reflets.info

Ce site n'est pas le site officiel.
C'est un blog automatisé qui réplique les articles automatiquement

Le Front de Gauche défend le logiciel libre sponsorisé par Facebook

Thursday 13 March 2014 at 10:36

C’est très chouette la vision gauchiste de l’informatique : on prend deux ou trois mots-clés, quelques évidences bien connues depuis longtemps, on en fait un slogan, on lance le filet et on essaye de prendre le poisson. Ca donne ça :

annonce-fdg

 

Whoouuu : trop bien !

Et c’est quoi le pitch ? C’est ça :

texte-fdg

 

Donc, le logiciel libre est à la gauche de la gauche. Gnu/Linux, c’est politique ! Hum hum, bien, bien. Mais visiblement, être à la gauche de la gauche et défendre le logiciel libre n’implique pas forcément une bonne connaissance de l’ensemble de l’écosystème du libre :

facebook-fdg

 

Caramba ! Encore raté !

Likes(0)Dislikes(0)

Source: http://reflets.info/le-front-de-gauche-defend-le-logiciel-libre-sponsorise-par-facebook/


♫ Haribo c’est beau la vie, pour Guéant et Sarkozy ♪

Tuesday 11 March 2014 at 21:33

keep-calm-and-eat-haribo-s-7Il y a maintenant trois ans, Reflets commençait à révéler ce qui allait devenir un feuilleton juridique à tiroirs, portant sur la vente d’armes électroniques à la Libye de Kadhafi. L’affaire était bien plus importante que ce que nous le pensions à l’époque et allait faire gicler du Flamby jusque sur les plafonds de l’Elysée. Mais devinez ce qu’on trouve entre deux morceaux de Flamby ?… des Haribo.

Nous allions découvrir grâce à Owni, Mediapart, le Wall Street Journal (…) une pelote nommée Homeland Security, du nom du contrat entre la France et la Libye visant des ventes d’armes, et pas qu’électroniques, que Jean Marc Manach a largement détaillé dans son ouvrage « Au Pays de Candy« .

Le casting est hétéroclite : Ziad Takieddine, un président, une poignée de ministres, des entreprises de pointe françaises, Eric Woerth, Mamie Zinzin, la Direction du Renseignement Militaire…. de quoi faire rougir Hollywood.

Homeland Security

Ce contrat ne s’est évidemment pas signé en un jour. Il a fallu préparer le terrain. Aux manettes, Ziad Takieddine (ZT) et Claude Guéant (CG) étaient aux avant-postes pour préparer le terrain à Nicolas Sarkozy (NS) et Brice Hortefeux (BH).

VISITE DE CG 22 09 05

Quelques rétro-commissions, quelques révolutions, un financement occulte présumé de campagne présidentielle, et une guerre en territoire libyen plus tard, c’est aujourd’hui l’épisode juridique de ce mauvais feuilleton qui occupe le gros de l’actualité, tout particulièrement le volet du financement de la campagne de 2007.

Si vous avez loupé des épisodes, il vous manque probablement quelques clés pour comprendre dans le détail les motivations des juges qui instruisent une partie du dossier, notamment les enquêtes visant Claude Guéant, Brice Hortefeux et Nicolas Sarkozy, concernant le volet du financement de la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy. Mais pas de panique, vous avez droit à un cours de rattrapage offert par Alcuinn (PDF)

C’est l’un des fils Kadhafi qui le premier lâche aux médias la petite bombe :

« Il faut que Sarkozy rende l’argent qu’il a accepté de la Libye pour financer sa campagne électorale« 

L’accusation est grave, et elle est à mettre en parallèle avec d’autres sérieux avertissements.

Mauvaises fréquentations, grandes oreilles et pieds nicklés

La France n’a jamais frayé avec le clan Kadhafi … source :


C’est probablement notre mauvais esprit qui a conduit la rédaction de Reflets à truquer une vidéo d’un des fils Kadhafi venu faire ses courses chez Thalès et Panhard, et reçu en grandes pompes par Michèle Alliot-Marie .. ou pas

)

Acharnement ?

Suite aux plaintes de la FIDH et de l’Association SHERPA visant Amesys pour complicité de tortures en Libye, la justice a dans un premier temps trainé des pieds, rejetant la plainte de l’Association SHERPA. Mais devant la foule de pièces produites par les médias, il devenait compliqué de ne pas donner le feu vert à une instruction. Et c’est bien de l’épisode libyen que la volée de bois vert pourrait s’abattre sur un système peu reluisant pour notre république irréprochable d’avant.


Mais ça… c’était avant…

« Nous sommes devant une affaire d’écoutes à grande échelle » déclarait aujourd’hui Christian Jacob qui ne doit pas se rendre compte du comique qu’il inspire à la rédaction de Reflets avec cette déclaration. Les écoutes à grande échelle, pour lui, c’est l’écoute d’une ligne camouflée de Nicolas Sarkozy, qui n’a pas grand chose de massif quand on la met en perspective des outils que la France à vendu à Kadhafi et qui aujourd’hui encore sont au centre de notre mauvais scénario.

Parlons d’écoutes massives

Les interceptions massives, mise sous surveillance de millions de libyen made in France, c’est un dossier que nous avons sur Reflets traité en long en large et en travers. Le nom du système, développé sur mesure par I2P (maintenant Amesys, filiale du groupe Bull) pour la Libye de Kadhafi, c’est Eagle, aujourd’hui rebaptisé Cerebro après la cession fantoche et consanguine des activités de surveillance de masse à Advanced Middle East Systems, from Dubai Billancourt.

Et maintenant, parlons confiserie

Quel rapport entre les enregistrements de Buisson et Haribo ? Dans le Canard Enchainé de demain, alors que toute la presse mainstream n’aura d’yeux que pour « Taubira savait, savait pas« , un violent éclat de rire a déjà foudroyé toute la rédaction de Reflets à la lecture de l’encadré, en bas à gauche de la page 3… Tout surpris, déçu et choqué qu’il est, Claude Guéant ne perd pas son sens de l’humour :

Le secret des “Carambar”

LE 26 février 2011, en début d’après-midi à l’Elysée, Nicolas Sarkozy doit accueillir trois otages libérés la veille des griffes d’ Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). Quelques heures plus tôt, dans le grand salon de la Lanterne, Sarko a détaillé, durant de longues minutes, les conditions de leur libération devant six conseillers et familiers, dont certains ne sont pas habilités au secret-défense.
Claude Guéant fanfaronne et fait sourire son auditoire en narrant, à son tour, l’« opération » et ses « Carambar », « boules de gomme » ou « fraises Tagada », noms de code pour les contreparties proposées aux ravisseurs. Des secrets d’Etat livrés au Dictaphone de Buisson dont « Le Canard » ne dira mot. Plusieurs otages restent en effet détenus.
Au cours de cette conversation à la Lanterne surgit soudainement Carla Bruni. Il n’est plus alors question de bonbons. Elle est au régime ?

Non fidèle lecteur, ne te retiens pas, lâches toi, tu peux exploser de rire, toi qui te souvient des noms de code des programmes de ventes d’Eagle, l’outil de surveillance massive d’Amesys :

… et nous voici aujourd’hui confrontés à des « Carambars », des « boules de gomme » et des « fraises Tagada ».  Notre « république irréprochable® » serait-elle devenue diabétique ? Notre république irréprochable qui jamais ne transige avec des preneurs d’otages aurait offert des paquets de fraises Tagada à AQMI ?

