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Ré-expliquer Caliopen. Encore.

Friday 11 September 2015 at 08:58

uiUn des principaux commentaires, suite à mon billet « Trop tard » sur Caliopen, a été, encore une fois, que son objectif n’était pas assez clair.

J’en assume la totale responsabilité, évidemment, puisque malgré l’aide et le soutien sans arrêt renouvelé de Gandi je suis seul à porter ce projet. Je suis un vieux développeur, pas un communicant, et il n’est pas toujours simple d’expliquer un projet complexe dans le peu d’espace alloué, de nos jours, par nos cerveaux sans cesse sollicités par une actualité débordante.

Je vous propose donc ici, encore, une explication: c’est le texte d’une mini-conférence que j’ai faite cet été, et qui sera sans doute la base des diverses rencontres autour du projet prévues cette fin d’année.

En espérant, cette fois-ci, être mieux compris et, qui sait, attirer quelques bonnes volontés sinon pour participer au développement, au moins peut-être pour dialoguer, améliorer le site-vitrine, m’aider à créer l’association qui dans le futur assurera le suivi du projet… Bref, pour m’accompagner dans cette aventure un peu trop solitaire.

Pourquoi Caliopen

Après les révélations de Snowden, prise de conscience du risque que la centralisation d’Internet fait peser sur la vie privée: le prix de la surveillance de masse est trop bon marché (il suffit d’avoir accès à une poignée de grandes entreprises, qu’elles soient ou non complices), il faut « degoogliser ». Caliopen est envisagé comme une alternative aux grands silos de gestion d’email (gmail, yahoo, hotmail…).

Pour être utile et efficace, cette alternative doit être adoptée par le plus grand nombre. Les solutions de type Lavabit (ou ProtonMail depuis) sont trop élitistes, ce qui pose un problème d’échelle: sans même parler de chiffrement, quand le nombre d’utilisateur du plus grand service alternatif se compte en centaines de milliers alors que le nombre de comptes actifs Gmail approche le milliard, la proportion est beaucoup trop faible pour parler de décentralisation. L’immense majorité des échanges se fait avec les silos centralisés, la modélisation des graphes sociaux de la population (qui parle avec qui) reste triviale, la surveillance généralisée ne coûte pas assez cher.

Notre conclusion est alors qu’il ne sert à rien de proposer « la même chose mais ». Une alternative Gmail-like, même libre, même décentralisée, même sécurisée, n’attirera jamais assez de public pour changer la donne. Le grand public n’a pas envie de changer ses usages pour « la même chose mais ». On ne change pas d’adresse email comme de chemise, c’est coûteux (et d’autant plus que le service ne pourra pas être basé sur le même modèle économique échangeant gratuité contre vie privée puisque l’objectif est la protection de la vie privée), il faut prévenir tous ses contacts, changer d’appli sur son téléphone, transférer des données… En dehors d’une portion très faible et très motivée de la population, personne ne fera un tel effort.

Notre choix fut donc d’inventer autre chose. Un service qui attirera le public non pas « contre » des pratiques existantes, mais « pour » de nouveaux usages, un outil attirant, plus moderne. Et tant qu’à faire de partir d’une page blanche, nous pouvions imaginer d’intégrer au delà du mail tout ce qui relève de la correspondance privée en ligne.

L’email est vieux. En dehors de FTP, c’est sans doute le plus vieux protocole utilisateur dont l’usage soit encore aussi large. Et il a peu évolué: depuis les premiers webmails, en dehors de l’UI, peu de choses ont changé. Pourtant les usages, eux, ont évolué: des échanges privés se font toujours via l’email, mais le plus souvent il s’agit d’échanges de travail, ou pour le commerce électronique. Notre correspondance privée est sortie de ce seul cadre. Nous dialoguons via jabber, irc, messages privés twitter ou facebook, Skype, textos… Tout ceci relève de la correspondance privée, et souvent avec les mêmes contacts. Même ceux qui utilisent le plus sécurisé des services de mail continuent à échanger par ces moyens là, et peuvent donc être surveillés, d’autant plus facilement que leurs contacts ne sont joignables que par ces outils.

L’idée de Caliopen, c’est donc de ne plus considérer le protocole sous-jacent comme discriminant de la fonction. Dans Caliopen, une conversation se fait avec des contacts, quel que soit le protocole utilisé. Dès qu’un contact peut être joint en privé, par n’importe lequel de ces moyens, Caliopen le permet. Il regroupe dans une unique conversation tout ce qui est échangé avec un contact, quel que soit le protocole. On ne se pose plus la question de savoir si untel nous a envoyé une photo par mail, Twitter ou Facebook pour pouvoir la retrouver: elle sera dans la conversation que nous avons eue avec lui via l’interface de Caliopen.

Et il n’y a même pas forcément besoin de changer d’adresse pour permettre ça: Caliopen permet d’ajouter un compte existant, y compris un compte Gmail, pourquoi pas. Chaque protocole s’intègre sous forme de plugin, et tout nouveau bidule à la mode pourra y être ajouté sans difficulté insurmontable, dès lors qu’il permet des échanges privés.

Voilà, nous l’espérons, de quoi attirer le plus grand nombre.

Et ce n’est qu’une fois le produit adopté, pour cet usage, que Caliopen prend tout son sens: en assignant à chacun des éléments de son interface un « niveau de confidentialité », et en l’affichant de façon systématique, Caliopen va permettre à ses utilisateurs de prendre conscience du degré d’exposition de leur vie privée en ligne. Quand un message venant de Gmail arrive en ayant un niveau quasi nul de confidentialité, on y répondra pas forcément de façon aussi libérée que s’il existe un meilleur canal. Et Caliopen utilisera par défaut ce canal là pour y répondre, en fonction des données du contact. En affichant un niveau global de confidentialité du compte utilisateur, Caliopen va motiver celui-ci pour l’améliorer, en lui proposant des options pour ce faire. Et ainsi, petit à petit, chaque utilisateur de Caliopen sera poussé à se créer des clés de chiffrement, à utiliser les protocoles les plus sûrs, à demander à ses contact de faire de même (et pourquoi pas à se créer un compte Caliopen).

