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Radio-France : garde à vous ?

Wednesday 7 October 2015 at 10:38

Radio-FrancePeut-être ne faut-il y voir aucun lien de cause à effet, mais la demande très étrange de la DRH de Radio France intervient peu après la nomination du nouveau responsable de ce service. Le 1er septembre, Mathieu Gallet a nommé Jean-Claude Luciani directeur délégué à la Stratégie sociale et aux Ressources humaines, membre du comité exécutif. Le parcours de ce monsieur est très intéressant.

« Jean-Claude Luciani, 57 ans, était, jusque-là, conseiller social au cabinet d’Emmanuel Macron, au ministère de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique. »

On pourrait donc imaginer qu’un conseiller social a la fibre…. sociale. Ceci dit, vue la fibre sociale d’Emmanuel Macron, le doute est permis.

Par ailleurs, Jean-Claude Luciani a une carrière « militaire » assez conséquente.

« Jean-Claude Luciani a débuté sa carrière en 1982 en tant qu’Officier de l’Armement à la Direction des Constructions Navales (DCN). Il intègre la Délégation Générale de l’Armement (DGA) en 1993 comme chef du bureau des Etudes économiques et du Commerce extérieur d’armement. « 

Après « Vos papiers ! », « garde à vous ? »

Source: https://reflets.info/radio-france-garde-a-vous/


Alerte : Daesh et les migrants pourraient envahir Radio France

Tuesday 6 October 2015 at 17:27

Abu-Bakr-al-Baghdadiv2Mais que se passe-t-il à Radio-France ? En fin de semaine dernière, plusieurs personnes reçoivent un coup de fil gêné de la part de membres de la DRH. Il faudrait qu’ils envoient une photocopie de leur carte d’identité. Plusieurs personnes contactées sont d’autant plus intriguées qu’elles ont déjà fourni leur carte d’identité il y a très longtemps. A force de discuter dans les couloirs de la maison ronde, les concernés se rendent compte que le seul point commun est leur nom de famille. Ces noms sont d’origine africaine ou nord-africaine. Certains sont français, travaillent à Radio France depuis 30 ans, d’autres sont nés à l’étranger mais sont devenus français. Les explications, quand la maison ronde veut bien en donner, sont variées. Une société extérieure va s’occuper d’un truc et a besoin des cartes d’identités. C’est nécessaire pour une mise à jour du système de paye… Plus exotique, « avec Daesh et les migrants, tout ce qui se passe en ce moment… ». Où l’on comprend que les réfugiés ne viennent pas profiter de nos royales allocations et autres protections sociales, mais plutôt pour devenir, qui journaliste, qui présentateur, qui monteur… Quant à Daesh, on se doutait bien qu’ils avaient besoin d’un média puissant comme Radio-France pour diffuser leur message mortifère.

Source: https://reflets.info/alerte-daesh-et-les-migrants-pourraient-envahir-radio-france/


Loi sur le renseignement : le storytelling et les faits

Tuesday 6 October 2015 at 17:07

nsa-obama-hollandeÇa  allait être super, cette Loi sur le renseignement. Que du bon. Enfin, on allait encadrer des pratiques a-légales. Enfin, on allait surveiller les surveillants avec une commission ad-hoc, bien dotée. Enfin, on allait prendre en compte la nécessaire protection de la vie privée. Jean-Jacques Urvoas nous l’avait promis. Manuel Valls, Bernard Cazeneuve aussi. Tous à l’unisson. Au Parlement, nos représentants votaient quasiment à l’unanimité ces nouvelles mesures. Et l’on pouvait désormais crier en coeur : « L’écoute massive, c’est la protection de la vie privée« . Si, si.

Dans le même temps, le gouvernement, pour une fois extrêmement bon communiquant, bâtissait un autre storytelling qui allait prospérer au delà de toutes les espérances dans la presse : il y aura des « boites noires » et « un algorithme ». Et pourtant… De boites noires, il n’y en aura pas. Pas de celles vaguement décrites par le gouvernement. Quant à « l’algorithme », il sera multiple. Lourdement multiple.

Que reste-t-il aujourd’hui de cette loi dans les faits ? Pas grand chose. Ce n’est pas une surprise, mais cela vaut le coup de prendre quelques minutes pour observer.

La CNCTR, tout d’abord, qui a été prévue pour surveiller les surveillants.

Un homme des services pour les surveiller

Son président Francis Delon était à la tête du secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale. C’est dire sa proximité avec les services de renseignement. Qui mieux que lui pour surveiller les services ? Il est heureux que le gouvernement ait choisi un homme du sérail plutôt qu’une personnalité reconnue pour son engagement dans le domaine de la protection de la vie privée, du droit à la confidentialité des échanges, des Droits de l’Homme… Cela aurait pu entraver le bon déroulement des opérations à venir. Francis Delon était secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale jusqu’en 2014. C’est bien pratique parce qu’à ce titre il a pu tisser des liens avec des hommes encore à la tête des services.

« Mon parcours professionnel offre toutes les garanties au regard des exigences d’indépendance et des règles de déontologie fixées
par la loi pour l’exercice des fonctions de président de la CNCTR. Je connais les services de renseignement pour m’être notamment
servi de leurs analyses dans les fonctions de secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale que j’ai occupées jusqu’en 2014, avant de regagner le Conseil d’Etat. Connaissance ne signifie cependant ni connivence ni complaisance« , a précisé Francis Delon dans ses réponses aux questions des parlementaires. On est priés de le croire sur parole pour ce qui est de la complaisance et de la connivence.

Comme le savent les lecteurs de Reflets depuis 2011, la France, ses gouvernements de droite comme de gauche, ses entreprises, ont joué un rôle très important dans la mise sur écoute de populations de pays entiers. Pour la très grande majorité, il s’agissait de dictatures pures et dures ou d’Etats policiers. Dans la mise en place de cette infrastructure et dans cette stratégie commerciale consistant à vendre à des gens peu recommandables, plusieurs entreprises ont joué un rôle. C’est le cas d’Amesys, de Qosmos, bien entendu, mais aussi une société moins connue : Sofrercom. Qui de plus évident qu’un dirigeant de Sofrecom pour tenir le rôle de personnalité qualifiée au sein de la CNCTR ? Patrick Puges, pourra observer de près « l’algorithme » ou « les boites noires » qu’il doit par ailleurs déjà bien connaître puisque Sofrecom les a mis en place en Syrie ou en Éthiopie.

Tout cela contribuera, on s’en doute à la bonne protection de la vie privée des Français sous le règne de la Loi sur le Renseignement. Sans « connivence ni complaisance« , on vous dit.

