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Fillon, Macron, Hamon, Mélenchon : le club des « on » (qui prend la tête)

Tuesday 7 February 2017 at 11:32

Les quatre candidats à la présidentielle les plus éligibles — hormis la candidate de l’extrême droite — sont des « on ». Pour les « on » de droite, Fillon sera donc nommé « Fill » dans cet article, tout comme Macron, deviendra Macr, et à gauche, Hamon, Ham, et Mélenchon, Mélench. Tout n’est qu’affaire de convention, en fin de compte. Et puis du point de vue sonorité, répéter autant de fois le son « on » dans un même article n’est pas à proprement parler très agréable. Le club des « on » prend un peu la tête, de par leurs patronymes respectifs (ils l’on fait exprès ou quoi ?) et au delà, de par leur personnalité, leurs « propositions » respectives, et leur goût pour le pouvoir (ou le contraire pour l’un d’entre eux). Petit tour du club des « on », trois mois avant le début du grand n’importe quoi amnésique de la présidentielle française.

L’amnésie politique française

Le génie politique français passe par une faculté extraordinaire des électeurs — que les candidats savent exploiter à merveille : l’amnésie. Avant de décrire la réalité [un tantinet historique] et politique des quatre membres du club des « on », que bon nombre d’éditorialistes et de citoyens semblent oublier, précisons une chose importante : Marine Le Pen est la candidate d’un vieux parti raciste d’extrême droite, elle a toujours adhéré aux valeurs de ses alliés européens d’extrême droite, dont certains partis se revendiquent du néo-nazisme. Ceci étant précisé, allons voir quand même pourquoi le club des « on » est décidément bien prise de tête et devrait faire réfléchir les électeurs. Ou pas.

François Fill : l’homme qui a vu l’homme qui a vu…

Le candidat François Fill est en politique depuis 35 ans. Il n’a jamais travaillé, a toujours été assisté entretenu par l’argent public. Il a été aux « responsabilités » à de nombreuses reprises, au point de diriger le gouvernement de Sarkozy durant les cinq ans de son mandat.

Quand Fill s’emballe sur les dépenses publiques qu’il estime « bien trop importantes » promettant qu’il voudrait les réduire s’il était élu, il sait de quoi il parle : la dette publique s’est creusée de 600 milliards d’euros avec le gouvernement qu’il dirigeait, entre 2007 et 2012. Du jamais vu. Et si les électeurs pensent que « c’est à cause de la crise, et qu’il était obligé », il faut tout de même leur rappeler que les cadeaux fiscaux colossaux faits aux [très grandes] entreprises que Fill a effectués, les renflouements de banques, la généralisation des niches fiscales et la réduction drastique des agents du fisc sont difficilement explicables en termes de « bonne gestion de l’argent public ».

Mais quand on salarie son épouse et ses enfants pour près d’un million d’euros sur des postes que ces derniers ne peuvent pas [vraiment] justifier, il est vrai que venir faire la leçon sur ce sujet devient périlleux.

Emmanuel Macr : « le reniement c’est maintenant ».

Le candidat Emmanuel Macr, quant à lui est un pur bijou de l’amnésie collective. Imaginez un instant qu’il vient de sortir de 2 ans d’activité intense au ministère de l’économie et se permet d’expliquer à qui mieux mieux comment il va redresser économiquement la France tout en améliorant la redistribution des richesses.

L’homme qui a pondu les lois travail les plus régressives, de précarisation généralisée des salariés, laissé le chômage continuer d’exploser, vient donner lui aussi la leçon sur la bonne gestion économique du pays. Son échec au ministère de l’économie, avec une faculté à appliquer une politique entièrement basée sur les demandes du MEDEF, devrait — si l’amnésie collective était moins forte — définitivement le discréditer. Sans compter que si cette politique pro MEDEF avait au moins « relancé l’économie » et fait grimper la croissance du PIB, il serait possible de suivre notre Macr dans ses délires de « baisse des charges » (les cotisation sociales) à venir, ou autre solutions pro-capital mises en œuvre depuis plus de 20 ans.

Mais non : l’économie n’est plus celle des années 80, et toutes les solutions du premier de la classe ont été déjà appliquées, sans succès. Ce qui ressort de ce candidat, est avant tout une capacité hors du commun à renier ses propres actions tout en recyclant les solutions qu’il a déjà appliquées… en comptant sur l’amnésie collective bien française pour réussir à faire avaler la pilule.

Benoit Ham : l’homme qui regardait le doigt ou  « Le chauffeur Uber du PS » (cf ses costumes)

Benoit Ham est un calculateur électoraliste de haut vol. S’il s’est auto-« viré » du gouvernement, après 2 ans de « pas grand chose » au ministère de… (lequel déjà ?), Ham est l’homme de toutes les promesses pour gagner la primaire à gauche de la gauche et pas mal à droite tout en étant lui-même plus à gauche que le centre du PS qui n’est pas très à gauche.

En gros, Ham n’a pas franchement de programme, mais des mesures qu’il a improvisées vite fait sur un coin de table d’une péniche parisienne pour séduire l’électorat qui ne supportait ni Valls ni Montebourg (les autres ne comptaient pas). Cet électorat est en grande partie : les cadres un peu bourgeois mais qui ne veulent pas l’assumer et sont « super concernés par l’état de la société vraiment trop injuste avec tous ces pauvres et ces précaires, mais laissez-moi faire fumer mon American Express. »

Une fois cette étape effectuée, Benoit Jambon Ham va tenter de séduire une partie des fans de Mélench, tout en se propulsant sauveur du PS, dernier rempart contre l’implosion finale du gros machin plein d’éléphants corrompus. Sorti de ces calculs électoralistes, Ham est un gentil escroc, disciple de Hollande : chez lui tout est promesses radicales ou synthèse douce, fonction du vent, du public, et des échéances. Son revenu universel est tout sauf inconditionnel, ni de base, il n’est en réalité qu’une sorte de « RSA jeunes » généralisé, qui — si plein de conditions sont réunies — pourrait s’appliquer à d’autres que les jeunes, mais plus tard. Sauf qu’un RSA, même filé à tout le monde, ça ne sert pas à grand chose. Ca ne modifie pas du tout la société en profondeur comme le véritable revenu universel pourrait le faire. Quelqu’un à certainement montré le revenu universel à Benoit, et Benoit a regardé le doigt de celui qui lui montrait. Un doigt très XXème siècle, que Benoit a pris pour une révolution du XXIème…

Jean-luc Mélench : « après moi, le déluge, ou la politique du vieux briscard ».

