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Printeurs 24

Sunday 24 August 2014 at 19:12

corridor
Ceci est le billet 24 sur 24 dans la série Printeurs

Je reprends péniblement conscience. Une douleur sourde résonne entre mes tempes et me cisaille le cerveau.

— À… À boire !
Ma bouche est pâteuse, ma gorge rêche. Chaque respiration me donne l’impression d’être devenu un robot de métal corrodé enfoui sous une tonne de sable. Une main me soulève la nuque et je sens le contact d’un récipient métallique sur mes lèvres. Les quelques gorgées d’eau que j’avale ruissèlent comme un torrent sur un lit trop longtemps asséché. Je déglutis douloureusement avant d’ouvrir les yeux.
— Alors ? Ça va mieux ?
Je cligne des paupières rapidement. Une paire de lunettes est penchée sur moi.
— Rassurez-vous, vous n’êtes pas blessé ! J’ai fait écran au moment de l’explosion.
Je réalise que, derrière les lunettes démesurées, un visage affable me parle. Un jeune homme a la peau extrêmement pâle. Il porte des traces d’acné mal soignée et ses cheveux en friche semblent avoir été laissé à l’abandon plusieurs années auparavant. Son corps est petit, osseux, chétif. M’apporter un verre d’eau a du représenter un véritable effort physique pour un organisme si frêle.
— Qui… qui êtes-vous ? fais-je en me redressant sur mes coudes.
— Appelez-moi Junior ! Mais ne vous relevez pas trop vite. Vous êtes au commissariat, en sécurité.
Je tente de rassembler mes esprits.
— Que s’est-il passé ?
— Un de nos clients, Monsieur Farreck, a fait une demande de protection d’urgence. Comme le prévoit le contrat de Monsieur Farreck, nous sommes intervenus immédiatement et nous avons aussitôt mis en sécurité tous les occupants du véhicule. C’est la clause d’extensibilité du contrat de Monsieur Farreck : nous devons également protéger ses proches.
— Comment va Georges ? Est-il blessé ?
— Non, rassurez-vous ! Il n’a même pas été assommé. Vous, par contre, avez pris le souffle d’une explosion de plein fouet. Vous allez ressentir de légères brûlures intérieures pendant quelques jours.
— Je veux parler à Georges.
— Il est déjà parti. Il soupçonne très fortement un certain Warren d’être à l’origine de l’attentat. Et, entre nous, le Warren en question n’y est pas allé de main morte. Waw !
Il secoue la main en sifflant et me gratifie d’un énorme sourire qui révèle une dent mal alignée. Son enthousiasme semble croître au fur et à mesure qu’il détaille l’attaque dont j’ai été victime.
— Je croyais que les drones kamikazes, on ne voyait ça qu’en territoire islamique ! C’était chaud. Sans la mousse airbag, on vous ramassait à la petite cuillère. Et encore, vous avez été assommé par le souffle de l’explosion au tout début, vous avez manqué le meilleur. On a établit un écran de protection et une couverture de feu nourri pour se tailler un couloir de fuite. C’était vraiment super, mieux qu’en compétition !
Je suis pris d’un léger doute. Ce jeune homme malingre et souffreteux me raconte les événements comme si il y était.
— Excusez-moi mais… vous faîtes partie de l’équipe ?
— Bien sûr, c’est moi qui vous ai tiré de la voiture.
Je manque de m’étrangler.
— Pardon ?
— Je m’appelle Junior Freeman. Enchanté de faire votre connaissance !
D’un geste ample, il me tend une main moite.

*

Alors que je suis Junior Freeman à travers les couloirs aseptisés du commissariat, je pose une question qui me brûle les lèvres depuis plusieurs minutes.
— Dîtes Junior, ce n’est pas que je veux paraître grossier mais le Freeman qui m’a sorti de la voiture…
— C’est moi, réplique-t-il avec un grand sourire.
— Mais alors, comment se fait-il que vous faisiez deux mètres de haut et presqu’autant de large ? Sans vouloir vous diminuer, vous n’êtes pas exactement ce qu’on appelle une armoire à glace. Non ?
Contre toute attente, il éclate d’un rire franc.
— Bien entendu ! Je suis un soldat d’élite ultra entraîné ! Je coûte trop cher pour être envoyé directement sur le théâtre des opérations. C’est la règle : si vous êtes face à un vrai policier en chair et en os, c’est qu’il n’est pas bon et qu’il peut être sacrifié. C’est évident, non ?
— C’est évident, en effet, annoncé-je sans avoir la moindre idée de ce qu’il sous-entendait.
— Comme les avatars coûtent énormément d’argent, seules les unités d’élite en utilisent. Et puis, je ne suis pas sûr que cela soit très légal. Il y a une convention, une charte ou un brol de ce genre qui soumet leur utilisation à une autorisation gouvernementale. Mais bon, vous savez, moi, les règlements… Du coup, nos avatars sont anthropomorphes et portent nos noms. Légalement, quand mon avatar est dehors, c’est de moi qu’il s’agit.
— Ah… fais-je sans conviction. Et… c’est quoi un avatar ?
Junior s’arrête et, à son regard, j’ai l’impression que des antennes vertes et des tentacules m’ont brusquement poussé sur le visage. Après quelques secondes d’hésitation, il se reprend.
— Le mieux est que j’aille vous les montrer au garage. Suivez-moi !
Alors que je lui emboîte le pas, nous passons devant une porte ou deux policiers en armure montent une garde attentive. Sans se faire prier, Junior se lance dans une explication.
— Ce sont les appartement de votre ami John, que nous devons à tout prix protéger.
— Mais je ne connais pas ce John !
— Ah bon ? fait-il d’un air étonné. Pourtant Monsieur Farreck vous a nommé comme la seule personne de confiance autorisée à l’approcher. À part lui-même, bien entendu !
— Bien entendu…
Saluant à peine les deux gardes, il continue sur sa lancée dans le couloir. D’un geste, il me fait signe de le suivre.
— Vous venez ?
— Je veux voir ce fameux John.
Campé sur mes deux jambes face à la porte, la voix ferme, je tente d’adopter une posture d’autorité.
— Mais… je voulais vous montrer les avatars.
— Ils attendront.
— Mais… je ne sais pas si le règlement permet…
Je me tourne vers les deux gardes qui ne semblent même pas prêter attention à notre existence.
— Conduisez-moi à John !
L’un des policiers daigne abaisser vers moi un regard hautain.
— Seul Monsieur Farreck a le droit de voir Monsieur John. Ainsi que les personnes de confiance désignée.
— J’en suis une ! Ouvrez !
Il pousse un profond soupir et hausse les épaules en regardant son collègue. Sans aménité, il saisit ma main qu’il applique sur un lecteur. Un léger bruit se fait entendre et la mention “autorisé” s’affiche sur l’écran. Aussitôt, le garde se recule et m’adresse un salut.
— Excusez-moi monsieur, je ne savais pas ! Mais pour des raisons de sécurité, je dois rester avec vous.
Junior a fait demi-tour et arrive à ma hauteur.
— Vous ne préférez pas voir les avatars ? Parce que je ne suis pas sûr que le règlement permette…
Je lui lance un regard teinté d’ironie.
— Je ne suis pas sûr que le règlement permette l’utilisation des avatars sans accord du gouvernement. Alors, vous savez, moi, les règlements…
Il n’a pas le temps de me répondre que l’un des deux gardes a ouvert la porte et m’introduit dans un sas d’entrée. Il toque à une seconde porte et appelle.
— Monsieur John ? Une visite pour vous.
Derrière moi, j’entends le premier garde discuter avec junior. Dans sa voix perce une pointe de respect, de déférence. Junior, qui mesure deux têtes de moins et pourrait se tenir trois fois dans le pantalon du policier est visiblement un soldat respecté et expérimenté. Mais je n’ai pas le temps de m’intéresser au comique de la situation. Monsieur John vient d’arriver.
— C’est vous Monsieur Farr…
Sa voix s’étrangle dans sa gorge.

 

Photo par Tanakawho.

