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Détruire le monde… et y prendre du plaisir, par Derrick Jensen

Monday 5 October 2015 at 00:34

Source : Derrick Jensen, pour Fair Observer, traduit par Nicolas Casaux, pour Le Partage, le 13 juillet 2015.

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Derrick Jensen (né le 19 décembre 1960) est un écrivain et activiste écologique américain, partisan du sabotage environnemental, vivant en Californie. Il a publié plusieurs livres très critiques à l’égard de la société contemporaine et de ses valeurs culturelles, parmi lesquels The Culture of Make Believe (2002)Endgame Vol1&2 (2006) et A Language Older Than Words (2000). Il est un des membres fondateurs de Deep Green Resistance.

Plus de renseignements sur l’organisation Deep Green Resistance et leurs analyses dans cet excellent documentaire qu’est END:CIV, disponible en version originale sous-titrée français en cliquant ici.

Article initialement publié en anglais, le 1er juillet 2015, sur le site web de The Fair Observer, à l’adresse suivante:
http://www.fairobserver.com/region/north_america/destroy-the-world-and-feel-good-about-it-88674/

J’ai parfois été qualifié d’extrémiste environnemental, principalement parce que je pense que le monde réel est plus important que l’économie, et parce que je pense que nous devrions faire tout ce qui est nécessaire afin d’empêcher cette culture extractive de tuer la planète, notre seule maison.

Qualifier quelqu’un d’extrémiste est un outil rhétorique standard utilisé pour diaboliser « l’extrémiste »et rejeter la perspective de cette personne. C’est un peu la locomotion du monde rhétorique, du fait que tout le monde y a recours. Les nazis dirent des juifs qu’ils étaient extrémistes. Les esclavagistes dirent des abolitionnistes qu’ils étaient extrémistes. Les pères fondateurs des États-Unis se plaignirent de la façon dont les Indiens les traitaient, tout en volant les terres indiennes.

Aujourd’hui, les États-Unis bombardent des extrémistes sur toute la planète, utilisant souvent comme justification le fait que des extrémistes veuillent bombarder les Etats-Uniens, qu’ils qualifient eux, d’extrémistes. Les apologistes des corporations, et d’autres personnes de droite, qualifient souvent les environnementalistes « d’extrémistes » pour toutes sortes de raisons. Vous souhaitez que les organismes génétiquement modifiés (OGM) soient étiquetés ? Ils vous qualifieront d’extrémiste. Vous souhaitez que des zones de l’océan soient interdites aux pêcheurs, ils vous qualifieront d’extrémiste. Vous souhaitez empêcher la déforestation des forêts anciennes ? Ils vous qualifieront d’extrémiste.

Cela se produit aussi au niveau personnel, dans la mesure où les agresseurs en tous genres n’auraient jamais perpétré leurs abus si ce n’était en raison de l’attitude extrême de leurs victimes.

La prétention à la vertu

Cela paie toujours de se présenter comme celui qui est raisonnable — celui qui est au centre de la raison — et de qualifier l’adversaire ou l’ennemi comme celui qui est déraisonnable, l’extrémiste.

Robert Jay Lifton a écrit sur le fait qu’il est impossible pour qui que ce soit de commettre quelque atrocité de masse que ce soit sans ce qu’il appelle une « prétention à la vertu ». C’est-à-dire qu’ils doivent convaincre les autres, mais aussi eux-mêmes, tout particulièrement, qu’ils ne sont, en réalité, pas en train de commettre une atrocité, mais plutôt quelque chose de bien. Les nazis n’étaient pas coupables de meurtres en masse et de génocide, mais ils purifiaient la « race » aryenne. Les États-Unis n’ont jamais commis de meurtre en masse, de vol de terres et de génocide, ils ont simplement« manifesté leur destinée ». La culture dominante n’est pas en train de tuer la planète, mais de« développer les ressources naturelles ».

Tout ceci est vrai aussi dans nos vies personnelles. Je n’ai jamais été idiot de toute ma vie, ce qui signifie qu’à chaque fois que j’ai objectivement été un idiot, j’avais entièrement rationalisé mes actions.

De la même façon, par définition, presque personne ne considérera sa propre position comme extrême. Notre propre position est toujours celle qui est raisonnable, autrement elle ne serait pas notre position. Et notre propre position est au centre, encore une fois, par définition, puisqu’il s’agit de notre propre perspective. C’est aussi vrai des capitalistes que des chrétiens, des athées, des environnementalistes, des scientologues ou des membres de la famille Manson.

Tout ceci est lié au pouvoir de la rationalisation.

Mais cela ne signifie pas que nous devrions baisser les bras et abandonner toute forme de relativisme. Le fait qu’un argument soit mal utilisé ne signifie pas que cet argument n’est jamais vrai. L’excuse des Allemands lors de l’invasion de la Pologne, pour commencer la seconde guerre mondiale, était qu’un détachement de soldats polonais avait attaqué une installation allemande. Le fait que ces « soldats polonais » étaient en réalité des Allemands en uniforme polonais ne signifie pas que personne ne puisse revendiquer la légitime défense. Le fait que des gens rationalisent des atrocités ne signifie pas qu’aucune atrocité n’est jamais commise, et cela ne signifie pas non plus que toutes les déclarations faites pour défendre des actions soient des rationalisations.

La question devient alors, comment trouver un point d’appui ?

Il y a des années, j’ai eu une dispute avec une femme sur la question de savoir si le viol était une mauvaise chose ou pas. Je disais que c’en était une. Elle — et je dois ajouter qu’à l’époque, elle sortait avec un philosophe postmoderne, qu’elle a quitté depuis, recouvrant ainsi toute sa raison — me répondit : « non, nous pouvons dire que le viol est une mauvaise chose. Mais seulement parce que les humains assignent toute valeur » — et, bien sûr, cette déclaration est à la fois inexacte et une grosse partie du problème — « les humains peuvent décider de faire du viol une bonne ou une mauvaise chose. Il n’a rien d’intrinsèquement bon ou mauvais. Il est, simplement. Nous pouvons certainement nous raconter une série d’histoires qui nous poussent à croire que le viol est mauvais, c’est-à-dire que nous pouvons construire un ensemble de récits renforçant la notion selon laquelle le viol est néfaste, mais nous pourrions tout aussi facilement construire un ensemble de récits nous disant l’exact opposé ».

Elle avait raison sur un point : nous pouvons certainement créer tout un tas d’histoires qui valorisent le viol (ou qui valorisent la race aryenne et diabolisent les juifs ; ou qui valorisent le capitalisme et diabolisent tous ceux qui s’y opposent ; etc.).

Pour en revenir à « l’extrémisme » environnemental, nous pouvons certainement créer une série d’histoires qui nous poussent à croire que cela a du sens de déforester la planète, de vider les océans, d’appauvrir la majorité des humains. Si les histoires sont suffisamment efficaces, et parviennent à nous convaincre qu’elles sont plus importantes que la réalité physique, non seulement détruire le monde aura du sens, mais nous y prendrons du plaisir, comme nous prendrons du plaisir à tuer quiconque tentera de nous en empêcher.

Tous les récits ne sont pas égaux

Mais tous les récits ne sont pas égaux. Par exemple, imaginez que quelqu’un vous vante histoire après histoire les bienfaits de manger de la merde de chien. Qu’on vous raconte ces histoires depuis tout petit. Vous les croyez. Vous mangez des hot-dogs à la merde de chien, de la glace à la merde de chien. Votre enculturation sera peut-être si profonde que la merde de chien vous semblera vraiment bonne. Mais vous avez un corps physique, et peu importe les histoires que vous vous racontez, ce régime vous rendra malade ou vous tuera. Pour rendre cet exemple un peu moins absurde, remplacez « merde de chien » par « Big Mac »« Whopper » ou « Coca-Cola ».

Voilà l’idée : la réalité physique finit par prévaloir sur les récits. C’est inévitable. Cela peut prendre longtemps. Dans le cas de la destruction de la planète par cette culture, il aura fallu quelque 6000 années (considérablement moins, bien sûr, pour ses victimes).

Quelles que soient les histoires que nous nous racontons, des quantités buvables d’eau propre sont une bonne chose. J’ai récemment vu un article qui commençait ainsi : « fracturer pour le pétrole et le gaz naturel — ou avoir assez d’eau à boire. Voilà le dilemme probable auquel font face un certain nombre de pays, dont les États-Unis, selon un nouveau rapport publié par l’institut pour les ressources du monde (World Resources Institute) la semaine dernière — bien que les experts ne soient pas d’accord sur les implications réelles du rapport et sur ce qui doit être fait en conséquence ». Les journalistes considèrent bien évidemment qu’il est tout à fait sain de considérer le choix entre avoir de l’eau à boire et fracturer pour du pétrole et du gaz comme un dilemme, et considèrent qu’il est parfaitement raisonnable pour des « experts » de ne pas être d’accord sur ce qu’il faut choisir.

C’est dément.

Nous sommes des animaux. Nous avons besoin d’eau propre pour boire. Nous avons besoin d’une nourriture propre et saine pour manger. Nous avons besoin d’un environnement habitable. Nous avons besoin d’un monde viable. Sans tout cela, nous mourrons.

La santé du monde réel est la base d’une philosophie morale soutenable, fonctionnelle, et saine. Il doit en être ainsi, parce qu’elle est la source de toute vie.

L’extrémisme environnemental existe

Et enfin, à propos de « l’extrémisme » environnemental. Je crois effectivement qu’il existe des extrémistes environnementaux. Je crois que fabriquer des quadrillions (avec un q !) de doses létales de plutonium relève de l’extrémisme. Je crois que bombarder la lune relève de l’extrémisme.

Je crois que construire tant de barrages — plus d’un grand barrage par jour pendant des centaines d’années — jusqu’à ce que 25 % des rivières du monde n’atteignent plus l’océan, relève de l’extrémisme. Je crois que construire plus de 70 000 barrages de plus de 2 m de haut aux États-Unis seulement (si nous enlevions un seul de ces barrages chaque jour, cela prendrait plus de 200 ans pour se débarrasser de tous : les saumons n’ont pas tout ce temps ; les esturgeons n’ont pas tout ce temps), relève de l’extrémisme. Je crois que faire disparaître tant de montaisons de saumon, des montaisons si importantes que les rivières entières étaient « noires et grouillantes » de poissons, des montaisons si importantes que vous pouviez les entendre plusieurs kilomètres avant de les voir, relève de l’extrémisme.

Je crois qu’avoir provoqué l’extinction du pigeon migrateur, un pigeon dont les nuées étaient si imposantes qu’elles assombrissaient le ciel pendant plusieurs jours d’affilée, relève de l’extrémisme. Je crois que faire disparaître 200 espèces par jour relève de l’extrémisme. Je crois que causer, comme le dit le biologiste Michael Soulè, la fin de l’évolution des vertébrés, relève de l’extrémisme. Je crois que faire baigner le monde dans les perturbateurs endocriniens relève de l’extrémisme. Je crois que déverser tellement de plastique dans les océans, qu’on y retrouve 10 fois plus de plastique que de phytoplancton (imaginez que sur 11 bouchées que vous prenez, 10 soient du plastique), relève de l’extrémisme.

Je crois qu’avoir une économie basée sur une croissance infinie sur une planète finie, relève de l’extrémisme. Je crois qu’avoir une culture basée sur l’incitation « Soyez féconds et multipliez-vous » sur une planète finie, relève de l’extrémisme. Je crois que détruire 98 % des forêts anciennes, 99 % des zones humides natives, 99 % des prairies, relève de l’extrémisme. Je crois que continuer à les détruire relève de l’extrémisme.

Je crois que construire encore un nouveau centre commercial sur le village de chiens de prairie le plus important qu’il reste, sur la Front Range du Colorado, particulièrement lorsque les chiens de prairie ont vu leurs effectifs diminuer de 98 %, relève de l’extrémisme. Je crois que vider les océans, tellement que si on pesait tous les poissons dans les océans, leur poids actuel correspondrait à 10 % de ce qu’il était il y a 140 ans, relève de l’extrémisme. D’impassibles scientifiques nous disent que les océans pourraient être dépourvus de poissons durant la vie de la prochaine génération.

Je crois qu’assassiner les océans relève de l’extrémisme. Je crois qu’assassiner la planète entière relève de l’extrémisme. Je crois que produire en masse des neurotoxines (e.g. des pesticides) et les relâcher dans le monde réel, relève de l’extrémisme. Je crois que changer le climat relève de l’extrémisme. Je crois que voler les terres de chaque culture indigène relève de l’extrémisme. Je crois que commettre un génocide contre toutes les cultures indigènes relève de l’extrémisme. Je crois qu’une culture envahissant la planète entière relève de l’extrémisme.

Je crois que croire que le monde a été conçu pour vous relève de l’extrémisme. Je crois qu’agir comme si vous étiez la seule espèce de la planète relève de l’extrémisme. Je crois qu’agir comme si vous étiez la seule culture sur la planète relève de l’extrémisme.

Je crois qu’il y a effectivement des « extrémistes environnementaux » sur cette planète, et je crois qu’ils sont appelés capitalistes. Je crois qu’ils sont appelés « les membres de la culture dominante ». Je crois qu’à moins d’être arrêtés, ces extrémistes tueront la planète. Je crois qu’ils doivent être arrêtés.

Source: http://www.les-crises.fr/detruire-le-monde-et-y-prendre-du-plaisir-par-derrick-jensen/


Revue de presse du 04/10/2015

Sunday 4 October 2015 at 04:19

Une revue très touffue cette semaine, merci à nos contributeurs. Bonne lecture !

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-04102015/


Une ceinture, une route, par Qiao Liang Général Major de l’Armée Populaire de Chine

Sunday 4 October 2015 at 02:26

Reprise d’un intéressant article remue-méninges, les commentaires sont du traducteur.

One Road, One Belt

Texte attribué à Qiao Liang, Général Major de l’Armée Populaire de Chine et probablement présenté l’Université de Défense de Pékin durant le premier trimestre 2015 (selon éléments contextuels du texte), mais publiée en anglais en juillet 2015 par une revue de géopolitique sino-italienne Heartland.

Source: Heartland (http://temi.repubblica.it/limes-heartland/). Heartland est “une revue de géopolitique crée à l’origine en Chine et en Italie, qui a pour but de construire un forum de discussion basé sur trois pilliers: l’Asie, l’Europe et l’Amérique”.

URL: http://temi.repubblica.it/limes-heartland/one-belt-one-road/2070

Date de publication: 17 juillet 2015.

Commentaire du traducteur Anglais-Français

Ceci est une invitation à découvrir le point de vue de l’Armée de Libération Chinoise sur l’une des principales initiative de dévelopement promue par la République Populaire de Chine ces dernières année: l’initiative “One Road, One Belt” ou OBOR.

Pour en savoir plus, nous renvoyons le lecteur à Wikipedia (https://en.wikipedia.org/wiki/One_Belt,_One_Road). Pour résumer, cette initiative se concentre sur la connectivité et la coopération entre des pays principalement en Eurasie et se compose de deux éléments principaux, un terrestre, la “Ceinture Economique de la Route de la Soie” (SREB) et l’autre maritime, la “Route Maritime de la Soie” (MSR). La stratégie souligne les efforts fournis par la Chine afin de jouer un rôle plus important dans les affaires mondiales, et la nécessité de trouver des débouchés nouveaux pour les industries chinoise actuellement en état de de surcapacité, notamment l’industrie sidérurgique (> 50% de la production mondiale). Parmi les propositions phares de cette initiative on retrouve des projects d’infrastructures (dont une ligne de trains à grande vitesse reliant directement Pékin à Moscou, voire à Berlin) ainsi que la fameuse banque AIIB (Asian Infrastructure Investment Bank), qui se profile comme un concurrent direct de la Banque Mondiale sous leadership US et Japonais.

Le document en question se présente sous la forme d’une retranscription d’un cours présenté par un certain Qiao Liang et publié par la revue géopolitique Heartland (http://temi.repubblica.it/limes-heartland/) après que cellui-ci fut passé à travers trois épreuves: la prise de notes, une première traduction littérale du chinois vers l’anglais et finalement une adaptation de l’anglais vers le français réalisée par mes soins (une traduction trop littérale aurait achevé de rendre le texte incompréhensible). Il est important de se rappeller que l’authenticité du document et sa provenance ne sont pas garantis, sans parler des distorsions plus ou moins volontaires engendrées par le processus de diffusion décrit ci-dessus. Nous invitons le lecteur à rester critique sur le texte, tout en restant bienveillant à l’égard de son auteur.

 Le texte s’apparente à la transcription d’un cours magistral présenté en amphithéâtre et probablement reconstruite à partir des notes de cours d’un étudiant-officier chinois l’ayant suivi (avec les risques que cela comporte: contre-sens, erreur de compréhension de concept forcément nouveaux, etc.). L’auteur n’a vraisemblablement pas contribué à la correction de ces notes de cours et des erreurs qui se pourraient s’y être glissées. Une traduction trop littérale aurait achevé de rendre le texte incompréhensible. J’ai donc essayé avant tout de restituer l’esprit du texte, quitte à prendre un peu de liberté avec la lettre du discours. Que l’on veuille bien me pardonner. Le lecteur peut se référer directement à la transcription en anglais (http://temi.repubblica.it/limes-heartland/one-belt-one-road/2070).  Pour convaincre le lecteur francophone de l’importance de ce texte, commençons par présenter son auteur présumé: Qiao Liang est d’abord connu pour un ouvrage publié initialement en chinois (janvier 1999), avant d’être traduit en anglais (2002) et en français (2003) sous le titre de “la Guerre Hors Limite” (http://www.payot-rivages.net/livre_La-Guerre-hors-limites–Wang-Xiangsui_ean13_9782743611491.html). Il s’agit d’un document prophétique, illustrant la vision stratégique de militaires chinois, notamment leur perception  quant aux grandes menaces à venir pour XXI° siècle. La “Guerre Hors Limite” est avant tout un exercise d’anticipation exceptionellement réussi. De la même manière que la première édition de la version anglaise de l’ouvrage diffusé en 2002 aux Etats-Unis avait été sous-titré par l’éditeur “Le plan chinois pour détruire l’Amérique” (“China’s Master Plan to Destroy America”), des journaux à sensation pourraient qualifier ce dernier exposé de Qiao Liang de “Mein Kampf” chinois. Il ne manquerait plus que Qiao Liang soit désigné prochain Secrétaire Général du Parti Communiste Chinois!

Dans l’ouvrage “La Guerre Hors Limite”, Qiao Liang et son co-auteur réfléchissent à l’évolution probable de l’art de la guerre à la lumière de la Première Guerre du Golfe et de la (Première?) Crise Financière Asiatique de 1997. Ils mettent en lumière l’émergence de nouvelles formes de guerres non-conventionelles ayant l’avantage d’être moins coûteuses financièrement que les méthodes high-tech déployée en 1991 par les USA durant l’Opération Tempête du Désert (moins de 200 morts américains pour un coût de 61 milliards de dollars US!). Notons cependant que les auteurs ne revendiquent pas la paternité de ces nouvelles méthodes mais au contraire ils les attribuent aux USA eux-mêmes; et nos deux auteurs chinois d’afficher une admiration très profonde à l’égard de ce pays dans le domaine guerrier.

Parmis ces nouvelles méthodes (liste non-exhaustive – la thèse majeure de l’ouvrage est que toute activité économique, financière voire culturelle peut être mise à profit pour atteindre des buts militaires et qu’une liste exhaustive est vaine) sont décrits les deux concepts suivants:

• Nouvelles formes de terrorismes aveugle: Terrorisme s’appuyant sur des cibles symboliques et la caisse de raisonance des médias pour agir sur l’opinion. Figure en première place le terrorisme dit ‘islamique’ et en particulier la mouvance d’un certain Oussame Ben Laden qui avait commencé à se faire connaître à l’époque (attentats sur plusieurs ambassades américaines en Afrique) après avoir fait muter son organisation d’un mouvement de guerilla en Afghanistan vers une forme globale tournée vers de formes de terrorisme aveugle et à but médiatique avant tout;

• Guerre financière: Les auteurs retiennent en premier lieu la crise asiatique de 1997 et mettent sur un pied d’égalité George Soros et Oussama Ben Laden, les qualifiants tous deux de terroristes. L’ouvrage dénonce également le rôle des fameuses agences de notations financières dont nous entrendons parler plus tard dans nos médias après la crise de 2008 et surtout à partir de 2010 et la crise des dettes souveraines en Europe occidentales (l’ouvrage mentionne l’agence Moody’s).

En matière de guerre financière et d’agence de notation financière, il faut remarquer l’agence de notation chinoise, Dagong Global Credit Rating, qui apparut dans nos médias en 2011 après avoir dégradé à deux reprises la dette souverraine américaine en 2010 et 2011, fut créée dès 1994. Ceci indique que la Chine communiste réfléchit à ce concept de guerre financière, depuis un certain temps: avant même la Crises Financière Asiatique de 1997; vraissemblablement après 1989 et la “Bulle Spéculative Japonaise” (https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_crises_mon%C3%A9taires_et_financi%C3%A8res). A quoi bon se doter d’un tel organe dans une économie planifiée de type communiste si ce n’est une tentative de ne pas laisser un monopole à l’adversaire?

L’allocution ‘One Road, One Belt’ est très récente (2015) et approfondit le concept de guerre financière esquissé par l’auteur dès 1999. La thèse de Qiao Liang est que “l’Amérique” est sur le point d’appliquer ce système d’arme à la Chine [alors que tous les médias occidentaux nous répètent que la Chine est en train de nous exporter “SA” crise... En occident, tout est la faute de la Chine... Evidement.]. Dans ce texte Qiao Liang approfondit sa réflexion de 1999 dans le contexte de la Chine contemporaine (2015). Il remonte également à sa génèse de ce phénomène, des exemples d’applications antérieurs et les signes indiquant le ciblage actuel de la Chine, ainsi que des considérations d’ordre stratégique sur la réponse de la Chine à ces ‘attaques’. Le contrepied de cette thèse serait de dire que certains dirigeant chinois veulent imputer leur propre échec économique à un ennemi extérieur. Dans tous les cas on est face à une prophétie potentiellement auto-réalisatrice. Il est intéressant d’observer comment des proches du pouvoirs chinois s’approprient certains thèmes controversés en Occident.

Ce texte est attribué à Qiao Liang et aurait été présenté à l’Université de Défense de Pékin dans le cadre des enseignement fournit par cette école à ses élèves officiers. L’authenticité du texte n’est pas garantie et l’on doit croire sur parole la revue de géopolitique sino-italienne qui a pris l’initiative de le publier en anglais. Un lecteur averti et ayant pris connaissance de l’ouvrage Qiao Liang traduit en français (ou en anglais) se bornera à reconnaître une proximité des thèmes traités et un goût partager pour l’ironie. Il est plausible mais pas sûr que le texte soit de Qiao Liang et qu’il ait été présenté dans le contexte attribué par le diffuseur du texte. Des éléments de contexte suggère que le texte a été rédigé durant le premier trimestre 2015.

Il est important d’insiter sur la nécessité de garder une certaine distance critique avec ce texte: l’auteur est un militaire et probablement un membre du Parti Communiste Chinois. Il ne s’exprime sans doute jamais uniquement à titre personnel et de manière désinteressée.

La diffusion du document et sa date de publication ne sont pas anodines: elles se situent à cheval entre le début de la crise boursière de Shanghai & Shenzen en juin 2015 [elles-mêmes, il est vrai, anticipées par un fort tassement des marchés boursiers indonésiens et malaysiens au printemps 2015], suivie en août 2015 par son aggravation soudaine se propageant rapidement aux marchés boursiers asiatiques, puis occidentaux. C’est durant le mois de juillet que le FMI se réunis pour discuter l’intégration du Yuan dans le panier de devise DTS, mais reportant la décision à plus tard – une forme de refus exprimé de manière prudente et diplomatique (http://www.bloomberg.com/news/articles/2015-08-04/imf-says-more-work-needed-before-yuan-reserve-currency-decision), mais qui a fort probablement agacé la Chine. L’article fut relayé par un blog économique néerlandais (et en néerlandais) en date du 16 août 2015 (http://www.ftm.nl/exclusive/follow-the-money-selecteert-22/). C’est via ce medium que je découvrit l’article.

La coïncidence est remarquable et suggère l’interprétation suivante (en forçant le trait et en caricaturant): Ne sommes-nous pas en train d’assister à la première guerre financière où les opposants se rendent pour coup? (jusqu’à présent ce concept avait été appliqué sous la forme d’un blitzkrieg sans que la cible ne soit mise en position de répliquer, voire de réaliser la situation).

Adoptons un instant le point de vue de Qiao Liang et repassons ces deux derniers épisodes boursiers au ralenti. Voici quelle serait l’interprétation de Qiao Liang:

• Possible action US contre les marchés chinois en juin 2015 (les marchées boursiers de Shanghai & Shenzen dévissent de 30%, les autorités chinoises interdisent les ventes à découvert et bloquent un nombre restreint de comptes ayant procédés à ce type de transations, plus tard il sera même interdit à certains gros actionnaires de vendre leur actions!!!);

• Possible réaction chinoise durant les 10 derniers jours du mois d’août 2015. En attisant le ‘feu’ financier allumé en juin (sorte de “judo” financier, Qiao Liang préfèrerait le terme chinois de “taijiquan” et l’utilise dans son allocution de 2015: c-à-d ne pas résister au coup, au contraire, entraîner avec soin l’adversaire dans sa chute), la Chine arriverait fin août à entrainer dernière elle tous les autres marchés financiers de la planète et en particulier New York, au point que la Fed doivent revoir sa position de relever les taux d’intérêt américains en septembre comme claironnés par tous les médias économiques de la planète.

Mentionnons encore deux éléments intéressants, qui prendront plus de sens après la lecture de l’exposé de Qiao Liang:

• Le 29 juin 2015, le Shanghai International Energy Exchange se lançait dans la dernière étape (demande de feed-back aux opérateurs de marché éligible sur les règles applicable sur l’échange, http://www.ine.cn/English/announcements_detail_11.html), avant de lancer officiellement le premier marché à terme ou ‘Futures’ de pétrole brute côté en RMB. Le mythique petro-dollar de 1973 serait-il sur le point d’être contesté?

• Au mois d’août, PBOC, la banque centrale chinoise, publiait pour la première fois en 6 ans ses réserves d’or, en hausse de 600t depuis 2009. D’après les estimations de la banque Macquarie, PBOC aurait encore acheté 16t supplémentaires durant le mois d’août (Ces derniètres années touts les BRICS plus le Kazakhstan ont augmenté leur réserves, mais à ce jeux, les plus actifs ont été la Chine, la Russie et le Kazakhstan, tous trois ayant doublé ou plus leurs stocks et montrant une croissance quasiment exponentielle de leur réserves. Une manière d’exprimer sa défiance face au système monétaire international sous banière US).

Ceci étant dit, les fondamentaux chinois avaient commencé à se détériorer progressivement à partir de l’été 2011 (ralentissement de l’industrie sidérurgique et accumulation de stocks de charbon indiquant un découplage grandissant entre production et consommation étonnant dans le contexte chinois post-1990), mais la situation à l’intérieur de la Chine avait été relativement bien gérée. Dans le contexte d’une érosion des fondamentaux, quoi de plus naturel pour un spéculateurs que de vendre massivement à découvert un marché grimpant de plus de 140% en un an alors que le taux d’inflation du pays ralentit massivement et que la monnaie continue de s’apprécier face au dollar… Evidement, le Parti Communiste Chinois a effectivement des visées différentes comme indiqué par Qiao Liang: la Chine n’a pas renoncé à être communiste, malgré les apparences, elle se contente d’utiliser les méthodes du capitalisme, lorsqu’il lui permet d’arriver plus rapidement au but recherché. Malheur à ceux qui ne pousse pas dans le sens voulu le gouvernement chinois.

Le timing de la réplique du mois d’août est la semaine précédent la rencontre de Jackson Hole où nos Banquiers Centraux (concentration maximum de pouvoir) se rencontrent avant la rentrée, suivi au début septembre d’une rencontre des ministres de l’économie du G20 & du G7, ainsi que du meeting de la Fed où celle-ci devait annoncer la sortie de crise économique pour les USA et effectuer son premier relèvement de taux et dans un contexte où le FMI renvoya en juillet une décision sur l’intégration du Yuan dans le panier de devise DTS à son meeting de novembre 2015.

L’internationalisation de la monnaie chinoise (RMB ou Yuan) est un point clé et fait partie intégrante de la stratégie défendue par Qiao Liang dans le document ci-dessous. Simultanément, Qiao Liang soutient que les USA feront tout ce qui est nécessaire pour empêcher l’émergence d’un second Euro venant concurrencer leur quasi-monopole monétaire en matière de règlement des transactions commerciales internationales. L’intégration du Yuan au panier de devise DTS est sans aucun doute un point de friction majeur entre la Chine et Occident. Actuellement, le panier DTS (monnaies reconnue par le FMI pour le remboursement des fameux prêt de l’institution et qui détermine une sorte d’étalon-or moderne) a la composition suivante: 41% Dollar, 38% Euro, 11.5% Livre Sterling, 9.5% Yen. Il est évident que la Chine – 2ème économie mondiale, 1ère réserve de change mondiale, pays le plus peuplé de la planète, 5ème monnaie la plus utilisée dans le commerce international – ne se satisfera pas d’une contribution inférieur au Yen, et vise plus probablement une contribution de 15-20% du total… Tant qu’une décision acceptable pour la Chine ne sera pas trouvée à ce domaine, il est probable que la Chine fera peu d’effort pour minimiser les nuisances de sa crise boursière intérieure et cherchera à entrainer derrière elle d’autres économies (rappellons-nous la blague sur quel organe devrait être le chef dans le corps humain… Certains se sentent déjà fièvreux après deux semaines de montagne russe boursière: Et nos médias économiques de relayer les protestations des différents organes du corps de cette blague. Donc, c’est que ça doit marcher!).

Le comportement des marchés financiers sur des 10 derniers jours d’août 2015 se sont révélées extrêmes et de nombreux records de baisse ou de volatilité ont été battus. Plus d’un observateurs des marchés financiers s’interrogent sur les causes derrières ces évènements (http://bfmbusiness.bfmtv.com/mediaplayer/video/philippe-bacchade-vs-bernard-aybran-12-comment-expliquer-la-nervositac-des-marchacs-2608-615081.html), tellement les fluctuations obersées ont été fortes (notamment des fluctuations du prix du pétrole de 10% dans un sens puis dans l’autre en moins de 48h!!!).

