commis dans la prison d’Abou Ghraib, je n’avais pas été surpris. Je me souviens que lorsque les photos sont apparues le président George W. Bush avait dit : « Cela ne représente pas les États-Unis que je connais ». Mais est-ce que ce ne sont pas les États-Unis que les noirs ont toujours connus ?

Noam Chomsky : Les États-Unis que les noirs ont toujours connus ne sont pas très jolis. Les premiers esclaves noirs ont été amenés aux colonies il y a 400 ans. Nous ne pouvons pas nous permettre d’oublier que pendant cette longue période les Afro-Américains, en dehors de quelques exceptions, n’ont eu que quelques décennies pour intégrer pleinement la société états-unienne.

Nous ne pouvons pas non plus nous permettre d’oublier que les abominables camps de travail esclavagistes du nouvel « Empire de la liberté » étaient une source de richesse essentielle pour la société américaine, avec ses privilèges, mais aussi pour l’Angleterre et le continent. La révolution industrielle avait comme ressource principale le coton, lequel était pour une bonne part produit dans les camps de travail esclavagistes des États-Unis.

Comme on le sait maintenant, ces derniers étaient très rentables. La productivité augmentait encore plus vite que dans l’industrie, grâce à la technologie du fouet et pistolet, l’efficace pratique de la torture, comme l’a montré Edward E. Baptist dans sa récente étude « The Half Has Never Been Told ». Le résultat ce n’est pas seulement la grande richesse accumulée par l’aristocratie des planteurs, mais ce sont aussi les manufactures états-uniennes et britanniques, le commerce, et les institutions du capitalisme d’État moderne.

Il est bien connu, il devrait être bien connu, que les États-Unis se sont développés en rejetant radicalement les principes d’ « économie saine » que prônaient les grands économistes à l’époque. Les derniers venus dans la course au développement connaissent bien ces principes aujourd’hui. Par contre les colonies américaines dès leur libération ont suivi le modèle de l’Angleterre : l’État intervint puissamment dans l’économie, notamment avec de hauts tarifs douaniers pour protéger l’industrie naissante, surtout le textile, puis plus tard pour l’acier, puis ensuite pour le reste de la même façon.

Il y avait aussi un « tarif virtuel ». En 1807 le président Jefferson a signé une loi interdisant l’importation d’esclaves. La Virginie, l’État de Jefferson, était le plus riche et le plus puissant des États. Cet État avait suffisamment d’esclaves. En fait, il commençait à produire cette précieuse marchandise pour les territoires esclavagistes en expansion au sud. Interdire l’importation de ces machines à récolter le coton représentait donc un avantage considérable pour l’économie de la Virginie. On le comprenait bien. Parlant au nom des importateurs d’esclaves, Charles Pinckney signalait : « La Virginie tire avantage de l’arrêt de l’importation. Ses esclaves prendront de la valeur, et elle en a plus que de besoin ». C’est comme ça que la Virginie est en effet devenue un grand exportateur d’esclaves vers la société esclavagiste en expansion.

Certains des propriétaires d’esclaves, comme Jefferson, mesuraient la grave entorse à la morale sur laquelle l’économie était alors basée. Jefferson redoutait la libération des esclaves, parce qu’ils avaient « 10 000 souvenirs » des crimes subis. La crainte que les victimes puissent se soulever et prendre leur revanche est fortement ancrée dans la culture états-unienne, et ce jusqu’à nos jours.

Le treizième amendement a formellement mis fin à l’esclavagisme, mais une décennie plus tard« l’esclavage sous un autre nom » est apparu. (« L’Esclavage sous un autre nom », « Slavery by Another Name », est le titre d’un livre important aussi, écrit par Douglas A. Blackmon [et dont est tiré un documentaire de 2012, ndt]).

La vie des noirs a été criminalisée par des codes excessivement répressifs qui les visaient particulièrement. Alors une forme d’esclavage encore plus rentable était disponible pour l’agrobusiness, les mines, l’acier – plus précieuses parce que l’État, et non plus les capitalistes, était responsable de maintien de la force de travail réduite en esclavage. Cela signifiait que les noirs étaient arrêtés sans raison valable, les prisonniers étaient mis au travail pour les intérêts du business. Ce système a offert une contribution majeure pour le rapide développement industriel de la fin du XIXème siècle.

Ce système est demeuré sans guère de changement jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale. L’industrie de guerre a alors eu besoin de travailleurs libres. Nous avons eu ensuite quelques décennies de développement rapide, et relativement égalitaire, l’État jouant un rôle encore plus important qu’auparavant. Un homme noir pouvait obtenir un travail décent dans un industrie où il existaient des syndicats, acheter une maison ; il pouvait envoyer ses enfants faire des études supérieures, et quelques autres types d’opportunités nouvelles. Le mouvement des droits civils a apporté encore de nouvelles ouvertures, mais avec des limitations. Dans sa lutte contre le racisme du nord Martin Luther King a échoué, il n’a pas non plus pu développer un mouvement des pauvres.

