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Le cynisme de Jean-Jacques Urvoas

Friday 20 March 2015 at 10:18

Jean-Jacques Urvoas est à la manoeuvre depuis des années pour pousser des textes liberticides donnant plus de pouvoir à l’exécutif et aux services de renseignement. Plus de surveillance, plus de liberté pour agir sans contrôle d’un juge. Loi de programmation militaire, Projet de loi sur le terrorisme et désormais, Projet de loi sur le renseignement : tous ces textes portent sa marque. Le tollé provoqué par ce dernier texte ne l’a pas empêché de lancer sur Twitter :

Une bonne blague de parlementaire sans doute. D’une part, l’avis de la CNIL circulait dans les rédactions et l’essentiel avait été publié, d’autre part, depuis des lustres, les gouvernements s’assoient joyeusement sur les avis de la CNIL.

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Source: http://reflets.info/le-cynisme-de-jean-jacques-urvoas/


Parlons un peu de la sous-démocratie française

Thursday 19 March 2015 at 20:18

laver-cerveauEn France, nous vivons dans une démocratie. Nous vivons dans une démocratie, parce que nos libertés sont garanties, en apparence : celles de déplacement, d’opinion et d’expression, de la presse, de la propriété privée, de la vie privée.

Mais il se trouve, qu’en quelques années, ces « garanties démocratiques », bien qu’établies sur le papier, se sont dégradées. Fortement. Pas pour tout le monde. Pas de la même manière pour tous. Mais le constat est là. Si nous effectuons une photographie des libertés démocratiques françaises en ce mois de mars 2015, il y a de fortes chances qu’elle soit très floue et mène à réviser le jugement précédemment énoncé. Nous vivons en réalité dans une sous-démocratie. Une démocratie qui a le  goût, la couleur, l’apparence, de la démocratie, mais qui n’est plus celle que nous connaissions, il y a quelques années encore. Même si elle était imparfaite et incomplète. Détail de la photo.

Rupture des contrats

Une démocratie, même représentative, a vocation à maintenir un contrat entre ceux qui demandent la confiance du « peuple » (les électeurs) et ce même peuple. Le plus connu est le contrat social et nous en avons déjà parlé dans les colonnes numériques de Reflets. Celui-ci est largement entaillé, avec un gros canif. Mais au delà du contrat social, il y a d’autres contrats qui ne peuvent pas normalement être rompus, dans une démocratie. Celui de la séparation de l’exécutif politique et de la justice, ce qu’on appelle « l’indépendance de la Justice ». Les contrats d’une démocratie comme la démocratie française sont donc nombreux, et l’on peut, en vrac, citer l’égalité de droit, devant la justice, la non-discrimination, l’accès aux services publics, la liberté d’expression, la propriété privée, la liberté de circulation, la protection de la vie privée. Le problème est que ces quelques exemples de contrats de « droits et de libertés » sont tous, aujourd’hui, quasi intégralement, rompus.

736965401_smallL’égalité devant la justice n’est plus qu’une vaste fumisterie, il suffit de s’intéresser aux verdicts énoncés à l’encontre de personnalités influentes, du monde économique ou politique comparés à ceux énoncés pour le vulgaire citoyen pour s’en rendre compte. Si vous n’êtes pas noir ou arabe, vous devriez faire l’expérience de vous promener dans une grande ville comme Paris en tant que tel (dans la peau de…) : les contrôles pour cette partie de la population sont permanents, les vexations policières généralisées. La discrimination est institutionnalisée au sein des forces de l’ordre. Faire l’expérience de vivre un temps dans une banlieue pourrie d’une grande ville permet aussi de comprendre que l’accès aux services publics n’est plus du tout un droit, mais un parcours du combattant. Comme dans certaines campagnes, mais d’une autre manière. La liberté d’expression a été depuis peu largement réduite : le législateur a fait basculer des propos contestables, du délit de presse vers le pénal, et il suffit, sur Internet, de ne pas soutenir la thèse gouvernementale sur les événements du Moyen-orient pour risquer une censure administrative, sans juge, et donc totalement politique.

controle-faciesLa possibilité de mettre « sur écoute » votre logement sans qu’un juge ne puisse examiner votre cas, laisse entendre que n’importe quels barbouzes un peu zélés sont désormais protégés juridiquement pour surveiller qui ils veulent, avec toute l’approximation et la subjectivité [parfois motivée par des convictions idéologiques ?] desdits barbouzes. Qu’ils fassent un métier difficile, ces personnels du renseignement, n’est pas une raison pour leur donner tous les droits, sans contrôle. En tout cas, dans une démocratie normale, bien qu’imparfaite. C’est donc dans une sous-démocratie que cela est possible.

Circuler en France est devenu une gageure, entre les robots contrôleurs de vitesse, la fouille des coffres des véhicules, les placements en garde à vue des automobilistes qui contestent l’attitude parfois provocatrice des forces de l’ordre, les règles incompréhensibles et le racket organisé des municipalités sur les stationnements, qui peut encore croire que la liberté de circuler est garantie [correctement] dans ce pays ?

Quant à la vie privée, sachant qu’elle passe énormément par Internet et qu’Internet est désormais déclaré ennemi national, que l’Etat peut aller fouiller les données de chaque citoyen sans qu’aucune autorité judiciaire ne puisse autoriser ou non cette surveillance, il est bien clair qu’elle n’existe plus.

Terroriser la population, c’est démocratique ?