De la cryptographie pour votre protection, ou pas…

Après le bâton (la Loi sur le Renseignement), la (supposée) carotte. Pour vous montrer que l’on prend en compte les problématiques de surveillance, les dangers d’intrusion dans votre vie privée, on imagine une autre forme de storytelling. Celui-là n’est pas mal du tout. Il permet de ne pas laisser penser que l’on est insensible à la problématique posée par les révélations Snowden et de faire croire que l’on est favorable au chiffrement des échanges. Le gouvernement annonce donc que les gros fournisseurs d’accès à Internet vont devoir chiffrer les mails qui transitent par leurs serveurs. Si le geek verra immédiatement que le type de chiffrement est inefficace pour protéger ses échanges des yeux et des oreilles des services de renseignement, madame Michu, son mari, sa fille et son fils se disent que finalement, cet Etat est en faveur de la protection des correspondances privées. Mieux, il donne le ton et demande aux FAI de s’investir dans ce sens.

Chez Reflets, on aimerait bien connaître le nom de l’agence de com’ qui est derrière ce projet, parce qu’il est assez efficace, finalement. Le gouvernement fait nommer des responsables de la CNCTR qui sont tellement caricaturaux que l’on pourrait s’attendre à une levée de boucliers et pourtant… rien, le silence assourdissant nous étourdit. Il vote une série de lois liberticides à un point jamais atteint, y compris par la droite, et … Rien. Diablement efficace.

Source: https://reflets.info/loi-sur-le-renseignement-le-storytelling-et-les-faits/


La société française est-elle un grand parc d’attraction ?

Monday 5 October 2015 at 16:05

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Une forme de dérive médiatico-politique faite de polémiques absconses, de petites phrases, de scandales de personnes, de lynchages ou de mise en avant de personnalités et d’opinions souvent binaires est devenue prégnante en cette rentrée 2015. Des affirmations délirantes de Nadine Morano aux tribunes dichotomiques de Michel Onfray — en passant par les commentaires sur sondages les plus absurdes — la société semble rythmée par des « histoires » de cour de récréation, poussant à l’indignation ou au soutien. Comme si le monde qui nous entourait se réduisait à un grand parc d’attraction. Parfaitement bien huilé pour que les spectateurs en aient pour leur argent ?

Imaginons la France en parc d’attraction. Les gérants du parc seraient les politiques, et les intermittents du spectacle, les journalistes, intellectuels, chefs d’entreprises et autres personnalités médiatiques et économiques de poids. Les citoyens — n’ayant pas accès aux grands médias — seraient donc le public. La gérance serait tournante, avec vote du public pour renouveler ou non ceux qui gèrent le parc.

Que peut-on faire pour occuper le public, le distraire ? Puisque l’objectif d’un parc d’attraction est… la distraction, il faut bien occuper les esprits. Le principe est toujours le même : amuser, ou faire peur (le frisson),  pour au final, délasser, mais surtout pousser par ce biais à la consommation de produits dérivés, car les entrées pour les spectacles, animations seules ne suffisent pas à financer le parc.

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Pour y parvenir, avec un parc qui accueille un public de plus de 60 millions d’individus, l’outil le plus efficace, le moins cher, reste l’écran de télévision (un peu couplé aux récepteurs radio et à quelques bribes d’Internet). Les scènes de spectacle vivant sont trop onéreuses, tout comme les lieux de rencontres populaires, qui peuvent créer des espaces de remise en cause de la qualité du parc d’attraction — et par ricochet de ses gérants et animateurs. Laisser ces lieux à l’abandon, les financer de moins en moins, tenter de faire qu’ils ferment est donc un objectif important pour les gérants. Une fois ces éléments mis en place, reste la problématique du renouvellement des spectacles, de la captation d’attention du public, qui bien que très captif (partir de ce parc d’attraction pour un autre, reste possible, mais est onéreux et demande un certain nombre de critères qu’une faible fraction de la population réunit) peut mettre en cause les gérants, voire les intermittents.

Gouverner, c’est occuper (la foule)

Le parc d’attraction France est un vieux parc, avec de vieux gérants qui n’ont pas beaucoup d’idées neuves pour changer la programmation, les acteurs, les spectacles, ou même seulement prendre en compte la demande du public. C’est un problème, et le public n’est pas très content. Les spectacles récurents agacent ce public, qui aimerait bien aussi, pourquoi pas, parfois participer. Ou bien ne pas regarder un spectacle qu’il trouve affligeant, mais tellement conditionné à le faire, qu’il ne peut s’empêcher de le faire, tout en regrettant de se trouver comme… forcé de le faire. Il faut bien s’occuper, semble-t-il. Et quand on vit dans un grand parc d’attraction, que faire d’autre que regarder les spectacles une fois que l’on a acheté les produits dérivés et qu’on est allé contribuer — plus ou moins — au maintien en état du parc, que ce soit techniquement, administrativement, financièrement, etc ?

Les animateurs, intermittents du spectacle sont toujours très inquiets de connaître l’avis du public, et lorsqu’ils voient que la qualité ne satisfait plus, ils se sentent obligés d’inventer de nouveaux concepts, de nouvelles manières d’occuper la foule qui vient en masse les voir. C’est tout de même leur gagne-pain qui est en jeu. Il y eut la télé-réalité qui fut une étape importante dans la modernisation du spectacle : quelques membres du public deviennent eux-mêmes l’attraction et gagnent le droit d’être célèbres, de sortir de l’anonymat, qui par essence définit le public. Il y eut les rencontres entre les gérants et le public, avec débat : le gérant joue à se mettre en danger face au public qui est censé le mettre en cause, le piéger sur sa gestion. Et puis l’infotainment a pris le pas sur le reste. Un concept très intéressant, qui peut se renouveler quasiment à l’infini.

L’infotainment ou l’art de parler du sordide avec un nez de clown

Quand le parc d’attraction est déclaré en guerre, que ses gérants martèlent tous les jours qu’il va devoir fermer alors qu’une grand part du public perd de son confort, il est difficile de continuer avec des programmations soit trop légères (téléréalités), soit trop sérieuses (débats, actualité sinistres). C’est mauvais pour le moral du public, ou pire, cela peu être pris pour une provocation. Une solution a donc été récupérée d’un autre parc d’attraction (le grand parc américain), et elle s’appelle l’Infotainment.

Le principe est simple, efficace et ne fonctionne pas si mal que ça : parler du monde en rigolant, en n’effleurant que la surface des choses, en allant très vite et en faisant parler plein de gens différents qui s’esclaffent toutes les 30 secondes. Allier l’amusement, la distraction avec l’information, l’actualité est une méthode pour cliver le spectateur entre l’impression de s’informer, d’apprendre quelque chose, d’être tenu au courant, d’avoir une vraie valeur ajoutée dans ce qu’il consomme (l’info), et de s’amuser, se délasser, se distraire, de ne pas se « prendre la tête », d’être au spectacle (entertainment, le divertissement), ce pourquoi il paye, puisqu’il vit dans un grand parc d’attraction.