La question reste entière: Est-ce que via la publication de ce texte, la Chine ne cherche-t-elle pas à communiquer un message à l’Occident? En tout cas, Qiao Liang l’articule clairement:

1 La Chine rendra coup pour coup et n’acceptera qu’une seule forme d’impérialisme – le sien ou éventuellement une forme d’impérialisme partagé où elle retirerait un avantage proportionnel à son importance (sa vision du monde “multi-polaire”) et une zone d’influence exclusive;

2 L’internationalisation du Yuan est une étape clé pour la Chine. Si cela ne venait pas à se produire dans des conditions acceptables pour Pékin, à commencer par l’intégration du Yuan aux DTS, la Chine s’est préparé une stratégie alternative (stratégie “One Road, One Belt”) destiné à créer sa zone d’influence économique et ayant vocation à se détacher de la globalisation financières américaines et de ses institutions financières internationales (FMI, OMC, Banque Mondiale, etc.);

3 Les puissances occidentales en mal de croissance et face au risque de déflation n’accèderont pas au réservoir de croissance potentiel chinois sans donner des contre-parties conséquentes aux ambitions stratégiques chinoises;

4 En attendant, la Chine déploie une politique de retrait stratégique (dite One Road, One Belt) et alterne le déploiement de nouveaux système d’armement statégique (nouveau missile tueur de porte-avions) et le déploiement de politique monétaire visant à dé-dollariser leurs échanges économiques (p.ex. FTA, swaps monnaie, réserve d’or, dévelopement de marchés financiers et matières premières quotés en RMB, etc.)

Concernant le point 1), il y a un parallèle évident avec la Russie. La Russie de Vladimir Poutine n’a rien contre la mondialisation et ses institutions (dont le FMI), elle exige sa part, une part de gâteau ‘équitable’ pour la Russie. Contrairement à la Chine – puissance économique, financière et démographique – la Russie est une puissance essentiellement militaire et donc l’expresion de son mécontentement se fait également par des moyens militaires (p. ex. déploiement de 40 missiles inercontinentaux d’un type nouveau en juillet 2015) mais également monétaire (dé-dollarisation de la zone économique Russe et associée via alternative à Visa/Mastercard et swaps monnaie avec ses alliés de Biélorussie et Kazakhstan).

Comme avec la Chine, la base du conflit opposant russes et occidentaux est essentiellement économique, pas idéologique et résulte de l’accaparement progressif par les USA de l’ancienne zone économique exclusive de l’Union soviétique. Jusqu’au traité TAFTA/TTIP (https://en.wikipedia.org/wiki/Transatlantic_Free_Trade_Area) on pouvait prétendre que c’était l’UE qui agissait, pas les USA. La crise Ukrainienne est uniquement le point de rupture, le moment où la Russie eut été forcée de capituler économiquement soit de reprendre l’initiative sur un terrain lui étant plus favorable… La réponse russe est également similaire à celle de la Chine: une stratégie de type “One Road, One Belt” avec les pays membre de sa zone de libre échange (Biélorussie, Kazaksthan, etc.) et un projet de jonction avec la Chine et sa ‘zone économique exclusive’ en Asie Orientale. Du côté de la Chine, Qiao Liang consacre une section entière au pendant oriental de la stratégie américaine: ‘Asia-Pacific strategic rebalancing’ et plus particulièrement (l’acronyme n’est pas prononcé par Qiao Liang) au projets d’accord TPSEP/TPP (https://fr.wikipedia.org/wiki/Accord_de_partenariat_transpacifique) perçu avant tout par la Chine comme une tentative de circonvenir les accords de libre-échange conclus (ou en passe d’être conclus) avec de nombreux autres pays asiatiques. Toutefois, la participation de Qiao Liang à des rencontres avec des Think Tank comme ‘The Carter Center’ en 2014, laisse la porte ouverte (il est plus facile de s‘allier avec un étranger qu’avec ses voisins haïts par définition).

Nous voilà face à la perspective d’une guerre froide 2.0 avec son nouveau rideau de fer économique. Un cauchemar pour le multinationales occidentales voyant de juteux profits s’éloigner, sans parler de la nécessité de retrouver un bassin de croissance alternatif à l’eldorado chinois, et des coûts additionels nécessaires pour fidéliser un prolétariat occidental qui pourrait être tenté une fois de plus (et avec raison: Staline et Mao sont les vrais protecteurs – involontaires – de la classe moyenne, par la terreur qu’il inspièrent à la haute-bourgeoisie européenne aujourd’hui mutée jet-set globalisée) par le modèle rouge 2.0 de l’autre côté de la clôture… En décembre 2014, l’élection de Bodo Ramelow à la présidence du lander de Thuringe en Allemagne a été présentée dans les médias comme le début de la reconquista de l’ex-Allemagne de l’Est par des anciens agents de la Stasi! Nostalgie sentimentale ou choix économiquement rationnel?

Comme l’illustre le propos de Qiao Liang dans la section “Asia-Pacific strategic rebalancing’ de son allocution, il est important de réaliser que la vision impérialiste chinoise n’est pas différente de celle des faucons américains ou de celle des fonctionnaires prussiens installés à Bruxelles et Francfort. Le point majeur de désaccord entre dirigeants sino-russes et dirigeants occidentaux se situe avant tout sur la clé de répartition du gâteau (on est plus proche d’un “Touchez pas au Grisbi!” que d’un conflit de civilisation). Toutefois il y a une différence de méthode: La Chine s’estimant surclassée militairement par les américains, elle fera tout pour éviter un conflit armé frontal ou même indirect et s’acharnera à esquiver toute provocation (autre point important du texte).

Indirectement, l’allocution de Qiao Liang de 2015 semble faire écho à un autre livre chinois ayant connu un énorme succès en Chine et destiné à alerter l’opinion publique chinoise sur les risques pour la Chine d’être la cible d’une tentative de déstabilisation financière issue des milieux occidentaux de la banque internationale. Le livre intitulé la “Guerre des Monnaies” (http://www.amazon.fr/La-guerre-monnaies-nouvel-mondial/dp/2355120544) a été publié en 2007 par HongBing Song, un consultant ayant travaillé aux USA pour diverses sociétés dont Fannie Mae et Freddy Mac. Le livre s’est écoulé à plusieurs millions de copies (légales) sur le marché chinois et a été traduit en plusieurs langues. En Occident, l’adjectif ‘controversé’ semble plus aproprié pour décrire ce livre: sa traduction anglaise a été très mal reçue par l’establishment anglo-saxon et qualifiée d’“over-arching conspiracy theory” (http://www.ft.com/cms/s/0/70f2a23c-6b83-11dc-863b-0000779fd2ac.html). Si la tentative de HongBing Song de retracer la génèse des institutions monétaires et financières modernes en Occident est criticable, l’article du FT sur cet ouvrage occulte son message principal: la mise en garde adressée à l’opinion publique chinoise pour se focaliser sur la partie du livre retraçant la génèse de cette menace ainsi que sur la personnalité de l’auteur. La controverse provient des références appuyées faites aux Rotschild dans le livre (le FT frôle le point Godwin et les accusations d’antisémitisme en direction de l’auteur).

Message reçu 5 sur 5 par Qiao Liang: son texte de 2015 reprend en boucle les accords de Bretton Woods, le découplage Dollar-Or de 1971 et l’institution du pétro-dollar en 1973 également présent chez HongBing Song, mais il ne prend pas la peine de définir précisément l’adversaire. Pour Qiao Liang, les tentatives de déstabilisations financières sont le fait de l’ “Amérique” sans plus de détails (éventuellement accolé au nom de Geoges Soros, qui est nommé dans “La Guerre Hors-Limite” et assimilé à un terroriste de stature comparable à Oussama Ben Laden. Qiao Liang n’échappera donc pas lui aussi à une controverse de type ‘antisémite’ le moment venu: George Soros, est né sous le nom de György Schwartz à Budapest en 1930…). De son côté, HongBing Song parle de Banquiers Internationaux ayant prix le contrôle de l’Angleterre, de l’Europe et finalement de l’Amérique (thèse proche du concept de ‘capitaux apatrides’ et donc sentant le soufre car thème proche de certains milieux qualifiés d’antisémite et d’extrême-droite). Il faut cependant insister sur l’antériorité de Qiao Liang sur HongBing Song quant au concept de guerre fiancière et son application à la Chine (thème abordé dans l’ouvrage “La Guerre Hors-Limites” de 1999).

Terminons cette introduction par un dernier point pour aider le lecteur à bien contextualiser ce texte: s’il y a un tabou en Chine, ce sont bien les évènements de Tiananmen de 1991. Aucun des deux textes de Qiao Liang ne mentionne ces évènements, alors qu’on pourrait y reconnaître une de ces formes nouvelles de guerres non-conventionelles (théorisée par Gene Sharp dans son ouvrage “From Dictatorship to Democracy”) et qu’il aurait été pertinent pour son propos d’aborder le sujet. Avec le recul, des militaires chinois auraient peut-être pu dénoncer cette tentative de révolution colorée pro-occidentale, dont la répression sanglante aboutit à retarder l’envol économique de la Chine de presqu’une décennie… Toutefois, le spectre de Tiananmen apparaît en flilgrane lorsque Qiao Liang clame avec une certaine fierté que la Chine n’est pas tombée (cette fois-ci?) dans le piège des crises régionales tendus par “l’Amérique” dans le cas du mouvement “Occupy Central” de l’automne 2014. Parfois les silences sont plus révélateurs que les paroles: Tiananmen est sûrement percue comme une défaite au goût amer par l’Armée Populaire Chinoise face à cette “Amérique” omni-présente dans l’allocution de Qiao Liang.

Voilà planté le décor! L’entrée en matière de Qiao Liang (le découplage Dollar-Or en 1971) est un peu longue, mais il vaut la peine de s’accocher et de dépasser cette partie.

 

L’allocution de Qiao Liang est précédée par une note du diffuseur de la version anglaise du texte (Francesco Sisci):

Une ceinture, une route

- Une nouvelle route de la soie.

par Gén. Qiao Liang [University professor et PLA Air Force major-general Qiao Liang, ndlt]

L’allocution du général Qiao Liang, que nous [Heartland, ndlt] avons été autorisé à publier, a été présentée à l’Université de la Défense, une école militaire chinoise d’élite. Elle éclaire la nouvelle pensée stratégique chinoise.

Ce document, que le général Qiao Liang nous a autorisé à publier, fut présenté à l’Université de Défense, école militaire chinoise d’élite, où le général est en charge du programme d’éducation pour les officiers. Par conséquent, le discours doit avoir reçu l’approbation de la direction de l’école et en fin de compte également par le Président de la Commission Militaire, Mr. Xi Jinping [plus connu en Occident en tant que Secrétaire Général du Parti Communiste Chinois et Président de la République Populaire de Chine, ndlt].

Le document éclaire la nouvelle pensée stratégique chinoise. Le plus grand défi pour Pékin n’est pas géopolitique mais économique. Ce constat découle de l’analyse froide et cruelle du comportement américain depuis 1944, l’époque de l’accord de Bretton Woods, et de manière plus importante depuis 1971, avec le découplage du Dollar de l’Or, et encore plus, depuis 1973 avec l’imposition par les USA de l’usage du pétro-Dollar. Qiao Liang soutient que le but des USA durant toutes ces années n’était pas uniquement géopolitique; il était d’accumuler des profits, et les USA ont trouvé une manière, après les guerres désastreuses et coûteuses contre la Corée du Nord et plus particulièrement encore contre le Viet Nam, de tirer un profit de crises régionales, avec ou sans guerre. Le général identifie que le Dollar présente un cycle sur 16 ans: durant 10 ans le devise US est faible, durant 6 ans elle est forte. Le commencement [de la partie du cycle où le] du Dollar [est] fort correspond à une crise régionale bloquant une économie régionale. Qiao Liang soutient que les USA ont échoué dans leur dernière tentative de 2012 à créer une crise régionale autour de la Chine, car Pékin, selon lui, ne tomba pas dans le piège américain et ne se laissa pas entrainer dans un conflit contre le Japon et les philippines au sujet des [îles] Senkaku et des récifs de Scarborough. Qiao Liang est confiant que la Chine ne tombera pas dans une crise régionale et croit que des nouveaux chagements dramatiques vont arrivés. La “monnaie électronique nouvelle” [‘new bit money’, pas très clair, ndlt], qui pourrait bien croître pour dominer le monde de la finance, est en train de remettre en cause des processsus de transactions plus anciens; par ailleurs le procédé d’impression 3D pourrait également changer de manière dramatique les méthodes de production actuelles. Ces changements créent une situation totalement nouvelle pour tout le monde, et ici, indique Qiao Liang, les USA seront forcés de collaborer avec les autres pays.

Par conséquent, et selon cette analyse dépassionnée, la Chine ne doit pas seulement réaliser la nécessité de refuser une guerre frontale mais se convaincre qu’une nouvelle guerre directement contre l’Amérique serait contraire aux intérêts nationaux Chinois. Il pense que Washington ne combattra pas Pékin au cours des 10 prochaines années à venir, mais il est de son devoir de s’assurer que durant ces 10 ans les USA ne changent pas d’avis. La Chine doit donc mettre ses affaires en ordre et internationaliser sa monnaie, le RMB. Cette vaste vision stratégique procure également une justification profonde pour la campagne anti-corruption en cours. La Chine doit se dépêcher de réviser son économie face aux risques de la prochaine décennie. Si elle ne le fait pas, elle pourrait bien être condamnée à l’échéance de ces dix ans.

(par Francesco Sisci)

Premièrement, la situation entourant la Chine et le cycle du taux de change du Dollar US.

1 Pour la première fois dans l’Histoire, l’émergence de l’empire financier.

A ce sujet, je crois qu’il y a beaucoup de camarades, experts financiers, qui sont mieux placés que moi pour parler d’économie. Ce qui est différent [dans le discours de Qiao Liang, ndlt] est que j’en parle en termes stratégiques. Depuis le 15 août 1971, après le découplage du Dollar US d’avec l’Or, le navire Dollar a levé l’ancre qu’était l’Or [un frein à son endettement et à son déficit commercial, ndlt]. Commençons par le commencement. En juillet 1944, afin de prendre le relais des Britanniques et de leur monnaie, les USA ont promu l’installation de trois systèmes au niveau mondial: un système politique, les Nations Unies; un système de commerce, le GATT (qui s’est appellé par la suite l’OMC); et un système monétaire et financier, le système Bretton Woods.

Le système Bretton Woods, en accord avec les désirs américains, était d’établir le leadership du Dollar US. Cependant, après 27 ans, de 1944 à 1971, le leadership monétaire des Américains était en train de glisser à cause du poids de l’Or. Au début du système Bretton Woods, pour affirmer le leadership du Dollar, les Américains donnèrent un gage au monde: la monnaie des différents pays seraient fixées par rapport au Dollar, alors que le Dollar serait arrimé à l’Or. Comment l’arrimer? Avec un prix fixe pour la convertibilité de $35 par once d’Or. Avec cet engagement vis-à-vis du monde, les Américains ne pouvaient pas faire n’importe quoi avec le Dollar. Pour faire simple, la convertibilité à $35-par-once-d’Or signifiait que les américains ne pouvaient pas imprimer des quantités excessives de Dollars; si plus de $35 étaient imprimés, le Trésor devait avoir une once d’Or de réserves en plus.

A cette époque, l’Amérique pouvait prendre un tel engagement vis-à-vis du monde, car elle possédait environs 80% des réserves d’Or mondiales. Mais plus tard, la situation devint plus compliquée que souhaitée par les américains. Après la 2ème Guerre Mondiale, les Etats-Unis se sont impliqués de manière irréfléchie dans les guerres de Corée et du Viet Nam. Ce furent deux guerres coûteuses pour les USA, en particulier pour la guerre du Viet Nam. Cette dernière détruisit presque $800 milliard au travers de dépenses militaires. Avec l’augmentation des coûts de la guerre, les Etats-Unis prenaient sur eux plus qu’ils ne pouvaient se permettre. Selon le gage donné par les USA, la perte de $35 signifiait la perte d’une once d’Or.

En août 1971, les américains avaient encore plus de 8,800 tonnes d’Or. A ce moment, les américains savaient qu’ils avaient un problème, et d’autres gens étaient sur le point de leur créer de nouveaux ennuis. Par exemple, le Président français Charles de Gaulle n’avait pas confiance dans le Dollar, et donc il manda le Ministre des Finances français et le Gouverneur de la Banque Centrale française pour recenser les réserves françaises de Dollar. la France avait alors environs $2.2-2.3 milliard, et de Gaulle ordonna alors de retourner tous les Dollars aux USA et d’obtenir en retour la valeur correspondante en Or. Le coup français produisit une réponse similaire de la part d’autres pays. Ils dirent également aux américains: “nous ne voulons pas de Dollars; nous voulons de l’Or”. Les américains se retrouvèrent dans une situation périlleuse.

Par conséquent, le 15 août 1971, le président US d’alors, Richard Nixon annonça la fermeture de la fenêtre Or – le Dollar était délié de l’Or. Ce fut le commencement de l’effondrement du système Bretton Woods, mais ce fut également le moment où les américains revinrent sur leur promesse. En ce qui concernait le reste du monde, les choses n’étaient pas entièrement claires à cette époque. Les gens croyaient dans le Dollar car il y avait l’Or derrière ce dernier. Le Dollar avait été utilisé comme un monnaie internationale, de règlement et de réserve durant presque 30 ans, et les gens avaient commencé à s’habituer au Dollar. Si le Dollar s’arrêtait soudainement et qu’il n’y avait plus d’Or pour le soutenir, il devenait un simple bout de papier vert – alors comment pourrions-nous encore l’utiliser? On aurait pu arrêter de l’utiliser, mais il y restait à résoudre le problème de l’unité de compte à utiliser pour la fixation de la valeur des marchandises au niveau international. En effet, la monnaie est la mesure de la valeur, si on n’utilise plus le Dollar, peut-on vraiment faire confiance aux autres devises étrangères? Par exemple, le Yuan et le Rouble, la Russie (alors l’Union Soviétique) dit “si vous ne reconnaissez pas le Rouble, nous ne reconnaissons pas le Yuan”, il en découla que il fut uniquement possible de continuer à prendre le Dollar comme moyen d’échange entre nous.

Donc les américains profitèrent l’inertie du monde et en octobre 1973 poussèrent les Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) à accepter leurs conditions: le commerce du pétrole au niveau international devait dorénavant être effectué en Dollars US. Précédemment à cette décision, le commerce international de pétrole pouvaient utiliser une variété de devises internationales pour effectuer les règlements, mais après octobre 1973, tout changea, et l’OPEP annonça que le Dollar devait être utilisé pour le règlement du commerce international de pétrole. Suite au découplage Or-Dollar, les américains arrimèrent le Dollar à la matière première de base: le pétrole. Pourquoi? Car les américains virent clairement que si l’on peut ne pas aimer le Dollar, on ne peut pas se passer d’énergie: on peut se passer de Dollar, mais comment se passer de pétrole? Tout pays consomment de l’énergie, et tout les pays ont besoin de pétrole; dans ce cas, un besoin en pétrole devient équivalent à un besoin en Dollars, ce qui était mouvement très asticieux de la part des américains. En fait, après le découplage du Dollar et de l’Or de 1971, avec l’arrimage du Dollar au pétrole de 1973, les USA fixèrent un nouveau cap, que bien peu de monde ne réalisèrent à cette époque.

Beaucoup d’économistes – experts financiers – ne virent pas clairement que l’évènement le plus important du XXème siècle n’était ni la 1ère Guerre Mondiale, ni la 2ème Guerre Mondiale, ni même l’effondrement de l’Union Soviétique. L’évènement le plus important du XXème siècle fut le découplage du Dollar et de l’Or du 15 août 1971. Depuis, l’humanité à vu l’émergence d’un empire financier, et cet empire pris [prendre comme dans un filet ou une nasse, ndlt] toute la race humaine dans son système financier. En fait le soi-disant leadership du Dollar commença à ce moment. Aujourd’hui, il est âgé d’environs 40 ans. Après ce jour, nous entrons dans l’ère de la vraie monnaie-papier, car derrière le Dollar il n’y a plus un métal précieux, mais à la place il ne reste que la crédibilité d’un gouvernement et le soutien de ceux qui sont poussés par l’envie de faire des profits. En termes simples, les américains peuvent utiliser un bout de papier vert pour obtenir des richesses physique en provenance de n’importe où sur la planète. Jamais auparavant ce ne fut le cas dans toute l’histoire de l’humanité. Il y avait toujours eu beaucoup de façon de faire des profits, parfois au moyen d’échange de monnaie, parfois en utilisant de l’Or ou de l’Argent; à d’autres moments des pays utilisèrent la guerre à des fins de pillage, mais le coût de la guerre restait énorme. En dépit que le Dollar ait l’apparence d’un simple bout de papier vert, le rapport coût-bénéfice pour les Etats-Unis reste extrêmement faible.

En raison du découplage Dollar-Or, l’Or ne retient plus le Dollar, et les Etats-Unis sont libres d’imprimer des Dollars. Si beaucoup de Dollars restent aux Etats-Unis, ils causeront de l’inflation aux USA. Si le Dollar part à l’étranger, alors le reste du monde aura à digérer l’inflation US, ce qui est une des raisons pour laquelle le taux d’inflation du Dollar n’est pas élevé. En d’autres mots, le flux de Dollar en provenance des USA vers l’étranger dilue son inflation intérieure. Cependant après ce déferlement de Dollars, les américains ne disposent plus de cet argent, et ils ne peuvent pas en imprimer trop de monnaie, au risque de déprécier leur Dollar, ce qui ne serait pas bon pour les Etats-Unis. C’est la raison pour laquelle, la Fed n’imprime pas sans s’arrêter, en continu et de manière folle, comme certaines personnes l’imaginent, de la monnaie. En fait, la Fed comprend totalement les limites. En 100 ans d’existence, depuis 1913 jusqu’à 2013, la Fed n’a émis qu’un total de 10 trillion de Dollars.

En comparaison, certaines personnes commencèrent à blamer la Banque Centrale de Chine. Pourquoi? Depuis qu’elle a commencé à émettre la nouvelle monnaie – le renminbi – de 1954 jusqu’à aujourd’hui, notre banque centrale a émis plus de 120 trillions de yuan. Converti à un taux de change de 6.2 pour 1 Dollar, nous avons émis l’équivalent de $20 trillions. Mais cela ne signifie pas avoir imprimé ‘follement’ de la monnaie en Chine car après les réformes et l’ouverture, la Chine a gagné beaucoup de Dollars, et actuellement, il y a beaucoup de Dollars sous la forme d’investissements étrangers en Chine. En raison du contrôle des changes, le Dollar ne circule pas directement en Chine, en conséquence, la banque centrale doit libérer des montants en RMB correspondant à ceux investis depuis l’étranger en Dollar US ou en autre devises. Cependant les investissement étrangers en Chine, après avoir générer de l’argent, peuvent être retirés dans le futur; au même moment, il y aura beaucoup d’échanges avec l’étranger afin d’acheter des matières premières, de l’énergie, des produits, de la technologie. De cette façon, beaucoup de Dollar seront éventuellement sortis, alors que le RMB reste en Chine. On ne peut donc pas détruire le montant correspondant de RMB, mais on peut uniquement le laisser circuler en Chine, et le stocks de RMB devient une force plus grande que celle du Dollar [bizarre, strictement parlant, les RMB créé lors de l’arrivé de Dollar, devraient être détruit par la banque centrale quand ces mêmes RMB retournent à la banque centrale pour y être convertis avant de quitter les territoires chinois sous forme de monnaie étrangère. Certe il y a la question du taux de change qui est flottant... Sous-entend-il que la PBOC peut imprimer autant de RMB que nécessaires sans avoir à recourir à l’émission d’obligations ou de prêt à intérêt comme c’est le cas pour les banques centrales occidentales? C’est un militaire pas un comptable!, ndlt]. Ceci est démontré par les 30 années incroyables de dévelopement économique en Chine [certains on leur 30 glorieuses, d’autres leurs 30 incroyables... LOL!, ndlt]. La banque centrale chinoise a reconnu que ces dernières années elle avait probablement émis pour plus de 20 trillions de yuan. La plupart de ce montant énorme est resté en Chine, ce qui conduit à parler du sujet suivant: pourquoi le RMB doit être internationalisé? [réponse courte: pour décourager l’Amérique d’attaquer la Chine, car ils y auraient investi trop d’argent, ndlt].

1 La relation du cycle du Dollar et de l’économie globale.

La raison pour laquelle les Etats-Unis n’ont pas tant d’inflation que ça est largement due à la circulation globale du Dollar [comprendre plutôt qu’il est utilisé à l’étranger comme monnaie de réserve et qu’en conséquence la vitesse moyenne de circulation de ces Dollars est ralentie, ce qui conduit à un ralentissement équivalent de l’inflation. Inflation = volume monétaire x vitesse de circulation; on peut émettre de grande quantité d’argent sans générer d’inflation si la vitesse de circulation de cet argent est lente... C’est l’idée d’un QE: générer des bulles d’actifs là où l’argent est placé alors que les prix dans la vie de tous les jours semblent ne pas être affectés par l’augmentation phénoménale de la masse monétaire; en effet les banques privées redirigent cet argent principalement dans des investissements à l’étranger et des placemements sur les marchés financiers. De nouveau, Qiao est général, pas prix nobel d’économie, ndlt]. Mais les USA ne peuvent pas émettre un montant illimité de Dollars, ce qui conduirait à la dévaluation du Dollar – un minimum de contrôle est requis [Attention: ne pas confondre taux d’inflation et la force d’une devise en terme de taux de change. L’inflation dépend du volume et de la vitesse de circulation d’une devise sur son périmètre national, alors que la force du taux de change de cette même devise dépendra de son abondance relative par rapport aux autres devises sur les marchés des devises ou marché des changes. Si les capitaux sont libres de rentrer et de sortir du territoire national pour aller se placer sur les marchés internationaux des capitaux, alors il y aura une équivalence entre un fort taux d’inflation et une faiblesse relative de cette devise sur les marchés des changes. Par contre cette équivalence stricte ne serait plus garantie si des barrières empêchaient ces deux espaces différents de communiquer, par exemple un contrôle de changes. En général, plus une économie est exportatrice, plus la vitesse de circulation de sa monnaie ralentit, car les acteurs économiques auront tendance à accumuler cette devise sur des comptes à vue en prévision de leur achats à venir, autrement ces mêmes acteurs auront tendance à se débarasser de cette devise inutile à la première occasion et la vitesse de circulation de cette monnaie serait plus élevée. Par dessus se rajoute une évaluation sentimentale bassée sur la confiance inspirée par un territoire donné - valeur refuge comme le Franc Suisse et finalement le cas particulier du Dollar dénoncé ici par Qiao Liang et avant lui par le Général Charles de Gaulle. Inutile de préciser qu’avec son contrôle des changes très strict et sa balance de paiement excédentaire, la Chine est bien placée pour découpler le taux d’inflation et la force de sa monnaie sur les marchés des changes, et ce a fortiori dans l’éventualité d’une internationalisation du RMB, ndlt]. Si l’exercise de ce contrôle implique de ne plus avoir de Dollar, que faire? les américains ont un autre panel de solutions à ce problème: ils émettent des obligations en Dollar, et à travers l’émission d’obligations, ils sortent les Dollars du pays pour les faire refluer plus tard. Mais lorsque ce reflux atteint les Etats-Unis via du capital dette, les américains commencent à jouer un autre jeu, imprimer de la monnaie d’une main et l’emprunter de l’autre [création monétaire par le crédit, processsus par lequel de l’argent est créé ab-initio par le prêteur via un jeu d’écriture comptable en échange du paiement régulier d’un intérêt. Cependant le processus crée uniquement un montant d’argent équivalent à la somme prêtée par la banque, pas le montant des intérêtt nécessaire au service de la dette. Du coup l’emprunteur se retrouve à la merci de son prêteur au premier resserrement de crédit. Lors d’un tel épisode où les banques privées arrêtent de prêter, le montant des liquidité disponible baisse rapidement jusqu’à provoquer des défauts de paiement en série. Une hausse brutale de ses taux directeur par la banque centrale peut avoir le même effet d’assèchement des liquidités. Le prêteur peut récupérer les biens mis en gages contre le prêt - le fameux ‘colateral’. Dans les faits, on refinance l’emprunteur à des taux usuraires. La création monétaire par le crédit privé (95% de la création monétaires aujourd’hui) est dangereuse: si les banques ralentissent le rythme de création de prêt, p. ex. ‘si la confiance n’est plus là’ , alors on génère immédiatement de l’instabilité économique et des faillites. Pour être équitable, un tel système devrait impliquer qu’à l’autre extrémité du système monétaire, la banque centrale crée ab-initio et mette en circulation l’argent frais nécessaire au service de la dette. P. ex. en distribuant la somme à l’état pour paiement de ses frais de fonctionement ou directement à la population via un mécanisme type ‘revenu de base’ ou ‘basic income’. Trop de gens ont une conception périmée de la monnaie, mais cela change: voir l’initiative Monnaie Pleine ou Vollgeld en Suisse, ndlt]. Imprimer de l’argent permet de créer de la monnaie, emprunter de l’argent permet également de créer de la monnaie, de produire de l’argent avec de l’argent [création monétaire par le crédit privé, voir ci-dessus, ndlt]. S’il est plus facile de créer de l’argent à travers la finance qu’à travers l’économie réelle, alors qui voudra s’échiner à effectuer un dur labeur dans des industries de construction et de transformation à faible valeur ajoutée de l’économie réelle? Après le 15 août 1971, les américains ont progressivement abandonné l’économie réelle en faveur de l’économie virtuelle, se transformant en une pays vide. Aujourd’hui le PNB US atteint $18 trillions, mais la contribution de l’économie réelle au PNB n’excède pas $5 trillions – la plupart du reste est créé par l’économie virtuelle [banque, assurance, services financiers et autres formes de courtages, boursicotage, hypothèque, crédits à la consommation, trading, hedge fund, fond de pension, assurance sociales privatisées, judiciarisation de la société, droits de propriétés intellectuels, économétrie, gestion des risques financiers, compliance & legal pour les opérations de commerces internationaux, optimisation fiscale, etc. Voir David Graeber et le concept de “Jobs à la con” ou “bullshit job”, ndlt]. A travers l’émission d’obligations, les USA mettent en circulation de grandes quantités de Dollars à l’étranger qui leur revient ensuite pour s’investir dans trois marchés [financier, ndlt]: marché des futures, marché des obligations, et marché des actions. L’argent américain engendre ainsi plus de monnaies sur son chemin [effet de levier résultant du méchanisme de création monétaire par le crédit, ndlt], ensuite la monnaie crée part à l’étranger, de sorte que les cycle de déferlement à l’étranger et de reflux aux USA permettent de faire un profit et ont ainsi permis aux USA de devenir un empire financier [l’obligation d’utiliser des Dollars impliques de commissions à des intermédiaires financiers basés aux USA et des revenus à proportionnel à la masse monétaire en circulation, cette dernière croit à mesure que les échanges financiers et l’économie mondiale croissent, ndlt]. Les Etats-Unis phagocytent le monde financier [et aussi chez eux: la création de l’impôt sur le revenu coincide avec la création de la Fed et du moment où le gouvernement commença à se financer via l’émission d’obligaiton acheté par la Fed. D’où le commentaire de Qiao Liang sur le fait que les USA sont leur propre ennemi et creusent leur propre tombe, ndlt]. Beaucoup de gens croient qu’après le déclin de l’Empire Britannique, l’histoire coloniale s’était achevée. Il n’en est rien, car par la suite les Etats-Unis sont devenus un empire financier, en utilisant le Dollar comme une extension “coloniale” cachée: Les USA contrôlent les économies nationales au travers du Dollar et en transformant différents pays à travers le monde en “colonies” financières [Se référer à l’ouvrage de Perkins intitulé ‘confessions d’un agent d’influence économiques’ sur les 1001 façons de surendetter les états faibles en Dollar pour les mettre ensuite en coupe réglée via le FMI. La Grèce n’est qu’un exemple parmi d’autres, ndlt]. Aujourd’hui, nous voyons beaucoup d’état souverrains et indépendants, incluant la Chine, qui bien que souverrains, avec leur constitutions et gouvernements, ne peuvent pas se débarasser du Dollar. Au final, la santé économique des pays sera exprimée en Dollars et leur richesse matérielle est captée en partie aux USA à travers des échanges économiques formant un flux constant de Dollars.