Manuel Valls est venu expliquer il y a peu à des lycéens qu’il fallait « qu’ils s’habituent à vivre avec le danger [du terrorisme] ». Mais Manuel Valls a aussi peur du Front national, pour la France. La meilleure réponse politique a un problème — qui est pour l’heure ponctuel, celui de trois candidats au djihad qui massacrent des journalistes et des clients d’un supermarché —  est-elle d’utiliser les mêmes armes que ceux que l’on veut combattre ? Terroriser les terroristes ? Et la population avec ? Une démocratie digne de ce nom n’est normalement pas aussi faible qu’elle en viendrait à utiliser les mêmes méthodes que ceux qui aimeraient la faire tomber. Normalement. Mais une sous-démocratie, elle, est prête à toutes les bassesses pour maintenir le système qu’elle a pourtant dégradé au point qu’il n’est plus qu’une pâle copie de l’original. Et c’est bien là que le bât blesse, et que la population commence à sentir que quelque chose cloche, ne tourne plus rond.

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« Jeunes gens, ayez la trouille, et habituez-vous à ça… »

Si ceux qui sont au pouvoir ont peur, d’un parti politique, par exemple, pour lequel une part plus ou moins grandissante de la population vote, cette population doit penser en retour, qu’en réalité, le pouvoir politique a peur d’elle. Et un pouvoir qui a peur de sa propre population — au point de la mettre sur écoute administrative — par exemple, n’est pas démocratique, et est très inquiétant. Chacun est capable de le comprendre. Rassurer avec des instances « indépendantes », des commissions et autres comités ne change rien à l’affaire, puisque toutes ces structures ont démontré par le passé qu’elles ne servaient à pas grand chose, étant bien trop lourdes et peu dotées pour garantir quoi que ce soit.

Changer (au moins) de République

Il reste à discuter des solutions pour redresser la barre et régénérer cette sous-démocratie, la remettre sur pieds. Pour en faire de nouveau une démocratie complète ? François Hollande s’est fait élire sur de nombreuses promesses de « régénération démocratique », et le coup du  « moi président » n’est pas pour rien dans son élection.  « Lui président » ? C’est une dégradation de la démocratie encore plus importante que son prédécesseur. D’où la désertion des urnes d’une part importante de la population. Le FN n’est pas en train de grossir en termes de nombre de voix, puisque en réalité il est au même niveau qu’il y a 13 ans : autour de 5 millions d’électeurs. C’est simplement l’effet mécanique de l’abstention qui le mène en tête des suffrages.

premier-partiMais c’est dans une sous-démocratie, peuplée de citoyens épuisés, écœurés, apeurés, qu’un parti normalement minoritaire peut devenir majoritaire. Au fond, si c’est la peur qui guide l’ensemble, que ce soit ceux qui ont peur des étrangers, des terroristes, de perdre leur identités ou ceux qui ont peur de l’extrême droite, de l’abstention, de l’Europe, du manque d’Europe, de l’euro, de la sortie de l’euro, des minorités, de l’exclusion, il n’y a pas d’issue favorable en vue. La seule issue est — pour ceux qui ont encore le pouvoir de se faire entendre, les ténors du système politique — de proposer un changement de système politique. Une majorité d’observateurs et de responsables politiques a établi que celui-ci était à bout de souffle, qu’il ne correspondait plus aux attentes citoyennes, qu’il n’était plus adapté à l’époque actuelle ? Ils n’ont qu’à proposer de créer une nouvelle République à minima, avec une nouvelle Constitution, aidée par les citoyens, grâce à la création d’Assemblées constituantes.

Parce que si cette sous-démocratie actuelle n’est pas rapidement dissoute au profit d’une nouvelle qui déterminera les fondamentaux d’une démocratie telle qu’on peut l’envisager au XXIème siècle, la suite des événements risque d’être excessivement pénible. Violente aussi, par force. Pour une partie de la société, qui déjà, en bave un peu trop. C’est un choix. Hollande peut faire l’histoire, en fin de compte. Ou au contraire, devenir le fossoyeur de ce qu’il restait d’encore un peu enviable au pays des Lumières. Moi président a intérêt à bien réfléchir à tout ça. Vraiment.

Source: http://reflets.info/parlons-un-peu-de-la-sous-democratie-francaise/


#PJLRenseignement : déjà-vu, leçons de l’Histoire et aruspicine

Thursday 19 March 2015 at 00:48

Piacenza_BronzeleberIl y a comme une impression de déjà-vu qui se fait jour avec le projet de loi sur le renseignement que le gouvernement français concocte. Pour une bonne raison : cela s’est déjà produit. Très récemment même.

On pourrait croire que les leçons de l’Histoire auraient été tirée par les politiques. Ils ont vu les Etats-Unis appeler à l’union nationale après les attentats de septembre 2001. Ils ont vu les lois liberticides se mettre en place, comme le Patriot Act. Ils ont vu les effets d’un discours guerrier évoquant une supposée lutte des civilisations. Ils ont vu la légalisation de la torture. Ils ont vu l’effet des coups portés à la séparation des pouvoirs, à la mise au rebut des concepts qui fondent la Justice en Démocratie. Ils ont vu Guantanamo, les prisons secrètes de la CIA, les vols fantômes de la même CIA, les enlèvements… Ils ont ont pu lire des centaines de travaux et d’études sur les effets pervers et les conséquences dramatiques des décisions de l’Administration Bush. Et pourtant… La France s’enfonce toujours plus dans cette voie dont l’issue est connue. D’autres morts, d’autres combats, un cercle meurtrier sans fin. Un état de guerre permanent.

