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[70e AG ONU] Inde + Pakistan + Bangladesh “Comment pouvons-nous avoir en 2015 un Conseil de sécurité qui reflète encore l’architecture géopolitique de 1945 ?”

Thursday 15 October 2015 at 02:50

1,6 milliards de terriens dans ce billet… :)

Allocution de S.E. Mme Excellency Sushma Swaraj, Ministre des relations extérieures de la République de l’Inde, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les chefs d’État et du gouvernement, Mesdames et Messieurs les ambassadeurs, Mesdames et Messieurs,

L’Organisation des Nations unies fête son 70e anniversaire cette année, cette Assemblée générale est donc historique. J’espère que cette année sera également une année historique pour l’ONU en terme de résultats. Je puis en tout cas vous assurer du soutien indéfectible de l’Inde dans le cadre de vos efforts.

Monsieur le Président, il y a 70 ans, l’Organisation des Nations unies a été créée sur la côte ouest de ce pays avec la Charte de San Francisco. L’Inde est un des pays signataires de la Charte même si nous n’étions pas indépendants à l’époque. Nous avons obtenu notre indépendance deux ans après. Lorsque les Nations unies ont été créées, un homme d’aspect assez frêle, armé de la non-violence a écrit le dernier chapitre de notre lutte et il est devenu un symbole pour tous les colonisés, pour tous les opprimés, partout dans le monde. Je suis heureuse que l’ONU a déclaré le jour de la naissance de cet homme extraordinaire, la journée internationale de la non-violence. C’est une coïncidence heureuse que demain, 2 octobre, sera cette journée. Gandhi a dit « la différence entre ce que nous faisons et ce que nous sommes capables de faire suffirait à régler la plupart des problèmes du monde. » Ce message s’inscrit de manière très appropriée au contexte de l’Organisation des Nations unies.

Monsieur le Président, au cours de la vie de tout être humain, le 70e anniversaire est un point de référence, l’occasion de réfléchir à ce qui a été réalisé et peut-être ce qui a été manqué également. De même, pour une institution, la 70e année c’est l’occasion de voir si l’institution a été en mesure d’atteindre l’objectif pour lequel elle a été créée, si elle a atteint les buts mentionnés lors de sa création. Aujourd’hui nous devons tous nous demander si nous avons été en mesure d’atteindre les objectifs pour lesquels l’Organisation des Nations unies a été créée il y a 70 ans.

Lorsque je me pose  cette question je réponds par l’affirmative pour certaines questions et de manière négative pour d’autres. Par exemple, les Nations unies sont parvenues à éviter une Troisième Guerre mondiale, l’Organisation a contribué à la décolonisation, a pu contribuer au démantèlement de l’apartheid, à lutter contre les épidémies mondiales, a réduit le problème de la faim au niveau mondial et a promu la démocratie et les droits de l’homme. Mais lorsque nous nous demandons si nous avons été en mesure de nous opposer à des conflits dans toute une série d’endroits du monde, nous sommes obligés de répondre non. Si nous nous demandons si nous avons trouvé des solutions permanentes à ces conflits, là encore nous répondons par la négative. Si nous nous demandons si nous avons été en mesure de montrer la voie de la paix à un monde qui est enclin à la violence, la réponse encore est non. Les Nations unies semblent alors être une institution inefficace dans le domaine de la paix et de la sécurité internationale. L’Organisation n’a pas été en mesure de relever les nouveaux défis dans le domaine de la paix et de la sécurité internationale. Aujourd’hui, le monde connaît la guerre sur trois continents et le Conseil de sécurité n’est pas en mesure ou ne veut pas mettre fin à ce bain de sang. Les solutions traditionnelles ont souvent exacerbé les problèmes. Nous devons nous demander si nous avons la volonté politique pour élaborer d’autres solutions alternatives face à ces conflits, et si nous sommes prêts à poursuivre ces alternatives de manière déterminée.

Aucun objectif n’est plus important que celui des processus de maintien de la paix. Sous le drapeau bleu, des hommes et des femmes travaillent à la prévention du conflit pour protéger des civils et pour étayer des processus de paix. Avec 180 000 soldats de la paix déployés à ce jour, l’Inde a été le plus grand fournisseur de sécurité internationale pour les Nations unies. Aujourd’hui même, environ 8 000 Indiens, policiers, militaires, participent à dix missions souvent dans des environnements très difficiles. L’Inde reste engagée à poursuivre ce soutien en faveur des opérations de maintien de la paix de l’ONU. Nous sommes même prêt à accentuer nos contributions comme cela a été annoncé par notre Premier ministre lors du Sommet des dirigeants consacré au maintien de la paix. Nos nouvelles contributions couvriront l’ensemble des aspects des missions de maintien de la paix : personnel, soutien logistique et formation. Simultanément, il est nécessaire de garantir que les grands principes du maintien de la paix ne soient pas dilués. Il est regrettable que les pays contributeurs de contingent n’aient rien à dire concernant le mandat des missions qui sont souvent amendées sans qu’ils soient consultés. C’est une violation claire de l’article 44 de la Charte des Nations unies.

Monsieur le Président, nous pensons également que les opérations de maintien de la paix ne peuvent pas être un substitut à des solutions politiques, et cela a été souligné également par le groupe Horta. Alors que nous célébrons le 70e anniversaire de l’Organisation des Nations unies, je saisis cette occasion pour saluer les 3 300 soldats de la paix, y compris 161 d’Inde, qui ont fait le sacrifice ultime. Nous sommes prêts à contribuer au mémorial des soldats de la paix qui a été approuvé par la 69e Assemblée générale.

Monsieur le Président, la sécurité des soldats de la paix, la sécurité de nos nations et l’avenir de la communauté internationale dépendent maintenant de la manière dont nous allons confronter la menace la plus importante qui s’impose à nous à savoir le terrorisme, une menace avec laquelle l’Inde a vécu pendant plus de 25 ans, une menace qui a frappé de manière tragique cette ville à l’automne 2001. Depuis lors, la prolifération des actes terroristes, la montée des idéologies extrémistes et l’impunité des États qui sponsorisent le terrorisme n’ont pas été contrées de manière efficaces. Le terrorisme international ne peut être vaincu qu’au travers d’une action internationale organisée. Le monde doit démontrer qu’il n’a aucune tolérance face aux terroristes qui tuent et qui mutilent des civils innocents. Nous devons juger et, le cas échéant, extrader ces personnes. Les pays qui fournissent du financement, qui arment, qui entraînent ces terroristes doivent payer le prix face à la communauté internationale.

Tout aussi important : un régime juridique international dans le cadre de la Convention générale sur le terrorisme international. Nous ne pouvons plus attendre. Il y a 19 ans, en 1996, l’Inde a déposé cette proposition aux Nations unies mais nous n’avons pas été en mesure d’adopter cette Convention et nous sommes restés empêtrés dans des problèmes de définitions. Il faut bien comprendre qu’il ne peut pas y avoir de distinction entre un bon et un mauvais terroriste. Le terrorisme ne peut pas non plus être lié à une religion. Un terroriste c’est un terroriste, c’est une personne qui commet des crimes contre l’humanité. Une telle personne ne peut avoir une religion. Dès lors, je vous lance un appel : travaillons tous, ensemble, au cours de ce 70e anniversaire pour adopter la Convention générale.

Monsieur le Président, je saisis également cette occasion pour mentionner les défis auxquels nous sommes confrontés dans le cadre de nos relations avec le Pakistan. Personne ne peut accepter que le terrorisme soit un outil politique légitime. Le monde a partagé notre effroi lors des attaques terroristes de Mumbai de 2008 au cours desquelles des citoyens de nombreuses nations ont été mutilés en vain. Le fait que l’auteur de ces attaques est libre est un affront à l’ensemble de la communauté internationale. Les garanties qui nous avaient été fournies à cet égard par le passé n’ont pas été honorées. Non seulement cela, mais il y a eu de nouvelles attaques terroristes transfrontalières récemment au cours desquelles deux terroristes, de l’autre côté de la frontière, ont été capturés vivants. Nous savons tous que ces attaques ont pour but de déstabiliser l’Inde et légitimiser l’occupation illégale par le Pakistan de certaines parties de l’État indien de Jammu-et-Cachemire, et légitimiser ses prétentions sur le reste de cet État.

Permettez-moi ici de vous présenter clairement notre position. L’Inde est prête à dialoguer mais les négociations et le terrorisme ne peuvent aller de pair. Hier, le Premier ministre du Pakistan a proposé ce qu’il a appelé une initiative pour la paix en quatre points. Je voudrais y répondre. Nous n’avons pas besoin de quatre points, mais d’un seul : abandonnons le terrorisme et discutons. Cela permettra de résoudre tous les problèmes. Je souhaiterai également dire que c’est précisément ce qui avait été discuté et décidé par les deux Premiers ministres à Ufa au mois de juillet. Organisons des discussions au niveau des conseillers de la sécurité nationale sur l’ensemble des questions liées au terrorisme ainsi qu’une réunion de nos Directeurs généraux des Opérations militaires afin d’aborder la question des problèmes à la frontière. L’Inde est tout à fait prête à aborder l’ensemble des problèmes en souffrance dans le cadre d’un dialogue bilatéral.

Même si nous luttons contre la menace du terrorisme, nous devons reconnaître que les progrès économiques et sociaux restent un objectif essentiel. La satisfaction des besoins humains de base débouche de manière invariable sur des sociétés plus pacifiques comme il ressort clairement des études sur les conflits qui frappent diverses parties du monde. Il y a quelques jours nous avons adopté un nouveau programme de développement avec les objectifs du développement durable. C’est une feuille de route plus holistique que les objectifs du Millénaire pour le développement. Toutefois, la réussite de la mise en œuvre dépendra d’une volonté politique et d’une volonté de partage : partage de technologie mais également de ressources financières, il faudra également améliorer les différents mécanismes de mise en œuvre.

En tant que femme et que membre élue du parlement, je suis convaincue nous pouvons accélérer les changements sociaux en autonomisant les petites filles. La politique de notre gouvernement, « Beti Bachao, Beti Padhao » [Éduquons les filles pour leur donner du pouvoir], vise à éduquer les jeunes filles pour les autonomiser. Notre avenir dépend d’une planète durable, pour nous, pour nos enfants.

Nous allons bientôt nous réunir à Paris et nous devons concrétiser nos ambitions. Nous avons un devoir commun, mais il faut prendre en considération les différentes responsabilités de chacun, des responsabilités différenciées. Si Mahatma Gandhi était parmi nous aujourd’hui, il nous demanderait si nous avons utilisé les ressources de la planète pour satisfaire nos besoins ou pour satisfaire notre avidité. Est-ce que l’adaptation de nos choix de vie permettrait de corriger le tir ? Je pense que pour cette raison l’accord de Paris doit être un accord global et équitable, avec des actions concrètes. Les pays en développement peuvent faire davantage s’ils disposent de finances, de technologie, de davantage de capacités de la part des pays développés. L’Inde a toujours été un partenaire volontaire dans le cadre de ses efforts mondiaux. Nous jouerons notre rôle pour parvenir à un accord équitable, utile et efficace à Paris.

L’attachement de l’Inde pour l’environnement se fonde sur ses traditions : nous avons toujours considéré que la nature était sacrée. La santé de la planète est liée à notre bien-être et c’est cette approche holistique qui nous a poussés à lancer un appel en faveur de la première journée internationale du Yoga. Une journée qui a été organisée avec beaucoup de ferveur dans 192 pays du monde et même dans cette institution. Je remercie la communauté internationale pour son enthousiasme et pour son soutient lors de cette journée. J’espère que la graine qui a été plantée s’épanouira et deviendra un arbre magnifique. Je félicite également les États qui ont réagi rapidement pour lutter contre des épidémies mondiales. En travaillant ensemble nous sommes parvenus à éradiquer la variole et presque la polio. Le VIH, le  SIDA, est évidemment sous contrôle, Ebola a été une crise très importante. C’est un exemple de la manière dont les actions nationales et le soutien international peuvent permettre de résoudre une crise mondiale. Nous sommes fiers que l’Inde a joué son rôle dans le cadre de ces efforts mais nous devons nous inspirer de ces réussites et redoubler d’efforts pour éradiquer d’autres crises sanitaires, qu’il s’agisse de la tuberculose ou du paludisme.

Tout comme pour les urgences sanitaires, les catastrophes naturelles et anthropiques exigent une réponse coordonnée. Récemment, la communauté internationale a été confrontée à la crise des réfugiés due aux situations en Syrie, en Irak et en Libye. Nous avons besoin d’une réaction rapide, qui se fonde sur une volonté politique : nous avons réagi rapidement et de manière holistique, qu’il s’agissait du Népal ou du Yémen. L’Inde est un fournisseur net de sécurité qui vient en aide à ses ressortissants, mais également aux ressortissants d’autres pays. L’Inde va organiser la première Conférence ministérielle asiatique sur la réduction des risques face aux catastrophes naturelles au mois de novembre 2016, sur l’effort cadre de Sendai.

Monsieur le Président, nous avons des traditions démocratiques très importantes et régulièrement il faut apporter des changements. Et depuis l’arrivée du gouvernement du Premier ministre Modi, il y a un an et demi, nous nous sommes engagés au renouvellement afin de permettre à l’Inde de jouer son rôle dans les affaires internationales tout en continuant d’être une économie florissante. Notre slogan est « sabka saath,sabka vikas » : nous mettons l’accent sur le bien-être de toute notre population. Simultanément, nous avons entamé des contacts avec l’ensemble de nos partenaires de la communauté internationale. Nos efforts se concentrent surtout sur notre voisinage immédiat avec des résultats importants. Nous avons renouvelé des liens anciens, nous avons mis sur pied des partenariats économiques modernes, y compris récemment lors d’un sommet avec 14 îles du Pacifique. La politique d’action vers l’est a remplacé la politique de vision de l’est, une politique plus pro-active. Nous restons engagés en faveur du processus de paix au Moyen-orient qui est essentiel pour prévenir tout radicalisation de la région. Nous espérons qu’une solution pour la Palestine sera trouvée. Nous avons également approfondi nos relations avec la majorité des grandes puissances.

L’Afrique est une région avec laquelle nous avons des liens historiques, une solidarité qui est due à notre lutte commune contre le colonialisme et à notre croyance partagée dans une prospérité commune. Plus tard ce mois-ci, nous allons accueillir le troisième Sommet Afrique-Inde. Pour la première fois les dirigeants des 54 pays du continent ont été invités.

En tant qu’État doté de l’arme nucléaire, l’Inde est consciente des responsabilités et est favorable à un désarmement nucléaire non-discriminatoire mondial et vérifiable. Notre engagement en la matière reste inébranlable.En tant que nation, tout comme pour les institutions, il est nécessaire de se renouveler. Et dans un monde qui continue d’être dominé par les nations riches, la notion d’égalité souveraine au sein des Nations unies a permis au monde en développement de remettre en question des normes injustes. Mais cela n’a pas débouché sur des changements fondamentaux.

Si nous voulons préserver le caractère central et légitime de l’Organisation des Nations unies comme garant de la paix mondiale, de la sécurité et du développement, la réforme du Conseil de sécurité est particulièrement urgente, c’est l’urgence du moment. Comment pouvons-nous avoir en 2015 un Conseil de sécurité qui reflète encore l’architecture géopolitique de 1945 ? Comment pouvons-nous avoir un Conseil de sécurité qui n’a toujours pas de membre permanent africain ou issu d’Amérique latine ? Nous devons intégrer davantage les nations en développement dans les processus décisionnels du Conseil de sécurité et nous devons modifier la manière dont le Conseil fonctionne, car il fonctionne de manière non-transparente. Davantage de légitimité et un équilibre accru au sein du Conseil restaurerait sa crédibilité et lui permettrait de relever les défis de notre époque. Nous sommes heureux que sous la présidence de Son Excellence Monsieur Sam Kutesa et sous la présidence de Courtenay Rattray, nous sommes parvenus à ce que nous n’avions pas été capables de faire pendant deux décennies à savoir un texte à négocier et qui a été adopté par l’Assemblée générale au travers de la décision 69/560. Mais cette première étape doit être, en fait, l’entame d’actions plus importantes dans le cadre de cette 70e session de l’Assemblée générale des Nations unies.

Monsieur le Président, pour une organisation telle que l’Organisation des Nations unies, 70 ans cela a une importance unique. C’est une occasion pour revitaliser l’Organisation, pour la réinventer. Je vous invite tous à réfléchir aux Nations unies comme un arbre, une arbre symbole de la sagesse. C’est un arbre qui n’a pas un seul tronc mais plusieurs, qui poussent vers l’extérieur. Mais chaque tronc est relié aux autres, cet arbre est en relation également avec le ciel et la terre. Il étend ses branches, et à l’ombre d’un arbre c’est toujours un bon endroit pour débattre, discuter.

Un arbre est encore jeune à 70 ans. Nous avons une occasion historique, l’occasion de renouveler cette institution, ou nous pouvons la condamner à dépérir. Nous pouvons facilement nous perdre dans le labyrinthe de notre propre création, mais si nous saisissons cette occasion nous permettrons aux Nations unies d’atteindre son plein potentiel : une Organisation qui réduit les écarts entre ce qu’elle fait et ce qu’elle est capable de faire. Un arbre robuste, canopée d’une humanité pacifique et prospère. J’espère vraiment que les Nations unies grandiront pour devenir cet arbre.

Source : ONU, 09/10/2015

transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

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Pakistan – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. M. Muhammad Nawaz Sharif, Premier Ministre de la République islamique du Pakistan, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

Monsieur le Président 

Excellences

Mesdames et Messieurs les Délégués

Mesdames et Messieurs,

Nous félicitons Mr. Mogens Lykketoft pour son élection comme président de la 70ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies. Il s’agit d’une reconnaissance de votre éminente carrière dans le service public. Nous partageons votre engagement pour l’établissement d’un monde plus juste et plus stable. Nous rendons également hommage à Mr. Sam Kutesa,  pour son excellente direction lors de la 69ème session.

Monsieur le Président, il y a 70 ans,  les Nations Unies ont été créées à partir des  ruines de la  guerre la plus  dévastatrice que le monde ait connue. Son objectif  était de bâtir une  paix universelle et la prospérité sur la base de principes équitables,  la coopération et  de l’action collective. Malgré les contraintes de la guerre froide, l’organisation des  Nations Unies a servi  de lueur d’espoir pour la communauté internationale, l’incarnation de la liberté, un avocat pour les opprimés, un véhicule pour le développement et le progrès. Mais, nous, les peuples des Nations Unies, nous n’avons pas réussi à transformer nos épées en socles de charrues, où à promouvoir la prospérité universelle dans une plus grande liberté. La confrontation est revenue entre les grandes puissances,  à un moment où de nombreuses régions du monde sont marquées par des troubles. Le terrorisme se propage. La pauvreté et les privations n’ont pas encore été éliminées. Les violations graves des droits de l’homme sont généralisées.

Nous assistons à une véritable tragédie  humaine dans  ce flux des réfugiés et des migrants forcés – à une échelle que nous n’avions pas vue depuis plus d’un demi-siècle. Notre existence même est menacée par les dommages terribles causés aux systèmes qui maintiennent la vie sur notre planète. Et pourtant Monsieur le Président, il s’agit également d’un moment privilégié. Aujourd’hui, les processus mondiaux interdépendants nous permettent de disposer des  capacités  financières, scientifiques et organisationnelles pour relever ces différents défis qui sont reliés entre eux,  et qui représentent une menace commune pour tous les Etats membres. Lors du Sommet historique au cours de ce dernier  week-end, nous nous sommes engagés collectivement à réaliser  17 objectifs de développement durable, pour  promouvoir le développement équitable et  inclusif pour tous nos peuples. Les vrais défis restent devant nous – Il s’agit de mobiliser une volonté politique collective et les ressources pour permettre la mise en œuvre complète de ce programme, que nous avons adopté solennellement. Le Pakistan a d’ores et déjà pris des mesures au niveau national, afin de promouvoir ce programme de développement pour l’après-2015. Nous sommes également en train de créer un mécanisme robuste pour la surveillance et la mise en œuvre de ces objectifs et de ces cibles.

Monsieur le Président, plus tard cette année,  à Paris, nous devrons répondre avec une responsabilité commune mais différenciée,  à la menace posée par le changement climatique. Les intérêts partisans ne doivent pas entraver notre engagement collectif ambitieux  afin de stopper et inverser les dommages causés à notre planète.

Monsieur le Président, à l’occasion du  70e anniversaire de l’ONU, nous devrions nous efforcer d’adapter cette  organisation mondiale,  afin qu’elle puisse réagir efficacement aux défis actuels et émergents qui nous concernent  tous. Le Pakistan est en faveur d’une réforme en profondeur  de l’Organisation des Nations Unies, y compris du Conseil de sécurité. Nous avons besoin d’un Conseil de sécurité qui soit plus démocratique, représentatif, responsable et transparent. Un Conseil qui reflète les intérêts de tous les Etats membres, conformément au principe de l’égalité souveraine. Et non pas un Conseil, qui soit un simple club élargi des puissants et des privilégiés.

Monsieur le Président, le maintien de la paix a été l’une des responsabilités clés des Nations Unies. Le Pakistan est fier de son rôle historique et actuel,  d’important  fournisseur de contingents. Nous considérerons que c’est  notre obligation que de faire respecter la paix et la sécurité internationale.

Monsieur le Président, le Pakistan est l’une des victimes principales du terrorisme. Nous avons perdu des milliers de vies,  y compris des civils et des soldats en raison de la violence terroriste. Le sang qui a coulé- y compris celui de nos enfants innocents – a renforcé notre détermination à éliminer ce fléau de notre société. Nous lutterons contre le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, indépendamment de leurs auteurs. Notre opération, Zarb-e-Azb, est la plus grande campagne anti-terroriste dans le monde, impliquant  plus de 180.000 membres de nos forces de sécurité. Cette opération a permis de faire des progrès substantiels pour débarrasser notre pays de tous les terroristes, et elle ne s’achèvera que lorsque  notre objectif sera réalisé. Cette opération est complétée par un plan d’action national inclusif. Il englobe des actions policières et sécuritaires, des mesures politiques et  juridiques ainsi qu’ un  ensemble de mesures sociales et économiques visant à lutter contre l’extrémisme violent. La menace mondiale du terrorisme ne peut être vaincue à moins que nous ne prenions en compte ses causes profondes. La pauvreté et l’ignorance sont une partie du problème. Les idéologies extrémistes  doivent être rejetées. Mais nous devons également lutter contre le discours des terroristes,  par le biais d’un règlement juste des différentes situations d’oppression et d’injustice contre les musulmans,  dans diverses parties du monde. Malheureusement, certains s’efforcent  d’utiliser la campagne mondiale contre le terrorisme pour supprimer le droit légitime des peuples occupés à l’auto –détermination.

Monsieur le Président, l’essor et la propagation du terrorisme à travers le Moyen-Orient aujourd’hui,  représentent des défis de sécurité sans précédent. Ravagés par la violence, les conflits ethniques et sectaires, et la montée de Daesh, plusieurs pays de la région sont aujourd’hui le théâtre de conflits et d’instabilité. D’autres sont  aspirés dans ce bourbier. La tragédie de la Palestine s’est intensifiée. La voie acceptée pour la paix entre la  Palestine et Israël – une solution à deux Etats – semble plus éloignée aujourd’hui que jamais auparavant,  en raison de  la position intransigeante de la puissance occupante. Et pourtant, à l’heure où je parle,  le drapeau palestinien est en train d’être hissé à l’extérieur de cette salle. Nous espérons qu’il s’agira d’un premier pas. Nous attendons avec beaucoup d’intérêt d’accueillir la Palestine en tant que membre à part entière des Nations Unies.

Monsieur le Président, les Musulmans souffrent à travers le monde : les Palestiniens et les Cashmiris sont opprimés par l’occupation étrangère; des minorités sont persécutées; et il y a une discrimination à l’encontre des réfugiés musulmans fuyant la persécution ou la guerre. La communauté internationale doit remédier à ces injustices commises contre le peuple musulman.

Monsieur le Président, nous nous félicitons de l’accord nucléaire global conclu entre l’Iran et les pays du P 5 + 1. (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne). Ceci montre ce que peut faire un engagement diplomatique et le multilatéralisme. C’est de très bon augure pour la paix et la sécurité de notre région et au-delà.

Monsieur le Président, les relations entre le Pakistan et l’Afghanistan ont enregistrées  une transformation positive grâce à la mise en place d’un gouvernement d’unité nationale à Kaboul. En réponse à la demande du gouvernement afghan et avec l’appui de la communauté internationale, le Pakistan a fait de grands efforts pour faciliter le processus de réconciliation afghan. Un dialogue a été possible entre le  gouvernement afghan et les talibans, ce qui était sans précédent. Mais il est regrettable que certains incidents aient enlisé le processus. Par la suite, les attaques de militants se sont intensifiées, et nous les condamnons sans équivoque. Le Pakistan persistera dans ses efforts pour aider la reprise du processus de dialogue et pour promouvoir la paix et la stabilité en Afghanistan. Néanmoins, nous ne pourrons le faire que si nous obtenons  la coopération requise de la part du Gouvernement afghan. Les tensions entre l’Afghanistan et le Pakistan ne vont dans l’intérêt de personne. Nous sommes encouragés par le fait que  la communauté internationale, y compris les grandes puissances, souhaitent poursuivre le processus de paix en Afghanistan.

Monsieur le Président, le Pakistan se félicite du rôle actif de la Chine pour la promotion de la paix et de la prospérité en Afghanistan et dans notre région. Nous nous félicitons de la vision de la Chine : «Une ceinture, une route “. Le corridor économique entre la Chine et le Pakistan,  annoncé lors de la visite du président Xi Jinping au Pakistan au début de l’année,  pourrait favoriser l’intégration économique régionale et apporter la prospérité à l’ensemble de la région et à l’extérieur. Il s’agit d’un modèle qui devrait nous inspirer de coopération Sud-Sud, et qui devrait être imité ailleurs. Nous nous félicitons également de l’accent mis par la Russie sur la coopération en Asie. L’Organisation de coopération de Shanghai à laquelle le Pakistan se joindra cette année en tant que membre à part entière, offre de grandes promesses pour la promotion de la connectivité régionale.

Mr. le Président, l’histoire de l’Asie du Sud est une histoire d’occasions manquées. Parmi ses conséquences graves, il y a  la persistance de la pauvreté et des privations dans notre région. Le développement est la première priorité de mon gouvernement et sous-tend ma politique qui est de créer un environnement pacifique. Nos peuples ont besoin de paix pour prospérer. La paix peut être obtenue par le biais du dialogue, mais il faut de l’engagement. En 1997, lorsque le dialogue composite a été lancé avec l’Inde, nos deux pays se sont mis d’accord sur le fait que ce dernier  couvrirait  deux questions principales : le Cachemire, et la paix et la  sécurité, ainsi que six autres questions, y compris le terrorisme. Le caractère urgent  de ces deux questions est encore plus fort aujourd’hui. Les consultations avec les habitants du Cachemire, qui sont une partie intégrante du différend, sont essentielles pour parvenir à une solution pacifique. Depuis 1947, le différent sur le Cachemire n’a toujours pas été résolu. Les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies n’ont toujours pas été mises en œuvre. Trois générations de Cachemiris n’ont vu que des promesses non tenues et une oppression brutale. Plus de 100,000 sont morts dans leur lutte pour l’autodétermination. Il s’agit de l’échec le plus persistant  des Nations Unies.