Le cas Mélench dans le club des « on » est particulier : il est le seul à venir éructer à peu près la même chose depuis plusieurs années, avec quelques toilettages sur les bords, mais tout son « logiciel » politico-idéologique est en gros le même. Mélench parle aux lecteurs du Monde Diplo, aux intellectuels de la pensée marxiste pseudo-révolutionnaire, à tous ceux qui croient « qu’il est possible de changer le monde pour aller vers un monde meilleur possible ».

Pas mal de profs et de professions intermédiaires qui se sentent l’âme un peu révolutionnaire, et précarisés par la mondialisation. Mais qui ne vont pas si mal que ça (comparés aux employés des grandes enseignes ou des derniers ouvriers qui votent pour la plupart FN) , soyons clair.

« La France insoumise » de Mélench, c’est le club des altermondialistes de salon, convaincus que leur leader est le Chavez français. Sauf que Mélench, pendant que Chavez faisait de la tôle — puis parvenait à se faire élire par les classes les plus populaires de son pays — lui, le Mélench, il roupillait au Sénat comme membre du PS, votait Maastricht qu’il honnit aujourd’hui, prenait le poste de ministre de la formation professionnelle sous le gouvernement Jospin avec un résultat que personne n’a jamais pu évaluer. Bref, au PG, on a un vrai gros programme (pas une suite de mesures comme les autres), avec de vrais chamboulements que 10% à 12% du corps électoral est prêt à accepter. C’est le score de Mélench en 2012, ce sont les 10% d’intentions de vote actuellement sniffées par les boites de sondage.

La fabrique des prévisions

Comment ça pourrait se passer ou pas ? Tout le monde est d’accord pour dire que désormais on ne sait plus grand chose, que tout peut basculer, etc, etc… Ok. Mais dans l’absolu, quelques constantes peuvent nous aider à comprendre ce qu’il pourrait se passer. Fill va exploser en vol, son Comité théodul de LR va devoir nommer l’un de ses proches, parce qu’il va se faire mettre en examen. Un proche, ou pas trop proche. Mais quand même. Tout ça ne mènera pas le candidat LR au delà de 18 ou 19% de toutes les manières, même si Fill reste en lice. Si le vent est dans le bon sens.

Reste Marine qui continue à faire du 26 ou 27%, et on peut compter sur l’électorat de bidochons blindé à TF1-BFM-M6 etc, pour aller aux urnes le sourire aux lèvres. Notre petit Macr qui flirte avec les 25% semble donc assuré d’aller affronter la blonde sans aucun souci pour se faire élire président de tous les membres du MEDEF Français à au moins 65%.

Mais. Mais du côté de chez Mélench, il semblerait que des pétitions commencent à tourner pour demander au leader Maximo d’arrêter de s’entêter. De saisir la chance historique de pouvoir enfin aller appliquer un programme de gauche assez à gauche en ralliant Ham, qui — semble-t-il — serait plus à gauche que ce que le PS a d’habitude dans ses tiroirs. Parce qu’en réalité, si Mélench accepte de se retirer, les 17% (d’intention) de Ham, cumulé à ses 10%, ça fait un deuxième tour Ham-Le Pen. D’ailleurs Mélench a déjà répondu à Ham : il accepte de discuter. Mais il demande à Ham de « choisir ». Hohoho. Tout va donc résider, pour ce qui est censé être la « gauche », dans la faculté du radical de gauche ex-PS à se la mettre derrière l’oreille et accepter de ne plus se présenter à la présidentielle. Et ça, c’est pas gagné. Sauf si ses militants lui soufflent dans les bronches. En masse. Et comme en réalité, Mélench a tout à perdre en se désistant, il ne le fera pas. Pourquoi ? Parce qu’il perdrait sa boutique. Une fois sorti du gouvernement, son PG serait mort et enterré, il n’aurait plus de mandat, il ne serait plus rien. Et ça, Mélench, il a pas envie.

Affaire à suivre, donc.

Source: https://reflets.info/fillon-macron-hamon-melenchon-le-club-des-on-qui-prend-la-tete/


Philippe Vannier, l’oublié (pour l’instant) du scandale Amesys

Tuesday 31 January 2017 at 09:16

On peut le tourner dans tous les sens possibles, lorsqu’une entreprise fait l’objet d’une instruction pour complicité de torture par un pôle dont l’intitulé est « génocide et crimes contre l’humanité, crimes et délits de guerre », cela fait désordre sur le curriculum vitae de son dirigeant. C’est exactement ce qui est arrivé à Amesys et Qosmos, respectivement dirigées par Philippe Vannier et Thibaut Bechetoille. Où en sont ces dossiers ouverts en avril 2014 ?

Hora fugit, stat jus (le temps passe, le droit reste) est la devise de l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité, les génocides et les crimes de guerre, service interministériel rattaché à la Gendarmerie nationale française ayant pour vocation de coordonner, animer et diriger les investigations judiciaires en matière de lutte contre les crimes contre l’humanité et les génocides

Si l’instruction contre Amesys et Qosmos semble avancer à petits pas, il ne faut pas perdre de vue que le temps judiciaire est un temps long. Les preuves de l’implication d’Amesys dans la vente d’un système d’écoute global des communications via Internet à la Libye du Colonel Kadhafi ne sont plus à faire. Le puzzle du comment, pourquoi et grâce à qui, se met en place peu à peu et il y a fort à parier que la dernière personne qui sera convoquée par le pôle, sera Philippe Vannier. A moins bien entendu, que le pôle génocide et crimes contre l’humanité, crimes et délits de guerre décide in fine de rechercher la responsabilité des hommes et femmes politiques qui ont, derrière le rideau, organisé ce deal impliquant, il faut le rappeler, un terroriste, condamné comme tel par la Justice française.

Phiplippe Vannier est en effet l’artisan de ce deal avec la Libye de Kadhafi. C’est lui qui a créé l’entreprise Amesys, qui a discuté avec les autorités françaises, qui a fait le voyage à plusieurs reprises à Tripoli, y compris quelques jours avant la première répression sanglante en 2011, histoire de tenter de vendre aux Libyens un upgrade du système.

Philippe Vannier n’est pas un exécutant. Ce n’est ni un codeur dont l’outil a servi a arrêter et torturer de manière plus « efficace » des opposants, ni un cadre d’une entreprise « obligé » d’obéir pour ne pas « perdre son boulot ». Non, c’est le fondateur d’Amesys, son dirigeant, celui qui a fait le choix d’aller vendre un Eagle à la Libye et qui s’en est félicité.

Pourquoi s’en est-il félicité? Parce que ce deal a fait sa fortune, au sens premier du terme.