Jouons les aruspices… En dépit de toutes ces évidences, en dépit de tous les cris des défenseurs des Droits de l’Homme, des journalistes, des experts en tous genres, dont ceux de Reflets qui creusent ce sujet depuis des années, oui, en dépit de tout cela, nous allons assister dans un avenir proche à un vote quasi-unanime des parlementaires français, en faveur de ce projet de loi.

rt-oupasCar le contexte est à peu de choses près le même que celui qui présidait aux Etats-Unis après le 11 septembre. On est forcément pour ou contre les barbus terroristes. En dehors du clan du Bien ou du clan du Mal, pas d’alternative. On est pour la censure ou contre. Il n’y a pas d’alternative à la censure des sites djihadistes (ou pas) par l’exécutif sans contrôle d’un juge. On est pour donner des moyens quasiment illimités sans véritable contrôle démocratique aux services de renseignement ou… on est pour les barbus terroristes.

Le Front National et les barbus terroristes sont de très pratiques excuses pour faire voter n’importe quoi. Ainsi que pour ceux qui auront voté toutes ces lois injustifiables. A la veille d’élections, avec un FN en hausse dans les sondages, au moment où sont perpétrés des actes terroristes en Tunisie, toutes les conditions sont réunies pour que la quasi-totalité des parlementaires qui tiennent à garder leur poste votent pour ces textes.

Source: http://reflets.info/pjlrenseignement-deja-vu-lecons-de-lhistoire-et-aruspicine/


Censure et surveillance administrative : l’essence de la tyrannie

Wednesday 18 March 2015 at 21:22

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La tyrannie est toujours multiforme, et l’histoire ancienne ou plus récente est là pour nous le démontrer. Les récentes révélations du Figaro analysées par Reflets, si elles se révèlent exactes, sont un signal excessivement inquiétant de l’état du système politique et social dans lequel nous sommes désormais entrés. Pour bien comprendre ce que signifierait la mise en place des « boites noires » internet placées chez les FAI — que la majorité socialiste aimerait généraliser pour surveiller des présumés terroristes,  un retour en arrière dans l’histoire des régimes autoritaires, policiers, système totalitaires ou sociétés dictatoriales est nécessaire. Non pas pour faire un amalgame, mais pour bien établir l’impossibilité quasi historique, pour les responsables politiques français, de mettre en place ces outils. Ni plus, ni moins.

La Stasi ?

En Allemagne de l’Est (RDA), s’est constitué au sortir de la seconde guerre mondiale, un Ministère de la sécurité d’Etat. Cette police politique aux ordres de Moscou était un immense service de renseignement ayant pour mission principale la traque des opposants politiques du régime. Les dossiers de la Stasi sont vite devenus immenses : chaque citoyen de la RDA pouvait être un opposant en puissance. Il est très intéressant de regarder comment un service de renseignements, d’espionnage, de contre-espionnage peut devenir tentaculaire et se mettre à ficher chaque individu d’une société, par mesure de précaution, puis par nécessité administrative.

Stasi

C’est là que les propositions socialistes actuelles, de surveillance administratives sont excessivement proches des structures de renseignements soviétiques ou de la défunte RDA. Ces propositions se basent sur la crainte d’un ennemi potentiel, menaçant l’existence même de l’Etat, et donnent à une administration, totalement opaque par définition, les moyens de tyranniser l’ensemble de la population. Que ce soit avec le mot terroriste, djihadiste, dissident, opposant ou ennemi de la révolution, si l’Etat décide d’imposer une surveillance sans contrôle judiciaire, de ses propres administrés, la tyrannie est obligatoirement présente. Par essence.

Les dictatures sud américaines ?

Le Chili, l’Argentine, le Brésil ont connu des dictatures militaires, longues et douloureuses au cours des années 60 à 90. La répression des contestataires y était sanglante, et toujours appuyée par des structures de renseignement hypertrophiées. Une dictature craint de se voir mise en cause, qu’un soulèvement populaire ne vienne contester son pouvoir, elle est donc toujours dans l’obligation de réprimer, et pour ce faire, de surveiller. Le principe d’anticipation des mouvements « révolutionnaires » requiert de l’information, beaucoup d’information.

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La censure, en Amérique latine, a été massivement pratiquée dans ces dictatures, pour empêcher l’éducation des masses populaires, particulièrement envers les thèses marxistes ou communistes puisque les systèmes dictatoriaux mis en place étaient soutenus par les Etats-Unis et demandaient avant toute chose une soumission du peuple aux thèses des « Chicago Boys ». Les inventeurs du libéralisme économique — thèses promues par Milton Friedman, prix Nobel d’économie et grand ami-conseiller des dictateurs de cette région, étaient accueillis à bras ouverts par ces dictatures « anti-communistes ».

La République française : compatible ?