Couper la tête du messager

La contre attaque de l’UMP, voyant se profiler les élections municipales, est assez symptomatique d’un parti vieillissant, empêtré dans une affaire qui ne sent vraiment pas bon. On utilise alors la technique bien connue de l’enfumage. Pour l’UMP, la presse est fautive, il faut faire un référé pour retirer d’Internet des enregistrements dont tout le monde a maintenant une copie… absurde. Pour l’UMP, Taubira savait… et alors ? Enfin une ministre qui suit ses dossiers ?

Les prochaines cibles seront naturellement les organes de presse qui ébruiteront le moindre mot des 280 heures d’enregistrement de Buisson, épaulés par certains avocats qui devraient plus passer de temps à mettre en place des protocoles de communication sécurisés avec leurs clients qu’à occuper le terrain médiatique pour défendre un droit illusoire face aux réalités techniques.

Chanter quand on a les deux pieds dedans… c’est très français.

chicken

Likes(0)Dislikes(0)

Source: http://reflets.info/%e2%99%ab-haribo-cest-beau-la-vie-pour-gueant-et-sarkozy-%e2%99%aa/


Secret des correspondances : pour les avocats non plus, ça ne tombe pas du ciel

Monday 10 March 2014 at 17:21

CryptographyC’est la stupéfaction générale. Des avocats viennent de découvrir que la confidentialité toute particulière que revêtent leurs correspondances n’est qu’un principe de plus qui ne survit pas à la réalité technique d’une interception judiciaire. Merde… La Plateforme Nationale des Interceptions Judiciaires, cruelle ironie, création de Nicolas Sarkozy, n’est pas fichue de filtrer les communications de ce dernier avec son avocat ? C’est dingue ça non ?

On récapitule

Un avocat a pour client un justiciable qui se retrouve, pour les besoins d’une enquête judiciaire, placé sur écoute. Et là, on parle du téléphone, mais Maître Herzog serait sûrement ébahi de découvrir que c’est aussi l’ensemble de ses emails avec son client justiciable comme tout le monde, ancien président ou pas, qui ont été interceptés.

C’est le clash, le dur retour à la réalité, la réalité technique, constante, implacable, mathématique… celle qui s’oppose aux beaux principes énoncés en quelques lignes dans la constitution, et les milliers de lois qui posent autant de limites aux quelques illusions de libertés susmentionnées.

Oui… la liberté, c’est très soluble. On n’en a probablement pas mis assez dans la constitution pour ne pas la voir diluée dans une LOPPSI ou dans une LPM. Avec quoi avons nous bien pu diluer le sacro-saint secret des correspondances des avocats pour qu’il se retrouve aujourd’hui à ce point malmené ? L’explication n’est pas que juridique, elle est avant tout technique.

La communication

Quand une ligne est interceptée, ce sont tous les appels qui sont interceptés. Et que dire des correspondances électroniques ? Maître Herzog, comme l’immense majorité des avocats, ne doit jamais avoir entendu parler de PGP ou d’OpenVPN, communique sur des canaux non chiffrés, en clair. L’immense majorité des avocats, on doit bien parler d’un minimum de 95% d’entre eux, correspondent par email avec leurs clients… en clair, sans aucun chiffrement… sans aucune mesure technique pouvant apporter le minimum de confidentialité nécessaire quand ils communiquent. L’immense majorité des cabinets d’avocats fonctionne sous Windows, la majorité des avocats utilise un iPhone, ils stockent leurs SMS « confidentiels » dans un cloud pas souverain, pas chiffré, pas confidentiel du tout.

Avant 2004, la vie était belle, dés qu’un avocat intervenait dans une communication, cette dernière n’était pas enregistrée ou retranscrite…mais une loi est venue modifier cette pratique. La réalité technique des outils d’interceptions administratives, qu’ils soient français ou de puissances étrangères, n’ont eux pas attendu la loi, ils se foutent de la loi, ils font de la pêche au gros, du stockage, du traitement, de l’exploitation. La réalité technique des interceptions judiciaires et administratives, où l’humain est relégué au troisième plan, est bête et méchante : elle aspire tout, elle stocke tout, avocats ou pas.

La confidentialité ?

Parlons confidentialité, la vraie confidentialité, celle qui n’est pas écrite dans les textes de loi, la seule qui vaille. La confidentialité n’est pas un dû, elle ne tombe pas du ciel, la confidentialité ce n’est pas l’immaculée conception. La confidentialité, elle se mérite, elle nécessite une démarche, elle n’est pas qu’un droit, elle est une chaîne de confiance qui  doit être maîtrisée, la confidentialité n’est pas offerte en fac, avec un Dalloz et un code pénal. Les manifestations des pleureuses outragées, les beaux courriers tout aussi légitimes soient-ils à la Présidence, c’est bien mignon… mais nous sommes en 2014, avec une belle LPM toute neuve qui consacre de nouveaux outils juridiques… mais surtout techniques.

Faire valoir ses droits en s’évertuant à fermer les yeux sur la technique, faire confiance à son iPhone, son iCloud, le logiciel du cabinet sous Windows et autres choses du même acabit, c’est au mieux de l’angélisme, mais plus certainement une forme d’inconscience, un manque de professionnalisme.

Pourquoi chiffrer ?

Parce qu’il n’est nul texte de loi qui est applicable à « l’intelligence d’une machine ». Quand une ligne téléphonique ou Internet est placée sous interception, la machine ne s’embarrasse pas de demander à l’interlocuteur de l’intercepté sa carte professionnelle, qu’il soit avocat ou journaliste.

Beaucoup de journalistes, confrontés à la réalité du terrain commencent à utiliser des outils de chiffrement, de protection de la confidentialité des communications. Sauf que tout démontre que la « réalité » du terrain n’a aujourd’hui plus de frontière.

Que ce soit pour de bonnes raisons ou des raisons plus obscures, les interceptions ne sont pas que judiciaires et ciblées. Combien d’Edward Snowden ? Combien de Julian Assange ? Combien d’Amesys faudra t-il pour comprendre qu’il ne suffit pas d’une lettre du très respectable syndicat national de la magistrature à la Présidence ou de toute l’indignation du Bâtonnier de Paris, pour assurer la confidentialité des communications ?

Des données qui transitent en clair sur Internet sont des données forcément lues par des tiers. Aujourd’hui, tout porte à croire que plus de 90% des communications électroniques entre un justiciable et son avocat sont interceptées, une partie est stockée, une autre est, ou sera réutilisée.

Les avocats, comme les journalistes, comme tous les citoyens, ont à disposition des outils techniques de chiffrement et d’anonymisation. Seule l’utilisation de ces outils est garante de leur droit à la confidentialité. Si des conversations entre Nicolas Sarkozy et son avocat ont été interceptées par la justice (ainsi que par la NSA et le GCHQ très probablement), alors il est grand temps pour les avocats de revoir en profondeur leurs méthodes de travail. S’offusquer de ces interceptions est une chose, faire la démarche nécessaire pour que ceci ne se reproduise plus en est une autre.

Vous voulez exercer votre droit à la protection de vos communications avec vos clients ? Commencez par lire attentivement la loi de 2004 sur la Confiance dans l’Economie Numérique qui libéralise les outils de chiffrement.

Oui chers avocats, vous en avez le droit… et dans votre cas, ceci devrait même être une obligation morale vis à vis de vos clients… alors CHIFFREZ bordel !