La vente d’un Eagle à la Libye a été récompensée par la possibilité de racheter à (très) peu de frais la société Bull. Puis il a pu revendre la société Bull à Atos. Double culbute.

Petit retour en arrière. En janvier 2010, Bull raconte à la presse l’inverse de ce qu’elle fait. La société annonce reprendre la SSII Amesys. En réalité, Bull s’offre à  Crescendo Industries, la maison mère d’Amesys dont Philippe Vannier est le principal actionnaire. Crescendo, la maison  mère d’Amesys, reçoit 24 millions d’actions soit à peu près 20% du capital de Bull post augmentation de capital, à quoi Bull ajoute 33  millions en numéraire (du liquide).

Au total, l’entité Amesys (qui  regroupe plusieurs filiales) est valorisée à 105 millions d’euros (72  millions en actions et 33 en liquidités). Résultat de l’opération,  Crescendo détient 20% du capital de Bull devenant ainsi de très loin le  premier actionnaire après France Telecom (autour de 10%). De son côté, Phillippe Vannier et ses deux compères avec qui il a créé Amesys, Dominique Lesourd et Marc Hériard-Dubreuil, crée un fonds d’investissement qui va acquérir jusqu’à près de 4 % du capital de Bull.

En 2009, avant la fusion des deux sociétés, nous avions Bull avec un  chiffre d’affaires consolidé de 1,110 milliard d’euros et Amesys avec  un chiffre d’affaires prévu à 100 millions d’euros en 2009. Il est donc, c’est une évidence, parfaitement logique que Amesys absorbe Bull pour le plus grand profit de Crescendo Technologies, détenu par Philippe Vannier  et ses deux associés historiques… Ou pas…

Evidemment, cela ne loupe pas, Philippe Lamouche, patron de Bull de l’époque se fait débarquer quelques mois plus tard et Philippe Vannier le remplace. Il est fort improbable que Philippe Lamouche n’ait pas vu  venir l’avenir qui se dessinait pour lui. On peut raisonnablement  supposer qu’il n’a pas eu le choix de refuser cette reprise du capital  de son entreprise par une petite SSII aixoise.

De fait, celle-ci avait, avec l’appui des nervis de Nicolas Sarkozy, vendu un système d’écoute global, le fameux Eagle, à la Libye de  Kadhafi. Le début d’une aventure menée par l’Etat français, consistant  très probablement à mettre en place un système reposant sur le DPI made  in France et ressemblant à celui de la NSA, dénoncé par Edward Snowden.

La principale différence entre les deux infrastructure étant que la  NSA a investi des sommes sans doute colossales pour la mettre en place  tandis que la France l’a vendue à des dictatures et des Etats policiers  particulièrement fâchés avec les Droits de l’Homme tout en en conservant  l’usage.

Ce point reste à développer. Mais plusieurs témoignages d’employés d’Amesys dans le cadre de la procédure en cours laissent entendre que la société conservait un accès distant à l’infrastructure mise en place en Libye, ne serait-ce que pour la maintenance. Peut-on imaginer la DRM et/ou la DGSE favoriser et soutenir l’installation d’un tel système en Libye sans se réserver un accès distant ?

La reprise de Bull par Philippe Vannier, qui ressemble fort à un  cadeau de remerciement pour services rendus et à un projet  d’optimisation des ressources françaises visant à mettre en place un  système d’écoute global, était donc dès le départ une très belle opération pour l’actuel patron de Bull. Une opération financière tout d’abord.

Avant la Libye, Eagle n’existe pas. C’est l’argent du contrat avec Kadhafi qui permettra de le développer, puis de le revendre à plusieurs pays fâchés avec les Droits de l’Homme. Cette activité Eagle sera l’argument majeur pour la fusion Amesys-Bull.

L’homme de la cyber-sécurité et le terroriste

Par ailleurs, cette belle opération financière se double d’une totale impunité. Amesys a vendu un système Eagle à un dictateur  sanguinaire sous couvert de lutte contre le terrorisme alors que la  société avait pour interlocuteur Abdallah Senoussi, beau frère du guide  suprême, mais aussi, condamné en France pour terrorisme, justement, en  raison de son rôle dans l’attentat du DC-10 d’UTA. Pour autant, à part  une plainte pour complicité d’actes de torture déposée par des ONG, rien  n’est venu troubler la quiétude de Philippe Vannier.

Celui-ci a désormais vendu Bull à Atos, réalisant une deuxième culbute financière.

Un peu de chiffres… Crescendo Technologies a donc repris Bull pour  zéro euros si l’on considère que cette holding a juste transféré ses  avoirs dans un ensemble plus grand et qu’elle contrôlait par la suite, ou 105 millions d’euros si l’on retient les chiffres avancés par le document de référence de l’AMF.

Atos a racheté Bull pour 620 millions. Ou 4,90 euros par action.  Dont 24% environ sont directement entre les mains de Crescendo  Industries. Qui se retrouve donc virtuellement à la tête d’environ 145  millions d’euros quatre ans après l’opération Bull-Amesys. On peut aussi  intégrer la dépréciation des actifs Amesys opérée par Bull en 2011  (quelque 31,5 millions d’euros) et valoriser Amesys à 73,5 millions  d’euros. Culbute dans ce cas : 71,5 millions d’euros.

Il faut regarder de près les chiffres de la holding Crescendo pour bien comprendre ce qui s’est passé, principalement sur la base de la vente d’un Eagle à la Libye (qui permis l’absorption de Bull) :

La procédure en cours n’a pas encore touché Philippe Vannier, pourtant architecte en chef de l’opération libyenne. Ce n’est probablement qu’une question de temps. Car a force d’entendre des salariés ou ex-salariés de la galaxie Amesys, il est probable que les juges remontent vers la tête. Quelle sera sa défense ? La même que celle de son commercial en chef Bruno Samtmann : on ne savait pas, nous on vendait des stylos pour lutter contre les terroristes et les pédophiles ? Pas sûr que ça marche…

Source: https://reflets.info/philippe-vannier-loublie-pour-linstant-du-scandale-amesys/


Les politiques, les journalistes, la sole et les autres dimensions

Sunday 29 January 2017 at 23:50

Il a toujours été fort compliqué de faire comprendre à une sole complètement plate qu’il existe une troisième dimension. Il est tout aussi difficile de faire comprendre à un politique qu’il est enfermé dans sa tour d’ivoire et que les gens ne le croient plus. Ou à un journaliste que ses sujets et le traitement de ses sujets ne passent plus auprès des lecteurs. Il faut dire que jusqu’ici, ça continuait de marcher. A chaque élection, les candidats du système continuaient de se faire élire. A chaque campagne, les journalistes continuaient de traquer la moindre petite phrase, à faire croire à leur impertinence, à indiquer la voie aux électeurs. Mais cette fois, c’est un peu plus compliqué.

