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Radio Reflets #8 : la société, le judiciaire… (invité : Serge Portelli)

Wednesday 1 July 2015 at 18:17

on_air#RadioReflets8 – vendredi 3 juillet 2015.

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Format OggFormat mp3

Le thème :

Le changement c’est maintenant nous avait promis François Hollande. Sur de nombreux sujets, force est de constater qu’il n’est pas encore arrivé. Certains commentateurs voient même une sorte de continuité entre le quinquennat Sarkozy et celui de François Hollande. L’utilisation de l’expression « Guerre de civilisation » par Manuel Valls laisse penseur.
Radio Reflets a donc décidé d’inviter un écrivain, également président de chambre près la Cour de Versailles. Outre le fait qu’il ait réussi à contrer par les mots Nicolas Sarkozy dans une émission de télévision, Serge Portelli est un fin analyste de la société et un connaisseur, évidemment, du système judiciaire français.
Nous avons souhaité le recevoir pour passer en revue les changements éventuels intervenus depuis 2012 dans la société et l’appréhension du monde judiciaire par le nouveau pouvoir exécutif.

L’invité : Serge Portelli. Président de chambre près la Cour d’appel de Versailles. Il a été conseiller auprès du président de l’Assemblée nationale et doyen des juges d’instruction au tribunal de Créteil. Serge Portelli est également membre du syndicat de la magistrature. Serge Portelli est a également publié de nombreux ouvrages sur les questions de maltraitance des enfants, sur le traitement de la récidive et sur la réforme de la Justice. Il s’est également révélé être un farouche opposant à Nicolas Sarkozy.

Animateurs : Drapher, Kitetoa

Technique et programmation musicale : Epimae.

Playlist musicale :

Le flux audio est assuré par Tryphon (ils sont forts Tryphon, et sympas en plus…)

Hashtag : #RadioReflets8

La date : le vendredi 3 juillet 2015, de 17 h à à 18h15. Tout ça sans climatiseur…

Source: https://reflets.info/radio-reflets-8-la-societe-le-judiciaire-invite-serge-portelli/


Terres de Gandhaäl (3) – Livre 1 : « Fondations »

Wednesday 1 July 2015 at 15:35

gandhaal-3

Danda ouvrit les yeux. Il ne vit rien d’autre qu’une nuit d’encre. Il tendit l’oreille. Aucun son ne lui parvint. Il remua la main droite et tâtonna du bout des doigts. Du cuir, lisse et froid. Ses jambes étaient ankylosées mais il parvint à les replier puis à les basculer sur le côté. Son dos le lançait et une pluie de petites piques se projeta du bas de sa nuque et pénétra son cerveau. Une douleur aigüe s’ensuivit qui l’obligea à fermer les yeux et serrer la mâchoire pour ne pas hurler de douleur. Une constellation d’étoiles clignotantes remplit son champ de vision puis s’estompa, faisant de nouveau place à la nuit d’encre. Le souvenir du banquet et de la jeune femme revint en une succession d’images colorées qui donnèrent le frisson à l’ambassadeur d’Anglar. Il avait crû contrôler la situation, distribuer des cartes. C’était un leurre. Il avait été manipulé, jouet docile et naïf des Golgiens. Cette pensée lui procura immédiatement un sentiment de révolte et de dégoût qui se manifesta par un regain d’énergie. Il parvint à relever le buste. Ses yeux commençaient à s’habituer aux ténèbres qui enveloppaient la pièce. Un mince filet de lumière grisâtre filtrait d’une persienne sur sa gauche, il se leva pesamment et s’en approcha à pas mesurés. Les volets s’entrouvrirent sous la poussée qu’il effectua des deux mains. La monumentale cité de Khaäl-Nezbeth apparut, telle un monstre tentaculaire aux protubérances grossières et purulentes. La vue des milliers de tours chargées de sculptures obscènes, des esclaves empalés le long des pontons de pierres volcaniques, de la brume épaisse et grise qui serpentait entre les ruelles tortueuses donnèrent la nausée à Danda qui ne put se retenir de vomir violemment toutes ses tripes. Que faisait-il ici? Ce n’était que folie de sa part d’avoir pu penser convaincre les buveurs de sang de s’allier à l’empire marchand. Mais pourquoi était-il encore en vie, que voulaient donc de lui Ziäd et son sorcier?

Le petit homme détourna le regard de la ville, cracha par terre et s’essuya les lèvres rageusement du revers de sa veste. Il n’y avait pour tout mobilier dans la pièce que ce lit recouvert d’une pièce de cuir usé. A l’autre extrémité, une porte de bois bardée de pièces de métal. Il s’en approcha et tourna le loquet. A sa plus grande surprise l’anneau de métal s’actionna sans bruit et la porte joua sur ses gonds. Un couloir où brûlait une torche presque consumée. Désert. Danda n’osait pas avancer, son estomac était noué et il eut de nouveau envie de vomir. A l’instant où il s’apprêtait à rebrousser chemin, une voix inconnue, aigrelette, jaillit du couloir.

— Sieur Danda, c’est un plaisir de vous voir remis ! Venez, venez, vous êtes attendu, n’ayez aucune crainte, approchez.

Le vieux diplomate, chancelant, fouilla du regard le sombre couloir sans parvenir à identifier celui qui s’adressait à lui en langue commerçante, le Gandh, de façon parfaite. Une ombre de très petite taille s’anima à quelques pas. Danda baissa les yeux et vit alors son interlocuteur. C’était une créature à la peau grise, pas plus haute qu’un enfant de quatre ou cinq cercles. Sa tête, chauve, était disproportionnée par rapport au reste du corps, tordu et chétif. Un visage immonde aux yeux globuleux flanqué de deux fentes à la place du nez, à la bouche dépourvue de lèvres. C’était un Chtoïn, l’émissaire en avait déjà croisés plusieurs années auparavant dans une armée Morglangienne. Celui-ci était particulièrement laid et dégénéré. La créature grimaça un sourire et fit une courbette.

