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Miscellanées du mercredi (Delamarche, Béchade, Hollande)

Wednesday 21 October 2015 at 01:32

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute d’Olivier Delamarche: “On ne peut pas croire à ce 3,9% qui est bidouillé” – 19/10

Olivier Delamarche VS Laurent Berrebi (1/2): Chine: “Le ralentissement se poursuit mais il n’y a pas de rupture” – 19/10

Olivier Delamarche VS Laurent Berrebi (2/2): “D’un point de vue fondamental, la phase haussière en zone euro va se poursuivre” – 19/10

II. Philippe Béchade

La minute de Philippe Béchade: “Les QE ne relancent ni l’économie, ni l’inflation” -14/10

Philippe Béchade VS Philippe Lessieur (1/2): “Les QE ne relancent ni l’économie ni l’inflation “- 14/10

Philippe Béchade VS Philippe Lessieur (2/2): Quelles sont les valeurs à privilégier face à la déflation ? – 14/10

Les indés de la finance: “L’accélération de l’inflation aux Etats-Unis vient uniquement de la hausse de 0,4% du loyer en septembre”, Philippe Béchade – 16/10

III. Hollande

Echange entre François Hollande et Sébastien Benoît (CGT).


Petite sélection de dessins drôles – et/ou de pure propagande…

 

 

Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-du-mercredi-delamarche-bechade-hollande/


Le prétexte de l’État islamique et les guerres qui viennent en Libye par Ramzy Baroud

Wednesday 21 October 2015 at 00:30

Source : Foreign Policy Journal,

Que la Libye soit bombardée par les Arabes ou par les puissances occidentales, la crise qui y sévit va probablement s’intensifier, voire empirer, comme l’histoire l’a amplement démontré.

Une autre guerre se prépare en Libye : reste à savoir « comment » et « quand » ? Alors que la perspective d’une autre épreuve de force militaire a peu de chance de délivrer la Libye des bouleversements sécuritaires et conflits politiques qu’elle connaît actuellement, elle pourrait changer la nature du conflit dans ce pays arabe riche, mais divisé.

Un important pré-requis à la guerre est de trouver un ennemi ou, si nécessaire, d’en inventer un. Le soi-disant « État Islamique » (Daech), quoique ne représentant pas vraiment une composante importante de la politique divisée du pays, est probablement destiné à devenir cet adversaire.

La Libye est actuellement clivée : politiquement, entre deux gouvernements, et géographiquement, entre moult armées, milices, tribus et mercenaires. C’est un État défaillant par excellence, bien qu’une telle désignation ne fasse pas justice à la complexité du cas libyen ni aux causes profondes de cet échec.

Maintenant que Daech a quasiment conquis la ville de Syrte, jadis une place forte de l’ancien chef libyen, Mouammar Kadhafi, et le bastion de la tribu al-Qadhadhfa, la scène devient plus sombre que jamais. L’opinion reçue est que l’avènement du groupe opportuniste et sanguinaire est un évènement naturel étant donné le vide sécuritaire résultant des conflits politiques et militaires. Mais l’histoire ne s’arrête pas là.

Plusieurs évènements majeurs ont conduit à la présente impasse et au pur chaos en Libye. L’un fut l’intervention militaire de l’OTAN qui fut promue, à l’époque, comme une façon d’aider les Libyens dans leur soulèvement contre leur chef de longue date, Kadhafi. La mauvaise lecture intentionnelle de la résolution 1973 de l’ONU par l’OTAN s’est traduite par l’opération “protecteur unifié” qui a renversé Kadhafi, tué des milliers de personnes et confié le pays aux mains de nombreuses milices qui étaient collectivement qualifiées, à l’époque, de “rebelles”.

Le caractère d’urgence que l’OTAN a attribué à sa guerre – dont le but était, prétendument, de prévenir un possible génocide – a laissé de nombreuses personnes des médias soit solidaires, soit silencieuses. Peu d’entre elles osèrent parler franchement :

“Alors que le mandat de l’ONU confié à l’OTAN était de protéger les civils, l’alliance a, en pratique, perverti cette mission. Jetant tout son poids derrière l’une des parties au cours d’une guerre civile dont l’objectif était d’évincer le régime de Kadhafi, elle devint la force aérienne des milices rebelles au sol”, écrivit Seumas Milne dans The Guardian en mai 2012.

“Ainsi, alors que le nombre de morts était peut-être entre 1000 et 2000 lorsque l’OTAN est intervenue en mars, en octobre il était estimé par le CNT (Conseil National de Transition) à 30 000, y compris des milliers de civils.”

Les élections furent un autre événement important. Les Libyens ont voté en 2014, engendrant une étrange réalité politique où deux ‘gouvernements’ clament être les représentants légitimes du peuple libyen : un à Tobrouk et Beida, et l’autre à Tripoli. Chaque ‘gouvernement’ dispose de ses propres branches militaires, alliances tribales et bienfaiteurs régionaux. De plus, chacun d’entre eux est impatient de revendiquer une part plus importante de l’énorme richesse pétrolière du pays et l’accès aux ports, développant ainsi sa propre économie.

Tout ce que ces gouvernements sont arrivés à accomplir, cependant, est une paralysie politique et militaire interrompue par des batailles mineures ou majeures et un massacre occasionnel. C’est-à-dire, jusqu’à ce que Daech apparaisse sur la scène.

L’avènement soudain de « Daech » fut bien commode. Au départ, la menace « Daech » apparut comme une allégation exagérée des voisins arabes de la Libye pour justifier leur propre intervention militaire. Puis, elle fut établie par des vidéos montrant des « géants » de Daech modifiés visuellement en train de trancher la gorge de pauvres travailleurs égyptiens sur une mystérieuse plage. Puis, peu de choses s’étant passées entre-temps, les combattants de Daech commencèrent à prendre le contrôle de villes entières, déclenchant des appels de chefs libyens à intervenir militairement.

Mais la prise de contrôle de Syrte par « Daech » ne peut pas être expliquée avec une telle désinvolture comme le simple fait d’un groupe militant cherchant à faire des incursions dans un pays divisé politiquement. Cette prise de contrôle soudaine a eu lieu dans un contexte politique spécifique qui peut expliquer la montée en puissance de « Daech » de façon plus convaincante.

En mai, la 166e Brigade de l’Aube libyenne [groupes armés liés au Nouveau Congrès Général national, NdT] (affiliée à des groupes qui contrôlent actuellement Tripoli) se retira de Syrte sans grande explication.

« Un mystère continue d’entourer le retrait soudain de la brigade », écrivit Kamel Abdallah dans Al-Ahram Weekly. « Les officiels n’ont toujours pas présenté leur compte-rendu, nonobstant le fait que cette action ait aidé les forces de Daech » à se procurer une mainmise incontestée sur la ville. »

Alors que des combattants salafistes et des membres armés de la tribu al-Qadhadhfa ont agi pour mettre un terme aux avancées de « Daech » (avec de terribles massacres signalés, mais pas encore vérifiés), les deux gouvernements libyens doivent encore agir de façon tangible contre « Daech». Même le général Khalifa Heftar, farouchement pro-guerre et anti-islamistes, et sa soi-disant « Armée Nationale Libyenne » n’ont pas accompli un grand effort pour combattre « Daech», dont l’emprise s’étend aussi à d’autres parties de la Libye.

À la place, pendant que « Daech» avance et consolide son emprise sur Syrte et ailleurs, le Premier ministre Abdoullah Al-Thinni basé à Tobrouk a exhorté les « nations arabes sœurs » à venir en aide à la Libye et à conduire des attaques aériennes sur Syrte. Il a également exhorté les pays arabes à faire pression sur l’ONU pour mettre un terme à l’embargo sur l’armement à destination de la Libye, qui est déjà saturée d’armes qui sont souvent livrées illégalement depuis diverses sources arabes de la région.

Le gouvernement de Tripoli appelle également à agir contre « Daech », mais les deux gouvernements, qui n’ont pas réussi à dresser une feuille de route politique pour l’unité, refusent toujours de travailler ensemble.

L’appel à une intervention arabe dans l’état de pagaille sécuritaire de la Libye est motivé politiquement, bien sûr, car Al-Thinni espère que les attaques aériennes mettraient ses forces en position d’étendre leur contrôle sur le pays, en plus de renforcer la position politique de son gouvernement dans tout accord futur négocié sous l’égide de l’ONU.

Mais une autre guerre se prépare ailleurs, cette fois impliquant les suspects habituels de l’OTAN. Les intrigues occidentales, cependant, sont bien plus sophistiquées que les desseins politiques d’Al-Thinni. Le London Times a signalé le 1er août que « des centaines de troupes britanniques sont alignées pour se rendre en Libye dans le cadre d’une nouvelle mission internationale majeure », laquelle inclura également « du personnel militaire d’Italie, de France, d’Espagne, d’Allemagne et des États-Unis… dans une opération qui semble conçue pour être activée une fois que les factions rivales en conflit en Libye se mettront d’accord pour former un seul gouvernement d’unité nationale. »

Ceux impliqués dans l’opération qui pourrait, selon une source du gouvernement britannique, se matérialiser “vers la fin août”, sont des pays avec des intérêts économiques sur place et sont les mêmes protagonistes que ceux qui étaient derrière la guerre en Libye en 2011.

Commentant le rapport, Jean Shaoul écrivit : “On s’attend à ce que l’Italie, l’ancienne puissance coloniale en Libye, fournisse le plus gros contingent de troupes terrestres. La France a des liens coloniaux et commerciaux avec les voisins de la Libye, la Tunisie, le Mali et l’Algérie. L’Espagne conserve des avant-postes au nord du Maroc et l’autre puissance majeure impliquée, l’Allemagne, cherche une fois encore à accéder aux ressources et aux marchés africains.”

Il devient de plus en plus clair que la Libye, jadis une nation souveraine et relativement prospère, se mue en un terrain de jeux pour une partie de géopolitique géante et de gros intérêts et ambitions économiques. Malheureusement, les Libyens sont ceux-là mêmes qui ont rendu possible la division de leur propre pays, les pouvoirs arabes et occidentaux complotant pour s’assurer une part plus importante de la richesse économique et de la valeur stratégique de la Libye.

La prise de contrôle de Syrte par Daech est présentée comme un tournant décisif qui, à nouveau, génère de l’hystérie guerrière – semblable à celui qui précéda l’intervention militaire de l’OTAN en 2011. Que la Libye soit bombardée par les Arabes ou par les puissances occidentales, la crise qui y sévit va probablement s’intensifier, voire empirer, comme l’Histoire l’a amplement démontré.

Source : Foreign Policy Journal, le 27/08/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/le-pretexte-de-letat-islamique-et-les-guerres-qui-viennent-en-libye-par-ramzy-baroud/


Obama a fait de Poutine le dirigeant le plus puissant de la planète, par Benny Avni

Wednesday 21 October 2015 at 00:20

Source : New York Post, le 29/09/2015

Barack Obama tend la main à Vladimir Poutine lors de leur rencontre pendant l’Assemblée générale des Nations Unies. Photo: Reuters Credit photo : Reuters

Lundi, le relais a officiellement été transmis au nouveau superpouvoir mondial – et Vladimir Poutine s’est empressé de s’en emparer.

Le président Obama (vous vous souvenez de lui ?) avait fait siens les idéaux portés par les fondateurs des Nations Unies il y a 70 ans, à savoir que la diplomatie et “l’ordre international” finiront forcément par s’imposer, tandis que la puissance et la force perdront.

Vladimir Poutine a lui aussi invoqué les lois qui régissent l’ONU (telles qu’il les interprète), mais il a aussi saisi l’occasion d’annoncer dans son discours la création d’une “large coalition internationale” destinée à combattre ISIS en Syrie et en Irak.

Selon ses propres mots, “Similaire à la coalition anti-Hitler, elle pourrait réunir un large éventail de forces armées”, afin de combattre “ceux qui, à l’instar des Nazis, semèrent le mal et la haine de l’humanité.”

Quant à savoir qui serait à la tête de cette nouvelle coalition, voici un indice : Moscou a toujours célébré la victoire des Alliés lors de la Seconde Guerre mondiale comme étant le résultat d’un effort collectif dû à l’action de la Russie.

Oh, et si quelqu’un demande quels sont les acteurs syriens sur lesquels la coalition pourra compter comme alliés, Poutine l’a clairement annoncé : “Seules les forces armées du président Assad et de la milice kurde combattent l’État islamique.”

Cela, bien sûr, n’est pas le point de vue d’Obama. Le président américain s’est déclaré opposé à la “logique de soutien des tyrans”. Après tout, Assad “largue des barils d’explosifs sur des enfants innocents.”

Mais Poutine a des troupes en Syrie, il arme Assad jusqu’aux dents, et il a signé un accord d’échange de renseignements sur l’État Islamique avec Assad, l’Iran et les dirigeants de l’Irak (ceux-là mêmes que l’Amérique a mis par la force au pouvoir).

Et après avoir rencontré lundi Obama pour la première fois en deux ans, il a vaguement évoqué de futures “attaques aériennes conjointes contre l’EI”. Mais aucun accord sur Assad n’a pu être trouvé au cours des 90 minutes qu’a duré l’entretien.

Par ailleurs, si Obama a lui-même un quelconque plan réaliste concernant la Syrie – au-delà d’un miracle consistant à ce qu’Assad quitte le pays tout en combattant ISIS – il ne l’a pas présenté durant son discours à l’ONU, ni à aucun autre moment.

Au lieu de cela, il a vertement tancé un Poutine “isolé” pour avoir usé de la force pour annexer la Crimée et d’autres parties de l’Ukraine. “Pensez donc, si la Russie avait pris le chemin de la véritable diplomatie”, a déclaré Obama, “ce serait mieux pour l’Ukraine, mais aussi pour la Russie, et mieux pour le Monde.”

Là encore, imaginons que l’éloquence d’Obama soit soutenue par l’OTAN menée par l’Amérique. Serait-il alors aussi facile pour Poutine d’avaler l’Ukraine et de s’emparer de la Syrie? C’est peu probable.

Mais même alors qu’il réprimandait la Russie, la Chine et même l’Iran de s’accrocher aux politiques du passé, c’était en fait Obama qui quelquefois prenait des accents passéistes.

Son hommage aux Nations Unies rappelle les images des films des années 50 la représentant comme le lieu où les problèmes sont effectivement résolus. En fait, au long des décennies (et plus encore ces six dernières années), les Nations Unies sont devenues tellement paralysées qu’elles ne peuvent plus arbitrer les problèmes de sécurité mondiale.

Le discours d’Obama était, comme toujours, plein de promesses. Son changement d’approche du “nous avons le pouvoir” vers “nous avons le droit de notre côté” et le recours à la diplomatie ont mené à l’ouverture de l’Amérique vers Cuba et à un accord essentiel sur le nucléaire avec l’Iran. Mais on en attend encore des résultats positifs. “Si l’accord est mis en œuvre”, a t-il dit au sujet de l’Iran, “notre monde sera plus sûr”. C’est un gros “si”.

Par contraste, le déploiement par Poutine de forces en Syrie et l’armement d’Assad constituent des faits tangibles. Ils lui ont également permis d’être propulsé au sommet par sa prise d’initiatives sur le principal conflit mondial actuel.

Même si Obama a reçu moins d’ovations durant son discours de lundi que lors des années précédentes, il reste encore apprécié au niveau de l’organisation mondiale. Cependant, ceux qui comptent, ceux qu’il tançait dans son discours – Poutine, Assad, le chinois Xi Jinping et même le président iranien Hassan Rouhani – ne se trouvaient pas sur leur siège pour l’écouter.

Car aussi forts que soient les mots d’Obama, ils sont rarement suivis d’effets.

Poutine? Personne ne l’a applaudi. Il cherche moins à être apprécié que craint. Là encore, ses mots cherchent, au plus, à justifier l’usage de l’action militaire.

C’est ainsi que Poutine s’est emparé du leadership détenu par l’Amérique.

Et cela, pour reprendre les termes d’Obama, est mauvais pour la Syrie où la guerre continuera tant qu’Assad restera au pouvoir. C’est mauvais pour l’Europe et les pays limitrophes de la Syrie qui ne savent que faire des réfugiés de guerre.

Et c’est mauvais pour l’Amérique. Car, tôt ou tard, après plus de sang versé et dans des circonstances bien pires qu’à présent, notre prochain président aura la responsabilité de reprendre le sceptre des mains de Poutine, ce qui pourrait s’avérer délicat.

Source : New York Post, le 29/09/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/obama-a-fait-de-poutine-le-dirigeant-le-plus-puissant-de-la-planete-par-benny-avni/


Revue de presse internationale du 21/10/2015

Wednesday 21 October 2015 at 00:01

Encore plusieurs traductions dans cette revue internationale. Merci à nos butineurs pour les articles et bonne lecture !

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-internationale-du-21102015/


[Sondage] Ce que pensent les Syriens…

Tuesday 20 October 2015 at 00:25

Ce billet fait suite à cette introduction sur la complexité de la guerre civile syrienne, que nous commandons de lire avant ce billet pour mieux interpréter les réponses…

La BBC a commandité au sondeur international ORB un excellent sondage réalisé auprès de 1 365 Syriens en juillet 2015, afin de mieux cerner leur opinion.

Cela donne évidemment une excellente vision de la complexité de la situation. Raison probable pour laquelle la plupart des médias n’en ont pas parlé. :)

Même la BBC, qui a évidemment fait un billet dessus, n’a pas mis en avant certains points très intéressants – et dérangeants.

Bien entendu, on restera prudent sur un sondage réalisé dans un pays en guerre civile, mais la taille de l’échantillon commence à être suffisante pour donner de solides tendances (Lien ORB).

Les résultats bruts du sondage sont ici. Au vu de l’aridité, nous avons réalisé quelques graphiques de synthèse…

La répartition de la population

Le sondage se déroulant dans l’ensemble du pays, voilà comment se répartit la population syrienne en fonction de qui contrôle la région du sondé :

À propos des frappes

On voit qu’en moyenne, les avis sont très partagés.

Évidemment, ils le sont moins en fonction des zones…

Conclusion : les gens ne souhaitent pas se prendre des bombes sur la tête…

Les avis sur les belligérants

Plus intéressant, voici ce que pensent les Syriens de l’influence de différents acteurs de la guerre civile :

On note qu’aucun acteur ne recueille une bonne opinion majoritaire dans la population, mais que c’est Bachar el-Assad qui en a le plus

Affinons par zone géographique :

On a ici les réponses des sondés qui sont uniquement dans les zones contrôlées par le gouvernement.

On voit que dans ces zones, Bachar el-Assad frôle les 75 % de popularité. Les gens le voient évidemment comme un rempart contre les islamistes.

Les autres acteurs, hors Iran, sont-très mal perçus.

