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[70e AG ONU] Bolivie + Equateur + Uruguay + Salvador : “nous sommes convaincus que le capitalisme n’est pas la solution pour la vie et encore moins pour l’humanité.”

Sunday 18 October 2015 at 01:42

Bolivie – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. M. Evo Morales Ayma, Président de l’État plurinational de Bolivie, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

Merci

Cher frère, président de l’Assemblée, je salue tous les présidents et délégations rassemblés à l’Assemblée des Nations Unies.

Je me félicite de pouvoir être ici pour au nom de mon peuple pour pouvoir dire ce que nous ressentons, ce que nous connaissons, ce que nous faisons en Bolivie.

Comme tout le monde l’a dit, cela fait soixante-dix ans que les Nations Unies ont été fondées. Il y a soixante-dix ans, comme ils l’ont dit, l’on a fondé les Nations Unies pour parvenir à la paix après la guerre mondiale.

Il est important de procéder à l’évaluation économique, politique, sociale et culturelle et environnementale. Alors que les Nations Unies fêtent leur soixante-dixième anniversaire, qu’ont fait les Nations Unies ?

Soixante-dix ans plus tard, il y a encore des guerres.

Soixante-dix ans plus tard, il y a encore des invasions.

Et quelles sont les origines de ces invasions, de ces guerres sur certains continents ?

L’ambition de quelques régions, de quelques nations, les politiques visant à concentrer le capital entre quelques mains de pays dirigés de quelques oligarchies avec le soutien des multinationales. Et donc soixante-dix ans après la fondation des Nations Unies, l’on n’a pas atteint les objectifs de paix et de stabilité dans le monde.

Ce matin nous avons entendu plusieurs interventions.

Le président Obama, d’autres présidents d’autres continents ont tous dit : «  Nous voulons la paix. » mais je puis vous dire mes frères, mes sœurs et je le dis aux peuples du monde, il n’y aura pas de paix sans justice sociale.

Ils ont critiqué le terrorisme des groupes armés sur les différents continents alors que certaines puissances cherchent à savoir comment régler ces problèmes. J’ai entendu des interventions qui condamnent les mouvements sociaux et qui prennent des mouvements sociaux pour des terroristes.

Moi je viens d’un mouvement social, je viens d’un mouvement autochtone et les mouvements sociaux ne sont pas terroristes. Nous contribuons à la paix sociale ce qui débouche sur l’égalité, la dignité, la justice.

Et je puis également vous dire qu’au cours des soixante-dix années, certains défendent encore le capitalisme. Moi, je puis vous dire que le capitalisme a échoué, c’est un modèle qui a échoué.

Depuis ce matin, tout le monde nous parle de la crise humanitaire, la crise financière, énergétique, alimentaire.

J’ai entendu plusieurs interventions, la moitié des habitants de la planète souffre de famine. Des milliards, des milliards de ressources économiques qui viennent détruire la terre nourricière qu’on appelle en occident la planète Terre.

Ils veulent réduire le réchauffement climatique avec 100 milliards de dollars. Savez-vous combien d’argent est gaspillé pour détruire la planète ? Combien de milliards de milliards sont gaspillés pour envahir des pays ?

J’ai écouté avec attention les propos de mon frère Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations Unies qui déplorait ce que traversait le peuple libyen et syrien.

A cause de qui ces peuples libyen et syrien vivent si mal ? N’oublions pas que le gouvernement des Etats-Unis a fait tomber Kadhafi et comme aujourd’hui il parlait de tyran.

L’opération militaire de l’OTAN visait peut-être le président de l’époque. Mais l’objectif n’était pas vraiment Mr Kadhafi. Le vrai objectif, c’était le pétrole libyen.

Posez-vous la question, mesdames et messieurs : à qui appartient le pétrole libyen ? Est-ce qu’il appartient au peuple libyen, à l’État libyen ou finalement à quelques transnationales nord-américaines, européennes ?

Imaginez-vous un peu. Ils utilisent de faux prétextes pour intervenir et maintenant pauvre peuple libyen détruit à ce moment-là, il ne nous intéresse plus du tout, dès lors que les ressources économiques ou les ressources naturelles sont d’ores et déjà dans les mains des multinationales.

Ça c’est le capitalisme. Je pourrai vous parler de tous les pays envahis avant la fondation des Nations Unies, dans les Andes, ou après. On pourrait encore parler de la Syrie.

Voilà pourquoi mes frères, mes sœurs ici présents, de par le monde, nous sommes convaincus que le capitalisme n’est pas la solution pour la vie et encore moins pour l’Humanité.

Parfois, on nous fait le reproche en tant que présidents de ne pas dire la vérité, de ne pas dire ce qui se passe vraiment dans le monde. Moi, je puis vous dire mesdames, messieurs, alors que certains croient mieux vivre, avec cette politique on ne pourra régler les problèmes sociaux ni les questions humanitaires. Le bien-vivre, comme le disait également notre frère le président de l’Equateur, le bien-vivre, c’est la synthèse du socialisme communautaire. Le mieux-vivre, c’est la synthèse du capitalisme. Il y a une nette différence.

Dans le bien-vivre, je puis vous dire, mes frères et sœurs, c’est vivre dans la solidarité, dans la complémentarité, en solidarité avec l’être humain mais en harmonie également avec la terre nourricière. Pour nous, issus des mouvements sociaux notamment autochtones, c’est la terre nourricière, la mère-terre. Nous sommes tous convaincus que l’être humain ne pourra pas vivre sans la terre nourricière et la terre nourricière peut mieux vivre sans l’être humain.

Je tiens également à vous dire et certains ne comprendront certainement pas, mais dans cette façon de vivre, les services fondamentaux ne peuvent pas être privés.

C’est cette expérience que nous avons faite en Bolivie. Les services fondamentaux ont été également privatisés : l’eau privatisé, énergie privatisé, éclairage privatisé, télécommunication privatisé, et en vertu de la Constitution, nous avons convenu que les services fondamentaux étaient un droit de l’homme et ne pourraient jamais être privatisés parce que la vie en dépend. Je tiens également à vous dire que cette façon de bien vivre, nous sommes convaincus que les ressources naturelles ne pourront jamais être entre les mains des étrangers et de transnationales.

Je tiens à vous faire part d’une expérience. Après que le gouvernement a entendu l’appel du peuple le 1er mai 2006 pour rendre hommage aux travailleurs, nous avons nationalisé les hydrocarbures. Nous avons récupéré cette ressource naturelle. Nous avons dit pendant la campagne : «  il ne peut y avoir ici ni de propriétaires, ni de patrons. Peut-être juste des associés. »

Une donnée. Avant l’arrivée du gouvernement, la rente pétrolière était de trois millions de dollars ; depuis que nous avons nationalisé, l’année dernière notre rente pétrolière a atteint plus de cinq mille millions de dollars.

Imaginez seulement les montants qui nous ont été volé en Bolivie ! Des millions de dollars pour un pays qui compte dix millions d’habitants. Ce sont-là des ressources économiques essentielles à la libération économique.

Et voilà pourquoi nous sommes absolument convaincus que les ressources naturelles doivent appartenir au peuple sous l’administration de l’état. C’est l’expérience que nous avons faites et comment nous nous sommes libérés économiquement.

Voilà pourquoi mes frères, mes sœurs, nous ne croyons pas au capitalisme. Pourquoi intervenir dans un autre pays pour prendre possession de ses ressources naturelles et pour continuer d’accumuler le capital entre quelques mains ?

Deuxièmement.

Je tiens également à présent, à vous dire que nous avons une longue responsabilité à assumer en décembre de cette année à Paris, en France sur ces questions de l’environnement.

En tant que présidents, il est important de transmettre les propositions de nos peuples. Selon moi, il faut consulter mes frères et mes sœurs en Bolivie. Il faut adopter des politiques, des programmes et des projets permettant d’assainir la terre nourricière comme l’appelle aussi l’Occident. Si nous n’assumons pas cette responsabilité de sauver la terre nourricière, nous serons responsables pour les générations à venir.

Je tiens à vous faire part de mon expérience personnelle. Veuillez m’excusez de tant parler de moi mais quand je me rends à l’intérieur du pays de Bolivie, mes frères et mes sœurs ne savent même plus quand c’est le printemps, quand c’est l’été, quand c’est l’automne.

Un matin mes compagnons des tropiques, vers 02 heures 03 heures du matin, ils me disent : « Président, qu’est-ce que tu fais ? »

Je suis dans mon lit.

« Nous sommes en train de quitter la maison pour aller au fleuve. »

Pourquoi ?

«  Parce qu’il fait chaud, il fait tellement chaud qu’on arrive pas à dormir. »

Evidemment, on n’a pas encore de douche.

Et ils partent en famille à ces heures indues vers le fleuve pour se protéger de ces températures.

Et cela c’est avec moins d’une hausse de un degré Celsius de température. Qu’en sera-t-il quand on arrivera à une élévation de deux degrés Celsius selon certains experts ? Si on ne met pas un terme à un réchauffement d’ici 2030, on  pourrait voir une élévation de température de l’ordre de quatre ou cinq degrés.

Cher frère, chère sœur, les générations futures vont devenir anti-impérialistes, anticapitalistes parce que c’est là l’héritage du capitalisme.

Et maintenant le Nord me dit que nous sommes de simples gardes-forestiers, que… le Nord ne veut pas assumer ses responsabilités vis-à-vis des pays en développement. Donc c’est également là une responsabilité que nous devons assumer, voilà pourquoi, mes frères, mes sœurs, à Paris nous devons arriver avec un sens des responsabilités.

Comment sauver la terre nourricière ?

Nous invitons les personnes présentes, en tant que Bolivie nous allons organiser une  manifestation internationale des mouvements sociaux du monde entier qui auront lieu les 10, 11 12 Octobre (2015), la semaine prochaine. Nous vous invitons à y participer. Nous vous invitons à apporter des propositions. Il faut savoir ce que pensent les peuples. Il ne faut pas dépendre uniquement des initiatives de l’Empire d’Amérique du Nord ou des multinationales parce que rien ne sert de brandir des politiques extérieures.

Ce matin, j’ai entendu deux interventions très intéressantes, très différentes, du président Obama et du président de la Chine. Le président Obama pour garantir la sécurité de son état et des alliés, que nous disait-il et pour lutter contre le terrorisme que nous disait-il ? Il disait qu’il nous offrait la guerre et l’intervention. Et le président de la Chine, qu’est-ce qu’il nous offrait ? Aide et coopération ! Ce n’est pas un état expansionniste.

Nous, mouvements sociaux, nous sommes des mouvements qui misons sur l’unité, sur l’unité pour parvenir à la libération, l’intégration, pour parvenir à la libération et non pas à des politiques d’invasion pour dominer. Il y a de fortes différences !

Et je salue les propos du président de la Chine qui nous offre son aide et sa coopération. Nous saluons le sens de la direction de ce pays mais nous savons également par les médias, je pense que les Etats-Unis nous ont dominé vis-à-vis de la Chine, si la presse ne ment pas. Il faut que cesse cette volonté de dominer les peuples du monde l

Il est une question qui est au débat ce matin. Nous allons parler des modes de démocratie.

Moi, je vous dirai qu’il y a deux types de démocratie : il y a démocratie du peuple et démocratie des multinationales, démocratie des mouvements sociaux parce que chez nous les mouvements sociaux sont organisés. Et en quoi consistent ces démocraties des mouvements sociaux. ? Ce n’est pas seulement une démocratie participative ou représentative. Dans mon expérience de dirigeant syndical, avant syndicaliste, aujourd’hui président, nous avons toujours pris des décisions avec les dirigeants même s’il y a certaines différences. Certains secteurs sont très ambitieux même dans leurs exigences. Non seulement elles sont inaccessibles, ne sont pas appropriées mais, … ensemble l’on présente des politiques, on présente des programmes de responsabilités : c’est de répondre à ces propositions sociales, c’est de répondre à ces exigences.

Mais dans d’autres démocraties soit disant représentatives, le vote s’achève le jour des élections. Donc, soyons sincères, mes frères, mes sœurs, présidents, délégués, ministres ici présents. Celui qui gouverne, ce n’est pas le président Obama, ce sont les banquiers, les entrepreneurs, les multinationales. De quel type de démocratie parlons-nous alors ?

Tromper le peuple qui vote, pour après ne pas gouverner. J’ai entendu dans les médias qu’un candidat disait : «  Moi, je finance tout ! Les Républicains. Les Démocrates. C’est moi qui commande ! »

Ça ce n’est pas une démocratie. Ça c’est le capitalisme.

Et c’est là que se pose le grave problème de l’humanité. Et voilà pourquoi, nous en sommes convaincus, si nous voulons éradiquer la pauvreté, il faut éradiquer le système capitaliste. Il n’y a pas d’autres voies, mes frères et mes sœurs.

Et pas seulement ça. Ça va plus loin. J’en suis convaincu. Ce nouveau millénaire doit être le millénaire des peuples. Et ce n’est pas ni les monarchies, ni les hiérarchies, les monarchies, nous les respectons bien entendu, mais ce n’est pas les monarchies européennes ou américaines latines doivent.., ça doit cesser. Ce n’est plus l’époque, ce n’est pas… l’époque des oligarchies, ce n’est pas non plus l’époque de l’anarchie financière comme c’est le cas à l’heure actuelle.

Voilà pourquoi mes frères et mes sœurs, nous avons l’obligation, ensemble, de lutter contre ce problème.

Imaginez, soixante-dix ans après la formation des Nations Unies, … s’il n’y a pas de coup d’état militaire, il y a maintenant des coups d’état tout en douceur. On parle d’espionnage. L’on arrête des avions présidentiels. Dans quelle époque vivons-nous ? Il y a désormais des bases militaires. Voilà pourquoi mes frères et mes sœurs, franchement, moi je ne souscris pas à ces politiques. Et je ne sais pas… Les dissidents incarcérés disaient qu’on ne pouvait pas emprisonner les idées. Tant de terroristes, de délinquants, de criminels, de présidents qui ont violé les droits de l’homme après avoir tué, … des présidents corrompus. Et après aux États-Unis, l’on veut lutter contre le terrorisme, la criminalité, les trafiquants de drogue car ce sont des trafiquants de drogues corrompus qui ont violé les droits de l’homme, expulsés des États-Unis, jugés dans leur pays. Moi, je ne peux pas comprendre, c’est un cimetière de corrompus. Nous respectons les États-Unis mais voilà ce qui se passe. L’on exerce des pressions sur des autorités, sur des… gouvernements qui souscrivent à l’impérialisme et au capitalisme.

Mes frères, mes sœurs, je voulais également saisir cette occasion pour évoquer une question grave qui n’a pas été abordé par les présidents, par tous les présidents qui est sur l’immigration.

L’on présente les migrants comme des criminels. On expulse les migrants. Je puis vous parler en tant qu’habitant des Amériques. Il y a 500 ans, les européens nous ont envahis. Est-ce que nous on a dit qu’ils étaient des criminels alors qu’ils ont pillé nos ressources naturelles, qu’ils ont décimé les peuples autochtones. Il n’y a jamais eu de programmes pour les expulser, eux. Et maintenant qu’il y a quelques frères qui quittent l’Amérique latine pour se rendre en Europe, ou aux États-Unis pour aller travailler, ils sont jugés comme des criminels, ils sont persécutés.

Vous savez, mes frères, mes sœurs, dans le capitalisme, l’argent a ses paradis fiscaux. Et les êtres humains connaissent l’enfer de la misère. Expulsion des migrants ! Voilà pourquoi, mes frères et mes sœurs, je veux vous le dire, nous proposons de travailler tous ensemble pour créer une citoyenneté universelle. Nous avons tous le droit de vivre où que ce soit dans le monde. La mondialisation ne vaut pas uniquement que pour le commerce, pour l’argent. La mondialisation doit valoir pour tous les êtres humains sur cette terre. Et nos frères migrants ne peuvent jamais être expulsés. En Bolivie, on ne les expulse pas.

Les entreprises à présent ne  sont ni propriétaires ni associés, elles sont presque des services maintenant en Bolivie.

Mes frères, mes sœurs, une question très importante : le trafic de drogue, toujours lié au capitalisme. Nous avons nationalisé, en coopération avec les pays d’Amérique latine, nous avons nationalisé la lutte contre le trafic de drogue. Dans les données…, il est important de connaître les données des Nations Unies. Le trafic de drogue a été géré selon les intérêts géopolitiques. J’ai examiné les données des Nations Unis. Examinez-les ! Voyez les pays d’Amérique latine. Voyez les pays d’autres continents. Où il y a des bases militaires, où on investit des milliards de dollars. Quels sont les résultats ? Inexistants, voire une augmentation du trafic de drogue. Et là, nous avons nationalisé la lutte de trafic de drogue et en Bolivie, la situation s’est améliorée, sans base militaire, sans l’aide des États-Unis, sans les ressources économiques et du fait de la responsabilité partagée, devraient être fournie par les États-Unis, nous ne les réclamons pas, même si je salue la contribution de l’Europe non assortie de conditions qui voit le succès de notre lutte contre les stupéfiants.

Je puis une fois de plus, dire aux pays avec des gouvernements anti-impérialistes que l’on nous accuse de ne pas respecter les normes et d’être nous-même des trafiquants de drogue. Dans les pays où les gouvernements sont pro-capitalistes où s’est développé le trafic de drogue, on les félicite de leurs efforts. Mais quels mensonges. Je vous demande d’examiner les données. Penchez-vous sur les données des Nations Unies sur la lutte contre le trafic de drogue. Heureusement, d’autres pays ont bien compris les résultats que nous avons obtenus en Bolivie. Et l’on parle actuellement du modèle de lutte contre le trafic de drogue en Bolivie. On n’a jamais dit que l’on allait éradiquer la culture de la feuille de coca, mais on ne permet pas une libre culture de la coca, si on avait davantage de technologies, la situation serait bien meilleure qu’actuellement. Sachez-le : les anciens gouvernements m’ont laissé plus de 30 000 hectares de coca. Et cette année,… sans que le moindre paysan ne meure nous sommes parvenus à 20 400 hectares de coca. Sachez, connaissez ces données des Nations Unies.

Voyez les données des différents pays du monde. Mes sœurs, mes frères, je me fais l’écho de nombreux présidents pour saluer l’accord entre Cuba et les États-Unis pour nouer des relations diplomatiques. Mais, j’ai un souvenir que j’aimerai partager avec vous. J’espère que je ne vous fatigue pas.

Quand j’ai pris mes fonctions de président, la visite de l’ambassadeur des États-Unis, lorsqu’il y avait encore un ambassadeur des États-Unis, il m’avait donné des instructions. «  Président Evo, vous ne pouvez pas avoir de relations diplomatiques ni avec Cuba, ni avec le Venezuela ni avec l’Iran. » Très bien. Arrive un groupe de parlementaires des États-Unis qui me disent : «  Président, vous ne pouvez pas avoir de relations avec les 3 pays susmentionnés. » Bien entendu, j’ai balayé cela d’un revers de la main et j’ai dit que si nous avions des ressources économiques nous aurions des ambassades dans le monde entier, personne ne va m’interdire, à moi d’avoir des relations diplomatiques ou de ne pas en avoir avec tel ou tel pays. Depuis, je n’ai jamais accepté les instructions des États-Unis m’autorisant ou non à avoir des relations diplomatiques avec Cuba ou l’Iran.

Alors, je félicite maintenant les États-Unis d’avoir des relations diplomatiques avec l’Iran et Cuba. Il ne manque plus que le Venezuela. On peut espérer que bientôt ils auront des relations diplomatiques avec le Venezuela.

Non seulement,… il faut ces relations diplomatiques, ces échanges d’ambassadeurs, mais le peuple bolivien espère sincèrement que les États-Unis rendent Guantanamo à Cuba, que, une fois pour toute, cesse l’embargo. Le président Obama, ce matin, s’est engagé à lever l’embargo. Nous espérons qu’il joindra le geste à la parole.

Deuxièmement.

Le président Castro l’a très bien dit : lacélac nous avons déclaré une région de paix. Il y a peut-être un petit problème en Colombie, il y a les FARC. Heureusement, grâce au soutien, grâce  à la médiation cubaine, nous avons appris avec grande joie qu’il y avait un pré-accord entre les FARC et le gouvernement colombien. Nous saluons l’effort et la patience du président Santos de parvenir à un accord. Mais je tiens à dire aux compagnons des FARC, nous… ne faisons plus de révolutions avec des balles. L’on fait une révolution désormais démocratiquement, par des votes et par des idées et l’on peut changer la situation sociale, la situation économique sur notre continent mais sur d’autres continents également. Lorsque des groupes, des pans de la société ont raison et luttent  pour la dignité, la souveraineté, les peuples soutiennent cette lutte, cette proposition pour parvenir à la libération. Et nous saluons cet accord.

Il y a sur d’autres continents… il y a la question (des iles) Malvinas (Malouines). Et je peux vous dire mes frères et mes sœurs avec l’indulgence de l’Argentine, elles ne sont pas à Argentine, elles sont d’Amérique latine. Il y a tant, il y a des milliers de kilomètres, comment de si loin elle viendrait contrôler une ile qui est juste à côté de notre continent ? Que cela cesse et nous en appelons à votre compréhension. Et pour régler ce type de problèmes qui subsiste encore.

Il reste encore une question en souffrance, et je salue d’ailleurs notre frère du Chili qui me filme et qui suit cette intervention. Bonjour, mon frère du Chili.

Il y a 136 années, ce n’était pas la faute du peuple chilien, un groupe d’oligarques avec le soutien des multinationales anglaises nous envahit pour des raisons économiques. Simplement, pour vous rafraichir la mémoire, l’invasion eut lieu le 14 Février 1879. Un mois d’invasion, jusqu’au 23 Mars. Je ne vais pas m’attarder sur la question mais après tant de propositions, je déplore que la situation n’ait pas pu être réglée. Voilà pourquoi nous avons saisi la Cour Pénal Internationale à La Haye, une institution de justice, parce que la Bolivie est un pays pacifique, en vertu de sa constitution, nous n’avons pas une mentalité qui nous enclin à l’expansion, l’invasion de nos voisins. Voilà pourquoi nous avons saisi cette juridiction.

Malheureusement certains au Chili, pas tous, certains disaient qu’il n’y avait aucune affaire en souffrance avec la Bolivie. Récemment, il a été dit qu’il y avait une question en souffrance dans notre continent. Et La Haye s’est jugée compétente pour connaitre de l’affaire entre le Chili et la Bolivie, une question en souffrance. Et la Bolivie, avec humilité, simplicité et dignité a accueilli cette décision puisque la plus haute instance qui rend la justice dans le monde, qui a été créée par les Nations Unies a reconnu qu’il y avait là une question en souffrance. Et là, je m’adresse aux frères chiliens, au peuple chilien, nous ne voulons pas…il n’y a pas de perdants ou de gagnants, nous voulons régler par le dialogue cette question dans l’intérêt des peuples. Voilà notre souhait en tant que Bolivie.

Il ne s’agit pas de faire du mal à qui que ce soit. Nous sommes deux voisins, deux frères. Comment pourrions-nous nous affronter ? Nous voulons simplement parvenir à régler le problème mais je me félicite du soutien de tous. Je comprends bien cette grande solidarité des ex présidents, gouvernements, mouvements sociaux, institutions.

Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations Unies avait dit tout son soutien, il faut régler cette question. Pas uniquement (lui). Le pape François, Jean-Paul II lui-même, avaient soutenu. Quatre anciens présidents des États-Unis, trois prix Nobels de la paix avaient dit qu’il fallait régler cette question de l’accès à la mer. Ce n’est pas une revendication. C’est notre droit. Et tôt ou tard, en vertu de  la justice, nous aurons de nouveau, accès au Pacifique en toute souveraineté. Nous espérons que ce sera grâce à un dialogue concerté dans l’intérêt de nos peuples.

Mes frères, mes sœurs, en conclusion, je salue le travail des Nations Unies. Il y a deux semaines, les médias nous ont appris qu’ici les ambassadeurs, les délégués, et les représentants de gouvernement du monde entier avaient approuvé les principes régissant le mouvement autochtone andin amasouia : ne pas voler, ne pas mentir, ne pas être oisif, ne pas être paresseux. Mais ça mes frères, je puis vous dire que ces valeurs, elles viennent de ma famille. Elles viennent de ma famille. En tant que vice-président, président, on applique ces valeurs. Et voilà pourquoi la Bolivie a beaucoup changé. Nous sommes arrivés au gouvernement lorsque la Bolivie était l’avant dernier pays du continent, le dernier pays d’Amérique du Sud. Et grâce à la lutte du peuple bolivien, grâce aux mouvements sociaux, grâce à notre programme, nous ne sommes plus un petit pays mal vu comme avant, grâce aux politiques que j’ai évoqué rapidement.

Et voilà pourquoi ces valeurs : ne pas voler, ne pas mentir, ne pas être oisif doivent devenir une norme. Les valeurs permettant une gestion transparente, une gestion honnête au service des autres peuples du monde.

Au nom du mouvement autochtone de Bolivie et de la région andine, je vous remercie d’avoir adopté ces normes du peuple autochtone approuvées donc par les Nations Unies.

Je tiens également à saisir cette occasion pour saluer le travail conjoint effectué avec l’Argentine et le compte 77 et l’Assemblée Générale pour approuver les principes de restructuration de la dette souveraine et les limites devant être imposées à la voracité transnationale des fonds vautours, une façon supplémentaire d’étrangler les économies des peuples souverains que nous rejetons catégoriquement.

Il s’agit, ici, de défendre la souveraineté économique des différents pays.

Enfin, mes frères, mes sœurs, je tiens à remercier par ce message le pape François. Ma maman est coupable : elle m’a élevé dans le catholicisme. Et moi, j’ai grandi dans l’Église catholique et j’ai été déçu par l’Église catholique. Mais avec ce frère pape, ce frère qui remet en cause ce capitalisme, qui demande qu’on ne se soumette pas au Dieu Argent et bien je suis beaucoup plus catholique. J’ai retrouvé mon moral. Vraiment je salue ce message de paix envoyé par notre frère le pape François.

Je vous le dis, maintenant j’ai un pape. Mais je puis également vous dire, mes sœurs, mes frères, le pape François grâce à ces messes religieuses nous bénit… mais il respire, il vit. Nous nous devons de défendre et de protéger le pape François.

Je vous remercie mes sœurs.

Je vous remercie mes frères.

Source : ONU 10/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

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Équateur – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Nous  appuyons totalement la proposition de notre collègue, compagnon vice-président  costaricain,   que  le prochain secrétaire général soit une  secrétaire générale  et notre région a de grandes dames Mme Bachelet, Mme Kirchner, Mme Rousseff entre autres !

Merci d’être ici, c’est pratiquement un acte héroïque. Ce matin il y a eu 19 interventions ;  cet après-midi 16. Cela en  fait 34 avec deux heures de retard. Merci au personnel des Nations Unies pour son sacrifice. Je pense qu’il faut changer la méthode. Cela n’a aucun sens. Après la 3° séance,  qui écoute encore quand on arrive à  la conférence   trente quatre ?  Si en trois minutes je ne vous touche pas, je ne vous émeus  pas à ce moment-là,  demandez à quitter la salle. Donc merci, merci d’être ici. En tous cas, cela  aurait pu être pire, j’aurais pu être Evo Morales, qui lui prend la parole après moi. Cher ami, je te salue.

Intervention :

L’ONU est née le   24 octobre 1945  des cendres de la 2° Guerre mondiale  afin de veiller au maintien de  la paix et de la sécurité internationales. Face à l’holocauste,  nous estimions que  la paix était uniquement l’absence de guerre. Au XXI°, 70 ans plus tard,  la paix doit être surtout la présence : la présence de la justice, la présence de la dignité,  la présence du développement. Gandhi nous le disait déjà : «  la pauvreté est la pire    forme  de violence ».

La Communauté des Etats de l’Amérique latine et des Caraïbes, la CELAC a proclamé notre région Continent de paix mais  l’opulence insultante d’une poignée d’individus à coté d’une pauvreté intolérable sont autant d’atteintes quotidiennes à la dignité humaine. La paix sans justice n’est que pacification. Les 164 millions de personnes en Amérique Latine  qui vivent dans la pauvreté, dont 68 millions  qui vivent encore et toujours dans l’extrême pauvreté attendent  encore et toujours la justice,  la liberté et une vraie démocratie. Pas uniquement la possibilité d’organiser régulièrement des élections !

Surmonter la pauvreté, chers amis, voilà la principale  nécessité morale pour la planète. Car, pour la première fois dans l’histoire de l’Humanité, la pauvreté ne s’explique pas par un manque de ressources ou par des facteurs naturels mais bien  par des systèmes injustes d’exclusion,  qui sont le fruit de structures malsaines de pouvoir. Je l’avais déjà dit, le penseur français  Frédéric Bastiat  l’avait déjà dit, il y a deux siècles : « Quand le pillage devient un mode de vie pour un groupe d’hommes vivant dans des société, alors ces hommes, au fil du temps, se créent un système juridique qui    l’autorise, un code moral qui le glorifie » Et pour ceux qui veulent nous voler des concepts aussi  sublimes que celui  de « liberté », qu’ils comprennent bien : il n’y aura pas de liberté sans justice. Et ce d’autant plus dans des régions aussi inégalitaires  que l’Amérique latine, ce n’est qu’en cherchant la justice que nous parviendrons à une véritable liberté.

Voilà pourquoi,  nous ne pouvons nous satisfaire d’objectifs a minima,  à l’instar des objectifs du millénaire pour le  développement en 2015. Des objectifs  a minima reviennent à  légitimer la réalité actuelle ; le «  bénéficiaire » est inférieur aux autres  et il est impossible à ce moment-là de modifier la relation de pouvoir entre les sujets et les sociétés. Comme l’a dit le Secrétaire général Ban Ki -moom ce matin,  notre idéal n’est pas que la population soit en vie mais de lui donner une vie : une vie digne, une vie  pleine sur un pied d’égalité avec tout autre être humain. Nous pensons que les 17 objectifs de développement  durable 2015-2030 s’avoisinent de cette attente. Nous proposons  des objectifs  communs, pas uniquement  sur  un minimum de vie, mais bien sur des maxima sociaux le « sumak kawsay »  le « bien vivre » de nos peuples ancestraux.  Ce qui signifie vivre dans la dignité,  en satisfaisant des besoins fondamentaux en harmonie avec soi-même, avec les autres êtres  humains, avec les différentes cultures, en harmonie avec la nature.

Cependant, et comme nous l’avons dit ici même hier,  l’absence dans le programme 2015-2030  d’un objectif portant directement sur la liberté de circulation humaine est une déplorable omission. Le paradoxe immoral qui veut que, d’une part, l’on promeuve la libre circulation des marchandises, des capitaux en recherchant la rentabilité maximale alors que, d’autre part, l’on pénalise la libre circulation des personnes qui cherchent un travail digne,  est purement et simplement intolérable et  indéfendable  sur le plan éthique. C’est là l’une des grandes incohérences de la mondialisation néo-libérale. Elle ne cherche pas à créer une société planétaire, elle cherche uniquement à créer des marchés planétaires. Elle dépend totalement du capital et non des êtres humains. La solution, ce n’est pas d’ériger davantage de frontières, la solution  c’est la solidarité, c’est l’humanité.  Ce sont des conditions propices à la prospérité, à la paix qui  découragent les migrations.

Une Grande nouveauté, c’est que, dans les objectifs du développement  durable, comme l’indique leur nom, l’on tient dûment compte du respect de la planète et globalement dans le monde l’on constate une amélioration de  l’efficience des processus de production. Il y a eu une  diminution de l’intensité énergétique mondiale, c’est-à-dire la quantité d’énergie nécessaire par unité de produit, la diminution donc a été de 1,2 % par an, entre 1971 et 2009 mais en dépit des progrès technologiques, en dépit de la dématérialisation de l’économie,  il y une plus forte consommation d’énergie mondiale. Les émissions ont été multipliées par 3,6 en 50 ans, ce qui représente une croissance annuelle moyenne de 2,6 %.  Si cette tendance venait à se conforter, dans 28 ans, les émissions actuelles auront doublé.Tout nous montre que la consommation d’énergie et la génération d’émissions sont directement proportionnelles au  niveau de revenu ;  ce qui signifie  que la consommation l’emporte sur l’efficience.

Un habitant des pays riches émet 38 fois plus de CO2  qu’un habitant des pays pauvres. Tout cela nous amène au principe  des responsabilités communes mais différenciées. Bien sûr il y a également un impact environnemental en lien avec la pauvreté  par exemple l’érosion des sols, l’absence de traitement des résidus solides etc.. Problème supplémentaire,  la différence entre les  rendements  énergétiques  dans  les  pays pauvres et dans les pays riches est abyssale. Et ce fossé se creuse au fil du temps, concrètement de 4 à 5 fois plus important  entre  1971 à 2010.Pour le combler, il faut avoir accès à la science, à la technologie. A  nouveau, il y a ici un fossé énorme entre les pays riches et les pauvres. Les pays riches,  chaque  année, déposent  1 million 360 mille demandes des brevets  alors que les pays pauvres, dans leur ensemble, en déposent 9 mille 170.

Les inégalités mondiales ne se reflètent pas  uniquement dans la répartition des émissions mais bien également dans l’impact sur les  changements climatiques et sur le   réchauffement mondial. Des pays tels que l’Equateur sont responsables de moins de 0,1 % du total des émissions de CO2 mais  subissent  les conséquences du  changement climatique. Par exemple,  le seul  pingouin   qui arrive à la ligne d’équinoxe  le spheniscus mendiculus, que l’on appelle communément le pingouin des Galápagos  est menacé d’extinction en raison du réchauffement des eaux marines superficielles. Voilà pourquoi il nous faut tendre à une déclaration  universelle  des droits de la nature ; le principal droit universel de la nature devrait être que la nature puisse continuer d’exister mais également qu’elle puisse continuer d’offrir  les moyens nécessaires à la vie pour que nos sociétés puissent vivre avec ce « sumak kawsay ». Voilà quelle doit être l’idée clef pour éviter un certain fondamentalisme : l’être humain n’est pas le seul être   important dans la nature, mais il n’en reste pas moins  le plus important.

Nonobstant ces responsabilités communes mais différenciées et le rôle que joue l’accès aux connaissances la science et  la technologie,  il existe actuellement, paradoxalement, une nouvelle et injuste  division internationale du travail. Les pays riches génèrent des connaissances qu’ils privatisent ; les pays pauvres ou à revenus intermédiaires produisent des biens environnementaux qu’ils conservent gratuitement. La connaissance en général est un bien d’accès libre, c’est-à-dire que l’exclusion est techniquement impossible ou très onéreuse. Pour éviter le libre accès, en d’autres termes, pour privatiser le dit bien l’on érige des obstacles institutionnels, à savoir des droits de propriété intellectuelle. Les pays du bassin de l’Amazonie produisent également des biens  d’accès libre, dans le cas présent des biens environnementaux qui régulent le climat mondial et sans lesquels la vie sur Terre se verrait nettement dégradée. Malgré cela,  les grands pollueurs mondiaux ne paient  rien   pour consommer ces biens et services environnementaux.

Et l’on croit parfois que la génération de biens   environnementaux se fait  sans coût. De  fait, c’est une production qui peut s’avérer extrêmement onéreuse. Pas en termes de coût direct mais dans le sens de ce à quoi nous renonçons pour produire ces biens environnementaux. Aujourd’hui nombreux sont ceux qui exigent que l’on n’exploite pas le pétrole en Amazonie  mais cela représente un coût énorme en termes de revenus non perçus. Chaque jour qui passe c’est un enfant qui ne va pas à l’école, c’est une communauté qui n’a pas accès à l’eau potable, ce sont des personnes qui meurent de maladies que l’on aurait pu éviter, de véritables pathologies  de la misère. Ce n’est qu’en compensant la consommation de biens environnementaux que nous n’aurions pas  besoin de plus de financement pour le  développement.

Voici encore une autre idée fondamentale alors qu’il est question de développement durable. Dans les pays pauvres,  la préservation de l’environnement  ne sera  possible que  si elle ne suppose  de nettes améliorations du niveau de vie de la population.  Comme l’a dit le  pape  François  dans son encyclique « Laudato Si » « une véritable démarche écologique soulève toujours le problème d’une démarche sociale ». L’accès à la science, à la technologie est essentiel pour les pays pauvres qui luttent contre les changements climatiques et contre la pauvreté. Il est capital, comme l’avait dit le président du Paraguay, Horacio Cartes, il est indispensable de déclarer que les technologies qui atténuent les changements climatiques et leur impact sont des biens publics mondiaux et il est  indispensable  d’en garantir le libre accès.