Mr le  Président, lorsque j’ai pris mes fonctions de Premier ministre du Pakistan en Juin 2013, pour la troisième fois, l’une de mes premières priorités a été  de normaliser les relations avec l’Inde. J’ai  tendu la main aux  dirigeants indiens pour souligner que notre ennemi commun était la pauvreté et le sous-développement. La coopération et non pas la confrontation, devrait définir notre relation. Et pourtant, aujourd’hui, des violations du cessez-le feu le long de la ligne de démarcation et de la frontière de facto s’intensifient, causant des morts civils, y compris des femmes et des enfants. La sagesse nous dicte que notre voisin immédiat devrait s’abstenir de favoriser  l’instabilité au Pakistan.  Les deux pays devraient aborder et résoudre les causes de tension et prendre toutes les mesures possibles pour éviter toute escalade supplémentaire. C’est la raison pour laquelle j’aimerais saisir cette occasion aujourd’hui,  pour proposer une nouvelle initiative de paix avec l’Inde, en commençant par des mesures qui sont les plus faciles à mettre en œuvre :

Premièrement,  nous proposons que l’Inde et le Pakistan officialisent et respectent l’entente de 2003 pour un cessez-le feu complet,  le long de  la ligne de contrôle au Cachemire. A cet effet, nous demandons un élargissement de l’UNMOGIP (Groupe d’observateurs militaires des Nations Unies)  en Inde et au Pakistan pour surveiller l’observation  du cessez le feu.

Deuxièmement, nous proposons que le Pakistan et l’Inde réaffirment leur volonté de ne pas recourir à,  ou menacer de recourir à l’usage de la force, quelles que soient  les circonstances. Il s’agit  d’un élément  central de la Charte des Nations Unies.

Troisièmement, des mesures doivent être prises pour démilitariser le Cachemire.

Quatrièmement, il faut que l’on se  mette d’accord sur  un retrait mutuel sans condition du glacier de Siachen, le champ de bataille le plus élevé du monde.

Une réduction  de la perception des menaces grâce à  de tels efforts pour la paix, permettront au Pakistan et à l’Inde de se mettre d’accord sur une série de mesures,  pour faire face au péril que représentent les systèmes d’armement avancés et offensifs.

Le Pakistan ne veut pas et  ne participe pas, à une  course aux armements en Asie du Sud. Néanmoins, nous ne pouvons oublier la dynamique sécuritaire qui évolue et  l’augmentation du nombre d’armes dans la région, ce qui nous oblige à prendre des mesures essentielles pour maintenir notre sécurité. En tant qu’État doté de l’arme nucléaire dûment responsable,  le Pakistan continuera d’appuyer  les objectifs du désarmement nucléaire et de la non-prolifération. Nous avons maintenu les normes les plus élevées de sécurité nucléaire et nous avons établi un régime efficace pour garantir  la sûreté et la sécurité de nos installations et de nos  stocks nucléaires.L’Asie du Sud a besoin de stabilité stratégique et cela nécessite un dialogue sérieux pour parvenir à  la retenue nucléaire, à un équilibre conventionnel et au règlement  des conflits.

Et finalement Monsieur le Président, nous attendons avec beaucoup d’intérêt de jouer notre rôle pour bâtir  une ère de paix et de prospérité en Asie du Sud. Nous le devons à notre peuple et aux générations futures.

Merci Mr le Président.

Source : ONU, 09/10/2015

transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

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Bangladesh – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. Mme Sheikh Hasina, Premier Ministre de la République populaire du Bangladesh, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

M. le Président,

Je tiens à exprimer mes félicitations les plus sincères à vous, M. le Président de la 70ième session de l’Assemblée Générale pour votre élection.

Je félicite également Son Excellence M. Sam Kutesa pour l’excellente façon pour laquelle il a dirigé l’Assemblée Générale au cours de l’année écoulée.

M. le Président,

Il s’agit d’une année riche en transformation pour les Nations Unies et pour l’ensemble du monde. Cette année marque le 70ième anniversaire de la création de cet organe mondial, une reconnaissance claire de la part de nos ancêtres que nous partageons un destin commun. C’est ce qui les inspirait à bâtir cette institution. Depuis sa création, les Nations Unies ont fait des progrès remarquables pour ce qui est de la paix, de la sécurité, des droits de l’Homme et le développement. 70 ans plus tard, l’ONU continue à incarner les rêves et les aspirations partagés de toute l’humanité.

Il s’agit d’une année essentielle pour le développement durable. Le sommet du financement du développement à Addis Abeba et le sommet de l’ONU qui vient de s’achever ici à New York ont suscité un nouvel espoir pour les peuples à travers le monde. Avec nos efforts pour parvenir à un accord significatif sur le changement climatique à Paris cette année, nous espérons pouvoir transformer notre avenir en mettant fin à la pauvreté, en limitant le changement climatique et en préservant notre planète.

M. le Président,

Il y a 2 défis mondiaux qui représentent la plus grande menace à la viabilité de la civilisation humaine.

Premièrement : le terrorisme et l’extrémisme violent qui demeurent des entraves graves à la paix et au développement dans le monde monde. Les terroristes n’ont pas de religion, le terrorisme et l’extrémisme violent sont des défis mondiaux. Tous les pays devraient être unis pour lutter contre ces derniers.

Je suis moi-même une victime du terrorisme et de l’extrémisme violent. Mon père, le Père de la Nation Banghabandhu Sheikh Mujibur Rahman, ma mère Begum Fazilatunnesa Mujib, 3 frères et d’autres proches ont été brutalement assassinés le 15 août 1975. Moi-même j’ai été la cible d’au moins 19 attaques terroristes. Mon gouvernement, par conséquent, applique une politique de tolérance zéro à toutes formes de terrorisme, d’extrémisme violent et de radicalisation. Nous œuvrons sans relâche pour lutter contre l’extrémisme et les forces anti-libération qui continuent à être actives, qui continuent à détruire le caractère démocratique, progressif et séculier de notre nation.

Deuxièmement : le changement climatique est également un défi formidable en terme de développement. Nous ne serons pas en mesure de poursuivre nos efforts de développement si le changement climatique n’est pas traité comme il se doit. Le nouveau programme de développement énonce clairement que toutes nos actions peuvent être sous-tendues par notre engagement fort à protéger et préserver notre planète, notre biodiversité et notre climat. Le temps est court pour agir et nous devons réussir à mettre le monde sur la voie d’un avenir plus sûr, plus vert et plus prospère.

M. le Président,

Nous savons également que la coopération régionale est essentielle pour favoriser le développement durable ainsi que pour parvenir à des sociétés pacifiques et stables. Le Bangladesh a joué un rôle de chef de file pour bâtir des processus de coopération régionaux tels que le ASACR (Association sud-asiatique pour la coopération régionale), le BIMSTEC (Initiative du Golfe du Bengale pour une coopération technique et économique multisectorielle), le BCIM-EC (Corridor économique entre le Bangladesh, la Chine, l’Inde et la Birmanie). Nous avons également lancé des initiatives pour développer les infrastructures afin de renforcer le commerce et les contacts entre les personnes entre le Bangladesh, le Bhoutan, l’Inde et le Népal.

Aujourd’hui nous sommes les témoins de migrations et de mobilité humaine sans précédent qui refaçonnent  complètement l’histoire et la géographie. La migration a été reconnue comme étant un élément de développement clé dans le programme de développement à l’horizon 2030. La coopération est essentielle entre nos pays afin que nous puissions réellement profiter du plein potentiel des migrations. Avec cet objectif nous avons décidé de diriger le Forum Mondial sur la Migration et le Développement en 2016.

M. le Président,

Au fil des ans le maintien de la paix et sa consolidation par l’ONU se sont transformés en activités phares de l’ONU. Le Bangladesh est fier d’être associé à ces efforts en tant que fournisseur principal de contingents. Nos casques bleus courageux, jusqu’à présent,  ont laissé leur empreinte sur 54 missions de maintien de la paix dans 40 pays. De plus, nous avons le nombre le plus élevé de femmes policières dans les missions de maintien de la paix de l’ONU. Notre contribution aux opérations de maintien de la paix a fait de nous un partenaire fiable dans les initiatives de paix de l’ONU.

Les efforts de développement dans un grand nombre de nos pays, au cours des 15 dernières années, ont été largement guidés par les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Les progrès faits grâce aux OMD nous ont inspiré à adopter une série d’objectifs de développement durable encore plus audacieux, plus ambitieux. Etant donnée l’ambition qui est reflétée dans les OMD, nous devons également accroître la mobilisation des ressources qu’elles soient publiques ou privées, nationales ou internationales. Il est essentiel pour les pays développés d’honorer leurs engagements des OMD de 0.7% de leur PNB et de 0.2% pour les PMA (Pays les moins avancés). Nous devons également relever les défis auxquels sont confrontés les pays en développement pour ce qui est d’avoir accès à des technologies respectueuses de l’environnement. Sans transfert de telles technologies et sans renforcement des capacités, je crains qu’un grand nombre d’objectifs et de cibles de développement ne pourront être réalisés.

M. le Président,

Il y a 4 décennies le Père de la Nation, Bangabandhu Sheikh Mujibur Rahman dans son premier discours devant l’Assemblée Générale de l’ONU a eu comme vision d’établir un ordre mondial bâti sur la coexistence pacifique et la justice sociale et le fait d’être à l’abri de la pauvreté, de la faim, de l’exploitation et de l’agression. Cet appel continue à nous guider dans nos efforts de développement  et dans notre participation dans les affaires mondiales. Nous continuerons à transformer le Bangladesh en une terre où l’état de droit et la justice sociale prévalent par-dessus la pauvreté, l’inégalité, l’impunité et l’exclusion. J’ai présenté une Vision 2021 pour une économie à revenu intermédiaire basée sur les connaissances dans ce que nous appelons un Bangladesh Numérique. Grâce aux progrès constants que nous avons fait jusqu’à présent, je suis confiante que bientôt nous serons en mesure de réaliser le rêve du Père de la Nation, à savoir de bâtir Sonar Bangla, un Bengal de l’âge d’or.

M. le Président,

Le Bangladesh est largement reconnu aujourd’hui comme étant un modèle pour le monde en développement. Nous avons enregistré l’un des taux de réduction de la pauvreté le plus rapide du monde malgré des ressources modestes. Nous avons réduit le taux de pauvreté de 56.7% en 1991 à 22.4% aujourd’hui. Le Bangladesh a déjà atteint ou est sur la voie d’atteindre les OMD 1, 2, 3, 4, 5 et 6. Au cours de ces 6 dernières années, la croissance de notre PNB moyen a dépassé 6.2% malgré la récession mondiale. De 2005 à 2016, nos revenus grâce aux exportations ont été multipliés par 3 et pendant cette même période nos réserves de devises étrangères ont augmenté de 7.5 fois, elles sont passées de 3.5 milliards de $ à 26 milliards de $ et pendant cette période le Bangladesh est sorti de la catégorie des pays à faible développement humain du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement), il est passé dans la catégorie intermédiaire et nous sommes également passé de la catégorie des pays à faible revenu selon la Banque Mondiale à la catégorie intermédiaire.

Nous réalisons qu’investir dans notre capital humain, notamment compte tenu de notre grande population de jeunes, pourra nous donner de nombreux dividendes. C’est pour cette raison que notre gouvernement a mis un accent tout particulier sur l’éducation et la santé pour tous. Nous offrons des aides actuellement à 13.4 millions d’étudiants venant de familles pauvres et une éducation gratuite pour les filles jusqu’au niveau secondaire supérieur pour éviter la déscolarisation. Le premier jour de cette année, nous avons distribué plus de 334 millions de livres scolaires partout dans le pays. Depuis 2010, près de 1.59 milliards de manuels scolaires ont été distribués. C’est peut-être l’effort le plus important dans le monde. Nos populations qui vivent dans les zones rurales reçoivent près de 200 services de 5275 centres numériques. Ils ont accès à des services de santé de la part de plus de 16 500 centres connectés à internet. Nous voyons également des résultats visibles  en ce qui concerne l’autonomisation économique et politique des femmes en promouvant un plus grand accès pour ces dernières aux ressources productives et leur représentation au niveau national et local. De cette façon, nous nous attachons à répondre aux besoins et aux défis des segments vulnérables de notre population. Nous avons joué un rôle de chef de file à l’ONU pour promouvoir les droits et le bien-être des personnes touchées par l’autisme et d’autres maladies liées au neuro développement.

M. le Président,

Comme nous l’avions fait lors de la période des OMD, nous aimerions mener par l’exemple pour la mise en œuvre des ODD (Objectifs de Développement Durable) au Bangladesh. En donnant au cadre des ODD l’importance qui lui est dû, nous préparons actuellement le prochain plan quinquennal 2016-2020. Mon gouvernement est déterminé à faire en sorte que personne ne soit laissé en marge dans notre aspiration à bâtir une société résiliente, pacifique et prospère. Nous croyons que le développement durable ne peut être réalisé en l’absence d’une paix durable et la sécurité. Nous restons engagés comme toujours à respecter la paix et l’état de droit et mettre fin à la culture de l’impunité. Et dans cet esprit, nous recherchons  les auteurs de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité, de viols et de génocides commis pendant notre guerre de libération de 1971. Notre gouvernement attache la plus grande importance à la préservation de l’harmonie religieuse et de la tolérance qui a marqué notre tissu social depuis l’antiquité.

Nous avons récemment établi une démarcation des frontières terrestres et maritimes et d’autres questions avec nos voisins, l’Inde et la Birmanie. A minuit, le 31 juillet 2015, nous avons échangé 162 enclaves, ce qui a permis à environ 50 000 résidents apatrides de ces enclaves à obtenir enfin la citoyenneté qui leur était si chère. Ceci a permis de mettre un terme de façon pacifique à la situation humanitaire des résidents de ces enclaves et de cette façon, en agissant conjointement avec l’Inde, nous avons établi un précédent unique pour le reste du monde.

Dans cet esprit, M. le Président j’exhorte le concert des nations à renouveler sa détermination collective pour parvenir à un monde prospère, stable et pacifique, à l’abri de la pauvreté, de l’inégalité, de la violence et de l’extrémisme, du changement climatique et du conflit, de l’oppression et de l’injustice. Faisons preuve de vision, de courage moral et de leadership politique pour donner une vie meilleure et un avenir plus brillant à nos enfants et aux leurs.

Je vous remercie M. le Président.

Que le Bangladesh vive pour toujours.

Vive les Nations Unies.

Source : ONU, 09/10/2015

transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

 

 

Source: http://www.les-crises.fr/70e-ag-onu-inde-pakistan-bangladesh-comment-pouvons-nous-avoir-en-2015-un-conseil-de-securite-qui-reflete-encore-larchitecture-geopolitique-de-1945/


[70e AG ONU] Brésil + Argentine + Mexique : “Afin de donner aux Nations Unies le rôle central qui leur revient, il est absolument essentiel de procéder à une réforme en profondeur de cette structure.”

Thursday 15 October 2015 at 00:02

Brésil – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. Mme Dilma Rousseff, Président de la République fédérative du Brésil, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale de l’ONU

C’est un privilège que de prendre la parole cette année devant l’assemblée générale, alors que les Nations Unies célèbrent leur 70ème anniversaire. Mes premiers mots, Monsieur le Président, seront des mots visant à vous féliciter pour votre nomination à la présidence de cette assemblée, et je voudrais redire que le Brésil s’efforcera d’appuyer vos efforts afin d’adopter des mesures visant à renforcer les activités de l’organisation en faveur du développement.

Soixante-dix années se sont écoulées depuis la conférence de San Francisco. A cette occasion, la communauté internationale s’était efforcée d’œuvrer en faveur d’un monde basé sur le droit international, un monde fondé sur le règlement pacifique des conflits. Depuis lors, nous avons connu  des progrès, mais nous avons aussi connu des revers. Le processus de décolonisation a évolué de façon remarquable comme nous pouvons le voir de par la composition même de cette assemblée. Depuis, les Nations Unies ont étendu leurs initiatives incluant notamment le programme pour le développement à l’horizon 2030 et les objectifs de développement durable, en d’autres termes pour y inclure des thèmes comme l’environnement, l’élimination de la pauvreté, le développement social et l’accès à des services de qualité. Des thèmes tels que les difficultés de l’urbanisation, les femmes, les enfants et les questions raciales sont devenues une priorité. Cependant, l’organisation n’a pas connu les mêmes succès pour ce qui est de la sécurité collective, thème présent à l’origine de notre organisation qui reste également au cœur de ses priorités.

La prolifération des conflits régionaux au potentiel très destructeur ainsi que la propagation du terrorisme qui tue femmes, enfants, hommes, qui détruit notre patrimoine commun et qui cause le déplacement de millions de gens hors de leur communauté, démontre que les Nations Unies ont à présent un défi de taille à relever. On ne peut rester inactif devant les actes barbares commis par ceux qui s’appellent l’Etat Islamique et autres groupes associés. Dans une grande mesure, cette situation explique la crise des réfugiés à laquelle l’humanité est confrontée à présent. Une grande partie des hommes, des femmes, des enfants qui entament le voyage périlleux par-delà les eaux de la méditerranée et qui arpentent péniblement les routes d’Europe viennent précisément du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. Ils viennent de pays dans lesquels les institutions de l’Etat ont été déstabilisées par des actions militaires contraires au droit international ouvrant par là même une brèche à la prolifération du terrorisme. Un sentiment d’indignation profonde a été causé par la photo d’un petit garçon Syrien mort sur les plages de Turquie et par la nouvelle que soixante et onze personnes étaient mortes étouffées dans un camion en Autriche. Cette indignation doit à présent se transformer en acte de solidarité. Dans un monde dans lequel les marchandises, les capitaux, les données et les idées circulent librement, il serait absurde d’empêcher la libre circulation des personnes. Le Brésil est un pays d’accueil, un pays qui au final est formé de réfugiés. Nous avons accueilli des hommes, des femmes du monde entier. Depuis plus d’un siècle nous avons offert notre accueil à des millions de personnes, nous accueillons les réfugiés à bras ouverts, nous sommes une nation multi-ethnique dans laquelle les différences coexistent et nous connaissons l’importance de la différence qui au final nous rend plus diversifiés, plus riches au niveau social et au niveau culturel ainsi qu’au niveau économique.

Monsieur le Président, la toile de fond bien sombre que je viens de décrire implique que nous réfléchissions quant à l’avenir de notre organisation et que nous agissions de façon décisive et rapide. Nous avons besoin d’une organisation des Nations Unies à même de promouvoir la paix internationale durable, une organisation à même de réagir efficacement et rapidement à toutes les situations de crise régionale, et de réagir contre tout acte commis contre l’humanité. On ne peut par exemple plus retarder la création d’un état palestinien qui coexisterait dans la paix et l’harmonie avec Israël. De même, nous ne pouvons plus tolérer les activités d’élargissement de peuplement dans les territoires occupés, cela n’est pas acceptable.

Afin de donner aux Nations Unies le rôle central qui leur revient, il est absolument essentiel de procéder à une réforme en profondeur de cette structure. Le Conseil de Sécurité doit être élargi aussi bien dans la catégorie permanent que non permanent afin d’en faire un Conseil plus représentatif, plus légitime et plus efficace. La majorité des états membres ne souhaitent pas que l’on retarde indéfiniment une décision à ce sujet et nous espérons donc que la session que nous entamons aujourd’hui entrera dans l’Histoire en tant que tournant dans le destin des Nations Unies. Nous espérons que cette session nous donnera des résultats concrets dans le long processus, resté sans résultat jusqu’à présent, de réforme de l’organisation.

Notre région où règnent la démocratie et la paix, se félicite de la reprise des relations diplomatiques entre Cuba et les Etats-Unis, événement qui met fin à un différend datant de la guerre froide. Nous espérons que ce processus s’achèvera par la levée de l’embargo contre Cuba. Nous nous félicitons également de l’accord obtenu récemment avec l’Iran qui permettra à ce pays de développer une énergie nucléaire à des fins pacifiques et rendra à toute la région l’espoir de la paix. Avec les pays du BRICS nous avons lancé une nouvelle banque du développement qui permettra l’intensification des activités économiques et des investissements, et nous permettra d’atteindre les objectifs de développement durable.

Monsieur le Président, le programme de développement à l’horizon 2030 décrit l’avenir que nous voulons. Les dix-sept objectifs de développement durable réaffirment les principes de base de la conférence RIO + 20, et réaffirment qu’il est possible de connaitre la croissance tout en assurant l’inclusion en préservant et en protégeant. Ces objectifs s’accompagnent d’objectifs universels, insistent sur la nécessité de coopération entre les peuples et nous ouvrent la voie commune pour l’humanité. Il s’agit d’un programme de développement qui nécessite une solidarité mondiale, la détermination de tout un chacun et un engagement à lutter contre le réchauffement climatique, à surmonter la pauvreté extrême tout en créant des opportunités et des chances pour tous. A Paris, en décembre, nous devrons faire en sorte de renforcer la convention pour le climat en s’assurant d’appliquer ces dispositions et de respecter ces principes. Les engagements endossés à Paris devront être ambitieux et devront inclure un appui financier et technologique aux pays en développement et aux petits états insulaires, conformément aux principes de responsabilité commune mais différenciée.

Le Brésil déploie des efforts de taille pour réduire les émissions de gaz à effets de serre sans pour autant porter atteinte à notre développement. Nous continuons  à diversifier les sources renouvelables dans notre bouquet énergétique, l’un des bouquets les plus propres du monde. Nous investissons également dans une agriculture à faible émission de carbone, nous avons réduit la déforestation dans la région de l’Amazonie de 82%, c’est un sentiment d’ambition qui continuera de nous guider dans nos actions. J’ai annoncé hier ici même aux Nations Unies notre contribution prévue déterminée au niveau national. La contribution du Brésil sera de réduire de 43% ses émissions de gaz à effets de serre d’ici 2030 par rapport à l’année de référence de 2005. Au cours de cette même période, le Brésil a l’intention de mettre fin à la déforestation illégale, de reboiser douze millions d’hectares, de récupérer quinze millions d’hectares de pâturages et d’intégrer cinq millions d’hectares de terres pour les forêts et les cultures. Dans un monde dans lequel la part des énergies renouvelables n’est que de 13% dans le bouquet énergétique total, nous avons l’intention pour notre part d’assurer une proportion de 45% des sources renouvelables dans notre fourniture énergétique, et nous visons d’atteindre 66% d’énergie hydraulique dans la production d’électricité et une part de 23% de sources renouvelables – biomasse, énergie solaire, éoliennes – dans notre production électrique. Il s’agit également d’une augmentation de 10% du taux d’efficacité électrique et une proportion de 16% de carburant éthanol et autres sources énergétiques issues du sucre de canne dans notre bouquet énergétique. Le Brésil sera ainsi en mesure de contribuer aux efforts mondiaux afin de respecter les recommandations du GIEC qui a fixé une limite de deux degrés maximum de réchauffement pour ce siècle. Le Brésil  est l’un des rares pays en développement à s’engager vers des objectifs aussi absolus en termes de réduction des émissions. Notre contribution prévue au niveau national contribuera à préserver l’environnement et réduira les risques liés aux effets négatifs du changement climatique pour les plus pauvres et les plus vulnérables. Nous mettrons également l’accent sur les droits des travailleurs, les questions liées aux femmes, les populations autochtones, les anciennes populations d’esclaves et les communautés traditionnelles. Nous reconnaissons l’importance de la coopération sud-sud dans les efforts mondiaux pour lutter contre les changements climatiques

Je voudrais insister sur le fait que, depuis 2003, des politiques sociales ainsi que des transferts monétaires assortis de conditions qui ont été mis en place ont permis de sortir de la pauvreté extrême trente-six millions de Brésiliens.

Olivier Berruyer : Nous, on veut bombarder Assad, on ne peut pas tout faire…

L’année dernière, le Brésil a été enlevé de la carte du monde dressée en fonction de la faim, ce qui témoigne de l’efficacité de notre politique « Faim zéro ». Dans cette transition vers une économie à faible émission de carbone, nous pensons qu’il est important d’assurer des conditions de travail dignes, justes et sûres pour les travailleurs. Le développement durable impliquera de promouvoir le travail des uns et la création d’emplois de qualité pour tous. Les efforts visant à éliminer la pauvreté et à promouvoir le développement doivent être des efforts collectifs mondiaux. Dans mon pays, nous savons parfaitement que mettre fin à la pauvreté extrême n’est que le début d’un long voyage.

Monsieur le Président, depuis six ans, nous nous sommes efforcés de contrer l’impact de la crise mondiale qui a touché le monde développé et nous avons essayé d’empêcher que cette crise ne déstabilise notre économie, notre société. Nous avons adopté un ensemble de mesures – diminution des taxes, élargissement du crédit, renforcement des investissements – et nous avons accru également les salaires au cours de cette période. Cependant, pour diverses raisons, budgétaires et autres, ainsi que pour des raisons extérieures, ces efforts ont été entravés, et la relance lente au niveau mondial a également eu un impact sur notre croissance. La dévaluation des devises, les pressions liées à la récession ont mené à une inflation et à une réduction des recettes fiscales menant à une diminution des financements publics. Cependant, étant donné la situation actuelle, nous sommes en train de rééquilibrer notre budget et nous avons décidé de procéder à une réduction des dépenses publiques et de certains investissements. Nous avons également aligné les prix, nous sommes en train d’adopter des mesures de réduction permanente des dépenses, réductions drastiques des dépenses, autant d’initiatives qui visent à réorganiser notre situation budgétaire et diminuer l’inflation afin de conférer une stabilité macro-économique au pays, accroitre la confiance dans notre économie et permettre une reprise de la croissance économique en permettant une redistribution des revenus.

L’économie brésilienne est aujourd’hui plus forte, plus solide, plus résistante qu’il y a quelques années et nous sommes à présent capables de surmonter les écueils et d’avancer dans la voie du développement. Nous sommes à une phase de transition pour passer à un nouveau cycle d’expansion économique plus durable, plus solide, plus profond. Outre ces mesures fiscales et financières, et adaptées à l’exportation, nous avons adopté d’autres mesures, notamment dans les investissements d’infrastructures et d’énergie. Le processus d’inclusion sociale au Brésil n’a pas été interrompu pour autant. Nous espérons que le contrôle de l’inflation et la reprise de la croissance économique et du crédit contribueront par la suite à accroitre la consommation des ménages. Il s’agit d’autant de fondements d’un nouveau développement qui se basera sur une productivité accrue et sur des possibilités d’investissement accrues pour les entreprises menant également à la création d’emplois pour nos citoyens.

Mesdames et Messieurs, au fil des ans, ces diverses réalisations se sont accompagnées d’une conciliation de notre démocratie. Grâce à un système juridique efficace et grâce aux forces de nos institutions démocratiques, le fonctionnement de notre état a été bien surveillé de façon impartiale par le pouvoir judiciaire et toutes les branches et institutions publiques afin de ne pas permettre la corruption et afin de mener les enquêtes et de punir en cas d’inconduite et de crime. La démocratie brésilienne est devenue plus forte lorsque les autorités reconnaissent les limites imposées par la loi. Les Brésiliens veulent un pays dans lequel la loi représente la limite, et nombreux sont ceux qui se sont battus précisément pour cela, lorsque les droits et les lois étaient violés par la dictature militaire. Nous voulons un pays dans lequel les dirigeants se comportent scrupuleusement conformément à leurs obligations sans abus, un pays dans lequel les juges peuvent juger en toute liberté et impartialité sans aucune pression, sans aucune passion politique, sans compromettre la présomption d’innocence de tout citoyen. Nous voulons un pays dans lequel les échanges d’idées ont lieu de façon civilisée et avec respect, nous voulons un pays dans lequel la liberté de la presse est la pierre angulaire de la liberté d’expression, un droit pour tous les Brésiliens. Des sanctions au titre de la loi s’appliqueront à tous ceux qui commettent des actes illégaux en tenant compte de tous les principes de défense et de bonne procédure. Voilà quels sont les fondements de la démocratie, et je voudrais citer un de mes amis, ancien président de l’Uruguay, José Murica : « Cette démocratie n’est pas parfaite parce que nous ne sommes pas parfaits. Cependant, nous devons la défendre afin de l’améliorer et non pas de l’enterrer. »

Je voudrais réaffirmer que le Brésil s’efforcera d’avancer sur cette voie démocratique et n’abandonnera jamais les gains pour lesquels nous nous sommes si chèrement battus.