Les politiques continuent de croire qu’ils vont se faire élire, que les gens sont intéressés par ce qu’ils racontent et surtout, qu’ils vont pouvoir continuer de profiter du système. Ce système qui n’a qu’un seul but : se préserver lui-même. François Fillon pense qu’il n’a rien fait de mal en salariant sa femme et ses enfants. Et qu’il pourra continuer à le faire.

Les journalistes semblent tomber des nues : « il était l’homme intègre qui n’avait jamais été touché par un scandale« . Ah ? Vraiment ? Tous les éditocrates semblent avoir oublié un peu vite que François Fillon a été le premier collaborateur de Nicolas Sarkozy pendant cinq ans. Et s’il a pu s’asseoir sur toutes les magouilles du clan sarkozyste, comment pourrait-il être choqué des 500.000 euros reçus par sa femme pour ses bons et loyaux services inexistants ? Tout cela est très naturel, voyons. Tout le monde le fait d’ailleurs. N’est-ce pas là sa première défense ?

A gauche, Manuel Valls et Benoît Hamon sont des frères ennemis. Ils sont irréconciliables, nous expliquent les éditocrates. Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour voir les ralliements intervenir. Notez, il y a tant de postes à assurer, tellement d’argent en jeu, le parti socialiste de sa gauche à sa droite, ne peut faire l’impasse. Vite, vite, un « rassemblement ». Pour le bien de la nation et des Français bien entendu. Ou pour celui du PS et de ses politiques professionnels. Qui sait ? Et tous de croire que Benoît Hamon a une chance. Allez, on y va, comme en 2012, et hop, avec un peu de chance, on repartira pour cinq ans. Au PS, on semble incapable de voir qu’il y a une dimension dans laquelle les gens ont compris qu’après avoir tenté de tomber encore plus bas qu’avec François Hollande, on pouvait faire croire à un « rassemblement ». Il n’y a pas une semaine, Malek Boutih, soutien de Manuel Valls,  estimait que Benoît Hamon était « en résonance avec une frange islamo-gauchiste« . Pas moins. Les islamo-gauchistes, ce terme chéri de la fachosphère dans la bouche d’un homme estampillé à gauche. Il ne manquait plus que ce genre de choses pour finir de faire comprendre à Paulo à quel point PS avait sombré…

En attendant, Paulo, au Bar des amis, il éructe. Tous ces politiques, il ne croit plus un mot de ce qu’ils racontent, la preuve, Hollande a trahi après son élection. Macron ? C’est celui qui a fait la Loi du même nom et qui incarne le virage libéral de Hollande. Fillon ? Un mec qui file 500.000 euros d’argent public (les impôts de Paulo. Il est pas si con, Paulo…) à sa femme pour un travail fictif. Et même si elle a travaillé, Paulo, il sait qu’elle s’est bien moins emmerdée que lui à l’usine et que lui, il ne gagne pas 500.000 euros, même en vingt ans. Et Paulo, il écoute les journalistes. Ou il les lit. Et il faut bien le dire ici, Paulo, il s’en tamponne le coquillard des considérations sur la dette, le chômage qui inverse sa courbe ou pas, le revenu universel qui n’en est pas un, l’inconnue Macron, l’inconnue si Fillon ne se présente pas. Paulo il sait désormais une chose et il le dit : tous pourris, politiques comme journalistes.

Quant à nous, il nous reste à prier pour que Paulo, il ne vote pas Marine, rien que pour essayer de démontrer aux politiques qu’il existe une quatrième dimension, la sienne, dont ni les uns ni les autres ne semblent pouvoir envisager l’existence.

 

Source: https://reflets.info/les-politiques-les-journalistes-la-sole-et-les-autres-dimensions/


Air France : pilotez l’avion et économisez sur le billet !

Tuesday 24 January 2017 at 22:06

C’est sans doute l’une des merveilles de la mondialisation, du progrès, lorsque vous prenez un vol intérieur Air France, vous achetez votre billet via leur site Web (pas d’humain), vous éditez vous-même votre carte d’embarquement sur le site Web (pas d’humain), vous éditez vous-même votre étiquette pour votre bagage (pas d’humain), vous pesez vous-même votre bagage et vous scannez-vous même votre étiquette (pas d’humain). In fine, vous appuyez vous-même sur le bouton pour faire partir votre bagage sur le tapis roulant (pas d’humain). C’est peut-être ce recours au client comme employé qui permet de baisser le coût du transport aérien ? Il semble donc assez logique qu’Air France propose dans un avenir plus ou moins proche que ses clients pilotent l’avion, déchargent les bagages, conduisent le bus entre l’avion et le terminal. A un certain moment, le prix du billet ne reviendrait qu’à celui du kérosène grillé sur le parcours. A 1,5 dollars le gallon, ça devrait être très abordable dans un avenir proche, le billet d’avion Air France.

Cette anecdote est finalement assez révélatrice de ce qu’apporte dans son panier garni la « digitalisation » des entreprises. Une lente disparition des métiers. Cela se retrouve dans la grande distribution où les clients sont amenés à scanner leurs courses seuls, sans caissière. C’est assez mauvais pour la courbe du chômage. Aujourd’hui, vous avez plus de chances de trouver le produit qu’il vous faut à un px plus attractif en vous rendant sur le site Web de SFR qu’en allant en boutique. Les employés de ces dernières ont perdu leurs marges de manœuvre au fil des ans. Un résultat de la stratégie du doigt déployée par SFR. L’opérateur aurait pu choisir de donner plus d’outils, plus de possibilités à ses vendeurs en boutique, les armer avec des applications Web. Il a choisi de les appauvrir pour les faire disparaître à terme. Si les clients trouvent leur compte sur le site plutôt qu’en boutique, c’est assez « logique ». Sauf que les dés sont pipés.

La transformation numérique des entreprises en soi n’est pourtant pas forcément une mauvaise chose et n’implique pas obligatoirement une disparition des métiers et des savoir-faire humains. C’est la voie choisie qui peut poser problème.

La voie choisie par la plupart des entreprises est celle du profit maximum sans vision globale. Et pourtant, ce réseau a ses particularités qu’il serait bon de prendre en compte. Il est fondé sur le partage des connaissances. Pour une entreprise, le partage est probablement un concept socialo-communiste et donc peu utile. A tort. Il faudrait désapprendre à vendre et apprendre à partager. Ce qui n’est pas impossible et qui ne contribue pas à terme à  grever le chiffre d’affaire, au contraire.

