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Keynote Touraine Tech 2023 : Pourquoi ?

Thursday 30 March 2023 at 02:00

Keynote Touraine Tech 2023 : Pourquoi ?

Cette conférence a été donnée le 19 janvier 2023 à Tours dans le cadre Touraine Tech.
Le texte est ma base de travail et ne reprend pas les nombreuses improvisations et digressions inhérentes à chaque One Ploum Show.

Bonjour. Cela me fait plaisir de vous rencontrer dans cette école polytechnique de Tours, car je suis moi-même issu d’une école polytechnique où j’enseigne et travaille. Le terme « Polytechnique » est magnifique : plusieurs technologies, plusieurs domaines. Chez nous, à Louvain, nous avons le département de mécanique,le département d’électricité, de chimie, de construction, quelques autres et enfin le département d’informatique.

Lorsqu’on a étudié en polytechnique, on devient un ingénieur. Il m’a fallu des années pour articuler la différence entre un scientifique et un ingénieur. Mais au fond, c’est très simple : le scientifique cherche à comprendre, à découvrir les lois de la nature. L’ingénieur cherche à contourner les lois ainsi découvertes. Le scientifique dit « cette feuille de papier tombe ! », l’ingénieur la plie en avion et réponds « pas toujours ». L’ingénieur produit donc des miracles : malgré la gravité, il fait voler des avions de plusieurs centaines de tonnes. Il arrive à construire des bâtiments, des ponts qui enjambent des gouffres. Produire des matériaux capables de résister à une rentrée dans l’atmosphère à haute vitesse. Ou d’inventer un procédé pour que la bière fasse psshhh lorsqu’on décapsule la canette. J’ai eu un professeur qui a fait fortune avec un tel procédé. Les ingénieurs (et pas seulement ceux qui ont le diplôme, je parle aussi de ceux qui le sont par expérience) prennent donc des lois immuables de la nature comme la gravité, la résistance, la mécanique vibratoire, l’électricité et ils assemblent le tout pour en faire des avions, des ponts, des sous-marins, des satellites ou des tranches de jambon qui se conservent au frigo. L’ingénieur est donc un rebelle, il cherche le progrès, à changer le monde.

À l’opposé, il y’a une catégorie de personnes qui prennent des inventions humaines et tentent d’en faire des lois naturelles, de se convaincre qu’on ne peut pas les dépasser. Cela s’appelle la théologie. C’est exactement l’inverse de l’ingénieur : faire croire que des écrits produits par des humains morts depuis longtemps ne pourront pas être dépassés ni améliorés.

Dans les facultés polytechniques, on trouve rarement un département de théologie.

Par contre, on a désormais immanquablement un département d’informatique. Et quelles sont les lois de la nature qui y sont utilisées ? Une seule : faire bouger un électron le plus vite possible. On y arrive d’ailleurs tellement bien que ce n’est plus vraiment un problème. On pourrait arguer que certains problèmes algorithmiques relèvent des lois de la nature, mais rares sont les ingénieurs en informatique qui s’y confrontent tous les jours.

La réalité est que l’informatique est désormais réduite à prendre le travail de personnes qu’on ne connait pas et de les instituer en lois incontournables puis de tenter de construire par-dessus sans jamais, au grand jamais, tenter de les contourner et les remettre en question. L’informatique n’est plus de l’ingénierie, c’est devenu de la théologie. Le travail de l’informaticien est une sorte de puzzle intellectuel comparable à ce que font les rabbis lorsqu’ils interprètent la Torah. L’informaticien n’est plus un rebelle progressiste, mais un conservateur au service de l’immobilisme.

Si vous travaillez dans l’informatique, il y’a de fortes chances que votre mission réelle puisse se résumer à « afficher sur l’écran d’un client les chiffres et les lettres qu’il souhaite y voir ». D’accord, il y’a parfois des images et du son. Mais que ce soit sur Youtube ou Soundclound, l’interface première pour accéder à une vidéo, une image ou un son reste le texte. Imaginez Spotify ou Netflix sans aucun texte ? Inutilisable. Sans image ? Peut-être un poil plus rébarbatif, mais c’est tout. Une fois maitrisés la compression et le transfert des sons et images d’un ordinateur à l’autre, le seul travail reste donc le texte. D’ailleurs, que ce soit dans un éditeur de code, un traitement de texte ou un client email, force est de constater que nous passons l’essentiel de notre temps à frapper des touches pour écrire du texte. Et que lire ou réfléchir est rarement perçu comme un véritable travail. D’ailleurs, si on s’arrêtait pour réfléchir, on serait probablement effrayé. Surpris. On ne pourrait s’empêcher d’articuler à voix haute cette phrase terrible, hantise de tout maniaque de la productivité : « Mais c’est quoi ce bordel ? » voire, bien pire, ce simple mot, honni, banni du vocabulaire de l’immense majorité des cerveaux de la startup nation : « pourquoi ? »

C’est vrai ça, pourquoi ?

