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[Propagande] Sanctions contre la Russie: même pas mal ?

Thursday 27 August 2015 at 00:01

Article Mainstream de l’Expansion, toujours amusant…

Quelqu’un a fait le portrait d’Obama avec des cartouches ?

L'artiste ukrainienne Dariya Marchenko a fait le portrait de Vladimir Poutine avec des balles retrouvées sur le front.

L’artiste ukrainienne Dariya Marchenko a fait le portrait de Vladimir Poutine avec des balles retrouvées sur le front.

La Russie fait respecter son embargo sur les produits des pays qui l’ont sanctionné pour son rôle dans la crise ukrainienne. Malgré la chute du rouble, l’impact des sanctions internationales sur son économie semble limité.

A quoi servent les sanctions européennes contre la Russie de Vladimir Poutine pour son rôle dans la crise ukrainienne? Ce vendredi, un an jour pour jour après la mise en place de la mesure, Moscou a lancé ses tracteurs sur des meules de fromage provenant des pays qui l’ont puni, histoire de bien montrer que rien ne lui manque. Les navires Mistral que la France devait lui vendre? Remboursés. “Le dossier est clos”, affirme l’Elysée, comme si les deux partenaires venaient de conclure une bonne affaire. Depuis le début des sanctions, la question est lancinante. Qui souffre le plus?

“Le PIB, c’est secondaire en Russie”

L’Europe a interdit la vente à la Russie de matériel militaire ou destiné à l’industrie pétrolière. En ajoutant l’embargo russe, elle pourrait perdre 1,9 million d’emplois et 80 milliards de PIB du fait de la baisse de ses exportations, d’après une étude de l’institut autrichien Wifo reprise par Le Figaro. Pour la France, cela représente 0,5% du PIB et 150 000 emplois. Dans un rapport confidentiel, la Commission européenne s’est montrée plus optimiste, tablant sur de nouveaux débouchés. Les pommes françaises se vendent désormais au Vietnam et les Américains croquent nos poires, racontent Les Echos.

Et en Russie? La croissance a piqué du nez à – 1,9% en 2015, mais la tendance à la baisse était enclenchée depuis 2012. Le simple fait d’entrer en guerre, estime la Chambre de commerce et d’industrie franco-russe, a eu des effets négatifs sur l’économie russe. “Il est très difficile d’évaluer l’effet des sanctions en point de PIB”, explique à L’Express Jean-Joseph Boillot, conseiller du Club du CEPII et spécialiste des grandes économies émergentes. “A court terme, il doit être relativement faible par rapport à celui de la baisse des hydrocarbures. A moyen terme, c’est un prétexte qui va servir à Poutine pour réorienter l’économie russe”.

Depuis 2008, la Russie a une doctrine de sécurité alimentaire qui vise à atteindre l’autosuffisance en 2020. Les sanctions sont l’occasion de la relancer. “Le PIB, c’est secondaire en Russie”, affirme Jean-Joseph Boillot. “Ce qui compte avant tout pour le régime de Poutine, c’est la fierté nationale. Le KGB a totalement pris en main l’économie russe”. A 67 euros en juillet, le rouble semble avoir enrayé sa chute. Il en valait 45 avant la crise.

Des sanctions à double tranchant

Les sanctions pourraient se retourner contre les intérêts de l’Europe, selon Jean-Joseph Boillot. “Depuis les sanctions, la Chine a intensifié son offensive sur la Russie. Le projet de route de la soie vers l’occident, dont l’Inde et la Russie sont partenaires, se développe.” Avec ce chantier ferroviaire et routier doté de 40 milliards de dollars par les Chinois, l’économie russe se tourne vers l’est, prenant soin de tisser des liens avec l’Inde pour résister à l’influence de Pékin. “C’est vers l’industrie aéronautique russe que se tourne l’Inde après avoir renoncé à son méga-contrat d’achat de 126 Rafale français“, remarque Jean-Joseph Boillot: “l’Inde soutient la Russie contre l’occident dans le conflit actuel”.

Dans une étude sur les sanctions de l’Union européenne parue en mai dernier dans la revue catalane Per la Pau(Pour la paix), les auteurs notent que “leur l’efficacité ne peut être que modeste, parce qu’elles peuvent être contournées avec l’aide de nouveaux acteurs”. Mais il ne faut pas attendre de miracle rapide pour l’économie russe, dont l’Union européenne reste encore le premier partenaire commercial. “C’est à une échéance de cinq ans que sa réorientation portera ses fruits”, estime Jean-Joseph Boillot.

Source : Laurent Martinet, pour L’Expansion/L’Express, le 7 Août 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/propagande-sanctions-contre-la-russie-meme-pas-mal/


[Reprise] Grèce : en démissionnant, Alexis Tsipras se soumet à l’Europe. Et assure ses arrières

Wednesday 26 August 2015 at 00:06

Source : Michel Calapodis, pour Le Plus de L’Obs, le 21 août 2015.

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a annoncé sa démission ce jeudi 20 août. Il en a profité pour proposer la tenue d’élections législatives anticipées, prévues le 20 septembre. Quelle est la stratégie d’Alexis Tsipras ? Et quelles vont être les conséquences de cette décision ? Pour Michel Calapodis, docteur en études néo-helléniques, l’ex-Premier ministre grec renforce son pouvoir.

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a annoncé sa démission jeudi 20 août 2015 (L.GOULIAMAKI/AFP).

La démission d’Alexis Tsipras n’est pas une surprise. Pour des raisons politiques, mais aussi économiques, cette décision était attendue.

Tsipras a minimisé les risques

Sur le plan politique, Alexis Tspiras a extrêmement bien joué, même s’il était contraint de prendre cette décision. C’est un fin tacticien, car il a choisi le bon moment pour démissionner. Il devait trouver une nouvelle majorité et a profité du soutien du peuple grec pour arriver à ses fins. En démissionnant, l’ex-Premier ministre grec a minimisé les risques, car non seulement l’opposition n’a pas de programme fondamentalement alternatif à proposer, mais en plus, elle est en pleine reconstruction. De plus, l’aile gauche de Syriza qui le rejette – car il ne représente plus l’homme du “non” – et qui souhaite reprendre le flambeau du mouvement “anti-mémorandum”, aura bien du mal à convaincre le peuple grec qu’avec elle, les temps seront moins durs.

Il a doublé tout le monde

Alexis Tsipras prend donc de la vitesse et parvient à doubler tout le monde. Il a de fortes chances d’être à la tête d’un gouvernement de coalition, le 20 septembre prochain. À travers cette stratégie, Alexis Tspiras sert ses propres intérêts, mais envoie aussi un message de soumission à l’Europe. Finalement, les prochaines élections permettront de trouver des solutions contre la crise, mais ne résoudront pas le problème grec, structurel et plus global.

Un “ethnocide économique”

Sur le plan économique, cette décision va permettre à Alexis Tsipras d’appliquer les mesures contre lesquelles le peuple grec avait voté. Ainsi, il va devenir la courroie de transmission à l’application du programme européen. D’ailleurs, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker affirmait :

“Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens”

En agissant ainsi, Alexis Tsipras lui donne raison. Sur le fond, tout ceci ne va rien changer. Le gouvernement va simplement pouvoir appliquer le programme du troisième mémorandum, qui, comme les deux précédents, va “assassiner” le peuple grec. On pourrait d’ailleurs parler d’un “ethnocide économique“.

Philipe Seguin disait : “La droite et la gauche sont deux détaillants qui ont le même grossiste, l’Europe”. C’est exactement le cas ici.

Le peuple grec est fatigué

En démissionnant, Alexis Tsipras va devenir un représentant de cet establishment politique grec, qui depuis une quarantaine d’années gère le pays de manière inconsidérée. S’il a toujours le soutien de son peuple, c’est parce que ce dernier, fatigué et anesthésié, se résout à accepter son programme, même s’il ne le considère pas comme viable. Il ne faut pas oublier que le quotidien des Grecs a été bouleversé et qu’ils se retrouvent aujourd’hui face à deux contraintes. La première, c’est celle de la vie quotidienne, devenue compliquée. Que ce soit pour retirer de l’argentou pour faire tourner leurs commerces, ils sont soumis à des limitations drastiques et cantonnés à faire des heures de queue. Ils essayent de survivre comme ils le peuvent. La deuxième, c’est celles des élections, qui n’ont rien résolu jusqu’à présent. Comme le programme d’Alexis Tspiras n’a pas été appliqué et qu’ils n’ont pas d’autres solutions à proposer, ils s’en remettent aux mains de l’Europe.

Les problèmes de la Grèce ne seront pas résolus

Finalement, en démissionnant, Alexis Tsipras renforce son pouvoir. Il va trouver une majorité qui va lui permettre d’être réélu et d’appliquer son programme. Comme en 2010 et 2012, la Grèce recevra ensuite des aides pour rembourser ses dettes et l’on n’entendra – provisoirement – plus parler du pays, jusqu’à ce que l’on se rende compte que les questions centrales de la dette et du modèle de développement économique de la Grèce n’ont pas été résolues.

Propos recueillis par Anaïs Chabalier.

Source: http://www.les-crises.fr/reprise-grece-en-demissionnant-alexis-tsipras-se-soumet-a-leurope-et-assure-ses-arrieres/


L’Ukraine voit fusionner nazis et islamistes, par Robert Parry

Wednesday 26 August 2015 at 00:06

Source : Consortium News, le 07/07/2015

7 juillet 2015

Exclusif : Le régime post-coup d’état en Ukraine fusionne à présent des escadrons d’assaut néo-nazis avec des militants islamistes – appelés « frères » de l’ultra violent État Islamique – déchaînant un infernal « escadron de la mort » voué à tuer les populations russophones dans l’est de l’Ukraine, sur la frontière russe, d’après Robert Parry.

