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Histoire politique : tout dépend du point de vue (2)

Tuesday 11 November 2014 at 20:03

Hollywood-CIA

— « Une dictature est un système politique totalitaire. Le terme dictature n’est peut-être pas le plus approprié pour caractériser les nations occidentales et leur organisation mondiale, l’ONU, mais je préfère l’utiliser par commodité, parce qu’il résume de façon pertinente le fonctionnement politique de cette époque. Le principe de la dictature est avant tout celui d’imposer une idéologie à la majorité. Une façon de voir le monde, de fonctionner en son sein, si vous voulez. Le principe de la dictature est qu’une poignée d’individus, quand ce n’est pas un seul, parfois, décide pour le reste. Dans le cas des nations occidentales, c’est une dictature économique, financière, militaire et bien entendu politique qui se mit en place, au sortir de la seconde guerre mondiale, au milieu du XXème siècle. Une poignée d’Etat l’a mise en place, à l’encontre, principalement, des Etats du sud de la planète. Gardez en tête qu’une dictature est avant tout un système qui organise la vie d’une nation ou de plusieurs, et dans lequel des moyens étatiques ou privés sont mis en œuvre de façon massive pour forcer, inciter, obliger, amener les populations à aller dans un sens. Que ce soit au niveau des valeurs morales, du fonctionnement social, économique, ou même existentiel. Ai-je répondu à votre question ? »

— « Oui, merci orateur »

La foule d’étudiants se leva, puis se rassit dans un même mouvement. Dehors, la tempête s’amplifiait jetant des pierres grosses comme le poing contre les volets de métal. Les systèmes de distorsion acoustique intelligents annulaient le bruit effroyable présent à l’extérieur. Dans la salle, tout était silencieux dans l’attente de la reprise de parole de l’orateur.

—  « Le XXème siècle, à partir du dénouement de la seconde guerre mondiale, n’a été qu’une longue succession d’interventions militaires, politiques, économiques pour assurer la domination des 20% sur le reste de l’humanité. Les guerres d’indépendance ont amené les nations de l’ONU à pratiquer la torture, les meurtres de masse, les bombardements, le soutien à des régimes policiers sanglants. Le pays le plus en pointe dans cette terrible imposition d’un ordre global fut celui nommé USA. Sa capacité économique était le levier principal pour parvenir à maintenir une domination sans partage, ou presque : il détenait la maitrise de la monnaie mondiale de référence ainsi que et les structures financières les plus puissantes qui ruinaient des pays et des peuples à volonté. Les multinationales de l’économie numériques étaient aussi les leurs lors du basculement dans le siècle de l’exode, le dernier »

L’orateur saisit un verre d’eau, le but lentement, le reposa sur son pupitre et embrassa l’assemblée d’un regard sombre. Sa voix, lorsqu’il reprit la parole, était un ton plus grave.

— « Ce que je vais vous dire maintenant n’est pas quelque chose qui me fait plaisir, puisque cela met en cause notre fonctionnement, sachant que dans l’absolu nous sommes issus de cette humanité. Mais il le faut. Le meilleur antidote à tout poison est le poison lui-même, l’ignorance est mère de toute violence, vous le savez bien »

La foule se leva et d’une seule voix parfaitement harmonieuse reprit la phrase de l’orateur :

— « Le meilleur antidote à tout poison est le poison lui-même, l’ignorance est mère de toute violence »

Les deux mille étudiants se rassirent d’un même mouvement parfaitement synchrone. L’orateur ne put réprimer un léger sourire, et poursuivit :

— « Le système idéologique, à partir de la dernière décennie du XXIème siècle devint unique avec la disparition d’un bloc politique intitulé Union Soviétique. Ce système, le communisme — dictatorial lui aussi — avait échoué à imposer son idéologie sur le reste. Ses dirigeants et sa population se rangèrent donc du côté de celui des USA et de ses alliés occidentaux, et donc du capitalisme. Cette idéologie capitaliste s’était modifiée en une vingtaine d’année sous la pression de quelques chefs d’Etats importants, aidés de grands capitaines de l’industrie et de la finance pour devenir un système libéral ou libéraliste. Certains le nommèrent même ultra-libéralisme ou néo-libréalisme à l’aube du XXIème siècle. Ce système libéral fut la clef de la domination totale des 20% des plus riches, le monde blanc occidental, sur le reste de l’humanité. Et ce que je vais vous révéler, ne va pas vous inciter à considérer l’humanité sous un angle favorable, puisque si ce système put se mettre en place aussi facilement, avec autant de force et fit autant de ravages, c’est qu’il n’était ni imposé, ni subi »

L’hologramme représentant le globe terrestre se mit à tourner et des traits lumineux de couleurs différentes se mirent à le parcourir. Une dizaine, puis une centaine, jusqu’à strier sa totalité. Les pays de couleurs différentes se mirent à clignoter, à pâlir pour certains, d’autres à devenir plus foncés.

— « Vous pouvez accéder au détail explicatif de cette animation via le holo-mind mis à votre disposition pour comprendre le détail des interactions complexes qui s’affichent en ce moment même. Comme vous le comprenez, ces interactions de flux fiananciers, transferts de richesse, de matières premières, échanges commerciaux, interventions militaires, augmentation, baisse ou stagnation du niveau de vie des populations, permettent de voir des changements majeurs s’opérer entre 1990 et 2025. Ces 35 années sont décisives puisqu’elle démontrent comment le continent nommé Afrique a été pillé, comment celui nommé Asie s’est enrichi de façon globale sans améliorer la condition de ses habitants, et comment le continent Amérique du sud, s’il a mieux résisté, n’a pas fortement progressé comme certains échanges pourraient le laisser envisager. Dans le même temps, les pays en bleu se sont renforcés. Toujours les mêmes : USA et ex-empires coloniaux »

Une voix, identique à celle de la première intervention, mais située ailleurs dans la salle, se fit entendre :

— « Cette domination des pays en bleu, ce sont les 20% des humains les plus riches, les blancs occidentaux, n’est-ce pas, orateur ? Mais pourquoi les populations noires, ou jaunes, ou marrons n’ont rien fait contre cela ? Elles étaient pourtant autonomes depuis la fin des colonies ? »

L’orateur avala sa salive et dirigea son regard vers l’espace d’où le système amplifiait la voix .

— « Oui, elles étaient autonomes, en théorie. Mais ce qui détermine la domination des 20% n’est pas la capacité des dominés à se défendre, mais celle des dominants à ne jamais douter de leur bonne foi. Et c’est cela que je vais tenter de vous expliquer. L’arme principale de cette domination n’était ni les menaces, ni les armées, ni la finance, en tant que telle. L’arme principale de ce système était un poison, et ce poison était… les écrans »

L’orateur tendit le bras vers son verre d’eau, but une gorgée et attendit. Personne ne bougeait. Dehors, la tempête commençait à faiblir. Les robots nettoyeurs allaient bientôt sortir.

 

(Fin du chapitre 2)

Source: http://reflets.info/histoire-politique-tout-depend-du-point-de-vue-2/


Histoire politique : tout dépend du point de vue (1)

Monday 10 November 2014 at 19:00

from-internet

La salle de conférence était bondée. Plus de deux mille étudiants, dans un silence quasi religieux,  attendaient que l’orateur prenne la parole. Dehors, la tempête battait son plein, rageuse, empêchant tout être vivant de sortir des bâtiments — mais heureusement parfaitement protégés. Les rideaux de métal s’étaient refermés sans un bruit quelques minutes avant qu’elle ne débute et l’air conditionné rafraichissait la salle, dont la température s’était élevée sensiblement par la seule accumulation de la chaleur corporelle cumulée de la foule.

L’orateur s’approcha d’un pupitre, se racla la gorge et débuta sa conférence. Le silence était complet.