Mesdames et Messieurs, je voudrais saisir cette occasion pour réitérer que le Brésil est prêt à accueillir des citoyens du monde entier à bras ouverts pour les jeux olympiques et paralympiques qui auront lieu en 2016 à Rio de Janeiro. Nous serons heureux de vous accueillir, ce sera pour nous une chance unique de promouvoir le sport en tant qu’outil de paix, d’inclusion sociale et de tolérance dans notre lutte contre la discrimination ethnique, raciale, ou sexiste. Ce sera également pour nous la possibilité de faire valoir les droits et l’inclusion des personnes handicapées, ce qui est l’une des priorités de mon gouvernement.

En guise de conclusion, je voudrais dire qu’il y a quelques jours, ici même au siège des Nations Unies, la fresque murale « Guerre et Paix » a à nouveau été présentée au public, œuvre de Candido Portinari artiste Brésilien, œuvre qui avait été offerte à l’organisation en 1957. Il s’agit d’une œuvre d’art qui dénonce la violence et la pauvreté et qui exhorte les peuples du monde à faire preuve de tolérance et de compréhension. C’est un symbole qui représente la responsabilité des Nations Unies à promouvoir la paix et à empêcher les conflits armés, à promouvoir la justice sociale et éliminer la faim et la pauvreté. Portinari disait souvent qu’il ne peut y avoir de grande œuvre d’art à laquelle les individus ne puissent s’identifier. Il s’agit d’un message qui reste tout à fait valide dans ses fresques murales. Elles font référence non seulement aux victimes des guerres, mais également aux réfugiés qui risquent leur vie sur des embarcations fragiles. Ils représentent toutes ces personnes anonymes qui se tournent vers les Nations Unies pour en obtenir protection et bien être. Nous espérons que lorsque vous entrerez aux Nations Unies, lorsque vous verrez ces fresques murales, vous pourrez entendre les voix de ces peuples, les voix de ceux que nous représentons et que vous travaillerez dur pour répondre à leurs appels de paix et de progrès.

Après tout, il s’agit là précisément des idéaux qui étaient présents il y a soixante-dix ans lors de la création de l’organisation des Nations Unies qui est l’une des plus grandes réalisations de l’humanité.

Merci Monsieur le Président, merci à tous.

Source : ONU 09/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

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Argentine – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. Mme Cristina Fernández de Kirchner, Président de la République argentine, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

Merci beaucoup.

Mr le président de l’assemblée générale, mesdames et messieurs les membres de cette assemblée, permettez moi tout d’abord de me féliciter d’un fait qui a été particulièrement pertinent et qui s’est produit il y a quelques jour de cela, ici, pour être exact le 10 septembre de cette année, lorsque l’assemblée à 136 voix pour, a décidé d’approuver les principes fondamentaux pour la restructuration de la dette extérieure des pays. Il s’est agit d’un triomphe très important, de cette façon, de nouveaux principes ont été consacrés et j’ai essayé de n’en oublier aucun. Les principes qui doivent régir le traitement et le règlement des renégociations pour un pays des dettes extérieures. Souveraineté d’un pays à décider de ses politiques macroéconomiques mais également pour décider comment il va restructurer sa dette. La bonne foi, la transparence, l’impartialité, le traitement équitable pour ne pas faire de distinctions entre différents créanciers et que tout soit traité de la même façon, l’immunité souveraine contre des juridictions, la légitimité, la viabilité : l’un des principes peut être les plus important car il s’agit de payer une dette, d’honorer une dette, mais pas en causant la faim et la misère du peuple mais au contraire par le biais d’un processus politique et économique et avec des variables macroéconomiques qui rendent durable la croissance d’une société et finalement peut être que c’est le principe le plus important qui manque aujourd’hui en terme de régulation pour les dettes souveraines. C’est un principe qui doit s’appliquer dans tous les systèmes juridiques internes de presque  tous les pays du monde. Lorsqu’une entreprise fait faillite, lorsqu’ entreprise ne peut pas rembourser sa dette, dans quelques pays que ce soit, y compris ici aux Etats Unis (il existe la faillite de municipalités), comment parvenir au consensus ? Comment parvenir à une majorité qualifiée lorsque 67% des créanciers ici, aux Etats Unis et dans mon pays s’accordent pour établir des délais, des façons de rembourser ces dettes ? Et lorsque ceux ci se transforment en lois deviennent obligatoires pour les autres créanciers ; 67% je le répète.

Ce principe ci dit aussi que lorsque la majorité décide d’une façon de payer, il faut que ce soit accepté par les autres. Et cet accord, ce principe, ces conventions qui ont été approuvées ici, et que nous avons décidé d’envoyer à notre parlement, pour en faire un instrument de l’ordre public qui va régir le système interne de notre pays. Ce dernier a comme origine le défaut qu’a subi l’Argentine en 2000, l’un des plus important de l’histoire. Le monde à ce moment avait une croissance économique bonne et pourtant, l’Argentine a fait faillite en raison d’un endettement qui venait de plusieurs années. Pour être précise, il a commencé en 1978 lorsque l’ordre constitutionnel s’est effondré, lorsqu’il y a eu un coup d‘état et lorsque cette dette a commencé a s’approfondir pendant les années 1990s avec le régime de convertibilité, lorsqu’un peso argentin valait un dollar et le point culminant a été le défaut de la dette de 2001 et également la banqueroute de l’institution. En 1 semaine, il ya eu 5 gouvernements et pourtant l’Argentine a réussi à reconstruire son économie, sa société. Lorsque la politique a repris les commandes de l’économie à partir du 25 mai 2003. Lorsque la politique reprend les commandes de l’économie, et lorsqu‘il a été décidé de convoquer les créanciers pour une première restructuration en 2005 et une autre en 2010 sous ma présidence déjà.

La première a eu lieu pendant la présidence du Dr Nestor Kirchner qui dans cette même assemblée lors de son premier discours a dit que « les morts ne paient pas les dettes ». et qu’il est nécessaire pour les créanciers de comprendre que l’Argentine puisse croître pour qu’elle puisse rembourser. Ce n’était pas une prémonition, il n’a pas vu l’avenir, il a tout simplement appliqué des principes économiques logiques, à savoir qu’il est impossible de rembourser une dette s’il n’y a pas de croissance dans l’économie du pays qui est débiteur. Et c’est à ce moment que l’Argentine a commencé son processus inexorable de désendettement, notamment en 2005 lorsqu’il a été décidé de rembourser la dette complète au FMI qui imposait des politiques macroéconomiques à notre pays. A partir de ce moment là, l’Argentine a commencé à croître et elle s’est ajoutée comme un wagon de plus à la locomotive des pays émergents qui maintenait de la croissance durable de la communauté internationale. N’oublions pas que la croissance la plus importante a été due aux pays émergents avec les géants à leur tête, notamment les géants asiatiques. Moi, lors de ma première intervention en tant que présidente de la république d’Argentine dans ce domaine en septembre 2008, j’ai du voir comment ce train qui faisait avancer le monde grâce à une croissance durable, comment lui ajouter une locomotive supplémentaire, vous connaissez les anciens trains qui ont 2 locomotives, c’est à dire la Chine et d’autres pays qui enregistraient des croissance très importants, en Chine par exemple 14% de croissance du PNB. Et en 2008, ici à Wall Street, il ya eu un krash, qui a déclenché une crise économique que nous sommes encore en train de vivre, mais avec une certaine différence car la crise a commencé ici au cœur des finances mondiales. Il s’agissait de la crise des subprimes et ensuite la bulle a explosé en 2008. En 2009, on a vu un effondrement mondial de l’économie, à l’exception des pays asiatiques mais même en Amérique latine nous avons enregistré une décroissance économique. En 2010, cette crise s’est transférée à l’euro. Il a fallu lancer des plans de sauvetage pour des pays endettés mais  en fait nous savons tous qu’il s’agit s’un euphémisme : ce que nous avons essayé de sauver, c’était les banques. Des milliers de millions de dollars ont été transféré vers les entités bancaires. Et je me souviens encore d’une discussion que nous avons eu à Londres au G20. Nous, nous affirmions qu’il était nécessaire oui de sauver les banques pour ne pas retomber dans la dépression comme dans les années 1930s mais qu’il était indispensable de mettre en place un système de régulation pour que cette marée de ressources qui a été injectées dans les systèmes financiers puissent revenir dans l’économie réelle. Pour entrer dans le circuit de production de biens et services et pour relancer l’économie et la croissance. Rien de ceci ne s’est fait, bien au contraire…

La contrepartie aux plans de sauvetage a été une politique d’ajustement  et cette politique d’ajustement qui a été imposée à la zone euro a provoqué la récession de cette zone. L’augmentation du chômage, la chute de l’emploi vers des niveaux historiques jamais enregistrés : en Italie 25% de chômage, 50% chez les jeunes, en Espagne aussi, plus de 10% de chômage et on a continué comme ça jusqu’à 2014-2015 avec une forte chute de la demande mondiale et à ce moment là comme on a vu que ce train de la crise, cette locomotive de Lehman Brothers qui est tombée en panne, ici à Wall Street, c’est ensuite que cette crise s’est ensuite répandue à l’Europe et vers les économies émergentes alors que c’était nous, qui avions pendant tant d’années, réussi à faire avancer l’économie mondiale, l’Argentine faisait partie de cette économie mondiale et de cette croissance, et cette année, malgré les problèmes, malgré les fonds vautours et leur tyrannie, ils exigent un remboursement de 92% grâce aux restructurations avec la complicité de certains secteurs judiciaires de ce pays et ils ont prétendu que nous paierions un taux de 7%, 20 milliards de dollars, alors que la restructuration pour 92% des créanciers était de 40 milliards. Voyez cette logique capitaliste, cette logique mathématique ! Si nous avions répondu aux demandes de ces véritables vautours, de ces prédateurs, si nous leur avions payé, seulement la moitié de notre dette à 7%, nous nous serions retrouvé dans une situation terrible.

Je suis sûr qu’il existe des juges qui auraient été plus logiques et qui auraient dit « ceci est impossible, il est impossible de rembourser à un taux de 7% la moitié de ce que l’on doit à 92% des créanciers d’autant plus que certains de ces bons du trésors à 7% avaient été achetés alors que l’Argentine était déjà en défaut de paiement. Et donc cette approbation des principes de base pour la restructuration des dettes extérieures du pays, des dettes souveraines, qui a également des antécédents avec de lois anti vautours par exemple dans le royaume de Belgique et tout ceci ne signifie pas une aide à l’Argentine, qui est en train de rembourser 100% de ses dettes à ses créanciers, c’est une aide au reste du monde. C’est une tentative, la première tentative sérieuse d’imposer la raison, une régulation à un secteur, le secteur financier et les produits dérivés, sur la base de transformation de banque commerciale en banque d’investissement n’a connu aucune intervention. C’est pour cette raison que nous disons que ce qui a été approuvé le 10 septembre représente un progrès très important qui de plus, doit être conséquent, parce que le monde, mesdames et messieurs, inutile de vous le dire, n’est pas en bonne forme. On pourrait parler de la crise des réfugiés qui est due encore une fois aux prédateur financiers et les pays qui n’arrivent pas à avoir une économie qui fonctionne, ce qui entraine des flux de migration, de réfugiés, de migrants économiques, les réfugiés de la guerre aussi vers les pays riches.

Mais je parlais également  d’un processus de concentration économique inédit dans le monde. D’après le dernier rapport du FMI, 1% de la population a 50% de la richesse dans le monde, ici même dans ce pays. Ce pays, qui est le théâtre du rêve américain, qui souhaitait promouvoir la classe moyenne américaine ! Ici, 1% a 30% de la richesse ! Pendant combien de temps encore ceci peut-il être possible ? Comment une société peut elle survivre avec autant d’iniquité, avec toutes les conséquences que cela a ? Le président Xi Jinping a organisé une réunion sur l’égalité entre les sexes. Mais comment peut on promouvoir l’égalité entre les sexes si la répartition des ressources est si inéquitable ? De quelle égalité entre les sexes peut on parler si l’on expulse les personnes de son pays parce qu’elles ne peuvent plus y vivre ? Et on refuse également de les accueillir ailleurs. Il s’agit d’une situation dans laquelle nous devons prendre en compte les problématiques, le problème des marchés financiers, la nécessité d’injecter des ressources dans l’économie réelle, pour justement créer des emplois, pour susciter la production qui sont les grands moteurs du bien être de la société.

J’aimerais également me féliciter, et féliciter également les Etats Unis d’Amérique, la république islamique d’Iran, et les autres membres du Conseil de Sécurité (permanents) plus l’Allemagne d’être parvenus à un accord dans le domaine nucléaire qui pourrait réduire les tensions de la situation et qui pourraient nous permettre d’échapper à ces conflits permanents. Nous avions beaucoup d’espoir après ces négociations, nous espérions que cet accord soit conclu en 2010, Gary Seymour est venu en Argentine nous visiter. Il était le conseiller principal de la Maison blanche pour les questions nucléaires. Il est venu en Argentine nous visiter avec une mission, un objectif : que l’Argentine, qui avait fourni en 1999, pendant le premier gouvernement démocratique et sous le contrôle de l’AIEA, avait visité le réacteur de Téhéran, le producteur de matières nucléaires. Et donc Mr Seymour qui était en pleines négociations pour parvenir un accord, et pour essayer d’empêcher la république islamique d’Iran de ne plus enrichir d’uranium ou d’en enrichir moins et pourtant, l’Iran disait à l’époque qu’il voulait enrichir de l’uranium pour sa centrale nucléaire. Et Mr Seymour nous a demandé de fournir du combustible nucléaire pour l’IRAN. A l’époque c’était Mr Almanidejad qui était au pouvoir mais les négociations avaient déjà commencé.

Et donc cette personne est venue nous voir et m’a présenté cette proposition qu’il avait amené avec lui et la Maisons Blanche lui avait dit que cela serait très difficile étant donnée la situation entre la république d’Argentine et la république islamique d’Iran suite à l’attentat terroriste qu’avait subi l’Argentine en 1994. Et le fait qu’un juge avait accusé 5 citoyens iraniens d’avoir commis cet attentat. Et donc il est impossible d’envisager une contribution de l’Argentine à ce processus de négociation qui je le répète avait déjà commencé en 2010. Donc ce conseiller est venu dans mon bureau et je lui ai dit que si cette demande se faisait par écrit et signée, nous, malgré tout, nous étions prêts à collaborer parce que nous pensions qu’il était important de parvenir à cet objectif de la non prolifération nucléaire. Vous savez parfaitement que l’Argentine fait partie d’un groupe de pays très réduit producteurs d’énergie nucléaire. Mais nous sommes également leader dans le domaine de la non prolifération, donc pour nous, la non prolifération nucléaire est également une question d’Etat. Et je l’ai indiqué à mon chancelier et je lui ai demandé de transmettre cela à l’envoyé de la Maison Blanche Mr Seymour. Et je lui avais dit donc, nous serions prêts à fournir ce combustible parce qu’après tout ce combustible appartenait à l’Argentine, et de plus nous avions la technologie nécessaire pour fabriquer ce combustible, nous avions dit : nous sommes prêts à donner ce combustible à condition que la demande soit écrite et signée. Et voilà ce qui s’est fait. C’était la dernière communication que nous avons eu avec Mr Seymour.

Et donc, lorsqu’en 2013, l’Argentine a signé le mémorandum d’accord précisément avec la république islamique d’Iran pour essayer de trouver une solution au problème judiciaires qui paralysait toute la situation (n’oublions pas que les attentats s’étaient produit en 1994 et là je parle de 2013 donc d’autres gouvernements étaient en place, d’autres choses s’étaient produites entre temps) et nous, car nous sommes intimement convaincus qu’il est nécessaire de lutter contre le terrorisme et également en raison de la mémoire et de la justice nous voulions trouver les coupables et les juger, les punir : c’était l’objectif du mémorandum d’accord. Et pourtant, il semble, qu’après la signature de cet accord, on ait libéré des démons,  car au fil du temps, alors que l’accord avait été signé entre les 5+1 et l’Iran, Mr Rohani était en place… Mais on peut maintenant se demander : pourquoi toutes ces critiques, pourquoi n’aurions nous pas pu négocier un simple accord de coopération judiciaire entre l’Argentine et l’Iran car sans cet accord il est impossible d’extrader des citoyens iraniens. Quelles étaient les raisons ? J’ai entendu cela de la bouche d’autres présidents qui ont parlé d’hypocrisie concernant les relations diplomatiques, beaucoup d’hypocrisie… beaucoup de géopolitique mélangé avec d’autre chose, très peu d’intérêts à essayer de respecter la mémoire des victimes de faire justice pour les victimes et leurs familles. Et plus tard, lorsque nous avons envoyé ce traité au Congrès, il a été approuvé, et je souhaite sincèrement au président Obama que le Congrès des Etats Unis approuve également cet accord ou au moins ne place pas d’entrave car cela sera une contribution très importante à la paix dans le monde.

Nous, nous sommes très cohérents : nous ne disons pas ce qui vaut pour nous ne vaut pas pour d’autres. Et nous n’utilisons pas certains éléments, certains instruments qui n’ont pas grand chose à voir, ou des chose qu’on pourrait dire pour essayer de nuire à l’image d’un pays… Et, ce juge, a estimé qu’il était viable, d’entendre les accusés après ces attentats. Mais tout est resté paralysé pendant un certain temps. Aujourd’hui, tout ce que nous pouvons faire, c’est demander de la bonne volonté de la part de la république islamique d’Iran, nous n’avons rien d’autre à faire, nous n’avons pas d’autre instrument. Mais n’oublions pas que d’autres choses se sont produites dans mon pays, la république d’Argentine. Aujourd’hui, il ya également un autre jugement, un jugement pour certains fait qu’on dissimulé le pouvoir judicaire et certains éléments politiques les plus élevés en 1994. Des choses ont été dissimulées, nous avons maintenant lancé des procès ouverts et publics. Et après, le déclassement que j’ai ordonné de certains éléments du secteur du renseignement, en raison de forts soupçons d’entraver les enquêtes, et de s’opposer justement à cet effort de faire jaillir la lumière sur de qui s’était réellement passé, j’ai donc ordonné que certains hauts fonctionnaires renoncent à leurs postes alors que certains d’entre eux étaient en place depuis 1972 : ces personnes avaient traversé toute la dictature et différents gouvernements : aujourd’hui ils se trouvent ici, aux Etats Unis et quelques jours à peine après ce déclassement de ces personnes, le procureur chargé de ce procès est décédé. Et tout ceci constitue davantage que ce que j’avais dit une fois : Moi je pensais qu’il s’agissait d’échiquier plus complexe au niveau international. Plus qu’un jeu d’échecs c’était une toile d’araignées d’intérêts extérieurs à mon pays, une toile d’araignée où seuls qui se sont fait attrapé étaient les plus petits et les plus faibles, alors que les  autres les plus puissants étaient toujours en liberté… Et ce jugement moral, après 14 ans de retard, les enquêtes suite à la mort du procureur, on commence à avoir des données révélatrices de liens avec des services secrets extérieurs qui ont des liens avec ces fonds vautours et même certains membres de la communauté juive de mon pays. Je viens vous dire sans hypocrisie, je viens vous raconter ce qui se passe, ce qui est en train de se passer.

Et il ya quelques jours à peine, nous avons convoqué l’ambassadeur des Etats unis de notre pays pour savoir pourquoi cet ancien membre des services secrets argentins se trouve ici aux Etats Unis alors qu’il était chargé de l’enquête depuis le tout début. A l’époque je n’étais qu’une députée provinciale dans le sud en Patagonie lorsque cette bombe a explosé…

Cette personne était déjà chargée de l’enquête. Maintenant nous menons l’enquête sur les liens avec ce procureur Mr Nyman et avec d’autres personnes également. Notre ambassadrice, aux Etats Unis, à l’époque, sous instruction de la Chancellerie, a présenté des notes au département d’Etat et a eu des entrevues avec le département d’Etats pour savoir pourquoi cette personne se trouve ici aux Etats Unis pratiquement protégée contre qui contre quoi je ne sais pas. Et il y a quelques jour, le procureur chargé de cette enquête a demandé à Interpol de donner un ordre d’arrestation de cette personne et donc, comme nous le faisons depuis 2007, le présent Kirchner puis ensuite  moi même nous demandons chaque année de la collaboration  de la république islamique d’Iran pour faire toute la lumière sur l’attentat mais nous demandons également la collaboration des Etats unis : c’est le procureur de notre pays qui veut savoir où se trouve cette personne. Comme vous voyez, tout est lié, il y a des cas de dissimulation semble t-il. Vous pourriez vous demander pourquoi je passe tant de temps à parler de cette question. En fait ce temps est très court par rapport au temps que certaines organisations payées par les fonds vautours ont consacré pour nuire à notre image, pour faire de la diffamation contre nous. Si nous sommes complices de tout ceci, alors que va faire le président Obama ? Je pense, qu’on ne peut plus continuer avec l’hypocrisie, avec le deux poids deux mesures dans le domaine diplomatique. C’est impossible ! Cela ne peut plus continuer ! On ne peut plus continuer à utiliser des armes, des instruments, des intrigues internationales dignes de John Le Carré mesdames et messieurs. Car vous savez bien que le monde des télécommunications, Internet, monde mondialisé, dont rêvaient tant de personnes, on pensait que cela allait améliorer la vie pour tous, et bien aujourd’hui c’est devenu un instrument de communication très puissant pour tout le monde. C’est à dire que tout se sait immédiatement, on sait exactement ce qu’il se passe quelque part immédiatement. Et c’est pour cette raison, que mon gouvernement, notre gouvernement va continuer inlassablement à faire toute la lumière, rechercher la vérité : nous demandons la collaboration du pays dont des citoyens sont accusés et ce pays également les Etats Unis pour qu’ils contribuent également à faire la lumière sur la question de ces personnes, qui vont devoir venir dans notre pays pour se présenter devant la justice.

Mais face à ce monde de crise économique, j’ai écouté attentivement  certains discours, et à vrai dire, on voit que les choses évoluent à une vitesse ahurissante je me souviens que la dernière réunion du G20, lorsque j’ai participé, (la précédente je n’ai pas pu y participer pour des raisons de santé), la dernière à Saint Petersburg, ceux qui luttaient contre le gouvernement de la Syrie, « les combattants de la Liberté », qui auraient dû être appuyés par l’Occident, aujourd’hui font partie de l’EIL… Et je vous pose une question, des questions sur comment fonctionne ce groupe islamique : Qui le finance ? Lorsqu’on voit ces scènes épouvantables, où des personnes sont décapitées ? Et lorsque l’on voit qu’il ya trois ou quatre caméras en train de les filmer comme un plateau de cinéma. On voit très bien que ce n’est pas quelques chose d’artisanal, come le font souvent les groupes fondamentalistes avec une simple pette caméra. Non pas du tout ! Non c’est vraiment comme au cinéma, On dirait un film de Francis Coppola parfois… Trois, quatre, 5 caméras ! Il serait temps que l’on se pose cette question : qui finance tout ceci ? D’où vient le financement ? Ceci nous aiderait à faire en sorte que le monde puisse trouver la clé pour lutter contre l’un des pires fléaux auquel ait été confrontée l’humanité : dogmatique, religieux ou autre… Et ceux qui concernent leur prochain comme un ennemi, comme un objectif, comme quelqu’un qui doit pétré éliminé.

Je ne souhaite pas vous quitter en ayant parlé que de problèmes économiques, d’attentats terroristes, de complicités internationales. J’aimerais vous quitter également en rendant hommage au continent dont je suis la fille, l’Amérique Latine était il ya quelques heures ici présente, avant moi. Un président, un compagnon, un ami, que j’aime j’admire, le président Raul Castro après 17 ans est revenu ici représenté son président à l’assemblée générale. Et la vérité, pour nous, les membres de l’Amérique latine, membre de la CELAC, du NASUR, qui nous sommes tant battus qui avons eu tant de discussion, qui avons tant fait pour que Cuba puisse redevenir membre des organes multilatéraux, nous considérons que c’est un triomphe de la persévérance de la région et fondamentalement de Cuba. Bien sûr nous saluons également le gouvernement des Etats Unis qui finalement a fait preuve de raison. Nous tenons également à remercier d’autres latino américains qui se sont également trouvé dans cette salle et qu’ont peut pétré plus d’autorité que nous car il sont assis sur le siège de Saint Pierre à Rome. Et qui ont joué un rôle immense pour ce rapprochement entre Cuba et qui est venu ici dire au monde que les finances, le monde financer ne peuvent pas continuer à manipuler la politique et qu’il ya eu un précepte qui est compris par toute les religions : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne souhaites pas que l’on te fasse ». En Amérique Latine, la joie de voir à la Havane, la photo du président de la Colombie, également le représentant des Farks, ce qui a permis enfin de mettre fin à un conflit qui dure depuis plus de 50 ans ! Un conflit armé. Mais les conflits sociaux et économiques ne peuvent pétré réglés par les armes : on règle ces conflits en parlant et en respectant avec les autres !

Et je me félicite, de faire parte de cette région, l’Amérique latine où nous n’avons pas de conflit religieux ou culturel : nous sommes des fils ou des petit fils d’immigrés et nous avons même des migrations internes : les universités nationales et gratuites reçoivent des étudiants de l’ensemble du continent. Nous ne levons pas le carton rouge à qui que ce soit car nous pensons qu’il est nécessaire de contribuer à un monde plus juste. Et c’est pour cette raison que je dis que l’Amérique latine qui a peut été était par le passé l’emblème de l’inégalité mais qui est maintenant est composé de gouvernements nationaux, démocratiques, populaires que certains appellent populistes, nous faisons tous des efforts dans le domaine de la santé, de l’éducation. Aujourd’hui nous sommes un continent en pleine croissance, qui s’intègre de plus en plus. Et peut être que cette contribution de l’Argentine lorsque nous avons réussi à reconstruire notre pays depuis 2001, aujourd’hui nous allons avoir une croissance de 2.7% de PIB. Mais tout ceci me permet de dire que l’intégration, la croissance la production, le développement, le commerce, tout ceci ne va pas pouvoir être stimulé sans que l’on incorpore les millions de personnes qui n’ont pas de travail, si l’on n’augmente pas les salaires de ces personnes qui sont dans la misère, si on ne respecte pas le droit des enfants, des jeunes…

Donc en résumé, avoir une société plus juste, plus équitable et plus égalitaire.

Merci beaucoup à chacun d’entre vous.

Source : ONU 09/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

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Mexique – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. M. Enrique Peña Nieto, Président du Mexique, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

Monsieur le président de la 70e session de l’assemblée générale, Mesdames et Messieurs chefs d’États et de gouvernement, Mesdames et Messieurs les délégués, Mesdames et Messieurs.

L’Organisation des Nations Unies a été fondée voilà 70 ans comme une riposte collective face à l’horreur de la guerre. Sept décennies durant, les peuples des Nations unies ont fait preuve de leur détermination à mettre en pratique les idéaux les plus nobles qui soient, la paix et la sécurité internationale, les droits de l’Homme et le progrès social. Les efforts sans relâche fournit par l’ONU en faveur de ces idéaux se trouvent reflétés dans les opérations du maintien de la paix et dans l’action d’agence telle que la FAO, L’UNICEF, l’UNESCO, l’Organisation Mondiale de la Santé,  ou encore le programme des Nations unies pour le développement.

Il faut le dire clair et net, le monde ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui sans l’Organisation des Nations Unies, symbole de solidarité et d’espoir d’un avenir meilleur.