 

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Printeurs 23

Sunday 17 August 2014 at 20:34

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Ceci est le billet 23 sur 24 dans la série Printeurs

— Tu ne te souviens vraiment de rien ?
La voiture privée de Georges nous emmène à toute allure vers l’aéroport. J’ai décidé de me montrer coopératif. Après tout, s’il avait voulu se débarrasser de moi, Georges n’aurait eu qu’à claquer des doigts. Peut-être est-il sincère ? Je dois la jouer subtile, feindre l’acceptation totale tout en restant sur mes gardes. Alors que le véhicule nous emporte à toute vitesse hors de la ville, je regarde Georges dans les yeux et secoue négativement la tête.
— Rien. Le mur blanc.
— Bizarre… Bizarre…
— Au fait Georges, qu’ai-je fait avec toi durant tout ce temps ? Quel est ce grand projet dont je ne me souviens pas ?
— Tu dois te souvenir que je me bats pour améliorer les conditions de travail des ouvriers dans la zone industrielle.
— Euh… c’est possible. Quel est le rapport ?
— Les ouvriers sont aujourd’hui forcé d’accomplir des actions dangereuses, de manipuler des produits toxiques pour la simple raison que la robotisation de l’industrie coûte cher et ne permet pas la personnalisation extrême qui est aujourd’hui en vogue parmi les consommateurs. Si nous parvenons à industrialiser les printeurs, les ouvriers pourront travailler dans de meilleures conditions.
— Voire plus du tout.
— En effet…
— Tu espères donc transformer la majorité des ouvriers en télé-passifs ? Imagines-tu l’impact social ? C’est criminel Georges !
— Criminel ? Et forcer les individus à travailler 8h par jour, 4 jours par semaine dans des conditions dangereuses ce n’est pas criminel peut-être ? Le tout pour une situation qui n’offre aucun réel avantage par rapport à celle des télé-passifs !
— Oui mais personne ne veut devenir télé-passifs. C’est une question d’honneur, d’identité. Tu vas arracher à des milliers de personnes la seule chose qui leur donne le sentiment d’exister. Ils vont te haïr, te détester !
Les mots sont sortis spontanément de ma bouche mais ils ont un goût amer, artificiel. J’ai l’impression de ressasser des idées pré-mâchées, une propagande qui n’est pas la mienne. Depuis que je ne suis plus soumis à la publicité, je me surprends à être en désaccord avec moi-même, à découvrir des paradoxes dans les valeurs que je pensais les plus établies.
— Justement Nellio, il n’y a que moi qui puisse mener cela à bien. Toi tu es le créateur, l’ingénieur. Moi je serai la face publique. Les gens m’aiment Nellio. Les gens me reconnaissent. Si c’est moi qui parle, ils comprendront. Et même s’ils doivent me détester, c’est un prix à payer bien faible par rapport à la liberté que nous apportons à l’humanité. Peut-être que, libérés des contraintes, de l’obligation de présence, de la fatigue nerveuse, ils deviendront créatifs. Combien de Mozart, de Tolstoï, de Rowling, de Mercury, de Peegou n’ont jamais découvert leur propre talent car nous avons arbitrairement décidé que les télé-passifs sont une abomination morale, parce que nous avons érigé l’occupation inutile en sens ultime de l’existence ?
Je reste un instant sans rien dire, le regard perdu par la fenêtre. Les rues me semblent bien calmes. Georges m’a acheté une nouvelle paire de lentilles avec l’abonnement non-publicitaire total. Le ciel me semble à présent dégagé, aucune publicité ne vient plus perturber mes pensées et mon champ de vision.
— Georges, tu ne crois pas que tu exagères un peu les conditions de travail des ouvriers ?
— J’oubliais que tu ne te souviens plus du témoignage de John.
— Non, je ne m’en souviens plus. Mais pourquoi ne pas être plus progressif ? Il faut laisser le temps…
Ma phrase se termine en un hurlement bestial de terreur alors que que retentit une explosion assourdissante. La voiture semble faire un bon de plusieurs mètres. Pendant une fraction de secondes, je sens mon corps flotter en apesanteur avant de percevoir une douleur sèche dans le creux de l’estomac. Le genou de Georges. Ses mains agrippent mes épaules nous tourbillonnons dans un monde opaque et duveteux. Mon corps s’enfonce dans une mousse pâteuse qui s’insère dans ma bouche, mes narines. Je suis aveugle. J’étouffe.

J’inspire violemment une gorgée d’air. La mousse s’évapore. La voiture est sens dessus dessous. Des flammes dansent autour de nous, j’entends la voix de Georges.
— Intervention immédiate maximale.
— Georges ! crié-je.
— Nellio, ne bouge pas !
— Les flammes !
— Ne bouge pas ! Nous sommes dans un habitacle sécurisé. Les flammes brouilleront les capteurs du drone pendant quelques secondes et retarderont le prochain missile. La mousse airbag a parfaitement fonctionné et fait également écran.
— Mais… après ? On fait quoi ?
— Mes gardes du corps sont en route. Je les avais assigné à la protection de John.
— Qui serait assez fou pour envoyer un drone d’attaque en pleine ville ? hurlé-je. C’est de la démence !
Tournant légèrement la tête, je vois le visage de Georges. Un fin filet de sang lui dégouline du front, traverse ses sourcils avant de rejoindre sa lèvre. Un bruit violent me fait sursauter. Un main gantée de noire m’attrape soudain par le col et m’extirpe hors de la voiture. Je n’ai pas le temps de me débattre que je me retrouve nez-à-nez avec un policier caparaçonné des pieds à la tête. Une dizaine de ses collègues s’affairent autour de la voiture et pointent leurs armes vers le ciel tandis que Georges se relève en s’époussetant. Des coups de feu retentissent.
— Ne t’inquiètes pas Nellio, ce sont mes hommes.
— Ah… Et bien merci ! fais-je au géant noir qui se tient à mes côtés et dont je n’arrive pas à apercevoir le moindre morceau de chair. Sur la veste, je déchiffre un badge d’identification. J. Freeman.
— Merci J. Freeman !
— De rien monsieur, me réponds une voix caverneuse issue du masque. Monsieur Farreck nous paie pour ça.
— L’élite de l’élite, me fait Geroges avec un clin d’œil. Rien à voir avec tout ceux que tu as déjà vu qui ne sont, au fond, que des télé-pass à qui on a trouvé une occupation.
— Il y a quand même ceux qui ont tué Eva, fais-je en grinçant des dents.
— Les gouvernementaux ? De dangereux amateurs !
Dans la rue, les rares passants ont complètement disparu. Contrairement à la curiosité intrinsèque à tout citadin, les banlieusards semblent donner plus de valeur à leur tranquillité et à leur intégrité physique qu’au spectacle de voitures qui brûlent. Calmement, avec des gestes posés et mesurés, les policiers se rapprochent rapidement de nous pour former un mur humain.
— Escadrille de drones kamikazes en approche. Il faut évacuer la zone.
Le visage de Georges devient soudain pâle comme la mort.
— Warren, murmure-t-il. Je n’aurais jamais cru qu’il en arriverait à de telles extrémités.
— Quoi ? Le mec du conglomérat de la zone industrielle ?
Je lève les yeux au ciel. Au dessus de nous, des centaines de points bourdonnants semblent grossir.
— Qu’est-ce…
L’enfer se déchaîne soudain.

 

Photo par Norm Lanier.

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Les opportunités viennent toujours par deux…

Wednesday 13 August 2014 at 18:04

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Lorsque des opportunités s’offrent à moi et qu’un proche me fait remarquer que j’ai de la chance, je réponds que la chance, ça se provoque. Et que les opportunités se cultivent avant d’éclore. L’éclosion est le plus souvent totalement inattendue et se fait généralement par paire. Je viens d’ailleurs d’en faire l’expérience.

Alors que j’avais décidé de prendre du temps pour réfléchir à mes nombreux projets, je fus invité par Olivier Verbeke à passer une partie de mon temps dans le cadre idyllique de Nest’Up. Grâce à son enthousiasme, je me suis découvert une passion pour le partage d’expérience et l’accompagnement des startups. Après plusieurs mois de doute, d’exploration et d’incertitude, voilà que se présente enfin l’opportunité de transformer cette passion diffuse en un projet concret, solide.

C’est évidemment ce moment-là qu’a choisi mon ami Antoine Perdaens pour me proposer une opportunité complètement différente et inattendue.

Vous le savez certainement, je suis un grand utilisateur des réseaux sociaux. Je les trouve très pertinents pour partager l’information. Je collecte cette information dans Pocket et, afin d’alimenter mon blog, je trie les articles Pocket avec des tags suivant des thèmes avant de les regrouper dans des brouillons au format txt.

Or, Antoine est le CEO de Knowledge Plaza, une plateforme qui propose de faire… exactement ce que je fais pour mon blog mais au niveau de l’entreprise, pour des équipes allant d’une dizaine à plusieurs dizaines de milliers de personnes. Knoweldge Plaza, c’est le Facebook de l’entreprise agrémenté d’un Pocket sous stéroïdes, le tout enveloppé dans un moteur de recherche ultra puissant.

Le principal challenge de Knowledge Plaza est qu’il est complexe. L’outil est puissant et difficile à appréhender. Si les clients sont tous aux anges et chantent les louanges de KP, les nouveaux utilisateurs ont plus de peine à prendre leurs marques. De plus, comme Facebook ou Twitter à leur début, la valeur ajoutée et l’utilité de KP ne sautent pas immédiatement aux yeux. Y compris pour moi, qui suis pourtant assez sensible à la question.

Antoine étant bien conscient de ces défis, il m’a proposé de les relever. « KP a besoin d’élargir sa vision à long terme, de se projeter dans le futur. J’ai pensé que tu pourrais nous aider ».

Je me suis donc retrouvé face à deux opportunités complètement différentes, passionnantes. J’aime à croire que ces opportunités, je les ai provoquées.

Choisir, c’est renoncer.

Vous le savez, je résiste difficilement aux mots « vision » et « futur ». Je n’ai pas pu refuser. J’ai donc officiellement rejoint l’équipe de Knowledge Plaza sous le titre de Product Manager. Si Knowledge Plaza est un produit qui pourrait intéresser votre entreprise, n’hésitez pas à me contacter ou à demander une invitation pour rejoindre la Sphère, notre espace de test.

