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Proposition de loi Lienemann/Sas contre les conflits d’intérêts

Wednesday 30 September 2015 at 02:59

Il n’est pas impossible que je ne sois pas totalement étranger à ceci… Il faut bien essayer d’agir un peu…  ;)

Comme je suis ne général dur avec nos élus, je salue aujourd’hui les parlementaires qui ont déposé et qui soutiennent cette saine proposition, et d’abord à Marie-Noëlle Lienemann et Eva Sas.

Bien entendu, la proposition a bien entendu une très faible probabilité d’être votée.

N’hésitez pas à contacter votre député préféré, surtout s’il est de la majorité.… (un mail c’est bien, liste ici, mais un coup de fil à la permanence c’est bien mieux… Vous leur demandez juste s’il votera la proposition de loi Lienemann / Sas sur les conflits d’intérêt, et pourquoi – ça suffira… Au bout de 5 coups de fil, il va être bien gêné… Ca marche comme ça.)

Source : Site web de Marie-Noëlle Lienemann, le 29 septembre 2015.

MNL_cfce_presse_PPL_conflits_interets_29-09-2015

Communiqué de presse commun d’Eva Sas et Marie-Noëlle Lienemann

Eva Sas, Députée de l’Essonne, Vice-présidente de la Commission des finances, Marie-Noëlle Lienemann, ancienne ministre et Sénatrice de Paris, et plusieurs de leurs collègues déposent une Proposition de loi visant à lutter contre les conflits d’intérêts. Son principe est simple : ne peuvent être nommés par le Président de la République dans les instances de contrôle et de régulation que des personnes n’ayant pas exercé de fonctions dans des entreprises contrôlées par cette instance, dans les cinq années précédant la nomination.

Pour Eva Sas, « Il y a, aujourd’hui, une grave crise de confiance des citoyens envers les décideurs publics en général. Notre objectif est de renouer cette confiance. C’est pourquoi, au travers de cette proposition de loi, nous souhaitons que, pour les nominations dans les instances de contrôle et de régulation, soit appliqué le principe de précaution et que l’on suive des règles claires et transparentes, ce qui est tout à fait simple et faisable. Ainsi, il s’agira d’éviter tous les doutes et d’avoir une certaine étanchéité entre le secteur privé et les instances de régulation en charge de les contrôler. C’est simple, c’est possible et c’est nécessaire pour restaurer la confiance des citoyens dans l’action publique. »

« Au-delà des débats qui ont lieu actuellement sur des nominations, il est essentiel que les règles législatives renforcent clairement la lutte contre les risques de conflits d’intérêt. Il en va de la crédibilité de l’action publique auprès de nos concitoyens et de la défense scrupuleuse de l’intérêt général par les hauts responsables des institutions publiques de notre pays. Il faut restaurer une indépendance absolue des décideurs et régulateurs publics, c’est vrai dans tous les domaines mais tout particulièrement dans le secteur financier. » conclut Marie-Noëlle Lienemann.

Cette Proposition de loi est soutenue par de nombreux économistes comme Xavier Timbeau, Directeur principal à l’OFCE, et Jean-Paul Pollin, Professeur d’économie à l’Université d’Orléans, qui a insisté sur la nécessaire transparence du processus de décision au-delà même des règles qui doivent la régir. Il a également rappelé que faire l’ENA, polytechnique et l’inspection des finances ne fait pas un économiste et qu’à prendre tout le temps les mêmes profils pour la haute fonction publique, ces responsables finissent par avoir une pensée identique.

Cette proposition sera déposée simultanément à l’Assemblée Nationale et au Sénat. A l’Assemblée, elle sera déposée dans les même termes d’une part par Eva Sas et des députés écologistes, et par Barbara Romagnan et Suzanne Tallard et des députés socialistes. Au Sénat, elle sera déposée par Marie-Noëlle Lienemann et des sénateurs socialistes et Jean Désessard et des sénateurs EELV.

Premiers signataires à l’Assemblée Nationale :

Premier signataires au Sénat :


Le texte

Proposition de Loi Lienemann-Sas sur les Conflits d’Intérêts

Source: http://www.les-crises.fr/proposition-de-loi-lienemannsas-contre-les-conflits-dinterets/


[BNP] Il y a quelque chose de pourri au Royaume de Hollande

Wednesday 30 September 2015 at 02:25

 Vous pensez bien que j’ai une bonne connaissance de la personnalité et des actions dans l’ombre de ce monsieur – et que nous dirons donc que je suis inquiet…

Banque de France : la nomination d’un ex-dirigeant de BNP dénoncée par 150 économistes, par Anne Michel

Source : Le Monde

Peut-on nommer un ancien banquier – fût-il ancien haut fonctionnaire reconverti dans la banque –, à la tête de la Banque de France, institution indépendante dotée de missions d’intérêt général ?

« Non », répondent sans détour près de cent cinquante économistes et universitaires réputés – du très en vue Thomas Piketty au très discret François Bourguignon de l’Ecole d’économie de Paris –, dans une tribune commune, publiée mardi 15 septembre dans Le Mondes’opposant à la désignation de François Villeroy de Galhau comme prochain gouverneur de la banque centrale française.

Aujourd’hui âgé de 56 ans, cet ancien directeur de cabinet de Dominique Strauss-Kahn (DSK) à Bercy a été officiellement choisi par François Hollande, le 8 septembre, pour succéder à Christian Noyer au sommet de l’une des plus prestigieuses institutions de la République, à compter du 31 octobre.

Brillant énarque passé par l’Inspection des finances, ce vieux compagnon de route de la gauche a rejoint le privé en 2003 et opté pour une carrière de banquier chez BNP Paribas. Il en était le directeur général délégué jusqu’en avril.

Alors que ce choix doit encore être validé, le 29 septembre, par les commissions des finances de l’Assemblée nationale et du Sénat, les signataires de cette lettre ouverte appellent les parlementaires à rejeter « le choix du président ».

De leur point de vue, si les qualités du candidat présenté par le chef de l’Etat sont incontestables, son passé de banquier privé le disqualifie pour cette institution chargée de tout à la fois de superviser le secteur bancaire français en coordination avec la Banque centrale européenne (BCE) et d’appliquer en France la politique monétaire décidée à Francfort. Ce passé, estiment-ils, l’expose « à un grave problème de conflit d’intérêts ».

A l’origine de cet « appel des 150 » aux côtés de Laurence Scialom, professeur à Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, et Anne-Laure Delatte, chargée de recherches au CNRS, Jézabel Couppey-Soubeyran, maître de conférences à l’université Paris-1 Panthéon-Sorbonne, justifie la démarche : « Ce n’est pas une attaque ad hominem, affirme-t-elle, mais une tribune fondée sur des principes. M.Villeroy de Galhau coche la case de l’expertise pas celle de l’indépendance. »

« On ne peut pas laisser la finance dicter ses choix aux politiques et placer à la tête d’une Banque centrale ou d’une autorité de supervision une personnalité issue du secteur bancaire, argue-t-elle. Cela forge un état d’esprit et conduit à appréhender les évolutions du secteur bancaire avec un certain biais. »

Laurence Scialom renchérit : « François Villeroy de Galhau a défendu les intérêts des banques et de BNP Paribas pendant douze ans. Comment pourrait-il changer subitement ses positions pour incarner l’intérêt général ? L’indépendance ne souffre aucun doute. »

Son analyse est partagée par l’économiste Jean-Paul Pollin, professeur à l’université d’Orléans : « Le gouverneur de la Banque de France ne doit pas seulement être indépendant du pouvoir politique mais aussi du lobby bancaire. Or François Villeroy de Galhau serait l’envoyé de BNP Paribas à la banque centrale. Quand bien même il aurait des convictions et donnerait des garanties, la suspicion sera là. »

Comme ses cosignataires – dont beaucoup soutiennent le challenger du poste Benoît Cœuré, actuel bras droit de Mario Draghi à la BCE et économiste de formation – l’universitaire eut préféré un économiste pour diriger la Banque centrale. « Il faut songer à Greenspan ou à Bernanke, ces anciens présidents emblématiques de la Réserve fédérale américaine. Si les Etats-Unis, le Canada, l’Allemagne, vont chercher des économistes professionnels, parfois des prix Nobel, pour diriger les banques centrales, c’est que cela doit servir, argumente-t-il. La France est le seul pays à considérer que l’ENA constitue la voie royale pour faire de l’économie. »

Face à la polémique, toutefois, les nombreux soutiens de François Villeroy de Galhau restent droits dans leurs bottes et convaincus de tenir là le meilleur candidat pour le fauteuil de gouverneur de la Banque de France. Parmi leurs arguments clés figurent les récentes évolutions statutaires attachées à la fonction, et notamment le transfert, auprès de la BCE, depuis novembre 2014, de la supervision des grandes banques européennes, dont BNP Paribas. Exit donc, soulignent-ils, le risque de conflit d’intérêts.

Ainsi, Michel Camdessus, ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI) et ancien gouverneur de la Banque de France, se dit-il persuadé que « le Président de la République a fait un très bon choix »« François Villeroy de Galhau a toutes les qualités requises, soutient-il, une extraordinaire droiture, une grande intégrité morale, des compétences techniques, le sens de l’Etat et du service public, qu’il a servi pendant vingt ans. Il a honoré la fonction publique. C’est l’archétype même du haut fonctionnaire que le reste du monde nous envie. »

Pour l’ex-banquier central, les opposants à sa nomination commettent « de lourdes erreurs de raisonnement », se trompant « sur le fonctionnement institutionnel, sur le job de gouverneur de Banque centrale et sur la personne ».

« La responsabilité du contrôle prudentiel qui exposerait un gouverneur peu scrupuleux à des conflits d’intérêt a disparu. Le job a été transféré à Francfort », explique notamment Michel Camdessus.

De son côté, Nicole Notat, présidente-fondatrice de Vigeo [OB : et présidente du club Le Siècle aussi, hein...], société spécialisée dans la notation de la responsabilité sociale des organisations, apporte son soutien à la candidature de l’ex-collaborateur de DSK : « Il est légitime que les gens se posent des questions. Mais il n’y a pas d’opposition de principe à cette nomination, estime-t-elle. Connaissant François Villeroy de Galhau, je n’imagine pas un seul instant qu’il n’ait pas bordé la question de son indépendance. Il se fera fort de démontrer qu’il est libre d’intérêts. Je l’ai vu faire au ministère de l’économie puis chez BNP Paribas où il a donné corps au concept de banque responsable, sur l’octroi de crédits ou la gestion des ressources humaines. Il a l’éthique chevillée au corps. »

[AH AH AH AH AH AH AH AH AH AH. Façon "Les yeux dans les yeux, je n'ai pas de compte en Suisse"...]

Le « verdict » sera rendu le 29 septembre.

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Hallucinant, une député européenne centriste le défend maintenant !

Villeroy de Galhau et l’influence européenne de la France

Goulard Sylvie, député européenne (ADLE), Les Echos, 17/09

Haro sur François Villeroy de Galhau, inspecteur des finances, ancien dirigeant de BNP Paribas, candidat au poste de gouverneur de la Banque de France ! Des économistes, des élus crient au conflit d’intérêts. Vu de Bruxelles, le débat a quelque chose de consternant.

A quoi sert, en 2015, la Banque de France ? Elle ne bat plus monnaie, elle ne supervise plus les banques nationales. L’une des missions cruciales de son gouverneur est de siéger au conseil de la Banque centrale européenne (BCE). L’expérience des institutions européennes et des rouages de l’Etat, une voix forte, voilà les qualités requises pour la diriger. Bien des détracteurs de M. Villeroy de Galhau sont les premiers à demander un contrepoids à l’Allemagne et à ses « dogmes monétaires ». Face au puissant président de la Bundesbank, Villeroy de Galhau, excellent germaniste, bon connaisseur de l’Italie, serait un interlocuteur solide. Sa conscience sociale n’est pas non plus à prouver.