Par Robert Parry

Dans un récit étonnamment optimiste, Le New York Times relate le ralliement de militants islamistes aux bataillons d’extrême droite et néo-nazis d’Ukraine pour combattre les rebelles russophones dans l’est de l’Ukraine. Il ne semble pas qu’une alliance entre extrémistes violents ne soit trop méprisable pour être fêtée, du moment qu’elle tue des Ruskoffs.

Selon l’article d’Andrew E. Kramer, il y a maintenant trois bataillons islamistes « déployés dans les zones les plus disputées », comme celle entourant la ville portuaire de Marioupol. Un des bataillons est dirigé par l’ancien seigneur de guerre tchétchène connu sous le nom du « Musulman », rapporte Kramer, qui ajoute :

L’insigne du bataillon d’Azov, comportant le symbole néo-nazi du Wolfsangel [le "crochet à loups", NdT].

« Le Tchétchène dirige le groupe Cheikh Mansour, baptisé ainsi d’après une figure de la résistance tchétchène au XVIIIe siècle. Ce groupe est commandé par la milice ukrainienne nationaliste Pravy Sektor [Secteur Droit, NdT]. … Pravy Sektor … fondé l’année précédente à l’occasion des manifestations de rues à Kiev, à partir d’une demi-douzaine de groupuscules nationalistes ukrainiens tels que le Marteau Blanc, ou encore le Trident de Stepan Bandera.

Un autre groupe, celui d’Azov, est ouvertement néo-nazi, et utilise le symbole du “crochet à loups“, lié à la SS. Sans aborder le sujet du symbole nazi, le Tchétchène a déclaré qu’il s’entendait bien avec les nationalistes, car, tout comme lui, ils aimaient leur patrie et détestaient les Russes. »

Aussi fortuite que semble la révélation par Kramer du rôle de premier plan des néo-nazis et des suprémacistes blancs combattant pour le régime de Kiev soutenu par les États-Unis, son article constitue une anomalie au regard du Times et du reste des médias mainstream américains, lesquels renvoient habituellement toute mention de cette tache nazie à de la “propagande russe”.

Lors du coup d’état de février 2014 qui chassa le président élu Victor Ianoukovitch, le défunt fasciste Stepan Bandera fut l’une des figures célébrées par les manifestants pro-Maïdan. Pendant la seconde guerre mondiale, Bandera fut à la tête de l’Organisation des Nationalistes Ukrainiens (OUN-B), une milice radicale qui entendait faire de l’Ukraine un état racialement pur. Coordonnant ses efforts à l’occasion avec la SS, l’OUN-B participa à l’expulsion et à l’extermination de dizaines de milliers de Juifs et de Polonais.

Bien que la majorité des manifestants pro-Maïdan de 2013-2014 ait été essentiellement poussée par la colère envers la corruption politicienne et par leur désir de rejoindre l’Union Européenne, les néo-nazis en constituaient une part importante et ont été le fer de lance de la plupart des violences envers les policiers. Des groupes d’assaut de Pravy Sektor ainsi que du parti Svoboda ont pris le contrôle de bâtiments gouvernementaux, et les ont ornés de symboles nazis ainsi que du drapeau de bataille Confédéré, emblème universel des suprémacistes blancs.

C’est ensuite au moment où les manifestations prenaient un tour sanglant, entre le 20 et le 22 février, que les néo-nazis ont fait irruption en première ligne. Leurs milices surentraînées, organisées en brigades de cent hommes, les « sotins » ou « centaines », ont mené les attaques décisives contre la police qui ont forcé Ianoukovitch et plusieurs membres de son gouvernement à fuir pour sauver leur vie.

Dans les jours qui ont suivi le coup d’état, alors que les milices néo-nazies contrôlaient de facto le gouvernement, les diplomates européens et américains se sont fébrilement précipités pour aider le parlement malmené à donner au régime un semblant de respectabilité, bien que quatre ministères, y compris celui de l’intérieur, aient été donnés en récompense à l’extrême-droite, en reconnaissance du rôle crucial qu’elle avait joué dans le départ de Ianoukovitch.

Dès ce moment, la quasi-totalité des médias d’information américains se sont mis des œillères sur le rôle des néo-nazis, ce qui était d’autant mieux pour vendre au public américain le coup d’état sous l’aspect d’une histoire édifiante de « combattants de la liberté » animés d’un esprit de réforme, faisant face à « l’agression russe ». Les médias américains ont soigneusement contourné la réalité néo-nazie en censurant les éléments significatifs, comme le parcours du chef de la sécurité intérieure, Andreï Parubeï, qui avait fondé le Parti National-Socialiste d’Ukraine en 1991, qui mêlait nationalisme radical ukrainien et symboles néo-nazis. Parubeï était à la tête des « forces d’auto-défense » de Maïdan.

Les barbares sont aux portes

Par moments, la censure des médias mainstream sur les chemises brunes en était presque comique. En février dernier, presque un an après le coup d’état, un article du New York Times, consacré aux défenseurs gouvernementaux de Marioupol, saluait le rôle de premier plan du bataillon d’Azov, mais réussissait le tour de force d’éviter toute évocation de ses accointances néo-nazies, pourtant bien connues.

Cet article de Rick Lyman présentait la situation à Marioupol comme si l’avance des rebelles pro-russes représentait une invasion barbare, tandis que les habitants auraient été bravement défendus par les forces de la civilisation, le bataillon Azov. Dans un contexte aussi exaltant, on a probablement pensé qu’il aurait été malvenu de faire mention des svastikas et des symboles SS.

 

 

 

Symboles nazis sur les casques portés par les membres du bataillon ukrainien Azov. (Filmés par une équipe norvégienne et montrés à la télévision allemande)

À présent, le régime de Kiev a ajouté à ces « forces de la civilisation » – résistant aux barbares Ruskoffs – des militants islamistes liés au terrorisme. En septembre dernier, Marcin Mamon, reporter pour l’Intercept, a pu joindre une formation d’avant-garde de ces combattants islamistes en Ukraine, par l’intermédiaire « d’un contact en Turquie avec l’État Islamique [qui] m’a affirmé que ses “frères” se trouvaient en Ukraine, et que je pouvais leur faire confiance ».

L’article du New York Times évite soigneusement de creuser dans la direction des liens de ces combattants islamistes avec le terrorisme. Mais Kramer admet explicitement la vérité nazie à propos des combattants [du groupe] Azov. Il relève également que les conseillers américains en Ukraine « se sont vu explicitement interdire de donner aucune instruction militaire aux membres du groupe Azov ».

Alors que les conseillers américains ont pour ordre de garder leurs distances avec les néo-nazis, le régime de Kiev ne fait pas grand mystère de son approbation du rôle militaire essentiel tenu par ces extrémistes – qu’il s’agisse de néo-nazis, de suprémacistes blancs ou de militants islamistes. On estime ces extrémistes très agressifs et très effectifs dans le massacre de russophones.

Le régime n’a montré que peu d’intérêt pour des rapports venus de tous les secteurs mentionnant des opérations « d’escadrons de la mort » ciblant les suspects de sympathies pro-russes dans les villes contrôlées par le gouvernement. Mais de telles violations des Droits de l’Homme ne devraient pas surprendre, compte tenu de la tradition nazie de ces unités et des liens de ces militants islamistes avec des mouvements terroristes ultra violents du Moyen-Orient.

Mais le Times parle de cette mixture fatale de néo-nazis et d’extrémistes islamistes comme d’une bonne chose. Après tout, ils ciblent les opposants au régime des « blancs bonnets » de Kiev, tandis que les rebelles russophones et le gouvernement russe sont les « bonnets noirs ».

Pour illustrer cette orientation, Kramer a écrit : « Même pour des Ukrainiens endurcis par plus d’un an de guerre contre les séparatistes soutenus par la Russie, l’apparition de ces combattants islamistes, Tchétchènes pour la plupart, dans les villes situées près de la ligne de front tombe comme une surprise – et pour nombre d’Ukrainiens, comme une bonne surprise. [...] Pressentant un assaut dans les mois à venir, les Ukrainiens sont ravis de toute l’aide qu’ils pourront recevoir. »

Ainsi donc, le message sous-jacent semble être : « Il est temps que le peuple américain et l’opinion publique européenne intensifient leur soutien militaire et financier à un régime ukrainien, celui qui a lâché sur les russophones une force composée de nazis, de suprémacistes blancs et de militants islamistes (considérés comme des “frères” par l’État Islamique). »

[Pour plus de détails sur le bataillon Azov, voir « La Maison-Blanche reconnaît le rôle des nazis en Ukraine » sur Consortiumnews.com.]

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

 

 

Source: http://www.les-crises.fr/lukraine-voit-fusionner-nazis-et-islamistes-par-robert-parry/


Le terrorisme, c’est ça… (suite)

Tuesday 25 August 2015 at 15:32

Un type armé d’un fusil qui veut tirer sur des innocents, c’est un criminel dangereux.

Mais cela ne suffit nullement à terroriser une population.

Pour le faire, il vous faut ça (Une de L’Obs 25/08/215, 5e jour après l’attaque déjouée) :

Eh oui, étymologiquement, ce sont bien les médias les vrais “terroristes”…

Si on laisse ces traitements médiatiques survenir régulièrement, transformant nos grands médias en sous-Nouveau Détective, les chefs terroristes du Moyen-orient (si ce n’est pas juste l’oeuvre d’un fou) vont vite comprendre qu’ils mettront un pays occidental à genoux avec seulement une centaine de volontaires déterminés, intervenant régulièrement de la sorte…

Bref, comme le disaient les Guignols (RIP), “Vous regardez trop la télévision !”

