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Cet homme veut devenir président des Etats-Unis, voter une loi, puis démissionner

Saturday 22 August 2015 at 00:16

Un candidat bien plus intéressant que ceux dont on nous rabat les oreilles :)

Source : L’Obs Publié le 18-08-2015

Lawrence Lessig, juriste de renom, souhaite réformer le système politique américain “corrompu”. Et il a un projet fou pour y arriver.

Le nom de Lawrence Lessig ne dit rien à nombre d’internautes. Pourtant, il pourrait bien bousculer la campagne présidentielle américaine.

C’est à ce professeur de droit de 54 ans que l’on doit les premières analyses législatives d’internet, les premières critiques contre le droit d’auteur et la création des Creative Commons, licence libre de partage d’œuvres. Sorti de nulle part, Lawrence Lessig a annoncé sa volonté de se présenter à l’investiture démocrate, aux côtés de l’ultra-favorite Hillary Clinton, l’outsider Bernie Sanders, Lincoln Chafee, Martin O’Malley et Jim Webb.

La candidature de cet “Elvis du droit du numérique”, selon les termes du magazine “Wired“, est loin d’être conventionnelle. Le programme de Lawrence Lessig se résume à une seule proposition : réformer le système électoral américain, devenu profondément “faussé” par le poids de l’argent. Il se présente ainsi comme un “candidat-référendum” puisqu’il souhaite faire passer une loi, une seule, pour ensuite démissionner et laisser son vice-président diriger le pays pour les quatre années suivantes.

Si le Congrès réalise que l’issue est inéluctable, il pourrait travailler sur ce projet de loi et l’adopter avant même que je ne sois investi. Ensuite, j’aurais juste à passer une heure ou un jour, et je retournerai à Cambridge [où il enseigne à Harvard, NDLR]. Ce serait l’idéal”, explique-t-il à “Forbes”.

Un pari fou, à la hauteur du personnage.

De brillant juriste à icône geek

Le Monde” présente Lawrence Lessig comme une “icône geek”. Et pour cause. Cet Américain blond aux lunettes rondes a d’abord étudié l’économie et le management à l’université de Pennsylvanie (Etats-Unis) avant de se pencher sur la philosophie à Cambridge (Angleterre), pour finalement étudier le droit à Yale (Etats-Unis). Rien que ça.

Il devient alors l’assistant du juge Richard Posner à la Cour d’appel à Chicago, puis celui du juge Antonin Scalia à la Cour suprême. En parallèle, le juriste enseigne le droit à l’université, d’abord de Chicago, puis de Stanford, et finalement d’Harvard.

Le brillant parcours de Lawrence Lessig se complète par sa spécialisation : Internet. C’est en effet l’un des premiers intellectuels à s’emparer du numérique comme sujet d’étude. En 1999, il publie “Code et autres lois du cyberespace”, un livre où il démontre que, à l’inverse de ce que clame la Silicon Valley libertarienne, le code informatique n’est pas neutre. Il en tire ainsi la maxime “le code est la loi”, et commence à poser les questions de vie privée, de liberté d’expression et surtout de propriété intellectuelle.

Lawrence Lessig entame alors toute une campagne pour réformer le principe du copyright (loi régissant le droit d’auteur aux Etats-Unis), qu’il juge obsolète à l’ère numérique où la copie et le partage se multiplient. Il plaide ainsi pour une réforme du droit afin que la loi ne réprime plus les échanges sur internet.

Le juriste crée alors les Creative Commons, ce système permettant de partager une œuvre et de la protéger tout en la libérant du système des droits d’auteur.

Croisade contre la corruption

En 2007, Lawrence Lessig surprend son monde en annonçant que de la lutte contre le copyright, il souhaite passer à la réforme de la vie politique “corrompue”. Pour lui, ce n’est pas la “corruption” au sens traditionnel du terme, mais le fait que les intérêts financiers définissent trop souvent les priorités des législateurs et influencent leurs positions.

“Cette idée a été lancée par Al Gore [ancien vice-président, NDLR]. Lors d’une de ses conférences sur le réchauffement climatique, [il] a parlé de l’incapacité de notre système politique à reconnaître la réalité du changement climatique, observant à juste titre qu’il s’agit d’un problème beaucoup plus important [du] processus politique. Nos gouvernements ne comprennent pas les faits, même basiques, lorsque de puissants intérêts ont un intérêt dans cette incompréhension”, raconte le juriste sur son site.

Lawrence Lessig dit avoir éprouvé cette sensation à de nombreuses reprises, en particulier quand l’industrie du divertissement américaine, Disney en tête, a réussi à faire modifier une loi pour étendre encore plus la durée des droits d’auteur. “Qui se soucie de Mickey Mouse ?”, critique-t-il dans “The Nation” en 2008. “Si l’on n’arrive pas à résoudre le problème du réchauffement de la planète ? Une question aussi fondamentale que celle du réchauffement ? Alors, on est foutus.” Avec son livre “Republic, Lost”, sorti en 2011, Lawrence Lessig achève de formuler sa croisade :

Le système politique américain est truqué. Aucun changement notable n’interviendra avant qu’il ne soit corrigé.”

Au “Boston Globe”, il pointe ainsi qu’au premier trimestre 2011, le Congrès américain a passé plus de temps à travailler sur les “frais de transaction par carte bancaire” que sur tout autre sujet, en dépit de “deux guerres, du chômage, d’un déficit abyssal, des enjeux d’assurance santé et du réchauffement climatique”.

Aucun élu du Congrès ne s’est fait élire en se disant : ‘Je vais m’occuper de tel problème’. La raison est que si vous laissez planer le doute sur votre position sur un dossier, des millions de dollars vont vous tomber dessus”, tranche-t-il.

Le juriste estime que les élus du Congrès passent ainsi “30 à 70% de leur temps à lever de l’argent”.

“Un gouvernement libéré de l’argent”

Lawrence Lessig s’explique encore

La vérité selon laquelle ‘nous sommes tous créés égaux’ est devenue la vérité de George Orwell [auteur de 'La Ferme des animaux', NDLR] : ‘Tous les animaux sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres.’ L’engagement central d’une démocratie représentative a été perdu.”

A l’approche de l’élection présidentielle américaine de 2016, cette question de la “corruption” est devenue particulièrement prégnante. Le “New York Times” a rapporté que moins de 400 familles sont derrière près de la moitié de l’argent fourni aux candidats, soit “une concentration de donateurs politiques sans précédent dans l’ère moderne”. Et il s’agirait des plus riches Américains.

“Chacun des principaux candidats pour la présidentielle a accepté cette corruption ; comme si, sans réparer le système, nous pouvions réellement obtenir des législations contre le changement climatique ou limiter la prolifération des armes”, critique Lawrence Lessig. “Comme si, sans changer d’abord le financement des campagnes électorales, nous pouvions réformer Wall Street ou nous attaquer aux compagnies d’assurance.”

Fix the rigged system #Election2016 @lessig #lessig2016https://t.co/X3y2Gy5lFk pic.twitter.com/qgMdlBs1c2

— Jeff McLean (@mclean) 13 Août 2015

Pour lui, il faut absolument passer à un système de financement public des campagnes, en limitant les donations afin que les citoyens puissent y contribuer de manière plus égalitaire. Le 11 août, l’homme aux petites lunettes a annoncé qu’il se présentera à la primaire démocrate en vue de la présidentielle s’il réussit à lever 1 million de dollars d’ici le 7 septembre. Le tout en refusant les donations de lobbies pour limiter le financement aux seuls petits donateurs. En une semaine, il a déjà récolté près de 40% de la somme.

Nous avons besoin d’une campagne qui ne soit pas qu’un affrontement partisan”, assène-t-il. “Nous avons besoin d’une campagne-référendum, un référendum qui exprime clairement le mandat : mettez fin à ces inégalités et à cette corruption ; donnez-nous un gouvernement libéré du pouvoir de l’argent ; donnez-nous un Congrès libre de conduire et de diriger.”

Très peu de chances d’être élu

 

Lawrence Lessig a très peu de chances d’être élu, mais ce n’est pas son objectif réel. Au “Washington Post“, il explique qu’il espère pouvoir participer aux débats entre candidats démocrates, qui débuteront en octobre, afin de faire porter son projet et engranger des soutiens. Pour cela, il devra atteindre au moins 1% des intentions de vote.

Le juriste insiste sur le fait que son programme n’a qu’une seule proposition, ce qui permettrait d’obliger le Congrès à la suivre, plutôt que de dilapider cette idée dans plusieurs propositions. Une fois que le texte censé ”réparer” le système politique adopté, le “candidat-référendum” démissionnerait.

Mon ami Larry Lessig tente quelque chose d’un peu fou, mais de juste assez fou pour remettre l’Amérique sur les rails de la démocratie représentative”, soutient déjà Jimmy Wales, fondateur et directeur de Wikipedia.

Reste que le juriste tient plus à son idée qu’à se présenter. “Il ne fait aucun doute qu’il y a de meilleurs candidats que moi”, glisse-t-il dès sa vidéo de campagne. “Si quelqu’un de plus connu s’engage de manière crédible [sur la même voie], je m’effacerai avec plaisir. C’est une question de principe, pas de personne.” De quoi parachever le côté non conventionnel de cette candidature.

Boris Manenti

 

 

Source: http://www.les-crises.fr/cet-homme-veut-devenir-president-des-etats-unis-voter-une-loi-puis-demissionner/


Varoufakis révèle le Plan B secret de la Grèce, et fait face à des accusations de trahison

Saturday 22 August 2015 at 00:01

Source : The Telegraph, le 26/07/2015

L’ancien ministre des finances grec Yanis Varoufakis affirme qu’il était autorisé par Alexis Tsipras à réfléchir à un système de paiement parallèle.

Yanis Varoufakis affirme qu’il bénéficiait d’une autorisation pour planifier un système bancaire parallèle Photo: Kostas

Par Ambrose Evans-Pritchard

Une cellule secrète au sein du ministère des finances grec a piraté le système informatique du gouvernement et établi les plans d’un système de paiement parallèle qui pourrait être basculé des euros aux drachmes d’une simple pression sur un bouton.

Les révélations ont provoqué une tempête politique en Grèce et ont confirmé combien le pays était près d’employer des mesures drastiques avant que le premier ministre Alexis Tsipras ne cède aux demandes des puissants créanciers européens, sachant que son propre cabinet ne soutiendrait pas une si dangereuse confrontation.

Yanis Varoufakis, l’ancien ministre des finances, a expliqué à un groupe d’investisseurs à Londres qu’une équipe, composée de cinq personnes, sous son contrôle a travaillé pendant des mois à une stratégie alternative, si la Banque Centrale Européenne coupait les fonds d’urgences alloués au système financier grec, ce qui s’est produit après la rupture des négociations et que Syriza fit appel à un référendum.