Est-il gênant d’avoir été banquier pendant quelques années ? Face à la puissance de la finance, la naïveté n’est pas de mise, mais c’est un organisme européen dont le siège est à Francfort qui supervise le secteur bancaire. Quand nous avons auditionné Mario Draghi en 2011 au Parlement européen, nous avons pesé le pour et le contre, compte tenu de son expérience chez Goldman Sachs. Une partie de la gauche française mobilisée contre Villeroy de Galhau porte Mario Draghi aux nues pour sa politique monétaire inventive et son défi au marché de l’été 2012. C’est pourtant sa connaissance fine des marchés anglo-saxons qui explique en partie son succès. Si les individus dotés d’une expérience pratique sont systématiquement écartés, l’Eurosystème sera encore plus perçu comme technocratique, coupé du réel. En outre, les enjeux financiers sont planétaires. Avoir vécu de l’intérieur les vicissitudes d’un groupe européen global peut être un atout pour riposter par exemple à l’extraterritorialité des lois américaines.

Quelle extraterritorialité ??? Bientôt ça va êtres les USA qui sont coupables… Si tu utilises le dollar, tu respectes les lois américaines, surtout quand on t’a prévenue hein, point barre.

Peut-on être indépendant quand on a été dans le secteur privé ? L’intégrité, essentielle, exige un cloisonnement étanche entre passé et présent. Mais l’intéressé a publiquement renoncé à plus de 1 million d’euros de rémunérations différées. En poussant l’acharnement, il est à craindre que la France ne devienne une société de suspicion, dépourvue de passerelles entre sphère publique et entreprises privées.

Un académique ferait-il mieux l’affaire ? Plusieurs banques centrales du monde sont ou ont été, dirigées par des économistes. Le métier requiert une expertise, mais ce n’est pas la seule qualité requise. Les économistes ne sont pas infaillibles, comme la crise l’a prouvé. La controverse en cours reflète une France cloisonnée où chacun prêche pour sa paroisse alors que les étiquettes devraient moins compter que les vertus individuelles.

La nomination va suivre son cours. M. Villeroy de Galhau sera auditionné puis le Parlement français tranchera. Je regrette que la question importante de la parité hommes-femmes ait été évacuée alors même que la domination masculine reste, hélas ! l’un des traits de la finance.

énorme – tu m’étonnes, c’est le problème central ça… Un quota pour les dévastés capillaires aussi ?

La France peut faire en sorte que deux hommes de talent, aux profils différents, siègent au Conseil des gouverneurs de la BCE, l’un comme membre du directoire, très apprécié, Benoît Coeuré, nommé en 2011 pour un mandat de huit ans assurant son indépendance, l’autre comme gouverneur de la Banque de France. La France et l’UE ont tout à perdre à opposer deux personnes de cette qualité. Il y a quelque paradoxe à se plaindre de la perte d’influence de notre pays et à gâcher la plus précieuse de ses ressources, la ressource humaine.

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Source : Le Nouvel économiste, 23/09/2015

Ma très chère banque

Banque de France : comment bien choisir un gouverneur ?

Réponse à Sylvie Goulard, parlementaire européenne, qui soutient la candidature de M. de Galhau à la tête de la Banque de France. Une simple querelle de chapelles franco-française, vraiment ?

Michel Crinetz, ancien superviseur financier & Philippe Lamberts , membre de la commission économique et monétaire du Parlement européen

Dans une tribune publiée le 17 septembre par ‘Les Échos’, la parlementaire libérale européenne Sylvie Goulard s’est dite consternée, “vu de Bruxelles”, par une lettre ouverte publiée deux jours avant dans ‘Le Monde’, contestant pour conflit d’intérêts la nomination de François Villeroy de Galhau, banquier à la BNP, comme gouverneur de la Banque de France : “La controverse en cours reflète une France cloisonnée où chacun prêche pour sa paroisse”.

Il aura échappé à son attention que la lettre ouverte est co-signée par un autre député européen, non français, qui voit aussi les choses “de Bruxelles”, et qui est en outre membre de la commission économique et monétaire.

La lettre ouverte ne prêchait pour aucune “paroisse”, mais soulevait seulement un aveuglant problème de conflit d’intérêts, que Mme Goulard minimise sans vraiment argumenter.

“Face à la puissance de la finance, la naïveté n’est pas de mise” écrit-elle ; c’est bien ce qui préoccupe les signataires de la lettre.

““Face à la puissance de la finance, la naïveté n’est pas de mise” écrit-elle ; c’est bien ce qui préoccupe les signataires de la lettre.”

Elle prête à tort à ces signataires l’attente d’un contrepoids à l’Allemagne et à ses “dogmes monétaires”, comme s’il était au pouvoir du conseil de la BCE de modifier les traités européens. Pour ce faire, elle nous révèle que le candidat officiel est “excellent germaniste, bon connaisseur de l’Italie”, comme si des conversations en italien et en allemand allaient faire progresser son point de vue.

Les discussions monétaires se tiennent en anglais et sont très techniques. Elle ne se demande pas si M. de Galhau, ancien directeur des impôts, a des compétences en matière monétaire ; du reste, comment sait-elle qu’il s’opposera aux “dogmes monétaires” de l’Allemagne ? En fait, personne n’en sait rien, l’intéressé ayant protesté de son désintéressement, mais fait état ni de ses compétences, ni de ses opinions en matière monétaire : peut-être est-il d’accord avec les idées allemandes ?

Elle vante “l’expérience pratique” de M. de Galhau, sans préciser qu’il était à la BNP responsable des marchés de particuliers, plutôt éloigné donc des problèmes de politique monétaire.

Enfin, Mme Goulard omet de signaler l’influence importante qu’aura le nouveau gouverneur en matière de supervision des banques (et des assurances), tant en France où il préside les collèges de supervision et de résolution, qu’à la BCE, où il sera un membre éminent de la supervision unique de la zone euro, alors que, là encore, rien dans son cursus professionnel ne l’a préparé à ces tâches de supervision devenues de plus en plus complexes ; sachant que cette supervision n’a été transférée à la BCE que partiellement, et en étroite collaboration avec les superviseurs nationaux.

À ce titre, il aurait à se prononcer de manière déterminante, d’une part sur la constatation et la sanction d’éventuelles fautes commises par son ancienne banque, en transmettant ou non les dossiers à la commission des sanctions, d’autre part sur les modalités de son éventuel sauvetage par des fonds publics, la directive européenne sur la résolution des banques instaurant une collaboration étroite entre les autorités nationales et européennes.

Une simple querelle de chapelles franco-française, vraiment ?

Espérons que les parlementaires français, décideurs le 29 septembre et en dernier ressort de cette nomination, en pèseront les différents aspects de manière plus approfondie et responsable que leur consœur bruxelloise…

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Source : Le Monde, 29/09/2015

Banque de France : François Villeroy de Galhau reçoit l’aval du Parlement

Comme une lettre à la poste. Ou presque. Par 34 voix pour, 8 contre et 1 vote blanc (43 votants), les députés membres de la Commission des finances ont approuvé la nomination de François Villeroy de Galhau à la tête de la Banque de France, mardi 29 septembre en fin d’après-midi, après l’avoir auditionné pendant près de deux heures.

Leurs homologues du Sénat ont également massivement accordé leur confiance au candidat choisi par François Hollande pour diriger la prestigieuse institution financière publique, en remplacement de Christian Noyer, partant le 31 octobre. Les sénateurs ont soutenu sa candidature à raison de 25 voix pour et 5 contre (30 votants), levant définitivement le suspense autour d’un choix très discuté ces dernières semaines.

La voie est donc désormais libre pour M. Villeroy de Galhau, ancien haut fonctionnaire proche de la gauche passé au privé depuis 2003, et reconverti en banquier chez BNP Paribas. Sa nomination en conseil des ministres devrait intervenir très rapidement.

Toutefois, si les parlementaires l’ont largement adoubé, plusieurs d’entre eux – à gauche, notamment dans le camp des frondeurs, et à droite –, n’en ont pas moins longuement questionné l’impétrant sur sur son passé récent de banquier chez BNP Paribas (pendant douze ans) et le risque de conflits d’intérêts avec ses futures responsabilités publiques.

Un risque qu’avaient auparavant pointé un collectif d’économistes, dans une tribune « anti-Villeroy » publiée le 15 septembre, arguant que la Banque de France exerce la tutelle du secteur bancaire, conjointement avec la Banque centrale européenne sise à Francfort et chargée depuis novembre 2014 de la supervision des principales banques de la zone euro.

Ouvrant le bal à l’Assemblée nationale, Hervé Mariton a lancé la première pique. Le député de la Drôme (Les Républicains) a rappelé que la mission sur le financement de l’économie confiée à M. Villeroy de Galhau par Matignon en avril, après sa démission de BNP Paribas, avait été conçue comme un « sas de décontamination », selon l’expression alors employée dans les coulisses du pouvoir« S’il y a sas, c’est qu’il y a question», a suggéré avec ironie M. Mariton, déclenchant l’hilarité sur les bancs : « non, contamination ! »

« Comment réagirez-vous si se pose un jour [à Francfort] le problème de la résolution [intervention publique avant la faillite d’une banque] de BNP Paribas ou plus encore, d’un concurrent de BNP Paribas ? », l’a interpellé plus directement Karine Berger, député socialiste des Hautes-Alpes. Avant d’oser cette métaphore : « De même qu’on ne nomme pas les torreros à la commission de protection des animaux, il eut mieux valu vous proposer un poste à la BEI [Banque européenne d’investissement] ou au FMI (Fonds monétaire international)… »

De leur côté, reconnaissant à M. Villeroy de Galhau, comme l’ensemble des députés, d’indiscutables compétences et une probité jamais contestée par le passé, mais relevant à leur tour le danger du conflit d’intérêt, l’écologiste Eva Sas (Essonne) et l’élu communiste Nicolas Sansu (Cher) ont insisté sur la nécessité d’obtenir des assurances.

« Nous députés devons prendre toutes les garanties, a ainsi déclaré Mme Sas. Il y a une grande crise de confiance des citoyens envers les dirigeants et il n’est pas possible d’avoir des doutes sur les instances de contrôle et de régulation des banques ». « Aux Etats-Unis, le sas de décontamination dure dix ans et en Angleterre, neuf. Pas six mois ! », a ajouté M. Sansu.

Droit dans ses bottes, l’air serein dans une ambiance toujours restée bienveillante en dépit des mises en garde, M. Villeroy de Galhau a répondu point par point. Et donné des gages pour l’avenir. « J’ai mes limites comme chacun, mais je suis un homme libre et je suis un homme droita d’abord dit l’ex-directeur général délégué de BNP Paribas.

[AH AH AH AH AH AH AH AH AH AH]

Je déciderai en fonction de ce que je crois bon pour mon pays et l’économie. » « L’indépendance, ce sont des règles mais aussi un caractère et une éthique, a-t-il précisé. Le service public, ce sont mes tripes et mon engagement ».

Puis ce vieux compagnon de route de la gauche – qui fut notamment directeur de cabinet de Dominique Strauss-Kahn à Bercy –, a multiplié les engagements envers le Parlement. Promettant en particulier de s’abstenir de tout vote concernant de près ou de loin BNP Paribas d’ici à mai 2017, soit pendant une période de deux ans après son départ de la banque.

« Je me déporterai » pour toute décision concernant la banque, a-t-il réaffirmé. De même si une affaire semblable au contentieux qui a récemment opposé BNP Paribas à la justice américaine se reproduisait. « Si par extraordinaire un événement de ce type devait intervenir d’ici à mai 2017, je ne m’en occuperai pas », a-t-il ainsi assuré.