Écoutons Benjamin Bayart parler de confidentialité (Merci à @Sibou56)

Likes(1)Dislikes(0)

Source: http://reflets.info/secret-des-correspondances-pour-les-avocats-non-plus-ca-ne-tombe-pas-du-ciel/


Ukraine : à l’Ouest rien de nouveau

Monday 10 March 2014 at 14:33

poutineonabear

L’Ukraine s’est révoltée contre son dirigeant fantoche aux ordres de Poutine. Le voilà parti. Mais le président russe ne l’entend pas de cette oreille et envahit, sans vraiment l’admettre, la Crimée, province de l’Ukraine. L’Ouest (comprenez l’Europe et les Etats-Unis) est très en colère. Le ballet diplomatique, les grandes déclarations outragées se multiplient. Pas question de laisser l’ogre russe manger le petit poussin ukrainien. Non. Pas question. Il en va des Droits de l’Homme, du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, de la souveraineté nationale d’un pays indépendant, tout ça, tout ça. L’Ouest parviendra-t-il à faire plier Vladimir Poutine, son ego et sa testostérone ? Pas sûr.

On semble oublier un peu vite que Vladimir Norris Poutine est un pur produit du KGB. Ce n’est pas anodin. Formé, façonné par la guerre froide, il réagit comme le faisaient les dirigeants soviétiques de l’époque. Deux pas en avant, un pas en arrière, deux nouveaux pas en avant, un nouveau pas en arrière, etc. Vladimir Poutine a par exemple accepté « une mission d’enquête ainsi qu’un groupe de contact, éventuellement sous la direction de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe », comme le rappelle le Canard Enchaîné de cette semaine sous la plume de Claude Angeli.

En outre, Vladimir a tendance à ne pas s’embarrasser de concepts éculés comme le respect des Droits de l’Homme ou le droit international. Spécialité dans laquelle il n’est pas le seul à exceller.

Qui se souvient de la prise d’otage du théâtre de Moscou ? Cent vingt-neuf morts parmi les otages après usage d’un gaz un peu trop puissant. Oups, désolé, erreur de manipulation sans doute… Qui se souvient de la prise d’otages de Beslan ? Trois cent quarante quatre personnes tuées par les forces d’intervention russes, dont 186 enfants. Une paille. Sans doute un souci avec les crans de sûreté des armes. L’homme qui voulait « buter les terroristes jusque dans les chiottes » agit avec la même retenue vis-à-vis de la communauté internationale.

Cependant, il ne faudrait tout même pas imaginer qu’un ancien du KGB de la belle époque agisse sans réfléchir. Les Russes sont des joueurs d’échecs redoutables et leurs coups sont prévus bien en amont de ce que l’on croit voir se dessiner lentement sur l’échiquier.

Guerre froide, le retour ?

Les plus vieux d’entre-vous se souviennent probablement de cet affrontement étrange qui a présidé entre les Etats-Unis et l’URSS (L’Ouest et l’Est) entre 1947 à 1989. A base de propagande massive, de coups de Jarnac, de maskirovkas, de course aux armements, d’affrontements délocalisés, par pays interposés, les USA et l’URSS se tapaient cordialement dessus.

L’URSS tentant d’étendre à l’Europe et aux pays en développement leur vision du monde, tandis que les Etats-Unis essayaient de « contenir » cet expansionnisme en soutenant des dictatures d’extrême droite (souvent) et en inondant d’autres gouvernements de dollars.

Les plus vieux d’entre-vous se souviendront peut-être de l’entrée des chars russes à Budapest en 1956. Que fit la communauté internationale ? Elle protesta: c’est mal.

Que fit l’URSS ? Rien.

Un petit air de déjà-vu en Ukraine ?

ukraine-crimee

Assiste-t-on à un retour de de la guerre froide ? Pas sûr. La Russie n’est plus l’URSS. Son économie, par exemple, dépend bien plus fortement du reste du monde et elle ne peut se permettre un gel des échanges. Pour autant, si la bourse de Moscou s’est écroulée dans les premiers jours de tension internationale déclenchée par la crise ukrainienne, le cours du pétrole s’est envolé. On perd sur un terrain, on gagne sur l’autre…

La flotte de la Mer Noire est stationnée en Crimée. Vladimir Poutine ne peut ou ne veut pas perdre l’accès russe à cette mer. L’Ukraine est par ailleurs un point de passage important du gaz et du pétrole russe vers l’Europe de l’Ouest, son principal client, qui permet à Gazprom (pour ne citer que lui) de survivre. Toutes sortes de raisons qui poussent Vladimir Poutine à se montrer intransigeant.

Drôles de discours, encore et toujours…

Bien entendu, cette volonté ébranle notre conception des droits des peuples à disposer d’eux-mêmes, notre vision de la souveraineté d’un pays. Ceci dit, il est difficile de défendre ces conceptions avec des casseroles sonores accrochées à ses basques.

Les Etats-Unis qui ont fomenté depuis le début de la guerre froides des coups d’Etat un peu partout dans leur « arrière-cour » latino-américaine, sont mal placés pour condamner les actes de la Russie. Plus près de nous dans le temps, les deux guerres « préventives » en Afghanistan et en Irak, les tirs de missiles depuis des drones dont le nombre s’envole en flèche sous le règne d’Obama, sont également complexes à expliquer. Là encore le pétrole, l’influence, sont au coeur de ces guerres. Pour ce qui est de la défense des Droits de l’Homme, l’Ouest dans son ensemble peut difficilement avancer ses réussites récentes dans la légalisation de la torture, l’enfermement sans perspective de procès et sans inculpation, l’enlèvement et la déportation de « suspects » vers des pays qui les ont torturés, pour s’opposer à la vision dictatoriale de Vladimir Poutine sur ce sujet.

En France, l’action de Nicolas Sarkozy en Libye vient également contredire les discours outragés d’aujourd’hui.

Aucun de ces pays envahis n’avait demandé l’aide des Etats-Unis ou de la France.

En ce qui concerne les sanctions économiques, on trouve aussi une forme de duplicité qui laisse rêveur. Du jour au lendemain, les dirigeants occidentaux découvrent que certains dictateurs, avec la cohorte d’oligarques qui les maintient au pouvoir, sont des méchants à qui il faut confisquer leurs biens mal acquis. Ou les empêcher de voyager.

Mais ça, c’est très ponctuel et il faut qu’un certain nombre de conditions soient réunies. Et cela n’impose pas de s’occuper de tous les autres cas pourtant bien connus. Tant que les dictateurs et leurs oligarques sont gentils avec nous et avec nos entreprises, pas de problème. Et si en plus la population ne se soulève pas… Tout va bien.

On notera d’ailleurs que les contrats d’armement avec la Russie ne sont étrangement pas gelés en France. #IFPP (Il faut pas pousser).

Et puis, comme le dit dans son titre et son sous-titre Claude Angeli dans le Canard Enchaîné, « Personne n’a envie de mourir pour Kiev« . « Les médias commencent à l’avouer, tandis que politiques et diplomates n’osent pas le reconnaître. Poutine, lui, le sait depuis longtemps« .

Désespérant, non ?

Signe des temps, toutefois, cette fois la France n’a pas proposé à Poutine de lui envoyer ses forces anti-émeutes pour mater les émeutiers de la place Maïdan

flattr this!

Source: http://reflets.info/ukraine-a-louest-rien-de-nouveau/


Le citoyen français est-il un produit à code-barre ?

Monday 10 March 2014 at 10:16

Le moral de la population du pays inventeur des droits de l’homme n’est pas au plus haut. Ce constat, déjà un peu ancien, n’est pas sans conséquences : la France est en tête du nombre de suicides comme de la consommation d’anxiolytiques et autres antidépresseurs. L’économie est morose, les problèmes sociaux croissants, l’ambiance générale plutôt sombre. Mais pourquoi donc ?

français-dortoir

C’est quoi le projet ?