Mais si je tenais à partager ce nouveau cap avec vous, c’est parce qu’il illustre un principe qui m’est cher : ne cherchez pas à faire grandir une seule et unique opportunité particulière. Soyez actifs, faites ce que vous aimez et donnez de votre temps sans rien attendre en retour. Préparez un terrain fertile. Avec un peu de patience, les opportunités se présenteront d’elles-mêmes. Pas toujours de la manière dont vous les attendez mais toujours par deux.

Peut-être est-ce dans la surprise de l’inattendu et la difficulté du choix que se trouve tout le plaisir, vous ne trouvez pas ?

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Le principe d’inefficacité maximale

Sunday 10 August 2014 at 18:43

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Dans cet article, je montre que l’objectif réel d’une société recherchant le plein emploi est de devenir le plus inefficace possible. Force est de constater que nous sommes sur la bonne voie.

Nous avons souvent tendance à considérer un individu ou un système comme stupide parce qu’il ne remplit pas les objectifs prévus, qu’il n’a pas les résultats escomptés. Or, dans l’immense majorité des cas, une recherche un peu plus approfondie démontrera qu’il n’en est rien. La majorité des humains et des systèmes fonctionnent très bien. C’est juste que nous nous méprenons souvent sur l’objectif réel.

L’exemple de la politique

L’exemple le plus typique est la politique. Les politiciens sont critiqués mais quel est leur seul et unique objectif ? Être réélu. Tout le reste n’est qu’accessoire, même s’ils s’en défendent en toute sincérité. Pourquoi un politicien ordonne-t-il la construction d’une crèche ? Afin de pouvoir poser dans le journal lors de l’inauguration et l’ajouter à son bilan lors de la prochaine élection. Une crèche de 5 enfants avec un bel article dans le journal est plus rentable qu’une crèche de 50 enfants dont personne ne parle. Au fond, tout nos impôts ne servent qu’à financer une gigantesque campagne électorale permanente.

Et lorsqu’on observe le peu de renouvellement parmi les politiciens et la capacité des vétérans à se faire réélire d’année en année, il faut se rendre à l’évidence. Le système est très efficace, l’objectif est atteint.

L’objectif de l’emploi

Un autre objectif qui est devenu central dans notre société est celui de l’emploi. Le rêve ultime ? L’utopique plein-emploi ! Il faut donc créer de l’emploi. Pour l’individu moyen, le but principal est désormais de trouver puis de conserver un emploi à tout prix. Et cet emploi est défini en nombre d’heures par semaine.

Malheureusement, tout travailleur sait que s’il fait bien son travail, il devient plus efficace. Avec l’expérience, il parvient à passer moins d’heures pour le même résultat. Pire, les innovations permettent de réduire voire de faire disparaître complètement le travail humain. Toute activité humaine efficace, tout progrès tend à vouloir faire disparaître le travail. En termes d’emploi, c’est inacceptable.

Heureusement, la société dans son ensemble a trouvé une parade : l’inefficacité et le rejet du progrès.

L’inefficacité du secteur public

Désormais, toute la société humaine est axée sur un objectif principal : maximiser l’inefficacité. Des procédures complexes, de l’administration et de la bureaucratie à outrance, des règlements abscons et absurdes. Tout est bon afin d’être le moins efficace possible.

Le secteur public est le pionnier incontesté de l’inefficacité maximale. À travers les arcanes de l’administration, les obscurs bureaux et cabinets, vous essaierez en vain de vous faire une image précise de ce que sont les différents impôts, les subsides, les abattements fiscaux, les aides, les taxes et de la manière dont tout cela fonctionne. Souvent, vous vous retrouverez entre deux administrations qui vous adresseront des recommandations contradictoires ou, pire, ne sauront même pas comment vous aider, démontrant par là l’incroyable absurdité de leur existence.

La raison est toute simple : au plus le secteur public est complexe, au plus il crée de l’emploi. Directement (les fonctionnaires) et indirectement (comptables, experts fiscaux, juristes, …).

Outre qu’il pourra s’enorgueillir d’avoir créé de l’emploi, le politicien un peu malin pourra même ajouter un peu de complexité grâce à un module ou une structure qui portera un nom particulier, si possible le sien ! Être créateur du plan Machin ou avoir une mesure à son nom, quelle aubaine avant la prochaine élection !

Et du secteur privé

On pourrait croire que, dans le secteur privé, la situation serait différente. Après tout, le but d’une entreprise n’est-il pas de gagner de l’argent ?

Malheureusement, ce n’est plus le cas. Le but d’une entreprise est devenu de… créer de l’emploi. Cet intérêt complètement artificiel pour une entreprise est créé de toutes pièces via tous les mécanismes d’aide à l’emploi. Pour une entreprise bien installée d’une taille déjà importante, il devient paradoxalement parfois plus rentable de créer de l’emploi artificiellement que d’essayer d’être efficace.

Au sein de l’entreprise, l’inefficacité est maximisée tous les jours grâce, une fois encore, à des procédures administratives internes lourdes et complexes. On observe également la mise en place de boucle fermées. Par exemple, un service comptabilité qui se consacre à un service achat qui se consacre à un service informatique qui, lui-même, se consacre aux deux services sus-cités (exemple vécu). La particularité d’une boucle fermée est que vous pouvez la supprimer complètement de l’entreprise sans que cela affecte le reste de l’entreprise. Mais cela crée de l’emploi.

Une autre manière de maximiser l’inefficacité est de refuser toute avancée technologique. Il m’arrive régulièrement de rencontrer des services entiers qui font un travail qui pourrait être fait par un simple logiciel. Des dizaines de personnes remplaçables par un logiciel existant et fonctionnel ! Et, vous vous en doutez, le logiciel est bien plus rapide, fiable et performant. Mais cela détruirait l’emploi. Alors ne parlons même pas de la robotisation

La création d’emploi permet également de bénéficier du soutien inconditionnel de l’état en cas de coup dur. Pour un politicien, avoir permis à l’entreprise X de passer de 1000 à 2000 employés est une victoire politique. Le même politicien pourra ensuite se vanter de sauver 2000 emplois lorsqu’il aidera l’entreprise qui est à présent en difficulté suite à son inefficacité.

Enfin, la création d’emploi est surtout devenu un moyen de pression et de chantage sur la société toute entière. Celui qui peut créer ou détruire des emplois d’un claquement de doigts, ce qui est encore plus facile avec des emplois inutiles, détient le pouvoir réel.

Bénéficiaires et victimes

Cette situation d’inefficacité maximale est souhaitable pour les politiciens, qui se font réélire car ils créent ou protègent l’emploi, et pour les patrons des grandes sociétés. Ceux-ci ne cherchent plus, à travers leurs entreprises, à créer de la valeur dont tirer les dividendes. Ils cherchent simplement à créer de l’emploi ou à faire semblant de le faire. La rémunération n’est plus tant sous forme de dividendes que sous forme de très hauts salaires, justifiés par la responsabilité d’avoir beaucoup d’employés. Salaires qui continuent à être payés par l’état une fois que l’entreprise va mal. Les hauts salaires permettent également aux politiciens de s’attribuer régulièrement des augmentations par simple comparaison avec leurs homologues du privé.

Les victimes sont bien entendus les petites structures, les entrepreneurs qui font face à une administration kafkaïenne qui tente de justifier son existence en compliquant la moindre démarche. Ainsi que la toute grande majorité des citoyens, forcée d’accepter des emplois absurdes et inutiles tout en finançant le système avec des impôts très lourds. Heureusement, chaque emploi pris individuellement ne semble pas inutile. Il s’inscrit dans le système et son absurdité n’est pas flagrante. Et puis l’emploi étant tellement essentiel à l’identité individuelle, chacun s’accrochera bec et ongles à son illusoire utilité.

En conclusion, on peut en déduire que toute société qui cherche à créer de l’emploi va tendre vers son inefficacité maximale. Les individus tendront vers la position la plus inutile. L’inefficacité étant génératrice d’inégalité, elle accentuera la fracture sociale.

Heureusement, personne n’osera jamais avouer son inutilité. Personne n’osera jamais reconnaître qu’il passe la moitié de sa vie à creuser des trous avant des les reboucher.

Ou peut-être est-ce dommage

 

Photo par GTPS.

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Printeurs 22

Friday 8 August 2014 at 17:14

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Ceci est le billet 22 sur 24 dans la série Printeurs

Emportés dans le torrent impétueux de la vie, obnubilé par le présent, terrifié par le futur, nous en oublions parfois du prendre du recul, de savourer les moments de bonheur et les tournants inattendus que prend notre existence.

Par exemple se réveiller dans des draps doux et propres. Se faire apporter le petit déjeuner au lit par Georges Farreck. Le grand, l’unique Georges Farreck. Mater subrepticement le dessin de ses fesses à travers sa robe de chambre. Ajouter le piment de l’interdit en dégustant un croissant prohibé au beurre animal. Observer en silence les muscles saillants du cou de Georges se fondre avec le col en soie de son peignoir. Déguster. Profiter.