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Face à ce gros gros gros Bullshit, l’intègre Jean-Michel Naulot (lu plusieurs fois sur ce site) a pris la plume…

Source : Le nouvel économiste, 23/09/2015

Vous avez dit régulation ?

De l’opportunité de nommer un dirigeant de banque à la tête de la Banque de France

La nomination d’un banquier à cette fonction serait une première depuis la Libération.

Banque de France

Jean-Michel Naulot, ancien membre du collège de l’Autorité des marchés financiers (AMF)

Le 29 septembre, les Commissions des finances de l’Assemblée nationale et du Sénat vont émettre un avis sur la désignation par le président de la République de François Villeroy de Galhau, ancien dirigeant de la première banque française, au poste de gouverneur de la Banque de France. Compte tenu de la place prise par le débat sur la finance depuis la dernière crise, nos concitoyens attendent avec intérêt la position des parlementaires.

La nomination d’un banquier à cette fonction serait une première depuis la Libération. Il est arrivé qu’un gouverneur fasse carrière dans la banque après avoir dirigé l’institution mais, dans ce sens, cela ne s’est jamais vu. La vigilance dans les nominations semblait pourtant aller de soi après une crise financière dont on mesure encore aujourd’hui les effets délétères : 40 % des aides aux banques européennes non remboursées selon la BCE, dette publique très élevée, croissance anémique, chômage record. Nos concitoyens savent que cette crise s’est expliquée par une insuffisance de la régulation et une trop grande complaisance à l’égard de la finance.

“La vigilance dans les nominations semblait pourtant aller de soi après une crise financière dont on mesure encore aujourd’hui les effets délétères”

C’est pour cette raison que depuis les années 50, les Américains s’interdisent de nommer un dirigeant de banque à la tête de la banque centrale américaine. Les années 1920 avaient en effet montré comment la nomination de banquiers d’affaires à la tête de la Federal Reserve Bank of New York avait pu conduire à des dérives mortelles pour l’économie mondiale. Certains ont fait valoir ces jours-ci que la présidence de la Banque centrale européenne est assurée par un ancien banquier, et qu’il en est de même à la tête de la banque centrale d’Angleterre. Cette évolution récente est regrettable, mais on remarquera tout de même que la première nomination est intervenue après un “sas” de six ans entre le départ de la banque et la nomination, et la seconde après un “sas” de neuf ans, pas de six mois.

Au-delà du problème que peut poser la nomination d’un dirigeant de banque en termes d’opportunité et de message adressé à nos concitoyens au lendemain d’une crise financière d’une extrême gravité, on doit naturellement s’interroger sur le risque de conflit d’intérêts. Pour les décisions susceptibles d’intervenir dans le cadre de dossiers individuels, la question ne se pose pas car la règle du déport s’applique au moment de ces délibérations. En revanche, la question se pose en ce qui concerne les missions générales de la Banque de France en matière de supervision et de régulation.

Contrairement à ce qui est dit parfois, la mise en place du Mécanisme de supervision unique des banques de la zone euro (MSU) ne s’est pas traduite pour les banques dites systémiques par un transfert pur et simple de la mission de surveillance à Francfort. Cette mission est partagée avec les banques centrales. L’actuel gouverneur Christian Noyer considère que la surveillance des grandes banques françaises est assurée de manière conjointe : “La BCE assure avec l’assistance des autorités nationales de supervision le contrôle prudentiel d’environ 120 groupes bancaires de la zone euro, dont dix groupes français”. La supervision de la BCE s’opère “au sein d’équipes conjointes de contrôle” (“Joint Supervisory Teams”) et la Banque de France siège au Conseil de surveillance du Mécanisme de Supervision Unique des banques de la zone euro.

Gouverneur à vocation multiple

Comme gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer préside ainsi l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) qui est en charge de la surveillance des banques et des assurances, ainsi que du traitement de leurs défaillances. L’ACPR précise sur son site qu’en 2014, “elle a confirmé son rôle actif et son influence dans le mécanisme de supervision unique, que ce soit dans le cadre des échanges avec les services de la BCE ou des discussions au sein du Conseil de surveillance prudentielle”. Elle ajoute : “Cette capacité d’influence passe bien sûr par un travail préparatoire important qui a nécessité la création d’un service de coordination ad hoc au sein de la direction des Affaires internationales de l’ACPR, mais aussi par des échanges bilatéraux avec les autres autorités nationales”.

L’ACPR participe par ailleurs très activement aux travaux du Comité de Bâle qui prépare la régulation prudentielle internationale, notamment pour le calcul des exigences de fonds propres des banques, la définition du ratio de levier et des ratios de liquidité, les règles applicables aux bonus, les règles applicables aux portefeuilles de trading, les normes comptables, les règles particulières applicables aux banques systémiques. En 2014, l’ACPR a participé à plus de 250 groupes de travail internationaux.

“La Banque de France joue donc un rôle considérable dans la surveillance des banques françaises, grandes ou petites, dans la promotion de la gouvernance internationale et dans l’encadrement de la finance”

Enfin, la Banque de France joue un rôle très actif dans plusieurs institutions internationales qui sont en charge de la régulation de la finance mondiale : le G20 des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales, le Conseil de stabilité financière auquel le G20 a délégué les travaux en matière bancaire et financière, et la Banque des règlements internationaux. La BRI, qui coordonne l’action d’une soixantaine de banques centrales, héberge le Comité de Bâle qui définit les règles prudentielles. Christian Noyer présidait la BRI depuis 2010.

À travers toutes ces fonctions, la Banque de France joue donc un rôle considérable dans la surveillance des banques françaises, grandes ou petites, dans la promotion de la gouvernance internationale et dans l’encadrement de la finance. La rigueur des règles qui s’appliqueront aux banques dépend en grande partie de la fermeté qui sera mise en œuvre ou non dans toutes ces instances. Dans ces conditions, la nomination d’un dirigeant de la première banque française à la tête de la Banque de France est-elle opportune ? Ne va-t-elle pas créer un conflit d’intérêts ? Le débat est pour le moins légitime, et il appartient à nos parlementaires de prendre leurs responsabilités.

ÉPILOGUE avec Henri Guillemin :

Source: http://www.les-crises.fr/il-y-a-quelque-chose-de-pourri-au-royaume-de-hollande/


Miscellanées du mercredi (Delamarche, Sapir, Béchade, Béart)

Wednesday 30 September 2015 at 01:38

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute d’Olivier Delamarche: “A chaque fois, on vous donne des chiffres faussés” – 28/09

Olivier Delamarche VS Pascale Auclair (1/2): Les marchés ont-ils perdu leurs fils conducteurs fondamentaux ? – 28/09

Olivier Delamarche VS Pascale Auclair (2/2): Comment l’économie européenne réagit-elle face au ralentissement économique mondial ? – 28/09

II. Philippe Béchade

La minute de Philippe Béchade: “Les banques centrales sont-elles capables… de réduire la taille de leur bilan” – 23/09

Philippe Béchade VS Julien Nebenzahl (1/2): Le scandale Volkswagen a-t-il plombé les marchés ? – 23/09

Philippe Béchade VS Julien Nebenzahl (2/2): Banques centrales: Comment rassurer les marchés et faire repartir l’économie sur des bases saines ? – 23/09

III. Jacques Sapir

La minute de Jacques Sapir: “Un pays peut avoir besoin de déprécier, voire d’apprécier sa monnaie”

Jacques Sapir VS Régis Bégué (1/2): Le retour des craintes sur l’économie fragilise-t-il les marchés ? – 29/09

Jacques Sapir VS Régis Bégué (2/2): “Le centre d’inquiétudes des marchés, c’est la Chine” – 29/09

IV. Guy Béart [Hommage un peu tardif]


Petite sélection de dessins drôles – et/ou de pure propagande…

(dur dessin, quand même paru dans The Telegraph)

 

 

 

Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-du-mercredi-delamarche-sapir-bechade-beart/


Cecil le lion : comprendre le fonctionnement d’un buzz

Tuesday 29 September 2015 at 10:05

Source : Ugo Bardi, traduit par Nicolas Casaux, pour Le Partage, le 23 août 2015.

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Par Ugo Bardi, originellement publié sur le site Cassandra’s Legacy | 6 Aout 2015

Un « mème » est une unité d’information dans l’espace de la communication. Les mèmes ont tendance à être viraux et à se diffuser rapidement ; certains se diffusent si vite qu’on peut les qualifier de « supermèmes ». Ci-dessus, vous pouvez voir les résultats de tendances de recherches Google, où le meme « Cecil le lion » connait une croissance incroyablement rapide, dépassant le nombre de recherches d’un terme politique très connu, comme « Hillary ». Et cette croissance ne cesse de se poursuivre ! C’est un véritable « supermème ».

La communication, de nos jours, se base principalement sur la capacité à rendre viraux certains concepts. C’est-à-dire qu’ils se diffusent alors d’eux-mêmes sur le Web, générant des « mèmes », des entités capables de s’auto-reproduire dans l’espace de la communication. Donc, pendant des années, scientifiques et décideurs politiques ont essayé de créer des mèmes pour parler aux gens des dangers du réchauffement climatique. Globalement, cela s’est soldé par un échec cuisant, malgré des efforts héroïques. L’idée selon laquelle le changement climatique est réel, d’origine humaine, et dangereux, ne semble tout simplement pas s’attarder dans l’esprit des gens. En d’autres termes, cela ne génère pas de mèmes.

Donc, comment un concept devient-il viral? Nous pouvons apprendre quelque chose là-dessus en étudiant un mème récent, celui qui correspond au meurtre du lion Cecil. En utilisant les indicateurs de tendances Google pour mesurer le nombre relatif de recherches internet, on s’aperçoit que ce mème croît si rapidement qu’il peut être qualifié de « supermème », comparable en intensité à des recherches du domaine de la politique ou des grands événements sportifs, qui dominent généralement l’espace des recherches internet.

« Cecil le lion » a autant de succès parce qu’il présente les trois caractéristiques élémentaires à tout supermème, qui sont : 1) être simple, 2) qu’il y ait un méchant, 3) être rassurant. Vérifions :

  1. C’est une histoire simple (un homme tue un lion)

  2. Il y a un méchant (le chasseur diabolique)

  3. C’est rassurant (ce n’est pas nous qui détruisons la faune sauvage, ce sont les méchants chasseurs)

Il s’agit là de caractéristiques très classiques de tout mème efficace, en particulier dans le domaine de la politique. Pensez à Saddam Hussein, qui en est un autre exemple : 1) histoire simple (il construit des armes de destruction massive), 2) Il y a un méchant (il déteste notre liberté) et 3) C’est rassurant (nous le bombardons et tout ira bien). Il est peut-être possible de créer des supermèmes avec des caractéristiques différentes, mais cela s’avérera certainement très difficile.

A partir de ces considérations, nous pouvons probablement comprendre pourquoi il est si difficile de créer des mèmes efficaces et véhiculant le message adéquat au sujet du changement climatique: la science climatique n’est pas simple, le méchant c’est nous, et l’histoire est dérangeante, plutôt que rassurante. Au contraire, créer des mèmes climatiques diaboliques est très simple ! Les concepts selon lesquels le changement climatique n’existe pas, que ce n’est pas notre faute, qu’il n’est pas dangereux, semblent être des sources de mèmes intarissables. Par exemple, l’histoire du « climategate«  est devenue un mème à succès parce qu’elle présentait ces trois caractéristiques :

  1. C’est une histoire simple (les scientifiques conspirent contre le public).

  2. Il y a un méchant (les vilains scientifiques)

  3. C’est rassurant (le changement climatique est un canular, ce n’est donc pas notre faute).

Nous pouvons comparer les résultats du « climategate » avec ceux du meilleur mème en rapport avec le changement climatique que j’ai pu trouver; l’encyclique du Pape sur le climat. Malheureusement, le texte du Pape ne présente pas les trois caractéristiques « magiques », et vous remarquerez la petitesse de son impact, comparé à celui du climategate.