Les transcriptions ont été divulguées au journal grec Kathimerini. La conversation téléphonique a eu lieu une semaine après qu’il a démissionné de son poste de ministre des finances.

« Le premier ministre, avant que nous gagnions l’élection en janvier, m’avait donné le feu vert pour venir avec un Plan B. J’ai alors réuni une équipe compétente, une petite équipe, car ce projet devait être totalement gardé secret pour des raisons évidentes. »

Yanis Varoufakis (à droite), l’ancien ministre des finances, avec le premier ministre Alexis Tsipras

Monsieur Varoufakis recruta un spécialiste de l’université de Colombia pour aider à gérer la logistique. Placé devant un mur d’obstacles, l’expert pénétra au sien du logiciel informatique de l’administration fiscale – alors sous le contrôle de l’UE-FMI et de la Troïka – afin d’obtenir les comptes de réserve et les numéros de dossiers de chaque contribuable. « Nous décidions de pirater le logiciel informatique de mon propre ministère. »

Ces révélations ont été faites à un groupe de fonds souverains, des fonds de pensions, et des sociétés d’assurance vie, plusieurs en provenance d’Asie, invitées à participer au « Greek day » le 16 juillet par l’Official Monetary and Financial Institutions Forum (OMFIF).

Monsieur Varoufakis a affirmé au Telegraph que les citations étaient exactes mais que certains comptes-rendus dans la presse grecque, laissant à penser qu’il avait projeté un retour à la drachme depuis le début, avait été déformés.

« Le contexte de tout cela est qu’ils veulent me présenter comme un ministre des finances malhonnête, et m’ont accusé de trahison. Tout ceci est une tentative d’annuler les cinq premiers mois de ce gouvernement et de le reléguer aux poubelles de l’Histoire. »

« Cela déforme totalement mon but qui était de disposer d’un système de liquidité parallèle. J’ai toujours été complètement opposé au démantèlement de l’euro parce qu’on ne sait jamais quelles forces obscures cela pourrait libérer en Europe. »

L’objectif du piratage du système informatique était de permettre au ministère des finances d’opérer des transferts numériques en un clic. Les paiements auraient été « des reconnaissances de dettes » basés sur une expérience californienne après la crise de la Banque Lehman.

Un système bancaire parallèle de ce type autoriserait le gouvernement à créer des liquidités en euros et à contourner ce que Syriza a qualifié « d’étranglement financier » perpétré par la BCE.

« C’était très avancé. Très vite, nous aurions pu l’étendre, en utilisant des applications sur smartphones, et cela aurait pu devenir un système parallèle opérationnel. Bien sûr, cela aurait été libellé en euros mais cela aurait pu être converti en une nouvelle drachme au pied levé. »

Monsieur Varoufakis a prétendu que l’utilisation de méthodes clandestines étaient nécessaire depuis que la Troïka avait pris en charge le trésor public au sein du ministère des finances. « C’est comme si le trésor public au Royaume-Uni était contrôlé par Bruxelles. Je suis sûr que lorsque vous entendez ces mots vos cheveux se dressent sur votre tête », relatent les transcriptions.

Monsieur Varoufakis a affirmé qu’une demande d’autorisation aurait alerté la Troïka immédiatement qu’il planifiait une contre-attaque. Il était prêt à activer le mécanisme dès le feu vert du premier ministre, mais il n’est jamais venu.

« j’ai toujours dit à Tsipras que ça ne se ferait pas sans heurts mais que c’est le prix à payer pour la liberté », a-t-il expliqué au Telegraph.

« Mais, le moment venu, il a réalisé que c’était simplement trop difficile. Je ne sais pas quand il a pris cette décision. Je l’ai seulement appris explicitement pendant la nuit du référendum, et c’est pourquoi j’ai remis ma démission. » Monsieur Varoufakis voulait s’emparer de la dynamique de l’écrasante victoire du vote, mais a été mis en minorité.

Il a insisté que son objectif a toujours été d’aller vers une offensive légale et financière dans la zone euro – plaçant les créanciers de la Grèce dans une position où ils agiraient hors du cadre juridique des traités de l’UE s’ils imposaient un Grexit – mais sans jamais suggérer que Syriza avait un mandat pour envisager des étapes plus radicales si tout le reste échouait.

« Je pense que les Grecs nous ont autorisés à poursuivre énergiquement et vigoureusement la négociation au point de dire que si nous n’obtenons par un accord viable, alors nous devrions considérer nous en aller », a-t-il expliqué dans l’enregistrement.

« [Le ministre des finances allemand Wolfgang] Schauble croit que la zone euro n’est pas viable dans l’état actuel. Il pense qu’il doit y avoir des transferts fiscaux et un certain degré d’union politique. Il pense que pour qu’une union politique fonctionne sans être une fédération, sans la légitimité que peut procurer un parlement fédéral proprement élu, que confère un gouvernement exécutif, cette dernière doit être construite d’une manière très disciplinée. »

« Et il m’a dit explicitement que le Grexit allait le munir d’un pouvoir de dissuasion suffisant pour imposer aux Français ce à quoi Paris a jusqu’à présent résisté : un transfert de souveraineté budgétaire de Paris à Bruxelles. »

Monsieur Varoufakis a dit au Telegraph que M. Schauble a décidé que la Grèce devait être expulsée de l’euro, et qu’il prend simplement son mal en patience, sachant que le dernier plan de sauvetage est condamné à échouer.

« Tout le monde sait que le Fonds Monétaire International ne veut pas prendre part au nouveau programme, mais Schauble insiste sur sa participation comme condition préalable à de nouveaux prêts. J’ai une forte suspicion qu’il n’y aura pas d’accord au 20 août. »

Il a affirmé que les autorités de l’UE pourraient devoir puiser davantage dans le fonds de stabilité européen (FDSE) entraînant la Grande-Bretagne plus profondément dans la controverse depuis qu’elle contribue à ce dernier. A la fin de cette année, il sera clair que les rentrées fiscales seront loin des objectifs, et le taux de la dette publique grecque sera proche des 210% du PIB.

« Schauble dira alors qu’il s’agit encore d’un échec. Il nous mène en bateau. Il n’a pas abandonné son projet d’expulser la Grèce de l’euro. »

Source : The Telegraph, le 26/07/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/varoufakis-revele-le-plan-b-secret-de-la-grece-et-fait-face-a-des-accusations-de-trahison/


[Entraide] Recherches, Rédaction, Synthèses, Parsing Twitter, Wikipédia

Friday 21 August 2015 at 03:42

Bonjour – plusieurs appels à l’entraide aujourd’hui

Recherche pour un important dossier Santé

J’ai bien défriché un dossier que je trouve très important, dans le domaine de la Santé et de la propagande des labos, conflits d’intérêt, etc.

Il faudrait encore creuser, et réaliser une belle synthèse (une petite bombe, je vous promet  :)  )

Mais pour cela, j’ai besoin de personnes douées pour fouiner le web, synthétiser des dossier et rédiger (opérations qui peuvent être distinctes).

Ce serait bien d’être 4 ou 5, avec une personne pour coordonner le dossier.

Je compte beaucoup sur vous…

Recherche Inflation

Je me creuse la tête pour trouver des estimations fiables de la valeur actuelle de 1 000 mark-or de 1920 (sans regarder l’évolution de l’or lui même, trop erratique).

Des personnes intéressées à creuser ça ? Merci !

Sélection d’infos pertinentes

J’ai plein de données éparses avec des liens vers de bons articles, mais je souhaiterais que quelqu’un qui a l’habitude de lire le blog et se sentant assez en phase avec son contenu , m’aide à étudier tout ça et sélectionner les choses à publier…

Parsing Twitter

J’ai besoin d’un programmeur pour réaliser une petite appli que je n’ai pas trouvée sur le web (mais je vous laisser chercher) pour télécharger sous forme de fichier texte l’archive longue des tweets d’un compte (en simulant donc le processus manuel de parcours du fil, tant que c’est possible)… Important, merci…

Wikipédia

Nous avons traduit un bel article de Wikipédia US, il faudrait juste le mettre en forme dans le Wikipédia Français… C’est un plus si vous parler un peu anglais :)

Contact

Contactez-moi ici en indiquant en objet le (ou les) sujet(s) sur lequel vous vous proposez…

Source: http://www.les-crises.fr/entraide-08-2015/


Carnet de juillet 2015, par Tariq Ali

Friday 21 August 2015 at 00:16

Source : London Review of Books, le 30/07/2015

Dans les premières heures du 16 juillet, le parlement grec a voté massivement le renoncement à sa souveraineté afin de devenir un appendice semi-colonial de l’UE. Une majorité du Comité central de Syriza avait déjà pris position contre la capitulation. Il y avait eu un début de grève générale. Tsipras avait menacé de démissionner si une cinquantaine de ses députés votaient contre lui. Six se sont abstenus et 32 ont voté contre lui, y compris Yanis Varoufakis, qui avait démissionné comme ministre des finances après le référendum, parce que, dit-il, “certains participants à l’Euro-groupe avaient exprimé le désir qu’il soit « absent» des réunions”. Maintenant, le parlement a effectivement déclaré le résultat du référendum nul et non avenu. Dehors, Place Syntagma, des milliers de jeunes militants de Syriza ont manifesté contre leur gouvernement. Ensuite, les anarchistes sont arrivés avec des cocktails Molotov et les policiers anti-émeute ont répondu avec des grenades lacrymogènes. Tout le monde a quitté la place et, vers minuit, le silence était de retour. Il est difficile de ne pas se sentir déprimé par tout cela. La Grèce a été trahie par un gouvernement qui, lorsqu’il a été élu il ya seulement six mois, offrait de l’espoir. Lorsque je suis parti de la place vide, le coup d’état de l’UE m’a ramené à d’autres souvenirs.

Je suis d’abord allé en Grèce à Pâques 1967. L’occasion était une conférence de paix à Athènes pour honorer le député de gauche Grigoris Lambrakis, assassiné par les fascistes à Salonique en 1963, tandis que la police assistait à la scène sans intervenir, fait plus tard immortalisé dans le film Z de Costa-Gavras. Un demi-million de personnes ont assisté à ses funérailles à Athènes. Lors de la conférence, de folles rumeurs ont commencé à se répandre autour de la salle. Sur le podium, un moine bouddhiste du Vietnam ne pouvait pas comprendre pourquoi les gens avaient cessé de l’écouter. Quelqu’un, dont la famille avait des accointances dans l’armée, avait signalé que l’armée grecque, soutenue par Washington, était sur le point de lancer un coup d’état pour éviter des élections qu’ils craignaient de voir remportées par la gauche. Les délégués étrangers ont été invités à quitter sur-le-champ le pays. Je pris un vol de retour pour Londres en début de matinée. L’après-midi même les tanks occupaient les rues. La Grèce est restée sous les colonels les sept années suivantes.