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Ce principe de spectacle est redoutable, mais il peut s’essouffler, s’il ne se renouvelle pas un tant soit peu. Viennent alors les déclinaisons possibles de cette animation : opposer des gens célèbres, déclarés compétents pour réfléchir sur un plateau, avec des paillettes, des animateurs à nez rouge, et faire qu’il en sorte un scandale. Les gens sont captivés par le décalage entre le sérieux des invités et le cirque dans lequel on les accueille, la violence des propos qu’on peut leur faire échanger et les blagues qui fusent autour. Le lendemain, tout le public ne parle plus que de ça, et peut même devenir acteur de l’histoire : ceux qui sont indignés par les propos, ceux qui soutiennent l’un des belligérants, ceux qui les renvoient dos-à-dos… Tout est affaire d’opinion, puisque la téléréalité mixée au débat, puis à l’infotainment, mène à un spectacle complet, presque total, où le public est juge et peut donner son avis, voire peut croire participer au spectacle via les réseaux sociaux.

Donner son avis sur tout, même sur la mort des gens

Quand un parc d’attraction à grande échelle en est arrivé à créer le spectacle total et permanent de sa propre décadence, de ses propres erreurs ou défauts, en laissant croire au public qu’il peut s’en mêler ou jouer avec les animations du parc, vient le moment un peu fatal du spectacle de la mort des autres. Tout comme à l’époque de l’Empire romain, il est organisé une arène dans laquelle sont jetés des êtres humains qui peuvent perdre la vie ou non. Le public en décidera en levant le pouce ou en le baissant. C’est aujourd’hui dans le parc d’attraction France, l’arène des demandeurs d’asile, les réfugiés des guerres de Libye, Irak, Syrie…

Le spectacle est donc simple : inviter des penseurs, des politiques, des analystes, journalistes, faire es sondages sur 1000 personnes à propos du sort des réfugiés et se demander en direct si l’on doit renvoyer crever dans leur pays ou bien en sauver quelques uns. Les chiffres, comme dans tout spectacle, sont importants : 1000, 10 000, 15 000, 20 000, 50 000 ? Le vote du public joue dans la balance, les invités argumentent dans le pour ou le contre : c’est passionnant. Vraiment. Surtout en buvant une bière industrielle de mauvaise qualité mais bien fraîche.

refugies

Les cohortes d’êtres humains dans le plus grand dénuement apparaissent à l’écran, aussi proches dans l’esprit du public que des images d’archives d’il y a 70 ans ou d’un film de fiction à petit budget. Pourquoi se priver de donner son avis sur le « oui » ou le « non » à propos d’aider ou non ces gens qui n’ont pas plus d’existence concrète que les personnages d’une série ? Sachant qu’il est possible de les faire disparaître en éteignant l’écran, et qu’ils ne sont que des figurants « rapportés » comme spectacle dans le parc d’attraction par les gérants, pour occuper la foule et lui faire baisser ou lever le pouce…Et puis avoir son avis, sur la vie ou la mort de femmes, d’enfants, d’hommes en déroute, ce n’est pas rien, ça fait jouer l’ego, on a son importance dans ce cas là. Et on peut montrer son attachement à son parc d’attraction, dans la qualité des programmes et du type de nouveau public que l’on veut accueillir ou non.

Pour autant, si ces réfugiés n’étaient pas une part d’un spectacle, mais considérés comme de vrais individus, avec la souffrance, la mort comme destinée tragique, les gérants ne chercheraient pas à savoir ce que pense le public. Ils agiraient dignement, de façon responsable et feraient tout pour que ces réfugiés soient accueillis, protégés.

Ce serait le cas…si nous n’étions pas dans un parc d’attraction.

Source: https://reflets.info/la-societe-francaise-est-elle-un-grand-parc-dattraction/


Les macarons du diable.

Friday 2 October 2015 at 19:15

OLYMPUS DIGITAL CAMERAPeut-être est-ce dû à la façon dont je choisis mes sources d’information: il semble que ces derniers temps le débat sur la publicité en ligne soit présent partout, et plus particulièrement concernant l’impact des bloqueurs de publicité sur l’économie numérique.

On pourrait penser que tout a déjà été dit sur ce sujet: « trop de publicité tue la publicité, qui va devoir survivre en devenant du contenu sponsorisé, parce qu’il faut bien payer les créateurs de contenu, et puis si vous n’aimez pas la pub vous n’avez qu’à ne pas nous lire ! » (l’ai-je bien résumé ?).

Il me semble que tous ces articles négligent un aspect pourtant fondamental (mais tu vas devoir te taper tout l’article pour le connaître).

There is no alternative

Tout se passe comme si, dans l’esprit des auteurs sinon celui du public, le seul modèle économique possible du numérique était celui de la publicité. Comme si c’était l’alpha et l’omega du Web, l’unique façon de financer le contenu, sauf à vouloir – horresco referens – faire payer l’utilisateur final.

C’est un peu court.

D’abord parce que – bien sûr – il existe bien d’autres façons de financer un service. De l’abonnement au don, en passant par le mécénat, l’associatif, la vente de produits dérivés… Si le logiciel libre nous a appris une chose, c’est qu’il n’y a pas toujours de rapport entre la liberté d’accès et la rentabilité d’un produit, et que l’imagination humaine en matière de financement n’était pas forcément soumise aux règles de l’économie du 19ème siècle.

Et puis parce que, malgré ce qu’affirmaient la très grande majorité des observateurs avant l’ouverture de Mediapart, par exemple, il existe encore un public prêt à payer pour un service sans publicité (même Youtube commence à s’en apercevoir).

Ensuite parce que – quoi qu’en disent certains (suivez mon Rogard) – la gratuité n’est pas forcément le mal.

 

Fando et Lis

Eh non: quand c’est gratuit, vous n’êtes pas toujours le produit. La phrase est jolie, et résume bien le fonctionnement actuel des plus grands acteurs du Web, mais ça n’en fait pas pour autant la vérité universelle que certains ont tout intérêt à nous vendre.

Oui (par exemple), un auteur peut décider de publier son livre en ligne, en souhaitant qu’il soit largement diffusé, et sans pour autant en espérer un retour commercial quelconque. Oui, n’en déplaise aux industriels de la distribution qui n’imaginent pas l’existence d’une création hors de leurs réseaux, il existe des milliers de blogs de très grande qualité dont les auteurs n’espèrent aucun retour, fut-ce en terme de simple notoriété (les plus connus sont d’ailleurs souvent publiés sous pseudonymat). Oui, il existe des services techniques qui fonctionnent par passion, militantisme ou simplement pour le plaisir de partager et d’offrir. Voyez Mailoo, voyez Framasoft, voyez Reflets, voyez Twister, voyez tous ceux qui n’attendent aucun retour, hormis les dons volontaires (et très occasionnels) de leurs utilisateurs.

Bien sûr, ceux qui choisissent d’agir ainsi, gratuitement, ont sans doute d’autres sources de revenus (tout comme d’ailleurs l’écrasante majorité des auteurs « commerciaux » que leurs oeuvres ne font pas vivre).