Depuis 1945, les mexicains sont restés attachés à cette enceinte, le mécanisme multilatéral le plus important qui soit. Nous n’avons cessé de défendre la paix, le désarmement nucléaire et les causes les plus importantes de l’humanité. Par exemple, après la crise des missiles, le Mexique a encouragé l’adoption du traité pour l’interdiction des armes nucléaires en Amérique Latine et dans les Caraïbes. Grâce à cet accord, les pays d’Amérique Latine et des Caraïbes ont créé la première zone exempte d’arme nucléaire dans une région densément peuplée. Les mexicains sont aussi traditionnellement des médiateurs qui s’efforcent de régler les conflits qui secouent notre région, nous ne cessons de promouvoir un règlement pacifique des controverses.

Sur la base de cette histoire en matière de diplomatie, nous nous félicitons des avancées récentes enregistrées dans le processus de paix en Colombie, tout comme le rétablissement récent de relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis.

Dans le cadre d’une nouvelle réalité géopolitique, une fois de plus nous lançons un appel pour que soit mis fin au blocus économique commercial et financier dont souffre Cuba depuis 1962. Pour continuer à contribuer à la paix entre les différentes sociétés du monde, récemment, le Mexique a encouragé à la signature du traité sur le commerce des armes qui aujourd’hui est une réalité. Ce traité constitue la base d’un régime international de contrôle des armes classiques, un instrument permettant de prévenir le trafic illicite de telles armes et de garantir la transparence en matière de commerce légal.

Le Mexique est un pays très attaché à l’État de droit, aux droits humains et à la paix. Nous avons pleinement assumé la responsabilité importante qui est la nôtre, à savoir siéger au sein du Conseil des droits de l’homme de l’ONU pour la période 2014-2016. Aujourd’hui, mon pays fait parti de ceux qui bénéficient d’une législation la plus avancée en matière de droit de l’Homme, et nous œuvrons à garantir le respect de cette législation sur tout le territoire national. Et ce n’est pas tout, nous sommes convaincus et nous l’avons montré dans la pratique que l’expérience et les contributions de la communauté internationale permettent d’enrichir les efforts internes en la matière.

Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme va bientôt se rendre au Mexique et c’est une nouvelle preuve de notre engagement et de notre volonté à continuer à apporter notre pierre à l’édifice de ce système international. Autre preuve très claire de notre responsabilité sur le plan international, nous avons décidé de participer aux opérations de maintien de la paix. A travers cette décision historique, mon pays a mis au service de l’Organisation des Nations Unies son expérience dans le domaine de l’aide humanitaire.

Ce ne sont là que quelques exemples de la relation très étroite et de la relation positive qui unie le Mexique à l’ONU et ce, depuis 70 ans.

Monsieur le Président, avec les inégalités qui ne font que croître, avec cette crise économique mondiale qui se fait encore sentir, dans un contexte de frustration sociale due à ces différents phénomènes, le monde d’aujourd’hui est menacé par de nouveaux populismes, de nouveaux populismes de gauche comme de droite, aussi dangereux les uns que les autres. Au cours du 20e siècle nous déjà avons vu les conséquences des actes d’individus qui, par manque de compréhension, de responsabilité et de sens éthique, ont choisi de diviser leur population. Les sociétés doivent rester aux aguets face à ceux qui profitent de leurs craintes et de leurs inquiétudes, face à ceux qui sèment la haine et la rancœur avec un seul but à l’esprit, satisfaire leurs ambitions personnelles.

Au cours de cette deuxième décennie du 21e siècle nous ne devons pas répéter les erreurs du passé qui ont provoqué tant de douleurs dans le monde entier. Au contraire, l’heure est venue d’appuyer les principes qui nous définissent en tant que personne, de défendre ces valeurs nobles qui ont été à l’origine de l’Organisation des Nations Unies, la paix ,la solidarité et le respect des droits humains.

Respect pour les migrants, respect pour les femmes, respect pour toutes les races et toutes les religions, respect vis à vis de la diversité et de la pluralité politique mais surtout respect de la dignité humaine. Nos sociétés ne méritent pas moins. Certes le monde d’aujourd’hui est un monde complexe, incertain, rempli de défis mais la division n’est pas la solution. Nous devons comprendre à quel point la confiance est importante, confiance vis à vis de la valeur d’un travail constructif, confiance vis à vis des autres, confiance dans les institutions et surtout nous devons avoir confiance en nous-mêmes et en nos nations.

Pour construire il faut commencer par la base et s’élever petit à petit, pour triompher il faut persévérer. Et l’année 2015, précisément, nous montre que les nations peuvent bel et bien parvenir à des accords extrêmement importants, à des accords novateurs, hardis, en faveur de la population mondiale.

Le programme 2030 pour le développement durable, le programme d’action d’Addis-Abeba, le cadre d’action de Sendai pour la réduction du risque de catastrophes ou encore les préparatifs en amont de la COP21 sur les changements climatiques, voilà autant de décisions historiques promouvant l’adoption d’un nouveau paradigme. Un changement radical dans la réflexion et l’action des nations.

Il convient de se féliciter de l’adoption du programme de développement pour l’horizon 2030 qui a été édifié de façon collective et adopté à l’unanimité sur la base du dialogue entre les propositions des états membres. Le programme d’Addis-Abeba permettra de financer ce développement  durable qui constitue le fondement d’une association mondiale revitalisée comme l’a dit le secrétaire général de l’ONU lui-même. Pour sa part, le cadre de Sendai établit des directives pour les 15 prochaines années afin que les habitants du monde entier puissent vivre dans des foyers plus sûrs.

La COP21, sur les changements climatiques, est entourée d’attentes importantes, tout le monde espère qu’à Paris nous pourrons nous engager de façon contraignante. Il ne fait aucun doute que les changements climatiques représentent l’un des principaux défis aujourd’hui. Pour régler ce problème tous les pays doivent faire preuve de volonté politique. C’est la raison pour laquelle le 27 mars, le Mexique a été le premier pays en développement à présenter son projet de contribution nationale, et aujourd’hui je lance à nouveau un appel en direction de tous les pays du monde. Nous devons faire preuve de détermination, de vision d’avenir face aux défis des changements climatiques.

Encouragés par les grands accords qui ont été possibles en 2015, nous devons aujourd’hui aller de l’avant et réformer et moderniser le Conseil de sécurité. La conception de ce mécanisme important qui a vu le jour en 1945 est une conception qui est pleine de défauts et de limites, nous le voyons aujourd’hui. Il est inacceptable de penser que l’on puisse utiliser le droit de veto à des fins exclusivement nationales mettant un frein à l’action internationale.

Les membres permanents du Conseil de sécurité ont une responsabilité toute particulière en matière de paix et de sécurité internationale, une responsabilité qu’ils doivent assurer à tout moment, notamment lorsque les valeurs les plus fondamentales sont foulées au pied. Avec cet objectif à l’esprit, nous avons souscrit à l’initiative lancée par la France, pour que soit restreint l’utilisation du droit de veto lorsqu’il s’agit de cas de violation grave du droit international et du droit de l’Homme, par exemple les crimes de guerres, les crimes contre l’humanité ou les crimes de génocides. L’objectif est de veiller à ce que les résolutions votées par l’ONU soient plus efficaces, plus responsables et plus représentatives surtout des idéaux de l’humanité.

A l’heure de la mondialisation, aucun pays n’est étranger à ce qui se passe dans d’autres régions du monde. Nous ne pouvons pas rester indifférents face à la souffrance de population entière. C’est ainsi, notre présent est caractérisé par les flux migratoires de millions de personnes qui cherchent une vie meilleure. Hélas, par toutes les latitudes, sur tous les continents, les migrants vivent dans la peur, le rejet, la discrimination et les mauvais traitements. Ces conditions s’aggravent parfois lorsqu’en raison de leur ignorance, de leur racisme, de leur mauvaise foi ou pour des raisons d’opportunisme politique uniquement, certains stigmatisent les migrants et leurs enfants et les rendent responsables des difficultés qui sont des difficultés propres des pays d’accueil. Nous ne pouvons pas accepter que cette injustice se poursuive. Nous ne pouvons pas accepter que les démocraties du monde entier tournent le dos au pluralisme et à l’inclusion qui les caractérisent. Face à ce phénomène de discrimination et  d’exclusion nous devons unir nos forces pour créer un mécanisme mondial de protection des droits des migrants, un mécanisme à la hauteur des défis dont nous sommes témoins. Sur la terre entière des millions de migrants ont besoin d’une réponse collective et efficace, une réponse mondiale qui doit venir de l’Organisation des Nations Unies.

Dans le même esprit, face aux résultats médiocres obtenus après plusieurs décennies, l’humanité doit réfléchir une nouvelle fois à la solution à apporter au problème mondial des stupéfiants. Aux yeux du Mexique il est indispensable de lancer une riposte internationale plus efficace, plus juste et plus humaine. L’année prochaine, à l’occasion de la session extraordinaire de l’assemblée générale de l’ONU sur les stupéfiants, la communauté internationale va devoir être à la hauteur de la volonté collective, tourner le dos à l’inertie, mettre sur pied des politiques avec en leur cœur le bien-être et la dignité des personnes.

Monsieur le président, Mesdames et Messieurs, protéger les principes et les idéaux qui ont donné vie à l’Organisation des Nations Unies est notre responsabilité à tous.

Le Mexique souhaite remercier publiquement le secrétaire général de l’ONU, Monsieur Ban Ki-moon, pour le travail qu’il a réalisé à la tête de l’organisation.

Le programme de développement pour l’après 2015 est une preuve éclatante de ce travail.

En 2015, alors que nous célébrons le 70e anniversaire de l’Organisation des Nations Unies, le Mexique se redit attaché de façon inébranlable à cette organisation qui unit toutes les nations du monde dans un effort commun. Nous le faisons, convaincus comme nous le sommes, que le multilatéralisme est la voie idoine nous permettant de régler des problèmes qui touchent le monde entier. Nous le faisons avec la conviction qu’appuyé à l’Organisation des Nations Unies, c’est contribuer à bâtir un avenir meilleur pour toute l’humanité.

Merci beaucoup.

Source : ONU 09/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

Source: http://www.les-crises.fr/70e-ag-onu-bresil-argentine-mexique-afin-de-donner-aux-nations-unies-le-role-central-qui-leur-revient-il-est-absolument-essentiel-de-proceder-a-une-reforme-en-profondeur-de-cette-structure/


Miscellanées du mercredi (Delamarche, Béchade, Mélenchon)

Wednesday 14 October 2015 at 02:50

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute d’Olivier Delamarche: “On aura bientôt 250% de dette aux Etats-Unis” 12/10

Olivier Delamarche VS Marc Riez: Les banques américaines ont-elles raison d’attendre une accélération des marchés chinois ? (1/2) – 12/10

Olivier Delamarche VS Marc Riez: Faut-il privilégier l’investissement sur le marché européen ? (2/2) – 12/10

II. Philippe Béchade

La minute de Philippe Béchade: “la consommation américaine reste ma principale inquiétude” – 07/10

Philippe Béchade VS Sébastien Korchia (1/2): Le rebond du CAC 40 est-il solide ? – 07/10

Philippe Béchade VS Sébastien Korchia (2/2): Pourquoi le FMI est-il toujours inquiet pour la croissance mondiale ? – 07/10

III. Jean-Luc Mélenchon

L’interview de Jean-Luc Mélenchon le 6 octobre 2015 (intégrale)

Air France : « On n’a pas été chercher Cahuzac à 6h du matin » – Mélenchon


Petite sélection de dessins drôles – et/ou de pure propagande…

 

 

 

Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-du-mercredi-delamarche-sapir-bechade-melenchon/


[70e AG ONU] Chine + Japon : “Tous les pays sont égaux, les grands pays, les pays puissants ne devraient pas intimider les pays plus petits et plus faibles”

Wednesday 14 October 2015 at 01:20

Chine – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. M. XI Jinping, Président de la République populaire de la Chine, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

Monsieur le Président, chers et chères collègues,

Il  y a 70 ans, les générations précédentes de l’humanité ont lutté de manière héroïque et obtenu la victoire du monde antifasciste à la fin de la guerre et cela a fermé une triste page de l’histoire de l’humanité, cette victoire a été obtenu de haute lutte. Ces générations antérieures ont créé, il y a 70 ans, l’ONU avec une vision d’avenir, l’ONU étant l’organisation internationale la plus représentative et portant les espoirs de l’humanité pour un avenir meilleur. Cela a permis une ère nouvelle de coopération, cela a été une initiative historique jamais entreprise auparavant. Il y a 70 ans,  ces précédentes générations ont fait preuve de sagesse et adopté la Charte des Nations Unies, jetant les fondements de l’ordre international et établissant les principes fondamentaux des relations internationales contemporaines, ce qui fût une réalisation d’un impact considérable.

Monsieur le Président, chers et chères collègues, le 3 septembre 2015, le peuple chinois, à côté des autres peuples du monde, a célébré le 70ème anniversaire de la victoire du peuple chinois contre l’agression japonaise et aussi la victoire contre le fascisme dans le monde. La Chine, principal terrain d’opération en Orient, a dû faire face à la perte de 35 millions de victimes, un sacrifice dans la lutte contre le militarisme japonais. Cela a permis à la Chine de se sauver elle-même, de sauver son peuple de l’asservissement. La Chine a fortement appuyé la lutte contre les agressions en Europe et dans le Pacifique. Et ainsi, la Chine a apporté des contributions historiques à la victoire du monde antifasciste. L’histoire est un miroir. Ce n’est qu’en tirant les enseignements de l’histoire que le monde pourra éviter de répéter les calamités du passé. Il faut examiner l’histoire avec une forte conscience humaine. Le passé ne peut pas être modifié mais l’avenir peut être façonné, en gardant l’histoire à l’esprit. Il ne s’agit pas de perpétuer la haine, au contraire, il ne faut pas que l’humanité oublie les enseignements tirés du passé. Se souvenir de l’histoire ne signifie pas être obsédé par le passé mais le but est de créer un avenir meilleur et de transmettre le flambeau de la paix d’une génération à l’autre.

Monsieur le Président, chers et chères collègues, l’ONU a résisté à l’épreuve du temps au cours des sept dernières décennies, des efforts ont été faits par tous les pays pour défendre la paix, édifier des patries et rechercher la coopération. Ayant atteint un nouveau point dans l’histoire, l’ONU doit traiter une question fondamentale « comment mieux promouvoir la paix et le développement dans le monde au 21ème siècle ».  Le monde connait un processus historique d’évolution accélérée. La paix, le développement et le progrès doivent être suffisamment fort pour l’emporter sur la guerre, la pauvreté et le sous-développement. Le mouvement vers un monde multipolaire et l’apparition de nouveaux marchés, de pays nouvellement développés sont devenus une tendance forte de l’histoire. La mondialisation et l’avènement de l’ère de l’information ont favorisés les forces sociales productives qui ont créé des possibilités de développement sans précédent, mais cela a engendré de nouvelles menaces, de nouveaux défis que nous devons relever avec détermination. Comme le dit un dicton chinois, le plus grand idéaliste crée un monde partagé par tous, l’appel au développement, la justice, la démocratie et la liberté sont les points communs de l’humanité et les nobles objectifs de l’ONU. Cependant, ces buts sont loin d’être atteints et nous devons poursuivre nos efforts pour atteindre ces objectifs. Dans le monde contemporain, tous les pays sont interdépendants et ont un avenir commun.  Nous devons renouveler notre engagement en faveur des buts et principes de la charte des Nations Unies et instaurer de nouvelles relations internationales avec une coopération où l’on gagne sur tous les tableaux et aussi créer une communauté pour un avenir partagé par toute l’humanité.

Pour atteindre ce but, nous devons déployer les efforts suivants :

Nous devons mettre en place des partenariats permettant aux pays de traiter les uns avec les autres sur un pied d’égalité. L’égalité souveraine est un principe fondamentale de la charte des Nations Unies, l’avenir des peuples doit être façonné par tous les pays. Tous les pays sont égaux, les grands pays, les pays puissants ne devraient pas intimider les pays plus petits et plus faibles. Le principe de la souveraineté signifie que  non seulement la souveraineté et l’intégrité territoriale de tous les pays sont inviolables et que les affaires intérieures ne doivent pas faire l’objet d’ingérence, mais en plus cela signifie que tous les pays  doivent choisir indépendamment des systèmes sociaux et des voies de développement et ces principes doivent être respectés. Tous les pays essayent de promouvoir le développement socio-économique et d’améliorer les conditions de vie des populations et tous ces efforts doivent être respectés. Nous devrions être attaché au multilatéralisme et rejeter l’unilatéralisme. Nous devrions adopter une nouvelle vision d’avenir pour rechercher des résultats gagnant-gagnant et nous devons rejeter l’état d’esprit ancien qui fait que le vainqueur emporte toute la mise, ou que l’on en peut avoir de bons résultats que si autrui en a de mauvais. Cela doit devenir un moyen important d’exercer la gouvernance internationale contemporaine, on doit régler les différends grâce au dialogue et à la consultation. Nous devrions forger un partenariat mondial et adopter une approche nouvelle pour ce qui est des relations entre états, caractérisé par le dialogue plutôt que par l’affrontement. Il faut recherche des partenariats plutôt que des alliances. Les grands pays devraient appliquer des principes d’absence de conflits, pas d’affrontement, le respect mutuel et la coopération où l’on gagne sur tous les tableaux ; les grands pays devraient traiter les petits pays en tant qu’égaux et devrait adopter une approche positive à l’égard de la justice, en faisant  en sorte qu’on privilégie la justice par rapport aux intérêts particuliers. Nous devrions mettre en place une architecture sécuritaire caractérisée par les contributions collectives, l’équité, la justice et les avantages partagés ;  à l’ère de la mondialisation économique, la sécurité de tous les pays est interdépendante et il y a des impacts sur les uns et les autres. Aucun pays ne peut maintenir la  sécurité  absolue grâce à ses propres efforts uniquement. Aucun pays ne peut garantir la stabilité au dépend de l’instabilité dans d’autres pays. La loi de la jungle fait que les faibles sont à la merci des forts. Ce n’est pas ainsi que les pays doivent exercer leurs relations. Ceux qui utilisent la force s’apercevront qu’ils ne font que se tirer une balle dans le pied. Nous devrions abandonner la mentalité de la guerre froide dans toutes ces manifestations et promouvoir une vision d’avenir nouvelle caractérisé par la coopération et la sécurité durable. Nous devrions privilégier le rôle central de l’ONU et du Conseil de Sécurité pour mettre fin aux conflits et maintenir la paix, ainsi que rechercher des solutions pacifiques aux différents grâce à des accords et prendre aussi des mesures obligatoires pour transformer l’hostilité en amitié. La coopération internationale devrait être promue sur les plans sociaux et économiques, il faut adopter une approche globale pour faire face aux menaces traditionnelles ou non-traditionnelles en matière de sécurité pour empêcher les conflits.

Il faut promouvoir un développement novateur et inclusif dont tout un chacun peut bénéficier. La crise financière de 2008 nous a appris que permettre aux capitaux de rechercher les profits aveuglément ne peut qu’engendrer une crise et la prospérité mondiale ne peut pas se fonder sur un marché qui n’a pas de contraintes morales, car ce sont des fondations branlantes. Le fossé entre les riches et les pauvres n’est pas viable et en plus il est injuste. Il est important pour nous d’utiliser la main invisible mais aussi les mains visibles pour forger des synergies entre les forces du marché et les fonctions de l’état. Le but étant de parvenir à l’efficacité et à l’équité. Le développement n’a des sens que s’il est inclusif et durable ; pour atteindre un développement durable, il faut un esprit d’ouverture, une aide mutuelle et une coopération gagnante-gagnante.

Ah, c’est sûr que le gars, il est à l’évidence obsédé par autre chose qu’Assad…

Dans le monde contemporain, presque  800 millions de personnes continuent de vivre dans la misère. Presque 6 millions d’enfants par année meurent avant d’atteindre l’âge de 5 ans, et 60 millions d’enfants ne peuvent pas aller à l’école. Le sommet des Nations Unies sur le développement durable a adopté le programme à l’horizon 2030, nous devons donc traduire nos engagements en mesures concrètes et travailler ensemble pour que personne ne connaisse le besoin, que tout un chacun ait accès au développement et vive dans la dignité.  Nous devrions augmenter les échanges entre civilisation pour promouvoir l’harmonie, l’inclusion et le respect des différences. Le monde est enrichi par sa diversité culturelle. La diversité permet  d’augmenter les échanges, les échanges favorisent l’intégration et l’intégration rend les progrès possibles. Au cours de leurs interactions,  les civilisations doivent accepter leurs différences, ce n’est que grâce au respect mutuel et la coexistence harmonieuse que le monde pourra maintenir sa diversité et prospérer. Chaque civilisation a une vision d’avenir unique, elle correspond aux contributions de son peuple, aucune civilisation n’est supérieure aux autres. Les civilisations devraient avoir des dialogues et des échanges au lieu de s’exclure ou de se remplacer mutuellement. L’histoire de l’humanité constitue un processus d’échange actif d’interaction et d’intégration entre différentes civilisations. Nous devrions respecter toutes les civilisations, nous devons tous nous traiter en tant qu’égaux, nous devons favoriser le développement créatif des civilisations humaines en s’entraidant les uns les autres.

Nous devrions mettre en place un écosystème qui favorise le développement écologique et la protection de la terre, notre mère à tous. Nous pouvons utiliser la nature et même la transformer mais les êtres humains font partie de la nature et nous devons bien la soigner et la protéger et ne pas considérer que l’être humain est supérieur à celle-ci. Nous devons concilier le développement industriel et la protection de la nature. Nous devons rechercher l’harmonie entre l’humanité et la nature pour parvenir au développement durable de la planète et le développement global de l’homme. Un environnement fort est vital pour l’avenir de l’humanité. Tous les membres de la communauté internationale devraient conjuguer leurs efforts pour avoir un éco-environnement mondial solide et sain ; nous devons respecter la nature, respecter les voies et méthodes environnementales et la protéger. Nous devons privilégier une économie verte à faible impact en carbone par rapport au développement tout azimut. La Chine assumera sa part de responsabilité. La Chine continuera de jouer son rôle dans cette action commune. Nous exhortons les pays développés à assumer leurs responsabilités historiques, à respecter leurs engagements en matière de réduction d’émission et à aider les pays en développement à atténuer les effets du changement climatique et à s’y adapter.

Monsieur le Président, chers et chères collègues, les 1,3 milliards de chinois s’efforcent de réaliser le rêve chinois de grand renouveau national. Le rêve du peuple chinois est étroitement lié au rêve d’autres peuples du monde. Nous ne pourrons pas réaliser le rêve chinois sans un environnement international pacifique, stable et sans la compréhension et l’appui du reste du monde. La réalisation du rêve chinois apportera d’avantage de possibilité à d’autres pays et contribuera à la paix et le développement dans le monde.

La Chine continuera à participer à la consolidation de la paix dans le monde, nous sommes attachés au développement pacifique, quel que soit l’évolution du paysage international et quel que soit la puissance future de la Chine, celle-ci ne va jamais rechercher l’expansion, la Chine ne va jamais rechercher de sphère d’influence.

La Chine continuera à apporter des contributions au développement mondial, nous continuerons de rechercher le développement commun, une stratégie où l’on gagne sur tous les tableaux grâce à l’ouverture. Nous sommes prêts à mettre en commun nos expériences en matière de développement et faire profiter d’autres pays des possibilités qui apparaissent. Nous aimerions que d’autres pays montent à bord du train rapide de la Chine, un train vers le développement pour que tous les pays atteignent le développement durable.

La Chine continuera de défendre l’ordre international, nous resterons attachés à la voie du développement pacifique grâce à la coopération. La Chine était le premier pays à signer la charte des Nations Unies. Nous continuerons de défendre l’ordre et le système international en se fondant sur les principes figurant dans la chartre des Nations Unies. La Chine continuera d’être solidaire des autres pays en voie de développement. Nous appuyons fermement une plus grande représentation  et plus de voix pour les pays en voie de développement, en particulier les pays africains et cela au sein du système international de gouvernance. Le vote de la Chine à l’ONU appartiendra toujours aux pays en voie de développement. Je saisis cette occasion pour annoncer la décision de la Chine de créer  un fonds pour le développement Chine-ONU de 1 milliard de dollars sur 10 ans pour soutenir les activités de l’ONU en faveur de la paix et du développement. Pour promouvoir la coopération multilatérale et contribuer davantage à la paix et au développement dans le monde, je voudrais également annoncer que la Chine va rejoindre le programme de renforcement des capacités de l’ONU en matière de maintien de la paix, avec notamment des moyens en attente, la Chine a décidé de jouer un rôle de chef de file en mettant en place un corps de police permanent et une force en attente pour le maintien de la paix avec 8000 membres. Je voudrais également annoncer que la Chine fournira au total 100 millions de dollars d’aide militaire à l’Union Africaine dans les 5 prochaines années pour appuyer la mise en place de la force africaine en attente et de la capacité africaine d’intervention immédiate en cas de crise.

Monsieur le Président, chers et chères collègues, alors que l’ONU commence une nouvelle décennie, unissons-nous encore plus pour forger un nouveau partenariat de coopération où l’on gagne sur tous les tableaux et mettre en place une communauté pour un avenir commun partagé par toute l’humanité. Que la vision de l’avenir d’un monde libéré de la guerre et caractérisé par une paix durable s’enracine, que les aspirations en matière de développement, prospérité, d’équité et de justice s’étendent dans le monde entier.  Je vous remercie toutes et tous.

Amis chinois, l’avenir est à l’évidence à vous – désolé, vous ne pouvez plus compter sur un occident que sombre dans la maniaco-dépression…

Source : ONU, 08/10/2015

transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

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Japon – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU=

Allocution de S.E. M. Shinzo Abe, Premier Ministre du Japon, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

Monsieur le président, mesdames et messieurs, cette année les Nations Unies célèbrent le 70e anniversaire de sa création.

C’est une assemblée de personnes qui ne perd pas facilement espoir même face à des circonstances désespérées. C’est ainsi que les Nations Unies ont fait face à l’adversité, le virus Ebola se propageait,l’extrémisme était rampant, et aujourd’hui sous nos yeux de nombreux réfugiés cherchent à fuir les horreurs de la guerre. Ensemble nous devons relever les défis qui se présentent. Chaque état membre doit apporter à cette lutte ses propres capacités.

Le Japon a toujours appuyé l’édification des nations, nous avons accumulé une expérience dans la promotion des ressources humaines ,dans l’assistance humanitaire et dans la promotion des droits des femmes. Plus que jamais le Japon souhaite à présent offrir cette expérience,avec générosité. Le Japon renforcera son aide aux réfugiés et aux personnes déplacées internes, en Syrie et en Irak. En chiffres cette assistance s’élève à près de 810 millions de dollars au total , ce qui représente 3 fois le montant versé l’année dernière.

Au Liban nous allons consacrer 2 millions de dollars à de nouvelles mesures d’assistance. Nous insisterons ainsi sur l’élan de collaboration entre les acteurs humanitaires et les acteurs du développement. Nous allons également consacrer près de 2,5 millions de dollars à l’assistance humanitaire dans les pays voisins de l’Union Européenne qui font face à l’accueil de réfugiés , de migrants, tels que la République de Serbie, l’ex République Yougoslave de Macédoine. Ce sont des mesures d’assistance, des mesures d’urgence que le Japon est à même de prendre, mais en même temps notre principe majeur c’est de nous attaquer aux racines du problème, afin d’amener de la stabilité dans la vie quotidienne des Irakiens, il faut un approvisionnement en eau fiable et à cette fin le Japon compte consacrer 750 millions de dollars pour consolider et garantir la paix au Moyen-Orient et en Afrique.