Quand nous en serons là, nous aurons créé un outil à même d’être non seulement une alternative aux grands silos, mais aussi une alternative à l’email: parce que tous les services basés sur Caliopen auront le choix de rejoindre un réseau privé sécurisé pour échanger entre eux les niveaux de confidentialités de leurs utilisateurs, ce réseau là pourra supporter un protocole plus sûr y compris pour les échanges entre utilisateurs, tout en étant largement décentralisé.

Pour aller plus loin

Si malgré tout vous n’avez toujours pas compris l’objectif de Caliopen, n’hésitez pas à poser des questions, à venir discuter, ou même encore mieux à contribuer à mieux expliquer: ceci n’est pas une startup: c’est un projet libre, qui ne vit que grâce à la bonne volonté des uns et des autres.

Je vous demanderai toutefois de faire l’effort de nous rejoindre sur le canal irc #caliopen (sur le réseau FreeNode), même si j’essaierai dans la mesure du possible de répondre à vos commentaires ici-même. Vous pouvez aussi m’écrire directement, ou poser des questions sur contact@caliopen.org.

 

Source: https://reflets.info/re-expliquer-caliopen-encore/


L’Europe, sa peur de 366 402 personnes et l’avenir…

Wednesday 9 September 2015 at 11:29

refugies-europe-afpSelon un dernier bilan établi par l’AFP, quelque 366 402 réfugiés sont arrivés par mer en Europe au 31 août 2015. Une vague ? Un tsunami ? L’Europe et ses 508 millions d’habitants risquent d’être submergés ? Cela représente quand même 0,07% de la population de l’UE. De quoi s’interroger sur les moyens à mettre en place pour accueillir ces 366 402 personnes. Ça doit être compliqué, non ? Sans parler de tous ces membres de l’EI bien cachés au sein de la vague de réfugiés…

Et l’on se réunit, et l’on discute, et l’on parle de quotas obligatoires, et tous les grands esprits locaux s’interrogent sur les moyens à déployer pour à la fois accueillir sur une base humanitaire et enrayer le flux en agissant sur place…

Une cinquantaine de réfugiés syriens et irakiens sont d’ailleurs  arrivés mercredi matin à Champagne-sur-Seine (Seine-et-Marne) en provenance d’Allemagne dans la cadre du programme de répartition des réfugiés en Europe. C’est dire si le tsunami est important.

Dans le même temps, de l’autre côté de la Méditerranée, au Liban, on compte plus d’un million de réfugiés. Soit le quart de la population du pays. La dernière fois que le Liban a accueilli en masse des réfugiés, cela a très mal fini. Mais les hommes politiques ont la mémoire courte et de toutes façons, tout ça se passe bien loin des capitales européennes…

En Jordanie, on approche également du million de réfugiés. En tout ce sont quelque 4 millions de réfugiés qui se sont installés dans les pays limitrophes.

Sans une aide massive à des millions de réfugiés, sans un règlement de la situation en Syrie et en Irak, l’avenir est relativement sombre…

 

 

Source: https://reflets.info/leurope-sa-peur-de-366-402-personnes-et-lavenir/


Chez Dior, on ne plaisante pas avec l’hospitalité, ni avec les relations presse

Wednesday 9 September 2015 at 10:44

Capture d’écran 2015-09-09 à 10.40.34Il y a des journaux et des journalistes qui n’ont pas froid aux yeux. Ils sont capables de partir en reportage à l’autre bout de la France dans des conditions franchement difficiles. C’est notamment le cas de l’Officiel qui nous propose dans son numéro 997 d’août 2015 un reportage de six pages ébouriffant. « Caroline Issa, rédactrice en chef du magazine Tank » a été « invitée pour 48 heures sur le Riviera pour assister à la dernière collection croisière de Raf Simmons » et « nous offre des impressions et ses clichés sur cette parenthèse enchantée« . Promesse tenue, on n’est pas déçu.

Dans la tradition de « ma binette partout » chère au Canard Enchaîné (généralement pour des politiques dans le journal municipal) Caroline Issa se met en scène dans une voiture de luxe, en train d’ouvrir les petits cadeaux de bienvenue, en peignoir dans le canapé de la suite, au balcon face à la Méditerranée ou étrangement aucun réfugié ne se noie. Bref, le 10 mai, Caroline Issa arrive et nous livre ses premières impressions. Attention, ça décoiffe:

« La maison Dior sait recevoir et a le sens du détail (les femmes en Dior ne me contrediront pas!). A mon arrivée à Cannes, j’ai immédiatement ouvert la fenêtre de ma chambre donnant sur la croisette pour respirer l’air de la Méditerranée. Posés sur la table, un panama blanc et les instructions pour le rouler, plus loin des lunettes de soleil, que dis-je « les » lunettes de la saison (« So Real »), un ravissant bouquet et quelques autres très délicates attentions… Chez Dior, on ne plaisante pas avec l’hospitalité. »

Les petits cadeaux de Dior ne sont donc pas destinés à générer un bel article à la gloire de la marque, mais bien, une marque d’hospitalité, une sorte de façon de recevoir une journaliste avec délicatesse et glamour.

Une fois le détail (partiel) des babioles offertes par Dior aux journalistes invité(e)s, Caroline Issa nous narre le menu du restaurant Tetou où la marque les a invité(e)s à se restaurer. « La gastronomie française sous son meilleur jour » dans ce « restaurant légendaire de la Côte d’Azur« .