— Nos maîtres sont très contents de vous, ils vous attendent. Si vous voulez bien me suivre…

Danda resserra les pans de sa veste de fourrure et s’engagea derrière le Chtoïn qui déjà disparaissait déjà à l’angle du couloir.

*  *
*

Un sablier avait suffit pour conclure les premiers termes d’un futur accord entre les deux cités. Danda n’en revenait pas encore. Il passait et repassait en revue cette dernière rencontre alors qu’il approchait des côtes de l’empire marchand d’Anglar, accoudé au bastingage du même navire qui l’avait conduit jusqu’au Ghöl-Amgöth, sans comprendre encore comment cela avait été possible. Le Chtoïn l’avait conduit jusqu’à Ziäd alors en pleine séance de massages. Allongé sur une couche jonchée de fourrures, visiblement détendu et satisfait, celui-ci l’avait félicité pour sa bonne volonté vis à vis du véritable maître de la cité des prêtres noirs, le Kendaï Shubda, grand régent des démons et de la luxure. Danda avait alors compris à cet instant quelle était l’identité de la splendide jeune femme qui l’avait envoûté au cours du banquet. Lui qui croyait rencontrer l’homme-dieu au cœur d’un temple dédié à sa gloire, tremblant et agenouillé, avait en fait copulé avec lui sur une table d’auberge…. Ziäd lui avait ensuite fait part du vif intérêt que ses propositions d’alliance commerciales avaient suscité. Trois rouleaux de parchemin lui furent confiés, cachetés de cire, qu’il ne devrait ouvrir qu’une fois en présence des dirigeants d’Anglar. Déstabilisé mais enchanté par la tournure des évènements, le vieux diplomate avait ensuite longuement conversé avec le seigneur de Khaäl-Nezbeth des possibilités qu’offriraient ces échanges entre l’empire sombre et la jeune nation marchande. C’était un songe, la situation était rocambolesque. Ziäd l’avait remercié de sa visite, assuré de son amitié et le fit même raccompagner jusqu’à son petit deux mats accompagné par une troupe de délégués officiels et d’esclaves porteurs de caisses remplies de cadeaux pour le vaillant Seghuenor, prince d’Anglar. Là on lui souhaita bon voyage. Il levèrent l’ancre sans encombres, l’équipage était au complet. Danda resta debout à l’arrière du bateau à observer la cité des prêtres noirs jusqu’à que les tours effilées ne soient plus qu’une nuée de petits points sombres qui se confondirent avec les écharpes de brumes courants sur les vagues. Le capitaine ne lui posa aucune question. C’était la règle qui avait été établie dès le départ de l’expédition. Ils étaient désormais, après une semaine de mer, à quelques encablures de la cité des mille marchés. Danda voyait étinceler la coupole de verre du palais encore en construction. Il avait réussi. Un sourire victorieux s’épanouit sur ses lèvres. Dans quelques heures il irait au palais apporter l’incroyable nouvelle: l’empire sombre, par le biais de sa deuxième cité, acceptait de s’allier à la première nation humaine des terres de Gandhaäl !

Source: https://reflets.info/terres-de-gandhaal-3-livre-1-fondations/


Espagne : la loi de sécurité citoyenne interdit toute contestation

Tuesday 30 June 2015 at 18:37

hologrammes-espagne

C’est une loi qui ne cache même pas son caractère anti-démocratique, digne d’une dictature. Elle n’est pas promulguée ce 1er juillet dans une République bananière, mais au cœur de l’Europe, en Espagne. Le gouvernement Rajoy l’a voté en décembre dernier, et à partir de demain manifester devant un bâtiment officiel sera passible d’une amende, comme se réunir publiquement, et bien d’autre choses encore.

Le collectif « Hologramas por la libertad »  dénonce cette nouvelle loi hallucinante, qui préfigure une dystopie propres aux romans d’anticipation : Le texte comprend 45 infractions allant des moins graves aux plus graves selon le législateur. Ainsi, les manifestations devant le parlement et autres bâtiments officiels, comme las Cortes, sont classées parmi les infractions les plus graves et peuvent écoper d’une amende de 30 000 euros. Même si l’immeuble est vide pendant le rassemblement. Les manifestations spontanées sur les réseaux de transport ou dans des sites nucléaires pourront être punis avec une amende de 600 000 euros.

Le droit à informer ou relayer l’information est aussi compris dans la « loi organique de sécurité citoyenne », comme l’ explique Virginia Alvarez responsable des enquêtes et de la politique espagnole chez Amnesty international en Espagne : «Cette loi porte atteinte aux libertés les plus fondamentales et porte surtout atteinte au droit d’informer et d’être informé car les témoins de brutalité policière ne pourront plus en rendre compte »,  L’experte explique que « les journalistes ou citoyens qui prendront des photos des représentants des forces de l’ordre pendant une manifestation pourront payer une amende de jusqu’à 30 000 euros. »

Clip du collectif « Hologrammes pour la liberté » :

Manifestation d’avril 2015… en hologramme :

 

L’Europe, qui ferme la porte à la Grèce et la punit d’organiser un référendum, qui place un ex premier ministre luxembourgeois — ayant organisé l’évasion fiscale des plus grandes multinationales — à la tête de la Commission européenne, qui laisse un gouvernement en Espagne faire voter une loi digne de la dictature de Franco, devrait donc être défendue ?