J’aimerais souligner que, au delà des réfugiés il y a un grand nombre de personnes qui ne peuvent même pas fuir et devenir des réfugiés. En reconstruisant des pays dévastés, en les transformant en des lieux où les peuples peuvent à nouveau être heureux, nous pourrons permettre à chaque être humain d’entretenir ses propres capacités à lutter contre la crainte, contre le besoin. C’est fort de cette conviction que le Japon insiste sur l’éducation et la santé ainsi que sur la promotion des femmes, c’est une politique qui a pour objectif de pleinement garantir la sécurité humaine. Je suis très heureux de ces efforts qui donnent une place de valeur à chaque individu , ce sont des efforts qui se sont concrétisés dans les objectifs de développement que la communauté des Nations Unies vient d’adopter.

Ah, c’est sûr que le gars, il est à l’évidence obsédé par autre chose qu’Assad…

Nous souhaitons créer un environnement dans lequel les mères avec des nouveaux nés peuvent espérer un avenir lumineux pour leurs enfants. J’ai trouvé une photographie récemment qui montrait le contenu d’un sac que transportait une femme réfugiée.
Qu’emportent des personnes dans un sac quand elles décident de fuir? Une jeune femme de 20 ans qui a traversé la Méditerranée sur un radeau n’ a emmené que très peu quand elle a quitté un camp de réfugiés Palestiniens au sud de Damas . Il y avait sur cette photographie ce dont elle avait besoin pour sa petite fille de dix ans, des chaussettes, un bonnet, des aliments pour bébé, mais lorsque j’ai regardé la photo, j’ai remarqué qu’il y avait également un carnet. Le carnet emballé dans un plastique pour le protéger de l’humidité, c’était un carnet pour la santé maternelle et infantile que le Japon avait distribué dans les camps de réfugiés en Syrie. Au Japon les femmes qui découvrent qu’elles sont enceintes reçoivent ce carnet. C’est un carnet qui leur permet d’inscrire des informations sur leur santé et sur celle de leurs enfants , c’est un système qui a été mis en place il y a plus de soixante dix ans déjà. Toutes les femmes qui ont inscrit ces informations dans ce carnet sourient en pensant à leurs enfants qui grandissent. Nous avons distribué ces carnets dans les camps de réfugiés en Palestine, en Syrie, en Jordanie en espérant que l’amour d’une mère puisse transformer ces pays qui parfois ne connaissent que peur et désespoir. Certaines femmes continuent à chérir ces carnets qui contiennent leurs souhaits, même en période d’exil.

Monsieur le Président,mesdames et messieurs , l’état de droit, l’égalité devant la loi sont autant de valeurs que le Japon respecte grandement. Pour propager ces principes nous devons également promouvoir la capacité humaine. Je vais vous raconter une anecdote: une jeune femme Japonaise redouble d’efforts alors que le Japon forme le personnel de police qui seront les garants de la loi. Afin de rompre le cycle de la violence et de la crainte il faut un personnel policier fiable , une bonne organisation de la police. Fort de cette conviction nous avons consacré notre énergie à former le personnel de police en Afghanistan et dans d’autres pays. C’est ce que le Japon fait également en R.D.C depuis 2004, l’agence de coopération internationale du Japon, JAICA, a aidé à la formation de policiers jusqu’à aujourd’hui en R.D.C. Aujourd’hui plus de 20 000 policiers ont bénéficié de cette formation , notamment des femmes. Des anciens soldats insurgés également. Le slogan c’est “une force de police proche de la population locale”. Le JAICA est également chargé de la mise en place d’un plan de formation qui donne la priorité aux femmes, en R.D.C. L’une de ces femmes par exemple est considérée comme un “petit géant” aux yeux de ses collègues. Aux côtés de ses homologues masculins, elle est en fait petite mais c’est une géante parce qu’elle ne flanche jamais face aux difficultés, elle s’attaque aux problèmes, elle a ainsi appris le Français. Le personnel de la police nationale la respecte beaucoup. Il y a 2 ans j’avais souligné que le Japon était un contributeur actif à la paix sur la base du principe de coopération internationale, cette femme que je viens de vous présenter fait partie de ces Japonais qui se consacrent à ces priorités.

Je considère les femmes comme capables de déterminer l’avenir du Japon, et pour l’aide extérieure, le Japon met en place des politiques et des mesures qui garantissent la sûreté, la santé et la sérénité des femmes. Tirant profit des différentes occasions qui se présentaient j’ai exhorté la communauté internationale à faire du 21éme siècle une époque dans laquelle les femmes et les droits des femmes seront protégés et je suis heureux d’annoncer que le Japon a décidé d’un plan d’actions sur la participation , la protection des femmes sur la base de la résolution 1325 du conseil de sécurité. Protéger les femmes et les fillettes face à la violence, leur offrir des services sanitaires de base, il s’agit là d’éléments exceptionnellement importants pour le plan d’action Japonais. En outre cette année, pour la 2é année consécutive, nous avons organisé l’assemblée mondiale pour les femmes où des discussions ont été engagées sur l’édification d’une société dans laquelle les femmes peuvent briller.

Les Nations Unies , en fait , c’est un lieu de réunion pour les réalistes optimistes, n’est-ce pas? Cet organe ne détourne pas le regard de la situation actuelle, et c’est ainsi que les Nations Unies ont écrit leurs 70 années d’histoire. Je me dois bien évidemment d’examiner la situation avec réalisme notamment sur la Corée du Nord. Le Japon collaborera avec les pays pertinents pour régler les questions en suspens, notamment les enlèvements, les questions nucléaires et les missiles. Cette année , 70 ans après les bombardements de Hiroshima et Nagasaki, c’est aussi l’année où nous avons marqué notre tristesse. Cependant malheureusement dans certaines zones il semblerait y avoir une augmentation des armes nucléaires en l’absence de toute transparence. Par ailleurs la conférence d’examen des parties au T.N.P cette année n’a pas su donner d’orientations précises pour le désarmement nucléaire et la non prolifération future. Les réductions d’armes nucléaires devraient se poursuivre entre les Etats-Unis et la Russie mais le Japon continuera à le dire avec véhémence , les autres états dotés de l’arme nucléaire doivent également réduire leurs arsenaux. Déterminé à parvenir à l’élimination totale des armes nucléaires, le Japon a préparé un nouveau projet de résolution pour promouvoir une action unie de la communauté internationale , et j’en suis convaincu, cette résolution recueillera le soutien d’un grand nombre de pays.

Monsieur le Président, mesdames et messieurs , alors que nous félicitions les Nations Unies pour son 70ème anniversaire , un grand élan a été donné à la réforme du conseil de sécurité. Lors de la dernière session de l’assemblée générale des Nations unies, des efforts sérieux ont été consentis par des individus et des pays pour approfondir les discussions sur la réforme du conseil de sécurité. En outre il y a 2 semaines , toute l’assemblée a applaudi pour exprimer son enthousiasme, et fort de cet enthousiasme et de ma conviction quant au rôle que devrait jouer le Japon, je continuerai à oeuvrer à la réalisation de la réforme du conseil de sécurité grâce à votre coopération, monsieur le Président, et à celle des états membres. Le Japon compte devenir membre permanent du conseil de sécurité et nous sommes prêts à apporter une contribution proportionnelle à ce poste.

Le Japon s’ est toujours défendu comme une nation éprise de paix depuis la fin de la seconde guerre mondiale et nous avons obtenu bien des succès pour la paix et la prospérité du monde. Au Timor-Leste, au Cambodge, le Japon n’a pas ménagé ses efforts diplomatiques ,il a envoyé des casques bleus et apporté une assistance sur le long terme. Il y a 3 éléments à prendre en compte pour les missions de maintien de la paix , d’abord la prise de décision , décider ce qu’il y a à faire et où, ensuite les préparatifs nécessaires et le financement, et puis le démarrage des opérations.

Le Japon est prêt à jouer un rôle de passerelle , nous sommes prêts à apporter une contribution positive en assumant nos responsabilités pour chacune de ces étapes. A l’heure actuelle au Soudan du Sud, des membres d’une unité de Génie, des forces d’auto-défense du Japon ne ménagent pas leurs efforts. Au Kenya , en Ouganda ,en Tanzanie , au Rwanda, nous formons des équipes de Génie , des opérations de maintien de la paix ont été interrompues en raison de l’absence de routes et de ponts , il est important de remédier à cette situation. En outre le Japon se félicite du partenariat. Nous l’avons dit , pour lutter contre le désespoir et cultiver le bien-être , il faut à la fois s’assurer des intentions des parties concernées et de la coopération internationale. Pour que les individus s’approprient leur propre futur , nous avons promu cette idée de sécurité humaine, il s’agit là de notre objectif ultime.

Troisièmement le Japon s’est toujours employé à écouter attentivement les voix des parties concernées. Il y a 3 jours j’ai organisé une réunion des dirigeants des pays appartenant aux communautés économiques régionales Africaines pour la 3e année consécutive. Nous avons également mis en place la T.I.C.A.D (conférence internationale de Tokyo sur le développement Africain) qui aura 20 ans déjà , l’année prochaine. Cette conférence prochaine aura lieu en Afrique et je compte écouter toutes les voix de l’Afrique. La nuit dernière j’ai également tenu une réunion avec les dirigeants des îles du Pacique, nous avons discuté de plusieurs points notamment de la journée internationale du Tsunami qui devrait être fixé au 5 novembre.

La première fois que le Japon est devenu membre non-permanent du conseil de sécurité c’était en 1958,deux ans après l’adhésion du Japon aux Nations Unies. Si le Japon est de nouveau élu cet automne ce sera son 11 ème mandat au Conseil de Sécurité. Le Japon est le pays qui s’est le plus souvent soumis à l’examen par les pairs. Les 3 points que j’ai cités plus haut représentent les forces du Japon. Nous avons laissé des empreintes très marquées pour l’avenir.

Le peuple Japonais estime toujours que les deux lettres des Nations Unies brillent encore. Nous brandissons la bannière du contributeur actif à la paix sur la base du principe de la coopération internationale, et nous sommes déterminés à entreprendre la réforme du conseil de sécurité afin de transformer cet organe en un organe approprié au monde contemporain, et ensuite en tant que membre du conseil permanent du conseil de sécurité le Japon assumera ses responsabilités.

Source : ONU, 08/10/2015
transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

Source: http://www.les-crises.fr/70e-ag-onu-chine-japon-tous-les-pays-sont-egaux-les-grands-pays-les-pays-puissants-ne-devraient-pas-intimider-les-pays-plus-petits-et-plus-faibles/


[70e AG ONU] UE + Royaume Uni : “Il y a un mythe selon lequel l’Europe est le seul endroit riche du monde. Ce n’est pas vrai :”

Wednesday 14 October 2015 at 00:01

Donald Tusk, Président du Conseil Européen s’adresse à l’assemblée générale de l’ONU.

Discours de Donald Tusk, Président du Conseil de l’Union Européenne à l’Assemblée Générale des Nations-Unis d’octobre 2015

Le Président de l’Assemblée Générale : C’est pour moi un plaisir insigne que de souhaiter la bienvenue au Président du Conseil de l’Union Européenne, M. Donald Tusk que nous invitons à venir prononcer son allocution devant l’Assemblée Générale ;

Donald Tusk : Monsieur le Président, mes chers collègues délégués, je suis ici pour vous rassurer et vous garantir que l’Europe est toujours engagée, dans ses valeurs et dans ses objectifs, comme par le passé. L’Europe gardera le cap malgré le fait qu’elle est confrontée à des défis uniques. Tant sur son flanc Sud que sur son flanc Est, les dirigeants Européens sont obligés de faire face aux conséquences d’attaques par la force par exemple en Ukraine ou de cas de violations de la Charte des Nations Unies.

Nous sommes confrontés également à la crise des réfugiés avec des attentats terroristes à l’intérieur de l’Europe et de difficultés économiques que connaissent certains de nos états membres

Aussi difficile que soit la situation je ne doute pas que nous serons à la hauteur de la tâche et surtout qu’en même temps nous resterons attachés à la cause qui consiste à faire du Monde un endroit meilleur pour vivre. Tout ceux qui s’engagent dans l’élimination de la pauvreté, dans l’appui aux missions de maintien de la Paix, qui recherchent des solutions à la crise des migrations et à rechercher des solutions aux effets des changements climatiques peuvent compter sur nous toujours. Car, pour l’Europe, l’isolationnisme n’a jamais et ne sera jamais une solution envisageable.

M. le Président nous sommes toujours près à entendre les bons et sages avis de nos amis et même dans le contexte de la crise sans précédent, la crise des réfugiés d’aujourd’hui.

Il y a un mythe selon lequel l’Europe est le seul endroit riche du monde. Ce n’est pas vrai : il y a d’autres endroits comparables au nôtre en terme de richesses.

Mais pour une raison que l’on ne s’explique pas ce n’est pas là que vont les réfugiés, les migrants, parce que la richesse n’est pas le seul élément du choix que font les gens pour l’avenir de leur enfants.

Il y a les valeurs de tolérances, d’ouverture, de respect, de la diversité, de libertés, de droit de l’Homme, des Conventions de Genève qui entrent en compte et qui sont également un aimant qui les attire chez nous. Et nous refusons de changer cela.

Si, en Europe, nous avons des débats très animés sur des quotas de réinstallations c’est parce que cela nous tient à coeur, parce que nous essayons d’être aussi inclusifs et efficaces que possible

Mais les quotas ce n’est qu’une petite partie de ce que fait déjà d’ores et déjà l’Europe pour aider ceux qui fuient les persécutions et les guerres.

Par opposition il y a beaucoup de pays, représentés ici, qui traitent le problème de façon beaucoup plus simple c’est à dire en n’autorisant pas les migrants et les réfugiés à accéder à leurs territoires, tout simplement. C’est la raison pour laquelle je laissais entendre que ceux qui disent que l’Europe est un exemple d’indifférence sont hypocrites. C’est tout le contraire. Si l’on regarde la direction qu’ils prennent : personne n’essaie de fuir l’Europe alors que partout, en Eurasie, en Afrique, il y a des gens qui se déplacent aussi. C’est une crise globale qui exige une solution mondiale. Et avant tout donc il faut la solidarité à l’échelle mondiale.

Tout le monde peut offrir son aide aux réfugiés et ceux qui ne souhaitent pas le faire devraient au minimum ne pas dissimuler leur indifférence en critiquant l’Europe parce qu’elle n’en ferait pas assez.

M. le Président, ce n’est pas une coïncidence si l’Assemblée Générale est consacrée dans son débat de cette année à la situation au Moyen-Orient, plus particulièrement à la situation en Syrie.

Ne nous faisons pas d’illusion : la crise syrienne ne trouvera pas de solutions sans un dénominateur commun d’intérêts entre les différents acteurs régionaux.

Mais le plan de Paix ne doit pas être une simple formule qui permettra de définir une nouvelle répartition entre sphères d’influences.

Ici à l’Organisation des Nations Unies nous devons parler non seulement d’intérêts de puissances régionales mais avant tout de l’intérêt des millions de Syriens notamment, de ceux qui sont déplacés à l’intérieur du pays et des réfugiés.

La lutte contre le terrorisme est très importante, cela ne fait pas de doute dans ce contexte. C’est la raison pour laquelle nous saluons le fait qu’il y a de nouveaux alliés assez inattendus qui nous rejoignent dans cette cause. Mais nous ne pouvons pas oublier que les réfugiés fuient le terrorisme d’Etat dont la Syrie est la preuve dramatique.

L’Europe qui chaque jour assiste à la tragédie de millions de réfugiés syriens doit prôner la stabilisation de la région. La stabilisation est une valeur qui ne peut être contestée. Mais la stabilité ne va pas avec les armes chimiques et les barils explosifs utilisés contre les civils. Ici il y a certains qui ont proposé que BEA fasse partie de la transition Syrienne. Ils sont de plus en plus nombreux mais on ne peut oublier que des millions de personnes ont fui ces méthodes atroces pour essayer d’imposer la stabilité en Syrie

Lors de mes visites dans la région, on m’a dit qu’une victoire d’Assad déclencherait un nouvel exode. La seule intention du plan de Paix pour la Syrie doit être de faire en sorte que le peuple syrien puisse recommencer à trouver une vie normale dans la région. Il n’y a que ce message qui est cohérent avec les valeurs de la communauté internationale, avec celles de l’UE et avec les valeurs qu’a défendues l’Organisation depuis 70 ans.

M. le Président cette année va également être essentielle dans les efforts mondiaux pour lutter contre les conséquence des changements climatiques

Ces dernières semaines, ces derniers jours, nous avons entendu un message d’espoir, nous avons entendu des dirigeants s’engager à lutter contre le réchauffement de la planète.

L’Europe est déterminée à ce que le sommet de Paris soit une percée et un symbole de notre volonté d’agir de façon harmonisée face à ce problème planétaire.

Nous nous sommes engagés à réduire le CO2 de 40 % par rapport à 1990 et, à ce titre, l’Europe reste en tête de ce processus. Mais la lutte contre le réchauffement de la planète ce n’est pas un match de sport. L’impossible ne sera possible que lorsque tout le monde va dans le même sens et au même rythme.

C’est la raison pour laquelle nous vous invitons tous à participer à cet effort commun. Sans un accord mondial les efforts isolés de l’Europe seule ne pourront pas donner de résultats. Ce qui est important pour l’Europe c’est qu’il y ait des effets pratiques ce n’est pas des idées idéologiques.

M. le Président les défis mondiaux doivent être relevés à l’échelle multilatérale sinon on ne les relèvera pas du tout. Nous avons tous un devoir de donner du sens à la Communauté Internationale. Nous sommes confrontés à des urgences multiples.

Que cela nous permette de forger donc une communauté internationale vraiment forte.

Source : ONU 06/10/2015  transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU 

Son Excellence Philip Hammond,

Secrétaire d’État aux affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni, de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord.

 Monsieur le Président, il y a près de soixante-dix ans, la première réunion de l’Assemblée Générale et du Conseil de Sécurité se sont tenus à Londres. C’est là que le monde s’est rassemblé pour tourner le dos à la guerre et pour chercher à institutionnaliser les conditions de la paix. C’est grâce à ce processus, après la seconde guerre mondiale, que nos prédécesseurs se sont lancés dans un voyage qui devait les mener vers la paix et la prospérité. Ils ont réussi.

Aujourd’hui 193 membres forment le cœur de l’organisation. C’est une organisation puissante et universelle d’expression de notre volonté collective, celle de trouver des solutions aux défis les plus difficiles. Il s’agit là de la pierre angulaire du système  international fondé sur des règles, l’affirmation des valeurs que nous accordons à la dignité humaine et à l’espoir.

La Grande Bretagne est fière d’avoir joué son rôle dans la naissance de notre  organisation. Nous sommes fiers également, soixante-dix ans plus tard, du rôle actif que nous jouons dans les affaires internationales en tant que seul membre du Conseil de sécurité, seule grande puissance économique qui, à la fois atteint la cible de 2 % en matière de défense, cible de l’OTAN et une cible de 0,7 % du PNB accordé à l’aide publique au développement. Mais, malheureusement aujourd’hui, le quotidien de très nombreuses personnes dans le monde est très éloigné des idéaux de l’organisation, et ce malgré le travail abattu dans le cadre des ONG (? bredouillage) … plus d’un milliard de personnes vivent aujourd’hui avec moins de 2,5 dollars par jour. L’insécurité, l’extrémisme et les conflits au moyen Orient poussent des millions de personnes à abandonner leurs foyers, créant une urgence humanitaire à une échelle sans précédent. De nombreux millions d’autres personnes vivent aujourd’hui sous des régimes qui les oppriment, n’ont pas leur mot à dire dans la gouvernance de leur propre pays. Des régimes qui bafouent leurs droits les plus fondamentaux. Le système international, régi par des règles qui permettent de maintenir la paix est également compromis par des acteurs qui cherchent à saper nos valeurs. Nous sommes également confrontés à des menaces à plus long terme, du changement climatique, de pandémies globales et des menaces qui doivent être confrontées aujourd’hui, si nous ne voulons pas les générations futures soient mises en péril.

Mais c’est en Syrie et en Irak, au berceau de la civilisation humaine, que nos valeurs collectives et notre volonté d’agir sont aujourd’hui menacées, le plus menacées. Il y a le régime d’Assad d’un côté et la brutalité de DAECH ou l’EIL, deux maux qui infligent des souffrances inimaginables au peuple syrien. La crise humanitaire, la vague de réfugiés cherchant refuge dans les pays voisins et en Europe, tout ceci souligne la nécessité de mettre fin au conflit et constitue une épreuve pour notre détermination. J’aimerais ici rendre hommage à la formidable générosité de la Turquie, du Liban et de la Jordanie, qui accueillent aujourd’hui, temporairement, des millions… des milliers de réfugiés, et qui acceptent ce rôle depuis des années. C’est à nous tous qu’il incombe de les aider à porter ce fardeau, cette charge, et à veiller à ce que les appels de fonds lancés pour la Syrie soient pleinement financés. Le Royaume Uni fait la deuxième plus grande contribution qu’est jamais fait un pays à la mission humanitaire dans la région. Il est important pour nous de faire en sorte que ceux qui sont déplacés soient aidés au plus près de leurs foyers, car il y aura un nouveau pays à construire après le régime d’Assad. C ’est un pays qui doit pouvoir compter sur tous les syriens.

Mais une réponse militaire à elle seule ne suffit pas. Nous avons également la responsabilité d’agir pour mettre fin à la guerre civile sanglante qui sévit dans cette région.  Créer un processus politique inclusif en éradiquant l’EIL et en évinçant son idéologie et sa marque de la terre. Le Royaume Uni continuera de faire partie de la coalition  internationale contre l’EIL, nous continuerons de mener des frappes en Irak, plus qu’aucun autre pays hormis les Etats Unis. C’est un combat que nous mènerons en tant que génération contre l’idéologie extrémiste qui constitue le moteur de l’EIL. Mais vaincre l’EIL ne permettra pas de ramener la paix en Syrie. Seul un règlement politique sans exclusive pourra mettre fin aux souffrances endurées aujourd’hui par le peuple syrien. Nous devons redoubler d’efforts pour bâtir un processus politique, grâce aux efforts notamment de l’envoyé spécial Staffan de Mistura. Nous devons juger ceux qui ont commis des crimes.

Et cette mission est un test crucial pour les Nations Unies. Les progrès sont bloqués au conseil de sécurité, cela dure depuis trop longtemps. Toutes les parties doivent aujourd’hui mettre de côté leurs intérêts étroits et coopérer ensemble pour le bien du peuple syrien, réaffirmant ainsi les valeurs fondatrices de notre organisation.

Monsieur le Président, bien que la crise en Syrie soit urgente, nous pouvons également y ajouter la crise au Yémen, en Somalie et en Libye, nous pouvons fermer les yeux sur le risque de menaces futures pour notre sécurité, mais cette action collective ne sera véritablement efficace que si nous analysons ensemble les causes de la pauvreté, de l’injustice et des conflits.

Nous devons reconnaître ensemble que les institutions, lorsqu’elles sont fortes, efficaces et transparentes, lorsque les sociétés sont ouvertes, les économies sont ouvertes, lorsque l’état de droit est respecté, lorsqu’il n’y a pas de corruption ; c’est là que le développement pourra prospérer sur le long terme. Ce sont là des conditions sine qua non, et c’est ainsi que nous atténuerons les facteurs du conflit. Comme le disait David Cameron, ce sont là les facteurs centraux du développement.

Chaque pays doit suivre sa propre voie en quête de prospérité. Mais nous devons ensemble surmonter l’instabilité, la pauvreté et les conflits. C’est pourquoi il est dans l’intérêt de tous de faire en sorte que le développement soit durable sur le long terme.

Les fondements du développement durable, quel qu’il soit, ce sont les fondements qui trouvent leur source dans la sécurité. En tant que membre du Conseil de sécurité, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité, nous proclamons que la solidité des institutions est essentielle pour la sécurité, comme le Premier ministre britannique l’a dit hier, le Royaume Uni va reprendre son rôle significatif dans les opérations de maintien de la paix en Afrique notamment. Où nous appuierons les efforts des Nations Unies et de l’Union Africaine en vue de mettre fin à des conflits très déstabilisateurs qui font fuir des gens du Soudan du sud et qui exercent une pression très forte sur la Somalie par exemple.

Mais il faut comprendre aussi autre chose. La sécurité au sein des pays ne peut produire la croissance économique que si elle est accompagnée par une sécurité entre les pays. La stabilité que nous recherchons dans les relations entre les pays est mieux servie dans le cadre des législations, des institutions, des normes, qui constituent le système international fondé sur des règles et mis en place après la deuxième guerre mondiale. La charte des Nations Unies en étant la pièce maîtresse. Au cœur de ce système, il y a le respect de l’intégrité territoriale par les états, le respect de l’indépendance politique des états. Lorsque les états remettent en question ces règles, nous devons réagir rapidement et défendre les victimes, sans ambiguïté aucune. C’est la raison pour laquelle aujourd’hui nous sommes aux côtés du peuple ukrainien. Les actions illégales, les agressions menées par des états doivent avoir des conséquences. Autrement l’ordre international risque d’être mis en péril. Ici, aux Nations Unies, nous insistons sur le fait que les différences et les différends doivent être réglés dans le cadre du droit international, dans le respect de celui-ci, et non pas en-dehors de ce système.

Et les excuses pour l’Irak 2003, qui a induit le problème syrien, elles sont où ?

Les menaces collectives à notre sécurité se conjuguent à une autre menace, celle du changement climatique, il ne s’agit pas seulement d’une menace qui pèse sur l’environnement, sur la prospérité, c’est une menace qui pèse aussi sur notre sécurité. L’impact de la montée du niveau des mers, de la montée des températures globales sera ressenti par tout un chacun. Mais ce sont les pays plus pauvres qui seront le plus  durement touchés. Ceux justement qui ont le moins de moyens pour s’y adapter. Le Royaume Uni ne va pas se contenter de réduire ses émissions nationales, comme notre Premier ministre l’a annoncé lundi, nous allons également augmenter notre appui aux pays vulnérables, qui atteindra neuf milliards de dollars américains dans les cinq prochaines années. Nous devons travailler ensemble pour qu’un accord fort et ambitieux, efficace, soit conclu à Paris, grâce aux engagements de tous, en vue de réduire les émissions encore plus et en s’engageant ensemble à limiter la hausse des températures à deux degrés.

Monsieur le Président, soixante-dix ans après la première assemblée générale, l’organisation des Nations Unies est aujourd’hui menacée par des risques considérables, mais elle est toujours debout. Au cours de ces soixante-dix dernières années, elle a joué un rôle essentiel face à tous les défis auxquels nous avons été confrontés.

Pour l’avenir, il sera crucial de faire évoluer l’organisation, de la maintenir en vie, de faire en sorte qu’elle demeure pertinente.

L’ONU doit s’efforcer de refléter les changements intervenus dans notre monde. Le Conseil de sécurité doit par conséquent être réformé, il faut adopter un système transparent, également pour la désignation du prochain Secrétaire Général ou de la prochaine Secrétaire Générale. Lui ou elle devra faire en sorte que l’organisation soit plus efficace. Chaque centime reçu de la part des états membres doit être utilisé au mieux. En tant que membre fondateur de l’organisation des Nations Unies, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité également, mon pays va plaider en faveur de ce programme de réformes. Nous continuerons également de promouvoir les idéaux qu’incarne pour nous l’organisation des Nations Unies. Il y a soixante-dix ans, une génération a décidé de façonner le monde pour le faire correspondre à sa vision de la paix, de la sécurité et des valeurs universelles qu’elle avait adoptées. Aujourd’hui nous n’avons toujours pas réalisé ces idéaux, mais nous avons démontré que lorsqu’on travaille ensemble nous pouvons faire des avancées considérables vers ces idéaux. Aujourd’hui nous devons faire la preuve de cette détermination collective, il nous faut reconnaître qu’il ne s’agit pas seulement d’une obligation morale. C’est également dans l’intérêt de chacun d’agir, de réagir face aux crises humanitaires graves auxquelles nous sommes confrontés, et d’extirper les racines profondes de la pauvreté, des conflits et de l’instabilité. Il est dans notre intérêt de maintenir le système régi par des règles. Le monde est aujourd’hui meilleur grâce à la création de l’organisation des Nations Unies par nos prédécesseurs il y a soixante-dix ans.