Le lendemain c’est pétanque. Et comme chez Dior, on sait recevoir, les initiales des journalistes ont été gravées « sur un jeu de boules dans une chiquissime boite en bois« .  Pour se remettre, « direction la fondation Maeght toute proche et privatisée pour l’occasion : nous y déjeunons au milieu des sculptures de Giacometti… Magique !« .

Le grand public a parfois du mal à comprendre sur quels critères sont attribuées les cartes de presse et ce à quoi elles servent. C’est simple. Pour certains reportages elles sont essentielles.

Source: https://reflets.info/chez-dior-on-ne-plaisante-pas-avec-lhospitalite-ni-avec-les-relations-presse/


Quand les services du fisc rentrent dans ta chambre à coucher

Tuesday 8 September 2015 at 13:10

Drapher

C’est une histoire qui en dit long sur l’état de la société et du droit. Figurez-vous qu’aujourd’hui même, ce matin, une femme d’un certain âge s’est approchée de mon portail après être sortie d’une banale voiture individuelle à la portière cabossée. Elle tenait une liasse de papier et portait bien son tailleur.

— Vous êtes bien Monsieur Drapher de chez Drapher ?, me dit-elle.

— Oui, oui, fais-je.

— C’est pour le contrôle de la redevance

— Ah.

— Vous avez déclaré ne pas avoir le télé.

— C’est toujours vrai. Je n’ai pas la télé. Et ça risque de durer.

— Je peux rentrer pour contrôler ?

Là, je reste un peu désemparée et lui demande les sourcils froncés :

— Rentrer chez moi ? C’est une plaisanterie ?

— Pas du tout, j’ai besoin de vérifier…

Je me gratte un peu la tête et lui dis que « quand même, ce n’est pas autorisé de rentrer chez les gens comme ça, que l’Etat n’a pas tous les droits, hein ? »

Elle ne se démonte pas et me lance :

— Je suis assermentée.

Pourquoi cette phrase à deux centimes d’euros a-t-elle eu une influence sur mon jugement ? Je ne saurais dire. Je lui dis quand même :

— Mais je peux vous dire « non », quand même ?

Sa réponse finit de flinguer ma dernière bribe de jugement :

—  » Vous faites ce que vous voulez »

C’est à ce moment que j’ai purement déconné. Je me suis dit « bon, t’as pas la télé, donc tu ne risques rien. Si tu l’envoies péter, elle va noter que tu l’as, et tu vas te faire allumer par les services de la stasi  Bercy. Quitte à faire, laisse là entrer constater, et débarrasse-t-en.

Et voilà la fière agent assermentée qui rentre dans la maison : visite du proprio par le Drapher, très très con, il faut bien le dire :

— Alors là c’est le salon vous voyez, et y’a pas de télé, hein, nulle part. Pareil pour la cuisine salle-à-manger, y’a rien. Vous voulez aussi voir la chambre à coucher ?

L’assermentée ne se démonte pas :

— Oui, oui, je vous suis.

Et le Drapher qui la fait rentrer dans sa piaule…

— Ca c’est un écran avec une console, on ne peut pas regarder la tévé avec, et puis y’a pas d’antenne, pas de câble qui relie cet écran à quoi que ce soit.

— Très bien.

On ressort.

Dans la cuisine, elle sort un papier et me dit :

— Et les DVD vous regardez des DVD ?

— Oui, aussi, on a plein l’armoire là, et même qu’on en compresse et qu’on en met sur de l’USB

Elle note des trucs. Me demande de signer. Je ne regarde même pas ce qu’elle a écrit tellement je suis confus et dégouté par la situation… surréaliste dans laquelle je suis.

Elle repart.

Je m’assieds, un peu sonné.

Mais qu’est-il en train d’arriver dans ce pays ? Où sommes-nous ?

Une fois les vérifications faites, il est interdit à un agent du fisc de pénétrer votre domicile, mais ils le font avec des menaces déguisées, les gens acceptent, bien que ce soit absolument illégal. Seules les forces de police peuvent pénétrer ton domicile, avec un papier d’un juge. Pas les autres services de l’Etat. Je vais donc me plaindre auprès du directeur des finances publiques départementales par courrier. On verra bien. Je pense aussi porter plainte. Mais je ne décolère pas.

Quel est ce pays qui se vante d’être le phare des droits de l’homme, de la liberté, de l’égalité et de la fraternité et qui se comporte avec ses citoyens de la même manière que l’Union soviétique à son heure de gloire, juste pour récupérer des impôts sur la télévision — chez les gens qui ne la regardent pas ?

Ou bien alors, nous sommes tellement peu nombreux à ne pas avoir la télévision, que c’en est devenu une forme de dissidence administrative insupportable pour l’Etat ?

Allez donc savoir…

 

Source: https://reflets.info/quand-les-services-du-fisc-rentrent-dans-ta-chambre-a-coucher/


Krach chinois, récession, réfugiés, propagandes et verrouillage mondial

Tuesday 8 September 2015 at 07:53

Le monde est parvenu à une charnière importante. Les systèmes économiques et politiques en place se craquèlent de toutes parts, avec une rapidité jusque là inconnue, sous le regard des dirigeants des grandes puissances… plus ou moins impuissants. Petite balade dans le grand chaos de « fin de civilisation capitaliste » en cours.

Chine : ça ne tiendra pas

Le plus grand pays stalinien du monde a joué… et perdu au casino boursier, en laissant près de 100 millions de petits porteurs tenter leur chance pour payer, qui ses retraites, qui sa sécurité sociale. La bulle boursière et immobilière générée avec l’aide du shadow banking qui finance 50% de la richesse du pays, est l’une des plus grosses que la planète capitaliste n’ait jamais vu.