Il va falloir expliquer ça plus clairement. Parce que là, ça devient de plus en plus difficile.

Article complet de Florencia Valdès Andino sur le site de TV5Monde

Source: https://reflets.info/espagne-la-loi-de-securite-citoyenne-interdit-toute-contestation/


Le délit de dissimulation de données informatiques : Uber casse-toi, il est encore temps

Monday 29 June 2015 at 21:34

UberPopAujourd’hui un nouveau délit a fait son apparition dans la presse française, il s’agit de la dissimulation de données informatiques, motif pour lequel (parmi d’autres), deux dirigeants d’UberPop auraient été aujourd’hui placés en garde à vue. On se gratte un peu la tête, on se demande d’où sort ce délit de dissimulation de données informatiques… ce délit n’existe pas. Et heureusement car si c’était le cas, il y a 60 millions d’internautes qui risqueraient une condamnation.

En informatique, dissimuler des données sensibles, les rendre inaccessibles, c’est même une règle.

On n’expose pas des fichiers de configuration, on n’expose pas ses mots de passe, on n’expose pas non plus des documents publics qu’on ne souhaite pas publics.

Mais j’en conviens, c’est un peu compliqué à suivre des fois et ceci soulève une question existentielle :

Si je dissimule des données informatiques publiques préalablement volées dans les résultats de recherche de Google, est-ce que je fais Scrabble ?

La malheureuse imprécision serait du fait de l’AFP, imprécision abondamment reprise par l’ensemble de la presse et claironnée en boucle sur les chaines d’information en continue.

Edit 21h34 : Il ne s’agirait en fait pas de l’ AFP puisque l’agence précise dans sa dépêche initiale :

L’enquête vise aussi des faits présumés de « conservation illégale de données à caractère personnel au-delà de la durée prévue préalablement à la mise en œuvre du traitement »

Le Point évoque aussi une infraction à la loi informatique et libertés :

« Ce volet porte sur la collecte des données des clients et de possibles infractions à la loi informatique et libertés de 1978. « 

Tiens, voici que la justice s’enquiert des données personnelles manipulées par les applications mobiles… de quoi mettre en examen Google et Apple pour leur store respectif, et surtout 90% des éditeurs d’applications de leur catalogue.

Mouais, on y croit.

Cher UberPop, vu d’ici, ça sent le roussi pour toi, si on en vient à imaginer des infractions ou à invoquer la loi informatique et libertés pour avoir ta peau, c’est qu’il est temps de plier les gaules… l’affaire est devenue trop politique pour que tu aies la moindre chance en justice.

Source: https://reflets.info/le-delit-de-dissimulation-de-donnees-informatiques-uber-casse-toi-il-est-encore-temps/


Valls et Hollande dans les traces de Sarkozy, pour entrer dans l’Histoire

Saturday 27 June 2015 at 21:23

v-justiceOn pensait vraiment ne pas pouvoir tomber plus bas. L’Ego boursouflé de Nicolas Sarkozy l’avait poussé à prendre toutes sortes de décisions qui grignotaient les fondements de notre contrat social. Bien entendu, la démocratie française n’est plus, depuis longtemps -l’a-t-elle seulement été un jour- qu’un très pâle reflet de ce que ses textes fondateurs énoncent. Mais tout de même. Les tests d’ADN pour le regroupement familial, le fichage des enfants dès 3 ans, la disparition du juge d’instruction, tout était rocambolesque. Tellement rocambolesque que s’en était devenu une technique. Annoncer un projet abject en disant qu’il ne fallait pas avoir de tabous et que tout pouvait être mis sur la table, puis faire un pas un en arrière. Bilan ? Deux pas en avant, un en arrière. Le détricotage de notre contrat social avançait. Et Nicolas Sarkozy voulait entrer dans l’Histoire. Il l’a fait, comme prévu. Il sera sans aucun doute considéré comme le plus mauvais président de la Vème république. Mais il est désormais talonné par Manuel Valls et François Hollande, qui font tout ce qu’ils peuvent pour rogner les libertés individuelles et détricoter le droit du travail. Un paradoxe pour deux hommes qui se disent de gauche.

La sénatrice Françoise Laborde a émis le souhait, via un tweet, que nous écrivions cet article. La voilà donc heureuse. C’est notre mission première : satisfaire nos lecteurs.

Si l’on en croit le gouvernement actuel et le président de la république, le besoin de rogner les libertés individuelles s’explique aisément. Les « boites noires », la loi sur le terrorisme, tout ça s’explique par la nécessité de luter contre un péril sans précédent : le terrorisme. Et vouloir censurer Twitter ou Youtube, comme le veut François Laborde, aussi.

 

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Non, Françoise, ce n’est pas normal. Et ce n’est pas normal non plus de tirer un trait sur des libertés fondamentales qui scellent notre contrat social. D’une part, les signataires dudit pacte vont finir par se rendre compte, peut être d’ailleurs grâce au vilain Internet, que les autres signataires (les politiques) se moquent d’eux. Généralement, ça finit mal.

Je vous échange un baril de Loi sur le renseignement contre un peu de liberté

D’autre part, le terrorisme n’a pas attendu Internet pour frapper ou recruter, y compris en France. Sa nature même fait que justement, il frappe de manière horrible.

Si l’on observe les politiques actuels sans recul historique, on peut croire que le terrorisme est une chose récente, que sans Internet, il serait moins violent, il « séduirait » moins de monde.

Comme si le terrorisme d’extrême gauche ou d’extrême droite n’avait jamais existé, comme si les avions n’avaient jamais explosé avant le 11 septembre, à une époque, d’ailleurs, où on montait dedans sans toutes les fouilles et les restrictions actuelles, comme si Munich était un film de fiction.