Évidemment, certains services finissent par disparaître, par manque de moyens, ou parce que la passion n’a qu’un temps (mais combien de site commerciaux, basés sur la publicité ou l’abonnement, ont disparu eux aussi au fil des ans ?).

Et bien entendu, il n’est pas question dans ces lignes de nier aux auteurs le droit de vouloir vivre de leur travail.

Tout au plus de relever que si tout travail devait relever du seul commerce, ce monde serait bien triste.

Et d’affirmer que l’Internet libre et non-marchand est toujours debout.

 

Un pacte avec le diable

Mais je m’égare.

Car enfin, a-t-on bien mesuré le danger que fait peser sur nos vies ce contrat Faustien de « publicité contre gratuité » ?

Déjà, il serait urgent de rappeler, toujours, que ce contrat est largement biaisé: la publicité n’est jamais gratuite.

Pas seulement en terme de vie privée (j’y reviendrai) mais même en termes simplement financiers: c’est toujours celui qui la reçoit qui la paie. Soit quand il achète les biens promus, soit quand il paie son abonnement à Internet. Et dans un écosystème mobile dans lequel « la data » est payée au prix fort, ce coût là est loin d’être négligeable: vous payez – cher – l’affichage d’une publicité agressive qui veut vous faire acheter plus cher les objets qu’elle affiche sans votre accord.

C’est la victoire ultime des spammeurs (qu’on accusait, déjà, d’abuser d’un service payé par l’utilisateur final plutôt que par l’annonceur).

Ensuite, et c’est là qu’est l’aspect fondamental dont je parlais au début (ok, j’ai dérivé, pardon): ce que cherchent les annonceurs, c’est la meilleure diffusion possible au meilleur coût.

Voyons le schéma théorique de la publicité en ligne:
flow
Ce schéma implique non seulement que l’annonceur passe par une agence (ça vaut mieux pour lui: il est mauvais communicant de toutes façons), mais que cette agence doit ensuite traiter soit avec des régies (qui elles-mêmes vont devoir négocier avec le plus grand nombre possible de diffuseurs), soit directement, pour les plus gros diffuseurs.

De facto, les plus gros sont favorisés, même dans ce simple schéma théorique: les agences préfèreront toujours choisir de passer leur annonce sur TF1 que sur Cherie25, sur Google que sur mon blog, sur Twitter que sur irc. Même si c’est plus cher: du moment que ça touche le maximum de monde, c’est toujours meilleur marché, et plus facile. D’autant que les plus gros disposent de d’avantage d’informations sur leurs utilisateurs, et donc permettent de mieux les cibler.

Et ce schéma là est d’autant plus théorique que les plus gros diffuseurs (disons les GAFAM, pour simplifier) ont rapidement mis en place leur propre régie publicitaire, et gèrent directement le reste de la chaîne de diffusion. Ce faisant, ils gagnent d’avantage d’argent, deviennent encore plus gros, donc disposent d’encore plus d’information privées, et attirent encore plus d’annonceurs. C’est un cercle vertueux (pour eux, s’entend: pour toi, lecteur, il est méchamment vicieux).

L’économie basée sur la publicité crée donc, de facto, la centralisation du Web.

À terme, et le mouvement est déjà bien engagé chez Facebook, l’utilisateur final ne sort plus du silo construit pour lui afficher le plus d’annonces possible, basées sur le maximum de données privées possible, et jusqu’à la vente finale du produit annoncé. Ce n’est plus ni Internet ni le Web, c’est juste une grande gallerie marchande bardée de caméras de surveillance précises au point de connaitre la taille de tes boobs (ou d’autre chose).

 

La centralisation c’est bon, mangez-en

Tu pourrais te dire, à ce stade, que les gouvernements vont réagir, réguler tout ça, limiter l’hypercentralisation, protéger les plus faibles pour leur garantir une petite part de la très théorique théorie du ruissellement. Sauf que, et c’est là qu’on rigole: les états ont eux aussi tout intérêt à voir cet énorme réseau acentralisé et – donc – incontrôlable devenir un gentil toutou hypercentralisé. D’abord ça permet, quand le besoin s’en fait sentir, de mieux censurer contrôler l’information du bon peuple, et ensuite, va savoir, de mieux le surveiller: c’est toujours plus facile de coller ses micros chez 5 ou 6 énormes opérateurs que dans une multitude de petits serveurs.

Et donc, en conclusion, on s’aperçoit que tout le modèle actuel de la publicité en ligne ne peut conduire qu’à la surveillance généralisée, la censure, et le tout-marchand. Il ne peut pas y avoir de « publicité acceptable« , de « charte de bonne conduite » et j’en passe dans les listes blanches vendues aux plus offrants: si le modèle économique est basé sur la diffusion de publicité, in fine, on retourne dans notre joli cercle.

Et là, ami lecteur, il est temps de se dire que non: les bloqueurs de publicité ne sont pas juste des gadgets bien pratiques pour lire un article sans être emmerdé par des mickeys clignotants et qui créent quelques soucis financiers à ton webzine favori.

Ce sont aussi (à leur corps défendant, je veux bien l’admettre), les armes de la résistance contre le meilleur des mondes. Quitte à changer de modèle.

Source: https://reflets.info/les-macarons-du-diable/


La vaste blague de la proposition de loi sur la surveillance internationale des communications

Thursday 1 October 2015 at 21:52

ecoutesIncorrigibles naïfs ou optimistes que nous sommes, citoyens ayant encore une once de foi dans le système démocratique, nous commentons, nous proposons des modifications, nous espérons que nos représentants sauront voir le mur vers lequel ils nous précipitent avec la proposition de loi sur la surveillance internationale des communications, qui fait suite à la non moins  méprisable loi sur le renseignement. Las, les débats montrent ce qui était une évidence : le gouvernement, comme les parlementaires ont une idée en tête et n’en démordront pas. Pas même un petit peu. Quel que soit le nombre d’articles enflammés (ou pas), quels que soient les arguments (même les meilleurs), quel que soit le volume de tweets, quelles que soient les déclarations avisées des associations, des avocats, des magistrats, des représentants des services de renseignement qui s’opposent à ces lois attentatoires aux libertés individuelles, les textes seront adoptés.