Réponse typique : parce que c’est comme ça, parce que tout le monde fait comme ça, parce qu’on a toujours fait comme ça, parce qu’on te dit de faire comme ça et tu ne vas pas changer le monde.

Et bien si, justement ! On change le monde. On doit changer le monde. On ne peut que changer le monde. Alors autant réfléchir dans quel sens on veut le faire évoluer.

Depuis les années 80, on sait échanger des messages entre ordinateurs avec l’email, on sait échanger des fichiers avec FTP, on sait discuter et s’engueuler publiquement sur Usenet. Le seul truc encore difficile était de savoir où trouver l’information. Qu’à cela ne tienne, en 91, un Anglais et un Belge travaillant en Suisse dans un bureau situé du côté français de la frontière inventent… le web ! Ça commence comme une blague, non ?

Le but du web n’est, à la base, que de permettre d’accéder facilement à la documentation de la plus grosse machine jamais construite par l’homme : l’accélérateur de particules du CERN. Avec le web, on peut cliquer de page en page pour découvrir du contenu en utilisant des hyperliens. Le web n’a pas inventé la notion d’hyperliens. En fait, le concept était à l’époque sur toutes les lèvres, il y’avait même une conférence dédiée au sujet. Tim Berners Lee y a d’ailleurs présenté le web lors de l’édition de 92. Dans une petite salle au fond du couloir et dans l’indifférence générale. Personne n’a trouvé ça excitant ou intéressant.

Une fois qu’on a eu le web, on peut dire qu’on avait résolu l’essentiel des problèmes techniques permettant l’usage d’Internet. On pouvait désormais afficher n’importe quel texte sur n’importe quel ordinateur.

Le truc commence à avoir du succès et un jeune Américain très ambitieux va avoir une idée. Il travaille pour un organisme américain parastatal et programme un navigateur web : Mosaic. Il décide de quitter son job pour créer un navigateur web commercial. Afin de rendre le truc cool, il ajoute une balise image au HTML initial.

Le mec en question s’appelle Marc Andreesen et son navigateur Netscape. Tim Berners Lee est pas trop chaud pour la balise image. Il propose des alternatives. Il craint que les pages web deviennent de gros trucs flashy illisibles. Rétrospectivement, on ne peut pas vraiment lui donner tort. Mais Marc Andreesen n’en a cure. Il intègre sa propre balise image à Netscpape et distribue Netscape gratuitement. Il devient millionnaire et fait la couverture de nombreux magazine.

Attendez une seconde… Il devient millionnaire en payant des gens à programmer un truc distribué gratuitement ? Tout un concept ! Devenir millionnaire en dépensant de l’argent, c’est pas mal non ?

Le secret, c’est de dépenser l’argent des autres. On prend l’argent des investisseurs, on l’utilise pour créer un truc qui ne rapporte rien, mais qui est très cool (le terme technique est « bullshit ») et on attend qu’une grosse boîte rachète le tout parce que c’est cool. Marc Andreesen invente littéralement le concept de web startup qui perd de l’argent et vaut des milliards. Le concept reste d’ailleurs aujourd’hui très populaire. Quand on y pense, toute l’économie du web est une gigantesque pyramide de Ponzi qui attend les prochains pigeons… pardon, investisseurs. Les cryptomonnaies, à côté, c’est du pipi de chat, du travail d’amateur.

Mais revenons à nos moutons : on sait désormais tout faire sur Internet. Il faut juste se former un minimum. Mais le marketing va s’emparer de l’histoire pour le complexifier à outrance. Tout en prétendant le rendre plus simple. D’abord il va y avoir Java. Puis Javascript qui est, de l’aveu de son créateur, un truc bâclé créé sur un coin de table pour faire une démo. Le truc est tellement infâme que peu de monde le comprend. Du coup, on rajoute une surcouche qu’on appelle AJAX. Et comme Ajax est trop compliqué, on crée des frameworks au-dessus de cela. Et comme chaque framework est compliqué, on fait des frameworks de frameworks. La philosophie est simple : chaque fois qu’une andouille quelconque veut afficher du texte sur l’écran d’un client, elle se rend compte que c’est compliqué. Alors elle décide d’écrire une abstraction qui simplifie le tout. Et, évidemment, son abstraction se confronte rapidement au fait que la réalité est complexe. Soit elle abandonne son idée, soit elle la complexifie jusqu’au point où une autre andouille la trouve trop compliquée. Et le cycle recommence.

En prétendant simplifier, nous ne faisons que complexifier. Et il y’a une raison à cela : la complexité est un argument marketing. Elle donne une illusion de valeur, de la maitrise d’un savoir obscure accessible uniquement aux initiés. C’est le principe de l’occultisme et du mysticisme voire de l’astrologie : prétendre que tout est très compliqué et qu’il faut être initié. C’est une arnaque vieille comme le monde.