Nous pouvons voir cela très clairement au cours d’une période de plus de 40 ans au moyen d’un graphique détaillant le taux de change du Dollar. Le 15 août 1971, le découplage du Dollar et de l’Or permis aux américains de se débarasser des entraves de l’Or, et ils purent imprimer librement du Dollar. Le Dollar en circulation augmenta, et le taux de change devint naturellement bas. A partir de 1971, en particulier suite à la crise du pétrole de 1973, le taux de change du Dollar a été négocié à des nivaux bas, ce qui indique que les USA imprimaient beaucoup de Dollars. La situation dura presque 10 ans. Un taux de change du Dollar US bas n’est pas entièrement un mauvaise chose pour l’économie car cela signifie que l’offre en Dollar augmente, ce qui signifique un augmentation du flux de capitaux. La plupart de ces capitaux ne restèrent pas aux Etats-Unis mais partirent à l’étranger. [Dans les années 70’s, ndlt] Au début de cette période où le taux de change du Dollar était bas, de grandes quantités de Dollars allèrent en Amérique Latine, ce qui stimula l’investissement et amena également la prospérité. Ce fut le boom économique des années 1970s en Amérique Latine.

La période de l’inondation en Dollar dura environs 10 ans. Puis en 1979, les américains décidèrent de fermer l’écluse. Un taux de change du Dollar US bas est équivalent à ce que les américains ouvrent les vannes monétaires, et la fermeture de ces vannes est, en fait, une réduction de la liquidité du Dollar [et donc un raréfaction des quantités en dollar sur les marchés des changes entrainant une appréciation du dollar face au autres monnaie. Ce n’est pas le volume émis LOCALEMENT de monnaie qui détermine le taux de change d’une monnaie, mais sa disponibilité sur les marchés INTERNATIONAUX des changes par rapport aux volumes requis de cette monnaie pour procéder aux échanges commerciaux, ndlt]. En 1979, le Dollar, le taux de change du Dollar se raffermit et le flux de Dollar partant à l’étranger fut réduit. L’Amérique Latine pensait qu’elle recevait beaucoup de Dollars afin de favoriser le dévelopement [économique de la région, ndlt], Soudain l’investissement fut réduit, la liquidité s’assecha, la chaine des investissements de capitaux cassa, et naturellement l’économie eut des ennuis.

Lorsque les troubles [économiques, ndlt] commencèrent, chaque pays d’Amérique Latine commença à réfléchir aux moyens de se sauver. Prenons l’exemple de l’Argentine. Son PNB par habitant avait atteint le niveau des pays développés. Mais lorsque la crise économique en Amérique latine apparu, l’Argentine fut la première à rentrer en récession. Il y a plusieurs façons de résoudre une récession, mais malheureusement, lorsque le gouvernement argentin arriva au pouvoir par un coup d’état militaire, la présidence échoua à Galtieri, qui n’avait aucune notion d’économie. En tant que soldat, la seule idée de Galitieri était la guerre, et il espéra rétablir la situation au moyen d’une guerre. Il choisit pour cibles les îles Malvinas, à 600km de la partie continentale de l’Argentine appellée îles Falklands par les britanniques. Les îles avaient été sous domination britannique pendant plus de 100 ans, et Galtieri décida de les réclamer. Mais l’Argentine se trouve en Amérique du Sud. Lorsque l’on veut mener une guerre dans l’arrière cour des Etats-Unis, on ne peut pas éviter de demander la permission. Galtieri demanda donc un entretien avec le président US Ronald Reagan, afin voir l’attitude des USA à ce sujet. Reagan devait savoir que si Galtieri voulait mener ce combat, cela pouvait conduire à une guerre à grande-échelle avec les britanniques, mais il déclara simplement que c’était un poblème entre l’Argentine et le Royaume Uni, qui ne concernait pas les Etats-Unis: “nous n’avons pas de position; nous restons neutres”. Galtieri pensa qu’il s’agissait d’un acquiesement de la part du Président des Etats-Unis et ainsi il démarra la guerre des Falklands et récupéra facilement les îles. Tous en Argentine applaudirent, comme dans un carnaval sur-enthousiaste. Cependant le Premier Ministre britannique Margareth Thatcher déclara qu’elle n’accepterait jamais ce résultat, et força le président des Etats-Unis à prendre position. Reagan baissa immédiatement le masque de la neutralité et publia une déclaration ferme avec les britanniques. Par la suite, Les britanniques envoyèrent des forces aéronautiques navales pour une expédition lointaine et exténuante à plus de 8,000 miles nautiques, et regagnèrent les Malvinas.

Entretemps, le Dollar commença à se raffermir, et les capitaux internationaux retournèrent rapidement aux Etats-Unis selon les désirs US. Lorsque les guerre des Falklands éclata, les investisseurs internationaux conclurent immédiatement: L’Amérique Latine était dans une crise régionale et le climat d’investissement s’y détériorait. Les uns après les autres, les investisseurs se retirèrent de la région [les liquidités disparaissent soudainement mais les dettes en Dollar US restent... et les défauts de paiements se profilent à l’horizon, ndlt]. La Réserve Fédérale Américaine vit le moment et immédiatement annonça une hausse des taux d’intérêt. A mesure que les taux augmentaient, le mouvement de désinvestissement en Amérique Latine s’accéléra. L’économie de cette région était en ruine. Suite à leur retrait d’Amérique Latine, ces capitaux allèrent se placer majoritairement aux Etats-Unis dans trois marchés (obligation, futures, et action) et produisit un premier ‘bull market’ [marché en tendance haussière sur une longue période. Ce type de conditions de marché attire inmanquablement des investisseurs institutionnels occidentaux et autres opportunistes, ndlt] depuis le découplage du Dollar et de l’Or. Le taux de change du Dollar contre les autres monnaies avait augmenté de 60 points, suivi d’un autre saut de plus de 120 points, soit une augmentation de près de 100%. Les trois marchés américains ne conservèrent pas l’argent et saisirent l’opportunité de gagner encore plus d’argent en retournant en Amérique Latine, cette fois pour acheter des biens de haute qualité dont le prix était tombé à un niveau planché, soit encore un autre pillage sauvage des économies de l’Amérique Latine. Voilà la situation après le premier mouvement haussier du Dollar US suite au découplage Dollar-Or.

Si des évènements similaires n’arrivaient qu’une seule fois, alors il s’agirait d’un fait rarissime; s’ils se répètent régulièrement, alors ils doivent être la règle. A l’époque du premier cycle – “10 ans de Dollar faible, 6 ans de Dollar fort” – les gens n’étaient pas sûr de savoir si c’était la règle. Après le pic de la crise financière en Amérique Latine, le taux de change du Dollar commença à retomber à partir de 1986. Il s’en suivit de la crise financière au Japon et de la crise des monnaies européennes, mais le taux de change du Dollar restait encore bas. Quelques 10 ans plus tard, en 1997, le Dollar s’affermit de nouveau. Cette fois, le Dollar resta de nouveau fort durant 6 ans. Ceci est très intéressant, nous pouvons voir que le taux de change du Dollar montra plus ou moins le même motif: 10 années faibles, 6 années fortes, puis de nouveaux 10 années faibles, 6 années fortes.

Après 1986, le taux de change du Dollar commença à s’affaiblir pour la seconde fois, ensuite 10 ans plus tard, le Dollar revint comme une inondation, se répandant partout dans le monde. La principale zone d’inondation cette fois fut l’Asie. Dans les années 1980’s, quelle était l’idée la plus en vogue? Les “quatre Tigres Asiatiques”, les “Oies Asiatiques”, et ainsi de suite. Beaucoup de gens crurent que la prospérité en Asie provenait du dur labeur, de l’intelligence et du sens des affaires des asiatiques. En fait, pour une grande partie, elle provenait de ce que l’Asie recevait assez de Dollars pour effectuer de gros investissements. Lorsque les économies asiatiques devinrent prospères, les américains pensèrent que le temps était venu de récolter la moisson. Dès lors, après 1997, lorsque le taux de change du Dollar atteignit son niveau le plus bas en 10 ans, les américains renversèrent la vapeur en direction d’un Dollar fort, en réduisant progressivement l’offre de monnaie en direction de l’Asie. La plupart des pays asiatiques, entreprises et industries souffrirent de pénuries de liquidités, et certaine cassèrent simplement la chaine de financement capitaliste [défaut de paiement, ndlt], et ainsi apparurent les signes de la crise économique et financière en Asie.

Cette fois l’eau dans la bouilloire était déjà à 99°C, seulement à 1°C de bouillir, et ce dernier 1°C déclencherait la crise régionale. Il ne s’agissait pas nécessairement d’une guerre comme précédement en Argentine. Pour créer une crise régionale, la guerre n’est qu’une option parmis d’autres. Comme le but est d’extraire les capitaux de la région, il est possible de créer une crise régionale sans déclencher de guerre. Alors apparurent des spéculateurs financiers comme George Soros et son fond spéculatif Quantum, et des centaines de hedge funds du monde entier, qui comme une meute de loups commencèrent à attaquer la plus faible des économies asiatiques, comme la Thailande, en s’en prenant à sa monnaie, le baht thailandais. A peu près une semaine après que la crise du baht thaillandais eut commencé, il y eut une réaction en chaine, en direction du sud, se déplaçant progressivement vers la Malaisie, Singapour, l’Indonésie et les Philippines, et ensuite vers le nord en direction de la Chine, Taiwan, Hong Kong, le Japon, la Corée du Sud et jusqu’en Russie. La crise financière en Asie Orientale se déclara. L’eau bouillait à présent. Les investisseurs du monde entier conclurent que les conditions d’investissements en Asie s’étaient déteriorées et retirèrent leur capitaux d’Asie. La Fed, une fois de plus, saisi l’opportunité pour sonner la trompette de l’augmentation des taux d’intérêt. Suivant les ordres de retrait d’Asie en directions des USA, les capitaux songèrent une nouvelle fois aux trois marchés US principaux et achetèrent le second plus gros ‘bull market’ [voir note précédente: marché en tendance haussière, ndlt] de l’histoire des Etats-Unis. Lorsque les américains eurent économisé suffisamment d’argent, comme ce fut le cas précédemment pour l’Amérique Latine, ils retournèrent en Asie pour y acheter des biens de qualité à des prix planché. Les économies asiatiques avaient été totalement brisées, et laissées sans force pour se battre. Cette fois la Chine fut la seule chanceuse.

1 A présent, c’est le tour de la Chine.

Par la suite, aussi ponctuel et précis que la marée, après avoir été fort six années durant, le taux de change du Dollar commença à baisser de nouveau à partir de 2002, et puis durant les dix années qui suivirent, jusqu’en 2012, les américain commencèrent les préparatifs pour faire baisser le Dollar à nouveau. La méthode était toujours la même qu’auparavant: créer des crises régionales chez les autres. Nous avons vu l’incident de Cheonan [note du traducteur chinois/anglais: un navire de la marine militaire sud-coréenne coula en 2010, peut-être par la suite d’une torpille nord-coréenne]; au voisinnage de la Chine, le différent au sujet des îles Diaoyu / Senkaku [note du traducteur chinois/anglais: entre la Chine et le Japon], ainsi que le différent au sujet des îles Huangyan/Récif de Scarborough [note du traducteur chinois/anglais: entre la Chine et les Philippines]. Presque toutes ces crises régionales se dévelopèrent dans une période de temps très courte. Très malheureusement, les Etats-Unis en 2008, en jouant avec le feu dans leur propre maison, furent touchés les premiers par une crise financière. Ceci résultat en un délais supplémentaire avant que le taux de change du Dollar ne puisse repartir à la hausse. Il semble que le différent sino-philippin au sujet des îles Huangyan et le différent sino-japonais au sujet des îles Diaoyu n’eurent que peu d’effet sur le taux de change du Dollar, mais est-ce là vraiment important? Pourquoi est-ce que ces incidents se déroulèrent-ils juste au commencement de la période de dix ans durant laquelle le taux de change du Dollar est faible? Peu de gens ont exploré ce sujet, mais il vaut vraiment la peine d’être considéré.

Si nous admettons qu’à partir de 1971 et du découplage Or-Dollar, il s’est créé un cycle dans le taux de change du Dollar, et que selon ce cycle, les américains saisissent l’opportunité de serrer les économies des autres pays, alors nous concluons que maintenant le tour de la chine est venu. Pourquoi est-ce que nous disons cela? Parce que maintenant la Chine est devenue une attraction mondiale pour les investissements directs en provenance de l’étranger et qu’une grande quantité de capitaux internationaux sont investis en Chine par ceux qui sont optimistes quant à son développement économique. Du point de vue des lois économiques, il ne s’agit pas seulement de la Chine comme pays. Une économie de la taille de la Chine est équivalente à celle de toute l’Amérique Latine, même plus grande en terme de production industrielle; et si nous la comparons avec les économies de l’Asie Orientale, alors nous pouvons dire que l’économie Chinoise est équivalente à celle de toute le reste de l’Asie Orientale. De plus, durant la dernière décennie, beaucoup de capitaux en venant s’investir en Chine, permirent à son économie de croître à une vitesse alléchante et de devenir la deuxième plus grande économie mondiale. Si cela est vrai, il serait étrange que les Etats-Unis n’essayent pas de cibler la Chine pour le troisième resserement.

Si cette évaluation est juste, alors, à partir de 2012, depuis le différent sino-japonais es îles Diaoyu et le différent sino-philippin des îles Huangyan, les différents au voisinage de la Chine s’accumulent les uns après les autres, jusqu’à l’année dernière [2014, ndlt] avec l’affrontement sino-vietnamiens au sujet du puit ‘981’ et plus récemment le mouvement ‘Occupy Central’ à Hong Kong. Est-il possible que l’apparition sucessive de tous ces évènements soit encore perçue comme fortuite? Au mois de mai de l’année dernière [2014, ndlt], lorsque j’accompagnai le Général Liu Yazhou, commissaire politique pour l’Université de la Défense Nationale, à Hong Kong pour un voyage d’étude, le mouvement ‘Occupy Central’ était déjà en train d’infuser et aurait déjà pu démarrer à la fin du mois de mai. Néanmois, il ne démarra pas fin mai, ni fin juin ou juillet, ni même août. Quelle était la raison? Qu’attendait donc ce mouvement en train d’infuser? Comparons avec le déroulement d’un autre évènement: le calendrier de sortie du QE [Quantitative Easing, ndlt] de la Fed. Plus tôt l’année passée [2014, ndlt], les Etats-Unis anoncèrent qu’ils allèrent arrêter leur QE. A ce moment, ils étaient encore en train d’émettre beaucoup de Dollars et ainsi le Dollar ne pouvait pas s’affermir, et donc le mouvement ‘Occupy Central’ à Hong Kong ne démarra pas. Les calendriers des deux évènements se superposent totalement. Fin Septembre de l’année dernière [2014, ndlt], la Fed annonça finalement le retrait du QE US, et le taux de change du Dollar commença à se raffermir à partir du mois d’octobre – et alors le mouvement ‘Occupy Central’ débuta. En fait, les îles Diaoyu, l’île philippine de Huangyan [philippine? vraiment, pas chinoise? Intéressant..., ndlt], le forage du puit 981, et le mouvement ‘Occupy Central’ à Hong Kong constituent quatre situations explosives. Si n’importe laquelle de ces quatre explosait, cela conduirait à une crise financière régionale, ce qui signifirait que les régions autour de la Chine ne sont plus bonnes pour investir. Ceci satisferait entièrement la condition de base du modèle de revenu du Dollar: “lorsque le taux de change du Dollar devient plus fort, de nouvelles zones de crises régionales doivent apparaître; cette détérioration des conditions propices aux investissements dans la région force un grand nombre d’investisseurs à retirer leur capitaux”. Mais malheureusement pour les américains, cette fois-ci, ils eurent affaire aux chinois comme adversaires. Le peuple chinois utilisa la méthode du taijiquan [un art martial chinois pratiquée à la fois pour sa formation de la défense et de ses avantages pour la santé, ndlt] pour résoudre l’une après l’autre les crises dans son voisinage. Jusqu’à présent, le résultat espéré par les américains – que l’eau chaude à 99°C augmente sa température d’un degré fatidique – n’a pas réussi à aboutir; l’eau ne bouille pas encore.

Si l’eau ne bouille pas, la Fed devra tenir sa promesse d’augmenter les taux d’intérêt. Il semble que les Etats-Unis commence à réaliser qu’il nest pas si facile de tondre la laine chinoise, néanmoins ils n’ont pas l’intention d’attendre aux alentours. En même temps qu’ils faisaient la promotion du mouvement ‘Occupy Central’ à Hong Kong, l’approche à plusieurs volets des Etats-Unis commença à se déployer dans d’autres régions. Lesquelles? L’Ukraine, où l’Union Européenne rencontra la Russie. L’Ukraine sous la direction de Viktor Yanukovych, n’était bien sûr pas l’oeuf parfait, et les mouches purent le remplir d’asticots. Les Etats-Unis ne convoitaient pas uniquement l’Ukraine car il s’agissait d’un oeuf pourri, mais également car il était bon de combattre Yanukovych, un politicien désobéissant, et de bloquer un rapprochement entre l’UE et la Russie. S’en prendre à l’Ukraine pouvait également contribuer à empirer le climat des investissements en Europe – l’objectif idéal étant de tuer trois oiseaux avec une seule pierre. Donc une ‘révolution colorée’ ukrainienne apparemment spontanée éclata, et le but des américains fut obtenu au-delà toutes leurs attentes ou de quiconque sur terre: L’homme fort de la Russie, Vladimir Poutine, saisi l’opportunité pour récupérer la Crimée. Bien que cette décision ne faisait pas partie des plans américains, elle leur donna une raison de mettre sous pression l’Union Européenne et le Japon, en les forçant à prendre des sanctions contre la Russie, ce qui mis sous grande pression à la fois les économies Russes mais également européennes.

Pouquoi les américains devaient-ils agir ainsi? Souvent l’on observe une situation sous l’angle géopolitique, plutôt que sous l’angle des capitaux. Après la crise en Ukraine, les relations de la Russie avec l’Europe et l’Amérique se détèriorèrent rapidement, cependant les sanctions occidentales contre la Russie créèrent un climat d’investissement défavorable en Europe, conduisant à des retraits de capitaux. Selon les statistiques, plus d’un trillion de Dollar de capitaux ont quitté l’Europe [quelle source?, ndlt]. Le dessein américains à deux volets avait fonctionné. Il s’agissait, s’ils étaient dans l’impossibilité de faire refluer les capitaux de la Chine vers les Etats-Unis, d’au moins obtenir un retrait (partiel) des capitaux d’Europe vers les USA. C’était le but de la première étape, d’obtenir un changement dramatique de la situation en Ukraine. Cependant la deuxième étape ne fonctionna pas comme attendu par les USA. Les capitaux retirés d’Europe n’allèrent pas s’investir aux USA, selon les statistiques, mais ils dirigèrent vers Hong Kong. Ce qui signifiait que les investisseurs internationaux ne sont toujours pas optimistes au sujet du rétablissement économique américain. Bien que sa croissance ne ralentisse, ils recherchent toujours à être exposé au pays dont le taux de croissance est le plus rapide: la Chine.

C’est le premier point. Le second est que le gouvernement chinois a anoncé l’année passée son intention d’ouvrir un peu plus la Chine aux investisseurs étrangers via l’initiative “Shanghai-Hong Kong Stock Connect“ [La version anglaise indique “Shanghai and Hong Kong communication “, mais ce terme n’existe pas. Nous lui substituons “Shanghai-Hong Kong Stock Connect “, le nom d’une plateforme boursière permettant aux investisseurs étrangers de jouer sur les bourses chinoises tout bénéficiant d’un régime de contrôle des changes allégés, cf. http://www.bloomberg.com/company/announcements/new-investment-opportunities-shanghai-hong-kong-stock-connect/. Vraissemblablement cette plateforme aurait été utilisé en juin par des investisseurs occidentaux pour ventre massivement à découvert les marchés actions de Shanghai et Shenzen et provoquer la colère des autorités chinoises, ndlt]. Les investisseurs internationaux espèrent donc avidement s’enrichir via ce moyen. L’intérêt de cette initiative est le contrôle très strict du taux de change de la monnaie chinoise – l’argent est libre de rentrer, mais il ne peut ressortir facilement – en conséquence, les investisseurs sont généralement effrayés d’investir dans le marché action chinois. L’initiative “Shanghai-Hong Kong Stock Connect” offre une plateforme aux investisseurs pour investir dans le marché chinois des actions via Hong Kong [bien que récemment rattaché à la Chine, les règles applicables en Chine continentale ne s’appliquent pas à Hong Kong pour les matières financières, ndlt], et le retirer quand bon leur semble, une fois leur profit atteint [Il est drôle le Général! Comme si la bourse était un casino où l’on gagne à chaque fois... Un peu comme la bourse de Shanghai jusqu’en mai/juin 2015!, ndlt]. Plus d’un trillion de Dollars se sont accumulés à Hong Kong depuis septembre dernier [2014, ndlt], lorsque le mouvement “Occupy Central” débuta. C’est pourquoi les forces derrière le mouvement “Occupy Central” ont toujours refusé d’abandonner et sont toujours revenues: Les américains doivent créer une crise régionale visant la Chine, afin que les capitaux déployés à Hong Kong soient retirés hors de Chine et redirigés vers l’économie américaine.

Pourquoi l’économie américaine a-t-elle donc besoin et dépend-t-elle si fortement des flux de capitaux? La raison est la suivante: après le découplage Or-Dollar du 15 août 1971, l’économie US abandonna progressivement la production manufacturière et quitta l’économie des bien réels [pour se financiariser à outrance, ndlt]. Les américains considèrent l’économie réelle – fabrication bas-de gamme, industries à faible valeur-ajoutée – comme des indutries poubelles et les appellent “industries du soleil couchant”. Graduellement, ces activités ont été transférées de chez eux vers les pays en voie de développement, spécialement la Chine. Qui plus est, à côté des industries dites de hautes-technologies comme IBM, Microsoft, et autre compagnies, l’Amérique a orienté progressivement environs 70% des emplois dans la finance et les services financiers. Maintenant que les Etats-Unis sont devenus un désert industriel et il ne leur reste plus beaucoup d’industries pouvant fournir de larges profits aux investisseurs internationaux. En conséquence, les américains ont ouvert une autre porte, celle de l’économie virtuelle. L’économie virtuelle est composée de ces trois marchés mentionnés précédement. Aussi longtemps que les capitaux internationaux affluent dans la mare constituée par ces trois marchés, cela génère de la monnaie pour les besoins monétaire propre de de l’Amérique. Autrement dit, ils escroquent le monde en mettant à leur profit l’argent gagné par l’activités productives des autres pays. Actuellement, c’est le seul moyen qu’on les américains pour vivre. Nous appellons cela l’ “American Way of Life” [comprendre “l’impérialisme anglo-américain”, une économie néo-coloniale de pillage, ndlt]. L’approche choisie par les USA nécéssite le retour de beaucoup de capitaux vers les USA afin de supporter les besoins quotidiens des américains et de l’économie US. Ceux qui bloquent le retour des capitaux vers les USA sont appellés par ces derniers les ennemis de l’Amérique. Nous devons comprendre cela et avoir l’esprit clair à ce sujet.

Deuxièmement, de qui le fromage a été déplacé par la montée rapide de la Chine?

1 Pourquoi la naissance de l’euro a-t-elle provoquée une guerre?

Le 1er janvier 1999 naquit l’Euro. Trois mois plus tard, la guerre du Kosovo se déclenchait. Beaucoup de gens pensèrent que la guerre au Kosovo survint parce que les Etats-Unis et leurs forces jointes de l’OTAN combattirent le régime de Milosevic, qui avait massacré les albanais ethniques vivant au Kosovo, créant ainsi un désastre humanitaire effroyable [Sur ce sujet, lire absolument l’ouvrage de Bernard Wicht intitulé “L’OTAN attaque”, ndlt]. Après la guerre, le mensonge éclata rapidement, et les américains admirent qu’il s’agissait d’une action menée par la CIA et les médias occidentaux dans le but de frapper le gouvernement yougoslave. Cependant, est-ce que la guerre du Kosovo était vraiment dirigée contre la Yougoslavie? Les européens pensent majoritairement que c’était le but, mais après 72 jours de guerre, les européens se rendirent compte qu’ils avaient été roulé dans la farine. Pourquoi?

Lors du lancement de l’Euro, les européens étaient très confiants. Ils fixèrent le taux de change de l’euro-dollar à 1.07. Lorsque la guerre au Kosovo éclata, les européens furent pleinement impliqués dans l’action de l’OTAN, supportant l’attaque américaine au Kosovo. Après 72 jours de bombardement, le régime de Milosevic s’écroula et ce fut la fin de la Yougoslavie. Une fois que tout fut terminé, les européens se rendirent compte que quelque chose clochait. Durant les 70 jours de guerre, l’Euro s’était paralysé. Une fois la guerre terminée, il avait perdu 30% à $0.82 pour un Euro. Soudainement les européens réalisèrent qu’ils avaient été vendus, et qu’une fois de plus ils avaient été dupés [litt. “ils avaient compté les billets pour quelqu’un d’autre”, ndlt] et ils commencèrent à se réveiller. C’est pourquoi lorsque les Etats-Unis décidèrent d’aller combattre en Afghanistan, la France et l’Allemagne – les deux puissances de l’UE – s’opposèrent fermement à la guerre.

Certains disent que les démocraties occidentales ne se combattent pas entre elles. Jusqu’à présent, depuis la fin de la deuxième Guerre Mondiale, il n’y a pas eu de conflit armés directs entre pays occidentaux [Merci à l’Union Soviétique & Joseph Staline pour tout le bien qu’ils nous ont involontairement prodigués!, ndlt], mais cela ne veut pas dire qu’il n’y eut pas de guerres économiques ou financières entre eux. La guerre du Kosovo fut une guerre financière indirecte lancée par les américains contre l’Euro, le combat fut mené contre la Yougoslavie mais la douleur fut ressentie par l’Euro. La raison est que la naissance de l’Euro enlevait le pain de la bouche au Dollar [p.ex. l’érosion de la place du dollar dans le panier de devises DTS du FMI depuis 2000, ndlt]. Avant la naissance de l’Euro, la devise monétaire mondiale de réserve était le Dollar US, et il était utilisé pour environs 80% des règlements internationaux – encore de nos jours, le Dollar US est utilisé pour 60% de ces règlements. L’émergence de l’Euro réduit soudain la part du gateau pour le Dollar US [La version anglaise fait référence au fromage, pas au gâteau, ndlt]. L’économie européenne compte pour $27 trillions, et son apparence jeta soudainement une ombre sur la plus grande économie mondiale, celle de la zone de libre échange Nord Américaine ($24-25 trillions). En tant que grande économie, l’Union Européenne ne pouvait certainement pas se satisfaire que le Dollar soit utilisé pour le règlement de ses transactions commerciales internes, à cette fin les européens décidèrent de lancer leur monnaie propre, l’Euro. L’apparition de l’Euro, diminua d’environs un tier les opérations commerciales règlées en Dollar [Digression: serait-ce un facteur explicatif pour la bulle financière sur les valeurs internet et bio-technologiques qui apparut au même moment? - les eurodollars ne trouvant plus de place en Europe revinrent s’investir aux USA qui n’avaient pas assez d’opportunités d’investissements solvables, d’oú bulle financière en 2000?, ndlt], et plus tard jusqu’à 23% des transactions commerciales internationales se sont règlées en Euro à la place du Dollar [voir positionnement de l’Euro dans le panier DTS, ndlt]. Les américains n’avaient pas été assez vigilants lorsque les européens commencèrent à discuter du lancement de l’Euro, mais plus tard ils réalisèrent que sous l’apparence de l’Euro se cachait un challenge pour la suprématie du Dollar et qu’il était un petit peu trop tard pour empècher son avènement [pas tout en fait: ils firent pression pour que la zone Euro accepte un passager clandestin - un cheval de Troie grec, en fait une bombe à retardement - aidé par Goldman Sachs pour falsifier leur ticket d’entrée pour le malheur de tous. La suite est connue, ndlt]. les Etats-Unis retenirent la leçon, et si d’une main ils contiennent l’UE et l’Euro, de l’autre ils cherchent à contenir d’autres challengers [la Chine, bien sûr!, ndlt].