Passons maintenant des les zones contrôlées par l’opposition :

On voit ici que :

Passons dans les territoires tenus par l’État islamique :

On voit ici que :

La peur des sondés y est peut-être pour quelque chose, mais un tel niveau n’est pas anodin…

Passons dans les zones tenues par l’Armée syrienne libre :

On voit ici que :

 

En synthèse, on peut présenter ces mêmes résultats différemment. On avait précédemment la perception de tous les acteurs dans une seule zone, on a ici l’inverse, la perception d’un seul acteurs dans toutes les zones. Commençons par Bachar el-Assad :

on voit bien que le pays est très divisé à son égard. De même pour l’État islamique :

L’État islamique bénéficie ainsi d’un fort soutien chez lui.

Pour al-Qaïda :

Il est intéressant de voir que le front al-Nosra, branche d’al-Qaïda en Syrie a un soutien majoritaire dans la moitié du pays qui n’est plus contrôlée par Bachar el-Assad…

La coalition nationale syrienne (tenue majoritairement par les Frères musulmans, et que la France a reconnu comme représentante officielle du peuple syrien) :

Bien joué, elle n’est soutenue majoritairement nulle part… C’est mieux pour l’Armée syrienne libre (mais qui est actuellement en déroute) :

On constate que les pseudo-forces “démocratiques”, largement tenues par des islamistes conservateurs, sont violemment rejetées dans la moitié du pays qui dépend encore du gouvernement d’Assad.

Vivre en Syrie…

Seules les zones gouvernementales regrettent leur vie d’avant, 40 % des personnes dans les zones de l’État islamique semblant préférer leur vie présente. 

Aucune zone ne trouve majoritairement que la vie présente est mieux qu’avant.

Que faire ?

La majorité des Syriens demande une solution politique, mais un tiers soutien les combats :

Les deux-tiers des Syriens pensent possible de vivre ensemble à nouveau.

 

Et la majorité ne veut pas d’une partition du pays, un quart le souhaitant (surtout les Kurdes). (PS : graphe édité)

L’État islamique

Voici la vision dans le pays sur les origines de l’État islamique :

On voit que pour 80 % des Syriens, l’État islamique est essentiellement une création des États-Unis et de l’étranger. Voici le détail de la réponse par zone :

Cette vision est partagée dans toutes les zones…

On appréhende ainsi mieux a complexité de la situation syrienne, et on comprend mieux pourquoi cette guerre civile dure autant et est aussi violente, chaque belligérant ayant en gros le soutien de la population dans la zone qu’il contrôle…

P.S. voici pour information le résultat du sondage effectué en Irak, dont les résultats sont bien plus positifs (66 % pensent que le pays va dans la bonne direction, et 90 % qu’une solution politique peut être trouvée)…

Source: http://www.les-crises.fr/sondage-ce-que-pensent-les-syriens/


Actu’Ukraine 20/10/2015

Tuesday 20 October 2015 at 00:01

ACTU’UKRAINE DU 12 AU 18 OCTOBRE 2015

LUNDI 12 OCTOBRE 2015

Porochenko annonce la reprise possible des combats contre les “marionnettes de Poutine”

Devant une assemblée de militaires, Porochenko déclare “Nous sommes conscients que le combat pourrait reprendre à tout moment (Мы осознаем, что боевые действия могут возобновиться в любой момент)” “Je ne fais absolument pas confiance à Poutine. Je ne fais absolument pas confiance à ses marionnettes (Я абсолютно не доверяю Путину. Я абсолютно не доверяю его марионеткам).”

Saakachvili coincé entre les extrémistes et les habitants

Dans le cadre de la lutte anti-corruption, le gouverneur d’Odessa, Mikhail Saakachvili se fait filmer sur la plage de Kryjanovka (Крыжановка) en lisant une liste d’infractions concernant des attributions de terrains. Mais les habitants contestent cette liste qui serait basée sur de fausses informations. Au bout de trois minutes, Saakachvili se met en colère et s’en va. La vidéo montre qu’il est accompagné de Maria Gaïdar (Гайдар), ancienne journaliste de la radio “Echo de Moscou”, qui est maintenant vice-présidente de l’administration régionale d’Odessa, bien qu’elle n’y ait jamais vécu. Une douzaine d’extrémistes sont présents. On reconnaît certains qui ont participé à plusieurs intimidations du tribunal d’Odessa. On remarque que Saakachvili porte une parka sur laquelle sont collés plusieurs insignes écrits en caractères latins, y compris le mot “Ukraine”.

Retard dans les échanges de prisonniers

Vladislav Deïnevo (Дейнего), représentant de la LNR à Minsk, se plaint de ce que les autorités ukrainiennes voudraient faire un échange de prisonniers un pour un au lieu de tous pour tous comme c’est prévu dans les accords de Minsk (rusvesna.su).

Blocus énergétique de la Crimée


Sur les trois lignes à haute tension qui alimentent la Crimée en électricité, une ne fonctionne déjà plus depuis le 11 octobre. Les autres lignes continuent à fournir le courant. Izet Gdanov, porte-parole de l’initiative populaire pour le blocus de la Crimée, déclare au média “Crimée. Réalités” : “Il ne faut pas fournir de marchandises aux occupants. Mais l’électricité, c’est aussi une marchandise. En accord avec les normes de l’ONU, il faut que les occupants rendent le territoire qu’ils ont pris. Nous, de notre côté, nous allons travailler à le “désoccuper” (ru.krymr.com). Le lendemain, Lenur Isliamov, coordinateur du blocus, annonce que la fourniture d’électricité à la Crimée est déjà réduite de moitié (5.ua, pravada.com.ua).

 

MARDI 13 OCTOBRE 2015

Renforcement des positions militaires ukrainiennes au Donbass

Les Forces armées ukrainiennes renforcent leurs positions, communique Oukraïnskaïa Pravda, citant le service de presse de l’OAT (“Opération Anti Terroriste”) (pravad.com.ua, facebook ATO).

Sur la chaîne ukrainienne 112, le député Taras Tchornovil déclare qu’il faut “enrôler les Ukrainiens qui travaillent en Russie” (dnr-news.com).

Refus d’enregistrer les candidats du “Bloc de l’opposition” aux élections régionales de l’oblast de Kharkov

A Kharkov/Kharkiv, cela fait trois fois que la commission des opérations électorales refuse l’enregistrement les candidats du “Bloc d’opposition”, sous prétexte de défaut de présentation de certains documents dans le délai imparti (pravda.com.ua).

Nouvelle stratégie d’éducation de la jeunesse 

Photo publiée sur le site officiel du président ukrainien pour illustrer l’article sur la nouvelle Stratégie d’éducation des enfants et de la jeunesse.

Le président Porochenko signe le décret N 550/2015 intitulé “La Stratégie d’éducation national-patriotique “Стратегія національно-патріотичного виховання” des enfants et de la jeunesse pour 2016-2020″ (president.gov.ua). Dans le texte il est indiqué que la constitution des valeurs et de la conscience civique chez les enfants et la jeunesse doit être réalisée en s’appuyant sur les exemples de la lutte héroïque du peuple ukrainien : au Moyen-Age contre Moscou, les luttes des cosaques zaporogues, les mouvements paysans contre les bolcheviques, l’Armée Insurrectionnelle Ukrainienne (UPA alliée au Nazis et responsable de massacres en Volhynie), les révolutionnaires de Maidan 2004 et de Maidan 2013-2014, et les combats contre les terroristes des régions du Donbass.

Crash du MH17. Publication du rapport néerlandais

Image extraite du film du bureau d’enquête néerlandais, à 11’49. En haut, le trait jaune représente la trajectoire de l’avion. FDR signifie Flight Data Recorder. Le cylindre blanc presque vertical représente la fin de la trajectoire supposée du missile. La zone en rouge représente le lieu d’où le missile aurait été lancé.

Le rapport final sur le crash du MH17 est rendu public (onderzoeksraad.nl). Il se présente sous la forme de plusieurs documents PDF, dont le plus gros fait 279 pages, et d’un film de 19 minutes reconstituant les événements.

Le rapport néerlandais contient des informations intéressantes : Le vol de l’avion est décrit assez précisément. Le détour qu’il a fait par rapport au plan de vol n’est que de 6,5 miles. Le plan de vol de ce jour-là et des jours précédents ne suit pas la route directe, ce qui avait fait penser à un écart beaucoup plus important. Le rapport explique que le survol de la Crimée était interdite à la suite des exigences de Kiev, et que l’espace entre la Crimée et Donetsk était exclue à cause des orages. L’avion aurait pu monter au-dessus des nuages, cela lui aurait fait consommer du carburant supplémentaire. Sa réserve était suffisante, mais des raisons économiques ont certainement poussé l’équipage à contourner les nuages par le nord plutôt que par le haut. L’arme du crime a été retrouvée. Il s’agit d’une ogive 9N314 d’un missile BUK 9M38M1 comme l’avait déjà dit la société Almaz Antey en voyant les fragments en forme de noeud papillon qui sont si caractéristiques. Ce modèle fut vendu à l’Ukraine autrefois. Il n’est théoriquement plus en service en Russie. Les enquêteurs accusent l’Ukraine de ne pas avoir fermé l’espace aérien au-dessus de la zone de combat, alors que les rebelles avait déjà réussi à abattre 8 hélicoptères et 8 avions dont deux volais à plus de 6000 mètres d’altitude.

Le point le plus discutable du rapport est la zone de lancement du missile indiquée par les enquêteurs (elle se trouve dans la République populaire de Donetsk, mais les enquêteurs font semblant de ne pas le savoir, voulant rester sur le plan technique). Elle figure, à la fois à la page 144 du rapport et à la 11e minute 49 du film de la reconstitution des événements. La détermination de cette zone se base sur l’estimation de l’angle du missile avec l’avion au moment de l’impact, sachant que ce type de missile ne peut pas dévier de plus de 4 degrés une fois qu’il est parti. L’angle annoncé dans le rapport est de 17 degrés, ce qui correspond à l’hypothèse d’un missile lancé depuis l’agglomération de Snejnoe/Snizhne comme l’avait annoncé le ministère de l’intérieur Ukrainien dès le lendemain de la catastrophe. Cependant, le rapport se contredit en indiquant un angle de 27 degrés à la page 34 de l’importante annexe “Appendix Y TNO report”, qui donne les résultats du simulateur informatique néerlandais. Le rapport se contredit dans plusieurs autres endroits su sujet de cet angle (wikialbert.fr). La contradiction la plus flagrante apparaît dans l’image, ci-dessus, extraite du film de la reconstitution des événements. Si l’on prolonge la trace blanche du missile, on n’atteint pas la zone rouge de Snejnoe/Snizhne contrôlée par les séparatistes, mais une zone plus à l’ouest qui était peut-être contrôlée par les forces gouvernementales (cela dépend de la distance pour laquelle, on ne peut avoir qu’une fourchette).

Crash du MH17. Conférence de presse de la société russe d’armement, Almaz-Antey

Les Russes ont procédé à une reconstitution grandeur nature, que les enquêteurs ont refusé de prendre en compte pour le moment.

Le même jour, la société russe Almaz-Antey, s’est exprimée lors d’une nouvelle conférence de presse. Le but principal était de démontrer que le simulateur russe serait supérieur au simulateur néerlandais. D’abord, cette société connait mieux les missiles qu’elle a fabriqués que les enquêteurs néerlandais. Ensuite, le simulateur russe est validé par des expériences réelles. Le 31 juillet 2015, les Russes ont même procédé à une reconstitution grandeur nature, avec la partie avant d’un véritable avion et un véritable missile. Cette expérience réelle a confirmée les résultats du simulateur russe qui donnent un angle de 33,5 degrés. Malheureusement, les enquêteurs néerlandais ont refusé de prendre en compte la reconstitution, peut-être parce que le rapport était déjà terminé depuis le mois de juin 2015 et envoyé aux différents pays pour la relecture avant publication.

 

MERCREDI 14 OCTOBRE 2015

Jour de la fête du défenseur de la patrie

Quatre heures de vidéo où l’on ne voit pratiquement que les partis extrémistes, Svoboda et Praviy Sector qui célèbrent cette fête.

Depuis un décret du président ukrainien, la fête du défenseur de la patrie n’est plus célébrée le 23 février, comme c’est le cas en Russie et dans les autres républiques de l’ex-URSS. La nouvelle date est ce 14 octobre, qui correspond aussi à l’anniversaire de la formation de l’Armée Insurrectionnelle Ukrainienne (UPA).


A Kiev, la “Marche des héros” est organisée par les activistes des partis radicaux Svoboda et Pravyi Sector (novosti.dn.ua, vesti-ukr.com). Les manifestants portent des bannières “Ukraine avant tout”, “Occupants de Moscou dehors”, des pancartes qui réclament la libération des prisonniers présentés comme “politiques” et “défenseurs de la constitution ukrainienne”. Parmi les portraits de ces prisonniers on peut apercevoir les suspects de l’assassinat de l’écrivain Oles Bouzina et ceux de la manifestation sanglante devant le parlement en août 2015.

A cette occasion la griffe du loup du groupe paramilitaire Azov a été composée sur la place centrale de Kharkov/Kharkiv avec des lumières (politnavigator.net). Rappelons que ce symbole est repris de celui de la fameuse division SS, “Das Reich”, qui a perpétué le massacre d’Oradour sur Glane et a fusillé 56 otages dans les fossés du château de Vincennes lors de la libération de Paris. Cette célébration nocturne rappelle les défilés aux flambeaux, dont celui de Lviv en septembre 2014 (youtube).

 

JEUDI 15 OCTOBRE 2015

Manifestation à Marioupol

Les ouvriers qui ont reconstruit un pont ferroviaire attendent depuis neuf mois d’être payés. Une communication écrite à la main et signée par les protestataires déclare : “Aux dirigeants de Metinvest ! Nous, les constructeurs, avons réparé une ligne de chemin de fer indispensable au niveau d’un pont qui avait sauté. Nous avons travaillé sans prendre de week-ends, 24 h. sur 24 et les jours fériés. Nous avons terminé ce travail en avance, le 06/01/2015. Cela fait plus de neuf mois que “Azovstal” ne nous paie pas notre salaire. Si nous ne sommes pas payés, nous prendrons le droit de bloquer cette voie ferrée.”(http://www.0629.com.ua/news/993533).

Le drapeau ukrainien flotte au-dessus (d’une image) du Kremlin

“Le drapeau d’Ukraine sur la tour principale du Kremlin symbolise notre rêve et notre victoire sur l’agresseur”, a annoncé G. Korban, le leader du parti UKROP financé par Kolomoski. “Je crois qu’un jour nous pourrons arborer le drapeau ukrainien sur une vraie tour du Kremlin, et pas seulement sur la photo”, a ajouté la jeune femme, combattante d’ATO, qui a été choisie pour poser le drapeau (obozrevatel.com).

 

VENDREDI 16 OCTOBRE 2015

Les retraites impayées par Kiev dans le Donbass

Les autorités de Kiev sont dans l’obligation de reprendre le payement des retraites et des allocations dans la zone du conflit (segodnya.ua). A la suite de  l’arrêté N 595 du cabinet des ministres du 7 novembre 2014, Ukraine ne versait plus les retraites et les allocations dans la zone du conflit, laissant plusieurs centaines de milliers de retraités sans moyens de subsistance. 16 habitants de Donetsk et Lougansk ont porté plainte contre le cabinet de ministres en demandant de reconnaître cet arrêté illégitime, contredisant à l’article 92 de la Constitution ukrainienne. Le 11 février 2015 le tribunal administratif régional a décidé d’abroger le paragraphe selon lequel le financement des institutions budgétaires et le payement des prestation sociales ont été suspendus. La Cour administrative d’appel a laissé ce verdict inchangé, ainsi que la Cour administrative suprême le 16 octobre 2015. L’avocat de la partie plaignante a souligné que, même s’ils existent les difficultés techniques (en Ukraine souvent les retraites sont touchées en liquide à la Poste), les versements peuvent être tout de même effectués sur les comptes personnels.

Porochenko pourrait révoquer des députés

Porochenko vient de charger Vladimir Groïssman, président du parlement et de la commission constitutionnelle, de réfléchir à la possibilité de révoquer les députés après le vote des électeurs (pravda.com.ua). Il a ainsi répondu à la pétition électronique no 22/000039-еп, déposée le 29/08/2015 à l’initiative d’Arsen Volodimirovitch Gouzhba (president.gov.ua). Porochenko a déjà la possibilité de révoquer en cas d’urgence les élus membres des conseils locaux, ainsi que les dirigeants locaux.

Lutte contre la cybercriminalité

Le ministre de l’intérieur ukrainien, Arsen Avakov, a annoncé la création d’une cyberpolice chargée de la lutte contre les arnaques dirigées contre le circuit de l’argent : ses cibles sont le kimming, le cash-trepping, le cadring, le phishing, le commerce sur internet, mais aussi la cybercriminalité dans le domaine intellectuel, etc. Cette police sera constituée d’ici le 5 novembre 2015 (ru.golos.ua).

L’Ukraine entre au conseil de sécurité de l’ONU

Chaque année, 5 des 10 sièges des membres non permanents du conseil de l’ONU sont renouvelés. L’Ukraine a été élue pour l’une des places par 177 voix sur 193 pour un mandat de deux ans (lemonde.fr).

Micro-trottoir sur la place Maidan à Kiev

 

SAMEDI 17 OCTOBRE 2015

Investissements allemands

Angela Merkel a promis des investissements allemands en Ukraine, à condition que le pays lutte contre la corruption (reuters.com, pravda.com.ua). La chancelière allemande déclare : “Il ne faut pas que les oligarques jouent un rôle dominant, il faut absolument offrir aux gens des conditions claires, il faut combattre la corruption”. Elle recevra à Berlin, le premier Ministre ukrainien Arseni Yatseniouk vendredi prochain.

Arrestation d’un dirigeant soupçonné de fraude

Le directeur général d’une grande entreprise charbonnière, “Krasnolimanskaïa”, a été arrêté pour deux mois sur requête du parquet de Kramatorsk, en zone gouvernementale de l’oblast de Donetsk (.epravda.com.ua). Le tribunal lui a imposé une caution d’environ 20 millions de hryvnias. Il est soupçonné de détournement de biens pour un montant de presque 300 millions de hryvnias.

 

DIMANCHE 18 OCTOBRE 2015

Deux éditeurs occidentaux placent la Crimée hors d’Ukraine

La Crimée perd sa couleur dans l’édition 2016 de l’Atlas socio-économique des pays du monde, édité par Larousse. Elle n’est plus considérée comme faisant partie de l’Ukraine (geopolis.francetvinfo.fr).

Un manuel anglais pour les collégiens va plus loin en donnant à la Crimée la même couleur que celle de la Fédération de Russie, dans la 4e édition de Geography for Key Stage 3 publié par Oxford University Press (fr.sputniknews.com). Les ambassades d’Ukraine en France et en Angleterre ont aussitôt envoyé des courriers de regrets aux éditeurs. Par ailleurs, l’amendement du 2 octobre 2015 du protocole de Minsk n’impose pas des élections en Crimée organisées par Kiev, ce qui équivaut à une reconnaissance de fait de la séparation de la presqu’île.

 

Source: http://www.les-crises.fr/actuukraine-2002015/


Mieux comprendre la complexité de la guerre civile syrienne

Monday 19 October 2015 at 00:01

Ce billet vise à vous procurer de nombreuses informations “pas (trop) vues dans les médias” pour mieux comprendre le bourbier syrien.