C’est assez classique, lorsqu’une personne moyennement équipée pour la réflexion – ou ayant un ego un peu trop important – se trompe, elle ne revient pas en arrière, quitte à foncer dans le mur en klaxonnant, le sourire aux lèvres. Dans le cas présent, on a bien entendu ce type de comportement qui se profile. Et dans la continuité. Car ce mouvement a été initié bien avant la présidence Hollande. Les lecteurs de Reflets le savent depuis 2011. Et notre théorie abracadabrantesque a été confirmée récemment dans cet article. Sous Nicolas Sarkozy, la France s’est dotée d’une infrastructure lui permettant d’écouter à peu près n’importe quoi et n’importe qui. Notre petite NSA à nous… Cette infrastructure est, selon nous, appuyée sur deux leviers principaux. Les câbles, qui sont souvent posés par Alcatel ou Orange, et ceux qui passent par la France. Mais aussi certains outils vendus avec la bénédiction de la France à toute une série de dictateurs ou d’Etats policiers. Des Eagle d’Amesys qui sont quasiment tous à un endroit ou atterrit un câble posé par Alcatel, par exemple. Il faudrait que les services de renseignement extérieurs soient franchement mauvais pour ne pas se ménager un accès distant à ces outils, afin – entre autres choses – de délocaliser les écoutes et sortir du cadre juridique français. Cette stratégie d’écoute massive a donné une nouvelle position à la France au sein de la grande bourse d’échange de données. A tel point que très étrangement, et sans que personne ne relève ce point intéressant, la Rand Corporation a récemment estimé que la France devrait être intégrée au sein des Five Eyes.

Finally, the time may have come to bring France into the exclusive intelligence-sharing club known as “the Five Eyes,” which includes long-standing U.S. allies Canada, the UK, Australia and New Zealand. The price of membership for France is high because Paris would be expected to give as well as to take. But in light of the strategic convergence between Paris and Washington, both Americans and the French would have much to gain.

Cette nouvelle position de la France qui doit ravir les présidents Sarkozy et Hollande ne devrait pas faire oublier sur quoi elle a été construite. Les Libyens et les Syriens qui sont venus à Paris témoigner des tortures auxquelles ils ont été soumis sur la base des écoutes pratiquées par des outils de surveillance « Made in France » (avec certitude pour Amesys et une présomption d’innocence pour Qosmos) peuvent en témoigner à nouveau. Si tant est que nos gouvernants sont devenus sourds.

En ce qui concerne les détails de notre nouvelle position face aux Américains, vous devriez relire cet article qui détaille l’importance de notre infrastructure pour la surveillance de l’Afrique aux yeux de Washington.

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Et bien regarder cette cartographie:

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Faire marche arrière est donc complexe. On continue, on accélère, même. On donne un vernis juridique à des pratiques très bien établies. Comment accepter l’idée que l’on fait fausse route après tant d’efforts, tant de compromissions ?

Ma cassette, ma cassette !

Il ne faudrait pas non plus sous-estimer le coût d’un frein à cette fuite en avant vers la catastrophe.

Cette infrastructure qui nous vaut les félicitations de la Rand Corporation ont un coût. Bien entendu, moindre que celui de l’infrastructure américaine, mais tout de même. Si les Eagle et autres sondes variées ont été vendue(s) à des dictateurs ou des Etats policiers, un petit plus pour la balance du commerce extérieur, les infrastructures installées en France ne sont pas gratuites. L’idée même que tous ces investissements aient été faits en vain, parce que l’on se dirait, tout d’un coup, que oui, finalement, mettre en place ce genre de chose est attentatoire aux libertés individuelles des Français, à leur droit à la confidentialité de leurs communications, est probablement vécue comme une abomination par bon nombre de gens, de la DGSE aux cabinets ministériels, en passant par l’Elysée ou Matignon.

Mon gâteau, mon gâteau !

Au delà de ces aspects, il ne faudrait pas négliger la théorie du gâteau au chocolat. Si vous placez un bon et beau gâteau au chocolat dans une pièce où se trouve un gourmand qui aime le chocolat, que vous le laissez seul en lui demandant de ne pas y toucher, il y a de très fortes chances pour qu’il le goûte, pour peu qu’il y soit confronté suffisamment longtemps. Une fois ce pas franchi (l’interdit), il en mangera plus. Goûter au renseignement, c’est pire qu’un gâteau au chocolat, pire qu’un macaron de Laurent Chemla… C’est dire. C’est terriblement addictif. Si Pablo Escobar était encore vivant, il aurait fait commerce de métadonnées et autres payloads. Addictif, on vous dit. Improbable donc, que François Hollande mette un terme aux pratiques établies dans ce domaine.

Rien que des menteries !

Depuis 2011, nous martelons que la France fait dans l’écoute massive (pas dans le systématique) en France et à l’étranger (en même temps, le massif conduit au systématique, dans quatre ans la France pourra se payer un cloud privatif Amazon).

GCCS-J - big

Depuis 2011, nous n’avons récolté que quelques quolibets de la part des politiques (nous serions des trolls). Mais aussi des #Spanous ou des « non la France ne fait pas cela« . Nous avions proposé à Jean-Jacques Urvoas de discuter posément de tout cela, mais deux ans après notre proposition, nous sommes toujours sans nouvelles du député. Nos articles sur Amesys ou Qosmos ont, à notre sens, largement invalidé ses positions.

Toujours au registre du massif, de l’écoute, de la surveillance, le patron de l’ANSSI aurait indiqué aux Assises de la sécurité que « on » aurait demandé à son institution de devenir un service de renseignement, ce que l’agence aurait refusé.

anssi----

<subliminal>Nous serions ravis de discuter de ce point avec Guillaume Poupard. Si quelqu’un nous lit à l’ANSSI : redaction@reflets.info.</subliminal>

 

Source: https://reflets.info/la-vaste-blague-de-la-proposition-de-loi-sur-la-surveillance-internationale-des-communications/


La Golf qui cache la forêt

Thursday 1 October 2015 at 02:41

okofaceAh ! « Le scandale Volkswagen » ! « L’affaire VW » ! Bientôt, le « VWGate » ! Enfin un nouveau buzz pour faire vibrer la presse éco, le feuilleton business qui va faire couler l’encre et la sueur… Et les autres constructeurs qui jouent les vierges effarouchées, n’osant pas trop enfoncer leur concurrent-mais-néanmoins-confrère, craignant sans doute que les patrouilles anti-fraude iront fouiller dans leurs propres recettes pour vendre leurs bagnoles bouffeurs de pétrole comme des machines roulant à l’eau claire.

Franchement, faut avouer que ce concert de trémolos plus ou moins improvisées ressemble beaucoup aux affaires de dopage qui ont frappé le cyclisme ou l’athlétisme dans le sport de haut niveau. C’est pas moi, c’est l’autre – mais bon, n’accablons pas les copains, ça pourrait nous retomber un jour sur le coin de la gueule.

Ça fait des décennies que les vendeurs de bagnoles nous font le coup de l’innovation qui tue, de la recherche-développement top-secrète pour sortir le « moteur propre » ultime – et ainsi perpétuer le règne de la voiture individuelle dans la société occidentale. A quelques mois de la fameuse conférence sur le climat (COP21) – corruption sémantique qui évite de nommer la raison du malaise, à savoir la course à l’énergie comme moteur fou du capitalisme –, il est certain que cette tricherie aux normes anti-pollution du n°1 mondial Wolkswagen tombe plutôt bien pour faire diversion et voler la vedette aux problèmes de fond qui ravagent la planète et les rapports sociaux des laissés pour compte de la croissance à tout prix.