La réaction néolibérale, commencée à la fin des années 1970, accentuée à partir de Reagan, a frappé les plus pauvres et les plus opprimés dans la société. Les grandes majorités ont aussi été touchées, elles ont subi une stagnation relative, voire un recul, cependant que la richesse se concentrait entre quelques mains. La lutte de Reagan contre la drogue, profondément raciste dans sa conception et dans son exécution, a donné un nouveau phénomène Jim Crow, expression de Michelle Alexander pour dépeindre la criminalisation de la vie sociale afro-américaine. C’est une évidence si on regarde les taux d’incarcération et leur impact dévastateur sur la société noire.

La réalité est bien sûr complexe, on ne peut pas présenter les choses trop simplement. Mais c’est malheureusement une première approche tout à fait juste de l’un des deux crimes fondateurs de la société états-unienne – l’autre étant l’extermination des nations indigènes et la destruction de leurs civilisations riches et sophistiquées.

George Yancy : Même si Jefferson avait saisi les turpitudes morales sur lesquelles l’esclavage était basé, dans ses « Notes sur l’État de Virginie », il dit que les noirs sont limités en terme d’imagination, et inférieurs aux blancs en terme de raisonnement. Il ajoute que les orangs-outans préfèrent les femmes noires que leurs propres femelles. Ces mythes, ainsi que les codes noirs postérieurs à la guerre de sécession, ont eu pour fonction de poursuivre l’oppression et le contrôle des noirs. Quels sont d’après vous les mythes et codes contemporains employés pour maintenir l’oppression et le contrôle des noirs aujourd’hui ?

Noam Chomsky : Hélas Jefferson était loin d’être isolé. Inutile de reparler du répugnant racisme qui existait dans des cercles éclairés jusqu’à tout récemment. Pour ce qu’il en est des « mythes et codes contemporains », je m’en remettrai aux voix, nombreuses et éloquentes, qui observent et font l’expérience de cet amer résidu d’un passé honteux.

Le mythe le plus écœurant c’est peut-être que rien de tout cela n’est arrivé. Le titre du livre d’Edward E. Baptist n’est on ne peut plus pertinent – les conséquences de tout cela sont peu connues, peu comprises.

Il existe aussi une variante assez courante de ce qui a été parfois appelé « l’ignorance volontaire » de ce qu’il n’est pas convenable de savoir : « Oui dans le passé de mauvaises choses sont arrivées, mais laissons tout cela derrière nous, et marchons vers un glorieux futur, partageant l’égalité des droits et des opportunités pour tous les citoyens ». Les choquantes statistiques quant à la vie des Afro-américains peuvent être comparées à d’autres résidus amers d’un passé honteux, des lamentations à propos de l’infériorité culturelle des noirs, ou pire, en oubliant comment nos richesses et nos privilèges sont dus dans une bonne mesure à des siècles de torture et de dégradation. Nous en sommes les bénéficiaires, alors qu’ils restent victimes. Ainsi de la compensation qui conviendrait, très partielle et désespérément inadéquate, elle reste entre le trou de la mémoire et l’anathème.

Jefferson, c’est à son crédit, au moins reconnaissait que l’esclavage, dans lequel il était impliqué, constituait « d’une part le despotisme le plus implacable, et d’autre part la soumission la plus dégradante ». Au Memorial Jefferson à Washington on peut lire ses mots : « Je frémis pour mon pays quand je pense que Dieu est juste et que sa justice ne peut pas dormir pour toujours ». Ces mots, nous devrions les garder à l’esprit, tout comme les réflexions de John Quincy Adams concernant le crime fondateur, et qui a duré des siècles, le sort de « cette malheureuse race des indigènes américains, exterminés de façon si impitoyable et avec une cruauté si perfide… parmi d’autres pêchés de ce pays, pour lesquels je crois que Dieu nous appliquera son jugement un jour ». Ce qui compte c’est notre jugement.

Tout cela a été effacé depuis si longtemps. On préfère en général éviter d’y penser.

George Yancy : Cette « ignorance volontaire » des vérités qui dérangent concernant la souffrance des Afro-américains peut également être employée pour parler du génocide des indigènes américains. C’est le taxonomiste suédois Carl von Linné au 18ème siècle qui a considéré que les indigènes américains étaient porteurs de certains traits, ils étaient ainsi « enclins à la colère », un mythe bien utile qui justifie le besoin pour les indigènes américains d’être « civilisés » par les blancs. Dans ce cas ce sont aussi des mythes. Comment l’ « amnésie » des États-Unis a contribué à des formes de racisme orientées seulement contre les indigènes américains à l’époque actuelle, et pour la poursuite de leur génocide ?

Noam Chomsky : Ce mythe si commode existait bien avant, et il est encore présent de nos jours. L’un des premiers mythes a été formellement créé juste après la Charte donnée à la colonie de la baie du Massachusetts par le roi d’Angleterre en 1629. Cette Charte stipulait que la conversion des Indiens au christianisme « est la fin principale de cette plantation ». Les colons ont aussitôt élaboré le Seau de la colonie, sur lequel on voit un Indien avec une lance pointée vers le bas en signe de paix, avec une parole qui émane de sa bouche sollicitant les colons : « Venez et aidez-nous ». C’est peut-être le premier cas d’ « intervention humanitaire » – et, curieusement, elle s’est achevée comme beaucoup d’autres.