Je suggère aux plus intéressés de se référer d’abord à l’Histoire de la Syrie, puis à celle de la guerre civile syrienne – nous ne reviendrons pas sur leurs sources (ce dernier billet est très bien fait).

I. Les forces en présence

(Source : Wikipedia)

1. Le gouvernement

Ses forces comprennent l’armée syrienne (320 000 hommes au début du conflit, dont la moitié a aujourd’hui déserté, principalement des sunnites, qui n’y ont jamais occupé de postes à responsabilité), des milices pro-gouvernementales non officielles (généralement issues de la communauté alaouite), quelques milliers de soldats iraniens (la Syrie et l’Iran sont alliés depuis des décennies), des troupes du Hezbollah (la milice libanaise chiite pro-iranienne) et des combattants irakiens chiites.

Cela représente environ 180 000 hommes dans l’armée, plus environ 80 000 miliciens, plus 20 000 autres.

De nombreux cas d’exactions on été rapportés.

2. L’opposition politique

Le Conseil national syrien est une autorité politique de transition créée fin 2011 à Istanbul, en Turquie, pour coordonner l’opposition au régime de Bachar el-Assad. Composé de 400 membres et dominé par les sunnites, le CNS rassemble plus de 30 organisations d’opposants dont les Frères musulmans (qui y sont majoritaires), des libéraux mais aussi des partis kurdes et assyriens. Le 11 novembre 2012, le CNS adhère à la Coalition nationale des forces de l’opposition et de la révolution dont il reste la principale composante.

La Coalition nationale des forces de l’opposition et de la révolution (ou Coalition nationale syrienne), est une autorité politique de transition créée fin 2012 à Doha, au Qatar. Siégeant au Caire, plus large que le CNS, bien financée et bien reconnue au niveau international, la Coalition engage « les parties signataires à œuvrer pour la chute du régime”. La France fait partie des premiers pays à l’avoir reconnue (début 2012, avec principalement les États-Unis, l’Angleterre et l’Espagne) comme représentant légal du peuple syrien.

Denise Natali, professeur à la National Defense University, estime que la Coalition représente mieux les intérêts de ses soutiens étrangers que ceux des Syriens de l’intérieur, et ne se distingue du CNS que par une allégeance au Qatar et aux autres États du Golfe Persique plutôt qu’à la Turquie.

Selon Raphaël Lefèvre, doctorant en relations internationales à l’université de Cambridge, leur sens politique, leurs alliances et leur discipline, ont « donné aux Frères musulmans un rôle majeur, notamment au sein de l’opposition en exil, dans le Conseil national syrien (CNS) et, aujourd’hui, au sein de la coalition nationale. Alliés objectifs des djihadistes, les Frères musulmans, sans avoir nommément de brigades engagées en Syrie, y auraient également acquis un poids militaire en finançant, armant et entraînant plusieurs groupes dans les régions d’Idleb et d’Alep. Ils sont soutenus par le Qatar, mais surtout par la Turquie.

Pour Fabrice Balanche, directeur du groupe de recherches et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient et professeur à l’université Lumière Lyon 2, « la coalition [est] dominée par les Frères musulmans, il n’est guère surprenant de voir à sa tête un de leurs compagnons de route (Mouaz al-Khatib), proche de leur idéologie, qui défend lui aussi l’islam politique ». Haytham Manaa, président du Comité national pour le changement démocratique, rejoint cette analyse et affirme : « Ce modéré, bien qu’il se dise indépendant, ne peut aller dans le sens contraire voulu par les conservateurs islamistes qui ont la mainmise sur cette coalition ».

3. L’Armée syrienne libre (ASL)

Créée mi-2011, l’Armée syrienne libre était la principale force armée opposée au régime de Bachar el-Assad et à l’armée régulière au début de la guerre civile syrienne, avant d’être surpassée par les factions djihadistes et salafistes. Constituée d’anciens officiers de l’armée syrienne, elle se caractérise, pour l’essentiel, par son nationalisme arabe et son objectif démocratique.

En novembre 2011, l’ASL reconnaît l’autorité du Conseil national syrien (CNS) puis à la mi-décembre 2011, un camp de l’ASL est installé en Turquie. Son accès est strictement contrôlé par les Forces armées turques. En 2012, elle annonce son soutien à la nouvelle Coalition nationale des forces de l’opposition et de la révolution.

Le 1er avril 2012, le Conseil national syrien (CNS), lui-même financé par des pays étrangers, annonce qu’il va payer les salaires des membres de l’ASL.

Au printemps 2013, l’ASL gagne du terrain au sud de la Syrie. L’ASL réclame alors des missiles antiaériens à courte portée, des missiles antichars, des mortiers, des munitions, des gilets pare-balles, des masques à gaz et une zone d’exclusion aérienne. Elle affirme peu après avoir obtenu satisfaction en ayant reçu de l’étranger des quantités d’armes « modernes » susceptibles de « changer le cours de la bataille » : il s’agit d’armes antiaériennes et antichars ainsi que de munitions.

En août 2013, Le Figaro révèle que « les premiers contingents syriens formés à la guérilla par les Américains en Jordanie seraient entrés en action depuis la mi-août dans le sud de la Syrie, dans la région de Deraa. Un premier groupe de 300 hommes, sans doute épaulés par des commandos israéliens et jordaniens, ainsi que par des hommes de la CIA, aurait franchi la frontière le 17 août. Un second les aurait rejoints le 19 ».

En septembre 2013, des groupes appartenant à l’ASL affirment, de concert avec treize des groupes rebelles islamistes les plus puissants en Syrie et dont l’ASL était proche, qu’aucune organisation basée à l’étranger, y compris la Coalition nationale, ne saurait les représenter : ils forment alors une alliance avec les djihadistes du Front al-Nosra. De nouveaux groupes de l’ASL font défection en octobre.

En décembre 2013, l’ASL perd le contrôle de ses bureaux, à Bab Al-Hawa, près de la frontière turque, ainsi que de plusieurs entrepôts. Ces sites, qui abritent du matériel fourni par des pays alliés (notamment par les États-Unis), passent sous le contrôle du Front islamique.

En juin 2014, le gouvernement de la Coalition nationale syrienne dissout le Conseil supérieur militaire de l’Armée syrienne libre et défère ses membres devant le comité de contrôle financier et administratif du gouvernement pour qu’ils fassent l’objet d’une enquête.

Les groupes djihadistes Front al-Nosra et Ahrar al-Sham prêtent main forte aux rebelles de l’ASL contre les troupes du régime syrien et se sont avérés d’une grande utilité pour ces derniers lors de la bataille d’Alep.

Le financement et l’armement extérieurs de l’ASL semblent venir principalement de pays du Golfe arabique comme l’Arabie saoudite, le Qatar, d’autres pays comme la Turquie et quelques pays occidentaux. Elle dispose également de l’aide d’agents de la CIA opérant à partir de la Turquie.

En avril 2013, le secrétaire d’État John Kerry annonce le doublement de l’assistance directe aux rebelles syriens et la livraison d’équipements militaires défensifs, le montant total de l’aide américaine atteignant ainsi 250 millions de dollars. En juin 2014, Barack Obama annonce son intention de débloquer 500 millions de dollars pour « entraîner et équiper » l’opposition modérée armée en Syrie, après enquête sur les groupes bénéficiaires.

En septembre 2013, François Hollande annonce que la France va finalement fournir des armes à l’ASL « dans un cadre contrôlé » et « élargi avec un ensemble de pays ». En décembre 2013, la France indique que contrairement aux États-Unis et au Royaume-Uni, elle maintient « ses livraisons d’aide militaire non létale » à la suite de la perte des bureaux et de plusieurs entrepôts de l’ASL. Plusieurs livraisons ont ainsi eu lieu au cours de l’année 2013, comprenant notamment des mitrailleuses de calibre 12,7 mm, des lance-roquettes, des gilets pare-balles, des jumelles de vision nocturne et des moyens de communication. Les livraisons sont toujours en cours à l’été 2014.

Des combattants ont été à plusieurs reprises convaincus de crimes de guerre.

En mars 2013, le chercheur suédois Aron Lund publie un article dans lequel il proclame que l’Armée syrienne libre n’existe pas en tant que telle, mais fut à l’origine « a branding operation » (une opération de nom de marque), avançant que la plupart des brigades se sont réclamées de l’ASL sans être réellement sous son commandement et que le nom d’Armée syrienne libre sert davantage à distinguer les brigades non-idéologiques des groupes djihadistes. Il affirme par ailleurs que les premiers commandants étaient sous tutelle turque, sans possibilité de fonctionner en toute autonomie.

Selon l’universitaire Thomas Pierret : « Le problème est que la situation est très variable d’une région à l’autre : dans certaines zones, l’ASL est une coquille vide, dans d’autres, comme à Damas, elle est structurée et serait sûrement en capacité de prendre la main si la situation le permettait ».  Malik al-Kurdi, le second du général Riad el Asaad, déclare en août 2013 :

« L’ASL n’est plus qu’un nom. Certaines katibas [unités de combattants] s’en revendiquent, mais cela ne veut pas dire qu’elles suivent l’état-major. [...] les groupes, même sous la bannière de l’ASL, font ce que bon leur chante. En outre, beaucoup d’entre eux quittent publiquement ou non l’ASL pour rallier les groupes dits islamistes »

En décembre 2013, l’universitaire Fabrice Balanche indique : « L’ASL n’a jamais vraiment existé. Il y a eu un état-major composé d’une cinquantaine de généraux déserteurs, majoritairement réfugiés en Turquie. On parlait d’armée organisée, ce n’était rien de tout cela, c’était du vent ». En février 2014, Le Monde affirme : « Plusieurs brigades, islamistes et non islamistes, continuent [...] de se réclamer de l’ASL, qui désigne désormais plus la rébellion qu’une coalition bien structurée ». Pour Frédéric Pichon, chercheur et spécialiste de la Syrie, l’ASL n’existe pas et a toujours entretenu des liens étroits avec salafistes et djihadistes ; il précise qu’elle collabore également avec Al Qaïda.

Les effectifs de l’ASL (principalement des civils ayant pris les armes) sont estimés à :

4. Le Front islamique

Le Front islamique est formé en novembre 2013 à la suite de l’alliance de groupes rebelles islamistes. Sa création aurait été financée par la Turquie, le Qatar et l’Arabie saoudite. Le mouvement rassemble des brigades salafistes ou proches des Frères musulmans.

Dans une déclaration publiée lors de sa création, le Front islamique annonce que son objectif est de créer un état islamique dirigé par une choura et établir la charia comme base du droit. Il affirme que dans cet état, les minorités religieuses et ethniques seraient protégées. Il rejette la démocratie et le nationalisme kurde.

Rassemblant 50 000 à 80 000 hommes, le Front islamique est alors le plus important groupe rebelle de Syrie.

5. Le Front al-Nosra / L’armée de la conquête

Le Front Al-Nosra (Jabhat an-Nuṣrah li-Ahl ash-Shām : « Front pour la victoire du peuple du Levant »), est un groupe salafiste djihadiste affilié à Al-Qaïda.

Le Front al-Nosra est initialement une extension en Syrie de l’État islamique d’Irak, mais il s’en sépare en 2013. Depuis janvier 2014, les deux groupes sont en conflit direct.

Le 9 avril 2013, Abou Bakr al-Baghdadi, chef de l’État islamique d’Irak (EII), révèle le parrainage du Front al-Nosra par son organisation, caché jusqu’ici pour des raisons stratégiques et de sécurité. En novembre 2013, Ayman al-Zaouahiri, émir d’Al-Qaïda, annonce finalement que le Front Al-Nosra est bien la seule branche d’Al-Qaïda en Syrie.

Les relations d’al-Nosra avec les autres parties prenantes de la rébellion sont fluctuantes. Le groupe combat généralement aux côtés du Front islamique, de l’ASL et des autres groupes rebelles. Mais sa volonté d’imposer la charia lui a attiré l’hostilité d’une partie des Syriens et d’autres organisations rebelles, qui dénoncent son origine étrangère et estiment qu’elle « a volé la révolution syrienne », pillé des entreprises et imposé son intolérance religieuse.

Le Front est responsable de nombreux attentats-suicides, dont plusieurs explosions meurtrières à Damas en 2011 et 2012.

Les estimations des effectifs du Front al-Nosra varient de 6 000 à 15 000 hommes, incluant des combattants étrangers.

En novembre 2012, Laurent Fabius déclara qu’Al-Nosra “faisait du bon boulot”. Voici l’article savoureux (Source : Le Monde, 13/12/2012, réservé aux abonnés) :

C’est cependant sur le terrain diplomatique que l’opposition syrienne a engrangé cette semaine les résultats les plus probants. Réunis à Marrakech, mercredi, le groupe des “Amis de la Syrie“, qui rassemble plus d’une centaine de pays occidentaux et arabes, organisations internationales et représentants de l’opposition syrienne, a formellement reconnu la Coalition nationale de l’opposition syrienne comme “seule représentante” des Syriens, à la suite de la France, du Royaume-Uni, et des États-Unis.

Présent à Marrakech, le ministre français des Affaires Étrangères, Laurent Fabius, s’est félicité de cette décision : “Créée il y a un mois, la Coalition nationale syrienne, qui réunit l’opposition et que la France a été la première à reconnaître, est aujourd’hui reconnue par plus de cent pays comme la seule représentante légitime du peuple syrien. C’est très important pour le peuple syrien.” “En plus, il y a toute une série de décisions qui ont été prises sur le plan humanitaire avec des apports de fonds importants, notamment de l’Arabie saoudite, qui a offert 100 millions de dollars pour aider la population syrienne“, a précisé le ministre.

Nous avons eu le témoignage du nouveau président de la Coalition nationale syrienne, qui a beaucoup insisté sur le fait que, dans le futur gouvernement, toutes les communautés syriennes, majoritaires ou minoritaires, seront respectées, a ajouté M. Fabius. C’est un jour important. Il reste encore beaucoup de souffrance et beaucoup de travail pour que M. Bachar Al-Assad “dégage”, comme on dit maintenant. Je pense que c’est un jour d’espoir pour le peuple syrien.”

En revanche, la décision des Etats-Unis de placer Jabhat Al-Nosra, un groupe djihadiste combattant aux côtés des rebelles, sur leur liste des organisations terroristes, a été vivement critiquée par des soutiens de l’opposition. M. Fabius a ainsi estimé, mercredi, que “tous les Arabes étaient vent debout” contre la position américaine, “parce que, sur le terrain, ils font un bon boulot“. “C’était très net, et le président de la Coalition était aussi sur cette ligne“, a ajouté le ministre.

(si quelqu’un peut compléter Wikipedia svp, merci)

(Eh oui, quand les Américains placent un groupe sur la liste des groupes terroristes, l’américanolâtre Fabius critique et préfère écouter ses nouveaux amis syriens – un peu Frères Musulmans sur les bords… Ami lecteur membre des renseignements extérieurs, je compatis, mais ne te suicide pas tout de suite !)

Le 24 mars 2015, le Front al-Nosra, Ahrar al-Sham et d’autres groupes rebelles se rassemblent dans une alliance appelée l’Armée de la conquête, forte d’environ 30 000 hommes, soutenue par l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie, et active principalement dans le gouvernorat d’Idleb. D’après le chercheur Fabrice Balanche, 20 à 25 % de la population syrienne vit alors sur les territoires tenus par le Front al-Nosra et ses alliés.

Le 27 mai 2015, Abou Mohammad Al-Joulani, le chef du Front al-Nosra, accorde une interview à Al Jazeera. Il affirme que le seul objectif de son groupe est la chute du régime de Bachar el-Assad, il dément l’existence du groupe Khorassan et affirme qu’Ayman al-Zaouahiri a donné des ordres pour ne pas lancer d’attaque contre l’Occident depuis la Syrie. Il confirme d’ailleurs son allégeance à ce dernier, voulant ainsi mettre fin aux rumeurs sur une éventuelle rupture entre le Front al-Nosra et Al-Qaïda central.  Selon les analystes, le Front al-Nosra cherche alors à donner à l’Occident une image plus présentable et se faire passer comme une force politique légitime en Syrie, notamment en se distinguant de l’extrémisme de l’État islamique vis-à-vis des minorités religieuses chrétiennes et alaouites.

En septembre 2015, « l’Armée de la conquête », composée du Front al-Nosra et du groupe islamiste Ahrar al-Sham, est touchée par des frappes russes dans les provinces d’Idlib, de Hama, et de Homs.

6. L’État islamique

Né en 2006 en Irak, l’État islamique est une organisation salafiste djihadiste, dirigée par Abou Bakr al-Baghdadi, proclamé calife le 29 juin 2014. Le groupe apparaît en Syrie le 9 avril 2013 sous le nom d’État islamique en Irak et au Levant et prend le nom d’État islamique lorsqu’il proclame l’instauration du califat, mais ses adversaires lui donnent le surnom de « Daech ».

Considéré comme moins corrompu que les autres groupes djihadistes, l’EIIL est aussi le plus extrémiste, il est craint pour sa violence, son intransigeance et son indifférence aux notions occidentales de droits humains. Très impliqué sur les réseaux sociaux, il attire un grand nombre de djihadistes étrangers venus de tout le monde musulman et même d’Occident.

Cependant sa radicalité et ses ambitions lui attirent rapidement l’hostilité des autres groupes rebelles. En janvier 2014, le Front islamique, l’Armée syrienne libre et le Front al-Nosra et plusieurs autres groupes rebelles lui déclarent la guerre.

En 2013 et 2014, les effectifs en Syrie de État islamique sont estimés de 5 000 à 13 000 hommes. Ils augmentent sensiblement à la suite de la proclamation du califat. En 2015, les estimations vont de 20 000 à 80 000 combattants, tant en Syrie qu’en Irak et sans compter le ralliement de nombreux groupes djihadistes à travers tout le monde musulman.

7. Les Kurdes

Les populations kurdes de Syrie occupent, le long de la frontière turque, trois enclaves séparées qui constituent le prolongement naturel des territoires kurdes de Turquie et d’Irak. Historiquement discriminés par le régime et ancrés à une solide identité culturelle, les Kurdes de Syrie ont profité des désordres de la guerre civile pour prendre le contrôle de ces zones qui composent le « Kurdistan syrien »

Le Kurdistan syrien, appelé le Rojava, passe aux mains du Parti de l’union démocratique (PYD), la branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Il dispose d’une branche armée, les Unités de protection du peuple (YPG).

Les relations des Kurdes avec les autres parties prenantes au conflit sont fluctuantes : plutôt proches de l’ASL, les YPG entrent en conflit avec des brigades islamistes en juillet 2013. Jouant leur propre carte, les rebelles kurdes concluent parfois des alliances ponctuelles et opportunistes, tantôt avec les forces loyalistes, tantôt avec les rebelles. Hostile au régime de Bachar el-Assad, dont ils souhaitent la chute, les Kurdes du PYD affrontent cependant rarement les forces loyalistes avec lesquelles elles cohabitent dans certaines villes. Les YPG livrent l’essentiel de leurs combats contre les forces djihadistes, et principalement l’État islamique.