 

Source: https://reflets.info/air-france-pilotez-lavion-et-economisez-sur-le-billet/


Une loi qui va vraiment contrer le rachat des terres agricoles par les multinationales ?

Thursday 19 January 2017 at 16:06

Suite aux quelques inquiétudes sur les rachats de terres agricoles dans le Berry (et un peu ailleurs) par 2 multinationales entre 2014 et 2016, (dont Reflets vous a retranscrit les modes opératoires dans deux articles, ici et ), des coups de gueule ont eu lieu à l’Assemblée nationale. Une nouvelle loi vient donc d’être approuvée, ce 18 janvier 2017 pour « protéger la France du rachat de terres agricoles par des multinationales ». En gros.

Pourtant, une loi, la « Loi d’avenir pour l’agriculture » était censée faire la même chose : autoriser les Safer  à être alertées en cas de rachat d’actions de SCEA, même partielles (selon Le Foll, voir plus loin). Puisque jusque là, quiconque rachetait 99% d’une SCEA échappait à tout contrôle ou toute régulation (droit de préemption de la Safer). Ce qu’ont fait les multinationales Hong Yang et Beijing Reward International. Face à ces controverses, au cours d’une question à l’Assemblée nationale, le gouvernement français avait répondu. Fermement. Parce que c’était un peu injuste.

Notre ministre de l’agriculture, le bien nommé Le Foll, se félicitait donc, en mai 2016, de cette « disposition légale de 2013 » (en réalité adoptée en 2014) qui désormais, selon lui, empêchait des méchants investisseurs chinois de venir piquer les terres agricoles des petit paysans français — souvent bien endettés — et mal en point. Puisque les Safer étaient prévenues depuis le 1er janvier 2016, date du décret d’application. Et comme tous ces rachats avaient été faits avant 2016, c’était ballot, mais on ne pouvait rien faire. Mais maintenant c’était bon. En France, une loi de 2014 — vitale pour protéger l’agriculture contre les appétits des industriels — met au bas mot 2 ans avant d’être appliquée. Parce que c’est compliqué, ou bien qu’on a du mal à trouver les bonnes imprimantes. Enfin c’est comme ça. La réponse du ministre de l’Agriculture est donc très claire :

Ah bah non, en fin de compte, ça marche pas vraiment

Reflets expliquait pourtant que « ça marchait pas bien » toujours dans cet article qui attestait de rachats de terres par les multinationales , comme avec le rachat de la SCEA La Bergerie, le 28 janvier 2016. Extrait :

L’opération à 942 000 € qui a permis au groupe Beijing Reward International (associé à Hong Yang) de devenir propriétaire à 99% de la SCEA la Bergerie (encore) dans l’Indre, dément cette assertion. Personne ne semble en avoir entendu parler, selon nos sources, et la Safer — si elle a été mise au courant — a laissé l’opération se faire. Chinois : 1 Le Foll : 0.

 

Reflets étant généreux, nous mettons à disposition le document notarié dans son intégralité à destination de ceux en charge de faire appliquer la loi et qui nous le demanderaient. Et même à tous les autres.

Or, donc, si « ça ne marchait pas bien », c’est donc que Le Foll avait oublié des choses, puisqu’une nouvelle loi spécifique vient d’être adoptée sous la pression de vilains écologiste ? Oui, il manquait une chose importante, le fait que la « Loi d’avenir pour l’agriculture » n’était de toute façon pas suffisante, puisqu’une autre loi, la « Sapin 2 » sur « la gestion du foncier » avait été votée en 2016, mais retoquée par le Conseil constitutionnel en décembre de la même année. 

C’est un peu compliqué. Mais comme le site spécialisé dans l’agricole Terres.net le précise :

« Cette [nouvelle] proposition de loi reste identique aux mesures censurées de la loi Sapin 2. « Le Conseil constitutionnel a censuré les mesures sur la forme et non sur le fond », a rappelé Dominique Potier. »

Puis :

La censure du Conseil constitutionnel a donc débouché sur deux textes quasiment identiques, l’un déposé par un député socialiste, l’autre par un sénateur LR.

Bon. Ok. Et ensuite, plein de petits détails un peu pointus, mais dans le corps de la loi une chose attire le regard :

Ainsi l’article 1er reprend le dispositif de l’article 90 de la loi Sapin 2 : il prévoit que l’acquisition de foncier agricole se fasse par l’intermédiaire d’une société dont l’objet principal est la propriété agricole. Cette obligation est proportionnée puisqu’elle ne s’impose qu’aux acquisitions futures et aux propriétés dont la surface est supérieure aux seuils prévus par le schéma directeur régional des exploitations agricoles.

Bien, bien. Mais donc, une multinationale, si son objet principal est l’agricole, peut encore acheter des terres ? Ok, elle ne peut plus si elle ne fait pas de l’agricole. Voyons la suite :

Elle ne s’impose pas aux sociétés ou associations dont l’objet est par nature la propriété agricole, ni aux groupements agricoles d’exploitation en commun (GAEC), ni aux entreprises agricoles à responsabilité limitée (EARL).

Ah, oui, mais donc : toutes les structures qui gèrent de l’agricole ne sont pas concernées par la loi. Ce qui veut dire que Hong Yang et Beijing Reward International, par exemple, à la tête de 2 groupements fonciers, peuvent encore acheter des terres ? Non ? Si ? Et si d’autres multinationales rachètent des GFA, ou montent des EARL, ils ne seront pas sous le coup de la régulation de la Safer ? Si ?

Tout ça est très compliqué. Mais le Sénat pourrait rassurer tout le monde :

(…) crée une obligation, pour les acquisitions de terres par des sociétés, de constituer des structures dédiées, comme des GFA, dont l’objet principal est la propriété agricole, et instruit une possibilité pour les Safer de disposer d’un droit de préemption sur les cessions partielles de parts de ces structures, de manière à maîtriser, voire à prévenir, les phénomènes d’achats massifs de terres au détriment des agriculteurs locaux (…)

Ah. Quand même. Mais ce n’est pas encore fait. Même pas à l’agenda du Sénat :

Contrairement au texte de Dominique Potier, qui sera débattu en séance publique le 18 janvier prochain, le texte déposé au Sénat n’a pas encore trouvé sa place dans le calendrier des sénateurs.

Conclusion provisoire

La conclusion provisoire au sujet de la nouvelle loi de « protection contre l’accaparement des terres agricole et au développement du biocontrôle » reste que des juristes spécialisés devraient se pencher dessus. Fortement. Sachant que les 2 multinationales chinoises pourraient continuer (si besoin) de racheter des terres agricoles, puisqu’elles ne sont plus des multinationales, mais des SCEA et des GFA bien françaises, et que d’autre part, les subtilités juridiques du texte pourraient laisser quand même laisser pas mal de possibilités de montages.