P.S. Rappelons aussi un fait évident : le meilleure façon de lutter contre le terrorisme et de protéger les Français, c’est aussi de se comporter en État de droit respectueux de nos libertés mais aussi des autres pays et arrêtant d’y mettre son nez en permanence…

P.P.S : issu de vos commentaires, une bonne référence :)

« Bien entendu, le peuple ne veut pas de guerre.

Pourquoi est-ce qu’un pauvre gueux dans une ferme voudrait risquer sa vie dans une guerre dont il ne peut espérer au mieux qu’il en reviendra entier ? Naturellement, le commun de la population ne veut pas de guerre ; ni en Russie, ni en Angleterre, ni en Amérique, ni, en ce qui nous concerne, en Allemagne. C’est bien entendu.

Mais, après tout, ce sont les dirigeants d’un pays qui en déterminent les lignes d’action, et ce n’est jamais qu’une question simple que d’entraîner le peuple, que ce soit dans une démocratie, une dictature fasciste, un Parlement, ou une dictature communiste. [...] Le peuple peut toujours être converti à la cause des dirigeants.

Cela est facile. Tout ce qu’il suffit de faire, c’est de leur dire qu’ils sont attaqués et dénoncer les pacifistes pour leur manque de patriotisme qui expose le pays au danger. Cela marche de la même manière dans tous les pays ».

Par : Herman Goering - Procès de Nuremberg - Nuremberg Diary, Gustave Gilbert, éd. Da Capo Press, 1995 (Reprint Edition) (ISBN 978-0306806612), p. 278

 

Source: http://www.les-crises.fr/le-terrorisme-cest-ca-suite/


Marie-France Garaud sur France Culture

Tuesday 25 August 2015 at 00:06

Source : France Culture, le 20 août 2015.

L’interview se déroule de 33:58 à 57:15 et de 1:17:30 à 1:32:21.

Source: http://www.les-crises.fr/marie-france-garaud-sur-france-culture/


Référendum en Grèce : les éditocrates et la démocratie en 140 signes, par Acrimed

Tuesday 25 August 2015 at 00:01

Sitôt l’annonce faite par Alexis Tsipras, Premier ministre grec, de l’organisation dimanche 5 juillet d’un référendum sur le plan d’austérité « proposé » par l’ex-troïka, les éditocrates eurobéats se sont déchaînés sur Twitter. Et, en amoureux de la Grèce, ils n’ont pas manqué de rendre de vibrants hommages à la démocratie, sans jamais, au grand jamais, céder à la facilité, au raccourci ou à l’invective.
Démonstration avec les tweets de trois d’entre eux (Jean-Michel Aphatie, Arnaud Leparmentier et Jean Quatremer), exemples exemplaires de la tendance de certains « grands » journalistes à abandonner toute volonté d’informer avec rigueur et à oublier tout sens de la mesure lorsque les choses ne se passent pas comme ils l’auraient souhaité [1].

À tout seigneur tout honneur, difficile de ne pas débuter cette « revue de tweets » par ce grand connaisseur de la Grèce, où il est allé plusieurs fois en vacances, qu’est Jean Quatremer :

Tout en nuance, le journaliste de Libération prodigue donc ses conseils à « l’Eurogroupe » pour mettre en difficulté – encore un peu plus – Alexis Tsipras. Le moins que l’on puisse dire est que celui qui prétend informer sur les « coulisses de Bruxelles » [2] ne cache pas son jeu : il a choisi son camp. Ce qui l’autorise à porter des jugements pleins de finesse sur l’adversaire :

À l’instar de Jean-Michel Aphatie qui, entre deux rendez-vous pour ses transferts de l’intersaison et après avoir découvert la situation en Grèce « dans les JT » (il était temps), s’est immédiatement fait une opinion :

Il faut dire que Jean-Michel Aphatie avait mis la main à la poche pour aider les Grecs, comme il le faisait remarquer le 20 juin, alors que les négociations étaient dans l’impasse :

Et comme il l’a confirmé après l’annonce du référendum :

Arnaud Leparmentier, vice-pape du Monde, a tenu pour sa part à exprimer immédiatement son souhait de voir les Grecs sortir des difficultés :

Avant de reprendre, en la retweetant, « l’idée » du député européen des Républicains Alain Lamassoure, lui aussi loin de toute caricature :

Une « idée » originale, puisqu’elle a aussi été émise par… Jean Quatremer :

Un Jean Quatremer qui, non content d’être devenu spécialiste en référendum, s’est improvisé constitutionnaliste :

Expertise immédiatement saluée par Arnaud Leparmentier, qui a retweeté… Jean Quatremer :

Tandis que Jean-Michel Aphatie retweetait, de son côté, les questions pertinentes… d’Arnaud Leparmentier :

Et qu’Arnaud Leparmentier, en bon camarade, retweetait les analyses nuancées de… Jean-Michel Aphatie :

Ainsi que les traits d’humour (?) de… Jean Quatremer :

Reprenons. Jean Quatremer (retweeté par Arnaud Leparmentier), Arnaud Leparmentier (retweeté par Jean-Michel Aphatie), et Jean-Michel Aphatie (…) sont d’accord : haro sur le gouvernement grec et sur son projet de référendum ! Et, au cas où les adeptes de Twitter n’auraient pas bien compris le message, ils n’ont pas hésité à le répéter… ad nauseam ?

Etc.

Une belle unanimité et un goût partagé pour la nuance qui leur ont attiré quelques critiques, auxquelles ils ont toutefois su répondre sans perdre leur sens de la mesure et leur force de conviction :

« Zut ». On ne saurait mieux dire.

Julien Salingue

Post-scriptum (30 juin, 16h) : Après avoir pris connaissance de cet article, l’ineffable Jean Quatremer s’est évidemment fendu d’un tweet. Un tweet immédiatement repris par… Arnaud Leparmentier.

Notes

[1] Sauf mention contraire, l’ensemble des tweets récoltés ont été publiés entre le 27 juin et le 29 juin.

[2] C’est le nom du blog de Jean Quatremer, hébergé par Libération.

Source : Julien Salingue, pour Acrimed, le 30 juin 2015.


Curée médiatique contre le référendum « irresponsable » d’Alexis Tsipras

Dans la soirée du 26 juin, Alexis Tsipras annonçait son intention d’organiser un référendum sur le plan d’austérité proposé par les créanciers de la Grèce en échange de leur soutien financier. Consulter le peuple grec sur les réformes « indispensables » qui lui sont imposées ? « Irresponsable » répond en chœur la fine fleur de l’éditocratie française, dont les tweets rageurs préfiguraient les points de vue… tout en nuances.

En 2011 déjà, l’annonce d’un référendum, finalement abandonné, sur le « plan de sauvetage » européen avait provoqué une levée de boucliers médiatique. De cette fronde contre le « dangereux coup de poker grec »Le Monde prenait déjà la tête : « Ce n’est pas ainsi que l’Europe doit fonctionner » assurait le quotidien, qui anticipait non sans cynisme un résultat défavorable : « Imagine-t-on d’ailleurs un peuple acceptant, unanime, une purge aussi violente que celle proposée ? [1] Ce lundi, deux jours après l’annonce d’Alexis Tsipras, l’éditocratie française a remis le couvert.

Le Monde sonne la charge

Ainsi, selon l’éditorial du Monde, la tenue d’un référendum serait un« piètre chantage », voire un aveu de « faiblesse politique » de la part d’Alexis Tsipras qui refuserait « d’endosser l’échec des négociations ». Un échec dont les « Européens », c’est-à-dire les dirigeants européens, ne seraient en aucun cas responsables. Stricts mais bienveillants, ceux-ci seraient, à l’instar d’Angela Merkel, conscients de leur « responsabilité historique ». Et même prêts à se montrer souples si le mauvais élève grec acceptait de « moderniser l’État » et « collecter l’impôt ». Peu importe si l’intransigeance des créanciers portait davantage sur les mesures d’austérité, telle que la diminution des pensions. C’est Tsipras qui doit « faire preuve, enfin, de responsabilité »… c’est-à-dire à suivre les instructions des éditorialistes du Monde et « changer de posture ». De toute évidence, l’éditorialiste anonyme du Monde, à l’image de nombre de ses confrères, a choisi d’ignorer le point de vue grec sur le déroulé des événements, et notamment le récit du ministre de l’Économie Yanis Varoufakis, pourtant publié sur divers sites.

Une nouveauté : pour les lecteurs qui souhaiteraient s’épargner la lecture de l’éditorial du Monde, une version sous forme de dessin pour les enfants est disponible en « Une » :

Plusieurs dessinateurs du quotidien ont même été mis à contribution, comme en témoigne ce chef d’œuvre de Xavier Gorce, également publié le 30 juin :

Le même Xavier Gorce qui est revenu à la charge dans l’édition du 1er juillet :

Comme nous l’avions déjà noté, il suffit souvent, pour donner la mesure du caractère résolument caricatural des partis pris de l’éditorial du Monde, de lire… Le Monde. Ainsi, en cherchant un peu dans le dossier consacré à la Grèce, on trouve les articles de la correspondante Adea Guillot et de l’envoyée spéciale Annick Cojean, qui détonnent en donnant la parole aux Grecs [2]… Même si le choix des citations mises en exergue par un secrétariat de rédaction facétieux s’avère, lui, plus « orienté ». Qu’on en juge : « Ce référendum est une mascarade, un coup d’État constitutionnel »(Antonis Samaras, chef de l’opposition) ; « On frôle la limite de ce que prévoit la Constitution mais sans la violer ouvertement » (un constitutionnaliste) ; « J’ai peur du précipice et du retour à la drachme » (un jeune Grec) ; « Je déteste l’extrémisme, or ce vote nous pousse dans nos derniers retranchements » (un vendeur).