Il serait possible de parler de Cuba, de la Tunisie de Ben Ali, de l’Union soviétique, de la Syrie, de la Libye, de toutes les nations dont les systèmes politiques ont été ou sont encore des régimes tyranniques : tous ces régimes surveillent leur population, tous censurent l’information. Tous ces régimes utilisent ces méthodes, parce que tous ces régimes sont naturellement aux abois, et ont l’obligation, par essence de se protéger de la sorte. Comment peut-on entendre, à la suite d’une action violente de 3 individus armés ayant causé 17 morts, qu’un pays comme la France utilise les mêmes méthodes que les régimes tyranniques ? Les dirigeants de ce pays, la France, seraient-ils eux aussi aux abois ? La Constitution française peut-elle autoriser la mise en place d’une administration du renseignement ayant toute latitude pour espionner en toute discrétion, sans contrôle judiciaire ou parlementaire  réel n’importe quel citoyen ? La censure administrative de sites internet est-elle envisageable dans un pays qui — il y a encore deux mois — se vantait d’être le premier défenseurs de la liberté d’expression ?

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Cette censure est exactement la même que celle qu’opérait le « dictateur Ben Ali » (qui n’en était pas un pour les responsables politiques quelques heures encore avant sa fuite du pays) : comment la France peut-elle s’exonérer du passage par un juge et opérer ainsi ?

En réalité, la comparaison avec la Stasi devient tout à fait possible. Et c’est là que débute la tyrannie. Quoi qu’en pensent les politiques aux abois jouant un jeu très dangereux, qui se retournera contre eux s’ils ne s’en rendent pas compte à temps. Rien ne peut justifier la censure et la surveillance administrative. A moins de déclarer l’état d’urgence, et de rayer d’un coup de crayon la Constitution.

En serions-nous là ?

Source: http://reflets.info/censure-et-surveillance-administrative-lessence-de-la-tyrannie/


Une boite noire pour nous surveiller tous, mais une boite noire de gauche…

Wednesday 18 March 2015 at 13:33

©IAN LANGSDON/EPA/MAXPPP

©IAN LANGSDON/EPA/MAXPPP

Le rêve de Mouammar Kadhafi, celui de Bachar el-Assad, est en train de se matérialiser en France. Ce que Reflets dénonce depuis des années comme un vrai cauchemar, se met en place. Cerise sur le gâteau, c’est un gouvernement de gauche qui lui donne vie. Historiquement, ce qui différencie la gauche de la droite, c’est une valeur : l’humanisme. Déjà bien déglinguée, la voilà enterrée définitivement. Le Parti socialiste ne se remettra jamais de cette décision. Car en voulant installer des « boites noires » chez les fournisseurs d’accès afin de surveiller la population, comme le raconte le Figaro aujourd’hui, il pose les germes d’un scandale monumental. Comment ce gouvernement expliquera-t-il sa démarche si par exemple, un jour, on découvrait que la société ayant développé le cœur de ces boites noires est mise en examen pour complicité de torture en Syrie ou en Libye ?

Car comme Reflets l’indiquait dans ses articles hier, il est hautement improbable que les projets de surveillance des terroristes en puissance (jusque-là présumés innocents) hors de tout contrôle démocratique, par le fait du prince, puissent reposer sur autre chose que du deep packet inspection. Nous avons des entreprises leader dans ce domaine, Qosmos, Amesys (Advanced [Middle East] Systems) , EADS, pour ne citer que les plus connues. Les services de renseignement, au travers de l’Etat français, depuis Nicolas Sarkozy, ont tissé des liens extrêmement étroits avec ces sociétés, au point même d’y injecter de l’argent au travers du Fonds stratégique d’investissement (devenu BPIFrance). Il est temps, visiblement de collecter les dividendes. Assiste-t-on à la concrétisation du projet Kairos de Qosmos, ce contrat avec la DGSE ? Quoi qu’il en soit, le gouvernement Valls de François Hollande vient de franchir le Rubicon.

Selon le Figaro,

« Ces mesures permettront de détecter les suspects le plus en amont possible, et de les surveiller ensuite «de manière totale et systématique», confirme une source gouvernementale.

La détection se fera en lien avec les opérateurs télécoms et les fournisseurs de services, appelés par la loi à collaborer. «Les terroristes ont des comportements de grande discrétion sur le Web, mais il existe des marqueurs signifiants», précise-t-on au ministère de l’Intérieur ». […]

« Afin de détecter ces comportements suspects, le gouvernement envisage de faire installer, sur les équipements réseau des intermédiaires techniques, l’équivalent d’une «boîte noire», a-t-il précisé mardi. Elle contiendra des algorithmes, chargés d’extirper des possibles suspects dans la masse des données qui transitent chaque jour sur Internet. Ces codes informatiques seront visés par la nouvelle Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement (CNCTR), l’autorité administrative indépendante créée pour contrôler les écoutes.

Les enquêteurs chercheront à avoir une détection la plus fine possible. «Si on voit que cela donne des dizaines de milliers de résultats, on changera les algorithmes», affirme-t-on de même source. »

Toute personne ayant deux ou trois notions techniques peut traduire immédiatement ce jargon bauerien de mage criminologue : « on va mettre en place des outils de DPI permettant de filtrer, classifier et analyser les flux Internet chez les FAI. Des alertes permettront de détecter les personnes intéressées par le djihadisme, les bombes, les armes, etc ». Le souci c’est que ces filtres feront remonter des utilisateurs intéressés par … le djihadisme, comme les chercheurs, les universitaires, les journalistes. Mais aussi ceux qui sont férus de chimie ou les amateurs d’armes de collection. Comment faire le tri et éviter des procédures parfaitement abusives ? Les algorithmes… Ces programmes « intelligents » mais codés par des humains, avec les germes des erreurs humaines codées en dur. Ils feront le tri. Ayez confiance.