Le shadow banking est alimenté par l’épargne, un trait saillant de l’économie chinoise. A plus de 50% du PIB, le stock d’épargne brute de la Chine est parmi les plus élevés du monde (source : bsi-economics.org)

Il ya 20% de logements construits inhabités en Chine, comme dans d’autres pays d’Asie du sud-est, et une pyramide de Ponzi géante en train de s’effondrer. L’économie chinoise réelle a ralenti, le monde entier commence à en ressentir les effets. Un pays qui contribue de 25% à la part de croissance de la planète et représente 15% de la production mondiale a tendance a créer des troubles économiques globaux lorsqu’il s’affaisse, surtout quand son système financier est parfaitement opaque et vérolé. La Chine va retrouver un rythme de croissance qui correspond à sa réalité sociale, économique, politique : faible, instable. La consommation intérieure chinoise est de 35%, ce qui dans le cadre de l’économie de marché, oblige aux exportations. Et les exportations chutent. Il n’y aura pas assez de demande intérieure pour compenser les pertes…

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Toute l’inquiétude de la planète capitaliste réside en deux mots : le soutien et la confiance. Si le gouvernement Chinois arrête d’acheter de la dette américaine, perd la confiance des investisseurs de toutes sortes, le risque d’un effet de cascade est plus que réel. Il est probable que l’économie chinoise ne tiendra pas ses promesses. Les grandes puissances, Etats-Unis en tête, vont se retrouver très ennuyées : qui donc va acheter leur dette, et booster leur croissance en investissant chez elles ?

Un système infini, pour un monde fini

Le Brésil est en récession, et c’est un grand émergent — qui lui aussi tirait vers le haut la croissance capitaliste — qui flanche. Les effets de ce début de déprime mondiale ne sont pas encore parfaitement visibles, mais ne vont pas tarder à se faire fortement sentir. Tout le problème de la mondialisation — ou globalisation économique — est concentré dans la période actuelle : les économies sont intriquées et la finance, plus volatile que jamais, fuit de places boursières en places boursières, de plus-values sur les cours de change, en investissements refuges. Ce système est en train de s’asphyxier par lui-même, puisqu’il nécessite, pour perdurer et se maintenir, de pouvoir toujours aller vers : de nouveaux marchés, de nouveaux investissements, de nouveaux territoires, de nouveaux produits financiers, de nouvelles croissances. Pas de chance, la planète a une taille finie, et l’argent qui circule est majoritairement fabriqué par des banques centrales qui ne savent plus comment faire pour en créer plus et en prêter plus à des banques qui ne savent plus où donner de la tête sur les marchés financiers. Parce que dans le monde réel, on sent bien que la fête est un peu finie…

Endettement privé en Chine : sans commentaires…

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Rendre le monde instable a un coût humain

Les médias français sont entièrement focalisés sur la « crise des migrants », devenus en quelques jours, des réfugiés. Ils l’étaient depuis le début, des réfugiés, mais personne n’avait vraiment envie de le dire. Tant il est vrai qu’il est plus facile de pointer du doigt des pseudo-envahisseurs du Sud, que de se questionner sur la réalité des ces hommes, ces femmes et ces enfants qui n’ont d’autre choix que de fuir leurs terre natales devenues invivables par la faute des politiques des grandes nations, celles-là mêmes qui les stigmatisent.

L’instabilité en Irak n’est pas le fruit du groupe djihadiste « Etat islamique ». l’EI n’est que la conséquence d’une politique occidentale désastreuse, débutée en 2003.

Réfugiés syriens passant la frontière pour entrer au Kurdistan irakien. (Archives : REUTERS/Azad Lashkari)

La Syrie, dont Assad, grand ami de la France, a été cernée par des troupes sunnites financées par d’autres grands amis de la France : l’Arabie Saoudite et le Qatar. Ce massacre syrien, tant du côté des rebelles que des troupes gouvernementales était prévisible et évident : les grandes puissances occidentales ont détourné la tête. Appuyé certains protagonistes ? 5 ans plus tard, le monde riche du Nord s’inquiète de voir arriver des gens qui ont tout perdu, par la faute des gouvernements de ce même monde riche du Nord.

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Près de 70 000 Nigériens ont fui la Libye pour retourner au Niger début 2011 suite aux bombardements occidentaux

Une partie de la planète est grandement instable, avec la France, superbe donneuse de leçons, en tête des pays ayant provoqué l’instabilité. Le bombardement de la Libye et le chaos qu’il a engendré ne semble pas avoir servi de repoussoir à ces politiques militaires terrifiantes : Hollande réitère en Syrie. Bombarder des innocents forcés de vivre au milieu des djihadistes du groupe EI a un coût humain, mais le président français ne semble pas s’en préoccuper. Ne serait-ce pas le coût politique pour sa propre personne qui serait en jeu, plutôt que la mort de milliers d’innocents ?

Surtout, croyez-bien ce qui est raconté

Dans une rédaction de télévision, le but est de parler du monde, mais sans développer, juste en surface. Montrer des choses, rapidement. En rafales. Si c’est un sujet inquiétant, il faut mettre des images inquiétantes, des commentaires inquiétants. Le montage est important. L’ambiance. C’est une sorte de film court, de 1’30 à 3′ au maximum et qui est censé présenter un sujet d’actualité au téléspectateur. Lui présenter, pas lui permettre de comprendre ou de se poser des questions.