Si nous insistons sur le respect de nos principes face aux défis, face aux tentations, nous préserverons cet héritage, nous continuerons de jeter les bases d’un avenir meilleur, une époque marquée par l’espoir et la dignité pour tous.

Je vous remercie.

Source : ONU 06/10/2015  transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

Source: http://www.les-crises.fr/70e-ag-onu-ue-royaume-uni/


[70e AG ONU] France : ” un nouveau gouvernement capable d’unir tous ceux qui se sont combattus mais sans le dictateur” + Comores

Tuesday 13 October 2015 at 02:50

Discours de François Hollande devant l’AG ONU

Intervention du Président de la France devant l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies

Monsieur le Président,

Monsieur le Secrétaire général,

Mesdames, Messieurs,

Notre organisation, l’ONU, célèbre son 70e anniversaire. Des progrès immenses ont été accomplis depuis cette création, celle d’une institution chargée de maintenir la paix. Elle y est parvenue dans de nombreuses occasions. Et pourtant, 70 ans après, il y a toujours des drames, des tragédies, des conflits et des guerres. Et le monde doit une fois encore relever des défis considérables. Lesquels aujourd’hui ? Des centaines de milliers – des millions même – de réfugiés qui fuient au Moyen-Orient, en Afrique, dans l’espoir d’une protection ou tout simplement de sauver leur propre vie. Il y a le terrorisme qui frappe les populations civiles et aucun pays n’est à l’abri de ce fléau.

Et puis il y a des conflits qui demeurent sans règlement depuis des années et des années alors même que l’on sait qu’ils sont susceptibles de dégénérer à tout instant – je pense au Proche-Orient. Et puis pendant ce temps-là, il y a des catastrophes, des tsunamis, des tremblements de terre, des îles qui vont bientôt disparaître, des côtes qui sont recouvertes, des glaciers qui fondent ; ce sont les dérèglements climatiques.

Face à ces défis, chacun à son niveau doit prendre ses responsabilités. La France, dans beaucoup de domaines, ne refuse jamais son concours. Mais la France a voulu accueillir la Conférence sur le climat, sans doute parce qu’elle avait conscience qu’un échec terrible s’était produit à Copenhague et qu’il fallait cette fois-ci prendre la bonne décision : une décision qui ne peut être que celle de la communauté internationale dans son ensemble.

Alors nous devrons à Paris, nous poser une seule question : l’humanité – ce que nous sommes – est-elle capable de prendre la décision de préserver la vie sur la planète ? Oui, rien que cette question-là nous place à une hauteur que l’on n’avait jamais pu imaginer dans notre génération. On me dira : « mais, cela peut être plus tard, peut-être à une autre conférence ! » Je vous l’assure ici et je vous l’affirme tout net : si ce n’est pas à Paris, ce sera trop tard pour le monde.

Les choses, depuis plusieurs mois ont bien avancé et des déclarations très fortes ont été émises par les pays qui étaient justement ceux qui étaient les plus responsables du réchauffement climatique – je pense notamment aux deux grands pays émetteurs, les Etats-Unis et la Chine, qui ont pris des engagements qui contribuent à changer la donne. Il y a eu aussi de nombreux appels venant de tous les continents pour insister sur la gravité, sur l’urgence, en donnant des témoignages précis de ce qu’était concrètement, aujourd’hui déjà, le réchauffement climatique.

Il y a aussi des pays qui jusque-là étaient réticents – je pense aux pays en développement – qui se posaient cette question : est-ce vraiment utile de s’imposer ces contraintes alors que les pays les plus développés se sont affranchi de ces règles et de ces obligations ? Aujourd’hui, si l’on me demande un pronostic – et on me le demande souvent – je dis que rien n’est gagné pour l’accord à Paris, mais qu’en même temps, tout reste possible.

Je vois trois conditions qui nous permettront de dire si la Conférence de Paris a été véritablement un succès, digne de nous, digne de ce que vous nous avez confié en nous demandant d’accueillir cette conférence. La première condition, c’est de pouvoir conclure un accord universel, général pour le monde, contraignant et différencié pour que chacun puisse faire sa part et pas davantage. A ce jour, quatre-vingt-dix Etats – la moitié donc de ceux qui siègent aux Nations Unies – ont remis leur contribution nationale, ce qui représente – et c’est déjà considérable – 80% des émissions de gaz à effet de serre. Cela veut dire qu’une moitié du monde n’a pas encore répondu et je vous invite donc à le faire et à le faire vite, pour que nous puissions mesurer déjà ce qu’avec les contributions de chaque Etat, nous pouvons assurer au monde comme limite au réchauffement climatique.

La deuxième condition qui dira notre succès ou notre échec est d’être capables d’inscrire notre résolution, notre action dans la durée. L’accord de Paris ne devra pas être un aboutissement, une conclusion mais au contraire un point de départ, le début d’un processus. Nous pourrons nous en assurer à travers un mécanisme de révision qui sera intégré à l’accord et qui permettra donc d’évaluer régulièrement, de mesurer périodiquement et même de réviser tous les cinq ans nos contributions nationales. C’est ce qui nous permettra d’être sûrs qu’à la fin du siècle, c’est-à-dire bien au-delà de nous, la planète ne se sera pas réchauffée de plus de deux degrés.

La troisième condition qui marquera l’échec ou le succès, c’est que les pays développés auront à porter des engagements financiers. Je le sais bien, déjà à Copenhague, le chiffre avait été annoncé : 100 milliards de dollars pour assurer le financement de la transition énergétique, l’adaptation, le transfert de technologies.Nous devons rassembler 100 milliards en 2020, mais il faut le dire dès aujourd’hui pour que les pays émergents, les pays en développement puissent être sûrs qu’ils pourront être accompagnés, soutenus, aidés, et qu’il pourra y avoir ce saut, ce partage de technologies.

Cent milliards. Aujourd’hui, l’OCDE est chargée de faire une première estimation. Elle sera produite lors de la réunion de Lima – et je remercie le Président du Pérou de poursuivre l’action qu’il avait engagée lors de la COP 20. Oui, l’OCDE fera une première estimation - nous ne sommes pas encore à 100 milliards. Alors il va falloir d’ici Paris, dans deux mois, continuer à mobiliser la Banque mondiale, les grandes banques de développement, les institutions financières, les Etats, les acteurs privés pour que nous puissions être à 100 milliards. Chacun doit montrer l’exemple et la France n’échappe pas à cette règle qui veut que lorsqu’on est le pays hôte, on doit faire mieux que ses invités, ou en tout cas aussi bien. J’annonce ici que nos financements annuels, les financements annuels de la France pour le climat, qui sont de trois milliards d’euros aujourd’hui, dépasseront cinq milliards en 2020. Et l’augmentation de l’aide ne sera pas simplement des prêts, mais aussi des dons parce que c’est par rapport aux dons – c’est-à-dire ce qui est transféré directement, ce qui n’est pas remboursé – que l’on pourra favoriser puissamment l’adaptation des pays en développement aux effets du dérèglement climatique.

Si nous sommes en mesure de répondre à ces trois exigences : un accord universel qui peut être révisé et qui le sera tous les cinq ans et avec des financements qui peuvent être à la hauteur de tout ce que nous avons à couvrir comme nouveaux besoins et à engager comme technologies d’avenir, alors oui, nous pourrons dire à Paris, dans deux mois : nous avons été au rendez-vous. Pas simplement au rendez-vous de l’histoire mais au rendez-vous de l’avenir.

C’est bien que la communauté internationale puisse être capable de se projeter et de dire quel monde elle veut – nous l’avons fait pour les Objectifs du Développement Durable – nous devrons le faire pour le climat.Mais ce que l’on attend des Nations unies, ce n’est pas simplement – et c’est déjà beaucoup – de faire que le monde soit vivable à la fin du siècle, c’est qu’il soit supportable déjà aujourd’hui alors que des conflits et des guerres nous saisissent de tragédies que l’on n’imaginait plus voir, en 1945, quand furent fondés les Nations unies.

Aujourd’hui, c’est la Syrie qui appelle une fois encore notre mobilisation, notre intervention. Beaucoup m’ont précédé à cette tribune pour en parler. Tous considèrent que c’est une tragédie qui frappe la population syrienne. Tous disent qu’il faut trouver une solution. Alors cherchons ensemble cette solution.Mais d’abord mesurons ce qui n’a pas été fait.

Il y a trois ans, j’étais à cette même tribune et je m’adressais à vous. Il y avait déjà 30 000 victimes du drame syrien ; il y en a aujourd’hui 250 000 ; 12.000 enfants sont morts, victimes du régime de Bachar EL-ASSAD car le drame syrien a commencé avec la révolution qui a voulu mettre en cause une dictature, celle de Bachar EL-ASSAD. A ce moment-là, il n’y avait pas de terroristes, il n’y avait pas de groupes fondamentalistes, il y avait une dictature qui massacrait un peuple. Et les réfugiés, ceux dont on parle aujourd’hui, ceux qui sont dans les camps, les déplacés, ils sont huit millions, cette masse de femmes et d’hommes, d’enfants, n’a pas fui simplement une guerre, elle a fui depuis plus de trois ans le régime de Bachar EL-ASSAD et encore aujourd’hui, c’est ce même régime qui déverse des bombes sur des populations civiles innocentes.

Mais ce n’est pas parce qu’il y a un groupe terroriste qui lui-même massacre, tue, viole, détruit y compris des patrimoines essentiels de l’Humanité, qu’il y aurait pour autant une forme de pardon, d’amnistie pour le régime qui a créé cette situation, comme si le fait d’avoir un groupe terroriste qui commet le pire du mal, serait une façon d’avoir une partie du bien. Non. Ils sont tous, ces femmes, ces hommes, ces enfants, victimes de cette tragédie qui est produite par l’alliance du terrorisme et de la dictature. Aucune solution ne pourra être trouvée hors d’un processus politique.

La France du fait de son histoire et également des liens qui l’unissent à cette région du monde entend prendre ses responsabilités. Elle les a prises, encore récemment, y compris par une action armée, une action de force. La France veut travailler avec tous et elle n’écarte aucun pays, les pays voisins qui sont les plus concernés, les pays du Golfe, mais aussi l’Iran, les pays du Conseil de sécurité membres permanents, mais les Européens également. Nous voulons travailler avec tous ceux qui le voudront.

On me parle d’une coalition. Cette large coalition, elle est possible, elle est même souhaitable, elle est nécessaire pour en terminer avec ce qui se passe en Syrie. Mais cette coalition doit avoir une base claire ou alors elle ne verra jamais le jour. Cette base a été donnée à Genève il y a plus de trois ans déjà. Et que disait l’accord de Genève ? Un gouvernement de transition doté de pleins pouvoirs, incluant des membres du gouvernement actuel et de l’opposition, à partir d’un consentement mutuel. Voilà la base ! Utilisons-la, avançons. Par rapport à ce malheur qui frappe, j’en vois qui déploient tous leurs efforts diplomatiques pour incorporer Bachar EL-ASSAD dans ce processus. Mais on ne peut pas faire travailler ensemble les victimes et le bourreau : ASSAD est à l’origine du problème ; il ne peut pas faire partie de la solution.

Nous devons donc mettre un terme aux souffrances du peuple syrien mais nous devons aussi, au-delà de cette transition politique qui doit être recherchée, de cette large coalition qui doit être formée, de cette condition qui doit être posée – un nouveau gouvernement capable d’unir tous ceux qui se sont combattus mais sans le dictateur – nous devons aussi penser à tous ces réfugiés. Jusqu’à présent, ces réfugiés étaient dans les pays voisins mais là aussi, la communauté internationale fermait les yeux : c’était loin. Aujourd’hui, ces réfugiés qui n’en peuvent plus, commencent une longue marche. Je rappelais hier, devant cette Assemblée, que 80% des réfugiés dans le monde – réfugiés à cause des guerres, à cause des conflits, à cause du climat, à cause de la pauvreté – sont au Sud. C’est le Sud qui assure la solidarité du Sud. Ce sont souvent les plus démunis qui accueillent les plus pauvres. Alors, à un moment, les réfugiés se mettent en marche et on ne les arrête plus.

Mais quel GÉNIE diplomatique ce gars…

Si l’on veut éviter ce que l’on a vu, hélas : des drames, des traversées au risque de la vie des passagers, si l’on veut éviter que des passeurs, des criminels utilisent le désarroi pour enrichir encore les caisses du terrorisme, alors, il nous faut agir.

L’Europe a accueilli des réfugiés venant de Syrie, mais aussi d’Irak, d’Erythrée, du Soudan. C’était son devoir parce que l’Europe s’est fondée autour de valeurs, de principes et le droit d’asile fait partie de ce socle commun qui unit tous les pays européens et qui doit continuer de les unir. Ou alors, ce n’est pas l’Europe telle que nous l’avons voulue.

Mais en même temps que l’Europe doit faire son devoir, le monde doit aider les réfugiés. Qu’avons-nous appris ces derniers jours et ces dernières semaines ? Que le Haut-Commissariat aux Réfugiés n’avait plus les moyens d’assurer, faute de crédits, le soutien et l’aide nécessaires aux populations concernées. Qu’avons-nous appris ? Que le Programme alimentaire mondial n’avait pas les moyens d’assurer, là encore, à tous les réfugiés le niveau de subsistance et d’alimentation indispensable. Qu’avons-nous appris ? Que dans certains pays voisins, les réfugiés ne pouvaient pas travailler.

A partir de là, c’était le cycle tel qu’on pouvait l’imaginer. Si l’on veut inverser, si je puis dire, les flux, si l’on veut retenir les réfugiés au plus près de leur pays d’origine, alors, il nous faut doter davantage le HCR, il nous faut aider les pays voisins : le Liban, la Jordanie, la Turquie, mais aussi en Afrique, aider les pays de transit, aider les pays qui évitent la migration. C’est un grand plan qu’il faut faire à cette occasion, puisque c’est le drame qui nous appelle, pour que nous puissions agir et éviter d’autres drames.

La France fait ce qu’elle peut et doit faire ce qu’elle doit. Par rapport au Programme alimentaire mondial, la France a décidé d’augmenter immédiatement de 100 millions d’euros son appui aux agences des Nations unies dans les pays voisins de la Syrie.

Mesdames et Messieurs, je voulais terminer mon propos pour vous dire que la légitimité d’une organisation comme les Nations unies repose sur la crédibilité. S’il n’y a pas de capacité pour l’ONU de régler des conflits qui durent depuis trop longtemps, s’il n’y a pas de capacité pour l’ONU de régler des drames ou d’apaiser la situation de populations civiles, alors, c’est notre impuissance qui nous condamnera. Ce qui m’amène à penser que si nous voulons que notre Organisation, qui fête donc son 70ème anniversaire, puisse avoir un avenir digne de celui que les fondateurs avaient imaginé, nous n’échapperons pas à une réforme des Nations unies.

La France plaide pour l’élargissement du Conseil de sécurité. La France plaide pour une représentation différente au Conseil de sécurité. La France plaide pour que les continents se retrouvent clairement en responsabilité du monde dans le cadre du Conseil de sécurité. La France veut que les membres permanents du Conseil de sécurité ne puissent plus recourir au droit de veto en cas d’atrocités de masse. Comment admettre que l’ONU, encore aujourd’hui, puisse rester paralysée, lorsque le pire se produit ? Là aussi, montrons l’exemple. Je m’engage ici à ce que la France n’utilise jamais son droit de veto lorsqu’il y a des atrocités de masse.

Le droit de veto, tel qu’il avait été introduit lors de la fondation des Nations unies n’était pas le droit de bloquer. C’était le devoir d’agir. Nous devons agir. Nous pouvons agir. Nous l’avons montré depuis 70 ans. Là, aujourd’hui, nous pouvons agir pour régler les drames d’aujourd’hui et sauver la planète demain. Agissons.

Source : ONU 07/10/2015  transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

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N’oublions pas que la France a sa Crimée… (rappel des faits sur Mayotte ici et ici, qui ont entraîné la condamnation de la France par l’ONU à plusieurs reprises)

Comores – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Allocution de S.E. M. Ikililou Dhoinine, Président des Comores, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale de l’ONU

[...] Monsieur le Secrétaire Général,
Dans un monde complètement démuni où chaque nation doit prendre part à la défense de la Sécurité Internationale, comment pouvons-nous, dans un petit pays, comme le mien, participer à ce combat, si en même temps nous devons être sur le front, pour défendre notre dignité bafouée par une puissance, «Membre Permanent du Conseil de Sécurité» de notre Organisation, dont le rôle principal est de veiller au respect des normes de droit international ?
Je dois souligner que l’Union des Comores est le seul pays au monde qui, lors de son accession à l’indépendance, n’a pas eu droit au respect du droit. En effet, contrairement à toutes les anciennes colonies, l’archipel des Comores composé des îles de Mayotte, Anjouan, Mohéli et Grande Comore, et qui fut admis à l’ONU comme État indépendant, Sujet de droit international, est amputé d’une partie de son territoire par l’ancienne puissance coloniale, la France, au mépris de toutes les normes et principes qui régissent les relations internationales.
Rappelez-vous, Mesdames et Messieurs, que contre la volonté du Peuple comorien, la France a opposé son veto et continue à exercer son pouvoir sur notre territoire.
Aujourd’hui, face à ce qui se passe en Europe de l’Est, on se demande quel sens donne l’Union Européenne au respect du droit international, en acceptant l’île comorienne de Mayotte comme Région Ultrapériphérique Européenne, au mépris des résolutions pertinentes de l’Union Africaine, de la Ligue des Etats Arabes, de l’Organisation de la Coopération Islamique et du Mouvement des Non-Alignés ?
Mesdames et Messieurs,
Lors de nos précédentes sessions, j’ai informé cette auguste Assemblée, qu’avec le Président François Hollande à Paris, nous avons signé une Déclaration Politique qui nous permet d’espérer qu’au niveau bilatéral nous trouvions une solution qui rende aux Comoriens leur dignité. Malheureusement, à ce jour, la partie française refuse d’admettre à ce que tous les Comoriens, quelle que soit l’île dont ils sont originaires, puissent circuler librement chez eux.
Des familles séparées, des enfants mineurs abandonnés, des déplacements des populations dans des embarcations de fortune, comme ce qui se passe exactement en mer méditerranéenne, font que je vous exhorte, Monsieur le Secrétaire Général, à exiger l’application du droit international comme la France le réclame, à juste titre, et à chaque fois que les normes qui régissent la vie internationale sont transgressées.
Certes le Haut Conseil Paritaire institué entre la France et les Comores a pour objectif principal de faciliter le dialogue bilatéral et recréer cette confiance qui avait disparu entre les deux pays.
Cependant, force est de constater que la mission principale qui lui est assigné, celle de faciliter la circulation des biens et des personnes, n’a toujours pas été accomplie.
Ainsi, en continuant de faire fi du droit international sur la question de l’île comorienne de Mayotte, la France ne permet pas d’enregistrer les avancées escomptées, dans ce dialogue engagé entre les deux parties.
C’est pourquoi, du haut de cette tribune, je lance à nouveau un appel aux autorités françaises pour qu’ensemble nous trouvions les moyens de mettre fin aux drames humains qui endeuillent chaque jour des familles comoriennes.
Je m’adresse aussi à la Communauté des Nations que Vous êtes, pour que vous fassiez appliquer le droit international afin que soit trouvé un règlement définitif à ce différend. [...]
Mesdames et Messieurs,
A l’heure où mon pays s’apprête à amorcer, après quarante ans d’indépendance, la deuxième phase de son histoire, je reste confiant que le prochain Président des Comores pourra dire du haut de cette tribune des pays libres :
« L’Unité et l’intégrité territoriales de mon pays, les Comores, dans ses frontières héritées de la colonisation, sont désormais acquises ! »
Je reste également confiant que mon successeur pourra dire, du haut de cette tribune des pays libres:
«Je remercie l’Organisation des Nations Unies pour avoir agi activement à la réalisation de ses principaux objectifs inscrits dans notre Charte commune».
Je reste enfin confiant qu’un Président Comorien pourra dire à ses compatriotes des quatre îles
«L’heure est venue pour nous tous, de nous atteler ensemble à l’édification de notre pays, libre, ouvert et prospère, confiant en son avenir et en son destin de peuple.»
Source : ONU 07/10/2015  transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

Source: http://www.les-crises.fr/70e-ag-onu-france/


[70e AG ONU] Allemagne : “Les fondements des Nations Unies sont toujours forts mais l’ordre mondial qui s’est construit dessus n’y est plus amarré solidement. “,

Tuesday 13 October 2015 at 01:50

Allocution de S.E. M. Frank-Walter Steinmeier, Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale

Monsieur le Président, Excellence, Mesdames et Messieurs, mes chers collègues,

Il y a soixante-dix ans, la lumière revenait dans la nuit du XXème Siècle avec la création des Nations Unies, cela a été un moment clef dans le monde. Mais cela ne s’est pas passé dans un paysage où le soleil éblouissant se levait sur de verts pâturages. Cela s’est fait sur les ruines de la deuxième Guerre Mondiale, sur plus de cinquante millions de tombes, alors que l’hiver de la Guerre Froide jetait son souffle glacé. C’est à ce moment-là que les mères et pères des Nations Unies ont forgé les fondations du nouvel ordre. Un ordre qui n’est pas parfait, mais qui a assez souvent protégé d’une récidive, et de retomber dans la vieille barbarie.

Aujourd’hui, soixante-dix ans après, il est clair que nous vivons en période de turbulences. Des millions de personnes sont durement touchées par la guerre et la violence, plus de soixante millions de personnes ont fui leur maison, plus qu’on n’en a jamais connu depuis la fin de la deuxième Guerre Mondiale.

Les fondements des Nations Unies sont toujours forts mais l’ordre mondial qui s’est construit dessus n’y est plus amarré solidement.

L’ancien équilibre du pouvoir est remis en question. De nouveaux acteurs très importants apparaissent sur la scène mondiale, et surtout, ce sont de plus en plus des acteurs non étatiques qui se rendent responsables de la guerre et de la violence ; une guerre et une violence qui ne connaissent aucune règle, pas même les normes minimum qui sont celles du Droit International de la Guerre.

Nous devons de tout urgence créer des contreforts et des piliers de façon à ce que l’ordre qui s’appuie sur les Nations Unies puissent essuyer les tempêtes de notre époque. Quelles formes doivent revêtir ces nouveaux piliers ? A quoi ressemblera l’ordre du monde de demain ? Je ne pense pas qu’il existe une réponse théorique à cette question. La seule réponse est une réponse pratique. Tout comme la charte des Nations Unies a été adoptée pour répondre de façon audacieuse à la guerre et aux souffrances, aujourd’hui, nous devons construire de nouveaux piliers si nous voulons que les états assument leurs responsabilités et, ensemble, recherchent des réponses concrètes aux crises d’aujourd’hui : celles de la pauvreté du sous-développement, des réfugiés de la migration, de la dévastation de la guerre civile en Syrie, et des états faillis sur tout l’arc des crises, l’arc qui va de la Libye à l’Afghanistan, l’extrémisme religieux, le terrorisme et les atrocités commises par ceux qui se sont baptisés « Etat Islamique ».

Toutefois, Mesdames et Messieurs, il existe une différence fondamentale entre maintenant et la situation qui prévalait il y a soixante-dix ans : le monde d’aujourd’hui n’a jamais été aussi interconnecté. Les frontières deviennent floues. A l’ère de la mondialisation, on entend dire ici et là que le monde est un village.

Mes chers collègues, si tel est le cas, alors nous sommes tous voisins, auquel cas je voudrais nous conseiller d’agir comme des bons voisins. Nos horizons sont très différents, nos traditions religieuses, nos valeurs et nos visions du monde sont différentes. Cette diversité, il faut la respecter. Il n’y a aucune vision du monde qui vaut mieux que les autres. Mais je ne connais aucune culture dont les peuples ne sachent pas ce que veut dire être un bon voisin, où les gens n’apprécient pas de vivre en bons voisins. Personne n’investit [autant] d’espoir dans ces relations de bon voisinage à l’heure actuelle que les millions de femmes, d’enfants et d’hommes qui ont fui leur foyer.

Mon pays a assumé ses responsabilités ses derniers mois. Depuis le début de l’année, nous avons accueilli six cent mille réfugiés. Actuellement, il y en a dix mille qui arrivent chaque jour. Ces chiffres montrent bien que même nous, nous ne pouvons pas être tous seuls à la hauteur de la tâche sur le long terme et nous avons besoin d’une solution européenne. Une solution en outre qui exploite la coopération étroite avec nos voisins autour de la Méditerranée, surtout la Turquie. Deuxièmement, les agences d’aides des Nations Unies, le HCR, le programme alimentaire mondial, (inaudible à 5’32), tous aident ceux qui sont dans le besoin, sur place sans intermédiaire, et il est scandaleux que ces organisations soient tellement sous financées qu’elles aient dû réduire leurs rations alimentaires et médicales.

J’ai donc rencontrés les organisations du G7 et les autres partenaires avant-hier et j’ai le plaisir de vous annoncer que ensemble, nous avons réussi à collecter 1,8 milliards de dollars supplémentaires, dont plus de deux cent millions ont été offerts par l’Allemagne aux agences d’aide aux nations Unies. Cela devrait également soulager la charge pour les pays voisins vers lesquels s’acheminent l’écrasante majorité des réfugiés. Je pense plus particulièrement à la Turquie, au Liban et à la Jordanie. Eux aussi ont besoin de notre aide de façon à ce qu’un exode n’en déclenche pas un autre.

Mais les relations de bon voisinage, ce n’est pas juste, Monsieur le Président, l’humanité et la compassion. Cela présuppose que nous nous entendions sur des règles communes, auxquelles nous nous obligeons à obéir. Cela comprend le respect des frontières mutuelles et de la souveraineté des autres. Cette norme fondamentale est toujours violée, même en Europe.

En tant qu’Union Européenne, nous avons condamné à l’unanimité l’annexion de la Crimée par la Russie ainsi que les opérations dans l’est de l’Ukraine. Et nous avons répondu, et pas seulement en condamnant et en isolant, mais en lançant également un processus politique pour atténuer le conflit. L’OSCE a joué un rôle indispensable dès le départ dans ce processus.

Nous souhaitons renforcer l’OSCE en tant qu’institution de la sécurité commune lorsque l’année prochaine, l’Allemagne va en assumer la présidence.

Et Monsieur le Président, cela aussi, cet acte de responsabilité politique active fait partie des relations de bon voisinage. Un quartier dans lequel personne ne regarde au-delà du portail de son jardin ne vaut pas la peine qu’on y vive, ou ce ne sera pas vivable pendant longtemps. Il faut que les gens regardent car il y a beaucoup de conflits qui ne peuvent être résolus que ensemble par la diplomatie multilatérale. Il faut pour cela du temps et de la persévérance, mais cela marche.

L’été dernier, les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité plus l’Allemagne ont conclu un accord avec l’Iran. Après plus de dix années de négociation, non seulement nous avons réussi à une situation où l’Iran ne sera jamais dotée d’une bombe atomique, quelque chose que nous pourrons vérifier, mais les négociations ont également amené à la table des négociations notamment la Russie et les Etats-Unis. Ces négociations ont donc fait la preuve que des voisins peuvent ne pas s’aimer, mais peuvent quand même trouver des solutions. Ils doivent le faire sinon, il devient insupportable pour les deux de vivre côte à côte.

Cet accord, donc, a créé un terrain commun sur lequel il sera possible de bâtir la sécurité au Moyen Orient, et cela sera possible si nous continuons d’y œuvrer.