— « Ce cours d’histoire est le seul qui aborde le fonctionnement de l’humanité sur Terre dans ses derniers instants. Je sais que vous êtes nombreux à vous y intéresser, mais il me faut vous mettre en garde : nous n’avons rien à retenir d’intéressant des expériences passées. Rien. La seule fonction de ce cours d’histoire est de vous permettre de comprendre, succintement, comment l’humanité d’alors a échoué. L’intérêt de l’histoire est de s’inspirer de ce que nous avons construit depuis 323 ans, pas d’aller répéter les horreurs perpétrés sur Terre »

La salle était toujours parfaitement silencieuse. L’orateur se racla la gorge et afficha une image holographique au centre de la salle. Une grande mappemonde terrestre se mit à tourner au dessus des 2000 étudiants.

— « Ceci est le globe terrestre. A -23 TF, soit le début du XXIème siècle pour le calendrier d’alors. Il y avait sur Terre plus de 190 nations humaines différentes reconnues par une organisation dictatoriale nommée ONU. L’organisation en question était composée de 5 Etats décisionnaires en capacité de détruire plusieurs fois la planète grâce à leur armement nucléaire. Ces 5 nations étaient les plus riches, ou tout du moins les plus puissantes, puisque certaines avaient des populations pauvres, voire très pauvres. La logique de cette organisation était simple : permettre aux grands empires de continuer à écraser le reste de l’humanité, tout en prétendant être indispensable pour l’équilibre et le bien-être de l’humanité. Mais je reviendrai sur l’ONU après vous avoir expliqué brièvement comment une part négligeable de l’humanité avait réussi à dominer le restant, et avait installé la dictature mondiale qui, comme vous le savez plus ou moins, à anéanti l’humanité d’alors »

Un laser jaillit d’un pupitre sur l’un des côtés de la salle circulaire et frappa un grand espace de terre du globe holographique.

— « Ceci est une nation importante dans le contexte d’alors. Son nom est USA, ou Etats-Unis d’Amérique. Jusqu’à la moitié du XXème siècle, les USA n’étaient pas une nation très importante, malgré une participation à la première guerre mondiale moderne. L’administration américaine ne parvenait pas entrer vraiment en compétition avec les nations d’Europe, les empires coloniaux. Ce n’est qu’après la seconde guerre mondiale que les USA devinrent la nation principale, et prirent la tête de la dictature mondiale. Avec l’ONU, mais pas uniquement. Nous y reviendrons »

La partie la plus haute du globe se colora en bleu, l’autre moitié en rouge, avec certaines parties en jaune, en vert et en orange.

— « L’histoire du XXème et XXIème siècle est complexe, mais il est nécessaire, pour l’appréhender correctement, de comprendre une chose qui a toujours été cachée aux être humains de ces époques : le mensonge généralisé d’Etat, la création d’une vision du monde totalement fausse et fabriquée ont été permanents. Au point que des générations entières d’individus ont appris à ne jamais comprendre dans quel monde ils vivaient et quels étaient les véritables tenants et aboutissants des politiques menées par ceux qu’ils élisaient à la tête de leurs Etats — les plus riches — ceux qui constituent ce qu’on appelle désormais « la dictature occidentale. »

L’orateur ferma les yeux quelques instants, reprit sa respiration, et attendit. Une voix s’éleva de la foule d’étudiants, amplifiée par les systèmes intelligents :

— « Qu’est-ce exactement qu’une dictature, orateur ? »

(Fin du chapitre 1)

Source: http://reflets.info/histoire-politique-tout-depend-du-point-de-vue-1/


Bluecoat s’offre une parution presse parfaite

Monday 10 November 2014 at 17:35

citizen lab bluecoat

C’est chose courante dans les entreprises : obtenir une parution dans un journal, qui vante directement ou indirectement les bienfaits de la société. Présentée la plupart du temps comme une contribution d’un « expert », elle prend la forme d’un article plus ou moins bien rédigé. Généralement moins bien, mais il y a des exceptions et c’est à cela que l’on reconnaît le bon communiquant. Il écrit presque comme un journaliste et sait faire autre chose que qu’un communiqué de presse qui finira irrémédiablement dans la poubelle de tout journaliste qui prend son travail au sérieux. Aujourd’hui, c’est Bluecoat, une société bien connue des lecteurs de Reflets , qui a réussi à se faire une belle publicité sur le dos des Echos.

bluecoat-les-echos

Dans le secteur de la sécurité informatique, les dirigeants d’entreprise ont l’impression d’avoir touché le saint Graal lorsque leur chargé de communication leur obtient un article dans les inénarrables MagSecurs ou Global Security Mag. On y trouve reproduits, mot pour mot, les communiqués de presse des entreprises, présentés comme des informations et sans mise en garde aucune du lecteur. Dans ce monde rempli de poneys et de licornes, toutes les solutions, toutes les entreprises, tous les produits, sont merveilleux, efficaces, révolutionnaires.

Mais revenons à Bluecoat. Un lecteur assidu de Reflets a repéré la publication dans Les Echos, un véritable journal cette fois, d’un « article » de Dominique Loiselet, directeur France de Bluecoat.

Le monsieur, évidemment expert du sujet, y explique que la cybersécurité et la protection des données personnelles sont deux jambes coordonnées. Pourquoi pas.

Sauf que, bien entendu, les lecteurs de Reflets le savent bien, jusqu’ici, Bluecoat s’est surtout illustrée par sa capacité à « égarer » des appliances, celles-ci apparaissant par magie vaudou dans des pays particulièrement fâchés avec les Droits de l’Homme. Du coup, Bluecoat est, à l’insu de son plein gré, devenu expert en données personnelles récupérées par les services de police ou de renseignement de ces pays pour le plus grand malheur des opposants politiques. Le meilleur exemple étant bien entendu celui de la Syrie, dont Reflets et Telecomix avaient assuré la médiatisation. A tel point que les scénaristes de The Good Wife en avaient tiré un épisode, utilisant même dans les plaidoiries l’un des arguments phares de Reflets.

Que nous dit Dominique Loiselet ?

Quelques évidences largement partagées sur la cybersécurité, puis… Ceci :

Reste que la coordination entre les deux jambes pourrait être améliorée. Le fait par exemple qu’il faille encourager le chiffrage des données pour sécuriser les informations personnelles, comme le recommande l’Agence Européenne de Cybersécurité ENISA, est incontestable. Mais les flux chiffrés sont aussi des voies d’accès privilégiées… pour les pirates. Quelles sont alors les conditions que les entreprises et organisations doivent respecter pour utiliser des outils de déchiffrage tout en respectant les impératifs en matière de protection des données personnelles ? À ce jour, aucun texte public – loi, règlement ou simple communication des autorités – ne répond clairement à la question.

Le lecteur non averti verra dans tout cela l’avis d’un expert en sécurité informatique et donc, incidemment, en protection des données personnelles.

Le lecteur averti y verra la publication d’un papier en support des idées et des produits de Bluecoat, avec une étonnante précision dans le timing.

Premier indice, sur le site de Bluecoat, on trouve une information sur un produit assurant le déchiffrement des données sur un réseau d’entreprise, justement, pour éviter de ne pas voir passer une attaque.

bluecoat-pub-site-web

Décidément, cette histoire de déchiffrement « interne » des flux chiffrés est à la mode. Quelle concomitance dans la parution de cet « article », la promotion de ce cet outil de Bluecoat, qui fait justement cela, et… Un avis de l’Ansii sur ce sujet :

ansii-avis-flux-https

Bienvenue dans la Comm‘. Sous couvert d’un article d’expert, les Echos participent gratuitement (on imagine) à la campagne produit de Bluecoat. Un deal win-win. Bien entendu, les experts du domaine pourraient y voir encore d’autres choses lorsque Bloecoat met l’accent sur l’intérêt du déchiffrement des flux HTTPS. Relets, par exemple, serait curieux de savoir sur quelle technologie repose ce type d’offre, notamment lorsqu’il s’agit de déchiffrer du flux live et à quoi ressemblent les derniers deals de Bluecoat dans ce domaine. Nul doute, Magsecurs et Global Security Mag vont nous l’apprendre dans leur prochain opus.