La nouvelle répartition internationale du travail, chers amis, est un    paradoxe total, les biens d’accès libre devraient être ceux qui n’ont pas de rivalité, de concurrence en termes de consommation, c’est-à-dire ceux qui n’ont pas de coût supplémentaires s’ils sont consommés par une personne supplémentaire. Par voie de conséquence, une fois qu’ils sont crées, plus le nombre de personnes utilisant le bien créé est élevé, mieux c’est. C’est normalement la caractéristique des connaissances, de la science, de la technologie. Comme l’a dit à juste titre George Bernard Shaw : « Si tu as une pomme et moi j’ai  une pomme, et que nous échangeons cette pomme, à ce moment-là toi et moi aurons chacun une pomme. Mais si toi tu as une idée  et que moi j’ai une idée, et que nous les échangeons  alors nous aurons chacun deux idées » Et à l’inverse, quand un bien vient à manquer ou est détruit au fur et à mesure qu’il est consommé, à l’instar des biens environnementaux, c’est  à ce moment-là qu’il faut en restreindre la consommation pour éviter ce que Garett Hardin  a appelé la « tragédie des biens communs ».

Pourquoi ne pas faire ce qui est évident ? Pire encore, pourquoi faire exactement le contraire ?  Parce que le problème n’est pas technique mais bien  politique. L’injuste nouvelle répartition internationale du travail, n’est rien d’autre que la logique perverse  visant à privatiser les bénéfices et à  socialiser  les pertes. Rien ne peut justifier cette démarche si ce n’est le pouvoir.Imaginons pendant un instant que la situation soit inversée : les producteurs de biens et de  services environnementaux seraient  les pays riches  et les pays pauvres ou aux revenus intermédiaires seraient les pollueurs. Qui pourrait douter du fait qu’ils ne nous auraient pas, y compris envahis,  pour exiger « une juste indemnisation » ?

C’est impressionnant, chers amis, mais le problème des changements climatiques pourrait être réglé à grand renfort de justice  dans le cas de l’environnement.  Mais malheureusement, comme le disait Thrasymaque dans son dialogue  avec Socrate : « La justice n’est que l’intérêt du plus fort » Fin 2015 nous allons organiser  la 21° conférence de Etats  des Nation Unies  à Paris. Si nous échouons, lors de cette conférence, si nous ne parvenons pas à des accords  contraignants pour protéger la seule planète que nous avons, nous pouvons commencer à enterrer  notre civilisation. Mais si  nous remportons  la victoire, nous organiserons la  22° conférence en pensant au cantique du premier manifeste écologique écrit en 1225 par Saint François d’Assise qui témoignait de toute sa reconnaissance à  «  frère le vent, à l’air, aux nuages, au ciel serein et à  tous  les temps »

Chers amis,  l’Equateur est empli d’espoir à la vue du rétablissement  des relations diplomatiques  entre Cuba et les  Etats-Unis. Nous espérons que cela conduira à la levée de l’embargo et au retrait de la base de Guantanamo. Ce ne sera pas là la concession d’un pouvoir quelconque mais bien le triomphe de la justice et de la dignité du peuple cubain. Nous avons entendu le président Obama dire qu’il proposait de lever  cinquante ans d’embargo non pas parce que c’est en violation du Droit internationale, du peuple cubain mais «  parce que ça n’a pas fonctionné ». Nulle concession ici. Mais cinquante ans de résistance ! Nos peuples n’accepteront plus jamais la tutelle, l’ingérence ou l’intervention. La mémoire de nos peuples est lacérée par les abus, la violence du passé, même si on nous demande de l’oublier, de nous concentrer uniquement sur l’avenir. L’Equateur soutient l’Argentine  dans sa  défense de ses  droits souverains sur les îles Malouines. Nous dénonçons ce néo colonialisme du XXI° siècle qui est  inacceptable.   Nous reconnaissons l’ Etat de Palestine qui doit être un état membre de notre organisation jouissant des pleins droits avec Jérusalem Est comme capitale dans les limites établies en 1967.  Nous nous félicitons des accords récemment passés  entre le gouvernement de Colombie et les FARC. L’Equateur aspire à la paix pour la Colombie et nous les soutenons dans cette entreprise.

L’Equateur dit toute sa  solidarité envers  le peuple Syrien,  victime d’un conflit qui a détruit des familles, des biens, des personnes. Certaines puissances ont fait fi du principe de non ingérence dans les affaires intérieures et  n’ont fait qu’exacerber la violence. Nous espérons pour le peuple syrien que sera rétablie la paix et nous rappelons que seul le peuple syrien peut choisir son avenir. L’Equateur est  très attaché à sa relation avec l’Afrique. Nous allons d’ailleurs accueillir le 4° sommet Afrique Amérique du Sud en mai 2016,  auquel tous les pays de ces deux régions sont invités.  En octobre 2016,  nous accueillerons  également la Conférence  Mondiale  sur les Installations et Développements Urbains Durables «  Habitat III », qui n’a lieu que tous les 20 ans, et lors de laquelle sera formulé le nouveau programme urbain. Nous sommes convaincus  qu’il existe un droit à une ville sans exclusive avec une croissance urbaine durable. Enfin, je tiens à saisir cette occasion qui m’est donnée pour dénoncer une fois de plus, aux yeux du monde, une catastrophe  environnementale 85 fois pire que l’accident du British Petroleum qui avait coulé   dans le Golfe du Mexique en 2010 et 18 fois pire que l’accident Exxon Valdez en Alaska en 1989. Je vous parle ici de la pollution causée  par Texaco, compagnie pétrolière qui a opéré en Amazonie équatorienne jusqu’en 1992, qui a été rachetée  par  la multinationale Chevron en 2001.

Chevron, troisième plus grande compagnie des Etats-Unis a fait l’objet d’une plainte, il y a 20 ans environ, déposée par la communauté  autochtone de l’Amazonie touchée par la pollution. Il s’agit d’une affaire purement privée : Communauté de l’Amazonie contre Chevron Texaco. Chevron a passé les dix dernières années à se battre pour ne pas être jugé devant les tribunaux de New York, lieu de domicile de l’entreprise mais  à être jugé sur les lieux de l’infraction dans la province de Sucumbios en Equateur. Cependant,  comme il a perdu le procès et  a été condamné à verser une importante somme, il a passé les dix dernières années à détruire ces mêmes tribunaux qu’il avait défendus avec un grand enthousiasme lorsqu’il pensait encore pouvoir les acheter. Il a dépensé des  centaines de millions de dollars dans une campagne mondiale visant à discréditer l’Equateur.

Les entreprises transnationales doivent cesser ces atteintes aux Etats et aux peuples du sud. L’Equateur lance un appel aux Etats membres afin qu’ils participent à l’élaboration d’un traité contraignant  pour sanctionner des entreprises  dès lors qu’elles portent atteinte aux Droits de l’homme ou qu’elles portent atteinte à la nature. Nous vous invitons à vous rendre en Equateur, à plonger votre  main dans les centaines de piscines  laissées par Texaco pour que vous ressortiez cette main couverte de  résidus de pétrole vingt ans après que la compagnie pétrolière a quitté le pays. C’est la main sale de Chevron.

Face à la superpuissance, aux milliards de dollars de Chevron Texaco, face à l’infamie de cette entreprise  corrompue et source de corruption, l’Equateur  utilisera l’arme  la plus mortelle qui ait  jamais inventée : la vérité.

Je vous remercie.

Source : ONU 10/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

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Uruguay – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. M. Tabaré Vázquez, Président de l’Uruguay, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

Madame la présidente,

Mesdames et messieurs les chefs d’états et de gouvernement,

Mesdames et messieurs les représentants de pays et d’organisations internationales,

Mes chers amis,

J’apporte devant cette enceinte, la plus grande et la plus représentative du monde d’aujourd’hui, le salut du peuple et du gouvernement de la république orientale d’Uruguay.

C’est un salut qui exprime notre passion pour la paix et la liberté, notre attachement à la démocratie, au droit, à la justice et à la solidarité, notre engagement dans le développement durable de notre pays et notre aspiration à une humanité qui – tant pis pour la redondance- ait en son cœur l’être humain, tous les êtres humains, hommes, femmes, sans aucune distinction.

Que tous soient égaux devant la loi et surtout que tous soient égaux face à la vie. Amis, mes chers amis, je suis uruguayen mais je ne suis pas ici pour vous parler des problèmes de l’Uruguay.

Je voudrais en toute modestie vous parler de problèmes qui concernent toute l’humanité.

Il y a quelques semaines, l’opinion publique mondiale a été très émue par l’image du corps mort d’un enfant jeté sur une plage, après que l’embarcation avec laquelle -comme tant d’autres victimes du conflit qui frappe son pays- il essayait de trouver dans le monde la protection à laquelle il avait droit ait fait naufrage.

La réaction internationale a été immédiate. Espérons qu’elle ne soit pas éphémère, que nous n’oublierons pas cette tragédie qui nous frappe et qui nous fait honte, que nous agirons avec détermination et efficacité pour rechercher des solutions au drame mondial de l’exode de ces millions d’êtres humains.

L’Uruguay, un pays qui a été alimenté par l’immigration, en tant que peuple qui a bénéficié de la solidarité internationale lorsqu’il en a eu besoin, reprend à son compte ce devoir auquel il ne peut se soustraire. Il est impérieux d’éviter que ne se répète cette tragédie, mais il est également essentiel d’attaquer les causes qui ont été à l’origine de cette tragédie.

Comme toujours, et ça ne vaut pas seulement dans le domaine de la santé, il vaut mieux prévenir que guérir. Prévenir en reconnaissant que les autres sont aussi notre prochain, ce qui va beaucoup plus loin que la tolérance. Prévenir en respectant et en promouvant les droits, tous les droits, en misant sur la démocratie comme forme de gouvernement et comme situation pour la société, en éduquant, en formant à une vie digne, à un travail décent et à une citoyenneté à part entière, en respectant la planète sur laquelle nous vivons et qui est la seule qui permette à l’espèce humaine de survivre. Si nous continuons de détruire ce monde, l’humanité n’aura plus nulle part où vivre.

Notre avenir, c’est également refuser tout type de terrorisme et de discrimination pour qu’il n’y ait plus d’enfant mort sur les plages dans le monde parce que qu’ils ne trouvent aucune protection et aucun lieu où vivre, c’est refuser le terrorisme et la discrimination d’où qu’ils viennent et quelles que soient les circonstances.

Prévenir, c’est également penser avec audace et agir avec sagesse en fonction des générations de demain. Mais comme il n’y a pas d’avenir sans présent, c’est également penser et agir en fonction de nos espérances à nous, de nos besoins et de nos possibilités.

Mes chers amis, il y a un instant, j’ai fait référence à la santé. Cela s’explique par mon expérience professionnelle puisque je suis médecin et qu’il y a encore peu de temps j’exerçais ma profession qui est également ma vocation. Mais je ne parle pas seulement d’expérience professionnelle.
En tant qu’homme d’état, je comprends parfaitement que la santé publique est un élément essentiel, essentiel, de la souveraineté des nations, un droit des personnes, un facteur de développement des sociétés et une responsabilité à laquelle les états ne peuvent pas se soustraire.

Dans ce domaine, nous sommes confrontés à une réalité préoccupante au niveau du monde entier.
D’après des études récentes et des rapports de l’organisation mondiale de la santé (OMS), premièrement la morbidité mondiale est davantage imputable aux maladies non transmissibles qu’aux maladies contagieuses, et deuxièmement, les maladies chroniques comme par exemple les cardiopathies et les accidents vasculaires cérébraux représentent actuellement les premières causes de décès dans le monde, si on ajoute à cela d’autres maladies non transmissibles, liés à notre mode de vie, cela représente plus de 60%  de la morbi-mortalité dans le monde est imputable aux maladies chroniques non transmissibles : maladies cardiovasculaires, cancer, maladies pulmonaires obstructives chroniques, diabète etc.

Il nous reste donc du pain sur la planche. C’est un travail qui ne connait pas de frontière, car le problème n’a pas de frontière et ne reconnait pas de frontière, à tel point que pour brosser le tableau à large trait de ce paysage mondial compliqué, il y a beaucoup de pays à revenu faible et moyen, en Afrique, en Asie, et même en Amérique latine, qui sont confrontés actuellement à une double charge de morbi-mortalité.
Il y a les maladies contagieuses qui les touchent férocement et les maladies chroniques non transmissibles qui, insidieusement, tuent notre population et également la malnutrition.

Les facteurs de risque de maladies non transmissibles comme l’obésité et le surpoids, surpoids qui touche également les pays riches. On estime que le cancer coute annuellement à l’Amérique latine, et ça peut être extrapolé aux autres régions du monde, 4 milliards 500 millions de dollars en cout direct : consultation médicale, études, diagnostics, traitement, médicaments, hospitalisation, soins palliatifs, etc., et en cout indirect : cout de transfert, hébergement, perte de journées de travail, et perte de productivité.

Cet argent pourrait être utilisé à des politiques sociales qui apporteraient une meilleure qualité de vie à la population, plus d’éducation, plus de santé, plus de logements décents pour tout le monde.

Ce n’est peut-être pas très sympathique de mentionner cela, mais cela relève d’une réalité qu’il faut transformer car si on n’adopte pas de mesure immédiatement, d’ici à 2030 il y aura 1 million de latino-américains qui chaque année mourront du cancer et qui représentera 7 millions au niveau mondial qui mourront de cancer, une maladie que l’on peut prévenir et qui si elle est diagnostiquée à temps peut être soignée.

Donc, chaque année, le cancer tuera plus de monde que la deuxième guerre mondiale. Nous sommes face à une pandémie très grave et il faut que nous en prenions conscience car c’est malheureusement la réalité : une pandémie telle que l’humanité n’en a jamais connu. La vie est précieuse, elle n’a pas de prix.

Pour affronter et inverser l’augmentation de la morbidité et la mortalité dues au cancer et autres maladies chroniques non transmissibles, il est nécessaire d’adopter des décisions politiques et des stratégies systémiques pour réduire la pauvreté, pour générer de l’inclusion sociale, pour promouvoir l’éducation, pour encourager des modes de vies sains, renforcer des systèmes de santé intégrés, notamment des programmes nationaux de prévention primaire, de diagnostic précoce également, des traitements de réhabilitation et de suivi de ces maladies à long terme.

En ce qui concerne les modes de vie sains susmentionnés, cela signifie activité physique, sport, régime sain, pour lutter contre la croissance exponentielle et nocive des aliments ultra transformés. Contrôle du tabagisme, je le répète contrôle du tabagisme, de l’alcoolisme, et de la consommation de drogues. Nous avons l’expérience qui nous permet de dire qu’il est indispensable d’intégrer  notre politique en ce qui concerne le tabac et l’alcool aux politiques sur les drogues. Ce n’est pas simple, nous le savons mais cela est possible. On peut réguler ces marchés sans aucune prohibition dogmatique, en respectant le droit des personnes et en appliquant le facteur de souveraineté des états et de progrès de la société qu’est la santé publique.

Surtout, je le répète, la lutte contre le tabac et contre son vecteur. Le vecteur du tabagisme ce n’est pas les oiseaux, les rats, les moustiques. C’est l’industrie multinationale du tabac qui ne s’inquiète pas de tuer ses clients parce qu’elle est lancée dans la quête du profit.

L’Uruguay est un leader mondial pour la convention cadre pour la lutte anti tabac. Depuis janvier 2014, nous avons adopté une loi de contrôle et de règlementation du cannabis et nous sommes en train de mettre en place le contrôle de l’alcoolisme et éventuellement d’une tolérance zéro dans certains cas et circonstances déterminés.
Enfin, toujours sur le même sujet, aucun acquis ne peut être consolidé tout seul. Pour tout, on a besoin de la sensibilité, de la détermination et de la persévérance de tous les gouvernements et e toutes les populations du monde.
En matière de coopération internationale, nous ne partons pas de zéro. Il existe des modalités de cadre institutionnel et de très nombreux projets en cours d’exécution.
Alors on pourrait nous dire qu’on pourrait améliorer la mise en œuvre des premiers et des progrès des seconds, bien sûr, mais avant d’en inventer d’autres utilisons ce que nous avons.
Pour cela, nous avons besoin de plus de ressources humaines, matérielles et financières.
Mais il y a une ressource sans laquelle les ressources précédentes toutes importantes qu’elles soient resteront toujours insuffisantes, j’ai nommé la ressource qui s’appelle volonté politique.
Et la volonté politique, en l’occurrence, c’est une question d’éthique plus qu’un dilemme idéologique.
Ce n’est pas une question d’être de droite ou d’être de gauche. Cela n’est pas éthique mesdames et messieurs que dans certaines circonstances, les tribunaux d’organismes multinationaux  puissent accorder la priorité à des aspects commerciaux sur la défense d’un droit humain fondamental qui est le droit à la santé et à la vie.

C’est de cela qu’est victime l’Uruguay. Nous avons une grande multinationale du tabac, je ne vais pas la citer Philip Morris, qui a engagé des poursuites internationales contre l’Uruguay qui applique la convention cadre pour la lutte anti tabac de l’OMS.

L’Uruguay se trouve dans une telle situation, peut-être parce que nous sommes un petit pays, c’est pour cela que nous avons été choisis pour ces poursuites, peut être pas seulement pour que l’industrie du tabac nous sanctionne mais pour montrer aux autres pays qu’il ne faut pas qu’ils s’engagent sur la même voie que l’Uruguay qui cherche à améliorer la qualité de vie de sa population.

Invoquer l’éthique au 21ème siècle peut sembler naïf ou anachronique mais la réalité pointe l’inverse, comme je le disais précédemment. Il suffit de regarder les nouvelles de ces dernières semaines pour constater que, pour certains aspects qui ne sont pas du tout insignifiants bien entendu, le monde ressemble un peu trop à un asile psychiatrique administré par ses propres patients.

C’est terrible. Mais l’humanité, si elle veut survivre, et si elle veut progresser en tant qu’humanité, ne peut pas se résigner à ce qui est terrible. Nous ne pouvons pas nous résigner à la guerre, nous ne pouvons pas nous résigner à l’humiliation que connaissent les pauvres qui parfois n’ont même pas de quoi manger, à l’émotion de voir un enfant syrien mort sur une plage turque.

Mes chers amis, l’Uruguay parle pour ce qu’il est : un pays d’Amérique latine. Et nous, en tant que latino-américains, en cette circonstance, nous ne pouvons passer sous silence trois situations qui sont remarquables dans notre région actuellement :

L’Uruguay n’est pas omnipotente, ne prétend pas être omniprésente ni infaillible, mais l’Uruguay n’est pas indifférente. En 2008, mes chers amis, notre pays a présenté officiellement sa candidature au Conseil de Sécurité des Nations-Unies en tant que membre non permanent pour l’année 2016-2017. Si nous l’avons fait, c’est parce que nous sommes engagés dans cette organisation dont nous sommes membre fondateur, parce que nous avons misé sur le droit international et sur le multilatéralisme, parce que nous refusons de façon déterminée toute forme de terrorisme et de discrimination, parce que nous sommes convaincus que les seuls moyens de régler des conflits sont les moyens pacifique établis par la charte des Nations Unies et parce que nous avons confiance dans la valeur du travail que réalise le Conseil de Sécurité pour s’acquitter de sa fonction essentielle qui est le maintien de la paix et de la sécurité internationale.

L’Uruguay a contribué à la paix et la sécurité internationale grâce à son engagement concret et permanent dès avant la création des Nations unies et qui ne s’est jamais démenti au cours des 70 années de la trajectoire de cette organisation et qui se manifeste aujourd’hui par sa participation aux opérations de maintien de la paix dont le mandat émane précisément du conseil de sécurité.

Nous souhaitons modestement apporter nos valeurs, nos engagements, notre travail en tant que membre non permanent du conseil de sécurité pendant la période 2016-2017.

Nous ne doutons pas que vous nous appuierez pour pouvoir vous en rendre compte, nous ne vous décevrons pas.

Merci.

Source : ONU 10/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

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El Salvador – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. M. Hugo Roger Martínez Bonilla, Ministre des affaires étrangères de la République d’El Salvador, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les chefs de délégation,

Mesdames et Messieurs,

C’est pour moi un grand honneur de m’adresser vous en ce moment si important alors que nous fêtons les 70 ans de cette organisation internationale. Nous avons abordé une nouvelle étape relative à l’avenir de l’humanité lorsque nous avons adopté le projet de développement à l’horizon de 2030. Les défis que nous devons relever sont incontestablement énormes, et c’est pour cela que nous avons besoin d’une organisation de plus en plus démocratique, de plus en plus participative et de plus en plus efficace. Nous devons progresser en ce qui concerne les réforme de l’organisation qui n’ont pas encore été réalisées. Nous devons renouveler nos efforts vigoureux notamment pour ce qui a trait au conseil de sécurité. L’adoption du nouveau programme de développement présente pour nos pays de nombreux défis et nous sommes engagés à les relever; mais ces défis sont également ceux de notre organisation qui doit nous accompagner afin que nous puissions honorer les responsabilités historiques que nous avons assumées.

Monsieur le Président, nous avons achevé une étape de l’histoire mondiale marquée par des progrès réels dans la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement, néanmoins ces progrès n’ont pas été suffisants; la lutte contre la pauvreté et l’inégalité doit toujours être menée. Les crises économiques et financières ont aggravé la vulnérabilité des plus pauvres; il faut ajouter à ces crises la prolifération des conflits dans le monde, les catastrophes provoquées par les phénomènes naturels ou par la main de l’Homme, qui ont eu un impact sur les conditions de vie de beaucoup de personnes dans différentes régions du monde. Ces conditions exigent de nous des transformations mondiales sincères et durables qui forcément doivent inclure la restructuration de l’architecture financière internationale, ainsi que le remaniement des mécanismes de coopération, afin de les transformer en institutions et mécanismes transparents et efficaces qui répondent aux besoins du développement humain. Je pense que nous devons prêter une attention particulière à la question de la dette souveraine; l’impact négatif du service de la dette pour ce qui est de satisfaire les besoins du développement et la jouissance effective des droits de l’Homme dans nos pays est gigantesque, car le service de la dette affecte directement la capacité de l’Etat à créer des investissements publics et à favoriser les investissements privés. Toute cela, à son tour, freine la réalisation des engagements pris vis à vis du développement. Il est donc essentiel de mettre en place un mécanisme de restructuration de la dette qui encourage une répartition juste et partagée de la responsabilité entre débiteur et créancier et ce, grâce à l’adoption d’une démarche fondée sur les besoins humains. Nous savons que pour réaliser les objectifs du développement durable, nous avons aussi besoin d’une nouvelle coopération internationale. Il est donc urgent d’oeuvrer afin de réaliser des modifications dans la structure actuelle du financement du développement, et de renforcer la coopération sud-sud.

Monsieur le Président, mon pays convient qu’il est très important que dans le texte adopté lors du sommet pour le développement, on signale que le groupe des migrants est un groupe particulièrement vulnérable. De plus, les migrants contribuent incontestablement au développement durable dans les pays où ils se trouvent. Le Salvador insiste pour affirmer que la communauté internationale, les organisations qui s’occupent la question des migrations, de la défense des migrants et des droits de l’Homme en général, et en particulier l’Organisation des nations Unies, assument ce défi avec courage et orientent les activités de leur institutions, ressources et programmes vers le renforcement des initiatives de coopération prises en matière de migration internationale sous toutes ses formes. Face aux différentes crises en matière de migration, nous ne devons pas oublier qu’il s’agit d’êtres humains, et nous devons garantir leurs droits, et notamment leur droit au développement.

Monsieur le Président,  je saisis cette occasion pour signaler la contribution particulière de l’Amérique latine et de ses organisations régionales au multilatéralisme ; leurs propositions et initiatives courageuses ont permis de réaliser des progrès dans des questions très pertinentes d’ordre international: citons les migrations, l’environnement, le désarmement, les droits de l’Homme, l’autonomisation des femmes, la parité entre les sexes, le développement durable entre autres. Tous ces efforts de notre région ont beaucoup contribué au progrès des travaux multilatéraux et cherchent à renforcer la solidarité et la coopération entre tous les peuples du monde. Dans ce contexte, il convient de mentionner les efforts déployés par le système d’intégration d’Amérique centrale, notamment en matière de sécurité. Ces efforts complètent les efforts faits au niveau national par chacun de nos pays. Comme vous le savez, le Salvador mène une bataille sans précédent contre le crime au moyen de son plan “Salvador sûr” qui contient tout comme la stratégie régionale de sécurité d’Amérique centrale 4 composantes : la prévention du crime, la poursuite du crime, la réhabilitation, la réinsertion et bien sûr le renforcement des institutions de lutte contre le crime. Nous engageons une grande partie de nos ressources nationales dans cet effort, mais l’ampleur du défi nous pousse à faire appel à la communauté internationale pour lui demander de nous appuyer de façon résolue et solidaire afin de gagner cette bataille contre les groupes criminels qui menacent la tranquillité de nos familles.

Monsieur le Président, par ailleurs, en ce qui concerne le problème mondial de la drogue, j’aimerai signaler que nous tiendrons une session extraordinaire de l’assemblée générale des Nations Unies sur les drogues en avril 2016 ici même. La session extraordinaire de 2016 nous donnera la possibilité de revitaliser le dialogue et l’échange de bonnes expériences, dans le but d’évaluer les réussites dans la réalisation des obligations internationales en ce qui concerne la lutte contre les drogues. Ainsi, en même temps nous voulons relever les défis qui se présentent au niveau mondial. Le Salvador se satisfait, et est même honoré, de pouvoir représenter la région latino américaine en tant que coordonnateur du groupe latino américain et des Caraïbes et ce, devant le comité préparatoire de cette manifestation. Nous allons établir une coordination efficace et étroite, pour que les débats permettent de définir une vision globale de la politique internationale contre les drogues, dont l’axe principal sera la bien-être de l’être humain et le respect de ses droits.

D’un autre côté, et parce que mon pays accorde beaucoup d’importance au contrôle des armes, comme moyen efficace de réduire la violence qui frappe la région de l’Amérique centrale, le Salvador mise sur une réglementation internationale pour lutter contre le crime organisé, de façon à éviter les souffrances humaines provoquées par les transferts irresponsables d’armes. Je lance un appel fervent à la communauté internationale pour que nous travaillions ensemble afin d’appliquer réellement le traité sur le commerce des armes et pour assurer son universalisation. N’oublions pas que si nous agissons de manière déterminée dans ce domaine, nous pourrons agir pour faire une véritable différence entre la vie et la mort de millions de personnes dans le monde.

Par ailleurs, le Salvador, pays qui a profité d’opérations de maintien de la paix, reconnaît que ce mécanisme est un moyen légitime et efficace pour faire cesser les conflits dans les différents pays et régions du monde. C’est pourquoi, et dans le contexte de notre engagement vis à vis de la paix et de la sécurité internationale, mon pays continuera de participer à ces activités en envoyant du personnel militaire et de police. Nous continuerons donc de participer aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, nous continuerons de faire de grands efforts pour renforcer notre participation grâce au déploiement d’unités sous notre bannière. Par ailleurs, nous soutiendrons toutes les initiatives qui permettront d’assurer la participation des femmes dans les différents contingents conformément aux dispositions de la résolution 1325 du conseil de sécurité et des autres résolutions qui ont suivi.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, je souhaite pour finir rappeler les objectifs et principes de la charte des Nations Unies. Nous devons comprendre que ces principes continuent d’être en vigueur et doivent être respectés par tous les Etats membres de l’organisation et ce, en passant par les processus de changement que nous avons déjà entamé. Dans ce contexte, il convient de signaler que le processus de détente entre Cuba et les Etats Unis a eu des résultats positifs, non seulement en ce qui concerne les relations ente les deux Etats, mais également pour tout le continent. Le Salvador se félicite du rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les Etats Unis d’Amérique. Nous espérons que dans cet environnement favorable, la volonté manifestée qui consiste à lever le blocus économique, commercial et financier contre Cuba deviendra une réalité et ce, dans les plus brefs délais. Je suis convaincu que grâce à notre volonté et grâce à nos efforts, nous pourrons tous construire un ordre international fondé sur la paix et sur la sécurité, le développement durable, la protection des droits de l’Homme, l’éradication de la pauvreté et la réduction des inégalités. Le Salvador est prêt à faire face à ce défi et déterminé à contribuer à cet objectif.

Merci beaucoup.

Source : ONU 10/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

Source: http://www.les-crises.fr/70e-ag-onu-bolivie-equateur-uruguay-salvador/


[70e AG ONU] Afrique du Sud + Nigéria : “Il faut renforcer les mécanismes de lutte contre les paradis financiers, afin que les pays récupèrent les fonds qui leur ont été volés. “

Sunday 18 October 2015 at 00:05

Afrique du Sud – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. M. Jacob Zuma, Président de la République d’Afrique du Sud, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

Excellence Monsieur Mogens Lykketoft président de l’Assemblée générale, Excellence Monsieur le secrétaire général des Nations unies Monsieur Ban Ki-moon, Majesté, Excellence, Mesdames et Messieurs les délégués,

Monsieur le président, je souhaiterais vous féliciter, vous et votre pays le Danemark, à l’occasion de votre élection en tant que président de la 70e session de l’Assemblée générale. Vous pouvez compter sur le plein appui de l’Afrique du Sud durant votre présidence. Nations unies

Le thème que vous avez choisi, les Nations unies, en 70 ans la voie à suivre, pour la paix et la sécurité et les droits de l’Homme, est un thème qui intervient de manière très opportune, un thème pertinent dans le contexte des défis mondiaux auxquels le monde fait face aujourd’hui.

En outre je souhaiterais exprimer toute notre reconnaissance au président de la 69e session de l’Assemblée générale, monsieur Sam Kutesa de la République de l’Ouganda, je le remercie de la façon exemplaire avec laquelle il a représenté l’Afrique en dirigeant les travaux de l’Assemblée générale.

Monsieur le président, le 70e anniversaire des Nations unies représente un moment historique dans l’histoire de la gouvernance mondiale. La charte des Nations unies reprend par ses buts et principes les aspirations des populations opprimées de par le monde. Nous souhaiterions également saluer le rôle de l’Assemblé générale des Nations unies depuis 70 ans. Ancrée dans les principes de l’égalité souveraine, l’Assemblée générale des Nations unies est l’institution internationale la plus représentative et l’organe le plus représentatif des Nations unies. Au fil des ans, l’Assemblée générale est restée au centre de la fourniture d’aide et d’appui aux plus défavorisés, aux marginalisés, aux peuples occupés, colonisés, opprimés de par le monde. Cette auguste instance a appuyé la lutte de l’Afrique du Sud lorsqu’elle a déclaré que l’apartheid était un crime contre l’humanité. Monsieur Oliver Tambo, l’ancien président du mouvement de libération, le congrès national africain, a pris la parole devant l’Assemblée générale des Nations unies, à cette même tribune le 26 octobre 1976, et il s’est adressé aux Nations unies à d’autres occasions encore. Bien d’autres Sud africains éminents ont eu la possibilité dans le cadre des Nations unies de défendre notre recherche de liberté. Les Nations unies ont ainsi donné une voix à ceux qui n’en avaient pas. L’Afrique du Sud libre a été honorée par le fait que l’on a déclaré le 18 juillet comme journée internationale Mandela, c’est un honneur pour notre président fondateur, pour cette icône mondiale qu’est le président Nelson Mandela.

Alors que nous commémorons le 70e anniversaire des Nations unies, je souhaiterais, au nom du peuple de l’Afrique du Sud, exprimer toute notre reconnaissance au monde. Merci d’avoir contribué à nous libérer des chaînes de l’apartheid, à nous libérer du racisme institutionnalisé.

Monsieur le président, l’Assemblée générale des Nations unies continue de donner une voix à ceux qui n’en ont pas et à ceux qui sont opprimés. Lors d’un rebondissement historique, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution pour permettre au drapeau palestinien de battre devant le siège de l’ONU. Cette résolution a été adoptée avec une large majorité. Elle a été appuyée par de nombreuses nations. Des nations venant tant du nord développé que du sud. Il ne peut y avoir aucune paix, aucune sécurité, aucun développement au Proche-Orient sans que la question palestinienne ne soit réglée. Il faut trouver une solution et ce, de manière urgente. Si nous remettons cela à plus tard, dans une décennie, nous n’aurons peut-être plus de territoire pour justifier la solution de 2 états.

Monsieur le président, ce 70e anniversaire historique des Nations unies représente une possibilité de réfléchir à la structure et au fonctionnement de l’organisation. Cette année, soulignons-le, marque le 10e anniversaire de l’adoption du document final du sommet mondial en 2005, où on avait abordé la question de la réforme des Nations unies. Un nombre important de décisions portant sur cette réforme ont été mis  en œuvre depuis ce sommet et notamment les points suivants :

. le remplacement  de la Commission des droits de l’Homme par le Conseil des droits de l’Homme, un organe plus efficace

. la création de la commission de consolidation de la paix en tant qu’organe subsidiaire tant de l’Assemblée générale que du Conseil de sécurité des Nations unies.

. La réforme et la simplification du système de gestion des Nations unies.

. L’intégration du concept de l’égalité hommes/femmes grâce à la création d’ONU Femmes

. Une norme issue des membres qui aient la responsabilité de protéger afin d’aider les peuples  faisant face aux génocides, aux crimes contre l’humanité, aux crimes de guerre et à l’épuration ethnique.

Nous nous félicitons de ces progrès remarquables. Cependant il nous faut constater que pratiquement aucun progrès n’a été réalisé pour ce qui est de l’engagement pris par les chefs d’état et de gouvernement en 2005, un engagement concernant la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies. Il est inacceptable et injustifiable que plus de un milliard de personnes sur le continent africain continuent d’être exclues et ne sont pas membres permanents de la structure essentielle de prise de décisions des Nations unies c’est à dire le Conseil de sécurité.

Un continent qui a une population inférieure à celle de l’Afrique est représenté par 3 pays au Conseil de sécurité des Nations unies en tant que membre permanent. C’est injuste. Les Nations unies ne peuvent faire semblant que le monde n’a pas changé depuis 1945. Nous ne sommes plus des colonies, nous sommes des états libres, indépendants et souverains. Nous nous félicitons du fait que les encouragements vers la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies déployée par l’Afrique est eu une incidence, que cela ait donné un certain élan au processus de négociation inter-gouvernemental, qui s’est penché sur la réforme Nous continuerons d’œuvrer avec des états progressistes pour arriver à l’élargissement de la représentation de cet organe.

Monsieur le président, une autre question essentielle qui mérite toute l’attention des délégations, c’est la sélection du secrétaire général des Nations unies qui est désigné par l’Assemblé générale sur recommandation du Conseil de sécurité des Nations unies. Un examen de ce processus est nécessaire pour permettre une participation qui aura plus de sens, une participation de l’assemblée générale à ce processus.

Monsieur le président, vous avez épinglé les droits de l’Homme, la gouvernance, l’état de droit et l’égalité hommes/femmes comme des zones importantes sur lesquelles il fallait se pencher davantage durant la 70e session de l’Assemblée générale des Nations unies. Nous devons faire front sur ce travail qui a déjà été entrepris, visant à élaborer cette liste de droits des Nations unies en 1948 pour renforcer la protection dans des zones comme le racisme, la discrimination à l’égard des femmes, la promotion des droits de l’enfant et des droits des personnes avec un handicap. Nous pensons également que le système des Nations unies concernant les droits de l’Homme, notamment son Conseil des droits de l’Homme, devrait assurer un équilibre entre les droits civils et politique, et également les droits économiques, sociaux et culturels, notamment le droit au développement. Le Conseil des droits de l’Homme doit également être vu comme un mécanisme indépendant et impartial pour ancrer la culture des droits de l’Homme dans le monde entier. Le Conseil des droits de l’Homme devrait éviter de répéter les erreurs de son prédécesseur, la Commission des droits de l’Homme, qui était envahie par la politisation et qui était prise entre le marteau et l’enclume, entre les pays développés et en développement.

Cette année marque également le 50e anniversaire de la Convention internationale sur l’élimination de  toutes les formes de discrimination raciale. L’année 2015 nous permet de commémorer le 60e  anniversaire de l’adoption de la Charte de la liberté d’Afrique du Sud qui reprend les principes et les valeurs fondamentales qui sont consacrés par notre constitution. L’Afrique du Sud continuera de mener un plaidoyer au sein du système des droits de l’Homme des Nations unies pour combattre le fléau du racisme, de la xénophobie, de la discrimination raciale et autres intolérances et pour appuyer tout ce qui vise à promouvoir une véritable égalité à l’échelle mondiale.