Alors, oui, Georges est peut-être un traître. Il est sans doute l’assassin d’Eva. Mais, sincèrement, aurais-je pu imaginer que Georges Farreck m’apporterait un jour le petit déjeuner au lit ? Que de chemin parcouru depuis cette désormais lointaine conférence où mon regard croisa celui d’Eva. Que de douleur et de sang. Eva. Max. Mais, en cet instant, en cette sublime seconde, peu me chaut. Je suis à moitié nu sur un lit avec Georges Farreck tandis que les miettes d’un croissant fondent sur ma langue.

— Alors Nellio, bien dormi ? Bien remis des émotions de hier soir ?
Georges me dégaine ce sourire irrésistible avec lequel il a bâtit sa carrière.
— J’avoue que je n’espérais pas te revoir, poursuit-il. J’étais réellement convaincu de ta mort.
— Ah ? fais-je tout en mastiquant soigneusement mon croissant.
— Il est vrai que l’on n’a pas retrouvé ton cadavre. Juste cette bille ensanglantée sur la nacelle. Et comme tu m’avais dit en rigolant que c’était ton porte-bonheur…

Je manque de m’étouffer et tousse bruyamment. Georges me tape amicalement dans le dos.
— De… Quoi ? Quelle nacelle ?
Georges paraît surpris.
— Et bien, celle du zeppelin bien entendu. L’enquête a déterminé que tu étais tombé dans le vide au cours d’une lutte avec un ouvrier temporaire, un ancien télé-pass en période de stage qui a lui aussi disparu. Ce que j’aimerais savoir c’est par quel miracle tu t’en es sorti vivant et pourquoi tu as attendu toutes ces semaines pour réapparaître. Et pourquoi es-tu retourné à proximité de notre ancien local ? Tu sais pourtant bien qu’il était grillé !
— Zeppelin ? Grillé ? Toutes ces… semaines ? Mais… quelle date sommes-nous ?
Malgré tout son talent, je perçois un net mouvement de recul chez Georges.
— Nellio ?
Sans qu’il n’aie esquissé le moindre mouvement, le moindre geste, la porte s’ouvre brutalement. Quatre hommes habillés de blanc se jette avec une rapidité effrayante sur moi et me maintienne au sol. Je sens une fine aiguille s’enfoncer dans la peau de mon bras.
— Excuse-moi Nellio, mais ton comportement est étrange. Je dois m’assurer que tu es bien celui que tu prétends être.
— Bien sûr que je suis Nellio ! Qui veux-tu que je sois ?
— Nellio, quel est ton dernier souvenir avec moi.
Je le regarde dans les yeux.
— Je suis dans ton appartement. Les policiers font irruption. Eva est tuée. Je saute par la fenêtre.
Georges ouvre la bouche, reste un instant interdit et se reprend.
— Continue Nellio. Raconte-moi !
— J’arrive au sol sans dommage grâce au câble d’évacuation. Je m’enfuis et je me cache dans notre local. Là…
J’hésite un instant. Puis-je révéler à Georges l’existence de la pièce secrète ?
— Continue ! m’encourage-t-il. Continue !
— Et bien, là, je… je fouille les décombres.
— Pourquoi ?
— Je ne sais pas trop pourquoi. Par désespoir peut-être. Bref, je m’approche d’une armoire en équilibre instable. Je sens un grand choc sur ma tête. Je ne sais pas combien de temps je suis assommé mais je me réveille. Je titube dehors et je suis arrêté par une patrouille de policiers.
— Tu parles de policiers. Quelques télé-pass à qui on donne une arme afin de calmer les autres. Quelle bande d’amateurs ! Mais au fait Nellio, tu n’as pas oublié un épisode ?
Je panique un instant. Georges serait-il au courant de l’existence de la pièce secrète ? Après tout, peut-être l’a-t-il lui-même installée !

D’un geste de la main, il me montre la bille blanche et noire.
— Je veux parler de ça. Et des vêtements que tu portais. Comment te les es-tu procuré ?
Je pousse un soupir.
— J’ai trouvé refuge provisoire chez une télé-pass. Mais c’est un détail.
— Son nom ?
— Isabelle. Mais pourquoi cet interrogatoire ? Et pourquoi suis-je maintenu de force par tes quatre cerbères ? Pourquoi sont-ils entrés ?
— Ils sont entrés car je les ai appelés.
De l’index, il me désigne son neurex avant de s’adresser à l’homme qui a enfoncé l’aiguille dans le pli de mon coude.
— ADN ?
— Identique monsieur. Aucune tentative de masquage ou d’altération.
— C’est bon, lâchez-le. C’est bien lui.
Aussi rapidement qu’ils étaient entrés, les hommes se retirent en silence. Tandis que je me masse les poignets et m’assieds sur le lit, Georges me regarde d’un air dubitatif.
— Je les ai appelé car j’ai eu un doute quand à ton identité réelle. Mets-toi à ma place. Un ami que je crois mort et disparu depuis plusieurs semaines fait une soudaine réapparition. Il agit bizarrement et ne semble pas se souvenir du dernier mois passé ensemble.
— Du… du dernier mois passé ensemble ?
Georges semble hésiter. Nerveusement, il frotte ses doigts sur ses lèvres. Je l’entends murmurer machinalement : « Amnésie, amnésie ». Il se tourne brusquement vers moi.
— Nellio, j’aimerais continuer avec toi le travail commencé. Mais tu dois me faire confiance.
— Mais… Mais je te fais confiance Georges.
— Non Nellio. Tu mens. Tu me crois responsable de la mort d’Eva. Je le sais. Je sais ce que tu penses. Je sais également que j’arriverai à te prouver mon innocence, à te convaincre de coopérer avec moi à un plan pour délivrer l’humanité toute entière. Mais cela va prendre du temps et, malheureusement, ce temps ne nous est plus imparti. Il faut accélérer. Il faut agir comme si je t’avais déjà convaincu.
— Mais comment peux-tu être aussi sûr ? bredouillé-je.
— Parce que, Nellio, il y a deux mois d’ici, nous avons eu exactement la même conversation.
— La même conversation ?
— Oui. Le lendemain de l’accident dans mon appartement, une patrouille de commissariat indépendant t’as trouvé au même endroit que hier, tenant le même discours et portant les même vêtements. Tu as passé la nuit dans cette même chambre. Chambre qui fût ensuite la tienne jusqu’à ta disparition.
— Il y a deux mois ? Mais… Mais ce n’est pas possible ! Tu inventes ! Tu essayes de me manipuler !
Georges se lève et dépose un petit objet dur entre mes mains.
— Réfléchis Nellio ! Réfléchis !

Par l’entrebâillement de la porte restée entrouverte, une forme rousse se glisse brusquement dans la chambre. En un éclair, la forme bondit et atterrit sur mes genoux où elle se met à ronronner en frottant son museau contre mon corps. George rigole.

— Si j’avais encore le moindre doute, le voilà levé. Guenièvre déteste les étrangers. Visiblement, tu n’en es pas un !

Tout en caressant l’énorme chat roux, je déplie les doigts et j’observe la bille que Georges vient d’y déposer. Une bille bicolore où le noir et le blanc se mélangent sans logique apparente.

 

Photo par Robyn Lee.

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Ce texte est publié par Lionel Dricot sous la licence CC-By BE.

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Venez découvrir les histoires de Ploum dans mon Tipeee

Thursday 7 August 2014 at 20:25

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Depuis que ce blog est payant, j’explore les différentes formes que peut prendre le prix libre. Comme vous le savez certainement, je suis tombé amoureux du principe de Flattr. Mais aujourd’hui j’aimerais vous parler des plateformes Tipeee et Patreon.

Flattr, le soutien du contenu

Ce qui m’a séduit chez Flattr, c’est la souplesse offerte au fan. Il suffit de déterminer un budget fixe par mois et on ne doit plus s’occuper de rien d’autres. De plus, Flattr permet d’être réellement exigeant et de soutenir les contenus de haute qualité. Flattr est fortement centré sur le contenu. Si vous ne connaissez pas encore Flattr, je vous invite à lire ce billet.

Par contre, Flattr possède deux désavantages de taille.

Premièrement, les artistes n’ont aucune idée de ce qu’ils vont toucher avant la fin du mois. La valeur d’un flattr individuel varie, rien que chez moi, entre 0,01€ et 10€. Si j’observe une moyenne relativement stable, aux alentours de 0,60€ le flattr, elle n’est aucunement garantie. La conséquence directe est que les artistes n’aiment pas Flattr, l’utilisent peu et n’en font pas la promotion.

En second point, flatter reste très difficile. Pour chaque contenu que le fan veut soutenir, il doit décider explicitement de cliquer sur le bouton Flattr. Mais si le contenu est lu à travers Pocket ou un lecteur RSS, l’opération devient complexe voire, comme quand je lis des articles sur mon Kobo, impossible. Et encore faut-il que l’artiste ait mis le bouton Flattr bien en évidence sur chaque article de son site ce qu’il fait rarement à cause du premier point sus-cité. Sans compter que tout cela doit se faire lorsque le serveur Flattr n’est pas en rade, ce qui n’est pas gagné.

Patreon et Tipeee, le soutien de l’artiste

C’est pour palier à ce problème que l’artiste Jack Conte a lancé Patreon. Alors que Flattr était lancé par des fans pour des fans, Patreon est lancé par un artiste pour les artistes. Le principe de Patreon est très simple : le fan promet une petite somme d’argent pour chaque contenu produit par l’artiste, avec une limite mensuelle. Un fan pourra, par exemple, proposer 1€ par chanson du musicien Untel et 3€ par vidéo du Youtubeur Machin.