Toutefois, Monsieur le Président, les réalités sont légèrement différentes. En Syrie, le carnage semble ne pas connaître de fin et nous n’y mettrons un terme que si nous agissons ensemble. Nous devons mettre un terme à la brutalité de la dictature d’Assad, on l’a vu avec l’utilisation qu’il a faite des barils explosifs et de la torture. Nous devons casser le contrôle de l’Etat Islamique et nous devons faire taire les armes en Syrie et enfin permettre l’accès humanitaire aux populations qui y vivent.

Mais nous avons également des objectifs communs, celui de préserver l’intégrité territoriale de la Syrie, de ramener des conditions permettant à tous les groupes ethniques et religieux de vivre en paix les uns avec les autres et avec les pays qui sont leurs voisins. Voilà des objectifs dans lesquels croient tous les acteurs, quelles que soient les différences entre les Etats-Unis et la Russie, entre l’Arabie Saoudite et l’Iran, etc. et autres acteurs de la région.

Nous disposons d’ores et déjà d’une base commune d’actions pour atteindre ces objectifs, ici même, à l’ONU. J’ai nommé la résolution 21-39 du Conseil de Sécurité. Nous devons maintenant l’appliquer ensemble et avec toutes les parties prenantes pour atténuer ce conflit.

J’en appelle aux parties prenantes en Syrie, dans les pays voisins de la Syrie, mais pas seulement. Nous avons des décisions qui ont été prises unilatéralement par la Russie récemment qui a engagé des opérations militaires en Syrie, mais maintenant, nous avons besoin que la Russie prenne des mesures politiques et promeuve une transition en Syrie. Cela contribuerait d’une façon importante de sortir de l’impasse, une impasse qui est meurtrière puisque chaque jour, des gens perdent la vie.

C’est amusant, il y a un génocide au Congo, et tout le monde s’en moque à l’évidence… L’Occident vit désormais au rythme de la Syrie.

Au risque de me répéter, je voudrais souligner que, s’agissant d’une catastrophe humanitaire de l’ampleur de celle de la Syrie, nous sommes tous voisins. C’est ce que nous devons toujours rappeler à nous, et c’est ce qui doit sortir de nos démarches diplomatiques. Il n’y aura pas de solution militaire. Aucune soi-disant vérité éternelle, ou soi-disant intérêts nationaux ne doivent faire obstruction et entrave à l’effort de faire le premier pas pour atténuer le conflit en Syrie.

En ces périodes troublées, mes chers collègues, l’idée de bonnes relations de voisinage dans le monde ne serait qu’un rêve s’il n’y avait pas un toit sous lequel, pendant des décennies, nous avons pratiqué les relations de bon voisinage. Aujourd’hui, nous avons plus besoin que jamais de l’Organisation des Nations Unies. Nous avons besoin qu’elle soit légitime et réactive. C’est la raison pour laquelle l’Allemagne fait campagne pour la réforme de l’organisation et du Conseil de Sécurité. C’est la raison pour laquelle nous travaillons avec d’autres à de grands projets mondiaux. Nous avons travaillé aux objectifs du développement durable très ambitieux contenu dans le programme à l’horizon 2030 qui vient d’être adopté et nous avons également travaillé à un objectif encore plus ambitieux, celui de la lutte contre les changements climatiques, que nous espérons bien adopter ensemble à Paris au mois de décembre.

L’ONU est un cadre, un toit qui abrite nos efforts mondiaux, mais il y a bien des niveaux selon lesquels le travail doit se faire. Nous, Allemands, nous pensons que nous devons avancer dans la coopération régionale au sein de l’Union Européenne et de l’OSCE et en coopération avec d’autres organisations régionales, par exemple, la (inaudible 13’20) de l’Union Africaine et d’autres. Deuxièmement, nous souhaitons rétablir et stabiliser les structures de l’Etat sur l’arc des crises qui va de la Libye à l’Afghanistan en passant par l’Irak et troisièmement, et surtout que nous présidons le Conseil des Droits de l’Homme, nous nous faisons les champions des Droits de l’Homme car aucun ordre politique ne peut durer si les droits ne sont pas assurés.

Pour conclure, mes chers collègues, Monsieur le Président, je voudrais revenir à la création des Nations Unies il y a soixante-dix ans. Ce fut un moment magnifique, certes, mais il doit également nous inspirer l’humilité, à moi en tant qu’Allemand, car la charte des Nations Unies, partiellement, était la réaction de l’humanité à la guerre, à l’inhumanité qui était partie de mon pays. Tout au long des sept décennies qui se sont écoulées depuis, fort heureusement l’Allemagne, progressivement, est sortie de cette situation et petit à petit est rentrée dans le cœur des nations, et nous en sommes reconnaissants, nous, Allemands. Mais nous sommes conscients de la responsabilité que cela implique pour nous. Lorsque Willy Brandt en 1969 est devenu chancelier fédéral de l’Allemagne, il a dit : « Nous, Allemands, nous voulons être un peuple de bons voisins ». A cette époque, l’Allemagne était encore divisée, et ces paroles avaient été conçues comme un geste de réconciliation à l’attention de la Pologne, de la France et des autres voisins européens qui avaient tant souffert du fait des Allemands.

Aujourd’hui, Mesdames et Monsieur, lorsqu’une famille syrienne à Berlin me décrit ce qu’elle a vécu, la guerre, l’expulsion, ces paroles de Willy Brandt revêtent une nouvelle signification. Aujourd’hui le monde est plus petit mais les crises ne sont pas moins nombreuses et le moment est venu pour nous de redire encore une fois que nous, Allemands, nous voulons être un peuple de bons voisins pour ceux qui sont proches et lointains.

Je vous remercie.

Source : ONU 07/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

Source: http://www.les-crises.fr/70e-ag-onu-allemagne/


Revue de presse internationale Septembre 2015

Tuesday 13 October 2015 at 00:01

A noter dans cette revue, plusieurs articles en traduction grâce à Hervé. Merci à lui ainsi qu’à Alexis pour cette revue. Bonne lecture.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-internationale-septembre-2015/


[70e AG ONU] SG ONU : “Notre objectif ne doit pas être de garder les gens en vie mais bien de leur donner une vie décente”

Monday 12 October 2015 at 03:29

Nous entamons cette semaine une série sur les discours lors de la 70e Assemblée générale de l’ONU.

Nous avons pensé qu’il serait intéressant de diffuser la vision des chefs d’État des plus grands pays, afin d’avoir une vision du monde non tronquée par le filtre de nos médias.

Afin d’avoir la vision la plus exhaustive possible, nous n’avons pas fait de sélection. Certains discours sont ainsi très éloquents, d’autres parfois un peu creux -ainsi va le monde…

Vous constaterez la nette différence entre les discours des chefs d’État occidentaux (toujours prêt à expliquer comment doit être gouverné tel autre pays) et les autres (qui respectent les souverainetés)…

Nous commençons par le Secrétaire général de l’ONU, qui a ouvert les travaux.

Intervention Ban Ki-moon, ONU, 28 septembre 2015

Nous avons entamé cette 70éme session de l’Assemblée générale par un succès retentissant, l’adoption du programme de développement à l’horizon 2030, y compris 17 objectifs qui vont nous inspirer, les Objectifs du Développement Durable : ODD.
Notre but est clair, notre mission est possible et notre objectif ultime est à notre portée. Il s’agit de mettre fin à la pauvreté extrême d’ici 2030 et d’assurer une vie dans la paix et la dignité pour tous. Ce qui importe à présent, c’est de transformer ces promesses qui existent sur papier en véritable changement sur le terrain.

C’est cela notre devoir et bien plus encore envers les plus vulnérables, les opprimés, les déplacés et tous les laissés pour compte de notre temps. C’est là notre devoir envers un monde dans lequel l’inégalité va croissant, un monde dans lequel la confiance s’érode et le mécontentement envers les autorités se fait sentir de toutes parts. C’est cela notre devoir envers les générations futures, comme le dit la Charte en ces mots mémorables. En cette année, alors que nous célébrons le 70éme anniversaire des Nations Unies, nous devons répondre à cet appel lancé par la Charte. Nous devons entendre les voix de ce qui sont « nous, les peuples ». C’est comme cela que nous pourrons surmonter les réalités sombres de notre présent, c’est comme cela que nous pourrons saisir la chance incroyable que nous offre cette ère.

Les objectifs du millénaire pour le développement Durable ont permis de sortir des centaines de millions de gens de la pauvreté. Nous sommes prêts à poursuivre dans cette voie et à aller plus loin, beaucoup plus loin. Il ne s’agit pas simplement d’ajouter de nouveaux objectifs mais de se donner un plan dont les objectifs se combinent intimement avec les Droits de l’Homme, l’Etat de droit et l’autonomisation des femmes, éléments essentiels d’un ensemble intégré. Les objectifs mondiaux sont universels. Vous dirigeants du monde vous êtes engagés à aller de l’avant sans faire de laissés pour compte et à aider en priorité ceux qui en ont le plus besoin. La dynamique enclenchée peut nous servir à conclure un accord propice sur le changement climatique en décembre à Paris. On voit poindre des changements considérables visant à réduire les émissions nocives de gaz à effet de serre. J’ai visité de grandes installations solaires, reflet d’un nouvel avenir énergétique. L’action climatique a le vent en poupe. Cela étant, il est clair que les objectifs nationaux présentés par les Etats membres ne suffiront pas. Le choix qui s’offre à nous est le suivant : revoir nos ambitions à la hausse ou, en ce qui concerne le réchauffement climatique, risquer de dépasser le seuil de 8° que les scientifiques nous disent de ne pas franchir. Nous n’atteindrons les objectifs de développement durable qu’en nous organisant mieux. Faisons tomber les murs, soyons critiques, engageons les ministères et les autres institutions à cesser de poursuivre des objectifs contradictoires. Ne restons pas chacun dans notre coin mais unissons nos forces pour un bon usage de l’information dont nous disposons, planifions à long terme et ayons la volonté de faire les choses autrement.

Le financement sera un test décisif. Je me félicite du programme d’action d’Addis Abeba qui a été adopté et de l’engagement renouvelé pris par les pays développés d’investir 0,7% du produit national brut dans l’aide publique au développement. L’aide fonctionne mais trop peu de pays ont atteint cet objectif. Et je voudrais rendre hommage aux pays qui ont atteint cet objectif et exhorter les autres à suivre cet exemple.

Le financement en faveur du climat sera crucial également. J’exhorte les pays développés à atteindre l’objectif convenu de 100 milliards de dollars d’ici 2020, pour faire en sorte que le fonds d’aide pour le climat soit fonctionnel. Le monde continue de dépenser des milliards en dépenses militaires inutiles. Pourquoi est-il plus simple de trouver de l’argent pour détruire les peuples et la planète que pour les protéger ? Les générations futures dépendent de nous, attendent que nous rectifiions nos priorités.

Les souffrances aujourd’hui ont atteint des sommets auxquels on n’avait pas assisté depuis des générations. 100 millions de personnes ont besoin aujourd’hui d’aide humanitaire et au moins 60 millions de personnes ont été forcées de fuir leur foyer, de fuir leur pays. Les Nations Unies ont lancé un appel pour récolter près de 20 milliards de dollars pour répondre aux besoins cette année, c’est-à-dire six fois plus que les montants d’il y a 10 ans. Les institutions humanitaires onusiennes et nos partenaires travaillent dans des conditions extrêmement difficiles pour atteindre les personnes qui en ont besoin. Les Etats membres ont déjà été généreux mais les demandes croissantes se multiplient plus vite que les annonces de financement. Le sommet humanitaire mondial de 2016 sera un moment clef pour réaffirmer notre solidarité et déterminer comment nous pouvons au mieux bâtir la résilience des communautés et remédier aux situations d’urgence. Le système humanitaire mondial n’est pas défectueux mais il est à court de ressources nous ne recevons pas suffisamment de moyens pour sauver des vies. Nous avons récolté à peu près la moitié de ce dont nous avons besoin pour aider les peuples d’Irak, du Soudan du Sud et du Yémen. Et nous n’avons récolté qu’un tiers de ce dont nous avons besoin pour la Syrie. Notre plan d’action pour l’Ukraine n’est financé qu’à 39% et l’appel lancé pour la Gambie, pays dans lequel un enfant sur quatre souffre de retard de croissance, cet appel n’a reçu aucune réponse.

Des chiffres aussi bas signifient que la souffrance atteint de nouveaux sommets. Les peuples ont besoin d’aide d’urgence mais ce dont ils ont encore plus besoin ce sont de solutions durables.

Ces populations sont contentes d’avoir un abri mais elles méritent à leur tour de rentrer chez elles. Notre objectif ne doit pas être de garder les gens en vie mais bien de leur donner une véritable vie, une vie décente. Le Liban, la Jordanie et la Turquie accueillent avec grande générosité des millions de réfugiés syriens et irakiens. Les pays du monde en développement continuent d’accueillir de grands nombres de réfugiés alors qu’eux-mêmes ont des moyens limités. Les individus se déplacent à une échelle jamais vue auparavant dans les Amériques, le Sahel, dans les mers de Méditerranée. Autant de flux et de mouvements qui suscitent des problèmes complexes et déchaînent les passions.

Certains critères doivent nous guider dans notre réaction face à cette situation: le Droit international, les Droits de l’homme et la compassion tout simplement. Chaque pays doit faire davantage pour endosser ces responsabilités. Je souhaiterais faire l’éloge de ceux en Europe qui ont respecté les valeurs de l’Union et ont accordé asile à ces personnes. Dans le même temps j’exhorte l’Europe à en faire davantage. Après la Seconde Guerre mondiale c’étaient les Européens qui avaient besoin de l’assistance du monde. Après demain, le 30 septembre, j’organiserai une réunion de haut niveau afin de promouvoir une stratégie globale afin de réagir à la crise des réfugiés et des migrants. Nous devons lutter contre les trafiquants et remédier aux pressions auxquelles sont confrontés les pays de destination. Nous devons lutter également contre la discrimination. Au XXI° siècle, il ne s’agit pas de bâtir des barrières ou des murs ; avant tout nous devons nous pencher sur les causes profondes du problème dans les pays d’origine.

Les Syriens fuient leur pays, leur foyer à cause de l’oppression, de l’extrémisme, de la destruction, de la peur. Quatre années de paralysie diplomatique au sein du Conseil de sécurité et en d’autres endroits ont rendu cette crise incontrôlable. La responsabilité de mettre fin à ce conflit incombe au premier chef aux parties syriennes. En effet ce sont elles qui ont réduit leur pays à un tas de ruines mais il ne suffit pas de chercher des solutions à l’intérieur de la Syrie.

En effet cette lutte est également alimentée par les puissances régionales et rivalités régionales. Les armes, l’argent qui affluent dans ce pays ne font qu’alimenter la violence. Mon envoyé spécial fait tout ce qui est en son pouvoir pour atteindre un règlement pacifique. Il est à présent temps pour les autres, au premier chef le Conseil de sécurité et les acteurs régionaux clef d’en faire de même. Cinq pays, cinq pays plus particulièrement jouent un rôle clef dans ce règlement : la Fédération de Russie, les Etats-Unis, l’Arabie saoudite, l’Iran, la Turquie. Mais tant que l’un n’acceptera pas de compromis avec les autres, il sera inutile de s’attendre à quelque changement que ce soit sur le terrain. Or, les Syriens innocents paient le prix du terrorisme et des barils d’explosifs.

Et l’on ne peut permettre l’impunité en cas de crimes horribles notre engagement envers la justice doit nous pousser à renvoyer la situation devant la Cour d’Appel internationale.

Au Yémen, 21 millions de personnes c’est-à-dire 80% de la population a besoin d’aide humanitaire. Or toutes les parties foulent au pied la vie humaine et la plupart des victimes résultent des frappes aériennes. Je demande qu’on mette fin à ces bombardements ; des bombardements qui détruisent également des villes yéménites, les infrastructures et le patrimoine du pays.

En cet instant également les guerres des autres menées par procuration alimentent les combats et j’exhorte donc encore une fois toutes les parties à revenir à la table des négociations pour discuter en toute bonne foi et résoudre cette crise par le dialogue grâce à mon envoyé spécial. Que ce soit clair, il ne peut y avoir de solution militaire à ce conflit.

Nous devons également mettre en garde contre le dérapage dangereux dans le processus de paix au Moyen-orient. Les activités de peuplement se poursuivent, les actes d’incitation et de provocation se multiplient. Il est donc essentiel pour les Israéliens et les Palestiniens de reprendre la communication et il est essentiel pour la communauté internationale de faire pression sur les parties pour les amener à communiquer. Le monde ne peut plus attendre que les dirigeants se décident à choisir la voie de la paix.

Daesh, Boko Haram et al Shabad restent des menaces de grande ampleur surtout pour les femmes et les filles qui sont prises pour cibles systématiquement. Le monde doit unir ses efforts contre la brutalité sans bornes de ces groupes. Nous devons également lutter contre l’exclusion et le désespoir qui apportent de l’eau au moulin des extrémistes. En outre, les Etats ne peuvent jamais violer les droits de l’Homme dans la lutte contre le terrorisme. De telles exactions ne font qu’alimenter le cercle vicieux.

Au début de l’année prochaine, je présenterai à l’Assemblée générale un plan d’action global sur la façon dont nous pouvons lutter contre l’extrémisme violent et le terrorisme.

Je me félicite de l’accord historique atteint entre la République islamique d’Iran et les pays les cinq plus un. Le dialogue et la diplomatie patiente ont porté leurs fruits. J’espère que cet esprit de solidarité entre les membres permanents du Conseil de sécurité pourra se manifester également dans d’autres situations épineuses, telles que le conflit en Syrie, au Yémen ou en Ukraine.

Nous devons bâtir sur les accords récents atteints en Soudan du Sud.

Nous devons parachever les accords en Libye et épargner à ces pays davantage de souffrances.
Le moment est venu d’entamer un dialogue renouvelé afin de également remédier aux tensions sur la péninsule coréenne. J’appelle tous les partis à s’abstenir de toute action qui risquerait d’accroître la méfiance. Je les encourage, à l’inverse, à promouvoir la réconciliation et à œuvrer en faveur de la dénucléarisation de la péninsule. Je suis prêt à appuyer cette coopération intercoréenne et nous devons également accélérer nos travaux en faveur du bien-être de la population de la République populaire de Corée.

Je suis vivement préoccupé par les restrictions croissantes imposées à la liberté des médias et à la société civile à travers le monde. Ce n’est pas un crime lorsque les journalistes, les militants des Droits de l’Homme ou d’autres jouissent de leurs droits de base. Nous devons préserver cette marge de manœuvre pour la société civile et la presse afin qu’ils puissent faire leur travail vital sans crainte de représailles ou d’emprisonnement.

En trop d’endroits on voit une menace poindre, celle de faire un bond en arrière par rapport à la démocratie alors que des dirigeants s’efforcent de rester en poste au-delà de leur limite de mandats. Nous voyons des pétitions, des manifestations organisées par la volonté spontanée du peuple. J’exhorte donc les dirigeants du monde à respecter la limite constitutionnelle de leur mandat.

Prises ensemble, ces crises nous ont fait atteindre les limites des outils légaux dont nous disposons pour la résolution des conflits et des réponses que nous donnons aux crises humanitaires. Un peu plus tôt ce mois-ci, j’ai exposé ma vision pour renforcer les opérations de paix des Nations Unies en m’appuyant sur les recommandations du Groupe indépendant.

Nos opérations de maintien de la paix et missions politiques ont besoin de capacités accrues et d’objectifs politiques clairs. Ce qu’il nous faut, c’est un engagement renouvelé en faveur de la prévention, des partenariats régionaux plus forts et un soutien plus déterminé à la consolidation de la paix.

Il faut aussi mettre en avant le potentiel des femmes dans la promotion de la paix telle que l’envisage la Résolution 1325 du Conseil de sécurité. J’espère que l’Assemblée générale réagira promptement témoignant ainsi de son engagement fort dans ce sens. Les gens aujourd’hui, ainsi que les générations qui leur succèderont ont besoin que nous fassions tout ce qui est en notre possible pour saisir cette occasion et accomplir des progrès « compréhensifs ».

Les Nations Unies ont émergé des débris d’un monde morcelé pour apporter l’espoir, l’espoir que, par notre action collective, nous pourrions éviter une autre catastrophe mondiale.

Au cours de ces 70 dernières années nous avons aidé à libérer des millions de personnes du colonialisme ; nous avons contribué à la lutte réussie contre l’Apartheid. Nous avons également éradiqué des maladies mortelles, défendu les Droits de l’Homme, consolidé les cas de droit. Nous avons fait cela et bien plus, cependant c’est loin d’être suffisant.

Nous traversons une ère de dures épreuves mais également une ère qui nous offre beaucoup de chances à saisir. Nous sommes plus connectés aujourd’hui que jamais auparavant, nous sommes mieux informés que jamais auparavant, nous avons de meilleurs outils que jamais auparavant.

Les recettes d’un changement positif sont connues. Nous avons entre les mains les ingrédients du succès.

Nous continuons également à réformer l’Organisation même si savons que nous devons en faire davantage aussi bien au niveau administratif qu’au niveau politique.

Nous pouvons tirer notre force de l’autonomisation des femmes mais nous devons encore intensifier nos efforts afin d’assurer la parité, assurer une planète 50-50.

Les jeunes du monde m’inspirent. Ils représentent la moitié de la population mondiale et nous devons faire entendre leur voix davantage dans la prise de décision à travers le monde.

Je suis impressionné de la manière dont nous pouvons tous ensemble unir nos efforts pour une cause vitale tel que le programme d’action à l’horizon 2030.

Il y a un an, alors que nous nous rassemblions pour le débat général, la crise d’épidémie Ebola, en Afrique de l’ouest, faisait des victimes au quotidien. Les familles en étaient dévastées, la crainte s’en faisait sentir et les prévisions étaient effrayantes pour les mois à suivre. Aujourd’hui, grâce aux efforts collectifs de toutes les communautés et des gouvernements du monde, les cas d’Ebola ont considérablement diminués. L’épidémie n’est pas terminée, nous devons rester vigilants mais nos efforts fonctionnent et les enseignements que nous devons en tirer présagent un avenir plus sûr pour tous.

Lorsque nous oeuvrons de concert, il n’y a pas de limites à ce que nous pouvons réaliser.

Il y a trois jours, des jeunes venant de nombreuses nations se sont rassemblés ici sur le balcon de ces salles et ils ont demandé une chose avant tout : du changement, du changement.

Il n’est rien que nous puissions dire aux enfants du monde qui les persuaderait que le monde doit rester tel qu’il est aujourd’hui. Cela signifie que nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour combler le fossé entre le monde tel qu’il est aujourd’hui et le monde tel qu’il devrait être demain.

Voilà quelle est la mission des Nations Unies.

Oeuvrons ensemble pour faire de ce monde un monde meilleur pour tous , un monde dans lequel tout un chacun vivra dans la prospérité et la dignité.

Je vous remercie.

Source : ONU 28/09/2015  transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

Source: http://www.les-crises.fr/70e-ag-onu-sg-onu/


[70e AG ONU] États-Unis : “Le scepticisme croissant au sujet de l’ordre international se retrouve également dans les démocraties les plus avancées”

Monday 12 October 2015 at 01:20

États-Unis d’Amérique – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU

Au nom de l’Assemblée générale, j’ai l’honneur de souhaiter la bienvenue à Monsieur Barack Obama, Président des Etats-Unis d’Amérique. Je l’invite à prendre la parole devant l’assemblée.

 

Monsieur le Président,

Monsieur le Secrétaire général,

Mesdames et Messieurs les Représentants,

Mesdames et Messieurs,

Il y a soixante-dix ans depuis la création de l’ONU. Soixante-dix années plus tard, cela vaut la peine de réfléchir à ce que les membres de l’ONU ont aidé à réaliser.

Après les cendres et les décombres de la Seconde Guerre mondiale, ayant vu le pouvoir incroyable de l’ère atomique, les Etats-Unis d’Amérique ont travaillé avec de nombreuses Nations, ici représentées, pour prévenir une troisième guerre mondiale : en forgeant des alliances avec d’anciens adversaires, en appuyant l’apparition régulière de démocraties solides, responsables envers les populations, au lieu de responsables envers une puissance étrangère et en construisant un système international qui s’oppose à ceux qui préfèrent le conflit plutôt que la coopération, un ordre qui reconnaît la dignité et la valeur égale de tous les peuples. Voilà l’œuvre de cette décennie. C’est l’idéal que défend cet organe-ci quand il agit au mieux.

Bien sûr trop souvent, collectivement, nous avons été en-deçà de ces idéaux au cours de ces 70 années de terribles conflits qui ont fait d’innombrables victimes. Mais nous avons continué d’avancer lentement, régulièrement, pour instaurer un système de règles et de normes internationales qui soit meilleur, plus solide, plus cohérent.

C’est cet ordre international qui a permis des avancées sans équivalent dans la liberté et la prospérité humaine. C’est cette entreprise collective qui a permis la coopération diplomatique entre les grandes puissances du monde et cela a renforcé une économie mondiale qui a fait sortir un milliard de personnes de la pauvreté. Ce sont ces principes internationaux qui ont aidé à empêcher que les grands pays imposent leur volonté à des pays plus petits. Cela a permis l’apparition de la démocratie et du développement des libertés individuelles sur tous les continents. Ces progrès sont bien réels ! On peut calculer le nombre de vies sauvées, le nombre d’accords conclus, les maladies vaincues et les personnes nourries.

Et pourtant nous nous réunissons aujourd’hui en sachant que les progrès de l’humanité ne suivent jamais une ligne droite. Notre travail reste inachevé. Des courants dangereux risquent de nous faire retomber dans un monde plus désordonné et plus sombre. Aujourd’hui nous voyons l’effondrement d’Etats fragiles, ce qui suscite des conflits. Et des hommes, des femmes et des enfants innocents doivent traverser des frontières en nombre inouï ! Des réseaux brutaux de terreur ont rempli ce vide. Les technologies qui autonomisent les personnes sont maintenant exploitées par ceux qui répandent de fausses informations ou qui favorisent la radicalisation des jeunes ou les dissensions. Les flux mondiaux de capitaux ont permis la croissance et l’investissement mais ont aussi augmenté les risques de contagion. Cela a affaibli le pouvoir de négociation des travailleurs et cela a accéléré les inégalités.

Comment pouvons-nous réagir face à ces menaces ? Certains affirment que les idéaux consacrés dans la charte des Nations Unies ne sont pas réalisables ou sont dépassés : le patrimoine d’une époque d’après-guerre qui était adapté aux besoins de l’époque. En fait, ces personnes demandent un retour aux règles qui se sont appliquées pendant la plus grande partie de la vie de l’humanité et qui sont antérieures à l’ONU : la conviction que le pouvoir est un jeu à sommes nulles, que c’est le droit du plus fort, que les Etats forts doivent imposer leur volonté aux Etats plus faibles, qu’on peut faire abstraction du droit des personne et qu’à une époque de changement rapide l’ordre doit être imposé par la force. Sur cette base nous voyons de grandes puissances contrevenir au droit international en affirmant leur puissance. Nous voyons une érosion des principes démocratiques, des droits de l’homme qui sont pourtant fondamentaux pour la mission de l’ONU. Les informations sont contrôlées strictement, l’espace de la société civile est restreint et on nous dit que de tels reculs sont nécessaires pour l’emporter sur le désordre, que c’est la seule façon d‘éliminer le terrorisme ou d‘empêcher les ingérences étrangères.

D’après cette logique, on devrait appuyer des tyrans comme Bachar el-Assad qui laissent des barils d’explosifs pour tuer des enfants innocents car l’autre variante est sûrement pire. Le scepticisme croissant au sujet de l’ordre international se retrouve également dans les démocraties les plus avancées. Nous voyons une plus grande polarisation, des impasses plus fréquentes, des mouvements à l’extrême-droite et parfois à l’extrême-gauche qui insistent pour faire cesser le commerce, qui renforcent nos liens avec d’autres nation qui demandent qu’on construise des murs pour empêcher les migrants de traverser les frontières, nous voyons les peurs de gens qui sont exploités, des appels au sectarisme, au tribalisme, au racisme, à l’antisémitisme, des appels en faveur d’un passé glorieux avant que la classe politique n’ait été infectée par ceux qui ont des idées fausses, de la politique du « nous contre eux ».