Il n’en est évidemment rien.

Toutes ces lois qui s’empilent depuis des années, rognant nos libertés sont en train de dessiner une autre forme de démocratie. Une démocratie où la torture peut être légalisée est-elle vraiment toujours une démocratie ? L’exemple de la dérive des Etats-Unis n’a-t-il servi à rien ? François Hollande et Manuel Valls dessinent cette nouvelle forme de démocratie, dans le prolongement des gouvernements précédents. Un « autre chose » se met en place, avec l’aide de la passivité de la population qui a, la pauvre, d’autres chats à fouetter.

Avec mon baril de Loi sur le renseignement, éliminez les terroristes en un seul lavage

Si cet empilement de lois sécuritaires avaient permis d’éviter les actes de terrorisme, les critiques des opposants à cette mutation de la démocratie seraient plus faciles à décrédibiliser. Mais non. Les attentats continuent et continueront toujours. Car le risque zéro n’existe pas. Il y a plusieurs dizaines d’années, le patronat français avait commandité une étude sur les « fauteurs de trouble » en entreprise. Résultat ? Même en virant tous les empêcheurs de faire du business en rond, le problème des patrons ne serait pas résolu. Car un pourcentage égal de fauteurs de trouble naîtrait, y compris en puisant dans le contingent des « bons petits soldats ». Il en est de même avec le terrorisme. Même en tuant tous les terroristes actuels, il y en aurait d’autres plus tard. La solution est sans doute en partie dans la diplomatie. Qui aurait pu croire dans les années 80 que la guerre du Liban s’arrêterait un jour ? Qui aurait pu penser que le conflit en Irlande du Nord trouverait une issue ? La solution n’est en aucun cas dans une répression aveugle qui ne mène qu’à plus de violence. Paradoxalement, c’est souvent en ramenant les terroristes dans un processus politique, avec toutes les compromissions que cela implique, que l’on trouve une issue à la violence…

La solution n’est pas non plus dans l’empilement des lois sécuritaires qui rognent les libertés publiques. A moins d’avoir une véritable volonté de transformer la démocratie (qui a déjà assez de défauts) en « autre chose ». Est-ce cela que veulent les dirigeants français ? La question peut raisonnablement être posée.

 

 

Source: https://reflets.info/valls-et-hollande-dans-les-traces-de-sarkozy-pour-entrer-dans-lhistoire/


Laborde, du PRG, voudrait bien censurer Twitter, parce que… ça fait peur

Friday 26 June 2015 at 17:46

C’est une interview d’une sénatrice du Parti Radical de gauche sur TV5Monde qui en dit long sur la compréhension d’Internet par les élus. Françoise Laborde, puisque c’est elle, vient expliquer que le groupe Etat islamique fait de la propagande sur Twitter, et qu’il faut réguler le réseau social, parce que… c’est pas bien. « 90 000 tweets par jour » s’exclame-t-elle, « on m’aurait dit 9000, déjà j’aurais trouvé que c’était beaucoup… mais les politiques ne se rendent pas compte, je crois, de ce qu’il se passe sur le réseau ». Oui, et elle la première, ça se sent très fortement. Les politiques découvrent « que même les partisans du djihad de Daesh tweetent ». Dingue.

Mais la liberté d’expression serait donc une liberté variable qui débuterait là où le politique le décide ? Au point qu’en fin d’interview, la sénatrice s’excuse un peu, « avec ses valeurs », d’avoir voté la loi sur le renseignement. « Mais quand même, il le fallait, n’es-ce pas ? » Surtout qu’elle fait « confiance au ministre de l’intérieur pour s’emparer de ces sujets ». Oui, et c’est bien le cas, soyons rassurés.

A voir et revoir. A faire voir.

Pour bien comprendre à quel point les décideurs politiques, les législateurs sont totalement déconnectés. Pas seulement de la vie des « français moyens », mais déconnectés tout court. Du réseau. Du monde moderne qui se développe autour d’eux. De cette technologie et de ses usages qui les fait totalement frémir. Ne dit-on pas que ce que l’on craint le plus est ce que l’on ne connaît pas ?

 

Source: https://reflets.info/laborde-du-prg-voudrait-bien-censurer-twitter-parce-que-ca-fait-peur/


Wikileaks ternit le Lustre français

Wednesday 24 June 2015 at 00:49

wikileaksSurpriiiiiseeuuu… C’est Wikileaks… On n’attendait pas le site de Julian Assange sur ce terrain particulier, mais il a mis les pieds dans le plat sur un sujet très actuel. Celui de l’accord entre la France et les Etats-Unis pour le partage de données récoltées sur les câbles : l’accord Lustre. Voilà qui tombe au plus mal pour le gouvernement français qui survend depuis des mois son fantastique projet de loi sur le renseignement. Wikileaks a commencé à dévoiler le compte-rendu d’écoutes américaines à l’encontre de l’Elysée. Sous Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande. Et des quelques comptes rendus déjà dévoilés, apparait … une grosse claque.

Nicolas Sarkozy, roi du monde et best friend auto-proclamé des Etats-Unis est visiblement, en privé, beaucoup moins fier de la qualité de ses superbes relations avec l’Oncle Sam. Il ressemble plutôt à  « ouin-ouin« . Nicolas Sarkozy se plaint. Les Etats-Unis l’ont envoyé paitre alors qu’il avait proposé un accord de coopération bilatérale en matière d’espionnage. Pas grave, il va réitérer. Et pendant ce temps là… La NSA écoute son conseiller diplomatique. Une situation qui n’a pas changé au fil des ans puisque Wikileaks publie des compte-rendus d’écoutes de François Hollande. Les deux président qui ont livré aux Etats-Unis des tonnes de métadonnées dans le cadre de l’accord Lustre se sont visiblement fait rouler dans la farine par les Américains. Mais c’est un détail, évidemment.