Source: http://reflets.info/bluecoat-soffre-une-parution-presse-parfaite/


Good evening, Paris

Saturday 8 November 2014 at 15:20

v-justice

 

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Lire l’article sur Mediapart qui révèle ce document

Ainsi que : «A Sivens, un drame était inévitable»

 

Good evening, London. Allow me first to apologize for this interruption. I do, like many of you, appreciate the comforts of every day routine — the security of the familiar, the tranquility of repetition. I enjoy them as much as any bloke. But in the spirit of commemoration, whereby those important events of the past, usually associated with someone’s death or the end of some awful bloody struggle, are celebrated with a nice holiday, I thought we could mark this November the 5th, a day that is sadly no longer remembered, by taking some time out of our daily lives to sit down and have a little chat. There are of course those who do not want us to speak. I suspect even now, orders are being shouted into telephones, and men with guns will soon be on their way. Why? Because while the truncheon may be used in lieu of conversation, words will always retain their power. Words offer the means to meaning, and for those who will listen, the enunciation of truth. And the truth is, there is something terribly wrong with this country, isn’t there? Cruelty and injustice, intolerance and oppression. And where once you had the freedom to object, to think and speak as you saw fit, you now have censors and systems of surveillance coercing your conformity and soliciting your submission. How did this happen? Who’s to blame? Well certainly there are those more responsible than others, and they will be held accountable, but again truth be told, if you’re looking for the guilty, you need only look into a mirror. I know why you did it. I know you were afraid. Who wouldn’t be? War, terror, disease. There were a myriad of problems which conspired to corrupt your reason and rob you of your common sense. Fear got the best of you, and in your panic you turned to the now high chancellor, Adam Sutler. He promised you order, he promised you peace, and all he demanded in return was your silent, obedient consent. Last night I sought to end that silence. Last night I destroyed the Old Bailey, to remind this country of what it has forgotten. More than 400 years ago a great citizen wished to embed the fifth of November forever in our memory. His hope was to remind the world that fairness, justice, and freedom are more than words, they are perspectives. So if you’ve seen nothing, if the crimes of this government remain unknown to you then I would suggest that you allow the fifth of November to pass unmarked. But if you see what I see, if you feel as I feel, and if you would seek as I seek, then I ask you to stand beside me one year from tonight, outside the gates of Parliament, and together we shall give them a fifth of November that shall never, ever be forgot.

Source: http://reflets.info/good-evening-paris/


De la justice et de l’éthique

Saturday 8 November 2014 at 12:15

etical

En 1994 j’observais ce qui allait devenir Internet. J’échangeais des mails avec des gens un peu partout dans le monde. Cela court-circuitait les barrières habituelles. Plus de chargé(e) de la communication, plus de secrétariat. Je basculais d’un monde organisé verticalement dans un monde auto-organisé horizontalement. Mon instinct me disait qu’une vision auto-régulée de la planète et de ses habitants n’était pas impossible dans un avenir plus ou moins proche. Bref, celui-ci s’annonçait plutôt radieux. L’information allait enfin circuler, sans frontières, sans barrières humaines, sans contrôle. Chacun pourrait se faire sa propre opinion. Et agir en conséquence. Il y a quelques jours, à l’Open World Forum, j’expliquais à un auditoire que s’il était incongru de se départir de ce qui fait notre unicité, en publiant nos informations personnelles, nos pensées intimes, sur les serveurs d’une entreprise privée, il était encore plus dangereux de laisser les Etats s’approprier ces informations. Reflets a alerté longuement depuis 2011 sur les dangers de certaines infrastructures étatiques reposant sur le Deep packet Inspection. Edward Snowden a montré jusqu’où pouvait s’étendre la curiosité maladive des Etats. A tel point que l’on peut se demander dans quel esprit paranoïaque peut naître l’idée d’une mise sur écoute de la population mondiale. Que fait la planète, que font ses habitants pour réclamer justice après ces révélations ? Rien.

Que font les êtres humains, pourtant très bien armés avec Internet, pour réclamer justice après la fabrication de la crise économique et financière par leurs élus et le monde de la finance, deux univers étrangement poreux ? Rien.

Que font les humains pour réclamer justice après des années de guerre sale, de torture, d’assassinats indiscriminés de civils à grands coups de missiles, de drones et de décisions secrètes à la Maison-Blanche ? Rien.

Abou-Ghraib

Que font les humains pour réclamer justice après les effets de décennies d’une diplomatie occulte, ayant mené des opérations peu avouables, armé des terroristes pour contrer tel ou tel danger supposé ? Rien.

S’il existe bien des « complotistes », comme le système aime à les définir, pour alerter sans relâche, une très grande majorité reste silencieuse.

A quoi vous sert Internet ? A suivre les tweets sur la Nouvelle Star ? A plonger dans le buzz de la politique, des petites phrases aussi ridicules qu’insignifiantes ? Peut-être est-il temps, enfin, 20 ans plus tard, de reprendre le contrôle sur ces outils et de publier jusqu’à ce que la morale commune, l’éthique, viennent, portées par des millions de voix, obtenir justice.

Restaurer un minimum d’équilibre serait en effet utile. Avant que tout ne bascule dans un inconnu qui risque d’être violent.

La violence engendre la violence, comme l’a rappelé la famille de Rémi Fraisse à l’adresse de ceux qui seraient tentés de répondre à la mort de leur fils par les mêmes moyens que ceux de l’Etat.

Celle qui vient, peut-être, sera générée par la violence imposée aux Hommes. Celle qui consiste à siphonner de la manière la plus gloutonne et la plus violente possible tout ce qui peut l’être. Au plus grand bénéfice d’une toute petite oligarchie. Ce n’est pas nouveau, mais le rythme s’accélère.

Jean Jaurès dont on célèbre actuellement le centenaire avait eu ces mots en juin 1906 :

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Si les Hommes se soumettent à la puissance étatique, c’est parce qu’ils acceptent un contrat social. Généralement quand une des parties ne respecte pas sa part d’un contrat, celui-ci devient caduque, la Justice se chargeant de solder les comptes. Mais ici… Quelle Justice viendra déterminer que l’Etat s’est mis au service de puissances privées oubliant qu’il était au service de ceux qui l’ont fait, les citoyens ?

La récente publication des LuxLeaks montre par exemple la mise à disposition par le Luxembourg d’outils pour que les entreprises multinationales puissent éviter de payer des impôts sur leurs bénéfices. Qui était Premier ministre du Luxembourg et précédemment ministre des Finances du Grand Duché ? Jean-Claude Juncker, actuel président de la Commission Européenne. Nul doute qu’il aura a cœur de lutter contre l’optimisation fiscale pour mener à bien son grand projet visant à « mettre la croissance et l’emploi au cœur des priorités de la prochaine commission« .

Que doivent faire les citoyens d’un Etat qui :

Il n’y a pas d’issue par le haut possible.

Cet entêtement est particulièrement dangereux. Pour nous et pour les générations qui viennent.

malik-2

A terme, la réponse des citoyens, si elle passe par les urnes ne peut qu’être particulièrement mortifère avec l’arrivée d’une Marine Le Pen ou d’un Jean-Luc Mélenchon au pouvoir, tous deux aussi empêtrés l’un que l’autre dans des idées du passé sclérosantes et violentes. Elles ne reposent que sur la haine des autres. Des « étrangers » pour l’une, des « riches », pour l’autre. Ce n’est pas de haine dont ce monde a besoin, mais de justice, de morale commune, de dialogue, d’éthique.