La France est capable du pire comme du meilleur. Ce pays aime s’emballer, vibrer autour de grands événements. Les Français savent qu’ils représentent quelque chose dans le monde, de par leur histoire et leur place dans le concert des nations : de la révolution de 1789 en passant par la Commune, la première et la seconde guerre mondiale, la création de l’ONU, leur rôle durant la guerre froide,  l’agriculture, le rayonnement culturel… De nombreux éléments soulignent le caractère unique de ce pays. Et de ses habitants.

radar

Jusqu’à la fin des années 90, les acquis français ont suffit à maintenir un ensemble social et économique cohérent, à laisser entendre à la population que le projet national continuait à se déployer. Chacun pouvait encore, même sans avoir fait de grandes études, travailler, partir en vacances, acheter un bien, faire des économies. Et rêver un avenir meilleur. Mais à cette époque, la fin des années 90, le projet national a changé de tournure, et s’est focalisé sur un mot : l’Europe. Il fallait, à cette époque pas si lointaine, participer à un mouvement de fond, celui de la mondialisation de l’économie, et empêcher la marginalisation (politique et surtout économique selon les promoteurs de cette logique) du pays. Il fallait se souder au niveau du vieux continent, se hisser à un niveau supérieur, et l’effort collectif allait permettre de faire face à ce défi.

l’Euro, mis en circulation en 2002 était la dernière pierre de ce dispositif débuté à la fin des années 50 et accepté en France par voie référendaire en 1992. Le projet européen devait donc remplacer le projet national. Pourquoi pas ? Oui, sauf que…

Quant le citoyen devient un code barre

Une fois l’euro mis en place les dirigeants politiques et économiques ont sifflé la fin de la récréation. Désormais, le projet était devenu relativement simple et sans nuances : faire des profits, à l’échelle de la planète, en utilisant tous les moyens mis à disposition pour y parvenir. Les grandes délocalisations de production, la désindustrialisation, se sont accentuées, les biens ont pu circuler en toute liberté. Quant aux citoyens, ils ont regardé passer les trains des réglementations de la Commission européenne (non élue), des lois sécuritaires boostées à la technologie devenue très bon marché. Le marché unique porte bien son nom, et le Français a bien compris qu’il en est un rouage. Le projet collectif franco-bruxellois français est trivial, vulgaire, abrutissant, monotone. Il est triste et  répétitif, basé sur l’individualisme, la compétition entre individus, il n’a comme objet qu’une seule constante, celle de l’enrichissement financier.

consommer

Consommer, travailler (ou chercher un emploi), être surveillé : le fronton des mairies devrait être remplacé par ces mots au lieu de ceux censés représenter cette nation de philosophes, la France. Quand un pays où la respiration démocratique est normalement rythmée par des manifestations et des contestations sociales fortes, voit ses dirigeants politiques couvrir le territoire de radars et de caméras, voter des lois de surveillance numérique militaire, il est temps de se poser des questions sur sa véritable vocation. En réalité, le citoyen français est devenu un produit à code barres, et il le sait.

Bienvenus dans le grand supermarché français

Au final, le pays de mai 68, des grands intellectuels, de l’excellence industrielle, des artistes hors-normes, des poètes et des grands mouvements ouvriers, des bons-vivant, des contestataires, ce pays raffiné, fier, grognon mais humaniste, ouvert et curieux, accueillant, à la jeunesse souvent fougueuse, est devenu le pays des ronds-points et des hypermarchés. Un pays où la jeunesse court après des gadgets technologiques fabriqués en Asie, où les plus âgés tentent de copier la jeunesse, tout en se demandant quelle pourrait être l’alternative à la vie de merde qu’ils subissent, faite de pressions professionnelles doublées de difficultés financières permanentes.

Quand un pays fait le choix de recouvrir chaque parcelle de terrain constructible de grandes surfaces commerciales et de villages dortoirs lotissements , laisse à elles-mêmes des populations entières, se préoccupe plus de faire rentrer de l’argent dans les caisse de l’Etat que de faire vivre un projet collectif, décide que le citoyen est un plus grand ennemi que les rapaces de la finance internationale, nul ne sait ce qu’il peut survenir.

Pour l’heure, les Français ont choisi massivement de déprimer. Une partie est aussi prête à activer son mécontentement dans les urnes, et le reste ?

Lorsque le citoyen est traité comme un produit à code-barre tout peut arriver, mais que ceux qui ont participé à cet état de fait ne se leurrent pas : à terme, la société qu’ils fabriquent ne se contentera peut-être pas seulement de leur tendre la fesse droite pour être scannée.

flattr this!

Source: http://reflets.info/le-citoyen-francais-est-il-un-produit-a-code-barre/


L’Astroturfing à l’Elysée, c’est maintenant™

Friday 7 March 2014 at 17:35

Stephen-Colbert-PopcornEn guise d’introduction, une petite histoire drôle (ou pas) sur ce que permettent les technologies et les méthodologies d’Astroturfing en politique, afin de comprendre en quoi tout cela représente un danger pour les démocraties et en quoi il y a de bonnes raisons de s’affoler de voir cela débarquer chez nous.

L’exemple Coréen

L’histoire se passe à l’autre bout du monde, dans un pays bien plus connecté que la France, la Corée (du Sud). En décembre dernier, la Corée vote pour élire son président. La candidate sortante, Park Geun-hye, doit, a quelques jours du scrutin, creuser la distance avec son adversaire Moon Jae-in. étonnamment (ou pas), à moins de dix jours du scrutin, une vaste campagne de calomnie frappera le candidat de l’opposition. Pas moins de 24 millions de tweets, des millions de commentaires et autant d’interventions dans divers médias sociaux Coréens auront raison de l’eReputation de son adversaire, accusé d’être à la solde des nord coréens (l’équivalent local de l’accusation de facho, si courante ces temps-ci en France et placardé sur tout ce qui peut déranger la majorité gouvernementale).

L’histoire ne dit pas si cette campagne de calomnie a été décisive dans la victoire de Park Geun-hye, mais la suite est croustillante : quelques semaines après l’élection présidentielle, une cellule des services secrets dirigée par Won Sei-hoon sera démasquée et désignée comme ayant orchestré, avec une petite équipe, cette gigantesque campagne de calomnie, et avec la complicité de quelques «influenceurs» locaux.

Quelques mois plus tard, une autre cellule, au sein de l’armée, sera également accusée d’avoir participé elle aussi à l’opération. (Rapport intermédiaire ici). L’instruction est en cours, avec une succession d’entraves à la justice par l’exécutif Coréen qui n’est pas sans rappeler le fonctionnement des institutions de la Ve République Française.

Les technologies d’Astroturfing utilisées lors des dernière présidentielles Coréenne ont-elles eu raison de sa démocratie ? Des manifestations monstres, dont curieusement personne ne parle en France, qui demandent l’annulation des élections, sont en train de le décider en ce moment, et l’avenir nous le dira.

manifestations-coree

Mais la Corée n’a pas pour seul intérêt de nous dépayser et de nous fournir des smartphones à bas prix, c’est aussi le pays le plus connecté de la planète, où le débit moyen a de quoi rendre jaloux tous les geeks de la terre et le taux de pénétration d’internet au sein de la population est proprement ahurissant. C’est du coup une bonne façon de regarder la façon dont l’usage massif d’internet par le pouvoir comme par la population peut altérer le fonctionnement d’une démocratie. En l’occurrence, la tuer.

Meanwhile in France…

En France, même si nous somme l’un des champion du monde des technologies de surveillance, nous sommes loin, très loin, d’avoir une telle maîtrise au plus haut niveau du pouvoir des technologies d’Astroturfing. Ce qui laisse (peut-être) une petite chance à la population d’ouvrir les yeux avant de se retrouver dans l’impasse dans laquelle se trouve aujourd’hui la démocratie Coréenne.