C’est donc à un obstacle de taille que l’on se heurte lorsqu’on essaie de créer des bons mèmes sur le changement climatique. Rien d’impossible, certainement : nous pourrions considérer l’histoire de Cecil le Lion comme un exemple de mème positif sur la nécessité de conservation des écosystèmes. Au moins, cela montre que beaucoup de gens se soucient de ce problème. Mais il est aussi exact que ce mème a rapidement dégénéré en chasse aux sorcières. Le tueur du lion ne méritait rien de moins, et les trois caractéristiques impliquent toujours quelque chose de « méchant », une chasse contre un vilain, ce que nous préférons éviter avec le problème climatique.

Il semblerait que nous soyons condamnés, n’est-ce pas? Peut-être, mais il y a tout de même de l’espoir. Tout d’abord, les Google Trends (Tendances Google) nous fournissent des données sur l’impact d’un mème, mais pas l’histoire complète. Cela nous dit combien de personnes cherchent activement un concept, mais pas combien d’entre elles ont été exposées à ce concept.

Donc, si vous utilisez Google Trend pour obtenir des données au sujet du concept du « consensus de 97%«  sur le climat, vous remarquerez que le nombre de recherches est trop faible pour générer une courbe. De la même façon, le « consensus climatique » ne génère pas de comportement « mémétique » significatif. Apparemment, les gens ne recherchent pas activement l’estimation du nombre de scientifiques qui sont convaincus que le changement climatique d’origine anthropique est réel. Cependant, si vous recherchez sur Google « consensus de 97% » sur le climat, vous obtiendrez plus de 350 000 résultats. Cela n’est pas si mal en comparaison avec « climategate », qui produit 570 000 résultats. Si, ensuite, vous recherchez « Pape changement climatique », vous obtiendrez 25 millions de pages et « climategate » devient alors insignifiant.

A partir de là, je pense que nous pouvons dire que de bons mèmes climatiques ont un impact significatif sur le débat. Le « consensus de 97% » est l’un d’entre eux. Il ne se diffuse pas aussi vite que les mauvais mèmes climatiques, mais si l’on prend en considération la virulence avec laquelle il a été attaqué et nié, il est certainement efficace. L’impact de l’encyclique du Pape est encore bien meilleur ; lui aussi a été fortement attaqué par ceux qui nient les changements climatiques.

Je pense donc que nous pouvons apprendre deux ou trois choses de cette analyse. L’une d’elles, est qu’il existe une désinformation importante sur le changement climatique, sous forme de mèmes, et que cela va continuer tant qu’il y aura de l’argent à gagner avec les combustibles fossiles. Nous devons apprendre à reconnaître ces mauvais mèmes afin de les combattre. Nous devons nous rappeler qu’une des raisons pour lesquelles ils sont si efficaces, c’est que la plupart des gens ne comprennent pas qu’ils sont manipulés (comme l’a dit Baudelaire, « La plus belle des ruses du Diable est de vous persuader qu’il n’existe pas ! »). Mais si les mécanismes internes des mèmes de la désinformation climatique sont dénoncés, ils deviennent alors bien moins efficaces.

Nous pouvons aussi apprendre qu’il est possible pour nous de lutter efficacement dans cette guerre de communication asymétrique, même sans supermèmes, et sans astuces tordues. Manifestement, la promotion de l’action contre le changement climatique ne peut se faire à l’aide des méthodes utilisées pour vendre une marque X de céréales. Nous devons en apprendre davantage sur la façon de transmettre ce message aux leaders d’opinion, et aux décideurs politiques. Nous apprenons cela, par exemple, en diffusant le concept de consensus, et en nous basant sur la tendance naturelle des gens à se soucier les uns des autres (c’est l’essence même de l’encyclique du Pape).

En définitive, c’est une guerre que l’on peut gagner, et que l’on va gagner (avec ou sans mèmes) au fur et à mesure de l’augmentation de signes évidents du changement climatique, impossibles à ignorer. Se battre aux côtés de la vérité est confortable !

Source: http://www.les-crises.fr/cecil-le-lion-comprendre-le-fonctionnement-dun-buzz/


Actu’Ukraine 29/09/2015

Tuesday 29 September 2015 at 09:57

ACTU’UKRAINE DU 21 AU 27 SEPTEMBRE 2015

Jens Stoltenberg et Petro Porochenko dans le bureau présidentiel, devant des drapeaux de l’OTAN et de l’Ukraine, le 22 septembre 2015.

L’Ukraine n’est pas de jure dans l’OTAN, mais elle y est de facto

L’événement de la semaine est la première visite du Secrétaire Général de l’OTAN, Jens Stoltenberg en Ukraine. Il s’est d’abord rendu dans l’oblast de Lviv, plus précisément sur la base militaire de Yavoriv, nommée International Peacekeeping and Security Center, où se trouve la 173e brigade aéroportée américaine qui forme des militaires ukrainiens depuis le 15 avril 2015 (nato.int). Le président Petro Porochenko l’y a accueilli, en commençant par un discours assez modeste : “L’Ukraine est-elle prête aujourd’hui à devenir membre de l’OTAN ? La réponse est très simple : non. Il est indispensable que nous nous y préparions. L’OTAN est-elle prête à ce que l’Ukraine devienne l’un de ses membres ? La réponse sera également “non”. Il est indispensable que nous fassions tout pour changer l’Ukraine afin qu’elle puisse devenir membre de l’Union européenne.” (pravda.com.ua, eurointegration.com.ua)

Puis, ils se sont rendus à Kiev en avion.

Le 22 septembre, le premier ministre, Arseni Iatseniouk, a rappelé que l’OTAN avait “ouvert ses portes” à l’Ukraine au sommet de Bucarest en 2008, et il espère que de nouvelles décisions concrètes seront prises au prochain sommet qui aura lieu à Varsovie : “The Head of the Government recalled the decision of Bucharest summit 2008, “where it was made clear that NATO’s doors are open to Ukraine”, ”I hope that at the summit to be held in Warsaw next year, it will be also supported by concrete decisions.” (Site officiel du premier ministre kmu.gov.ua)

Petro Porochenko a écrit plusieurs tweets, qui résument bien l’évolution de la situation (twitter.com/poroshenko) :

Traduction : “Il y a de cela, à peine 18 mois, les experts de l’OTAN ne pouvaient pas entrer au ministère de la Défense, à l’Etat-Major général, ni au SBU (Service de sécurité du ministère de l’intérieur). Depuis ce temps, une distance énorme a été franchie pour le rapprochement entre l’OTAN et l’Ukraine”.

“Il vient d’être signer une déclaration commune pour renforcer la coopération en matière de défense et de technologie entre l’Ukraine et l’OTAN.”

Traduction :De jure, nous ne sommes pas membres de l’OTAN, mais de facto, nous sommes plus que des partenaires. L’Ukraine est l’avant-poste de la civilisation atlantique à l’Est.”

Traduction : L’Ukraine et l’OTAN n’ont jamais été aussi proches que maintenant.

La photo est prise devant le bâtiment présidentiel, où l’on peut voir à nouveau flotter le drapeau de l’OTAN.

Du côté occidental, cette visite a été commentée d’une manière différente. Les médias français et allemands n’en ont presque pas parlé. Jens Stoltenberg n’a écrit qu’un seul tweet sur ce voyage : “Briefed by @poroshenko in Ukraine. The Minsk agreement is the best chance for ending the conflict & it must be fully implemented.” (“Ai reçu des informations de Porochenko. Les accords de Minsk sont la meilleur chance pour mettre fin au conflit et doivent être entièrement appliqués.”) (twitter.com/jensstoltenberg). Le site officiel de l’OTAN affirme qu’il s’agissait d’inaugurer “the Joint International Civilian Consequence Management Exercise”. L’AFP indique que plus de 1.000 secouristes venus de 13 pays participent à l’exercice (AFP et La Croix la-croix.com). Pourtant les photos publiées sur le compte twitter officiel du service de presse de l’OTAN, par les porte-paroles Oana Lungescu et Carmen Romero (twitter.com/NATOpress), racontent une version plus proche de celle de Porochenko. En effet, on n’y voit pas de secouristes civils mais des militaires, et on y note la présence des drapeaux de l’OTAN dans le bureau même du président et dans celui du premier ministre.

Cette escalade militaire occidentale est confirmée par le communiqué à l’issue de la rencontre au Pentagone, deux jours plus tard, le 24 septembre, du secrétaire américain à la Défense Ashton Carter et du ministre ukrainien de la Défense, Stepan Poltorak. Le site officiel de la Défense américaine ne parle plus de paix et n’emploie plus l’expression “non lethal weapon”, qu’elle employait jusqu’à présent, et parle au contraire de “strengthening”, “strengthen” (renforcement) : “The secretary noted the United States has provided Ukraine with more than $244 million in equipment and training, including Humvees, counter-mortar radar, night vision gear, body armor and medical equipment, and he said strengthening Ukraine’s training capacity will strengthen its defense capability. And by the end of November, he added, “we will have trained 900 Ukrainian national guard personnel, and we are commencing training the regular Ukrainian armed forces. (defense.gov).NATO has set up five Trust Funds which are up and running. Projects are being developed in areas like command and control, cyber defence, logistics, medical rehabilitation and military career transition. NATO is also providing advisors to the Ministry of Defence and the General Staff working on defence reforms.” (nato.int)

Le 24 septembre, Porochenko approuve “la nouvelle édition de doctrine militaire de l’Ukraine” (voir plus bas) dont l’article 60 annonce : “Le renforcement de la coopération avec l’OTAN et l’accomplissement fiable des obligations de la société, la transformation et l’adaptation de documents, la planification de la défense et le commandement opérationnel ainsi que le contrôle pour obtenir la pleine capacité des Forces pour assurer la Défense de l’Ukraine avec les pays concernés. Les membres de l’OTAN vont contribuer à la réalisation des critères requis pour que l’Ukraine obtienne sa pleine adhésion à l’OTAN.”

 LUNDI 21 SEPTEMBRE 2015

Un réglement du conflit en vue ?

La “troïka” de l’OSCE (les ministres des Affaires Etrangères, Ivitsa Dacic pour la Serbie, Frank-Walter Steinmeier pour l’Allemagne et Didier Buchhalter pour la Suisse), réunie le 19 septembre à Magdeburg, a déclaré qu’il y a en ce moment au Donbass un processus en marche susceptible de régler le conflit. Ils ont salué l’arrêt des tirs, et appelé les deux camps à respecter le cessez-le-feu, condition indispensable pour que se déroule un processus de réglement politique du conflit. Il les ont également appelés à retirer le plus vite possible du front les tanks et les armes légères, afin que les équipes de la mission aient un libre accès et puissent constater les faits.

L’état-major ukrainien publie les chiffres officiels des pertes

“En ce qui concerne les pertes officielles sur toute la période de l’opération anti_terroriste à compter de l’annexion de la Crimée, elles se montent à 1915 personnes, dont 1757 combattants. Pertes sanitaires : 7053 personnes, dont 5547 concernent des combattants.”, a déclaré Igor Vorontchenko. Selon lui, en ce moment précis, 271 appelés font partie de la liste des personnes disparues sans laisser de traces, et 76 soldats sont en captivité chez les séparatistes (pravda.com.uacensor.net.ua).

Mais un responsable technique militaire, Sergeï Galyshko, affirme de son côté qu’il est encore impossible de chiffrer ces pertes avec précision (112.ua).