Monsieur le président, ce 70e débat général se tient dans un contexte de préoccupation internationale croissante face à la monté de l’extrémisme violent, du terrorisme, face à des brutalités indicibles que nous condamnons dans les termes les plus forts. Nous nous félicitons des réunions qui se tiendront en marge de l’Assemblée générale afin d’examiner les progrès réalisés dans la lutte contre le terrorisme au Proche-Orient et dans le nord de l’Afrique. Nous souhaiterions souligner que le Conseil de sécurité des Nations unies doit tenir compte des points de vue du continent africain et de ses organisations sous-régionales lorsque il se penche sur les conflits en Afrique dans l’avenir. La situation actuelle en Libye et dans la région du Sahel est une conséquence directe du fait que certains membres du Conseil de sécurité des Nations unies n’ont pas suivi les conseils émanant de l’Union africaine. Le concept de responsabilité de protéger à été mal utilisé pour faire progresser des intérêts politiques étroits, des intérêts, disais-je, qui n’avaient rien à voir avec les aspects fondamentaux de la prévention d’atrocité de masse. La crise des réfugiés que connaît l’Europe aujourd’hui est malheureusement le fruit immédiat de la militarisation de certains troubles civils, notamment le fait d’avoir armé massivement des civils et des groupes de l’opposition en Libye et en Syrie et également dans d’autres pays touchés. Il faut dire que ce problème est anthropique et donc il est essentiel que lorsque l’on parle de l’extrémisme violent et du terrorisme dans certaines régions d’Afrique et au Proche-Orient, que l’on examine les causes premières du problème et qu’on ne se borne pas à examiner les symptôme. Ce qui mérite également toute notre réflexion, c’est cette doctrine du changement de régime et son rôle dans la continuation des conflits et de l’instabilité dans certaines parties de notre continent et dans le monde.

Monsieur le président, nous nous félicitons de l’accord de paix récemment signé entre les parties au Soudan du Sud. Nous exhortons les Nations unies et toutes les parties prenantes d’appuyer le peuple soudanais alors qu’il œuvre pour résoudre les défis actuels. Nous réitérons notre appui au peuple du Sahara occidental et nous exhortons la communauté internationale d’appuyer leur lutte pour l’auto-détermination pour la liberté, les droits de l’Homme et la dignité.

Nous nous félicitons également du rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis, et la libération des cinq cubains. Nous réitérons notre appel pour que l’embargo financier et économique soit levé afin d’aider le peuple cubain à obtenir leur liberté économique.

Nous saluons la contribution de sa sainteté le pape François au processus de normalisation entre Cuba et les États-Unis. Nous nous félicitons grandement de la contribution du Saint Père de manière générale dans sa recherche de paix, de justice pour mettre fin à la pauvreté et aux souffrances comme il l’a dit avec éloquence à l’Assemblée générale et dans d’autres instances.

Monsieur le président, nous félicitons les Nations unies de leur rôle essentiel, ce rôle que cette auguste instance a joué en matière de maintien de la paix et nous insistons pour que des ressources soient allouées aux Nations unies pour ce faire, notamment en Afrique.

Monsieur le président, Majesté, Excellence, l’échec de la conférence d’examen du traité de non prolifération, le fait de ne pas être arrivé à un accord alors que l’on marque les 70 ans depuis la première utilisation de l’arme nucléaire au Japon, est un revers terrible dans notre engagement visant à libérer le monde des armes de destruction massive et notamment des armes nucléaires. Il est impossible de vivre en sécurité lorsqu’il y a des armes nucléaires. Les conséquences humanitaires qu’aurait l’utilisation d’une arme nucléaire que ce soit de manière accidentelle ou sciemment serait catastrophique pour l’humanité. Nous nous félicitons de l’accord conclu récemment portant sur le programme nucléaire iranien. Nous nous félicitons de la reconnaissance du droit à l’Iran  à utiliser pacifiquement l’énergie nucléaire.

Monsieur le président, la 70e session de l’Assemblée générale des Nations unies a adopté le programme de développement de l’après 2015. Le document final représente une victoire pour le monde en développement. En effet, il affirme que le programme à l’horizon de 2030 doit faire fond sur les tâches qui n’avaient pas été terminées au titre des OMD. En outre le programme de développement à l’horizon 2030 est universel car les objectifs de développement durable qui ont été adoptés s’appliquent aux pays développés et en développement. Il a été clairement reconnu que le principe des responsabilités communes mais différenciées et des capacités différentes étaient essentielles. La déclaration contient également un objectif spécifique pour arriver à l’égalité hommes/femmes et assurer l’autonomisation des femmes et des jeunes filles. Ceci est particulièrement opportun, étant donné que cette année nous commémorons le 20e anniversaire de la Plate-forme d’action de Beijing et le 15e anniversaire de la résolution des Nations unies sur les femmes, la paix et la sécurité.

Monsieur le président, étant à l’origine de la Plate-forme de Durban pour une action renforcée par le biais de laquelle le cycle des négociations actuelles au titre de la Convention-cadre sur le changement climatique se tient, l’Afrique du Sud a un intérêt tout particulier et un engagement spécifique par rapport au succès de la conférence de Paris au mois de décembre. Nous demandons que soit appliqués trois volets du mandat de Durban. En d’autres termes,

. Combler la lacune actuelle avant 2020 en respectant les obligations juridiques existantes par les pays développés et une action renforcée.

. L’entrée en vigueur de la 2e période d’engagement du protocole de Kyoto.

. L’adoption d’un nouvel accord pour la période après 2020, à Paris, qui contiendrait tous les éléments essentiels, notamment les moyens de mis en œuvre, les mesures concernant les pertes et les dommages et des mesures de réponses. Nous souhaitons un accord juridiquement contraignant, ambitieux et équitable, à Paris, qui s’appliquerait à toutes les parties. En outre, pour l’Afrique du Sud, en tant que président du groupe des 77 et la Chine, un ensemble de mesures à Paris qui serait creux et vide sur le plan financier, ne serait pas acceptable. L’Afrique du Sud a présenté une contribution déterminée sur le plan nationale au secrétariat de la convention-cadre avant la date butoir du 1er octobre. Ce qui montre que nous sommes prêts à participer à la conférence de Paris.

Monsieur le président, nous nous associons au monde pour commémorer les 70 ans des Nations unies. Alors que nous commémorons cet anniversaire historique, la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies et le renforcement de l’Assemblée générale des Nations unies et d’autres organes restent essentiels. A la fin de cette 70e session, nous devrions être en mesure d’adopter une feuille de route disposant de calendriers clairs, applicables portant sur les priorités de cette organisation et sur la réforme de cette dernière. Nous devons agir ainsi afin que les Nations unies restent une force pertinente, une force de changement dans le monde.

Monsieur le président, avant de clôturer mon intervention, permettez moi de souligner les offres présentées par la Chine, des offres qui doivent passer par les Nations unies. Mais la Chine a souligner l’appui qu’elle souhaitait apporter à l’Afrique pour arriver à 100 millions de dollars américains d’aide non militaire à l’Union africaine dans les 5 années à venir, afin d’appuyer la création d’une force permanente africaine et des capacité africaines pour une réponse immédiate aux crises. Nous souhaiterions souligner que cette offre est très bien venue par l’Afrique.

Merci beaucoup et veuillez m’excuser, j’avais un chat dans la gorge.

Source : ONU 11/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

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Nigéria – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. M. Muhammadu Buhari, Président de la République fédéral du Nigéria, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

Monsieur le Président de l’Assemblée générale,
Monsieur le Secrétaire général
Mesdames et Messieurs les Chefs d’État et de gouvernements

Mesdames et Messieurs les délégués

Mesdames et Messieurs

Monsieur le Président,

Au nom du gouvernement et du peuple du Nigeria,  j’aimerais vous féliciter ainsi que votre pays,  pour votre élection à la présidence de la 70e session de l’Assemblée  Générale des Nations Unies. Je voudrais également saluer votre prédécesseur, M. Sam Kahamba Kutesa ainsi que  le Secrétaire général, M. Ban Ki-Moon, qui  ont redoublé d’efforts  afin d’élaborer  le programme  pour le développement de l’après 2015 et pour maintenir notre engagement envers les idéaux des   Nations Unies. Je remercie M. Ban Ki-Moon de sa récente visite au Nigeria, visite au cours de laquelle  nous avons pu engager  des discussions extrêmement  utiles.

Monsieur le Président,

Il y a cinquante-cinq  ans,  presque jour pour jour, mon prédécesseur, le Premier ministre du Nigeria, AIhaji Tafawa Balewa,  s’est exprimé du haut de cette tribune  pour déclarer la volonté du Nigeria de développer et de maintenir des relations amicales avec tous les pays. Il a également assuré le monde de l’engagement de notre pays en faveur du  respect des  principes fondateurs des Nations Unies.

Monsieur le Président,

Mon pays, le Nigeria, est animé par cette conviction, même lorsque nous sommes parfois confrontés à des conflits territoriaux avec nos voisins. Nous respectons les principes internationaux, nous respectons l’état de droit ainsi que la Charte de cette organisation. Nous avons énormément contribué aux missions  de maintien de  la paix des Nations Unies. Moi-même en tant que  jeune officier, j’ai servi au Congo et au Liban. Le Nigeria a contribué aux efforts de maintien de la paix des Nations Unies en Éthiopie, au Libéria, en Sierra Leone et au Darfour.  En outre, nous sommes fiers de nos contributions à d’autres activités des Nations Unies, notamment au sein de  la Commission de consolidation  de la paix, du Conseil des droits de l’homme et de  la réforme du secteur de la sécurité.

Monsieur le  Président,

Nous sommes ravis de constater  que de nombreux pays  se sont  engagés à mettre en œuvre le programme de développement de  l’après-2015 ainsi que les objectifs du développement durable (ODD) en se dotant de  moyens de mise en œuvre. Ces cadres qui succèdent aux OMD ont été adoptés, Monsieur le Président, avec des ambitions extrêmement  élevées. Néanmoins, nous devons être à la hauteur des objectifs de coopération au sein de la communauté internationale d’ici l’année 2020. Il faut un véritable un appui universel.

Et ce parce que les ODD reflètent les espoirs et les aspirations du monde entier. J’aimerais  souligner que pour que ces ODD qui viennent d’être adoptés soient traduits dans la réalité, ils doivent être réalisables. Dans ce contexte, l’objectif principal  d’éradication de la pauvreté et de la réduction des inégalités doit être mis en œuvre,  grâce à un nouveau  partenariat international et grâce à des politiques concrètes et des mesures telles que soulignées dans le Programme  d’action d’Addis-Abeba. Heureusement, ces deux objectifs principaux  des ODD se retrouvent  au cœur du nouveau programme  de développement du Nigeria. Soulignons  Monsieur le Président, que les investissements étrangers directs sont complétés par l’aide publique au développement. Ceci est nécessaire et c’est souligné  dans le Programme d’action d’Addis Abbeba.  C’est essentiel  pour combler les lacunes de développement. A cet égard, j’aimerais  appeler les états  industrialisés à s’acquitter de  leur promesse  d’accorder 0,7%  de leur PIB pour l’aide au  développement. A l’exception du Royaume-Uni, j’ai cru comprendre, que tous les pays concernés ont répondu à cet appel. Dans le cadre des  ODD nous devons améliorer la vie des populations des pays  en développement, mais aussi de tous les pays.

Le Secrétaire général a  lui-même divisé  les ODD en six sections essentielles,  à savoir :

- la dignité
- la prospérité
- la justice
- le partenariat

- la planète

- et les peuples

Alors que nous nous penchons  sur notre histoire et que nous nous  rappelons  les terribles événements qui ont donné  naissance aux Nations Unies en 1945, j’aimerais  proposer un septième élément fondamental : la  Paix.

La paix,   Monsieur  le  Président, est chère au cœur des Nigérians. Nous luttons avec le Tchad, le Niger et le Cameroun contre Boko-Haram. Malheureusement,  cette lutte ne suscite pas l’attention de la communauté internationale, pas autant que les conflits au Moyen-Orient  alors que les souffrances sont tout aussi grandes. Il s’agit d’une guerre de valeur  entre le progrès et le chaos; en faveur de la démocratie et de l’état de  droit. Boko Haram se nourrit de la faiblesse  des innocents et se cache derrière une  interprétation tronquée de l’Islam. Boko Haram est bien loin des vrais principes de  l’Islam.

Beaucoup de mes collègues qui participent à ce débat souhaitent savoir ce que notre gouvernement compte mettre en œuvre  face à ce problème. Les amis du Nigeria et les investisseurs  étrangers doivent savoir  que nous avons l’intention de nous atteler à ce problème. Nous allons  lutter contre les inégalités qui découlent du chômage et des politiques du gouvernement précédent qui ont favorisé certaines personnes au détriment du plus grand nombre. Nous avons l’intention de mettre l’accent sur une éducation technologique de qualité en faveur du  développement et nous allons également jeter les bases d’un système de santé efficace pour la prise en charge  des personnes âgées, des personnes les plus défavorisées et des infirmes. Aujourd’hui la lutte contre le terrorisme est notre principale priorité.

Le nouveau gouvernement du Nigéria que je préside a l’intention  d’élaborer une stratégie solide pour éradiquer Boko Haram. Le Nigeria ainsi que ses voisins le Tchad,  le Cameroun,  le Niger et le  Bénin coopèrent ensemble  afin de lutter contre  cette menace commune au sein du  cadre régional de la Commission du Bassin du Lac Tchad. Nous avons créé une équipe multinationale spéciale afin de lutter et de vaincre  Boko Haram. Nous  avons pu chasser  les troupes de Boko Haram de la plupart de leurs bastions, nous avons pu arrêter  beaucoup  de leurs responsables et libérer des  centaines d’otages.

Monsieur le Président,

L’un de nos principaux objectifs est de sauver les jeunes  filles de Chibok afin  de les ramener en vie et en bonne santé. Nous n’épargnons aucun effort  pour garantir  leur sécurité et pour qu’elles retrouvent leurs familles. Ces jeunes  filles sont constamment dans nos esprits et dans nos projets.

Monsieur le Président,

Le terrorisme est loin d’être la seule menace qui sape le bien-être de nos sociétés dans le monde. On peut penser à la  corruption,  la  criminalité financière  transfrontalière, la cybercriminalité, le trafic d’êtres humains, la diffusion des  maladies transmissibles, les changements climatiques  et la prolifération des armes. Voilà autant  de défis du 21ème siècle que la communauté internationale doit relever collectivement.

Permettez-moi de réaffirmer notre engagement inébranlable en faveur de la lutte contre la corruption et les flux financiers illicites. Sans aucun doute,  la corruption et les crimes financiers transfrontaliers sont des obstacles au développement, à la croissance économique,  à l’épanouissement et au  bien-être des citoyens du monde entier. Le Nigeria est prêt  et à l’intention d’établir des partenariats  avec  les agences internationales et les pays de façon bilatérale,  afin de lutter contre la criminalité  et la corruption. J’appelle tout particulièrement la  communauté internationale  à redoubler immédiatement  d’efforts et à  renforcer les mécanismes de lutte contre les paradis financiers, afin que les pays récupèrent les fonds qui leur ont été volés.

Monsieur le Président,

Le monde est également  confronté à un nouvel enjeu : la traite des êtres humains. C’est un fléau qui sévit depuis longtemps mais qui a  pris  une nouvelle dimension.   En Afrique,  nous sommes choqués  de voir des réseaux internationaux  abuser  d’hommes et de femmes  fuyant vers l’Europe et qui souvent meurent noyés  dans la Méditerranée. Nous condamnons dans les termes les plus forts et les plus fermes ces passeurs et nous appuyons  toutes les  mesures visant à les  traduire en justice. Dans le même temps, nous saluons  les gouvernements européens, notamment l’Italie et l’Allemagne, qui font preuve de   compréhension et qui traitent  avec  humanité  ces réfugiés. L’année dernière, notre continent a du faire  face à l’épidémie du virus Ebola. Nous remercions très sincèrement la communauté internationale pour les efforts collectifs visant à éradiquer cette maladie mortelle. Nous ne sommes pas encore sortis de la crise, mais nous aimerions saluer tout particulièrement les  États-Unis, le  Royaume-Uni, la France et la Chine pour leur  assistance dans la lutte contre l’épidémie d’Ebola et dans les soins apportés aux  personnes infectées en coopération avec les pays d’accueil.

Monsieur  le Président,

Le Nigeria a souscrit et a entériné les objectifs  13,14 et 15 des ODD concernant les changements climatiques. Au Nigeria, la désertification et l’érosion des sols ainsi que leur  dégradation conduisent à la perte de la biodiversité et constituent  de véritables menaces pour notre environnement. Sous l’égide  de la Commission du bassin du lac Tchad nous avons adopté une  approche régionale pour relever ce défi. Nous nous réjouissons de la tenue du  Sommet sur le climat à Paris en Décembre 2015. Ce sommet devrait revigorer  l’optimisme de l’humanité dans sa lutte contre cette  menace à laquelle toutes les  communautés sont confrontées.

Monsieur le Président,

Nous assistons à une augmentation terrible des conflits favorisés  par la disponibilité des armes de petit calibre.  J’appelle  tous les pays membres à respecter les principes de  la charte des Nations unies. Tout d’abord, il faut mettre en œuvre le traité sur le commerce des armes. Cela garantira  le transfert uniquement légal de ces armes. Les trafiquants d’armes et les trafiquants d’êtres humains constituent deux fléaux que l’humanité  doit éradiquer.

Monsieur le Président,

Alors que  nous procédons à  ces débats annuels, nous ne devons pas oublier  les principes qui ont conduit à la fondation de l’Organisation des Nations Unies. Parmi ces principes on retrouve  la coexistence pacifique et le droit à  l’autodétermination des peuples. Dans ce contexte, Monsieur le Président, la question non résolue du droit à  l’autodétermination du peuple palestinien et du Sahara occidental,  deux nations, qui d’après les Nations Unies devraient pouvoir réaliser ce droit inaliénable,  doivent voir lever tout obstacle qui reste sur cette voie. La communauté internationale a décidé de résoudre la question palestinienne grâce à  la solution de deux États -qui reconnaît le droit légitime de chaque État à exister en paix et en sécurité. Le monde n’a plus d’excuses ou de prétextes  pour reporter la mise en œuvre de la liste extrêmement longue des résolutions du Conseil de sécurité sur cette question. Nous n’avons plus le droit non plus,   de refuser à ces peuples de mettre fin à l’occupation et au blocus

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs  les délégués des états membres,

Les nations unies célèbrent leurs 70 ans.  Et l’on peut compter bien  plus de  70  grandes réalisations  obtenues grâce aux Nations Unies. J’espère que dans les 70 prochaines années, les Nations Unies parviendront à contrôler les changements climatiques, à éliminer les maladies transmissibles, à lutter contre les grands conflits  et les conflits locaux et par conséquent à  éliminer le problème des réfugiés. J’espère que nous prendrons des mesures pour réduire  les disparités et les  inégalités entre les nations et  au sein des nations et surtout, j’espère que nous pourrons éliminer les armes nucléaires.

Monsieur le Président,

Etant donné que c’est la première fois que je m’adresse à  cette Assemblée, je vous remercie ainsi que les délégués,  de m’avoir écouté avec autant de patience. Je vous remercie.

Source : ONU 11/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

Source: http://www.les-crises.fr/70e-ag-onu-afrique-du-sud-nigeria/


[Vidéo] Syrie : prise de judo de Poutine sur Obama

Saturday 17 October 2015 at 04:01

Un intéressant (et long) débat sur la Syrie :

Intervenants :
* Jacques Cheminade, président de S&P ;
* colonel (c.r.) Alain Corvez, conseiller en stratégie internationale ;
* Michel Raimbaud, ancien ambassadeur de France ;
* Bassam Tahhan, islamologue et géostratège ;
* Christine Bierre, rédactrice-en-chef de Nouvelle Solidarité.

Source: http://www.les-crises.fr/video-syrie-prise-de-judo-de-poutine-sur-obama/


[70e AG ONU] Cuba + Venezuela + Chili : “L’État providence qu’on nous proposait comme le modèle à suivre a même pratiquement disparu dans les pays industriels.”

Saturday 17 October 2015 at 01:36

Cuba – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. M. Raúl Castro Ruz, Président de Cuba, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

Mesdames et Messieurs les chefs d’États et de gouvernement, Mesdames et Messieurs les chefs de délégations, M. le Secrétaire des Nations-Unies, M. Le Président.

Voilà 70 ans qu’en tant que membre des Nations-Unies nous avons souscrit à la Charte des Nations-Unies. Au nom des peuples nous nous sommes engagés à préserver les générations futures du fléau de la guerre et à mettre en place une nouvelle modalité de relation dans le cadre d’un ensemble de buts et principes appelés à augurer une époque de paix, de justice et de développement pour toute l’Humanité.

Cependant, depuis lors, les guerres d’agression, les faits d’ingérences dans les affaires intérieures des États, le renversement par la force de gouvernements souverains, les coups d’États “en douceur” comme on les appelle et la colonisation de territoires n’ont pas cessés, ont été perfectionnés avec des recours à des méthodes non classiques et à des nouvelles technologies, sous prétexte de violations des droits de l’homme. La militarisation du cyber-espace et l’emploi secret et illégal des nouvelles technologies de l’informatique et des communications en vu d’agresser d’autres États sont inacceptables, tout comme le sont la dénaturation de la promotion de la protection des droits de l’homme et l’utilisation de ces concepts de manière sélective et discriminatoire en vu de valider et d’imposer des décisions politiques.

Bien que la Charte nous appelle à proclamer notre foi dans les droits de l’Homme, dans la dignité de la personne humaine, le respect des droits de l’Homme reste une utopie pour des millions de personnes. On refuse à l’Humanité le droit de vivre en paix et le droit au développement. C’est dans la pauvreté et les inégalités qu’il faut aller chercher la source des conflits, des conflits causés d’abord par le colonialisme et l’asservissement de populations autochtones. Puis par l’impérialisme et le partage du monde en sphère d’influence.

L’engagement que nous avons pris en 1945 de favoriser le progrès social et d’instaurer de meilleures conditions de vie pour les peuples et de promouvoir leur développement économique et social reste une chimère quand on sait que 795 millions de personnes vivent dans la faim. Que 781 millions d’adultes sont analphabètes et que 17.000 enfants meurent chaque jour de maladies curables tandis que les dépenses militaires à l’échelle internationale se chiffrent chaque année à 1 700 milliards de dollars. Une fraction seulement de cette somme permettrait de régler les problèmes les plus brûlants de l’Humanité. L’État providence qu’on nous proposait comme le modèle à suivre a même pratiquement disparu dans les pays industriels. Les systèmes électoraux et les partis traditionnels, qui dépendent de l’argent et de la publicité, ne cessent de s’éloigner toujours plus des aspirations des peuples concernés.

Les changements climatiques mettent en péril jusqu’à l’espèce humaine. Les États doivent donc assumer des responsabilités communes mais différenciées devant une réalité incontournable. À savoir que tous les pays ne sont pas pareillement responsables, ni ne gaspillent de la même façon les ressources naturelles et humaines dans une surconsommation irrationnelle et insoutenable. Les conséquences des changements climatiques sont particulièrement dévastatrices pour les petits états insulaires en développement. Et imposent des tensions supplémentaires à leurs économies déjà fragiles. Il en est de même en Afrique où la désertification ne cesse de s’étendre inexorablement Nous sommes solidaires de nos frères caribéens qui doivent recevoir un traitement spécial et différencié. Nous appuyons les pays africains envers lesquels nous réclamons un traitement juste, un transfert de technologies et de ressources financières.

M. le Président, la création de la Communauté des États Latinoaméricains et Caribéens, CELAC et notamment l’adoption à son 2e sommet de la Havane en janvier 2014 de la proclamation de l’Amérique latine et des caraïbes comme zone de paix ont montré qu’il est possible en dépit de nos différences de progresser vers l’unité et vers nos objectifs communs dans le respect de la diversité. Dans cette proclamation nous avons réaffirmé notre attachement indéfectible aux principes de la Charte des Nations-Unies et du droit international. Notre engagement à régler de manière pacifique nos différends et notre conviction que le respect total du droit inaliénable de chaque État de choisir son système politique, économique, social et culturel constitue une condition sine qua non de la coexistence pacifique entre les Nations. Nous avons demandé que ces principes servent aussi de base aux relations des autres États avec notre région.

Nous réaffirmons ici notre totale solidarité avec la république bolivarienne du Vénézuéla face aux tentatives de déstabiliser ce pays et d’y miner l’ordre constitutionnel ainsi que d’y détruire l’oeuvre commencé par le Président Hugo Chavez et poursuivie par le Président Madoro en faveur du peuple vénézuélien. Dans le même esprit nous nous solidarisons fermement et de façon inconditionnelle avec la République de l’Équateur, avec sa révolution citoyenne et avec son Président Raphael Correa Delgado qui est devenu la cible du même scénario de déstabilisation déjà écrit contre d’autres états progressistes de la région. Nous nous solidarisons avec les Nations caribéennes qui réclament à juste titre une indemnisation pour les horreurs de l’esclavage et de la traite des nègres. D’autant que la discrimination raciale et la répression visant les communautés d’ascendance africaine s’amplifient dans notre monde.

Nous réaffirmons qu’à nos yeux le peuple portoricain doit être libre et indépendant après plus d’un siècle de domination coloniale.

Nous sommes solidaires de la République Argentine qui réclame en toute légitimité le retour sous sa souveraineté des îles Malouines, Sandwich du Sud et Géorgie du Sud.

Nous réitérons notre appui solidaire à la Présidente Dilma Roussef et au peuple brésilien qui défendent leurs acquis sociaux si importants et la stabilité de leur pays.

Nous rejetons et condamnons de nouveau les visées de l’OTAN qui veut s’étendre jusqu’aux frontières de la Russie tout comme les sanctions unilatérales imposées injustement à cette Nation.

Nous nous félicitons de l’accord conclu avec la République Islamique d’Iran sur le dossier du nucléaire, un accord qui prouve que le dialogue et les négociations sont les seuls instruments efficaces pour régler les différends entre états.

Nous redisons notre confiance envers le peuple syrien que nous croyons capable de régler par lui-même ses différences et nous demandons que cessent les actes d’ingérence extérieure.

Un règlement juste et durable au conflit qui secoue le Moyen-Orient exige cet incontournable que le peuple palestinien puisse exercer vraiment son droit inaliénable à bâtir son propre état dans les frontières d’avant 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale. Nous appuyons énergiquement un tel règlement. Les vagues de réfugiés, images bouleversantes qui déferlent depuis des semaines sur les côtes européennes, sont une conséquence directe de la déstabilisation que l’OTAN a engagée et dont elle continue d’être responsable dans des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. C’est aussi là la conséquence du sous développement et de la pauvreté qui règnent dans certains pays africains. L’UE dit assumer pleinement et sans délais ses responsabilités dans cette crise humanitaire qu’elle a contribué à générer.

M. le Président c’est parce que le peuple cubain a su résister dans l’héroïsme et le sacrifice pendant 56 ans aux États-Unis que les relations diplomatiques ont pu être renouées entre les deux pays. Et les ambassades ont pu être réouvertes dans les capitales respectives. S’enclenche maintenant une évolution longue et complexe vers la normalisation de nos relations, laquelle ne sera réalité que lorsque le blocus économique, commercial et financier imposé à notre pays sera levé, que le territoire occupé illégalement par la base navale des États-Unis dans la baie de Guantanamo nous sera rendue, que les émissions de radio et de télévision ainsi que les programmes de subversion et de déstabilisation auront cessés et que notre peuple aura été indemnisé pour les pertes humaines et économiques qu’il aura enduré. Tant que le blocus durera nous continuerons à présenter aux Nations-Unies le projet intitulé ” Nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier appliqué à Cuba par les États-Unis d’Amérique “.

Je réitère la gratitude infinie du peuple et du gouvernement cubain aux 188 gouvernements et peuples qui n’ont cessé d’appuyer notre juste demande, ici et dans différentes instances internationales et régionales. Merci pour leur appui indéfectible.

M. le Président, Cuba fête dans un engagement profond le 70 anniversaire des Nations-Unies. Nous reconnaissons que des efforts ont été consentis durant des années bien qu’ils aient été insuffisants pour préserver les générations présentes et futures du fléau de la guerre et pour garantir leur droit au développement durable sans exclusion.

L’ONU doit être préservée de l’unilatéralisme et réformée de fond en comble pour qu’elle devienne démocratique et plus proche des peuples .Comme Fidel Castro Ruz l’a affirmé dans cette même salle voilà 15 ans, Fidel Castro leader historique de la révolution cubaine, je cite :

“N’importe qui peut comprendre que l’objectif fondamental des nations Unies en ce siècle qui commence est de préserver le monde non seulement de la guerre mais aussi du sous développement, de la faim des maladies de la pauvreté et de la destruction des ressources naturelles indispensables à la vie humaine. Et les nations du monde doivent se hâter avant qu’il ne soit trop tard”. Fin de citation.

La Communauté Internationale pourra toujours compter sur la voix sincère de Cuba pour dénoncer l’injustice, les inégalités, le sous développement, la discrimination, les manipulations et pour réclamer l’instauration d’un ordre international plus juste et plus équitable réellement axé sur l’être humain sur sa dignité et sur son bien-être.

Source : ONU 11/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

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Venezuela – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E.M Nicolás Maduro Moros, Président de la République bolivarienne du Venezuela, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale de l’ONU

« Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les représentants des gouvernements, Mesdames et Messieurs des Nations unies, cette année 2015 est à nouveau le témoin de faits nouveaux qui [sont] l’aboutissement d’une immense bataille menée par nos peuples, et ce, pour mener une vie de dignité, pour ouvrir la voie à une nouvelle ère, à un monde qui respecte l’identité plurielle de nos peuples.

Cette année 2015, nous célébrons au Venezuela les 200 années d’une charte prophétique, d’un document prophétique rédigé par notre libérateur, Simón Bolívar. Cette charte écrite à Kingston, territoire magnifique des Caraïbes, et ce, il y a 200 ans. Justement, au moment où les forces libératrices commençaient à se soulever des profondeurs de l’histoire, et ce, après 300 années de domination coloniale sur nos terres, aujourd’hui les caraïbes, l’Amérique latine.

Ces forces libératrices, avec les grands libérateurs qui se sont soulevés, Simón Bolívar, ont permis de définir la nature de la lutte à mener, définir la route à suivre, et ce, il y a 200 ans, et donc, Simón Bolívar, avec ce document de la Jamaïque, a bien défini les éléments d’une géopolitique américaine, non pas impériale, non pas coloniale, on pourrait dire avec des concepts du 21e siècle. Dans ce document de la Jamaïque, Simón Bolívar a défini une politique anti-impérialiste, anticoloniale et il a énoncé les principes fondateurs d’une thèse géopolitique que nous avons fait nôtre depuis 200 ans. La nécessité d’édifier un équilibre dans l’univers, créer un monde d’équilibre, un monde de justice, un monde de paix. 200 années durant lesquelles nous avons été inspirés par ce document prophétique. Ce document, nous voulons l’amener ici.

Il y a quelques jours, le Pape François, dans cette enceinte commune de l’humanité, a renouvelé le même message, pour une nouvelle géopolitique, un nouveau concept, un nouveau monde, dont l’humanité a besoin, une géopolitique de respect des peuples, de l’identité des modèles qu’ils ont choisi, une politique de coexistence, une politique de paix dans la justice, dans l’égalité, une politique qui rejette toute tentative d’hégémonie, que ce soit par la voie de la menace ou l’utilisation de la force, qui vise à instaurer une hégémonie financière, économique, culturelle, militaire et politique. Vouloir l’imposer à notre monde.

Nous avons célébré ces derniers jours le 70ème anniversaire de l’ONU. 70 années qui ont vu se dérouler un film extrêmement rapide. 70 années de recherches, qu’ait jamais entreprises l’humanité, pour essayer de réguler les relations humaines, d’édifier sur cette planète un monde qui correspond à nos aspirations à tous. Sans exclusion, sans aucune discrimination. 70 années, il faut le dire, où il y a eu quelques victoires pour l’humanité. 70 années de vie des Nations unies, depuis sa naissance en 1945, au moment où la charte des Nations unies a été rédigée. Après la tragédie de la 2nde guerre mondiale, avec cette mémoire encore fraiche dans les esprits de cette terrible guerre qui a détruit la moitié de la planète, qui a vu tomber des innocents par millions, l’humanité s’est alors rassemblée pour rédiger cette charte, et avec cette charte, essayer de donner vie à un rêve. 70 années de vie de la charte des Nations unies qui reste[nt] d’actualité, et qui dit[sent] ceci : «  Nous, les peuples des Nations Unies, décidés à épargner à l’humanité le fléau de la guerre. »

Nous, les peuples des Nations unies, disposés aujourd’hui en 2015 aussi, à sauver l’humanité du fléau de l’inégalité, de la misère, du pillage qui sont véritablement les causes de toutes les guerres que l’humanité a connues. 70 années qui ont vues naitre le monde bipolaire, c’est ainsi qu’on l’appelle, deux blocs qui se sont formés et qui ont marqué la décennie des années 40, 50, la guerre froide, les années 60, les années 70, la guerre froide et ses séquelles dues à un monde bipolaire. On a vu tout cela. Avec l’effondrement du bloc soviétique, on a vu alors le monde unipolaire, un monde que l’on a annoncé comme étant la fin de l’histoire, la fin de l’idéologie, un monde de pensée unique. La décennie des années 90, où on a essayé de nous imposer un seul modèle de pensée, un seul modèle économique, le néolibéralisme.

Et il a semé derrière lui la misère, la privatisation des ressources naturelles, la privatisation des économies, et ce, pour les peuples du sud, avec la montée du chômage, des maladies. Du monde bipolaire de la confrontation, on est passé à un monde unipolaire d’imposition. Et ce 21e siècle a vu une nouvelle montée des forces des peuples, heureusement. La force révolutionnaire qui a soulevé nos peuples, le peuple vénézuélien, la force révolutionnaire constructive des peuples du sud, d’Amérique latine et des caraïbes. En ce 21e siècle, le moment est venu de l’édification d’un monde multi polaire, multi centrique, d’un monde sans hégémonie, d’un monde d’égaux, un monde qui respecte les peuples, un monde qui reconnaît le poids spécifique des nouveaux centres de pouvoirs économiques, politiques, culturels, humains, un monde qui reconnaît les nouveaux régionalismes, qui renforce les différentes régions de la planète, un monde qui puisse consolider une nouvelle voie à suivre, qui mette en œuvre, à la lettre, la charte des Nations unies, à savoir garantir le droit à l’autodétermination, à l’indépendance pour tous les peuples du monde. Voilà les grands thèmes auxquels notre monde est confronté.

Nous avons entendu des débats hier, nous avons vu notre ami du Brésil, nous avons vu le Président des Etats-Unis, Mr Barak Obama, parler, nous avons vu le Président Vladimir Putin, qui est peut-être l’un des plus importants dirigeants du monde, le président chinois, le président Raoul Castro, nous avons vu Eva Morales, Rafael Correa, d’autres encore, nous avons écouté avec attention ces débats, ces discours sur les thèmes d’actualité pour l’Organisation. On a parlé de la guerre et de la paix.

Je crois qu’aujourd’hui personne dans cette salle ne peut dire quoi que ce soit pour défendre des guerres injustes qui ont détruit nos peuples frères d’Afrique, d’Asie, du Moyen-Orient. Aujourd’hui, il faut penser au Venezuela comme étant une voie rebelle et révélatrice. Il faut reconnaitre les erreurs tragiques qui ont été commises en envahissant, en bombardant, en amenant la guerre à des peuples frères de la planète. Aujourd’hui, il faudrait reconnaitre que les 4 guerres que le monde a connues durant cette décennie ont fait échouer d’importants systèmes des Nations unies. La guerre d’Afghanistan, il faut se demander à ce propos, poser la question à nos frères d’Afghanistan : est-ce qu’elle a amené la paix, est-ce qu’elle a amené l’équilibre, est-ce qu’elle a donné la vie au peuple d’Afghanistan ou seulement d’autres misères, d’autres souffrances d’autres destructions encore ?