Libération à l’unisson ?

Dans l’éditorial de Libération (29 juin), Marc Semo reconnaît quant à lui qu’il est « légitime, sur le principe » d’en appeler au peuple. Mais sous conditions. Lorsque l’ancien Premier ministre Papandreou propose un référendum pour s’assurer « que les sacrifices imposés par le maintien dans la monnaie unique [soient]pleinement assumés par ses concitoyens », c’est un gage apprécié de« culture sociale-démocrate scandinave ». Lorsque Tsipras propose un référendum sur les propositions des créanciers de la Grèce et appelle à les rejeter, ce sont des « propos irresponsables ». Comprenne qui pourra.

En fait, Marc Semo reproche à Tsipras de n’avoir pas tenu un référendum sur la sortie de l’euro, mais sur le plan de rigueur imposé par les créanciers. Et de dissimuler aux Grecs que le « non » aux propositions des créanciers serait synonyme d’un « oui » à une sortie de l’euro, et donc de conséquences catastrophiques. Des reproches que partagent… Antonis Samaras, leader de l’opposition grecque. Pourtant une autre issue est possible : les créanciers pourraient tenir compte du rejet de leurs propositions par la population grecque, et mettre de l’eau dans leur vin… Mais cela ne semble pas effleurer l’esprit de Marc Semo pour qui les gouvernements européens, « tout aussi légitimes » que le gouvernement grec, n’ont fait que « rappeler les règles de la zone euro » et « essaient d’éviter le pire ». Qu’ils en soient remerciés.

D’après notre éditorialiste, une majorité de Grecs seraient d’ailleurs favorables au plan européen. Le chef du service étranger deLibération n’a visiblement pas pris soin de consulter ses correspondants sur place à Athènes : aucun sondage n’a été publié sur le référendum, d’après Pavlos Kapanais qui travaille entre autres pour… Libération.

Notons tout de même que le reportage sur place de Maria Malagardis fait, en page opposée, un contrepoint factuel à la charge de l’éditorialiste de Libération.

Jean-Marie Colombani (et quelques autres) au meilleur de leur forme

Commentaires à l’emporte-pièce depuis le fauteuil confortable d’une rédaction parisienne, informations bancales et autres partis pris droitiers sont le lot commun des éditocrates. Mais en la matière, les éditorialistes du Monde et de Libération ne font pas le poids face à Jean-Marie Colombani. Dans une tribune publiée dans Slate, il dénonce « l’imposture Tsipras » ainsi que Syriza, un parti « anti-européen »« national-populiste », qui aurait « conduit le pays dans l’impasse ». Il est vrai que la situation du pays était excellente avant les élections de janvier 2015.

Le mot « référendum » évoque-t-il de mauvais souvenir à Jean-Marie Colombani ? Furieux, il dénonce la consultation des Grecs qui serait en fait… « une prise en otage » des Grecs. Les dirigeants européens, quant à eux, « ne peuvent pas abandonner les Grecs à leur triste gouvernement ». Après Arnaud Leparmentier, c’est au tour de Jean-Marie Colombani de signer un nouvel appel à renverser le gouvernement grec. Les Grecs ont voté et soutiennent Syriza ; mais, c’est bien connu, les éditocrates savent mieux que le peuple ce qui est bon pour lui. Et Colombani de le prouver dans une conclusion pleine de lucidité : « Les Grecs méritent mieux que Tsipras et ses alliés. Comme ils n’avaient pas hier mérité les colonels. »

Un article publié sur le site de Marianne revient sur les réactions de la presse à l’annonce du référendum. On retrouve une apologie – prévisible – des « réformes » dans Le Figaro :

Les masques sont donc tombés en Grèce, mais aussi en Irlande, au Portugal, en Espagne. Tous, à l’exception d’Athènes ont choisi de se réformer au pas de charge pour tenter de conserver la monnaie européenne. Les efforts et le courage ont payé. La seule question est désormais de savoir si la Grèce peut gagner sa place dans la zone euro.

Le Figaro qui, à la « une » de son édition du 30 juin, publie un éditorial titré « Faux semblants », où l’on peut lire que « le référendum que propose aux Grecs Alexis Tsipras a tout d’un leurre », que « l’appel au peuple de Tsipras n’est qu’un “coup” politique camouflé sous le masque de la démocratie directe » et dans lequel est évoqué « le vide abyssal du projet politique de Tsipras ». Tout en finesse.

Pas en reste, le JDD titre quant à lui son article d’analyse « Alexis Tsipras, maître chanteur » [3]. Tout en nuances, à l’instar des jugements portés sur la décision d’en appeler au vote du peuple grec :

Alexis Tsipras a choisi de suivre un chemin dangereux pour son pays et de mettre le couteau sous la gorge des leaders européens.

Il faut dire que la « une » du journal annonçait la couleur…

Dans Les Échos, c’est Dominique Seux qui se fait remarquer en s’insurgeant contre « le coup de poker de trop d’Alexis Tsipras », évoquant un « chantage grossier » de la part des autorités grecques et dénonçant leur « comportement irresponsable et provocateur ». Et de conclure : « Athènes doit revenir à la table des négociations ». Sinon ?

Dans L’Opinion, Luc de Barochez dénonce, avec force accents colombaniens, « l’incompétence, de l’irresponsabilité voire de la malhonnêteté de Syriza ». Selon lui, « le référendum convoqué par Alexis Tsipras dévoie la démocratie ». Conclusion : « Face à des maîtres chanteurs, seule la fermeté paye ». Notons que là encore, la « une » du quotidien se distingue par son sens de la mesure :

***
Nous aurions pu poursuivre ce petit tour des réactions de la presse à l’annonce du référendum grec par la « une » du Monde du 1er juillet, qui oppose « Tsipras » et « les Européens » :

… ou encore avec le double éditorial Joffrin – Quatremer dans l’édition de Libération du mardi 30 juin (sur lequel nous aurons l’occasion de revenir).

… voire avec Les Échos, où l’on a pu lire des tribunes dans lesquelles Tsipras est qualifié de « braqueur de banque ». Au risque de lasser le lecteur…

Mais cette « revue de presse » n’est pas seulement une accumulation de prises de position fort éloignées du devoir d’informer, voire même outrancières : elle dessine une cohérence dans les partis pris de l’éditocratie française, qui de nouveau se range du côté des institutions européennes (rebaptisées une fois de plus « l’Europe » ou « les Européens ») et joue le rôle de chien de garde de l’eurocratie contre les empêcheurs d’austériser en rond. Voilà qui n’est pas sans rappeler le traitement médiatique d’un certain référendum organisé en 2005duquel aucune leçon ne semble avoir été tirée.

Dès lors, doit-on conclure que « la presse » est contre la Grèce ? Ce serait tentant, mais inexact : tout d’abord ce serait oublier la presse alternative, et toute une partie de la presse qui n’a pas participé à la curée contre le gouvernement grec, voire qui l’a dénoncée. Et même au sein de la presse dominante, des voix discordantes existent : il n’est pas rare qu’au sein même de « grands quotidiens », les reportages des envoyés spéciaux, ou des correspondants sur le terrain, contredisent les arguties libérales déversées à flot constant par nos éditocrates. De salutaires résistances à l’unanimisme éditorial eurobéat, sur lesquelles nous aurons l’occasion de revenir… mais qui ne sont malheureusement pas un contrepoids suffisant au bruit médiatique qui nous est imposé depuis quelques jours par ceux qui pensent que lorsque le peuple n’est pas d’accord avec une politique, il faut changer de peuple.

Frédéric Lemaire et Julien Salingue

Post-scriptum (1er juillet, 12h30) : Interpellé sur Twitter à propos de l’un des dessins que nous avons reproduits ci-dessus, Xavier Gorce, dessinateur au Monde, s’est fendu d’une réponse… qui se passe de commentaires :

Notes

[1] « Consulter le peuple grec ? Les gardiens autoproclamés de la démocratie s’insurgent  ».

[2] « Les Grecs divisés sur le référendum du 5 juillet » ; « Reprendre notre destin en main est plus important que conserver l’euro ».

[3] Sur la couverture de l’annonce du référendum par le JDD, voir aussi « Tsipras est un voyou communiste ».

Source : Frédéric Lemaire et Julien Salingue, pour Acrimed, le 1er juillet 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/referendum-en-grece-les-editocrates-et-la-democratie-en-140-signes-par-acrimed/


L’énigme de la Superpuissance, par Tom Engelhardt

Monday 24 August 2015 at 00:16

Source : Tom Dispatch, le 02/07/2015

L’émergence et le déclin d’à peu près tout

L’ascension et le déclin des grandes puissances et de leurs domaines impériaux a été un élément central de l’Histoire pendant des siècles. Il a été le cadre raisonnable, dont la justesse a été maintes fois confirmée, pour la réflexion sur le destin de la planète. Il n’est donc guère surprenant qu’en présence d’un pays autrefois régulièrement qualifié par des expressions comme « seule superpuissance », « la dernière superpuissance », ou même « l’hyperpuissance » mondiale et qui, curieusement, n’est plus désormais désigné par rien du tout, que la question du « déclin » doive émerger. Est-ce oui ou non la situation des États-Unis ? Se peut-il, ou pas, qu’ils soient maintenant sur la pente descendante de leur impériale grandeur ?

Prenez un train lent – c’est-à-dire n’importe quel train – n’importe où en Amérique, ce que j’ai fait récemment dans le nord-est, et prenez ensuite un train à grande vitesse à n’importe quel autre endroit de la Planète, ce que j’ai fait également, et il ne vous sera pas difficile d’imaginer les États-Unis en déclin. La plus grande puissance de l’Histoire, la « puissance unipolaire » ne peut pas construire un seul kilomètre de réseau ferroviaire à grande vitesse ? Vraiment ? Et son Congrès est désormais embourbé dans une controverse pour savoir si des fonds budgétaires peuvent être levés pour maintenir les autoroutes américaines plus ou moins libres de nids de poule.