En 2015, les effectifs des YPG sont estimés entre 35 000 et 65 000 combattants, dont environ 40% de femmes.

8. Synthèse

On a donc en présence à l’automne 2015 :

Les pertes sont estimées à l’automne 2015 :

P.S. Pour les passionnés, une synthèse plus détaillée ici.

II. Cartes

 1. Le pays

La Syrie comptait 18 millions d’habitants en 2004. Actuellement, la population serait de 23 millions, y compris les 2 millions de réfugiés à l’extérieur. La population se concentre sur 60% du territoire, les 40% restants n’étant pas propice à l’habitat permanent en raison de l’aridité. La densité dans la zone habitée dépasse les 200 habitants par km², dans la région côtière nous atteignons les 400 habitants par km². Environ 60% de la population réside en zone urbaine (avant la crise).

La Syrie est peuplée par différentes communautés ethniques et confessionnelles. , avec environ 70 % d’Arabes sunnites, 20 % d’Arabes alaouites, 4 % de Kurdes sunnites, 6 % de chrétiens.

La région côtière est dominée par la communauté alaouite (70% des provinces de Lattaquié et Tartous), les sunnites (20%) et les chrétiens (10%) y sont surtout concentrés dans les villes.

Lire cet article pour plus de précisions.

2. Les combats

Voici l’évolution des zones de pouvoir dans le pays :

En 2012 :

En 2013 :

En 2014 :

En 2015 :

(Mises à jour ici et ici)

3. Autres cartes

Et en bonus, l’Irak :

L’État islamique en gris :

Une comparaison :

Les frappes russes :

qui semblent avoir été un peu plus efficaces que les dernières américaines…

On se demande bien pourquoi… :)

(donc une mobylette et deux pelleteuses, dont une a survécu – coriace la pelleteuse syrienne…)

Nous verrons dans le prochain billet ce que pense la population de tout ceci…

Source: http://www.les-crises.fr/mieux-comprendre-la-complexite-de-la-guerre-civile-syrienne/


Revue de presse du 18/10/2015

Sunday 18 October 2015 at 04:28

La revue de la semaine avec une gros pavé “environnement” notamment à l’approche de la COP21 avec en corollaire dans la partie “démocratie” l’interview de Philippe Verdier éclairante à plus d’un titre. Merci à nos contributeurs.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-18112015/


[70e AG ONU] Bolivie + Equateur + Uruguay + Salvador : “nous sommes convaincus que le capitalisme n’est pas la solution pour la vie et encore moins pour l’humanité.”

Sunday 18 October 2015 at 01:42

Bolivie – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. M. Evo Morales Ayma, Président de l’État plurinational de Bolivie, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

Merci

Cher frère, président de l’Assemblée, je salue tous les présidents et délégations rassemblés à l’Assemblée des Nations Unies.

Je me félicite de pouvoir être ici pour au nom de mon peuple pour pouvoir dire ce que nous ressentons, ce que nous connaissons, ce que nous faisons en Bolivie.

Comme tout le monde l’a dit, cela fait soixante-dix ans que les Nations Unies ont été fondées. Il y a soixante-dix ans, comme ils l’ont dit, l’on a fondé les Nations Unies pour parvenir à la paix après la guerre mondiale.

Il est important de procéder à l’évaluation économique, politique, sociale et culturelle et environnementale. Alors que les Nations Unies fêtent leur soixante-dixième anniversaire, qu’ont fait les Nations Unies ?

Soixante-dix ans plus tard, il y a encore des guerres.

Soixante-dix ans plus tard, il y a encore des invasions.

Et quelles sont les origines de ces invasions, de ces guerres sur certains continents ?

L’ambition de quelques régions, de quelques nations, les politiques visant à concentrer le capital entre quelques mains de pays dirigés de quelques oligarchies avec le soutien des multinationales. Et donc soixante-dix ans après la fondation des Nations Unies, l’on n’a pas atteint les objectifs de paix et de stabilité dans le monde.

Ce matin nous avons entendu plusieurs interventions.

Le président Obama, d’autres présidents d’autres continents ont tous dit : «  Nous voulons la paix. » mais je puis vous dire mes frères, mes sœurs et je le dis aux peuples du monde, il n’y aura pas de paix sans justice sociale.

Ils ont critiqué le terrorisme des groupes armés sur les différents continents alors que certaines puissances cherchent à savoir comment régler ces problèmes. J’ai entendu des interventions qui condamnent les mouvements sociaux et qui prennent des mouvements sociaux pour des terroristes.

Moi je viens d’un mouvement social, je viens d’un mouvement autochtone et les mouvements sociaux ne sont pas terroristes. Nous contribuons à la paix sociale ce qui débouche sur l’égalité, la dignité, la justice.

Et je puis également vous dire qu’au cours des soixante-dix années, certains défendent encore le capitalisme. Moi, je puis vous dire que le capitalisme a échoué, c’est un modèle qui a échoué.

Depuis ce matin, tout le monde nous parle de la crise humanitaire, la crise financière, énergétique, alimentaire.

J’ai entendu plusieurs interventions, la moitié des habitants de la planète souffre de famine. Des milliards, des milliards de ressources économiques qui viennent détruire la terre nourricière qu’on appelle en occident la planète Terre.

Ils veulent réduire le réchauffement climatique avec 100 milliards de dollars. Savez-vous combien d’argent est gaspillé pour détruire la planète ? Combien de milliards de milliards sont gaspillés pour envahir des pays ?

J’ai écouté avec attention les propos de mon frère Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations Unies qui déplorait ce que traversait le peuple libyen et syrien.

A cause de qui ces peuples libyen et syrien vivent si mal ? N’oublions pas que le gouvernement des Etats-Unis a fait tomber Kadhafi et comme aujourd’hui il parlait de tyran.

L’opération militaire de l’OTAN visait peut-être le président de l’époque. Mais l’objectif n’était pas vraiment Mr Kadhafi. Le vrai objectif, c’était le pétrole libyen.

Posez-vous la question, mesdames et messieurs : à qui appartient le pétrole libyen ? Est-ce qu’il appartient au peuple libyen, à l’État libyen ou finalement à quelques transnationales nord-américaines, européennes ?

Imaginez-vous un peu. Ils utilisent de faux prétextes pour intervenir et maintenant pauvre peuple libyen détruit à ce moment-là, il ne nous intéresse plus du tout, dès lors que les ressources économiques ou les ressources naturelles sont d’ores et déjà dans les mains des multinationales.

Ça c’est le capitalisme. Je pourrai vous parler de tous les pays envahis avant la fondation des Nations Unies, dans les Andes, ou après. On pourrait encore parler de la Syrie.

Voilà pourquoi mes frères, mes sœurs ici présents, de par le monde, nous sommes convaincus que le capitalisme n’est pas la solution pour la vie et encore moins pour l’Humanité.

Parfois, on nous fait le reproche en tant que présidents de ne pas dire la vérité, de ne pas dire ce qui se passe vraiment dans le monde. Moi, je puis vous dire mesdames, messieurs, alors que certains croient mieux vivre, avec cette politique on ne pourra régler les problèmes sociaux ni les questions humanitaires. Le bien-vivre, comme le disait également notre frère le président de l’Equateur, le bien-vivre, c’est la synthèse du socialisme communautaire. Le mieux-vivre, c’est la synthèse du capitalisme. Il y a une nette différence.

Dans le bien-vivre, je puis vous dire, mes frères et sœurs, c’est vivre dans la solidarité, dans la complémentarité, en solidarité avec l’être humain mais en harmonie également avec la terre nourricière. Pour nous, issus des mouvements sociaux notamment autochtones, c’est la terre nourricière, la mère-terre. Nous sommes tous convaincus que l’être humain ne pourra pas vivre sans la terre nourricière et la terre nourricière peut mieux vivre sans l’être humain.

Je tiens également à vous dire et certains ne comprendront certainement pas, mais dans cette façon de vivre, les services fondamentaux ne peuvent pas être privés.

C’est cette expérience que nous avons faite en Bolivie. Les services fondamentaux ont été également privatisés : l’eau privatisé, énergie privatisé, éclairage privatisé, télécommunication privatisé, et en vertu de la Constitution, nous avons convenu que les services fondamentaux étaient un droit de l’homme et ne pourraient jamais être privatisés parce que la vie en dépend. Je tiens également à vous dire que cette façon de bien vivre, nous sommes convaincus que les ressources naturelles ne pourront jamais être entre les mains des étrangers et de transnationales.

Je tiens à vous faire part d’une expérience. Après que le gouvernement a entendu l’appel du peuple le 1er mai 2006 pour rendre hommage aux travailleurs, nous avons nationalisé les hydrocarbures. Nous avons récupéré cette ressource naturelle. Nous avons dit pendant la campagne : «  il ne peut y avoir ici ni de propriétaires, ni de patrons. Peut-être juste des associés. »

Une donnée. Avant l’arrivée du gouvernement, la rente pétrolière était de trois millions de dollars ; depuis que nous avons nationalisé, l’année dernière notre rente pétrolière a atteint plus de cinq mille millions de dollars.

Imaginez seulement les montants qui nous ont été volé en Bolivie ! Des millions de dollars pour un pays qui compte dix millions d’habitants. Ce sont-là des ressources économiques essentielles à la libération économique.

Et voilà pourquoi nous sommes absolument convaincus que les ressources naturelles doivent appartenir au peuple sous l’administration de l’état. C’est l’expérience que nous avons faites et comment nous nous sommes libérés économiquement.

Voilà pourquoi mes frères, mes sœurs, nous ne croyons pas au capitalisme. Pourquoi intervenir dans un autre pays pour prendre possession de ses ressources naturelles et pour continuer d’accumuler le capital entre quelques mains ?

Deuxièmement.

Je tiens également à présent, à vous dire que nous avons une longue responsabilité à assumer en décembre de cette année à Paris, en France sur ces questions de l’environnement.

En tant que présidents, il est important de transmettre les propositions de nos peuples. Selon moi, il faut consulter mes frères et mes sœurs en Bolivie. Il faut adopter des politiques, des programmes et des projets permettant d’assainir la terre nourricière comme l’appelle aussi l’Occident. Si nous n’assumons pas cette responsabilité de sauver la terre nourricière, nous serons responsables pour les générations à venir.

Je tiens à vous faire part de mon expérience personnelle. Veuillez m’excusez de tant parler de moi mais quand je me rends à l’intérieur du pays de Bolivie, mes frères et mes sœurs ne savent même plus quand c’est le printemps, quand c’est l’été, quand c’est l’automne.

Un matin mes compagnons des tropiques, vers 02 heures 03 heures du matin, ils me disent : « Président, qu’est-ce que tu fais ? »

Je suis dans mon lit.

« Nous sommes en train de quitter la maison pour aller au fleuve. »

Pourquoi ?

«  Parce qu’il fait chaud, il fait tellement chaud qu’on arrive pas à dormir. »

Evidemment, on n’a pas encore de douche.

Et ils partent en famille à ces heures indues vers le fleuve pour se protéger de ces températures.

Et cela c’est avec moins d’une hausse de un degré Celsius de température. Qu’en sera-t-il quand on arrivera à une élévation de deux degrés Celsius selon certains experts ? Si on ne met pas un terme à un réchauffement d’ici 2030, on  pourrait voir une élévation de température de l’ordre de quatre ou cinq degrés.

Cher frère, chère sœur, les générations futures vont devenir anti-impérialistes, anticapitalistes parce que c’est là l’héritage du capitalisme.

Et maintenant le Nord me dit que nous sommes de simples gardes-forestiers, que… le Nord ne veut pas assumer ses responsabilités vis-à-vis des pays en développement. Donc c’est également là une responsabilité que nous devons assumer, voilà pourquoi, mes frères, mes sœurs, à Paris nous devons arriver avec un sens des responsabilités.

Comment sauver la terre nourricière ?

Nous invitons les personnes présentes, en tant que Bolivie nous allons organiser une  manifestation internationale des mouvements sociaux du monde entier qui auront lieu les 10, 11 12 Octobre (2015), la semaine prochaine. Nous vous invitons à y participer. Nous vous invitons à apporter des propositions. Il faut savoir ce que pensent les peuples. Il ne faut pas dépendre uniquement des initiatives de l’Empire d’Amérique du Nord ou des multinationales parce que rien ne sert de brandir des politiques extérieures.

Ce matin, j’ai entendu deux interventions très intéressantes, très différentes, du président Obama et du président de la Chine. Le président Obama pour garantir la sécurité de son état et des alliés, que nous disait-il et pour lutter contre le terrorisme que nous disait-il ? Il disait qu’il nous offrait la guerre et l’intervention. Et le président de la Chine, qu’est-ce qu’il nous offrait ? Aide et coopération ! Ce n’est pas un état expansionniste.

Nous, mouvements sociaux, nous sommes des mouvements qui misons sur l’unité, sur l’unité pour parvenir à la libération, l’intégration, pour parvenir à la libération et non pas à des politiques d’invasion pour dominer. Il y a de fortes différences !

Et je salue les propos du président de la Chine qui nous offre son aide et sa coopération. Nous saluons le sens de la direction de ce pays mais nous savons également par les médias, je pense que les Etats-Unis nous ont dominé vis-à-vis de la Chine, si la presse ne ment pas. Il faut que cesse cette volonté de dominer les peuples du monde l

Il est une question qui est au débat ce matin. Nous allons parler des modes de démocratie.

Moi, je vous dirai qu’il y a deux types de démocratie : il y a démocratie du peuple et démocratie des multinationales, démocratie des mouvements sociaux parce que chez nous les mouvements sociaux sont organisés. Et en quoi consistent ces démocraties des mouvements sociaux. ? Ce n’est pas seulement une démocratie participative ou représentative. Dans mon expérience de dirigeant syndical, avant syndicaliste, aujourd’hui président, nous avons toujours pris des décisions avec les dirigeants même s’il y a certaines différences. Certains secteurs sont très ambitieux même dans leurs exigences. Non seulement elles sont inaccessibles, ne sont pas appropriées mais, … ensemble l’on présente des politiques, on présente des programmes de responsabilités : c’est de répondre à ces propositions sociales, c’est de répondre à ces exigences.

Mais dans d’autres démocraties soit disant représentatives, le vote s’achève le jour des élections. Donc, soyons sincères, mes frères, mes sœurs, présidents, délégués, ministres ici présents. Celui qui gouverne, ce n’est pas le président Obama, ce sont les banquiers, les entrepreneurs, les multinationales. De quel type de démocratie parlons-nous alors ?

Tromper le peuple qui vote, pour après ne pas gouverner. J’ai entendu dans les médias qu’un candidat disait : «  Moi, je finance tout ! Les Républicains. Les Démocrates. C’est moi qui commande ! »

Ça ce n’est pas une démocratie. Ça c’est le capitalisme.

Et c’est là que se pose le grave problème de l’humanité. Et voilà pourquoi, nous en sommes convaincus, si nous voulons éradiquer la pauvreté, il faut éradiquer le système capitaliste. Il n’y a pas d’autres voies, mes frères et mes sœurs.

Et pas seulement ça. Ça va plus loin. J’en suis convaincu. Ce nouveau millénaire doit être le millénaire des peuples. Et ce n’est pas ni les monarchies, ni les hiérarchies, les monarchies, nous les respectons bien entendu, mais ce n’est pas les monarchies européennes ou américaines latines doivent.., ça doit cesser. Ce n’est plus l’époque, ce n’est pas… l’époque des oligarchies, ce n’est pas non plus l’époque de l’anarchie financière comme c’est le cas à l’heure actuelle.

Voilà pourquoi mes frères et mes sœurs, nous avons l’obligation, ensemble, de lutter contre ce problème.

Imaginez, soixante-dix ans après la formation des Nations Unies, … s’il n’y a pas de coup d’état militaire, il y a maintenant des coups d’état tout en douceur. On parle d’espionnage. L’on arrête des avions présidentiels. Dans quelle époque vivons-nous ? Il y a désormais des bases militaires. Voilà pourquoi mes frères et mes sœurs, franchement, moi je ne souscris pas à ces politiques. Et je ne sais pas… Les dissidents incarcérés disaient qu’on ne pouvait pas emprisonner les idées. Tant de terroristes, de délinquants, de criminels, de présidents qui ont violé les droits de l’homme après avoir tué, … des présidents corrompus. Et après aux États-Unis, l’on veut lutter contre le terrorisme, la criminalité, les trafiquants de drogue car ce sont des trafiquants de drogues corrompus qui ont violé les droits de l’homme, expulsés des États-Unis, jugés dans leur pays. Moi, je ne peux pas comprendre, c’est un cimetière de corrompus. Nous respectons les États-Unis mais voilà ce qui se passe. L’on exerce des pressions sur des autorités, sur des… gouvernements qui souscrivent à l’impérialisme et au capitalisme.

Mes frères, mes sœurs, je voulais également saisir cette occasion pour évoquer une question grave qui n’a pas été abordé par les présidents, par tous les présidents qui est sur l’immigration.

L’on présente les migrants comme des criminels. On expulse les migrants. Je puis vous parler en tant qu’habitant des Amériques. Il y a 500 ans, les européens nous ont envahis. Est-ce que nous on a dit qu’ils étaient des criminels alors qu’ils ont pillé nos ressources naturelles, qu’ils ont décimé les peuples autochtones. Il n’y a jamais eu de programmes pour les expulser, eux. Et maintenant qu’il y a quelques frères qui quittent l’Amérique latine pour se rendre en Europe, ou aux États-Unis pour aller travailler, ils sont jugés comme des criminels, ils sont persécutés.

Vous savez, mes frères, mes sœurs, dans le capitalisme, l’argent a ses paradis fiscaux. Et les êtres humains connaissent l’enfer de la misère. Expulsion des migrants ! Voilà pourquoi, mes frères et mes sœurs, je veux vous le dire, nous proposons de travailler tous ensemble pour créer une citoyenneté universelle. Nous avons tous le droit de vivre où que ce soit dans le monde. La mondialisation ne vaut pas uniquement que pour le commerce, pour l’argent. La mondialisation doit valoir pour tous les êtres humains sur cette terre. Et nos frères migrants ne peuvent jamais être expulsés. En Bolivie, on ne les expulse pas.

Les entreprises à présent ne  sont ni propriétaires ni associés, elles sont presque des services maintenant en Bolivie.

Mes frères, mes sœurs, une question très importante : le trafic de drogue, toujours lié au capitalisme. Nous avons nationalisé, en coopération avec les pays d’Amérique latine, nous avons nationalisé la lutte contre le trafic de drogue. Dans les données…, il est important de connaître les données des Nations Unies. Le trafic de drogue a été géré selon les intérêts géopolitiques. J’ai examiné les données des Nations Unis. Examinez-les ! Voyez les pays d’Amérique latine. Voyez les pays d’autres continents. Où il y a des bases militaires, où on investit des milliards de dollars. Quels sont les résultats ? Inexistants, voire une augmentation du trafic de drogue. Et là, nous avons nationalisé la lutte de trafic de drogue et en Bolivie, la situation s’est améliorée, sans base militaire, sans l’aide des États-Unis, sans les ressources économiques et du fait de la responsabilité partagée, devraient être fournie par les États-Unis, nous ne les réclamons pas, même si je salue la contribution de l’Europe non assortie de conditions qui voit le succès de notre lutte contre les stupéfiants.