La guerre d’Irak, inspirée par un tissu de mensonges, avec pour unique objectif de conquérir l’Irak, le pétrole de l’Irak, la richesse naturelle de l’Irak, peut-on dire aujourd’hui, 12 ans après, que l’Irak soit un pays plus uni ? L’Irak est un pays qui vit en paix, un pays plus stable ? Il faut le dire, en montant cette guerre en Irak, on a fait échouer, une fois de plus, la politique internationale.

La Libye, après avoir entendu les discours de cette tribune, on a dénoncé les mensonges qui ont amené au bombardement de la Libye et la conquête de la Libye. On a vu ce que cela a donné à ce peuple frère au-delà des divergences politiques. Dans cette situation de Libye, personne ici dans le monde, ne peut dire au nom de la charte des Nations unies, ou au nom de quelque droit quoi que ce soit, on n’a pas le droit de juger ou de préjuger du régime d’un autre pays et vouloir changer le système politique d’un pays ou le système politique du monde. Personne n’est habilité à le faire. Et nous le disons avec douleur, car il faut se poser la question. Regardons la culture arabe, une culture millénaire, regardons le peuple musulman que nous admirons, et nous compatissons aujourd’hui avec ce qu’ils connaissent. Ce qu’il s’est produit en Libye a été un crime, on a détruit un peuple stable, qui était le fondement de la stabilité pour des dizaines de pays d’Afrique du Nord, qui a été le fondateur de l’Union africaine. Et qu’est devenue la Libye aujourd’hui ? Est-ce que c’est un pays plus stable, économiquement, socialement, est-ce que c’est un pays qui vit uni, qui vit en paix ? Et qui va payer pour les crimes commis en Irak, en Afghanistan, en Libye. Qui va le reconnaitre ?

Et la Syrie ? On dirait que c’est un film d’horreur avec cette politique de terreur. La politique de la terreur, la terreur de la guerre. Modestement et en toute humilité, du Venezuela, nous pensons qu’en Syrie le système politique des Nations unies a les moyens d’arrêter une tragédie encore plus terrible, encore plus mortelle, que celle qu’on a vue en Afghanistan. Et ensuite en Irak et en Libye.

L’humanité a encore le temps de créer une coalition de paix, une nouvelle coalition de paix en appuyant la proposition du président Putin de la Fédération de Russie, et, au Conseil de Sécurité, en tant que membre, le Venezuela va présenter une proposition pour travailler à la protection du peuple syrien, à la lutte contre les groupes qui ont financé et incité depuis l’Occident les activités de terreur et de destruction. L’humanité doit être au côté de la Syrie, agir pour la Syrie, pour sauver cette région de la planète. L’Europe, nos frères d’Europe, ne peuvent penser qu’une tragédie humanitaire en Syrie n’aura pas de séquelles sur leurs côtes, sur leurs terres, sur toute la civilisation de l’Europe. La communauté internationale doit réagir face au drame de la Syrie, et c’est notre conviction. Elle doit tenir compte de l’échec tragique de cette guerre de façon au conseil de sécurité aux Nations unies à définir de nouvelles normes qui interdisent l’utilisation de méthodes interventionnistes  pour semer la terreur, amener la terreur détruire et faire mourir des peuples qui sont déclarés, arbitrairement, comme des peuples ennemis, indésirables.

C’est là un grand défi pour la paix. Il y a un consensus général je crois. J’ai entendu des présidents dire que sans paix, il n’y a pas de développement. Nous avons entendu définir la philosophie de la paix, avec d’importants dirigeants du monde, qui l’ont prônée. Seule la paix peut garantir la viabilité de plans à l’horizon 2030, voilà un plan très noble pour faire avancer l’égalité. Seule la paix peut garantir la viabilité du développement des relations internationales sur la planète. C’est là un énorme défi pour notre système des Nations unies.

En Amérique latine, on est en train de définir un nouveau régionalisme, c’est une bonne nouvelle, il faut le dire. Une bonne nouvelle qui vient de notre région d’Amérique latine et des caraïbes. Durant les années qui viennent de s’écouler, l’Amérique latine a retrouvé le chemin de l’indépendance, de l’union, l’union dans la diversité du consensus. Nous pouvons dire aujourd’hui devant les Nations unies, 2015 voit une Amérique latine qui a consolidé sa nouvelle communauté d’Etats. Au sommet historique de La Havane, on a déclaré que l’Amérique latine était une zone de paix, un territoire de paix. Et nous entendons mener notre continent sur cette voie.

Des organismes sous régionaux, comme Petro Caribe, l’Alliance bolivarienne pour les peuples d’Amérique latine, ont vu le jour. Nous avons des organismes sous régionaux très puissants qui ont créé une nouvelle réalité. Nous n’avons qu’un seul conflit armé. Notre [pays] frère de la Colombie, la guerre interne en Colombie qui dure depuis 60 ans. Nous voulons saluer de cette tribune, au nom de la République bolivarienne du Venezuela, la Colombie. Nous voulons la féliciter pour l’initiative prise par le président de ce pays afin de conclure un accord définitif avec la guérilla de la FARC, la guérilla de la Colombie. Le Venezuela fait sienne cette volonté de consolider le chemin de la paix en Colombie.

La Colombie était une belle création de notre libérateur, la Colombie parle d’une seule voix avec l’Amérique latine et nous entendons le 28 octobre annoncer, au nom de notre compagnon Hugo Rodriguez et du président Raoul Castro,  nous entendons lancer un projet pour parler à nouveau du blocus des Etats-Unis d’Amérique contre Cuba. Nous saluons les mesures qui ont été prises cette année en 2015 pour régulariser et normaliser les relations entre le gouvernement du président Barak Obama et le président Raoul Castro, entre le gouvernement des Etats-Unis d’Amérique et Cuba.

Nous aspirons, et nous l’avons dit aux Etats-Unis, nous aspirons, nous l’avons dit hier,  à des relations entre les gouvernements et tous les autres pays d’Amérique latine, des caraïbes, [qui] portent le sceau du dialogue et du respect, de la reconnaissance de ce que nous sommes. Tourner la page une fois pour toute d’une histoire qu’il ne faut pas reproduire. Une politique de conspiration contre les processus révolutionnaires, d’interventionnisme sans oublier la longue lutte de Cuba, 47 ans de blocus économique et financier. Tout cela doit cesser le plus rapidement possible. Il faut faire cesser ce blocus économique et financier, les persécutions imposées à Cuba de ce fait.

Nous appelons à une chose, à ce que très vite les Etats-Unis d’Amérique comme 192 autres pays, comme l’a fait aussi le président Jimmy Carter, concluent un accord pour rendre à Panama, très vite, son canal et que les Etats-Unis rendent très vite le territoire de Guantanamo à Cuba. C’est une bonne nouvelle que nous avons suivi, elle n’a été possible que grâce à la persévérance, à l’esprit du peuple cubain, fort de son identité, fort de sa fierté nationale, qui a tenu bon toutes ces années. Et cela a été possible grâce au courage du président Barak Obama, il faut le dire, le courage d’assumer une nouvelle politique vis-à-vis de Cuba.

Dans cet esprit, nous faisons nôtre l’appel d’Amérique latine et Caraïbes à l’égard du gouvernement de Londres, du Royaume-Uni, pour que le plus tôt possible le Royaume-Uni prenne la décision de venir à la table de négociations sur le droit international, sur le droit de l’Argentine sur les iles Malvinas, et que, par la voie de la paix et de la diplomatie, on reconnaisse le droit de l’Argentine dans les iles Malvinas et tout le complexe d’iles qui se trouvent dans cette région et qui, historiquement, font partie de l’Argentine. C’est une clameur de la CELAC, de l’Amérique latine, du mouvement des pays non alignés, (c’est une clameur qui vient de XX et de la Chine), une clameur qui vient du monde pour une diplomatie de paix, de dialogue et de communication. Une clameur qu’il faut entendre.

Frères et sœurs du monde, le Venezuela a été confronté à de grands défis tout au long de ces années. De grands défis dans l’édification d’un modèle social, économique, politique éminemment Vénézuélien, inspiré par la doctrine de notre libérateur Simón Bolívar qui a choisi une option dans la bataille qu’il livrait, et qui a été reprise par notre président. Il a choisi l’option humaine, on peut dire dans les termes même du Pape François, une voie humaniste. Le Venezuela a choisi l’option de construire une nouvelle société, la société socialiste. Une révolution socialiste au 21ème siècle, une révolution qui est inspirée de la lutte pour l’indépendance de la Bolivie, du Nicaragua, de l’Equateur et d’autres, qui s’inscrit dans le droit-fil de la révolution cubaine du commandant Fidel Castro, de Raoul Castro et du peuple cubain. Quelles grandes batailles ont livré nos peuples. C’est une source d’inspiration pour nous-mêmes, vis-à-vis de l’extérieur.

Récemment, nous avons été confrontés à de dures intrigues, de dures attaques au début de l’année. On a dû, en public, faire face à des missives menaçantes du président Obama, en mars, qui disait que le Venezuela était une menace grave pour le bien-être du peuple des Etats-Unis. Le Sommet d’Amérique latine au Panama le débat qui a suivi ont permis de rectifier le tir, et de voir où se trouvait la réalité par rapport à la déclaration du président des Etats-Unis. On a reconnu que le Venezuela était un peuple de paix et qu’il n’a jamais été une source de menaces pour le peuple des Etats-Unis. C’est là une initiative très positive, je dois le dire, qu’ont pris les chefs d’Etat. Le décret adopté en mars 2015 doit être abrogé, doit être annulé, car il menace ma patrie, il menace mon pays. Et nous avons mené des discussions avec les Etats-Unis d’Amérique, dans le même esprit que nos frères cubains, dans un esprit de respect mutuel, et nous espérons que très vite on pourra lever l’épée de Damoclès qui menace le peuple du Venezuela à cause de ce décret de masse.

Nous l’avons dit, au plan national et international, le Venezuela, par la voie de la diplomatie de paix, a dû combattre certaines menaces qui cherchaient à introduire des conflits à nos frontières. Respectueusement, devant cette Assemblée générale des Nations unies, je dois dire qu’il y a eu une opération tenace pour créer des conflits à la frontière avec la Colombie et la frontière avec la république du Guyana. Il y a quelques semaines, à Quito, sous l’égide de la CELAC et de UNASUR , nous avons rencontré le président Santos et défini une feuille de route pour en finir avec ces provocations, ces menaces, ces attaques par des militaires, des narcotrafiquants qui sont menés contre le Venezuela. Cette feuille de route sera mise en œuvre, nous attendons beaucoup de la réalisation de cette feuille de route et nous entendons consolider les relations de travail et de communication avec le peuple Colombien à cet effet.

Récemment, avec la République du Guyana, nous avons lancé une série d’initiatives pour travailler dans le cadre régional. Je l’ai dit au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, il a entendu l’appel du Venezuela et il [nous] a convoqués le 27 septembre, le jour de la lune rouge, de la fameuse éclipse. Pendant que la lune rouge sortait, nous nous sommes réunis avec le président du Guyana, et je dois le dire, la diplomatie de paix a permis de canaliser de façon fort réussie, des initiatives historiques, pour des conflits qui remontaient au 19ème siècle. Ainsi, la République bolivarienne du Venezuela a été confrontée à des menaces et des circonstances difficiles, toujours en menant une diplomatie de paix, ce qui nous a permis de mener le dialogue et la communication et de résoudre ces problèmes, ces menaces.

Nous avons eu des élections parlementaires comme le savent nos frères. Quinze années de révolution seront suivies d’une 20ème élection. Et les 19 élections précédentes ont vu la force de la révolution, la force bolivarienne, la force indépendante inspirée par le commandant Chavez à triompher, durant ces 19 élections.

Il va y  avoir des élections parlementaires, tout est préparé, une fois de plus. D’après le président Jimmy Carter, le système électoral vénézuélien est le plus transparent et le plus complet qu’il n’ait jamais vu dans le monde. Il permet que la volonté du peuple s’exprime, et ce sera le cas aux élections de décembre.  Et je demande au monde entier d’être attentif à toute tentative d’enfreindre la volonté politique du Venezuela. Le Venezuela est décidé à poursuivre sa voie de la démocratie, démocratie participative, présente avec une constitution adoptée par notre peuple en 1999, par la voie de la paix. Notre vocation de paix est éminemment démocratique, populaire, pacifique, et nous l’avons démontré cette année. Et nous allons continuer à consolider cette voie, cet espace d’indépendance, cet espace de dignité qu’est la république bolivarienne du Venezuela.

200 ans après cette charte prophétique, nous, au sein des Nations unies, nous voulons ratifier par notre propre voix, par notre propre dignité, l’appel à un nouveau monde, un monde porteur de transformations, un monde qui transforme les Nations unies elles-mêmes, que nous avons créées il y a 70 ans, un monde qui a besoin de nouvelles géopolitiques, de respect, de renforcement du nouveau régionalisme, qui a besoin qu’on mette en avant la vérité et la volonté du peuple. Espérons que dans 15 ans, en 2030, lorsqu’on aura achevé le cycle du programme que nous venons d’adopter pour l’égalité, la lutte contre la pauvreté, nous pourrons aussi célébrer une nouvelle politique de paix et la reconstruction des peuples qui ont été détruits par des guerres impérialistes, injustes. J’espère qu’alors nous pourrons célébrer la nouvelle norme qui aura été bâtie par les Nations unies pour entendre la voix de nos peuples face à ceux qui essayent de la dominer.

Espérons qu’en 2030, nous aurons toujours la capacité de construire et de reconstruire ce monde merveilleux que nous avons mis en place il y a 70 ans, avec notre rêve : la paix, qui est notre rêve à tous. Merci frères et sœurs, que vive la paix. »

Source : ONU 11/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

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Chili – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

 Allocution de S.E. Mme Michelle Bachelet Jeria, Président du Chili, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Chefs d’états et de gouvernements, Mesdames et Messieurs,

Le monde d’aujourd’hui est un monde de défis redoutables. Nous sommes les témoins d’un ensemble de crises internationales graves dans différentes régions du monde qui ont des retombées négatives sur la paix et la sécurité internationale, notamment au Moyen-Orient mais également en Europe et en Afrique. Les civils portent le fardeau le plus lourd dans ces crises et ils fuient désespérés pour avoir la vie sauve et se forger un avenir meilleur.

En tant que Communauté Internationale nous avons l’obligation de réagir avec solidarité pour rétablir la paix et alléger les souffrances des victimes de la guerre et des réfugiés. Nous saluons les efforts réalisés par de nombreux pays pour accueillir les réfugiés mais nous devons en faire davantage. C’est la raison pour laquelle mon gouvernement a décidé d’accueillir des réfugiés de la guerre en Syrie et c’est la raison pour laquelle le Chili va renforcer sa coopération avec l’Afrique, une région à partir de laquelle dès 2016 nous participerons aux opérations de maintien de la paix des Nations-Unies.

Alors que la paix est menacée, notre planète n’a pas non plus réussie à réduire les inégalités, nous ne sommes pas non plus parvenus à un accord pour freiner le réchauffement. C’est la raison pour laquelle au milieu de tant de défis internationaux, cette 70ième Session de L’Assemblée Générale restera dans l’Histoire comme un instant charnière où la communauté internationale est parvenue à un accord sur un programme de développement à l’horizon 2030. Ce programme est synonyme d’espoir, un espoir qui nous lie. On trouve en son cœur la lutte contre les différents visages des inégalités. C’est le défi le plus important que doit relever l’Amérique Latine et le Chili alors que l’on entre dans une nouvelle phase de développement économique et politique. Il s’agit d’un programme ambitieux mais à la hauteur des défis urgents que nous devons relever, à la hauteur des objectifs à long terme d’une cohabitation humaine, juste, créative et pacifique. Il tient compte des engagements que nous devons encore réaliser mais incorpore de nouveaux objectifs et de nouvelles cibles. Ils s’inscrivent de façon multidimensionnelle dans ce concept de développement durable et inclusif. Il s’agit d’un programme synonyme de changement.

Cette vision d’avenir qui est la nôtre nous la vivons avec enthousiasme. L’égalité entre les pays, à l’intérieur des pays, entre les sexes, la croissance, l’industrialisation, une consommation durable pour tous, le respect de l’environnement et tout ce que cela implique, la paix sociale, ne sont là que quelques objectifs contenus dans ce programme. Il s’agit là de la base d’une façon de cohabiter fondée sur des valeurs très profondes. Nous avons une occasion en or pour répondre aux signes de désespoir face à l’avenir et de défiance face aux institutions, signes que nous pouvons percevoir dans nombre de nos sociétés. La responsabilité première en matière de développement durable et d’égalité accrue est la responsabilité de chacun de nos pays et le Chili avec enthousiasme s’engage dans cette tâche. Cependant, c’est aussi une tâche qui nécessite un environnement propice : en effet, une grande partie des cibles sont liées à des dynamiques mondiales. Bon nombre de défis auxquels nous nous trouvons confrontés ne peuvent être relevés de façon isolée.

Promouvoir des sociétés plus inclusives et durables ne sera possible que si nous sommes à même de faire progresser la réalisation de ce programme au niveau national mais aussi mondial. Lorsque le commerce international n’est plus un moteur de croissance, lorsque les flux financiers sont asymétriques, volatiles, lorsqu’il n’y a pas de mécanisme juste et efficace pour garantir le règlement de la dette souveraine, lorsqu’il n’y a pas de flux prévisibles et suffisants d’aides publiques au développement, les pays émergents et a fortiori les pays les plus pauvres du monde se retrouvent confrontés à des obstacles colossaux sur la voie de la réalisation de ce programme. Il faut que les systèmes financiers, monétaires et commerciaux internationaux fonctionnent de façon plus démocratique, de façon plus efficace, plus équitable aussi vis-à-vis des intérêts des pays en développement. Aujourd’hui ce n’est pas le cas.

Une condition sine qua non pour réaliser cet objectif est de renforcer le cadre des institutions mondiales et de la coopération multilatérale avec une représentation vaste, des mandats clairs et des outils efficaces. Nous devons promouvoir une architecture des institutions multilatérales faisant office de soutien aux politiques nationales proposées dans le programme 2030.

Le Chili a revu à la hausse le rôle qu’il joue dans le système multilatéral. En 2014 et 2015, nous avons été membre non permanent du Conseil de Sécurité. A la lumière de cette expérience, nous voulons réaffirmer notre conviction quant à la nécessité de réformer cet organe pour revoir à la hausse le nombre de membres permanents et limiter l’usage du droit de véto en tout cas lorsque nous sommes en présence de crimes contre l’humanité.

C’est une réforme nécessaire, en phase avec les progrès réalisés par le système multilatéral. Sans doute, cet organe serait le plus important des Nations Unies et lui confèrerait davantage de légitimité. Notre pays est bien conscient de la responsabilité qui est la nôtre à tous : veiller au bon fonctionnement du système international.

Nous devons rester fidèles au droit international, cela comprend le respect le plus scrupuleux des traités, garantie de paix et de stabilité internationale. Pour cela nous devons respecter ce qui a été accordé et ne pas utiliser de façon indue les mécanismes qui ont été conçus pour résoudre pacifiquement les différends qui peuvent exister.

Le Chili est empli d’espoir vis-à-vis de la Cop 21 qui sera bientôt convoquée à Paris. Le Chili est un des pays qui compte une des côtes les plus longues du monde et bientôt nous organiserons dans notre pays, une conférence sur les océans, le but étant de faire en sorte que les pays s’engagent volontairement à réduire la pollution des mers, à contrôler la pêche illégale et veiller à la diversité des ressources marines. Quant à notre contribution nationale, nous nous engageons à réduire d’ici à 2030 nos émissions de CO2 de 30% par rapport à 2007 et nous pourrions même aller jusqu’à 45% si nous pouvons nous appuyer sur la communauté internationale. En outre, nous nous engageons à recouvrer 100 000 hectares de forêt et à reboiser 100 000 hectares supplémentaires.

Le programme 2030 est un horizon partagé par nous tous, maintenant il nous faut agir ; chaque pays sur le plan national mais aussi à travers une forme de coopération mutuelle dans les différents espaces Nord-Sud et Sud-Sud qui existent, en affrontant ensemble les défis mondiaux dans les enceintes multilatérales.

Pour conclure, je tiens à féliciter 2 gouvernements qui ont rétabli entre eux des relations diplomatiques : je pense à Cuba et aux Etats-Unis d’Amérique. C’est un grand pas en avant, un pas en avant historique pour notre région et pour le monde.

Le Chili encourage toujours à utiliser la voie du dialogue, à respecter le droit international. C’est de cette façon que les pays doivent régler leurs différends. Et  nous nous félicitons également des accords qui ont été possibles récemment entre le gouvernement de Colombie et les FARC. C’est une preuve de bonne volonté et lorsqu’il y a bonne volonté on peut parvenir à un bon accord. La Colombie et le peuple colombien peuvent compter sur nous dans ce processus, un processus qui nous l’espérons les emmènera vers une paix durable.

Nous pouvons être fiers de nos réussites communes même si l’avenir peut nous inquiéter. Nous devons rester sur nos gardes mais l’espoir est de mise. Ce sont tous ces sentiments qui doivent nous guider dans notre détermination à édifier un monde meilleur, un monde davantage équilibré, avec davantage d’équilibres entre le développement et la protection de l’environnement, un monde de justice, de cohésion, d’égalité entre les sociétés et entre les peuples.

Merci beaucoup.

Source : ONU 11/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

 

Source: http://www.les-crises.fr/70e-ag-onu-cuba-venezuela-chilli/


[70e AG ONU] Indonésie + Philippines : “Les nations riches qui ne représentent que 20 % à peine de la population mondiale consomment 70 % des ressources mondiales.”

Saturday 17 October 2015 at 00:01

Indonésie – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. M. Muhammad Jusuf Kalla, Vice-président de la République d’Indonésie, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

Madame la Présidente, d’emblée, qu’il me soit permis de vous féliciter au moment où vous assumez la présidence de la 70 ème session de l’assemblée générale des nations unies. C’est un grand honneur pour moi de me trouver à cette tribune et de vous parler de la situation de mon pays au moment où l’organisation fête son 70 ème anniversaire et au moment de considérer la voie vers la sécurité.

Au moment de son 70 ème anniversaire l’O.N.U a atteint un âge mûr, le même âge que la République Indonésienne cette année. En cette occasion je souhaite souligner 3 points. Les réalisations de l’O.N.U au cours des 70 dernières années, la situation présente et la voie à suivre pour l’avenir. Or je voudrais dire que ce 70 ème anniversaire est une bonne occasion de faire le point et de regarder ce qui a été accompli depuis l’adoption de la charte. L’O.N.U a adopté les objectifs de développement durable de l’après 2015 et à cet égard, je souhaite remercier sincèrement le secrétaire général de sa direction constante.

Une autre réussite de l’O.N.U sont les opérations de maintien de la paix qui ont contribué a la paix et la sécurité, en effet les efforts de l’O.N.U de prévention de conflits armés importants ou le fait de les surmonter, cela été particulièrement utile au cours des 70 dernières années. Actuellement 100 000 personnels participent à 16 opérations dans le monde, l’ Indonésie se targue d’être le 11 ème contributeur de policiers et de contingent aux opérations de maintien de la paix en déployant 2700 personnes et mon pays est prêt à contribuer encore davantage à l’avenir. Entre temps la création du conseil des droits de l’homme en 2006 a créé et établi un mécanisme d’examen par les pairs qui reflète les efforts collectifs des états membres visant à renforcer la coopération et le dialogue,la promotion et la protection des droits de l’homme.

Mme la Présidente, malgré ces accomplissements de l’O.N.U nous ne pouvons baisser les bras car il reste encore de nombreux enjeux qui nous attendent. En ce moment, il y a encore de nombreux conflits armés dans le monde, la souffrance du peuple Palestinien se poursuit et la réalisation d’une solution à 2 états continue de nous échapper. Le récent conflit à Gaza a causé plus de 2000 victimes humaines, en déplaçant 5000. Les conflits sectaires y compris l’état islamique continuent de menacer la stabilité politique et ont causé une multitude de crises humanitaires surtout au Moyen-Orient notamment en Syrie, en Libye, au Yémen et ailleurs. Les conflits violents ont déchiré les pays et les nations mais en Syrie l’état islamique détruit ce qui reste d’une grande civilisation qui est notre patrimoine historique. Nous demandons si les Nations Unies ont fait assez face à ces différentes stratégies qui se répètent.

Le racisme, l’extrémisme violent, le terrorisme continuent de nous menacer gravement. L’Indonésie a toujours joué un rôle pour venir à bout de ces menaces en s’attaquant aux causes profondes notamment le dialogue entre les confessions. En ce qui concerne le contre-terrorisme, en renforçant la coopération internationale. L’Indonésie a toujours été un bon exemple pour régler les conflits par la voie du dialogue et les moyens pacifiques. En août de cette année nous marquons le 10ème anniversaire de la signature des accords d’Helsinki sur Aceh qui ont mis fin à 30 ans de conflit armé. Une fois de plus nous rappelons et apprécions les contributions positives de l’Union Européenne et de l’Anase à travers leurs missions de surveillance.

C’est avec préoccupation que nous notons que peu de progrès ont été réalisés par la commission du désarmement. Ce qui nous manque c’est la volonté politique nécessaire pour aboutir au désarmement nucléaire. Le commerce des armes de petit calibre et légères, légales ou autres, demeure une industrie valant des milliards de dollars.

Nous sommes témoins des déplacements humains les plus graves, de conflits sectaires et de crises humanitaires. Au cours des dernières semaines nous avons vu un afflux sans précédent de réfugiés qui fuient la violence en Syrie et plus de 100 000 personnes y ont perdu la vie ou ont recherché un refuge en Europe malgré les dangers et la misère rencontrés ce faisant.

Nous demandons également si les Nations Unies ont une volonté politique suffisante pour s’attaquer à ces questions. Entre temps la disparité économique, la pauvreté les inégalités dans le monde continuent de nous hanter. Chaque jour plus de 800 millions de personnes dans le monde sont gravement mal nourris. Les nations riches qui ne représentent que 20 % à peine de la population mondiale consomment 70 % des ressources mondiales. Dans de nombreuses régions du monde les femmes, les enfants, les jeunes, les personnes handicapées ,les personnes âgées, celles qui vivent dans les conflits ou dans des situations de crise demeurent marginalisés, ne sont pas touchés par les progrès du développement. 20 ans après la première conférence des parties de la convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique nous n’avons toujours pas conclu d’accord universel sur le changement climatique. Dans le contexte du commerce , nous n’avons pas encore enregistré de progrès ou de résultats concrets à la suite du programme de développement de Doha pour appuyer un système commercial basé sur des règles et un commerce multilatéral équitable.

Ebola a gravement éprouvé notre système mondial. Il y a de nombreux problèmes, notamment causés par l’intolérance , le chômage des jeunes et l’urbanisation sans maîtrise. Tous ces défis sont relatifs au manque de progrès dans le cadre des réformes de l’O.N.U.
Nous devons ensemble surmonter ces défis et des institutions telles l’Anase peuvent nous aider à cet égard. Nous devons travailler ensemble pour aboutir à la paix et la prospérité pour nos peuples. Nous devons mettre un terme aux conflits et éliminer l’inégalité dans le monde. Nous devons arrêter la propagation du radicalisme et de l’extrémisme violent. D’urgence nous devons aboutir à la réforme de l’O.N.U.

Avec ses 196 membres actuels comparés à 60 en 1957 le système de l’O.N.U doit être toujours plus inclusif et mieux refléter les conditions géopolitiques actuelles dans le monde. En ce qui concerne la Palestine nous devons assurer la naissance d’un état Palestinien souverain et indépendant. Nous devons assurer également la réalisation des EDD en temps opportuns. Nous devons veiller à ce que les stratégies de développement mondial soient adaptées aux conditions et priorités nationales des pays concernés.

Nous espérons que la conférence prochaine sur le changement du climat qui doit se tenir à Paris permettra d’aboutir à un accord que nous attendons de longue date pour que le réchauffement de la planète soit inférieur à 2 degrés. Nous demandons à l’O.N.U de travailler à travers des partenariats avec les mécanismes régionaux pour mieux relever les défis nationaux et régionaux . L’Anase doit être engagée activement dans ce processus et en ce sens nous avons créé le centre Asiatique – Africain en Indonésie pour le suivi du sommet de 2015 entre l’Asie et l’Afrique, en vue de revitaliser le partenariat entre nos 2 continents pour promouvoir la paix et la prospérité. Enfin pour conclure, le monde d’aujourd’hui dépend d’une organisation des Nations Unies qui va créer un ordre mondial , la paix et la prospérité équitable pour garantir la sécurité de la communauté mondiale et pleinement appuyer les principes des droits de l’ homme consignés dans la charte.

A cette fin nous avons besoin de l’appui tous les membres.

Source : ONU 12/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

 

Philippines – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. M. Albert Del Rosario, Ministre des Affaires étrangères de la République des Philippines, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

Madame la présidente, au nom du gouvernement des Philippines, j’exprime mes salutations les plus chaleureuses à l’occasion de votre élection à la présidence de la 70è session de l’Assemblé Générale des Nations-Unies.

Je vous assure de l’appui entier des Philippines pour vos responsabilités, pour tracer la voie, pour des Nations-Unies renouvelées, pour se lancer en cette année historique sur un agenda 2030 pour le développement durable, un plan d’action pour les peuples, la planète et la prospérité pour les quinze années à venir.

Je tiens à vous féliciter Madame la présidente d’avoir choisi un thème qui reflète bien les éléments fondamentaux qui ont mené à la création des Nations-Unies, ce thème est également au cœur du contrat social du président Benigno Aquino avec le peuple philippin.

En 1945 lorsque la charte des Nations-Unies a été signée à San Francisco, cinquante et un membres fondateurs, y compris les Philippines, ont envisagé un avenir de paix, de prospérité partagée et une nouvelle ère de collaboration.

Soixante-dix ans plus tard, nous avons créé un endroit de rencontres, une expérience dans la gouvernance mondiale et un endroit de rassemblement où les valeurs universelles de l’égalité, de la tolérance et de la dignité humaine prévalent.

Les Nations-Unies sont devenues un grand forum de Nations garantissant la dignité et la valeur de chaque être humain et s’est transformée en principale plateforme d’occasions à saisir pour lutter contre l’ignorance, la maladie, la pauvreté, l’injustice et l’extrémisme. Avec tous les succès, les défis, les Nations-Unies ont non seulement démontré leur résilience mais ont également affirmé leur pertinence continue contre l’ensemble des problèmes complexes et des menaces régionales apparaissant à la paix et à la sécurité.

Aujourd’hui les Philippines renouvellent leur engagement en faveur des causes de la paix et du développement durable par le biais de domaines clés et de positions nationales allant du changement climatique à l’état de droit, en étant membre de l’APEC (Coopération économique pour l’Asie-Pacifique) et l’ANASE (Association des nations de l’Asie du Sud-Est), le désarmement, la non-prolifération, les femmes, la paix, la sécurité, l’immigration, le trafic d’êtres humains, le maintien de la paix et la réforme des Nations-Unies.

Il y a deux ans, ici même, les Philippines ont présenté les cinq piliers qui faisaient partie du programme de développement pour 2030 qui sont les suivants :

Au cours du processus de négociation intergouvernemental de l’agenda 2030, ces piliers ont aidé les Philippines à partager ses expériences à la recherche d’une croissance exclusive, des leçons tirées dans la gouvernance, le développement continu et les défis de sécurité que nous connaissons dans la nouvelle économie.

Madame la présidente, l’agenda 2030 pour le développement durable et l’ensemble de l’architecture mondiale de développement doit souligner le renforcement des piliers de la résilience. Les Philippines ne savent que trop l’urgence qu’il y a à édifier une économie résistante au climat, étant des pays connaissant le plus de catastrophes dans le monde, ayant connu il y a près de deux ans les conséquences dévastatrices de Haiyan, la tempête la plus forte qui se soit jamais abattue sur terre dans l’histoire connue.

Compte tenu de ces catastrophes, les Philippines vont continuer de jouer un rôle actif face au changement climatique, la résilience et la réduction des risques de catastrophes et leur gestion.

Les Philippines président actuellement le forum du climat vulnérable (CVF) et vont promouvoir un résultat réel à la COP21 de Paris. La Communauté Internationale doit adopter un accord climatique juridiquement contraignant qui soit universel et équitable, garantissant un avenir avec peu d’utilisation de carbone pour les générations à venir et qui tiennent compte des besoins des états vulnérables et des secteurs, particulièrement les pauvres, les femmes, les migrants et les autochtones.

Sur les réductions des risques de catastrophes et leur gestion, les Philippines seront guidées par le cadre de Sendai pour 2015-2030, qui reconnait que l’état a un rôle fondamental dans cette gestion, que la responsabilité doit être partagée avec le gouvernement local, le secteur privé et d’autres parties prenantes. Nous allons appuyer des initiatives aux Nations-Unies nous permettant de travailler sur les quatre priorités qui sont :

Madame la présidente, les différends maritimes en Mer de Chine du sud, sur ce sujet les Philippines ont toujours fait confiance aux règles de l’institution créée par la communauté internationale pour régler les relations entre les états. Le droit international sert de grand égalisateur entre les états permettant à de petits pays d’être sur un pied d’égalité avec des états plus riches et plus puissants.

Le droit international est celui qui lie la communauté des Nations ensemble, sans cela il n’y aurait pas d’ordre mondial, on aurait l’anarchie.

Voilà pourquoi les Philippines, sous l’administration du président Benigno Aquino III est toujours en faveur de la primauté de l’état de droit.

Avec l’appui croissant de la communauté internationale pour un règlement pacifique des différends dans cette Mer de Chine du sud, y compris par l’arbitrage, les Philippines croient que le résultat final du processus d’arbitrage devrait préparer la voie à un règlement de ces différends maritimes.

Sur notre différend avec la Chine, Chine qui est un partenaire et voisin depuis très longtemps, nous espérons également que nous parviendrons à une décision conforme aux déclarations de Beijing, que des efforts réels seront déployés pour faire tomber les tensions dans cette mer et parvenir à un règlement pacifique des différends.

Madame la présidente, les Philippines sont hôtes de l’APEC 2015 dont le sujet est : « Edifier des économies inclusives, créer un monde meilleur. »

En tant que président de l’APEC, pour la deuxième fois depuis 1996, les Philippines visent à intégrer et à réaliser les priorités suivantes :

L’APEC, en tant que processus et plateforme, continue de contribuer de façon positive à l’environnement économique de la région en faveur de la sûreté juridique pour le commerce et l’investissement. L’APEC vient également s’ajouter aux efforts mondiaux pour relever les défis dans le domaine de la croissance économique soutenue par le biais de la stratégie de l’APEC pour le renforcement de la croissance de qualité, en faveur de la synergie entre le travail réalisé par l’APEC et celui des objectifs du développement durable des Nations-Unies.

Sur l’ANASE, les dix état-membres vont intégrer leur économie d’ici à la fin de l’année en réalisant la vision d’ « Une Communauté de l’ANASE ». Nous avons besoin de faire en sorte que l’ANASE et nos états-membres, les partenariats, le secrétariat, demeurent pleinement engagés dans le système des Nations-Unies.

En fait le partenariat entre l’ANASE et les Nations-Unies est très utile pour la paix et la stabilité régionale, comme nous l’avons réaffirmé lorsque l’ANASE a rencontré Secrétaire Général des Nations-Unies mercredi dernier ici à New-York, nous sommes confiants et comptons sur l’appui continu pour le rôle central dans l’ANASE dans ces piliers.

 

Madame la président, le désarmement et la non-prolifération sont devenus des questions urgentes pour les Philippines compte-tenu du fait que 10% de la population vit et travaille à l’étranger, beaucoup ont des points chauds en Moyen-Orient et en Afrique.

Les Philippines demeurent convaincues qu’il faut totalement et complètement éliminer les armes nucléaires et toutes les armes de destruction massive.

Nous continuons d’exprimer nos préoccupations à propos des conséquences humanitaires des armes nucléaires, nous réitérons l’incitation à la mise en œuvre équilibrée, immédiate du plan d’action en soixante-quatre points du TNP de 2010, présidé par les Philippines, pour la création d’une zone exempte d’armes de destruction massives au Moyen-Orient. Nous nous attendons également à la signature et à la ratification du protocole de la zone exempte d’armes nucléaires en Asie du sud-est (SEANWFZ) par les cinq états, les P-5 states.

Sur les armes classiques, les Philippines vont aider à soutenir la dynamique créée par les progrès du traité sur le commerce des armes, surtout quand c’est utilisé par les acteurs non-étatiques.