Parfois, je m’imagine en train de parler à mes parents décédés depuis longtemps car je sais combien de tels faits auraient stupéfié deux personnes ayant traversé la période de la Grande Dépression, la seconde guerre mondiale, et une période d’après-guerre de confiance volontariste où la renversante richesse et le pouvoir de ce pays étaient indiscutables. Et si je pouvais leur dire que les infrastructures essentielles d’une nation encore aussi riche, les ponts, les canalisations, les routes et le reste, sont désormais largement sous-financées et dans un état grandissant de délabrement, et commencent à tomber en ruine ? Ils en seraient incontestablement choqués.

Et que penseraient-ils en apprenant qu’avec une Union soviétique dans les poubelles de l’histoire depuis un quart du siècle, les États-Unis, seuls à triompher, ont été incapables d’appliquer efficacement leur écrasante puissance militaire et économique ? Je suis sûr qu’ils seraient restés sans voix en découvrant que, depuis que l’Union soviétique s’est désintégrée, les États-Unis ont été continuellement en guerre avec un autre pays (trois conflits et une lutte sans fin) ; et que je leur parlais là, aussi incroyable que cela puisse paraître, de l’Irak ; et que la mission là-bas n’a jamais été même le plus faiblement accomplie. Comment peut-on imaginer quelque chose d’aussi invraisemblable ? Et qu’auraient-ils pensé si j’avais mentionné que les autres grands conflits de l’ère post-guerre froide ont été contre l’Afghanistan (deux guerres séparées par une pause d’une décennie) et contre le relativement petit groupe d’acteurs non étatiques que l’on appelle maintenant des terroristes ? Et comment auraient-ils réagi en découvrant les résultats : échec en Irak, échec en Afghanistan et prolifération des groupes terroristes dans la plus grande partie du Moyen-Orient (y compris l’établissement d’un véritable califat terroriste) et dans de plus en plus d’endroits en Afrique ?

Ils auraient, je crois, conclu que les États-Unis avaient passé le faîte et étaient entrés dans la sorte de déclin qui, tôt ou tard, a été le sort de toutes les grandes puissances. Et si je leur dis que, dans ce nouveau siècle, il n’y a pas eu une seule action de cette armée, que les présidents des États-Unis appellent maintenant « la plus belle force de combat qu’ait jamais connue le monde », qui n’ait été autre chose qu’un lamentable échec ? Ou que les présidents, les candidats à la présidence et les politiciens de Washington sont tenus d’insister sur quelque chose que personne n’aurait eu besoin de dire, de leur temps : que les États-Unis sont à la fois une nation « exceptionnelle » et « indispensable » ? Ou que ces mêmes politiciens doivent continuellement remercier nos troupes (comme doit le faire aussi la population) pour… bon… jamais pour un succès, mais pour le seul fait d’être là et se faire mutiler, physiquement ou mentalement, ou mourir pendant que nous vaquions à nos affaires ? Ou que l’on doive toujours parler de « héros » en évoquant nos soldats ?

De leur temps, quand il était entendu qu’il y avait obligation à servir dans une armée citoyenne, rien de tout ceci n’aurait eu beaucoup de sens, et l’attitude défensive qui consiste à insister sans discontinuer sur la grandeur américaine aurait crevé les yeux. Aujourd’hui, sa présence répétitive est la marque d’une période de doute. Sommes-nous vraiment si « exceptionnels » ? Le pays est-il véritablement « indispensable » au reste du monde et si oui, en quoi exactement ? Ces troupes sont-elles vraiment nos héros et si oui, qu’ont-elles fait au juste pour que nous en soyons si diablement fiers ?

Renvoyons mes parents ébahis à leur tombe, réunissons tous ces faits, et vous avez l’ébauche d’une description d’une grande puissance sans égal en déclin. C’est une vue classique, mais une vue qui présente un problème.

Une puissance divine à détruire

Qui aujourd’hui se souvient des publicités des années 50 de ma jeunesse pour, si je me rappelle bien, des cours de dessin, et qui posaient toujours la question : « qu’est-ce qui ne va pas dans cette image ? » (Vous étiez censés remarquer les vaches à cinq pattes flottant parmi les nuages). Donc, qu’est-ce qui ne va pas dans cette image des évidents signes de déclin ? La plus grande puissance de l’histoire, avec ses centaines de garnisons dispersées sur toute la planète, ne parvient pas à appliquer efficacement sa puissance où que ce soit qu’elle envoie son armée, ou à rappeler à l’ordre par un ensemble complet de menaces, sanctions et autres, des pays comme l’Iran et la faible Russie post-soviétique, ou à éliminer au Moyen-Orient un mouvement-état terroriste modérément armé ?

Tout d’abord, regardez autour de vous et dites-moi que les États-Unis n’ont pas toujours l’air d’être une puissance unipolaire ? Je veux dire, où exactement sont ses rivales ? Depuis le quinzième ou le seizième siècle, lorsque les premiers bateaux en bois armés de canons se sont échappés de leurs eaux tranquilles et ont commencé à engloutir le monde, il y a toujours eu de grandes puissances rivales, trois, quatre ou cinq ou plus. Et aujourd’hui ? Les trois autres candidats du moment seraient censés être l’Union Européenne (UE), la Russie, et la Chine.

Certes l’UE est une puissance économique, mais quoi qu’il en soit c’est un médiocre conglomérat d’états qui se contente de suivre servilement les États-Unis et une entité qui menace de craquer aux coutures. A l’heure actuelle la Russie est de plus en plus une source de graves préoccupations pour Washington, mais elle demeure une puissance bancale toujours à la recherche de sa grandeur et de ses anciennes frontières impériales. C’est un pays qui dépend presque autant que l’Arabie Saoudite de son industrie énergétique, et qui n’a rien à voir avec une probable future superpuissance. Quant à la Chine, c’est manifestement la puissance émergente du moment et c’est officiellement le numéro 1 de l’économie mondiale. Cependant, elle n’en reste pas moins par bien des aspects un pays pauvre dont les dirigeants craignent une implosion économique dans l’avenir (ce qui pourrait bien arriver). Comme les Russes, comme tous ceux qui aspirent à être une grande puissance, la Chine cherche à peser de tout son poids sur ses voisins – actuellement l’est et le sud des mers de Chine. Et tout comme Vladimir Poutine en Russie, les dirigeants chinois sont en effet en train de moderniser leur arsenal militaire. Mais dans les deux cas le désir profond est d’émerger comme une puissance régionale avec laquelle il faut compter, et pas comme une superpuissance ou un véritable rival des États-Unis.

Quoiqu’il arrive à la puissance américaine, il n’y a aucun rival éventuel pour en endosser la responsabilité. Et pourtant, sans adversaire à leur hauteur, les États-Unis se sont montrés curieusement incapables de mettre en pratique leur puissance unipolaire et une armée qui (sur le papier) soumette tout le monde à ses volontés. Ce n’était pas l’état normal des choses pour les grandes puissances régnantes du passé. Autrement dit, que les États-Unis soient en déclin ou pas, ce récit d’ascension et de chute semble avoir atteint, après un demi-millénaire, une sorte d’impasse silencieuse et problématique.

En quête d’une explication, examinons une histoire en rapport concernant la puissance militaire. Pourquoi, dans ce nouveau siècle, les États-Unis semblent-ils incapable de remporter une victoire ou de changer des régions essentielles en places qui pourraient au moins être contrôlées ? La puissance militaire est par définition destructrice, mais dans le passé de telles forces ont souvent préparé le terrain pour l’établissement de structures locales, régionales, ou même mondiales, aussi sinistres et oppressives qu’elles aient pu être. Que la force ait toujours été destinée à briser les choses n’empêche pas qu’elle ait parfois accompli d’autres objectifs. Pour l’heure il semble qu’elle ne sache rien faire d’autre que tout casser, sinon comment expliquer qu’au cours de ce siècle, l’unique superpuissance se soit spécialisée – en Irak, au Yémen, en Libye, en Afghanistan, et ailleurs – à briser et non bâtir des nations ?

Si pendant ces 500 dernières années les empires se sont élevés puis effondrés, l’armement quant à lui n’a fait que s’élever. Au cours de ces siècles où tant d’adversaires s’affrontaient, se taillaient des empires, menaient leurs guerres, et tôt ou tard tombaient, la puissance destructive de l’armement qu’ils utilisaient a augmenté exponentiellement : de l’arbalète au mousquet, du canon au revolver Colt, du fusil à répétition au canon Gatling, de la mitrailleuse au dreadnaught, de l’artillerie moderne au tank, du gaz toxique au Zeppelin, de l’avion à la bombe, du porte-avions au missile, avec en bout de ligne, « l’arme de la victoire » de la seconde guerre mondiale, la bombe nucléaire qui allait rendre les tenants des plus grands pouvoirs et même plus tard les petits chefs, semblables aux dieux.

Pour la première fois les représentants de l’humanité avaient entre leurs mains le pouvoir de tout détruire d’une manière que seuls quelque dieu ou divinités auraient pu imaginer. Nous pouvions maintenant créer notre propre fin du monde. Mais voici la mauvaise nouvelle : cet armement qui a apporté la puissance des dieux sur la Terre n’a, d’une certaine manière, offert aucun pouvoir pratique aux dirigeants nationaux. Dans le monde de l’après Hiroshima-Nagasaki, ces armes nucléaires se seront montrées inutilisables. Car une fois lâchées sur la planète il n’y aurait plus ni ascensions, ni chutes. (Nous savons aujourd’hui, que le moindre échange nucléaire entre deux non moindres petites puissances pourrait, à cause de l’hiver nucléaire engendré, être fatal à la planète).