Dernier point amusant : les méthodes de la NSA pour espionner la France. La mise sur écoute de téléphones portables (ou pas) et, semble-t-il, le piratage de satellites de communication.

Le 24 mars 2010, donc, Nicolas Sarkozy se plaint que sa proposition pour un accord de coopération bilatérale en matière de renseignement ait été rejeté par les Etats-Unis. Mais il veut le reproposer. Selon Le Monde, l’accord Lustre a été mis en place fin 2011:

Selon nos informations, recueillies auprès d’un haut responsable de la communauté du renseignement en France, la direction des services extérieurs français, la DGSE, a, en effet, établi, à partir de la fin 2011 et début 2012, un protocole d’échange de données avec les Etats-Unis.

Voici le compte-rendu des écoutes du conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy, Jean-David Levitte et de Pierre Vimont, ambassadeur français aux Etats-Unis :

Sensitive Issues on the Agenda When French, U.S. Presidents Meet Next Week in Washington (TS//SI//NF)

(TS//SI//NF) French President Sarkozy intends to raise a number of sensitive topics with the U.S. President when the two leaders meet in Washington on 31 March, according to an exchange last week between the French ambassador in Washington Pierre Vimont, and Sarkozy’s diplomatic advisor, Jean-David Levitte. Vimont conveyed that the French President will express his frustration that Washington has backed away from its proposed bilateral intelligence cooperation agreement and Sarkozy intends to continue to push for closure. As Vimont and Levitte understand it, the main sticking point is the U.S. desire to continue spying on France. On the topic of Afghanistan, Levitte noted that Sarkozy is ready to authorize more military trainers but wants clarification on how many are needed, given the conflicting figures from U.S. sources. Another proposed topic was efforts by the European Aeronautic, Defense, and Space Corporation (EADS) to win a tanker aircraft contract with the U.S. military. Vimont revealed cryptically that the deal is moving forward but did not provide any details. Levitte had not expected to put the labeling dispute with Pernod Ricard (the world’s second largest spirits group) on the agenda, but Sarkozy had just spoken to the company’s chairman who had asked the president to intercede on his behalf. (COMMENT: Patrick Ricard, chairman of the Pernod Ricard board of directors, is said to be one of Sarkozy’s wealthy backers.) Vimont characterized the issue as a very political matter in the U.S., and suggested that a direct appeal to the White House might be useful. While Sarkozy intends to broach the issue with the U.S. President, Levitte will talk to the U.S. President’s Economic Adviser and Deputy National Security Adviser. Finally, Levitte expected the two leaders to discuss other pressing subjects including Iran, the Middle East Peace Process, Afghanistan and Pakistan, Yemen, Somalia, the Sahel, Russia, China, Turkey, climate change, and the financial situation of several European countries; however, he provided no details on those topics.

Unconventional

French diplomatic

Z-3/OO/507179-10, 231635Z

Les révélations de Wikileaks vont se poursuivre dans un avenir proche annonce le site qui collabore sur ce sujet avec Mediapart (lire ce papier notamment) et Libération.

Reflets avait tenté de poser des questions sur Lustre à Alain Zabulon, alors coordonnateur national du renseignement français et à Jean-Jacques Urvoas. Le premier avait répondu que tout cela était couvert par le secret et le second, avait quitté la salle, sans doute pour éviter d’avoir à répondre. La bonne nouvelle dans tout cela, c’est que la loi sur le renseignement va donner une forme d’autonomie à la France. Elle n’aura plus à aller puiser sur la grande place de marché du renseignement pour savoir ce que ses propres ressortissants racontent. Et donc plus à livrer aux Etats-Unis des informations qui les intéressent.

Oh wait…

Source: https://reflets.info/wikileaks-ternit-le-lustre-francais/


Le retour du bâillon

Monday 22 June 2015 at 17:45

Soutien Iaata

 

C’est une histoire presque banale. Un procureur qui décide de lancer des poursuites pour « provocation publique à la commission d’un délit ou d’un crime » contre un individu lié à un site d’informations indépendant. Le tout au sujet d’un article qui a fortement déplu aux représentants de l’ordre. Ce site, c’est Iaata.info, actif à Toulouse et ses environs, qui fonctionne en mode autogéré selon la longue tradition des sites Indymedia, comme le font aujourd’hui Paris-luttes.info en Ile-de-France ou Rebellyon.info dans la région lyonnaise. Le texte incriminé – ici sa version originale [souvent inaccessible], et là une copie – donnait des conseils de riposte aux manifestants face aux stratégies policières (après un rassemblement à Toulouse le 21 février dernier, organisé suite à la mort de Rémi Fraisse sur le site du barrage de Sivens quelques semaines auparavant). Parmi ces conseils, la phrase:

« À plusieurs, on peut rapidement mettre une voiture en travers de la route, voir l’enflammer ».

Le fond de cet article n’est pas vraiment en question (lire PS plus bas). Il a servi de prétexte pour tenter de bailloner des organes d’informations qui menacent de plus en plus les pouvoirs locaux dans des régions où la presse est monopolistique et rarement offensive. Cet article n’est, en outre, pas signé, comme cela arrive souvent dans le cadre d’une publication collective, et les enquêteurs ont déployé toute la panoplie de la flicaille antiterroriste pour tenter de confondre un instigateur. C’est ainsi qu’une personne a été identifiée comme responsable éditorial – « directeur de la publication », selon le terme légal consacré – car il aurait réglé l’achat du nom de domaine (avec la collaboration remarquée du prestataire Gandi qui a fourni les traces numériques aux enquêteurs).