Depuis le début de l’année 2015, 1402 militaires ukrainiens ont été soignés pour des blessures, dont 35 ont été soignés à l’étranger (14 en Allemagne, 7 aux Etats-Unis, 3 en Roumanie, 3 en Hongrie, 3 en Lituanie, 2 en Autriche, 1 en Israël, 1 en Grande Bretagne, et 1 en Pologne). Cette annonce vient du service de presse du ministère de la Défense ukrainien (kmu.gov.ua ).

Mise en garde occidentale au sujet des élections régionales ukrainiennes
Le secrétaire général de l’OTAN confirme que les élections des organes de pouvoir local, “dans le cas où elles se dérouleraient dans les territoires sous contrôle des séparatistes, signifieront une rupture des accords et ne seront pas reconnues dans le monde” (pravda.com.ua).

Federica Mogherini, 2e vice-présidente de la Commission européenne, déclare qu’elles devront se dérouler en accord avec la législation ukrainienne : “Les semaines passées, le cessez-le-feu a été respecté, mais il reste encore des situations qui devront être réalisées dans les mois qui viennent, en commençant par les élections régionales à organiser dans le respect des accords de Minsk  et, sans l’ombre d’un doute, d’après les lois ukrainiennes” (pravda.com.ua).

Corruption d’un chef militaire des Forces armées ukrainiennes
Les forces de l’ordre ont arrêté le commandant d’une unité de la 28e brigade mécanisée des Forces armées soupçonné d’avoir reçu une somme illégale de 1,1 million de hryvnas, a déclaré à l’antenne de la chaîne télévisée ICTV le procureur général militaire, Anatoli Matioss. Le commandant est accusé d’avoir reçu cet argent en échange de laissez-passer pour des dizaines de véhicules de transport franchissant la ligne de démarcation (112.ua).

 

MARDI 22 SEPTEMBRE 2015

Comment les députés de la Rada remplissent leurs obligations ?
Réponse par un graphique, avec le nombre de présences verticalement, et le nombre de votes horizontalement (s1289.photobucket.com).

Discordances à la tête de l’Ukraine
Klimkine, ministre ukrainien des Affaires Etrangères, déclare que l’Ukraine espère obtenir de la Russie 50 milliards de dollars en compensation de la perte de la Crimée et du Donbass (lb.ua). Serait-ce une reconnaissance implicite de la perte de ces deux régions ? Arseni Yatseniouk, Premier Ministre, n’est pas du même avis, puisqu’il déclare que l’Ukraine recouvrera son intégrité territoriale avec le soutien des pays de l’OTAN et deviendra le 29ème membre de l’Alliance (gordonua.com). En outre, le 26 septembre, le site Novosti Donbassa, filiale de la chaîne ukraino-internationale Hromadske, publie une brève information sur les “séparatistes” qui, selon elle, se prépareraient à l’intégration à la Russie (novosti.dn.ua).

Les Ukrainiens se plaignent d’avoir reçu “un ultimatum” de la part des séparatistes.
Roman Bessmertniy, représentant de l’Ukraine au sein du sous-groupe politique du groupe de contact tripartite travaillant sur les accords de Minsk,
“Au cours des travaux du sous-groupe traitant des questions politiques, les représentants de nos adversaires ont proposé un document que j’appellerai un ultimatum. Il a également été ressenti comme ultimatum par les représentants de l’OSCE”. Bessmertniy a fait remarquer que dans le document, le plus inacceptable est qu’ils veulent organiser les élections le 18 octobre et le 1er novembre. “En outre, ils vont organiser les élections en ne se  fondant pas sur la loi ukrainienne, mais sur leurs lois et leurs réglements” (pravda.com.ua).

 

MERCREDI 23 SEPTEMBRE 2015

A Kharkov/Kharkiv, des activistes cagoulés et des membres d’Azov ont provoqué des troubles. Ils ont tout d’abord tagué les murs de la maison où habite le député local et ex-gouverneur de l’oblast, Mikhaïl Dobkine (site de la ville de Kharkov/kharkiv 057.ua).

Dobkine est l’un des leaders de la fraction parlementaire “Bloc d’opposition” (pro-russe). Rappel : En octobre 2014, il avait demandé que l’on écarte le chef du ministère de l’intérieur, Avakov, lors de l’enquête sur l’attentant contre Kernes (rian.com.ua).

Puis ils se sont rendus devant le bâtiment municipal où se déroulait une session du conseil municipal, réclamant de rencontrer le maire Guennadi Kernes et le député Dobkine. Ils ont pu pénétrer dans le bâtiment, ce qui a provoqué une interruption du conseil jusqu’à 11 h 45. Voir la série de tweets décrivant le déroulement des événements (twitter.com/itsector). Puis ils ont quitté le bâtiment, qui était alors défendu par la milice (youtube). Mais il y a eu des bagarres, un policier s’est fait rosser, les activistes ont arrosé les policiers de jets de bombes lacrymogènes. La séance du conseil a quand même pu reprendre et être tenue jusqu’à la fin.

Vidéos : 1) L’assaut contre la mairie. On peut s’amuser à compter le nombre de “biiiip” (youtube) :

2) Les manifestants rossent un milicien (youtube) :

A la suite de ces troubles et des menaces qu’il a reçues, Dobkine envisage de ne pas terminer son mandat de député, et de quitter la ville avec sa famille (pravda.com.ua).

 

Des “Shérifs” dans la campagne ukrainienne

Nouveaux policiers entrés en fonction le 26 septembre 2015 à Karkhov/Kharkiv, et qui sont semblables à ceux qui arriveront dans les campagnes, et que l’on nomme déjà familièrement les “Shérifs”, car ils sont équipés et entraînés par des Canadiens.

Le premier ministre, Arseni Iatseniouk, annonce un nouveau programme pour remplacer les policiers dans les petites villes, par des “Shérifs”. Ce terme américain est mentionné sur le site officiel du premier ministre. Ils auront une formation particulière, une nouvelle philosophie, et une nouvelle attitude envers chaque citoyen (“new training, with the new philosophy, new attitude towards every citizen”). Un budget de 140 millions UAH (5,85 millions d’euros) est déjà alloué à ce programme. Des négociations sont en cours avec les partenaires occidentaux pour l’obtention de fonds supplémentaires (kmu.gov.ua ).

Le sénateur John McCain est venu à Kiev saluer le président Porochenko

Le président de la commission des Forces armées du Sénat des États-Unis, John McCain a déclaré “Je ne doute pas que les Ukrainiens sont prêts à se battre jusqu’au bout, et je peux vous assurer qu’une grande quantité de politiciens américains feront tout ce qui est en leur pouvoir pour vous aider” (president.gov.ua), commentaire d’Anatoli Shariy (sharij.net).

 

JEUDI 24 SEPTEMBRE 2015

“La nouvelle édition de la doctrine militaire de l’Ukraine” a été approuvée par le président Porochenko (president.gov.ua). Il s’agit d’un document composé de 69 articles assez généraux, consultable sur le site officiel du président (president.gov.ua). Le seul objectif chiffré se trouve à l’article 61 qui demande que le budget de la défense soit d’au moins 3% du PIB.

Plusieurs articles font penser à une déclaration de guerre contre la Russie :

“Article 59. Renforcement de la coopération avec l’OTAN et l’UE contre la politique agressive de la Fédération de Russie, le terrorisme international, l’extrémisme religieux, les organisations criminelles, et la cybercriminalité, ce qui implique l’assistance des structures de renseignement de l’OTAN et de l’UE.”

“Article 31. L’Ukraine a le droit d’utiliser pour repousser l’agression armée toutes les formes possibles, les méthodes et moyens de guerre disponibles et frapper l’ennemi sur son territoire en accord avec les principes et normes du droit international.” Cela autorise donc des frappes sur le territoire de la Russie, par exemple. Déjà en novembre 2014, Porochenko déclarait que l’Ukraine n’a pas peur d’une guerre avec la Russie (unn.com.ua).

Pas de démobilisation

L’article 17 demande “l’amélioration du système de la préparation de la mobilisation et de la mobilisation, notamment en veillant à la mise en place du nombre requis de réservistes militaires formés”. Cette phrase reconnait implicitement les difficultés actuelles pour mobiliser les Ukrainiens. Elle réaffirme l’intention de maintenir un haut niveau de mobilisation. Rappelons que depuis l’amendement 259-19 du 18 mars 2015, “le service militaire est prolongé au-delà de la durée” définie initialement, jusqu’à “la décision du Président de l’Ukraine” (zakon1.rada.gov.ua). Les lois sur la mobilisation sont consultables en ligne (zakon1.rada.gov.ua). Aucune modification récente significative n’a été adoptée, malgré une rumeur de démobilisation qui a circulé. En 2014 eurent lieu les trois premières vagues de mobilisation permettant de disposer d’un effectif de 104.000 hommes. Elles furent suivies en 2015 par trois nouvelles vagues, numérotées 4, 5, et 6 portant l’effectif théorique à 250.00 hommes. La possibilité d’avoir une septième vague avait été évoquée, mais l’idée en avait été rejetée en juillet 2015 (ukrinform.ua).

Humour corrosif sur les mobilisations, trouvé sur des sites ukrainiens (kor.ill.in.ua et zabeba.li)

“Ukraine. Année 2017. Neuvième vague de mobilisation.”

Image en plusieurs parties. Le jeune homme : “Papa, tu as entendu parler de la nouvelle vague de mobilisation ?” – Le père (réponse sur fond de drapeau ukrainien): “Oui, il est temps de leur en mettre plein la tronche, à ces “colorados” (colonisateurs) russes.” – Le garçon : “Oui, mais j’ai reçu une convocation.” – Le père : Silence. – Le père (sur fond de drapeau russe) : “Demain, on ira voir Mamie à Riazan (en Russie) !”

VENDREDI 25 SEPTEMBRE 2015

Blocus de la Crimée

Les camions sont arrêtés sur les trois routes principales qui vont en Crimée.

Un blocus de la Crimée est en cours, cf infographie (obozrevatel.com). Du coté pro-occidental, il est présenté comme étant une action des Tatars, avec tout de même la mention du Secteur Droit en fin d’article (uatoday.tv). C’est principalement le tatar dissident, Refat Chubarov, qui soutient ce blocus, mais il ne représente presque personne malgré son titre de président du Majlis. L’OSCE a confirmé que trois points de contrôle sont tenus par des “activistes” qui empêchent le passage des camions. La journaliste Ekaterina Voronina de la chaîne de télévision russe НТВ a voulu vérifier sur place. Elle a été capturée par un groupe du Secteur Droit, lorsqu’elle se trouvait près de la ville de Kalantchak (Каланчак) en zone ukrainienne, à une vingtaine de kilomètres de la frontière (rusvesna.su).

La procureur général de Crimée, Natalia Poklonskaya, a déclaré que ce blocus alimentaire n’a aucun fondement juridique international. Elle a ajouté qu’il n’y a pour le moment aucune pénurie, mais que les prix sont sous surveillance (rt.com).

Ce vendredi 25 septembre, Porochenko a ordonné de déposer un projet de loi relatif à l’abolition de la zone d’économie libre de Crimée (pravda.com.ua ).

L’affaire Moïssitchouk (parti radical), Liashko se distingue à nouveau

Avant l’examen de l’appel interjeté par son co-partisan Igor Moïssitchouk, il a tenté de provoquer une bagarre avec les procureurs. Il s’est jeté sur les deux procureurs, NikolaÏ Nalivaïko et Sergueï Kapishine en criant “Salopard, je vais t’envoyer six pieds sous terre”. Selon le correspondant d’Oukraïnskaïa Pravda, rien ne justifiait un tel comportement. Les miliciens l’ont arrêté (pravda.com.ua). On se souvient que son co-partisan Igor Moïssitchouk, après avoir proféré des menaces de mort et s’être livré à des actes d’intimidation à l’égard d’une femme médecin-chef, avait été arrêté, puis incarcéré. Le 18 septembre, il avait entamé une grève de la faim (pravda.com.ua). Aujourd’hui, des médecins l’ont convaincu de la cesser (pravda.com.ua).