Le développement de l’armement dans une période de guerre limitée

Dans un certain sens, la seconde guerre mondiale pourrait être considérée comme l’instant ultime pour les récits de propagande à la fois de l’empire et de l’armement. Elle aura été la dernière « grande » guerre dans laquelle des puissances dominantes pouvaient lancer tout l’arsenal dont elles disposaient, dans leur quête de la victoire finale et de la réorganisation finale de la planète. Il en est résulté une destruction inouïe de vastes zones du globe, la mort de dizaines de millions de gens, la réduction de grandes cités à l’état de gravats et d’innombrables personnes à l’état de réfugiés, la création d’une structure industrielle pour perpétrer un génocide, et enfin la construction de ces armes de destruction définitive, ainsi que les premiers missiles qui deviendraient un jour leurs vecteurs indispensables. Et de cette guerre ont émergé les derniers rivaux de l’époque moderne – dont le nombre s’est ensuite réduit à deux : les « superpuissances ».

Ce mot même de superpuissance portait quasiment en lui la fin de l’histoire. Il faut se le représenter comme le jalon d’une nouvelle ère, puisqu’on avait quitté le monde des « grandes puissances » pour aller vers quelque chose de presque indicible. Tout le monde le percevait. Nous entrions alors dans le règne de « la puissance au carré », ou de la force multipliée dans de telles proportions qu’elle atteignait à la « superpuissance » – comme celle qu’on entent dans le terme « surhumain ». Ce qui a effectivement fait de ces puissances des superpuissances était tout à fait évident : les arsenaux nucléaires des États-Unis et de l’Union soviétique, c’est-à-dire leur capacité potentielle de destruction qui était sans précédent et qui pouvait être définitive. Ce n’est pas par un pur hasard si les scientifiques qui ont conçu la bombe H en parlaient comme ébahis, en la qualifiant de « super bombe » ou simplement de « la super ».

L’inimaginable s’était produit. Il s’est avéré qu’il pouvait exister une pareille chose qu’un pouvoir trop grand. Ce qui a été nommé lors de la seconde guerre mondiale « guerre totale », la pleine utilisation de la puissance d’un grand état dans le but de la destruction d’autres états, n’était plus concevable. La Guerre Froide a mérité son nom pour une bonne raison. Un conflit ouvert entre les États-Unis et l’URSS ne pouvait pas éclater, tout comme était inconcevable que s’ouvre une nouvelle guerre mondiale – éventualité que la crise des missiles cubains nous a fait toucher du doigt. Leur puissance ne pouvait s’exprimer que « dans l’ombre », ou dans des conflits restreints aux « périphéries ». Les puissances se retrouvaient, de manière plutôt inattendue, pieds et poings liés.

Cela se refléta rapidement dans la terminologie militaire américaine. A la suite de la frustration de l’impasse coréenne (1950-1953), une guerre dans laquelle les États-Unis se sont retrouvés dans l’incapacité d’utiliser la plus puissante de leurs armes, Washington a adopté un nouveau langage pour le Vietnam. Ce conflit était destiné à rester une « guerre limitée ». Et cela signifiait une chose : l’arme atomique serait exclue.

Pour la première fois, il semblait que le monde se trouvait face à une sorte de surabondance de puissance. Il n’est pas déraisonnable de supposer que, dans les années qui suivirent la fin de l’impasse qu’était la Guerre Froide, la réalité a en quelque sorte fui le domaine nucléaire pour s’infiltrer dans les autres aspects de la guerre. Dans ce mouvement, la guerre entre grandes puissances se trouvait limitée de nouvelles manières, tout en étant en quelque sorte réduite à ses aspects destructeurs et à rien de plus. Il a semblé soudain qu’elle ne recelait plus d’autre possibilité – ou du moins c’est ce que suggère l’attitude de l’unique superpuissance de ces années-là.

On peut difficilement dire que le vingt-et-unième siècle ait vu la fin de la guerre et des conflits, mais quelque chose a supprimé l’efficacité normale de la guerre. Le développement des armes n’a pas cessé non plus, mais les armements de haute-technologie les plus récents se révèlent à notre époque curieusement inefficaces. Dans ce contexte, l’insistance actuelle à produire des « armes de haute précision », non plus le tapis de bombes des B52 mais une capacité de frappe « chirurgicale » au moyen de JDAM [Joint Direct Attack Munition, un système de guidage des bombes par GPS, NdT], devrait être pensé comme l’arrivée de la « guerre limitée » dans le domaine du développement des armements.

Le drone, parmi ces armes de précision, en est un exemple frappant. Malgré leur penchant à produire des « dommages collatéraux », il ne s’agit pas d’une arme de massacre indiscriminé du style de ceux de la seconde guerre mondiale. De fait, ils ont été utilisés avec une certaine efficacité pour lutter contre les dirigeants de groupes terroristes dans une espèce de jeu de la taupe en abattant les chefs ou lieutenants les uns après les autres [Le jeu de la taupe est un jeu d'arcade dont le but est de taper avec un marteau en plastique sur la tête de taupes au fur et à mesures qu'elles sortent des trous, NdT]. Pourtant, tous les groupes contre lesquels ils ont été utilisés n’ont fait que proliférer, gagnant en puissance (et en brutalité) au cours de ces mêmes années. Pour le dire autrement, cela s’est avéré un excellent outil pour étancher une soif de sang et de revanche, mais pas pour faire de la politique. En fait, si la guerre est de la politique par d’autres moyens (comme le prétendait Carl von Clausewitz), la vengeance ne l’est pas. Personne ne devrait donc s’étonner de ce que les drones n’aient pas mené une guerre efficace contre la terreur, mais plutôt une guerre qui semble encourager la terreur.

Il nous faut ici ajouter un point : cette surabondance de pouvoir mondial s’est également accrue exponentiellement d’une autre manière. Durant ces années, le pouvoir destructeur des dieux s’est abattu sur l’humanité une seconde fois, avec ce qui pouvait sembler la plus paisible des activités : la combustion d’énergies fossiles. Le changement climatique promet aujourd’hui une version ralentie de l’apocalypse nucléaire, en accroissant la pression sur les sociétés et en accélérant leur fragmentation, tout en introduisant de nouvelles formes de destruction dans nos vies.

Qu’est-ce que je comprends à tout cela ? Pas grand-chose. Je fais juste de mon mieux pour parler de ce qui est évident : que le pouvoir militaire ne semble plus agir comme il le faisait auparavant sur la planète Terre. Sous différentes menaces apocalyptiques, quelque chose semble s’être brisé, quelque chose semble se fragmenter, et avec cela les histoires qui nous étaient familières – les cadres familiers qui nous permettaient de penser à comment tournait le monde – perdent de leur efficacité.

Peut-être le déclin sera-t-il l’avenir de l’Amérique, mais sur une planète poussée aux extrêmes, ne comptez pas trop que cela se produise de la manière habituelle, par la naissance et le déclin des grandes puissances – ou même des superpuissances [L'auteur fait allusion au célèbre ouvrage de l'historien britannique des relations internationales Paul Kennedy, publié en 1989, intitulé Naissance et déclin des grandes puissances, NdT]. Il se passe quelque chose d’autre sur la planète Terre. Tenez-vous prêt.

Source : Tom Dispatch, le 02/07/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/lenigme-de-la-superpuissance-par-tom-engelhardt/


Revue de presse du 24/08/2015

Monday 24 August 2015 at 00:01

Les banksters, à qui profite la Grèce ? la démocratie ou pas, les sanctions qui lassent leurs responsables… La revue est de retour, bonne lecture !

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-24082015/


BRESIL. “Dilma Rousseff ne s’en ira pas”

Sunday 23 August 2015 at 00:16

Tiens, pour changer… Encore un article impartial sur les BRICS, comme on l’a vu dans cette série

La contestation contre la présidente du Brésil ne cesse de grandir, et le mot “destitution” est dans toutes les bouches. Interview.

Source : Sandrine Wastiaux, pour L’Obs, le 16 août 2015.

Le président brésilienne Dilma Rousseff lors de la cérémonie de lancement du Programme d'investissement dans l'énergie au Palais du Planalto à Brasilia, le 11 Août, 2015 EVARISTO SA (AFP)

Le président brésilienne Dilma Rousseff lors de la cérémonie de lancement du Programme d’investissement dans l’énergie au Palais du Planalto à Brasilia, le 11 Août, 2015 EVARISTO SA (AFP)

EN BREF

Christophe Ventura, chercheur associé à l’Iris (Institut de Relations Internationales et Stratégiques), auteur de “L’éveil d’un continent : Géopolitique de l’Amérique Latine et des Caraïbes” (Armand Colin, 2014), nous explique les raisons de la crise politique au Brésil, et les défis auxquels Dilma Rousseff doit faire face [interview réalisée avant les rassemblements de dimanche, NDLR].

La cote de popularité de Dilma Rousseff est en chute libre. Sept mois après sa réélection, seulement 8% de la population a une opinion favorable envers sa politique, et 66% des Brésiliens interrogés souhaitent qu’une procédure de destitution soit engagée à son encontre. Comment expliquez-vous cette situation ?

- Il faut être prudent, au Brésil plus qu’ailleurs, avec l’industrie de sondage. La vie médiatique est une véritable arène politique. Et la plupart des médias affirment un engagement contre le gouvernement de Dilma Roussef.