L’alternative à une sortie par les urnes est une « révolution ». L’Histoire a prouvé qu’elles ne sont jamais parfaitement spontanées et qu’elles sont souvent sanglantes.

Ce n’est pas non plus ce dont un peuple a besoin. Il a bien plus intérêt à une co-construction de l’avenir et à bénéficier du respect qui lui est dû de la part de ceux qui sont censés travailler pour lui, sur la base d’un contrat social signé par les deux parties.

On est bien loin ces temps-ci d’un respect ou d’une co-construction. Nicolas Sarkozy avait tracé la voie, François Hollande y marche sans vergogne, lui-président. A ses côtés, Manuel Valls, sans doute atteint du même complexe que Nicolas Sarkozy. Il a un furieux besoin d’occuper l’espace et d’écraser toute contestation.

malik

Etonnanement, l’étincelle évoquée par l’auteur en août 2012 ne vient pas. Chaque mois, en France comme ailleurs, s’empilent scandales, prises illégales d’intérêts, corruption, évasion fiscale, rien n’est épargné. Un scandale chasse l’autre, chaque fois plus éloigné de l’éthique, de la morale commune, de la justice.

Le traitement médiatique, pour ceux qui continuent de lire la presse ou d’écouter la radio n’est pas propice à une rébellion des populations.

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Quant à Internet, lorsqu’il ne sert pas à suivre à la seconde près les frasques de Nabila, il sert à manipuler l’opinion, le vote des électeurs. Ne craignez rien, ce n’est que l’une des « expériences » de Facebook. Rien de grave.

 

Source: http://reflets.info/de-la-justice-et-de-lethique/


Parti Socialiste : combien de divisions ?

Thursday 6 November 2014 at 12:20

parti-socialiste-home

Le Lab d’Europe 1 nous apprend que le Parti Socialiste enregistre une baisse historique de ses adhérents. Voilà une nouvelle qui n’étonnera pas grand monde, et surtout pas les les lecteurs de Reflets. L’article qui ne donne aucun chiffre sur le nombre d’adhérents renvoie également à un papier du Parisien faisant état d’une série de radiations. Le Parisien ne donne pas non plus le nombre des adhérents. Ce chiffre est-il secret ?

Nous avons donc joint le service de presse du Parti Socialiste ce jeudi 6 novembre vers 11h30. Récit de cet appel :

- bonjour madame, ni le Lab, ni Le Parisien qui évoquent une baisse du nombre d’adhérents au PS ne donnent le chiffre global. Pourriez-vous me le communiquer?

– C’est pour quel média ?

Reflets.info- Ne quittez pas… (silence) Allo ? Pourriez-vous nous adresser votre demande par mail ?

– Je veux bien, mais ce chiffre doit être connu au sein d’un grand parti et on doit vous le demander souvent…

– Oui, mais c’est comme ça que l’on fonctionne. Envoyez un mail.

– Bien, je vais faire ça. Merci…

Retour au clavier et au mailer… :

Bonjour,

comme convenu par téléphone, je vous adresse ma question par mail.

J’ai lu un article du Lab d’Europe 1 indiquant une baisse du nombre d’adhérents du PS. Ce papier renvoie à un autre article du Parisien évoquant la même problématique. Aucun des deux supports ne donne le nombre d’adhérents du Parti Socialiste. Pourriez-vous m’indiquer ce chiffre ?

Bien à vous,
A.C.

Bien entendu, l’auteur a signalé à la dame du service de presse que l’article était pour aujourd’hui. Promis, elle fera tout pour que la réponse arrive au plus vite. Généralement, les réponse sont envoyées dans la journée ou le lendemain. Ce qui dans notre cas d’expérience journalistique d’écriture gonzo live, sera un peu tard. Il est possible que nous livrions du leak avant l’arrivée d’une hypothétique réponse…

Remontons le temps, si vous le voulez bien. En 2006, l’auteur avait concocté un petit article pour le Canard Enchaîné. A l’avant veille de l’élection présidentielle de 2007 qui allait opposer Ségolène Royal à Nicolas Sarkozy, il y était expliqué que les listing des adhérents des deux partis étaient stockés de manière accessible, sans piratage aucun par n’importe quel internaute :

ps-ump-a-poilVoici donc un chiffre qui date… Mais un chiffre.

La semaine suivante, une petite précision était apportée après le lâcher de gadgétophrases par les deux partis mis en cause :

ps-ump-a-poil-suite

Bref, Le Canard, et moi-même, donc, n’avions raconté que des bêtises.

Oui, mais non…

Le Canard n’ayant pas vocation à faire un saga sans fin de cette affaire, nous n’avions bien entendu pas tout écrit sur cette petite péripétie des sites des deux partis.

Voici les deux ou trois choses qui n’avaient pas généré un troisième article…

L’UMP avait encaissé le coup sans broncher. Le Parti Socialiste en revanche, nous avait invité à discuter en ses locaux. Nous nous présentons donc rue de Solferino. En attendant d’être invités à monter dans les étages, nous croisons… François hollande qui nous salue avec un grand sourire et un geste de la main, comme si nous nous connaissions de longue date. Ça ne mange pas de pain, c’est politique.

Nous voici dans un petit bureau. Face à nous, quelques représentants du Parti Socialiste et le prestataire informatique qui a un peu raté sa protection des sites du parti.

Etrangement, les donneurs d’ordre, les représentants du Parti Socialiste vont rester très discrets, muets. Le prestataire informatique en revanche, est très en colère. Il évoque même l’idée de poursuites judiciaires, ce qui est cocasse, vu ce qu’il risque lui-même pour ne pas avoir sécurisé des données personnelles à caractère politique.

Mais revenons un instant sur le démenti du PS. La base Rosam concernant les adhérents n’avait pas été touchée…

En effet.

Elle n’avait pas été touchée parce que ni l’auteur ni le Canard ne se livrent à des piratages, techniquement parlant. Pour autant, un vrai pirate aurait assez probablement pu parvenir jusqu’aux portes (ou derrière) de Rosam. En outre, les sites du Parti Socialiste et ceux du prestataire informatique étaient configurés pour que tout le monde puisse accéder à pas mal d’informations, notamment sur Rosam.

Ainsi, nous pouvons livrer à la dame du service de presse la méthode (de 2006) pour extraire la liste des adhérents du parti de la base Rosam :

rosame-teaserBien entendu, il existait, et elle doit avoir évolué de manière encore plus user friendly, une interface moins technique pour ce faire :

recherche-militant-nationalMais revenons au nombre de militants.

Nous n’avons plus accès aux données du Parti Socialistes comme à l’avant veille de l’élection présidentielle de 2006, mais nous pouvons conjecturer sur les chiffres de l’époque…

Le fichier « print_statistiques_federations_xls_1juin » auquel nous avions eu accès en 2006 indiquait 133 831 adhérents Rosam au 31/12/2005.

federationsfederations1

A quoi, nous pourrions éventuellement ajouter 71 963 « passages dans Rosam » de demandes d’adhésion via Internet. Total ?

205 794 adhérents.

Ce qui est en deçà de le chiffre officiel du 30 septembre 2008 : 232 511 adhérents.

A 13h20, nous n’avons toujours pas reçu de réponse à notre mail envoyé au service de presse du Parti Socialiste à 11h35.