Pour l’artiste, la situation est idéale : il sait exactement combien il va gagner par contenu produit. Il sait également qu’il suffit de convaincre le fan de s’inscrire une seule fois et que les paiements seront ensuite automatiques. Bref, cela résout les problèmes de Flattr et c’est la raison pour laquelle les artistes se sont précipités sur Patreon après avoir ignoré superbement Flattr. Patreon étant fort axé sur les États-Unis, un clone francophone européen a vu le jour : Tipeee.

Contrairement à Flattr, qui est centré sur le contenu, Patreon et Tipeee sont centrés sur l’artiste. Si c’est tout bénéfice pour l’artiste, cela a un coût pour le fan qui aura plus de mal à contrôler son budget et qui se voit obligé de soutenir tous les contenus de l’artiste qu’il apprécie.

Ploum sur Patreon et Tipeee

Pour un blogueur comme moi, Flattr est idéal. En l’utilisant, vous m’indiquez en effet quels sont les contenus que vous préférez et que vous voulez soutenir. Mais étant donné la qualité très disparate de mes billets, je ne peux décemment pas demander de soutenir l’écriture de chacun de mes billets sur Patreon ou Tipeee.

Par contre, comme vous l’avez peut-être remarqué, je me suis lancé dans la publication de mini-livres électroniques : des nouvelles, des recueils de textes ou des essais plus poussés qu’un simple article de blog. Chaque mini-livre est publié comme un très long billet de blog mais est également disponible au format epub et pdf.

Écrire et publier ces mini-livres me demande beaucoup plus de temps et de travail qu’un simple billet. Aussi, je vous propose de soutenir leur écriture, que ce soit par Patreon ou Tipeee, à votre convenance. Patreon est en dollars et fonctionne par carte de crédit ce qui génère une taxe variable assez élevée. Tipeee est en euros et prend une commission de 8%.

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Tentez l’expérience !

En me soutenant sur Tipeee ou Patreon, vous envoyez un message clair : « Ploum, tu arrêtes de procrastiner sur les réseaux sociaux, tu te sors les doigts du smartphone et tu te mets à écrire un truc un peu plus consistant qu’un billet de blog, genre ce truc dont le brouillon traîne dans un dossier depuis des mois voire des années. »

Mais, en plus, vous m’aidez à créer une véritable petite communauté au sein de laquelle nous pouvons interagir. Pour l’avoir testé avec mon NaNoWriMo, j’avoue que c’est extrêmement enrichissant et motivant. C’est peut-être ce qui manque le plus à Flattr : la possibilité de fédérer une communauté autour du créateur.

En attendant une solution parfaite qui reprendrait le meilleur des deux mondes et qui serait intégralement décentralisée grâce à la blockchain Bitcoin, je vous laisse choisir, tester et expérimenter la manière qui vous convient le mieux de soutenir, sur Flattr ou sur Tipeee, les artistes comme Gee, Dany Caligula et… votre humble serviteur. Merci d’avance !

 

Photo par Peupleloup.

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Printeurs 21

Friday 1 August 2014 at 18:05

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Ceci est le billet 21 sur 24 dans la série Printeurs

Printeurs est un feuilleton hebdomadaire. Les 19 premiers épisodes sont disponibles sous forme d’ebook.

Une main gantée me tourne brutalement la tête, me tordant le cou. Un léger flash lumineux me fait cligner des yeux.
— Identification rétinienne confirmée, chef !
— Ménagez-le ! gronde une voix. Ce n’est pas un télé-pass.
Immédiatement, je sens faiblir l’emprise des mains sur mon visage et mes épaules. L’étonnement est palpable.
— Pas… pas un télé-pass ? C’est que c’est un criminel alors, pourquoi le ménager ?
— L’identification sur mon prompteur dit de le ménager alors tu le ménages ! Par les couilles de ta mère, tu te prends pour un intellectuel dans Podcast Débat Littéraire ? Si ça se trouve le mec est le fils d’un Actionnaire et tu voudrais le malmener.
— Mais chef…
— Tu fermes ta gueule et tu obéis ! Si ça te convient pas, y’a des milliers de télé-pass qui vendraient le rein qui leur reste pour être à ta place.
— Bien chef !
Avec un ménagement maladroit, la main me force à me relever. Je suis emmené vers un fourgon.
— Si votre altesse veut bien se donner la peine d’entrer, persifle mon guide.
Étonné par mon manque de résistance et de réaction, j’observe avec détachement le siège se mouler aux contours de mon corps et m’enserrer d’une étreinte confortable mais ferme. Sans que je m’en sois rendu compte, mes poignets se sont légèrement enfoncés dans des accoudoirs inébranlables. Je secoue la tête et cligne plusieurs fois des yeux.
— Notre client se réveille !
— L’effet du flash rétinien est encore trop court. Mais il paraît qu’ils y travaillent.
— Y’a des télé-pass qui se plaignent de séquelles permanentes. Comme quoi ça ferait baisser les capacités du cerveau y parait.
— T’inquiète pas, toi tu ne risques rien.
Un rire gras parcourt le véhicule.
— Rigolez ! N’empêche que les télé-pass ont maintenant des flashs de contrebande. C’est un peu comme un shoot : ça ralentit le temps, ça met dans un état second.
— Ralentir le temps chez les télé-pass, cela me semble un bon plan, non ?
— C’est peut-être pour ça qu’ils arrivent à se fournir si facilement.
J’ai du mal à me concentrer. Leur discussion me semble lointaine, détachée de ma réalité. Je lutte pour respirer profondément, garder les yeux ouverts. Le véhicule vient de s’arrêter. L’étreinte de mon siège s’est brusquement détendue et un bras s’est posé sur mon épaule.
— On est arrivé votre Altesse ! Terminus, tout le monde descend !
Je titube, un instant ébloui par la lumière du corridor blanc dans lequel est stationné le fourgon. Un bruit de pas se fait entendre. Le chef s’est retourné et étouffe une exclamation de surprise. Se reprenant, il lance un bref :
— Gaaaaaaaaaard… à vous !
Mes cerbères se sont brusquement raidis. Du coin de l’œil, j’aperçois dans mon dos un uniforme bardé de galons argentés ainsi qu’un costume en civil. Ce dernier ouvre les bras et lance :
— Nellio !
L’un des policiers donne un coup de coude à son voisin en murmurant :
— Couille d’Actionnaire, on dirait que c’est Georges Farrek avec le colonel !
— Merde ! Le Georges Farrek ! Tu crois qu’on pourra lui demander un autographe ?

*

Depuis que nous sommes sortis du commissariat indépendant pour grimper dans une limousine privée, je n’ai pas encore ouvert la bouche. Georges Farrek ne semble pas s’en offusquer et parle pour deux. Du regard, je suis ses lèvres sensuelles, j’observe sans écouter les mots sortir de cette bouche que j’aimerais tant embrasser et qui appartient à l’assassin d’Eva. Eva ! Eva !
— Oui, je sais que la mort d’Eva n’est pas facile pour toi.
Surpris, je réalise que j’ai parlé à voix haute.
— Que veux-tu que je te dise de plus que ce que je t’ai déjà dit, poursuis Georges. Eva comptait beaucoup pour moi également. Je donnerais tout ce que j’ai pour la faire revenir. Je ne suis pas un traître ! J’ai été, comme toi, une victime de cette erreur policière.
Son visage respire la sincérité. Mais n’est-il pas un acteur professionnel ?
— Cela ne nous console pas mais sache que mes meilleurs avocats ont intenté une action contre cette société de milice policière. C’est un véritable scandale ! Ne t’avais-je pas déjà parlé de cela ?
Je secoue la tête sans comprendre. Tendrement, Georges me prend les mains.
— Nellio, après ce que nous avons vécu ensemble, je croyais que tu m’avais pardonné, que tu ne me rendais plus responsable de ce drame atroce.
— Après ce que nous avons vécu ? bégayé-je sans assurance.
— Et puis voilà qu’après Eva, je te perds toi. Je m’en suis voulu de n’avoir pu te protéger. Mais, les Actionnaires soient loués, tu es en vie ! Je n’arrive toujours pas à y croire ! Tu n’imagines pas ma joie quand j’ai reçu l’appel de mon ami le Colonel Affout m’annonçant que tu avais été trouvé par une patrouille d’un commissariat indépendant. J’ai tout abandonné et je me suis précipité avec lui pour te venir te chercher.
La sincérité sue par tous les pores de la peau de Georges. Pourtant, je n’arrive pas à voir dans son comportement autre chose qu’une vaste séduction, un mensonge éhonté dans le seul et unique objectif de m’utiliser d’une manière ou d’une autre. Mais pourquoi ? Quel est le véritable secret de Georges Farrek ?
— Tu ne réponds rien ? Parle moi Nellio ! Dis-moi quelque chose ! Je ne sais toujours pas ce qui t’es arrivé depuis ta disparition ! La police m’a même annoncé ta mort mais je me refusais d’y croire sans avoir vu ton corps.
— Je… Les effets du flash, bredouillé-je.
— Tu as été flashé ? Ah les barbares ! Ces policiers sont pires que les télé-pass les plus réactionnaires. La lie de l’humanité. Ah, je vois que nous sommes arrivé. Le sas privatif est en train de nous connecter à la cage d’ascenseur.
La portière de la limousine s’écarte et cède la place à un étroit couloir tapissé d’un fin plastique semi-transparent. En quelques enjambées, Georges a franchi la distance qui nous sépare de l’ascenseur. Glissant mes doigts sur le fragile tunnel, je m’attarde un peu.
— Je sais que tu n’aimes pas ça, lance Georges avec un rire forcé. Mais, que veux-tu, c’est la rançon de la célébrité.
En quelques secondes, l’ascenseur nous emmène dans un appartement que je ne connais pas. Suivant Georges à travers un long couloir, je me retrouve dans une vaste chambre lumineuse et sobrement meublée.
— Tout doit te sembler confus. Ne t’inquiète pas, il s’agit du flash. Une bonne nuit de sommeil et tu seras en pleine forme pour me raconter tout ce qui t’es arrivé depuis ta disparition.
Il me regarde et me lance un clin d’œil.
— Et puis, j’espère qu’on pourra se remettre au travail !
Le sourire aux lèvres, il tourne les talons avant de se raviser.
— J’oubliais, fait-il. Lorsque tu as disparu, j’ai trouvé ceci. Je sais que tu y tenais, je le gardais en souvenir de toi. Un peu comme une relique. Je me dis que ça te fera plaisir de le retrouver.
Il me glisse un petit objet dur et rond entre les doigts avant de s’éclipser et de fermer la porte. Je regarde ma main. Il vient de me donner une bille. Une petite bille bicolore où s’enchevêtrent sans logique apparente le blanc et le noir.