TVCe système médiatique n’est rien d’autre qu’une forme évoluée de propagande, avec un public désormais tellement habitué à celui-ci, qu’il en est parfaitement inconscient et se pose désormais en analyste. Les Français appellent les chaînes pour donner leur avis, émettre leur opinion sur les réfugiés, alors qu’ils ne savent — pour la plupart — à peu près rien du sujet. Sachant que le problème actuel n’est pas de savoir s’il faut ou non accueillir les réfugiés, mais comment faire pour que le chaos engendré en Libye, en Irak, (et par ricochet en Syrie) par nos propres gouvernements, soit stoppé. Les réfugiés, il n’y a même pas à discuter sur leur accueil : c’est une évidence. Enfin, pour des êtres humains normalement constitués, qui refusent de subir la propagande, et qui ont une conscience correcte de l’histoire…

Le grand verrouillage : phase finale du processus

La Russie de Poutine est un bon exemple de processus de verrouillage politique global. A l’échelle d’un pays, avant tout. Les Russes soutiennent Poutine, dit-on. Pourquoi ne pas soutenir, plus à l’Ouest, des assassins d’Etat, censés protéger les populations de grands fléaux déclarés ? Obama, Cameron, Hollande, Merkel : ces chefs d’Etats ont tous du sang sur les mains et travaillent dans le même sens : verrouiller le système actuel. Le principe du verrouillage est de parvenir à empêcher des systèmes politiques, économiques « jeunes » de parvenir à changer les règles en cours,  excessivement favorables au club du G8. Pour résumer : les anciennes colonies des pays impériaux doivent être maintenues comme de vulgaires vassaux économiques permettant aux pays industrialisés issus de la révolution industrielle débutée au 18ème siècle de continuer à dominer la planète.

Al+Gore+2

Haute technologie, énergie, économie, déstabilisation militaire sont les clés du verrouillage global. La surveillance, poussée à l’extrême, les règles internationales contraignantes (crédits carbone, engagements sur la réduction de CO2, traités commerciaux TTIP (Traité transatlantique), TTP (Traité transatlantique), TISA (Traité mondial sur les services), ventes d’armes, interventions militaires, corruption d’Etat) doublées de méthodes déjà éprouvées, devraient permettre aux « verrouilleurs » de préserver le système en cours.

Ne restent que les populations, devenues réfractaires au fonctionnement politique en place. La propagation de la peur, doublée d’une capacité à restreindre les libertés individuelles sous prétexte de lutte contre des ennemis intérieurs ou extérieurs vont certainement  finaliser le processus. Un processus soutenu politiquement par le maintien (et l’entretien) des parti nationalistes xénophobes, repoussoir électoral des plus pratiques, pour maintenir en place ceux-là mêmes qui les dénoncent.

extremedroite-entretien

La seule inconnue reste l’écroulement systémique de la finance/banques : l’hyper-capitalisme est en mauvais état et les cartouches pour le redresser globalement, semblent limitées. A moins que de nouvelles ruses issues du monde des 1% ne parviennent à maintenir l’ensemble, au détriment du plus grand nombre ?

Pour conclure, un extrait d’article de Pierre Sarton du Jonchay, du blog de Paul Jorion :

La contraction de la base économique réelle par rapport à la masse financière de crédit et de monnaie est à l’origine de la dépréciation relative des actifs réels par rapport à leur prix nominal financier. Les banques centrales n’ont pas d’autre moyen pour masquer la bulle des subprimes immobiliers qui n’a jamais été vraiment résorbée, que de créer une hyper-bulle mondiale sur la réalité de la croissance économique. Grâce aux politiques de facilitation monétaire, la croissance serait demeurée forte et solide malgré la montée du chômage, la stagnation des salaires de ceux qui ont conservé un emploi, les déficits publics et les dettes latentes, que les réformes comptables postérieures au krach de 2008 n’obligent plus à enregistrer dans les bilans financiers.

Source: https://reflets.info/krach-chinois-recession-refugies-propagandes-et-verrouillage-mondial/


Faut-il mépriser les sondages, Lagarde, ou les sondés ?

Sunday 6 September 2015 at 15:17

lagarde-nezrouge

Christine Laboulette Lagarde

Voici une proposition de question pour le bac philo à venir. Figurez-vous que sur 1000 sondés en profondeur pour La Parisenne, la directrice générale du Fonds monétaire international Christine Lagarde ferait pour 50% des Français, une bonne (34%) ou même très bonne (16%) présidente de la République. Doit-on mépriser un sondage idiot (qui a eu l’idée de mettre le nom de Christine Laboulette Lagarde dans la liste des propositions?) réalisé auprès de 1000 personnes selon la technique habituelle du doigt mouillé ? Ou les sondés, qui sont assez stupides pour penser que Christine Lagarde pourrait être une bonne, ou une très bonne n’importe quoi ? Lamentable économiste, analyste de première bourre qui a annoncé la sortie de crise de la Grèce un nombre incalculable de fois, experte en bourdes de toutes sortes… Franchement… Si la réponse devait être « les sondés », ce serait embêtant. Cela voudrait dire que ces imbéciles méritent amplement le bordel ambiant dans lequel ils se trouvent. Qu’ils ne seront jamais éveillés. N’ont-ils d’ailleurs pas déjà élu Nicolas Sarkozy en voyant en lui un grand homme d’Etat ? Après Nicolas Sarkozy et François Hollande, Christine Lagarde serait une apothéose. Encore un effort les sondés et on touchera le fond. Mais y a-t-il seulement un fond au puits de bêtise ?

Source: https://reflets.info/faut-il-mepriser-les-sondages-lagarde-ou-les-sondes/


El cambio no vendrá con políticos

Thursday 3 September 2015 at 11:47

podemos-syrizaPara seguir con el monologo anterior, la pregunta que sigue es “¿que podemos hacer?” Si no bastan revelaciones como las de Edward Snowden, si no bastan los artículos en la prensa internacional, si no basta la película Citizen 4, si no hay la reacción que podíamos esperar por parte de la población… ¿Qué podemos hacer?