Je suis allé à Athènes ce mois-ci pour la même raison : parler à une conférence, laquelle était ironiquement intitulée « La montée de la démocratie ». En attente d’un ami dans un café à Exarchia, j’ai entendu des gens discuter du moment où le gouvernement tomberait. Tsipras a encore des partisans qui sont convaincus qu’il triomphera lors de la prochaine élection. Je n’en suis pas si sûr. Il a été peu glorieux depuis six mois. Les jeunes gens qui ont voté pour Syriza en grand nombre et qui sont sortis pour faire campagne avec enthousiasme pour le « non » au référendum tentent de saisir ce qui est arrivé. Dans le café bondé, ils débattaient furieusement. Au début du mois, ils fêtaient le « Non ». Ils étaient prêts à faire plus de sacrifices, à risquer la vie hors de la zone euro. Syriza leur a tourné le dos. La date du 12 juillet 2015, lorsque Tsipras a accepté les termes de l’UE, deviendra aussi infâme que le 21 avril 1967. Les tanks ont été remplacés par les banques, comme Varoufakis l’a dit après qu’il ait quitté le poste de ministre des finances.

La Grèce, en fait, a beaucoup de tanks, parce que les industries d’armement, allemandes et françaises, désireuses de se débarrasser du surplus de matériel dans un monde où les guerres sont menées par des bombardiers et des drones, corrompent les politiciens. Au cours de la première décennie de ce siècle la Grèce a été parmi les cinq principaux importateurs d’armes, principalement les entreprises allemandes Ferrostaal, Rheinmetall et Daimler-Benz. En 2009, un an après le crash, la Grèce a dépensé 8 milliards d’euros – 3,5 pour cent du PIB – pour la défense. Le ministre grec de la défense de l’époque, Akis Tsochatzopoulos, qui a accepté des pots de vin énormes de ces sociétés, a été reconnu coupable de corruption par un tribunal grec en 2013. Prison pour les Grecs, petites amendes pour les patrons allemands. Rien de tout cela n’a été mentionné par la presse financière ces dernières semaines. Nécessité de présenter la Grèce comme le seul transgresseur. Pourtant  une preuve concluante a été produite à un tribunal comme quoi le plus grand fraudeur d’impôts du pays est Hochtief, l’entreprise allemande géante de construction, qui gère l’aéroport d’Athènes. Elle n’a pas payé la TVA depuis vingt ans, et doit 500 millions d’euros pour les seuls arriérés de TVA. Elle n’a pas non plus payé les cotisations dues à la sécurité sociale. Les estimations suggèrent que la dette totale de Hochtief pour le Trésor public pourrait dépasser le milliard d’euros.

C’est souvent en temps de crise que les politiciens radicaux découvrent combien ils sont inutiles. Paralysés par la découverte que ceux qu’ils pensaient être leurs amis ne l’étaient pas du tout, ils s’inquiètent de semer leurs électeurs et perdent leur sang-froid. Lorsque leurs ennemis, surpris qu’ils aient concédé plus que la livre de chair exigée, en demandent encore plus, les politiciens piégés se tournent finalement vers leurs partisans, pour découvrir que les gens sont très en avance sur eux : 61 pour cent des Grecs ont voté le rejet de l’offre de sauvetage.

Ce n’est plus un secret ici que Tsipras et le cercle de ses proches attendaient un « Oui » ou un « Non » étriqué. Pris par surprise, ils ont paniqué. Une réunion d’urgence du cabinet les a montrés en pleine retraite. Ils ont refusé de se débarrasser des placements de la BCE en charge de la Banque d’état grecque, et rejeté l’idée de nationaliser les banques. Au lieu de suivre les résultats du référendum, Tsipras a capitulé. Varoufakis a été sacrifié. Les ministres de l’UE le détestaient parce qu’il leur parlait comme un égal, et son ego était un défi pour Schäuble.

Pourquoi Tsipras tint-il un référendum, après tout ? « Il est si difficile et idéologique », se plaignit Angela Merkel à ses conseillers. Si seulement. C’était un risque calculé. Il pensait que le camp du oui gagnerait, prévoyait de démissionner et de laisser l’UE diriger le gouvernement. Les dirigeants de l’UE ont lancé une vive campagne de propagande et de pression sur les banques grecques, afin de restreindre l’accès aux dépôts, avertissant qu’un vote « non » signifiait le Grexit. L’acceptation de Tsipras de la démission de Varoufakis était un signal précocement envoyé à l’UE comme quoi il était sur le point de céder. Euclid Tsakalotos, son successeur aux manières douces, a bénéficié rapidement de l’approbation de Schäuble : c’était quelqu’un avec qui il pouvait faire affaire. Syriza a tout accepté, mais lorsque il a été demandé plus, il a été donné plus. Cela n’a rien à voir avec l’économie, et tout à voir avec la politique. Ils ont crucifié Tsipras, a dit un fonctionnaire de l’UE au FT (Financial Times). La Grèce avait vendu sa souveraineté pour un troisième plan de sauvetage du FMI, et une promesse d’aider à la réduction du fardeau de la dette – Syriza avait commencé à ressembler à un ver remontant du cadavre du Pasok discrédité.

Lui aussi fut autrefois un parti de gauche. En 1981, quand il est arrivé au pouvoir, son leader, Andreas Papandreou, était très populaire, et dans les six premiers mois au pouvoir, il entreprit de réelles réformes – et non les régressions que les néolibéraux appellent aujourd’hui “réformes”. Beaucoup d’étudiants radicalisés par la lutte contre la dictature, ainsi que de nombreux intellectuels marxistes qui avaient contesté l’hégémonie américaine, ont afflué pour le rejoindre. En quelques années, certains des plus connus d’entre eux avaient été intégrés moralement et politiquement dans les nouvelles structures de pouvoir du pays que Papandreou inséra dans l’UE. Les années passant, le Pasok dégénéra. Dans ce siècle, il devint pratiquement impossible de le distinguer de son vieux rival, la Nouvelle Démocratie.

Syriza est l’enfant de la crise actuelle et des mouvements qu’elle engendre. Un instrument politique était nécessaire afin de contester les partis existants, et Syriza était cela. Les objectifs que Tsipras a maintenant abandonnés furent inscrits dans le programme de Thessalonique, republié ci-dessous, programme que le parti a accepté à l’unanimité en septembre de l’année dernière.

Lors de leur premier voyage à Berlin, le 20 février de cette année, M. Schäuble a exposé clairement à Tsipras et Varoufakis que leur programme était incompatible avec l’appartenance à la zone euro. Tsipras a accepté de mettre ce programme de côté, et a offert quelques « concessions » : la troïka – les auditeurs représentant la Commission Européenne, la Banque Centrale Européenne, et le FMI – a été remplacée par une structure censée être plus responsable, dont les bureaucrates ne seraient pas autorisés à entrer dans les ministères grecs. Cela a été revendiqué par Tsipras et Varoufakis comme une victoire. La vérité est tout à l’opposé. Il est maintenant reconnu que Schäuble a offert un Grexit organisé, à l’amiable, et un chèque de 50 milliards d’euros. Cela a été refusé au motif que cela semblait être une capitulation. C’est une logique bizarre. Cela aurait préservé la souveraineté grecque, et si Syriza avait pris en charge le système bancaire grec, une reprise aurait pu être planifiée sur ces bases. L’offre a été répétée plus tard. « Combien voulez-vous pour quitter la zone euro ? » a demandé Schäuble à Varoufakis, juste avant le référendum. Encore une fois, Schäuble a été snobé. Bien sûr, les Allemands ont fait l’offre selon leur propre point de vue, mais un Grexit organisé aurait été beaucoup mieux pour la Grèce que ce qui est arrivé.

Quand le capitalisme est entré en crise en 2008, l’ampleur de la catastrophe fut telle que Joseph Stiglitz était convaincu que c’était la fin du néolibéralisme, que de nouvelles structures économiques seraient nécessaires. Erreur, hélas, sur ces deux points. L’UE a rejeté toute idée de relance, sauf pour les banques, dont l’insouciance, soutenue par les politiciens, avait en premier lieu été responsable de la crise. Les contribuables, en Europe et aux États-Unis, ont donné des milliards aux banques. La dette grecque, par comparaison, était peu de chose. Mais l’UE, ne voulant pas opérer de changement capable d’endommager le processus de financiarisation, avait insisté que c’était la seule manière d’avancer. La Grèce, le maillon faible de la chaîne de l’UE, s’en est allée en premier, suivi par l’Espagne, le Portugal, l’Irlande. L’Italie était au bord. La troïka a dicté les politiques à suivre dans tous ces pays. Les conditions en Grèce ont été horribles : un quart de million de Grecs dut recourir à l’aide humanitaire pour acheter de la nourriture, payer le loyer et l’électricité ; le pourcentage d’enfants vivant dans la pauvreté a bondi de 23 pour cent en 2008 à 40 pour cent en 2014 et, maintenant, est proche de 50 pour cent. En mars 2015 le chômage des jeunes s’élevait à plus de 49 pour cent, 300 000 personnes n’avaient pas accès à l’électricité et l’institut de médecine préventive Prolepsis a constaté que 54 pour cent des Grecs étaient sous-alimentés. Les pensions ont diminué de 27 pour cent entre 2011 et 2014. Syriza soutient que cela constituait une punition collective, et qu’un nouvel « accord », visant à apporter une certaine amélioration des conditions de vie quotidienne, était nécessaire.

L’UE a maintenant réussi à écraser l’alternative politique que Syriza représentait. L’attitude allemande envers la Grèce, bien avant la montée de Syriza, a été façonnée par la découverte qu’Athènes (aidée par Goldman Sachs) avait trafiqué ses livres afin d’entrer dans la zone euro. Ceci est incontestable. Mais cela n’est-il pas dangereux, et erroné, de punir le peuple grec – et continuer à le faire même après qu’il ait rejeté les partis politiques responsables de ces mensonges ? Selon Timothy Geithner, l’ancien secrétaire au Trésor des États-Unis, l’attitude des ministres européens des finances au début de la crise a été : « Nous allons donner une leçon aux Grecs. Ils nous ont menti, ils ont tout aspiré, ils étaient prodigues, ils ont profité de tout ça, et nous allons les écraser. » Geithner dit qu’en réponse il leur a dit, « Vous pouvez mettre votre pied sur le cou de ces gars si c’est ce que vous voulez faire », mais il a insisté pour que les investisseurs ne soient pas punis, ce qui signifiait que les Allemands devaient assumer une grande partie de la dette grecque. Comme les banques françaises et allemandes avaient le plus d’exposition à la dette grecque, leurs gouvernements ont agi pour les protéger. Renflouer les riches est devenu la politique de l’UE. La restructuration de la dette est en cours de discussion, maintenant, avec la fuite du rapport du FMI, mais les Allemands sont en tête de la résistance. « Aucune garantie sans contrôle », la réponse de Mme Merkel en 2012 demeure en vigueur.