 

Photo par CICampbell.

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Source: http://ploum.net/printeurs-21/


Votre idée ne vaut rien

Tuesday 29 July 2014 at 13:55

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Je suis régulièrement appelé à l’aide par des entrepreneurs ou des startups naissantes qui ont une idée géniale mais qui sont inexplicablement bloqués ou qui n’arrivent pas à se lancer. Après les avoir écouté, ma première réaction est toujours : « Vous n’avez pas d’idée. Vous croyez juste avoir une idée. Et de toutes façons, une idée ne vaut rien. » Sympa le Ploum !

Écrire votre idée

La plupart des personnes que je rencontre me disent travailler à leur idée depuis des semaines voire, parfois, des années. Dans l’immense majorité des cas, elles n’ont rien à me montrer. Tout est dans leur tête me disent-elles.

Or une idée n’existe même pas si elle n’est pas fixée sur papier (ou sur écran). Tant que vous n’avez rien écrit, rien produit, vous n’avez pas d’idée. Vous avez juste une intuition.

Tant que l’idée reste cantonnée dans votre tête et se limite à des discussions orales, elle ne progresse pas, elle ne se confronte pas à la réalité. Votre cerveau oubliera les problèmes et les contradictions, butera sans arrêt sur les mêmes remarques.

Vous pouvez écrire un texte racontant l’expérience d’un de vos utilisateurs. Ou faire un schéma de votre produit. Ou bien imaginer la page web de votre société, celle qui devra convaincre les visiteurs en quelques secondes. Certains préfèrent le mindmapping. Tout est bon du moment que le support soit fixé, que vous puissiez le raffiner et que vous puissiez observer l’évolution.

Tant que vous n’avez rien de concret, rien d’écrit, ce n’est pas du « travail sur votre idée », c’est ce que j’appelle du « branlage de nouille ».

Au fait, non, vous n’êtes pas justement l’être exceptionnel, le seul humain de la terre qui puisse tout faire dans sa tête sans écrire. Si vous n’avez rien écrit, votre réflexion est encore au stade néolithique. Pourquoi croyez-vous que l’invention de l’écriture ait été une révolution ?

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De toutes façons, si vous êtes trop paresseux pour prendre une feuille de papier et mettre votre idée par écrit, abandonnez tout de suite l’idée de créer une startup.

Confronter votre idée

Une fois que vous avez une idée concrète fixée sur un support, vous devez en permanence la confronter. Une fois encore, le support a de l’importance. Si vous n’avez pas de support, vous adapterez inconsciemment votre discours à la personne en face de vous. Vous lui ferez miroiter les bons côtés et vous écarterez les questions dérangeantes d’un haussement d’épaule. Vous compenserez les faiblesses de votre projets par votre rhétorique.

Utilisez toujours un support pour expliquer votre idée. Rien ne vous empêche d’écrire ou de faire un dessin en direct ! Inscrivez toutes les questions, les remarques que vous recevez avant même d’y répondre.

Quelle que soit votre idée, vous recevrez toujours un feedback positif de vos amis et de votre famille. Cherchez le feedback négatif ! Il m’est déjà arrivé de critiquer une idée qu’on me présentait et de me faire remballer car « Tous mes potes trouvent l’idée géniale ».

Soyez aussi particulièrement attentif à l’incompréhension. Si vous n’arrivez pas, en quelques minutes, à expliquer votre idée à une personne comme moi qui est a priori compétente, intéressée par le domaine et prête à vous écouter, ce n’est pas l’auditeur le problème. C’est vous ! N’oubliez pas que, par après, vous aurez à convaincre un public nettement moins réceptif, nettement moins compétent et disposant de nettement moins de temps !

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Enfin, si une personne vous semble enthousiaste, demandez-lui combien elle serait prête à payer, hic et nunc, pour pouvoir utiliser votre service ou produit. Prétendez que vous faites des précommandes. Si la réponse est « Moi, non, mais je suis sûr qu’il y a un marché pour ça ! », une lumière rouge doit s’allumer dans votre cerveau. Les cimetières de startups sont remplis d’idées dont « personne ne veut mais dont tout le monde pense qu’il y a un marché pour ».

La lumière verte que vous devez provoquer est une personne qui, après vous avoir entendu, demande spontanément quand elle pourra se procurer votre produit ou s’inscrire à votre service ou lire votre roman ou voir votre film.

Faire pivoter votre idée

Une notion fondamentale de la création d’une startup est le pivot : vous modifiez votre idée de base pour vous concentrer sur un segment particulier du marché voire pour adresser un besoin complètement différent de celui initialement envisagé.

Si, depuis votre première intuition, vous n’avez pas pivoté, c’est que votre idée ne vaut rien mais que vous y êtes accroché aveuglément.

Est-ce qu’on réussit un chef d’œuvre en jetant de la peinture sur une toile ? Pourtant, c’est ce que fait notre cerveau lorsqu’il a une intuition. En l’écrivant, la décrivant, la schématisant, vous forcerez votre idée à pivoter, à faire des ajustements. En la confrontant, vous générez des pivots plus importants.

Si vous ne savez pas me montrer au moins un pivot majeur dans votre idée, c’est soit que vous êtes le mec le plus chanceux du monde et que vous avez gagné à l’Euromillions trois fois de suite avec des tickets trouvés par terre. Ou bien que votre idée ne vaut rien.

Réaliser votre idée

J’ai eu l’idée de réaliser une peinture qui représenterait une jeune femme au regard et au sourire énigmatique. À votre avis, quelle est la valeur de cette idée ?

Nulle ! Bien entendu. Par contre, la Joconde est un tableau d’une valeur inestimable. Toute la valeur est dans la réalisation. Pour une startup, c’est pareil. Je peux vous citer des services web qui faisaient exactement ce que font Twitter et Facebook avec des années d’avance mais qui n’ont jamais eu de succès. L’idée de base était là mais des tas de petits détails, techniques ou marketing, ont fait la différence.

Je suis également souvent confronté à des « idées géniales » pour laquelle le dépositaire n’a aucune compétence technique. Non, il ne suffit pas de « trouver un programmeur qui va implémenter mon idée » ou un « chimiste qui va faire une batterie super légère qui a une autonomie de plusieurs jours ». Si votre valeur ajoutée se résume à « apporter l’idée et la vision », votre valeur est nulle et l’équipe devrait se débarrasser de vous.

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Chaque jour, 7 milliards d’êtres humains sur terre sont confrontés aux mêmes problèmes que vous. Ils ont accès à la même connaissance, aux mêmes technologies. Ils ont donc les mêmes idées que vous. Votre idée, seule, ne vaut donc absolument rien.

Par contre, chaque réalisation sera unique. Et c’est là que vous pouvez faire la différence. C’est même votre seule solution.

Libérer votre idée

En discutant avec une jeune startup confrontée à un problème majeur, j’ai émis l’idée d’un pivot qui me paraissait sensé. Les créateurs l’ont refusé sous le prétexte que « Ce n’était pas leur idée ».

Vous n’êtes pas votre idée ! Votre idée ne fait pas partie de vous, de votre identité. Elle est mouvante et doit évoluer en se nourrissant de tout ce qui passe à sa portée. Ne perdez jamais une occasion de la décrire, de la présenter et de la modifier.

Vous aurez sans doute peur qu’on vous vole votre idée. Pensez-vous sincèrement être le seul sur 7 milliards d’êtres humains à avoir eu cette idée ?