1 Que cherche à rééquilibrer l’Amérique avec son “Asia-Pacific strategic rebalancing”?

La montée de la Chine fait de nous le nouveau challenger. Les différents de 2012 sur les îles Diaoyu et les îles Huangyan sont les derniers essais effectués par les Américains pour empêcher le succès de leur challenger. Les deux crises se déroulèrent dans les régions géopolitiques avoisinant la Chine, et bien qu’elles échouèrent, elles causèrent la sortie de Chine de beaucoup de capitaux, et donc elles permirent aux Américains d’atteindre partiellement leur buts et de créer deux problèmes. Au début 2012, Les négotiations Chine-Japon-Corée sur le traité de libre échange trilatérale de l’Asie du Nord-East [‘trilateral Northeast FTA’. Par la suite nous utilisons l’abréviation anglaise ‘FTA’ ou ‘Free-Trade Agreement pour se référer au traité de libre-échange, ndlt] s’achevèrent par un succès; en avril suivant la Chine et le Japon aboutirent à un accord préliminaire sur la devise japonaise et les échanges d’obligations [obligations de dettes souverraines, ndlt]. Mais dès ce moment, les différents sur les îles Diaoyu et Huangyan apparurent les uns après les autres, et tout à coup les négotiations sur le FTA trilatérale pour l’Asie du Nord-Est et l’accord sur les échanges de devises japonaises [‘Japanese currency swaps’, la Chine tente d’internationaliser le Yuan en signant des accords d’échanges de devises avec ses partenaires de façon à éviter l’utilisations du Dollar US comme monnaie de règlement, ndlt] avaient été emporté avec le vent. Après plusieurs années de discussions, les négotiations bilatérales Chine-Corée du Sud ont à peine été complétées [et officiellement annoncées en juin 2015, http://thediplomat.com/2015/06/its-official-china-south-korea-sign-free-trade-agreement/, ndlt]. Néanmoins le contenu de ce traité diffère significativement du projet initial de FTA pour l’Asie du Nord-Est et a une importance moindre. Pourquoi cela? Parce que une fois les négotiations du FTA Chine-Japon-Corée couronnée de succès, l’accord aurait inclus la Chine, le Japon, la Corée, Hong Kong, Macao, et Taiwan dans une même zone de libre échange [et donc les Dollar US aurait été exclu pour les règlements des opérations commerciales entre états membres via des accords bilatéraux d’échanges de devises négociés en marge des FTA, ndlt]. Un FTA Nord-Est Asiatique aurait signifié la création d’une zone rassemblant la troisième économie mondiale, un géant de taille mondiale d’environs 20 trillions de dollars [en attendant de se libérer définitivement de l’impérialisme américain, Qiao Liang compte encore en dollar US... L’impérialisme ça commence d’abord par nos propres représentations mentales..., ndlt] [La partie qui suis est assez déroutante: Mégalomanie ou intox? D’un côté, les éléments démontrant que ces propos aient été effectivement tenu par leur auteur présumé manquent... et puis cette manie de compter en dollar, ça ne colle pas avec un personnage obsédé par l’internationalisation de sa monnaie nationale, le RMB. De l’autre côté, un tel discours fait froid dans le dos. Admettons qu’il soit authentique: voilà qui illustre les limites morales de Qiao Liang qui a pourtant démontrer sa claivoyance extraordinaire dans son ouvrage précédent. Pourquoi ne pas demander directement à devenir le 51ème états de Etats-Unis tant qu’il y est? Ce serait le plus grand Empire que la terre ait connu et cela nous épargnerait ses gueguerres non-conventionelles... Ceci illustre que la Chine ne conteste absolument pas le Nouvel Ordre Mondial mis en place par les USA... à la condition qu’il lui profite. Eventuellement elle pourrait considérer partager les lieux qu’elle ne considère pas comme sa zone économique exclusive. Ca n’a pas l’air d’effleurer l’esprit de Qiao Liang qu’une telle mégalomanie puisse terroriser les voisins de la Chine. En même temps, le monde a laissé les USA atteindre cette situation, en rendre 50% à la Chine, ne serait-ce pas une forme de justice sociale? La perspective du pouvoir rend fou! Finalement: si ce discours effraie dans la bouche d’une général communiste rouge, il devrait également nous effrayer dans la bouche d’un général capitaliste bleu... TAFTA/TIPP pour l’Europe c’est en 2015! Cette mentalité impérialiste tant à l’Ouest qu’à l’Est n’augure rien de bon, ndlt]. Une fois le FTA Nord-Est Asiatique mis en place, il aurait été rapidement étendu vers le sud pour intégrer la zone de libre échange de l’Asie du Sud-Est et constituer une zone de libre échange East-Asiatique abritant une économie de plus de 30 trillions de Dollar US. Cet espace aurait constitué la première économie mondiale, plus grande que l’UE et l’Amérique du Nord. Nous pourrions continuer et spéculer que cette zone de libre-échange Est-Asiatique aurait continué de s’étendre à l’Inde au sud-ouest et également le nord pour intégrer les cinq républiques d’Asie Centrale, puis de continuer à étendre la zone vers l’Ouest pour intégrer le Moyen Orient, de sorte à obtenir une zone de libre échange Asiatique soit qui attendrait une taille de plus de 50 trillions de Dollar US, plus que l’UE et l’Amérique du Nord réunies. Si une telle zone de libre échange devait apparaître, voudrions-nous toujours utiliser l’Euro et le Dollar US comme moyen de règlement pour les transactions commerciales internes à a la zone de libre échange? Bien sûr que non. Cela signifie qu’une Dollar Asiatique pourrait naître [Hypothèse: se pourrait-il qu’une erreur de compréhension du preneur de note ait altéré dramatiquement le sens de l’exposé? Le cours avance, l’étudiant se fatigue... Y aurait-il eu un problème de traduction où une omission de quelques phrases dans la traduction anglaise. Difficile de dire, si ce n’est qu’un tel discours est maladroit et dessert les objectifs stratégiques de la Chine: De victime, la voilà qui se revendique en bourreau de ses voisins... Etrange. Néanmoins, il faut reconnaître la nécessité pour la Chine de réagir aux projets de zone de libre-échange tout aussi mégalo en provenance des USA avec leur projet TAFTA/TIPP et TSEPP/TPP, ndlt].

Si une FTA Asiatique doit émerger, nous pouvons uniquement promouvoir l’internationalisation du RMB et permettre au Yuan [RMB ou Yuan, même monnaie, ndlt] de devenir la monnaie asiatique dominante, comme le dollar devint la devise lourde de l’Amérique du Nord, et plus tard la monnaie de référence pour les flux de marchandises échangées dans le monde. La signification de l’internationalisation du RMB va au-delà de ce que nous disons à propos du RMB: sortir [de Chine, ndlt] et jouer un rôle dans la politique “One Road, One Belt”, etc. Cela diviserait le monde avec le Dollar US et l’Euro. Le peuple chinois peut le voir, est-ce que les américains le verront-ils? Lorsque les américains anoncèrent un rééquilibrage à l’Est, ils poussèrent le Japon sur [le différents des..., ndlt] les îles Diaoyu et ils se disputèrent avec la Chine pour encourager les Philippines dans la confrontation au sujet des îles Huangyan. Si nous avons une vision courte, la dispute au sujet des îles Diaoyu commença après que l’Extrême-Droite japonaise “acheta les îles” et le différent avec les Philippines débuta lorsque le Président philippin Corazon Aquino se laissa aller à générer des problèmes avec la Chine. Mais ce que nous omettons c’est le dessein américain d’empêcher le RMB de devenir un challenger pour le dollar. Les américains savaient très bien ce qu’ils faisaient car ils savaient qu’ils ne pouvaient pas permettre cette chose de se reproduire [comme avec l’Euro]. Si la FTA Nord-Est Asiatique avait été formée, elle aurait eu comme effet domino de diviser le monde en trois. S’il ne reste qu’un tier des monnaies globale aux mains des USA, comment la devise américaine pourrait-elle maintenir sa dominance? Serait-il possible à des Etats-Unis vidés de leur puissance monétaire de rester un leader mondial? Si nous voulons comprendre ce point, nous devons voir pourquoi derrière tous les troubles arrivés récemment à la Chine il y a l’ombre des Etats-Unis. C’est pour cela que les USA doivent penser à plus long-terme que nous, qu’ils doivent percevoir les choses plus profondément pour empêcher en premier lieu l’avènement du “péril” Chinois, et donc toujours nous apporter des troubles. C’est la raison fondamentale pour laquelle les USA mettent en place sa stratégie de rééquilibrage Asie-Pacifique. Que cherchez-vous à rééquilibrer exactement? Est-ce réellement pour essayer de rééquilibrer la Chine et le Japon, la Chine et les Philippines, ou encore la Chine et d’autres pays? Bien sûr que non, le but est de déséquilibrer la dynamique de la puissance émergente d’aujourd’hui, la Chine.

Troisièmement, le secret est que les soldats américains se battent pour le Dollar US.

1. La Guerre en Irak et la monnaie utilisée pour rapporter les transaction en pétrole

[Une autre collision avec l’actualité: la Chine est sur le point de démarrer un marché à terme ou “Futures” pour le pétrole brut. Le contract sera régler en RMB/brl sur une nouvelle plateforme financière appellée Shanghai International Energy Exchange (INE). Les opérateurs de marché sont tenus d’envoyer leur commentaires publics à INE avant le 22 septembre 2015, ce qui sous-entend un démarrage des quotations avant la fin 2015 (http://www.ine.cn/English/announcements_detail_12.html). Assistons à la fin du mythique pétro-dollar?, ndlt]

Tout le monde reconnait que le pouvoir de l’Amérique repose sur trois pilliers: la monnaie, la technologie et le militaire. En fait, nous observons aujourd’hui que les pilliers réels des USA sont monétaires et militaires, et la fonction de l’Armée Américaine est de soutenir leur monnaie. Conduire des guerres sur toute la planète consomme de l’argent, mais les militaires US continuent de combattre malgré cela. Si ces activités guerrières coûtent de l’argent d’un côté, de l’autre, elles rapportent également de l’argent, ce que les autres pays ne peuvent achever. Seuls les Etats-Unis peuvent gagner beaucoup à travers la guerre, bien que les Etats-Unis s’y soient parfois brûler les doigts.

Pourquoi combattirent les Américains en Irak? Un mot vient à l’esprit de la plupart des gens: le pétrole. Est-ce que réellement les américains partent en guerre pour le pétrole? Certainement pas. Si les américains partaient en guerre pour le pétrole, alors n’ont-ils pas pris un seul barril de pétrole d’Irak depuis leur victoire? De plus les prix du pétrole sont passés de $38 par barril avant la guerre à $149 par barril après la guerre Le peuple américain n’obtint pas des prix bas pour le pétrole suite à l’occupation de l’Irak par son armée. Par conséquent, l’enjeu de la guerre US en Irak n’était pas le pétrole, mais le Dollar.

Pourquoi me demanderez-vous? La raison est très simple. Pour contrôler le monde, les Etats-Unis ont besoin que le monde utilise des Dollars. A cet effet, les américains ont effectué une manoeuvre très habile en 1973: ils lièrent le dollar et le pétrole en forçant le pays leader de l’OPEP, l’Arabie Saoudite, à mener ses transactions de ventes internationales de pétrole en Dollars. Si vous comprennez que les transactions de pétrole au niveau international se font en Dollars, vous pouvez comprendre pourquoi les américains se battent pour le pétrole. Une conséquence directe de la guerre dans les pays producteurs de pétrole fut l’explosion des prix du pétrole et une explosion des prix du pétrole signifie une augmenttion explosive de la demande en Dollars [pour effectuer les transactions, ndlt]. Avant [la deuxième Guerre d’Irak, ndlt], avec $38 il était possible en théorie d’acheter un barril de pétrole à une compagnie pétrolière. Avec la guerre, les prix du pétrole brut ont plus que quadruplé, pour atteindre $149. $38 ne permettaient plus que d’acheter un quart de barril de pétrole. Pour les trois-quart restant, il manque encore 100 dollars. Que faire alors? La seule solution consiste à aller voir les américains pour leur vendre vos propres produits et resources naturelles, de les leur livrer afin de recevoir en retour des Dollars Américains. A partir de ce moment, le gouvernement US peut faire imprimer en toute confiance, ouvertement et de façon justifiée plus de Dollars. C’est à travers la guerre – la guerre contre [pour et contre en même temps!, ndlt] les pays producteurs de pétrole générant à son tour des prix du pétrole brut élevés – que les USA créèrent une demande supplémentaire de Dollars.

La guerre américaine en Irak avait plus d’un seul objectif unique. Il s’agissait d’abord de maintenir la domination du Dollar. Pourquoi est-ce que le [Président Américain, ndlt] George W. Bush insista pour une guerre en Irak? Maintenant nous pouvons voir clairement que [le Président, ndlt] Saddam [Hussein, ndlt] ne soutenait ni le terrorisme, ni al-Qaeda, de même il ne cherchait pas non plus à déveloper des armes de destructions massives. Pourquoi est-ce que [le Président, ndlt] Saddam [Hussein, ndlt] fut finalement envoyé à la potence? [le Président, ndlt] Saddam [Hussein, ndlt] se croyait malin et joua avec le feu avec les super-puissances. Lors du lancement officel de l’Euro en 1999, Saddam Hussein saisit l’opportunité pour faire jaillir des étincelles avec le Dollar et l’Euro – les Etats-Unis et l’Union Européenne – et il se précipita pour annoncer que les transactions de pétrole irakien pourrait être règlée en Euro. C’est ce qui mis en colère les américains, et déclencha une réaction en chaine. Le Président de la Russie, Vladimir Poutine, le Président de l’Iran, Mahmoud Ahmadinejad , ainsi que le Président du Vénézuela, Hugo Chavez, anoncèrent également à leur tour que les exportations de pétrole de leur pays pourraient être dorénavant réglées en Euro. N’était-ce pas un coup de poignard dans le dos des américains? Certaines personnes pensent que cela va chercher trop loin et que cela ne rendait pas obligatoire une guerre en Irak. Alors, prêtez attention à l’argument suivant: Qu’ont fait les américains après avoir remporté l’Irak? Avant même de se saisir de Saddam Hussein, les américains mirent sur place un gouvernement provisoire dont le premier décret fut de déclarer que dorénavant les exports de pétrole irakien seraient règlés uniquement en Dollar US et plus en Euro. C’est la raison pour laquelle les américains se battent pour le Dollar US [Avec HongBing Song et maintenant, Qiao Liang, la Chine est en bonne position pour remporter haut la main le titre de champion du monde de complotisme et de faire tousser les journalistes du FT!, ndlt].

1 La Guerre Afghane et le surplus du compte de capital US

[Pour en savoir plus sur le vocabulaire inhérent à la balance des paiements d’un pays: https://fr.wikipedia.org/wiki/Balance_des_paiements, ndlt]

Certains diront que la guerre en Irak afin de défendre [‘se battre pour’, ndlt] le dollar US est compréhensible, mais qu’en Afghanistan il n’y a pas de pétrole, suggérant que la guerre en Afghanistan aurait pu être combattue pour d’autres raisons que pour le Dollar US. De plus la guerre en Afghanistan fut la conséquence directe du ’11 Septembre’, lorsque les Etats-Unis voulurent exercer des représailles sur al-Qaeda et les Talibans qui soutenaient ce mouvement terroriste. Mais est-ce vraiment le cas? La guerre en Afghanistan débuta un mois après ‘9/11’ – Il y avait beaucoup de précipitation dans la planification de cette opération. Après un certain temps, les USA tombèrent à court de missiles de croisière, mais la guerre ne s’arrêta pas. Le Pentagone ne put qu’ordonner d’ouvrir les abris contenant leur armes nucléaires, de retirer les 1,000 ogives nucléaires des missiles de croisière et de les faire remplacer par des ogives conventionelles… Alors seulement ils purent lancer 900 missiles supplémentaires et battre l’Afghanistan. C’est la preuve ultime que leur préparatifs étaient très inadéquats, et dans ce cas, pourquoi diable les américains se sont-ils précipités dans la bataille?

Les américains ne pouvaient pas attendre plus longtemps. Au début du XXI° siècle, les Etats-Unis étaient un pays vidé de sa substance industrielle et avait besoin de $700 milliards par an de flux entrant net pour survivre. Mais un mois après ‘9/11’, le climat d’investissement aux USA s’était très nettement déterioré atteignant un niveau d’angoisse et d’anxiété jamais ressentit précedemment. Peut importe leurs forces, si les USA n’étaient pas capables de garantir leur sécurité, comment garantir aux investisseurs que leurs ‘produits financiers’ étaient également sûrs? Résultat, plus de $300 milliards d’argent chaud quitta les Etats-Unis. Cela força les USA à débuter une guerre aussi vite que possible. La guerre devait servir non seulement à punir les talibans et al-Qaeda, mais également à regagner la confiance des investisseurs internationaux. Lorsque le premier missile de croisière explosa à Kaboul, le Dow Jones rebondit de 600 points en un jour, les capitaux sortis précédement commencèrent à refluer aux USA. Ceci ne prouve-t-il pas que la guerre en Afghanistan était avant tout pour le Dollar et les capitaux?

3. Pourquoi les porte-avions ont-ils cédé la place à des systèmes de frappe globale rapide?

[Timing is everything: Suite à la publication de cette allocution en juillet, et de ce paragraphe sur l’obsolescence du porte-avions en tant que système d’arme, la Chine dévoilera au public un nouveau type de missiles ‘tueurs de port-avions’ comme rapporté par l’AFP le 3 septembre 2015. La mode revient au missile ballistique... modernisé pour être capable de passer à travers des systèmes anti-missiles en se déplaçant à des vitesses supérieures à 3500km/h. Notez les similitudes entre Chine et Russie: déploiement de nouveaux types d’armements stratégiques ‘vraiment’ dissuasif’ car sensés être immunisés contre les systèmes anti-missiles modernes - comprenez ‘US’ - et quasi simultanément des mesures financières visant à la dédollarisation de leur zones économiques ‘exclusives’. Ces deux pays avancent leur agenda stratégique en s’appuyant tantôt sur la jambe militaire, tantôt sur la jambe monétaire. L’une servant de bouclier à l’autre. Peu après l’annonce sur le déploiement d’un nouveau type de missile ballistique en juin 2015, le Président Vladimir annonça l’intention de la Russie de diminuer la part du Dollar et de l’Euro dans la zone de libre-échange Russie-Biélorussie-Kazakhstan. Qiao Liang a sûrement applaudit, ndlt]

Beaucoup de gens ayant étudié l’histoire et le rôles des porte-avions anticipent avec impatience que la Chine développe ses propres capacités aéro-navales. Avec le Liaoning [nom du premier porte-avion chinois entré en fonction; à l’origine un porte-avion soviétique modernisé dans la province chinoise de Lianoing d’où il tire son nom, ndlt], la Chine s’est précipitée dans le dernier train pour acquérir un porte-avions. Bien que le porte-avions reste aujourd’hui un symbole de puissance pour les pays qui en ont les moyens, il ne reste qu’un symbole et rien de plus. Alors que l’économie globalisée se focalise de plus en plus sur les technologies financières, le rôle des porte-avions diminue progressivement. Le porte-avions était un produit de son temps. L’Empire Britannique lorsqu’il atteint le sommet de sa puissance, promut la globalisation du commerce pour vendre ses biens manufacturés au monde et obtenir des ressources naturelles en retour. Il avait besoin d’une marine solide pour assurer la fluidité des voies maritimes. C’était l’époque où la “logistique était reine”: s’assurer le contrôle des flux de resources et des produits sur la mer signifiait s’assurer le contrôle des flux de richesses mondiales. Mais le monde a changé et ce monde d’aujourd’hui est rentré dans l’ère où les “capitaux sont rois“. Des milliards, des centaines de milliards, voire des milliers de milliards de capitaux s’écoulent d’un endroit à un autre chaque seconde juste en pressant quelques touches sur le clavier d’un ordinateur. Bien sûr un porte-avions naviguant sur les océans à la ‘vitesse de la logistique’ sera incapable d’égaler la vitesse à laquelle s’écoulent les capitaux et de les contrôler.

Aujourd’hui, quelles sont les alternatives? Est-il possible d’égaler l’agilité, le volume et la vitesse avec lesquels s’écoulent les flux de capitaux sur internet? Les américains ont développé un énorme système global de combat rapide: en utilisant des missiles ballistiques et des avions se déplaçant cinq fois voire dix fois plus rapidement qu’un missile de croisière supersonique, ils sont en mesure de frapper rapidement tout emplacement à forte concentration en capitaux. Actuellement, les USA revendiquent être en mesure de frapper n’importe quelle partie du monde en moins de 28 minutes. Aussi, peut importe où se concentrent les capitaux, ils peuvent les frapper. Si les Etats-Unis ne souhaitent pas laisser des capitaux se concentrer dans un endroit particulier, il leur suffit de tirer un missile et le problème est réglé en moins de 28 minutes chrono. Et une fois que le missile s’est abattu sur sa cible, les capitaux peuvent encore être tranquillement retirés. C’est la raison pour laquelle un système global de combat rapide va remplacer les porte-avions. Bien sûr, le porte-avions du futur aura toujours des rôles irremplaçables, comme la protection des voies maritimes et le sécurité de la navigation, des missions humanitaires, etc., car le porte-avions constitue une bonne plate-forme offshore. Mais comme arme pour contrôler les flux de capitaux dans le futur, il sera beaucoup moins performant que des systèmes de frappe globlal.

Quatrièmement, le “Air and Sea Battle”: Un nœud gordien pour les Etats-Unis

Lorsque les américains contemplèrent l’utilisation de moyens militaires pour traiter le risque de l’émergence de la Chine, ils proposèrent un concept nommé “bataille aéro-navale” [“Air and Sea Battle", ndlt]. Je pense que cette doctrine reste un dilemme intraitable pour les Etats-Unis. La question de l’utilisation de la doctrine de “bataille aéro-navale” contre la Chine a été soulevé durant un sommet conjoint des forces aériennes et navales américaine en 2010. La stratégie reflète principalement le fait que l’armée américaine est affaiblie aujourd’hui. Les forces américaines ont toujours pensé qu’il serait possible de recourir à des frappes aériennes ou navales contre la Chine. Dorénavant ce n’est plus possible [voir les nouveaux missiles ballistiques tueurs de porte-avions chinois présentés au public en date du 3 septembre 2015, ndlt], pour les États-Unis d’employer leurs forces aériennes ou navales à leur avantage contre la Chine; une telle attaque conjointe par l’air et par la mer pourrait au mieux leur fournir un certain avantage sur la Chine. Plus récemment, cette doctrine discutée par les forces armées US en 2010 a changé tout à coup de nom, et rebaptisée en “concept de la participation globale commune et la mobilité conjointe/articulée” [impossible à traduire de façon intelligible dans l’état de mes connaissances actuelles; on espère qu’ils se comprennent, ndlt].

Dans ce concept articulé d’opérations aériennes et navales, les américains pensent qu’il n’y aura pas de guerre entre les deux pays durant les dix prochaines années. Selon une étude américaine sur les dévelopements militaires chinois, les américains pensent que les capacités US existantes ne sont pas suffisantes pour compenser certains des avantages militaires chinois. Cela siginifie que les américains pourraient planifier une guerre contre la Chine dans dix ans. Bien que cette guerre pourrait ne pas avoir lieu, nous devons nous y préparer. Si la Chine ne veut pas une guerre dans les dix prochaines années, nous devons tenir nos affaires en ordre, ce qui inclut la préparation militaire et la guerre.

Cinquièmement, la signification stratégique de “One Belt, One Road” 

Considérons la passion des américains pour les sports: il y a d’abord le basketball et en second la boxe. La boxe reflète typiquement le style défendu par les américains: avancer en ligne droite, la victoire par KO (knockout), et tout est clair. La Chine, par contraste, préfère ce qui est flou et mou, et nous ne cherchons pas à vous sonner, à la place nous voulons résoudre et comprendre toutes vos actions. [En comparaison avec les américains, ndlt] Le peuple chinois préfère pratiquer le taiji, qui est en fait un art supérieur à la boxe [sans doute... à condition de savoir encaisser les coups que l’on a pas réussi à esquiver!, ndlt].

“One Belt, One Road” reflète cette idée. L’histoire de l’ascension des grandes puissances a un lien direct avec le mouvement de globalisation en cours. Cela ne signifie pas que la globalisation soit un processus continu de l’Antiquité à nos jours, néanmoins tous les exemples historiques de grandes puissances – que ce soit l’Empire Romain, l’Empire Qin, etc. – ont dévelopé un processus de globalisation propre qui atteint son pic lorsque cet Etat atteint l’apogée de sa puissance. Bien sûr ce processus de globalisation aura aussi été limité par la force de ces états, définie par le rayon d’action maximum autorisé par les moyens de déplacement disponibles à l’époque – de fait c’est ce rayon d’action qui mis un point final à chacune des phases successives de globalisation. Par conséquent, chacun des processus de globalisation mis en oeuvre par les Empires Romain et Qin, nous apparaisse aujourd’hui uniquement comme une forme d’expansion impériale régionale. La première étape de globalisation de l’histoire moderne réellement mondiale, fut atteinte au commencement du grand Empire Britannique par la globalisation du commerce. Après que les Etats-Unis reprirent l’habit de l’Empire Britannique, ils prolongèrent la globalisation du commerce commencée par les Britanniques pour atteindre une forme nouvelle, de conception vraiment américaine, la globalisation du Dollar [i.e. du symbole monétaire pur. Les Britanniques avaient encore recours à un sous-jacent: l’or contenu dans leur monnaie. Le dollar n’a pas de valeur intrinsèque ce n’est qu’une entrée comptable immatérielle, ndlt]. C’est la forme de globalisation que nous sommes en train d’expérimenter aujourd’hui. Cependant, à mon sens, il n’est pas correct de dire que “One Road, One Belt” est une tentative d’intégration au système économique global. De la même manière, dire que le Dollar US continuera sa globalisation et son intégration est une méprise. En tant que grande puissance montante, l’initiative chinoise “One Road, One Belt” est l’étape initiale de la globalisation chinoise. En tant que grand pays émergent, le processus par lequel la Chine est en train d’émerger doit se focaliser sur un plan favorisant l’avancement de la globalisation [chinoise, ndlt].

“One Road, One Belt” est de loin la meilleure stratégie que la Chine peut mettre en avant. C’est une stratégie de couverture contre le déplacemement à L’Est [comprendre en direction de la Chine. Strictement parlant les USA sont situé à l’Est de la Chine... Lapsus révélateur ou indice que le locuteur n’est pas chinois?, ndlt]. Certaines personnes vont mettre ceci en doute, croyant que la couverture devrait ce faire en direction de l’adversaire [la stratégie OBOR se dirige selon un vecteur Est-Ouest, de la Chine vers l’Asie-Centrale, voire l’Europe. Le déplacement US vers l’Est de déplace en fait également selon un vecteur Est-Ouest - USA-Japon-Chine. D’où la question: pour repousser les USA ne devrions nous pas avoir une stratégie s’opposant à leur vecteur d’approche au lieu d’une stratégie se déplaçant la même direction, ce qui revient à reculer, voire à fuir, ndlt] – Comment pouvez-vous protéger en vous déplaçant dans la direction opposée? Très juste, “One Road, One Belt” est la stratégie de la Chine consistant à tourner son dos à la stratégie de déplacement à l’Est des Etats-Unis: vous pouvez pousser dans une direction, j’irai dans la direction opposée. Ne m’avez-vous par forcé à le faire? Je pars à l’Ouest, pas uniquement pour vous éviter car j’ai peur, mais afin de diffuser de façon très intelligente la pression que vous m’appliquez à l’Est [se battre sans combattre, voilà la traduction militaire de la stratégie économique chinoise. Le but est de manoeuvrer de telle façon que les occidentaux ne les supplient à genou de collaborer. C'est en suivant cette stratégie que la Chine est en train de manoeuvrer à travers cette 2ème crise financière asiatique afin d’intégrer le panier de devises DTS. Tel est le privilège de l’éléphant dans un magasin de porcelaine, ndlt].

“One Belt, One Road”, n’est pas une stratégie composée de deux lignes parallèles [volet terrestre & volet maritime; voir Note du traducteur, ndlt], mais une stratégie dans laquelle il devrait y avoir des objectifs principaux et secondaires. Sachant que la puissance maritime de la Chine est encore faible, la première priorité de “One Belt, One Road” est d’achever la partie terrestre [grossièrement: un réseau ferré fret & TGV ainsi que routier mais ausi pipelines, reliant Pékin à Moscou, voire Berlin et permettant de réorienter les flux logistiques chinois de la mer vers la terre. Garder en tête le parallèle historique: avant la Première Guerre Mondiale, l’Allemagne envisageait la construction d’une voie ferrée Berlin-Bassorah afin de sécuriser ses approvisionnements pétroliers futurs de l’influence de la puissance maritime dominante et adversaire stratégique de l’époque, la Grande-Bretagne. Bis repetita?, ndlt], ce qui signifie que la composante “One Road” devrait rester un angle d’attaque secondaire, que la composante “One Belt” devrait être l’angle d’attaque principal. Si la composante terrestre est retenue comme direction principale, ce signifie que nous devons ré-évaluer le rôle de l’armée. Certaines personnes claironnent que l’armée de terre chinoise est invincible. S’ils considèrent le cadre du territoire chinois, oui, l’armée chinoise est invincible. Qui pourrait vouloir prendre pied en Chine pour y mener des batailles à grande échelle? Mais la question est plutôt: Est-ce que la L’armée chinoise dispose-t-elle de capacités expéditionaires?.