Des années plus tard, Joseph Story, juge à la cour suprême méditait sur « la sagesse de la Providence » qui a fait disparaître les indigènes comme « des feuilles fanées à l’automne » alors que les colons les avaient « constamment respectés ». Inutile de dire, les colons qui n’avaient pas choisi de pratiquer l’ « ignorance volontaire » étaient beaucoup mieux renseignés. Et les plus informés, comme le général Henry Knox, le premier secrétaire à la Guerre des États-Unis, décrivait « l’extirpation totale de tous les Indiens dans les parties les plus peuplées de l’Union [par des moyens] plus destructifs pour les indigènes que les actes des conquistadors au Mexique et au Pérou ».

Know signalait ensuite qu’ « un historien, dans le futur, pourrait dépeindre sombrement cette destruction de la race humaine ». Peu d’historiens l’ont fait, très peu. C’est le cas de l’héroïque Helen Jackson, qui en 1880 a raconté de façon détaillée cette « triste expérience de confiance trahie, de traités violés et d’actes violents et inhumains qui fera rougir de honte ceux qui aiment ce pays ». Le livre de Jackson, si important, ne s’est guère vendu. On ne l’a guère prise en compte, ou bien on la contredisais. On préférait la version de Theodore Roosevelt, expliquant que « l’expansion des personnes de sang blanc, ou européen, durant les quatre derniers siècles… a apporté des bénéfices durables pour la plupart des gens qui habitaient là où l’expansion s’est produite », particulièrement pour ceux qui ont été extirpés ou expulsés, déclassés, miséreux.

Le poète national, Walt Whitman, illustre bien la perception générale lorsqu’il écrit : « Le nègre [« nigger »] comme l’Indien [« injun »] sera éliminé ; c’est la loi des races, de l’histoire… Des rats supérieurs arrivent, alors les rats inférieurs sont éliminés ». Ce n’est qu’en 1960 que l’ampleur de ces atrocités et leur description commencent à pénétrer l’université et, dans une certaine mesure, la conscience populaire, mais il reste encore fort à faire.

Ce n’est qu’un petit exemple de l’horrible histoire de l’anglosphère et de son impérialisme type colonie de peuplement, un type d’impérialisme qui mène assez naturellement à l’ « extirpation totale » de la population indigène – et à l’ « ignorance volontaire » de la part des bénéficiaires de ces crimes.

George Yancy : Votre réponse soulève la question de la colonisation comme forme d’occupation. James Baldwin dans son essai de 1966 « Reportage en territoire occupé » écrit : « Harlem est quadrillé par la police comme un territoire occupé ». Cette phrase me fait penser à Ferguson (Missouri). Certains des protestataires à Ferguson ont même fait la comparaison avec la bande de Gaza. Que pensez-vous de cette comparaison des occupations ?

Noam Chomsky : Toutes les comparaisons sont possibles. Lorsque je suis allé à Gaza il y a quelques années, ce qui m’est très vite revenu à l’esprit c’est mon expérience de la prison (pour désobéissance civile souvent) : la sensation, très étrange pour des gens ayant eu des vies privilégiées, d’être totalement sous le contrôle d’une autorité externe, arbitraire et, si tel est son souhait, cruelle. Mais les différences entre les deux cas sont, bien entendu, énormes.

D’une façon plus générale je suis assez sceptique quant à la valeur des comparaisons du genre que vous mentionnez. Il y aura bien sûr des points communs à beaucoup de cas d’autorité illégitime, de répression, de violence. Parfois elles éclairent, comme lorsque Michelle Alexander fait une analogie avec Jim Crow, dont je parlais plus haut. Parfois elles peuvent faire disparaître des différences importantes. Je ne vois franchement rien de plus à dire d’intéressant. Chaque comparaison doit être évaluée au cas par cas.

George Yancy : Ces différences sont grandes, je ne veux certainement pas toutes les citer. Dans l’après-11 septembre se crée une ambiance propice aux comparaisons. Certains pensent que les musulmans d’origine arabe ont pris aux Afro-américains leur place de paria aux États-Unis. Qu’en pensez-vous ?

Noam Chomsky : Le racisme anti-arabe et anti-musulman a une longue histoire, et il existe pas mal d’écrits à ce propos. Les études de Jack Shaheen sur les stéréotypes dans les médias télévisuels, par exemple. Et il ne fait aucun doute que c’est en augmentation ces dernières années. Rien que pour donner une exemple saisissant : l’un des films qui bat actuellement des records de spectateurs est décrit dans la section Art du New York Times de cette façon : « un film patriotique, familial ». Il s’agit d’un sniper qui affirme être lors de l’invasion états-unienne le champion des assassinats d’Irakiens. Il décrit fièrement ses cibles comme des « sauvages, méprisables, malfaisants… vraiment la seule façon de décrire ce que nous affrontions là-bas ». Il faisait précisément référence à son premier meurtre, une femme portant une grenade alors qu’elle se trouvait face à une attaque des forces états-uniennes.