Critiquer la police et ses pratiques fait pourtant partie de la libre expression – même si c’est pour certains une position discutable, pas pour moi soyez-en sûrs. Ne pas signer un article n’est pas un délit, alors que certaines méthodes d’infiltration policières dans les manifs – voire de provocations d’agents en civil destinées à justifier des interpellations musclées – sont encore plus clairement discutables. Impossible pour moi de ne pas interpréter cette instruction – le procès est prévu à Toulouse le 29 juin – comme un nouvel épisode d’intimidation pour diviser la contestation entre les médias institutionnels et les modes d’expression alternatifs. Entre journalistes encartés et les autres. Les valeurs « républicaines » si vaillamment mis en exergue après les tueries du mois de janvier ne sont pourtant pas réservées à une caste particulière ni à une profession.

L’expression publique, d’où qu’elle vienne – d’un éditocrate mondain, d’un blogueur, d’un crieur public ou d’un lanceur d’alertes autoproclamé –, est protégée par la loi sur la liberté de la presse de 1881, elle n’est pas réservée aux représentants de la presse professionnelle. Il m’a été assez désagréable, par exemple, lors des débats sur la scélérate loi sur le renseignement, de voir des syndicats de journalistes tenter d’exclure des dispositifs de surveillance de masse les « journalistes de rédaction » (sic) pour les distinguer de la plèbe. Non, les libertés publiques sont celles de tous. Et les entraves à ces libertés, comme d’insérer dans le droit commun (donc de l’exclure de la loi de 1881) le délit d’apologie du terrorisme (merci M. Cazeneuve, cf la dernière loi antiterro de novembre 2014), doivent être combattues comme un tout.

Emory Douglas, 1969C’est pourquoi, dans le sillage de cette affaire Iaata, un collectif s’est constitué au lendemain de l’inculpation de Toulouse avec texte de soutien, ici sur le site de la revue Jef Klak, là une version PDF.

PS. – Mise à jour suite aux premiers commentaires.

Je suis un peu effaré des premiers commentaires. Je ne veux pas paraître donneur de leçons, chacun a sa conception de l’ordre et de l’expression publique, mais ces réactions ça me font penser à celui qui montre le doigt et qui oublie la lune. Évidemment que le texte incriminé est fébrile, parfois stupide, mal écrit, il est même maladroit et sans finesse, ne serait-ce que sur le but poursuivi, car il donne des tuyaux à la police plus qu’aux manifestants. Et il donne donc un prétexte pour frapper. Mais ce qui est visé, ce n’est ni l’auteur du compte-rendu, ni un éventuel « directeur de publication », c’est bien le site d’informations en lui-même, et tous les autres derrière.

Jamais la contre-information sociale n’a été autant en mesure de faire face à l’information officielle, c’est a dire la conjonction entre le pouvoir central, les notables locaux, et la presse locale. Combien de quotidien d’information dans votre région? Existe-t-il une ville ou il existe un réel pluralisme, avec plus d’un seul quotidien monopolistique? Et quand il y a 2 quotidiens – La Dépêche et Sud Ouest à Toulouse, Ouest France et Presse Océan à Nantes… –, ont-ils une réputation d’être indépendants face aux maires, aux patrons du coin, au préfet ou au procureur? Les sites de la Mutu, s’ils ne sont pas animés par des « journalistes » qui ont appris le bon style à l’école des médias mainstream, sont un relais nécessaire, je pense, à la communication à sens unique que la presse régionale contribue à perpétuer. A Toulouse, le proc et le préfet ne sont-ils pas sous pression depuis la mort d’un manifestant en octobre? Le premier depuis 1977 ? Ne pensez-vous pas qu’ils cherchent un prétexte pour taper dans la ruche et la faire éclater? C’est ça le fond de l’histoire, pas de savoir si de proposer de cramer une voiture ou de dire merde aux flics, c’est bien ou c’est pas bien.

Je sais bien que les lecteurs de Reflets ont une sympathie un peu plus prononcée pour les irrédentistes qui usent de leur clavier. L’affaire des Anonymous qui se sont fait pincer pour mettre du sable dans les rouages de l’industrie nucléaire est symptomatique. Le degré de sympathie est immédiat, sans qu’un seul lecteur ose affirmer, par crainte d’excommunication, qu’il est complètement débile d’imaginer que l’on va contraindre un secteur économique hyperpuissant en allant défacer un seul serveur informatique. Vous seriez surpris d’apprendre que les premiers militants qui ont contacté les 3 hackers prévenus (car il y en a un troisième…) pour les aider juridiquement dans cette affaire ne sont pas encartés à Greenpeace ou aux Verts, ce sont des groupes autogérés qui militent par ailleurs contre la répression policière, en manif et ailleurs.

 

 

Source: https://reflets.info/le-retour-du-baillon/


Terres de Gandhaäl (2) – Livre 1 : « Fondations »