Mais surprise, à 14h59, nous recevions une réponse du service de presse. Celui-ci n’a pas suivi nos conseils et n’a pas interrogé sa base d’adhérents. Il a fait une revue de presse :

Monsieur,

Suite à votre demande:

Tout d’abord le communiqué de presse envoyé la semaine dernière et faisant le point sur cette question:

http://www.parti-socialiste.fr/communiques/mise-au-point-du-parti-socialiste-sur-les-adhesions

 Puis la réponse de Jean-Christophe Cambadélis lors de son interview au Parisien le 20 avril dernier:

« Le PS reste une grande force avec près de 300.000 adhérents. Mais il est vrai qu’au fil du temps ce parti a perdu ses réflexes, ses règles, sa colonne vertébrale, voire son attractivité politique. L’individualisme et le narcissisme y font aussi des dégats. Le PS est une grande formation politique mais anémiée »

Bien cordialement

On notera donc que le Parti Socialiste, alors que le président de la République, issu de ses rangs et ancien premier secrétaire, est au plus bas dans les sondages, se porte trois fois mieux qu’en 2006, derniers chiffres précis que nous ayons à notre disposition. C’est à peu près à ce genre de déclarations que l’on peut mesurer le divorce entre les citoyens et les hommes politiques. Bien entendu, nous pouvons nous tromper et nous sommes prêts à retourner au PS, rue de Solférino pour assister en direct à une interrogation de la base des adhérents…

Mais il est à parier que la transparence a des limites.

Source: http://reflets.info/parti-socialiste-combien-de-divisions/


Hollande : un bilan de mi-mandale tout en nuances

Thursday 6 November 2014 at 09:27

mi-mandale

C’est vrai que c’est un exercice très difficile que celui de laisser croire qu’on dirige un pays quand en réalité ce n’est pas le cas. Hollande n’est pas très bon dans cet exercice, il  a même tendance à se prendre les pieds dans le tapis. Et le tapis est souvent bien épais. Entre la courbe qui devait s’inverser, la boite à outil exceptionnel, la reprise qui était là, rien n’a été épargné à pépère qui continue à venir tenter de rassurer sur sa capacité à piloter le bateau. Ah, mais c’est qu’il avait fait montre de bravoure avant d’être élu, il avait même montré les dents. Et des électeurs y avaient crû : « la finance, cet ennemi qui n’a pas de visage, qui n’est pas élu, mais qui pourtant dirige » : mais oui, François, c’était une belle analyse que tu lançais durant ce mémorable discours au Bourget ! Et cette anaphore sans reprendre ton souffle, devant le petit excité qui n’avait rien pu faire ! Moi président ! Quelle génie !

Le bilan ! le bilan !

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Bon, François est à mi-mandat, et c’est une mi-mandale : la mandale finale sera pour la fin du mandat, en 2017. Comment est-il possible de se planter autant en si peu de temps, de laisser autant de gens dépités, voire énervés sur sa mandature présidentielle ?

En réalité, la technique présidentielle Hollandesque n’est pas très rodée, elle cherche ses marques, n’a pas su bien négocier les effets de manche, le discours et l’image ne collent pas ensemble. Un bon président, en France, doit pouvoir laisser croire qu’il est, soit dans sa tour d’ivoire, jaugeant et pilotant la nation depuis des hauteurs incomparables (Mitterand), ou bien courant à travers le pays à grands coups de déclarations, de lois et d’excitation des foules (Sarkozy). Une voie intermédiaire était possible à une époque, celle de la caisse de Corona bue à l’Elysée et de la tête de veau mangée sur les comptoirs tout en flattant le cul des vaches une fois par an au salon de l’agriculture. Impossible à tenir aujourd’hui : la Corona n’est pas française, plus personne ne veut bouffer de la tête de veau dans les cafés, et le salon de l’agriculture est trop agressif pour qu’un président tienne longtemps en son sein. Bref, tout le problème réside dans la technique pour faire croire qu’on dirige le pays alors qu’il n’en est rien. Et c’est bien le problème de Hollande.

Comment les occuper encore 30 mois ?

finance

Comme le disait le premier concerné lui-même lors du fameux discours du Bourget qui très certainement lui permit de remporter l’élection qui suivit : « la finance n’a pas de visage, mais elle dirige sans avoir été élue ». Et oui François, et toi, tu n’y peux rien. Elle te dicte ta marge de manœuvre, la finance. Elle t’autorise quelques broutilles, et comme tu manques en plus d’imagination, parce que ta passion pour l’économie est bien plus dévorante que celle du « social », ça ne donne pas grand chose. Un « mariage pour tous » qui occupe les foules six mois, c’était déjà pas mal. Une loi de « réforme de la justice », bien essayé aussi. Et au delà ? Une pseudo énième réforme de l’éducation qui met le bazar dans les horaires et oblige à s’occuper des gosses une demi-journée par semaine et des tentatives pour cliver des corporatismes bien ciblés, mais trop nerveux pour que cela soit tenable ? Pas génial quand même…

Toute la difficulté désormais est d’arriver à continuer de faire croire que tu as les coudées franches pour agir durant les deux et demi qui restent.  Comment occuper les foules ? Avec des promesses ? Tu as déjà tenté le coup en écoutant les crânes d’œuf de Bercy qui agitaient des prévisions de hausse de la croissance européenne et mondiale pour 2013 : patatras, la croissance s’est écroulée, et une presque déflation est survenue. L’Allemagne, la locomotive est à l’arrêt ! Tous tes efforts de communication sur la rigueur et la baisse du déficit sont annulés : l’Allemagne, elle-même, démontre que ça ne marche pas, et les pires adeptes du TSCG commencent à parler relance et investissements publics. Le comble !

Que disent tes amis du CAC40 ? Continuer à parler compétitivité des entreprises, détricoter les services publics, déréguler tous les secteurs possibles, comme convenu. Le social-libéralisme, que tu as renommé social-démocratie par convenance, est en marche. Oyé !

Après tout, quelle importance que cela ne fonctionne pas, cette « politique », pour faire baisser le chômage ou réduire les inégalités ? Ce n’est pas l’objectif, et quand bien même le premier serait atteint, vu l’état dans lequel l’ex-chômeur trouvera le « monde de l’entreprise » auquel tu tends la main pour précariser à tout crin — qu’il en regrettera le temps béni où il échappait à la dite entreprise. Non, la question est surtout : vas-tu tenir encore longtemps dans ce mensonge sur ton statut, tes capacités, tes prérogatives et ton asservissement ?

Qui dirige ?

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Oui, ce soir, Hollande va venir tenter de faire croire qu’il dirige un pays de 67 millions d’habitants, cinquième puissance économique mondiale, membre du conseil de sécurité de l’ONU. Et il aura du mal à le faire croire. Ce que tout le monde verra. Bien trop nettement. Une possibilité serait qu’il craque, et se confie à la population : « voyez, bon peuple de France, j’ai crû que je pouvais désarmer la finance, reprendre le pouvoir, faire une politique sociale, en direction de ceux qui travaillent, des défavorisés, et j’ai échoué. Ceux de la finance, voyez-vous, bon peuple, ils sont trop puissants. Ils sont dangereux. Ils sont partout. Ils tiennent tout. Je suis désolé.« 

Sauf que Hollande a placé dès le début Moscovici aux finances, Cahuzac au budget, puis Sapin aux finances à la place de Mosco. Et que les meilleurs potes de Hollande du temps de l’ENA, sont à la tête des grands groupes du CAC40 et de la « finance ». Dommage…

Source: http://reflets.info/hollande-un-bilan-de-mi-mandale-tout-en-nuances/


Tirs de barrage et violence d’Etat

Thursday 30 October 2014 at 17:33

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Dessin de Tommy / Reporterre

La mort de Rémi Fraisse a bien été causée par une grenade offensive des gendarmes mobiles. Les autorités ont bien tenté de noyer le poisson selon une méthode savamment éprouvée dans toutes les affaires de violences ou de crimes policiers.