Ce qui est important ce n’est pas seulement la mentalité du sniper, mais la réaction chez nous devant de tels exploits, lorsque nous envahissons et détruisons un pays étranger, distinguant difficilement un « raghead » d’un autre [« raghead », terme péjoratif pour parler d’une personne portant turban]. Cette perception remonte aux « Indiens sauvages et cruels » dont parle notre Déclaration d’Indépendance et à la sauvagerie diabolique de tous ceux qui se sont trouvés sur notre chemin depuis lors, particulièrement lorsqu’un élément « racial » peut être évoqué. Par exemple, Lyndon Johnson avertissait que si nous baissions notre garde nous nous trouverions à la merci de « n’importe quel nain jaune portant un petit couteau ». Cependant à l’intérieur des États-Unis bien qu’il y ait des incidents déplorables, le racisme anti-arabe et anti-musulman dans la société a été assez limité, je crois.

George Yancy : Dernièrement la réalité du racisme (anti-noir, anti-arabe, anti-juif, etc.) est très prégnante. Bien qu’il n’y ait pas de solution unique au racisme, dans ses différentes manifestations, que croyez-vous nécessaire pour en finir avec la haine raciale ?

Noam Chomsky : Il est facile de recourir aux réponses habituelles : éduquer, rechercher et régler ce qui se trouve aux origines de la maladie, s’assembler dans des entreprises communes – les luttes au travail ont été un exemple important –, etc. Les réponses sont justes et elles ont apporté beaucoup. Le racisme est loin d’être éradiqué, mais il n’est plus ce qu’il était il n’y a pas si longtemps, grâce à de tels efforts. C’est un long chemin, difficile. Pas de baguette magique, autant que je sache.

Noam Chomsky
George Yancy

27 mai 2015

Traduction (août 2015) : Numancia Martinez Poggi

Source : George Yancy, Le grand soir, 20-08-2015


Source: http://www.les-crises.fr/les-racines-du-racisme-aux-etats-unis-par-noam-chomsky/


Quand Philippe de Villiers déballe tout…

Wednesday 11 November 2015 at 02:30

Philippe de Villiers vient de sortir son livre « Le moment est venu de dire ce que j’ai vu », où, débarrassé de son statut d’homme politique, il parle sans filtre, sans volonté de plaire.

Je ne partage pas tout – en particulier les propos sur l’islam ou sur certaines valeurs -, mais le contenu sur la partie “vie politique” est d’une très grande pertinence, ce qui rejoint ce que j’ai pu constater moi-même…

Source: http://www.les-crises.fr/quand-philippe-de-villiers-deballe-tout/


Pourquoi la nouvelle coalition au Portugal est une chance pour l’Europe, par Romaric Godin

Wednesday 11 November 2015 at 01:30

Source : La TribuneRomaric Godin, 09/11/2015

Le Portugal va connaitre l’alternance à gauche. (Crédits : © Hugo Correia / Reuters)

Le gouvernement portugais de droite devrait chuter mardi 10 novembre, renversé par une alliance de gauche. Ce nouveau gouvernement représente une nouvelle chance pour la zone euro. Saura-t-elle la saisir ?

L’annonce de la probable constitution d’une majorité de gauche au Portugal aura surpris plus d’un observateur qui, au lendemain du 4 octobre, avait annoncé la « victoire » de la droite comme celle de la politique d’austérité et qui avait présenté ce vote comme un « modèle. » En réalité, le Portugal est bel et bien en passe de proposer un modèle, mais certainement pas celui que les partisans des dévaluations internes et des « réformes structurelles » s’imaginaient alors.

Cette alliance portugaise modifie en effet le paradigme dominant au sein de la politique européenne. Au parlement européen comme dans la plupart des pays de la zone euro, les politiques de dévaluation interne bénéficient de l’appui des conservateurs et des sociaux-démocrates (qui, au Portugal sont représentés par le PS, le parti social-démocrate (PSD) étant un parti de centre-droit). Le Portugal ne faisait nullement exception à la règle jusqu’ici. En 2010, c’est le gouvernement PS de José Sócrates qui avait demandé un programme à la zone euro. Le PS avait accepté, avant les élections de 2011 qui l’ont chassé du pouvoir, de respecter les demandes de la troïka.

En finir avec le « chantage »

La décision de son leader d’aujourd’hui, Antonio Costa, de chercher une alliance avec la gauche radicale pour imposer un véritable tournant dans la politique économique du pays, est donc lourde de sens. Elle signifie que cette division construite depuis 2010 entre les « pro-européens », favorables à l’austérité, et les « Eurosceptiques » qui cherchent une autre voie, division qui est fort dangereuse pour l’Europe elle-même, n’est pas une fatalité. Le PS portugais entend ne pas abandonner son attachement à la construction européenne, mais il entend aussi prouver que celle-ci n’est pas incompatible avec une autre politique économique alternative. Autrement dit, Antonio Costa tente de sortir de l’habituel « chantage » consistant à accepter l’euro avec l’austérité ou à le rejeter. C’est, du reste, ce « chantage » qu’avait tenté d’opposer le président de la République Anibal Cavaco Silva en imposant un gouvernement de droite pour « sauvegarder les engagements internationaux du Portugal. » En refusant cette logique et en décidant de s’unir contre le gouvernement de droite, la gauche portugaise veut redonner sa place à la politique. Le fait qu’un parti social-démocrate – au sens européen -  adhère à cette ambition est important : il ramène l’austérité à un choix conservateur.