A tout seigneur tout honneur, l’histoire de l’Astroturfing en France commence par le chantre de la transparence, Jean-François Copé, dont le trucage systématique des « sondages » mis en ligne par la presse lui a permis de faire apparaître sa candidature comme crédible, alors qu’elle faisait rire tout le monde au départ. L’affaire (restée fort discrète) sera ébruitée par son concurrent, François Fillon, en direct sur le plateau du Grand Journal.

Quelques temps plus tard, c’est l’entourage de Manuel Valls qui se fera prendre la main dans le sac de faux «likes» dans une opération destinée à faire croire à un engouement populaire autour d’un projet de grand stade.

Aujourd’hui, c’est de Faouzi Lamdaoui, un proche conseiller de François Hollande (que Le Monde n’hésite pas à qualifier de « Sherpa ») dont nous allons vous parler, avec pour remarque liminaire, outre qu’il semble être habitué à ce que la justice qualifie de « faux et usage de faux »  le fait qu’on pourrait y ajouter une inculpation pour « manque absolu de discrétion » et « éléphant dans un magasin de porcelaine ». Jugez plutôt. Après s’être fait pincer pour une histoire d’achat de pain au chocolat douteux voici que Faouzi Lamdaoui se fait attraper pour achat de followers en masse sur Twitter.

La progression d’un nombre de fans est habituellement quelque chose d’assez linéaire, mais chez Faouzi Lamdaoui, pas vraiment.

evolution-followers

Les deux montées brutales en nombre de fans correspondent très clairement à deux campagnes d’achat de fans distinctes. Comme d’habitude, on a délocalisé les fans, ceux-ci sont indonésiens, ce qui fait un peu désordre (pdf ici).

« Le numérique révolutionne la communication politique, qui doit désormais se déployer dans l’instantanéité, la réactivité, l’interactivité, et passer par l’épreuve de la critique immédiate, du commentaire à chaud, de la sanction multiforme des citoyens. »

Faouzi Lamdaoui (lien)

fake-count

Critique immédiate, donc. Le trucage, ici, ne fait pas le moindre doute quand on passe le compte à la moulinette de divers outils…

Mais c’est avant tout l’usage que Faouzi Lamdaoui fait des botnets Twitter qu’il s’est acheté qui plante le décor, et qui l’empêchera de plaider l’habituel « c’est pas nous™ » ou « on savait pas™ » utilisé de façon systématique comme joker par les communicants dans ces circonstances (ce qui pour le moment semble être sa ligne de défense, comme ici, chez Europe 1).

Capture d’écran 2014-03-07 à 16.16.27

[Le numérique] «doit jouer sur l’effet de surprise, sur les vitesses d’exécution, sur la maîtrise des codes internétiques pour provoquer le bon buzz et réussir son impact informatif.»

Faouzi Lamdaoui (lien)

Capture d’écran 2014-03-07 à 16.19.23

proxy

Car Faouzi Lamdaoui ne s’est pas contenté de s’acheter des followers, il achète également des ‘retweets’, permettant de donner un maximum de visibilité au moindre de ses tweets, et dans des proportions qui sont pour le moins déraisonnables.

Ainsi, ses derniers tweets cumulent chacun plusieurs milliers de retweets et de mise en favoris, y compris et en particulier pour les plus creux (voir ci dessus), un score qui n’a rien de crédible avec à peine plus de 40.000 followers, la proportion entre followers et retweet étant pour le moins délirante. A trop vouloir bien faire…

L’animal semble également – selon les analyses d’un célèbre blogueur politique (étiqueté Modem) acheter des statuts sponsorisés sur Facebook (voir ci contre), ce qui, pour le coup, n’est pas triché.

Par contre, l’utilisation de meatpuppet dont le seul destin est de congratuler « l’exceptionnel raisonnement » du « cher conseiller » est des plus cocasse…

Capture d’écran 2014-03-07 à 16.29.29

(à y regarder de près, le meatpuppet en question est aussi impliqué
dans le léchage de bottes tunisiennes, nous y reviendrons).

Plus drôle, le bug qui tue : le botnet utilisé par Faouzi Lamdaoui s’est visiblement emballé – il doit être configuré pour booster la visibilité de tout ce qui mentionne son mentor, et n’a pas du tout prévu le cas de figure où des critiques se feraient jour…

Capture d’écran 2014-03-07 à 16.34.24

Ce que ne manque pas de remarquer immédiatement Luc Mandret, le propriétaire du compte, faisant voler en éclats l’excuse utilisée par Faouzi Lamdaoui qui expliquait à Europe 1 n’avoir rien remarqué…

Le bug semble avoir été corrigé entre temps, mais a laissé le temps à la communauté des twittos de s’amuser un peu…

Capture d’écran 2014-03-07 à 17.11.06

Bref, on progresse dans l’Astroturfing à la Française, et Faouzi Lamdaoui est sans doute ce qu’il y a de plus expert à ce jour, mais même s’il n’en est pas à son coup d’essai en terme d’Astroturfing – en témoigne cette campagne de diffamation orchestrée à l’encontre de Charlie Hebdo à la suite d’un article le critiquant – il reste au Cher Conseiller encore bien des progrès à faire avant d’arriver à la cheville des Coréens.

Vous avez évoqué les nouvelles menaces d’Internet, outil merveilleux de diffusion et d’échange, mais [...] le numérique peut aussi servir de déversoir [...] à l’endoctrinement. Le numérique doit donc avoir ses règles.

François Hollande (diner du Crif, 2014)

En soi, cette opération d’astroturfing n’est pas un drame et c’est plutôt risible, mais c’est un signal faible de première importance, cela montre de façon claire qu’au sein de l’Elysée, on commence à expérimenter avec des approches et des usages de l’internet permettant de mettre en œuvre de gigantesques opérations destinées à manipuler l’opinion publique, ce qui laisse présager, tôt ou tard, d’incidents démocratiques similaires à ce qu’à connu la Corée en décembre dernier.

MISE A JOUR

Opération de diversion ? Depuis la révélation de la campagne d’astroturfing mise en place par Faouzi Lamdaoui, de nombreux politiciens ont vu leur nombre de followers exploser. Une étrange coïncidence…

Capture d’écran 2014-03-08 à 14.24.13

flattr this!

Source: http://reflets.info/lastroturfing-a-lelysee-cest-maintenant/


Enregistrements de l’Elysée par Patrick Buisson : le concert des pleureuses

Wednesday 5 March 2014 at 10:54

ecoutes

Pauvre Henri Guaino… « C’est vraiment une trahison« , dit-il à propos des enregistrements de l’Elysée réalisés par Patrick Buisson, l’extrême droitier conseiller occulte de Nicolas Sarkozy. Il a un « sentiment d’effarement« . Pire, il vit « cet événement comme une sorte de viol« . Et il n’est pas le seul, l’auteur du fameux discours de Dakar, à être ulcéré. Après les révélations du Canard Enchaîné, l’ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin trouve lui aussi la route qui se dessine devant lui, longue, pentue et ardue : « Écouter quelqu’un à son insu, c’est d’une extrême violence« . On a mal pour lui.  »C’est complètement désespérant de la nature humaine« , c’est « profondément choquant« , martelle-t-il. Les pleureuses outragées n’ont pas fini de se bousculer devant les micros. On peut aisément imaginer qu’au fil des révélations à venir, ils viennent, tous nos amis politiques, expliquer combien il faut être dérangé pour écouter les gens à leur insu. Heu… Mais attentez, ne sont-ce pas les mêmes politiques qui votent depuis des années, loi après loi, des textes permettant à l’Etat de s’immiscer au plus profond de la vie privée des citoyens ?