Madame la président, les Philippines vont poursuivre sur leur voie de la mise en œuvre du programme pour les femmes, la paix et la sécurité en rappelant à la présentation la contribution important des femmes dans les négociations de paix, le renforcement de la paix, leur rôle pour façonner les descriptifs de la paix.

Nous allons maintenir également des rôles actifs pour demander la mise en œuvre continue de la convention des Nations-Unies pour les femmes (CEDAW), la plateforme de Beijing pour l’action et le développement durable à propos des femmes, notamment les Goal 5.

Pris ensemble, ces instruments sont des mécanismes puissants pour réaliser les engagements nationaux et internationaux, pour faire avancer le rôle des femmes comme catalyseur du développement durable.

 

Madame la présidente, dans les négociations sur l’agenda 2030 pour le développement durable, les Philippines ont souligné et continueront de rappeler les contributions positives des migrants au développement durable des pays d’origine, de transit et de destination.

Nous avons beaucoup apprécié la reconnaissance par les Nations-Unies des Philippines en tant que modèle de la gouvernance de l’immigration grâce à son caractère complet, sous l’angle de déploiement géré, de la composante solide de la protection, de l’engagement de la diaspora et la réintégration.

Les Nations-Unies et les Philippines croient que la gouvernance de l’immigration consiste à donner aux migrants un visage humain. La perspective de base de la gestion de l’immigration des Philippines se concentre sur deux éléments importants :

Les philippines vont également continuer à jouer un rôle actif sur les questions du trafic des êtres humains, soit en tant que coauteur des résolutions reconnaissant la vulnérabilité accrue à l’égard du trafic de femmes et de filles dans les situations de crises humanitaires et d’autres environnements d’urgence. Les Philippines vont travailler avec d’autres gouvernements pour intensifier les efforts pour régler rapidement les cas de trafics d’êtres humains et renforcer les mécanismes contre ces trafics.

Madame la présidente, depuis 1963 les Philippines ont contribué aux contingents des opérations de maintien de la paix des Nations-Unies, nous nous sommes engagés et nous avons répondu à l’appel des Nations-Unies pour le déploiement de femmes soldats de la paix. Je suis heureux d’annoncer qu’il y a maintenant quinze femmes philippines sur les cent soixante et un soldats de la paix philippins dans la mission de stabilisation des Nations-Unies en Haïti ou MINUSTAH.

Sur la base des recommandations de la politique du conseil des philippines pour les opérations de maintien de la paix des Nations-Unies, nous continuons de travailler avec le département des ONP dans le déploiement de soldats de la paix philippins à l’appui des recommandations du groupe indépendant de haut niveau sur les opérations de paix des Nations-Unies pour améliorer la sureté et la sécurité de nos soldats de la paix.

En cette soixante-dixième session des Nations-Unies, l’argument pour la réforme des Nations-Unies est plus urgent que jamais.

Les Philippines vont continuer d’insister pour des discussions réelles pour améliorer le rôle d’autorité de l’assemblée générale des Nations-Unies et suggérer des propositions pour rationaliser l’ordre du jour de l’assemblée de ces grandes commissions.

Les Philippines vont continuer d’insister pour poursuivre les conversations sur les réformes qui se font trop attendre et qui sont réellement nécessaires du conseil de sécurité pour que le conseil devienne plus démocratique, plus inclusif, plus transparent et plus redevable.

Ces réformes incluent, exhortent le conseil à fournir à l’assemblée générale un nombre de candidats et non un seul, surtout des femmes, à nommer au poste de secrétaire général en tenant compte de la rotation régionale et de l’égalité des sexes.

Avec d’autres pays en développement, les Philippines partagent la position qu’un budget suffisant est important pour que l’organisation puisse s’acquitter des mandats et des missions qui lui sont confiées avec plus d’efficacité et de responsabilité.

Madame la présidente, à la quatrième session de l’assemblé générale des Nations-Unies, le 20 septembre 1949, feux l’ancien homme politique des Philippines, le général Carlos Pena Romulo, qui venait d’être élu président de l’Assemblé Générale, a dit que l’objectif des Nations-Unies défini par la charte était de faire en sorte que les hommes puissent vivre mieux, dans plus de liberté, dans un règne de paix fondé sur la justice et le respect universel du droit.

Aujourd’hui c’est tout aussi valable, aujourd’hui c’est avec honneur que je répète ces engagements des Philippines.

En nous préparant pour les générations à venir, les Philippines vont continuer à accorder la priorité à trois éléments :

L’élimination de la pauvreté, empêcher les conflits et promouvoir l’état de droit.

En réaffirmant notre foi dans la sagesse des fondateurs des Nations-Unies, nous renouvelons notre engagement pour mettre un terme au fléau de la guerre, respecter la justice et les Droits de l’Homme et maintenir la paix et la sécurité internationale.

En recherchant à appliquer l’agenda pour le développement durable 2030, les Nations-Unies continuent à être une plateforme institutionnelle, la base historique et l’édifice moral pour les rêves, idéaux et aspirations collectives de l’Humanité.

Je vous remercie.

Source : ONU 12/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

 

Source: http://www.les-crises.fr/70e-ag-onu-indonesie-philippines/


Morozov : « Internet est la nouvelle frontière du néolibéralisme »

Friday 16 October 2015 at 03:32

Source : Rue 89, le 4 octobre 2015.

Selon le chercheur et essayiste Evgeny Morozov, la technologie sert le néolibéralisme et la domination des Etats-Unis. « Il faut considérer la Silicon Valley comme un projet politique et l’affronter en tant que tel », dit-il.

Evgeny Morozov s’est imposé en quelques années comme l’un des contempteurs les plus féroces de la Silicon Valley. A travers trois ouvrages – « The Net Delusion » (2011, non traduit en français), « Pour tout résoudre, cliquez ici » (2014, FYP éditions) et « Le Mirage numérique » (qui paraît ces jours-ci aux Prairies ordinaires) –, à travers une multitudes d’articles publiés dans la presse du monde entier et des interventions partout où on l’invite, il se fait le porteur d’une critique radicale envers la technologie en tant qu’elle sert la domination des Etats-Unis.

A 31 ans, originaire de Biélorussie, il apprend toutes les langues, donne l’impression d’avoir tout lu, ne se trouve pas beaucoup d’égal et maîtrise sa communication avec un mélange de charme et de froideur toujours désarmant.

L’écouter est une expérience stimulante car il pense largement et brasse aussi bien des références historiques de la pensée (Marx, Simondon…) que l’actualité la plus récente et la plus locale. On se demande toujours ce qui, dans ses propos, est de l’ordre de la posture, d’un agenda indécelable, ou de la virtuosité d’un esprit qui réfléchit très vite, et « worldwide » (à moins que ce soit tout ça ensemble).

Nous nous sommes retrouvés dans un aérogare de Roissy-Charles-de-Gaulle, il était entre deux avions. Nous avons erré pour trouver une salade niçoise, car il voulait absolument une salade niçoise.

Rue89 : Est-ce qu’on se trompe en ayant l’impression que vous êtes de plus en plus radical dans votre critique de la Silicon Valley ?

Evgeny Morozov : Non. Je suis en effet plus radical qu’au début. Mais parce que j’étais dans une forme de confusion, je doutais de ce qu’il fallait faire et penser. J’ai aujourd’hui dépassé cette confusion en comprenant que la Silicon Valley était au centre de ce qui nous arrive, qu’il fallait comprendre sa logique profonde, mais aussi l’intégrer dans un contexte plus large.

Or, la plupart des critiques ne font pas ce travail. Uber, Apple, Microsoft, Google, sont les conséquences de phénomènes de long terme, ils agissent au cœur de notre culture. Il faut bien comprendre que ces entreprises n’existeraient pas – et leur modèle consistant à valoriser nos données personnelles serait impossible – si toute une série de choses n’avaient pas eu lieu : par exemple, la privatisation des entreprises télécoms ou l’amoncellement de données par d’énormes chaînes de grands magasins.

Cette histoire, il faut la raconter de manière plus politique et plus radicale. Il faut traiter cela comme un ensemble, qui existe dans un certain contexte.

Et ce contexte, c’est, il faut le dire, le néolibéralisme. Internet est la nouvelle frontière du néolibéralisme.

Le travail critique de la Silicon Valley ne suffit pas. Il faut expliquer que le néolibéralisme qu’elle promeut n’est pas désirable. Il faut expliquer que :

Il faut travailler à l’émergence d’une gauche qui se dresse contre ce néolibéralisme qui s’insinue notamment par les technologies.

Le travail que fait Podemos en Espagne est intéressant. Mais voir les plateformes seulement comme un moyen de se passer des anciens médias et de promouvoir un renouvellement démocratique ne suffit pas. Il faut aller plus en profondeur et comprendre comment les technologies agissent sur la politique, et ça, Podemos, comme tous les mouvements de gauche radicale en Europe, ne le fait pas.

Mais vous voyez des endroits où ce travail est fait ?

En Amérique latine, on voit émerger ce type de travail. En Argentine, en Bolivie, en Equateur, on peut en voir des ébauches.

En Equateur par exemple, où la question de la souveraineté est essentielle – notamment parce que l’économie reste très dépendante du dollar américain -,- on l’a vue s’articuler à un mouvement en faveur d’une souveraineté technologique.

Mais on ne voit pas de tels mouvements en Europe. C’est certain.

Evgeny Morozov, le 18 mars 2013

La Silicon Valley va au-delà de tout ce qu’on avait connu auparavant en termes d’impérialisme économique. La Silicon Valley dépasse largement ce qu’on considérait auparavant comme les paragons du néolibéralisme américain – McDonald’s par exemple – car elle affecte tous les secteurs de notre vie.

C’est pourquoi il faut imaginer un projet politique qui rénove en fond notre conception de la politique et de l’économie, un projet qui intègre la question des infrastructures en garantissant leur indépendance par rapport aux Etats-Unis.

Mais si je suis pessimiste quant à l’avenir de l’Europe, c’est moins à cause de son impensée technologique que de l’absence flagrante d’esprit de rébellion qui l’anime aujourd’hui.

Mais est-ce que votre dénonciation tous azimuts de la Silicon Valley ne surestime pas la place de la technologie dans nos vies ? Il y a bien des lieux de nos vies – et ô combien importants – qui ne sont pas ou peu affectés par la technologie…

Je me permets d’être un peu dramatique car je parle de choses fondamentales comme le travail, l’éducation, la santé, la sécurité, les assurances. Dans tous ces secteurs, des changements majeurs sont en train d’avoir lieu et cela va continuer. La nature humaine, ça n’est pas vraiment mon objet, je m’intéresse plus à ses conditions d’existence.

Et puis je suis obligé de constater que la plupart des changements que j’ai pu annoncés il y a quelques années sont en train d’avoir lieu. Donc je ne pense pas surestimer la force de la Silicon Valley.

D’ailleurs, ce ne sont pas les modes de vie que je critique. Ce qui m’intéresse, ce sont les discours de la Silicon Valley, ce sont les buts qu’elle se donne. Peu importe si, au moment où j’en parle, ce sont seulement 2% de la population qui utilisent un service. Il se peut qu’un jour, ce soient 20% de la population qui l’utilisent. Cette possibilité à elle seule justifie d’en faire la critique.

D’accord, mais en vous intéressant à des discours, ne prenez-vous pas le risque de leur donner trop de crédit ? Dans bien des cas, ce ne sont que des discours.

En effet, on peut toujours se dire que tout ça ne marchera pas. Mais ce n’est pas la bonne manière de faire. Car d’autres y croient.

Regardez par exemple ce qui se passe avec ce qu’on appelle les « smart cities ». Quand vous regardez dans le détail ce qui est vendu aux villes, c’est d’une pauvreté confondante. Le problème, c’est que les villes y croient et paient pour ça. Elles croient à cette idée du logiciel qui va faire que tout fonctionne mieux, et plus rationnellement. Donc si la technologie en elle-même ne marche pas vraiment, le discours, lui, fonctionne à plein. Et ce discours porte un agenda propre.

Il est intéressant de regarder ce qui s’est passé avec la reconnaissance faciale. Il y a presque quinze ans, dans la suite du 11 Septembre, les grandes entreprises sont allées vendre aux Etats le discours de la reconnaissance faciale comme solution à tous leurs problèmes de sécurité. Or, à l’époque, la reconnaissance faciale ne marchait absolument pas. Mais avec tout l’argent des contrats, ces entreprises ont investi dans la recherche, et aujourd’hui, la reconnaissance faciale marche. Et c’est un énorme problème. Il faut prendre en compte le caractère autoréalisateur du discours technologique.

Un autocollant « I love Facebook » collé sur un ordinateur Apple au siège de Facebook en Californie, le 8 février 2012

Quelle stratégie adopter ?

Il faut considérer la Silicon Valley comme un projet politique, et l’affronter en tant que tel.

Ça veut donc dire qu’un projet politique concurrent sera forcément un projet technologique aussi ?

Oui, mais il n’existe pas d’alternative à Google qui puisse être fabriquée par Linux. La domination de Google ne provient pas seulement de sa part logicielle, mais aussi d’une infrastructure qui recueille et stocke les données, de capteurs et d’autres machines très matérielles. Une alternative ne peut pas seulement être logicielle, elle doit aussi être hardware.

Donc, à l’exception peut-être de la Chine, aucun Etat ne peut construire cette alternative à Google, ça ne peut être qu’un ensemble de pays.

Mais c’est un défi gigantesque parce qu’il comporte deux aspects :

Car quand on regarde comment fonctionne Uber – sans embaucher, en n’assumant aucune des fonctions de protection minimale du travailleur –, quand on regarde les processus d’individualisation des assurances de santé – où revient à la charge de l’assuré de contrôler ses paramètres de santé –, on s’aperçoit à quel point le marché est seul juge.

L’Etat non seulement l’accepte, mais se contente de réguler. Est complètement oubliée la solidarité, qui est au fondement de la sociale-démocratie. Qui sait encore que dans le prix que nous payons un taxi, une part – minime certes – sert à subventionner le transport des malvoyants ? Vous imaginez imposer ça à Uber….

Il faut lire le livre d’Alain Supiot, « La Gouvernance par les nombres » (Fayard, 2015), il a tout juste : nous sommes passés d’un capitalisme tempéré par un compromis social-démocrate à un capitalisme sans protection. C’est donc qu’on en a bien fini avec la sociale-démocratie.

Ce qui m’intrigue, si l’on suit votre raisonnement, c’est : comment on a accepté cela ?

Mais parce que la gauche en Europe est dévastée ! Il suffit de regarder comment, avec le feuilleton grec de cet été, les gauches européennes en ont appelé à la Commission européenne, qui n’est pas une grande défenseure des solidarités, pour sauver l’Europe.

Aujourd’hui, la gauche a fait sienne la logique de l’innovation et de la compétition, elle ne parle plus de justice ou d’égalité.

La Commission européenne est aujourd’hui – on le voit dans les négociations de l’accord Tafta – l’avocate d’un marché de la donnée libre, c’est incroyable ! Son unique objectif est de promouvoir la croissance économique. Si la vie privée est un obstacle à la croissance, il faut la faire sauter !

D’accord, mais je repose alors ma question : comment on en est venus à accepter cela ?

Certains l’ont fait avec plaisir, d’autres avec angoisse, la plupart avec confusion.

Car certains à gauche – notamment dans la gauche radicale – ont pu croire que la Silicon Valley était une alliée dans le mesure où ils avaient un ennemi commun en la personne des médias de masse. Il est facile de croire dans cette idée fausse que les technologies promues par la Silicon Valley permettront l’émergence d’un autre discours.

On a accepté cela comme on accepte toujours les idées dominantes, parce qu’on est convaincus. Ça vient parfois de très loin. L’Europe occidentale vit encore avec l’idée que les Américains ont été des libérateurs, qu’ils ont ensuite été ceux qui ont empêché le communisme de conquérir l’Europe. L’installation de la domination idéologique américaine – de McDonald’s à la Silicon Valley – s’est faite sur ce terreau.

Il y a beaucoup de confusion dans cette Histoire. Il faut donc théoriser la technologie dans un cadre géopolitique et économique global.

En Europe, on a tendance à faire une critique psychologique, philosophique (comme on peut le voir en France chez des gens comme Simondon ouStiegler). C’est très bien pour comprendre ce qui se passe dans les consciences. Mais il faut monter d’un niveau et regarder ce qui se passe dans les infrastructures, il faut élargir le point de vue.

Il faut oser répondre simplement à la question : Google, c’est bien ou pas ?

Aux Etats-Unis, on a tendance à répondre à la question sur un plan juridique, en imposant des concepts tels que la neutralité du Net. Mais qu’on s’appuie en Europe sur ce concept est encore un signe de la suprématie américaine car, au fond, la neutralité du Net prend racine dans l’idée de Roosevelt d’un Etat qui n’est là que pour réguler le marché d’un point de vue légal.

Il faut aller plus loin et voir comment nous avons succombé à une intériorisation de l’idéologie libérale jusque dans nos infrastructures technologiques.

Et c’est peut-être en Amérique latine, comme je vous le disais tout à l’heure, qu’on trouve la pensée la plus intéressante. Eux sont des marxistes qui n’ont pas lu Simondon. Ils se donnent la liberté de penser des alternatives.

Pour vous, le marxisme reste donc un cadre de pensée opérant aujourd’hui pour agir contre la Silicon Valley ?

En tant qu’il permet de penser les questions liées au travail ou à la valeur, oui. Ces concepts doivent être utilisés. Mais il ne s’agit pas de faire une transposition mécanique. Tout ce qui concerne les données – et qui est essentiel aujourd’hui – n’est évidemment pas dans Marx. Il faut le trouver ailleurs.

Source: http://www.les-crises.fr/morozov-internet-est-la-nouvelle-frontiere-du-neoliberalisme/


[70 AG ONU] Iran + Syrie + Turquie : “Pourquoi certains de vos gouvernements soutient-ils des pays qui ont l’habitude d’exporter leurs crises à l’extérieur de leurs frontières ?”

Friday 16 October 2015 at 01:54

Iran – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. M. Hassan Rouhani, Président de la République islamique de l’Iran, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

Au nom de Dieu le grand, le miséricordieux, loué soit Allah et que la paix et le salut soient sur le prophète Mohamed et ses compagnons.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,

Je parle ici au nom d’un grand pays qui pleure le décès de milliers de pèlerins musulmans et de centaines de ses propres citoyens. Des personnes âgées, des jeunes, des hommes et des femmes qui s’étaient réunis pour le grand pèlerinage spirituel de La Mecque sont malheureusement tombés victimes de l’incompétence et de la mauvaise gestion de ceux qui ont fait défaut à leur devoir. Certaines personnes disparues ne peuvent être identifiées et il n’a pas été possible de rendre aux familles en deuil la dépouille des personnes décédées, ainsi des milliers d’innocents venus des quatre coins de la planète sont morts ou ont été blessés. C’est là un désastre si grand que l’on ne peut y répondre comme à une catastrophe naturelle ou comme à une question localisée.

La douleur et la détresse infligées à des millions de musulmans sont plus grandes que toute réparation possible sur le plan matériel. L’opinion publique exige que les responsables d’Arabie Saoudite s’acquittent promptement de leurs obligations internationales et accordent immédiatement l’accès consulaire pour l’identification et la restitution des dépouilles. De plus, il faut que les conditions soient mises en place en vue de mener une enquête approfondie et indépendante sur les causes de cette catastrophe et sur les moyens d’empêcher que pareille catastrophe ne se répète à l’avenir.

Monsieur le Président, Monsieur le Secrétaire Général, Mesdames et Messieurs les chefs d’État de gouvernement, Mesdames et Messieurs, Je parle ici au nom d’un pays qui, il y a deux ans, votait encore une fois pour une implication constructive dans les affaires du monde, et je puis vous annoncer fièrement qu’aujourd’hui un nouveau chapitre s’est ouvert dans les relations de l’Iran avec le reste du monde.

Il y a deux ans, le peuple iranien, dans le cadre d’élections libres, m’a confié un mandat, un mandat en faveur de la consolidation de la paix et d’une implication constructive dans les affaires du monde tout en défendant les droits, intérêts et la sécurité nationaux. Cette volonté manifestée par le peuple a pris la forme d’un effort délibéré et diplomatique qui a porté ses fruits avec le Plan d’action global commun conclu entre la République islamique d’Iran et six pays du monde, qui est devenu immédiatement un instrument international ratifié par le Conseil de sécurité des Nations unies. Du point de vue du droit international cet instrument est un précédent fort puisque pour la première fois deux parties, plutôt que de négocier la paix après la guerre, ont choisi de dialoguer et de se comprendre avant que le conflit n’éclate.

À ce stade, il me paraît nécessaire de saluer ici le rôle de tous les négociateurs et des dirigeants et chefs d’État et de gouvernement [États-Unis, Royaume-Uni, France, Russie, Allemagne, Chine et République islamique d'Iran]. Nous avons décidé de créer de nouvelles conditions tout en défendant nos principes et nous avons réussi à le faire. Lorsque cela a été nécessaire nous sommes allés de l’avant, et lorsque cela a été nécessaire nous avons montré aussi le courage de la souplesse. Et à chaque instant nous avons fait pleinement usage de la capacité du droit international pour poursuivre ce dialogue constructif. Le point essentiel expliquant le succès du dialogue réside dans le fait que tout acteur du système international qui défend des revendications maximalistes et ne laisse aucun espace à l’autre partie ne peut invoquer la paix, la stabilité, le développement. Comme dans les dossiers commerciaux ou dans l’activité économique, comme aussi dans la politique et l’organisation internationale, le multilatéralisme et les solutions qui permettent à tous de gagner quelque chose à la discussion devraient être la base de cet engagement réciproque.

Monsieur le Président,

L’ONU a été créée pour créer et défendre la paix et la sécurité mondiale après deux guerres mondiales. Malheureusement, il faut bien reconnaître que dans bien des cas, cette institution internationale importante n’a pas su se montrer efficace. Or, cette fois, l’ONU a fait le bon choix. Aujourd’hui nous protestons contre l’adoption de résolutions injustes contre la République islamique d’Iran, néanmoins, et l’imposition de sanctions contre l’Iran et son gouvernement à la suite de malentendus. Nous croyons néanmoins un vieux proverbe iranien qui dit qu’« au plus tôt on met un terme à des mesures pernicieuses, au plus tôt aussi on en engendre les bénéfices. » Et c’est quelque chose que l’on constate aujourd’hui. La résolution 2231 du Conseil de sécurité est, certes, entachée par certaines carences et lacunes, mais elle a été un jalon important pour la levée des sanctions imposées à l’Iran. Nous considérons comme injuste le comportement du Conseil de sécurité adopté par passé, et nous insistons sur le fait que l’Iran, grâce à une fatwa importante de son dirigeant et de sa doctrine en matière de défense, n’a jamais eu l’intention de produire l’arme nucléaire, et que, par conséquent, les résolutions imposant les sanctions à l’Iran étaient injustes et illégales.

Les sanctions décidées par le Conseil de sécurité et les sanctions unilatérales imposées par certains pays se fondaient sur des allégations sans fondement et illusoires, et ont créé des conditions difficiles pour notre population. Mais ces sanctions n’ont, en aucune manière, affecté la politique que nous avons adoptée et défendue pour ce qui est des négociations. Nous avons prouvé à l’occasion de ces négociations que l’Iran n’avait pas d’autre programme que la logique, la raison et l’éthique, et que lorsque cela était nécessaire il savait aussi défendre son droit à la légitime défense contre tout type d’agression.

En fin de compte, les États-Unis d’Amérique ont ainsi été contraints de renoncer à la pression et aux sanctions et ont décidé de s’asseoir à la table des négociations pour discuter avec nous. Nos sept pays et l’Union européenne ont consacré énormément de temps à ces négociations et devraient maintenant ne ménager aucun effort pour protéger l’accord et en assurer la mise en œuvre. Pour nous, le respect par toutes les parties des engagements pris est un facteur fondamental dans le succès de la mise en œuvre du résultat de ces négociations. En parallèle à la mise en œuvre du Plan d’action global commun, nous attendons aussi des états détenteurs de l’arme nucléaire qu’ils prennent les mesures nécessaires pour s’acquitter de leurs propres engagements en matière de désarmement nucléaire plein et entier, sur la base de l’article 6 du Traité de non-prolifération. De plus, nous attendons d’eux qu’ils jouent un rôle positif dans la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et qu’ils ne permettent pas au régime sioniste de rester le seul obstacle à la réalisation de cette initiative importante.

Monsieur le Président,

L’accord nucléaire qui est une excellente illustration d’une victoire sur la guerre, a permis de dissiper les nuages hostiles, voire le spectre d’une autre guerre, et d’apaiser les tensions au Moyen-Orient. Cet accord doit augurer d’une nouvelle ère et aboutir à des résultats positifs pour ce qui concerne la mise en place de paix durable et de la stabilité dans la région. De notre point de vue, l’accord que nous avons conclu n’est pas un objectif final mais c’est un élément qui peut et devrait annoncer d’autres progrès. Étant donné que cet accord a permis de jeter une base objective et de mettre en place un modèle adéquat, il peut maintenant servir de base aussi pour des changements fondamentaux dans la région.

Notre politique consiste à poursuivre les efforts de paix dans la région, toujours sur la base du principe qui veut que chaque partie sorte gagnante du processus, et d’agir de manière à faire en sorte que tous dans la région tirent partie de ces conditions nouvelles. C’est là une occasion à saisir de façon à pouvoir envisager l’avenir plutôt que de se braquer sur le passé, de façon aussi à refonder nos rapports avec les pays de la région, en particulier avec nos voisins, sur la base du respect mutuel et de nos intérêts communs et collectifs.

Malheureusement, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord sont devenus aujourd’hui l’une des régions les plus turbulentes. Avec la poursuite et l’intensification de l’État de choses actuel, ces troubles risquent de se propager dans d’autres parties du monde. Dans le monde interconnecté et sans frontière d’aujourd’hui, les pays et les régions ont beaucoup de difficultés à protéger leurs frontières et à empêcher la propagation de l’insécurité et de l’instabilité. La menace la plus grave et la plus importante au monde d’aujourd’hui est de voir des organisations terroristes devenir des états terroristes. Il est déplorable que des insurrections nationales dans la région soient mises à profit par des terroristes et que le destin des nations soit déterminé par les armes et la terreur plutôt que par la voie des urnes.

Nous proposons que la lutte contre le terrorisme soit intégrée à un document international contraignant et qu’aucun pays ne soit autorisé à utiliser le terrorisme aux fins d’intervention dans les affaires d’autres pays. Nous sommes disposés à aider à l’élimination du terrorisme, nous souhaitons ouvrir la voie à la démocratie et garantir que les armes ne dicteront pas la suite des événements dans la région. De même que nous avons aidé à rétablir la démocratie en Irak et en Afghanistan, nous sommes prêts à aider à rétablir la démocratie en Syrie et au Yémen. Nous appuyons la consolidation du pouvoir grâce au vote populaire plutôt que par le recours aux armes, et nous défendons le droit de la majorité tout en souhaitant le respect des droits des minorités.

Aujourd’hui, tout en protégeant son patrimoine historique et culturel, l’Iran se tourne vers l’avenir : non seulement un avenir lointain mais aussi l’avenir proche, lequel peut être marqué par la coopération et la coexistence. Et je dis à tous les pays et à tous les gouvernements que nous n’oublierons pas le passé, mais que nous ne souhaitons pas vivre dans le passé. Nous n’allons pas oublier la guerre et les sanctions mais nous nous tournons plutôt vers la paix et le développement. Dans le cadre du Plan d’action global commun, nous ne cherchions pas seulement un accord sur le dossier nucléaire, nous souhaitions aussi proposer une manière nouvelle et constructive de refonder l’ordre international. Un ordre qui soit fondé sur le respect mutuel, sur la non-ingérence dans le affaires intérieures des autres, ainsi que sur une coopération soutenue et sur la coexistence entre les membres de l’Organisation des Nations unies. Pour édifier un avenir pacifique, nous devons aussi tirer les enseignements d’un passé amer : nous savons que la seule manière de faire perdurer la paix est de garantir le développement. La paix sans le développement, en effet, n’est qu’une pause qui permet au ressentiment et à la suspicion de gonfler. Cependant la paix accompagnée du développement dissipent la colère et le ressentiment, et permettent d’y substituer espoir et respect.

Nous avons dit à maintes reprises que la seule manière d’éradiquer le terrorisme au Moyen-Orient était de viser les causes sociales, économiques et culturelles sous-jacentes qui l’expliquent. Les interactions économiques peuvent aussi amener avec elles une sécurité durable et transformer la région pour en faire un sanctuaire de paix et de développement. À la suite du Plan d’action global commun, l’Iran est maintenant prêt à montrer que la meilleure manière pratique d’assurer la sécurité et la stabilité est de garantir le développement. L’Iran, avec son potentiel économique et culturel est bien placé pour devenir un pôle d’investissement orienté vers les exportations. L’Iran souhaite aussi montrer que nous pouvons tous opter pour une paix durable fondée sur le développement et sur des intérêts communs qui amèneront une sécurité durable plutôt qu’une paix instable marquée par les menaces. Nous souhaitons dialoguer avec nos voisins dans un large éventail de domaines socio-économiques de façon à arriver à une entente politique et voir à renforcer la coopération structurelle en matière de sécurité. Dans le système international d’aujourd’hui, les liens économiques mutuels apparaissent comme étant les principaux facteurs de facilitation de la coopération politique et de réduction des problèmes liés à la sécurité.

Monsieur le Président,

En 2013, à cette même tribune, je lançais un appel à combattre la violence et l’extrémisme. À la suite de quoi, vous, représentants de la communauté internationale avez unanimement approuvé la résolution WAVE. Cette résolution suppose des solutions et l’application des résultats tirés de l’expérience dans le domaine de la diplomatie. Je suis heureux qu’en mobilisant cet appui aujourd’hui pour le Plan d’action global commun, nous pourrons concevoir un plan permettant de régler les problèmes d’un Moyen-Orient fragmenté et pris dans la tenaille de la brutalité et de la sauvagerie.

Pour combattre l’ignorance, la dictature, la pauvreté, la corruption, le terrorisme, la violence et leurs impacts social, politique, culturel, économique et sécuritaire, je voudrais inviter le monde entier, en particulier les pays de ma région, à former un Plan d’action global commun visant à créer un Front uni contre l’extrémisme et la violence. Ce Front devrait :

- créer un mouvement collectif et mondial pour affronter les problèmes régionaux avec sérieux grâce au dialogue ;

- prévenir les massacres d’innocents et le bombardement de civils et empêcher la promotion de la violence ;

- assurer la stabilité en coopération avec les gouvernements centraux en place afin de maintenir la stabilité ;

- et une fois la stabilité établie, renforcer la diplomatie et la gouvernance démocratique de la région du Moyen-Orient.

Mesdames et Messieurs,

L’Irak, la Syrie et le Yémen sont autant d’exemples de crises alimentées par la terreur, l’extrémisme, la violence, les effusions de sang, l’invasion et l’indifférence de la communauté internationale. Nous avons des exemples similaires de déplacements de gens perdant leur foyer ou fuyant les horreurs de la guerre et du bombardement. Ces problèmes ont persisté parce que la communauté internationale n’a pas agi et parce que de nouveaux venus dans la région ou des acteurs trans-régionaux naïfs n’ont pas pris les bonnes mesures. De ce fait, la vague de destruction est allée au-delà du monde arabe et est parvenue aux portes de l’Europe et des États-Unis avec la destruction du patrimoine de la civilisation et d’ouvrages précieux de civilisations anciennes, et plus largement par la mort de l’humanité. Il ne faut pas oublier que les causes des guerres d’aujourd’hui, de la destruction et de la terreur remontent à l’occupation, à l’invasion et aux interventions militaires d’hier. Si les États-Unis n’avaient pas envahi militairement l’Afghanistan et l’Irak, et si les États-Unis n’avaient pas appuyé aveuglément les actions inhumaines du régime sioniste à l’encontre du peuple opprimé de Palestine, les terroristes aujourd’hui n’auraient pas d’alibi justifiant leurs crimes. Monsieur le Président, certains cultivent les semences de la division et de l’extrémisme, il faut y mettre un terme et ces actes doivent être alignés sur la réalité de la région.

Monsieur le Président,

Malgré les nombreux problèmes que notre région connaît aujourd’hui, nous croyons en un avenir meilleur. Nous n’avons pas de doutes quant au fait que nous saurons surmonter les obstacles si nous faisons preuve de sagesse et de prudence ainsi que si nous avons recours à des capacités nouvelles et puissantes et si nous nous fondons sur les racines de notre civilisation et sur notre détermination. Nous avons foi en l’avenir radieux de l’humanité du fait de la révélation divine, un avenir dans lequel les gens vivront dans la paix, la tranquillité, la spiritualité. Nous croyons en la volonté des nations de reprendre le chemin de la bonté et de la pureté. Nous croyons que la victoire ultime sera gagnée par ceux qui feront preuve de piété.

Merci à tous de votre attention.

 
Source : ONU 10/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr
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République arabe syrienne – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. M. Walid Al-Moualem, Vice-Premier Ministre de la République arabe syrienne, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale de l’ONU

Madame la Présidente, je voudrais vous féliciter à l’occasion de votre élection à la présidence de l’Assemblée Générale pour la session en cours, et je vous souhaite toute la réussite possible dans le cadre de vos fonctions. Je voudrais également remercier votre prédécesseur pour son travail à la présidence de la session de l’année dernière.

Mesdames et Messieurs, je vous salue dans ce bâtiment international qui, initialement, avait été créé, avec toutes ses agences, pour garantir la paix et la sécurité dans le monde . Je vous salue alors que je viens d’un pays où la sécurité a été perturbée, un pays qui ne connaît plus la paix, un pays qui vit une guerre féroce depuis plus de quatre ans. Je vous salue d’un pays baptisé dans le sang de sa population qui lutte contre le terrorisme, et qui défend ses compatriotes, en attendant que cette Organisation internationale remplisse ses promesses, et mette en œuvre les Résolutions relatives à la lutte contre le terrorisme ; des Résolutions adoptées par le Conseil de Sécurité, aux termes du chapitre sept, et qui sont encore lettre morte.

Ces Résolutions sont uniquement annoncées dans les communiqués de presse, ou dans les déclarations aux médias, alors que, sur le terrain, les pays qui financent, qui soutiennent le terrorisme, alimentent encore l’extrémisme dans les régions. Ces pays continuent d’armer, de former, d’envoyer des terroristes en Syrie, sans se soucier de la mise en œuvre de ces résolutions.

Mesdames et Messieurs, je vous demande, avec le peuple syrien, combien de temps nous allons attendre encore, pendant que les États Membres puissants intimident les autres États Membres qui veulent appliquer le droit international ; et quand va-t-on mettre fin à ces actes criminels contre la population syrienne ? Pourquoi tout ce silence ?

Vous constatez que des pays diffusent des idéologies extrémistes, y compris en Europe. Des cellules dormantes se réveillent ; les attentats, les assassinats frappent de nouveau l’Ouest. Les populations innocentes de vos pays ont commencé à payer le prix du soutien au terrorisme, apporté par certains de vos responsables politiques. Vous savez, mieux que quiconque, que le terrorisme est une idéologie qui ne connaît pas les frontières ; vous savez que, lorsque ce monstre est libéré, il ne se limite pas à certains pays. Le terrorisme de Daech, d’Al-Nosra ou d’autres organisation affiliées à Al Qaïda tuent des innocents, capturent des femmes, lancent des mortiers contre des civils. Ce terrorisme détruit également des civilisations, du patrimoine, y compris un patrimoine mondial qui appartient donc à l’ensemble de l’Humanité, tel que les temples de Baalshamin ou de Bêl, sans parler du meurtre de nos archéologues.

Pourquoi certains de vos gouvernements soutient-ils des pays qui ont l’habitude d’exporter leurs crises à l’extérieur de leurs frontières ? Pourquoi les soutenez-vous alors que vous savez qu’ils ne produisent que destruction ? Comment des pays développés, qui sont gouvernés par des parlements, sont-ils des alliés de pays qui n’ont pas de parlements, qui ne reconnaissent pas une partie active de la société -les femmes ? Comment vos pays peuvent-ils accepter les idées de Djihad sexuel ? Comment peuvent-ils accepter que l’on coupe des mains, que l’on brûle des personnes, que l’on détruise de manière systématique les monuments historiques ?