VW triche sur ses émissions de gaz d’échappement? Mais les « innovations » des groupes PSA et Renault, vrai-faux concurrents dans l’arène des plus gros bouffeurs de carbone, ont tout misé sur les pots dits « catalytiques » qui ont permis d’imposer les saloperies de moteurs diesel dans toutes les catégories de véhicules. Tout comme les soi-disant « biocarburants » – de bien vicieux sous-produits agricoles qui ont enrichi un certain Xavier Beulin, boss de la FNSEA et roi de Sofiprotéol (rebaptisé « groupe Avril », ça fait plus printanier) – ont servi de cache-sexe à une industrie qui a transformé l’atmosphère en poison violent.

okoside

Alors oui, le scandale VW n’est qu’un écran de fumée et de particules fines – sans doute alimenté par quelques concurrents aux dents acérées, façon guerre Airbus-Boeing – mais cela me permet d’en raconter une bien bonne dans le registre ancien combattant. Ça me rappelle mes premières années de journalisme, quand j’ai participé à un voyage de presse aux petits oignons, au début des années 90. VW France avait affrété des jets privés, au départ de l’aéroport du Bourget, pour offrir aux magaziniers de la presse une « visite » de l’usine de Wolfsburg, siège historique du groupe situé en Basse-Saxe (et non en ex-RDA! – cf commentaires), sans s’appesantir sur l’Histoire plus ancienne, à savoir l’amour du Fürher pour la « voiture du peuple » – comme la Fiat 500 mussolinienne, ou même la Ford T trente ans plus tôt, le petit-bolide-pas-cher-pour-populo conçu pour faire avaler aux prolétaires américains leur salaire de misère à trimer dix heures par jour sur des chaînes de montage singées par Chaplin dans Les temps modernes.

VWg2_oeko1Enfin, passons – nous allâmes donc, en rang serré, accompagnés par les soldats du service de presse de Volkswagen France, admirer le cœur industriel du groupe allemand, revigoré par l’unité est-ouest. Cette année-là (ce devait être 91, ou 92), la vedette des produits VW, c’était l’Öko Golf. Un « concept car » (qui ne fut pas commercialisée à l’époque), qui vantait pour la première fois à l’époque de « moteur hybride » (électrique-essence), avec de grosses batteries au plomb intégrées, et un bouton magique dans le tableau de bord (cf photo) pour passer instantanément du mode « pétrole » au mode « flower power ».

VWg2_oekoLa « Golf écolo » n’a donc pas fait long feu. C’était un « produit d’appel », specimen publicitaire d’un monde qui changeait, signe que la voiture pouvait être compatible avec le sustainable development – alors que les premières caisses aux moteurs hybrides ne seront réellement vendues en masse que vingt ans plus tard.

On parlait à l’époque de « zero emissions vehicles » (ZEVs), la Californie d’avant-Schwarzenneger venait de voter une loi pour que chaque constructeur, à l’horizon 2000, doive respecte un quota de ventes annuel de ZEVs, sinon dehors. Le tout-électrique était la vertu numéro une à moyen terme pour l’industrie automobile. Oubliant d’insister sur l’origine de cette énergie, qui provenait majoritairement soit du nucléaire – zéro émissions de carbone, kilotonnes de rejets radioactifs – soit des centrales à gaz, pétrole ou surtout charbon. En Allemagne, le charbon du peuple, c’est le lignite, une bien belle saloperie pour l’atmosphère (cause notamment des « pluies acides »). Ce même lignite – ironie de l’histoire automobile – qui est exploité à donf en Allemagne en ce moment même, suite à l' »abandon » partiel du programme nucléaire outre-Rhin. Témoin, la mégamine de Hambach, en Rhénanie, près de Cologne, une zone éventrée de 85 km2 qui permet aux centrales électriques de tourner à plein régime et de cracher leurs fumées grises aux saveurs cancérigènes.

En 1992, Nicolas Hayek, le fondateur des montres Swatch avait proposé à Volkswagen de se lancer réellement dans la voiture « zéro émission ». Une « Swatchmobile » au moteur électrique qui devait être fabriquée à partir de matériaux recyclés, du beau plastoc mais refondu et réutilisable. VW avait décliné l’offre de Hayek – trop tôt, pas assez bankable, sans doute. Un projet qui sera finalement fourgué à Mercedes pour créer la « Smart » (Swatch Mercedes Art), qui s’avérera – au grand dam de son inventeur – une voiture comme une autre, un peu plus riquiqui, et sans moteur électrique – la première Smart électrique sera sur le marché en… 2012! Et toujours pas la moindre trace de Smart au moteur hybride.

Dans ma petite collection de bibelots, on peut trouver un modèle réduit de cette Öko Golf de 1992, qui faisait partie du paquet cadeau remis à tous les journalistes méritanst qui avaient fait le voyage à Volksburg. Perfide, je l’ai placé à coté d’un autre modèle réduit, dont l’échelle est encore plus cruelle pour Volkswagen: vous reconnaîtrez la fameuse Trabant, moteur 2 temps, la « caisse à savon » en plastique qui faisait la fierté de la RDA, la petite voiture du peuple de la « République démocratique » – surtout réputée par son très haut niveau de pollution, sonore comme atmosphérique.

Comparaison cruelle, par les temps qui courent, pour le fabricant de la Golf.

trabigolf

Source: https://reflets.info/la-golf-qui-cache-la-foret/


Emmanuel Macron teste la stratégie Sarkozy

Tuesday 29 September 2015 at 13:24

Emmanuel Macron © ALAIN JOCARD / AFP

Emmanuel Macron © ALAIN JOCARD / AFP

Deux pas en avant, un pas en arrière. Cette stratégie a été au coeur de l’action de Nicolas Sarkozy pendant tout son quinquennat. Une stratégie élevée au rang d’art. Tellement utilisée que chaque énormité était oubliée de tous le lendemain, lors de l’apparition d’une nouvelle polémique.

L’ancien président avait coutume de lancer une idée, la plus inconcevable possible. Celle qui viendrait le plus en contradiction avec le ciment de notre pacte social. Si cela passait, tant mieux. Si cela ne passait pas, on faisait marche arrière. Mais pas complètement. Et c’est là que ça devient intéressant. C’est le principe suivant : deux pas en avant, un pas en arrière.

Et ça marche à tous les coups. Couplez cela à une gestion pointue du rythme d’apparitions des énormités, et vous obtenez un cocktail merveilleux qui vous permet de faire passer n’importe quoi. Laissez les media et l’opinion s’emballer, faites mine de ne pas reculer, puis, lâchez du lest. Et avant que qui que ce soit ait le temps de réfléchir au fait que vous avez fait deux pas en avant et un seul en arrière, lancez une nouvelle polémique. Oubli garanti pour la précédente. Le tour est joué. La plus belle illustration de cette stratégie, étant la nomination de Jean Sarkozy à la tête de l’EPAD. A 23 ans, le bac en poche, l’histoire était croquignolesque. Le tollé fut conséquent. Nicolas Sarkozy finit par reculer. Et pourtant…

Pourtant, la presse étant submergée par le rythme des polémiques, ne vit pas l’astuce. Jean Sarkozy ne prenait pas la tête de l’EPAD. Dont acte. Mais il en devenait administrateur. Il l’est encore aujourd’hui. Un détail qui passait inaperçu.