Les Etats-Unis d’Amérique ne sont pas à l’abri de ces menaces. Alors même que notre économie connait la croissance et que nos militaires sont rentrés d’Irak et d’Afghanistan dans leur grande majorité, nous voyons, au cours de nos débats sur le rôle de l’Amérique dans le monde, nous voyons la notion d’une interprétation de la puissance qui est définie par l’opposition à d’anciens ennemis, les adversaires perçus : une Chine qui connait une montée en puissance, une Russie qui connait une résurgence, un Islam qui est incompatible avec la paix. Nous sommes témoins d’un argument qui est avancé selon lequel le seul pouvoir qui compte pour les Etats-Unis, ce sont des déclarations belliqueuses et la puissance militaire. D’aucuns affirment que la coopération et la diplomatie n’obtiendront pas de résultats.

En tant que président des Etats-Unis d’Amérique, je garde à l’esprit les dangers que nous affrontons, cela fait partie de mon quotidien. Je dirige l’armée la plus puissante que le monde ait jamais connue. Je n’hésiterai jamais à protéger mon pays ou encore nos alliés unilatéralement et par la force lorsque c’est nécessaire mais je m’adresse à vous aujourd’hui en étant convaincu de valeurs fondamentales. Les nations du monde ne peuvent pas en revenir aux manières anciennes des conflits et de la coercition. Nous ne pouvons pas nous tourner vers le passé. Nous vivons dans un monde intégré, un monde dans lequel nous avons tous des enjeux pour le succès des uns et des autres. Nous ne pouvons pas nous opposer à ces forces d’intégration. Aucune nation ici représentée ne peut s’isoler de la menace du terrorisme ou le risque de la contagion financière, les flux des migrants ou les dangers d’une planète qui se réchauffe. Les désordres que nous voyons ne sont pas suscités uniquement par la concurrence entre les nations ni une seule idéologie et si on ne peut pas travailler plus efficacement ensemble nous allons tous pâtir des conséquences.

C’est vrai également pour les Etats-Unis. Quelle que soit la puissance de notre armée, quelle que soit la force de notre économie, nous comprenons que les USA ne peuvent pas résoudre à eux seuls tous les problèmes de la planète. En Irak, les Etats-Unis ont appris un enseignement pénible : même des dizaines de milliers de soldats courageux, des milliards de dollars de notre trésor national, tout cela ne peut pas imposer la stabilité à un pays étranger à moins de travailler avec d’autres nations sous les auspices des normes et principes internationaux, le droit international, ce qui donne de la légitimité à nos efforts. A moins de faire cela, on ne réussira pas et à moins de travailler ensemble pour vaincre les idées qui animent différentes communautés dans un pays comme l’Irak, qui conduisaient un conflit dans un tel pays, tout ordre que peuvent imposer nos militaires ne sera que provisoire. La force à elle seule ne peut pas imposer l’ordre au niveau international. Je suis fermement convaincu que la répression ne peut pas apporter la cohésion sociale dont les nations ont besoin pour réussir.

L’histoire des deux dernières décennies prouvent que dans notre monde d’aujourd’hui les dictatures sont instables. Les hommes forts d’aujourd’hui suscitent les révolutions de demain. On peut jeter en prison les opposants mais on ne peut pas emprisonner les idées. On peut essayer de maîtriser l’accès à l’information mais on ne peut pas transformer un mensonge en vérité. Ce n’est pas un complot d’ONG soutenu par les USA qui expose à la corruption et qui suscite les attentes de populations dans le monde entier, c’est la technologie, les medias sociaux, et le souhait de tous les peuples de faire leur propre choix dans la façon d’être gouverné, un souhait inextinguible dans le monde d’aujourd’hui. La mesure de la force n’est plus définie par la maîtrise du territoire, la prospérité durable ne vient pas seulement de la capacité d’avoir accès et d’extraire des matières premières. La force des nations dépend du succès des populations, les connaissances, l’innovation, l’imagination, la créativité, les possibilités, les chances, les dynamiques et cela dépend de la sécurité personnelle et de la bonne gouvernance.

La répression interne et l’agression étrangère sont des symptômes de l’échec pour ce qui est de jeter ces fondements-là. Les politiques qui consistent à diaboliser autrui, qui tire parti du sectarisme religieux, le tribalisme étroit, cela pourrait parfois ressembler à de la force, de la puissance, provisoirement, mais au fil du temps les faiblesses sont exposées et l’histoire nous apprend que les forces sombres déclenchées par ce type de politique nous rendent tous moins en sécurité. Notre monde a déjà connu une telle situation. On ne gagnerait rien à revenir en arrière, en revanche, je suis convaincu qu’il faut avancer pour rechercher la réalisation de nos idéaux. Il ne faut pas les abandonner en cette époque critique. Nous devons voir se matérialiser le meilleur espoir et non pas nos craintes les plus sombres. L’ONU a été créée car des hommes et des femmes ont eu la vision d’un avenir. Ils savaient que nos nations sont plus sûres lorsqu’on défend les lois et les normes fondamentales et lorsqu’on favorise la coopération par rapport au conflit. Les nations fortes, avant tout, ont la responsabilité de défendre cet ordre international.

Je voudrais vous donner un exemple concret. Après que j’ai pris mes fonctions, j’ai indiqué clairement une des principales réalisations de l’ONU : le régime de non-prolifération nucléaire était menacé par les violations par l’IRAN du TNP, sur cette base le conseil de sécurité a augmenté les sanctions imposées au gouvernement iranien. De nombreuses nations se sont associées à nous pour mettre l’exécution des sanctions. Ensemble, on a indiqué que les lois et les accords ont un sens et nous avons également compris que l’objectif des sanctions n’était pas simplement de châtier l’Iran. Notre objectif était de voir si l’Iran pouvait changer de cap et permettre de vérifier que le programme nucléaire iranien serait pacifique. Pendant deux ans, les Etats-Unis et ses partenaires, y compris la Russie, y compris la Chine ont été solidaires au cours de négociations complexes. Le résultat c’est un accord durable et global qui empêche l’Iran d’obtenir une arme nucléaire tout en permettant à l’Iran d’avoir accès à une énergie nucléaire pacifique et si cet accord est pleinement appliqué, l’interdiction relative aux armes nucléaires sera renforcée, une guerre potentielle est évitée, notre monde est plus sûr. Voilà quelle est la puissance du système international lorsqu’il fonctionne comme il convient.

Cette même fidélité à l’ordre international guide nos réactions face à d’autres défis que nous lance le monde. Prenons l’annexion par la Russie de la Crimée et l’agression russe dans l’est de l’Ukraine. Les Etats-Unis ont peu d’intérêts économiques en Ukraine. Nous savons qu’il y a une histoire complexe et profonde entre la Russie et l’Ukraine mais nous ne pouvons pas rester les bras ballants lorsque la souveraineté et l’intégrité territoriale d’une nation sont violées de façon flagrante.

Orwell es-tu là…

Cela s’est produit en Ukraine, si c’est sans conséquence cela peut se produire pour n’importe quelle nation ici représentée, voilà quelle est la base des sanctions imposées par les Etats-Unis et leurs partenaires contre la Russie. Ce n’est pas le souhait d’en revenir à la guerre froide. En Russie, les medias contrôlées par l’Etat pourrait décrire ces avancées comme étant des exemples d’une Russie connaissant la résurgence, une vue partagée par plusieurs politiques et commentateurs aux Etats-Unis qui ont toujours été très sceptiques à l’égard de la Russie, et qui maintenant semblent être convaincus qu’une nouvelle guerre froide se profile à l’horizon. Mais examinons les résultats : le peuple ukrainien souhaite s’associer à l’Europe plutôt qu’à la Russie,

Oui, sauf dans l’Est d’où les problèmes hein…

plus que jamais auparavant les sanctions ont conduit à des fuites de capitaux, une économie en récession, la rouble qui a perdu de sa valeur et les migrations de davantage de russes bien éduqués. Imaginez la situation si au contraire la Russie avait participé à une véritable diplomatie et avait travaillé avec l’Ukraine et la communauté internationale pour que les intérêts de tout un chacun soit protégé, ce serait préférable pour l’Ukraine mais aussi pour la Russie et préférable pour le monde entier. C’est pour cela que nous continuons d’insister pour que cette crise soit réglée d’une façon permettant à une Ukraine souveraine et démocratique de maîtriser son territoire et de maitriser son avenir, son destin. Non pas parce que nous souhaitons isoler la Russie, nous ne le souhaitons pas, mais nous souhaitons une Russie solide, qui veut travailler avec nous pour renforcer le système international tout entier.

De même dans les mers de la Chine du sud, les Etats-Unis ne revendiquent pas de territoires dans cette mer. Nous ne présentons pas de revendications, nous ne les traitons pas. Mais comme toute nation ici représentée, nous avons des intérêts pour défendre les principes fondamentaux de la liberté de navigation, la liberté du commerce et pour régler les différends au moyen du droit international et non pas le droit du plus fort donc nous allons défendre ces principes tout en encourageant la Chine et les autres pays qui ont des revendications à régler leurs différends pacifiquement. Je l’affirme en sachant que la diplomatie est difficile. Les résultats sont parfois insatisfaisants. C’est rarement populaire sur le plan politique mais je pense que les dirigeants de grandes nations en particulier ont l’obligation de prendre de tels risques justement parce que nous sommes suffisamment forts pour protéger nos intérêts lorsque la diplomatie échoue. Pour pouvoir avancer dans cette ère nouvelle, nous devons être également suffisamment forts pour reconnaître lorsque l’action menée ne fonctionne pas.

Pendant cinquante ans, les Etats-Unis ont mis en œuvre une politique relative à Cuba qui n’a pas amélioré la vie de la population cubaine. Nous avons modifié cela. Nous continuons d’avoir des divergences avec le gouvernement cubain. Nous continuerons de défendre les droits de l’homme mais nous abordons ces questions au moyen de relations diplomatiques, davantage de commerce, des relations entre les populations. Alors que ces contacts permettent des progrès, je suis convaincu que notre Congrès lèvera à terme l’embargo qui ne devrait plus être en place. Le changement ne se produira pas du jour au lendemain à Cuba, mais je suis convaincu que l’esprit d’ouverture et non pas la coercition appuiera les réformes nécessaires et améliorera la vie de la population cubaine. Elle le mérite. Cuba réussira si ce pays poursuit la coopération avec d’autres nations, j’en suis convaincu. Si les grandes puissances ont intérêt à défendre les normes internationales c’est encore plus vrai pour les autres membres de la Communauté des Nations.

Examinons la situation dans le monde, de Singapour à la Colombie, du Sénégal à d’autres pays. Les nations réussissent lorsqu’elles recherchent une paix inclusive et la prospérité sur le plan national, lorsqu’elles travaillent dans la coopération avec des pays étrangers. Cette voie est maintenant disponible pour un pays comme l’Iran. Actuellement ce pays continue d’utiliser des auxiliaires pour promouvoir ses intérêts. Ces efforts pourraient sembler donner des atouts pour régler les différends avec les pays voisins mais cela alimente des conflits sectaires qui mettent en danger toute la région et cela isole l’Iran des bénéfices et des avantages du commerce et des échanges. Le peuple iranien peut être fier de son histoire et le peuple iranien a un potentiel exceptionnel mais lorsqu’on proclame « Mort à l’Amérique » cela ne crée pas des emplois, cela ne rend pas l’Iran plus sûr.

Non, c’est vrai… Mais peut-être crient-ils cela suite au renversement de Mossadegh par les USA, et leur soutien au régime criminel du Shah…

Si l’Iran choisit une voie différente, ce sera une bonne chose pour la sécurité de la région, une bonne chose pour le peuple iranien, une bonne chose pour le monde entier.

Bien sûr dans le monde nous continuerons de faire face à des nations qui rejettent les enseignements de l’histoire : les endroits où les conflits civils, les différends frontaliers, les guerres sectaires suscitent des enclaves terroristes et des catastrophes humanitaires, où l’ordre s’est complètement effondré. Nous devons agir, mais nous serons plus forts lorsque nous agirons ensemble. Dans le cadre de ces efforts, les Etats-Unis joueront toujours leur rôle, nous le ferons en étant conscients des enseignements du passé, pas seulement les enseignements tirés en Irak mais aussi l’exemple de la Libye où nous nous sommes associés à une coalition internationale avec un mandat onusien pour empêcher un massacre. Alors même qu‘on a aidé le peuple libyen à mettre fin au règne d’un tyran, notre coalition aurait dû en faire plus pour remplir le vide qui avait été créé. Nous sommes gré à l’ONU des efforts déployés pour mettre en place un gouvernement d’unité. Nous apporterons une aide à tout gouvernement libyen légitime qui travaille à rassembler le pays mais nous devons également être conscients du fait qu’on doit travailler plus efficacement à l’avenir en tant que communauté internationale pour renforcer les capacités, notamment pour les Etats en détresse et cela avant leur effondrement.

C’est pour cela qu’on doit se féliciter du fait qu’un peu plus tard, aujourd’hui, les Etats-Unis vont s’associer à plus de cinquante pays pour dégager de nouvelles capacités, des moyens d’infanterie, de renseignement, des hélicoptères, des hôpitaux, et des dizaines de milliers de militaires pour renforcer le maintien de la paix de l’ONU. Ces nouvelles capacités peuvent empêcher des massacres et veiller à ce que les accords de paix soient plus que de simples documents théoriques. Mais nous devons le faire ensemble. Ensemble, nous devons renforcer nos capacités collectives pour instaurer la sécurité là où il n’y a plus d’ordre public et pour soutenir ceux qui recherchent une paix juste et durable. Notre attachement à l’ordre international est mis à l’épreuve en Syrie plus que partout ailleurs. Lorsqu’un dictateur massacre des dizaines de milliers de personnes, ce ne sont pas seulement les affaires intérieures d’un pays, cela cause des souffrances humaines qui nous touchent tous vu leur ampleur. De même lorsqu’un groupe terroriste décapite des captifs, massacre des innocents et réduit des femmes à l’esclavage. Ce n’est pas le problème d’une seule nation pour la sécurité, c’est un affront fait à toute l’humanité. Je l’ai déjà dit et je le répète, on ne peut pas cautionner l’EIIL qui recherche l’apocalypse et les Etats-Unis utilisent leurs militaires dans le cadre d’une vaste coalition pour s’en prendre à l’EIIL. Nous sommes déterminés à veiller à ce qu’il n’y ait jamais de sanctuaires pour les terroristes qui commettent de tels crimes et nous l’avons démontré pendant plus de dix ans de traque d’Al-Qaida. Nous avons démontré que les extrémistes ne l’emporteront pas contre nous.

La puissance militaire est nécessaire mais n’est pas suffisante pour régler la situation en Syrie. La stabilité durable ne peut s’instaurer que lorsque le peuple syrien forgera un accord permettant de vivre dans un pays stable et solidaire. Les Etats-Unis sont prêts à travailler avec toute nation, y compris la Russie et l’Iran, pour régler le conflit en Syrie. Mais nous devons être conscients qu’après tant d’effusions de sang, tant de massacres, on ne peut pas en revenir au statu quo d’avant le conflit. Souvenons-nous du début du conflit de la guerre, Assad a réagi face à des manifestations pacifiques en augmentant la répression et les meurtres et cela à son tour a créé un environnement permettant le conflit actuel. Assad et ses alliés ne peuvent pas simplement pacifier la grande majorité d’une population qui a été brutalisée par des armes chimiques et par des bombardements sans discernement. Certes le réalisme veut qu’il faille des solutions de compromis pour mettre fin aux combats, pour vaincre l’EIIL et l’éliminer mais il faut également une transition bien gérée en s’écartant d’Assad et en faisant appel à de nouveaux dirigeants, un gouvernement inclusif qui doit mettre fin au chaos pour que le peuple syrien puisse commencer la reconstruction. Nous savon que l’EIIL, qui est apparu après le chaos en Irak et en Syrie, dépend d’une guerre perpétuelle pour survivre mais nous savons également qu’une idéologie empoisonnée permet l’expansion de l’EIIL et une partie de notre travail c’est de travailler pour rejeter un tel extrémisme qui infecte trop de nos jeunes. Une partie de cet effort doit être un rejet constant par les musulmans de ceux qui déforment l’islam pour prêcher l’intolérance, promouvoir la violence et cela doit également permettre aux non-musulmans de rejeter l’ignorance qui met sur un pied d’égalité l’islam et la terreur.

Ce travail prendra du temps. Il n’y a pas de réponse facile en Syrie, pas de réponse simple aux changements qui se produisent dans une grande partie de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Mais tant de famille ont besoin d’aide immédiatement, elles n’ont pas de temps. C’est pour cela que les Etats-Unis augmentent le nombre de réfugiés que nous accueillons dans notre pays, c’est pour cela que nous continuerons d’être le principal bailleur de fonds, en versant de l’aide pour soutenir ces réfugiés. Aujourd’hui nous lançons de nouveaux efforts pour que nos peuples, nos universités, nos ONG puissent apporter une aide également car face à des familles qui souffrent, notre nation d’immigrants se retrouve dans ces personnes qui souffrent. Bien sûr, dans l’ancien temps, le sort des réfugiés, des marginalisés, des personnes sans voix au chapitre étaient à la périphérie des préoccupations du monde, cela n’avait aucune importance. Actuellement, nos préoccupations à l’égard de ces personnes sont animées par la conscience morale mais devraient être animées aussi par un intérêt bien compris. Il faut aider les personnes qui ont été repoussées sur les marges de notre monde, ce n’est pas de la charité c’est une question de sécurité collective et le but de l’ONU ce n’est pas simplement d’éviter les conflits c’est de galvaniser l’action collective qui permet d’améliorer la vie de toutes les populations sur la planète.

Nous avons pris des engagements en faveur des objectifs de développement durable. Cela correspond à cette vérité. Je pense que le capitalisme a créé plus de richesses et de possibilités que n’importe quel autre système dans le monde. Mais à partir des grandes villes et des villages ruraux dans le monde entier, nous savons que la prospérité est hors d’atteinte pour trop de personnes. Comme Sa Sainteté le Pape François nous l’a rappelé, nous sommes plus forts lorsque nous protégeons les plus faibles, lorsqu’on les considère comme étant égaux dans la dignité, égaux à nous, égaux à nos filles à nos fils. Nous pouvons lutter contre les maladies évitables, éliminer le VIH-Sida, éliminer les pandémies qui ne connaissent pas les frontières. Peut-être que cela ne fait pas la une des journaux mais alors qu’on a réussi à juguler l’épidémie d’Ebola, cela montre qu’on peut sauver plus de vies que jamais auparavant, on peut éliminer la pauvreté, la misère, mais il faut un engagement soutenu à l’égard de nos peuples. Pour que les agriculteurs puissent nourrir d’avantage de personnes, pour que les entrepreneurs puissent créer des sociétés sans verser de pots de vin, pour que les jeunes aient les compétences et les capacités pour réussir cette économie fondée sur les connaissances. Nous pouvons promouvoir la croissance grâce à un commerce correspondant à des normes plus élevées, c’est ce que nous faisons avec le partenariat transpacifique, un accord commercial qui représente presque 40% de l’économie mondiale, un accord qui va ouvrir des marchés tout en protégeant les droits de travailleurs, tout en protégeant l’environnement, qui permet au développement de devenir durable. Nous pouvons lutter contre la pollution que nous avons causée nous-mêmes, nous pouvons aider les économies à extirper les gens de la pauvreté sans condamner nos enfants aux ravages d’une planète qui se réchauffe.

Constamment, la même ingéniosité qui a produit l’ère industrielle, l’ère informatique, nous permet d’exploiter le potentiel de l’énergie propre. Aucun pays ne peut échapper aux ravages du changement climatique et le leadership c’est privilégier les générations futures. Les Etats-Unis oeuvreront avec toutes les nations qui ont la volonté de jouer leur rôle pour qu’ensemble, réunis à Paris, on puisse relever ce défi avec détermination. Et enfin notre vision d’avenir pour l’Assemblée Générale, et j’en suis convaincu, l’idée c’est d’avancer plutôt que de reculer et cela nécessite qu’on défende les principes démocratiques permettant aux sociétés de réussir. Je vous présente une prémisse simple : les catastrophes comme ce qu’on voit en Syrie ne se produisent pas dans des pays où il y a des démocraties authentiques et le respect des valeurs universelles que l’ONU est censée défendre.

Je sais que les démocraties peuvent revêtir différentes formes dans différentes régions du monde. L’idée d’un peuple qui se gouverne lui-même dépend de ce que le gouvernement respecte la culture nationale, l’histoire nationale, les expériences nationales, qui sont uniques en leur genre mais certaines vérités universelles sont évidentes : aucune personne ne souhaite être emprisonnée pour exercer une conviction religieuse pacifiquement, aucune femme ne devrait subir des atteintes en toute impunité, une fille ne devrait pas être empêchée d’aller à l’école. La liberté de présenter des demandes pacifiquement à ceux qui exercent le pouvoir, sans crainte de lois arbitraires, ce ne sont pas les idées d’un seul pays ou d’une seule culture ce sont des idées fondamentales pour le progrès de l’humanité. C’est une pierre angulaire de l’Organisation des Nations Unies.

Je me rends compte que dans de nombreuses régions du monde, il y a des vies différentes. On pense qu’un leadership fort ne doit tolérer aucune dissension. Les adversaires des Etats-Unis le disent et certains de nos amis également. Je ne suis pas d’accord. Je pense qu’un gouvernement qui réprime la dissidence pacifique ne montre pas sa force, il montre en fait qu’il a peur, qu’il est faible. L’histoire démontre que les régimes qui craignent leur propre peuple s’effondreront à terme mais les institutions solides, fondées sur le consentement du peuple gouverné, durent beaucoup plus longtemps que la vie d’un simple individu. C’est pour cela que nos dirigeants les plus forts, de Georges Washington jusqu’à Nelson Mandela ont mis l’accent sur l’importance de construire des institutions démocratiques solides plutôt qu’une soif de puissance perpétuelle. Les dirigeants qui modifient les constitutions pour garder le pouvoir ne font que reconnaître qu’ils n’ont pas réussi à construire un pays qui réussisse pour la population car aucun homme ne dure éternellement cela nous indique que le pouvoir on s’y accroche simplement pour le plaisir d’exercer le pouvoir plutôt que pour améliorer la population, alors que les dirigeants sont au service de celle-ci. Je sais que la démocratie est source de frustration. La démocratie aux Etats-Unis est certainement imparfaite, parfois elle est marquée par des dysfonctionnements mais la démocratie, la lutte constante pour étendre les droits à davantage de personnes pour permettre à davantage de personnes de s’exprimer c’est ce qui nous a permis de devenir la nation la plus puissante du monde.

Ce n’est pas simplement une question de principe, ce n’est pas une idée abstraite. La démocratie inclusive rend les pays plus forts. Lorsque les partis d’opposition peuvent accéder au pouvoir pacifiquement grâce aux élections, un pays obtient des idées nouvelles, est inspiré par des idées nouvelles. Lorsque les medias peuvent informer le grand public, la corruption est exposée et peut être éliminée. Lorsque la société civile s’épanouit, les communautés peuvent résoudre les problèmes que les gouvernements ne peuvent pas nécessairement résoudre à eux-seuls. Lorsque les immigrants sont bien accueillis, les pays sont plus productifs, plus dynamiques. Lorsque les filles peuvent être scolarisées, avoir un emploi, saisir les chances en nombre illimité c’est là qu’un pays réalise son plein potentiel.

Je suis convaincu que ce sont les principaux atouts des USA. Toutes les personnes aux Etats-Unis ne sont pas forcément d’accord avec moi, ça fait partie de la démocratie. Je suis convaincu que le fait qu’on peut se déplacer dans les rues de la ville de New-York actuellement en passant devant des temples, des mosquées, des synagogues, des églises, où les gens ont la liberté de culte, le fait que notre nation d’immigrants corresponde à la diversité du monde entier, on trouve des ressortissants de tous les pays dans  la ville de New-York, le fait que dans ce pays tout un chacun peut apporter une contribution, tout le monde peut participer à la vie de la nation quelles que soient les convictions, les apparences, c’est cela qui fait notre force et je pense que ce qui est vrai pour les USA est vrai pour pratiquement toutes les démocraties mûres et ce n’est pas par hasard.

Nous pouvons être fiers de nos nations sans nous définir par nos oppositions à d’autres groupes. Nous pouvons être patriotiques sans diaboliser autrui. On peut chérir nos identités, nos religions, nos origines ethniques, nos traditions, sans critiquer les autres, minimiser leurs contributions. Nos systèmes se fondent sur l’idée que le pouvoir absolu corrompt mais les gens ordinaires sont fondamentalement bons : qui donnent la priorité aux familles, aux amitiés, à la foi religieuse, la dignité du travail acharné et avec de bons systèmes de contrôle en contrepoids, les gouvernements peuvent traduire cette bonté.

Je suis convaincu que c’est l’avenir que nous devons rechercher ensemble. Croire à la dignité de toutes les personnes, être convaincu qu’on peut rapprocher les positions, choisir la coopération plutôt que le conflit, ça ce n’est pas une faiblesse, c’est en fait une grande force. C’est une nécessité concrète dans ce monde interdépendant et nos peuples le comprennent.

Pensez au médecin libérien qui a recherché dans toutes les maisons des victimes de l’Ebola et qui a dit aux familles ce qu’il fallait faire s’il y avait des symptômes de l’Ebola. Pensez au commerçant iranien qui, après l’accord nucléaire, a dit « si Dieu le veut, maintenant on pourra offrir beaucoup plus d’articles à de meilleurs prix ». Pensez aux Américains qui ont emporté le drapeau à La Havanne en 1961 et qui y sont retournés cet été pour hisser de nouveau le drapeau des Etats-Unis à La Havane l’un de ces hommes a dit du peuple cubain : « On peut faire des choses pour eux, ils peuvent faire des choses pour nous, nous les aimons. » Pendant cinquante ans on a méconnu ce fait. Pensez aux familles qui laissent tout ce qu’elles ont connu derrière elles, qui traversent des déserts qui affrontent des eaux tumultueuses pour trouver un abri pour sauver leurs enfants. Un réfugié syrien qui a été accueilli à Hambourg chaleureusement avec un foyer a dit : « nous pensons qu’il y a encore des personnes qui aiment leur prochain ».

Les peuples des Nations Unies ne sont pas aussi différents que d’aucuns le leur disent. On peut susciter la crainte au sein des populations, on peut apprendre aux peuples à détester mais les peuples peuvent également réagir grâce aux espoirs. L’histoire est jonchée des échecs des faux prophètes et des empires qui se sont effondrés, ceux qui pensaient que le droit du plus fort l’emporte toujours et ça continuera d’être toujours le cas vous pouvez compter là-dessus mais nous nous devons de proposer un type de leadership différent, un leadership suffisamment solide pour se rendre compte que les nations ont des intérêts communs. Les peuples partagent une humanité commune, et oui, je l’affirme, il y a certaines idées, certains principes qui sont universels. Ceux qui ont façonné l’ONU il y a soixante ans l’avaient compris. Transférons cette foi en l’avenir car ce n’est qu’ainsi qu’on pourra garantir un avenir meilleur, pour mes enfants et pour vos enfants, je vous remercie beaucoup.

Source : ONU 06/10/2015  transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

Source: http://www.les-crises.fr/70e-ag-onu-etats-unis-le-scepticisme-croissant-au-sujet-de-lordre-international-se-retrouve-egalement-dans-les-democraties-les-plus-avancees/