La fin d’une rupture historique

Ce choix est d’autant plus significatif qu’il prend place dans un pays où la division de la gauche est très profonde et très ancienne. Le PS portugais est un des premiers à avoir initié le « virage social-démocrate » et à avoir adopté la « rigueur. » Dès 1976, son leader Mario Soares, avait repoussé les demandes « révolutionnaires » du parti communiste et des mouvements de gauche issus de la Révolution des œillets. Il avait aussi pris des mesures de rigueur drastiques pour stabiliser l’inflation et l’escudo. Il en est résulté une division profonde avec le parti communiste (PCP) et le reste de la gauche radicale. Pour prendre conscience de cette division, il faut se souvenir qu’en 1983, le PS avait emporté les élections sans majorité absolue et avait alors préféré s’allier au PSD à droite qu’avec le PCP. On mesure donc d’autant plus ce qu’a pu représenter pour la direction du PCP, vendredi 6 novembre, l’acceptation de cette alliance avec le PS. De fait, la capacité de la gauche portugaise à s’unir montre qu’une véritable barrière psychologique et historique a été franchie. C’est dire combien cette coalition était difficile à construire.

L’austérité profondément rejetée

Cette alliance n’a, en réalité, été possible que parce que, pendant que les observateurs internationaux et les ministres de l’Eurogroupe tressaient les louanges de la politique du gouvernement du premier ministre sortant Pedro Passos Coelho, les Portugais rejetaient profondément sa politique. Si ce rejet a été visible à l’été 2013 lors des grandes manifestations, il a été un peu oublié par la suite, le calme étant revenu dans les rues portugaises. Mais ceci n’a jamais signifié qu’il a existé une adhésion de la majorité des Portugais à une politique qui limitait l’espoir des plus fragiles à retrouver un emploi précaire et mal payé ou à émigrer. Comme les Grecs en 2015, les Portugais ont majoritairement rejeté la politique d’austérité puisque l’alliance de droite au pouvoir a perdu 700.000 voix et que l’opposition a été majoritaire. C’est ce fait que l’alliance de gauche vient sanctionner. En cela, il est beaucoup plus significatif de la volonté des Portugais qu’un gouvernement minoritaire destiné à ne rassurer que l’Eurogroupe.

Equation complexe

Evidemment, tout reste à faire pour la gauche portugaise. L’expérience de Syriza en Grèce prouve que sa tâche sera difficile. Le prochain gouvernement sera un gouvernement PS, avec un soutien sans participation de la gauche radicale. Il devra réaliser un programme de rééquilibrage de l’effort budgétaire entre les entreprises et les plus fortunés, vers les classes les plus défavorisées. Il devra aussi reconstituer la demande intérieure du pays qui est absolument ravagée par l’austérité. Bref, rééquilibrer aussi le modèle économique. Le tout, et sur ce point le PS s’est montré très clair, dans le cadre budgétaire européen. L’équation ne sera certainement pas aisée à résoudre. Mais le Portugal n’est pas la Grèce.

Le Portugal n’est pas la Grèce

Le Portugal n’est plus sous programme, à la différence de la Grèce. Il ne dépend donc pas des fonds de la zone euro pour se financer. Certes, en retour, il dépend davantage des marchés où il se refinance. Et, déjà, on a constaté une tension autour du 10 ans portugais. Ce taux est passé de 2,35 % avant les élections à 2,73 % ce lundi 9 novembre. Une hausse certes notable qui dénote une certaine nervosité, mais on est loin des taux d’il y a un an encore (3,23 %). En réalité, ce niveau de taux est très faible pour un pays comme le Portugal et tout à fait soutenable. Il est peu probable que Lisbonne perde l’accès aux marchés pour la bonne raison que ces titres sont soutenus par la politique de rachat de la BCE et que cette dernière va s’intensifier sans doute dans les mois à venir. Du coup, le 10 ans portugais peut apparaître comme un titre sûr et plutôt rentable à une époque où le Bund allemand est de 0,69 %, celui de la France de 1,02 % et même celui de l’Espagne de 1,95 %. Bref, le danger est faible. Sauf, évidemment, si la BCE décide d’exclure le Portugal de ses rachats. Mais il faudra trouver un prétexte valable puisque, à la différence de la Grèce, il n’y a pas de programme pour le justifier. La marge de manœuvre de Lisbonne n’est donc pas si étroite, même si l’économie portugaise est très affaiblie.

Confrontation en vue avec la Commission

La plus lourde tâche sera de parvenir pour la gauche à mener une politique qui change réellement le quotidien des Portugais alors que la Commission européenne et l’Eurogroupe seront certainement sans pitié face à cette tentative inédite de rupture par un parti social-démocrate de l’alliance pro-austérité. Bruxelles va certainement faire pression sur Lisbonne pour que l’essentiel du programme du nouveau gouvernement soit abandonné, en commençant par les choix budgétaires. Le Portugal doit s’attendre à une offensive sans doute sévère. D’autant que, les cas espagnol et italien l’ont prouvé, Bruxelles cherche à prouver à Wolfgang Schäuble, qui veut lui ôter la surveillance budgétaire, qu’elle n’est pas laxiste. Antonio Costa devra donc se montrer solide. Il a une bonne raison pour cela : selon Público, le vote du budget par les deux partis de la gauche radicale n’est pas chose acquise. La pression sera donc maintenue. Et le futur premier ministre sait que s’il est renversé par sa gauche, ce sera le retour de la droite au pouvoir. Il devra donc choisir entre contenter Bruxelles et partir ou engager un bras de fer avec la commission et rester.