Non, justement. Nous n’avons pas confiance. Nous sommes même de plus en plus méfiants, de plus en plus ulcérés par les décisions de ce gouvernement. Le piétinement permanent des libertés individuelles, l’instauration d’une suspicion généralisée, le fait de décréter que tout citoyen est un terroriste en puissance, ce ne sont pas nos valeurs. Non, François Hollande, non Manuel Valls, nous ne sommes ni la Syrie, ni la Libye, ni l’Arabie saoudite, ni le Qatar, ni les Emirats arabes unis… Les Français ne veulent pas de votre DPI généralisé. Remettez les enquêteurs des services de renseignement sur le terrain. Rangez vos precogs votre DPI qui servira à Marine Le Pen, que vous voyez déjà au pouvoir en 2017, pour pourchasser ses opposants politiques, dont vous. Et oui, avec vos outils, elle pourra, simplement en modifiant les « paterns », comme vous dites (sans comprendre ce dont vous parlez), connaître vos plus inavouables secrets et … vous détruire.

Source: http://reflets.info/une-boite-noire-pour-nous-surveiller-tous-mais-une-boite-noire-de-gauche/


La boite noire gouvernementale chez les FAI

Wednesday 18 March 2015 at 12:35

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Le GLINT, une boite noire traqueuse de barbus terroristes idéale pour les FAI, développé par la France pour la Libye de Kadhafi

Ils sont devenus fous. Aujourd’hui le Figaro évoque un projet gouvernemental de « boite noire » chez les fournisseurs d’accès.
Sans même parler de solution technique, on sent tout de suite que nous sommes en train de franchir la ligne rouge. Détection comportementale sur le Net : il s’agit toujours de faire la traque aux cyberbarbus, c’est pour notre bien. Et comment on les détecte les comportements ? C’est assez simple, comme le disait le député Myard « il suffit de mettre de gros ordinateurs, les chinois l’ont bien fait » . Ces gros ordinateurs vont probablement opérer sur plusieurs niveaux. Tout commencera par des sondes capables de détecter sur les millions de connexions les connexions « suspectes »…peut être par dictionnaire, ou par des règles bien plus précises, on n’en sait rien, c’est ça le concept de la boite noire, vous n’en saurez rien et un comité Théodule assurera « sa bonne utilisation ». Une fois suspectées, on pourra s’attaquer au layer 7, un peu trop gourmand pour du systématique sur l’ensemble de la population… ces connexions seront interceptées, dans l’intégralité de leur flux. Pas un clic n’échappera à la « boite noire », l’intelligence des machines au service de la misère démocratique, vous en avez rèvé ? la voilà… La détection comportementale implique que nous sommes 66 millions de suspects. Et ce n’est pas comme si des projets de recherche européens n’existaient pas.

Faible consolation, Internet en France est bâti sur un enchevêtrement chaotique de réseaux qui limitera sans doute les belles idées du gouvernement. Mais l’article du Figaro n’en reste pas moins effrayant. «Les terroristes ont des comportements de grande discrétion sur le Web, mais il existe des marqueurs signifiants» précise la source. Puis ces marqueurs seront utilisés pour déclencher une surveillance «de manière totale et systématique» confie t-elle. Oui, c’est bien de ça qu’on vous parle depuis des années maintenant sur Reflets. C’est vraiment trop injuste, ces belles boites noires que nous avons fabriqué pour Kadhafi, Bachar et d’autres malades mentaux qui éprouvent le besoin de placer sous surveillance toute leur population, pourquoi nous n’aurions pas le droit de les utiliser nous ?

Le plus pathétique, c’est que c’est typiquement le genre de mesure qui passera sur décret, pas devant le Parlement, dès fois que certains parlementaires poseraient trop de questions sur un projet en cours depuis des années, dans lequel le fond stratégique d’investissement a allègrement placé des billes depuis des années, et qui ne demande qu’à être activé ?

Une boite noire chez les FAI… et pourquoi pas un gros bouton rouge chez les électeurs pour faire sauter un gouvernement ?

Source: http://reflets.info/la-boite-noire-gouvernementale-chez-les-fai/


Censure administrative du Net… pour parfaire le décor

Wednesday 18 March 2015 at 00:11

omwf31Il y a maintenant bientôt 5 ans, on pressentait déjà un mauvais coup se tramer dans l’ombre de l’ARJEL, l’autorité de régulation des jeux en ligne, qui s’était vue octroyer sur décret la première forme de censure d’état. Assez « finement », dans la plus pure tradition républicaine, ce décret était passé sous les radars, publié un 30 décembre, entre deux réveillons, pendant que les geeks geekaient comme tous les ans chez les copains du CCC.

Voilà maintenant 4 ans que des sites de jeu en ligne n’ayant pas obtenu de licence se voient « bloqués » et que ceci n’émeut pas grand monde, d’ailleurs, toute la presse semble l’avoir totalement oublié, en dehors quelques médias spécialisés. Aujourd’hui, changement de casting, ce n’est pas une « Autorité Indépendante » qui fait ses petites listes noires à transmettre aux fournisseurs d’accès pour blocage, c’est le gouvernement lui même, le ministère de l’intérieur. Les critères permettant d’affirmer que tel ou tel site est un site « terroriste » ne sont pas connus, probablement un savant mélange de doigt mouillé, de Google Translate à l’arrache, et d’arbitraire. Oui quand on se passe d’un juge, on est bien dans l’arbitraire.