 Propagande militaire américaine, toujours et encore

Le chef des forces armées américaines, le général Ben Hodges, persiste dans sa ligne propagandiste paranoïaque désignant la Russie comme l’Agresseur. Il l’explique dans le paragraphe intitulé If The Russians Come” (“Si les Russes arrivent”) (breakingdefense.com ). Pour lui, l’Ukraine – et le Donbass en particulier – est tout simplement l’un des endroits où la Russie peut frapper : “L’Ukraine est seulement un symptôme de ce qui se passe. La Russie estime qu’elle a des droits sur une sphère où elle peut dire aux pays ce qu’ils ont à faire”.

Selon lui, c’est pour exercer son influence sur d’autres régions que la Russie construit des bases en Arctique, au Belarus, envoie des forces au Donbass et les a déployées sur le territoire de la Transnistrie, en Abkhazie et en Ossétie du Sud. Les hauts fonctionnaires russes ont déjà proféré des menaces d’emploi de la force nucléaire envers le Danemark. Il a rappelé qu’en raison des actions menées par la Russie, d’anciens pays de l’empire russe ont peur : la Finlande, la Pologne, les pays baltes. “Si votre pays a déjà disparu des cartes à cause des actions de la Russie, vous avez le droit de connaître une certaine inquiétude à la pensée que cela pourrait se reproduire”, a-t-il déclaré.

Accord gazier

Accord trilatéral pour la période du 1er octobre jusqu’à la fin mars 2016, entre Maros Sefcovic, vice-président de la Commission européenne, ministre de l’Energie russe Alexandre Novak, et le ministre ukrainien de l’Energie, Volodymyr Demtchychyne. L’accord prévoit trois choses : 1. Un prix de 227,4 dollars par 1.000 m3. 2. Un transit continu et fiable sur le territoire ukrainien. 3. L’Union européenne s’engage à faciliter le financement des achats ukrainiens, en particulier auprès d’institutions financières internationales comme la Banque mondiale ou le FMI, à hauteur de 500 millions de dollars, “mais ne fournit pas de financements supplémentaires”, a souligné M. Sefcovic. (boursorama.com).

SAMEDI 26 SEPTEMBRE 2015

Economie : La nouvelle de samedi 26, c’est l’annonce par l’agence de notation Standard & Poor’s de la faillite imminente de l’Ukraine (novosti.dn.ua). Nouvelle qui a été publiée en fait le 25 par le service de presse de l’agence. Celle-ci a dégradé l’Ukraine au niveau “SD”, ce qui signifie “faillite technique”. Précisons toutefois que les spécialistes avaient conservé la notation de l’Ukraine dans la monnaie nationale au niveau CCC+/C avec pronostic négatif.

Aide humanitaire en LNR : la Croix Rouge obligée de quitter la LNR ? (novosti.dn.ua)

Le parti communiste ukrainien change de nom pour pouvoir participer aux élections régionales

“Le Parti communiste ukrainien a pris la décision de participer aux élections régionales sous le nom de “Nouvelle puissance (Новая держава)”, c’est aujourd’hui une mesure forcée”, a déclaré le leader du parti communiste, Petro Simonenko. Il a également rappelé que les affaires judiciaires relatives à l’interdiction du Parti communiste sont toujours en cours d’examen dans les tribunaux. Le parti “Nouvelle puissance” appartiendra à la coalition de l’opposition de gauche (ria.ru).

Rappelons que le 14 juin 2015, cinq partis politiques dont le PC ukrainien et le Parti socialiste progressiste, treize organisations publiques et six personnes physiques ont créé le mouvement d’opposition de gauche. Le 24 juin, le ministre de la Justice, Pavel Petrenko, a signé le décret interdisant à tous les partis communistes de prendre part aux processus électoraux du pays (novosti.dn.ua).

Une aciérie appartenant à l’oligarque ukrainien Firtash pourrait s’arrêter à cause du blocus de la Crimée (e-news.su).

Manifestations contre Poutine à New-York

Lundi 28, jour de l’apparition de Vladimir Poutine à l’assemblée générale de l’ONU à New-York, des manifestations seront organisées, communique Oukraïnskaïa Pravda qui rapporte l’info divulguée par Radio Svoboda (pravda.com.ua, svoboda.org). Svoboda réitère les griefs américains classiques à l’encontre de la Russie et de Vladimir Poutine.

 

DIMANCHE 27 SEPTEMBRE 2015

Attentat meurtrier à Torez le 24 septembre

Alexandre Zakharchenko promet que les autorités de la DNR feront le maximum pour éviter un autre attentat. Il fait allusion à celui qui a coûté la vie à une fillette de neuf ans lors du biathlon des tanks sur le polygone militaire de Torez : “На выставочной площадке произошел взрыв неизвестного взрывного устройства. В результате взрыва погиб ребенок, есть раненые. По результатам предварительного расследования взрыв характеризован как теракт”, – заявили в ДНР (dnr-news.com ). Cet événement rejoint l’avis donné récemment par le commandant Givi, qui prévoit une transformation du conflit ouvert en un conflit de guérilla.

Explosion à Odessa

Une nouvelle explosion s’est produite devant le bâtiment du SBO d’Odessa. Le puissant engin explosif a explosé vers 4 h. 30 et n’a fait aucun blessé, uniquement des dégâts matériels (sharij.net).

Popularité de Porochenko en berne

L’émission d’information Schuster Live du 26 septembre 2015 a montré une évolution de la confiance des Ukrainiens envers ses principaux personnages politiques : la cote de Porochenko est tombée de 50% à 22%, celle de Ioulia Timochenko a monté de 10% à 14%, celle de Liashko est tombée de 7% à 2%, et celle de Grichenko reste stable à 5% (www.ridus.ru).

 

L’Allemagne persiste dans les sanctions contre la Russie (tagesspiegel.de)

“En Syrie, Poutine veut revenir dans le jeu”, dit le chef de la Conférence de Munich sur la Sécurité Wolfgang Ischinger. Si la Russie est prête à s’engager à moyen terme sur un nouveau départ sans Assad, “l’Occident pourrait proposer à Poutine de mettre fin à son isolement politique”, toutefois uniquement “si Poutine est prêt en plus à appliquer les accords de Minsk”. Il a critiqué le fait que le signal envoyé à l’Ukraine serait “dévastateur, si déjà avant les premières discussions sur la résolution de la crise syrienne, on donne l’impression que l’Occident se couche devant Poutine”. C’est la dernière chose dont l’Ukraine a besoin. En Ukraine, la percée de Gabriel (NdlR : Sigmar Gabriel, chef de la SPD, qui propose la levée des sanctions) dans le public est ressentie comme une attaque frontale. Ce qu’on y dit, c’est qu’il va falloir sacrifier l’Ukraine au profit de la Syrie.

Source: http://www.les-crises.fr/actuukraine-29092015/


[Caviar] Macron, passer par l’élection est “un cursus d’un ancien temps” ; “Le libéralisme est une valeur de gauche”

Monday 28 September 2015 at 17:21

A ce stade, plus aucun commentaire n’est donc nécessaire – merci Manu… (ah, “le meilleur d’entre nous”… Dire que certains s’énervent quand je dis que je ne vote plus, eh, je suis MODERNE moi :)  )

(juste un rappel : ça m’a toujours amusé d’appeler “sociaux-démocrates” des gens qui ne sont à l’évidence ni sociaux, ni démocrates…)

Source : Le Point, 28/09/2015

Le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron a assuré qu’il ne voulait « pas être député en 2017 », estimant qu’accéder aux plus hautes fonctions par l’élection était « un cursus d’un ancien temps », selon des propos rapportés lundi par Le Monde. « Aujourd’hui, je ne veux pas être député en 2017 », a-t-il déclaré dimanche lors d’un forum organisé par le quotidien à Paris, selon les journalistes du Monde. « Je n’ai jamais voulu être candidat », a-t-il ajouté. Selon le compte rendu du quotidien du soir, le ministre a estimé que parvenir à de hautes fonctions par la voie des urnes était « un cursus d’un ancien temps », répondant ainsi à une critique qui lui est régulièrement adressée de vouloir réformer sans avoir obtenu de légitimité par les urnes.

Emmanuel Macron, qui s’exprimait « on the record » (sans restriction imposée à la presse), savait pertinemment que des journalistes étaient présents dans la salle, assure Le Monde. Parmi de nombreuses remarques susceptibles de faire s’étrangler une partie de la gauche, le ministre a estimé en outre que sur le plan de la politique économique, il peut y avoir « beaucoup de convergences entre la gauche de gouvernement et la droite de gouvernement ».

« Le libéralisme est une valeur de gauche »

Il a également assuré que « l’État a sa place mais il en a trop pris », se revendiquant d’un certain « libéralisme ». « J’assume qu’il y ait un libéralisme, le libéralisme est une valeur de gauche », a-t-il estimé. Affirmant qu’il se situait « dans le camp du progrès », le ministre en a profité pour mettre en question une nouvelle fois le statut des fonctionnaires. « Nous devons penser la réforme des fonctionnaires », a-t-il déclaré, estimant que sans cela, leur statut serait « déchiré ». « Il faut plus d’adaptabilité pour les entreprises, déconflictualiser le travail, je me méfie beaucoup des tabous », a-t-il poursuivi, jugeant qu’« aujourd’hui la loi dit trop, il faut trouver la bonne flexisécurité sur le marché du travail ».

À propos des 35 heures, Emmanuel Macron a assuré que s’il ne souhaitait pas les abroger, il y avait aujourd’hui « une trop grande rigidité dans la définition horaire du temps de travail ».

Enfin, à propos des critiques qui ont accompagné la semaine dernière ses propos sur le statut des fonctionnaires plus « adapté » et « plus justifiable compte tenu des missions », M. Macron a estimé que « les réactions sur ce que j’ai pu dire montrent une gêne à accepter qu’un politique puisse réfléchir en marge de son action ».

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(et quand il appellera à voter Sarko, il sera toujours soutenu ?)

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Pas mal ça aussi :

Source ; Le Figaro

Source: http://www.les-crises.fr/caviar-macron/


Revue de presse du 28/09/2015

Monday 28 September 2015 at 03:45

Merci à nos contributeurs. Bonne lecture !