Mesdames et Messieurs, la Syrie continuera de lutter contre le terrorisme, dans ses discours et dans les faits, et l’armée syrienne est capable de débarrasser le pays de ces terroristes. Malgré tous les sacrifices, malgré le prix élevé que nous avons déjà payé, et que nous continuons de payer, avec le peuple syrien qui a déjà versé un lourd tribut en vies humaines, en terme de sécurité, et de qualité de vie, nous continuerons de lutter. Le devoir de la communauté internationale est de mettre fin à ce flux de terroristes qui vient en Syrie depuis une centaine de pays – d’après les informations des Nations Unies – afin de mettre sur pied un califat qui, comme vous le savez tous, ne se limitera pas à la Syrie ou à l’Irak. Les chefs de ce califat ont déclaré plusieurs fois que leurs objectifs est d’étendre ce califat de La Mecque au Nord de l’Europe, afin de restaurer la gloire du califat historique – selon leur interprétation. Si vous ne vous opposez pas aux États Membres qui soutiennent le terrorisme, alors la vague de violence qui a déferlé sur la Syrie, l’Irak et la Libye ne s’arrêtera pas.

Monsieur le Président, la Syrie a toujours demandé qu’il y ait un dialogue politique ; notre vision s’est avérée être correcte. La Syrie ne peut pas mettre en œuvre des politiques démocratiques, à savoir des élections, l’adoption d’une nouvelle constitution, alors que le terrorisme frappe des civils innocents dans notre pays. Comment pouvons-nous demander au peuple syrien de se rendre aux urnes, alors que les rues ne sont pas sures ? Ils ne sont même pas en sécurité chez eux, alors même que des missiles ou des tirs de mortier sont lancés contre des groupes terroristes qui sont soutenus par des pays que nous connaissons bien. Néanmoins, nous sommes toujours convaincus qu’un dialogue politique doit s’installer ; nous voulons sauvegarder la souveraineté nationale et l’unité du territoire syrien, nous voulons maintenir les institutions de l’État, nous voulons les développer, améliorer leur fonctionnement, et la seule manière de trouver une solution politique, c’est d’opter pour un dialogue national, géré par la Syrie, sans interférences étrangères. C’est sur cette base que la Syrie a convenu de participer à Genève II, et à Moscou I et II. J’annonce que la Syrie est d’accord pour participer aux quatre comités d’experts proposés par l’envoyé spécial, M. Staffan de Mistura. M. de Mistura a confirmé que le rôle de ces comités était principalement de procéder à un échange d’idées, et d’entamer des consultations préliminaires, afin de préparer Genève III.

Certains ont pensé que l’approbation, par la Syrie, de cette voie politique, quelles que soient sa forme, les initiatives ou les noms qu’on lui donne, était liée à la faiblesse de la population, de l’armée Syrienne sur le terrain. Je voudrais répéter ici que la Syrie est solide, et qu’elle continue à lutter contre le terrorisme, et que l’armée syrienne et le peuple syrien sont unis contre le terrorisme. Que personne ici ne pense qu’après tous ces sacrifices, qu’après toute cette volonté pendant quatre ans, certains pourraient obtenir de manière politique ce qu’ils n’ont pas pu obtenir sur le terrain ; ou qu’ils obtiendront à la table des négociations ce qu’ils ne sont pas parvenus à obtenir sur le terrain. La décision du peuple syrien n’appartient qu’à lui, et personne ne peut lui nier ce droit. Je répète : la décision du peuple syrien appartient au peuple syrien, et personne ne peut priver le peuple syrien de ce droit. L’armée arabe syrienne a étonné le monde, par sa puissance et sa persistance. Monsieur le Président, l’invitation importante de Son Excellence le Président Vladimir Poutine, à mettre sur pieds une coalition internationale régionale pour lutter contre le terrorisme, a bénéficié de l’attention du gouvernement syrien et de ses alliés. Le terrorisme ne peut pas être vaincu uniquement de manière aérienne, et les frappes aériennes sont inutiles à moins qu’elles ne soient faites en coopération avec l’armée syrienne, la seule force en Syrie qui lutte contre le terrorisme. L’annonce de l’entame des frappes aériennes russes en Syrie, à la requête du gouvernement syrien, et en coordination avec le gouvernement, est un exemple de participation efficace aux efforts syriens de lutte contre le terrorisme.

Ce qu’on a appelé « le printemps arabe » n’a été un printemps que pour Israël et ses alliés, connus ou pas. Israël continue d’attaquer la Syrie, alors que le monde regarde Israël qui arme des terroristes, les soigne dans ses hôpitaux, les aide avec ses services d’espionnage. Lorsque ces terroristes sont affaiblis, Israël intervient directement par des frappes aériennes ou des tirs de mortier, tout comme la Turquie d’ailleurs, que ce soit à Alep ou à Idlib. C’est ce que l’Arabie Saoudite et le Qatar font également : ils font tout pour verser du sang syrien ; leur soutien aux terroristes, et à l’escalade des attaques contre des citoyens dans la plupart des régions et des villes en Syrie, ont débouché sur une augmentation des besoins de nos citoyens pour des produits et des services de base. Les sanctions inhumaines imposées par l’Union Européenne et les Etats-Unis ont exacerbé les mauvaises conditions de vie des civils syriens. Simultanément, mon gouvernement coopère avec les Nations Unies et avec ses agences humanitaires dans le cadre de plans de réponse convenus avec le gouvernement syrien, pour répondre aux besoins de base des citoyens, particulièrement des citoyens qui ont été contraints, par des actes terroristes, de fuir leurs foyers. Bon nombre de citoyens ont été contraints de fuir vers des pays voisins ; certains de ces pays les ont accueillis dans des camps pour les former au maniement des armes, ou dans des installations qui ressemblent à des installations de détention ou d’isolement. Je voudrais souligner que l’Etat syrien garantit le retour en toute sécurité et une vie décente pour les citoyens qui souhaitent revenir en Syrie. Simultanément, la Syrie continue de consentir tous les efforts possibles pour livrer l’aide des organisations internationales à l’ensemble des citoyens syriens, sans discrimination, où qu’ils se trouvent.

Monsieur le Président, la République arabe syrienne confirme sa volonté de récupérer pleinement le Golan syrien occupé, tel qu’il était en 1967. Il souligne également de rejet de toutes les actions prises par Israël, la puissance occupante, pour changer ses caractéristiques démographiques, géographiques et naturelles, en violation claire des Résolutions pertinentes du Conseil de Sécurité, en particulier les Résolutions 497 de 1981 et 465 de 1980. La Syrie confirme également que la question palestinienne est essentielle aux yeux du peuple syrien. Nous soutenons les droits légitimes et inaliénables de nos frères palestiniens, particulièrement le droit de retour, le droit à l’autodétermination et le droit à créer un état indépendant, avec pour capitale Jérusalem.

Monsieur le Président, à la fin 2013, la Syrie a accepté une initiative du Président de la Fédération de Russie, Son Excellence Vladimir Poutine, et a rejoint la Convention pour l’interdiction des armes  chimiques ; car nous pensons qu’il est nécessaire de créer au Moyen Orient, une zone exempte d’armes nucléaires et d’armes de destruction massive. Nous avons prouvé au monde entier notre engagement contre toute utilisation d’armes chimiques ; la Syrie a rempli les obligations découlant de son adhésion à la Convention, et ce malgré la situation difficile que nous connaissions. S’il n’y avait pas eu de coopération de la Syrie avec la mission conjointe de l’ONU et de l’OIAC, il n’aurait pas été possible de mener à bien les tâches de cette mission.

La République arabe syrienne voudrait féliciter la République islamique d’Iran pour sa victoire dans le cadre de l’accord historique qui répond aux aspirations de la population de l’Iran, et qui reconnaît de droit de l’Iran à utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques ; cela permettra également de lever les sanctions imposées à l’Iran, cela permettra également de lever le gel de ses avoirs ; cela permettra à l’Iran de revenir dans le concert des Nations. Cet accord prouve qu’une approche sérieuse, diligente, est en mesure de surmonter tous les obstacles et permet de trouver des solutions justes pour des problèmes complexes. La Syrie souligne que la création d’une zone sans armes de destruction massive dans le Moyen Orient ne sera pas possible sans la participation d’Israël , la seule puissance nucléaire dans la région. Israël doit rejoindre tous les traités interdisant ces armes, et doit placer ses installations nucléaires sous le contrôle de l’Agence Internationale pour l’Energie Atomique. Nous soulignons simultanément le droit pour tous les pays d’utiliser la technologie nucléaire à des fins pacifiques.

Monsieur le Président, la Syrie souligne que l’imposition de mesures économiques coercitives,  unilatérales et non éthiques par les États-Unis et l’Union Européenne sont en contradiction avec les règles du droit international et les principes du libre-échange. C’est pourquoi nous félicitons Cuba qui est parvenu à un accord avec les États-Unis pour lever le blocus. Nous réitérons notre appel à lever toutes les mesures coercitives unilatérales imposées à la Syrie, ainsi qu’au Venezuela, à la Biélorussie et à la République populaire démocratique de Corée.

Monsieur le Président, je voudrais dire ici à tous ceux qui prétendent vouloir œuvrer en faveur de la sécurité du peuple syrien, la chose suivante : si vous voulez vaincre le terrorisme, si vous voulez permettre des réformes politiques et économiques, vous devez mettre en œuvre, de manière sincère les Résolutions du Conseil de Sécurité relatives à la lutte contre le terrorisme. Ce n’est qu’alors qu’on pourra mettre fin à la guerre en Syrie, et que nous pourrons procéder à un dialogue politique. Je vous remercie.

Source : ONU 10/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

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Turquie – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. M. Ahmet Davutoğlu, Premier Ministre de la République de Turquie, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

Mr le président excellence, mesdames et messieurs, je vous salue chaleureusement, et j’espère que la 70ème session de l’assemblée générale sera couronnée de succès. Je souhaiterais féliciter Mr Mogens Lykketoft à l’occasion de son élection de la présidence de l’assemblée et je souhaiterais remercier Mr Sam Kutesa pour les efforts consentis en tant que président de la 69ème assemblée générale.

Mesdames et messieurs il ya 70 ans notre organisation a été créée, pour reprendre les paroles de l’ancien secrétaire général Hammarskjöld,  non pas pour mener l’humanité vers le paradis mais pour la sauver de l’enfer. Lorsque nous regardons en arrière, nous voyons que les nations unies ont été très utiles pour éviter une guerre mondiale supplémentaire mais malheureusement elle n’est pas parvenue à sauver de nombreuses populations des souffrances de l’enfer, dans de nombreuses régions de conflit en Bosnie, au Rwanda, et en Syrie depuis plusieurs années. L’histoire tragique du petit Ilan de 3 ans devrait nous rappeler de ce pourquoi les nations unies ont été crées. C’était au début de ce mois, le corps sans vie du petit Ilan est échoué sur la cote turque alors que son bateau avait coulé dans la mer Egée. Sa famille a tenté d’échapper  aux barils d’explosifs dans une ville en Syrie pour arriver dans un pays d’espoir quelque part en Europe. L’officier de gendarmerie turque qui a trouvé le corps d’Ilan a dit qu’il se sentait plutôt comme le père de cet enfant. Il tenait impuissant cet être cher dans ses bras et en effet Ilan c’est notre enfant, c’est notre enfant à tous c’est celui de l’humanité. Au moment où nous l’avons trouvé échoué sans vie sur la rive, nous étions tous perdus, dans la misère de notre propre conscience mesdames et messieurs en tant qu’être humains, nous ne sommes pas simplement des pages blanches d’un livre d’histoire. Ce sont nos actes qui produisent le meilleur et le pire. C’est une anthologie certes simple mais tout a fait puissante et cela devrait nous permettre de tirer le meilleur de nous mêmes. Nous devons unifier nos efforts sans tarder pour lutter efficacement contre les tragédies complexes auxquelles l’humanité fait face. De son coté, la Turquie a assumé plus que sa part du fardeau : elle a assuré la protection à plus de deux millions de syriens et à 200000 irakiens. De plus la Turquie abrite maintenant le plus grand nombre de refugiés du monde et notre porte reste ouverte et nos cœurs restent ouverts : nous accueillons ceux qui fuient la paix et les persécutions.

Jusqu’à présent nous avons investi pratiquement 8 milliards de dollars. Alors que les contributions internationales se sont limitées à 417 millions de dollars. Au moment où je vous parle, il ya eu 66000 bébés syriens qui sont nés en Turquie il y de nombreuses consultations médicales assurées 9 millions et 280000 opération chirurgicales pour cette population  230000 enfants syriens en âge d’aller à l’école ont reçu une éducation, 460000 seront intégrés dans le système éducatif avant la fin de l’année. Le nombre de migrants illégaux potentiels qui se sont noyés dans la Mer Méditerranée a atteint un chiffre effrayant 6000 entre temps 55000 migrants par mer ont été sauvé par les gardes côtiers turcs et 235000 personnes illégales ont été interceptées par l’agence de maintien et de l’ordre depuis 2011. Le nombre de syriens qui fuient les armes chimiques, les missiles les bombardements & aériens aveugles par le régime Asad, et les attaques terrestres par l’organisation terroriste Daesh dépassent 4 millions, plus de 12 millions sont déplacées, la moitié sont des enfants, ils ont un besoin urgent d’aide. Cette tragédie ne prendra pas fin tant que le peuple de la Syrie n’aura  pas un gouvernement légitime qui vraiment représente sa volonté et jouit de son appui. Entretemps la communauté internationale vas agir avec sévérité pour leur fournir une sécurité chez eux, une zone sure, sans bombardements aériens perpétrés par le régime, sans attaque terrestre menée de Daesh et d’autres organisation terroriste. Toute personne qui cherche une solution à la crise doit penser à la population penser à cette personne qui tue sa propre population avec des armes chimiques et des bombardements aériens. Chaque minute qu’il reste au pouvoir amène la honte sur nous tous. Nous savons tous que la solution diplomatique devrait être basée sur une transition qui nous mènera à un changement politique, la Turquie continuera d’opérer à cette fin.

Mesdames et messieurs, vous n’entendez peut être plus les voix des 300000 personnes qui sont mortes mais la semaine dernière j’ai rencontré des représentants de milliers de personnes qui ont marché jusqu’à Edirne en Turquie sur cette voie vers un pays imaginaire d’espoir en Europe. J’ai promis de faire entendre leurs voix devant la communauté internationale, j’ai rempli ma promesse et pourtant nos responsabilités demeurent. Monsieur le président Mesdames et messieurs, en effet, c’est ce sens des responsabilités qui nous ont poussé à proposer l’inclusion de ce point, sensibilisation à l’échelle mondiale concernant les tragédies des migrants irréguliers en Méditerranée en mettant l’accent  sur les demandeurs d’asile syriens. Et nous avons demandé que ceci soit mis à l’ordre du jour lors de la 70ème session. Notre proposition a été acceptée par l’assemblée générale le 18 septembre. Ceci nous donne la possibilité d’examiner des réponses viables à cette tragédie des migrants grâce à un partenariat entre les pays d’origine, de destination et de transit. C’est une priorité pour toute l’humanité maintenant.

Mesdames et messieurs, le peuple syrien dans nos frontières n’est pas le seul à souffrir : la tragédie palestinienne continue encore et toujours. Dans mon intervention le 29/11/2012 devant cette auguste instance, j’ai lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle soit solidaire cote à cote avec les palestiniens dans cette demande qui dure depuis 60 ans, cette demande d’avoir un état indépendant à eux. Aujourd’hui nous allons enfin pouvoir saluer le drapeau palestinien qui battra pleinement devant les nations unies. Ceci représente un pas en avant très important pour permettre aux parties d’être sur un pied d’égalité pour un processus de négociation sain qui mènera à une paix équitable et pérenne.

Mesdames et messieurs, l’état de Palestine sera indépendant aujourd’hui ou demain et Jérusalem Est également sera sa capitale éternelle comme le président Mahmoud Abbas vient de le dire, le drapeau palestinien sera aussi à Jérusalem Est et nous serons là pour célébrer cet évènement. Et tous les musulmans, chrétiens toutes les nations iront là librement sans aucune entrave. La vile d’Al Quds a un sens pour toute l’humanité : c’est une ville sainte pour l’islam, pour le judaïsme et pour le christianisme et doit être traitée comme elle le mérite. L’élargissement des colonisations illégales et les violations qui ciblent les sites sains et notamment Haram al Sharif doivent cesser immédiatement et sans aucune condition si nous voulons parler  véritablement d’un processus de paix. Le caractère sacré de Haram al Sharif doit être respecté et nous rejetons dans les termes les plus forts toute tentative visant à diviser l’espace et en temps Haram al Sharif, c’est une claire violation du droit international.

Vous venez d’entendre  l’intervention du président Abbas, pour nous aussi la Palestine est un tout, indivisible,  et qui comprend Jérusalem Est, la Cisjordanie, et Gaza.

Le droit des palestiniens de vivre ensemble en tant que un seul peuple doit être reconnu. Une partie intégrale de l’état de Palestine devrait être libéré du blocus illégal et inhumain qui l’accable depuis 8 ans. L’engagement de la Turquie visant un appui économique et politique très nécessaire aux palestiniens pour mener une vie digne continuera.

Mesdames et messieurs, le vide actuel créé à nos frontières sud et qui résulte de la crise en Syrie a joué le jeu des terroristes et a également ciblé la Turquie. C’est une menace qui a un potentiel de s’étendre à toute la région et au delà. Le terrorisme ne peut être justifié aucunement, il doit être condamné sans aucune condition. Toute tentative de lier le terrorisme avec une religion quelle qu’elle soit ou avec un groupe ethnique est une erreur très grave. Et cela ne sert qu’à renforcer la menace terroriste. Aujourd’hui comme dans le passé, la Turquie combat le terrorisme de tous genres, notamment Daesh et le PKK. Nos efforts de lutte contre le terrorisme et notre contribution à la coopération internationale à cette fin sont bien connus par nos partenaires. Daesh est un produit du vide créé par la crise en Syrie. Il faut maintenant lutter contre  les conditions qu’ils l’ont créé. Nous n’arriverons pas tant qu’Assad est là avec Daesh. Nous demandons une fois de plus qu’il faut une Syrie sans Daesh et sans Assad. Nous attendons de nos alliés, partenaires et de nos amis à continuer de fournir leur appui, et leur solidarité à la Turquie dans sa lutte contre tout type de terrorisme publiquement et autrement. Les combattants terroristes étrangers sont une source de grande préoccupation. D’après les chiffres des nations unies 25000 combattants terroristes étrangers viennent de 100 pays différents.

Cette menace doit être prise à bras le corps, renforcer la coopération internationale notamment en terme d’échange d’informations est tout à fait essentielle. Mais malheureusement, il reste des lacunes en la matière. De notre côté, nous avons inclus plus de 20000 personnes sur notre liste des persona non grata depuis 2011 et nous avons expulsé plus de 2000 personnes qui revenaient de régions de conflits au delà de nos frontières. Mesdames et messieurs, de la Lybie au Yémen,  en passant par l’Ukraine, la situation sécuritaire mondiale est extrêmement vulnérable du sud au nord et de l’est à l’ouest. Devant tant de vulnérabilité, particulièrement dans notre région, la Turquie prend ses responsabilités, de la meilleure façon qu’elle peut avec ses moyens et ses capacités. La Turquie est devenue un acteur majeur et un partenaire fiable en fournissant 3.5 milliards de dollars en aide publique au développement. Nous voyons un lien très clair entre le développement économique durable et la stabilité mondiale. Une façon d’assurer cet équilibre est d’avoir une croissance économique inclusive, pour que personne ne soit laissé pour compte, notamment les femmes qui sont les plus vulnérables. Aujourd’hui, la moitié de la population du monde vit avec un revenu moins de 2.5 dollars / jour et 20000 enfants meurent chaque jour de la faim et de la pauvreté. La Turquie en tant que présidente du groupe des 20 depuis décembre 2014 a mis en exergue l’importance de la coopération internationale de la coordination et de la solidarité si nous voulons lutter contre les risques mondiaux et les incertitudes. Nous avons considéré le caractère inclusif et la lutte contre les inégalités come une priorité du G20.

Mesdames et messieurs notre génération a été témoin d’un grand nombre de réfugiés et de personnes déplacés, le nombre le plus élevé depuis la seconde guerre mondiale. La grande majorité des crises humanitaire d’aujourd’hui son liés à des conflits, le système humanitaire mondiale ne dispose de presque plus de fonds alors que les personnes touchées n’ont presque plus de temps. La Turquie accueille le plus grand nombre de réfugiés du monde mais elle est également présidente du Forum Mondial sur la migration et le développement et le thème qui reviens c’est : renforcer les partenariats, la mobilité humaine pour le développement durable. Nos principales priorités comprennent notamment le fait de promouvoir des liens positifs entre la migration et le développement. Il est grand temps que nous examinions la question humanitaire de façon transversale en mettant l’accent entre le lien qui existe entre l’aspect humanitaire et le développement c’est pourquoi nous attendons avec intérêt de pouvoir accueillir la première conférence, le premier sommet international humanitaire à Istanbul les 23 et 24 mai 2016. Mesdames et messieurs les divisions culturelles si nous permettons qu’elles prospèrent nous voleront notre avenir,  les conflits actuels dans le monde montrent la propagation de la haine, de la discrimination, de l’extrémisme.

Ces crises ont pour conséquence une ségrégation des peuples qui ont une origine ethnique ou religieuse spécifique ceci empêche la tolérance, la coexistence et l’harmonie entre les civilisations, nous devons éviter l’aliénation, l’exclusion. Nous devons éviter de stigmatiser certaines communautés ou certaines religions si nous voulons abattre les murs qui nous divisent. Nous devons agir de concert contre toutes les formes de racisme, de xénophobie notamment  l’islamophobie sans exception. Et ce n’est qu’ainsi que nous pourrons lutter ensemble contre l’extrémisme, la radicalisation, le terrorisme d’une manière efficace. Nous devons encourager le caractère inclusif, la légitimité démocratique qui doivent respecter la volonté populaire et leur accord. Nous ne pouvons pardonner le fait d’établir une priorité pour la sécurité oppressive contre les libertés universelles auxquels nous avons souscrit collectivement aux nations unies. Nos différences existent mais nos capacités collectives pour surmonter les divisions doivent être renforcées. L’alliance des civilisations qui est un projet qui a été lancé il ya 10 ans par la Turquie et l’Espagne visent à fournir des solutions pérennes à cet égard. Il y a de nombreuses façons de répondre à une peur qui n’est pas fondée à la méfiance et à la haine entre les sociétés et les nations, le conflit en est une mais il y un moyen pacifique de prévenir et de résoudre les conflits c’est la médiation. L’initiative « médiation pour paix » qui a été lancée par la Turquie avec la Finlande aux nations unies il ya 5 ans a provoqué un grand intérêt et a produit des résultats tangibles pour sensibiliser concernant l’importance de la résolution pacifique des conflits.

Mesdames et messieurs nous souhaiterions voir une solution politique à la crise en Ukraine en se basant sur l’intégrité territoriale de l’Ukraine et sur les principes des accords de Minsk. Toute solution à ce conflit doit également garantir les droits et la sécurité des Tatars de Crimée. En terme de paix, de sécurité et de prospérité dans notre région, le Caucase du Sud occupe une place importante, cette région malheureusement continue d’être déstabilisée, d’être affaiblie, par trois conflits majeurs dans la zone au large de l’OFCE et toutes ces crises restent sans solution. Nous sommes résolus à continuer nos efforts pour faciliter une résolution pacifique des ces conflits sur la base du respect pour la souveraineté pour l’intégrité territoriale et pour l’inviolabilité des frontières reconnues internationalement de la république d’Azerbaïdjan, la même chose s’applique à la Géorgie où nous appuyons l’unité, l’intégrité territoriale et la souveraineté. Nous nous félicitons des mesures prises récemment visant à normaliser et assurer une paix et une stabilité pérenne dans les Balkans. Nous nous félicitons des progrès réalisés jusqu’à maintenant dans le processus de dialogue entre Belgrade et Pristina. La Turquie fait partie de l’Europe historiquement et culturellement et, en nous basant sur des valeurs universelles partagées nous continuons de travailler pour atteindre notre objectif de devenir un membre de l’Union Européenne. Nous pensons que l’Europe a besoin plus que jamais de la Turquie pour renforcer sa sécurité et sa prospérité. Elargir nos relations avec l’Afrique d’un autre côté est également un pilier essentiel de la politique étrangère multidimensionnelle de la Turquie qui met l’accent sur la diplomatie humanitaire. Nous continuerons de  partager nos connaissances, notre expérience avec nos partenaires africains, nos sœurs nos frères, sur la base du bénéfice mutuel. Et conformément aux solutions africaines aux défis africains. En Asie, la Turquie a fait partie intégrante des efforts internationaux déployés afin d’arriver à une paix durable et à la stabilité en Afghanistan. Nous sommes convaincus que la communauté internationale doit continuer à prêter son concours à l’Afghanistan.

Alors que j’arrive à la fin de mon intervention, je souhaiterais attirer votre attention sur notre engagement sans faille pour une solution juste et globale à Chypre. Ceci doit être basée sur une égalité politique des 2 peuples et sur leur appropriation égale de l’ile. Nous espérons un règlement durable qui sera atteint nous l’espérons bientôt et nous appuyons les efforts constructifs et efficaces consentis par le coté chypriote et turc à cette fin. Mesdames et messieurs alors que notre population mondiale approche les 10 milliards, la communauté internationale est au seuil d’une période critique malgré les grands résultats remarquables atteints, nous avons toujours besoin d’un monde libre, pacifique, stable et prospère et juste. La voie pour la paix, la sécurité et les droits de l’homme sera pavée de bonnes intentions. Mais nos bonnes intentions ne sont probablement pas suffisantes pour relever les redoutables défis qui se présentent à nous. Nous devons opérer un changement de paradigme et il faut que les nations unies puissent rester efficaces pour relever ces défis. Certains de ces défis ont déjà provoqué des tragédies.

Depuis 70 ans, le monde et les nations unies ont changé et ont évolué. Cependant, les changement pour les nations unies sont pas encore généraux pour qu’elles soient prêtes et adaptées à a la réalité. Malgré les mesures prises jusqu’à maintenant pour s’adapter à la réalité d’aujourd’hui, les réformes ne sont pas complètes et resteront incomplètes si nous ne sommes pas en mesure de réformer le conseil de sécurité. Il y a 70 ans, les pères fondateurs de cette organisation ont été chargés de la mission de protéger la dignité, la sécurité et la prospérité de toute l’humanité. Cette tâche aujourd’hui nécessite la capacité de prendre des mesures décisives et robustes contre les atrocités perpétrées par des agresseurs et par les oppresseurs partout. L’incapacité de ce faire mettrait à mal la vie de millions de personnes touchées par la crise actuelle. Cela va également menacer les générations futures en remettant en question la crédibilité la question des nations unies.

La responsabilité d’arriver à un consensus le plus large possible concernant une réforme globale pour faire en sorte que le conseil de sécurité soit plus démocratique, plus représentatif, plus transparent, plus inclusif, plus efficace, et plus responsable, nous incombe à tous. Nous le devons non seulement aux générations futures mais également aux fondateurs visionnaires de notre organisation. Pour ajouter à ce qu’a dit la secrétaire générale des nations unies qui doit sauver l’humanité, c’est que nous devons sauver notre destin partagé.

Source : ONU 14/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

 

 

Source: http://www.les-crises.fr/70-ag-onu-iran-syrie/


[70e AG ONU] Israël + Palestine : “L’heure tourne et je ne suis pas en mesure de discuter en détail de toutes les violations israéliennes commises contre notre peuple.”

Friday 16 October 2015 at 00:30

Israël – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. M. Benjamin Netanyahu, Premier Ministre de l’État d’Israël, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

« Mesdames et Messieurs,

Je vous salue de la part de Jérusalem, une ville dans laquelle le peuple Juif, ses espoirs, ses prières pour la paix et pour toute l’humanité, ont eu un écho au travers du temps.

Il y à 31 ans, en tant qu’Ambassadeur d’Israël auprès des Nations Unies, j’ai pris la parole pour la première fois à cette tribune. Ce jour là, je me suis exprimé contre une résolution, présentée par l’Iran, pour chasser Israël des Nations Unies. A l’époque, et toujours aujourd’hui, l’Organisation a toujours été hostile à Israël, la seule démocratie du Moyen Orient. Aujourd’hui et alors, certains essayaient de nier l’existence du seul Etat Juif au sein du concert des Nations. J’ai terminé ce discours en disant : « Mesdames et Messieurs, laissez votre fanatisme à la porte ! ». Plus de trois décennies après, en tant que Premier Ministre de l’Etat d’Israël, une fois encore’ai le privilège de m’adresser à vous depuis cette tribune. Pour moi, ce privilège a toujours été accompagné d’une responsabilité, à savoir : dire la vérité. Et après avoir entendu pendant trois jours les dirigeants du monde saluer l’accord nucléaire avec l’Iran, je commence mon discours aujourd’hui en disant « Mesdames et Messieurs, laissez votre enthousiasme à la porte ! »

Cet accord ne rend pas la paix plus plausible ; en permettant à l’Iran d’avoir des milliards de dollars de revenus, cela sape la paix. Penchez-vous sur ce que l’Iran a fait au cours des six derniers mois, depuis l’annonce à Lausanne de l’accord-cadre. L’Iran a augmenté ses livraisons d’armes à la Syrie, elle a envoyé des milliers de gardes révolutionnaires en Syrie, l’Iran a envoyé des milliers de combattants chiites pakistanais et afghans en Syrie ; l’Iran défend le régime brutal d’Assad.

L’Iran a également envoyé des tonnes d’armes et de munitions aux rebelles Houthistes du Yémen. Il y à deux jours encore, l’Iran a menacé de renverser la Jordanie. Le Hezbollah, qui travaille pour l’Iran, a fait entrer en contrebande des missiles pour abattre nos avions, couler nos bateaux ; l’Iran fournit au Hezbollah des missiles de précision pour frapper de manière précise n’importe quelle cible en Israël. L’Iran aide la Hamas et le Djihad islamiste à faire entrer des armes à Gaza ; l’Iran a également dit clairement qu’il voudrait défendre deux fronts de la terreur contre Israël, en Cisjordanie et dans le plateau du Golan, où il y a eu des tirs de roquettes récemment, contre le nord d’Israël.

Israël continuera de répondre à toute attaque. Israël continuera d’agir pour prévenir un transfert d’armes stratégiques au Hezbollah, à partir et au travers du territoire Syrien. L’Iran et le Hezbollah sèment la terreur dans les villes du monde. Il y à des cellules, trois cellules de ce type ont été découvertes au Koweit, en Jordanie et à Chypre. Au mois de mai, les forces de sécurité chypriotes ont lancé un raid à Larnaka contre un appartement du Hezbollah, où ils ont trouvé cinq tonnes de nitrate d’ammonium. C’est la même quantité de nitrate d’ammonium qui a été utilisée qui a été utilisée pour faire exploser un bâtiment fédéral à Oklahoma City. Et c’est juste un appartement, dans une ville, dans un pays ! Mais l’Iran crée des milliers de cellules terroristes partout dans le monde.

Mesdames et Messieurs, l’Iran crée ces cellules terroristes dans cet hémisphère également. Je répète : l’Iran a fait tout cela, tout ce que je viens de décrire, au cours des six derniers mois ! Lorsque l’Iran essayait de convaincre le monde de lever les sanctions. Imaginez ce que l’Iran fera après que ces sanctions ont été levées. Une fois que l’Iran sera tout à fait libéré, l’Iran se ruera sur d’avantage de proies. Après l’accord nucléaire, l’Iran a commencé à dépenser des milliards de dollars pour des armes, des satellites,.. Vous pensez que c’est pour la paix ? Vous pensez que des centaines de milliards de dollars en termes de contrats, après la levée des sanctions, vont faire de ce tigre féroce un simple matou ? Eh bien si vous pensez cela, vous devriez peut-être y réfléchir davantage.

En 2013, le Président Rohani a entamé ce qu’on appelle son « offensive de charme », ici aux Nations Unies, et deux ans après, l’Iran exécute davantage de prisonniers politiques, continue l’escalade dans ses agressions régionales et élargit rapidement son réseau de terreur. Les actions parlent plus que les discours, mais dans le cas de l’Iran, apparemment les discours sont aussi importants que les actions. Ecoutez simplement le vice-commandant de la garde révolutionnaire Iranienne, voilà ce qu’il a dit au mois de février, je le cite : « La révolution islamique ne se limite pas aux frontières géographiques ». Il a déclaré que l’Afghanistan, l’Irak, le Liban, la Syrie, la Palestine et le Yémen faisaient partie des pays qui, je cite : « .. étaient conquis par la République Islamique d’Iran. » Fin de citation. Conquis !

Et pour ceux d’entre vous qui pensent que l’accord de Vienne va déboucher sur une modification de la politique de l’Iran, écoutez ce qu’a dit l’Ayatollah Khamenei, Leader Suprême de l’Iran, quelques jours après l’accord de Vienne ; et je le cite : « Notre politique vis-à-vis du gouvernement arrogant des Etats-Unis ne changera pas. Les Etats-Unis continueront d’être l’ennemi de l’Iran ». En donnant davantage d’argent aux Mollah, on va alimenter la répression au sein de l’Iran. Cela va déboucher sur davantage d’agressions à l’extérieur des frontières iraniennes. En tant que chef d’un pays qui se défend chaque jour contre l’augmentation des agressions de l’Iran, je voudrais croire que cet accord va empêcher l’Iran d’obtenir l’arme nucléaire ; mais je ne peux pas y croire, parce que ce n’est pas le cas.

Cet accord impose des limites au programme nucléaire de l’Iran ; à juste titre, parce que la communauté internationale a reconnu que l’Iran était un pays dangereux. Mais voilà quelle est l’astuce dans le cadre de cet accord : si l’Iran ne change pas de comportement, en fait si l’Iran s’avère plus dangereux encore au cours des prochaines années, les limitations les plus importantes seront encore levées automatiquement après dix ans et après quinze ans. Nous aurons donc un régime islamiste terroriste qui aura besoin simplement de quelques semaines pour se doter d’un arsenal d’ogives nucléaires. Cela n’a pas de sens. Si l’Iran veut être traité comme un pays normal, que l’Iran agisse comme un pays normal ! Cet accord va traiter l’Iran comme un pays normal, même s’il s’agit d’une théocratie qui conquiert ses voisins, qui utilise le terrorisme partout dans le monde et qui souhaite la mort d’Israël et la mort de l’Amérique. Est-ce que quelqu’un ici pense vraiment que, envoyer des fonds et des armes vers une telle théocratie va limiter son appétit pour la violence ? Est-ce que vous pensez vraiment que l’Iran, cette théocratie, va changer ses méthodes de travail ?

Voilà une règle que j’ai apprise au cours de ma vie, et je suis sur que c’est également votre cas : lorsque l’on récompense un mauvais comportement, cela ne fait qu’empirer.

Mesdames et Messieurs, j’ai souvent dit que le pire danger auquel notre monde était confronté c’était un islam militant accompagné d’armes nucléaires, et je suis vraiment très inquiet que l’accord nucléaire avec l’Iran va s’avérer être le certificat de mariage de cette terrible union. Je sais qu’il y à des personnes bien intentionnées, et qui pensent sincèrement que cet accord est le meilleur moyen de barrer la voie à un Iran nucléaire. Mais une des leçons les plus importantes, et que l’on retient le moins, de l’histoire, est la suivante : les meilleures intentions n’empêchent pas les pires résultats. La grande majorité des Israéliens pense que cet accord nucléaire avec l’Iran est un très mauvais accord. Et ce qui complique encore davantage les choses, c’est que l’on constate que le monde se félicite de ce mauvais accord ; le monde se précipite pour faire des affaires avec un régime qui, ouvertement, espère nous détruire.