La capitulation signifie davantage de souffrances, mais elle a aussi conduit plus largement à des questions sur l’UE, ses structures et ses politiques. Pour les Grecs de pratiquement toutes les sensibilités politiques, l’UE fut considérée comme une famille à laquelle il fallait appartenir. Elle s’est avérée être une famille très dysfonctionnelle. Je ne pensais pas voter au référendum sur l’UE en Grande-Bretagne quand il aura lieu. Maintenant, je le ferai. Je vais voter « non ».

17 Juillet

Le Programme de Thessalonique

Nous exigeons des élections législatives immédiates et un fort mandat de négociation dans le but de :

Rayer la plus grande partie de la valeur nominale de la dette publique de sorte qu’elle devienne supportable, dans le contexte d’une « Conférence européenne de la dette ». Cela s’est produit en Allemagne en 1953. Cela peut aussi advenir pour le Sud de l’Europe et la Grèce.

Inclure une « clause de croissance » pour le remboursement de la part restante, de sorte que cela soit financé par la croissance, et non par le budget.

Inclure une période significative de grâce (« moratoire ») dans le service de la dette afin d’épargner des fonds pour la croissance.

Exclure l’investissement public des restrictions du Pacte de Stabilité et de Croissance.

Un « New Deal européen » de l’investissement public, financé par la Banque européenne d’investissement.

L’assouplissement quantitatif par la Banque centrale européenne des achats directs d’obligations souveraines.

Enfin, nous déclarons, une fois encore, que la question de l’emprunt forcé sur la Banque de Grèce par l’occupation nazie est pour nous ouverte. Nos partenaires le savent. Cela deviendra la position officielle du pays dès nos premiers jours au pouvoir.

Sur la base de ce plan, nous allons nous battre pour une solution socialement viable au problème de la dette de la Grèce, afin que notre pays soit en mesure de rembourser la dette restante dès la création de nouvelles richesses, et non à partir des excédents primaires, ce qui prive la société de tout revenu.

Avec ce plan, nous mènerons avec sécurité le pays à la reprise et à la reconstruction productive par :

L’augmentation immédiate des investissements publics d’au moins 4 milliards d’euros.

L’inversion progressive des injustices du mémorandum.

La restauration progressive des salaires et des pensions, de manière à augmenter la consommation et la demande.

La stimulation des petites et moyennes entreprises, par des incitations à l’emploi, et la subvention de l’énergie pour l’industrie, en échange d’emplois et de clauses environnementales.

L’investissement dans la connaissance, la recherche, les nouvelles technologies, afin que les jeunes scientifiques, qui ont massivement émigré au cours des dernières années, reviennent chez eux.

La rénovation de l’état-providence, la restauration de la primauté du droit, la création d’un état méritocratique.

Nous sommes prêts à négocier et nous travaillons à la construction d’alliances les plus larges possibles en Europe.

Le présent gouvernement de Samaras est de nouveau prêt à accepter les décisions des créanciers. La seule alliance qu’il se soucie de construire est avec le gouvernement allemand.

Ceci est notre différence et cela est, à la fin, le dilemme :

La négociation européenne par un gouvernement Syriza, ou l’acceptation des termes des créanciers de la Grèce par le gouvernement Samaras.

Source : London Review of Books, le 30/07/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/carnet-de-juillet-2015-par-tariq-ali/


La Russie renforce son arsenal nucléaire avec 40 missiles intercontinentaux

Friday 21 August 2015 at 00:01

C’est à dire que, quand la Russie répond au déploiement d’armes lourdes par les USA à sa frontière, elle abuse sévère quoi…

Par chance, nos dirigeants font tout pour améliorer notre sécurité, comme on le voit…

Vladimir Poutine, le président russe, a prononcé un discours lors d’une foire aux armes, à Kubinka, près de Moscou, le 16 juin 2015.

Vladimir Poutine a annoncé mardi 16 juin que la Russie allait renforcer son arsenal nucléaire avec le déploiement de plus de quarante nouveaux missiles intercontinentaux d’ici à la fin de l’année. Ils devraient être « capables de déjouer les systèmes de défense antimissile les plus sophistiqués », a précisé le président russe à l’occasion du Salon militaire armée 2015. Un déploiement qualifié de « déstabilisant » et « dangereux » par le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg.

« La déclaration de M. Poutine aujourd’hui confirme (…) le comportement de la Russie depuis un moment déjà. Nous avons vu que la Russie investit davantage dans la défense en général, et en particulier dans les capacités nucléaires », a observé M. Stoltenberg, ajoutant :

« Ils s’entraînent plus, ils développent de nouvelles capacités nucléaires et utilisent davantage une rhétorique nucléaire. »

Cette annonce a été faite sur fond d’aggravation des tensions entre la Russie et les Etats-Unis, dont les projets de déploiement d’armes lourdes en Europe dévoilés par le New York Times ont provoqué la colère de Moscou. Le Pentagone prévoit d’entreposer des armes lourdes, notamment des chars de combat, en Europe de l’Est et dans les pays Baltes – Lituanie, Estonie et Lettonie. Ces derniers craignent de devenir la cible de la Russie à l’activité aérienne et navale accrue dans la région.

« Encourager la peur »

« Les Etats-Unis encouragent soigneusement la peur de la Russie chez leurs alliés européens afin de tirer avantage de ce moment difficile et d’étendre davantage leur présence militaire et donc leur influence en Europe », avait dénoncé lundi soir le ministère des affaires étrangères russe dans un communiqué. Moscou espère que « le bon sens l’emportera et [que] l’on réussira à empêcher que la situation en Europe ne dégénère en une nouvelle confrontation militaire qui pourrait avoir des conséquences dangereuses », avait souligné le ministère.

Si la proposition du Pentagone est acceptée par l’exécutif américain, les Etats-Unis entreposeront pour la première fois des armes lourdes dans ces pays qui ont adhéré à l’OTAN et qui, avant la chute du mur de Berlin, appartenaient à la sphère d’influence de l’Union soviétique. Washington explique vouloir ainsi rassurer les pays Baltes et d’autres pays d’Europe de l’Est qui sont très inquiets depuis l’annexion de la Crimée et le déclenchement du conflit en Ukraine, où des séparatistes prorusses contestent l’autorité de Kiev. Kiev et les Occidentaux accusent la Russie d’armer les séparatistes et d’avoir déployé des troupes régulières pour les aider ; ce que Moscou dément farouchement. Le conflit a fait plus de 6 400 morts depuis avril 2014.

Source : Le Monde, le 16 juin 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/la-russie-renforce-son-arsenal-nucleaire-avec-40-missiles-intercontinentaux/


[Recommandé] Eric Toussaint témoigne sur la capitulation du gouvernement Tsipras

Thursday 20 August 2015 at 00:01

Source : CADTM, le Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers-Monde, le 18 août 2015.

SiV-Athens, Flickr/cc

Lors d’une conférence organisée le 13 août 2015 à Lasalle par le Collectif cévenol de solidarité avec le peuple grec, Éric Toussaint (qui a conduit l’audit citoyen de la dette grecque, à la demande du Parlement grec) a présenté son témoignage sur ce qui a amené le gouvernement Tsipras à capituler. 130 personnes étaient présentes.

Nous vous présentons 2 versions de la vidéo, la complète de 1h44 et une version réduite avec les meilleurs moments en 37 minutes.

Voici donc la version intégrale :

Et la vidéo de 37 minutes réalisée par Jean-Claude Carcenac qui reprend des extraits de la conférence :

Dans la foulée de cette conférence, le cinéaste Philippe Menut, auteur de la Tourmente grecque, prépare avec Éric Toussaint une vidéo consacrée à l’explication de la capitulation. La conférence présentée à Lassalle constitue en quelque sorte une préparation de cette nouvelle vidéo.

À noter qu’au cours de cette conférence 800 euros ont été récoltés en soutien au dispensaire de santé d’Hellinikon à Athènes.

Source: http://www.les-crises.fr/recommande-eric-toussaint-temoigne-sur-la-capitulation-du-gouvernement-tsipras/


Tryfon Alexiadis : “Des pays européens tentent d’attirer les armateurs grecs chez eux”

Wednesday 19 August 2015 at 01:45

Source : Pavlos Kanpantais, pour L’Obs, le 11 août 2015.

Pourquoi est-ce tellement difficile en Grèce de collecter l’impôt ? Réponse de Tryfon Alexiadis, ministre en charge du dossier. De notre correspondant à Athènes.

Entretien avec Tryfon Alexiadis, vice-ministre des Finances, en charge de la Fiscalité (ARIS MESSINIS / AFP)

Entretien avec Tryfon Alexiadis, vice-ministre des Finances, en charge de la Fiscalité (ARIS MESSINIS / AFP)

Tryfon Alexiadis est le vice-ministre des Finances en charge de la Fiscalité depuis le 17 juillet et le remaniement du gouvernement d’Alexis Tsipras. Son profil est atypique. Président du Syndicat des agents du fisc pour Athènes et les Cyclades jusqu’à sa nomination, c’est un expert incontestable de la fiscalité grecque qui connait aussi parfaitement le fonctionnement du ministère des Finances pour y avoir travaillé pendant plus de 20 ans. Interview

- Tryfon Alexiadis : Pendant très longtemps en Grèce, il n’y avait aucune volonté politique de faire réellement marcher le système fiscal. Résultat direct, il n’y a jamais eu une vraie planification centrale pour collecter l’impôt. Cela, combiné à la collusion qui a longtemps existé entre les hommes politiques et les fraudeurs, grands ou petits, rendait la situation intenable.

Ce que je dis ici d’ailleurs n’est pas une analyse personnelle. Cela a été maintes fois dénoncé par des hommes politiques de tous bords : pour tout contribuable ayant des contacts politiques, les contrôles étaient très souvent interrompus après l’intervention de ces derniers, qu’ils soient ministres ou députés, du parti au pouvoir mais même, parfois, de l’opposition. La grande nouveauté aujourd’hui, c’est que pour les 5.300 contrôles effectués la semaine passée auprès d’entreprises du secteur touristique, je n’ai reçu aucun coup de fil demandant que j’intervienne pour protéger quelqu’un…

La semaine passée, sur l’île de Rhodes, des contrôleurs fiscaux ont été chassés manu militari par des commerçants et des citoyens. La défiance contre les services du fisc reste donc un problème majeur auquel vous allez être confronté vous aussi…

- Cette manière de fonctionner, c’est le début du fascisme. Le citoyen ne peut pas décider qu’il a le droit d’agresser des fonctionnaires qui font leur travail. Il peut manifester, il peut organiser des actions politiques pour communiquer ces idées et proposer des solutions, mais on ne peut pas aller plus loin. Les “révolutionnaires” de l’ile de Rhodes ne sont pas des combattants héroïques. Ce sont tout simplement des fraudeurs essayant d’échapper à un contrôle fiscal. D’ailleurs, il faut savoir que ce genre de violences envers les contrôleurs a commencé par les boites de nuits et leurs gros bras… Ces pratiques ne sont pas acceptables dans le cadre démocratique.