Ne sont-ce pas les mêmes qui ne trouvent rien à redire aux agissements d’Amesys ou de Qosmos ? Qui valident leur financement par l’Etat ? Les mêmes qui ne trouvent rien à redire à l’accord Lustre permettant à l’Etat français de fournir aux services de renseignement américains des millions de méta-données sur les appels téléphoniques des Français ? Les mêmes qui installent des milliers de caméras de surveillance sur le territoire, parfois même, des caméras pouvant visionner ce qui se passe dans des domiciles privés si elles sont orientées correctement, selon le bon vouloir de policiers municipaux ? Ne sont-ce pas les mêmes qui déjà s’offusquaient lorsque l’on apprenait que la NSA écoutait le portable d’Angela Merkel, mais pas lorsque l’on apprenait que la NSA captait les échanges par webcam des internautes ?

De quoi s’offusquent-ils au fond ? Du fait que les Français puissent apprendre ce que disent les hommes politiques à qui ils ont délégué leur pouvoir ? Dans l’exercice du métier (pas de vie privée ici) que les Français leur ont permis d’exercer ? Il semble qu’ils aient à nouveau oublié le fait qu’ils ne sont que les dépositaires d’un pouvoir qui n’est pas le leur. A ce titre, ils doivent rendre des comptes sur la façon dont ils gèrent ce pays.

Et encore, hein… Ils ont de la chance que Spider Jerusalem ne soit pas sur leur dos.

transmetro4-4

flattr this!

Source: http://reflets.info/enregistrements-de-lelysee-par-patrick-buisson-le-concert-des-pleureuses/


Quand Fleur Pellerin finance le [plus grand] FabLab [fantôme] de Paris

Saturday 1 March 2014 at 20:13

Arnaud Montebourg et Fleur Pellerin ont lancé un appel à projet FabLabs, fin juin 2013 intitulé « Aide au développement des ateliers de fabrication numérique «  : une très bonne idée qui a visiblement donné des ailes à de nombreux « hackers-makers en herbe », puisque 154 dossier ont été renvoyés. Cet appel à projets a débuté le 25 juin et s’est terminé le 13 septembre 2013. 14 dossiers ont finalement été retenus et se verront verser des aides pouvant aller jusqu’à 200 000 € : ce montant devant couvrir au maximum 70% des besoins d’un FabLab. Jusque là, rien à dire.

Mais, les voies de l’aide d’Etat sont impénétrables et visiblement très  particulières pour Paris et sa proche banlieue.

Si vous connaissez un tant soit peu le milieu des FabLabs, vous devez savoir qu’il existe depuis 3 ans un endroit excessivement dynamique, qui active un nombre impressionnant de projets, avec une équipe de passionnés qui se donne à fond. Ils sont à Nanterre, et se nomment l’ElectroLab.

Leur dossier n’a pas été retenu par Fleur Pellerin et ses conseillers : normal, à l’Electrolab ils font tout à la main, en mode associatif et sont juste en train de monter le plus grand FabLab d’Europe, avec des machines de plusieurs tonnes, à commandes numériques ou pas,un laser de 20 000 watts pour découper de l’acier, (et plein d’autres choses passionnantes en plus des 3D printer). Ils ont plus de 120 membres et 400 abonnés à leur mailing list. Bref, l’Electrolab mérite un article sur Reflets, ce qui surviendra sous peu. Mais ils ne méritent pas que l’Etat s’intéresse à eux. Non, vraiment pas…

Pourquoi ? Et bien…parce qu’un projet de FabLab extraordinaire, génial, (aux service payants) a été retenu en plein cœur de Paris. L’usine IO. Attention, leur site web fait rêver…ou pas, mais il est très beau. L’équipe de l’Usine IO est composé de jeunes gens formidables qui ont tout compris aux mouvements hackers, mais surtout aux opportunité que le mouvement Maker et FabLab représente, pour qui sait s’y prendre.

equipe-USINE

Ils sont une entreprise, et Benjamin est leur patron.

benji-usineio

Ce jeune homme de 31 ans dirige aussi une startdown en informatique, Flipshot :

flipshot

Et comme toutes les startdowns, Flipshot a du mal à progresser depuis sa création. D’ailleurs Flipshot n’est pas bien recommandé par societe.com :

recommandation-flipshot

Mais tout ça n’est pas très grave, puisque la dotation de Fleur Pellerin va grandement aider ce jeune entrepreneur et son FabLab géant qui doit ouvrir, en 2014, avec une surface de 1300 M2. Oui, bon, pour l’heure, il n’y a pas de localisation, mais on sait que ça doit être dans le centre de la capitale, et tout ça est franchement sans importance.

Le plus intéressant est de voir que la constitution de l’entreprise Usine IO date du 30 octobre 2013, soit plus d’un mois et demi après la fin de l’appel à projet. Mais pointer ce petit vice de forme est vraiment faire preuve du plus mauvais esprit. Parce que ce qui compte dans le High Tech français, c’est avant tout l’énergie, la volonté, et…des bons contacts.

Et puis quand on a comme partenaires, Alactel-Lucent et Dassault Systèmes, on ne risque pas grand chose ?

Enfin, tout dépend quand même de qui s’intéresse à votre cas…

Edit : de gentils hackers un peu fâchés me font savoir que le logo d’Usine IO est tout simplement pillé sur le site d’une grande enseigne américaine de fast-food de luxe, Liberty Burger si si : http://givemelibertyburger.com/ethos/. Comme d’ailleurs la majorité des illustrations qui proviennent de matériels de constructeurs, puisqu’Usine IO n’a aucune machine, puisque pas de locaux, pas de FabLab, mais un super site web, quand même. Et puis Agathe Fourquet est une ancienne maker/hacker émérite de chez Cap Digital, très orientée comm’… ça aide. Mais rien de tout ça ne doit nous faire imaginer que cet appel à projet est bidonné ou aiderait des petits copains. Non, non, non. Tout ça c’est bien fini, parce que le « CHANGEMENT C’EST MAINTENANT », comme dirait l’autre.

flattr this!

Source: http://reflets.info/quand-fleur-pellerin-finance-le-plus-grand-fablab-fantome-de-paris/


Surveillance généralisée : connards ou menteurs ? Ou les deux ?

Friday 28 February 2014 at 19:23

nsa-joke

A quoi peuvent bien servir les grandes oreilles de la NSA si elles sont celles d’un malentendant ? Tout comme la vidéo-surveillance peine à démontrer son efficacité, le vaste système d’écoute massive de la planète par les barbouzes américaines ne permet pas de contrer les actions terroristes. Premier point et non des moindres, la NSA elle-même reconnaît (devant les représentants américains) que son machin a -au mieux- permis d’éventer deux plans terroristes. Et encore… Mieux, alors que la Suède, limitrophe de la Norvège,  semble être un pays largement impliqué dans le scandale PRISM, le système n’a pas vu venir l’auteur de la tuerie d’Utøya et d’Oslo, Anders Behring Breivik, bien qu’il ait largement documenté (plus de 1500 pages) et publié son plan sur Internet.

En juin dernier, alors que le scandale des écoutes massives américaines commençait à prendre son envol, le général Keith Alexander, patron de la NSA, expliquait devant un  comité du Sénat que le système avait permis d’éviter « des dizaines » d’attentats terroristes sur le sol américain. A ce stade, il soutenait que le nombre exact était classifié. Peu après, il lâchait le morceau : 54.