Avec en tête que tous ces textes peuvent prendre des années avant d’être appliqués, puisque cliquer « ok » pour valider une loi au Journal officiel est quelque chose d’assez complexe d’un point de vue administratif dans ce beau pays qu’est la France, que le Conseil constitutionnel peut toujours passer par là, et puis qu’avec le prix du toner laser et des imprimeurs, mieux vaut — dans une période de rigueur budgétaire bien nécessaire — ne pas trop dépenser dans ce truc du Journal officiel.

De notre côté, à Reflets, nous allons essayer de bientôt vous donner des nouvelles de Marc Fressange, le Chinois de France, de sa holding parisienne qui contrôle le petit empire agricole de Hong YangBeijing Reward International, et des activités de toutes ces « petites entreprises » agricoles françaises.

Mais pensez quand même à nous faire des dons. Ca aide…

Source: https://reflets.info/une-loi-qui-va-vraiment-contrer-le-rachat-des-terres-agricoles-par-les-multinationales/


Valls : un déchaînement pâtissier

Tuesday 17 January 2017 at 18:22

Manuel a peut-être un super-pouvoir,  celui de déchaîner des vocations au sein du « peuple français ». Après l’enfarinneur, spécialisé dans le saupoudrage de candidat, voici un homme qui aime les tartes, et tente d’en poser une à notre Valls national de la République forte. Attention, âmes sensibles, détournez le regard lorsque le gorille du service d’ordre s’occupe de notre maître-pâtissier. Il y a comme du Erdogan dans l’air…

Source: https://reflets.info/valls-un-dechainement-patissier/


Arlette Chabot et sa vision de la Tunisie

Monday 16 January 2017 at 15:55

Reflets a sans doute raté quelque chose : il y a quelques jours, Arlette Chabot présentait dans une librairie de Tunis sa nouvelle oeuvre : « Tunisie, la démocratie en terre d’islam » (Plon), une série d’entretiens avec le président du pays, Béji Caïd Essebi.

Sans avoir lu l’opus, on peut déjà s’interroger sur le titre lui-même. Car pour ce qui est de la démocratie, la Tunisie a encore pas mal de chemin à parcourir. Le président gère avec Ennahdha (le parti islamiste) le pays et certains trouvent que la liberté d’expression y est encore balbutiante.

Arlette Chabot n’a par exemple probablement pas rencontré Walid Zarrouk. Nous vous avions parlé ici de sa femme. Walid a été emprisonné pour un an pour des prises de parole sur Facebook qui, dans le pays des fromages d’Arlette Chabot, lui aurait peut-être valu, et encore, 24 heures de garde à vue ou un procès en diffamation. En Tunisie, c’est un an de prison. Pour protester contre sa situation, Walid s’est cousu la bouche. Ce qui n’a pas plu aux autorités qui l’ont immédiatement déplacé dans une prison éloignée, où il est désormais dans une cellule avec 60 codétenus. En tant qu’ancien de la pénitentiaire, sa situation est optimale et tout à fait digne d’une démocratie en terre d’islam.

Source: https://reflets.info/arlette-chabot-et-sa-vision-de-la-tunisie/


Quand le CSA admet que la télévision influence la société

Monday 16 January 2017 at 12:15

« Notre système audiovisuel n’est pas à la hauteur. Si on voit l’autre majoritairement dans des circonstances où il nous fait peur, où il représente un danger, alors nous contribuons, par l’audiovisuel, à rendre cette société haineuse. La télévision a un rôle majeur dans la constitution des opinions de notre pays »,
Mais quel est l’anarchiste anti-TV qui a bien pu sortir un truc pareil ? La télévision influencerait l’opinion, et pourrait la rendre haineuse envers des catégories de personnes mises en situation en permanence dans la boite à cons le petit écran dans des rôles « négatifs » ? Comme… les Arabes, ou les noirs ? Les gens perçus comme non-blancs ?
C’est dingue ça, on n’y aurait pas pensé.
Continuons avec cette dépêche AFP (très) peu relayée dans les médias :
Les «attitudes négatives» sont incarnées à 25% par des personnes «perçues comme non blanches» (contre 20% en 2015) et les «attitudes positives» le sont à 23% (contre 14% en 2015). Le Conseil relève en outre que les personnes «perçues comme non blanches» sont surreprésentées dans les activités marginales ou illégales, à hauteur de 34%.
Ah bah zut alors ! Les Arabes voleurs ou dealers à la TV, et les blacks trafiquants sont surreprésentés ? Rooooh. Pas possible… Mais qui donc ose tenir des discours aussi contestataires ? Un sociologue de l’utra-gauche anti-patriote à la solde d’obscures officines de déstabilisation de la société de consommation ?
Et bien non…
Toute ces déclarations, et ces chiffres viennent du CSA himself. Plus précisément de la conseillère de l’organisme éponyme en charge de la diversité, Mémona Hintermann.
Le magazine Le point a relayé cette dépêche, mais en évacuant soigneusement le passage sur la constitution des opinions par l’audiovisuel . Etonnant non ? Par contre, le Figaro, lui, a pleinement publié toute la dépêche, avec le passage qui — même avec toute la mauvaise volonté du monde — établit avec une pertinence stupéfiante (avec un peu de traduction en langage courant) que si les Français sont devenus — pour une part importante — racistes, intolérants, bornés et preneurs des discours haineux du FN, c’est en grande partie à cause de l’influence de la télévision. Dingue, non ? On vous le remet :
« Notre système audiovisuel n’est pas à la hauteur. Si on voit l’autre majoritairement dans des circonstances où il nous fait peur, où il représente un danger, alors nous contribuons, par l’audiovisuel, à rendre cette société haineuse. La télévision a un rôle majeur dans la constitution des opinions de notre pays »

Source: https://reflets.info/quand-le-csa-admet-que-la-television-influence-la-societe/


WhatsApp : backdoor ou pétard mouillé ?

Sunday 15 January 2017 at 18:23

Vendredi après-midi, à l’heure où blanchissent les timelines, le Guardian publiait tranquillou un article pas alarmiste pour deux sous : « une backdoor de WhatsApp permet d’espionner les messages chiffrés ». Comme de bien entendu, étant donné la chaleur de la révélation, les réseaux sociaux ont atteint le point d’ébullition en quelques minutes, et la nouvelle a été largement reprise et amplement commentée.