Podemos… Esta es una palabra interesante. La hemos oído mucho estos últimos tiempos. Podemos…, juntos, podemos…, podemos cambiar un montón de cosas. ¿Pero que queremos cambiar exactamente?

Cambiar a los políticos parece. Que muchas personas están hartas de lo que hacen y de lo que no hacen.

Cambiar esta sociedad porque se nota que no es bastante igualitaria.

¿Y como hacemos esto?

¿Votando?

¿Pero a quien?

¿A Podemos porque pueden?

¿A Syriza porque hará algo radicalmente diferente?

Esto no funciona. Y no funciona porque no quieren. No funciona porque el resto del mundo no quiere que funcione.

Venceremos, dice la imagen. ¿A quien venceremos? ¿A otros políticos? No tiene ningún sentido…

A lo mejor, el día en que ya no vote nadie pasara algo. A lo mejor tenemos que cambiarnos nosotros mismos, cada uno de nosotros, para iniciar un cambio global. A lo mejor todo empieza en nuestros cerebros, individualmente.

Uno puede cambiar individualmente sin desinteresarse de los otros. Al revés. Cambiarse sólito para convivir mejor con los demás.

Apagar la televisión, dejar de darle importancia a lo que no tiene ninguna, concentrarse en lo que podemos hacer para ayudar a la gente que nos rodea, dejar el ordenador. Que el no puede cambiar nada, ni con peticiones ni con Twitter, ni con Facebook. El no salvara a nadie. ¿Te importa Aylan y todos los que dejan su vida en el Mediterráneo? Puedes salir para España, Grecia, o donde quieras, para ayudar en las playas. Twitter y Facebook no ayudan a Aylan.

Source: https://reflets.info/el-cambio-no-vendra-con-politicos/


Postulat n°2 : la maîtrise des identités conditionne notre rapport moral aux libertés

Wednesday 2 September 2015 at 19:27

slimpressNous venons de voir que les problématiques liées à l’identité sur Internet sont faites de paradoxes. L’exercice des libertés sur Internet ne déroge pas à une certaine forme de complexité principalement liée à la gestion de ses identités. La liberté d’expression est probablement celle qui vient à l’esprit de tout internaute si on lui demande ce qu’Internet lui inspire. Ce fut le cas en France jusqu’à une certaine époque que nous vous laisserons ici le loisir d’apprécier. Mais la donne a changé. Le parcours chaotique du rapport de l’homme public à Internet, ponctué d’une succession de lois anti-terroristes et pour le bien de l’exception culturelle française, couplé à un accroissement plus que significatif des aborigènes du Net ont conduit à une surveillance accrue des réseaux de communication.

Personne n’aime se sentir surveillé, il est donc logique et naturel de vouloir échapper à la surveillance. Pour un journaliste, c’est même un devoir dont il ne semble pas toujours bien conscient même s’il faut reconnaître à la profession une certaine prise de conscience depuis les révélations d’Edward Snowden sur les programmes de surveillance américains. Mais cette prise de conscience n’est qu’un premier pas.

Non, nous n’aborderons pas ici le piratage du site Ashley Madison pour tenter d’expliquer que la maîtrise de son identité conditionne notre rapport moral aux libertés mais vous avez tout loisir d’y songer en ayant une pensée pour les victimes d’une mauvaise évaluation des risques liés à la gestion de leur identité, d’un site sans scrupule et d’imbéciles qui ont publié leurs données personnelles.

La première entrave à la liberté d’expression et de la presse c’est l’identité

S’exprimer sur un réseau de communication en ligne, c’est échanger. Sur le « Web 2.0 », l’information se construit sur des échanges, des interactions. L’information est copieusement enrichie de commentaires, de contre-information, d’échanges de points de vue. Chaque lecteur apportera un crédit à la manière dont X ou Y relate une information.

Est-ce parce que c’est X ou Y ou est-ce parce que l’information est pertinente ?

Un organe de presse a normalement une identité, une raison sociale. Sur Internet, d’un point de vue technique et pratique, un blog est autant un organe de presse que le site web d’un quotidien national, il s’y exprime de la même manière que le quotidien national, souvent avec les mêmes outils. Mais un journaliste jouit de droits auxquels blogueurs et lanceurs d’alertes ne peuvent prétendre.

Il y a bien un joli principe dans la déclaration française des droits de l’homme qui énonce que « tout Citoyen » (même bloggueur ou lanceur d’alerte) a le droit de communiquer ses pensées et ses opinions, mais il y a surtout tout un tas de textes de loi qui vous expliquent que le citoyen dont on parle c’est le journaliste, pas le bloggueur, ni le lanceur d’alerte.

« La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre à l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi. » Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 

Le blogueur ou le lanceur d’alerte a beau être tout aussi « Citoyen » et parfois plus indépendant et désintéressé qu’un journaliste, il ne dispose pas d’un droit à la protection de ses sources. Et comme ils n’a pas légalement le loisir de protéger ses sources, il ne peut que protéger trois choses :

Un blogueur ou un lanceur d’alerte sera naturellement plus enclin à dissimuler des identités, donc plus enclin à être l’objet du scepticisme de ses lecteurs.

Mais…

Si c’est un lâche anonyme qui ne cite même pas de source, comment peut-il être pris au sérieux ?

La rupture

Et puis arrivèrent Wikileaks et Chelsea Manning, un immense raté qui partait pourtant bien. Cet épisode marque un intéressant revirement de situation. Le volume et la nature des documents publiés par Wikileaks rendaient de fait le site parfaitement crédible. En dehors de l’administration américaine, tout le monde se fichait bien de savoir qui était à l’origine de la fuite.