Si, vraiment, quelqu’un peut « voler » votre idée après quelques minutes de présentation, sans avoir les détails, sans avoir comme vous passé des semaines et des mois de réflexion et de recherche, sans être comme vous passionné par la problématique, c’est que, honnêtement, votre idée ne vaut rien. Elle mérite d’être « volée » ! Je préfère employer le mot « partager ».

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Et puis, si le « voleur » réalise votre idée mieux que vous ne l’avez fait jusqu’à présent, c’est qu’il est plus efficace que vous et que vous n’étiez sans doute pas la bonne personne pour cette idée particulière.

Vous ne devez pas avoir une idée mais 1000 !

Il ne se passe pas une seule journée sans que je crée une startup. Tous les jours, je crée au moins une, si pas deux ou trois startups. Du moins j’en ai l’idée et je les crée dans ma tête. Elles sont toutes géniales jusqu’au moment de les mettre sur papier. Parfois, je vais assez loin dans la description. Certaines idées me semblent tellement bonnes que je travaille dessus pendant un mois ou deux. Je trouve des partenaires. Je discute. Je confronte. Avant de me rendre compte que, peut-être, je n’avais pas d’idée du tout.

J’ai eu l’idée de centaines de billets de blog qui seraient géniaux. Des centaines si pas des milliers ! Parfois, elles me trottent dans la tête pendant plusieurs jours. Puis, j’écris un résumé succinct sur une fiche. Avant de me rendre compte que mes idées sont bien plus confuses que ce que je croyais. Parfois, convaincu, je m’atèle à l’écriture du billet. Voire je le termine. Avant de me rendre compte, à la relecture, que c’est nul. J’ai déjà jeté de longs billets sur lesquels j’avais travaillé pendant près d’un mois.

Heureusement, tout n’est pas à jeter. Sinon vous ne liriez pas ce blog. Mais si vous avez une et une seule idée, alors elle ne vaut rien. Vous devez en avoir mille, dix mille ! En changer tous les jours. En jeter, en trier, en travailler, en abandonner. Et parfois revenir vers une ancienne.

Alors, peut-être, vous trouverez une idée qui, comme toutes les idées, ne vaut rien mais dont la réalisation aura de la valeur. Là, vous pourrez enfin vous mettre sérieusement au travail.

 

Photo par Kris Williams. Je recommande également ce billet sur le blog Freedelity et celui-ci sur le Framablog. Relecture par Thé en Bulles et Sylvestre.

 

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Ce texte est publié par Lionel Dricot sous la licence CC-By BE.

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Source: http://ploum.net/votre-idee-ne-vaut-rien/


Quelle est la valeur de votre temps de cerveau ?

Sunday 27 July 2014 at 18:56

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Lorsque je parle du prix libre, j’explique que la valeur n’est pas liée au prix. Au contraire ! En économie, un agent économique ne va justement payer un prix que s’il estime obtenir une valeur supérieure. Si cela semble évident pour l’échange de biens, appliquer la réflexion à la publicité conduit à une seule conclusion : nous devons éviter la publicité à tout prix et la bloquer dès que possible !

Le prix de la publicité

Le but d’une publicité est de se glisser jusqu’à votre cerveau, que ce soit à travers votre vue ou votre ouïe. Le patron d’une chaîne de télévision avait employé des mots très justes pour parler de la publicité en se déclarant « vendeur de temps de cerveau disponible ».

Les publicitaires paient donc un prix à tout support qui, de manière visuelle ou auditive, va donner accès aux cerveaux. Prenons un exemple dont les chiffres sont entièrement fictifs : admettons qu’une agence de publicité comme Google paie 1 centime aux sites web que vous visitez pour chaque publicité que vous visionnez. Ce centime va dans la poche du blogueur ou de l’auteur de la vidéo que vous consultez. C’est leur salaire pour avoir attiré votre cerveau et l’avoir rendu disponible. Google, de son côté, revend votre temps de cerveau 2 centimes à un annonceur.

Le fait que l’annonceur soit prêt à payer 2 centimes juste pour s’afficher un bref instant dans votre champs d’attention est la preuve que, pour cet annonceur, la valeur de la publicité est supérieure à 2 centimes. Si, par mois, vous êtes exposé à 100 publicités de cet annonceur, c’est qu’il est convaincu que vous allez augmenter ses bénéfices de plus de 2€ par mois. Sans doute de 3€ ou 4€ par mois.

Si l’annonceur vend un produit ou un service qui coûte 20€ et sur lequel il fait 10% de bénéfice net (le reste allant aux matières premières, à l’emballage, à la production, aux transports, aux salaires et à la vente), cela signifie que l’annonceur est certain que vous allez acheter au moins 2 produits par mois. Bref que vous allez dépenser 40€ par mois là où l’annonceur a dépensé 2€ et où votre blogueur favori a reçu 1€.

Je vous vois hocher la tête en disant que vous, vous n’achetez pas comme ça. Mais si. Vous le faites sinon l’annonceur ne paierait pas. Mais vous ne vous en rendez même pas compte ! C’est là toute la force de la publicité.

Le coût de la publicité

Tout cela n’est rendu possible que parce que vous avez réalisé un échange économique avec votre blogueur favori : vous lui donnez le contrôle de votre cerveau plusieurs minutes par jour en échange de son contenu. C’est aussi simple que cela.

Rappelons-nous que le temps, c’est la vie. Notre vie n’est faite que de temps. Notre cerveau, c’est nous, notre identité, notre personnalité. Ce que nous échangeons contre un article ou une courte vidéo est donc bien un morceau de notre vie et de notre personnalité. Bref, nous bradons notre bien le plus précieux : notre vie, notre personnalité !

Le premier effet est, bien évidemment, de nous faire dépenser notre argent. Dans cet exemple ce sont 40€ que nous aurions pu économiser en nous passant d’un achat inutile ou en préférant une alternative bon marché.

Mais pour arriver à ce résultat, notre personnalité, notre perception a dû être modifiée. En bref, après une publicité, nous ne sommes plus les mêmes. Nous avons transformé notre identité en suivant inconsciemment les directives de l’annonceur.

Cela vous semble exagéré ? Tiré par les cheveux ? N’oubliez pas que l’annonceur donne une grande valeur à ce temps de cerveau auquel vous, vous n’accordez que peu d’intérêt ! C’est la base de l’échange économique : vous cédez ce que vous n’utilisez pas ou ne voulez pas utiliser. Votre cerveau et votre vie.

Certains annonceurs veulent faire interdire les logiciels anti-publicité ? Hormis la dangereuse absurdité technique, j’estime qu’ils devraient, au contraire, être obligatoires ! Mon cerveau, ma vie et ma capacité à penser par moi-même ne sont pas à vendre !

La valeur de la publicité

Ce constat est tellement effrayant que beaucoup refusent de l’admettre et se bercent d’illusions : « moi, je ne me laisse pas influencer par la publicité » ou « j’aurais de toutes façons acheté ce bien ». Malheureusement, toutes les études démontrent le contraire : la publicité a un effet tellement profond que même les publicitaires le sous-estiment.

Pour moi, la conclusion est sans appel : je fuis comme la peste les supports publicitaires. Je n’ai pas la télévision ni la radio. Je ne vais plus au cinéma. Et je ne surfe jamais sans Adblock. Si une vidéo Youtube commence par une publicité, je me pose la question : « Ce contenu mérite-t-il vraiment mon temps de cerveau ? ». Sans surprise, la réponse est toujours « non ». C’est même devenu un indicateur : s’il y a une publicité alors la vidéo a une grande probabilité d’être inutile.

Ce régime strict demande une certaine discipline mais, après quelques semaines, lorsque je suis confronté à une publicité, je ne peux qu’être estomaqué par la violence visuelle et auditive qui est infligée quotidiennement à notre cerveau. Une violence que je n’avais jamais remarquée auparavant. La publicité est comme le sucre de notre alimentation : invisible mais retirez-le pendant un mois et, une fois votre corps déshabitué, il vous dégoûtera.

Et ceux qui vivent de la publicité ? Et bien, comme je l’ai déjà dit, leur business model n’est pas mon problème.

Je soutiens les échanges réciproques de valeur. Je suis prêt à soutenir, flattrer ou faire un don à tout contenu qui m’apporte de la valeur. Si le créateur du contenu se rémunère par la publicité, c’est que ce n’est pas à moi qu’il cherche à apporter de la valeur ! Par essence, le fait d’introduire la publicité va pervertir le contenu.

Lorsqu’un créateur de contenu demande ou exige de son public qu’il fasse ce qu’il n’a pas envie de faire (désactiver Adblock), lorsqu’un business en est réduit au chantage moral pour justifier sa survie, fuyez !

Je n’arrive peut-être pas à gagner ma vie avec mon blog. Mais je sais que chaque paiement, chaque contribution à ce blog a été envoyée parce que le lecteur avait envie de le faire, parce qu’il se sentait engagé avec moi dans un échange de valeur réciproque.

Les publicitaires ont tout à gagner du fait que vous soyez abruti, que votre cerveau perde sa capacité à réfléchir. Cela augmente votre docilité et, par extension, la valeur de votre temps de cerveau. Par opposition, mon intérêt sur ce blog est tout autre. Plus mes lecteurs sont intelligents, plus ils lisent, plus ils découvrent et plus je gagne de l’argent ou des contributions. Leur temps de cerveau m’est donc infiniment précieux !