Je puis une fois de plus, dire aux pays avec des gouvernements anti-impérialistes que l’on nous accuse de ne pas respecter les normes et d’être nous-même des trafiquants de drogue. Dans les pays où les gouvernements sont pro-capitalistes où s’est développé le trafic de drogue, on les félicite de leurs efforts. Mais quels mensonges. Je vous demande d’examiner les données. Penchez-vous sur les données des Nations Unies sur la lutte contre le trafic de drogue. Heureusement, d’autres pays ont bien compris les résultats que nous avons obtenus en Bolivie. Et l’on parle actuellement du modèle de lutte contre le trafic de drogue en Bolivie. On n’a jamais dit que l’on allait éradiquer la culture de la feuille de coca, mais on ne permet pas une libre culture de la coca, si on avait davantage de technologies, la situation serait bien meilleure qu’actuellement. Sachez-le : les anciens gouvernements m’ont laissé plus de 30 000 hectares de coca. Et cette année,… sans que le moindre paysan ne meure nous sommes parvenus à 20 400 hectares de coca. Sachez, connaissez ces données des Nations Unies.

Voyez les données des différents pays du monde. Mes sœurs, mes frères, je me fais l’écho de nombreux présidents pour saluer l’accord entre Cuba et les États-Unis pour nouer des relations diplomatiques. Mais, j’ai un souvenir que j’aimerai partager avec vous. J’espère que je ne vous fatigue pas.

Quand j’ai pris mes fonctions de président, la visite de l’ambassadeur des États-Unis, lorsqu’il y avait encore un ambassadeur des États-Unis, il m’avait donné des instructions. «  Président Evo, vous ne pouvez pas avoir de relations diplomatiques ni avec Cuba, ni avec le Venezuela ni avec l’Iran. » Très bien. Arrive un groupe de parlementaires des États-Unis qui me disent : «  Président, vous ne pouvez pas avoir de relations avec les 3 pays susmentionnés. » Bien entendu, j’ai balayé cela d’un revers de la main et j’ai dit que si nous avions des ressources économiques nous aurions des ambassades dans le monde entier, personne ne va m’interdire, à moi d’avoir des relations diplomatiques ou de ne pas en avoir avec tel ou tel pays. Depuis, je n’ai jamais accepté les instructions des États-Unis m’autorisant ou non à avoir des relations diplomatiques avec Cuba ou l’Iran.

Alors, je félicite maintenant les États-Unis d’avoir des relations diplomatiques avec l’Iran et Cuba. Il ne manque plus que le Venezuela. On peut espérer que bientôt ils auront des relations diplomatiques avec le Venezuela.

Non seulement,… il faut ces relations diplomatiques, ces échanges d’ambassadeurs, mais le peuple bolivien espère sincèrement que les États-Unis rendent Guantanamo à Cuba, que, une fois pour toute, cesse l’embargo. Le président Obama, ce matin, s’est engagé à lever l’embargo. Nous espérons qu’il joindra le geste à la parole.

Deuxièmement.

Le président Castro l’a très bien dit : lacélac nous avons déclaré une région de paix. Il y a peut-être un petit problème en Colombie, il y a les FARC. Heureusement, grâce au soutien, grâce  à la médiation cubaine, nous avons appris avec grande joie qu’il y avait un pré-accord entre les FARC et le gouvernement colombien. Nous saluons l’effort et la patience du président Santos de parvenir à un accord. Mais je tiens à dire aux compagnons des FARC, nous… ne faisons plus de révolutions avec des balles. L’on fait une révolution désormais démocratiquement, par des votes et par des idées et l’on peut changer la situation sociale, la situation économique sur notre continent mais sur d’autres continents également. Lorsque des groupes, des pans de la société ont raison et luttent  pour la dignité, la souveraineté, les peuples soutiennent cette lutte, cette proposition pour parvenir à la libération. Et nous saluons cet accord.

Il y a sur d’autres continents… il y a la question (des iles) Malvinas (Malouines). Et je peux vous dire mes frères et mes sœurs avec l’indulgence de l’Argentine, elles ne sont pas à Argentine, elles sont d’Amérique latine. Il y a tant, il y a des milliers de kilomètres, comment de si loin elle viendrait contrôler une ile qui est juste à côté de notre continent ? Que cela cesse et nous en appelons à votre compréhension. Et pour régler ce type de problèmes qui subsiste encore.

Il reste encore une question en souffrance, et je salue d’ailleurs notre frère du Chili qui me filme et qui suit cette intervention. Bonjour, mon frère du Chili.

Il y a 136 années, ce n’était pas la faute du peuple chilien, un groupe d’oligarques avec le soutien des multinationales anglaises nous envahit pour des raisons économiques. Simplement, pour vous rafraichir la mémoire, l’invasion eut lieu le 14 Février 1879. Un mois d’invasion, jusqu’au 23 Mars. Je ne vais pas m’attarder sur la question mais après tant de propositions, je déplore que la situation n’ait pas pu être réglée. Voilà pourquoi nous avons saisi la Cour Pénal Internationale à La Haye, une institution de justice, parce que la Bolivie est un pays pacifique, en vertu de sa constitution, nous n’avons pas une mentalité qui nous enclin à l’expansion, l’invasion de nos voisins. Voilà pourquoi nous avons saisi cette juridiction.

Malheureusement certains au Chili, pas tous, certains disaient qu’il n’y avait aucune affaire en souffrance avec la Bolivie. Récemment, il a été dit qu’il y avait une question en souffrance dans notre continent. Et La Haye s’est jugée compétente pour connaitre de l’affaire entre le Chili et la Bolivie, une question en souffrance. Et la Bolivie, avec humilité, simplicité et dignité a accueilli cette décision puisque la plus haute instance qui rend la justice dans le monde, qui a été créée par les Nations Unies a reconnu qu’il y avait là une question en souffrance. Et là, je m’adresse aux frères chiliens, au peuple chilien, nous ne voulons pas…il n’y a pas de perdants ou de gagnants, nous voulons régler par le dialogue cette question dans l’intérêt des peuples. Voilà notre souhait en tant que Bolivie.

Il ne s’agit pas de faire du mal à qui que ce soit. Nous sommes deux voisins, deux frères. Comment pourrions-nous nous affronter ? Nous voulons simplement parvenir à régler le problème mais je me félicite du soutien de tous. Je comprends bien cette grande solidarité des ex présidents, gouvernements, mouvements sociaux, institutions.

Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations Unies avait dit tout son soutien, il faut régler cette question. Pas uniquement (lui). Le pape François, Jean-Paul II lui-même, avaient soutenu. Quatre anciens présidents des États-Unis, trois prix Nobels de la paix avaient dit qu’il fallait régler cette question de l’accès à la mer. Ce n’est pas une revendication. C’est notre droit. Et tôt ou tard, en vertu de  la justice, nous aurons de nouveau, accès au Pacifique en toute souveraineté. Nous espérons que ce sera grâce à un dialogue concerté dans l’intérêt de nos peuples.

Mes frères, mes sœurs, en conclusion, je salue le travail des Nations Unies. Il y a deux semaines, les médias nous ont appris qu’ici les ambassadeurs, les délégués, et les représentants de gouvernement du monde entier avaient approuvé les principes régissant le mouvement autochtone andin amasouia : ne pas voler, ne pas mentir, ne pas être oisif, ne pas être paresseux. Mais ça mes frères, je puis vous dire que ces valeurs, elles viennent de ma famille. Elles viennent de ma famille. En tant que vice-président, président, on applique ces valeurs. Et voilà pourquoi la Bolivie a beaucoup changé. Nous sommes arrivés au gouvernement lorsque la Bolivie était l’avant dernier pays du continent, le dernier pays d’Amérique du Sud. Et grâce à la lutte du peuple bolivien, grâce aux mouvements sociaux, grâce à notre programme, nous ne sommes plus un petit pays mal vu comme avant, grâce aux politiques que j’ai évoqué rapidement.

Et voilà pourquoi ces valeurs : ne pas voler, ne pas mentir, ne pas être oisif doivent devenir une norme. Les valeurs permettant une gestion transparente, une gestion honnête au service des autres peuples du monde.

Au nom du mouvement autochtone de Bolivie et de la région andine, je vous remercie d’avoir adopté ces normes du peuple autochtone approuvées donc par les Nations Unies.

Je tiens également à saisir cette occasion pour saluer le travail conjoint effectué avec l’Argentine et le compte 77 et l’Assemblée Générale pour approuver les principes de restructuration de la dette souveraine et les limites devant être imposées à la voracité transnationale des fonds vautours, une façon supplémentaire d’étrangler les économies des peuples souverains que nous rejetons catégoriquement.

Il s’agit, ici, de défendre la souveraineté économique des différents pays.

Enfin, mes frères, mes sœurs, je tiens à remercier par ce message le pape François. Ma maman est coupable : elle m’a élevé dans le catholicisme. Et moi, j’ai grandi dans l’Église catholique et j’ai été déçu par l’Église catholique. Mais avec ce frère pape, ce frère qui remet en cause ce capitalisme, qui demande qu’on ne se soumette pas au Dieu Argent et bien je suis beaucoup plus catholique. J’ai retrouvé mon moral. Vraiment je salue ce message de paix envoyé par notre frère le pape François.

Je vous le dis, maintenant j’ai un pape. Mais je puis également vous dire, mes sœurs, mes frères, le pape François grâce à ces messes religieuses nous bénit… mais il respire, il vit. Nous nous devons de défendre et de protéger le pape François.

Je vous remercie mes sœurs.

Je vous remercie mes frères.

Source : ONU 10/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

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Équateur – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Nous  appuyons totalement la proposition de notre collègue, compagnon vice-président  costaricain,   que  le prochain secrétaire général soit une  secrétaire générale  et notre région a de grandes dames Mme Bachelet, Mme Kirchner, Mme Rousseff entre autres !

Merci d’être ici, c’est pratiquement un acte héroïque. Ce matin il y a eu 19 interventions ;  cet après-midi 16. Cela en  fait 34 avec deux heures de retard. Merci au personnel des Nations Unies pour son sacrifice. Je pense qu’il faut changer la méthode. Cela n’a aucun sens. Après la 3° séance,  qui écoute encore quand on arrive à  la conférence   trente quatre ?  Si en trois minutes je ne vous touche pas, je ne vous émeus  pas à ce moment-là,  demandez à quitter la salle. Donc merci, merci d’être ici. En tous cas, cela  aurait pu être pire, j’aurais pu être Evo Morales, qui lui prend la parole après moi. Cher ami, je te salue.

Intervention :

L’ONU est née le   24 octobre 1945  des cendres de la 2° Guerre mondiale  afin de veiller au maintien de  la paix et de la sécurité internationales. Face à l’holocauste,  nous estimions que  la paix était uniquement l’absence de guerre. Au XXI°, 70 ans plus tard,  la paix doit être surtout la présence : la présence de la justice, la présence de la dignité,  la présence du développement. Gandhi nous le disait déjà : «  la pauvreté est la pire    forme  de violence ».

La Communauté des Etats de l’Amérique latine et des Caraïbes, la CELAC a proclamé notre région Continent de paix mais  l’opulence insultante d’une poignée d’individus à coté d’une pauvreté intolérable sont autant d’atteintes quotidiennes à la dignité humaine. La paix sans justice n’est que pacification. Les 164 millions de personnes en Amérique Latine  qui vivent dans la pauvreté, dont 68 millions  qui vivent encore et toujours dans l’extrême pauvreté attendent  encore et toujours la justice,  la liberté et une vraie démocratie. Pas uniquement la possibilité d’organiser régulièrement des élections !

Surmonter la pauvreté, chers amis, voilà la principale  nécessité morale pour la planète. Car, pour la première fois dans l’histoire de l’Humanité, la pauvreté ne s’explique pas par un manque de ressources ou par des facteurs naturels mais bien  par des systèmes injustes d’exclusion,  qui sont le fruit de structures malsaines de pouvoir. Je l’avais déjà dit, le penseur français  Frédéric Bastiat  l’avait déjà dit, il y a deux siècles : « Quand le pillage devient un mode de vie pour un groupe d’hommes vivant dans des société, alors ces hommes, au fil du temps, se créent un système juridique qui    l’autorise, un code moral qui le glorifie » Et pour ceux qui veulent nous voler des concepts aussi  sublimes que celui  de « liberté », qu’ils comprennent bien : il n’y aura pas de liberté sans justice. Et ce d’autant plus dans des régions aussi inégalitaires  que l’Amérique latine, ce n’est qu’en cherchant la justice que nous parviendrons à une véritable liberté.

Voilà pourquoi,  nous ne pouvons nous satisfaire d’objectifs a minima,  à l’instar des objectifs du millénaire pour le  développement en 2015. Des objectifs  a minima reviennent à  légitimer la réalité actuelle ; le «  bénéficiaire » est inférieur aux autres  et il est impossible à ce moment-là de modifier la relation de pouvoir entre les sujets et les sociétés. Comme l’a dit le Secrétaire général Ban Ki -moom ce matin,  notre idéal n’est pas que la population soit en vie mais de lui donner une vie : une vie digne, une vie  pleine sur un pied d’égalité avec tout autre être humain. Nous pensons que les 17 objectifs de développement  durable 2015-2030 s’avoisinent de cette attente. Nous proposons  des objectifs  communs, pas uniquement  sur  un minimum de vie, mais bien sur des maxima sociaux le « sumak kawsay »  le « bien vivre » de nos peuples ancestraux.  Ce qui signifie vivre dans la dignité,  en satisfaisant des besoins fondamentaux en harmonie avec soi-même, avec les autres êtres  humains, avec les différentes cultures, en harmonie avec la nature.

Cependant, et comme nous l’avons dit ici même hier,  l’absence dans le programme 2015-2030  d’un objectif portant directement sur la liberté de circulation humaine est une déplorable omission. Le paradoxe immoral qui veut que, d’une part, l’on promeuve la libre circulation des marchandises, des capitaux en recherchant la rentabilité maximale alors que, d’autre part, l’on pénalise la libre circulation des personnes qui cherchent un travail digne,  est purement et simplement intolérable et  indéfendable  sur le plan éthique. C’est là l’une des grandes incohérences de la mondialisation néo-libérale. Elle ne cherche pas à créer une société planétaire, elle cherche uniquement à créer des marchés planétaires. Elle dépend totalement du capital et non des êtres humains. La solution, ce n’est pas d’ériger davantage de frontières, la solution  c’est la solidarité, c’est l’humanité.  Ce sont des conditions propices à la prospérité, à la paix qui  découragent les migrations.

Une Grande nouveauté, c’est que, dans les objectifs du développement  durable, comme l’indique leur nom, l’on tient dûment compte du respect de la planète et globalement dans le monde l’on constate une amélioration de  l’efficience des processus de production. Il y a eu une  diminution de l’intensité énergétique mondiale, c’est-à-dire la quantité d’énergie nécessaire par unité de produit, la diminution donc a été de 1,2 % par an, entre 1971 et 2009 mais en dépit des progrès technologiques, en dépit de la dématérialisation de l’économie,  il y une plus forte consommation d’énergie mondiale. Les émissions ont été multipliées par 3,6 en 50 ans, ce qui représente une croissance annuelle moyenne de 2,6 %.  Si cette tendance venait à se conforter, dans 28 ans, les émissions actuelles auront doublé.Tout nous montre que la consommation d’énergie et la génération d’émissions sont directement proportionnelles au  niveau de revenu ;  ce qui signifie  que la consommation l’emporte sur l’efficience.

Un habitant des pays riches émet 38 fois plus de CO2  qu’un habitant des pays pauvres. Tout cela nous amène au principe  des responsabilités communes mais différenciées. Bien sûr il y a également un impact environnemental en lien avec la pauvreté  par exemple l’érosion des sols, l’absence de traitement des résidus solides etc.. Problème supplémentaire,  la différence entre les  rendements  énergétiques  dans  les  pays pauvres et dans les pays riches est abyssale. Et ce fossé se creuse au fil du temps, concrètement de 4 à 5 fois plus important  entre  1971 à 2010.Pour le combler, il faut avoir accès à la science, à la technologie. A  nouveau, il y a ici un fossé énorme entre les pays riches et les pauvres. Les pays riches,  chaque  année, déposent  1 million 360 mille demandes des brevets  alors que les pays pauvres, dans leur ensemble, en déposent 9 mille 170.

Les inégalités mondiales ne se reflètent pas  uniquement dans la répartition des émissions mais bien également dans l’impact sur les  changements climatiques et sur le   réchauffement mondial. Des pays tels que l’Equateur sont responsables de moins de 0,1 % du total des émissions de CO2 mais  subissent  les conséquences du  changement climatique. Par exemple,  le seul  pingouin   qui arrive à la ligne d’équinoxe  le spheniscus mendiculus, que l’on appelle communément le pingouin des Galápagos  est menacé d’extinction en raison du réchauffement des eaux marines superficielles. Voilà pourquoi il nous faut tendre à une déclaration  universelle  des droits de la nature ; le principal droit universel de la nature devrait être que la nature puisse continuer d’exister mais également qu’elle puisse continuer d’offrir  les moyens nécessaires à la vie pour que nos sociétés puissent vivre avec ce « sumak kawsay ». Voilà quelle doit être l’idée clef pour éviter un certain fondamentalisme : l’être humain n’est pas le seul être   important dans la nature, mais il n’en reste pas moins  le plus important.

Nonobstant ces responsabilités communes mais différenciées et le rôle que joue l’accès aux connaissances la science et  la technologie,  il existe actuellement, paradoxalement, une nouvelle et injuste  division internationale du travail. Les pays riches génèrent des connaissances qu’ils privatisent ; les pays pauvres ou à revenus intermédiaires produisent des biens environnementaux qu’ils conservent gratuitement. La connaissance en général est un bien d’accès libre, c’est-à-dire que l’exclusion est techniquement impossible ou très onéreuse. Pour éviter le libre accès, en d’autres termes, pour privatiser le dit bien l’on érige des obstacles institutionnels, à savoir des droits de propriété intellectuelle. Les pays du bassin de l’Amazonie produisent également des biens  d’accès libre, dans le cas présent des biens environnementaux qui régulent le climat mondial et sans lesquels la vie sur Terre se verrait nettement dégradée. Malgré cela,  les grands pollueurs mondiaux ne paient  rien   pour consommer ces biens et services environnementaux.

Et l’on croit parfois que la génération de biens   environnementaux se fait  sans coût. De  fait, c’est une production qui peut s’avérer extrêmement onéreuse. Pas en termes de coût direct mais dans le sens de ce à quoi nous renonçons pour produire ces biens environnementaux. Aujourd’hui nombreux sont ceux qui exigent que l’on n’exploite pas le pétrole en Amazonie  mais cela représente un coût énorme en termes de revenus non perçus. Chaque jour qui passe c’est un enfant qui ne va pas à l’école, c’est une communauté qui n’a pas accès à l’eau potable, ce sont des personnes qui meurent de maladies que l’on aurait pu éviter, de véritables pathologies  de la misère. Ce n’est qu’en compensant la consommation de biens environnementaux que nous n’aurions pas  besoin de plus de financement pour le  développement.