Le comportement des Sociaux-démocrates décisif

Dans ce cadre, le comportement des partis sociaux-démocrates européens sera décisif. Cette famille politique est, pratiquement partout en Europe (à l’exception de l’Italie), en pleine crise par son alignement sur les politiques d’austérité. L’alliance portugaise représente l’opportunité de refonder une véritable alternative. Si les gouvernements sociaux-démocrates abandonnent Antonio Costa comme ils ont abandonné Alexis Tsipras, alors preuve sera faite encore une fois que, dans la zone euro, l’alternative économique n’est pas possible. L’euro sera alors clairement en danger, car son identification avec l’austérité sera une nouvelle fois, après le cas grec – que l’on peut toujours prétendre particulier – prouvée.

Finalement, la gauche radicale portugaise, en acceptant les conditions socialistes, a décidé d’ignorer le précédent grec en “essayant” une nouvelle fois de changer la donne dans l’euro. Le Portugal tente donc d’effacer le traitement “politique” de la crise grecque.  Il est donc de l’intérêt des sociaux-démocrates de soutenir l’alternance au Portugal et de le faire non pas seulement par des mots comme le PS français l’a fait samedi, mais par des actes, au Conseil européen. L’expérience portugaise est une nouvelle opportunité. L’Europe saura-t-elle le saisir ?

 

Source: http://www.les-crises.fr/pourquoi-la-nouvelle-coalition-au-portugal-est-une-chance-pour-leurope-par-romaric-godin/


Grèce : Alexis Tsipras déjà dos au mur, par Romaric Godin

Wednesday 11 November 2015 at 00:30

Source : La Tribune,  Romaric Godin,  09/11/2015

Alexis Tsipras tente de résister aux créanciers (Crédits : ALKIS KONSTANTINIDIS)

L’Eurogroupe de ce lundi 9 novembre doit refuser la libération d’une tranche de 2 milliards d’euros à Athènes, plaçant Alexis Tsipras dans une position délicate.

Alexis Tsipras va devoir prouver sa capacité de résistance à la volonté des créanciers. Alors qu’en moins de deux semaines, le premier ministre grec a fait voter deux lois « omnibus » contenant de nombreuses réformes, alors qu’il a accepté de faire voter une loi sur les banques ôtant à l’Etat grec tout moyen de contrôle sur ses dernières, l’Eurogroupe (réunion des ministres des Finances de la zone euro) de ce soir devrait refuser le déblocage de la tranche de 2 milliards d’euros du programme « d’aide. »

Faciliter les expulsions pour mieux renflouer les banques

Pourquoi ? Parce que le gouvernement grec refuse d’accéder à la demande des experts du « quartet » (la troïka formée de la Commission européenne, de la BCE et du FMI augmentée du MES) qui veulent faciliter les expulsions de la résidence principale.

Jusqu’ici, les Grecs qui ne parvenaient plus à payer leurs traites immobilières étaient protégés lorsque la valeur estimée du bien était inférieure à 250.000 euros. Les créanciers voudraient abaisser ce seuil pour que les banques puissent récupérer une partie des prêts et « réalisent leurs pertes. » Ainsi, le renflouement des établissements bancaires sera plus aisé et moins coûteux pour le contribuable européen.

L’ennui, c’est que ces expulsions risquent de provoquer des situations sociales dramatiques. De nombreux Grecs profitaient de cette tolérance pour continuer à disposer d’un logement, malgré le chômage ou des baisses drastiques de salaires. Les expulser signifierait les pousser à la pauvreté et au déclassement dans un pays où les perspectives d’emplois sont quasiment nulles. Le gouvernement d’Alexis Tsipras refuse donc, depuis deux semaines, de se soumettre à cette exigence qui est devenue une condition pour débloquer la tranche de 2 milliards d’euros.

Augmenter le volume de saisies pour dettes envers l’Etat (impôts…)

L’autre point de discordance réside dans le système d’étalement des paiements dus au Trésor grec. Selon Athènes, le montant de ces créances s’élève à 72 milliards d’euros.

En mars, pour apurer cette créance au mieux et sans peser sur l’activité, le gouvernement Tsipras avait mis en place un étalement en 100 mensualités des dettes envers l’Etat. Une décision qui avait permis de voir les remboursements s’améliorer rapidement.

Mais, là aussi, cette mesure n’est pas du goût des créanciers qui estiment que l’Etat devrait faire valoir ses créances avec plus de vigueur, notamment avec des saisies. Sauf que de telles pratiques ne manqueraient pas d’aggraver les faillites et la situation conjoncturelle de l’économie grecque.