Puis, quelques mois plus tard, cuisiné par un représentant américain, il revenait sur ce nombre. Ce sont en fait, 2 attentats qui ont pu être déjoué. Doit-on le croire sur parole ?

De son côté, à la même époque et avant que l’étendue du système ne soit connue, Barack Obama expliquait tout en arborant son sourire ultra-brite habituel : « personne n’écoute les communications téléphoniques des gens » et qualifiait même les premières révélations de « battage médiatique« .

Forums extrémistes suédois

De récents articles dans la presse suédoise révèle que depuis l’été 2013, L’Institut national de défense radio de la Suède (FRA, Försvarets radioanstalt), les services de renseignement locaux, ont un accès direct à l’énorme base de données issue des écoutes planétaires américaines (Xkeyscore). Et le journal de citer le manuel de la NSA à l’attention du FRA, fuité par Edwad Snowden : « Dans cet exemple, je recherche toutes les personnes qui ont visité un certain forum extrémiste sur le Web« . Voilà un outil qui aurait été très utile à la Norvège quand Anders Breivik préparait pendant des mois son double attentat d’Utøya et d’Oslo qui a fait 77 morts et 151 blessés.

norway

Si la Suède n’avait pas en 2011 accès à Xkeyscore (officiellement), elle était déjà un partenaire privilégié de la NSA. Et celle-ci n’a visiblement pas repéré les 1500 pages de son manifeste « 2083 – Une Déclaration d’indépendance européenne » contenant tous les mots-clefs nécessaires, ni les deux vidéos mises en ligne par le tueur d’extrême-droite. Pas plus que ses préparatifs qui ont duré deux ans. La Norvège est également présentée dans les documents Snowden comme un partenaire très privilégié de la NSA. L’un des deux principaux en Europe… Et pourtant… Dans son « manifeste » publié le jour des attentats, le tueur explique comment il a passé 200 heures pour trouver via Google, les informations nécessaires à la préparation d’explosifs. Les grandes oreilles n’ont visiblement pas « entendu » les mots-clefs comme « Nitromethane explosives« , « Mujahideen Explosives Handbook« , « Ammonium Nitrate« , « ANFO » frénétiquement tapés dans Google…

Les auteurs du rapport commandé par Barack Obama sur les dérives de la surveillance globale opérée par la NSA et publié il y a quelque temps expliquent eux-mêmes que le système est défaillant : « Notre étude suggère que l’information récoltée dans le cadre d’enquêtes sur le terrorisme par l’utilisation de l’article 215 sur les méta-données téléphoniques n’était pas indispensable à la prévention d’attaques et auraient pu facilement avoir été obtenue en temps opportun en utilisant la section classique des requêtes via l’article 215 ».

Si même les copains de Barack Obama trouvent que le système merdoie…

Et dire que des milliards de dollars sont partis en fumée pour mettre en place le « machin ». En temps de crise…

C’est essentiel pour lutter contre le terrorisme et la délinquance !

Read my lips… Comme disait Bush père. Ecoutez tous les politiques qui à l’unisson trouvent géniale la nouvelle plate forme d’écoutes judiciaires centralisée française, Jean-Jacques Urvoas en tête… C’est essentiel ce « machin ». Si, si. Cela permettra aux juges d’écouter les méchants, aux policiers de suivre à la trace un suspect, le tout en quasi temps réel.

Un vrai bonheur.

De quoi avez-vous peur ? Ce sont les écoutes judiciaires, elles sont encadrées par les juges. Bonne nouvelle.

Restent les écoutes administratives, très mal encadrées il y a peu par la Loi de programmation militaire (c’est quoi le truc militaire dans les écoutes administratives ?). Celles-ci sont décidées par le gouvernement, hors contrôle du judiciaire.

C’est mal ? Quelle différence ?

Elle est toute simple : a priori, les juges ne décident pas de mettre sur écoute une personne pour des raisons « politiques ». Leurs décisions sont encadrées par des textes très précis et très contraignants. Les politiques, en revanche, décident généralement de mettre quelqu’un sur écoute pour des raisons… politiques ou très personnelles. Cf. les fadettes des journalistes du Monde. Quant aux règles qui encadrent ces écoutes, ne nous étendons pas, elles ont été largement commentées par les défenseurs des libertés publiques et tout le monde sait que la CNCIS n’a pas le personnel nécessaire pour contrôler toutes ces écoutes.

Vous ne trouvez pas qu’avec ces deux types d’écoutes, le pouvoir est déjà un peu trop curieux ? Qu’il s’immisce un peu trop volontiers dans votre intimité, dans votre vie privée ? Vous ne vous sentez pas concernés ? Vous n’avez rien à cacher ? Envoyez-nous vos sextapes, nous les publierons volontiers pour que vous puissiez nous redire sans rire : « je m’en fiche, je n’ai rien à cacher« . Surtout si vous avez des pratiques zoophiles, tendance teckels morts.

Qu’est-ce qu’ils ne comprennent pas, nos politiques dans « vie privée » ?

Vie, ou privée ?

La troisième série d’écoutes, qui n’est encadrée par aucun texte de loi (elles sont réprimées par des textes de loi en revanche) est un tantinet plus inquiétante.

Demandez à votre député, à vos élus de tous bords : elles n’existent pas.

C’est rassurant hein ?

lustre

Ces écoutes, ce sont par exemple celles qui ont permis à la France de livrer les métadonnées de 60 millions de communications de Français sur un seul mois à la NSA dans le cadre de l’accord Lustre. Vous savez, l’accord qui n’existe pas, dont personne ne parle, ni les politiques de gauche, de droite, du centre et de la Galaxie des klingons, ni les journalistes. Et pourtant… Soixante millions de communications sur un mois livrées aux Etats-Unis. Gratos. Comme ça, juste pour entretenir l’amitié sur le dos de nos vies privées.

Je ne vous parlerai même pas du DPI qui s’installe un peu partout sur le réseau, y compris dans notre beau pays des Droits de l’Homme…

Du coup… Ces politiques qui autorisent ce genre de chose, ils sont quoi ? Des menteurs ? Ou des connards ? Oui, je sais, le mot est un peu fort. Mais tout de même, à force de nous prendre pour des cons, ce n’est que justice de leur retourner le compliment.

#Spanous, #Spagrave

On a rien fait. C’est Barack Obama qui le disait. Enfin… Ça c’était avant que les documents Snowden se mettent à pleuvoir en mode orage tropical.

Ce n’est pas grave, on a tout fait dans le cadre de la loi et on n’a pas écouté les américains, disait-il ensuite, un peu acculé.

Vraiment ? Les documents ont continué de pleuvoir et tout le monde a compris que les Américains étaient écoutés. Pas toujours depuis les Etats-Unis, mais il est vrai que les pays amis, comme la Grande Bretagne peuvent se charger de ce genre de choses.

Et là, hier, on apprend (vous ne vous en doutiez pas ?)  que le GCHQ a écouté les échanges par webcam de millions de personnes pendant des années… Si, si… Vous savez, la sextape dont on parlait plus haut, avec les teckels morts… Elle est déjà entre les mains (si l’on peut dire) des surveillants.

Quelqu’un chez les politiques pour nous expliquer en quoi ces millions de personnes écoutées dans leur intimité la plus intime (lisez l’article du Guardian en lien ci-dessus) sont une cible utile à la lutte contre le terrorisme ?

Dans quelques semaines on va découvrir (c’est déjà fait en partie) que les services secrets siphonnent nos disques durs à la recherche de photos de nous à poil pour nous faire chanter, si besoin.