Voici encore une autre idée fondamentale alors qu’il est question de développement durable. Dans les pays pauvres,  la préservation de l’environnement  ne sera  possible que  si elle ne suppose  de nettes améliorations du niveau de vie de la population.  Comme l’a dit le  pape  François  dans son encyclique « Laudato Si » « une véritable démarche écologique soulève toujours le problème d’une démarche sociale ». L’accès à la science, à la technologie est essentiel pour les pays pauvres qui luttent contre les changements climatiques et contre la pauvreté. Il est capital, comme l’avait dit le président du Paraguay, Horacio Cartes, il est indispensable de déclarer que les technologies qui atténuent les changements climatiques et leur impact sont des biens publics mondiaux et il est  indispensable  d’en garantir le libre accès.

La nouvelle répartition internationale du travail, chers amis, est un    paradoxe total, les biens d’accès libre devraient être ceux qui n’ont pas de rivalité, de concurrence en termes de consommation, c’est-à-dire ceux qui n’ont pas de coût supplémentaires s’ils sont consommés par une personne supplémentaire. Par voie de conséquence, une fois qu’ils sont crées, plus le nombre de personnes utilisant le bien créé est élevé, mieux c’est. C’est normalement la caractéristique des connaissances, de la science, de la technologie. Comme l’a dit à juste titre George Bernard Shaw : « Si tu as une pomme et moi j’ai  une pomme, et que nous échangeons cette pomme, à ce moment-là toi et moi aurons chacun une pomme. Mais si toi tu as une idée  et que moi j’ai une idée, et que nous les échangeons  alors nous aurons chacun deux idées » Et à l’inverse, quand un bien vient à manquer ou est détruit au fur et à mesure qu’il est consommé, à l’instar des biens environnementaux, c’est  à ce moment-là qu’il faut en restreindre la consommation pour éviter ce que Garett Hardin  a appelé la « tragédie des biens communs ».

Pourquoi ne pas faire ce qui est évident ? Pire encore, pourquoi faire exactement le contraire ?  Parce que le problème n’est pas technique mais bien  politique. L’injuste nouvelle répartition internationale du travail, n’est rien d’autre que la logique perverse  visant à privatiser les bénéfices et à  socialiser  les pertes. Rien ne peut justifier cette démarche si ce n’est le pouvoir.Imaginons pendant un instant que la situation soit inversée : les producteurs de biens et de  services environnementaux seraient  les pays riches  et les pays pauvres ou aux revenus intermédiaires seraient les pollueurs. Qui pourrait douter du fait qu’ils ne nous auraient pas, y compris envahis,  pour exiger « une juste indemnisation » ?

C’est impressionnant, chers amis, mais le problème des changements climatiques pourrait être réglé à grand renfort de justice  dans le cas de l’environnement.  Mais malheureusement, comme le disait Thrasymaque dans son dialogue  avec Socrate : « La justice n’est que l’intérêt du plus fort » Fin 2015 nous allons organiser  la 21° conférence de Etats  des Nation Unies  à Paris. Si nous échouons, lors de cette conférence, si nous ne parvenons pas à des accords  contraignants pour protéger la seule planète que nous avons, nous pouvons commencer à enterrer  notre civilisation. Mais si  nous remportons  la victoire, nous organiserons la  22° conférence en pensant au cantique du premier manifeste écologique écrit en 1225 par Saint François d’Assise qui témoignait de toute sa reconnaissance à  «  frère le vent, à l’air, aux nuages, au ciel serein et à  tous  les temps »

Chers amis,  l’Equateur est empli d’espoir à la vue du rétablissement  des relations diplomatiques  entre Cuba et les  Etats-Unis. Nous espérons que cela conduira à la levée de l’embargo et au retrait de la base de Guantanamo. Ce ne sera pas là la concession d’un pouvoir quelconque mais bien le triomphe de la justice et de la dignité du peuple cubain. Nous avons entendu le président Obama dire qu’il proposait de lever  cinquante ans d’embargo non pas parce que c’est en violation du Droit internationale, du peuple cubain mais «  parce que ça n’a pas fonctionné ». Nulle concession ici. Mais cinquante ans de résistance ! Nos peuples n’accepteront plus jamais la tutelle, l’ingérence ou l’intervention. La mémoire de nos peuples est lacérée par les abus, la violence du passé, même si on nous demande de l’oublier, de nous concentrer uniquement sur l’avenir. L’Equateur soutient l’Argentine  dans sa  défense de ses  droits souverains sur les îles Malouines. Nous dénonçons ce néo colonialisme du XXI° siècle qui est  inacceptable.   Nous reconnaissons l’ Etat de Palestine qui doit être un état membre de notre organisation jouissant des pleins droits avec Jérusalem Est comme capitale dans les limites établies en 1967.  Nous nous félicitons des accords récemment passés  entre le gouvernement de Colombie et les FARC. L’Equateur aspire à la paix pour la Colombie et nous les soutenons dans cette entreprise.

L’Equateur dit toute sa  solidarité envers  le peuple Syrien,  victime d’un conflit qui a détruit des familles, des biens, des personnes. Certaines puissances ont fait fi du principe de non ingérence dans les affaires intérieures et  n’ont fait qu’exacerber la violence. Nous espérons pour le peuple syrien que sera rétablie la paix et nous rappelons que seul le peuple syrien peut choisir son avenir. L’Equateur est  très attaché à sa relation avec l’Afrique. Nous allons d’ailleurs accueillir le 4° sommet Afrique Amérique du Sud en mai 2016,  auquel tous les pays de ces deux régions sont invités.  En octobre 2016,  nous accueillerons  également la Conférence  Mondiale  sur les Installations et Développements Urbains Durables «  Habitat III », qui n’a lieu que tous les 20 ans, et lors de laquelle sera formulé le nouveau programme urbain. Nous sommes convaincus  qu’il existe un droit à une ville sans exclusive avec une croissance urbaine durable. Enfin, je tiens à saisir cette occasion qui m’est donnée pour dénoncer une fois de plus, aux yeux du monde, une catastrophe  environnementale 85 fois pire que l’accident du British Petroleum qui avait coulé   dans le Golfe du Mexique en 2010 et 18 fois pire que l’accident Exxon Valdez en Alaska en 1989. Je vous parle ici de la pollution causée  par Texaco, compagnie pétrolière qui a opéré en Amazonie équatorienne jusqu’en 1992, qui a été rachetée  par  la multinationale Chevron en 2001.

Chevron, troisième plus grande compagnie des Etats-Unis a fait l’objet d’une plainte, il y a 20 ans environ, déposée par la communauté  autochtone de l’Amazonie touchée par la pollution. Il s’agit d’une affaire purement privée : Communauté de l’Amazonie contre Chevron Texaco. Chevron a passé les dix dernières années à se battre pour ne pas être jugé devant les tribunaux de New York, lieu de domicile de l’entreprise mais  à être jugé sur les lieux de l’infraction dans la province de Sucumbios en Equateur. Cependant,  comme il a perdu le procès et  a été condamné à verser une importante somme, il a passé les dix dernières années à détruire ces mêmes tribunaux qu’il avait défendus avec un grand enthousiasme lorsqu’il pensait encore pouvoir les acheter. Il a dépensé des  centaines de millions de dollars dans une campagne mondiale visant à discréditer l’Equateur.

Les entreprises transnationales doivent cesser ces atteintes aux Etats et aux peuples du sud. L’Equateur lance un appel aux Etats membres afin qu’ils participent à l’élaboration d’un traité contraignant  pour sanctionner des entreprises  dès lors qu’elles portent atteinte aux Droits de l’homme ou qu’elles portent atteinte à la nature. Nous vous invitons à vous rendre en Equateur, à plonger votre  main dans les centaines de piscines  laissées par Texaco pour que vous ressortiez cette main couverte de  résidus de pétrole vingt ans après que la compagnie pétrolière a quitté le pays. C’est la main sale de Chevron.

Face à la superpuissance, aux milliards de dollars de Chevron Texaco, face à l’infamie de cette entreprise  corrompue et source de corruption, l’Equateur  utilisera l’arme  la plus mortelle qui ait  jamais inventée : la vérité.

Je vous remercie.

Source : ONU 10/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

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Uruguay – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. M. Tabaré Vázquez, Président de l’Uruguay, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

Madame la présidente,

Mesdames et messieurs les chefs d’états et de gouvernement,

Mesdames et messieurs les représentants de pays et d’organisations internationales,

Mes chers amis,

J’apporte devant cette enceinte, la plus grande et la plus représentative du monde d’aujourd’hui, le salut du peuple et du gouvernement de la république orientale d’Uruguay.

C’est un salut qui exprime notre passion pour la paix et la liberté, notre attachement à la démocratie, au droit, à la justice et à la solidarité, notre engagement dans le développement durable de notre pays et notre aspiration à une humanité qui – tant pis pour la redondance- ait en son cœur l’être humain, tous les êtres humains, hommes, femmes, sans aucune distinction.

Que tous soient égaux devant la loi et surtout que tous soient égaux face à la vie. Amis, mes chers amis, je suis uruguayen mais je ne suis pas ici pour vous parler des problèmes de l’Uruguay.

Je voudrais en toute modestie vous parler de problèmes qui concernent toute l’humanité.

Il y a quelques semaines, l’opinion publique mondiale a été très émue par l’image du corps mort d’un enfant jeté sur une plage, après que l’embarcation avec laquelle -comme tant d’autres victimes du conflit qui frappe son pays- il essayait de trouver dans le monde la protection à laquelle il avait droit ait fait naufrage.

La réaction internationale a été immédiate. Espérons qu’elle ne soit pas éphémère, que nous n’oublierons pas cette tragédie qui nous frappe et qui nous fait honte, que nous agirons avec détermination et efficacité pour rechercher des solutions au drame mondial de l’exode de ces millions d’êtres humains.

L’Uruguay, un pays qui a été alimenté par l’immigration, en tant que peuple qui a bénéficié de la solidarité internationale lorsqu’il en a eu besoin, reprend à son compte ce devoir auquel il ne peut se soustraire. Il est impérieux d’éviter que ne se répète cette tragédie, mais il est également essentiel d’attaquer les causes qui ont été à l’origine de cette tragédie.

Comme toujours, et ça ne vaut pas seulement dans le domaine de la santé, il vaut mieux prévenir que guérir. Prévenir en reconnaissant que les autres sont aussi notre prochain, ce qui va beaucoup plus loin que la tolérance. Prévenir en respectant et en promouvant les droits, tous les droits, en misant sur la démocratie comme forme de gouvernement et comme situation pour la société, en éduquant, en formant à une vie digne, à un travail décent et à une citoyenneté à part entière, en respectant la planète sur laquelle nous vivons et qui est la seule qui permette à l’espèce humaine de survivre. Si nous continuons de détruire ce monde, l’humanité n’aura plus nulle part où vivre.

Notre avenir, c’est également refuser tout type de terrorisme et de discrimination pour qu’il n’y ait plus d’enfant mort sur les plages dans le monde parce que qu’ils ne trouvent aucune protection et aucun lieu où vivre, c’est refuser le terrorisme et la discrimination d’où qu’ils viennent et quelles que soient les circonstances.

Prévenir, c’est également penser avec audace et agir avec sagesse en fonction des générations de demain. Mais comme il n’y a pas d’avenir sans présent, c’est également penser et agir en fonction de nos espérances à nous, de nos besoins et de nos possibilités.

Mes chers amis, il y a un instant, j’ai fait référence à la santé. Cela s’explique par mon expérience professionnelle puisque je suis médecin et qu’il y a encore peu de temps j’exerçais ma profession qui est également ma vocation. Mais je ne parle pas seulement d’expérience professionnelle.
En tant qu’homme d’état, je comprends parfaitement que la santé publique est un élément essentiel, essentiel, de la souveraineté des nations, un droit des personnes, un facteur de développement des sociétés et une responsabilité à laquelle les états ne peuvent pas se soustraire.

Dans ce domaine, nous sommes confrontés à une réalité préoccupante au niveau du monde entier.
D’après des études récentes et des rapports de l’organisation mondiale de la santé (OMS), premièrement la morbidité mondiale est davantage imputable aux maladies non transmissibles qu’aux maladies contagieuses, et deuxièmement, les maladies chroniques comme par exemple les cardiopathies et les accidents vasculaires cérébraux représentent actuellement les premières causes de décès dans le monde, si on ajoute à cela d’autres maladies non transmissibles, liés à notre mode de vie, cela représente plus de 60%  de la morbi-mortalité dans le monde est imputable aux maladies chroniques non transmissibles : maladies cardiovasculaires, cancer, maladies pulmonaires obstructives chroniques, diabète etc.

Il nous reste donc du pain sur la planche. C’est un travail qui ne connait pas de frontière, car le problème n’a pas de frontière et ne reconnait pas de frontière, à tel point que pour brosser le tableau à large trait de ce paysage mondial compliqué, il y a beaucoup de pays à revenu faible et moyen, en Afrique, en Asie, et même en Amérique latine, qui sont confrontés actuellement à une double charge de morbi-mortalité.
Il y a les maladies contagieuses qui les touchent férocement et les maladies chroniques non transmissibles qui, insidieusement, tuent notre population et également la malnutrition.

Les facteurs de risque de maladies non transmissibles comme l’obésité et le surpoids, surpoids qui touche également les pays riches. On estime que le cancer coute annuellement à l’Amérique latine, et ça peut être extrapolé aux autres régions du monde, 4 milliards 500 millions de dollars en cout direct : consultation médicale, études, diagnostics, traitement, médicaments, hospitalisation, soins palliatifs, etc., et en cout indirect : cout de transfert, hébergement, perte de journées de travail, et perte de productivité.

Cet argent pourrait être utilisé à des politiques sociales qui apporteraient une meilleure qualité de vie à la population, plus d’éducation, plus de santé, plus de logements décents pour tout le monde.

Ce n’est peut-être pas très sympathique de mentionner cela, mais cela relève d’une réalité qu’il faut transformer car si on n’adopte pas de mesure immédiatement, d’ici à 2030 il y aura 1 million de latino-américains qui chaque année mourront du cancer et qui représentera 7 millions au niveau mondial qui mourront de cancer, une maladie que l’on peut prévenir et qui si elle est diagnostiquée à temps peut être soignée.

Donc, chaque année, le cancer tuera plus de monde que la deuxième guerre mondiale. Nous sommes face à une pandémie très grave et il faut que nous en prenions conscience car c’est malheureusement la réalité : une pandémie telle que l’humanité n’en a jamais connu. La vie est précieuse, elle n’a pas de prix.

Pour affronter et inverser l’augmentation de la morbidité et la mortalité dues au cancer et autres maladies chroniques non transmissibles, il est nécessaire d’adopter des décisions politiques et des stratégies systémiques pour réduire la pauvreté, pour générer de l’inclusion sociale, pour promouvoir l’éducation, pour encourager des modes de vies sains, renforcer des systèmes de santé intégrés, notamment des programmes nationaux de prévention primaire, de diagnostic précoce également, des traitements de réhabilitation et de suivi de ces maladies à long terme.

En ce qui concerne les modes de vie sains susmentionnés, cela signifie activité physique, sport, régime sain, pour lutter contre la croissance exponentielle et nocive des aliments ultra transformés. Contrôle du tabagisme, je le répète contrôle du tabagisme, de l’alcoolisme, et de la consommation de drogues. Nous avons l’expérience qui nous permet de dire qu’il est indispensable d’intégrer  notre politique en ce qui concerne le tabac et l’alcool aux politiques sur les drogues. Ce n’est pas simple, nous le savons mais cela est possible. On peut réguler ces marchés sans aucune prohibition dogmatique, en respectant le droit des personnes et en appliquant le facteur de souveraineté des états et de progrès de la société qu’est la santé publique.

Surtout, je le répète, la lutte contre le tabac et contre son vecteur. Le vecteur du tabagisme ce n’est pas les oiseaux, les rats, les moustiques. C’est l’industrie multinationale du tabac qui ne s’inquiète pas de tuer ses clients parce qu’elle est lancée dans la quête du profit.

L’Uruguay est un leader mondial pour la convention cadre pour la lutte anti tabac. Depuis janvier 2014, nous avons adopté une loi de contrôle et de règlementation du cannabis et nous sommes en train de mettre en place le contrôle de l’alcoolisme et éventuellement d’une tolérance zéro dans certains cas et circonstances déterminés.
Enfin, toujours sur le même sujet, aucun acquis ne peut être consolidé tout seul. Pour tout, on a besoin de la sensibilité, de la détermination et de la persévérance de tous les gouvernements et e toutes les populations du monde.
En matière de coopération internationale, nous ne partons pas de zéro. Il existe des modalités de cadre institutionnel et de très nombreux projets en cours d’exécution.
Alors on pourrait nous dire qu’on pourrait améliorer la mise en œuvre des premiers et des progrès des seconds, bien sûr, mais avant d’en inventer d’autres utilisons ce que nous avons.
Pour cela, nous avons besoin de plus de ressources humaines, matérielles et financières.
Mais il y a une ressource sans laquelle les ressources précédentes toutes importantes qu’elles soient resteront toujours insuffisantes, j’ai nommé la ressource qui s’appelle volonté politique.
Et la volonté politique, en l’occurrence, c’est une question d’éthique plus qu’un dilemme idéologique.
Ce n’est pas une question d’être de droite ou d’être de gauche. Cela n’est pas éthique mesdames et messieurs que dans certaines circonstances, les tribunaux d’organismes multinationaux  puissent accorder la priorité à des aspects commerciaux sur la défense d’un droit humain fondamental qui est le droit à la santé et à la vie.

C’est de cela qu’est victime l’Uruguay. Nous avons une grande multinationale du tabac, je ne vais pas la citer Philip Morris, qui a engagé des poursuites internationales contre l’Uruguay qui applique la convention cadre pour la lutte anti tabac de l’OMS.

L’Uruguay se trouve dans une telle situation, peut-être parce que nous sommes un petit pays, c’est pour cela que nous avons été choisis pour ces poursuites, peut être pas seulement pour que l’industrie du tabac nous sanctionne mais pour montrer aux autres pays qu’il ne faut pas qu’ils s’engagent sur la même voie que l’Uruguay qui cherche à améliorer la qualité de vie de sa population.

Invoquer l’éthique au 21ème siècle peut sembler naïf ou anachronique mais la réalité pointe l’inverse, comme je le disais précédemment. Il suffit de regarder les nouvelles de ces dernières semaines pour constater que, pour certains aspects qui ne sont pas du tout insignifiants bien entendu, le monde ressemble un peu trop à un asile psychiatrique administré par ses propres patients.

C’est terrible. Mais l’humanité, si elle veut survivre, et si elle veut progresser en tant qu’humanité, ne peut pas se résigner à ce qui est terrible. Nous ne pouvons pas nous résigner à la guerre, nous ne pouvons pas nous résigner à l’humiliation que connaissent les pauvres qui parfois n’ont même pas de quoi manger, à l’émotion de voir un enfant syrien mort sur une plage turque.