Démontrer que le gouvernement ne peut pas défendre les Grecs

Malgré la signature du troisième mémorandum et la bonne volonté affichée -et largement prouvée- de l’exécutif grec qui s’est fait réélire sur le respect de ses engagements, les créanciers ne cessent de mettre à l’épreuve le gouvernement d’Alexis Tsipras.

L’objectif politique qui a déterminé toute la stratégie des créanciers entre janvier et juillet, et qui visait à « neutraliser » le gouvernement grec, semble toujours d’actualité. Tout se passe en effet comme si, en réclamant des mesures socialement violentes, ils cherchaient réellement à réduire à rien non seulement la capacité d’action de ce gouvernement, mais aussi ce qu’il lui restait d’engagement électoral.

Car, lors de l’élection du 20 septembre, Syriza, le parti d’Alexis Tsipras, avait cherché à convaincre les électeurs qu’il était capable de défendre les intérêts des Grecs contre les exigences des créanciers. Il est, à présent, mis en demeure de le prouver.

Logique politique ? ou financière à court terme…?

Le pourra-t-il ? Rien n’est moins sûr. Le ministre grec de l’Economie, Georges Stathakis, assure que l’Eurogroupe de ce lundi 9 novembre au soir permettra de « trouver un accord politique. » On se croirait revenu aux plus belles heures de la « négociation » du printemps, lorsque, devant les portes closes de l’Eurogroupe, Alexis Tsipras s’en allait chercher à Berlin un « accord politique » avec Angela Merkel.

Mais le temps est-il encore aux « accords politiques » alors que le mémorandum, lui, prévoit que le gouvernement grec doit accepter toute mesure jugée nécessaire et que l’Eurogroupe a toujours refusé la logique du compromis, autrement dit, la logique politique, en restant à sa propre logique financière à court terme. Laquelle, évidemment, plaide en faveur des mesures du « quartet. »

Ce soir, on mesurera le poids du soutien de la France à Athènes

Le gouvernement grec est donc pris au piège. Ses moyens de pression sur les créanciers sont faibles. Certes, il semble pouvoir s’appuyer sur la France dont le gouvernement soutient une ligne modérée qui consiste à s’en tenir aux seules mesures du mémorandum. Michel Sapin, le ministre français des Finances, lui aussi, a défendu l’idée d’un accord dès ce lundi.

« La Grèce a fait des efforts considérables et c’est un peu étrange de lui demander toujours plus », a indiqué le locataire de Bercy, qui a dit « comprendre » la résistance grecque.

Cette position française semble ne pas s’imposer à l’Eurogroupe, ce qui permet de mesurer l’influence de Paris dans cette instance. En réalité, l’Allemagne qui a régulièrement fait savoir depuis quelques semaines qu’elle était prête à davantage de souplesse si la Grèce gardait sur son sol plus de migrants, ne semble pas vouloir bouger.

Pour le moment, aucun signe concret de bienveillance de la part de Berlin n’a été signalé. Bien au contraire. Wolfgang Schäuble, avant la réunion de l’Eurogroupe, s’est inquiété de la lenteur des mesures grecques, notamment la formation du fonds de privatisation. Et de conclure qu’il “n’y a que peu de chance qu’on parvienne ce soir à un accord.”

Et Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, de prévenir qu’il fallait réaliser les mesures “bancaires” pour ne pas mettre en péril la recapitalisation des banques. Avant lui aussi d’exclure toute libération des 2 milliards d’euros ce lundi.

Marges de manœuvre réduites

Si l’alliance franco-hellénique ne permet pas de réduire les exigences ds créanciers dans les semaines à venir, le gouvernement grec n’aura guère de moyens de pression concrets. Si les créanciers maintiennent leur position, Alexis Tsipras devra choisir entre la soumission et la faillite. Il choisira sans doute la première. La Grèce doit en effet payer 1,2 milliard d’euros au FMI avant la fin décembre. Surtout, le programme accepte un déficit avant service de la dette de 0,5 % du PIB cette année, soit environ 900 millions d’euros.

Concrètement, ceci signifie que, si les 2 milliards d’euros ne sont pas versés, la Grèce devra renoncer à payer le FMI et sans doute faire des économies supplémentaires.

Compte tenu de la situation encore très fragile de l’économie hellénique, le gouvernement grec ne peut guère espérer engager une vraie résistance contre la volonté des créanciers, sauf à aggraver encore l’incertitude des agents économiques. Bref, la résistance grecque ne pourra guère durer.

Le choix du 13 juillet dans sa dure matérialité

Alexis Tsipras découvre donc concrètement le prix de son choix du 13 juillet. Il dépend de la bonne volonté des créanciers.

Si l’Eurogroupe entend les arguments de Michel Sapin, il peut obtenir gain de cause et sans doute, dans ce cas, l’Allemagne, cherchant à tout prix à freiner le flot des réfugiés, aura poussé à plus de flexibilité.

Mais les arguments propres à Alexis Tsipras et à la Grèce n’auront pas été entendus en tant que tels. La situation grecque joue désormais un rôle mineur dans les décisions des créanciers qui sont plus occupés à choisir sur la priorité de leurs propres intérêts. Sans compter que les créanciers tentent aussi d’arriver en position de force dans le cadre des négociations sur la dette. Un Tsipras trop discipliné serait bien trop en position de force. Il s’agit de poursuivre le “storytelling” de la Grèce rétive aux réformes pour ne pas accorder à Athènes ce qu’elle veut dans la renégociation de la dette.