Rhodes n’est pas un cas isolé. Des actes similaires ont déjà eu lieu il y a quelques années, notamment sur l’ile d’Hydra.

- C’est vrai, et c’était bien évidemment tout aussi condamnable. Mais dans le passé, il y avait le sentiment que les contrôles ne concernaient que ceux qui n’avaient pas les bonnes connections politiques. Nous devons mettre fin à cette idée reçue, car désormais nos contrôles concernent tout le monde. La société grecque va s’en rendre compte très vite. D’ailleurs, ce combat contre la fraude fiscale et la contrebande ne pourra réussir que lorsque nous aurons la société avec nous… Les contrôles visant la contrebande de carburant ont déjà commencé, chose qui n’avait, malheureusement, jamais été faite jusqu’à maintenant ! Fin septembre, vous en verrez les résultats.

Comprenez bien : si le gouvernement d’Alexis Tsipras reste populaire, malgré toutes les difficultés, c’est parce que gens savent que les choses désormais sont très différentes.

Vous semblez très confiant. Mais êtes-vous certain que le gouvernement actuel restera en place assez longtemps pour accomplir ces changements ? L’accord qui va être signé avec les créanciers de la Grèce ne risque-t-il pas d’être fatal au gouvernement actuel et à Syriza ?

- La stabilité gouvernementale est dans les mains du groupe parlementaire de Syriza. Ils peuvent faire chuter le gouvernement à tout moment s’ils le désirent. Mais la majorité de ses députés c’est positionnée en faveur de l’accord que le gouvernement finalise en ce moment même avec les créanciers du pays. Une minorité importante a quant à elle une autre opinion. On verra bien.

Concernant l’accord, nous avons dû choisir entre une faillite violente et un retour forcé à la monnaie nationale. Cependant, au final, vous verrez : il sera bien meilleur que les accords précédents. Ceux qui prédisent que cet accord sera insoutenable et impossible à appliquer pour Syriza se trompent. Ce gouvernement comprend qu’il y a des limites pour la population et la société et il négocie en conséquence.

Au-delà des questions de volonté politique concernant la collecte de l’impôt et de la méfiance des citoyens grecs, le fisc grec est-il confronté à d’autres problèmes majeurs ?

- Nous n’avons pas le personnel nécessaire pour faire correctement notre travail. Selon une étude récente de l’OCDE, nous sommes très loin des moyennes européennes. Concrètement, en France, il y a un agent du fisc pour 550 habitants, en Allemagne un agent pour 725 habitants. Et en Grèce, seulement un agent pour 1.100…

De plus notre équipement informatique est complètement obsolète. La plupart de nos agences ont des ordinateurs datant de 2002 ou de 2003. Pire encore, aucun poste des douanes grecques ne possède une machine de contrôle aux rayons X pour pouvoir scanner et contrôler facilement les camions qui passent. L’Albanie, la Bulgarie, la Roumanie ont tous ce genre de machines à leur disposition. Evidemment, ces problèmes réduisent beaucoup notre efficacité.

Que comptez-vous faire concernant l’imposition de l’Eglise et des armateurs ?

- [sourire] On va demander l’aide de Dieu et appliquer la Constitution. La Constitution du pays prévoit deux choses : que les citoyens grecs doivent tous sans exception contribuer au trésor public et que cela doit se faire selon les possibilités de chacun. Tant l’Eglise que la marine marchande paieront ce qu’ils doivent payer.

Considérez-vous que l’Eglise et les armateurs doivent payer plus ?

- Dans les deux cas, il faut commencer un dialogue pour voir si réellement ils peuvent et doivent payer plus. Concernant l’Eglise en particulier, il faut bien comprendre qu’elle accompli aussi un grand travail social pour lequel elle coopère avec l’Etat. Quel intérêt pour l’Etat de l’imposer tellement qu’elle devra diminuer ses contributions envers les plus démunis ?

En ce qui concerne la marine marchande et donc les armateurs, nous avons déjà rencontré les représentants du secteur. Une discussion sur une hausse de leur imposition est à l’étude. Cependant, comprenez que la marine marchande est l’un des trois secteurs principaux de l’économie grecque, au même titre que le tourisme et la production agricole. Il faut donc faire attention : si une hausse d’impôts nuit réellement à leur compétitivité, non seulement on ne récupérera pas plus d’argent, mais on ne touchera même pas ce que l’état touche actuellement. Leur activité étant de toute façon extraterritoriale, il est très simple pour les armateurs de changer les pavillons de leurs navires et de s’installer dans un autre pays, peut-être même à l’intérieur de l’UE…

Vous considérez donc qu’il existe un problème de compétition intra-européenne concernant la fiscalité ?

- Οui, et tant qu’il y a des pays au sein de l’UE qui essayent d’attirer des entreprises en pratiquant le dumping fiscal, cela sera un problème majeur… Lors de nos récentes rencontres avec les armateurs, ceux-ci nous ont confié qu’ils reçoivent de nombreux coup fils de dignitaires d’autres gouvernements européens qui leur promettent des meilleures conditions s’ils y transfèrent leur siège social… Sans citer les pays concernés, au moment même où l’on nous met la pression pour les taxer plus, ce n’est pas normal.

Source: http://www.les-crises.fr/tryfon-alexiadis-des-pays-europeens-tentent-dattirer-les-armateurs-grecs-chez-eux/


Thomas Piketty : ceux qui cherchent le Grexit « sont de dangereux apprentis-sorciers »

Tuesday 18 August 2015 at 01:55


Thomas Piketty : ceux qui cherchent le Grexit… par lemondefr

Source : Le Monde, le 2 juillet 2015.

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On se rappellera alors le fameux appel de ces non-moins fameux économistes, sorti en octobre 1997 – qui eux, PAR CHANCE, n’étaient pas de dangereux apprentis-sorciers… !!!!!!!!!!!!!!!

« L’Euro, une chance pour la France, une chance pour l’Europe », texte publié dans le supplément économique du quotidien « Le Monde » daté du 28 octobre 1997.

« L’avènement prochain de la monnaie européenne nous concerne tous : Français et citoyens de l’Union européenne. Et pourtant qu’en savons-nous exactement? L’Europe, trop souvent présentée comme une abstraction et comme une source de contraintes, va enfin se concrétiser dans notre vie de tous les jours d’ici moins de cinq cents jours.

En effet, dès le 4 janvier 1999, les épargnants se familiariseront avec la monnaie unique : les obligations, la cotation des actions, la valorisation des sicavs et des fonds communs de placement, notamment, seront exprimés en euros. Les prix commenceront à être libellés en euros. Les consommateurs, avant même l’introduction des pièces et des billets (janvier 2002), pourront régler leurs achats dans la nouvelle monnaie sous forme de chèques et de paiements par carte. Les entreprises, en particulier, celles qui ont une activité internationale, pourront basculer tout ou partie de leurs activités (facturation, trésorerie, règlements…) en euros.

L’Union européenne, les États membres et de nombreuses entreprises ont d’ores et déjà engagé les préparatifs pour l’introduction de l’euro. Celle-ci ne constitue pas une fin en soi. Elle cimentera le rapprochement des citoyens européens, auxquels elle offrira davantage de bien-être, de cohésion et de capacités d’action.

Sommes-nous pleinement conscient de la portée de cet évènement? Mesurons-nous les enjeux et les opportunités engendrés par la réalisation de l’Union économique et monétaire? Savons-nous que l’euro apportera :

1. Le complément logique du marché unique. L’Europe a assez souffert des fluctuations de change depuis vingt-cinq ans pour ne pas chercher à fixer irrévocablement les taux de conversion des monnaies des États membres. Ne pas le faire, c’est nous condamner à encourir le risque de crises spéculatives, et à en payer indéfiniment le prix, notamment sous la forme de taux d’intérêts plus élevés.

2. Une référence commune des prix dans les pays appartenant à la zone euro, ce qui développera la concurrence et stimulera les échanges. Elle assurera ainsi des prix attractifs et effectivement comparables pour les consommateurs, dont les choix seront facilités par une offre de services d’une qualité croissante.

3. Une gestion saine des finances publiques. Celle-ci est de toute façon indispensable. Mais coordonnée à l’échelle européenne, elle favorisera la croissance au sein d’un grand marché homogène, facilitera la modération des impôts et des taux d’intérêts bas. Elle bénéficiera aux investisseurs, aux consommateurs et aux entreprises qui pourront ainsi développer la recherche, l’activité et l’emploi.

4. L’élargissement des possibilités de financement des entreprises et de placement de notre épargne dans un marché financier européen de taille mondiale.

5. Une source de simplification et d’économie dans les transactions au sein de l’Union (disparition du risque de change, paiements transfrontaliers moins coûteux…).

6. Une monnaie reconnue qui concurrencera le dollar et le yen. L’euro donnera à l’Europe, première puissance commerciale mondiale, l’expression de sa véritable dimension économique. La Banque centrale européenne assurera la stabilité du pouvoir d’achat tant dans notre vie quotidienne que dans nos placements à l’étranger. L’euro sera ainsi le symbole concret de l’identité européenne et assurera à l’Union européenne une position centrale dans le concert international.

7. Dans une Europe unifiée par l’économie et la monnaie, les citoyens et les entreprises, disposant désormais d’une totale liberté de mouvement, pourront tisser des liens approfondis. Des solidarités nouvelles pourront alors naître dans les domaines sociaux, culturels et politiques. Ainsi se forgera une Europe plus harmonieuse et plus démocratique.

Tous ces attraits de l’euro sont encore trop mal connus des populations européennes. Or l’adoption réussie de la nouvelle monnaie exige la confiance de tous, ce qui nécessite l’émergence d’un enthousiasme fort, expression d’une adhésion partagée. Il n’est que temps de susciter cette prise de conscience et cette appropriation de l’euro à tous les niveaux. La publication rapide d’un schéma de passage à l’euro pour l’ensemble de la société française constitue, à cet égard, une urgence.

Depuis des siècles, l’Europe a recherché, par des voies souvent éphémères ou condamnables, une unité durable. Elle n’y est jamais totalement parvenue, car les valeurs d’égalité, de liberté et de fraternité n’ont jamais réussi à s’harmoniser durablement dans un cadre pacifique et démocratique.

Aujourd’hui, le traité de l’Union européenne, ratifié par le peuple français en 1992, offre désormais une base solide pour tous les États membres. A travers l’Union économique et monétaire, c’est la société européenne de demain que nous bâtissons ensemble pour nous mêmes et pour nos enfants. Une société fondée sur des valeurs humanistes et une culture à laquelle ont contribué tous les peuples de l’Union européenne. Ne laissons pas passer cette chance !