Appliquer des mesures de blocage et de déréférencement que l’on applique depuis 4 ans pour des sites de jeu en ligne contre des sites web qui font l’apologie du terrorisme… quelle idée révolutionnaire.

On ne va pas critiquer plus avant l’efficacité des mesures de blocage, on sait que ça ne fonctionne pas, voici un petit dessin que NextInpact avait à l’époque publié qui nous le rappelle.

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… mais là n’est pas le problème, et oui il faut s’en indigner, même avec 4 ans de retard.

Dans cette lente et léthargique entreprise de civilisation destruction du Net, tous les gouvernements qui se sont succédés se sont accordés sur la question de la censure administrative et de la surveillance, en conchiant au passage le principe de séparation des pouvoirs. Nul doute que si un Front National accède un jour au pouvoir, il sera bien content de trouver tous les jouets « légaux » que l’on aura préalablement mis à sa disposition. Plus besoin de s’embarrasser d’un juge, une simple incantation de type :

« site web, je te level up officiellement site terroriste »

… et paff le tour est joué, pas besoin de rendre de comptes à qui que ce soit.

Et nous pourrions aller bien plus loin. Imaginons maintenant que pour s’assurer que la censure qui ne peut pas fonctionner fonctionne, le législateur émette l’idée novatrice d’installer sur tous les ordinateurs un « contre-logiciel » qui vous permettrait, en cas de fichage « accidentel » de votre adresse IP dans le listing des terroristes présumé… puisqu’on vous dit que c’est de la prévention
Oh wait ! … Ça ne vous rappelle rien ? Remettons nous au travail.

Des lois parfois d’aspect un peu anodines, qui font régulièrement consensus à propos Internet, c’est devenu une tradition. Sarkozy les a pensé, Valls leur trouve aujourd’hui une utilité : une DADVSI, une LOPPSI, une HADOPI, une ARJEL et paff un blocage blocage DNS des barbus terroristes et l’extension de mesures d’exceptions à l’ensemble de la population, des mesures d’exception qui deviennent loi après loi, sur Internet, la norme.

Attention, ce qui est sur Internet finit toujours, un jour où l’autre par en sortir. Si nous voulons conserver une République qui fonctionne, ses grands principes comme celui de la séparation des pouvoirs, ne doivent pas être remis en cause à la seule évocation du mot Internet… Une République, ça peut vite se dissoudre en une ou deux cyber mesures d’exception, suivi d’un malentendu électoral.

Source: http://reflets.info/censure-administrative-du-net-pour-parfaire-le-decor/


Deuxième mutation de la démocratie en vue

Tuesday 17 March 2015 at 18:26

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L’horreur des attentats de 2001 aux Etats-Unis avait déclenché un mouvement de balancier très perturbant (pour une minorité de personnes). Les Américains mauvais patriotes et suspects de toutes sortes de choses qui ne validaient pas les décisions de l’Administration Bush se retrouvaient au coeur de problèmes assez conséquents. Les étrangers qui refusaient les dérives de George Bush étaient classés dans le camps du Mal, probablement suspects de soutenir Al-Qaïda. Pourtant, la légalisation de la torture (article de 2006), entre autres exemples, permettait de comprendre que la Démocratie avait muté aux Etats-Unis. La mise en place de fichiers aberrants comme TALON prouvaient que très vite, l’Administration décidait de surveiller toute la population. Si l’infrastructure qu’Edward Snowden a révélée n’était pas encore en place, on pouvait déjà compter sur les « citoyens impliqués » pour dénoncer tout et n’importe quoi à n’importe qui afin que tout soit consigné. En quoi la Démocratie mutait-elle ? Elle commençait à utiliser très ouvertement les armes de ses ennemis pour combattre ces derniers. Si l’on peut comprendre qu’une démocratie veuille se défendre contre ceux qui veulent la renverser, souvent au profit de groupes voulant instaurer des systèmes bien plus coercitifs, on ne peut que déplorer l’usage pour ce faire, de méthodes anti-démocratiques. Cette voie n’a qu’une issue. La transformation de la Démocratie en autre chose. Quelque chose de proche de ce qu’elle n’est pas. Un Etat policier, une dictature ? La présentation en conseil des ministres demain d’un énième projet de loi visant à lutter contre le terrorisme est la concrétisation dans les textes de la deuxième mutation de la Démocratie.

Il faudra sans doute attendre quelques jours pour avoir accès au texte définitif, mais le projet de loi sur le renseignement dont les grandes lignes sont dévoilées par le Figaro laisse entrevoir un avenir bien sombre pour la démocratie.

Après le fichage des enfants dès trois ans par Nicolas Sarkozy, le projet de tests ADN pour le regroupement familial par le même, le projet de suppression des juges d’instruction par… toujours le même, mais aussi après le texte autorisant la censure sans contrôle d’un juge et en toute opacité, de sites faisant la promotion du terrorisme (qu’est-ce que le terrorisme, qui l’est, qu’est-ce qu’en faire la promotion, autant de débats démocratiques éclipsés), ce nouveau texte va officialiser la fin du secret des correspondances.