Source : La Tribune,  Romaric Godin,  09/11/2015

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Et en effet, cela n’a pas été versé !

L’Eurogroupe donne une semaine à la Grèce pour réformer  (sic)

Les responsables de la zone euro ont refusé de débourser une tranche d’aide de 2 milliards d’euros à la Grèce, estimant qu’elle avait pris du retard par rapport à ses engagements en matière de réformes.

Nouvelle passe d’arme entre les Européens et la Grèce. Lundi 9 novembre, les pays de la zone euro ont indiqué qu’ils ne verseront pas d’argent pour recapitaliser les banques grecques, tant que les réformes attendues n’auront pas été mises en œuvre.

« Nous avons demandé à « l’Euro Working Group » (l’instance réunissant les directeurs du Trésor de la zone euro)de se retrouver au plus tard la semaine prochaine pour faire le point sur la mise en place de mesures » en Grèce, a expliqué Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe.

La Grèce doit encore passer par des étapes difficiles pour surmonter sa situation financière compliquée. Elle attend le déblocage rapide d’une tranche d’aide de 2 milliards d’euros.

FACILITER LES SAISIES IMMOBILIÈRES

La principale réforme attendue porte sur les saisies immobilières, un sujet politiquement difficile pour la coalition gouvernementale d’Alexis Tsipras, dominée par le parti de la gauche radicale Syriza.

Les créanciers réclament des mesures pour faciliter les saisies immobilières, mais Athènes veut maintenir certaines dispositions permettant de protéger la majorité des ménages endettés. Les discussions portent concrètement sur la valeur plafond en dessous de laquelle une résidence principale ne pourra pas être saisie, et sur les revenus des ménages concernés.

LES BANQUES GRECQUES ONT BESOIN DE 14,4 MILLIARDS D’EUROS

Outre un accord sur le premier volet de mesures demandé, Athènes devra également mettre en place dès cette semaine des réformes concernant son secteur financier, condition sine qua non pour entamer le processus de recapitalisation des banques grecques, dont la situation financière s’est fortement dégradée avec la crise et la fuite des capitaux.

La zone euro a mis de côté une enveloppe de 10 milliards d’euros pour les banques grecques, dans le cadre du plan d’aide de 86 milliards décidé cet été, mais compte également sur l’intervention d’investisseurs privés.

Selon un bilan réalisé par la Banque centrale européenne, les quatre principales banques privées grecques (Alpha Bank, Eurobank, NBG et Piraeus Bank) ont besoin d’au plus 14,4 milliards d’euros.

En plus de ces étapes, le gouvernement grec devra également adopter d’ici à la fin de l’année un deuxième train de réformes.

L’autre grande échéance pour Athènes sera la conclusion d’une première évaluation de son programme de réformes, effectuée par ses créanciers (UE et FMI) et espérée avant fin 2015. Une fois cette étape franchie, les discussions sur une restructuration de la colossale dette grecque pourront débuter.

Alain Guillemoles, La Croix (avec AFP)

Source: http://www.les-crises.fr/grece-alexis-tsipras-deja-dos-au-mur-par-romaric-godin/


Miscellanées du mercredi (Delamarche, Sapir, Béchade, Seux)

Wednesday 11 November 2015 at 00:09

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute d’Olivier Delamarche: Emploi aux USA: “Quand vous faites le cumul, vous avez…”

Olivier Delamarche VS Pascale Auclair (1/2): Les derniers chiffres de l’emploi des États-Unis vont-ils influencer la Fed à remonter ses taux en décembre ? – 09/11

Olivier Delamarche VS Pascale Auclair (2/2): Pourquoi les banques centrales sont-elles toujours aussi proactives ? – 09/11

II. Philippe Béchade

La minute de Philippe Béchade: FED: “Madame Yellen perd de la crédibilité” – 04/11

Philippe Béchade VS Sébastien Korchia (1/2): La hausse du CAC 40 va-t-elle se prolonger ? – 04/11

Philippe Béchade VS Sébastien Korchia (2/2): La consommation des ménages européens repart à la hausse – 04/11

III. Jacques Sapir

La minute de Jacques Sapir: USA: “On ne sait pas où se situe la vérité des chiffres” – 10/11

Jacques Sapir VS Philippe de Cholet (1/2): Comment se porte l’économie mondiale ? – 10/11

Jacques Sapir VS Philippe de Cholet (2/2): Comment les marchés appréhendent-ils les différentes contraintes économiques ? – 10/11

IV. Dominique Seux

France Inter : “L’Allemagne concentrée sur la question des réfugiés” (L’Édito Éco) : magnifique de propagande !

Voici cependant le genre de chose qu’on entend AUSSI désormais en Allemagne… (même si c’est probablement très exagéré…)


Petite sélection de dessins drôles – et/ou de pure propagande…

 

 

 

 

Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-du-mercredi-delamarche-sapir-bechade-11-11/