Sunday 21 June 2015 at 17:39

shubda

Les tambours résonnaient sans cesse, toujours à la limite de couvrir les voix excitées des convives. Leur rythme lent et mécanique emplissait l’esprit et obligeait l’étranger inaccoutumé à ces sons graves et répétitifs, à se concentrer intensément afin de rester à l’écoute des discussions, ou bien même accomplir des gestes simples. Danda avait été convié par le Kendä Ziäd et son conseiller dans l’une des innombrables tavernes souterraines qui cernaient la tour d’ossements où avait eu lieu l’entretien. Une centaine de Golgiens et Golgiennes vêtus de manière ostentatoire — afin, se dit Danda, de marquer leur appartenance à la haute noblesse de la cité des prêtres noirs — buvaient et mangeaient bruyamment. Leurs yeux brillaient de la liqueur hallucinogène ingurgitée qui coulait à flot dans les coupes de cuivre. Les rires étaient appuyés et les gestes amples. Le diplomate d’Anglar, assis à l’extrémité de la longue table d’ébène lisse comme un miroir, n’avait pas encore osé toucher — ne serait-ce que du bout des lèvres — à sa coupe emplie de vin jaune. Il souriait légèrement, hochant la tête aux remarques de ses hôtes, plissant les yeux pour mieux démontrer son attention aux remarques qui étaient proférées, les mains croisées sur le ventre. Quelle était la raison précise de cette soudaine invitation ? Une coutume sympathique ou bien un piège de Ziäd ? Danda n’avait plus beaucoup de choix ; il jouait avec des dés truqués qu’il avait longuement préparés, ne lançant que ceux qui lui étaient nécessaires. Mais la partie était longue et truffée de revirement de règles. Il lui restait encore une passe à jouer, une passe gagnante ou perdante, un « quitte ou double ». Le seul problème était de savoir à quel instant le tenter…

Theleb s’était installé quelques places à gauche de celle du diplomate, son immense chapeau vissé sur le crâne, camouflant à demi ses traits dans l’ombre. Le sorcier ressemblait à une statue de craie. Ses longues mains grisâtres soigneusement posées à plat devant lui n’avaient, ne serait-ce que tressaillis une seule fois en un demi sablier. Le brouhaha général ne semblait pas l’incommoder, comme s’il n’était plus présent dans la salle souterraine. Peut-être s’était-il assoupi ?

A l’extrémité du banquet, une dizaine de fauteuils sur la gauche de Danda, le seigneur de Kaäl-Nezbeth trinquait avec emphase, distribuant compliments et répondant aux questions qui affluaient du groupe de nobles attablé prêt de lui. Danda se dit que le Golgien était une langue véritablement difficile à comprendre. Pas moins de vingt cercles de saisons lui avaient été nécessaires afin de la maîtriser, et aujourd’hui encore, certaines tournures de phrases lui échappaient à moitié. Les doubles sens, accentuations des consonnes nuançant les propos, voire les transformant, étaient la spécialité du langage des buveurs de sang. Particulièrement le haut Golgien, variante nobiliaire du dialecte populaire.

Ces tambours étaient décidément fatigants, leur sonorité excessivement grave endormait l’esprit, il fallait qu’il se détache de cette ambiance, prenne du recul. Il concentra son esprit sur la discussion engagée en face de lui par une jeune femme et trois de ses comparses mâles. Elle aurait pu être belle — pensa-t-il lorsqu’il la dévisagea. Mais une telle maigreur, cette peau cireuse et ces dents effilées…

C’était une discussion politique. Religieuse aussi, il allait de soi. La jeune femme ayant fini d’écouter l’argumentaire de l’un de ses trois interlocuteurs prit délicatement une coupe de vin, la porta à ses lèvres et dit en haussant les sourcils :

— Tu as peut-être raison Shaatïn. Les inspirations du maître de la nuit sont au dessus de tout ce que nous pouvons imaginer et c’est bien normal. Mais nous sommes tout de même en mesure de soupçonner l’orientation qu’il entend prendre en terme humains et politiques car nous sommes ses fils et ses filles. Il est nous, et nous sommes une parcelle de lui-même… La guerre que nous livrons contre Doriän et ses sbires n’est que l’une des facettes du plan divin que nos maîtres ont construit. Shubda sait manipuler les esprits mieux que quiconque. Ne montrer qu’une voie, alors qu’il en trace mille autres dans l’ombre. Ne croyons pas que l’ennemi soit radicalement identifié. Le monde est plus vaste et complexe que ce que nous voulons bien l’entendre, Shaatïn, beaucoup plus que ce que nous voulons bien l’entendre.

Danda avait écouté, captivé par l’emportement contenu dans la voix de la jeune Golgienne, cette espèce de conviction oratoire extraordinaire que peu d’êtres humains possédaient. Cette clarté d’esprit qui jaillissait à travers les mots et qui avait le don d’emporter l’adhésion d’un auditoire même peu enclin à s’accorder aux idées émises. La jeune femme glissa un regard amusé vers lui et l’interpella sans qu’il n’ait le temps de réfléchir plus avant.

— Qu’en pensez-vous diplomate ?

Danda, prit au dépourvu par son interlocutrice avala sa salive et déglutit le plus discrètement possible. Sa connaissance diplomatique n’était pas à même de démêler les intrigues divines… Il se racla la gorge et sans bien savoir où allait le mener sa réponse, lança :

— Vous savez, nous autres peuples du sud ne sommes pas très au fait des stratégies Kendaï…mais disons que d’un point de vue tout à fait neutre et…