Emmanuel Macron, la machine à tester de François Hollande

Avec la loi qui porte son nom, Emmanuel Macron a revêtu les habits de Nicolas Sarkozy. Le principe ? On peut faire n’importe quoi, ne pas se poser de limites, se laisser aller à toutes ses envies, en clair, être décomplexé.

valls-decomplexe

Ce texte que les ultra-libéraux n’auraient pas renié est un peu étrange sous la plume d’une personne appartenant à un gouvernement qui se présente comme étant de gauche. Il ravit le MEDEF, finit d’achever la décomposition du contrat social, prépare le terrain pour la déconstruction du code du Travail. Le conseil constitutionnel  en censure quelques points? Qu’importe, deux pas en avant ont été réalisés. Mine de rien, à force de multiplier les « deux pas en avant, un pas en arrière », on avance.

Mais c’est avec sa dernière sortie sur les fonctionnaires qu’Emmanuel Macron est véritablement sorti du bois, qu’il s’est imposé comme machine à tester de François Hollande. Sur le mode « voyons ce qui se passe quand on dit que le statut des fonctionnaires n’est plus adéquat », Emmanuel Macron teste, avec toujours la même stratégie en tête.

L’autre stratégie initiée par la droite et reprise à son compte par Emmanuel Macron est celle de l’inversion du sens de l’intégration de la novlangue. Mise en place par George Bush, elle ressort aujourd’hui dans la bouche d’Emmanuel Macron lorsqu’il énonce que « Le libéralisme est de gauche« . Pur plagiat de George Orwell (1984) :

En s’engouffrant dans le chemin ouvert par Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron finit de dégoûter de la politique les électeurs qui s’interrogeaient sur la pertinence de leur vote. Reste le pourcentage de la population qui n’y voit que du feu ou qui croit encore à la parole des hommes politiques. Mais quel est-il ?

Source: https://reflets.info/emmanuel-macron-teste-la-strategie-sarkozy/


A votre santé !

Friday 25 September 2015 at 11:47

Signal LightIl s’en passe de bien belles au Sénat en ce moment lors de l’examen du projet de loi « santé » de Marisol Touraine. Sur le front du tabac, Bluetouff nous a déjà fait un bel exposé sur les tirages de ficelles du lobby des buralistes pour s’octroyer l’exclusivité de la vente des vapoteuses. Le Canard, dans son édition d’hier, en rajoutait une couche sur le fameux « paquet neutre », que le gouvernement avait réussi à imposer en cours de route lors des débats à l’Assemblée au mois d’avril, et que les sénateurs et sénatrices, de tous bords, y compris socialo-cocos, ont rejeté en bloc. Mais dans cette loi, il y a d’autres belles occasions d’apprécier la porosité de nos parlementaires aux stratégies d’influence des industriels. Et pour qu’un texte sur la « santé publique » trouve quelques arrangements avec les intérêts privés.

Sus à l’anorexie professionnelle!

Parlons d’abord de quelques nouveautés plutôt courageuses qui ne manqueront pas de déclencher les foudres de lobbys bien placés. (Se reporter à la « petite loi », rédigée au fur et à mesure des discussions.)

Commençons par la « lutte contre la maigreur excessive » (sic), un aspect qui n’était pas inclu dans le projet initial de la ministre. On s’attaque là à l’anorexie professionnelle, à savoir celle en vigueur dans les agences de mannequins. Introduite en commission des affaires sociales au mois de mars, la formulation première était la « prévention précoce de l’anorexie mentale » et la « lutte contre la valorisation de la minceur excessive ». Il est question d’exclure de la profession « toute personne dont l’indice de masse corporelle, établi en divisant son poids par sa taille élevée au carré, est inférieur à des niveaux définis, sur proposition de la Haute Autorité de santé, par arrêté des ministres chargés de la santé et du travail ». Et plus loin : « toute personne qui exploite une agence de mannequins ou qui s’assure, moyennant rémunération, le concours d’un mannequin, veille à ce que l’exercice du métier de mannequin et les exigences propres à celui-ci ne mettent pas en danger la santé de l’intéressé. » Et les proxénètes de la mode qui joueraient un peu trop les empêcheurs de manger risqueront un séjour à l’ombre avec menu pain sec et eau tiède:

« Le fait pour toute personne qui exploite une agence de mannequins (…) de ne pas veiller au respect de l’interdiction (citée plus haut) est puni d’un emprisonnement de six mois et d’une amende de 75 000 €. »

Les snipers de photoshop à l’amende

C’est plus loin que c’est moins drôle pour les agences de pub:

« Toute image publicitaire sur laquelle apparaît un mannequin (…) et dont la silhouette a été affinée par un logiciel de traitement d’image (sic!) doit comporter une mention qui indique que cette image a été retouchée. L’obligation prévue au premier alinéa s’impose à toute promotion, destinée au public, par voie d’imprimés et de publications périodiques. »

Ah non, merde! Ça ne marche pas pour une star du ciné ou de la politique qui aurait été « retouchée » en Une d’un grand hebdomadaire! Ouf, doivent se dire certains du côté du groupe Lagardère! L’obligation de la mention « retouché » s’applique aussi aux « messages publicitaires sur internet ou télévisés (…) émis et diffusés à partir du territoire français et reçus sur ce territoire ». Et là, on entend d’ici les râles des créatifs horrifiés: « Le fait pour tout annonceur ou promoteur de se soustraire à cette obligation est puni d’une amende de 30 000 € ». Et le tout devra « entrer en vigueur au plus tard le 1er janvier 2017 ». Les syndicats des agences de com sont déjà en train de passer leurs coups de fil à leurs copains-copines du Sénat!