La semaine dernière, le Commandant de l’armée Iranienne a proclamé, je le cite : « Nous allons annihiler Israël, c’est certain. Nous sommes heureux d’être les chefs de file lorsqu’il s’agit d’exécuter les ordres du Leader Suprême, à savoir : détruire Israël. » Fin de citation. Et le Leader Suprême lui-même, quelques jours après l’annonce de l’accord, a publié son dernier livre ; le voilà ; c’est quatre cent pages qui présentent de manière détaillée comment il a l’intention de détruire l’Etat d’Israël. Le mois dernier, Khamenei a, une fois de plus, précisé ses intentions génocidaires, devant un des principaux organes religieux de son pays. Il a parlé d’Israël, le foyer de six millions de juifs, et il a dit, je le cite: « Dans vingt cinq ans, Israël n’existera plus. » Fin de citation. Soixante dix ans après le meurtre de six millions de juifs, les dirigeants de l’Iran promettent de détruire mon pays, promettent d’assassiner ma population ; et la réaction de cet organe, la réaction de presque tous les gouvernements représentés ici, ça a été absolument rien ! Le silence complet ! Un silence assourdissant…

Peut-être pouvez-vous comprendre pourquoi Israël ne s’associe pas à cette liesse. Si l’Iran promettait de détruire votre pays, peut-être que vous seriez moins enthousiastes. Si certains, qui travaillent pour l’Iran, tiraient des centaines de roquettes sur votre pays, vous seriez peut-être moins enthousiastes. Si cet accord débouchait sur une course aux armements dans votre région, vous seriez peut-être plus réticents. Mais ne pensez pas que l’Iran est un danger uniquement pour Israël ; au-delà des agressions de l’Iran au Moyen Orient, l’Iran construit, produit des missiles balistiques intercontinentaux, dont le seul objectif est de transporter des ogives nucléaires. L’Iran dispose déjà de missiles qui peuvent atteindre Israël. Et donc, les missiles intercontinentaux qui sont en cours de production en Iran, ce n’est pas pour nous ! C’est pour vous ! C’est pour viser l’Europe, les Etats-Unis, pour permettre d’obtenir des destructions massives, n’importe quand, n’importe où !

Mesdames et Messieurs, il n’est pas facile de s’opposer à quelque chose qui est salué par les plus grandes puissances du monde. Croyez-moi, ce serait bien plus simple de rester silencieux. Mais au cours de notre histoire, le peuple juif a appris quel était le prix du silence, et en tant que Premier Ministre de l’Etat juif, quelqu’un qui connaît cette histoire, je refuse de rester muet. Permettez-moi de le répéter : le jour où le peuple juif restera passif face à ses ennemis génocidaires, eh bien ces jours appartiennent au passé. Ne pas être passif, cela signifie prendre la parole, dénoncer ces dangers. Nous l’avons fait, nous le faisons et nous le ferons. Cela signifie également nous défendre contre ces dangers ; nous nous sommes défendus, nous nous défendons encore, et nous nous défendrons à l’avenir. Israël ne permettra pas à l’Iran de rejoindre le club des pays dotés de l’arme nucléaire. Je sais que empêcher l’Iran de développer des armes nucléaires restera la politique officielle de la communauté internationale ; mais personne ne doit douter de la détermination d’Israël de se défendre contre ceux qui souhaitent nous détruire.

Dans chaque génération, il y a eu des personnes qui ont voulu nous détruire. Dans l’antiquité, c’était le cas de Babylone et de Rome ; au Moyen-âge, nous avons été les victimes de l’Inquisition, et dans les temps modernes nous avons été les victimes des pogroms et de l’holocauste. Mais le peuple juif persévère. Aujourd’hui un autre régime promet de détruire Israël. Ce régime ferait bien de réfléchir à la chose suivante : je suis ici aujourd’hui pour représenter Israël, un pays qui a soixante sept ans, mais qui représente un peuple de quatre mille ans. Les empires de Babylone et de Rome ne sont pas représentés au sein du concert des nations, ni le Troisième Reich. Ces empires que l’on pensait invincibles ont disparu depuis bien longtemps, mais Israël vit ! Le peuple d’Israël vit !

La renaissance d’Israël est le témoignage de l’esprit indomptable de mon peuple. Le peuple juif a toujours rêvé de retourner vers sa terre, même pendant les heures les plus sombres de notre histoire, et nous avons connu beaucoup de ces heures sombres, nous n’avons jamais perdu espoir, nous avons toujours voulu reconstruire notre capital Jérusalem ; la création d’Israël a été la concrétisation de ce rêve. Cela nous a permis de vivre en tant que peuple libre, dans notre foyer ancestral, cela nous a permis d’accueillir des juifs des quatre coins du monde, qui sont venus se réfugier contre les persécutions, d’Europe, du Yémen, d’Irak, du Maroc, d’Ethiopie, de l’Union Soviétique et de cent autres pays. Et aujourd’hui, face à la montée de l’antisémitisme, une fois de plus, en Europe et ailleurs, beaucoup de juifs viennent en Israël pour nous rejoindre et façonner l’avenir de notre pays, ensemble.

Voilà mon message aux dirigeants de l’Iran : votre plan, visant à détruire Israël, échouera ! Israël ne permettra à aucune force sur cette planète de menacer son avenir. Et voici mon message à tous les pays représentés ici : quelles que soient les résolutions que vous adoptiez dans ce bâtiment, quelles que soient les résolutions que vous prendrez dans vos capitales, Israël fera tout ce qui sera nécessaire pour se défendre et pour défendre sa population.

Mesdames et Messieurs les délégués, si cet accord avec l’Iran se poursuit, j’espère que vous le mettrez en œuvre, comment dire, avec un peu plus de rigueur que celle utilisée dans le cadre des six résolutions du Conseil de Sécurité qui ont constamment été violées par l’Iran et qui sont maintenant tout simplement ignorées. Assurez-vous que les inspecteurs puissent véritablement faire leur travail, assurez-vous que les sanctions qui doivent être prises immédiatement en cas de problème, le soient. Assurez-vous que toute violation de la part de l’Iran ne soit pas tout simplement balayée sous le tapis persan. Il y à une chose que je puis vous assurer : nous veillerons ! La communauté internationale a maintenant un devoir clair ; tout d’abord, il faudra s’assurer que l’Iran respectera toutes ses obligations nucléaires. Maintenez l’Iran sur des charbons ardents. Deuxièmement, penchez-vous sur les agressions régionales de l’Iran, en commençant par les agressions contre Israël. Troisièmement, utilisez des sanctions et tous les outils qui sont à votre disposition pour « détricoter » le réseau terroriste de l’Iran.

Mesdames et Messieurs, Israël travaille avec nos partenaires pour la paix, pour relever les défis sécuritaires que représentent l’Iran, Daech, et d’autres. Nous travaillons également avec d’autres Etats au Moyen Orient, ainsi qu’avec des pays en Afrique, en Asie et au-delà ; beaucoup de pays dans notre région savent que, tant l’Iran que Daech, sont nos ennemis communs. Et lorsque des ennemis luttent l’un contre l’autre, il ne faut pas en renforcer l’un face à l’autre. Des dangers communs, c’est indubitable, rapprochent Israël et ses partenaires arabes. J’espère que nous serons en mesure de mettre sur pieds des partenariats durables, favorables à la sécurité, à la prospérité et à la paix. Mais en Israël, nous n’oublions jamais une chose : nous n’oublions jamais que le partenaire le plus important d’Israël a toujours été, et sera toujours, les Etats-Unis d’Amérique. L’alliance entre Israël et les Etats-Unis est inébranlable. Le Président Obama et moi avons convenu d’empêcher les terroristes qui travaillent pour l’Iran de s’armer, d’empêcher l’Iran de déstabiliser des pays au Moyen Orient. Israël apprécie beaucoup la volonté du Président Obama de renforcer notre sécurité, d’aider Israël à préserver la qualité de ses forces armées, et de nous aider à relever les défis énormes auxquels nous sommes confrontés. Israël est heureux que ce sentiment soit largement partagé par la population américaine et par les représentants au Congrès, tant par ceux qui défendent l’accord avec l’Iran que par ceux qui s’y opposent.

Le Président Obama et moi avons dit tous les deux que nous avions des divergences, des désaccords concernant l’accord Iranien, mais nous sommes tout-à-fait d’accord sur la nécessité de travailler ensemble afin de garantir notre avenir. Un avenir qui pourrait être radieux ; Israël est tout-à-fait prêt à saisir les promesses du vingt-et-unième siècle ; Israël est un chef de file en matières de sciences, de technologies, en matière d’eau, d’agriculture, de médecine, de biotechnologies, et dans beaucoup d’autres secteurs qui ont été révolutionnés par l’innovation israélienne. Israël est un pays d’innovation. Les Israéliens ont un savoir-faire, il se trouve partout, dans vos smartphones, dans vos ordinateurs, lorsque vous utilisez un GPS, dans vos exploitations agricoles, lorsque vous allez à l’université, en chimie, en économie, chez votre médecin lorsqu’on utilise un médicament contre la maladie de Parkinson ou la sclérose en plaques ; et même dans vos assiettes, lorsque vous mangez par exemple des tomate-cerises… Nous sommes fiers de tout cela en Israël. Nous avons fait d’énormes progrès en très peu de temps. Nous sommes très fiers que notre petit pays apporte des contributions énormes à toute la planète. Mais les rêves de notre peuple, présentés par les prophètes de la Bible, ne seront réalisés que lorsque nous connaîtrons la paix. Les accords de paix avec l’Egypte, et la Jordanie, sont des pierres angulaires de notre stabilité. Israël s’engage à parvenir à la paix avec les Palestiniens également.

Israël connaît le prix de la guerre. Je connais le prix de la guerre. J’ai failli être tué sur le champ de bataille, j’ai perdu beaucoup d’amis ; Yoni, mon frère, est décédé. Ceux qui connaissent le prix de la guerre apprécient mieux quelle pourrait être la bénédiction de la paix pour nous, pour nos enfants, pour nos petits-enfants. Je suis prêt à reprendre immédiatement des négociations directes avec l’Autorité Palestinienne, sans conditions préalables, quelles qu’elles soient. Malheureusement, le Président Abbas a dit hier qu’il n’était pas prêt à faire cela. J’espère qu’il changera d’avis, car je reste engagé en faveur de la vision de deux Etats, deux peuples, avec un Etat Palestinien démilitarisé qui reconnaîtrait l’Etat juif. Le processus de paix a commencé il y à plus de deux décennies, et malgré les mailleurs efforts de six Premiers Ministres Israéliens, Rabin, Peres, Barak, Sharon, Olmert et moi-même, les Palestiniens ont  constamment refusé de mettre fin à ce conflit et d’opter pour une paix durable avec Israël. On a encore entendu ce rejet hier de la bouche du Président Abbas. Comment peut-on faire la paix avec notre partenaire palestinien qui refuse de venir à la table des négociations ? L’Autorité Palestinienne devrait tenir ses engagements, les Palestiniens ne doivent pas s’écarter de la paix. Président Abbas, je sais que ce n’est pas facile, je sais que c’est dur ; mais nous le devons à nos populations, nous devons essayer, encore et encore. Car ensemble, si nous entamons des négociations sur les négociations, si nous nous asseyons et essayons de résoudre ce conflit, si nous nous reconnaissons les uns et les autres, si nous faisons cela je pense que nous serons en mesure de faire des choses remarquables pour nos populations.

Les Nations Unies peuvent œuvrer en faveur de la paix, en soutenant des négociations directes et sans conditions entre les parties. Les Nations Unies n’y parviendront pas en essayant d’imposer des solutions, ou en encourageant les rejets et les refus Palestiniens. Mesdames et Messieurs les Délégués, l’ONU devrait faire une autre chose ; l’ONU devrait enfin se débarrasser de cette tendance à toujours critiquer Israël. Un exemple de cette obsession absurde : pendant quatre années de violences horribles en Syrie, où plus d’un million de personnes ont perdu la vie. C’est plus de dix fois – plus de dix fois – le nombre d’Israéliens et de Palestiniens combinés qui ont perdu la vie au cours d’un siècle de conflits ! Eh bien, malgré cela, l’année dernière, cette assemblée a adopté vingt résolutions contre Israël, et une seule résolution concernant le carnage en Syrie. N’est-ce pas une injustice ? Est-ce que ce n’est pas disproportionné ? Vingt résolutions… Et une seule concernant la Syrie.

Très franchement, cela ne me surprend pas ; pour citer Yogi Berra, un grand joueur de base-ball et un philosophe amateur : « C’est du déjà vu. Toujours et encore». Cela suffit ; trente et un ans après ma première apparition à cette tribune, je vous demande encore quand l’ONU va laisser ce fanatisme anti-israélien à l’extérieur de ce bâtiment. Quand l’ONU va-t-il arrêter de présenter Israël comme une menace pour la paix, pour contribuer à la paix en Israël ? Et la même question devrait être adressée aux dirigeants Palestiniens : Quand commencerez-vous à travailler avec Israël pour faire progresser la paix, la réconciliation ? Et quand arrêterez-vous d’inciter à la violence et à la haine ? Président Abbas, arrêtez de répandre des mensonges concernant les intentions d’Israël concernant le Mont du Temple. Israël est tout-à-fait prêt à conserver le status quo ; ce que vous devriez dénoncer, ce sont les actions des islamistes militants qui font entrer des explosifs dans la mosquée d’Al Aqsa, et qui essaient d’empêcher des juifs de visiter des sites sacrés. Telles sont les véritables menaces.

Mille ans avant la naissance du christianisme, plus de quinze cent ans avant l’apparition de l’islam, le Roi David a créé notre capitale et le Roi Salomon a construit un temple sur ce mont. Mais Israël respectera toujours les lieux sacrés de tous, dans une région qui est frappée par la violence et pas énormément d’intolérance, où des fanatiques islamistes essaient de détruire le patrimoine de civilisations, Israël est un haut lieu de la tolérance ; c’est Israël qui garantit la sécurité de ces Lieux Saints. Car, contrairement aux pouvoirs qui ont géré Israël par le passé, nous respectons les Lieux Saints et la liberté religieuse de tous : juifs, musulmans, chrétiens, de tous ! Et cela, Mesdames et Messieurs, cela ne changera jamais ; parce que Israël sera toujours fidèle à ses valeurs. Ces valeurs sont affichées chaque jour, lorsque le parlement Israélien discute de chaque thématique en toute transparence, lorsque le Président de la Cour Suprême fait son travail, lorsque la communauté chrétienne est florissante en Israël alors qu’elle est décimée dans d’autres pays, lorsque les médecins et les infirmières de l’armée Israélienne soignent des milliers de blessés qui viennent de Syrie, ou lorsqu’il y à des catastrophes naturelles comme en Haïti ou au Népal. Tel est le vrai visage d’Israël. Tels sont les véritables valeurs d’Israël. Au Moyen Orient, ces valeurs sont attaquées, sauvagement par des islamistes militants qui forcent des millions de personnes à fuir.

A quelques kilomètres de Daesh, à quelques kilomètres de l’Iran, Israël est là, courageusement, pour défendre la liberté, le progrès. Israël est au front de cette bataille contre le barbarisme. Et donc, au lieu de continuer cette habitude de critiquer, de manière insensée, Israël, rejoignez Israël qui lutte contre le fanatisme. Rejoignez Israël alors que nous empêchons ce fanatisme d’atteindre vos pays. Mesdames et Messieurs, rejoignez Israël, soyez aux côtés d’Israël, parce qu’Israël ne se défend pas qu’elle-même ; plus que jamais, Israël vous défend.

Source : ONU 14/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

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État de Palestine – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. M. Mahmoud Abbas, Président de l’État de Palestine, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

Au nom de Dieu, clément et miséricordieux,

Mesdames, Messieurs,

Je suis venu de Palestine me présenter ici devant vous, contraint de tirer la sonnette d’alarme au sujet des graves dangers qu’encourt Jérusalem où des groupes israéliens extrémistes commettent des incursions systématiques et répétées sur la mosquée d’Al Aqsa afin d’imposer une nouvelle réalité et de diviser. Ils permettent ainsi à des extrémistes protégés par les forces d’occupation israéliennes, par des ministres et par des membres de la CNESSET, d’entrer dans la mosquée tout en empêchant les fidèles musulmans d’y entrer également et d’y exercer librement leur droit religieux. Tels sont les desseins du gouvernement israélien, en violation directe du statu quo qui prévalait depuis 1967 et avant. Ce faisant, la puissance occupante commet une grave erreur, étant donné que nous n’allons pas accepter ceci, et le peuple palestinien ne permettra pas la mise en œuvre de ce plan illégal qui exacerbe la sensibilité des Palestiniens et des musulmans de par le monde. J’en appelle au gouvernement israélien avant qu’il ne soit trop tard pour qu’il cesse de recourir à la force brutale pour imposer ses plans visant à compromettre les lieux saints islamiques et chrétiens à Jérusalem, et en particulier pour qu’il cesse ses agissements dans la mosquée d’Al Aqsa. En effet, ces agissements feront d’un conflit politique un conflit religieux et créeront une situation explosive à Jérusalem et dans le reste du territoire palestinien occupé.

Excellence, Mesdames et Messieurs, c’est un honneur pour moi que de prendre la parole devant vous aujourd’hui au nom de l’Etat de Palestine, devant cette auguste assemblée dans le cadre de cette session qui marque le 70ème anniversaire de la création des Nations Unies, organisation qui a fait de la promotion et de la protection de la paix, de la sécurité internationale et du respect des droits de l’homme des objectifs primordiaux.

La question de la Palestine a été une des premières questions inscrites à l’ordre du jour des Nations Unies depuis sa création, hélas cette question n’est toujours pas résolue. Alors même que l’Organisation et ses états membres échouent à mettre un terme à l’injustice dont souffre notre peuple, alors même que l’Organisation et ses membres ne parviennent pas à aider notre peuple à exercer son droit à l’autodétermination et à jouir de sa liberté en tant qu’Etat souverain et indépendant.

Excellence, Mesdames et Messieurs, je vous enjoins de vous pencher sur l’histoire de la question de la Palestine et des résolutions pertinentes des Nations Unies pour comprendre une vérité évidente : une injustice historique a été infligée à notre peuple et à notre patrie, un peuple qui vivait de façon pacifique sur ses terres, qui apportait une contribution intellectuelle, culturelle et humanitaire véritable à l’humanité ; ce peuple ne mérite pas d’être privé de ses terres, de mourir dans l’exil, d’être engouffré par les mers ou de passer sa vie à fuir d’un camp de réfugiés à un autre. Hélas, la juste cause de ce peuple reste dans l’impasse après toutes ces années. Notre peuple a placé tous ses espoirs dans les pays membres de cette organisation pour l’aider à retrouver la liberté, l’indépendance et la souveraineté afin que le souhait et le droit d’avoir un Etat comme tous les autres peuples du monde soient une réalité, à la recherche également d’une solution juste pour la question des réfugiés palestiniens conformément à la Résolution 194 de l’Assemblée Générale et à  l’initiative arabe pour la paix.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, nous demandons l’équité, la justice et la paix. Lorsque la Palestine a été divisée en deux Etats avec la création d’Israël il y a soixante-sept ans, la deuxième partie de la Résolution n’a toujours pas été appliquée. La Palestine, qui est un Etat observateur aux Nations Unies, mérite d’être pleinement reconnue et d’être membre à part entière. Il est déraisonnable et douloureux, à la lumière des énormes sacrifices que nous avons consentis, et compte tenu de toutes ces années d’exil et de souffrance, compte tenu également du fait que nous avons accepté de faire la paix en vertu de la solution des deux Etats, fondée sur le droit international et des résolutions pertinentes des Nation Unies, d’initiatives de paix arabe et de la feuille de route du quatuor, il est déraisonnable et douloureux disais-je, que la question de la Palestine ne soit toujours pas résolue. C’est une injustice.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, la poursuite du statu quo est complètement inacceptable, étant donné que cela revient à accepter la logique de la force brutale infligée par le gouvernement israélien, alors qu’il continue l’expansion des colonies de peuplement en Cisjordanie et à Jérusalem Est notamment, et qu’il poursuit le blocus de la bande de Gaza, accroissant ainsi les souffrances immenses de nos populations et ce, au mépris des Nations Unies et des accords conclus entre les deux parties sous l’égide de la communauté internationale. Nous rappelons ici les propos de feu le Premier Ministre Israélien Itzhak Rabin en 1976, lorsqu’il a déclaré qu’Israël deviendra un état d’apartheid s’il poursuit l’occupation du territoire palestinien. Itzhak Rabin a décrit les colonies de peuplement israéliennes sur les terres palestiniennes en disant qu’il s’agissait d’un cancer. Pourquoi de telles mesures sont-elles prises ? La persistance de ce problème nous amène à nous poser la question suivante : est-ce que les votes des pays démocratiques contre des résolutions portant sur la Palestine et les droits légitimes de notre peuple servent la paix et ceux qui croient à la solution des deux Etats ? Ou bien est-ce que cela ne fait qu’encourager des extrémistes ? Est-ce que cela ne ferait pas qu’encourager la haine et accroitre le racisme en leur faisant croire qu’ils sont au-dessus de la loi à tel point qu’ils peuvent bruler une famille palestinienne dans la ville de Duma en Cisjordanie, tuant un nourrisson ainsi que son père et sa mère ? Il ne reste de cette famille qu’Ahmed, un orphelin âgé de quatre ans, aujourd’hui à l’hôpital entre la vie et la mort, un enfant profondément brulé qui souffre de ses blessures alors que les meurtriers restent en liberté et n’ont pas encore été arrêtés. Où est la justice ? Où est la démocratie ? Où est l’Etat démocratique qui prétend prôner la démocratie et l’Etat de droit ? Ce n’est pas le premier crime de ce type. Auparavant déjà, ils avaient brulé vif et tué un enfant Palestinien, Mohammed Aboukter à Jérusalem, ainsi qu’un enfant Mohammed Abdour à Gaza, et avant eux, des milliers de personnes ont été tuées à Gaza et en Cisjordanie. Nous nous souvenons aussi du massacre de Daeriassim et de tous les autres crimes, crimes restés impunis. Jusqu’à quand ? Jusqu’à quand Israël sera-t-il au-dessus du droit international et ne sera pas tenu de rendre des comptes ?

L’heure tourne et je ne suis pas en mesure de discuter en détail de toutes les violations israéliennes commises contre notre peuple. Je ne pourrai pas vous présenter par le menu les nombreuses lois répressives adoptées par les gouvernements israéliens qui se sont succédé, dont notamment une loi officielle donnant l’instruction de  tirer à balles réelles, d’arrêter, de réprimer les manifestants palestiniens qui descendent pacifiquement dans la rue, alors qu’Israël continue à imposer une occupation illégale.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, nous ne répondons pas à la haine et à la brutalité de l’occupation israélienne en utilisant les mêmes moyens. Au lieu de cela, nous œuvrons pour la  culture de la paix et de la coexistence de nos peuples dans notre région et nous avons à cœur de voir le jour où notre région connaitra la paix, la sécurité, la stabilité et la prospérité. Mais ceci ne sera pas possible si l’occupation se poursuit, si les colonies de peuplement perdurent, ce ne sera pas possible avec le mur, avec ces crimes, ces gens qui sont brulés vifs, avec des meurtres d’enfants, de jeunes, de nourrissons, avec des cultures détruites et brulées, avec des arrestations de personnes sans chef d’inculpation ni procès. Comment un Etat peut-il prétendre être un oasis de démocratie ? Comment peut-il prétendre que ses tribunaux et son appareil de sécurité fonctionnent selon une loi qui accepte l’existence de gangs et d’organisations terroristes qui terrorisent notre peuple et qui s’attaquent à des lieux saints, à nos biens au vu et au su de l’armée et de la police israélienne qui ne les dissuadent pas et ne les punissent pas mais qui, au lieu de cela, leur apporte plutôt une protection.

Monsieur le Président, l’heure n’est-elle pas venue de mettre un terme à cette injustice, de mettre un terme à ces souffrances ? L’heure n’est-elle pas venue de mettre un terme à ce mur d’annexion raciste ? L’heure n’est-elle pas venue de le détruire ? L’heure n’est-elle pas venue de mettre un terme à ces barrières qui sont construites ? De démanteler ces points de contrôle humiliants mis en place par les forces d’occupation israélienne ? L’heure n’est-elle pas venue de faire cesser le blocus imposé à la bande de Gaza pour que notre peuple puisse enfin connaitre la liberté et la dignité sur ses terres ? L’heure n’est-elle pas venue de mettre un terme aux colonies de peuplement raciste, terroriste et colonial sur nos terres, des mesures qui détruisent la solution des deux Etats. Nous vous posons cette question : l’heure n’est-elle pas venue de mettre un terme à l’occupation la plus longue de l’Histoire qui étouffe nos peuples ? Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, nonobstant tous les obstacles imposés par l’occupation, depuis la création de l’Autorité Palestinienne, et à ce jour nous nous sommes attachés sans relâche à édifier et à jeter les fondations de l’Etat, à créer les infrastructures et les institutions nationales souveraines. Nous avons enregistré de véritables progrès sur le terrain comme l’ont affirmé plusieurs organes internationaux, en particulier les Nations Unies, la Banque Mondiale ou le Fonds Monétaire International, nous poursuivons nos efforts et notre travail avec le soutien de nos frères et de nos amis afin de renforcer notre Etat. Attachés que nous sommes aux normes internationales, à l’état de droit et à la transparence en tant qu’Etat moderne et démocratique. Dans ce contexte, nous apprécions grandement les efforts déployés par la HLC sous l’égide de la Norvège et nous exhortons les pays donateurs à continuer à apporter une vie meilleure à nos populations et à appuyer les efforts que nous déployons pour mettre en place les institutions de l’Etat. Notre accession au statut de membre d’organisations internationales et notre adhésion à des traités ou des conventions est une mesure qui n’est prise contre personne, il s’agit plutôt de sauvegarder nos droits, de protéger notre peuple, d’harmoniser nos lois et nos règlements, de les rendre conformes aux règles internationales et de renforcer notre statut, notre identité juridique internationale. Est-ce là une erreur ? En ce qui concerne la situation palestinienne à terme, nous sommes déterminés à préserver l’unité de notre terre et de notre peuple, nous n’accepterons pas de solution temporaire ou bien un Etat fragmenté, nous ne le permettrons pas. Nous ne laisserons pas ceux qui souhaitent le faire agir de la sorte, nous essaierons de constituer un gouvernement d’unité nationale qui mette en œuvre le programme de l’Organisation de Libération de la Palestine et nous nous efforcerons d’organiser des élections législatives et présidentielles. Monsieur le Président, la Palestine est un pays de sainteté et de paix, c’est le lieu de naissance du Christ, messager d’amour et de paix qui nous a été envoyé pour notre miséricorde. C’est la Palestine qui recherche la paix et le peuple palestinien veut vivre sur ses terres dans la sécurité, l’harmonie et la stabilité, et des relations de bon voisinage avec tous les peuples et pays  du monde. Témoin la contribution spirituelle, humanitaire et culturelle que nous avons apporté à l’humanité dès le départ.

Récemment, le 17 mai 2015, deux religieuses de Palestine à savoir Alphonsine Gattaz et Mariam Baouardi ont été canonisées par sa Sainteté le pape François au Vatican en présence de dizaines de milliers de fidèles venus du monde entier. A cette occasion, le drapeau de la Palestine a été hissé au Vatican qui a reconnu l’Etat de Palestine comme en témoigne l’accord conclu entre le Saint Siège et l’Etat de Palestine. Nous espérons que ceux qui n’ont pas encore reconnu notre Etat le feront dès que possible. Nous souhaitons que l’Etat indépendant de Palestine  occupe la place qui lui revient dans la communauté des Nations et nous sommes certains que cela  contribuera activement aux progrès humanitaires, économiques et culturels de la civilisation, ce qui aura des effets positifs sur nos peuples, notre région et le monde. C’est depuis la Palestine et avec la Palestine que la paix pourra devenir une réalité. Je le répète, ceux qui recherchent la paix, ceux qui veulent lutter contre le terrorisme devraient d’abord et avant tout régler le problème de la Palestine, c’est là le début de cet effort. Et je saisis cette occasion pour remercier au nom de mon peuple tous ceux qui, le 10 septembre ont voté en faveur de la résolution qui nous a permis de hisser le drapeau de la Palestine au siège des Nations Unies.

Aujourd’hui, nous avons donc le drapeau hissé aux Nations Unies et un jour, que j’espère prochain, ce drapeau sera également hissé à Jérusalem Est, capitale de l’Etat de la Palestine. Je souhaite également rendre hommage aux décisions prises récemment par les parlements européens qui ont sans ambages condamné les activités de peuplement par Israël et qui ont affirmé le droit du peuple Palestinien à la souveraineté, à l’indépendance aux côtés de l’Etat d’Israël que nous reconnaissons alors qu’Israël ne nous reconnait pas et nous saluons les parlements qui ont également établi un comité sur les relations avec la Palestine. Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, un certain nombre de pays et parlements européens ont également affirmé la reconnaissance de l’Etat de la Palestine, réitérant ainsi notre droit naturel à l’indépendance. A cet égard, nous adressons nos remerciements au royaume de Suède qui a fait montre de courage et qui a reconnu l’Etat de Palestine.

En effet, quiconque prétend appuyer la solution des deux Etats doit reconnaitre les deux Etats, et non pas simplement un seul Etat. Si vous êtes favorables à la solution des deux Etats, pourquoi n’appuyer qu’un seul Etat ? Aujourd’hui, je lance un appel à tous les pays qui n’ont pas encore reconnu l’Etat de Palestine pour qu’ils reconnaissent l’Etat de Palestine et nous sommes confiants. Nous espérons qu’ils le feront, mus par leur foi en la justice. Depuis cette tribune aux Nations Unies, et en cette période de fête religieuse, je voudrais lancer un appel sincère au peuple d’Israël, un appel en faveur de la paix, une paix fondée sur la justice, la sécurité et la stabilité pour tous. Je lance également un appel au Conseil de Sécurité et à l’Assemblée Générale afin qu’ils assument leurs responsabilités avant qu’il ne soit trop tard. J’espère sincèrement que ces organes assumeront leurs responsabilités avant qu’il ne soit trop tard. Vous n’êtes pas sans savoir qu’Israël a compromis les efforts déployés par le gouvernement du Président Barack Obama ces dernières années, et plus récemment les efforts du secrétaire d’Etat John Kerry qui cherchait à conclure un accord de paix par le biais d’une négociation. Les politiques et pratiques du gouvernement israélien et la position de son premier ministre et des membres de son gouvernement nous amènent à tirer une conclusion sans équivoque, à savoir qu’ils déploient tous les efforts possibles pour réduire à néant la solution des deux Etats, solution que nous cherchons pourtant à mettre en œuvre sur la base des résolutions légitimes sur le plan international. Il n’y a pas d’autre explication. Nous nous félicitons des efforts déployés par les Européens et la communauté internationale, y compris l’initiative française qui demande la constitution d’un groupe d’appui international pour parvenir à la paix. Lors d’un sommet récent, les Etats arabes ont confirmé leur soutien à la résolution du Conseil de Sécurité qui réaffirme les paramètres clés pouvant mener à une solution pacifique conformément à la solution des deux Etats sur la base des frontières d’avant 1967, solution assortie d’un calendrier pour mettre un terme à l’occupation. Etant donné qu’il n’est plus utile de perdre du temps dans des négociations pour le simple plaisir de faire des négociations, soulignons que ce qui est nécessaire aujourd’hui, c’est la mobilisation des efforts internationaux pour qu’il soit mis un terme à l’occupation, conformément aux résolutions qui sont légitimes sur le plan international. D’ici là, je demande aux Nations Unies, et en particulier à son Secrétaire Général et au Président de l’Assemblée Générale, d’assurer la protection internationale du peuple Palestinien conformément au droit international humanitaire. Nous demandons votre protection, nous avons besoin de votre protection, nous avons besoin d’une protection internationale, nous ne pouvons pas rester dans cette situation, nous sommes attaqués de tous côtés, des agressions contre nous viennent de toutes parts, nous n’avons personne pour nous protéger, nous vous en faisons la dmeande, je vous en conjure, s’il vous plait, nous vous en implorons, nous avons besoin d’une protection internationale.

Mesdames, Messieurs, nous avons essayé de faire pression sur Israël pour qu’il mette en œuvre les accords signés et négocie conformément à la solution des deux Etats grâce à des pourparlers directs. C’est ce que nous faisons, nous avons des contacts directs avec le gouvernement israélien, également par le biais des Etats-Unis, de la Fédération de Russie, de l’Union Européenne, des Nations Unies, des membres du quatuor et d’autres parties. Néanmoins, le gouvernement israélien persiste à poursuivre ses efforts pour anéantir la solution des deux Etats et pour ancrer deux régimes sur le terrain : un régime d’apartheid, actuellement imposé sur le territoire de l’Etat de la Palestine à l’encontre du peuple palestinien d’un côté, et un autre régime caractérisé par de vastes privilèges et par la protection des colons israéliens d’un autre côté. Notre territoire occupé est marqué par deux systèmes : un système d’apartheid et un autre système qui accorde de vastes privilèges aux colons israéliens. Est-ce que cela est possible ? Est-ce que cela est acceptable ? Voilà la question que nous posons aux Nations Unies.

L’accord d’Oslo, ses annexes et les accords ultérieurs signés avec Israël stipulaient que ces accords devaient être mis en œuvre dans un délai de cinq ans, c’est-à-dire jusqu’en 1999, et qu’ils devraient se terminer avec la pleine indépendance de l’Etat de Palestine et la fin de l’occupation israélienne. Mais Israël a mis un terme au processus de retrait des zones B et C qui représentent plus de 60% du territoire de la Cisjordanie, y compris Jérusalem Est. Israël a plutôt accru ses activités de colonies de peuplement en tout lieu. Israël a enfreint tous les accords, je le répète, Israël a violé tous les accords dont ceux signés par l’actuel gouvernement israélien actuel. Depuis le discours du président Obama au Caire en 2009, dans lequel le président Obama demandait la cessation des activités de peuplement, quelle a été la réponse israélienne ? Eh bien le gouvernement israélien a accru les activités de peuplement d’au moins 20% en Cisjordanie et à Jérusalem Est, violant ainsi les obligations qu’il avait souscrites, et selon lesquelles Israël ne devait entreprendre aucune action unilatérale illégale qui porterait préjudice à la solution définitive. De surcroit, à maintes reprises, la puissance occupante a empiété sur la zone A qui était censée relever des compétences juridictionnelles de sécurité palestiniennes et où nous avions mis en place les institutions de l’Etat Palestinien. Dans le même temps, Israël refuse de revoir les accords économiques qui influent sur les capacités de l’économie palestinienne à se développer et à devenir indépendante. Israël est déterminé à imposer sa domination sur notre économie, domination qui ressemble à la domination militaire et sécuritaire et qui nie le droit du peuple Palestinien au développement et à l’exploitation de ses ressources naturelles. Ce faisant, Israël a sapé les fondations sur lesquelles reposaient les accords politiques et sécuritaires. Tous ces accords ont également été hypothéqués par les mesures prises par les gouvernements israéliens qui se sont succédé et qui ont réduit à néant la phase de transition qui devait conduire à l’indépendance de notre Etat, et ce, en commettant des violations flagrantes de nos droits, rendant la situation intenable. Par conséquent, dans ce cadre, nous déclarons ici même que, tant qu’Israël refuse de respecter les accords signés avec nous, ce qui fait que notre Autorité n’a pas de véritable pouvoir, et tant qu’Israël refuse de cesser les activités de peuplement, et de libérer le groupe de prisonniers palestiniens conformément à nos accords, Israël ne nous laisse aucune autre possibilité que d’insister sur le fait que nous ne serons plus les seuls à rester attachés à la mise en œuvre de ces accords alors même qu’Israël continue à les enfreindre. Par conséquent, nous déclarons officiellement que nous ne pouvons pas continuer à être liés par ces accords signés avec Israël, et nous insistons sur le fait qu’Israël doit assumer pleinement toutes ses responsabilités en tant que puissance occupante, étant donné que le statu quo ne saurait perdurer, et que les décisions du Conseil Central Palestinien de mars dernier sont précises et contraignantes. Israël compromet ces accords et par conséquent, nous ne nous considérons plus liés par eux ; Israël est pleinement responsable de cette situation. Voilà, la décision prise par le gouvernement palestinien et nous annonçons ici cette décision. Notre patience est arrivée à bout et visiblement, Israël n’écoute pas la vérité, et Israël devrait assumer ses responsabilités et ses devoirs en tant que puissance occupante. L’Etat de Palestine, sur la base des frontières du 4 juin 1967 avec Jérusalem Est pour capitale est un Etat sous occupation. Oui, nous sommes un Etat occupé de la même façon que nombre de pays l’ont été durant la deuxième guerre mondiale ! Rappelons que cent trente sept pays, je dis bien cent trente sept pays de par le monde reconnaissent notre Etat, c’est-à-dire quatre fois plus d’Etats que ceux qui ont reconnu Israël lors de sa création, donc je répète : cent trente sept Etats ! Il y a par ailleurs une reconnaissance universelle du droit à l’autodétermination de notre peuple. A cet égard, je voudrais également rappeler la résolution 67 de l’Assemblée Générale en date de 2012 qui a accordé à la Palestine un statut d’Etat observateur et qui a réaffirmé que le Comité Exécutif de l’Organisation de Libération de la Palestine constituerait le gouvernement intérimaire de l’Etat de Palestine, ainsi que le Conseil National Palestinien et le parlement palestinien de l’Etat de Palestine.