L’année passée, je discutai ce sujet lors du forum “Global Times” [voir: http://www.uscnpm.org/papers/, 6-7 Sep 2014, Université de Xi’an Jiaotong, avec comme thème Research on the U.S.-China “Silk Road” Strategy et comme ‘keynote speakers’ Jimmy Carter, ancien président des USA, Mary Ann Peters, Ambassadeur, 30 ans de carrière comme diplomate au Département d’Etat, présidente et CEO de la fondation ‘The Carter Center’, membre du Council on Foreign Relations. Vu les niveau des keynote speakers chinois, ce forum doit être vu comme un salon américain cherchant à influencer des élites chinoises de deuxième catégorie ou à fort potentiel potentiel politique dans le futur. Votre serviteur Qiao Liang figure effectivement sur la liste des invités. Avec ‘The Carter Center’, une fondation pour les jeunes universitaire Chinois et Américains, les USA déploient en Chine des stratégie analogues à celles déployées en Europe dans le but de séduire les élites locales (French-American Foundation en France, etc.). A noter que cette fondation était le principal soutien financier du forum. Comme disait Napoléon, la main qui reçoit est toujours en dessous de celle qui donne. Volà une organisation à suivre, son éviction de Chine constituerait un signal très fort de dégradation des relations sino-américaines. Le site du forum contient la biographie des participants, dont celle de Qiao Liang. Voici comment il est présenté: Général Qiao est un major-général dans les forces aériennes de l’Armée Populaire de Libération et un professeur de stratégie militaire auprès de l'Institut Commandement de la Force aérienne en Chine. Il est également le secrétaire adjoint du Comité national de la politique de sécurité. Général Qiao est le co-auteur du livre de stratégie militaire La Guerre Hors-Limite, une analyse en profondeur de la façon dont les nations technologiquement inférieures peuvent éviter la confrontation directe et utiliser des tactiques asymétriques pour vaincre leurs adversaires technologiquement supérieurs. Il exerce également en tant que président chinois du Comité consultatif pour le Centre d'études globales dans la région Asie-Pacifique de la Chine et de la Russie pour l'Université du Yunnan en Finance et Economie. Bref... Touchez pas au Grisbi!, ndlt] [Le Global Times est un tabloïde chinois disposant d’une version anglaise. Au vu de certains articles, il ne doit pas s’agir d’un média officiel chinois. Bien que proposant des articles très patriotiques en premier abords, les articles mis en avant et repris systématiquement sur chaque page contiennent des thèmes chers aux médias occidentaux, notamment des liens vers “Occupy Central” ou des articles pro-LGBT “Lesbian college student sues Ministry of Education for biased information on LGBT groups in textbooks”. J’ai du mal à imaginer que le PC chinois dispose d’une section LGBT. La propagande occidentale en Chine réduite à faire passer des messages subliminaux. LOL! A noter que l’accès au site de la version anglaise du journal est instable et le site est fréquemment hors-ligne, ndlt]. Je déclarai qu’en choisissant la Chine comme rival, l’Amérique a choisi le mauvais adversaire et la mauvaise direction. En effet, dans le futur, le vrai challenge des Etats-Unis n’est pas la Chine, mais ce sont les Etats-Unis eux-mêmes, et les Etats-Unis creuseront eux-mêmes leur tombe. De plus, ils n’ont pas réalisé qu’une grande ère est en train de se refermer, les Etats-Unis finiront par chuter avec le temps car le capitalisme financier a été amené à son niveau le plus élevé [p. ex. quel secteur de notre existence n’a pas encore été privatisé (privatiser = financiariser, car cela permet une entrée en bourse, marché action et à partir de la création d’une multitude de produits dérivés annexes comme des options, des futures ou des CDS), en voie de l’être? Education, police, prison, assurance sociale, GPA, impôt avec la taxe carbone, politique avec les lobbys agissant en sous-marin dans les institutions de l’UE... Aucun. Un empire qui atteint son expansion maximale est voué à se contracter, ndlt]. D’un côté, avec l’économie virtuelle, les Etats-Unis ont déjà avalé tous les profits rendus possible par le capitalisme. De l’autre, l’innovation scientifique et technologique – dont ils sont les fiers leaders mondiaux, a été poussée à l’extrême et finira par enterrer les Etats-Unis [Au propre comme au figuré: couper la climatisation et la voiture à un américain moyen, faites-lui courir 5km à pied... Il crève d’un arrêt cardiaque, ndlt]. De plus, l’lnternet, le big data et le cloud computing sont en passe de devenir les représentants du mouvement d’opposition le plus important au capitalisme financier [pour Qiao Liang, capitalisme financier = ‘Amérique’; et donc converge avec HongBing Song et ses ‘capitaux apatrides’, ndlt]. Je veux dire par là qu’Internet et le Cloud finiront par gagner une existence propre [s’autonomiser de leur créateur américain, ndlt] et s’opposeront au gouvernement US.

Au cours de la Saint-Valentin chinoise [‘Double 11’, ndlt] de l’année passée [2014, ndlt] [en Chine l’equivalent de la Saint-Valentin, jour des amoureux, se fête le 11 Novembre, d’où l’appellation ‘double 11’, ndlt], le commerce chinois en-ligne atteignit le chiffre record de 50.7 milliards de Yuan en un jour pour le seul site internet d’ Alibaba de Taobao [approximativement $7.92 milliards, ndlt]. Durant les trois jours des vacances de Thanksgiving américaine [période de solde de fin d’année aux USA se déroulant durant les derniers jours du mois de novembre, ndlt], le commerce en-ligne américain et les ventes sur-le-terrain des magasins US atteint un total équivalent de 40.7 milliards de Yuan [Une erreur de chiffres s’est glissé quelque part. Les ventes des Magasins US durant Thanksgiving 2014 étant largement supérieure aux $6.36 milliards avancé par Qiao Liang. Une recherche rapide sur google montre des estimations entre 20 et 90 milliards pour les 4 jours entre Thanksgiving et Cyber Monday. Accordons nous pour dire que oui, le marché chinois est important, et de taille comparable au marché US à la même période, ndlt], moins que les ventes de Alibaba en un seul jour. Nous aurions également pu inclure d’autres sites de ventes en lignes comme Netease, Tencent, Jingdong, ou encore les revenus des grands centre commerciaux. Une nouvelle ère a déjà débuté, alors que la réaction américaine est encore lente. Les ventes sur Alibaba ont toutes été réalisées via la plateforme de paiement direct Alipay. Que signifie donc un paiement direct? Cela signifie que la la question de la monnaie est déjà sortie de la phase de transaction, alors que le leadership américain s’était justement construit autour de la question de la monnaie [comprendre plutôt qu’une plateforme de paiement comme Alipay, qui opèrent déjà avec 65 institutions financière dont Visa et Mastercard, fournit un moyen pour contourner le monopole détenu par le Dollar US pour le règlement des transations financières. A moins de tomber dans un ésotérisme style Bitcoin, il semble difficile de remettre en question le droit souverrain à battre monnaie et son pouvoir libératoire pour les paiements]. A l’avenir, lorsque nous n’utiliserons plus de monnaie, le règlement en monnaie traditionnelle deviendra inutile. Quand l’argent sera devenu inutile, est-ce qu’un empire construit sur la question de la monnaie pourra encore exister? Telle est la question qui doit être examinée par les Américains.

Les imprimantes 3D représentent également une direction future et amèneront à un changement fondamental du mode de production dans la société d’aujourd’hui. Comme les modes de production et de commerce sont en train d’évoluer, le monde sera également forcé de changer radicalement. Cependant, l’histoire démontre qu’un vrai changement peut mener à des changements de nature sociale, et qui dans notre cas seront conduits par ces deux types de changement (changement des modes de production et de commerce) et pas par d’autres facteurs. En Chine, durant la période autour de la fin de l’Empire Qin, les gens commencèrent à se rebeller: Chen Sheng Wu Guang démarra une révolution et des insurrections survinrent régulièrement durant les 2000 ans qui suivirent. Est-ce que les rébellions, guerres et autres révolutions participent-elles à la résolution du problème? Elles ne résolvent rien, elles apportent uniquement un changement de dirigeants, une circulation de l’eau à la surface. Ces mouvements ne changent ni la nature de la communauté agraire, ni les modes de production ou les façons de commercer. Ils peuvent uniquement provoquer un changement de régime. En Occident également, Napoléon porta la gloire de la révolution française et conduisit ses armées baptisées dans la révolution à travers l’Europe faisant tomber une tête couronnée après l’autre. Mais il échoua à Waterlo et fut démis. Tous les rois européens furent restaurés et immédiatement ils cherchèrent à faire revivre l’Ancien Régime [Qiao Liang parle de ‘retour à la société féodoale’, mais je trouve abusif de parler de société féodale dans l’Europe du XVIII° siècle où il n’y avait plus ni serfs, ni vassal, ni suzerain. Trop Moyen-Ageux. Je lui préfère la dénomination d‘ “Ancien Régime”, ndlt]. La révolution industrielle qui survint avec l’invention de la machine à vapeur par les Britanniques permit [força?, ndlt] à l’Humanité d’améliorer grandement l’efficacité de ses modes de production et permis l’apparition de surplus de produits manufacturés jusque là impensables. On passa d’un mode de production plutôt autarcique à un mode de production tourné vers le commerce. Et donc l’apparition de la plus-value, du capital et des capitalistes. La société capitaliste était avenues.

Rien n’empêche aujourd’hui la disparition de la société capitaliste. Lorsque le capital disparaîtra, nous verront la disparition de l’argent. Lorsque les modes de production changeront – p. ex. avec l’apparition de l’imprimante 3D, l’humanité sera sur le point d’entrer dans une nouvelle étape de son organisation sociale. Cette fois la Chine et les Etats-Unis se trouve sur la même ligne de départ, la ligne de départ constituée par l’internet, le big data et le cloud computing. Nous devons comparer qui est le mieux placé pour rentrer dans cette nouvelle ère plutôt que de chercher à savoir qui supprimera qui [Séquence émotion pour terminer. A méditer: “Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots.” Martin Luther-King, ndlt]. C’est dans ce sens que je dis que les Etats-Unis ont choisi le mauvais adversaire. Le vrai adversaire des Etats-Unis, ce sont les Etats-Unis eux-mêmes – ou alors cette ère nouvelle. Précisément, sur ce point, les américains sont incroyablement lent à comprendre. En effet, ils sont trop désireux de conserver leur leadership et n’ont jamais pensé partager le pouvoir avec d’autres pays. L’approche de cette nouvelle étape sociale est pleine d’inconnue et d’obstacles incertains [Pour le lecteur curieux, se reporter sur l’oeuvre de bernard Wicht, notamment son ouvrage “Une nouvelle Guerre de Trente Ans?”. Je vois une parentée intellectuelle dans le regard porté par ces deux auteurs sur le monde, quoique dans un contexte différent - contexte baissier à l’Ouest et haussier à l’Est. Cela mériterait de considérer une année sabbatique à Pékin ou à Lausanne..., ndlt].

[Conclusion: OK, Qiao Liang a parfois un côté maître de Kung-Fu ésotérique où tout se fait facilement à la five fingers death punch, n’empêche que la profondeur de certains passages devrait encourager le lecteur à se creuser les méninges sur les autres passages plus énigmatiques voire loufoques pour en extraire la petite perle qui jusque là lui échappait. A titre personnel, c’est la principale conclusion que je tire de cette allocution: l’incompréhension de certains passages a d’abord éclairé mon ignorance. Ce type a les pieds dans le présent mais la tête dans le futur, ndlt]

Source: http://www.les-crises.fr/une-ceinture-une-route/


La Chine et la Russie mettent en scène leur lune de miel

Sunday 4 October 2015 at 01:24

Un petit reminder en passant – la conséquence de notre haute diplomatie…

Source : Olivier Bories, pour L’Obs, le 2 septembre 2015.

Pour commémorer les 70 ans de la capitulation japonaise dans la Seconde Guerre mondiale, la Chine organise un gigantesque défilé militaire à Pékin. La présence de Vladimir Poutine est l’occasion pour les deux régimes de vanter l’axe sino-russe.

Le président russe Vladimir Poutine et son homologue chinois Xi Jinping, le 8 mai 2015 au Kremlin. ALEXANDER ZEMLIANICHENKO / POOL / AFP

Le président russe Vladimir Poutine et son homologue chinois Xi Jinping, le 8 mai 2015 au Kremlin. ALEXANDER ZEMLIANICHENKO / POOL / AFP

Ces mercredi 2 et jeudi 3 septembre, les célébrations chinoises des 70 ans de la Victoire du peuple chinois contre l’agression japonaise comptent un invité de marque. Non il ne s’agit pas d’Omar el-Béchir, le président du Soudan, au ban de la communauté internationale et recherché par la Cour Pénale Internationale pour génocide, qui sera pourtant bien présent. Non, symbole de la fierté et de la puissance retrouvées de la Chine, l’immense défilé militaire sur la place Tiananmen va surtout se dérouler sous les yeux de celui que la Chine présente comme son meilleur allié : Vladimir Poutine, le président de la Russie.

Le président Poutine sera sans doute l’invité le plus honorable du peuple chinois lors de ces célébrations. Il sera accueilli avec le plus haut niveau d’hospitalité.”

Cette pompeuse citation du vice-ministre chinois des Affaires étrangères Chen Gopin est ainsi rapportée par le média officiel russe Sputnik News. Depuis l’accession au pouvoir de Xi Jinping en Chine, les deux hommes s’échangent amabilités et gestes de courtoisie. En 2013, pour son premier voyage officiel hors de Chine, c’est en Russie que Xi Jinping s’était rendu. Les rencontres bilatérales se sont ensuite multipliées entre les deux hommes, bien plus qu’avec tous les autres chefs d’Etat. Au point que Vladimir Poutine a qualifié récemment les relations sino-russes comme ayant “probablement atteint leur plus haut niveau dans l’histoire”.

Une relation au beau fixe

Après mars 2014 et l’annexion de la Crimée, la Chine a encore gagné en importance pour la Russie. Isolée sur la scène internationale, frappée de sanctions économiques, Vladimir Poutine a choisi de se tourner vers l’Asie. Les deux pays y voient l’occasion de défendre un monde multipolaire, où l’Occident doit céder son pouvoir aux pays émergents, et en particulier aux BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). Le 9 mai dernier, le dirigeant chinois avait ainsi participé au défilé militaire russe pour commémorer les 70 ans de la capitulation de l’Allemagne. La plupart des dirigeants occidentaux avaient eux décliné l’invitation, ne voulant pas cautionner une démonstration de force russe.

Cette relance de l’axe sino-russe ne consiste pas qu’en de bonnes paroles. Sur le plan économique, de nombreux chantiers ont été lancés. Un contrat gazier géant d’une valeur de 400 milliards de dollars sur trente ans a par exemple été signé en mai 2014. Des investisseurs chinois vont également participer à la construction de ligne de train à grande vitesse entre Moscou et Kazan dans le centre de la Russie. Les échanges commerciaux ont beaucoup progressé ces dernières années, à tel point que la Chine est devenue le deuxième partenaire commercial de la Russie après l’Union Européenne. A l’issue des cérémonies à Pékin, 22 contrats bilatéraux supplémentaires seront signés.

Des réticences chinoises

Pourtant, cette lune de miel entre la Chine et la Russie n’est pas aussi idyllique qu’elle n’y paraît, notamment en raison de son déséquilibre : les Russes ont plus besoin des Chinois que l’inverse. Le contrat gazier, pilier de la stratégie de pivot vers l’Est, est loin d’avoir trouvé une application concrète. La Chine se montre en effet peu pressée d’avancer les dizaines de milliards nécessaires pour mener à bien les travaux. De plus, les dirigeants chinois ne semblent pas intéressés par le projet russe d’un second trajet de gazoduc rejoignant directement la Sibérie occidentale. Le sujet ne sera d’ailleurs probablement pas discuté lors de cette rencontre, admet l’ambassadeur russe en Chine Andreï Denissov.

Enfin, la situation économique des deux pays inquiète. Alors que le yuan chinois a récemment montré sa faiblesse avec des dévaluations successives, l’économie russe se porte mal. Dépendante du prix des hydrocarbures, la Russie s’enfonce dans une profonde récession. Effet secondaire de cette situation, le commerce sino-russe a plongé de 29% sur la première moitié de l’année, selon les calculs de l’agence Bloomberg. Pour la première fois depuis cinq ans, la Russie ne fait ainsi plus partie des 15 premiers partenaires commerciaux de la Chine. Autant de nouvelles qui peuvent gâcher la grande fête de Pékin.

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Intervention de l’ambassadeur de Russie en France 
au colloque «Chine – Russie: quelles stratégies? »

28 août 2015

Monsieur le Premier-ministre, Mesdames et messieurs,

Je trouve profondément symbolique que ce colloque se tienne au “Futuroscope” – ce parc du Futur. Car parler de la Russie et de la Chine, c’est parler,  non seulement du présent, mais aussi de l’avenir – de l’ordre mondial de demain.

Nous comprenons tous que la portée des relations russo-chinoises dépasse largement le cadre bilatéral. Elles constituent un facteur puissant de formation d’un monde multipolaire.

Oui, notre monde est en passe de devenir multipolaire. C’est un processus objectif et irréversible. On peut toujours essayer de le ralentir, mais personne n’est désormais en mesure de l’arrêter.

De fait, dans l’ambition d’assurer leur hégémonie, de maintenir la domination unipolaire, les Etats-Unis suivent le cap de l’endiguement de nouveaux pôles d’influence – avant tout la Russie et la Chine.

A l’égard de la Russie, cette politique d’endiguement prend une forme ouvertement agressive. On inflige à mon pays des sanctions chaque fois nouvelles – et ce, sans plus aucun lien avec la situation en Ukraine. Des bases militaires américaines et de l’otan poussent sur ses frontières tels des champignons, on y construit le bouclier antimissile américain. On lui livre une guerre médiatique, psychologique et économique.

Pour la Chine, cette même politique d’endiguement revêt un caractère latent, voilé. C’était d’ailleurs pareil pour la Russie, jusqu’à ce que la crise en Ukraine ne fasse tomber les masques.

La tactique utilisée est pourtant la même. Pour justifier cette politique d’endiguement, on impose à l’opinion publique toutes sortes de mythes – sur la “menace” russe ou chinoise ou sur “l’antagonisme idéologique” entre l’est et l’ouest.

Mais en réalité, ni ces menaces imaginaires, ni l’antagonisme idéologique, propres à l’époque de la guerre froide, n’existent. Il n’y a que l’ambition américaine de domination universelle. De la géopolitique à l’état pur.

Il faut bien comprendre que, malgré toute la diversité des systèmes politiques ou des valeurs, la multipolarité moderne n’est pas de nature idéologique. Au contraire, elle résulte en grande mesure du fait que le modèle du développement capitaliste né en Europe Occidentale et aux Etats-Unis s’est enraciné dans d’autres régions du monde.

Tout espoir de bloquer l’émergence d’un monde multipolaire est illusoire. Toute tentative d’empêcher ce processus porte un grave préjudice au système de  sécurité universelle et sape le développement économique global.

On a beau s’y accrocher, le modèle unipolaire restera immanquablement dans le passé. Il ne correspond plus au monde moderne, qui est bien trop varié et bien trop complexe. Aucun pays, aucun groupe, aussi puissant soit-il, n’est capable aujourd’hui de résoudre les problèmes universels à lui-seul.

De plus, les Etats-Unis ont échoué dans le rôle de leader universel dont ils se réclamaient. Ils se sont comportés tel un éléphant dans un magasin de porcelaine. Ils ont piétiné le droit international – en Yougoslavie, en Irak, en Lybie ou au Yémen. Ils ont poussé le Moyen Orient dans le bourbier du chaos et des guerres civiles, ils ont libéré de sa bouteille l’esprit de l’islamisme radical. Ils ont trahi la confiance de leurs alliés les plus proches, car eux-mêmes ne faisaient confiance à personne, les considérant comme des Etats satellites ou des vassaux, d’où l’espionnage et l’ingérence dans les affaires intérieures, y compris par l’application extraterritoriale des décisions de justice américaine.

Pour beaucoup d’Occidentaux l’émergence d’un nouveau monde multipolaire apparait comme chaotique, mais c’est parce que les vielles méthodes unipolaires de prise de décisions et de règlement des conflits ne fonctionnent plus. Nos partenaires occidentaux n’ont toujours pas appris, ou ne veulent tous simplement pas apprendre à travailler d’une façon nouvelle – par le compromis. Ainsi ils associent la fin de l’ordre unipolaire à la fin de l’ordre tout court, à l’arrivée du chaos universel.

Je tiens à souligner que la Russie, aussi bien que la Chine, j’en suis certain, sont sincèrement intéressés à développer avec les États-Unis, qui étaient et restent une grande puissance mondiale, des relations étroites et mutuellement avantageuses. Pourtant, le vrai partenariat ne serait possible que lorsque Washington et les milieux atlantistes d’Europe abandonneront l’idée de leur exclusivité et leur droit à la domination globale.

Le monde multipolaire – c’est une lourde responsabilité.

Car il peut devenir un monde de confrontation de blocs, de lutte pour les sphères d’influence, d’hostilité.

Mais il peut aussi bien être un monde de coopération et d’intégration. Telle est la philosophie des nouveaux formats universels initiés par la Russie et la Chine. Je parle des BRICS et de l’OCS (Organisation de coopération de Shanghai). L’égalité des membres, la culture du compromis, toute décision comme dénominateur commun des intérêts nationaux de chacun, voici ce qui distingue ces forums du fonctionnement d’alliances économiques ou politico-militaires traditionnels avec leur subordination et leur discipline de bloc.

Les états des BRICS ou de l’OCS se rassemblent non pas “contre” quelqu’un, mais pour un ordre mondial plus juste et plus démocratique, qui serait fondé sur le droit international et le rôle central de l’ONU. Nos pays mettent au centre de leurs préoccupations le principe de sécurité égale et indivisible à tous les niveaux – aussi bien global que régional. Cela signifie que la sécurité des uns ne doit pas être assurée en dépit de celle des autres. Cette vision du monde est aux antipodes de la mentalité des blocs propre à l’OTAN.

En juillet dernier la ville d’Oufa a accueilli les Sommets des BRICS et de l’OCS sous la présidence de la Fédération de Russie. Ces rencontres, qui ont réuni les représentants de plus d’une moitié de la population globale, n’ont pas seulement détrôné le mythe de “l’isolement de la Russie”, n’ont pas seulement confirmé la similitude des approches des pays-membres aux grands problèmes politiques et économiques du monde. Elles ont avant tout démontré, une fois de plus, la viabilité du modèle de prise de décisions collectives qui, j’en suis fermement persuadé, sera la base du monde multipolaire.

Les relations russo-chinoises se présentent aujourd’hui comme “un partenariat tous azimuts et une coopération stratégique”. C’est bien cette définition qui figure dans la déclaration commune des deux chefs d’états adoptée en mai 2014, lors de la visite du Président Poutine à Pékin.

Nous évitons sciemment le terme “allié” ou “alliance” car ils reflètent la logique des blocs, incluent l’idée d’identification “friend-or-foe” – ami/ennemi. Encore une fois: les relations Moscou-Pékin ne sont pas “contre” qui que ce soit. Car ni la Russie, ni la Chine (du moins, pour autant que je sache) ne revendiquent la domination globale. Notre coopération se développe sur une base pragmatique, tenant compte des intérêts des deux peuples et des réalités du monde multipolaire en gestation.

Il faut reconnaître pourtant que les intérêts russes et chinois ne coïncident pas forcement. Nous pouvons avoir une vision différente sur certains problèmes internationaux. Il existe entre nous une concurrence rude en ce qui concerne les marchés régionaux. Les Chinois, il faut le reconnaître franchement, sont des partenaires difficiles et des négociateurs redoutables lorsqu’ils défendent leurs priorités. Mais les principes de base de nos relations – l’égalité et le respect de chacun, permettent toujours de trouver des solutions mutuellement acceptables.

Entre la Russie et la Chine il n’y a pas, et j’espère qu’il n’y aura jamais, de lutte pour les sphères d’influences – comme celui que les Etats-Unis et l’Union Européenne nous ont imposé ces dernières années, notamment sous la forme du “Partenariat oriental”.

C’est l’Union Européenne qui a placé l’Ukraine devant le choix – “être avec nous ou avec la Russie”. Ce choix artificiel qui a fracturé le pays et l’a poussé dans une guerre civile qui dure toujours. Ni la Russie ni la Chine n’ont jamais imposé à leurs voisins ce choix – être “avec” ou “contre” nous.

Au contraire, en dépit de leur concurrence économique (qui est naturelle), nos deux pays voient le continent eurasien comme un espace de coopération prometteuse, capable d’assurer la synergie des ressources humaines et en matières premières, des potentiels économiques, industriels et scientifiques de différents pays.

L’Union économique eurasienne et l’initiative chinoise de la “Ceinture économique de la Route de la Soie” nous paraissent parfaitement complémentaires et ouvrent d’excellentes opportunités pour la Chine comme pour la Russie. En tant qu’espace économique commun, donc – sans frontières douanières, l’Union économique Eurasienne offre de façon objective le meilleur tracé possible pour cette nouvelle “Route de la soie”.

La concurrence russo-chinoise pour les marchés de l’Asie Centrale ne change rien sur la donne principale: nos deux pays ont un intérêt commun – la prospérité de cette région. Le “Grand Jeu” pour l’Asie Centrale, que menaient au XIX-ème siècle la Russie et la Grande Bretagne, n’a pas sa place dans les relations entre Moscou et Pékin. Au contraire, nous cherchons à joindre nos efforts et nos capacités dans la réalisation de grands projets économiques et industriels, et aussi pour contrer la menace de l’islamisme radical qui vient du Sud. Autrement dit – plus nos pays-voisins seront (..) riches et stables, mieux ce sera pour la Russie et pour la Chine.

En même temps, la Russie a des raisons de croire que l’idée de déstabiliser l’Asie Centrale selon le scénario moyen-oriental – c’est-à-dire sur le fond de discours sur les ”transformations démocratiques” et sous les drapeaux de l’islamisme radical, – peut être envisagée aux Etats-Unis comme une des “options” en vue d’affaiblir la Russie et la Chine, de créer sur leurs frontières des foyers permanents de tension, de semer la discorde entre eux. Nous devrons, ensemble, contrecarrer ces tentatives.

Aujourd’hui, l’économie russe traverse une période difficile, due à la baisse du prix du pétrole et aux sanctions occidentales, et l’économie chinoise tourne elle-aussi au ralenti. Apparemment, la tâche de renforcer les liens commerciaux et d’investissements entre nos pays revêt dans ces conditions une importance particulière.

La multipolarité possède des dimensions différentes – politique, économico- financière et culturelle.

La Russie et la Chine attachent une attention particulière à la réforme du système monétaire global. Il nous parait évident que le monopole du dollar constitue désormais une source de risques de plus en plus importants, qui sont de nature non seulement financière, mais aussi politique. L’affaire de “BNP-Paribas” – est un exemple par excellence de où peut mener un tel monopole, qui va de pair avec l’application extraterritoriale de la justice américaine. Cela vaut la peine de rappeler que la France avait proclamé la réforme du système monétaire global comme une des priorités de sa présidence au G-20 en 2011. Pourtant, rien n’a bougé depuis.

Moscou et Pékin comptent élargir progressivement l’utilisation de leurs monnaies nationales dans les échanges commerciaux bilatérales ainsi que dans le commerce régional. A cet égard, les décisions des BRICS sur la création d’un pool de réserves monétaires propres et de la Nouvelle banque de développement, constituent un pas important vers une nouvelle architecture monétaire internationale. Il est important qu’une grande partie des projets de la Nouvelle banque de développement soit financée en monnaies nationales. La Russie a rejoins également La Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (Asian Infrastructure Investment Bank) créée sur l’initiative de la Chine.

Ces nouvelles institutions ne représentent pas une alternative au FMI ou à la Banque mondiale, mais un complément nécessaire et attendu aux institutions de Bretton Woods, qui ne répondent plus aux besoins de l’économie mondiale. Nous estimons que le FMI et la BM ont besoin d’être réformés – ils ne doivent plus rester les outils politiques de Washington.

Autre domaine prioritaire de coopération entre la Russie et la Chine qui contribue à un ordre mondial plus juste et plus sûr : les technologies informatiques. Les Etats-Unis abusent de leur monopole dans ce secteur, ce qui engendre des risques pour la sécurité et la souveraineté de nos pays. Ce n’est pas par hasard que la déclaration finale du sommet d’Oufa évoque la nécessité de créer un mécanisme de gestion d’Internet “basé sur un processus transparent, qui ne serait pas soumis à l’effet des décisions unilatérales”.

D’une manière générale, les sanctions occidentales à l’encontre de la Russie – sont un signal lancé à tous les pays, qui devraient réfléchir sur leur indépendance financière, technologique et informatique face aux Etats-Unis qui usent sans scrupules de leur supériorité pour exercer la pression politique et le chantage.

Ces derniers temps, on entend souvent que la Russie s’est détournée de l’Europe pour se tourner vers la Chine.

C’est faux. La Russie ne se détourne de personne, encore moins de l’Europe. De Saint-Pétersbourg à Vladivostok, la Russie était, reste et restera une partie inaliénable et importante de la civilisation et de la culture européennes. On ne peut pas se détourner de soi-même.

En même temps la Russie est une puissance Eurasienne. Il est donc logique et important qu’elle ait de bonnes relations avec ses voisins à l’Est comme à l’Ouest. Regardez nos armoiries – L’aigle bicéphale qui y est représenté regarde bien des deux cotés.

Il faut reconnaître pourtant que le grand potentiel de nos relations avec la Chine est longtemps resté inexploité. Quoique le besoin de se tourner vers l’Asie-Pacifique était évident bien avant la crise actuelle dans nos relations avec l’Occident, jusqu’à ces derniers temps une partie majeure de nos liens économiques, commerciales et en matière d’investissements était orientée vers l’Union Européenne. Apparemment, avions nous trop confiance en nos partenaires européens, et espérions naïvement avancer vers un espace économique et humain communs. Les sanctions se sont révélées être une douche froide, confirmant une fois de plus la vielle sagesse populaire – il ne faut pas mettre tous ses œufs dans un même panier.

La Russie a pris le cap de diversification de ses liens économiques, mais elle ne se détourne néanmoins pas de l’Union Européenne. Au contraire, c’est l’Europe, docile à une volonté étrangère, qui cherche en dépit de ses propres intérêts à se démarquer de la Russie. Ce qui pousse naturellement notre pays à chercher des partenaires et des débouchées dans d’autres régions du monde.

Ceux qui veulent “l’isolement” de la Russie paraissent avoir oublié que nous ne sommes plus au XIX-ème siècle, et que depuis longtemps, la “communauté mondiale” ne se limite plus à l’Europe et à l’Amérique du Nord. La nature a horreur du vide. D’autres pays, dont la Chine, n’attendaient que cela pour élargir leur présence sur le marché russe et prendre la place occupée jadis per nos partenaires occidentaux, au détriment de ces derniers.

En tout cas, la coopération avec la Chine ne contredit pas mais complète nos liens traditionnels avec l’Union Européenne. C’est un complément nécessaire, attendu, et riche en perspectives en matière d’échanges commerciaux et technologiques, d’investissement et de développement des territoires.

La question de savoir si la Russie doit choisir dans ses relations l’axe européen ou asiatique est purement artificielle. La France – doit-elle choisir entre l’Espagne et l’Allemagne?