Alors, à quel type d’échange souhaitez-vous participer ? À quel prix êtes-vous prêt à vendre votre temps de cerveau, votre vie et votre capacité de penser ?

À vous de choisir !

 

Photo par Stevie Gill. Relecture par Aleph Dombinard et Sylvestre.

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Ce texte est publié par Lionel Dricot sous la licence CC-By BE.

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Source: http://ploum.net/quelle-est-la-valeur-de-votre-temps-de-cerveau/


Printeurs 20

Friday 25 July 2014 at 18:05

drone
Ceci est le billet 20 sur 23 dans la série Printeurs

Printeurs est un feuilleton hebdomadaire. Les 19 premiers épisodes sont disponibles sous forme d’ebook.

Noir. Néant. Douleur. Sensation d’étouffer.

J’ai l’impression d’avoir été soudainement englué dans une masse huileuse et sombre. Mon corps hurle de douleur, brûle, se consume. Je suis aveugle. Dans la fureur du désespoir je donne des violents coups de pieds, j’agite les bras sans savoir dans quel univers je suis.

Une chute. Fracas de verre brisé, de métal entrechoqué. Mon corps se tord sous les aiguilles de glace brûlante d’une souffrance diffuse. Lumière.

Soudain, sans le moindre éblouissement, je vois. Un halo jaunâtre. Une petite sphère. Une ampoule ! Je suis en train de contempler le plafond ! Lentement, je tente de reprendre contrôle de mon corps. L’insoutenable douleur qui me parcourait semble s’atténuer. Je me tâte les membres et, prudemment, je tente de bouger la tête puis de me relever.

Je suis toujours dans le réduit caché derrière le laboratoire. Autour de moi gisent épars les décombres du scanner multi-modal et de la cuve d’impression dont le liquide robotique s’est répandu dans toute la pièce. Dans la panique, j’ai du la cogner et la renverser. Aussitôt, la lumière se fait dans mon esprit : Max ! Il a trafiqué le scanner multi-modal pour m’étourdir. Son insistance à vouloir me scanner aurait du me paraître suspecte. Le salopard ! De rage, je saisis une plaque de verre que je fracasse à deux mains contre la paroi. L’enflure ! Mais, au fond, était-ce vraiment Max ? Et surtout, pourquoi ? Et s’il voulait se débarrasser de moi, pour quelles raisons suis-je encore en vie ?

Avant toutes choses, il faut que je sorte d’ici, de ce réduit étouffant et sombre. Max a bien entendu refermé la porte camouflée derrière le frigo d’azote. J’essaie de l’ouvrir mais il résiste. Depuis combien de temps suis-je inconscient dans ce réduit ? Je ne ressens aucune faim, aucune soif. Mais je sais bien que ce sont des sensations qu’une simple drogue peut manipuler. Mon inconscience a pu durer un battement de cil comme plusieurs jours.

Prenant mon élan, je m’élance et cogne de tout mon poids la porte derrière laquelle se trouve le frigo. Je rebondis et reste un instant étourdi, comme si je venais de me jeter contre un mur. La porte ne semble pas avoir bougé d’un millimètre.

Calme-toi, respire, fais le vide ! Prends le temps de réfléchir ! L’histoire de l’humanité a prouvé que nos muscles, nos réflexes et nos instincts sont des outils développés pour la vie sauvage dans la jungle ou la savane. À partir de l’époque glaciaire, notre intelligence est devenue l’outil primordial, le seul qui permette de faire la différence. Pourtant, nous gardons encore les stigmates de millions d’années de vie animale. À la moindre contrariété, à la moindre émotion, nous éteignons le cerveau et fonctionnons à l’instinct et à la force physique. Un instinct et une force qui sont bien entendu complètement déplacés dans un monde qui est tout le contraire d’une jungle peuplée d’animaux sauvages.

Réfléchis Nellio ! Réfléchis ! Oublie tes muscles, utilise ton cerveau ! Agis en homme et non plus en animal malgré le cri de tes milliards de cellules !

Si Max ou n’importe qui avait voulu te tuer, tu serais déjà mort. Ce n’est pas le cas. Dans les films, le méchant décide toujours de donner au héros une mort lente et affreuse, le temps pour les scénaristes de lui trouver un échappatoire. Mais nous ne sommes pas dans un film et tu n’es pas un héros. Si on avait voulu te tuer, tu serais mort, point barre. Tout cela ne peut avoir qu’une seule signification : on a simplement voulu te ralentir, te retenir. Donc tu dois pouvoir sortir sans trop de difficulté de cette pièce.

Fort de cette simple constatation, je prends posément le temps d’inspecter la porte. De porte, elle n’a que le nom. Il s’agit plutôt d’un mécanisme qui fait pivoter le frigo tout entier vers l’intérieur. Le frigo est attaché à une paroi qui ne s’encastre même pas dans son encadrement.

Une idée me vient. Ce frigo est un grand parallélépipède posé sur son petit côté. En me jetant dessus, je m’oppose non seulement à leur poids mais également au mécanisme qui s’ouvre vers moi, dans le sens opposé. Par contre, si je pouvais déséquilibrer suffisamment le frigo, il tomberait en avant et emporterait la cloison mobile.

Je pousse un cri de joie et esquisse une danse improvisée. Lorsque tout semble perdu, lorsqu’on est au fond du trou, la moindre idée positive, le moindre espoir semble un bonheur inespéré. Une pointe de fierté m’envahit même à l’idée que l’intelligence a de nouveau pris le dessus sur la force brute.

Rassemblant les débris du scanner, je trouve une longue barre métallique que j’insère dans l’interstice entre le sol et la porte. Afin d’exercer un mouvement de levier, je glisse également une chaise sous la barre. Plein d’enthousiasme, je donne une poussée.

Rien ne bouge.

Aurais-je crié victoire trop tôt ? Prenant une profonde inspiration, je me résous à utiliser les muscles et la force physique. Crachant dans mes mains, je murmure :
— Saint Archimède, donne-moi un levier assez long !

Dans un grand cri, je saute de tout mon poids en m’accrochant au levier. La porte a bougé ! Je hurle, je crie ! La porte bouge ! Encore une fois ! Ho hisse ! Ho hisse ! Aaaaaargh !

Un bruit assourdissement. Je tombe en arrière. Me relevant, je suis un instant ébloui par la lumière du jour qui me parvient à travers les fenêtres du laboratoire. Ça a marché ! Le frigo s’est couché, révélant un espace à un mètre du sol par lequel je m’extirpe sans peine.

La lumière ! L’air frais !

Doucement, j’avance dans les décombres du laboratoire saccagé. Aucune trace de Max. Au fond, quel jour sommes-nous ? Par réflexe, je tente de toucher mes lunettes ou de regarder mon poignet. Soupir ! C’est vrai que je me suis débarrassé de tout objet connecté et que je porte encore ces informes frusques que m’a passées Isabelle.

Prudemment, je sors de l’immeuble et fais quelques pas dans la rue. Personne. La ville semble déserte. Il est vrai que ce quartier n’a jamais réellement brillé par son animation.

Un léger bourdonnement retenti. Machinalement, je lève la tête. Un drone ! Il reste un instant en vol stationnaire, comme s’il me fixait. À travers l’œil de la caméra volante, j’ai l’impression de croiser un regard humain. Un regard fixe, sans haine ni compassion.

Rompant le charme, le drone prend soudain de l’altitude. Comme par réflexe, je porte la main à mon visage pour toucher le maquillage anti-reco… Mon cœur fait un bond ! Le maquillage ! Avec le temps et la sueur, celui-ci s’est dilué. Le drone m’a probablement reconnu.

Paniqué, je lance des regards autour de moi. Derrière moi, une voix mécanique s’élève :
— Nous souhaitons procéder à un contrôle. Veuillez mettre les bras en l’air et ne plus bouger.
Sans réfléchir, je me mets à courir dans la direction opposée. La voix retentit :
— Halte ! Veuillez vous arrêter !
Je m’engouffre dans une ruelle. De toutes mes forces, je me mets a courir, tournant au hasard des croisements, me glissant entre les bâtiments sombres. Mes poumons brûlent mais je continue, sans jamais regarder derrière moi. Une douleur insistante entre mes côtes me force à m’arrêter pour reprendre mon souffle mais, soudain, les formes noires des policiers apparaissent devant moi, la gueule béante des fusils pointée dans ma direction. Je me retourne. D’autres policiers m’ont pris en chasse. Je suis pris au piège, fait comme un rat.
— Nous souhaitons procéder à un contrôle, poursuit la voix. Veuillez être coopératif.
Le bruit des bottes résonne sur les murs étroits de la ruelle. La respiration saccadée, j’hésite une seconde. Le temps semble s’arrêter.

Résigné, je lève des mains tremblantes et m’agenouille d’un geste lent. Le canon d’un fusil vient se poser sur ma tempe.

 

Photo par Duncan Rawlinson

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Ce texte est publié par Lionel Dricot sous la licence CC-By BE.

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Source: http://ploum.net/printeurs-20/