Mais on ne peut protéger une source d’elle même.

Même Wikileaks qui déploie des trésors d’outils et de pédagogie pour conserver ses sources anonymes n’a pas pu empêcher Chelsea Manning de révéler à un « journaliste » son rôle dans la fuite des documents militaires classifiés américains. Ce « journaliste » s’est évidemment empressé d’aller dénoncer Chelsea Manning à l’administration américaine.

Prenons le problème sous un autre angle.

Un journaliste est-il le mieux placé pour protéger l’identité d’une source ?

Pourquoi ?

Le courage c’est l’anonymat, pas la carte de presse

Plus une information est pertinente et sensible, moins l’identité de celui qui la révèle est importante. L’information pertinente, celle qui révèle quelque chose au public, qui apporte un éclairage au monde, c’est celle qui disparaîtra totalement des colonnes des quotidiens nationaux si les journalistes refusent de repenser leurs droits, leurs responsabilités et leur métier.

C’est bien mignon de se planquer derrière une carte de presse mais sur Internet, ce n’est pas la carte de presse qui protège l’identité d’une source. La carte de presse, ça fonctionne probablement devant un officier de police, devant un juge, mais c’est bien moins efficace sur Internet, face à des « boîtes noires ». Une carte de presse ne chiffre pas les communications et ne propose pas un moyen sécurisé et anonymisé d’échanger avec une source.

Pour avoir le courage de publier une information sensible, il faut se donner les moyens de la publier dans des conditions optimales, en évacuant au possible toute source de pression potentielle. Là encore, ça ne passe pas par une carte de presse mais par la protection de l’identité d’une source et/ou de sa propre identité.

Dernier point qui peut donner à réfléchir : la protection de l’identité du journaliste, son anonymat, entre en parfaite contradiction avec la logique carriériste de ce dernier puisque c’est sa profession et qu’il a un besoin naturel de reconnaissance pour être en mesure d’évoluer professionnellement.

Le meilleur moyen de protéger l’identité d’une source, c’est de ne pas pouvoir l’identifier

Mais le rôle d’un journaliste, c’est d’identifier sa source pour juger de sa pertinence ?

Non. Cette manière de faire était probablement très en vogue au 20e siècle, mais Internet a sensiblement changé la donne.

De nos jours, il est plus convenable de juger de la pertinence d’une information et non d’une source. La compromission de l’identité d’une source d’information est devenu la principale raison d’une information incomplète, tronquée, fausse, ou orientée.

Valider l’identité d’une source est plus facile que la validation de l’information. Un journaliste consciencieux ne peut et ne doit pas valider la pertinence d’une information sur la seule base de la validation de l’identité d’une source. Cette identité peut être éclairante sur un contexte motivant la divulgation de l’information mais c’est bien là son seul apport, un apport qui peut se montrer souvent inutile, parfois nuisible.

Ce que nous pouvons conclure à ce stade

 

Lire :

 

Source: https://reflets.info/postulat-n2-la-maitrise-des-identites-conditionne-notre-rapport-moral-aux-libertes/


Xavier Bertrand : dourak de service ou simplement cynique ?

Wednesday 2 September 2015 at 18:31

xavier-bertrandComment peut-on en arriver là ? Par pure bêtise ou par cynisme débridé ? La question mérite d’être posée à la lecture de ce document. Bien sûr, il y a cette idée de renvoyer les migrants qui commettent des délits à Calais… Où ça ? En Grande-Bretagne peut être ? Hum… Ah, non, ça ne marche pas, Londres n’en veut pas. En Syrie ? En Mauritanie ? La Libye peut-être ? Mais surtout, il y a ce besoin de faire chauffer le chaudron à haine avec une sorte d’amalgame migrant = délinquant qui vient en France pour y commettre des délits. Xavier, quelqu’un qui dépense à peu près tout ce qu’il a gagné en une vie pour quitter sa terre natale, ses amis, sa famille, quelqu’un qui fuit la guerre, les persécutions, vous croyez vraiment que c’est un délinquant  ?

Et si on interdisait plutôt de territoire ceux qui véhiculent la haine ?

Source: https://reflets.info/xavier-bertrand-dourak-de-service-ou-simplement-cynique/


Identité(s), postulat n°1 : Internet n’a pas changé notre rapport à l’identité

Wednesday 2 September 2015 at 14:36

Internet n’a pas changé notre rapport à l’identité, il l’a enrichi de nouvelles contraintes et de nouvelles pratiques.

La première définition de l’identité que nous retiendrons est l’une des cinq définitions données par le Larousse

Caractère de deux êtres ou choses qui ne sont que deux aspects divers d’une réalité unique, qui ne constituent qu’un seul et même être.

idSur Internet, l’identité n’est pas ce qui nous caractérise mais ce qui permet d’être reconnu, que ce soit par d’autres personnes ou par des machines (par une administration, par une boutique en ligne, par votre banque en ligne…) . Nous adopterons ici le raccourcis de « systèmes » pour définir ces différentes entités. Le concept d’identité ne peut se suffire à lui même, il a besoin d’opérandes plus ou moins folkloriques pour qu’un humain ou une machine soit reconnu par d’autres systèmes : un visage, une date de naissance, un lieu de résidence, un numéro d’identification, un pseudonyme, un numéro de carte bleue, un mot de passe, un adresse IP, une clé de chiffrement…

L’identification c’est la défiance, l’identité, c’est la confiance

Dans un système idéal, c’est l’homme qui choisit et forge son identité en fournissant les éléments qu’il désire, et non le système qui lui impose une identité en lui demandant une foule d’éléments d’identification lui permettant de reconnaître principalement ce qu’il n’est pas, c’est à dire une entrée dans une base de données.