Autre idée préconçue – se retournant vers la Chine, la Russie est condamnée au rôle auxiliaire de son fournisseur de matières premières.

Jusque là nous avons vécu une expérience de rapprochement avec l’Union Européenne qui effectivement réduisait la Russie au rôle de fournisseur de l’Occident. Apparemment c’était la seule place qu’on nous réservait.

Certes, nous allons utiliser toutes les opportunités qu’offre le marché chinois pour le commerce de matières premières et d’hydrocarbures. Un accord a été signé sur la construction du gazoduc “la Force de la Sibérie” (ainsi est nommé le tracé oriental), et des négociations sont en cour pour le gazoduc “Altaï” (ainsi est nommé le tracé occidental). Il s’agit de dizaines de milliard de mètres cubes de gaze.

Ces projets d’envergures permettent à la Russie de diversifier les débouchées de ses hydrocarbures, ce qui n’est pas sans importance, surtout sur fond d’appels politisés à renoncer à notre gaz, qui résonnent de plus en plus fort en Union Européenne. En limitant la coopération énergétique avec notre pays, l’UE se tire une balle dans le pied et scie la branche sur laquelle elle est assise. Elle réduit ainsi elle-même sa compétitivité.

Néanmoins, – et c’est capital, – la coopération russo-chinoise ne se limite pas au commerce des matières premières. Elle s’étend aussi sur les secteurs et les industries de pointe. La Russie garde et renforce ses positions sur le marché chinois notamment en ce qui concerne la coopération militaire et le commerce d’armes modernes, mais aussi dans le secteur nucléaire, dans l’industrie aérienne (avions et hélicoptères), la pétrochimie, les transports… Autre volet important – la coopération spatiale. Ainsi, nous travaillons sur l’inter-connectivité de nos systèmes de navigation par satellite GLONASS et “Beidou”

Mais le principal – est que notre partenariat avec la Chine s’appuie sur le respect mutuel des intérêts de chacun, tandis que l’Union Européenne cherchait toujours à nous imposer des conditions unilatérales, en dépit des intérêts de la Russie mais “en application du règlement européen”. La troisième directive énergétique en est un exemple par excellence.

Notre colloque porte dans son nom la question “quelles stratégies?”. Et bien, les stratégies, on pourrait en inventer de toutes sortes, mais le critère de leur efficacité restera toujours le même – le réalisme.

Certains préfèrent vivre dans un monde imaginaire – se croire exceptionnels; inventer des mythes sur les “menaces” russes et chinoises; alimenter en armes et en argent l’inexistante “opposition modérée” en Syrie; croire que des tribus moyenâgeuses peuvent en un jour se transformer en démocraties de type occidental; se persuader que les Criméens ont voté leur réunification avec la Russie sous la menace des armes… Mais le monde réel revient toujours et le dégrisement peut être amer. Le carrosse de Cendrillon se change en citrouille, les “opposants modérés” en djihadistes, les “démocrates ukrainiens” en nationalistes agressifs…

Sauf qu’en se battant contre des moulins à vent, on risque de laisser passer les vraies menaces. Je suis persuadé que la stratégie de la communauté internationale doit consister à se mobiliser pour résoudre les vrais problèmes et faire face aux réelles menaces, dont la plus dangereuse est aujourd’hui l’islamisme radical.

Alexandre Orlov

Source: http://www.les-crises.fr/la-chine-et-la-russie-mettent-en-scene-leur-lune-de-miel/


Mafia d’État en Grande-Bretagne, par George Monbiot

Saturday 3 October 2015 at 01:17

Source : Monbiot, le 08/09/2015

Quelle est la frontière entre les affaires légales et le crime organisé ?

Par George Monbiot, publié dans le Guardian du 9 septembre 2015

Être raisonnable en réponse au déraisonnable : c’est ce que l’on dit aux électeurs dans le scrutin au parti Travailliste. Adaptez-vous, calmez-vous, calculez bien, parce que sinon vous n’avez plus rien d’autre à faire que de vous isoler de la réalité. Vous pouvez être tentés d’accepter. Si c’est le cas, veuillez jeter un œil sur la réalité à laquelle vous devez vous soumettre.

D’une manière inconnue depuis la Première Guerre mondiale, les relations économiques dans ce pays sont de plus en plus gravées dans le marbre. Ce n’est pas seulement que les très riches ne tombent plus jamais ou que les très pauvres ne s’élèvent plus jamais. C’est que le système lui-même est protégé contre le risque. À travers sauvetage des banques, assouplissements quantitatifs et réticence à augmenter les taux d’intérêt, l’investissement spéculatif a été si bien protégé que, comme le dit Larry Elliot, les marchés financiers sont “l’un des derniers bastions du socialisme existant sur terre”.

Services publics, infrastructures, le tissu économique même de la nation : tout est converti en investissements sans risque. L’épuration sociale est en train de transformer le centre de Londres en une zone économique vouée à la spéculation immobilière. Par dix voies différentes, la politique du gouvernement converge vers cet objectif. La limitation des aides sociales et la taxe sur les logements sous-occupés chassent les pauvres de leurs maisons. La vente forcée d’habitations à loyer modéré de haute valeur crée un nouveau fonds de biens immobiliers. Un marché locatif privé non plafonné et à peine régulé transforme ces investissements en or. Le gel des méthodes de calcul des impôts locaux depuis 1991, l’augmentation des seuils de l’impôt sur les successions et 14 milliards de livres par an d’exemption pour les propriétaires ont contribué à garantir une rentabilité prodigieuse.

Et pour ceux qui souhaitent simplement ne pas valoriser leurs investissements, le gouvernement peut les aider aussi dans ce cas, en assurant qu’il n’y a pas de pénalité à laisser les immeubles vides. Le résultat est qu’une grande quantité de logements n’est plus disponible sur le marché. La terre agricole est devenue un placement encore meilleur pour l’argent de la City : avec les gains produits par le capital, l’héritage et les exemptions d’impôt, ainsi que les subventions agricoles, son prix a quadruplé en 12 ans.

La propriété au sein de ce pays est un refuge pour les revenus du crime international. Le chef de l’Agence Nationale Criminelle, Donald Toon, note que le marché immobilier de Londres a été faussé par l’argent blanchi. Les prix ont été artificiellement gonflés par les criminels étrangers  qui viennent mettre en garde leurs avoirs ici en Grande-Bretagne.

C’est à peine surprenant, étant donné le peu de surveillance. Private Eye a fait une carte des terres britanniques appartenant à des sociétés basées dans des paradis fiscaux. La surface avoisine les 1,2 million d’acres [environ 600 000 ha, NdT], dont beaucoup de biens immobiliers de première catégorie. Parmi les bénéficiaires on trouve des oligarques russes, des cheiks et leurs pétrodollars, des aristocrates britanniques et des propriétaires de journaux. C’est pour ces gens qu’est faite la politique du gouvernement, et plus faible est la réglementation du système qui les enrichit, plus ils sont contents.

Le marché immobilier spéculatif n’est que l’un des courants de l’énorme flux de capitaux qui déferle en Grande-Bretagne, ceux qui ne sont pas au milieu du fleuve en voyant à peine la couleur. Le secteur financier exploite à son profit un étonnant privilège politique : la City de Londres est la seule juridiction du Royaume-Uni non totalement soumise à l’autorité du Parlement. En fait, la relation avec le Parlement semble fonctionner à l’envers. Derrière la tribune de la Chambre des Communes est assis le Remembrancer, dont le travail est de s’assurer que les intérêts de la City soient préservés par les élus. (Une campagne pour annuler ce privilège – Don’t Forget the Remembrancer – sera lancée bientôt.) La City a un pied dans l’eau : c’est un état semi-offshore, un peu comme les dépendances de la Couronne britannique et les territoires d’outre-mer, paradis fiscaux légitimés par le Conseil Privée. Le secret financier appliqué en Grande-Bretagne sape les bases imposables tout en fournissant aux gangsters, kleptocrates et barons de la drogue un moyen de s’introduire dans l’économie légale.

Même les institutions financières les plus orthodoxes ont une longue histoire de pratiques financières scandaleuses : scandale des plans de retraites individuels, fraude aux hypothèques liées à des assurances-vie, escroqueries à l’assurance, manipulations du Libor. Un ancien ministre du dernier gouvernement, Lord Green, dirigeait HSBC pendant qu’elle était occupée à blanchir l’argent de la drogue, pratiquait l’évasion fiscale systématique et fournissait des services aux banques de l’Arabie saoudite et du Bangladesh liées au financement du terrorisme. Parfois le Royaume-Uni me semble être devenu vraiment un État mafieux.

Au congrès du parti Conservateur du mois prochain, les chefs d’entreprise paieront 2500 livres pour rencontrer un ministre. Sans aucun doute, parce qu’on nous assure qu’il n’y a pas de lien entre un financement et une politique, ils vont passer la journée à discuter du temps qu’il fait et des derniers films qu’ils ont vu. Si l’on avait remarqué de tels arrangements dans un pays étranger, on aurait pu être porté à y voir de la corruption. Mais cela ne peut pas être le cas ici, parce que l’invitation précise que “les charges correspondant à un dîner et une journée d’affaires sont considérées comme des transactions commerciales et donc ne constituent pas un financement politique.”

Le gouvernement insiste également pour dire qu’il n’existe aucun lien entre les dons politiques et les sièges à la Chambre des Lords. Mais une étude de chercheurs de l’université d’Oxford a conclu que la probabilité de voir tant de gros donateurs arriver là par hasard est de 1,36 fois dix puissance moins 38 : “en gros l’équivalent de gagner le gros lot 5 fois de suite à la loterie nationale.” Pourquoi le système des Lords n’a-t-il jamais été réformé ? Parce qu’il permet au pouvoir ploutocratique de supplanter la démocratie. Les riches et les pauvres sont maintenus à leur place.

Etant gouverné soit directement par les gens qui nous volent, soit par des gens qui travaillent pour le compte de ceux-ci, nous ne pouvons être surpris de découvrir que tous les services publics ont été réorganisés au profit du capital privé. Ni de découvrir que les gouvernements favorisent, sans l’accord du public, la négociation de traités tels que le TTIP et le CETA (Comprehensive Economic and Trade Agreement), lesquels sapent la souveraineté à la fois du Parlement et des lois. La remarque d’Esope selon laquelle “Nous pendons les voleurs de poules et nommons les grands escrocs aux fonctions publiques” est toujours vraie, sauf que la pendaison a été remplacée par le châtiment de la communauté.

Où que vous mettiez le nez dans la vie publique britannique, il y a quelque chose qui pue : je pourrais remplir d’exemples cet article . Mais alors que chaque pore transpire la corruption, notre rôle, nous dit-on, se limite à cirer les chaussures du corps politique.

Ne pas combattre ce système c’est y collaborer. Qui à gauche voudrait rester sur la touche tant que cette mise en pièces continue ? Qui voudrait voter pour autre chose qu’un grand coup de balai ?

Source : Monbiot, le 08/09/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/mafia-detat-en-grande-bretagne-par-george-monbiot/


France 2 en campagne contre le Code du travail et l’impôt progressif par Samuel Gontier

Saturday 3 October 2015 at 00:02

Source : Telerama, 09/09/2015, par Samuel Gontier

Nouvel exploit de David Pujadas, mardi soir au 20 heures. Il sort de sous la table « notre fameux Code du travail, si lourd avec ses près d’un kilo et demi », le brandit devant la caméra et le pose violemment devant lui pour en faire sentir tout le poids. Quelle audace ! L’utilisation de cet accessoire entièrement analogique contraste avec la surenchère d’effets numériques dans les nouveaux JT de TF1 et de M6.

Le Code du travail est l’ennemi de David Pujadas et de la rédaction de France 2, cela explique sa présence sur le plateau. Déjà, le titre du 20 heures omettait de lui accorder une majuscule : « Travail : la fin du code ? » Puis le présentateur annonçait la « réforme du droit du travail : le gouvernement va faire primer la négociation sur la loi ». Et clamait son unique préoccupation : « Le Code du travail va-t-il mincir ? »

Cette obsession ne date pas d’hier. Le 20 heures de France 2 a l’habitude de s’appesantir sur le poids et l’épaisseur du Code du travail, dont des piles entières illustrent de nombreux sujets consacrés à son indispensable cure d’amaigrissement. Le JT reprend ainsi l’image de la couverture du livre de l’économiste libérale Agnès Verdier-Molinié, à qui la chaîne a déjà déroulé un tapis aussi rouge que la couverture dudit Code.

Le JT de France 2 reprend surtout les arguments et les chiffres répétés par le Medef… et unanimement invalidés, du Monde à Slate en passant par Mediapart et même Le Figaro. Des décryptages où l’on apprend que l’édition Dalloz (en général prise comme référence) ne comporte pas seulement les articles de loi mais aussi des pages et des pages de « notes de rédaction » et de « notes jurisprudentielles », ce qui explique son surpoids. Où l’on découvre également que les Allemands sont aussi obèses que les Français, avec leurs trois mille pages.

Tous ces démentis à la propagande patronale ne font pas plier David Pujadas et la rédaction du 20 heures, derniers à rester fidèles au Medef. Après un sujet expliquant que le gouvernement envisage de « bouleverser la hiérarchie existante en faisant primer la négociation sur la loi », Jean-Paul Chapel détaille en plateau certains changements concrets que la réforme entraînerait. C’est à ce moment que le présentateur brandit son pavé.
« Jean-Paul, petite question complémentaire, est-ce que cela va alléger ceci : notre fameux Code du travail, si lourd avec ses près d’un kilo et demi. » « Non, David. » Malheur de malheur ! « Ce Code, il sera toujours aussi lourd avec ses quelque trois mille pages. » Trois mille pages ? C’est monstrueux ! « Merci Jean-Paul, trois mille pages, ça fait effectivement beaucoup de lecture », conclut David en tapotant son pavé. Jean-Pierre Pernaut n’aurait pas dit mieux.

Après le ras-le-bol législatif, le ras-le-bol fiscal. Ça ne suffit pas à France 2 de régler son compte au Code du travail, elle s’en prend quelques minutes plus tard à l’impôt sur le revenu, dénonçant un prélèvement profondément injuste. « La baisse des impôts, suite, attaque David Pujadas. On apprend que la diminution annoncée va réduire d’un million le nombre de contribuables assujettis à l’impôt sur le revenu. On est donc largement à moins d’un Français sur deux. » Cela signifie que plus de la moitié des contribuables (les plus pauvres) ne bénéficiera pas de la baisse d’impôts annoncée par François Hollande, qui profitera seulement aux 50 % les plus riches. Mais, pour France 2, c’est l’exonération d’impôt sur le revenu qui est scandaleuse. Il faut faire payer les pauvres ! Démonstration avec « la réalité derrière les chiffres » (dixit David Pujadas), illustrée par une séquence animée.

« L’impôt sur le revenu, démarre la voix off, c’était 75 milliards d’euros de recettes pour l’Etat en 2014. Pour le payer, a priori, 37 millions de contribuables. Mais tous ne le payent pas. » Oui, plus d’un sur deux, et c’est scandaleux. « L’impôt sur le revenu, un impôt progressif qui se découpe en tranche, poursuit la voix off. Plus on gagne, plus on est taxé. » Dégueulasse. Ce sont toujours les mêmes qui paient. « Au final, c’est une minorité de contribuables qui paye le plus. » C’est insensé de s’en prendre ainsi aux minorités. « Les Français qui déclarent plus de 47 000 euros ne représentent que 10 % des contribuables. Mais ces 10 % s’acquittent à eux seuls de 70 % de l’impôt sur le revenu. » C’est de la spoliation pure et simple. Et pendant ce temps-là, 50 % de privilégiés ne payent rien !

« Depuis trois ans, ses recettes [de l’impôt sur le revenu] sont en hausse pour l’Etat, plus 10 milliards d’euros entre 2012 et 2014. » D’où le légitime ras-le-bol fiscal. Et la voix off de conclure : « L’impôt sur le revenu ne représente que 8 % des 957 milliards d’euros de prélèvements obligatoires. 75 milliards, c’est donc peu… et beaucoup à la fois. » En effet… Mais d’où viennent les 92 %, les 882 autres milliards d’euros encaissés par l’Etat (et la Sécurité sociale) ?

France 2 ne le dit pas, elle serait obligée d’admettre que les privilégiés qui sont exonérés d’impôt sur le revenu acquittent tout de même la TVA en faisant leurs courses, la taxe sur les produits pétroliers en faisant le plein, la CSG s’ils travaillent, etc. Autant de prélèvements non progressifs auxquels les exonérés d’impôt sur le revenu contribuent beaucoup plus fortement (proportionnellement à leurs revenus) que les martyrs de l’impôt sur le revenu, plus riches. Mais c’est à ces derniers que France 2 s’intéresse exclusivement.

 

« Alors, la pression fiscale est-elle toujours au cœur des préoccupations ? » De David Pujadas, c’est certain. « Un ministre avait utilisé l’expression de ras-le-bol fiscal. » Je m’attends à ce que le présentateur sorte une matraque de sous la table pour illustrer le « matraquage fiscal », voire un canon de 75 ou un chasseur-bombardier pour rappeler « le tir de barrage » ou « le pilonnage fiscal » évoqués par le personnel politique. Mais David Pujadas préfère dégainer un micro-trottoir pudiquement rebaptisé « carnet de route ». « A Lagny-sur-Marne, carnet de route dans la classe moyenne confrontée aux impôts. »

Le reporter, une nouvelle fois très incarné, a fait la sortie des écoles pour rencontrer « des familles plutôt aisées plus touchées par les hausses d’impôt que par les baisses.… En terme d’impôt, ces dernières années, vous avez senti une baisse ? », demande-t-il à une dame. « Non, que des hausses. » « Parce que z’êtes pas dans la cible des baisses, peut-être ? » « Ah non, on n’en fait jamais partie. » Quand on vous dit que ce sont toujours les mêmes qui paient. « Et ici, on le dit sans détour. Beaucoup de ces parents qui gagnent bien leur vie jugent l’impôt inégalitaire. »

 

Courageux, le reporter se fait l’avocat du diable, c’est-à-dire de l’Etat rapace. « En même temps, j’ai envie de vous dire, on vit dans un pays où grâce aux impôts qu’on paye on a beaucoup de choses, non ? » « C’est vrai, reconnaît un parent d’élève. Mais chacun devrait payer, même un euro, ce serait un impôt plus juste. » « Un euro symbolique, ce serait bien ? » « Oui, ce serait bien, approuve l’homme. Moi, j’ai rien, on me donne pas d’aide, j’ai absolument rien. » Pas comme ces privilégiés qui, non contents de ne pas payer un euro d’impôt, se gavent d’allocations.

« Ce discours, tout le monde ne le partage pas, notamment chez les commerçants », nuance le reporter, qui poursuit son micro-trottoir, pardon, son carnet de route, dans une boulangerie. « Je trouve normal de payer des impôts parce qu’on a des routes, des écoles, des structures qui n’existent pas dans tous les pays. » Un boulanger collectiviste ? « C’est normal de contribuer à tout ce qui permet de vivre décemment en France. » Il faudrait l’envoyer pétrir son pain dans un kolkhoze. Peut-être n’est il pas informé du dernier attentat fiscal en date : à Lagny, « les impôts locaux vont exploser de 15 % ». Décidément, tout explose : les impôts locaux, l’impôt sur le revenu, le poids du Code du travail… Heureusement que France 2 est là pour déminer le terrain.

Source: http://www.les-crises.fr/france-2-en-campagne-contre-le-code-du-travail-et-limpot-progressif-par-samuel-gontier/


Où est notre Jeremy Corbyn? Par Chris Hedges

Friday 2 October 2015 at 03:01

POSTED BY: LEPARTAGE 19 SEPTEMBRE 2015

Source : http://partage-le.com/2015/09/ou-est-notre-jeremy-corbyn-chris-hedges/

Traduction: Héléna Delaunay

Article original publié en anglais sur le site de truthdig.com, le 13 septembre 2015.
Christopher Lynn Hedges (né le 18 septembre 1956 à Saint-Johnsbury, au Vermont) est un journaliste et auteur américain. Récipiendaire d’un prix Pulitzer, Chris Hedges fut correspondant de guerre pour le New York Times pendant 15 ans. Reconnu pour ses articles d’analyse sociale et politique de la situation américaine, ses écrits paraissent maintenant dans la presse indépendante, dont Harper’s, The New York Review of Books, Mother Jones et The Nation. Il a également enseigné aux universités Columbia et Princeton. Il est éditorialiste du lundi pour le site Truthdig.com.

La politique de Jeremy Corbyn, qui a remporté samedi une victoire écrasante à la tête du Parti travailliste qui avait essuyé une défaite électorale en mai dernier, fait partie de la révolte globale contre la tyrannie corporatiste. Sa longue carrière avait été marquée par une mise à l’écart au sein même de la classe politique de son pays. Mais n’ayant jamais renoncé aux idéaux socialistes qui définissaient le vieux Parti travailliste, il est sorti intact du tas de fumier que représente le néolibéralisme. Son intégrité, ainsi que son audace, offrent une leçon à ceux qui, aux États-Unis, se définissent comme appartenant à la gauche, font de beaux discours, cherchent à composer avec les élites au pouvoir — plus particulièrement avec le Parti démocrate — et sont totalement dépourvus de courage.

Je n’apporterai mon soutien ni à un homme politique qui liquide les palestiniens et se plie aux exigences du lobby israélien ni à un homme politique qui refuse de s’opposer au complexe militaro-industriel ou à la suprématie blanche et à l’injustice raciale. La question palestinienne n’est pas une question accessoire. Elle fait partie intégrante des efforts des états-uniens visant à démanteler notre machine de guerre, la politique néolibérale qui utilise principalement le langage de l’austérité et de la violence pour s’adresser au reste du monde, et l’influence corrosive de l’argent dans le système politique du pays. Si vous tenez tête aux maîtres de la guerre et au lobby israélien, il vous faudra probablement tenir tête à tous les autres pouvoirs néolibéraux et corporatistes qui cannibalisent les États-Unis. C’est en cela que consiste l’aptitude à diriger. Cela consiste à avoir une vision. Et cela consiste à se battre pour cette vision.

Corbyn, qui soutient les négociations avec le Hamas et avec Hezbollah et qui a une fois invité des membres de ces deux organisations à visiter le Parlement, a appelé à traduire en justice les dirigeants d’Israël pour crimes de guerre contre les palestiniens. Il a exprimé son soutien au mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) à l’encontre d’Israël et à l’appel pour un embargo sur les armes contre ce même pays. Il souhaite abolir le Prevention of Terrorism Act (acte de prévention du terrorisme), équivalent britannique du Patriot Act aux États-Unis et qui a été utilisé pour stigmatiser et harceler les musulmans. Il veut que le Royaume-Uni se retire de l’OTAN. Il a déclaré qu’il ne concevait aucune situation nécessitant l’envoi de troupes britanniques à l’étranger. Il s’est opposé farouchement à l’invasion et à l’occupation de l’Irak et a été l’un des instigateurs de l’organisation « Stop the War Coalition ». Il a dénoncé les États-Unis pour ce qu’il a appelé l’assassinat de Oussama ben Laden, alléguant que le leader d’Al-Qaïda aurait dû être capturé et jugé, et il s’en est pris au gouvernement britannique pour avoir utilisé des drones militaires pour tuer deux djihadistes britanniques en Syrie, au mois d’août. Il prône le désarmement nucléaire unilatéral et a exhorté à la suppression de « Trident », le programme de dissuasion nucléaire de son pays. Il s’oppose à toute intervention militaire en Syrie et veut exercer une pression sur « nos prétendus alliés de la région » —comprenez l’Arabie Saoudite — qui soutiennent l’État islamique. Il a appelé à des pourparlers avec les dirigeants de factions guerrières en Irak et en Afghanistan en vue de mettre un terme aux conflits.

« Aucune solution aux meurtres et aux violations des droits humains {au Moyen-Orient] ne réside dans un recours à une intervention militaire supplémentaire de la part de l’occident », a écrit Corbyn. Il faudra finir par trouver une solution politique dans la région mais ce ne sont pas les bombardements par les forces de l’OTAN qui pourront y parvenir. Le drame des meurtres et de la progression d’ISIS au cours de ces dernières semaines est encore un autre résultat de la guerre contre le terrorisme déclenchée par le duo Bush-Blair et qui se poursuit depuis 2001. Les victimes de ces guerres sont les réfugiés et ceux qui sont chassés de leurs maisons ainsi que les milliers de civils anonymes qui ont péri et continueront de périr dans la région. Les « vainqueurs » sont inévitablement les fabricants d’armes et ceux qui profitent des ressources naturelles de la région.

Et il ne s’agit là que de sa politique extérieure.

Corbyn dit qu’il encouragera des hausses d’impôts importantes pour les riches ainsi que la suppression des allègements fiscaux accordés aux entreprises. Il envisage d’imposer des mesures de sauvegarde pour protéger les bénéficiaires de prestations sociales et d’instituer un « salaire maximum » pour les dirigeants d’entreprises afin de lutter contre « des niveaux d’inégalité grotesques ». Il souhaite la mise en place d’un encadrement généralisé des loyers afin de mettre un terme au « nettoyage social », selon ses propres termes, produit par la gentrification. Il a demandé instamment à la Banque d’Angleterre de procéder à un assouplissement monétaire pour le peuple qu’il nomme « People’s Quantitative Easing », exigeant qu’elle investisse des milliards dans des projets destinés aux logements, à l’énergie et à d’autres infrastructures. Il soutient la création d’un sanctuaire dans l’ Antarctique pour empêcher l’extraction minière et le forage pétrolier. Il s’oppose au fracking. Il prévoit des investissements publics pour la construction des systèmes d’énergies renouvelables solaires et éoliennes, et une « réglementation mondiale » pour entraver l’exportation de carbone. Enfin, il envisage de mettre fin aux mesures de privatisation de certains services du système de santé universel de son pays, connu sous le nom de « National Health Service ».

Tandis que les travaillistes prenaient un virage à droite et subissaient la domination de l’argent corporatiste et du néolibéralisme sous les gouvernements Tony Blair et Gordon Brown – un processus qui a également concerné le Parti démocrate sous les mandats de Bill Clinton et de Barack Obama – Corbyn devenait un rebelle au sein de son propre parti. Entre 1997 et 2000, en tant que membre du Parlement, où il siège depuis 1983, il a voté contre des projets de loi ou a contesté des positions défendues par le gouvernement du « nouveau » Parti travailliste plus de 500 fois. Blair, qui déteste Corbyn, a prévenu que si le parti soutient Corbyn lors des prochaines élections générales (qui sont prévues pour 2020 mais peuvent se tenir à tout moment si un vote de non-confiance au Parlement a lieu), il risquera d’être anéanti lors du scrutin. Corbyn a réagi en suggérant que Blair devrait être poursuivi en tant que criminel de guerre pour son rôle dans l’invasion de l’Irak en 2003.

Corbyn, au cours de la quarantaine d’années qu’il a passée en marge de l’establishment politique britannique, a appelé à l’abolition de la monarchie britannique et a décrit Karl Marx comme « une figure fascinante qui a beaucoup observé et dont on peut apprendre beaucoup de choses ». Il veut nationaliser les compagnies de production d’énergie et renationaliser la poste et les chemins de fer. « Sans exception, la majorité des infrastructures britanniques d’électricité, de gaz, d’eau et de chemin de fer ont été construites par le biais d’investissements publics à la fin de la deuxième guerre mondiale et ont toutes été privatisées à des prix défiant toute concurrence par les gouvernements conservateurs de Thatcher et de [John] Major au profit d’investisseurs avides ». a-t-il écrit dans une colonne du journal « The Morning Star ».

Il a soulevé la possibilité d’un retrait du Royaume-Uni de l’Union Européenne, citant l’attaque draconienne orchestrée par l’UE contre le peuple grec au nom de l’austérité. « Observons les choses sous un autre angle », a déclaré Corbyn. « Si on permet à des forces qui n’ont pas à répondre de leurs actes de détruire une économie comme celle de la Grèce, quand tout l’argent de ce plan de sauvetage ne va pas au peuple grec mais à plusieurs banques à travers l’Europe, alors je pense que nous devons réfléchir très sérieusement au rôle joué par l’UE et au rôle que nous jouons dans tout cela ».

Corbyn a proposé la création d’un Service National de l’éducation qui fournirait, grâce à l’augmentation des taxes sur les entreprises, une éducation universelle gratuite de la garderie jusqu’à l’université, en passant par les écoles professionnelles et la formation pour adultes. Il souhaite supprimer l’équivalent britannique des écoles privées sous contrat et mettre fin à l’octroi d’exonération d’impôt consenti aux écoles privées destinées aux élites. Il voudrait rétablir les subventions d’état dans le domaine des arts. Il a publié une déclaration en août ayant pour titre « Les arts sont pour tous et non pour quelques uns ; il y a de la créativité dans chacun d’entre nous. » Elle vaut la peine d’être lue.

La communauté artistique aux États-Unis, comme celle de Grande-Bretagne, est en grande détresse. Les acteurs, les danseurs, les musiciens, les sculpteurs, les chanteurs, les peintres, les écrivains, les poètes et même les journalistes ne parviennent pas à gagner leur vie. Ils disposent de peu d’espaces pour se produire ou pour publier une nouvelle œuvre. Les théâtres déjà implantés offrent des spectacles de mauvais goût ou des pièces qui sont des divertissements vides de sens plutôt que de l’art. La guerre contre les arts a contribué dans une large mesure au nivellement par le bas de la population des États-Unis. Elle nous coupe de notre patrimoine artistique et intellectuel, contribuant ainsi à notre amnésie historique et culturelle. En parallèle, la suppression des matières artistiques des programmes scolaires, maintenant dominés par des compétences professionnelles et des tests standardisés, a consolidé un système dans lequel on a enseigné ce qu’il faut penser et non comment il fat penser. L’expression libre et la créativité, disciplines qui rendent possibles la connaissance de soi, la transcendance et l’aptitude au respect, sont des anathèmes aux yeux de l’état capitaliste. Le dogme imposé du néolibéralisme ne doit pas être remis en question.