Les premiers mots du préfet du Tarn, Thierry Gentilhomme (sic), diffusés dimanche matin, sont éloquents. D’abord il est question du « corps d’un homme sans vie » qui aurait été « retrouvé » sur le site. Sans jamais indiquer que cela pourrait être la conséquence des affrontements. (Propos repris dès dimanche par France Info qui ont disparu entre-temps après mise à jour).

Le doute était tel que dimanche matin, pendant de longues heures, les personnes présentes sur la zone envisageaient que cette mort pouvait n’avoir aucun lien avec les événements de la nuit. Le même communiqué du préfet se permet d’ajouter que deux gendarmes mobiles ont été blessés! Voilà comment on prépare le terrain: on ne sait rien sur la mort de cet homme, mais les premières victimes sont les GM!

Ensuite, l’autopsie pratiquée lundi sur le corps de Rémi. La mort serait due à une « explosion »; mais attention, dixit cette fois le procureur d’Albi, impossible de dire si cette détonation est venue du camps des gendarmes. Laissant là aussi à penser qu’il pourrait s’agir d’une arme artisanale venant des zadistes. Une explosion? Et pourquoi pas la foudre!

Ensuite, il s’avère donc que des traces de TNT sont retrouvées sur les vêtements de la victime, ne laissant, cette fois, aucun doute sur l’origine de l’explosif. Ce ne peut être qu’une des grenades utilisées dans toutes les manifs sans discernement, malgré des précautions d’emploi jamais respectées. C’est ce type de munition qui a tué un manifestant en 1977 lors d’un rassemblement monstre (60.000 personnes) contre la supercentrale nucléaire de Creys-Malville (Isère).

Cazeneuve vient d’annoncer qu’il « suspend » ces grenades qu’il appelle lui-même « offensives ». Une minute: le terme « offensif » est employé par le premier flic de France après mort d’homme. Alors que bien entendu, l’euphémisme policier parle toujours de dispositifs de « défense », de « protection » ou de « dispersion » — des armes, bien entendu, « non létales ». « Quand l’atmosphère générale est mauvaise, le langage ne saurait rester indemne », écrivait Orwell!

gli-f4Une arme est une arme, et elle tue. Deux suspects potentiels dans l’histoire de Rémi. La grenade dite « assourdissante », modèle GLI-F4 (qu’on appelle aussi « flash-bang » dans le jargon), censées attaquer l’oreille interne et désorienter les manifestants (détonation 160 à 170 décibels) tout en libérant du gaz asphyxiant. Une arme autant psychologique qu’incapacitante et meurtrière. Elle assourdit et elle mutile, car comme tout système explosif elle éjecte des débris « qui ont parfois la taille d’un ongle » et qui « pénètrent la peau et vont jusqu’à perforer des organes, déchirer des muscles, sectionner des nerfs ou des tendons », d’après ce guide détaillé de l’arsenal policier. « L’intensité de l’explosion peut également provoquer la surdité par une rupture des tympans. » (Se référer aussi à ce document complet [PDF] mis à jour en décembre 2012).

Sur le Testet, les autorités ont insinué que ce type de grenade avait peut-être été utilisée « une ou deux fois » pendant la nuit du 25 au 26 octobre. Une ou deux fois! Ce n’est pas du tout la réalité. Dans l’après midi, j’en ai entendu au moins une toutes les cinq minutes.

sae440Autre possibilité: la grenade dite de « désencerclement », baptisé joliment « dispositif balistique de dispersion » (DBD). C’est une « arme à fragmentation », contenant un explosif (160 db là aussi) et 18 projectiles en caoutchouc de 10g qui peuvent blesser ou mutiler. Comme pour la GLI-F4, les grenades DBD propulsent des  fragments qui pénètrent les tissus et certains ne pourront plus être retirés, des victimes garderont donc ces débris dans leur corps toute leur vie. Les deux fabricants de ces armes de mort déguisés en matériel de défense sont Lacroix-Alsetex et SAPL. Ils font la fierté de l’industrie française, salués par Alliot-Marie pendant les révoltes en Tunisie en 2011. (MAJ) Comme son nom l’indique, ce type d’armes doit logiquement être employé lorsque les flics s’estiment encerclés d’émeutiers. Sur le Testet et ailleurs, ils en ont abusé pourtant sans respecter ces « consignes ».

C’est la même logique mis en œuvre avec les pistolets taser et les flash-ball, dont la dernier version moderne se nomme LBD, « lanceur de balles de défense »! Défense de rire ou de pleurer. Le LBN mutile et il a été conçu aussi pour ça — en sachant qu’un blessé est un vecteur fondamental, même involontaire, de la terreur que l’arsenal policier a pour mission de distiller dans la société. Un site internet, monté par la famille de Pierre, jeune nantais qui a perdu un œil en 2007, fait depuis un décompte macabre mais accablant de ces mutilations.

Et encore, ne parlons pas de l’avenir, de la police moderne et « non létale », avec par exemple les canons à ultrasons qui balancent des ondes sonores s’attaquant non seulement aux tympans mais qui sont calculées pour désorienter voire pour provoquer nausées et vomissements (même si cette assertion n’est pas encore prouvée, cf le commentaire de Juliette plus bas). Cela sans aucun produit chimique. De l’agression invisible, indicible — une arme éthique, quoi! Specimen de ces armes acoustiques: le LRAD, une invention américaine, qui a été testé en zone de guerre et utilisée sur des populations civiles en 2009 lors du contre sommet du G20 à Pittsburg.

lrad

Bientôt dans nos villes et nos campagnes: le canon acoustique LRAD

La force policière n’a souvent pas besoin de s’exprimer pour user et abuser de sa violence dite légitime de ses représentants armés. Elle peut tout simplement s’exposer, se montrer, s’afficher. Une arme psychologique bien plus efficace que les « big bang » de grenades policières… Sur le Testet, les GM avaient aussi, samedi dernier, obtenu le renfort d’un hélico anti-émeute qui survolait la zone toute l’après midi et pendant la fameuse nuit. Hélico équipé de deux énormes caméras HD qui filmait tout en permanence. Alors que le préfet avait « promis » qu’aucune force de police ne serait présent durant ces 2 jours « festifs ». Qui parle de « provocation »?

On sait maintenant que tous les engins de chantier qui auraient pu être la cible de militants plus radicaux avaient été déménagés du site du barrage. Mais il restait du matériel (un groupe électrogène apparemment), qui a servi d’appât: il fut incendié la nuit précédant la mort de Rémi. Incendie justifiant l’arrivée des GM, CQFD! Il y avait au moins 25 fourgons samedi en fin d’après midi. Qui parle alors de « provocation »?

L’usage de la force n’est pas l’apanage de dispositifs et de matériels de terreur et de coercition. Cela fait deux mois que la zone du Testet est sous la pression de véritables milices pro-barrage dont les exploits ont été relatés par les deux collectifs sur place, celui du Testet (plus « citoyenniste ») et celui des Bouilles, référence au lieu-dit occupé par des zadistes pour tenter, en vain, de bloquer le chantier qui a démarré en force en septembre malgré des recours juridiques non définitifs. Ces milices, cagoulées, armées et menaçantes, ont lancé ouvertement des appels au meurtre déguisés en « battue anti-bobo » (image ci-dessous). Menaces mises à exécution, comme en témoigne ce récit hallucinant. Et le tout sous la protection des gendarmes!

chasseantibobos

Aucune poursuite n’a été engagée à ce jour contre ces faits. Pourtant, j’en connais certains qui ont passé 48h en garde à vue et ont été poursuivis en correctionnelle pour ce même chef d’accusation pour avoir organisé pendant 15 mn un picnic symbolique dans la propriété des milliardaires Pinault. Leur banderole proclamait: « La ZAD aura ta peau » (celle de Notre Dame des Landes, rapport au fait que les Pinault sont actionnaires de Vinci, bétonneur désigné pour construire l’aéroport…) Ils ont gagné en appel, mais ils ont été poursuivis, pas les miliciens du Testet.