Des voix s’élèvent encore de temps à autres pour inciter au doute et au rejet. Serons nous prêts à temps? Une telle union sera-t-elle durable? L’euro n’est-il pas un facteur de chômage? Tous ces efforts ont-ils un sens?

Ces interrogations sont surtout la manifestation d’un manque de confiance en nous-mêmes et dans notre capacité à faire face aux défis du monde d’aujourd’hui. L’Europe ne retrouvera la voie de la prospérité et du plein emploi que par la mobilisation des énergies et le respect commun de règles de bon sens (saine gestion économique, maîtrise des budgets…). Les efforts consentis hier et aujourd’hui en ce sens feront demain la force de l’Union européenne et assureront durablement notre prospérité ainsi que notre rayonnement dans un monde de plus en plus interdépendant.

Au sein de l’Union, les pouvoirs publics français et allemands notamment déploient une détermination continue pour respecter les échéances de l’Union économique et monétaire.

Il est grand temps que les acteurs économiques et sociaux intensifient leurs travaux d’adaptation pour bénéficier des avantages de cette mutation sans précédent. C’est au prix d’un tel engagement que les citoyens, informés de ces enjeux et de ces attraits, participeront alors positivement à l’émergence de la monnaie européenne. L’euro touchera à bien des aspects de la vie sociale, par exemple le fonctionnement des entreprises, des associations, des administrations et le quotidien du particulier.Ses bienfaits seront d’autant plus effectifs que les préparations techniques auront été engagées et achevées le plus tôt possible. C’est en levant au plus vite les contraintes du basculement  que les banques et les entreprises pourront saisir les opportunités de croissance nouvelle ainsi offertes. Il s’agit d’une course contre la montre dont tous les acteurs doivent être pleinement conscients. C’est une chance mais aussi un devoir que de se préparer au plus vite.

L’euro sera l’un des piliers d’une cohésion nouvelle. C’est un acte de confiance dans l’avenir, un facteur d’espérance et d’optimisme, qui permettra à l’Europe de mieux affirmer sa destinée et d’entrer de plain-pied dans un XXIe siècle fondé sur la paix et la liberté ».

Signataires : Michel Albert, membre du Conseil de politique monétaire ; Edmond Alphandéry, président d’EDF ; Jacques Attali, conseiller d’État ; Robert Baconnier, président du directoire du Bureau Francis Lefebvre ; René Barberye, président du directoire du Centre national des Caisses d’épargne et de prévoyance ; Claude Bébéar, président d’AXA-UAP ; Jean-Louis Beffa, président de Saint-Gobain ; Christian Blanc, ancien président d’Air France ; Christian de Boissieu, universitaire, économiste ; Jean Boissonnat, journaliste ; Philippe Bourguignon, président du Club méditerranée ; Monique Bourven, président-directeur général State Street Bank SA ; Hervé Carré, directeur des affaires monétaires à la Commission européenne ; Jérôme Clément, président de la Cinquième ; Bertrand Collomb, président de Lafarge ; Paul Coulbois, professeur émérite des universités ; Lucien Douroux, directeur général de la Caisse nationale du crédit agricole ; Jean-René Fourtou, président de Rhône-Poulenc ; Jean-Marie Gorse, président national du centre des jeunes dirigeants (CJD) ; Gilbert Hyvernat, directeur général de la Croix-Rouge française ; Jean Kahn, président de la Commission consultative européenne « racisme-xénophobie » ; Philippe Lagayette, directeur général de la Caisse des dépôts et consignations ; Pascal Lamy, directeur général du Crédit lyonnais ; Jacques de Larosière, président de la BERD ; Daniel Lebègue, vice-président de la BNP ; Robert Léon, gérant de Qualis SCA ; Edmond Malinvaud, professeur honoraire au Collège de France ; Gérard Mestrallet, président du directoire de Suez-Lyonnaise des eaux ; Jean Miot, président de l’AFP ; Thierry de Montbrial, membre de l’Institut ; Etienne Pflimlin, président du Crédit mutuel ; Jean-François Pons, directeur général adjoint à la Commission européenne ; René Ricol, président du Conseil supérieur de l’ordre des experts-comptables (csoec) ; Jacques Rigaud, président de RTL ; Gérard Trémège, président de l’Assemblée des chambres de commerce et d’industrie.

Source : Pense-bête.

“On nous prendrait pas un peu pour des imbéciles ?”

Source: http://www.les-crises.fr/thomas-piketty-ceux-qui-cherchent-le-grexit-sont-de-dangereux-apprentis-sorciers/


Zone euro : que veut l’Allemagne ?

Tuesday 18 August 2015 at 00:01

Source : Romaric Godin, pour La Tribune, le 10 août 2015.

Angela Merkel et Wolfgang Schäuble pourraient bien être d'accord sur l'avenir de l'Europe

Angela Merkel et Wolfgang Schäuble pourraient bien être d’accord sur l’avenir de l’Europe (Crédits : Reuters)

Au lendemain de l’accord grec, Berlin envoie des messages sans équivoque : l’Allemagne cherche un renforcement de la surveillance budgétaire en zone euro. Et la France ne devrait pas pouvoir s’y opposer. Elle pourrait cependant en être la première victime.

« Il ne peut pas être possible que la France ne maîtrise pas encore son déficit budgétaire ! Il existe une limite pour cela : 3 %. Si elle est dépassée, il doit y avoir des sanctions. » Cette déclaration du chef du groupe conservateur CDU/CSU au Bundestag Volker Kauder dimanche 9 août au journal Welt am Sonntag semble donner raison à Yanis Varoufakis qui, voici une semaine, affirmait que « la destination finale de la troïka est Paris. » Elle montre, en tout cas, que la dernière crise grecque semble avoir convaincu l’Allemagne d’accepter son rôle d’hegemôn, de puissance dirigeante de la zone euro. Et que la position allemande est beaucoup plus claire qu’il n’y paraît.

Qui est Volker Kauder ?

Volker Kauder n’est pas n’importe qui. Sa position est centrale : en tant que chef du groupe parlementaire, il doit faire accepter la position du gouvernement aux députés. Une tâche ardue qu’il mène avec zèle. Dans cette même interview, il menace du reste les 60 députés qui n’ont pas voté en faveur du plan de renflouement de la Grèce de sanctions, notamment leur exclusion des commissions parlementaires des affaires européennes et budgétaire. Des propos qui ont déclenché l’émoi au sein du parti. Il n’est donc pas un rebelle et un opposant à Angela Merkel, c’est au contraire un des éléments clé de son pouvoir. Mais c’est aussi un proche du ministre des Finances Wolfgang Schäuble, un « dur » qui, fin juin, avait lui aussi évoqué la possibilité d’une sortie de la Grèce de la zone euro. En réalité, Volker Kauder est la preuve de l’accord existant entre la Chancelière et son ministre.

« Jouer avec le Grexit », sans le risquer

Ceci doit amener à revoir la version communément acceptée de la fin de la crise grecque. Dans cette version, Wolfgang Schäuble est le « méchant » qui, le 11 juillet, propose à l’Eurogroupe un plan d’exclusion de la Grèce de la zone euro de 5 ans pour lui permettre de se restructurer. Angela Merkel est, au contraire, la « gentille. » Elle vient le 12 juillet pour écarter le plan Schäuble et maintenir la Grèce dans la zone euro. Mais il se pourrait bien que cette opposition ne soit que tactique. Un scénario qu’a compris le politologue et sondeur allemand Richard Hilmer dans une interview du 17 juillet dernier à Welt. Il y explique que la stratégie du gouvernement consiste à « jouer avec le Grexit. » « Angela Merkel se passe la balle avec Wolfgang Schäuble », poursuit-il, « Il frappe fort, elle montre de l’empathie. Et les deux profitent à la chancelière. »

Dès lors que le danger d’un « Grexit d’initiative grecque » a été écarté au lendemain du référendum le 6 juillet avec la démission de Yanis Varoufakis, Angela Merkel a su qu’elle pouvait faire céder entièrement Alexis Tsipras en le menaçant d’un « Grexit d’initiative allemande. » D’où la proposition Schäuble du 11 juillet. La panique qui a suivi à Athènes a permis à la Chancelière d’obtenir une capitulation hellénique. En se payant le luxe de paraître, aux yeux de certains, magnanime en acceptant certaines « concessions » (le maintien de la loi sur l’urgence humanitaire, la localisation du Fonds de privatisation en Grèce et non au Luxembourg) qui n’étaient en fait que des adoucissements des conditions du 11 juillet.

Le rôle du « Janus allemand »

Ce « Janus allemand » a permis de dégager un accord très positif pour le gouvernement allemand qui pouvait ainsi paraître à la fois ferme et déterminé à sauver l’euro. Il permettait aussi à l’Allemagne de satisfaire une de ses principales hantises historiques : apparaître comme une puissance dominatrice. Entretenir une fiction de division donnait une impression de fragilité qui ne convient guère à une telle puissance. Surtout, elle permettait de maintenir, pour les gouvernements de gauche du sud de l’Europe, l’idée que l’Allemagne d’Angela Merkel est différente de celle de Wolfgang Schäuble, et donc bien plus chargée « positivement. » Ceci permet d’affirmer : Wolfgang Schäuble ne représente pas le gouvernement allemand, comme l’a fait la semaine dernière Michel Sapin, son homologue français. Au nord, au contraire, les gouvernements finlandais ou néerlandais pouvaient se satisfaire de la force de Wolfgang Schäuble. Chacun pouvait donc se trouver en accord avec l’Allemagne, réduisant à néant les accusations de domination.

Pourtant, nul n’aura manqué de le remarquer, ni Volker Kauder, ni Wolfgang Schäuble, n’ont contesté cet accord. Le ministre des Finances a certes continué à défendre son projet de Grexit « temporaire », mais il n’en a pas pour autant quitté son poste, bien au contraire. Il a défendu, avec l’aide de Volker Kauder, devant le Bundestag, l’accord et a demandé aux députés de le voter. Bref, Wolfgang Schäuble a bel et bien défendu l’accord. Pour une raison simple : il est le préalable à l’organisation de la zone euro qu’il désire.