Mes chers amis, l’Uruguay parle pour ce qu’il est : un pays d’Amérique latine. Et nous, en tant que latino-américains, en cette circonstance, nous ne pouvons passer sous silence trois situations qui sont remarquables dans notre région actuellement :

L’Uruguay n’est pas omnipotente, ne prétend pas être omniprésente ni infaillible, mais l’Uruguay n’est pas indifférente. En 2008, mes chers amis, notre pays a présenté officiellement sa candidature au Conseil de Sécurité des Nations-Unies en tant que membre non permanent pour l’année 2016-2017. Si nous l’avons fait, c’est parce que nous sommes engagés dans cette organisation dont nous sommes membre fondateur, parce que nous avons misé sur le droit international et sur le multilatéralisme, parce que nous refusons de façon déterminée toute forme de terrorisme et de discrimination, parce que nous sommes convaincus que les seuls moyens de régler des conflits sont les moyens pacifique établis par la charte des Nations Unies et parce que nous avons confiance dans la valeur du travail que réalise le Conseil de Sécurité pour s’acquitter de sa fonction essentielle qui est le maintien de la paix et de la sécurité internationale.

L’Uruguay a contribué à la paix et la sécurité internationale grâce à son engagement concret et permanent dès avant la création des Nations unies et qui ne s’est jamais démenti au cours des 70 années de la trajectoire de cette organisation et qui se manifeste aujourd’hui par sa participation aux opérations de maintien de la paix dont le mandat émane précisément du conseil de sécurité.

Nous souhaitons modestement apporter nos valeurs, nos engagements, notre travail en tant que membre non permanent du conseil de sécurité pendant la période 2016-2017.

Nous ne doutons pas que vous nous appuierez pour pouvoir vous en rendre compte, nous ne vous décevrons pas.

Merci.

Source : ONU 10/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

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El Salvador – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. M. Hugo Roger Martínez Bonilla, Ministre des affaires étrangères de la République d’El Salvador, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les chefs de délégation,

Mesdames et Messieurs,

C’est pour moi un grand honneur de m’adresser vous en ce moment si important alors que nous fêtons les 70 ans de cette organisation internationale. Nous avons abordé une nouvelle étape relative à l’avenir de l’humanité lorsque nous avons adopté le projet de développement à l’horizon de 2030. Les défis que nous devons relever sont incontestablement énormes, et c’est pour cela que nous avons besoin d’une organisation de plus en plus démocratique, de plus en plus participative et de plus en plus efficace. Nous devons progresser en ce qui concerne les réforme de l’organisation qui n’ont pas encore été réalisées. Nous devons renouveler nos efforts vigoureux notamment pour ce qui a trait au conseil de sécurité. L’adoption du nouveau programme de développement présente pour nos pays de nombreux défis et nous sommes engagés à les relever; mais ces défis sont également ceux de notre organisation qui doit nous accompagner afin que nous puissions honorer les responsabilités historiques que nous avons assumées.

Monsieur le Président, nous avons achevé une étape de l’histoire mondiale marquée par des progrès réels dans la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement, néanmoins ces progrès n’ont pas été suffisants; la lutte contre la pauvreté et l’inégalité doit toujours être menée. Les crises économiques et financières ont aggravé la vulnérabilité des plus pauvres; il faut ajouter à ces crises la prolifération des conflits dans le monde, les catastrophes provoquées par les phénomènes naturels ou par la main de l’Homme, qui ont eu un impact sur les conditions de vie de beaucoup de personnes dans différentes régions du monde. Ces conditions exigent de nous des transformations mondiales sincères et durables qui forcément doivent inclure la restructuration de l’architecture financière internationale, ainsi que le remaniement des mécanismes de coopération, afin de les transformer en institutions et mécanismes transparents et efficaces qui répondent aux besoins du développement humain. Je pense que nous devons prêter une attention particulière à la question de la dette souveraine; l’impact négatif du service de la dette pour ce qui est de satisfaire les besoins du développement et la jouissance effective des droits de l’Homme dans nos pays est gigantesque, car le service de la dette affecte directement la capacité de l’Etat à créer des investissements publics et à favoriser les investissements privés. Toute cela, à son tour, freine la réalisation des engagements pris vis à vis du développement. Il est donc essentiel de mettre en place un mécanisme de restructuration de la dette qui encourage une répartition juste et partagée de la responsabilité entre débiteur et créancier et ce, grâce à l’adoption d’une démarche fondée sur les besoins humains. Nous savons que pour réaliser les objectifs du développement durable, nous avons aussi besoin d’une nouvelle coopération internationale. Il est donc urgent d’oeuvrer afin de réaliser des modifications dans la structure actuelle du financement du développement, et de renforcer la coopération sud-sud.

Monsieur le Président, mon pays convient qu’il est très important que dans le texte adopté lors du sommet pour le développement, on signale que le groupe des migrants est un groupe particulièrement vulnérable. De plus, les migrants contribuent incontestablement au développement durable dans les pays où ils se trouvent. Le Salvador insiste pour affirmer que la communauté internationale, les organisations qui s’occupent la question des migrations, de la défense des migrants et des droits de l’Homme en général, et en particulier l’Organisation des nations Unies, assument ce défi avec courage et orientent les activités de leur institutions, ressources et programmes vers le renforcement des initiatives de coopération prises en matière de migration internationale sous toutes ses formes. Face aux différentes crises en matière de migration, nous ne devons pas oublier qu’il s’agit d’êtres humains, et nous devons garantir leurs droits, et notamment leur droit au développement.

Monsieur le Président,  je saisis cette occasion pour signaler la contribution particulière de l’Amérique latine et de ses organisations régionales au multilatéralisme ; leurs propositions et initiatives courageuses ont permis de réaliser des progrès dans des questions très pertinentes d’ordre international: citons les migrations, l’environnement, le désarmement, les droits de l’Homme, l’autonomisation des femmes, la parité entre les sexes, le développement durable entre autres. Tous ces efforts de notre région ont beaucoup contribué au progrès des travaux multilatéraux et cherchent à renforcer la solidarité et la coopération entre tous les peuples du monde. Dans ce contexte, il convient de mentionner les efforts déployés par le système d’intégration d’Amérique centrale, notamment en matière de sécurité. Ces efforts complètent les efforts faits au niveau national par chacun de nos pays. Comme vous le savez, le Salvador mène une bataille sans précédent contre le crime au moyen de son plan “Salvador sûr” qui contient tout comme la stratégie régionale de sécurité d’Amérique centrale 4 composantes : la prévention du crime, la poursuite du crime, la réhabilitation, la réinsertion et bien sûr le renforcement des institutions de lutte contre le crime. Nous engageons une grande partie de nos ressources nationales dans cet effort, mais l’ampleur du défi nous pousse à faire appel à la communauté internationale pour lui demander de nous appuyer de façon résolue et solidaire afin de gagner cette bataille contre les groupes criminels qui menacent la tranquillité de nos familles.

Monsieur le Président, par ailleurs, en ce qui concerne le problème mondial de la drogue, j’aimerai signaler que nous tiendrons une session extraordinaire de l’assemblée générale des Nations Unies sur les drogues en avril 2016 ici même. La session extraordinaire de 2016 nous donnera la possibilité de revitaliser le dialogue et l’échange de bonnes expériences, dans le but d’évaluer les réussites dans la réalisation des obligations internationales en ce qui concerne la lutte contre les drogues. Ainsi, en même temps nous voulons relever les défis qui se présentent au niveau mondial. Le Salvador se satisfait, et est même honoré, de pouvoir représenter la région latino américaine en tant que coordonnateur du groupe latino américain et des Caraïbes et ce, devant le comité préparatoire de cette manifestation. Nous allons établir une coordination efficace et étroite, pour que les débats permettent de définir une vision globale de la politique internationale contre les drogues, dont l’axe principal sera la bien-être de l’être humain et le respect de ses droits.

D’un autre côté, et parce que mon pays accorde beaucoup d’importance au contrôle des armes, comme moyen efficace de réduire la violence qui frappe la région de l’Amérique centrale, le Salvador mise sur une réglementation internationale pour lutter contre le crime organisé, de façon à éviter les souffrances humaines provoquées par les transferts irresponsables d’armes. Je lance un appel fervent à la communauté internationale pour que nous travaillions ensemble afin d’appliquer réellement le traité sur le commerce des armes et pour assurer son universalisation. N’oublions pas que si nous agissons de manière déterminée dans ce domaine, nous pourrons agir pour faire une véritable différence entre la vie et la mort de millions de personnes dans le monde.

Par ailleurs, le Salvador, pays qui a profité d’opérations de maintien de la paix, reconnaît que ce mécanisme est un moyen légitime et efficace pour faire cesser les conflits dans les différents pays et régions du monde. C’est pourquoi, et dans le contexte de notre engagement vis à vis de la paix et de la sécurité internationale, mon pays continuera de participer à ces activités en envoyant du personnel militaire et de police. Nous continuerons donc de participer aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, nous continuerons de faire de grands efforts pour renforcer notre participation grâce au déploiement d’unités sous notre bannière. Par ailleurs, nous soutiendrons toutes les initiatives qui permettront d’assurer la participation des femmes dans les différents contingents conformément aux dispositions de la résolution 1325 du conseil de sécurité et des autres résolutions qui ont suivi.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, je souhaite pour finir rappeler les objectifs et principes de la charte des Nations Unies. Nous devons comprendre que ces principes continuent d’être en vigueur et doivent être respectés par tous les Etats membres de l’organisation et ce, en passant par les processus de changement que nous avons déjà entamé. Dans ce contexte, il convient de signaler que le processus de détente entre Cuba et les Etats Unis a eu des résultats positifs, non seulement en ce qui concerne les relations ente les deux Etats, mais également pour tout le continent. Le Salvador se félicite du rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les Etats Unis d’Amérique. Nous espérons que dans cet environnement favorable, la volonté manifestée qui consiste à lever le blocus économique, commercial et financier contre Cuba deviendra une réalité et ce, dans les plus brefs délais. Je suis convaincu que grâce à notre volonté et grâce à nos efforts, nous pourrons tous construire un ordre international fondé sur la paix et sur la sécurité, le développement durable, la protection des droits de l’Homme, l’éradication de la pauvreté et la réduction des inégalités. Le Salvador est prêt à faire face à ce défi et déterminé à contribuer à cet objectif.

Merci beaucoup.

Source : ONU 10/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

Source: http://www.les-crises.fr/70e-ag-onu-bolivie-equateur-uruguay-salvador/


[70e AG ONU] Afrique du Sud + Nigéria : “Il faut renforcer les mécanismes de lutte contre les paradis financiers, afin que les pays récupèrent les fonds qui leur ont été volés. “

Sunday 18 October 2015 at 00:05

Afrique du Sud – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. M. Jacob Zuma, Président de la République d’Afrique du Sud, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

Excellence Monsieur Mogens Lykketoft président de l’Assemblée générale, Excellence Monsieur le secrétaire général des Nations unies Monsieur Ban Ki-moon, Majesté, Excellence, Mesdames et Messieurs les délégués,

Monsieur le président, je souhaiterais vous féliciter, vous et votre pays le Danemark, à l’occasion de votre élection en tant que président de la 70e session de l’Assemblée générale. Vous pouvez compter sur le plein appui de l’Afrique du Sud durant votre présidence. Nations unies

Le thème que vous avez choisi, les Nations unies, en 70 ans la voie à suivre, pour la paix et la sécurité et les droits de l’Homme, est un thème qui intervient de manière très opportune, un thème pertinent dans le contexte des défis mondiaux auxquels le monde fait face aujourd’hui.

En outre je souhaiterais exprimer toute notre reconnaissance au président de la 69e session de l’Assemblée générale, monsieur Sam Kutesa de la République de l’Ouganda, je le remercie de la façon exemplaire avec laquelle il a représenté l’Afrique en dirigeant les travaux de l’Assemblée générale.

Monsieur le président, le 70e anniversaire des Nations unies représente un moment historique dans l’histoire de la gouvernance mondiale. La charte des Nations unies reprend par ses buts et principes les aspirations des populations opprimées de par le monde. Nous souhaiterions également saluer le rôle de l’Assemblé générale des Nations unies depuis 70 ans. Ancrée dans les principes de l’égalité souveraine, l’Assemblée générale des Nations unies est l’institution internationale la plus représentative et l’organe le plus représentatif des Nations unies. Au fil des ans, l’Assemblée générale est restée au centre de la fourniture d’aide et d’appui aux plus défavorisés, aux marginalisés, aux peuples occupés, colonisés, opprimés de par le monde. Cette auguste instance a appuyé la lutte de l’Afrique du Sud lorsqu’elle a déclaré que l’apartheid était un crime contre l’humanité. Monsieur Oliver Tambo, l’ancien président du mouvement de libération, le congrès national africain, a pris la parole devant l’Assemblée générale des Nations unies, à cette même tribune le 26 octobre 1976, et il s’est adressé aux Nations unies à d’autres occasions encore. Bien d’autres Sud africains éminents ont eu la possibilité dans le cadre des Nations unies de défendre notre recherche de liberté. Les Nations unies ont ainsi donné une voix à ceux qui n’en avaient pas. L’Afrique du Sud libre a été honorée par le fait que l’on a déclaré le 18 juillet comme journée internationale Mandela, c’est un honneur pour notre président fondateur, pour cette icône mondiale qu’est le président Nelson Mandela.

Alors que nous commémorons le 70e anniversaire des Nations unies, je souhaiterais, au nom du peuple de l’Afrique du Sud, exprimer toute notre reconnaissance au monde. Merci d’avoir contribué à nous libérer des chaînes de l’apartheid, à nous libérer du racisme institutionnalisé.

Monsieur le président, l’Assemblée générale des Nations unies continue de donner une voix à ceux qui n’en ont pas et à ceux qui sont opprimés. Lors d’un rebondissement historique, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution pour permettre au drapeau palestinien de battre devant le siège de l’ONU. Cette résolution a été adoptée avec une large majorité. Elle a été appuyée par de nombreuses nations. Des nations venant tant du nord développé que du sud. Il ne peut y avoir aucune paix, aucune sécurité, aucun développement au Proche-Orient sans que la question palestinienne ne soit réglée. Il faut trouver une solution et ce, de manière urgente. Si nous remettons cela à plus tard, dans une décennie, nous n’aurons peut-être plus de territoire pour justifier la solution de 2 états.

Monsieur le président, ce 70e anniversaire historique des Nations unies représente une possibilité de réfléchir à la structure et au fonctionnement de l’organisation. Cette année, soulignons-le, marque le 10e anniversaire de l’adoption du document final du sommet mondial en 2005, où on avait abordé la question de la réforme des Nations unies. Un nombre important de décisions portant sur cette réforme ont été mis  en œuvre depuis ce sommet et notamment les points suivants :

. le remplacement  de la Commission des droits de l’Homme par le Conseil des droits de l’Homme, un organe plus efficace

. la création de la commission de consolidation de la paix en tant qu’organe subsidiaire tant de l’Assemblée générale que du Conseil de sécurité des Nations unies.

. La réforme et la simplification du système de gestion des Nations unies.

. L’intégration du concept de l’égalité hommes/femmes grâce à la création d’ONU Femmes

. Une norme issue des membres qui aient la responsabilité de protéger afin d’aider les peuples  faisant face aux génocides, aux crimes contre l’humanité, aux crimes de guerre et à l’épuration ethnique.

Nous nous félicitons de ces progrès remarquables. Cependant il nous faut constater que pratiquement aucun progrès n’a été réalisé pour ce qui est de l’engagement pris par les chefs d’état et de gouvernement en 2005, un engagement concernant la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies. Il est inacceptable et injustifiable que plus de un milliard de personnes sur le continent africain continuent d’être exclues et ne sont pas membres permanents de la structure essentielle de prise de décisions des Nations unies c’est à dire le Conseil de sécurité.

Un continent qui a une population inférieure à celle de l’Afrique est représenté par 3 pays au Conseil de sécurité des Nations unies en tant que membre permanent. C’est injuste. Les Nations unies ne peuvent faire semblant que le monde n’a pas changé depuis 1945. Nous ne sommes plus des colonies, nous sommes des états libres, indépendants et souverains. Nous nous félicitons du fait que les encouragements vers la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies déployée par l’Afrique est eu une incidence, que cela ait donné un certain élan au processus de négociation inter-gouvernemental, qui s’est penché sur la réforme Nous continuerons d’œuvrer avec des états progressistes pour arriver à l’élargissement de la représentation de cet organe.

Monsieur le président, une autre question essentielle qui mérite toute l’attention des délégations, c’est la sélection du secrétaire général des Nations unies qui est désigné par l’Assemblé générale sur recommandation du Conseil de sécurité des Nations unies. Un examen de ce processus est nécessaire pour permettre une participation qui aura plus de sens, une participation de l’assemblée générale à ce processus.

Monsieur le président, vous avez épinglé les droits de l’Homme, la gouvernance, l’état de droit et l’égalité hommes/femmes comme des zones importantes sur lesquelles il fallait se pencher davantage durant la 70e session de l’Assemblée générale des Nations unies. Nous devons faire front sur ce travail qui a déjà été entrepris, visant à élaborer cette liste de droits des Nations unies en 1948 pour renforcer la protection dans des zones comme le racisme, la discrimination à l’égard des femmes, la promotion des droits de l’enfant et des droits des personnes avec un handicap. Nous pensons également que le système des Nations unies concernant les droits de l’Homme, notamment son Conseil des droits de l’Homme, devrait assurer un équilibre entre les droits civils et politique, et également les droits économiques, sociaux et culturels, notamment le droit au développement. Le Conseil des droits de l’Homme doit également être vu comme un mécanisme indépendant et impartial pour ancrer la culture des droits de l’Homme dans le monde entier. Le Conseil des droits de l’Homme devrait éviter de répéter les erreurs de son prédécesseur, la Commission des droits de l’Homme, qui était envahie par la politisation et qui était prise entre le marteau et l’enclume, entre les pays développés et en développement.

Cette année marque également le 50e anniversaire de la Convention internationale sur l’élimination de  toutes les formes de discrimination raciale. L’année 2015 nous permet de commémorer le 60e  anniversaire de l’adoption de la Charte de la liberté d’Afrique du Sud qui reprend les principes et les valeurs fondamentales qui sont consacrés par notre constitution. L’Afrique du Sud continuera de mener un plaidoyer au sein du système des droits de l’Homme des Nations unies pour combattre le fléau du racisme, de la xénophobie, de la discrimination raciale et autres intolérances et pour appuyer tout ce qui vise à promouvoir une véritable égalité à l’échelle mondiale.