Une backdoor ? Oui, vous avez raison, commençons par le commencement. Une « backdoor », dans un système de communication, est une vulnérabilité introduite volontairement et à des fins malveillantes — par le concepteur du système lui-même ou à son insu — et qui permet à un acteur d’intercepter ou d’altérer les échanges silencieusement, sans être détecté (Yo Juniper, what’s up!?). WhatsApp est — avec son milliard d’utilisateurs — la plus utilisée des messageries en ligne. La présence d’une porte dérobée aurait, potentiellement, autant d’impact sur la sécurité des communications en ligne que Georges R. R. Martin sur la famille Stark.

Alice et Bob

À l’origine, WhatsApp ne proposait aucune forme de chiffrement de bout en bout. Autrement dit, les serveurs qui transmettaient les messages les voyaient passer en clair. Par voie de conséquence, les communications des utilisateurs pouvaient être interceptées à l’insu de leur plein gré par tout un tas d’acteurs, dont les inévitables chinois du FBI. Après les révélations Snowden, ça commençait à faire désordre…

WhatsApp a donc intégré, entre la fin d’année 2014 et le début d’année 2016, le protocole Signal, issu de la messagerie éponyme et cuisiné par les chuchoteurs d’Open Whisper Systems. Ce protocole, méticuleusement assemblé et jugé fiable par les cryptologues, est devenu en quelques années un standard de fait. On le trouve ainsi non seulement au cœur de Signal et de WhatsApp, mais aussi intégré aux secret conversations de Facebook Messenger ou à l’incognito mode de Google Allo.

Mettons de côté les aspects les plus complexes du protocole, comme l’échange de clés X3DH ou le mécanisme du Double Ratchet, et braquons le projecteur vers un aspect particulier du protocole, son usage de la cryptographie asymétrique.

Avec la cryptographie symétrique, les deux interlocuteurs chiffrent leurs communications grâce à une même clé secrète, un secret qu’ils doivent avoir échangé au préalable. Par opposition, la cryptographie asymétrique, ou cryptographie à clé publique, prévoit que chaque interlocuteur — par convention, on les prénomme Alice et Bob — se munisse d’une paire de clés liées mathématiquement l’une à l’autre. Chacun garde secrète sa clé privée, mais peut librement publier sa clé publique.

Avant d’envoyer un message, Alice le chiffre à l’aide de la clé publique de Bob. À réception, Bob utilise sa clé privée pour déchiffrer le message. Pour répondre, Bob chiffrera le message à l’aide la clé publique d’Alice, qui le déchiffrera grâce à sa propre clé privée. Outre la confidentialité, la cryptographie asymétrique permet également à Alice et à Bob de « signer » les messages échangés, afin que l’autre partie soit à même de s’assurer de leur authenticité. Chaque paire de clés est donc une représentation de l’identité d’Alice et de Bob.

Un trousseau à mille clés

Ce type de cryptographie est très largement utilisé, par exemple par PGP pour les emails, VPN ou SSH pour établir des connexions sécurisées à des machines ou des réseaux distants, TLS qui vous permet de visiter des sites Web de façon plus sûre, et, nous y voilà, par bon nombre d’applications de messagerie, dont WhatsApp.

Le problème auquel font face tous les utilisateurs de la cryptographie asymétrique est la gestion des clés. Chacun d’entre eux doit pouvoir distribuer sa propre clé publique, récupérer celles de ses interlocuteurs, etc. L’une des étapes cruciales pour que deux personnes puissent établir une communication sécurisée est la vérification de la légitimité des clés publiques. En l’absence d’un tel contrôle, un acteur malveillant pourrait se faire passer pour l’une ou l’autre des parties, ou les deux, et déchiffrer à loisir, voire modifier, les messages interceptés.

Les gestion de clés est un problème d’autant plus épineux qu’il peut arriver que des paires de clés soient renouvelées, volontairement ou suite à une perte, une compromission réelle ou soupçonnée, etc. Avec autant de clés que d’entrées dans le carnet de contacts, elle peut même tourner au cauchemar ; elle a d’ailleurs constitué l’un des principaux freins à l’adoption de technologies de chiffrement par le grand public.

Pour faciliter la vie des utilisateurs, les applications de messagerie sécurisées prennent en charge la gestion des ces clés de manière (peut-être trop) transparente. À l’installation, WhatsApp génère une paire de clés : « l’identity key pair ». La clé privée est sauvegardée sur l’appareil, tandis que la clé publique est publiée sur le serveur et associée au numéro de mobile utilisé. Pour s’assurer que le numéro de mobile soit correct, WhatsApp envoie un code à 6 chiffres par SMS qui doit être saisi par l’utilisateur. La clé publique de chaque utilisateur est ensuite utilisée comme ingrédient de base pour chiffrer les messages qui lui sont destinés.

Lost in transmission

La vulnérabilité décrite par le chercheur en avril 2016 — et à l’origine de l’article du Guardian — est en fait assez simple. Précisons que le chercheur a contacté Facebook — l’heureux propriétaire de WhatsApp — qui lui a opposé une fin de non-recevoir. Vous imaginez bien qu’il n’en fallait pas plus pour que l’aspirateur à données personnelles géant le réseau social soit accusé de maintenir cette vulnérabilité à funeste dessein. Credit where credit is due, il semble que Nadim Kobeissi, cryptologue de son état, avait déjà identifié ce problème dès l’automne 2015.

Pour que l’attaque puisse être mise en œuvre contre Alice et Bob, il faut que plusieurs conditions soient simultanément réunies. Primo, il faut que l’appareil de Bob soit dans l’incapacité de recevoir des messages ; par exemple parce qu’il est éteint, parce que Bob passe dans un (long) tunnel, car il est abonné chez Free (#OuiOhÇaVa), ou encore parce qu’il a raté sa poche et malencontreusement glissé le terminal dans son calfouette anti-ondes. Secondo, l’attaquant doit savoir que l’appareil de Bob est indisponible. Tertio, il faut qu’Alice ait envoyé des messages à Bob mais qu’ils n’aient pas été délivrés et placés en file d’attente. Autrement dit, que l’appareil de Bob n’ait pas accusé réception de ces messages. Enfin, l’attaquant doit activer un terminal avec le numéro de mobile de Bob. Il doit donc être en capacité d’intercepter le SMS d’activation ou travailler chez WhatsApp.

Lorsque l’attaquant active le nouveau terminal, l’application génère une nouvelle paire de clés et publie la clé publique — différente de la clé originale — sur les serveurs de WhatsApp, qui annoncent cette nouvelle clé à ses contacts. Suite à cette annonce, sur l’appareil d’Alice, WhatsApp chiffre à nouveau les messages non délivrés, cette fois-ci avec la clé publique de l’attaquant, et les lui expédie. Fin du game.