Comment enfin interpréter ce communiqué du 6 octobre signé du préfet d’Albi, et titré « La retenue d’eau de Sivens: une opposition radicale qui menace la sécurité des ouvriers et des forces de l’ordre » (sic)!

«La radicalisation des opposants à la retenue d’eau de Sivens a nécessité, à de
multiples reprises, l’intervention des forces de l’ordre, afin de faire respecter les décisions de
justice successives.
«Gendarmes mobiles et gendarmes (…) ont dû être engagés sur le site depuis le mois de mai 2014 afin de procéder à l’expulsion des opposants au projet (…) et permettre au maître d’ouvrage de continuer les travaux pour lesquels il est muni de toutes les autorisations. Ces opérations ont été rendues inévitables suite à la décision des opposants de se maintenir illégalement sur le site et d’avoir recours à la violence et au vandalisme, contre les forces de l’ordre et le Conseil général, maître d’ouvrage.
«Les forces de l’ordre sont là pour faire appliquer la loi. Les gendarmes le font avec discernement et engagement. 7 militaires blessés (dont 1 avec 45 jours d’ITT) sont déjà à déplorer à ce jour.»

Qui a parlé de « provocation »?

permis_de_tuer2La mort de Rémi Fraisse doit aussi nous révolter contre les autres victimes de crimes policiers. « Permis de tuer », Un ouvrage collectif paru récemment chez Syllepse fait le récit méticuleux de quelques affaires d’assassinats emblématiques qui n’ont, pour la plupart, pas encore été jugées. Qu’il s’agisse de morts par balles (entraînant à chaque fois une obscène campagne pour camoufler ces crimes en « légitime défense ») ou de morts à la suite d’interpellations musclées, par étouffement ou tabassages, le mode opération des « enquêtes » qui sont menées pour « faire la lumière » sur ces affaires sont étonnement similaires.

Tentatives d’intimidation sur les familles pour ne « pas faire trop de bruit », compromissions des policiers chargées d’enquêter sur leurs collègues, inertie de certains avocats qui pensent plus à leur carrière, la complicité passive des magistrats à qui il faut mâcher le travail pour que de simples et élémentaires contre-expertises soient diligentées… Avec souvent des tentatives de faire passer la victime comme un excité, un récidiviste ou un sauvageon, de le présenter comme quelqu’un « sous l’emprise de cocktails de drogues et d’alcool », histoire d’en faire le coupable de sa propre mort. Autant d’éléments diffus et disparates qui sèment le doute au sein des collectifs de défense des familles, un doute sur lequel se jetteront les journaux qui n’ont pas besoin de ça pour se ranger du côté de la « force légitime ». Sans parler du jeu de dupes des syndicats de policiers qui apparaissent comme une des sources à citer alors qu’elles ne sont que le prolongement décomplexé de leurs institutions hiérarchiques. Sans oublier que lorsque — rarement — les policiers sont jugées, ou même condamnés, ils sont encore plus rarement destitues ou révoqués — tout au plus suspenses ou mutés.

Disons enfin que doit exister, une bonne fois pour toutes, une véritable solidarité entre les toutes les victimes de la violence d’État. En d’autres termes, que l’on se révolte pour la mort d’un jeune étudiant blanc issu des classes moyennes avec autant de hargne et de sincérité que pour celle d’un jeune noir ou maghrébin issu des quartiers populaires de relégation sociale qu’on appelle vulgairement « les banlieues » (*). Cela permettra peut-être de ne plus seulement s’intéresser aux conséquence de cette violence, mais aux causes profondes du malaise, au terreau idéologique qui justifie la persistance d’un système économique ravageur et porteur, en son sein, d’une autre forme de violence politique et sociale qui n’est jamais remis en question.

(*) Pour agir et aller plus loin voir le site du collectif Urgence notre police assassine.

Source: http://reflets.info/tirs-de-barrage-violence-detat/


E-Archéologie : les ruines numériques de l’UMP à l’ère post Bygmalion

Thursday 30 October 2014 at 12:23

umplolDe temps en temps sur Reflets, nous aimons revenir à postériori sur des dossiers qui nous ont fait pisser quelques pixels… les « cold cases ». Ce qu’il y a de bien avec les « cold cases » de l’UMP, c’est qu’il n’y a souvent même pas besoin de les passer au microondes pour les resservir chauds bouillants. Et comme on se sentait un peu l’âme de cyber archéologues la nuit dernière, nous sommes allés déterrer le cold case Bygmalion.

À l’époque du battage médiatique autour du volet financier de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy pour lequel les facturations de prestations imaginaires de l’UMP par Bygmalion sont probablement qu’un amuse-gueule, nous avions retrouvé une soixantaine de sites réalisés par l’agence de communication hipster-active des jeunes qui n’en veulent de l’UMP.

Reflets vous propose donc aujourd’hui un circuit cyber-touristique tout compris, avec des destinations qui vous feront rêver, ou hurler. Les vestiges de Bygmalion, vous allez le voir, sont fascinants. Vous pouvez évidemment faire vos propres recherches si celles-ci ne tuent pas toute la planète… ah.. et évitez de vous maintenir dans un espace public également, vous avez le doit à une seule page par domaine (2 pages = paff maintien frauduleux dans un espace public), on sait jamais.

C’est parti…

Chez Jean François Copé, on est passé de ça

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à ça …

C'est un poil plus austère

C’est un poil plus austère

À Levallois, il n’y a plus de pilote… C’est vrai qu’à force de placer tout le monde en garde à vue, il ne reste plus grand monde, ni à Levallois, ni chez Bygmalion pour s’occuper des sites web… Au coeur de Levallois, qui s’employait à expliquer, il y a peu, les finances toutes propres de la ville, aurait pu nous régaler d’éditions spéciales en ce moment…

Mais ça c’était avant :

levallois

Maintenant, à Levallois, ça se passe comme ça :

Capture d’écran 2014-10-30 à 01.49.19

S’il n’y avait eu qu’une seule erreur de produite à Levallois…. mais oh oui, mets moi en mode debug s’il te plait

Chez les jeunes actifs de l’UMP, il y avait des cyber-rave-parties intergalactiques avec du Nadine Morano dedans qui guinchait avec les djeunz en se ridiculisant dans un pathétique mais tellement drôle lipdub… et bien tout ça, c’est terminé.

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La disparition qui m’attriste le plus

Et puis il y a l’un de mes préférés de Bygmalion, le site La Dépense Publique… bah oui, ça ose tout vous comprenez… Bygmalion a signé un site sur la dépense publique, un sujet sur lequel personne ne pourra nier l’expertise de l’agence. On sent bien que Bygmalion a essayé de faire un truc à l’époque. Le problème, c’est qu’aujourd’hui, voici ce qu’il en reste :

la depense publique

Au moins là, il coûte moins cher et le nouveau theme graphique passe le validateur du W3C au poil

Le site de Laurence Parisot a lui été rayé de la cyber carte. À ce jour nul homme sur terre n’a idée de ce qui a pu provoquer l’extinction de l’espèce du site. Les adeptes de la théorie des anciens astronautes seraient remontés jusqu’à un certain IFOP qui aurait la jouissance du domaine jusqu’en décembre 2015. Le site de Laurence Parisot, Web Archives est formel, est un site qui a bien existé, et Bygmalion l’a bien monitoré à coup de Google Analytics à une époque.

Avant, c’était comme ça

Mais ça c'était avant...

Mais ça c’était avant…

Maintenant, ça ressemble à ça.