« Sous l’apparence d’un programme d’austérité à caractère politique, ce gouvernement a détruit le financement des arts avec des projets qui devaient justifier de plus en plus souvent leurs contributions artistiques et sociales dans l’approche réductrice et implacablement instrumentaliste de l’administration Thatcher », a écrit Corbyn dans sa déclaration du mois d’août. Au cours des années 80, Thatcher qui était alors premier ministre, a cherché à affaiblir la communauté artistique, en tentant de réduire au silence les provocateurs et en favorisant le populisme. Les méthodes actuelles de mesure des valeurs du Trésor (inspirées de pratiques utilisées dans le marché immobilier et ailleurs) pour tenter de trouver des mécanismes appropriés au calcul de la valeur des visites des galeries d’art ou de l’opéra, constituent une voie dangereuse vers la commercialisation impitoyable de chaque sphère de notre existence. Il en a résulté des coupes dans le budget du « Arts Council » (organisme public chargé de la promotion des arts et de la culture) qui ont atteint 82 millions de livres en l’espace de 5 ans et la fermeture de la grande majorité des organisations artistiques subventionnées, en particulier en dehors de Londres. »

Il continue:

Au-delà des bénéfices sociaux et économiques évidents des arts, on retrouve leur contribution importante à nos communautés, à l’éducation et au processus démocratique. Des études ont démontré l’impact bénéfique de l’étude du théâtre dans les écoles sur la capacité des adolescents à communiquer, apprendre, et se tolérer les uns les autres, ainsi que sur la probabilité qu’ils votent. La hausse de l’implication des jeunes dans le processus politique est une chose qu’il faut encourager et célébrer. De plus, la contribution et la critique de notre société et de la démocratie que le théâtre a la capacité d’offrir doit être protégée. Pour citer David Lan, « la dissidence est nécessaire à la démocratie, et les gouvernements démocratiques ont intérêt à préserver les sites où la dissidence peut s’exprimer ».

Corbyn dit qu’il annulerait les coupes budgétaires gouvernementales qui ont éventré la BBC. Il comprend que la destruction de la radiodiffusion publique, qui est conçue pour fournir une tribune aux voix et aux artistes que l’argent corporatiste ne contrôle pas, signifie l’avènement d’un système de propagande dominé par les corporations, comme celui qui contrôle la majorité des ondes états-uniennes.

« Je crois fermement au principe de la radiodiffusion publique et je ne voudrais pas qu’on suive la voie tracée par les États-Unis, où PBS a été évidée, incapable de fournir un contenu assez large pour pouvoir affronter les radiodiffuseurs privés, et où Fox News a, par conséquent, acquis une position dominante et donne le la dans le domaine de l’actualité », a-t-il écrit. « Je veux voir le parti travailliste au cœur des campagnes de protection de la BBC et de ses droits de licence. Lorsque nous [les travaillistes] retourneront au pouvoir, nous devons entièrement financer la radiodiffusion publique sous toutes ses formes, et reconnaitre le rôle crucial qu’a joué la BBC dans la mise en place et le soutien d’arts nationaux de classe mondiale, du théâtre, et du divertissement ».

Corbyn est devenu végétarien à l’âge de 20 ans après avoir travaillé dans une exploitation porcine et avoir été témoin de l’abus, de la torture et du massacre de ces animaux. Il soutient les droits des animaux. Il ne possède pas de voiture, se déplace presque partout en vélo et est notoirement frugal, est habituellement le moins dépensier de tous les membres du parlement. Son romancier préféré est l’écrivain nigérian Chinua Achebe, qui a écrit « Things Fall Apart » (« le monde s’effondre »), une exploration de la force destructrice du colonialisme. Corbyn parle couramment l’espagnol et vient d’une famille de gauche. (Ses parents se sont rencontrés lors d’un rassemblement en soutien aux républicains qui combattaient les fascistes de Franco durant la guerre civile espagnole).

Il est très conscient du problème de la violence masculine contre les femmes. Il bloquerait la fermeture des centres pour femmes victimes de violences domestiques, combattrait la discrimination contre les femmes sur leur lieu de travail et soutiendrait les lois contre le harcèlement sexuel et l’agression sexuelle. Il explique que son cabinet serait composé à 50% de femmes.

L’ascension de Corbyn à la tête du parti travailliste a d’ores et déjà déclenché un lynchage contre lui de la part des forces de l’ordre politique néolibéral. Ces forces sont déterminées à l’empêcher de devenir premier ministre. Les élites enracinées dans son propre parti — dont un certain nombre ont déjà démissionné de postes de directions, en signe de protestation contre l’élection de Corbyn — chercheront à lui faire ce que les démocrates firent en 1972 à George McGivern après qu’il ait obtenu la nomination à la tête du parti. La rhétorique de la peur a déjà commencé. Le premier ministre David Cameron a tweeté dimanche: « le parti travailliste est maintenant une menace pour notre sécurité nationale, notre sécurité économique et la sécurité de votre famille ». Cette bataille sera rude.

Corbyn, à l’instar de Syriza en Grèce et Podemos en Espagne, fait partie de la nouvelle résistance populaire qui émerge des ruines du néolibéralisme et de la globalisation pour combattre le système bancaire international et l’impérialisme américain. Il nous reste à organiser cette bataille efficacement aux États-Unis. Mais parce que nous vivons au cœur de l’empire, une responsabilité particulière nous incombe pour défier la machine, maintenue en place par l’establishment du Parti démocrate, défier l’industrie de la guerre, Wall Street et le lobby israélien. Nous devons nous aussi œuvrer à construire une nation socialiste. Notre victoire n’est pas assurée, mais ce combat est le seul espoir qui nous reste pour nous sauver des forces prédatrices déterminées à détruire la démocratie et l’écosystème dont nos vies dépendent. Si les forces auxquelles nous sommes confrontés triomphent, notre avenir sera compromis.

Chris Hedges

Source: http://www.les-crises.fr/ou-est-notre-jeremy-corbyn-par-chris-hedges/


Jeremy Corbyn : tremblement de terre ou suicide politique ? Par Caroline Fourest

Friday 2 October 2015 at 01:30

Encore du Très grand journalisme à la Fourest, sur le “sévice public”

Le Monde selon Caroline Fourest

Emission du 14.09.2015 – 07:19

Source : France culture,

- Journaliste : Bonjour Caroline, cette semaine vous revenez sur les engagements moins connus et parfois troubles de Jeremy Corbyn, élu à la tête du Parti Travailliste anglais à près de 60% ce week-end. Une nouvelle saluée par une grande partie de la gauche radicale européenne, d’autres y voient un suicide politique.

- Caroline Fourest : Tout dépend en fait de l’angle sous lequel on regarde Jeremy Corbyn. Si on le regarde sous l’angle économique uniquement, sa victoire signifie incontestablement qu’il existe encore une gauche capable de défendre l’état providence en Angleterre. Corbyn est fermement opposé aux politiques d’austérité, il prône même la renationalisation dans des secteurs comme l’énergie ou les chemins de fer. C’est très rafraichissant après tant d’années de dérégulation et de privatisation, que ce soit sous Margaret Thatcher ou sous Tony blair. Pour la gauche radicale, l’élection de Corbyn signifie donc la mort du « blairisme ». Le signe qu’après Syriza et Podemos, il est possible de rêver à une Grande-Bretagne qui ne pense pas qu’à torpiller l’Europe politique et favorise au contraire une vraie politique de relance européenne et ce serait réjouissant si c’était le cas.

Le problème, c’est que l’élection de Jeremy Corbyn ne va pas que tuer le « blairisme », elle risque aussi de plonger la gauche anglaise dans un très long, très long coma. Car avec lui à la tête des travaillistes, sitôt son vrai visage mieux connu, et bien les conservateurs ont de quoi régner très longtemps sur le 10 Downing Street.

- Journaliste : Vous pensez donc, Caroline, que l’enthousiasme pour Jeremy Corbyn ne va pas durer.

- Caroline Fourest : Non, les conservateurs se frottent déjà les mains à l’idée de l’affronter tellement l’homme a accumulé les prises de position douteuses au fil des années. Alors je ne parle encore une fois pas du tout de ses prises de position économiques, c’est une politique alternative et ambitieuse qui mérite d’être débattue, qui mérite même d’être défendue mais je parle de ses positions en matière de politique internationale, de liberté d’expression ou de terrorisme.

Des associations s’inquiètent par exemple de ses fréquentations complotistes et antisémites, comme cet écrivain niant la Shoah qui l’a financé, ou ceux qu’il appelle ses amis, des cadres du Hamas et du Hezbollah, avec qui il partage de nombreuses tribunes en expliquant à chaque fois que c’est un plaisir et un honneur. L’entourage de Corbyn s’est défendu en expliquant qu’il n’était pas bien au courant pour les convictions négationnistes de son ami écrivain et qu’il appelle un peu facilement tout le monde ses « amis ». Il soutient néanmoins l’association Kedge, créée par des islamistes ou des pro-islamistes, pour soutenir les victimes de l’anti-terrorisme – oui vous avez bien entendu, les victimes de l’anti-terrorisme et non du terrorisme, c’est une question de priorités. Il donne aussi volontiers des interviews à la télévision iranienne et à Russia Today, la chaine de propagande du régime russe, celle qu’il préfère, il la décrit comme « la chaine la plus objective du paysage audiovisuel » ce qui en dit long sur sa vision du monde. Il a également manifesté contre la publication des dessins de Mahomet en 2006 en compagnie d’intégristes anglais à côté de qui nos islamistes à nous ont l’air de soixante-huitards débridés et bien sûr il est tout à fait désolé pour ce qui s’est passé le sept janvier. Reste que Corbyn est un pur produit de cette gauche radicale flirtant volontiers avec les pires extrémistes de la planète par anti-américanisme primaire. Cela n’a peut-être pas joué un rôle au moment de l’élection interne aux travaillistes mais ça lui sera certainement fatal devant l’opinion publique anglaise lors d’une élection nationale.

- Journaliste : Vous ne pensez donc pas, Caroline, que Jeremy Corbyn a des chances de devenir premier ministre ?

- Caroline Fourest : Lui-même en doute et pour certains de ses sympathisants ce n’est d’ailleurs pas si grave. Quand est gauchiste dans l’âme et non progressiste, le but n’est pas de convaincre le plus grand nombre d’adhérer au progrès mais d’avoir raison seul contre tous et de pouvoir ainsi conserver sa pureté. Et dans ce domaine, ceux qui défendent une gauche radicale au niveau économique mais alliés aux intégristes ou aux tyrans au niveau international peuvent être tout à fait rassurés. Tant que la gauche radicale européenne ne saura pas proposer une alternative économique sans se défaire de cette forme d’indulgence, d’aveuglement envers les intégristes et les dictateurs, elle n’aura mais alors aucune chance de se salir les mains. Malgré la crise, malgré tout ce qui lui souffle dans les voiles, elle n’attirera pas la gauche qui sait douter, dans une décennie marquée par la menace terroriste, elle travaillera uniquement à faire monter l’extrême droite sans avoir aucune chance de peser réellement sur le sort de l’Europe.

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CORBYN ET SES “AMIS INTÉGRISTES” : FOUREST OU L’ART DU RACCOURCI

Par Justine Brabant ; Source : ArretSurImages, Le 15/09/2015

Coupable d’amitiés sulfureuses, Corbyn ? L’élection de Jeremy Corbyn à la tête du parti travailliste britannique a fait réagir, en France, l’essayiste Caroline Fourest, qui y a consacré sa chronique hebdomadaire sur France Culture lundi 14 septembre. Sa thèse : si son programme économique est défendable, le nouveau patron des travaillistes défend en revanche, sur le plan de la politique extérieure, des positions sulfureuses. Problème : les arguments avancés par Fourest pour appuyer sa thèse relèvent au mieux du raccourci maladroit, au pire du mensonge.

Un programme économique “très rafraîchissant” et même “défendable“, mais des “prises de position douteuses” en matière de politique internationale : lundi 14 septembre, Caroline Fourest a entrepris de dévoiler “le vrai visage” de Jeremy Corbyn, nouveau patron des travaillistes britanniques. Les exemples qu’elle cite ont de quoi interpeller, en effet :

Dans la foulée, Fourest poste une version écrite – plus étoffée – de son billet sur son blog. Son titre est clair : “Les amis intégristes de Jeremy Corbyn“. Intrigué par ce député dont le média “préféré” serait Russia Today, @si est parti à la recherche des sources de Fourest. Le résultat : pour quasiment chaque cas cité, l’essayiste déforme ou surinterprète les faits.

Affirmation n°1 : “C’est chez ses amis de la Mosquée de Finsbury, l’une des plus radicales d’Europe, reprise tout récemment aux djihadistes par les Frères musulmans, que Jérémy Corbyn a ses bureaux… Un “endroit merveilleux” à l’entendre.

• Corbyn n’a pas “ses bureaux” à la mosquée de Finsbury Park. Ses bureaux se trouvent au 86 Durham Road, indique son site, et pour cause : il est député du district d’Islington (qui comprend le quartier de Finsbury), et habite dans le quartier.

Fourest a raison… à 0,5 mile près :
les bureaux de Corbyn, à gauche ; la mosquée de Finsbury Park, à droite.

Source probable de la (grosse) confusion de Fourest : il lui est bien arrivé de “rencontrer des fidèles musulmans” à la mosquée, ou de participer aux journées portes ouvertes de celle-ci (activités mentionnées dans son agenda ici ou encore ici), qui est aussi un centre social et culturel où se tiennent des conférences, des séances de natation, de football, de gymnastique, ou encore des cours d’informatique. Le site de la mosquée indiquesimplement que Corbyn y tient souvent des “rencontres“.

Rencontrer des administrés dans une mosquée : une pratique surprenante vue de France, mais relativement fréquente outre-Manche. En quelques clics, @si a ainsi pu retrouver la trace de rencontres– régulières ou non– dans des mosquées (mais aussi dans des Eglises) par le député travailliste Jon Ashworth à Leicester, par la députée libérale-démocrate Lynne Featherstone à la Fatih Mosque de Londres, ou encore par le député conservateur David Lidington à Aylesbury. D’autres institutions britanniques utilisent les lieux de culte pour tenir des réunions et des permanences, dont la police.

• La mosquée de Finsbury Park est-elle “la plus radicale d’Europe“ ? C’était effectivement sa réputation à la fin des années 1990, lorsque l’imam radical Abu Hamza y prêchait. Mais depuis 2005, elle a changé de conseil d’administration, d’équipe et d’imams. À en croire la presse britannique, l’opération d’ouverture est plutôt réussie. Le Guardian assurait ainsi en juillet 2015 que la mosquée, “liée au prêcheur radical Abu Hamza à la fin des années 1990“, avait “lors de la dernière décennie cherché à en finir avec son passé extrémiste“. The Independent estimait de son côté, en mai 2014, que “cela fait neuf ans que le bâtiment a été repris et ses franges extrémistes détruites de l’intérieur“.

Affirmation n°2 : “Toujours au chapitre des positions douteuses, Corbyn donne volontiers des interviews à la télévision iranienne et à Russia Today, la chaîne de propagande du régime russe, celle qu’il préfère. Il l’a même décrite comme la chaîne la plus “objective” du paysage audiovisuel. Ce qui en dit long sur sa vision du monde.

En 2011, alors que le mariage royal sature les médias, occultant la révolution libyenne, Corbyn répond à un Twittos qui se plaint que “les infos vont être inregardables pour le reste de la semaine“ : “Essayez Russia Today. Sans mariage royal, et plus objective sur la Libye que la plupart“. Sous la plume de Fourest, une chaîne “plus objective sur la Libye que la plupart” des autres médias devient donc “la chaîne la plus objective du paysage audiovisuel“.

Affirmation n°3 : “Il soutient aussi l’association CAGE, créée par des islamistes pour soutenir les victimes de l’antiterrorisme. Oui, vous avez bien entendu les victimes de l’anti-terrorisme et non du terrorisme. Question de priorité.”

Seule forme de soutien apporté à CAGE par Corbyn : le 3 octobre 2014, le député a co-signé une lettre publiée dans le Guardian qui se félicite de la libération de Moazzam Begg, ancien prisonnier de Guantanamo et directeur de CAGE. Ce dernier venait d’être détenu sept mois par la justice britannique pour “délits de terrorisme liés à la Syrie“, avant d’être blanchi. Le texte, également signé par la députée du parti Vert britannique Caroline Lucas, s’inquiète des arrestations, détentions et accusations de terrorisme qui touchent des travailleurs de CAGE et d’autres organisation humanitaires musulmanes.

Affirmation n°4 : “Il y a ceux qu’il appelle “ses amis”: des cadres du Hamas et du Hezbollah, avec qui il partage de nombreuses tribunes en expliquant que c’est un plaisir et un honneur.

Corbyn a bien utilisé le mot “amis” lors d’une réunion publique, en 2009, pour désigner des représentants du Hezbollah et du Fatah. Mais il ne parle pas de “ses” amis, à la première personne du singulier, mais de “nos” amis, au pluriel. (Dans la suite de son discours, il utilise “friends” sans pronom). Le contexte ? Il participe à une réunion sur le Moyen-Orient, à la veille d’une rencontre sur le même sujet au parlement britannique, où des représentants du Hezbollah sont présents :

Corbyn a depuis assuré qu’il s’agissait de “langage diplomatique dans un contexte de dialogue“. Peut-être Corbyn est-il allé trop loin dans la diplomatie en présentant le Hamas comme une “organisation qui œuvre pour le bien des Palestiniens“, la “paix à long terme” et la “justice sociale“. Mais Fourest oublie de préciser que le député, interrogé ensuite à la télévision britannique, s’est affirmé “en désaccord” avec le Hamas :

@si n’a pu retrouver trace des autres “nombreuses tribunes” où il aurait dit son plaisir de siéger avec le Hamas ou le Hezbollah. D’où Fourest tient-elle cela ? Peut-être de la même réunion, au début de laquelle il dit “son plaisir et son honneur” d’organiser le lendemain un débat au parlement avec les mêmes représentants du Hamas. Un peu court pour évoquer de “nombreuses” tribunes.

Affirmation n°5 : ”En 2006, il manifestait contre la publication des dessins sur Mahomet. En compagnie d’intégristes anglais et à côté de qui nos islamistes à nous ont l’air de soixante-huitards débridés. À part ça, il est tout à fait désolé pour ce qui s’est passé le 7 janvier.”

Difficile de connaître le détail des manifestations auxquelles Corbyn a participé, et a fortiori l’identité de tous ceux aux côtés de qui il a marché. On retrouve toutefois trace de sa présence à un rassemblement anti-caricatures en 2006 grâce à un compte-rendu de la BBC. Un repaire d’intégristes ? Ce n’est pas exactement l’impression qu’a eu le reporter présent sur place, qui débute ainsi son article : “Il y avait des craintes que le rassemblement ne soit interrompu par des extrémistes, mais cela a finalement été un après-midi sans problèmes“. Il poursuit : “L’événement avait pour but d’expliquer l’opinion des musulmans modérés vis-à-vis des caricatures publiées dans un journal danois, qui ont conduit à des manifestations à travers le monde. Les organisateurs ont expliqué qu’ils voulaient dissocier la majorité de la communauté musulmane d’une « minorité d’extrémistes ».

Quant à Corbyn, il y a pris la parole pour demander que “les gens se montrent l’un l’autre du respect pour leur communauté, leur foi, et leur religion“. Les “soixante-huitards débridés” n’ont qu’à bien se tenir.

Affirmation n°6 (absente de la version écrite de sa chronique, mais présente dans sa chronique sur France Culture) :Certaines associations s’inquiètent par exemple des fréquentations complotistes et antisémites, comme cet écrivain, niant la shoah, qu’il a financé“.

La chroniqueuse fait ici référence à une polémique lancée le mois dernier par des médias conservateurs britanniques. Ceux-ci ont accusé Corbyn d’avoir été associé dans le passé à Paul Eisen, un négationniste anglais. En cause, un don de Corbyn à l’association Deir Yassin Remembered, fondée par Eisen et qui commémore le massacre de civils palestiniens en 1948, ainsi que la présence du travailliste à des commémorations du massacre organisées par la même association.

Suite à ces révélations, faites par Eisen lui-même, Corbyn s’est défendu en expliquant qu’Eisen ne tenait pas de propos négationnistes à l’époque des faits, rapporte le Guardian. “Il y a quinze ans, Eisen n’était pas négationniste. S’il l’était, je n’aurais eu absolument aucun lien avec lui. J’étais ému par le drame de ces personnes qui ont perdu leur village de Deir Yassin. […] Je n’ai plus aucun contact avec Paul Eisen et Deir Yassin Remembered, explique ainsi le travailliste. Le négationnisme est abominable. L’holocauste est une des parties les plus abominables de notre histoire. Les Juifs tués par les nazis sont les personnes qui ont le plus souffert au 20e siècle.”

Plus aucun contact” avec un homme qui a tenu des propos “abominables“ : encore des propos de Corbyn qui ont manifestement échappé à la chroniqueuse de France Culture, qui qualifie dans la suite de sa chronique Eisen “d’ami” du nouveau patron des travaillistes.

La chroniqueuse de France Culture avait déjà été épinglée par le CSA en 2014, pour avoir affirmé, sur la foi de sources peu fiables, que des para-militaires pro-Russes, en Ukraine, avaient ”arraché les globes oculaires” de militaires ukrainiens.

(avec Vincent Coquaz et François Rose)

FOUREST/CORBYN : UNE RÉPONSE (ENCORE) UN PEU RAPIDE ?

suivi du 19/09/2015 par Vincent Coquaz ; Source : arretsurimages

Corbyn et Fourest, acte 2, scène 1. Suite à notre article sur les nombreux raccourcis et approximations de Caroline Fourest sur le travailliste anglais Jeremy Corbyn, la journaliste a publié un “droit de réponse” sur son blog. Sans doute parce que dès le lendemain, Le Monde confirmait la version d’@si, estimant que “sans doute emportée par sa volonté de démontrer et de susciter l’indignation“, Fourest ne semblait “pas avoir vérifié toutes ses informations, ne cite pas ses sources, et projette ses propres hantises sur la réalité britannique“. “Est-il permis d’avoir vu juste sur Jeremy Corbyn ?” s’interrogeait-elle hier, ajoutant un soupçon d’éléments nouveaux et pas mal de confusion.

Dans sa  réponse à notre article et à celui du Monde, Caroline Fourest fait d’abord mine de confirmer un des points les plus problématiques de sa démonstration : le fait que, selon elle, Corbyn aurait “ses bureaux” dans la mosquée “radicale” de Finsbury. Mais, sur son blog cette fois, elle fait surtout un pas en arrière. Il n’est ainsi plus question que Corbyn ait “ses bureaux dans la mosquée“, comme elle l’indiquait sur France Culture. Désormais, Fourest estime que Jeremy Corbyn “possède des bureaux, une permanence électorale, à la Mosquée“. Comme le précisait déjà @si, il est abusif de dire qu’il possède des bureaux puisque Fourest fait en fait référence à une pratique courante des députés britanniques : des rencontres avec les électeurs organisées dans différents lieux de leur circonscription, y compris des lieux de culte (mosquées mais aussi églises par exemple). Quant à savoir s’il s’agit d’une mosquée intégriste, pour faire simple : selon la presse britannique, elle l’a été mais ne l’est plus.

Aucune réponse en revanche sur les cinq autres approximations de sa chronique qu’@si avait relevées (dont une citation fausse sur Russia Today ou des accusations de manifestation aux côtés d’islamistes). Peu importe, Fourest poursuit : “S’il avait su enquêter sur les liens existant entre Jeremy Corbyn et des intégristes, au lieu d’enquêter sur mes informations, [le journaliste du Monde] aurait pu trouver bien d’autres casseroles traînant aux basques du nouveau leader travailliste“.

La chroniqueuse cite ici, à raison, la participation de Corbyn, le 9 mai 2014, à une commémoration de la “victoire de la révolution islamique d’Iran” (la vidéo est disponible ici, en anglais, à partir d’1h15) organisée par le Centre Islamique d’Angleterre (organisation chiite). Invité par une association musulmane à Londres, Corbyn a rappelé lors de ce “séminaire” son engagement contre la prolifération nucléaire “quel que soit le pays“, son opposition aux guerres d’Afghanistan, d’Irak et de Libye qui ont, selon lui “déstabilisé” la région. Il y appelle également à la fin des sanctions contre l’Iran et au rétablissement de relations diplomatiques normales.

A noter que Corbyn ne fait qu’une timide référence aux droits de l’homme, en expliquant qu’il a assisté à des réunions du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU à Genève et qu’il s’en est entretenu avec les autorités iraniennes. Point particulièrement incriminant pour Corbyn (que Fourest ne relève pas, décidément) : c’est un ancien travailliste exclu de son parti pour antisémitisme un an plus tôt, Nazir Ahmed, qui donnait la conférence juste avant celle de Corbyn lors de l’évènement.

CORBYN ET AL JAZEERA

Mais même dans un droit de réponse censé clarifier les choses, Fourest relaie – une nouvelle fois – des informations approximatives et partielles. Selon elle, Corbyn aurait ainsi reçu “5000 livres de Press TV“, une chaîne publique iranienne anglophone, et “autant d’Al Jazeera“. La preuve (toujours selon elle) ? Un document que les députés sont obligés de rendre public, où ils consignent les paiements et les dépenses liées à leur mandat (on le retrouve sur le site du parlement ici).

Problème : le document en question ne permet pas de dire que Corbyn a touché 5000£ des deux chaînes citées… mais simplement qu’il a touché un montant inférieur à cette somme. Il suffit pour cela de prendre une autre déclaration, et l’on remarque que le “Up to 5 000£” (littéralement “jusqu’à 5000£”) que renseigne Corbyn ne correspond pas une somme réellement touchée, mais à une fourchette de rémunération, la plus basse en l’occurrence. En effet, d’autres députés ont indiqués ”Up to 5000£” pour des sommes bien inférieures (400£ à 1200£). Surtout, la catégorie où Corbyn a renseigné ces “gains” sert à indiquer des “sources de rémunération qui ne sont couvertes par aucune autre catégorie“, et peut donc inclure des formes très diverses de paiement. Pour connaître tant le montant que les raisons de ces sommes perçues via des médias étrangers, il faudrait donc demander plus de précision à Corbyn. Chose que, à notre connaissance, Fourest n’a jamais faite. Et si c’était au tour de Corbyn, de publier son droit de réponse ?

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Petit résumé de la vision de Corbyn et de ces “affaires”

Par Bertrand R., pour le site www.les-crises.fr

L’arrivée à la tête du parti travailliste britannique de Jeremy Corbyn, représentant historique de l’aile gauche du parti, a été pour le moins une surprise, tant elle était peu envisageable il y a encore quelques mois*. Déclaré candidat début juin, sur un programme anti-austérité, beaucoup de commentateurs pensaient qu’il ne parviendrait simplement pas à recueillir les 35 soutiens officiels de députés du parti, indispensables pour acter sa candidature.

Son ascension dans les sondages, tout au long de l’été, a été accompagnée de nombreuses attaques portées sur son programme (« manquant de crédibilité » pour Andy Burnham, l’un de ses adversaire pour l’investiture du parti), qui commencent d’ailleurs, comme on l’a vu sur ce site, à trouver des relais dans les médias en France chez les gardiens de l’orthodoxie économique http://www.les-crises.fr/il-est-peu-probable-que-jeremy-corbyn-puisse-devenir-un-veritable-chef-qui-rassemble-lelectorat/ . Mais ces attaques, nous allons le voir, ne sont pas restées sur le terrain politique, elles se sont même largement concentrées durant l’été sur la personne même de M. Corbyn dans une partie de la presse d’outre-Manche.

Avant d’en aborder le contenu en détail, il faut revenir clairement sur le programme en 10 points qu’il a défendu lors de l’élection, et sur lequel se sont portés 59, 5 % des suffrages du parti.

 En politique intérieure :

En ce qui concerne l’économie, c’est un partisan affirmé de la croissance économique, il prône la fin de l’austérité, la réévaluation des impôts pour les plus riches, le maintien et le renforcement de la protection sociale héritée de l’après Seconde Guerre Mondiale. Il est favorable au rééquilibrage du déficit du pays, mais pas au travers de coupes drastiques dans les budgets publics, comme le prodigue actuellement David Cameron. Côté législation du travail, il a dit réfléchir à l’idée de la fixation d’un « salaire maximum » dans les entreprises. Un séisme dans le pays de la City !

Plus surprenant, en ce qui concerne le domaine monétaire, il propose une poursuite de la pratique désormais répandue du QE (Quantitative Easing, ou impression de monnaie), mais veut la transformer en un « QE du peuple », dont l’objectif ne serait plus le financement des grands établissements financiers par le rachat public de créances, mais le financement de logements, transports, énergie et projets numériques à grande échelle. La volonté d’améliorer l’offre de logements décents est d’ailleurs au cœur de son programme, qui fixe un objectif dans ce sens pour 2025, avec des proposition précises, comme la mise en place de zones à loyer contrôlé, y compris dans le centre de Londres (Corbyn y est député depuis 1983).

Dans le secteur de la Santé, Corbyn compte essentiellement revenir sur les mesures de privatisation dans les services hospitaliers mises en place par T. Blair et G. Brown, qu’il qualifie de « foutoir ».

Les fameux contrats « zero heure » du gouvernement Cameron seraient supprimés, la négociation collective dans les entreprises privilégiée (il faut rappeler que le fonctionnement du New Labour reste très lié aux syndicats, dans la tradition de ce parti).

Avec le transport et l’énergie, on entre dans le vif du sujet, car Corbyn propose purement et simplement de re-nationaliser ces 2 secteurs, ce qui serait inédit en Grande-Bretagne depuis les années d’immédiat après-guerre, qui furent d’ailleurs celles du premier gouvernement travailliste majoritaire de l’histoire du Royaume-Uni.

L’Education constitue encore un point essentiel, tourné dans la même optique, avec une réévaluation des bourses sur critères sociaux, la suppression des frais d’inscription pour les étudiants, le financement de formations pour adultes… L’idée d’une « protection universelle de l’Enfant » est aussi évoquée, bien que peu détaillée. http://www.bbc.com/news/uk-politics-33772024

Militant de la première heure de la cause LGBT (dès les années 1980 en fait, il a accompagné des mouvements tels que LGSM, association Lesbienne-Gay qui soutenait les mineurs lors des grèves de l’hiver 1984 – 1985), son action est longtemps restée marginale dans son propre parti : il a été le seul député travailliste à voter pour un amendement des Libéraux-Démocrates rendant illégal toute discrimination basée sur l’orientation sexuelle en 1998). https://en.wikipedia.org/wiki/Jeremy_Corbyn#LGBT_rights

Et pour terminer avec les mesures de politique intérieure, il est intéressant de noter que Jeremy Corbyn ne cache pas ses sympathies républicaines, mais qu’il ne compte pas mettre le sujet sur la table pour le moment (« ce n’est pas un combat que je compte mener, ce n’est pas celui qui m’intéresse »). http://www.bbc.com/news/uk-politics-33772024

 Politique étrangère

Une orientation « radicalement différente » serait donnée à la politique internationale, basée entre autre sur sur la recherche de solutions politiques et non militaires, et une volonté de discussion avec la mise autour de la table de tous les acteurs, en particulier au Moyen Orient, évoquant le Hamas et le Hezbollah comme des interlocuteurs parmi d’autres dans d’éventuelles négociations (on verra plus loin que ceci a été largement utilisé pour tenter de le décrédibiliser). Ce pragmatisme affiché en terme de relations internationales ne l’a cependant pas empêché de déclarer être favorable à des « conséquences diplomatiques et économiques » à l’encontre de pays qui s’opposeraient à la mise en place de droits LGBT sur leur sol.