On a aussi croisé une mesure salutaire pour prévenir les cancers de la peau: interdire, hors raison médicale, les salons de bronzage artificiel qui pullulent un peu partout. Là aussi, les lobbys du soleil en boite vont avoir du pain sur la planche:

« Hors usage médical, la vente, la mise à disposition à titre gratuit ou onéreux et l’utilisation d’appareils de bronzage, définis comme les appareils émettant des rayonnements ultraviolets destinés à exercer une action sur la peau à des fins esthétiques, sont interdites. »

On remarquera que le Sénat est moins regardant sur le tabac que sur la bronzette, car la chambre basse a été beaucoup plus expéditive que les députés: l’Assemblée s’était contentée d’en interdire l’usage pour les moins de 18 ans (tout en bannissant totalement la publicité pour cette pratique en vogue). Si cette disposition est retenue, elle devra s’appliquer 2 ans après le vote de la loi. Et le non-respect de l’interdiction sera « puni d’une amende de 100 000 € ». On imagine déjà les pressions du Medef auprès d’Emmanuel Macron contre cette atteinte inqualifiable à la liberté d’entreprendre…

Le code couleur nutritionnel saboté par les géants de la malbouffe

fsa-foodcolorUn autre épouvantail de ce projet de loi Touraine a tenu ses promesses: le message nutritionnel à cinq couleurs qui devait faire son apparition sur les produits alimentaires. Cela fait des années que le sujet est en débat. Le projet de loi n’était pas téméraire: aucune obligation d’étiquetage pour les industriels de la bouffe. Un règlement européen de 2011, a déjà subi les foudres des lobbys, opposés à ce qu’un diktat à la soviétique ne « stigmatise » les produits saturés en sel, sucre et graisse. L’article 5 rédigé par la ministre se contente de dire que « la déclaration nutritionnelle obligatoire (…) peut être accompagnée d’une présentation ou d’une expression complémentaire au moyen de graphiques ou de symboles ». Des mesures qui seront définies par l’Anses (l’Agence nationale de sécurité sanitaire) qui a déjà travaillé dessus en rendant un rapport en mars dernier. Entre-temps, une autre instance officielle a rendu son rapport, commandé par la ministre: celui du Haut conseil pour la santé publique, qui prend fait et cause pour « la mise en place d’un système d’information nutritionnelle synthétique s’appuyant sur une échelle de couleur à cinq niveaux », inspiré de la Food Standard Agency britannique, qui l’a mis en place depuis 2013 (de manière tout autant facultative – cf photo).

La nouveauté du Sénat, comme l’a raconté Le Canard du 23 septembre, c’est d’impliquer, pour définir ce fameux code couleur nutritionnel, un machin nommé Conseil national de l’alimentation (CNA). Or qui sont membres actifs du CNA? Des représentants d’assos de consommateurs, certes, mais surtout ceux de toutes les branches de l’industrie de la bouffe (producteurs, distributeurs, restaurateurs, etc.), bref « un cénacle aux petits soins pour l’industrie agroalimentaire » persifle Le Canard. Son dernier colloque du mois de juin avait pour thème «Communication et alimentation : les conditions de la confiance». Son président, Bernard Vallat, s’est déjà plaint auprès de la ministre, au mois de mai dernier, qu’un tel code couleur risquait de « stigmatiser les produits emblématiques de la gastronomie française ». Exactement le même discours que tient depuis des années l’ANIA, le vrai lobby des « industries alimentaires » qui a refilé aux sénateurs (selon le même papier du Canard) des textes d’amendements qui ont été repris in extenso.

L’ANIA, fin août (au lendemain de l’avis du Haut conseil), fustigeait à nouveau
« tout dispositif d’étiquetage nutritionnel simpliste reposant uniquement sur un code de couleurs ». C’est ce même lobby de la bouffe qui, au niveau européen, a bataillé ferme, en 2010, pour qu’un tel code ne voit jamais le jour dans un réglement de l’UE. L’ONG Corporate Europe Observatory, qui surveille les lobbys comme le lait sur le feu, a raconté en détail comment ce projet a été torpillé. Pas moins d’un milliard d’euros a été dépensé, en campagne d’influence, par le mastodonte du secteur, Food and Drink Europe (ex-CIAA), dont la liste des membres peut déclencher la nausée en moins de 2 secondes. Le lobby a mis en avant de soi-disantes « études » menées par un faux-nez de lui-même, l’EUFIC (centre européen d’information sur l’alimentation), organe financé, comme par hasard, par les géants Coca-Cola, McDonald’s, Nestlé, Ferrero, Danone, Unilever, Kraft – n’en jetez plus.

Pour brouiller les pistes et se présenter sous un jour neutre, les entreprises usent de ce stratagème dans tous les secteurs. L’ancien président du CNA français est maintenant à la tête du Fonds pour l’alimentation et la santé (FFAS), autre machin qui vient de matraquer son opposition à tout « étiquetage nutritionnel simplifié ». Inutile de dire qui sont ses généreux donateurs.

Zelium5une-webBref, le CNA fera donc partie des instances consultées sur cet étiquetage facultatif qui ne verra donc sans doute jamais le jour. Dans un communiqué du 10 septembre, le CNA en remet une couche sur « la nécessité que le système envisagé soit … validé par des expérimentations réalisées en conditions réelles d’achat », demande du temps pour « parfaire la représentation graphique » et réclame « un processus d’évaluation continu » avant d’envisager le pire. Tout en affirmant sans rire que « l’approche de l’alimentation par l’énergie et les nutriments est en effet très éloignée de la culture et des pratiques alimentaires des Français (non!?), et aucun élément ne permet d’affirmer à ce stade qu’un tel dispositif sera favorable ou défavorable au statut nutritionnel de la population française » (si!!). Pourtant, en cherchant bien, on trouve, en 2006, un rapport très complet sur la question des symboles nutritionnels, avec plein d’exemples de codes couleurs très précis et une foule d’études qui montrent l’utilité de la démarche.

En 2013, lors d’un autre de ses colloques, intitulé « Ré-enchanter l’alimentation » (que c’est beau), le CNA remerciait chaleureusement le groupe Ferrero pour ses bonnes œuvres. Allez, santé! C’est un ordre!

A lire le dernier numéro de Zélium consacré à l' »accro-alimentaire » – avec notamment un papier sur la Semaine du goût (du 12 au 18 octobre), manif faussement collégiale téléguidée par les mêmes lobbys de la bouffe et créé il y a plus de 20 ans par le Cedus, le conclave des sucriers.

Source: https://reflets.info/a-votre-sante/


Fleur Pellerin condamne une façon insidieuse de vouloir limiter les libertés

Monday 21 September 2015 at 13:23

Fleur PellerinÇa y est ! Enfin une femme politique qui a compris les implications de la mise en place des fameuses « boites noires » ! Voici ce que déclare Fleur Pellerin au journal 20 minutes :

Le problème de fond, c’est cette tendance à un retour à l’ordre moral. C’est contre cela que je souhaite lutter, car c’est contraire aux principes démocratiques, c’est contraire à toutes les grandes conquêtes qui ont émaillé les siècles pour obtenir les libertés dont nous jouissons dans une société démocratique. Cette façon insidieuse de vouloir limiter les libertés qui figurent dans notre droit depuis des dizaines années, et parfois plus d’un siècle, c’est pour moi quelque chose d’extrêmement inquiétant.

Oh, wait… On a lu trop vite. Il s’agit de la liberté de création. Rien à voir avec la mise sur écoute de la population française qui elle, n’est en rien une « façon insidieuse de vouloir limiter les libertés qui figurent dans notre droit« .

Circulez !

Source: https://reflets.info/fleur-pellerin-condamne-une-facon-insidieuse-de-vouloir-limiter-les-libertes/