Obtenir une neutralisation politique des budgets

Cet accord confirme en effet la prééminence de la « règle » en matière économique sur la politique. Alexis Tsipras, fort de son mandat électoral, voulait « réorienter la zone euro », puis, plus modestement (et sans doute de façon plus réaliste), réorienter la gestion économique de la Grèce. L’accord du 13 juillet a soldé l’échec de ces deux tentatives. La conclusion en est tirée par Volker Kauder dans l’interview déjà citée : « nous pouvons parler politiquement de beaucoup de choses en Europe, mais les règles de stabilité doivent être traitées, selon les lois, en dehors du champ du politique. » Autrement dit, comme l’affirmait Wolfgang Schäuble, cité par Yanis Varoufakis : « il n’est pas possible qu’une élection remette tout en cause. »

L’accord grec permet donc d’exclure de facto du champ du politique le domaine budgétaire. On comprend ainsi mieux pourquoi l’Allemagne – par la voix de son vice-ministre des Finances, Jens Spahn, défend un « accord global » plutôt qu’un accord permettant un financement-pont pour rembourser la BCE le 20 août. Il s’agit de s’assurer que l’objectif de « neutralisation politique » de la Grèce soit atteint. Et pour cela, il ne faut laisser aucune marge de manœuvre à Athènes. Il convient aussi – et c’est un des points sur lequel Berlin insiste beaucoup – de maintenir une surveillance constante.

Angela Merkel convaincue par les objectifs de Wolfgang Schäuble

Et ceci n’a pas été obtenu contre Angela Merkel, mais avec son soutien et sa participation. La chancelière écrit, autant que Wolfgang Schäuble et Volker Kauder, cette nouvelle page de l’histoire de l’Europe. Angela Merkel n’a sans doute jamais cru à la théorie de son ministre des Finances qu’un Grexit renforcerait l’unité de la zone euro. Mais elle a vu dans l’utilisation du Grexit une opportunité de renforcer les règles d’inspiration allemande qui régissent cette zone euro. Car, en tant que membre de la CDU, elle partage cette ambition avec l’ensemble de son parti (et également avec l’immense majorité des Sociaux-démocrates). Angela Merkel est favorable à cette exclusion du politique du domaine budgétaire. C’est elle qui a imposé en 2009 en échange du plan de relance une « règle d’or budgétaire » très stricte. En 2010, elle a renoncé à ses promesses électorales de baisse d’impôts. Et depuis, elle soutient la politique de Wolfgang Schäuble de retour à l’équilibre budgétaire, malgré les besoins criants d’investissement fédéraux, notamment dans les infrastructures.

La Grèce, insuffisant exemple

En réalité, la chancelière est convaincue, comme son ministre des Finances, que l’application stricte des règles budgétaires est la seule façon de maintenir la cohérence de la zone euro. Or, Angela Merkel veut maintenir cette cohérence. Si donc l’Allemagne doit apporter sa garantie à un nouveau plan pour Athènes, il faut que ce plan permette de renforcer cet objectif au niveau de la zone euro. L’enjeu est donc moins grec qu’européen. Et, précisément, c’est ici que se situe un écueil : utiliser la Grèce comme exemple pourrait ne pas suffire. Car la Grèce est un cas particulier. Le pays n’a pas accès au marché financier, il est surendetté, il a une économie affaiblie et un système bancaire en lambeaux. Faire pression sur lui est aisé. Mais est-ce suffisant pour en faire un « modèle », notamment vis-à-vis de pays plus solides, mais peu respectueux des « règles » comme la France et l’Italie, voire même pour l’Espagne ? Pas réellement. L’accord du 13 juillet va donc être complété par un autre dispositif.

Maintenir le risque de Grexit

En préalable, Berlin continue à faire vivre le risque de Grexit. On l’a vu : à peine séchée l’encre de l’accord du 13 juillet, Wolfgang Schäuble a répété qu’il jugeait le Grexit préférable. Depuis, des parlementaires conservateurs expriment leurs doutes sur la possibilité de s’entendre avec Athènes, comme ce lundi 10 août, Ralph Brinkhaus, adjoint de Volker Kauder au Bundestag. Ceci permet de maintenir une pression non seulement sur le gouvernement grec dont on s’assure ainsi la soumission aux demandes des créanciers, mais aussi sur l’ensemble des gouvernements de la zone euro, à commencer par ceux des deux pays qui redoutaient le plus le Grexit, la France et l’Italie. L’épée de Damoclès du plan Schäuble du 11 juillet demeurant au-dessus des têtes, chacun va s’efforcer de donner des gages à l’Allemagne, notamment dans le cadre de la future réforme de la zone euro. Les atermoiements allemands dans le cadre des discussions avec la Grèce ont aussi pour vocation d’entretenir ce risque.

La proposition Hollande

L’objectif final de l’Allemagne est donc la fameuse réforme de la zone euro. Wolfgang Schäuble la veut depuis longtemps et l’on se souvient qu’il avait déjà proposé un plan dans les années 1990 à ce sujet. Là encore, stratégiquement, Berlin a joué très finement. Traumatisé par le week-end de négociations et par le plan Schäuble, François Hollande a, le 14 juillet, proposé un « gouvernement de la zone euro » avec « un budget et un parlement. » L’Allemagne n’a pas manqué de s’engouffrer dans la brèche : un tel projet est évidemment présenté comme un sacrifice pour le pays. Un « budget de la zone euro » ne serait-il pas le premier pas vers une « union des transferts » ? Un gouvernement de la zone euro et un parlement de la zone euro ne seraient-ils pas un abandon de la souveraineté allemande en matière financière ? Il faut donc des compensations.

Émoi feint en Allemagne

En réalité, l’émoi allemand est en grande partie feint. Le poids de l’Allemagne et de ses alliés les plus sûrs et les plus proches (Pays-Bas, Luxembourg, Belgique, Finlande, pays baltes, Slovaquie, Slovénie et, dans une moindre mesure, l’Autriche, le Portugal et l’Espagne) est tel qu’un projet de ce type ne saurait remettre en cause la capacité de Berlin à déterminer les choix qui seront faits dans la zone euro. De plus, on ignore le montant du futur budget de la zone euro, ainsi que son usage. Une chose est certaine : les décisions de la cour de Karlsruhe depuis 2009 interdisent aux gouvernements fédéraux d’exécuter des transferts sans l’accord du Bundestag. Dans le cas du Mécanisme européen de Stabilité (MES), il avait fallu accepter de donner un veto au représentant allemand pour toute décision, lequel devait s’exprimer après un vote du parlement. Il y a donc fort à parier que le futur budget de la zone euro fonctionne selon le même mode.

Obtenir un ministre des Finances européen qui surveille les budgets

Mais Berlin doit entretenir le mythe du « sacrifice » que représenterait pour la République fédérale cet « approfondissement » de la zone euro. Pour obtenir le renforcement de la neutralisation politique des politiques budgétaires nationales. Pour cela, il faudra sans doute passer encore, comme en 2011 et 2012 avec les directives Two Pack et Six Pack, par un renforcement de la surveillance et de la punition. C’est l’objet de la phrase de Volker Kauder au Welt am Sonntag le 9 août. La tolérance pour des déficits excessifs doit cesser. Il devrait donc y avoir un durcissement dans l’acceptation des « écarts. » Et pour s’assurer que la surveillance soit parfaite, il faut un contrôle plus « indépendant » que celui de la Commission, jugée à Berlin trop à l’écoute des différents pays, trop laxiste, en un mot trop « politique. » L’idée serait donc de transmettre cette surveillance à un « ministre des Finances » de la zone euro, une vieille idée de Wolfgang Schäuble. Une idée qui a sans doute la faveur de la BCE qui a joué un rôle important dans l’appui à la menace de Berlin de Grexit en envisageant ouvertement et pour la première fois la possibilité d’une exclusion de la zone euro par la bouche de deux des membres de son directoire, Benoît Coeuré et Vitor Constancio.

La France prise au piège

Bref, pour obtenir le feu vert de Berlin, pour empêcher l’Allemagne de continuer à jouer avec le risque de Grexit, Paris va devoir faire d’immenses concessions et accepter une surveillance plus stricte et plus dure de son budget. Angela Merkel et Wolfgang Schäuble savent que s’ils parviennent à faire céder sur ce point la France, pays le plus réticent à la « neutralisation » de la politique budgétaire, ils auront atteint leur objectif. Mais, comment le gouvernement français pourrait-il à présent refuser un « approfondissement » de la zone euro qu’il a proposé et dont il semble désormais devoir être la première victime ? Lorsque l’on se souvient que, dans le cas grec, l’alignement de la France avec la ligne d’Angela Merkel a été parfait, on ne peut que s’interroger sur la pertinence stratégique de la tactique suivie par Paris. En tout cas, cette faiblesse est parfaitement perçue à Berlin, comme n’a pas manqué de le souligner Volker Kauder.

Source: http://www.les-crises.fr/zone-euro-que-veut-lallemagne/


« L’Europe de Jean Monnet est morte », par Michel Pinton

Monday 17 August 2015 at 00:52

Source : Michel Pinton, ancien député au Parlement européen, pour le Cercle Aristote, le 4 août 2015.

Jean Monnet

L’Europe de Jean Monnet est morte. Elle est passée de vie à trépas dans la nuit du 12 au 13 juillet 2015. Je le répète, puisque personne ne semble le savoir : l’Europe de Jean Monnet n’est plus qu’un cadavre.

Il est donc fini, le temps où les fédéralistes européens pouvaient affirmer que, grâce aux principes posés par leur maître, nos nations ne cessaient de progresser vers « une union de plus en plus étroite ». Fini le processus qui devait « créer un espace européen de paix, de démocratie et de prospérité ». Finie l’ambition de « promouvoir le bien-être de tous les peuples » de l’Europe. Il n’en reste que des mots vides de toute réalité.

Comment une œuvre qu’on proclamait impérissable, a-t-elle pu disparaître aussi soudainement ? La réponse est simple : l’organisme dont la tête est à Bruxelles a été empoisonné. Et le plus étonnant, c’est que « l’Union européenne » s’est administrée elle-même le poison mortel. Il s’appelle l’euro.

A vrai dire, ceux qui auscultaient attentivement la santé de l’Union, la savaient malade depuis longtemps, précisément depuis qu’elle avait commencé d’introduire l’euro dans ses aliments. Mais personne, moi compris, n’avait prévu une fin aussi bizarre, aussi caricaturale, que celle qui s’est produite la semaine passée. Pour en saisir le caractère paradoxal, je propose au lecteur d’examiner ce qu’a été l’existence de l’Union depuis qu’elle s’est adonnée aux plaisirs délétères de la monnaie unique.

L’euro a son origine dans le traité de Maastricht (1992). Son père s’appelle François Mitterrand. Dans l’esprit du Président français de l’époque, la nouvelle monnaie était un instrument de politique étrangère : elle devait attacher l’Allemagne tout juste réunifiée à la France :elle enserrerait le géant germanique dans des liens juridiques et financiers si étroits qu’il ne pourrait plus jamais les défaire.