M. Corbyn a clairement exprimé son opinion sur l’intervention de son pays en Irak en 2003 aux côtés des Américains : “Il est grand temps que le Labour présente ses excuses au peuple britannique pour l’avoir entraîné dans la guerre en Irak sur la base d’une tromperie et au peuple irakien pour les souffrances que nous avons contribué à causer”.

Il s’oppose donc de fait aux frappes aériennes sur la Syrie et l’Irak, et préconise même une sortie du Royaume-Uni de l’OTAN.

Il s’est pour l’instant peu étendu sur sa vision de la place du Royaume-Uni dans l’UE, faisant simplement connaître son souhait d’une « meilleure Europe ». Il n’a pas de position connue pour l’instant  sur le référendum de 2017 qui décidera s’il y aura ou non un Brexit. http://www.challenges.fr/europe/20150906.CHA9054/election-labour-les-principaux-points-du-programme-de-jeremy-corbyn.html

Il est opposé à la poursuite des négociations conduites par la Commission européenne sur le futur Traité de Libre-échange Transatlantique (TAFTA). Concernant la vague migratoire que connaît l’Europe, il est de ceux qui ont applaudi l’Allemagne lorsqu’elle a ouvert ses frontières, et s’est déclaré favorable à un accueil comparable en Grande-Bretagne.

Son programme prévoyait en outre que budget de la Défense britannique serait revu à la baisse, et que le système de missiles nucléaires Trident, pivot de la stratégie nucléaire britannique, ne serait pas renouvelé et modernisé comme cela est programmé pour 2016. Jeremy Cobyn est en effet très engagé dans la Campagne pour le Désarmement Nucléaire (CND), organisation qui prône un désarmement complet et volontaire des puissances nucléaires de la planète.

Il fait enfin part d’une volonté d’ « action sur le changement climatique », mais le grand flou laissé dans ce domaine peut laisser suggérer que cette question n’arrive certainement pas au premier rang des préoccupation du nouveau leader travailliste. http://www.jeremyforlabour.com/jeremy_corbyn_launches_standing_to_deliver

Un programme, donc, résolument ancré à gauche, et qui a séduit des militants bien décidés à tourner la page du blairisme, la candidate représentant ce courant étant arrivée dernière lors de l’élection du 12 septembre dernier, avec seulement 4,5% des suffrages. http://www.theguardian.com/politics/2015/sep/12/jeremy-corbyn-wins-labour-party-leadership-election

L’orientation anti-libérale portée par Corbyn dans sa campagne et ses nombreuses références à l’histoire du Labour (avant les années Blair-Brown) a déclenché des attaques en règle sur la faisabilité de ses propositions, et lorsque ce n’est pas Tony Blair qui prédit avec son élection un « anéantissement »http://www.theguardian.com/commentisfree/2015/aug/12/even-if-hate-me-dont-take-labour-over-cliff-edge-tony-blair

du parti, d’autres lui reprochent d’avoir un programme destiné à renvoyer le Labour dans les années 1980. Ce à quoi il répond qu’il préférerait retourner une décennie avant, au moment des gouvernements travaillistes de Wilson, puis Callaghan.

http://www.bbc.com/news/uk-politics-33772024

Bien que ces saillies tentant de mettre en doute ses capacités à gouverner aient été particulièrement virulentes, elles sont pourtant peu de chose par rapport à la violente campagne qui a été menée contre sa personne même, en particulier par le Daily Mail, qui a consacré en août sa « Une »** aux prétendus liens « de longue date » du futur leader travailliste avec Paul Eisen, négationniste convaincu, utilisant ces thèses pour soutenir la cause pro-Palestinienne, avec notamment l’association Der Yassin Remember***. Dans l’article correspondant, le président de l’association des députés des Juifs britanniques faisait dès lors remarquer combien il « serait » alarmant « si » J. Corby avait effectivement des liens avec Eisen. Or cette information n’était basée que… sur un post de blog du même Paul Eisen, datant de 9 semaines, affirmant que le candidat travailliste l’avait soutenu financièrement, ainsi que son association DYR, à l’occasion de conférences données 15 ans auparavant, et auxquels J. Corbyn aurait été assidu. La réponse de l’équipe de campagne de Corbyn était mentionnée dans la dernière partie de l’article : « Paul Eisen n’est pas une personne avec laquelle le bureau de M. Corbyn est en relation […] P. Eisen soutien manifestement des vues extrêmes qui n’appartiennent qu’à lui, auxquelles Jeremy s’oppose et desquelles il se dissocie entièrement. » Toute cette histoire finit par révéler sa véritable nature : une tentative de compromission de celui qui est alors déjà, en tant que favori des sondages pour l’investiture travailliste, d’un potentiel futur Premier Ministre, trop porté à remettre en question l’habituel soutien britannique à l’Etat hébreux. Le rédacteur de l’article, J. Wallis Simon, proche du lobby israélien, est d’ailleurs un spécialiste du battage médiatique dirigé contre les personnalités critiques envers la politique israélienne.

https://www.middleeastmonitor.com/blogs/politics/20306-the-anti-corbyn-campaign-becomes-a-parody-of-itself

Cette attaque suggérant des penchants antisémites chez J. Corbyn n’était pas isolée, mais faisait suite à la diffusion en juin d’un extrait video https://www.youtube.com/watch?v=pGj1PheWiFQ

dans lequel il appelait ses « amis » du Hamas et du Hezbollah à discuter avec Israël. Puis c’est une rencontre avec Raed Salah, prêcheur islamique intégriste et citoyen israélien, invité par Corbyn au Parlement en 2012, qui a été utilisée par le Daily Mail pour alimenter les accusations de liens avec les complotistes (Salah défend l’idée que les Israéliens sont responsables des attentats du 11 septembre 2001). http://www.dailymail.co.uk/news/article-3191679/Jeremy-Corbyn-caught-video-calling-Muslim-hate-preacher-honoured-citizen-inviting-tea-terrace-House-Commons.html

La campagne sur ce thème a atteint son paroxysme lorsque le journal The Jewish Chronicle, reprenant toutes les accusations précédentes, le convainc tout simplement d’association avec « les négationnistes, les terroristes et certains antisémites d’extrême droite », dans un éditorial exprimant alors « de profondes inquiétudes à la perspective de l’élection de M. Corbyn en tant que leader du Labour ».http://www.thejc.com/news/uk-news/142144/the-key-questions-jeremy-corbyn-must-answer

La charge est relayée à l’international, par exemple par le magazine en ligne The Times of Israel,  outil notoire de promotion du soft power israélien à travers le Monde.

http://fr.timesofisrael.com/corbyn-critique-pour-ses-liens-avec-des-antisemites-et-des-extremistes/

Un démenti formel de J. Corbyn a été publié sous forme d’interview vidéo quelques jours plus tard par la chaîne Channel 4 News, où celui-ci dénonce des attaques « malveillantes et erronées »http://www.theguardian.com/politics/2015/aug/18/jeremy-corbyn-antisemitism-claims-ludicrous-and-wrong, niant les accusations de compromission avec Paul Eisen, disant regretter de lui avoir donné de l’argent s’il se trouvait déjà être négationniste à l’époque. Il s’y exprime en outre sur R. Salah, racontant l’avoir rencontré en toute légalité, rappelant que l’Etat israélien l’avait autorisé à se rendre à Londres, et aurait eu avec lui une longue conversation, où il n’aurait pas une fois été question d’antisémitisme. Refusant de reconnaître des « erreurs de jugement », comme on l’y pressait pourtant, il a cherché à couper court aux accusations en concluant que « toutes les formes de racisme sont mauvaises, la nécessité de parler avec les  peuples pour parvenir à un processus de paix est à n’en pas douter une bonne chose »http://www.huffingtonpost.co.uk/2015/08/17/jeremy-corbyn-rejects-association-holocaust-denier_n_8000722.html

La suite est connue : Corbyn, déjà favori des sondages, soutenu par la majorité des syndicats, est élu à la tête du Labour. Toute cette affaire, désormais quelque peu retombée en Grande-Bretagne, en particulier depuis que des voix se sont fait entendre pour dénoncer des attaques malhonnêtes https://electronicintifada.net/blogs/asa-winstanley/4-reasons-anti-semitism-attacks-jeremy-corbyn-are-dishonest, est finalement resté cantonnée aux journaux à sensation et aux organes des lobbies pro-israéliens, ses opposant à la candidature du parti n’ayant pas osé les utiliser contre lui.

Cependant, depuis son élection, une partie des allégations montées en épingle trouvent un certain écho en France, qui en reprennent le contenu et cherchent à distiller à nouveau dans l’opinion ces soupçons d’antisémitisme. http://www.huffingtonpost.fr/2015/08/14/jeremy-corbyn-socialiste-uk-parti-travailliste-tony-blair_n_7987672.html

http://www.huffingtonpost.fr/caroline-fourest/les-amis-integristes-de-jeremy-corbyn-_b_8133200.html

Jeremy Corbyn n’est décidément pas prêt de se débarrasser de cette image qu’on veut lui attribuer sans cesse et qui, tel un vieux chewing gum, se recolle à chaque pas sous sa chaussure…

* sa cote chez les bookmakers était de 200 contre 1 lau moment où il s’est déclaré candidat

** sobrement intitulée « Corbyn et le négationniste »
*** village arabe de Palestine où environ 120 personnes ont été massacrées par des miliciens Juifs lors de la guerre israélo-arabe de 1948.

Source: http://www.les-crises.fr/jeremy-corbyn-tremblement-de-terre-ou-suicide-politique-par-caroline-fourest/


De la “force légale” à la “légalité de la force”, par Dedefensa

Friday 2 October 2015 at 00:05

Source : DeDefensa, 1/10/15

Les Russes ont commencé à intervenir en Syrie quelques heures après que les dernières dispositions légales aient été prises pour mettre leur intervention dans le cadre légal qui convient. Parmi les éléments qui caractérisent leur intervention, celui-là est pour l’instant l’un des plus intéressants, parce que d’une part il réhabilite les formes légales d’un conflit que les interventions des USA depuis deux décennies nous avaient fait oublier, parce que d’autre part il fait comprendre aux observateurs qu’avec les Russes, “la guerre c’est vraiment la guerre”, – ce qui peut nous mener loin…

Sur le premier aspect, on citera d’une façon assez substantielle l’article de Nicolas Gros-Verheyde (sur Bruxelles2 le 1er octobre 2015). Ce site n’a pas l’habitude de montrer une extrême tendresse pour la cause russe, et son analyse est d’autant plus intéressante dans la mesure où elle met en évidence ces facteurs de procédure qui rendent compte à la fois d’un souci de légalisme international, à la fois d’une affirmation politique et d’une extrême rapidité d’action. C’est la marque d’un pouvoir fort mais d’un pouvoir souverain dans le sens du respect des règles principielles pour encadrer les actions internationales, – ce qui rejoint effectivement une conception “à la française” comme dit l’auteur, – c’est-à-dire, plus précisément à notre sens, une “façon gaullienne” de la pratique de l’action internationale dans les situations d’urgence. (On parle de cet outil de pouvoir superbe forgé par de Gaulle, que Hollande, après Sarko, ne cesse de gâcher dans des interventions incohérentes et catastrophiques.)

« “Basé sur l’article 102.1 (d) de la Constitution russe, Vladimir Poutine a soumis une proposition au Conseil de la Fédération pour lui demander d’autoriser l’utilisation du contingent des Forces armées russes de l’extérieur du pays, sur la base des principes et normes du droit international généralement reconnus” indique le communiqué de presse du Kremlin, publié mercredi (30 septembre) au matin. Autorisation accordée dans la foulée. La suite n’a pas traîné. Dans un schéma organisationnel assez semblable à celui existant en France, le chef de l’Etat, qui est le commandant suprême des forces armées, ordonnait de commencer “l’opération aérienne pour viser des cibles des terroristes de l’ISIL sur le territoire syrien”.

» Et dans l’après-midi, le ministère russe de la Défense annonçait avoir réalisé plusieurs frappes sur des cibles des “dépôts d’armes et de munitions, de fuels, des centres de communication, du matériel militaire des terroristes de l’ISIS”. Une annonce faite sur twitter, sur Facebook, sur Youtube, etc. en utilisant donc tous les canaux modernes des médias sociaux, dans un exercice plutôt rare pour l’armée russe de ‘transparence’ (= propagande) militaire… »

Ensuite, Gros-Verheyde passe en revue les réactions des pays du bloc BAO, aux USA, en Europe, etc., et les contestations et accusations diverses sur les cibles visées, les effets obtenus, etc., en ne dissimulant pas qu’il s’agit là du terrain favori de la guerre de communication. Puis il enchaîne en revenant à nouveau sur le cadre légaliste qui a habillé ces frappes russes, cette fois sur le plan international, ce qui implique pour la Russie une position extrêmement forte permettant de parler à la fois de “force légale” et de “légalité de la force”. La “force légale” ou “force légale en substance”, ce serait pour nous une force qui a pour elle d’être légale en substance parce qu’elle représente un intérêt souverain et qu’elle a la légitimité de la constitution à partir d’un ensemble souverain ; la “légalité de la force”, ou “légalité de l’emploi de la force”, ce serait pour nous l’emploi d’une “force légale en substance” à cause de circonstances données qui permettent d’inscrire cet emploi dans le cadre légal où il dit s’exercer.

« Dans un jeu où la propagande est intense de part et d’autre, l’essentiel n’est pas vraiment là. Car cette frappe russe a, avant tout, un objectif politique. Elle permet à la Russie de récupérer ses galons de force avec qui il faut compter et discuter en Syrie, non pas juste parce qu’elle a un siège au Conseil de sécurité des Nations-Unies mais parce qu’elle est sur place militairement et que son intervention ne peut se discuter d’un point de vue juridique. D’un point de vue du droit international, la position russe semble en tout assez fondée. Ils interviennent à la demande du gouvernement légal de la Syrie. Imparable !  Ce que ne peuvent pas se revendiquer les occidentaux qui agissent dans la marge de la légalité… »

Voilà pour les conditions légales de l’intervention russe, qui ont pour effet de rendre cette intervention, d’une certaine façon, solennelle et affirmée. Il ne s’agit plus d’une expédition, d’une “covert action”, d’une opération de police, voir même d’une “frappe préventive”/“guerre préventive”, d’un acte de “légitime défense”, etc., – c’est-dire tous ces concepts nébuleux et incertains utilisés par les USA et, depuis quelques années, les pays du bloc BAO dans leur ensemble, dans leurs diverses interventions. Il s’agit d’une véritable “déclaration de guerre” dans les formes les plus affirmées, au nom de certains principes que les Russes s’emploient eux-mêmes à mettre en évidence. Le résultat disons politique sinon géopolitique est d’habiller de facto cette opération d’une affirmation de puissance qui frappe même ceux qui sont généralement dans un état d’esprit assez mal disposé vis-à-vis de la Russie.

Nous signalions et analysions déjà, le 14 septembre 2015, un aspect de l’analyse prospective du site DEBKAFiles. Le 30 septembre, ce site proche des services de sécurité israéliens confirme le sens général de son analyse, avec un pessimisme affirmé pour ce qui concerne la position US et les difficultés à venir pour Israël, avec surtout l’affirmation exprimée de nouveau, cette fois évènements à l’appui, que l’on entre dans une époque nouvelle marquée par la domination russe au Moyen-Orient.

« That Russia launched its first air strikes in Syria Wednesday, Sept. 30 was confirmed by the Russian Defense Ministry in Moscow and criticized by US officials. Moscow stressed that it acted in support of Bashar Assadfgd’s war on the Islamic State, assisted by other foreign powers including Iran and Iraq working together from an allied command center in Baghdad. Its targets were described as stores, ammunition dumps and vehicles, located according to US sources around Homs and Hama. The Russian communiqués did not indicate which organizations were bombed.

» The Russian aerial offensive marks a turning point in Middle East affairs. Russia is emerging strongly as the number one power in the region. The governments which hitherto coordinated their military polices with the US, like those of Israel, Jordan and Turkey will have to reassess their orientation and affinities in a hurry. For Israel it is the end of years of freedom for its air force to strike its enemies from the skies of Syria or Lebanon. It also marks the end of any plans Turkey and Jordan may have entertained for setting up buffer and no-fly zones in Syria to protect their borders.

» Washington quickly criticized the air strikes, but said Moscow’s moves would not change the US-led air campaign targeting the Islamic State in Syria. That remains to be seen »

Cette vision extrêmement pessimiste pour les USA, qui tend à faire de l’action de la Russie un acte général d’affirmation de la puissance russe dans la zone du Moyen-Orient, devient en effet aux USA, pour les critiques de l’administration Obama, un acte d’affirmation hégémonique de la Russie dans une zone laissée vide par la démission des USA. Cette attaque contre Obama est classique de la part d’une ultra-droite qui domine les réseaux d’influence aux USA et met continuellement le président en position de faiblesse, mais elle a cette fois des fondements qui lui font rendre un son proche de la vérité de la situation. On peut lire par exemple la substance de l’analyse du New York Post faite par Sputnik-français, à l’issue de la réunion des Nations-Unies lundi, et alors que les Russes préparaient leurs premières frappes en Syrie…

« Le New York Post, l’un des plus anciens journaux américains, a qualifié la Russie d’unique superpuissance mondiale. Lundi, note-t-il, le relais a été remis à l’unique superpuissance mondiale, et Vladimir Poutine l’a volontiers accepté. “Le président Obama (vous souvenez-vous de lui?) a décidé que les idéaux chantés par les fondateurs de l’Onu seront valables pendant encore longtemps alors que la puissance et la force perdront. Poutine a lui aussi a fait appel aux lois de l’Onu (comme il les comprend) et a utilisé son discours pour annoncer la formation d’une “large coalition internationale” pour lutter contre l’EI en Irak et en Syrie. [...]

» Le New York Post estime que l’intervention d’Obama n’était que des paroles en l’air, alors que Poutine a tout de suite confirmé son discours par des actes, en accordant une aide militaire à la Syrie en y envoyant ses forces aériennes. Le discours d’Obama est “comme d’habitude” plein de promesses mais ne garantit pas de résultats positifs. “Au contraire, le déploiement des forces armées par Poutine en Syrie et le fait d’armer Assad crée des faits sur le terrain. Ceux-ci l’ont propulsé vers le sommet, car Poutine a pris l’initiative du règlement du problème mondial actuel le plus aigu,” note le NYP.

Enfin, tout cela est couronné par le constat de plus en plus souvent fait de l’importance des forces mises en jeu par la Russie, mais aussi par la Chine puisque la participation chinoise se confirme, et d’une façon générale par la capacité d’organisation qui a été déployée, notamment avec la mise en place d’un centre commun de coordination et de renseignement Irak-Iran-Russie-Syrie à Bagdad (à la grande fureur des USA, certes, en raison de la participation centrale de l’Irak). Cela conduit des commentateurs US à observer que, désormais, les circonstances (et le président Obama avec son cortège d’erreurs, pour les groupes de pressions de l’ultra-droite) font que la puissance militaire US commence à paraître dépassée. C’est le cas de James Lewis, du CSIS, qui écrit dans The Amercican Thinker le 29 septembre :

« The Russians and Chinese have limited force-projection capabilities, but put them both together, combined with Iranian Revolutionary Guards, Hezb’allah, and Assad’s troops, and you get the kind of force projection only the U.S. has possessed in the past half-century. This is a major surprise strategic move, coordinated by Putin while talking peace at the U.N. Obama has been snookered again. »

… Et le 30 septembre, Lewis à nouveau , cette fois prenant directement à partie Obama et la soi-disant “Gauche” du “parti unique”, ce qui est constitue un des échanges habituels de la bataille interne de Washington D.C., laquelle n’empêche nullement d’observer que nous parlons d’une vérité de situation actant effectivement la désertion américaniste par le désordre, de la région stratégique du Moyen-Orient : « Under Obama and the Left, America has retreated from the world. We have abandoned our allies, all the way from Japan and South Korea to Saudi Arabia and Israel… [...] As long as Obama is in power, things are likely to get worse for America… [...] By sacrificing sixty years of Pax Americana the Left has taking a wild, historic gamble. The Left hates the American ideal, and expects to benefit from Obama’s dictatorial shenanigans. It’s a paradox that Vladimir Putin, who saw the Soviet model crumble, is now allied with the last powerful church in the world to become the rising new hegemon… »

Quoi qu’il en soit, nous y voici. Après plusieurs semaines de supputations, vraies et fausses nouvelles, déclarations diverses, la Russie est entrée dans le jeu au Moyen-Orient, avec détermination, effectivement appuyée sur une base légale très solide et une structure de décision politique exemplaire, effectivement décidée à mener ce jeu. La Russie dispose de tous les outils politiques structurels dont le bloc BAO, engourdi par des années d’actions interlopes et de déterminisme-narrativiste, est aujourd’hui complètement privé. Contrairement à tout un courant d’analyse, nous n’estimerons certainement pas que l’action de la Russie est à prétention hégémonique, ni même à prétention d’affirmation de puissance, mais qu’elle constitue d’abord une action pour tenter de rétablir un ordre principiel dans une région où le désordre grandissant menace évidemment son flanc Sud. De ce point de vue, également, il est logique de penser que la Russie agit “à la française”, mais bien entendu dans sa version gaullienne, c’est-à-dire en recherchant les équilibres selon les lignes principielles souveraines et légitimes, pour tenter de restaurer un ordre international qui assure la sécurité à chacun.

Il y a bien entendu très loin de la coupe aux lèvres. Le désordre est aujourd’hui immense, et il grandit à une vitesse absolument sensationnelle, comme s’il était devenu la substance même, ou l’essence en forme de contre-essence des relations internationales. En théorie et au vue des conditions actuelles, il ne serait certainement pas impossible que la Russie parvînt à restaurer un semblant d’ordre, dans telle ou telle région, à s’établir effectivement comme une puissance tutélaire. Le problème annexe est bien entendu qu’elle est bien seule pour faire cet exercice, même si elle est aidée par la Chine, l’Iran, etc. Le problème central est bien entendu que le désordre en cours n’est pas un accident, c’est une condition même de la vie internationale qui est devenue une matière crisique en fusion constante ; nombre de pays qui ont exercé des responsabilités dans ce sens (dans le sens de l’ordre des relations internationales), ont abdiqué ces responsabilités ; la plus grande puissance parmi tous ces pays, et d’une façon générale dans la situation du monde, refuse absolument de reconnaître son déclin et préfère régulièrement revenir en action avec un peu plus de désordre dans sa politique, pour ne pas se savoir supplantée bien qu’elle soit en passe de l’être si ce n’est déjà fait … Mais on pourrait poursuivre longtemps cette complainte des différents facteurs qui constituent l’immense désordre universel que l’on connaît.

Tout cela rend l’action de la Russie aussi incertaine sur le terme qu’elle est pourtant justifiée et semble devoir obtenir des résultats notables au départ. Ce n’est pas qu’on puisse craindre une “défaite“ de la Russie, car la Russie n’est pas prête à accepter cela, alors qu’elle est prête au contraire à s’impliquer dans un conflit puisqu’il s’agit finalement de préserver sa sécurité nationale ; ce n’est même pas qu’on puisse craindre un “enlisement” du type-Afghanistan, car l’on peut croire Poutine assez habile pour écarter ce type de risque. Il s’agit d’une incertitude d’au-delà de la stratégie et d’au-delà de la géopolitique, d’au-delà des habituelles prospectives en forme de “victoire” et de “défaite”, et une incertitude qui ne concerne pas seulement la Russie, pas seulement le Moyen-Orient, mais toute notre civilisation, le Système, notre Grand tout…

Finalement, à cause du sérieux de la forme de l’intervention et de la résolution des Russes telle qu’on l’a décrite, le véritable apport de l’événement est de rappeler à tous les acteurs que, derrière la comédie constante de la communication et de  tout ce qui l’accompagne, de la narrative au déterminisme-narrativiste, il existe des vérités de situation qui ont la dureté de la pierre. On sent cela dans le caractère de l’intervention russe qui a commencé hier. En d’autres mots, l’intervention de la Russie nous rappelle que la situation du monde est extraordinairement tragique, que cette tragédie ne peut être réduite à une narrative ni traitée par le narrativisme de communication médiatique ni par les geignements de la société civile comme l’on fait dans les talk-shows télévisés, que notre situation crisique ne cesse de peser sur tous nos actes et nécessiterait, comme simple mesure de survie, une certaine action de coordination et de solidarité pour tenter simplement d’atténuer la vigueur des chocs qui se pressent dans notre avenir le plus proche. Là non plus, l’optimisme ne règne pas.

Source: http://www.les-crises.fr/de-la-force-legale-a-la-legalite-de-la-force-par-dedefensa/


[Psychiatrie] Scénario catastrophe : la Troisième Guerre mondiale a peut-être commencé aujourd’hui, par Vincent Jauvert

Thursday 1 October 2015 at 11:21

Sans grand commentaire.

Pour mémoire, les USA avaient lâché 5 000 bombes sur l’Etat islamique en janvier, là la Russie en a lâché une poignée, mais “c’est le drame”. 5 poids 5 mesures, comme d’hab…

Source : nouvelobs.com, 30/09/2015 

La Russie a conduit ses premières frappes en Syrie le mercredi 30 septembre 2015. (Capture d’écran/RTBF)

L’Histoire retiendra peut-être, à Dieu ne plaise, que le troisième conflit mondial a débuté, à bas bruit, mercredi 30 septembre 2015.

En 1914, tout a commencé un 28 juin par l’assassinat à Sarajevo de l’archiduc d’Autriche. A l’époque, évidemment, personne n’avait imaginé que cet attentat, perpétré loin des grandes capitales, allait conduire à la boucherie de la Grande Guerre. C’est le jeu des alliances et l’irresponsabilité des “somnambules” qui gouvernaient alors les grandes puissances qui ont entraîné le monde vers l’abîme.

Pourquoi une comparaison avec aujourd’hui ? On a appris, ce 30 septembre, deux nouvelles apparemment peu graves mais qui, combinées, pourraient être la double étincelle d’une déflagration que beaucoup redoutent depuis quelque temps. De quoi s’agit-il ?

1 Iran-Arabie, le ton monte très vite

D’abord, l’Arabie saoudite aurait arraisonné aujourd’hui deux navires battant pavillon de son ennemi intime, l’Iran. Les bateaux étaient, semble-t-il, remplis d’armes à destination des rebelles outhistes du Yémen que Riyad combat militairement. Cet arraisonnement est à l’évidence un acte hostile, si ce n’est de guerre.

Il se produit dans une atmosphère particulièrement tendue entre les deux pôles de l’Islam. Téhéran a violemment reproché aux Saoud, gardiens autoproclamés des Lieux Saints, de ne pas assurer la sécurité de base des pèlerinsà la Mecque. Une accusation gravissime en ces périodes d’affrontements entre Chiites et Sunnites.

2 Poutine est entré en guerre en Syrie

Ce n’est pas tout. Ce mercredi 30 septembre, Vladimir Poutine a fait voter par son parlement fantoche une loi l’autorisant à mener une opération armée en Syrie. Son aviation a déjà commencé à bombarder à Homs.

Comme Hollande quoi…

Or, on sait que, sur le terrain, les Russes seront alliés au régime de Bachar et, surtout, aux Iraniens.

Et alors ? On veut détruire l’Etat islamique ou juste faire des moulinets à la télévision ?

Tandis qu’en face, Occidentaux et pays sunnites du Golfe mènent leurs propres opérations.

Contre le gouvernement légitime reconnu internationalement, donc ?

Les deux coalitions, qui ont, sur plusieurs points, des objectifs totalement opposés,

Ah bon ? Lesquels, ça devient intéressant…

risquent de se retrouver face à face. Il semble, d’ailleurs, que les bombardements russes de ce jour aient déjà touché une position de rebelles soutenus par les États-Unis

Contre le gouvernement légitime reconnu internationalement, donc ? Et ce sont quels rebelles ? Al Nostra (affilié à Al Qaeda) ?

- une information qui n’est pas encore confirmée.

Ah t’en sais rien, mais dis le toujours, on ne sait jamais, dans le doute…

Hubris et bras de fer

Quoi qu’il en soit, la crainte est donc de voir le Kremlin, tout à son affirmation extérieure pour faire oublier la déroute économique interne,

comme nous au  Mali ?

et Téhéran, pris par l’hubris qui a suivi l‘accord nucléaire de juillet,

ah que le journaliste néoconservateur n’aime pas quand on évite la guerre, grrrrrrrr

Parler d’hubris pour l’Iran, c’est du grand Orwell quand même…

de tester au maximum la volonté de l’autre camp. Et de voir les Saoudiens, effrayés par la montée de l’ennemi mortel chiite,

pourquoi on ne parle pas “d’ennemi mortel sunnite” pour nos alliés (les pétromonarchies moyenâgeuses), qui soutiennent le terrorisme… ?

entraîner ses alliés, dont la France, dans un bras de fer sans fin, qui pourrait gravement dégénérer.

grave…

Évidemment, ce scénario catastrophe n’est pas sûr.

ah que le journaliste néoconservateur n’aime pas quand on évite la guerre, grrrrrrrr

Il n’est pas écrit que les gouvernants actuels soient des “somnambules”, qu’ils n’empêcheront pas le conflit militaire de s’étendre au delà de la Syrie et de l’Irak. Mais certains acteurs de cette partie sont tellement à cran qu’on ne peut l’exclure tout à fait.

Faut consulter, vieux…

Vincent Jauvert

…”journaliste” fantoche du XXIe siècle

Source: http://www.les-crises.fr/psychiatrie-scenario-catastrophe-vincent-jauvert/