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-27092015/


La Violence des Riches par Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot

Sunday 27 September 2015 at 03:40

Un article un peu ancien, mais ça ne vieillit pas…

Agnès Rousseaux
Interview de Monique Pinçon-Charlot 
Basta ! | novembre 2013
Source : laboratoireurbanismeinsurrectionnel.blogspot.fr 

On lit à longueur d’éditoriaux des dénonciations des dérives du « populisme ». Que ne déploie-t-on pas la même énergie à épingler son double, bien plus actif et bien plus installé : le « bourgeoisisme » du Figaro, le « richissisme » des chroniqueurs de la Bourse ou l’« oligarchisme » du Who’s Who ? Avec le luxe, l’élégance, les journaux people, les exhibitions caritatives et les expositions d’œuvres d’art, les riches se construisent dans une mascarade sociale en bienfaiteurs de l’humanité qu’il convient de flatter alors qu’ils n’ont bien souvent que le mérite de leur naissance…

L’idée d’un changement radical peut faire peur, mais à tort. Tout au contraire, puisque le chaos c’est maintenant et qu’il est installé dans une spirale infernale. Il n’y a pas d’autre solution que de rompre avec un capitalisme devenu irresponsable, l’appât du gain immédiat faisant perdre le sens du possible et de la solidarité. Il faut faire rendre raison à ce système économico-politique qui a fait son temps. 
Basta!: Qu’est-ce qu’un riche, en France, aujourd’hui ?
Monique Pinçon-Charlot {1} : Près de 10 millions de Français vivent aujourd’hui en-dessous du seuil de pauvreté. Celui-ci est défini très précisément. Mais il n’existe pas de « seuil de richesse ».
C’est très relatif, chacun peut trouver que son voisin est riche. Et pour être dans les 10 % les plus riches en France, il suffit que dans un couple chacun gagne 3000 euros. Nous nous sommes intéressés aux plus riches parmi les riches. Sociologiquement, le terme « riche » est un amalgame. Il mélange des milieux très différents, et regroupe ceux qui sont au top de tous les univers économiques et sociaux : grands patrons, financiers, hommes politiques, propriétaires de journaux, gens de lettres… Mais nous utilisons délibérément ce terme. Car malgré son hétérogénéité, ces « riches » sont une « classe », mobilisée pour la défense de ses intérêts. Et nous voulons aujourd’hui contribuer à créer une contre-offensive dans cette guerre des classes que mènent les riches et qu’ils veulent gagner.
Pourquoi est-il si difficile de définir cette classe ?
La richesse est multidimensionnelle. Bourdieu parlait très justement de capital – capital économique, culturel, symbolique –, c’est ce qui donne du pouvoir sur les autres. A côté de la richesse économique, il y a la richesse culturelle : c’est le monde des musées, des ventes aux enchères, des collectionneurs, des premières d’opéra… Jean-Jacques Aillagon, président du comité des Arts décoratifs, vient d’être remplacé par un associé-gérant de la banque Lazard. Dans l’association des amis de l’Opéra, on retrouve Maryvonne Pinault (épouse de François Pinault, 6ème fortune de France), Ernest-Antoine Seillière (ancien président du Medef, 37ème fortune de France avec sa famille) {2}…
A cela s’ajoute la richesse sociale, le « portefeuille » de relations sociales que l’on peut mobiliser. C’est ce qui se passe dans les cercles, les clubs, les rallyes pour les jeunes. Cette sociabilité mondaine est une sociabilité de tous les instants : déjeuners, cocktails, vernissages, premières d’opéra. C’est un véritable travail social, qui explique la solidarité de classe. La quatrième forme est la richesse symbolique, qui vient symboliser toutes les autres. Cela peut être le patronyme familial : si vous vous appelez Rothschild, vous n’avez pas besoin d’en dire davantage… Cela peut être aussi votre château classé monument historique, ou votre élégance de classe.
Il existe aussi une grande disparité entre les très riches…
Bernard Arnault, propriétaire du groupe de luxe LVMH, est en tête du palmarès des grandes fortunes professionnelles de France, publié chaque année par la revue Challenges. Il possède 370 fois la fortune du 500ème de ce classement. Et le 501ème est encore très riche ! Comparez : le Smic à 1120 euros, le revenu médian à 1600 euros, les bons salaires autour de 3000 euros, et même si on inclut les salaires allant jusque 10 000 euros, on est toujours dans un rapport de 1 à 10 entre ces bas et hauts salaires. Par comparaison, la fortune des plus riches est un puits sans fond, un iceberg dont on ne peut pas imaginer l’étendue.
Malgré l’hétérogénéité de cette classe sociale, les « riches » forment, selon vous, un cercle très restreint.
On trouve partout les mêmes personnes dans une consanguinité tout à fait extraordinaire. Le CAC 40 est plus qu’un indice boursier, c’est un espace social. Seules 445 personnes font partie des conseils d’administration des entreprises du CAC 40. Et 98 d’entre eux détiennent au total 43 % des droits de vote {3}. Dans le conseil d’administration de GDF Suez, dont l’État français possède 36 % du capital, il y a des représentants des salariés. Ceux-ci peuvent être présents dans divers comités ou commissions, sauf dans le comité des rémunérations. Cela leur est interdit. Qui décide des rémunérations de Gérard Mestrallet, le PDG ? Jean-Louis Beffa, président de Saint-Gobain, notamment. C’est l’entre-soi oligarchique.
Cela semble si éloigné qu’on peut avoir l’impression de riches vivant dans un monde parallèle, sans impact sur notre vie quotidienne. Vous parlez à propos des riches de « vrais casseurs ». Quel impact ont-ils sur nos vies ?
Avec la financiarisation de l’économie, les entreprises sont devenues des marchandises qui peuvent se vendre, s’acheter, avec des actionnaires qui exigent toujours plus de dividendes. Selon l’Insee, les entreprises industrielles (non financières) ont versé 196 milliards d’euros de dividendes en 2007 contre 40 milliards en 1993. Vous imaginez à quel niveau nous devons être sept ans plus tard ! Notre livre s’ouvre sur une région particulièrement fracassée des Ardennes, avec l’histoire d’une entreprise de métallurgie, qui était le numéro un mondial des pôles d’alternateur pour automobiles (les usines Thomé-Génot). Une petite entreprise familiale avec 400 salariés, à qui les banques ont arrêté de prêter de l’argent, du jour au lendemain, et demandé des remboursements, parce que cette PME refusait de s’ouvrir à des fonds d’investissement. L’entreprise a été placée en redressement judiciaire. Un fonds de pension l’a récupéré pour un euro symbolique, et, en deux ans, a pillé tous les savoir-faire, tous les actifs immobiliers, puis fermé le site. 400 ouvriers se sont retrouvés au chômage. C’est un exemple parmi tant d’autres ! Si vous vous promenez dans les Ardennes aujourd’hui, c’est un décor de mort. Il n’y a que des friches industrielles, qui disent chaque jour aux ouvriers : « Vous êtes hors-jeu, vous n’êtes plus rien. On ne va même pas prendre la peine de démolir vos usines, pour faire des parcs de loisirs pour vos enfants, ou pour planter des arbres, pour que vous ayez une fin de vie heureuse. Vous allez crever. »
Comment s’exerce aujourd’hui ce que vous nommez « la violence des riches » ?
C’est une violence inouïe. Qui brise des vies, qui atteint les gens au plus profond de leur corps, de leur estime, de leur fierté du travail. Être premier dans les pôles d’alternateur pour automobiles, c’est faire un travail de précision, c’est participer à la construction des TGV, à l’une des fiertés françaises. Casser cela est une violence objective, qui n’est ni sournoise ni cachée, mais qui n’est pas relayée comme telle par les politiques, par les médias, par ces chiens de garde qui instillent le néolibéralisme dans les cerveaux des Français. Pour que ceux-ci acceptent que les intérêts spécifiques des oligarques, des dominants, des riches, deviennent l’intérêt général.
Comment cette violence objective se transforme-t-elle en assujettissement ?
C’est une forme d’esclavage dans la liberté. Chacun est persuadé qu’il est libre d’organiser son destin, d’acheter tel téléphone portable, d’emprunter à la banque pendant 30 ans pour s’acheter un petit appartement, de regarder n’importe quelle émission stupide à la télévision. Nous essayons de montrer à quel système totalitaire cette violence aboutit. Un système totalitaire qui n’apparaît pas comme tel, qui se renouvelle chaque jour sous le masque de la démocratie et des droits de l’homme. Il est extraordinaire que cette classe, notamment les spéculateurs, ait réussi à faire passer la crise financière de 2008 – une crise financière à l’état pur – pour une crise globale. Leur crise, est devenue la crise. Ce n’est pas une crise, mais une phase de la guerre des classes sans merci qui est menée actuellement par les riches. Et ils demandent au peuple français, par l’intermédiaire de la gauche libérale, de payer. Et quand on dit aux gens : « Ce n’est quand même pas à nous de payer ! », ils répondent : « Ah, mais c’est la crise »
Pourquoi et comment les classes populaires ont-elles intégré cette domination ?
C’est une domination dans les têtes : les gens sont travaillés en profondeur dans leurs représentations du monde. Cela rend le changement difficile, parce qu’on se construit en intériorisant le social. Ce que vous êtes, ce que je suis, est le résultat de multiples intériorisations, qui fait que je sais que j’occupe cette place-là dans la société. Cette intériorisation entraîne une servitude involontaire, aggravée par la phase que nous vivons. Avec le néolibéralisme, une manipulation des esprits, des cerveaux, se met en place via la publicité, via les médias, dont les plus importants appartiennent tous à des patrons du CAC 40.
Sommes-nous prêts à tout accepter ? Jusqu’où peut aller cette domination ?
Dans une chocolaterie qu’il possède en Italie, le groupe Nestlé a proposé aux salariés de plus de cinquante ans de diminuer leur temps de travail {4}, en échange de l’embauche d’un de leurs enfants dans cette même entreprise. C’est une position perverse, cruelle. Une incarnation de ce management néolibéral, qui est basé sur le harcèlement, la culpabilisation, la destruction. Notre livre est un cri d’alerte face à ce processus de déshumanisation. On imagine souvent que l’humanité est intemporelle, éternelle. Mais on ne pense pas à la manipulation des cerveaux, à la corruption du langage qui peut corrompre profondément la pensée. Le gouvernement français pratique la novlangue : « flexi-sécurité » pour ne pas parler de précarisation, « partenaires sociaux » au lieu de syndicats ouvriers et patronat, « solidarité conflictuelle ». Le pouvoir socialiste pratique systématiquement une pensée de type oxymorique, qui empêche de penser. Qui nous bloque.
Les riches entretiennent une fiction de « surhommes » sans qui il n’y aurait pas travail en France, estimez-vous. Menacer les riches signifie-t-il menacer l’emploi ?
Cette menace est complètement fallacieuse. Dans la guerre des classes, il y a une guerre psychologique, dont fait partie ce chantage. Mais que les riches s’en aillent ! Ils ne partiront pas avec les bâtiments, les entreprises, les autoroutes, les aéroports… Quand ils disent que l’argent partira avec eux, c’est pareil. L’argent est déjà parti : il est dans les paradis fiscaux ! Cette fiction des surhommes fonctionne à cause de cet assujettissement, totalitaire. Quand on voit le niveau des journaux télévisés, comme celui de David Pujadas, il n’y a pas de réflexion possible. En 10 ans, les faits divers dans les JT ont augmenté de 73 % !
Certains se plaignent d’une stigmatisation des « élites productives ». Les riches ont-ils eux aussi intériorisé ce discours, cette représentation ?
Notre livre s’ouvre sur une citation extraordinaire de Paul Nizan [5]:
« Travaillant pour elle seule, exploitant pour elle seule, massacrant pour elle seule, il est nécessaire [à la bourgeoisie] de faire croire qu’elle travaille, qu’elle exploite, qu’elle massacre pour le bien final de l’humanité. Elle doit faire croire qu’elle est juste. Et elle-même doit le croire. M. Michelin doit faire croire qu’il ne fabrique des pneus que pour donner du travail à des ouvriers qui mourraient sans lui ».
C’est pour cela que cette classe est tout le temps mobilisée : les riches ont sans cesse besoin de légitimer leur fortune, l’arbitraire de leurs richesses et de leur pouvoir. Ce n’est pas de tout repos ! Ils sont obligés de se construire en martyrs. Un pervers narcissique, un manipulateur, passe en permanence du statut de bourreau à celui de victime, et y croit lui-même. C’est ce que fait l’oligarchie aujourd’hui, par un renversement du discours économique : les riches seraient menacées par l’avidité d’un peuple dont les coûts (salaires, cotisations…) deviennent insupportables. On stigmatise le peuple, alors que les déficits et la dette sont liés à la baisse des impôts et à l’optimisation fiscale.
Depuis que le parti socialiste est au pouvoir, qu’est-ce qui a changé ? Y a-t-il eu des améliorations concernant cette violence des riches que vous dénoncez ?
On ne peut pas parler d’amélioration : nous sommes toujours dans un système oligarchique. Nos dirigeants sont tous formés dans les mêmes écoles. Quelle différence entre Dominique Strauss-Kahn et Nicolas Sarkozy ? Je ne suis pas capable de vous le dire. L’histoire bégaye. Un exemple : le secrétaire général adjoint de l’Élysée est actuellement Emmanuel Macron, qui arrive directement de la banque d’affaires Rothschild. Sous Nicolas Sarkozy, ce poste était occupé par François Pérol, qui venait aussi de chez Rothschild. Les banques Lazard et Rothschild sont comme des ministères bis {6}et conseillent en permanence le ministre de l’Économie et des Finances. La mission de constituer la Banque publique d’investissement (BPI) a été confiée par le gouvernement à la banque Lazard… Et la publicité sur le crédit d’impôt lancé par le gouvernement a été confiée à l’agence Publicis. Qui après avoir conseillé Nicolas Sarkozy conseille maintenant Jean-Marc Ayrault. On se moque de nous !
Pierre Moscovici et François Hollande avait promis une loi pour plafonner les salaires de grands patrons {7}. Ils y ont renoncé. Pierre Moscovici a annoncé, sans rire, qu’il préférait « l’autorégulation exigeante ». Des exemples de renoncement, nous en avons à la pelle ! Le taux de rémunération du livret A est passé de 1,75 % à 1,25 %, le 1er août. Le même jour, Henri Emmanuelli, président de la commission qui gère les livrets A [8], a cédé au lobby bancaire, en donnant accès aux banques à 30 milliards d’euros supplémentaires sur ces dépôts. Alors qu’elles ont déjà reçu des centaines de milliards avec Nicolas Sarkozy ! Elles peuvent prêter à la Grèce, au Portugal, avec un taux d’intérêt de 8 ou 10 %… Avec le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), entré en vigueur le 1er janvier 2013, c’est encore 20 milliards d’euros de recettes fiscales en moins chaque année, offerts aux entreprises, et qui plombent le déficit public de façon absolument considérable.
Le Front national a un discours virulent contre les « élites » françaises. N’avez-vous pas peur que votre analyse soit récupérée par l’extrême-droite ?
Nous ne disons pas que les politiques sont « tous pourris », comme le fait le FN. Nous proposons une analyse en terme de classes, pour donner à voir des mécanismes sociaux. Nous cherchons à dévoiler le fonctionnement de cette caste qui casse le reste de la société, dans une logique de prédation qui va se poursuivre dans une spirale infernale. Le Front National désigne comme bouc émissaire l’immigré ou le Rom, donnant en pâture ce qui est visible. Le Rom est d’ailleurs devenu un bouc émissaire transversal à l’échiquier politique, depuis la gauche libérale avec Manuel Valls jusqu’au Front National. Si on doit pointer précisément un responsable à la situation actuelle, c’est plutôt une classe sociale – les riches – et un système économique, le néolibéralisme. Puisqu’il faut des formules fortes : le banquier plutôt que l’immigré !
Vous parlez dans votre ouvrage d’une guerre des classes qui n’est pas sans visage. N’y a-t-il pas un enjeu justement à « donner des visages » à cette classe, comme vous le faites ?
C’est une nécessité absolue. Il faut s’imposer d’acheter chaque année ce bijou sociologique qu’est le palmarès du magazine Challenges. Et s’efforcer d’incarner, de mettre des visages sur cette oligarchie… C’est une curiosité nécessaire, les gens doivent être à l’affût de cette consanguinité, de cette opacité, de la délinquance financière. Nos lecteurs doivent se servir de notre travail pour organiser une « vigilance oligarchique » : montrer aux puissants que leur pouvoir n’est pas éternel, empêcher ce sentiment d’impunité qu’ils ont aujourd’hui, car ils savent que personne n’ira mettre son nez dans leurs opérations financières totalement opaques.
Nous avons aussi expérimenté des visites ethnographiques dans les quartiers riches, pour vaincre nos « timidités sociales ». Se promener dans les beaux quartiers, leurs cinémas, leurs magasins, leurs cafés, est un voyage dans un espace social. Il faut avoir de l’humilité pour accepter d’être remis à sa place, ne pas se sentir à l’aise, se sentir pauvre car vous ne pouvez pas vous payer une bière à six euros. Mais c’est une expérience émotionnelle, existentielle, qui permet des prises de conscience. Une forme de dévoilement de cette violence de classe.
Propos recueillis par Agnès Rousseaux