Monsieur le président, ce 70e débat général se tient dans un contexte de préoccupation internationale croissante face à la monté de l’extrémisme violent, du terrorisme, face à des brutalités indicibles que nous condamnons dans les termes les plus forts. Nous nous félicitons des réunions qui se tiendront en marge de l’Assemblée générale afin d’examiner les progrès réalisés dans la lutte contre le terrorisme au Proche-Orient et dans le nord de l’Afrique. Nous souhaiterions souligner que le Conseil de sécurité des Nations unies doit tenir compte des points de vue du continent africain et de ses organisations sous-régionales lorsque il se penche sur les conflits en Afrique dans l’avenir. La situation actuelle en Libye et dans la région du Sahel est une conséquence directe du fait que certains membres du Conseil de sécurité des Nations unies n’ont pas suivi les conseils émanant de l’Union africaine. Le concept de responsabilité de protéger à été mal utilisé pour faire progresser des intérêts politiques étroits, des intérêts, disais-je, qui n’avaient rien à voir avec les aspects fondamentaux de la prévention d’atrocité de masse. La crise des réfugiés que connaît l’Europe aujourd’hui est malheureusement le fruit immédiat de la militarisation de certains troubles civils, notamment le fait d’avoir armé massivement des civils et des groupes de l’opposition en Libye et en Syrie et également dans d’autres pays touchés. Il faut dire que ce problème est anthropique et donc il est essentiel que lorsque l’on parle de l’extrémisme violent et du terrorisme dans certaines régions d’Afrique et au Proche-Orient, que l’on examine les causes premières du problème et qu’on ne se borne pas à examiner les symptôme. Ce qui mérite également toute notre réflexion, c’est cette doctrine du changement de régime et son rôle dans la continuation des conflits et de l’instabilité dans certaines parties de notre continent et dans le monde.

Monsieur le président, nous nous félicitons de l’accord de paix récemment signé entre les parties au Soudan du Sud. Nous exhortons les Nations unies et toutes les parties prenantes d’appuyer le peuple soudanais alors qu’il œuvre pour résoudre les défis actuels. Nous réitérons notre appui au peuple du Sahara occidental et nous exhortons la communauté internationale d’appuyer leur lutte pour l’auto-détermination pour la liberté, les droits de l’Homme et la dignité.

Nous nous félicitons également du rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis, et la libération des cinq cubains. Nous réitérons notre appel pour que l’embargo financier et économique soit levé afin d’aider le peuple cubain à obtenir leur liberté économique.

Nous saluons la contribution de sa sainteté le pape François au processus de normalisation entre Cuba et les États-Unis. Nous nous félicitons grandement de la contribution du Saint Père de manière générale dans sa recherche de paix, de justice pour mettre fin à la pauvreté et aux souffrances comme il l’a dit avec éloquence à l’Assemblée générale et dans d’autres instances.

Monsieur le président, nous félicitons les Nations unies de leur rôle essentiel, ce rôle que cette auguste instance a joué en matière de maintien de la paix et nous insistons pour que des ressources soient allouées aux Nations unies pour ce faire, notamment en Afrique.

Monsieur le président, Majesté, Excellence, l’échec de la conférence d’examen du traité de non prolifération, le fait de ne pas être arrivé à un accord alors que l’on marque les 70 ans depuis la première utilisation de l’arme nucléaire au Japon, est un revers terrible dans notre engagement visant à libérer le monde des armes de destruction massive et notamment des armes nucléaires. Il est impossible de vivre en sécurité lorsqu’il y a des armes nucléaires. Les conséquences humanitaires qu’aurait l’utilisation d’une arme nucléaire que ce soit de manière accidentelle ou sciemment serait catastrophique pour l’humanité. Nous nous félicitons de l’accord conclu récemment portant sur le programme nucléaire iranien. Nous nous félicitons de la reconnaissance du droit à l’Iran  à utiliser pacifiquement l’énergie nucléaire.

Monsieur le président, la 70e session de l’Assemblée générale des Nations unies a adopté le programme de développement de l’après 2015. Le document final représente une victoire pour le monde en développement. En effet, il affirme que le programme à l’horizon de 2030 doit faire fond sur les tâches qui n’avaient pas été terminées au titre des OMD. En outre le programme de développement à l’horizon 2030 est universel car les objectifs de développement durable qui ont été adoptés s’appliquent aux pays développés et en développement. Il a été clairement reconnu que le principe des responsabilités communes mais différenciées et des capacités différentes étaient essentielles. La déclaration contient également un objectif spécifique pour arriver à l’égalité hommes/femmes et assurer l’autonomisation des femmes et des jeunes filles. Ceci est particulièrement opportun, étant donné que cette année nous commémorons le 20e anniversaire de la Plate-forme d’action de Beijing et le 15e anniversaire de la résolution des Nations unies sur les femmes, la paix et la sécurité.

Monsieur le président, étant à l’origine de la Plate-forme de Durban pour une action renforcée par le biais de laquelle le cycle des négociations actuelles au titre de la Convention-cadre sur le changement climatique se tient, l’Afrique du Sud a un intérêt tout particulier et un engagement spécifique par rapport au succès de la conférence de Paris au mois de décembre. Nous demandons que soit appliqués trois volets du mandat de Durban. En d’autres termes,

. Combler la lacune actuelle avant 2020 en respectant les obligations juridiques existantes par les pays développés et une action renforcée.

. L’entrée en vigueur de la 2e période d’engagement du protocole de Kyoto.

. L’adoption d’un nouvel accord pour la période après 2020, à Paris, qui contiendrait tous les éléments essentiels, notamment les moyens de mis en œuvre, les mesures concernant les pertes et les dommages et des mesures de réponses. Nous souhaitons un accord juridiquement contraignant, ambitieux et équitable, à Paris, qui s’appliquerait à toutes les parties. En outre, pour l’Afrique du Sud, en tant que président du groupe des 77 et la Chine, un ensemble de mesures à Paris qui serait creux et vide sur le plan financier, ne serait pas acceptable. L’Afrique du Sud a présenté une contribution déterminée sur le plan nationale au secrétariat de la convention-cadre avant la date butoir du 1er octobre. Ce qui montre que nous sommes prêts à participer à la conférence de Paris.

Monsieur le président, nous nous associons au monde pour commémorer les 70 ans des Nations unies. Alors que nous commémorons cet anniversaire historique, la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies et le renforcement de l’Assemblée générale des Nations unies et d’autres organes restent essentiels. A la fin de cette 70e session, nous devrions être en mesure d’adopter une feuille de route disposant de calendriers clairs, applicables portant sur les priorités de cette organisation et sur la réforme de cette dernière. Nous devons agir ainsi afin que les Nations unies restent une force pertinente, une force de changement dans le monde.

Monsieur le président, avant de clôturer mon intervention, permettez moi de souligner les offres présentées par la Chine, des offres qui doivent passer par les Nations unies. Mais la Chine a souligner l’appui qu’elle souhaitait apporter à l’Afrique pour arriver à 100 millions de dollars américains d’aide non militaire à l’Union africaine dans les 5 années à venir, afin d’appuyer la création d’une force permanente africaine et des capacité africaines pour une réponse immédiate aux crises. Nous souhaiterions souligner que cette offre est très bien venue par l’Afrique.

Merci beaucoup et veuillez m’excuser, j’avais un chat dans la gorge.

Source : ONU 11/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

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Nigéria – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. M. Muhammadu Buhari, Président de la République fédéral du Nigéria, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

Monsieur le Président de l’Assemblée générale,
Monsieur le Secrétaire général
Mesdames et Messieurs les Chefs d’État et de gouvernements

Mesdames et Messieurs les délégués

Mesdames et Messieurs

Monsieur le Président,

Au nom du gouvernement et du peuple du Nigeria,  j’aimerais vous féliciter ainsi que votre pays,  pour votre élection à la présidence de la 70e session de l’Assemblée  Générale des Nations Unies. Je voudrais également saluer votre prédécesseur, M. Sam Kahamba Kutesa ainsi que  le Secrétaire général, M. Ban Ki-Moon, qui  ont redoublé d’efforts  afin d’élaborer  le programme  pour le développement de l’après 2015 et pour maintenir notre engagement envers les idéaux des   Nations Unies. Je remercie M. Ban Ki-Moon de sa récente visite au Nigeria, visite au cours de laquelle  nous avons pu engager  des discussions extrêmement  utiles.

Monsieur le Président,

Il y a cinquante-cinq  ans,  presque jour pour jour, mon prédécesseur, le Premier ministre du Nigeria, AIhaji Tafawa Balewa,  s’est exprimé du haut de cette tribune  pour déclarer la volonté du Nigeria de développer et de maintenir des relations amicales avec tous les pays. Il a également assuré le monde de l’engagement de notre pays en faveur du  respect des  principes fondateurs des Nations Unies.

Monsieur le Président,

Mon pays, le Nigeria, est animé par cette conviction, même lorsque nous sommes parfois confrontés à des conflits territoriaux avec nos voisins. Nous respectons les principes internationaux, nous respectons l’état de droit ainsi que la Charte de cette organisation. Nous avons énormément contribué aux missions  de maintien de  la paix des Nations Unies. Moi-même en tant que  jeune officier, j’ai servi au Congo et au Liban. Le Nigeria a contribué aux efforts de maintien de la paix des Nations Unies en Éthiopie, au Libéria, en Sierra Leone et au Darfour.  En outre, nous sommes fiers de nos contributions à d’autres activités des Nations Unies, notamment au sein de  la Commission de consolidation  de la paix, du Conseil des droits de l’homme et de  la réforme du secteur de la sécurité.

Monsieur le  Président,

Nous sommes ravis de constater  que de nombreux pays  se sont  engagés à mettre en œuvre le programme de développement de  l’après-2015 ainsi que les objectifs du développement durable (ODD) en se dotant de  moyens de mise en œuvre. Ces cadres qui succèdent aux OMD ont été adoptés, Monsieur le Président, avec des ambitions extrêmement  élevées. Néanmoins, nous devons être à la hauteur des objectifs de coopération au sein de la communauté internationale d’ici l’année 2020. Il faut un véritable un appui universel.

Et ce parce que les ODD reflètent les espoirs et les aspirations du monde entier. J’aimerais  souligner que pour que ces ODD qui viennent d’être adoptés soient traduits dans la réalité, ils doivent être réalisables. Dans ce contexte, l’objectif principal  d’éradication de la pauvreté et de la réduction des inégalités doit être mis en œuvre,  grâce à un nouveau  partenariat international et grâce à des politiques concrètes et des mesures telles que soulignées dans le Programme  d’action d’Addis-Abeba. Heureusement, ces deux objectifs principaux  des ODD se retrouvent  au cœur du nouveau programme  de développement du Nigeria. Soulignons  Monsieur le Président, que les investissements étrangers directs sont complétés par l’aide publique au développement. Ceci est nécessaire et c’est souligné  dans le Programme d’action d’Addis Abbeba.  C’est essentiel  pour combler les lacunes de développement. A cet égard, j’aimerais  appeler les états  industrialisés à s’acquitter de  leur promesse  d’accorder 0,7%  de leur PIB pour l’aide au  développement. A l’exception du Royaume-Uni, j’ai cru comprendre, que tous les pays concernés ont répondu à cet appel. Dans le cadre des  ODD nous devons améliorer la vie des populations des pays  en développement, mais aussi de tous les pays.

Le Secrétaire général a  lui-même divisé  les ODD en six sections essentielles,  à savoir :

- la dignité
- la prospérité
- la justice
- le partenariat

- la planète

- et les peuples

Alors que nous nous penchons  sur notre histoire et que nous nous  rappelons  les terribles événements qui ont donné  naissance aux Nations Unies en 1945, j’aimerais  proposer un septième élément fondamental : la  Paix.

La paix,   Monsieur  le  Président, est chère au cœur des Nigérians. Nous luttons avec le Tchad, le Niger et le Cameroun contre Boko-Haram. Malheureusement,  cette lutte ne suscite pas l’attention de la communauté internationale, pas autant que les conflits au Moyen-Orient  alors que les souffrances sont tout aussi grandes. Il s’agit d’une guerre de valeur  entre le progrès et le chaos; en faveur de la démocratie et de l’état de  droit. Boko Haram se nourrit de la faiblesse  des innocents et se cache derrière une  interprétation tronquée de l’Islam. Boko Haram est bien loin des vrais principes de  l’Islam.

Beaucoup de mes collègues qui participent à ce débat souhaitent savoir ce que notre gouvernement compte mettre en œuvre  face à ce problème. Les amis du Nigeria et les investisseurs  étrangers doivent savoir  que nous avons l’intention de nous atteler à ce problème. Nous allons  lutter contre les inégalités qui découlent du chômage et des politiques du gouvernement précédent qui ont favorisé certaines personnes au détriment du plus grand nombre. Nous avons l’intention de mettre l’accent sur une éducation technologique de qualité en faveur du  développement et nous allons également jeter les bases d’un système de santé efficace pour la prise en charge  des personnes âgées, des personnes les plus défavorisées et des infirmes. Aujourd’hui la lutte contre le terrorisme est notre principale priorité.

Le nouveau gouvernement du Nigéria que je préside a l’intention  d’élaborer une stratégie solide pour éradiquer Boko Haram. Le Nigeria ainsi que ses voisins le Tchad,  le Cameroun,  le Niger et le  Bénin coopèrent ensemble  afin de lutter contre  cette menace commune au sein du  cadre régional de la Commission du Bassin du Lac Tchad. Nous avons créé une équipe multinationale spéciale afin de lutter et de vaincre  Boko Haram. Nous  avons pu chasser  les troupes de Boko Haram de la plupart de leurs bastions, nous avons pu arrêter  beaucoup  de leurs responsables et libérer des  centaines d’otages.

Monsieur le Président,

L’un de nos principaux objectifs est de sauver les jeunes  filles de Chibok afin  de les ramener en vie et en bonne santé. Nous n’épargnons aucun effort  pour garantir  leur sécurité et pour qu’elles retrouvent leurs familles. Ces jeunes  filles sont constamment dans nos esprits et dans nos projets.

Monsieur le Président,

Le terrorisme est loin d’être la seule menace qui sape le bien-être de nos sociétés dans le monde. On peut penser à la  corruption,  la  criminalité financière  transfrontalière, la cybercriminalité, le trafic d’êtres humains, la diffusion des  maladies transmissibles, les changements climatiques  et la prolifération des armes. Voilà autant  de défis du 21ème siècle que la communauté internationale doit relever collectivement.

Permettez-moi de réaffirmer notre engagement inébranlable en faveur de la lutte contre la corruption et les flux financiers illicites. Sans aucun doute,  la corruption et les crimes financiers transfrontaliers sont des obstacles au développement, à la croissance économique,  à l’épanouissement et au  bien-être des citoyens du monde entier. Le Nigeria est prêt  et à l’intention d’établir des partenariats  avec  les agences internationales et les pays de façon bilatérale,  afin de lutter contre la criminalité  et la corruption. J’appelle tout particulièrement la  communauté internationale  à redoubler immédiatement  d’efforts et à  renforcer les mécanismes de lutte contre les paradis financiers, afin que les pays récupèrent les fonds qui leur ont été volés.

Monsieur le Président,

Le monde est également  confronté à un nouvel enjeu : la traite des êtres humains. C’est un fléau qui sévit depuis longtemps mais qui a  pris  une nouvelle dimension.   En Afrique,  nous sommes choqués  de voir des réseaux internationaux  abuser  d’hommes et de femmes  fuyant vers l’Europe et qui souvent meurent noyés  dans la Méditerranée. Nous condamnons dans les termes les plus forts et les plus fermes ces passeurs et nous appuyons  toutes les  mesures visant à les  traduire en justice. Dans le même temps, nous saluons  les gouvernements européens, notamment l’Italie et l’Allemagne, qui font preuve de   compréhension et qui traitent  avec  humanité  ces réfugiés. L’année dernière, notre continent a du faire  face à l’épidémie du virus Ebola. Nous remercions très sincèrement la communauté internationale pour les efforts collectifs visant à éradiquer cette maladie mortelle. Nous ne sommes pas encore sortis de la crise, mais nous aimerions saluer tout particulièrement les  États-Unis, le  Royaume-Uni, la France et la Chine pour leur  assistance dans la lutte contre l’épidémie d’Ebola et dans les soins apportés aux  personnes infectées en coopération avec les pays d’accueil.

Monsieur  le Président,

Le Nigeria a souscrit et a entériné les objectifs  13,14 et 15 des ODD concernant les changements climatiques. Au Nigeria, la désertification et l’érosion des sols ainsi que leur  dégradation conduisent à la perte de la biodiversité et constituent  de véritables menaces pour notre environnement. Sous l’égide  de la Commission du bassin du lac Tchad nous avons adopté une  approche régionale pour relever ce défi. Nous nous réjouissons de la tenue du  Sommet sur le climat à Paris en Décembre 2015. Ce sommet devrait revigorer  l’optimisme de l’humanité dans sa lutte contre cette  menace à laquelle toutes les  communautés sont confrontées.

Monsieur le Président,

Nous assistons à une augmentation terrible des conflits favorisés  par la disponibilité des armes de petit calibre.  J’appelle  tous les pays membres à respecter les principes de  la charte des Nations unies. Tout d’abord, il faut mettre en œuvre le traité sur le commerce des armes. Cela garantira  le transfert uniquement légal de ces armes. Les trafiquants d’armes et les trafiquants d’êtres humains constituent deux fléaux que l’humanité  doit éradiquer.

Monsieur le Président,

Alors que  nous procédons à  ces débats annuels, nous ne devons pas oublier  les principes qui ont conduit à la fondation de l’Organisation des Nations Unies. Parmi ces principes on retrouve  la coexistence pacifique et le droit à  l’autodétermination des peuples. Dans ce contexte, Monsieur le Président, la question non résolue du droit à  l’autodétermination du peuple palestinien et du Sahara occidental,  deux nations, qui d’après les Nations Unies devraient pouvoir réaliser ce droit inaliénable,  doivent voir lever tout obstacle qui reste sur cette voie. La communauté internationale a décidé de résoudre la question palestinienne grâce à  la solution de deux États -qui reconnaît le droit légitime de chaque État à exister en paix et en sécurité. Le monde n’a plus d’excuses ou de prétextes  pour reporter la mise en œuvre de la liste extrêmement longue des résolutions du Conseil de sécurité sur cette question. Nous n’avons plus le droit non plus,   de refuser à ces peuples de mettre fin à l’occupation et au blocus

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs  les délégués des états membres,

Les nations unies célèbrent leurs 70 ans.  Et l’on peut compter bien  plus de  70  grandes réalisations  obtenues grâce aux Nations Unies. J’espère que dans les 70 prochaines années, les Nations Unies parviendront à contrôler les changements climatiques, à éliminer les maladies transmissibles, à lutter contre les grands conflits  et les conflits locaux et par conséquent à  éliminer le problème des réfugiés. J’espère que nous prendrons des mesures pour réduire  les disparités et les  inégalités entre les nations et  au sein des nations et surtout, j’espère que nous pourrons éliminer les armes nucléaires.

Monsieur le Président,

Etant donné que c’est la première fois que je m’adresse à  cette Assemblée, je vous remercie ainsi que les délégués,  de m’avoir écouté avec autant de patience. Je vous remercie.

Source : ONU 11/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

Source: http://www.les-crises.fr/70e-ag-onu-afrique-du-sud-nigeria/