Cependant ce sondage traduit quelque chose de réel qui est la crise politique au Brésil. Le vrai problème du gouvernement aujourd’hui est l’héritage de la politique de Lula, ancien Président. Ses deux mandats ont été marqués par des progrès sociaux et démocratique significatifs, 40 millions de brésiliens sont sortis de la pauvreté. Le niveau d’enrichissement social ne cessait de croître.

Alors qu’aujourd’hui cette tendance s’effrite, et les effets de la crise économique sont palpables. Le ralentissement de la croissance chinoise et la baisse du cours des matières premières a eu des conséquences lourdes pour l’économie brésilienne. En effet, elle est largement dépendante de l’exportation de matières premières et la Chine était son premier partenaire.

Le Brésil se trouve dans un cycle de récession : l’inflation gagne des points et grignote le pouvoir d’achat des Brésiliens.

Les contestations ne sont pas seulement populaires, mais aussi politiques. Deux partis ont déjà quitté la coalition de centre gauche de Dilma Rousseff, est-ce une crise interne à sa majorité ou une véritable crise politique ?

- La crise économique est indéniablement l’objet d’une bataille politique. On ne peut pas dissocier la situation politique de la situation économique. Dilma Rousseff mène une politique libérale de rigueur, voire d’austérité. Ces choix lui font des ennemis des deux côtés de l’échiquier politique. Pour la gauche, ces choix sont trop ‘austéritaires’ et pour la droite elle ne va pas assez loin dans la politique de rigueur. Elle est prise entre ses deux oppositions.

Ces contestations font aussi échos aux nombreuses affaires de corruption qui ébranlent le gouvernement et les proches de Dilma Rousseff.

Le vrai problème au Brésil est la dépendance de la vie politique au secteur financier.

En effet, le système politique est majoritairement financé par le secteur privé à hauteur de 80% à 90%. Cette situation gangrène la vie politique.

Le ras-le-bol général des Brésiliens face à la corruption, à la crise économique et politique se fait largement ressentir. Une nouvelle manifestation aura lieu dimanche 16 août pour appeler à la destitution de la présidente. Dilma Rousseff peut-être destituée ?

- Il n’y a pas que des manifestations de contestations. Le 20 août prochain, les mouvements sociaux organisent une journée de soutien à la démocratie et au gouvernement.

Pour ce qui est de la mesure d’impeachment, elle a peu de chance de voir le jour.

Elle demande une majorité qui est très difficile à mobiliser et ne fait pas l’unanimité au sein des partis de droites. De plus, les milieux d’affaires et les milieux financiers sont très peu intéressés par une ‘crise constitutionnelle’. Cela amènerait une situation trop instable de crispation politique. Ce que les milieux d’affaires souhaitent de Dilma Roussef, c’est qu’elle abandonne la dimension ‘gauche’ de sa politique et qu’elle mène une politique en adéquation avec leurs revendications.

Même si elle est contestée, Dilma Rousseff ne s’en ira pas d’elle-même. Ce ne sont que des spéculations, elle a été élue de manière légitime.

Les milieux politiques et financiers bénéficient d’une forte influence, et ont des moyens de pressions sur le gouvernement. Qu’en est-il des mouvements contestataires ? Comment peuvent-ils être entendus et être influents à leur tour ?

- Ils font entendre leur voix lors de journée de mobilisation comme dimanche prochain en occupant la rue. Ils espèrent faire avancer leurs revendications, et créer de nouvelles fractures au sein de partis politique pour affaiblir Dilma Rousseff. Ils réclament une refonte générale de la vie politique et se mobilisent pour repenser profondément le système politique brésilien.

Les mouvements populaires de gauche sont très importants au Brésil, ils ont donc assez d’influence pour faire entendre leur voix. Ils contribuent à la contestation politique dans la mesure où ils critiquent la politique de Madame Rousseff qui ne respecte pas le programme pour lequel elle a été élue.

Ils sont, de plus, très attentif à l’action et la position de l’armée. Avec le coup d’état en 1964 et la restauration démocratique relativement récente, il y a de ça 30 ans, les forces de gauche font attention aux liens qui peuvent exister entre la droite et l’armée.

Il y a une réelle polarisation de la vie politique au Brésil qui s’accroit, pèse sur la vie politique, et sur Dilma Roussef aujourd’hui à la tête du pays.

Quelles sont, alors, les perspectives pour Dilma Roussef ?

- Elle subit de fortes pressions autour d’elle en ce moment. L’objectif des partis de droite est d’obliger Madame Rousseff à mettre en place la politique qu’ils soutiennent, et d’éviter un nouveau mandat de Lula. La popularité de l’ex-président n’a jamais été aussi grande, il y a de forte chance qu’il se représente en 2018. La droite veut empêcher cela.

La question que doit se poser la présidente brésilienne aujourd’hui est : quelle(s) alliance(s) peut-elle faire ?

Il faut analyser la nature de la crise et décider d’une alliance soit plus à gauche soit plus à droite. Elle ne peut pas rester en permanence entre ces deux positions sans prendre réellement parti d’un côté ou de l’autre.

Source: http://www.les-crises.fr/bresil-dilma-rousseff-ne-sen-ira-pas/


Grèce : l’inévitable contribution de BHL à la propagande anti-Tsipras

Sunday 23 August 2015 at 00:01

D’abord l’article de BHL concernant Tsipras, puis l’analyse d’Acrimed…

Tchao Tsipras, par Bernard-Henri Lévy

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Au moment – lundi 29 juin – où j’écris ces lignes, nul ne sait comment tournera la crise grecque. Mais j’ai assez dit, ailleurs, la colère que m’inspire l’Europe sans âme d’aujourd’hui, sans projet digne de ce nom et infidèle à ses valeurs non moins qu’à ses pères et moments fondateurs, j’ai assez dénoncé l’aveuglement, à quelques notables exceptions près (Jacques Delors…), de la plupart des acteurs de l’époque sur les tours de passe-passe permettant, il y a quinze ans, l’entrée précipitée de la Grèce dans la zone euro, pour m’interdire de dire, aussi, les sentiments que m’inspire l’attitude, ces jours-ci, de M. Tsipras. Car que lui demandaient, à la fin des fins, et à ce stade de l’histoire, les représentants de ce que, dans une rhétorique qui n’est pas loin de celle de l’extrême droite grecque, il n’appelle jamais que « les institutions » ?

Un effort fiscal minimal, dans un pays où il serait temps d’entendre que disposer d’une administration solide, capable de lever l’impôt et de le répartir équitablement est, aux termes de l’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, un principe élémentaire sans lequel il n’y a pas de démocratie qui tienne.

Un relèvement à 67 ans, sauf dans les métiers à haute pénibilité, de l’âge moyen de départ à la retraite comme ce sera, à plus ou moins court terme, le cas aux Pays-Bas, au Danemark, en Grande-Bretagne, en Allemagne, autrement dit dans un grand nombre des pays dont on sollicite la solidarité des citoyens (sans même parler des Etats-Unis où il y a, actuellement, débat sur le report de 67 à… 70 ans !).

Une diminution – mais pas immédiate – d’un budget de défense qui n’est peut-être pas absurde compte tenu de la situation géostratégique du pays, mais dont on peut tout de même noter qu’il est, en pourcentage, le plus élevé de l’Union européenne et qu’il place la Grèce de Syriza au 5e rang des importateurs d’armes, juste derrière l’Inde, la Chine, la Corée et le Pakistan.
En échange de quoi M. Tsipras s’était vu offrir une nouvelle tranche d’aide de la part d’un FMI dont il a tendance à oublier qu’avant d’être une pompe à phynances à la manière d’Alfred Jarry et à sa seule disposition, il est un fonds supposé aider, aussi, le Bangladesh, l’Ukraine ou les pays d’Afrique ravagés par la misère, la guerre et l’échange inégal – et, par ailleurs, un allégement-restructuration des aides antérieures à 2011 dont chacun sait qu’elles ne seront, en réalité, pas remboursées.

Peut-être Mme Lagarde, sa bête noire avec Mme Merkel, a-t-elle mal « communiqué ».
Mais tel était l’état réel de la négociation quand il a unilatéralement choisi, ce vendredi 26 juin, de la rompre.

Et c’était, compte tenu du passif et des erreurs du passé, le mieux qui pouvait être offert par un Fonds monétaire international qui avait à décider, au même moment, l’avant-dernier décaissement des sommes promises à la Tunisie, le maintien ou non de la facilité élargie de crédit au Burundi et la révision des plans d’aide aux systèmes de santé des pays les plus frappés par le virus Ebola.

A ce plan, M. Tsipras a choisi de répondre en reprenant, là aussi, la rhétorique de l’extrême droite sur la prétendue « humiliation grecque ».

Au lieu de pointer les vrais responsables de la crise que sont, entre autres, les armateurs offshorisés ou le clergé orthodoxe défiscalisé, il a repris jusqu’à la nausée l’antienne nationale-populiste sur le méchant euro étranglant l’exemplaire démocratie.
Et il a fini, à bout d’arguments, et entre deux visites à Poutine, par concevoir cette idée de référendum qui, compte tenu du contexte, des délais et du soin pris, surtout, à obscurcir les termes de la question, ressemble moins à une juste et saine consultation populaire qu’à un chantage en bonne et due forme à l’adresse de l’Occident.

Dira-t-on que son prédécesseur social-démocrate, Georges Papandréou, n’a pas fait autre chose, au moment de la crise financière, il y a cinq ans ?

Justement non.

Car il s’agissait, pour Papandréou, de voir accepté par ses concitoyens un plan de sauvetage qu’il avait étudié, discuté, validé.