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Le site « Professions libérales 2012″ à l’époque de sa splendeur, c’est à dire avant qu’il ne soit cybersquatté, ressemblait à ça

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À l’ère post Bygmalion, ça donne, un petit cours de SEO pour les nuls :

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Le site Adroitetoutes.fr, une autre réalisation de Bygmalion ressemblait à ceci avant :

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Maintenant, ce site fait l’objet d’une redirection vers une boutique en ligne de godasses… le coup de pompe. Le domaine a été redéposé par un certain Ano Nymous chez un registar de Nassau.

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Du côté des intéressés eux mêmes, ce n’est pas plus reluisant :

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Le site de l’agence répond aux abonnés absents

Le site de Doxeo, filiale de Bygmalion

Le site de Doxeo, filiale de Bygmalion

Petit rappel :

Les partis politiques touchent des subventions assez rondelettes, ces subventions ce sont vos impôts, ces ruines sont donc pour certaines un peu les vôtres.

Bref…

On va arrêter le massacre ici, ça ne sert à rien de tirer sur de la viande froide.

Alors à quoi sert cet article ? On va être clair, il ne va servir à rien, nos prédictions vont se réaliser un moment ou l’autre, on vous dira « on avait raison, on vous avait prévenu vous n’avez rien fichu ».

Il servira peut être un ancien client de l’agence à connecter deux neuronnes pour se poser les questions suivantes :

On pourrait déplorer le manque de vision globale d’une entité comme l’UMP qui est par définition habituée à manipuler beaucoup de données personnelles. Mais quand on voit le chantier apocalyptique laissé dernière l’implosion de Bygmalion, une fois de plus, on doute de la capacité du parti à prévenir les cyber-mandales que les uns et les autres aiment se filer à la veille d’une campagne électorale.

En l’état actuel des choses, la boule de cristal de Reflets vous annonce encore un psychodrame numérique à l’UMP à horizon 2 mois. A moins que l’un des cadres du parti nous lise … ET SE SORTE LES DOIGTS DU CUL pour faire migrer ou fermer complètement les services anciennement hébergés par Bygmalion.

Source: http://reflets.info/e-archeologie-les-ruines-numeriques-de-lump-a-lere-post-bygmalion/


Une centrale de biomasse pour déforêster les Cévennes ?

Tuesday 28 October 2014 at 11:24

La transition énergétique n’est pas une simple opération économico-écologique visant à basculer d’un mode de production d’électricité basé sur le nucléaire ou le charbon vers des énergies « propres » ou « vertes », respectueuses de l’environnement et sans danger. La centrale E.ON de Gardanne, bientôt en production, en est l’illustration parfaite. Premier aperçu d’une affaire qui risque de tourner très mal, enrichir des actionnaires et des propriétaires tout en ruinant écologiquement les (fragiles) vallées cévenoles dont beaucoup sont pourtant… « protégées ».

EON

La centrale électrique de Gardanne commence à être médiatisé depuis que l’entreprise E.ON l’a rachetée et débute son rachat de bois. E.ON, l’un des plus gros producteur d’énergie européen a en effet décidé de reconvertir l’une des tranches de la centrale à charbon du site, en centrale à biomasse. Le principe est simple : au lieu de produire de l’électricité en brûlant du charbon, cette tranche de la centrale brûlera du bois. Le projet, en accord avec le Grenelle de l’environnement, semble donc parfaitement adapté au principe de transition énergétique, puisque les centrales à biomasse rejettent peu de CO2 par rapport à des centrales à charbon. Sauf que les choses ne sont pas si simples.

 Comment alimenter une centrale en bois ?

E.ON explique précisément sur son site comment sera alimentée sa centrale :

La biomasse permet la production d’électricité à partir de la combustion de différentes matières organiques (déchets verts, plaquettes, bois de récupération). Le mix combustible de la nouvelle unité Provence 4 biomasse sera composé à 90% de biomasse et à 10% de produits charbonniers (produits cendreux de récupération PCR). La centrale brûlera environ 850 000 tonnes de combustible biomasse par an.

 La biomasse issue du secteur forestier local, entrera pour près de la moitié dans le mix combustible de la centrale biomasse Provence 4. La zone d’approvisionnement couvrira les régions PACA et Languedoc-Roussillon, ainsi que les départements limitrophes, soit un rayon de 400 km.

 425 000 tonnes de biomasse seront donc issues des forêts françaises, dont une partie proviendra des Cévennes. Ces montagnes, très sauvages, aux routes étroites, aux paysages enchanteurs, sont pour une partie importante (en Lozère et dans le Gard, particulièrement) incluses dans le Parc national des Cévennes. E.ON compte donc acheter une partie de ses 425 000 tonnes de bois en Languedoc Roussillon, et les forêts cévenoles paraissent des candidates toutes désignées. D’ailleurs, le Parc des Cévennes a déjà signé un « protocole de travail » :

Le parc national des Cévennes et la compagnie d’électricité allemande E.ON ont signé le 8 janvier un protocole de travail qui fixe « les actions à mener pour identifier les possibilités de conciliation entre la préservation des enjeux de territoire » identifiés dans la charte du Parc et l’approvisionnement du projet de centrale convertie à la biomasse de Gardanne (Bouches-du-Rhône), a annoncé le parc.

L’engagement de départ est lui aussi établi, et en volume, la précision est apportée :

La part de biomasse issue des Cévennes serait de 35.000 tonnes de bois/an. Ce qui représenterait de 200 à 1.000 ha de coupes de régénération et d’éclaircie sur un massif forestier d’environ 150.000 ha.

Tout à l’air parfait, sauf que la réalité n’est pas du tout représentée par ces quelques chiffres.

Les Cévennes, un nature sauvage…et fragile

village-Cevenol

Décrire le prélèvement en bois au sein d’un massif comme celui des Cévennes en donnant une valeur en hectares prélevés, comparée à l’ensemble est excessivement malhonnête. Ces montagnes sont difficiles d’accès, la végétation y est très hétérogène, et parler de massif forestier de 150.000 ha ne décrit pas la réalité. Les forêts de châtaigniers, par exemple, ne sont pas aussi importantes que celles de pins. Des parties très importantes de ces montagnes sont recouvertes de « bartasses » (des arbustes, des friches).

Mais le problème central de la vente de l’abattage à E.ON se situe à un autre niveau, celui de l’accès aux exploitations et des nuisances écologiques causées par les camions de la centrale à biomasse. Si la vente des troncs, déposés par les propriétaires au bord des chemins s’effectue comme il l’est prévu, c’est un ballet incessant de ces engins qui se mettra en place. Les ponts en pierre ne pourront que difficilement résister à ces passages incessants, comme les murs de pierres sèches qui maintiennent de nombreux bords de routes ou de chemins. Entre pollution par les gaz d’échappements des camions d’E.ON, nuisances sonores et détérioration des accès, les petites montagnes (et leurs habitants) n’y résisteront pas.

Cette affaire de Gardanne est loin d’être terminée, des manifestations ont déjà eu lieu, mais dans le même temps de chemins de terre des Cévennes ont déjà été « élargis » par des municipalités, sans concertation avec la population : l’ogre allemand arrive, et il risque bien de tout détruire sur son passage. Ne manquent que les gaz de schiste pour couronner le tout, et ce pays magnifique qu’est les Cévennes, sera détruit.

Pour quelle raison ? Produire de l’électricité « propre ». Sauf qu’une fois tout comptabilisé, le site de Gardanne n’est pas rentable.

Dommage, non ?

Reflets restera vigilant sur cette affaire et publiera d’autres éléments. Il y a encore beaucoup à dire sur la centrale à biomasse de Gardanne.

Source: http://reflets.info/une-centrale-de-biomasse-pour-deforester-les-cevennes/