Des solutions

On peut noter que cette vulnérabilité concerne spécifiquement les messages non délivrés à Bob pendant le laps de temps où il était injoignable, pas l’historique de l’ensemble des conversations ayant pris part entre Alice et Bob. La faille est donc réelle — il convient de ne pas l’ignorer — mais de portée relativement limitée.

Par ailleurs, le lecteur attentif n’aura pas manqué de noter qu’un attaquant susceptible d’activer un terminal avec le numéro de mobile de Bob pourra théoriquement se faire passer pour lui. Il sera en mesure échanger avec Alice sans que cette dernière ne se doute de quoi que ce soit. C’est un défaut dont souffrent d’autres systèmes de messagerie, comme Signal ou Telegram, et qui a été activement exploité par le passé, par exemple en Russie ou en Iran.

La possibilité de changer la clé publique associée à un numéro de mobile est pourtant une nécessité. Bob pourrait par exemple souhaiter changer de téléphone portable, et ce sans que les messages émis par Alice pendant le laps de temps où il était injoignable ne soient irrémédiablement perdus. La retransmission des messages, la fonctionnalité à l’origine de la vulnérabilité, présente donc un réel intérêt pour l’expérience utilisateur.

WhatsApp pourrait, pourtant au moins partiellement, atténuer les effets de cette faille, en notifiant systématiquement les utilisateurs lorsque la clé publique de l’un de leurs contacts subit une modification. Un tel système de notification existe aujourd’hui, mais il est malheureusement optionnel et n’est pas activé par défaut.

Préférénces de sécurité
Préférences de sécurité

Ensuite, WhatsApp pourrait faire en sorte de bloquer les messages sortants tant qu’Alice n’aura pas explicitement indiqué avoir vérifié la légitimité de la nouvelle clé publique de Bob. Ce système de vérification existe lui aussi, il s’agit du « security code » qui peut être scanné ou transmis sous forme de chiffres par un autre moyen. Il ne s’agirait que d’une adaptation marginale du fonctionnement de l’application, sans doute triviale à réaliser. C’est très exactement le comportement de Signal, dont WhatsApp pourrait s’inspirer.

« Security code » d'un contact WhatsApp
« Security code » d’un contact WhatsApp

WhatsApp a pourtant choisi, pour le moment, de refuser ces évolutions. Ce choix est sans doute guidé par la crainte de dégrader l’ergonomie de l’application. La concurrence est rude et les utilisateurs volages ; le risque d’en perdre au profit de la concurrence est bien réel. Mais même si WhatsApp changeait d’avis, la responsabilité de vérifier les clés incomberait in fine aux utilisateurs eux-mêmes, à vous et à moi. En pratique cela s’avère souvent délicat, notamment à cause de la distance et du nombre de contacts. Imprudents, nous suivons le plus souvent le chemin de moindre résistance (« pourvu que ça marche ! ») et sommes tentés de ne rien vérifier du tout, de choisir le bouton « OK » en pilote automatique.

Le pétard mouillé

Voilà donc toute l’histoire de cette soi-disant « backdoor » : une vulnérabilité réelle mais limitée, introduite sans intention maligne, et détectable qui plus est. Bref, tout sauf la définition d’une backdoor.

À titre personnel, votre serviteur n’a pas d’amitié particulière pour Facebook, mais il faut reconnaître que WhatsApp est aujourd’hui l’une des applications de messagerie les mieux sécurisées. Les utilisateurs de WhatsApp (et des autres applications de messagerie) peuvent eux-mêmes améliorer leur sécurité et celle de leurs contacts. Il faut pour cela prendre l’habitude d’effectuer les vérifications appropriées — au moins quand c’est possible — et activer le système de notifications.

Les articles outranciers comme celui du Guardian incitent les utilisateurs à migrer vers des systèmes moins sûrs. En prétendant protéger le lecteur, on le rend plus vulnérable.

C’est quand même couillon.

Source: https://reflets.info/whatsapp-backdoor-ou-petard-mouille/


Quand Dassault Aviation va se renseigner sur le vol en Rafale de Saadi Kadhafi – E02 S02

Monday 9 January 2017 at 23:26

Le 28 décembre dernier, Reflets publiait l’épisode 1 de la saison 2 de « Les emplettes de Saadi ». Nous expliquions comment le fils du Colonel Kadhafi avait eu les honneurs d’un vol de démonstration du Rafale sur la base d’Istres. Pour cette visite top secret, Dassault Aviation avait mis les petits plats dans les grands, espérant sans doute vendre son fleuron à la Libye. A l’époque, Mouammar était encore entre gentil-gentil et méchant-gentil et il était toujours de bon ton de lui fourguer tout et n’importe quoi. Le président de l’époque, Nicolas Sarkozy, qui déclarait en 2012 ne « jamais avoir frayé avec Kadhafi », république irréprochable oblige, prévoyait même de lui vendre une centrale nucléaire. C’est dire. Saadi Kadhafi faisait donc la tournée des vendeurs d’armes français entre le 6 et le 10 juin 2006. Nous avions publié une vidéo, en avril 2012, montrant Saadi Kadhafi chez Panhard, chez Michèle Alliot-Marie (qui a « beaucoup aimé le souk de Tripoli » où elle avait « fait plein d’achat, surtout chez des bijoutiers, mais également chez les marchands d’armes » car son mari « collectionne les armes anciennes) et chez Thalès. L’épisode 1 de la saison 2, diffusé dans nos colonnes le 28 décembre montrait les photos de son vol de démonstration dans le Rafale. Mais il restait une inconnue : ce que Dassault Aviation avait à dire sur cet essai par Saadi Kadhafi du Rafale.

En effet, pendant la trève des confiseurs, Dassault Aviation est… fermé. Personne pour répondre à a presse. Pas plus au siège de l’avionneur, que nous avions contacté également.

Nous avons donc repris notre téléphone lundi 9 janvier au matin pour questionner le service de presse de Dassault Aviation. Un service de presse, c’est fait pour communiquer. Donc ce qu’il raconte est par nature public, voici donc à peu de choses près notre échange :

Visiblement, Dassault Aviation a beaucoup de travail puisque la journée n’a pas suffi à trouver la réponse à deux questions simple, dont l’une est évidente. On aurait peut-être dû donner ce lundi midi comme heure limite avant fermeture de l’enregistrement publication ? Ou que Reflets ne ferme ni pendant les vacances, ni la nuit ?

Source: https://reflets.info/quand-dassault-aviation-va-se-renseigner-sur-le-vol-en-rafale-de-saadi-kadhafi-e02-s02/