Danda suspendit sa phrase comme sous l’effet d’un sortilège. Son visage avait pâli. Un frisson le saisit. Il se propagea du haut du crâne, puis ses chairs se figèrent et ses cheveux se dressèrent sur la tête. Son interlocutrice, un sourire au coin des lèvres se tourna dans la direction où le diplomate venait de clouer son regard. Une silhouette encapuchonnée était apparue au centre de la large porte voûtée qui menait à la salle de banquet. Les gargouilles aux faciès grimaçants qui décoraient son fronton prirent vie instantanément et s’agitèrent avec frénésie en une danse chaotique et vulgaire. La centaine de convives s’était levée, les conversations s’étaient tues. Des cris grotesques jaillirent des petites effigies de pierre qui commençaient à s’accoupler rageusement, toujours agrippées au fronton. La scène était surréaliste. Danda ne savait plus s’il devait s’enfuir, éclater de rire ou bien encore se mettre à genoux. Les membres de l’assemblée avaient levé leurs verres et souriaient tous sans exception. Le vieux diplomate fit de même, troublé. La silhouette fit deux pas en avant. Les tambours cessèrent de battre, la lumière déclina et un froid terrible envahit la pièce. Il n’y avait presque plus de lumière. Le diplomate grelottait, le bras toujours tendu en avant, brandissant sa coupe de vin. Seuls les râles de plaisirs des créatures de pierre emplissait l’espace, indécents. La silhouette fit encore quelques pas pour arriver jusqu’à l’extrémité de la longue table d’ébène. Une lueur pourpre se répandit sur son visage, puis sur l’ensemble de son corps, révélant son apparence. C’était une jeune femme. Splendide — pensa Danda — hypnotisé par les traits remarquables du visage de la créature debout à quelques foulées de lui. L’une des mains de la jeune beauté écarta la capuche puis défit le lacet qui maintenait le manteau de laine. Le vêtement tomba à terre libérant une cascade de cheveux ondulés aux reflets écarlates qui s’épanouirent sur une poitrine ferme et laiteuse, aux larges mamelons sombres. Les yeux de lave de la jeune femme fixaient le vieil homme. Celui-ci ne pouvait détacher son regard du ventre lisse, de la toison bouclée, rouge sang, qui encadrait les lèvres charnues du sexe, des longues jambes musclées, puis de nouveau, les seins d’albâtre. Le silence était pesant. Danda ne sut bientôt plus combien de temps s’était écoulé entre l’instant où la jeune femme était apparue et celui où il la regardait, empli d’un désir brûlant. Les convives étaient toujours debout, immobiles et souriant. La bouche de la jeune femme s’entrouvrit dévoilant deux rangées de dents pointues à la blancheur éclatante, ses lèvres s’animèrent et une voix suave aux accents rocailleux parvint jusqu’à Danda.

— Viens…

Le diplomate sentit son sexe se durcir et l’appel impérieux de la chair qui se propageait en lui. Il posa sa coupe, recula d’un pas, longea la cohorte de nobles et fut devant elle. Elle le dévorait du regard, ses yeux étaient deux puits de lave en fusion. Ses seins généreux, dressés devant lui, exerçaient un fantastique appel. Le vieil homme se mit à gémir. La voix de nouveau parvint à ses oreilles:

— Viens…

Danda s’approcha jusqu’à la toucher. Elle enserra sa taille, ses mains glissaient à travers les vêtements du diplomate comme deux serpents caressants. Ses habits tombèrent à terre sans qu’il ne sache comment ils avaient été retirés. La jeune beauté s’allongea sur la table, au milieu des reliefs du repas, sur le dos, sa chevelure flamboyante créant une mer ensanglantée sur la surface lisse de l’ébène. Ses longues jambes enserrèrent la taille du vieil homme qui, tremblant de désir, la pénétra dans un râle. Sa vision s’était brouillée, une chaleur indicible se propagea dans tout son corps. Sa verge était brûlante, comme prisonnière d’un étui de feu. Les gémissements rauques de la femme parvenaient jusqu’à lui accompagnés de clameurs d’encouragements. Une bourrasque de plaisir commençait à emporter l’émissaire d’Anglar. Il sentit l’orgasme monter en lui et se mit à hurler, des visages inhumains et grimaçants tournaient dans un ballet monstrueux, des flammes dansantes remplirent son esprit…puis un rire masculin recouvrit le tumulte, emplissant tout l’espace. Danda se jeta en arrière, tomba à la renverse. Son crâne heurta le sol dallé, une lumière aveuglante jaillit devant ses yeux. Le diplomate sentit qu’on le saisissait fermement, puis les ténèbres le recouvrirent…

Source: https://reflets.info/terres-de-gandhaal-2-livre-1-fondations/


Manuel Valls, l’art de la dichotomie permanente ?

Thursday 18 June 2015 at 14:47

valls

Soit Manuel Valls ne comprend rien au numérique, soit il est fortement clivé. Il faut savoir que le clivage psychologique est une pathologie mentale : il y aurait dans ce cas deux Manuel dans Manuel, des Manuel qui ne communiqueraient pas l’un avec l’autre. Le premier — appelons le Manuel #1 défend la Loi renseignement, avec les boites noires qui capturent les communications Internet, et donc, abolissent toute protection des données personnelles des internautes français — et l’autre, Manuel #2 affirme l’inverse dans le cadre de son projet de loi numérique :

<script src="//platform.twitter.com/widgets.js" async="" charset="utf-8">Mais ce n’est pas fini. Manuel #1 défend un Internet sous surveillance administrative, avec du DPI dedans (sinon personne ne comprend comment il fait pour profiler des terroristes avec ses boites noires), un Internet avec suppression administrative de sites , cassant ainsi toute possibilité de neutralité du net, quand Manuel #2 défend… la neutralité du net :

C’est un homme de gauche, Manuel #2, mais qui applique des lois sécuritaires de droite en tant que Manuel #1. Manuel #2 veut une politique économique de gauche, mais Manuel #1 en applique une libérale, Manuel, qui es-tu Manuel ? Ah, un appel des urgences vient d’arriver : il paraît qu’il ont perdu l’un de leurs patients et qu’il serait caché à Matignon.

Allo ? Oui, oui, vous pouvez aller le récupérer, mais prenez garde quand même, il a tendance à pointer du doigt en roulant des yeux et on ne sait pas jusqu’où il est capable d’aller…

<script src="//platform.twitter.com/widgets.js" async="" charset="utf-8">

Source: https://reflets.info/manuel-valls-lart-de-la-dichotomie-permanente/