Alors qu’il s’agit, pour Tsipras, de leur faire endosser la coresponsabilité d’un naufrage dont lui, et lui seul, par un mélange d’irresponsabilité, d’esprit de système et, probablement, d’incapacité à trancher, a pris le risque historique.
On sent, derrière l’opération, la lutte de courants minable au sein de Syriza.
On devine, derrière ce coup de poker qu’il a probablement cru habile, le politicien ménageant l’aile radicale de son parti en même temps que son image, son avenir personnel, ses arrières.

Mais est-ce ainsi que l’on gouverne un grand pays ?

Et la Grèce ne mérite-t-elle pas mieux que ce démagogue pyromane s’alliant avec les néonazis d’Aube dorée pour faire avaler au Parlement son projet de plébiscite ?

C’est lui-même, Alexis Tsipras, qui avait rétorqué au président du Conseil européen, Donald Tusk, lui lançant « the game is over » dans les derniers temps de la négociation : « la pauvreté d’un peuple n’est pas un jeu ! »

Eh bien, on a envie de lui retourner le compliment et de lui rappeler qu’elle ne se joue pas non plus, cette pauvreté, au poker ou à la roulette grecque – et qu’on ne mène pas son peuple au précipice pour se sortir de l’impasse où l’on s’est soi-même enfermé.

Source : BHL, pour www.bernard-henri-levy.com, le 2 juillet 2015.

Et maintenant, la critique d’Acrimed, dont BHL dirait qu’ils sont surement nazis eux aussi ;)

Grèce : l’inévitable contribution de BHL à la propagande anti-Tsipras

Source : Martin Coutellier (avec Julien Salingue), pour Acrimed, le 3 juillet 2015.

Dans la tempête actuelle, Bernard-Henri Levy fait preuve d’une constance admirable : autant que sa force d’attraction pour les tartes à la crème, ses méthodes – mensonges, insinuations, insultes – résistent à l’épreuve du temps. À l’évidence, la crise politique actuelle en Grèce, qui excite toute l’éditocratie française [1], nécessitait toute la sagacité du philosophe milliardaire. Dans son « bloc-notes » paru le 30 juin sur le site du Point, son « analyse » subtilement titrée « Tchao Tsipras » ne nous apprend rien sur la situation de la Grèce, mais dit beaucoup de l’état de rage dans lequel cette situation le plonge.

Après avoir expliqué qu’il s’autorise à donner son avis sur l’attitude d’Alexis Tsipras parce qu’il s’est autorisé, « ailleurs », à donner son avis sur tout (« J’ai assez dit, ailleurs, la colère que m’inspire l’Europe sans âme d’aujourd’hui (…), j’ai assez dénoncé l’aveuglement, à quelques notables exceptions près (…), de la plupart des acteurs de l’époque (…) pour m’interdire de dire, aussi, les sentiments que m’inspire l’attitude, ces jours-ci, de M. Tsipras »), BHL entre dans le vif du sujet.

Mensonges

En deux courts paragraphes, BHL prétend résumer le contenu des négociations en cours entre le gouvernement grec et ses « partenaires » : on demanderait à la Grèce « un effort fiscal minimal », un relèvement de la retraite à 67 ans, et une diminution du budget de la défense ; « en échange de quoi M. Tsipras s’était vu offrir une nouvelle tranche d’aide de la part du FMI » [2], prétend l’ancien nouveau philosophe. Peu lui chaut que le FMI en question ait refusé des propositions du gouvernement grec visant à augmenter les rentrées fiscales, comme relaté – entre autres – danscet article du Monde. Peu lui chaut également que « l’offre » du FMI soit conditionnée à d’autres mesures, comme la suppression de retraites complémentaires pour les plus fragiles, et surtout que la question de la dette soit tout à fait centrale dans ces négociations (voir par exemple cet article de La Tribune). Si Bernard-Henri Lévy expose une situation compliquée de façon simpliste, c’est qu’il en ignore volontairement certains aspects cruciaux. Le philosophe à la crème ment donc au moins par omission.

Second mensonge, et pas des moindres, celui selon lequel Alexis Tsipras aurait pris la décision d’avoir recours à un référendum« entre deux visites à Poutine ». Une argutie rhétorique destinée à jeter le soupçon sur le Premier ministre grec, qui agirait donc sur ordre de Moscou. Le problème est que, là encore, BHL raconte n’importe quoi : la dernière visite d’Alexis Tsipras en Russie remonte au 19 juin, soit une semaine avant l’annonce de l’organisation du référendum et il n’y est, depuis, pas retourné. Certes, BHL finira par avoir raison la prochaine fois qu’Alexis Tsipras rencontrera Vladimir Poutine : la décision d’organiser le référendum aura été prise « entre deux visites à Poutine ». Mais quel rapport entre le référendum et les visites ? Aucun. Mais signalons tout de même à Bernard-Henri Lévy cet autre fait troublant : le vote en première lecture de la Loi Macron (février 2015) a eu lieu « entre deux visites d’Hollande à Poutine » (décembre 2014 et avril 2015). Voilà qui mériterait une enquête de l’inspecteur BHL …

Insinuations… et insultes

De longue date, Bernard-Henri Lévy a trouvé ce qui unit les gens qui ne lui plaisent pas : ils sont tous nazis ! Alexis Tsipras, lui, se contenterait dans un premier temps de « reprendre la rhétorique d’extrême droite », en appelant le FMI, la BCE et les représentants de l’UE « les institutions » et en faisant référence à « l’humiliation grecque ». On ne voit pas bien en quoi cette rhétorique est « d’extrême-droite », mais si BHL le dit… Quant aux raisons qui ont poussé Alexis Tsipras à demander un référendum, BHL « sent » et« devine » qu’elles n’ont « probablement » rien à voir avec l’inflexibilité de la Troïka : « On sent, derrière l’opération, la lutte de courants minable au sein de Syriza. On devine, derrière ce coup de poker qu’il a probablement cru habile, le politicien ménageant l’aile radicale de son parti en même temps que son image, son avenir personnel, ses arrières. » Ménager son image et son avenir personnel, voilà bien le genre de comportement que le modeste et altruiste BHL a toujours refusé.

Au total, selon Bernard-Henri Lévy, ce référendum « ressemble moins à une juste et saine consultation populaire qu’à un chantage en bonne et due forme à l’adresse de l’Occident. » Où cet Occident avec majuscule permet de sous-entendre que le gouvernement d’Alexis Tsipras, en organisant une consultation de tous les Grecs, s’en prend au fond à tous les Français, Allemands, Belges, Américains [3], etc. La Grèce exclue de « l’Occident » ? Étonnant de la part de quelqu’un qui se prétend « philosophe »… Ou alors le gouvernement grec ne fait pas partie de « l’Occident »… parce qu’il n’agit pas en conformité avec les « valeurs occidentales » ? Le référendum concernant la suite des négociations entre la Grèce et ses créanciers serait-il le dernier épisode en date du « choc des civilisations » ?

De l’autre côté de la table des négociations, le FMI devient une association philanthropique sous la plume de BHL : il s’agit « d’un fonds supposé aider, aussi, le Bangladesh, l’Ukraine ou les pays d’Afrique ravagés par la misère, la guerre et l’échange inégal », dont les versements à la Grèce sont à mettre en balance avec« l’avant-dernier décaissement des sommes promises à la Tunisie, le maintien ou non de la facilité élargie de crédit au Burundi et la révision des plans d’aide aux systèmes de santé des pays les plus frappés par le virus Ebola. » Alexis Tsipras allié objectif d’Ebola ? Il fallait oser ! Mais BHL ose tout, c’est même à ça qu’on le reconnaît.

Sans surprise, BHL finit par franchir le pas, et passe des insinuations à l’insulte franche : Tsipras est en réalité un« démagogue pyromane s’alliant avec les néonazis d’Aube Dorée ». Mais de quelle alliance parle-t-on ? Syriza et Aube dorée auraient-ils un programme politique commun ? Évidemment, non. BHL ment et diffame en prenant prétexte du fait que le parti Aube dorée est également favorable à un référendum (et à un vote « non »). Mais s’agit-il pour autant d’une « alliance » ? Dans ce cas, on ne pourra s’empêcher de noter qu’en soutenant l’intervention française au Mali en janvier 2013, BHL s’était « allié » avec le Front national,également partisan de l’intervention. Vous avez dit amalgames ?

Mensonges, insinuations et insultes qui n’empêchent pas BHL d’asséner une grande leçon de morale politique en guise de conclusion : « on ne mène pas son peuple au précipice pour se sortir de l’impasse où l’on s’est soi-même enfermé. » Et nous le reconnaissons sans peine : la leçon serait valable si elle avait le moindre rapport avec la situation actuelle de la Grèce.

***
L’image représentant les tenanciers de nos « grands » médias, éditocrates ubiquitaires et chroniqueurs multicartes, en chiens de garde de l’ordre établi ne s’était pas donnée à voir avec autant d’éclat depuis quelque temps [4]. À lire et entendre BHL et les autres éditorialistes et chroniqueurs aboyant et écumant de rage contre le gouvernement grec sous prétexte que celui-ci a pris la décision de consulter les électeurs qui l’ont placé aux responsabilités, on ne peut que trouver l’analogie frappante de justesse.

Notes

[1] Voir nos articles « Référendum en Grèce : les éditocrates et la démocratie en 140 signes » et « Curée médiatique contre le référendum « irresponsable » d’Alexis Tsipras ».

[2] C’est nous qui soulignons.

[3] Qui oserait prétendre que les États-Unis ne font pas partie de « l’Occident » ?

[4] À n’en pas douter, et comme on peut le vérifier dans de nombreux articles publiés sur notre site (par exemple ici), ils remplissent cette fonction sans discontinuer, mais de façon plus visible dans les moments de tensions où les enjeux sont plus importants.

 

Source: http://www.les-crises.fr/grece-linevitable-contribution-de-bhl-a-la-propagande-anti-tsipras/