Et là franchement, à la lumière de ces deux articles, des réponses données par le patron de la NSA aux représentants américains et des conclusions des experts mandatés par Barack Obama,  je repose la question : tous ces politiques qui autorisent de telles choses, sont-ils des menteurs quand ils nous disent que ce n’est pas grave ou sont-ils des connards qui ont perdu à peu près tous les repères qui nous permettent d’analyser sereinement ce qui scelle un contrat social ? Avec bien entendu toutes les répercussions que cela suppose…

 

 

 

flattr this!

Source: http://reflets.info/surveillance-generalisee-connards-ou-menteurs-ou-les-deux/


L’après Snowden : la confidentialité, c’est pas simple comme l’installation d’Ubuntu

Friday 28 February 2014 at 00:05

lolcat 4Un article sur Ecran/Libération, signé des copains de l’APRIL a donné lieu à une discussion enflammée avec mon ami Bruno… Il s’agit de cet article, intitulé « L’après-Snowden : reprendre en main son informatique« . Sa saine lecture, à mon sens, a le mérite de rebondir sur le scandale des grandes oreilles américaines dont la majorité des gens se fichent totalement puisqu’ils n’ont « rien à cacher », pour évangéliser sur l’utilisation des logiciels libres. C’est une démarche que je peux comprendre mais dont je peux aussi comprendre qu’elle passe mal pour d’autres. Et comme c’est demain trolldi, nous allons avoir matière à troller un peu.

Les logiciels libres sont souvent avancés comme une mesure de sécurité et de protection des données personnelles, c’est partiellement vrai. L’argument est valide, même si les logiciels libres sont attaqués, comme les logiciels privateurs de libertés. Mais la liberté est une chose, la sécurité en est une autre.

Et quand on cause avec Bruno… c’est crypto

La cryptographie, ou l’art du chiffrement : on parle en fait de mesure de protection des données par le chiffrement. Le chiffrement peut être opéré pour transporter les données (typiquement lorsqu’on transfert un fichier d’une machine à une autre machine), ou alors pour le stockage des fichiers (chiffrement des données stockées sur un disque dur). On le martèle souvent dans ces pages, le chiffrement n’apporte pas à lui seul la sécurité des communications. Le chiffrement, sécurise les données, mais cette sécurité devient caduque si le contexte est compromis.

La sécurité d’une communication n’est assurée, comme le rappelle justement l’article mais en des mots différents,

C’est sur le second point, le plus critique car celui qui concentre toute la contextualisation de l’échange, qu’il y a matière à disserter. Et c’est aujourd’hui l’un des plus faillibles.

Et c’est là que Lionel et Frédéric commettent une maladresse dans leur article quand ils écrivent :

Cette garantie d’intégrité de nos systèmes informatiques est le premier  stade et de loin le plus vital pour la préservation de notre vie privée.  Car de l’aveu d’Edward Snowden lui-même, dans un récent chat avec les  lecteurs du Guardian : «Le chiffrement fonctionne […]. Malheureusement, la sécurité au point de départ et d’arrivée [d’un courriel] est si dramatiquement faible que la NSA arrive très souvent à la contourner.»  Il ne sert donc à rien de chiffrer un message pendant son acheminement  de A vers B, si A et B sont des systèmes privateurs incapables de  garantir contre l’intrusion d’un tiers. »

Si on lit en diagonale, on se dit que de toutes façons, c’est fichu, chiffrer ne sert à rien puisqu’on est sous Windows ou sur Mac, qu’on a rien à cacher et que de toutes façons, Linux tout ça c’est vachement compliqué.


♫ Rien à cacher – Jérémie Zimmermann et la… par Mediapart

Lionel et Frédéric ont raison quand ils expliquent avec leurs mots que le chiffrement, à lui seul, n’assure pas la confidentialité d’une communication. Une communication est sécurisée uniquement si elle remplie les critère suivants :

Un argument un peu mousseux au niveau des carcasses ?

Oui et non. Mais il faut reconnaitre que cette argumentation est casse gueule. Et c’est bien ce qui a fait bondir mon ami Bruno.  Il n’y a pas de point plus vital que l’autre. La sécurité est une chaine, si un maillon pète, on en retrouve au plafond. L’autre dimension, c’est qu’il faut bien comprendre de quoi on se protège pour être en mesure de mettre en oeuvre les bonnes techniques permettant de garantir la confidentialité des communications.

Pour des interceptions non ciblées, le chiffrement se suffit à lui même, c’est là la maladresse de Lionel et Frédéric. Car c’est bien de ces interceptions là dont il est question et qui ont choqué dans les révélations d’Edward Snowden. Le chiffrement n’est pas inutile, ce n’est pas une option, et les « papas » d’Internet se mordent aujourd’hui les doigts de ne pas avoir pensé un Internet « privacy by design ».  Vous notez que là, nous parlons d’Internet, de protocoles, ouverts et libres. Nous n’abordons pas les OS à ce stade. Nous parlons de l’informatique comme elle devrait être dans un monde parfait. Les experts en sécurité le savent bien, c’est souvent l’implémentation hasardeuse de protocoles qui conduit à des catastrophes. Mais pour les interceptions non ciblées, il faut reconnaitre que les outils de chiffrement sont la bonne approche.

Pour les interceptions ciblées, c’est tout de suite plus compliqué, et c’est là que Lionel et Frédéric ont de bons arguments à faire valoir : mettre en avant des logiciels non privateurs, que l’on maitrise, ou malheureusement que l’on a l’illusion de maitriser. Dans les faits, je connais peu de gens qui lisent le code de chaque version d’OpenSSL après une mise à jour. Oui les logiciels libres devraient être la norme, et ils le deviendront… mais non ceci ne suffit pas à garantir la sécurité des échanges lors d’interceptions ciblées.

La NSA a développé tant d’outils, mis tant de moyens, pour exploiter des vulnérabilités non connues dans les logiciels que nous utilisons, qu’ils soient libres ou propriétaires, que la garantie d’un code libre ne peut à elle seule s’ériger en une garantie de sécurité et de confidentialité des communications. Et le meilleur des 0day, ça reste quand même l’exploit à la « batte de baseball’, ou l’art de péter les dents à un mec pour lui demander son mot de passe Truecrypt…

Nos terminaux téléphoniques fonctionnent en immense majorité sur nos logiciels libres chéris. Les PABX eux-mêmes qui acheminent nos communications sont dans une écrasante majorité propulsés par des logiciels libres. Et nous savons que ce n’est pas ça qui a empêché des écoutes massives. Ce qui empêche des écoutes massives, c’est bien le chiffrement.

Le fond du problème

Quand Lionel et Frédéric affirment

Il ne sert donc à rien de chiffrer un message pendant son acheminement  de A vers B, si A et B sont des systèmes privateurs incapables de  garantir contre l’intrusion d’un tiers. »

Il y a une confusion de taille. Un système, libre ou privateur, ne peut à lui seul garantir contre l’intrusion d’un tiers. Seules des mesures de protection du contexte peuvent le garantir. Ces mesures sont aussi bien des outils, que des comportements humains. Ces comportements ne peuvent s’acquérir qu’avec l’expérience, l’éducation… et ils trahissent souvent bien plus que les outils eux mêmes.

Lionel, Frédéric, vous le savez, les logiciels libres sont une évidence, mais dénigrer le chiffrement, c’est rendre leur utilisation aussi futile que celle des logiciels privateurs. En matière de confidentialité des communications, ce n’est pas l’un ou l’autre, c’est les deux PLUS un comportement d’isolation de contexte qui permet de contrer l’exploitation de métadonnées souvent aussi bavardes que le contenu d’une communication.

flattr this!

Source: http://reflets.info/lapres-snowden-la-confidentialite-cest-pas-simple-comme-linstallation-dubuntu/