Je dois le répéter : la situation actuelle n’est pas tenable. Nous devons commencer à mettre en œuvre ces déclarations par des voies juridiques et pacifiques. Soit l’Autorité Nationale Palestinienne sera le vecteur utilisé par le peuple palestinien pour passer de l’occupation à l’indépendance, soit Israël la puissance occupante devra assumer pleinement ses responsabilités. Dans le même temps, et sur la base de notre attachement au principe du droit international, l’Etat de Palestine poursuivra ses efforts pour adhérer aux organisations et aux conventions internationales, je parle là de toutes les organisations internationales.  C’est dans notre droit, nous avons le droit d’adhérer à toutes les organisations internationales, étant donné que ceci nous permet également d’être en harmonie avec notre stature de droit international. Nous agirons en utilisant les voies pacifiques et juridiques, y compris en tant que partie contractante aux conventions de Genève de 1949, et Etat partie au statut de Rome de la Cour Pénale Internationale ; nous sommes effectivement partie à la Cour Pénale Internationale et ceux qui craignent la Cour Internationale, ceux qui craignent les tribunaux internationaux doivent cesser de commettre ces crimes. Nous n’aimons pas aller à la Cour Pénale Internationale, mais l’agression nous force à le faire et nous demanderons le soutien de toutes les organisations internationales, y compris la Cour Pénale.

Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, je continue toutefois à tendre la main dans l’espoir d’une paix juste qui garantira les droits de mon peuple ainsi que la liberté et la dignité humaine, et je dis à nos voisins, au peuple israélien que la paix est dans notre intérêt, dans votre intérêt, dans l’intérêt des générations futures. Les esprits étriqués sont destructeurs, nous devons nous tourner vers l’autre et j’espère sincèrement que vous prendrez en considération la réalité dangereuse qui règne sur le terrain, que vous tournerez votre regard vers l’avenir, et que vous accepterez pour le peuple palestinien ce que vous acceptez pour vous-mêmes, et c’est alors que vous verrez que la paix est possible. C’est alors que vous pourrez jouir de la sécurité, de la paix et de la stabilité. Ces valeurs sont les aspirations qui sont également celles du peuple palestinien.

Encore une fois, je vous remercie de votre attention.

Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, que la paix et la bénédiction divine soit avec vous.

Source : ONU 14/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

Source: http://www.les-crises.fr/70e-ag-onu-israel-palestine/


Syrie : Panique chez les égorgeurs de l’OTAN

Thursday 15 October 2015 at 09:35

Un petit pamphlet pour changer, assez juste au fond…

Source : Stanechy, le 12 octobre 2015.

Pour une poignée de dollars…

Fuyant la Syrie où ils s’étaient incrustés. Chancres, métastases d’un chaos ne cessant de se répandre.

Un des plus beaux pays du monde, aux multiples vestiges historiques. Héritages des civilisations fusionnant le long des siècles et millénaires dans ce creuset de la pensée, de l’art et de la spiritualité.

Des rats abandonnant le naufrage colonial de l’Occident dans la région, tel un navire coulant à grande vitesse… Courant, éperdus de frayeur, de leurs jambes et de leurs Toyota rutilantes, loin de leurs camps, abris bétonnés, salles de torture et postes de tir, de leur encadrement et commandement des “forces spéciales” des pays de l’OTAN.

Sous le pilonnage assourdissant des bombes et missiles, de haute précision, des forces armées russes. Largués, de nuit, par des avions silencieux et invisibles à plus de 5000 mètres d’altitude. Le plus angoissant, ces missiles de croisière supersoniques dont on ne perçoit le bruit du propulseur qu’après son explosion… Trop tard…

Syrie : Panique Chez Les Egorgeurs de l'OTAN...

Mensonge et Barbarie pour Valeurs

Pour ces voyous, cela ne faisait pas partie du contrat initial : on leur avait assuré non seulement l’impunité, mais la protection : pas de bombardement aérien. L’aviation militaire syrienne serait neutralisée par une “zone d’exclusion aérienne”, à l’exemple de la Libye.

Ils y avaient cru : les avions occidentaux se baladent librement dans l’espace aérien de la Syrie pour les ravitailler en armes, en argent, en médicament et autres fournitures. Leurs bombardements ne sont destinés qu’aux positions et infrastructures, civiles ou militaires, du gouvernement légitime du pays.

Dans ces conditions idéales de protection, terroriser et assassiner des gens sans défense, dynamiter, démolir au canon, mitrailler, des immeubles d’habitation, centrales électriques, écoles et universités, ports et aéroports, hôpitaux, ponts et bâtiments administratifs, stations d’épuration d’eau et puits : pas de problème. C’est même une pratique jouissive.

Mais risquer sa peau sous des bombes et missiles, d’une stupéfiante exactitude dans la frappe de leurs cibles, pour une poignée de dollars : rien ne va plus. Le salut, dans ce contexte, est dans la fuite ! D’autant qu’être un mercenaire, ou un tueur patenté, n’est pas défendre une cause nationale ou patriotique, encore moins un idéal de justice ou de liberté.

Plus de cinq mille  de ces rats, en une semaine, se précipitant vers leurs bases de départ limitrophes, en Turquie et en Jordanie. Ou encore vers le sud-Soudan et la Libye ; ceux-là bénéficiant du privilège d’être exfiltrés par avion… Et, ce n’est qu’un commencement…

Tous. Oui : tous. Assassins, trafiquants, voleurs, violeurs et autres psychopathes que l’Occident avait recrutés, résidus de leurs prisons après les avoir “retournés”. Avec pour carotte à leur liberté : un emploi de mercenaire bien payé, facile et sans danger…

Syrie : Panique Chez Les Egorgeurs de l'OTAN...

Ratissant large, les services spéciaux des membres de l’OTAN fébriles de zèle, s’ingéniant à trouver les pires ramassis de voyous, de “culs-de-basse-fosse” comme on disait dans le temps. Non seulement d’Europe centrale ou du sud, de Scandinavie ou du Royaume-Uni, mais encore de tout le bassin méditerranéen, et au-delà ; certains même d’Australie…

Quoi de plus facile, en effet, que de casser un pays en mille morceaux ?…

Avec de confortables primes en dollars convertibles, payées sur les caisses inépuisables duQatar et de l’Arabie Saoudite… Avec, à la clé : liberté, impunité absolue, de tuer, torturer, assouvir toutes les perversions et sadismes que l’homme peut engendrer dans son délire criminel.

Aussi “musulmans” que moi un martien aux pieds palmés. Chargés d’animer cette fiction, mise en scène, sous l’appellation de “Califat“, dont même le premier imbécile venu ne peut croire. Pour les armer, les financer, les entraîner, en toute bonne conscience, les “démocraties occidentales” transitant par des soi-disant “opposants au régime syrien”, eux aussi bardés d’armes jusqu’aux oreilles. Multipliant les milices, aux appellations aussi nombreuses que les châteaux fantoches du bordelais recyclant du vin italien, espagnol, ou roumain…

Chaque groupuscule, avec son chef de guerre, encadré par les “forces spéciales” et “services secrets” de l’OTAN. Les uns par les USA et leurs seconds couteaux des colonies Turque ou Jordanienne ; les autres par la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, etc. Chaque “démocratie”, dans la totale désinformation de son opinion publique ou de ses électeurs, gérant sa succursale du crime et du pillage. Schéma analogue, classique et éternel du cynisme colonial, à celui que la Chine, entre autres pays, a enduré pendant un siècle (1840-1940)…

Comment s’y reconnaître parmi ces “combattants terroristes” ?…  Impressionnant de dons divinatoires, nos états-majors et traîneurs de sabre y parviennent au premier coup d’œil sur leurs cartes et photos aériennes. Désignant à nos valeureux aviateurs les cibles à bombarder : les “mauvais terroristes”, afin de préserver les “bons terroristes”, étiquetés “AOG-OGS” - Appellation d’Origine Garantie – Opposants au Gouvernement Syrien.

Colonialisme Radical pour Religion

Syrie : Panique Chez Les Egorgeurs de l'OTAN...

Apporter la démocratie et les droits de l’homme” ?…

Prétexte pour apitoyer les chaumières et “la ménagère de moins de cinquante ans”, pour reprendre l’expression des experts en marketing télévisuel…

Il faudrait être le dernier des abrutis pour y croire une seule seconde…

Alors que l’Occident, politiciens et badernes militaires sans foi ni loi, s’acoquine avec  les régimes les plus abjects de tyrannie et de corruption que sont ceux du Qatar et d’Arabie Saoudite, tout particulièrement. Unanimement vomis dans tout le monde musulman, pas seulement arabe : jusqu’en Malaisie et en Indonésie… Le film controversé sorti le 16 septembre dernier sur les écrans français, du marocain Nabil Ayouch, Much Loved, en livre une féroce charge…

Alors que l’Occident ferme les yeux depuis des décennies sur les massacres et horreurscommis en Palestine et Gaza. Où l’on tire impunément, aujourd’hui même, à bout portant sur femmes et enfants, dans la spoliation de leur terre, de leur identité et de leur histoire…

Evidemment, pour justifier l’horreur et le chaos créés et entretenus par nos pays occidentaux au Moyen-Orient, la propagande, qui ne connaît aucune restriction budgétaire en ces temps de crise économique, bat son plein. Le “Colonialisme Radical”, Religion de nos oligarques dévots de laïcité, doit impérativement transformer ces pays soumis à nos délires de prédation en annexes de l’Enfer ; aux yeux d’une opinion rendue analphabète par l’industrie de la désinformation et de l’abrutissement public.

Au siècle précédent, Jules Ferry personnifiant le plus pathétique exemple de ce fanatisme dans la Bonne Conscience, les pires massacres et exactions à la source de notre “Empire” étaient légitimés par la nécessité de “civiliser les peuples inférieurs”. Jusqu’à les caricaturer en Cannibales, comme lors de la conquête et de l’annexion de la Kanaky, dénommée Nouvelle-Calédonie. Les autres pays concurrents au nôtre, dans la spoliation coloniale de l’époque, soutenant la même rhétorique et pratiquant les mêmes abjections : Royaume-Uni, Espagne, Portugal, Allemagne, Belgique, Hollande, etc.

Provoquer l’adhésion de l’opinion publique à nos visées coloniales, impose l’entretien permanent d’un violent ressentiment, d’un viscéral écœurement, à l’encontre de populations à soumettre : sus aux cannibales !  Non : avec un argumentaire modernisé dans un nouvel emballage…

Aujourd’hui, à écouter nos propagandistes, ce serait le fanatisme d’une religion qui serait à la source du chaos dans cette région et, selon leur stratégie anxiogène, bientôt dans nos villes et villages… Impliquant de ce fait, et dans l’urgence, l’absolue nécessité d’intervenir militairement.

A les croire, les “djihadistes” se multiplieraient dans nos pays. Le plus frappant, dans ce délire du mensonge et de l’hypocrisie, c’est le “vecteur Sexe” en plein développement. “Très porteur”, prétendent ces spécialistes de la désinformation, dans nos sociétés “pipolisées” qui, dans leurs médias lubriques, n’évoquent obsessionnellement que cela.

L’enlèvement d’adolescents ou le détournement après endoctrinement, surtout des jeunes filles transformées en “esclaves sexuelles”, mais aussi de femmes, les témoignages “bidonnés” abondent : presse, radios, chaînes TV, édition… Les livres sur ce thème, dans les rayonnages des libraires de la grande distribution, s’empilent à longueur de semaines…

Véritables contes de fées ou de sorcières, avec pour héroïnes malheureuses des jeunes filles en fugue, “décervelées” par une horrible religion prêchée par un tout aussi horrible barbu, se retrouvant en Syrie malgré elles et contre la volonté de leurs parents. Tel un pèlerinage diabolique. Avec autant de facilité pour s’y rendre, tranquillement et à peu de frais, que celles qui en mai 68, en plein “Flower Power- Peace and Love“, se retrouvaient à Katmandou ou àAuroville, tout en planant le long des chemins en fumant de l’herbe au son des guitares et cithares…

Affligeant.

Autorisons-nous une piqûre de rappel pour ne pas rester anesthésiés face aux mensonges et fourberies dissimulant les objectifs réels de la politique coloniale, prédatrice, dévastatrice, de nos pays, européens notamment, dans cette région. Qualifiée de “Remodelage du Moyen-Orient”, sous la cravache de notre suzerain les USA.

Opération de “remodelage” couvrant, en fait, tous les pays de confession à majorité ou à fortes communautés musulmanes : de l’Afrique du nord (y compris saharienne : Mali, Niger, etc.) à la Somalie en passant par le Soudan (dont la partition a été une réussite des opérations militaires secrètes et de notre propagande) et l’Ethiopie, jusqu’au Pakistan :

i)  Casser, diviser, démembrer, les pays de cette région en micro-états, pour les reconfigurer sur une base ethnique et religieuse dans le classique « diviser pour régner » afin d’annihiler toute capacité de résistance intellectuelle et spirituelle, sociale et économique, militaire et technologique, en mesure de  s’opposer ou contester les projets coloniaux des pays occidentaux.

ii)  “Apporter la démocratie” :  intervenir militairement pour installer des gouvernements de “collabos”, corrompus et au service exclusif des intérêts prioritaires des oligarchies de l’Occident (industries de l’armement, groupes bancaires et financiers, pétroliers, chimiques, pharmaceutiques, agroalimentaires, etc.).

iii)  Entraver durablement le développement de ces pays en éliminant tous les cadres, dirigeants, enseignants et chercheurs de haut niveau, dirigeants et spécialistes en charge de la gestion des infrastructures : télécommunications, centrales électriques, hôpitaux, etc. Susciter, fomenter, maintenir un climat de conflits interethniques et religieux par tous les moyens pour qu’écoles et universités soient fermées afin d’interdire l’accès à l’éducation et au savoir, déscolarisant ainsi plusieurs générations.

iv)  Piller les ressources énergétiques : pétrole, gaz, uranium (au Mali et au Niger, par exemple). Tout aussi important : contrôler les infrastructures d’acheminement du gaz et  du pétrole : oléoducs, pipelines, voies maritimes de transport.

v)  Piller, ou vandaliser, leur immense patrimoine culturel accumulé au cours des siècles : vestiges archéologiques, œuvres d’art, mosaïques, statuaires, etc. Ce qui n’est pas transportable étant livré à la démolition à l’explosif : monuments, temples, etc. Afghanistan, Irak, et Syrie ont particulièrement été ravagés par cette politique de la terre brûlée. Ce qu’Irina Bokova, Directeur Général de l’UNESCO, qualifie de « Nettoyage Culturel ».

Syrie : Panique Chez Les Egorgeurs de l'OTAN...

La finalité de ces opérations de vandalisme organisé, outre l’enrichissement frauduleux des mafias de trafiquants en cheville avec des “collectionneurs”, est d’éradiquer les racines de toute réminiscence d’une identité nationale, d’une histoire prestigieuse, d’une “estime de soi” propre à tout être humain membre d’une communauté.

Cette déshumanisation systématique permettant aux idéologues du “Colonialisme Radical” d’affirmer, par la suite, que ces terres étaient “vides” de traces de civilisation, incultes sur tous les plans. Comme ils le prétendent, depuis des décennies, pour la Palestine.

vi)  Déverser, de manière invisible ou homéopathique aux yeux des opinions publiques, dans les caisses de nos “Etats Profonds” (Deep States) des milliards de dollars et d’euros, à ne plus savoir qu’en faire, pour démultiplier l’enrichissement personnel, exponentiel et faramineux, de nos oligarques.

C’est Peter Dale Scott, courageux et brillant politologue canadien, diabolisé par l’extrême-droite “OTANesque”, qui a décrit ce système de gouvernement occulte échappant à tout contrôle citoyen, adepte des guerres et du chaos par lequels ses dirigeants s’enrichissent sans fin.

On lui doit ce livre essentiel pour comprendre la situation actuelle sur notre planète :
“L’Etat profond américain : La finance, le pétrole, et la guerre perpétuelle”
(Titre original : The American Deep State: Wall Street, Big Oil, and the Attack on U.S. Democracy)

Le général Eisenhower, président des USA (1953-1961), dans son célèbre discours de fin de mandat du 17 janvier 1961, s’était déjà inquiété de ce complexe “militaro-industriel” constituant progressivement un Etat dans l’Etat. Inquiétante prémonition d’un général et chef d’Etat :
« Dans les assemblées du gouvernement, nous devons donc nous garder de toute influence injustifiée, qu’elle ait ou non été sollicitée, exercée par le complexe militaro-industriel.

Le risque potentiel d’une désastreuse ascension d’un pouvoir illégitime existe et persistera.

Nous ne devons jamais laisser le poids de cette combinaison mettre en danger nos libertés et nos processus démocratiques.

Nous ne devrions jamais rien prendre pour argent comptant.

Seule une communauté de citoyens prompts à la réaction et bien informés pourra imposer un véritable entrelacement de l’énorme machinerie industrielle et militaire de la défense avec nos méthodes et nos buts pacifiques, de telle sorte que sécurité et liberté puissent prospérer ensemble. »

Un exemple actuel, tout récent : le Trésor des USA vient de constater que 500 millions de dollars, d’un budget destiné à financer l’entrainement et l’armement d’une milice, avaient tout simplement disparus… A peine une dizaine de combattants ont pu être retrouvés. Le reste, avec armes et bagages s’est volatilisé. Les intermédiaires divers ayant pompé, le long du circuit de financement, l’essentiel. Une enquête est en cours… Les complicités étant innombrables.

vii)  Alimenter, exacerber, l’islamophobie des opinions publiques occidentales, pour incruster un fanatisme analogue à celui des Croisades prétendant “Libérer le Tombeau du Christ” dix siècles auparavant. Les services d’action psychologique de nos Etats organisant, créant, scénarios et rhétoriques, pour mettre en scène les pires actes criminels que la perversité humaine soit capable d’engendrer.

Justifiant ainsi, par ce constant lavage de cerveaux imbibés d’horreurs attribuées à la religion musulmane,  les colossales dévastations, destructions et tueries, extorsions et vols, que nos pays commettent dans cette région depuis la fin de la première guerre mondiale ; suite au partage des dépouilles de l’Empire Ottoman, entre les grandes puissances de l’époque dont la France, par les Traités de Sèvres du 10 août 1920 et de Lausanne du 24 juillet 1923.

A cette propagande s’ajoute, à présent, une intensification de l’hystérie russophobe. Cette couche supplémentaire dans le délire paranoïaque étant la conséquence de l’apparition musclée de l’Ours Russe dans la région, défiant l’hégémonie d’un Empire décadent…

Syrie : Panique Chez Les Egorgeurs de l'OTAN...


Une plaisanterie qui court en Russie…

Source : Le Grand Soir.info, le 12 octobre 2015.

Un journaliste américain demande au porte-parole du ministère russe de la défense : Comment différenciez-vous, lors des bombardements en Syrie, les terroristes normaux des rebelles modérés ?

« Depuis le début des opérations militaires en Syrie, nous avons pris cela en considération. Contre les terroristes normaux, nous utilisons des bombes normales, et contre les terroristes modérés, nous avons recours seulement à des bombes modérées. Nous nous sommes orientés dans ce sens, autrement dit, dans le sens de la Justice. »

Excusez-moi, mais pouvez-vous me dire en quoi les bombes modérées sont différentes des bombes normales ?

« Nos bombes normales se différencient des bombes modérées, exactement comme les terroristes normaux se différencient des terroristes modérés. Les secondes sont en fait peintes avec d’autres couleurs, aux tons décidément plus doux et plaisants. »

Source: http://www.les-crises.fr/syrie-panique-chez-les-egorgeurs-de-lotan/


Actu’Ukraine 15/10/2015

Thursday 15 October 2015 at 03:34

ACTU’UKRAINE DU 5 AU 11 OCTOBRE 2015

FOCUS : DEPLACEMENT D’ARMES ET DE PERSONNES

Des armes américaines transitent par la Bulgarie

Vidéo d’un média pro-Maidan.

Fin septembre 2015, Oleksandr Tourtchynov, président par intérim après Maidan et actuellement secrétaire du Conseil de défense et de sécurité nationale, est filmé en train d’inspecter une nouvelle livraison de fusils américains Barret M82 et M107. Ces armes n’auraient pas été livrées directement, mais en passant par la société Bulgare Bulcomers, qui les acheminerait en les faisant passer pour des pièces détachées pour automobiles (novinite.com). Une publicité pour ce marchand d’armes de Sofia, ainsi qu’un bon de commande de ce type d’armes, ont été publiés par Lifenews en décembre 2014 (lifenews).

Les déplacés de l’intérieur (IDP)

Cette carte a été réalisée par les Nations Unis le 18 août 2015 (unhcr.org.ua). Elle donne le nombre de 1.438.000 personnes déplacées en Ukraine et de 1.120.800 Ukrainiens exilés (il faut additionner les nombres rouge et orange), dont 911.500 en Russie et 126.400 en Biélorussie. Elle montre que les “déplacés de l’intérieur” se répartissent essentiellement dans les régions russophones. Cela conforte l’hypothèse d’un déplacement qui toucherait principalement les russophones, lesquels iraient trouver refuge chez des cousins habitant ailleurs que dans les zones de combat.


Cette photo est extraite d’un article d’Al Jazeera. Une famille vient d’aller chercher de l’aide auprès d’un centre de distribution de UNHCR, dont le logo est visible sur le sac blanc. Cela se passe en juillet 2015 à Kramatorsk, en zone ukrainienne, tout près de Slaviansk. Il apparaît que le gouvernement post-Maidan n’aide pas assez les déplacés (aljazeera.com).

Les déplacés en Russie

Un camp de réfugiés en Russie dans la région de Rostov
Plus d’un million d’Ukrainiens ont trouvé refuge en Russie depuis février 2014. La Russie dépense 200 millions de dollars pour les aider (tass.ru). Un site anti-russes fait remarquer que les statistiques concernant les réfugiés en Russie, incluent des personnes arrivées en Crimée et au Donbass (informnapalm.org). Cela n’enlève rien à la tragédie que doit être cet exil forcé pour ces Ukrainiens.

 

Les déplacés en Pologne

Des Ukrainiens essayent de gagner un peu d’argent en proposant de la vodka aux automobilistes

Le président polonais Andrzej Duda a déclaré au journal Bild : “La Pologne, en tant que membre de l’UE, veut montrer sa solidarité. Mais en ce qui concerne les réfugiés, nous avons un problème particulier à cause du conflit en Ukraine.” “D’après les signaux que nous avons, plusieurs centaines de milliers d’Ukrainiens veulent s’enfuir chez nous”. La Pologne, l’année dernière, a reçu 2318 demandes d’asile comparées à 46 en 2013. Elle est émis 830.553 visas de séjour de courte durée contre 720.125 l’année d’avant (bild.de en allemand et euobserver.com en anglais).

 

LUNDI 5 OCTOBRE 2015

Moldavie, suite des manifestations

Les manifestants appellent à la grève générale (point.md) après avoir tenté de prendre d’assaut le parlement dimanche 4 octobre à Chisinau (pravda.com.ua, newsmaker.md).

Un drone abattu à Donetsk

Le toit d’une maison a été endommagé par un drone ukrainien touché par les forces de la DNR (tass.ru). Des drones de toutes les tailles survolent le Donbass en permanence. Même l’OSCE les utilisent pour connaître l’emplacement des armes lourdes.

L’exaspération d’un habitant de Semionovka 

Pancarte : “Messieurs le Président et le Premier ministre d’Ukraine, n’avez-vous pas honte de vos promesses vides à propos de la reconstruction des habitations ?”

A Semionovka, près de Slaviansk, “les habitations ont été éventrées par des obus et les chars d’assaut des rebelles” selon Paris Match, le 11 juillet 2014 (parismatch.com). Un an plus tard, le média ukrainien pro-Kiev “Novosti Donbassa”, émanation de la chaîne Hromadske qui est à 100% pro-Kiev, pro-UE et volontiers propagandiste, publie ces deux photos avec le commentaire : “Il y a déjà plusieurs mois que ce panneau a été accroché. Jusqu’à maintenant, les preuves de la reconstruction sont invisibles. Slaviansk a été libérée il y a un an. Lors de leur visite à Semenovka, les autorités avaient promis que toutes les maisons endommagées seraient reconstruites.” (novosti.dn.ua).

 

MARDI 6 OCTOBRE 2015

L’affaire Moïssichuk, suite

Le député du parti radical, Igor Moïssichuk, retire sa candidature aux élections municipales de Kiev (pravda.com.ua). Il avait été arrêté le 18 septembre à la suite de ces excès, notamment pour intimidation d’une femme médecin-chef. Son appel avait été rejeté malgré le soutien d’Oleh Liashko qui avait insulté les magistrats (pravda.com.ua). Moïssichuk devrait resté emprisonné jusqu’au 20 novembre prochain. Il pourrait néanmoins bénéficier d’une libération anticipée pour des raisons de santé car des médecins ont diagnostiqué chez lui une gastroduodénite et une ostéochondrose.

Finances ukrainiennes

La dette interne de l’Ukraine se monte à ce jour à 70,6 milliards de dollars, annonce le média économique “epravda” (epravda.com.ua).

Les députés de la Rada ont autorisé le gouvernement à utiliser les ressources financières des territoires “occupés” (pravda.com.ua).
Selon ce projet, ces fonds doivent être appliqués à la reconstruction des bâtiments d’utilité sociale et des infrastructures des transports qui ont été endommagés ou détruits au cours de l’OAT, du parc immobilier et des systèmes d’approvisionnement vitaux sur le territoire des oblasts de Donetsk et de Lougansk, mais aussi appliqués au développement socio-économique de ces oblasts. D’après les informations dont dispose le Trésor ukrainien à la date du 1er septembre 2015, les fonds inscrits dans les comptes des territoires “occupés” se montent à presque 2,5 milliards de hryvnas.

Les Ukrainiens vont arrêter de fumer

Le ministre ukrainien de la Politique agraire, Alex Pavlenko, pense que l’Ukraine peut cesser son commerce agricole avec la Russie. Il rappelle que l’Ukraine exporte principalement de la viande, et importe principalement du tabac et des engrais. Pour le tabac, il estime qu’il suffira que les Ukrainiens s’en passent et que ce sera bénéfique pour la santé de la population (rusvesna.su).

La privatisation permet de lutter contre la corruption, selon Porochenko

Lors d’une réunion du Conseil national de la politique anti-corruption, Porochenko a déclaré : “Je suis convaincu que la source de la corruption est dans les entreprises et les sociétés d’État. La privatisation des entreprises publiques (…sauf la défense…) sera un mécanisme anti-corruption efficace” (politnavigator.net).

 

MERCREDI 7 OCTOBRE 2015

Le gouvernement ukrainien s’oppose à l’action russe contre l’Etat Islamique

Porochenko critique l’intervention russe en Syrie parce que cela rapproche le monde d’une troisième guerre mondiale (youtube).

Le premier ministre, Arseni Iatsniouk avait déjà interdit aux avions russes de survoler l’Ukraine pour aller en Syrie (rusvesna.su).

Anton Guerashenko (Геращенко), député et numéro 2 du ministère de l’intérieur, va plus loin en proposant aux internautes de publier les coordonnées des pilotes et des mécaniciens russes sur le site du ministère de l’intérieur, nommé Mirotvorets (“le pacificateur”) : “Je propose à tous ceux qui ont les informations concernant les citoyens russes qui participent à la guerre non déclarée de Russie contre le peuple syrien, de transmettre toutes ces données sur le site “Mirotvorets”, pour cela on va créer une page spéciale “Les crimes de Poutine en Syrie et au Proche Orient”. Ce site créé en décembre 2014 recense environ 32.000 coordonnées d’opposants. Il est fort probable que ce site soit à l’origine de l’assassinat de l’écrivain et historien pacifiste Oles Bouzina. En effet, non seulement il a été tué peu de temps après que son adresse ait été révélée, mais en plus le compte tweeter lié à Mirotvorets avait félicité l’”agent 404″ pour avoir liquidé Bouzina.

La page Facebook de Gerashenko a été interdite d’accès le 7 octobre pendant quelques heures (rusvesna.su). A la réouverture, le message de Gerashenko n’était plus visible (rusvesna.su).

 

JEUDI 8 OCTOBRE 2015

Faillite de la ville de Kiev

A dater du 6 novembre prochain, la ville de Kiev sera en défaut de paiement, selon son conseil municipal (e-news.su).

Grâce présidentielle d’un cambrioleur

Porochenko a gracié le jeune Constantin Khodakovsky (Константин Ходаковский), bien qu’il ait été condamné initialement à 15 ans de prison pour cambriolage. Il s’était plaint de mauvais traitements en prison auprès de la Cour Européenne des Droits de l’Homme, qui a demandé à l’Ukraine de lui verser 25.000 euros de dommages. Il avait aussi organisé une collecte d’argent avec sa femme en faveur de l’armée ukrainienne (lb.ua).

 

VENDREDI 9 OCTOBRE 2015

Le budget de l’armée en augmentation pour une guerre longue

Porochenko a déclaré “Je voudrais rappeler : la guerre n’est pas finie et ce sera encore long avant la fin.” “Я хочу всем напомнить: война не окончена и до окончания войны еще долго” (lb.ua) Le budget de l’armée en 2016 sera de 86,9 milliards de hrynias, soit presque deux fois plus qu’en 2015 qui était de 49,7 milliards de hryvnias (lb.ua). Cela fait un budget d’environ 3,5 milliards d’euros avec un taux de change de 24,8 UAH pour 1 EUR le 10 octobre 2015, par rapport à 2,6 milliards d’euros avec un taux de change au 1er janvier 2015 de 19 UAH pour 1 EUR.

 

SAMEDI 10 OCTOBRE 2015

Conférence de presse de Vassili Gritsak, chef du SBU (Служба безпеки України).

197 bases rebelles

Lors d’une conférence de presse, le chef du SBU (service de sécurité), Vassili Gritsak (Грицак) a déclaré : ” Les rebelles se préparent sur 197 bases” “Il y a 58 bases sur le territoire de la République populaire de Donetsk, 53 sur celui de la République populaire de Lougansk, 29 sont situées en Crimée. Une base se situe en Transnistrie et encore une autre en Abkhazie”. Les 55 autres bases sont situées dans l’oblast de Rostov en Russie (pravda.com.ua).

6000 à 9000 militaires russes, dont 56 ont été identifiés

Gritsak a aussi annoncé qu’il se trouve en permanence sur le territoire de l’Ukraine entre 6.000 et 9.000 appelés russes. En outre, environ 50.000 soldats se trouvent en Russie, de l’autre côté de la frontière ukrainienne. Le SBU possède la preuve de la participation de 56 Russes depuis le début du conflit.

Une nouvelle République populaire à Odessa

Gritsak a dévoilé que le SBU disposait d’informations sur des préparatifs de constitution d’une nouvelle “république populaire” dans l’oblast d’Odessa, qui se nommerait “République populaire de Bessarabie”(112.ua). L’assistante d’un député, dont il n’a pas révélé le nom, est en contact avec Moscou pour ce projet (gordonua.com).

Le fils d’un candidat du Bloc Porochenko conduisait une BMW à 15 ans

Procédure pénale pour entrave au travail des forces de l’ordre contre Dmitry Shmanov, candidat du Bloc Porochenko Solidarité pour un poste de conseil municipal à Odessa. Son fils de 15 ans avait emprunté sa BMV et il la conduisait en compagnie de deux autres jeunes. Ils eurent un accident et s’enfuirent mais oublièrent un téléphone portable. Le père et la mère voulurent étouffer l’affaire et récupérer le téléphone mais la police refusa de le leur donner (interfax.com.ua).

Le fils d’une député du Parti radical conduisait une Dodge volée

La police a arrêté Daniel Korchinskiy, le fils, âgé de 25 ans, de la député Oksana Korchinskiy, au volant d’une Dodge noir, faisant partie de la liste des voitures destinées à l’armée qui ont été volées (rusvesna.su). Oksana Korchinskiy est députée du parti Radical d’Oleg Liachko et membre de l’UNA-UNSO. Elle avait présenté le projet de loi 2276a qui restreint l’emploi du mot “Russie” et de ses dérivés, notamment dans le domaine historique, en juillet 2015 (lb.ua). Elle est la femme de Dmitry Korchinskiy qui est le chef d’un mouvement violent appelé “Братства” “fraternité” (lb.ua) et auteur d’un livre intitulé “Война в толпе” “Guerre dans la foule” racontant des bagarres avec la police lors de manifestations (lb.ua).

Arrestation d’opposants

Un étudiant de Sievierodonetsk, à 70 km au nord ouest de Lougansk en zone ukrainienne, qui écrivait sur les réseaux sociaux, a été emprisonné. Deux hommes dans l’oblast de Tcherkassy au centre de l’Ukraine ont aussi été emprisonnés pour avoir écrit sur les réseaux sociaux (interfax.com.ua).

 

Combats près de l’aéroport de Donetsk

Un mort et deux blessés du côté des forces de la DNR et un blessé du côté ukrainien (rusvesna.su et 45enord.ca).

DIMANCHE 11 OCTOBRE 2015

Restructuration de la dette envers la Russie

Depuis le début de la semaine, à Lima, au Pérou, Natalia Yaresko, ministre ukraino-américaine des finances, discute avec son homologue russe au sujet de la dette de 3 milliards de dollars contractée par Ianoukovitch fin 2013 (pravda.com.ua, bloomberg.com). Finalement, la Russie accepte une restructuration selon les mêmes conditions que celles adoptées par les autres créanciers le 27 août 2015 (tass.ru), c’est-à-dire un effacement d’une partie de la dette, un allongement de la dette restante avec une légère augmentation du taux d’intérêt. Les chiffres ne sont pas divulgués.

Corruption aux points de passage

L’ouverture de nouveaux points de passage est une exigence des accords de Minsk. Il y en un nouveau à Novotroitskoe à 40 km au sud-ouest de Donetsk, et à 18 km au nord de Volnovakha, qui permettra de faire passer jusqu’à 7000 personnes par jour. Mais il ne fait que remplacer celui de Bugas. Un autre était prévu à Stanitsa Luganska. Il avait été fermé le 22 mai 2015 et devait rouvrir le 10 octobre. Cependant, le chef ukrainien de la région de Lougansk, Georgii Touka (Тука), a remis à plus tard cette réouverture sous le prétexte d’une possible provocation. Le chef de la LNR, Igor Plotniski a déclaré que la véritable raison est que cela diminuerait la source de revenu pour Kiev. En effet, le pot de vin pour le passage d’une voiture est actuellement de 200 à 800 hryvnias (rusvesna.su). Le 21 septembre 2015, le commandant d’une unité de la 28e brigade mécanisée des Forces armées ukrainiennes, Vladimir Pushkar (Пушкарь), avait été arrêté  sur ordre du procureur général militaire, Anatoli Matios (Матиос), pour avoir perçu illégalement 1,1 million de hryvnas (40.000 euros) en échange de laissez-passer pour des dizaines de véhicules de transport franchissant la ligne de démarcation (112.ua). Deux jours plus tard, le 23 septembre, le tribunal d’Odessa avait relâché Pushkar sous la pression des activistes de la ville (otkat.od.ua).

Obama traite Ianoukovitch de “stooge” de Poutine

Lors d’une longue interview pour la chaine CBS, Obama dit : “When I came in office, Ukraine was governed by a corrupt ruler who was a stooge of Mr Putin”. Le mot “stooge” signifie un faire-valoir au théâtre ou un serviteur, un larbin. Cette citation a été retenue pour la bande annonce (youtube) de cette émission qui est prévue pour ce dimanche. Aussitôt, les médias russes ont repris cette information. Un journaliste de l’agence TASS a demandé son opinion au secrétaire de presse du Kremlin, Dmitri Peskov, qui a répondu “Appeler une marionnette, l’ancien président qui a été évincé de force dans un coup d’Etat armé, organisé et parrainé de l’extérieur, il ne convient guère” “Называть марионеткой бывшего президента, который был отстранен от власти насильственным образом в результате вооруженного государственного переворота, организованного и спонсированного извне, вряд ли уместно” (tass.ru).

De manière symétrique et aussi excessive, un photo-montage circule parmi les internautes pro-russes :

 

Source: http://www.les-crises.fr/actuukraine-15102015/