Plus un système est proche de l’humain, moins le besoin d’éléments d’identification est nécessaire pour que le système nous reconnaisse. Même sans prénom, vos parents vous identifieront toujours comme leur enfant.

Plus un système est distant de l’homme, plus son besoin de données d’identification est important. Paradoxalement, plus on fournit d’éléments d’identification à un système, moins ce dernier est respectueux de votre identité, celle qui vous définit en tant qu’humain. Il devient tenté de calculer une identité en fonction de vos habitudes, souvent à des fins mercantiles pour le moment. Demain, ce sera peut-être pour évaluer les chances que vous avez de vous laisser tenter par un stage de fitness en Syrie.

Ce que nous pouvons déjà conclure à ce point :

La notion de gestion des identités

Internet a introduit un nouveau paradigme, celui de la gestion des identités. Selon le système auquel on s’adresse, la notion de confiance est induite

Tout le monde n’a pas besoin de savoir quand je suis connecté à Facebook que je suis un nazipédoterroriste de l’Internet profond, celui du sous sol au fond à gauche,, même si Facebook sait le déduire de lui même. Plus j’alimente, consciemment ou non, Facebook de critères lui permettant de me définir en tant que nazipédoterrorisme, moins je lui accorde de confiance car tout intéressé qu’il est par mon identité agissante (avec qui je parle, à quelle fréquence et de quoi, mais aussi avec quel navigateur de me connectes quelle adresse IP), je lui donne les moyens de définir une identité calculée sur ma personne (à quel point je suis populaire et combien mon profil peut lui rapporter en vendant mon profil à ses annonceurs).

Quand je m’authentifie au système d’information de Facebook, je lui fournis les mêmes critères d’identification que je fournis au système d’information de mon entreprise (nom, prénom, mot de passe et email). Les critères sont identiques même si leur valeur peut différer (à minima pour le mot de passe et l’email) . Noms, prénoms et mots de passe n’ont pas de caractère unique, alors qu’un email lui, bénéficie d’un caractère unique (sinon ça fonctionne beaucoup moins bien). Ainsi, l’email de par son caractère unique est devenu, à tort, comme un élément fort, constitutif de l’identité sur Internet. J’insiste sur le « à tort » car l’email devenu l’élément principal d’identification sur Internet, il est aussi de fait devenu l’un des premiers vecteurs de compromission de l’identité, et donc des systèmes d’informations.

Pertinence de critères

Pour définir précisément une identité, un critère seul est forcément non pertinent, même si certains le sont plus que d’autres. Sur Internet, un nom n’est pas pertinent, un prénom l’est encore moins, mais étrangement, un email ou un pseudonyme peuvent l’être beaucoup plus qu’un nom et qu’un prénom réunis. J’en reviens une fois de plus à cet article de Maître Eolas qui explique très bien que sur Internet, son pseudonyme définit mieux son identité que son nom puisqu’on sait que c’est à ce pseudonyme que les propos de son fil Twitter et de son blog sont attachés.

Tout le monde connait son pseudonyme, tout le monde connait son blog, tout le monde connait son amour inconditionnel pour le rugby ou le curling en période de jeux olympiques d’hiver, et tout ceci nous suffit amplement pour lire son blog et échanger avec lui. Son nom et son prénom sont donc des critères non pertinents, ils ne sont pas une barrière à l’échange, à sa crédibilité, et au plaisir que nous prenons à le lire.

Internet introduit de nouveaux critères et une notion de contextualisation plus fine

Si l’email et le mot de passe sont les critères les plus admis dans notre pratique quotidienne d’Internet et du numérique en général, il existe une foule d’autres critères qui savent se faire oublier et qui ne sont pas moins pertinents, c’est la notion de métadonnées.

On identifiera plus finement monsieur untel disposant de tel téléphone chez l’opérateur bidule télécom dont le numéro de téléphone est 06 42 42 42 42, le numéro d’IMEI 42424242424242 qui appelle tel autre numéro de monsieur untel tous les vendredi à 18h30… que par son nom et son prénom. Un ancien président de la République l’a découvert à ses dépens.

La somme de l’insignifiant, ces métadonnées, se montre souvent plus précise sur l’identité d’une personne que sa carte nationale d’identité.

Si la gestion d’une identité numérique peut se borner à un mot de passe, à un email et à un pseudonyme, ce n’est pas du tout le cas de la confidentialité. La confidentialité n’est pas l’anonymat, mais la confiance que l’on a en un système donné pour y réaliser une tâche particulière en fonction d’un contexte donné. Quand on a besoin de confidentialité, tout réside dans l’art de la maîtrise des différents contextes.

Ce que l’on peut déduire de ce premier postulat

On se rend compte qu’un pseudonyme, c’est un élément d’identification supplémentaire, là où l’anonymat vise lui à réduire au minimum tout élément d’identification. L’anonymat induit de la confiance, toute identification est un vecteur de défiance qui réussit un coup de maître sur Internet : donner un (faux) sentiment de confiance.

Un individu aura une confiance naturelle en son identité déclarative (ce qu’il dit être), il contrôlera au moins son identité agissante, c’est à dire ses actions en fonction de cette identité déclarative (ce qu’il fait), mais commettra souvent l’erreur d’omettre la somme de ses métadonnées, son identité calculée ou corrélée.

L’usage d’Internet et des technologies numériques en général ont ajouté une couche de complexité à des concepts que nous maîtrisions pourtant naturellement. Cette complexité peut donner plus de libertés, comme elle peut restreindre nos libertés si on se refuse à faire l’effort de l’affronter.

Source: https://reflets.info/identites-postulat-n1-internet-na-pas-change-notre-rapport-a-lidentite/