Recueil immédiat…

Selon l’article du Figaro :

« Dans son article 3, le texte permet aux enquêteurs d’obtenir un «recueil immédiat, sur les réseaux des opérateurs» des données de connexion des suspects. De même, il veut contraindre les intermédiaires à «détecter, par un traitement automatique, une succession suspecte de données de connexion». Les fournisseurs d’accès à Internet, mais aussi aux plates-formes comme Google, Facebook, Apple ou Twitter, pourraient devoir déceler eux-mêmes des comportements suspects, en fonction d’instructions qu’ils auront reçues, et transmettre ces résultats aux enquêteurs. […]

Le projet de loi renseignement aborde aussi sur les obligations à la charge des opérateurs et des plates-formes «en matière de déchiffrement des données». Plus que jamais, la France veut disposer des clés permettant de lire des conversations interceptées« 

Comment un opérateur peut-il détecter une succession de connections suspectes ? Chez Reflets, on a bien une idée, mais le conseiller com’ de Fleur Pellerin va encore nous traiter de troll. Le Deep Packet Inspection, cette technologie qui a poussé les gouvernements de droite comme de gauche à soutenir financièrement et commercialement les entreprises françaises pionnières en ce domaine, est une solution optimale.

Qu’est-ce qu’une connexion suspecte ? Est-ce que le fait de contourner la censure du gouvernement (l’exécutif omnipotent en ce cas) par des moyens aussi simples que The Internet Archive, est une connexion suspecte ? Comment l’opérateur peut-il savoir qu’un de ses abonnés se connecte (et charge) un contenu « suspect » sans inspecter en profondeur ce qui circule sur son réseau ? Ceci signerait la fin du droit à la vie privée et du secret des correspondances. De même que l’obtention des clefs de chiffrement auprès des géants du Net. Dans une Démocratie, c’est à la justice de prouver que vous êtes coupable d’un crime ou d’un délit. Il n’est pas tolérable qu’une Démocratie présuppose, comme le faisait Nicolas Sarkozy et comme le fait actuellement le gouvernement Valls de François Hollande, que chaque citoyen est un délinquant en puissance, raison pour laquelle tous ses échanges, ses lectures, doivent être archivées, scrutées, … au cas où.

Cette deuxième mutation, déjà bien entamée, mais qui est actuellement en train de se concrétiser dans les textes est un vrai danger. Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas lorsqu’il sera trop tard. Ou lorsqu’un gouvernement composé de personnes aux idées anti-démocratiques trouveront tous ces outils à leur disposition.

Argent, philosophie…

C’est l’histoire d’un mec, Kenneth McVay, il constate -il y a très longtemps- sur Internet la présence de textes révisionnistes et antisémites. Au lieu de demander à grands cris à son gouvernement de les censurer, il décide de publier. Publier tout ce qu’il peut sur Internet pour contrer la propagande des révisionnistes et autres antisémites. Histoire à la fois de permettre aux gens de trouver des textes fiables donnant une opinion contraire à celle qu’il juge à raison nauséabonde, mais aussi de la noyer.

Pour qui est l’heureux détenteur d’au moins deux neurones, cette démarche semble un tantinet plus logique que celle qui consiste à censurer (sans efficacité), à surveiller et à classer comme terroriste potentiel toute personne consultant des textes à la gloire des tarés de Daesh.

En outre, en ces temps de disette budgétaire, il semble incongru de voir le gouvernement français dépenser de l’argent pour des mesures notoirement inefficaces…

Source: http://reflets.info/deuxieme-mutation-de-la-democratie-en-vue/


Putain de DNS menteurs

Tuesday 17 March 2015 at 17:08

touche-pas-a-mes-dnsDifficile de porter un regard sympathique sur la mise en place des mesures de blocage administratif des sites web « faisant l’apologie du terrorisme ». C’est même avec une certaine tristesse que les « vieux internautes » (et de plus jeunes qui ont compris à quoi sert le bouzin) observent ce qui est en train de se mettre en place dans notre pays. Se passant d’un juge, une autorité administrative (le ministère de l’intérieur) désigne une liste de sites web, qu’elle transmet à certains fournisseurs d’accès, les plus gros, pour que ces derniers assurent leur blocage, redirigeant les requêtes des internautes sur l’une des pages les plus tristes du Net.

On pourrait s’en émouvoir pendant des lustres (désolé je ne m’en lasse pas), mais ce serait avoir la mémoire courte. Car bien avant les barbus terroristes, bien avant les pédocriminels, le blocage administratif par nom de domaine a été mis en place pour filtrer les sites de jeu en ligne. Souvenez vous, c’était notre petit cadeau du nouvel an du gouvernement, le décret n° 2011-2122 du 30 décembre 2011 relatif aux modalités d’arrêt de l’accès à une activité d’offre de paris ou de jeux d’argent et de hasard en ligne non autorisée.

Est-ce donc étonnant de voir cette mesure étendue à la chasse aux terroristes ? Oui et non.

Oui car sur un sujet aussi sérieux, on s’attendrait à une mesure technique un peu moins pieds nickelés qu’un blocage DNS, qui suffira certainement à arrêter les personnes qui n’ont pas envie de faire 3 clics et deux copier coller pour rendre inopérant ce blocage, qui ne lisent pas les news sur divers agrégateurs ou réseaux sociaux… bref au final, pas grand monde

Non car il s’agit d’un aveu d’impuissance face à un réseau qui n’a pas été conçu pour permettre la censure, et qui a même été conçu pour tout son contraire.

Mais tout va bien… ce qui serait inquiétant, vraiment inquiétant, ce serait que ce blocage soit efficace.

Ce blocage administratif de sites terroristes (attentions pixels explosifs inside) n’est qu’une nouvelle triste page d’une histoire maintes fois répétée bien avant Internet. Une technique vieille comme le monde qui consiste à planquer la poussière sous le tapis. Appliqué à Internet, ça revient à faire croire aux internautes qu’un site ou les idées qu’il véhicule n’existent pas.