La crainte inavouée de Mitterrand – celle d’une Allemagne cherchant son destin dans un jeu de bascule entre la Russie et l’Amérique- était mal fondée et sa parade peu crédible : on ne ligote pas un grand peuple par le papier d’un traité ni par des procédures monétaires. Mais elle méritait un débat politique. Il n’eut jamais lieu. L’idée de monnaie unique fut immédiatement reprise par les disciples de Jean Monnet et détournée de son but. Ils en firent une fin en soi. Ils l’entourèrent d’un culte intransigeant. Sa venue serait, selon eux, un acte historique qui marquerait l’entrée de l’Europe dans une ère de paix, de démocratie et de prospérité, dresserait un bouclier impénétrable contre les assauts du reste du monde et attacherait définitivement nos vieilles nations les unes aux autres dans une unité fraternelle. Ils proclamèrent que l’Europe ne reviendrait jamais sur un pas en avant aussi décisif et que le traité de Maastricht n’avait donc pas besoin de clauses de dissolution. Parmi les nombreux prophètes de cet accomplissement de l’histoire européenne, citons Michel Rocard : « Maastricht constitue (sic) les trois clés de l’avenir :il ouvre d’abord sur plus de prospérité et plus d’emploi, ensuite sur plus de sécurité et enfin sur plus de démocratie en Europe ». Je ne veux pas fatiguer le lecteur en lui infligeant les propos non moins grandiloquents tenus en 1992 par nos dirigeants actuels, Sarkozy et Juppé, Fabius et Sapin par exemple. Il reste à indiquer que c’est par ce genre de promesses que nos responsables politiques arrachèrent au peuple français un consentement réticent à l’euro (51% des suffrages).

Les institutions de Bruxelles, enthousiasmées par un projet qui allait leur donner un pouvoir accru, le prirent alors en mains. La Commission prépara de nouvelles directives et le Parlement européen multiplia les « résolutions ». « Les Etats membres doivent réunir au plus vite les conditions de création d’une union monétaire » proclama ce dernier. Il rappela à ceux qui avaient des doutes, que « les effets bénéfiques de l’union monétaire sur la croissance économique et sur l’emploi seraient substantielles pour tous les Etats membres ». Je peux attester que les rédacteurs de cette affirmation extravagante étaient sincères.

L’enthousiasme bruxellois était si grand et les certitudes des disciples de Jean Monnet si enracinées, que les timides objections qui leur étaient présentées, furent balayées comme des incongruités. J’ai participé à des commissions parlementaires qui auditionnaient des spécialistes de la monnaie. La démonstration négative de l’un cachait, disaient les partisans de Maastricht, la jalousie des milieux financiers anglo-saxons ; les avertissements d’un autre, son nationalisme dépassé ; les réserves d’un troisième, son ignorance foncière. La principale critique qui était faite à l’euro, peut être résumée en deux phrases : il allait placer des nations dont les vies économiques et sociales différaient profondément, sous les décisions uniformes d’un pouvoir monétaire centralisé. Il en résulterait inévitablement des distorsions lesquelles aboutiraient à des tensions insupportables. La Commission européenne, agacée, comprit qu’il ne suffisait pas de déconsidérer les détracteurs de l’euro. Elle leur opposa une autre théorie « scientifique » : la monnaie unique, publia-t-elle, loin de créer des distorsions entre pays européens, sera au contraire un facteur irrésistible de « convergence » économique et sociale. Grâce à elle, la Grèce et l’Allemagne, la France et le Danemark, le Portugal et la Finlande atteindront rapidement le même niveau de vie, le même taux d’emploi, la même prospérité. L’Europe allait s’unifier par le haut.

C’est sur toutes ces prévisions et promesses que le projet de l’euro fut mis en oeuvre. Il me paraît indispensable de les rappeler parce que la validité d’une politique se juge par comparaison entre les intentions et les résultats.

Les institutions de Bruxelles, emportées par leur élan, décrétèrent que l’adoption de l’euro était obligatoire pour tous les Etats membres de l’Union. Quatre d’entre eux regimbèrent : la Grande Bretagne, la Suède, le Danemark et la Grèce. La première était trop puissante pour que la Commission pût la faire plier. Elle obtint la dérogation qu’elle demandait (opt-out). La seconde, après avoir longtemps traîné les pieds, finit par s’abriter derrière le résultat négatif d’un référendum populaire (2003) pour ne pas donner son adhésion. Le Danemark se contenta d’un compromis : il conserva sa monnaie nationale mais l’accrocha irrévocablement à l’euro. La Grèce était trop faible pour se voir accorder un traitement particulier. Sommée d’adhérer « dans les meilleurs délais et ce, dans son propre intérêt », elle s’inclina. Elle passa sous les fourches caudines des « 4 critères » auxquels tout candidat à la monnaie unique devait satisfaire. Elle le fit avec tant de bonne grâce que le Conseil européen tint à « féliciter la Grèce pour les résultats qu’elle a obtenus grâce à une politique économique et financière saine » (3 mai 2000). Je rappelle ces faits pour réfuter la légende, trop répandue aujourd’hui, d’une Grèce si désireuse d’entrer dans la zone euro qu’elle en a forcé la porte en truquant ses comptes publics.

Que se passa-t-il alors ? L’inévitable. Ni la pensée de Jean Monnet, ni les décisions de la Banque centrale européenne, ni la surveillance tatillonne de la Commission ne purent empêcher que la Grèce demeurât une nation des Balkans, dont la prospérité dépend beaucoup plus de ses relations avec ses voisins que de ses liens avec le lointain Bruxelles. Son premier client est la Turquie et son premier fournisseur, la Russie. L’Allemagne est son seul partenaire européen de quelque importance. Encore faut-il préciser qu’elle ne vend à Athènes que certains produits industriels et ne lui achète à peu près rien. L’euro convient donc mal à la Grèce ; il l’isole de son milieu naturel. Le gouvernement grec ne tarda pas à prendre conscience du malaise économique qui en résultait. Mais, à la manière des faibles, il n’osa pas affronter une réalité trop dure. Il choisit de biaiser. C’est alors qu’il commença de manipuler les « 4 critères » de conformité aux règles de la zone euro. On dit aujourd’hui que les institutions européennes ont découvert avec stupeur, en 2010, les tricheries grecques. C’est faux. Dès 2005, la Commission de Bruxelles se plaignait de l’obscurité et de l’approximation des comptes publics hellènes. Mais, sur le moment, personne n’y a attaché de l’importance.

Il y avait une raison à l’indifférence des disciples de Jean Monnet. Pendant les sept années qui suivirent l’introduction de l’euro (2000-2008), la réalisation de leur rêve les avait plongés dans un état d’euphorie tel qu’ils écartèrent toutes les nouvelles qui contrariaient leurs prédictions. Une vague de dépenses effrénées s’étendit sur l’Europe. Aux observateurs qui gardaient la tête froide, la croissance économique qui s’ensuivit semblait trop artificielle pour durer. Mais, à Bruxelles et à Francfort, on choisit d’y voir une manifestation éclatante de la prospérité annoncée.

Soudain, en 2009, une violente tempête financière secoua la zone euro. Alors l’impensable se produisit. La terre promise, qui semblait presque atteinte, s’évanouit comme un mirage. Les peuples européens, stupéfaits, découvrirent un paysage tout autre que celui décrit par les disciples de Jean Monnet. Il était sombre et sans perspectives. Au lieu de prospérité partagée, un appauvrissement qui frappait inégalement les peuples ; à la place d’une croissance régulière de l’emploi, un chômage massif, particulièrement cruel aux jeunes ; et plus encore que ces faits désastreux, la « convergence » s’était évaporée. Une nation et une seule s’enrichissait de l’affaiblissement de toutes les autres. C’était l’Allemagne. Le dogme central de l’euro, si hautement proclamé par la Commission de Bruxelles et repris par la Banque centrale européenne, était faux. Aucune des prophéties avancées par les adeptes de la monnaie unique n’a été plus brutalement démentie par les évènements que celle là.

La Grèce, si éloignée de Bruxelles, si isolée, fut évidemment la victime la plus pitoyable de la chute de l’utopie. Nulle part dans l’Union européenne, le chômage ne devint plus étendu, l’activité plus ralentie, la divergence avec la puissante Allemagne plus béante. Il est naturel que les appels au secours les plus désespérés soient venus d’elle.

On aurait pu penser que les disciples de Jean Monnet, remis de leur ivresse, prendraient les mesures réalistes qui s’imposaient, dût leur doctrine en souffrir. Ils préférèrent s’accrocher à leur rêve. « L’euro, c’est l’Europe et l’Europe, c’est l’euro » affirmèrent d’une même voix Angela Merkel et Nicolas Sarkozy. Le remède qu’ils employèrent pour guérir la Grèce, consista à renforcer l’application des « 4 critères ». Il ne pouvait faire aucun bien au patient. De fait, son état empira. Exténué de souffrances, il est revenu, il y a six mois, implorer un ultime secours.

La réponse des institutions européennes – le Conseil, la Commission, le Parlement, la Banque centrale – ne pouvait plus être dilatoire. La gravité des évènements ne le permettait pas. Elle a été donnée le 12 juillet. Elle a consisté à réaffirmer, de la façon la plus nette, la nécessité pour la Grèce et tous les autres Etats membres, de respecter rigoureusement les règles qui font la spécificité de la zone euro. Apparemment, la victoire des disciples de Jean Monnet est totale et définitive. « La zone euro est sauvée » jubilait François Hollande le 13 juillet. Pourquoi, alors, dis-je qu’au contraire, leur Europe est morte cette nuit là ? Parce que les dirigeants de l’Union ont avoué par un silence on ne peut plus parlant, qu’ils ne savaient pas comment tenir les promesses qui ont conditionné la naissance de la monnaie unique. Ils sentent au fond d’eux-mêmes, que le contrat est rompu. Mais ils n’arrivent à se détacher de l’utopie. Alors ils se réfugient dans le monde abstrait des « 4 critères » pour éviter d’avoir à répondre d’une réalité qui est en tous points le contraire de ce qui était annoncé. Ils en viennent, par un retournement dialectique étonnant, à expliquer que la fraternité des peuples européens est ébranlée non pas par les méfaits de l’euro mais par l’impéritie des Grecs. Pour qu’aucun reniement des engagements passés ne nous soit épargné, ils transforment même le « plus de démocratie » du traité de Maastricht en tutelle brutale sur le gouvernement d’Athènes. Ce dernier est tenu de soumettre tous ses « projets législatifs » à ses créditeurs étrangers avant même de les présenter à son Parlement. Je n’arrive pas à comprendre comment un Chef d’Etat français a osé contresigner cette clause. A-t-il perdu le souvenir honteux de Vichy ?

C’est par leurs clameurs de triomphe que nos dirigeants reconnaissent l’échec historique de l’Europe de Jean Monnet. Elle n’est plus qu’un poids mort que nous portons à grand peine. Je ne sais combien de temps nos dirigeants réussiront à nous faire croire que le 13 juillet a été non pas la nuit de son décès mais au contraire le jour de sa santé retrouvée. L’illusion ne saurait durer bien longtemps.

Source: http://www.les-crises.fr/leurope-de-jean-monnet-est-morte-par-michel-pinton/