Source: http://www.les-crises.fr/la-violence-des-riches-par-michel-pincon-et-monique-pincon-charlot/


Franck Lepage : la langue de bois

Sunday 27 September 2015 at 01:31

Petite leçon sur l’art de pratiquer la ” langue de bois” par Franck Lepage

Source: http://www.les-crises.fr/franck-lepage-la-langue-de-bois/


Ken Saro-Wiwa : mémoire de luttes

Saturday 26 September 2015 at 00:01

Juste en passant, en hommage à tous les courageux inconnus qui ont essayé d’améliorer ce monde – et l’ont chèrement payé…

Source : Kenule Beeson Saro-Wiwa, traduit par Nicolas Casaux, pour Le Partage, le 2 août 2015.

kensaro

En représentant le peuple Ogoni du Nigéria dans une lutte contre les ravages de leurs terres par les multinationales pétrolières, Ken Saro-Wiwa parlait au nom des innombrables dépossédés, contre les quelques puissants. A cause de ses efforts, Saro-Wiwa fut arrêté en mai 1994 au Nigéria, sur la base de ce que beaucoup considèrent comme des charges fallacieuses. Le 10 novembre 1995, un tribunal militaire nigérian exécuta 9 leaders Ogoni. Kenule Beeson Saro-Wiwa était l’un d’entre eux.

Ken Saro-Wiwa faisait partie du peuple Ogoni, une minorité ethnique dans le delta du Niger, dont les terres sont la cible des compagnies pétrolières depuis les années 1950. Il a été porte-parole puis président du Mouvement pour la Survie du Peuple Ogoni (MOvement for the Survival of the Ogoni People ou MOSOP), un mouvement créé afin de lutter contre les abus commis par certaines compagnies sur les terres du peuple Ogoni. Saro-Wiwa a été le leader d’une campagne non violente contre des compagnies comme Shell, dénonçant les dégâts écologiques commis dans le delta du Niger. Pour ses actions militantes, il a reçu en 1994 le Prix Nobel alternatif, quelques mois après son arrestation par le régime de Sani Abacha. À la suite d’un procès largement dénoncé par les organisations de défense des droits de l’homme, il a été condamné à être pendu et exécuté en 1995. Shell a fait l’objet d’une plainte pour complicité dans cette exécution qui s’est conclue par un accord où Shell verse 15,5 millions de dollars.

Le 10 novembre 1995, Ken Saro-Wiwa et huit autres leaders du MOSOP furent exécutés par pendaison à Port Harcourt par le gouvernement nigérian du général Sani Abacha. Il laisse deux enfants : le journaliste Ken Wiwa et Zina Saro-Wiwa la réalisatrice et journaliste artistique.

Sa dernière déclaration, reproduite ici (et disponible en anglais ici), ne fut jamais entendue par le tribunal.

Dernière déclaration, depuis le Nigéria.

Seigneur,

Nous sommes tous responsables devant l’histoire. Je suis un homme de paix, d’idées. Atterré par la pauvreté dénigrante de mon peuple qui vit sur une terre riche, affligé par leur marginalisation politique et leur étranglement économique, irrité par le ravage de leurs terres, leur héritage ultime, soucieux de préserver leur droit à la vie, à une vie décente, et déterminé à apporter à ce pays tout entier un système démocratique juste et équitable, qui protègerait tout le monde, tous les groupes ethniques, et permettrait à tous une juste revendication à la civilisation humaine, j’ai dévoué mes ressources matérielles et intellectuelles, ma vie tout entière, à une cause en laquelle je crois absolument, et dont je ne pourrais être détourné, ni par le chantage ni par l’intimidation. Je ne doute pas du succès final de ma cause, peu importe les vicissitudes que tous ceux qui y croient, et moi-même, pourrions rencontrer au cours de notre périple. Ni l’emprisonnement ni la mort ne peuvent empêcher notre victoire ultime.

Je le répète, nous sommes tous responsables devant l’histoire. Mes camarades et moi-même ne sommes pas les seuls en jugement aujourd’hui. Shell est ici jugé et c’est aussi bien qu’elle soit représentée par un conseil censé posséder un mandat de surveillance. Cette compagnie, a, en effet, esquivé ce procès particulier, mais son jour viendra surement, et les leçons apprises ici pourront s’avérer utiles, car je ne doute pas un instant du fait que cette compagnie sera un jour jugée pour la guerre écologique qu’elle a menée dans le Delta, et que ses crimes seront un jour justement punis. Les sales crimes de guerres que cette compagnie a commis contre le peuple Ogoni seront aussi punis un jour.

En jugement, nous retrouvons aussi la nation Nigérienne, ses dirigeants actuels et ceux qui les assistent. Toute nation qui fait aux plus faibles et aux plus démunis ce que la nation nigérienne a fait aux Ogonis perd toute prétention à l’indépendance et à la liberté de toute influence extérieure. Je ne suis pas de ceux qui feignent d’ignorer la lutte contre l’injustice et l’oppression, prétendant qu’il faut s’y attendre de la part d’un régime militaire. Les militaires n’agissent pas seuls. Ils sont soutenus par une ribambelle de politiciens, d’avocats, de juges, d’universitaires et d’hommes d’affaires, tous se réfugiant derrière l’excuse selon laquelle ils ne font qu’accomplir leur devoir, des hommes et des femmes trop effrayés pour nettoyer l’urine dégoulinant sur leurs pantalons.

Nous sommes tous jugés, mon seigneur, car par nos actions nous avons dénigré notre pays et mis en danger l’avenir de nos enfants. En acceptant moins que la norme, en acceptant les doubles standards, en mentant et en trichant ouvertement, en protégeant l’injustice et l’oppression, nous vidons nos salles de classes, nous dénigrons nos hôpitaux, nous remplissons nos estomacs de faim, et nous élisons, ce qui fait de nous les esclaves de ceux qui vivent dans le luxe, qui prétendent posséder la vérité, honorer la justice, la liberté, et le dur labeur. Je peux prédire que cette scène sera jouée et rejouée par des générations à venir. Certains endossent déjà le rôle des vilains, certains sont des victimes tragiques, certains ont encore la possibilité de se racheter. Le choix est offert à chaque individu.

Je peux prédire que le dénouement de l’affaire du delta du Niger est pour bientôt. L’agenda se met en place lors de ce procès. Que cela se fasse selon les voies pacifiques que je prône dépend du camp de l’oppresseur, du signal qu’il envoie au public impatient.

Dans mon innocence vis-à-vis des fausses accusations qui m’accablent ici, dans ma profonde conviction, j’en appelle au peuple Ogoni, aux peuples du delta du Niger, et aux minorités ethniques opprimées du Nigéria, et les invitent à se lever et à combattre sans peur et pacifiquement pour leurs droits. L’histoire est de leur côté. Dieu est de leur côté. Le saint Coran le dit dans la sourate 42, verset 41 : « Certainement, ceux qui se défendent pour leurs droits, quand une injustice tombe sur eux, ne commettent pas d’erreur, mais Allah punira l’oppresseur ». Que vienne ce jour.

Source: http://www.les-crises.fr/ken-saro-wiwa-memoire-de-luttes/