Autant philosophiquement que techniquement, un blocage de ce type pose problème. Philosophiquement, c’est un échec, un genou à terre devant le terrorisme, l’administration française déploie sa « réponse » : des oeillères dont l’objectif est de dire que le site demandé n’existe pas, ou techniquement, qu’il existe bien mais que c’est interdit d’y aller (comprenez « désolé, on ne sait pas comment faire pour chopper les gugus qui l’opèrent, donc on a un peu mis en place un truc de goret pas franchement efficace pour vous empêcher d’y aller »)

Ce qui fait la richesse d’Internet et l’avènement qui en découle d’une société de l’information, c’est la définition même d’Internet : un réseau public, ouvert et neutre sur lequel la mamie du Cantal peut accéder aux mêmes informations avec son fournisseur d’accès Orange qu’un bonze tibétain à Lhassa avec son smartphone depuis son opérateur Lama Telecom. Si ces deux personnes veulent consulter une information sur un site, elles demandent à leur navigateur web de se rendre sur toto.com et le système de nom de domaines, tel un annuaire, va les orienter sur une suite de chiffres correspondant au bon serveur, celui qui héberge l’information demandée…
Et c’est là que ça devient très moche. Un DNS menteur est une sorte d’annuaire que l’on aurait falsifié pour que la machine qui répond à la requête ne soit pas la bonne, du moins qu’elle ne soit pas celle qui héberge l’information demandée. Dans le meilleur des cas, la machine qui répond affichera un message informant notre bonze ou notre mamie du Cantal que le site auquel il tente d’accéder est bloqué. Au pire, il servira une information tronquée ou dira carrément que le site n’existe pas.

L’autre point peu glorieux dans cette histoire, c’est que comme d’habitude, c’est aux fournisseurs d’accès Internet que l’on demande de jouer les douaniers… enfin il y a fournisseur d’accès et fournisseur d’accès dans la tête d’un gouvernement. Ainsi, si vous avez bien choisi votre fournisseur d’accès (c’est à dire si vous n’êtes pas chez Orange, Free, Bouygues ou SFR / Numéricabe), vous pouvez à ce jour allègrement aller visiter ces sites bloqués.

Consolez vous, dans tous les pays où ce genre de cyber incongruité a été mis en place, les listes « secrètes » de sites censurés ont fini sur Internet… et oh surprise, on y trouvait des sites qui n’avaient pas grand chose à voir avec la raison invoquée pour la mise en place du blocage…

Que des politiciens mentent, on en a l’habitude, on a appris à faire avec, par contre les DNS, ça va tout de suite être un peu plus gênant.

Source: http://reflets.info/putain-de-dns-menteurs/


Esprit Charlie, es-tu là ?

Monday 16 March 2015 at 20:56

islamic-news

C’est important l’esprit du 11 janvier, l’esprit Charlie. On peut l’invoquer, comme Victor Hugo en son temps, invoquait des morts célèbres, avec ses potes autour d’un guéridon. Bon, aujourd’hui c’est plus moderne, on invoque l’esprit Charlie par Internet. Et comme bon nombre d’entre vous a dû le voir, un site de vilains islamistes, http://islamic-news.info a été censuré par notre bon gouvernement qui tient à nous protéger. De quoi ? Des vilaines choses qu’écrivaient ces gens très mal intentionnés sur islamic-news.info.

Logique : la liberté d’expression est brandie après les attentats contre Charlie Hebdo, le gouvernement établit que cette liberté est sacrée, et le premier truc qu’ils font, c’est… censurer un site de l’Internet.

main-rouge

Un peu comme comme quand pour « lutter contre les terroristes », le gouvernement français promeut la vente d’un outil de surveillance globale à un terroriste condamné comme tel en France et qui l’utilisera, bien entendu, pour pourchasser et arrêter des opposants politiques. Logique on vous dit…

Cette censure est opérée avec des faux DNS qui répondent à côté quand tu les interroges, un blocage administratif avec des fôtes, le tout tranquillement géré par les FAI. Cocasse. Il y a même des gens qui viennent établir en commentaires que c’est tout à fait normal, parce que quand même, ce sont des fous, houlala.

Ben oui, fermer administrativement, sans juge, un site Internet, est devenu normal en France. Le pays qui défend quoi déjà ? Allez, laissez tomber, achetez du pop-corn, détendez-vous, on est en 2015.

Pour autant, Internet ayant une grosse mémoire, le site est encore partiellement consultable ici . Petit exemple : http://web.archive.org/web/20140125122035/http://www.islamic-news.info/.

Sommes-nous coupables de quelque chose à Reflets en donnant ce lien vers Archive.org ?

Si 2015 est l’année de tous les possibles et du vrai « changement c’est maintenant« , il est possible que nous puissions être condamnés pour la publication de ce lien… Par un gouvernement qui se réclame de « gauche » ? On est toujours le terroriste d’un autre… D’ici à ce que Reflets soit considéré comme un site de terroristes… Il n’y a qu’un pas. La justice n’a-t-elle pas condamné un journaliste de Reflets pour piratage informatique alors qu’il avait téléchargé des documents librement consultables via Google et que le moteur de recherche avait indexés librement (pirate!) ?

A suivre.

Source: http://reflets.info/esprit-charlie-es-tu-la/