Le problème de la complexité, outre son coût et le fait qu’elle entraine une dépendance au fournisseur, un vendor lock-in, est qu’elle force à un simplisme paradoxal. Je m’explique : le problème semble conceptuellement simple. Simpliste même. Et pourtant incroyablement difficile à implémenter, nécessitant des experts pour les détails. La réalité c’est que tout est facile à implémenter dès lors que l’on sait précisément ce qu’on veut faire. Définir ce qu’on veut est incroyablement complexe. C’est se demander « pourquoi ? ». Intuitivement, on rêve tous d’une maison de plain-pied à deux étages. Ou ce groupe de clients qui avaient bossé à cinq pendant plusieurs semaines pour me fournir des specs très précises. Une liste de « requirements ». Qui était incohérent entre eux.

Que voulons-nous réellement ? Et surtout, pourquoi le voulons-nous ?

Masquer les choix sous la complexité permet de nier leur existence. De faire croire qu’il n’y a pas de choix. Et de permettre à d’autres de faire des choix. Pourquoi avons-nous eu Java et Javascript ? Car Netscape voulait rendre Microsoft obsolète et devenir calife à la place du calife. Pas pour être utile à l’utilisateur. Cacher les choix fondamentaux permet d’étouffer le citoyen sous un sentiment d’inexorabilité. De le transformer en utilisateur, de lui faire perdre son statut d’acteur de sa propre vie.

Que voulons-nous faire ? Afficher du texte sur un écran. Pourquoi ?

Chaque mise à jour, chaque nouveauté n’est que l’assertion d’une autorité arbitraire. On ne rend pas un système plus facile en le simplifiant. On le rend plus facile en le rendant apprenable. Qui d’entre vous sait conduire une voiture manuelle ? C’est pourtant hyper complexe quand on y pense. Et hyper dangereux. Vous risquez votre vie au moindre écart. Pourtant, vous l’avez appris en quelques semaines, quelques mois. Et vous vous améliorez d’année en année.

L’informatique est compliquée ? Non, elle est insaisissable. Elle change tout le temps. Ça va de la mise à jour prétendument de sécurité qui introduit un nouveau bug à ce fameux nouveau design avec des nouvelles icônes. Dont vous êtes si fier. Pour l’utilisateur, c’est l’obligation de réapprendre, de s’adapter sans aucune raison. J’utilise le service Protonmail pour mes mails et mon calendrier. L’icône du mail était une enveloppe avec le haut en forme de cadenas. Le calendrier était… une page de calendrier. Sur mon téléphone eink en noir et blanc, ça passait nickel. Y’avait qu’une seule couleur de toute façon. Puis est venu un redesign complet. Pour quelle raison ? Aucune idée. Le mail est désormais un rectangle dans un dégradé de mauve avec un creux figurant vaguement une enveloppe. Le calendrier est le même rectangle sans le creux. Sur mon écran eink, c’est icône sont des pâtés sans aucune signification.

Les utilisateurs ont vite compris ce que les geeks ne voulaient pas admettre : votre vie n’est qu’à un upgrade de devenir merdique. Du coup, le réflexe le plus rationnel est de ne pas faire les mises à jour. Sérieusement, vous connaissez un seul utilisateur qui se dit « Génial ! Un nouveau design pour cette application que j’utilise depuis des années ! » ?

Comment l’industrie a-t-elle réagi ? En se posant la question de savoir pourquoi l’utilisateur ne fait pas ses mises à jour ? Non, en forçant ces mises à jour. En rendant la vie de l’utilisateur encore plus misérable à travers des culpabilisations. À travers des notifications incessantes. En lui prétendant que c’est pour sa sécurité. Vous savez quoi ? L’utilisateur n’est jamais en danger si son ordinateur n’est que rarement connecté. La plupart des risques sont liés à la complexité imposée à l’utilisateur. Si son navigateur se contentait d’afficher le texte qu’il veut voir, il ne risquerait rien. Il ne serait pas forcé de racheter un nouvel engin à l’empreinte écologique crapuleuse. Sans compter que l’immense majorité des menaces, comme les arnaques, ne peuvent pas être résolues par des mises à jour.

Ma liseuse fonctionne très bien. Elle n’est jamais en ligne. J’y charge des epubs par USB. L’autre jour, j’ai activé par erreur le wifi. Elle m’a immédiatement annoncé une mise à jour importante. En consultant le changelog détaillé, j’ai découvert que cette mise à jour ajoutait une nouvelle fonctionnalité : des lectures suggérées de la boutique Vivlio sur la page d’accueil. La mise à jour m’aurait donc permis d’avoir… des publicités sur mon engin. Des publicités sur cet écran que je prends avec moi dans mon lit…

Chaque mise à jour rend la vie de l’utilisateur encore plus misérable dans le seul but de faire bander le responsable marketing qui se paluche devant le nombre de "clics" (encore du texte affiché sur un écran) ou de faire mouiller la responsable du rebranding qui trouve trop super de bosser avec une équipe de designers sous ecstasy.

Las d’être exploités, certains utilisateurs se réfugient dans la théorie du complot. Vous avez déjà vu 4chan, le site où naissent la plupart de ces théories ? Du pur HTML sans artifice. D’autres, comme moi, se réfugient dans d’obscures niches comme Gemini. L’industrie prétend alors se tourner vers le minimalisme. Comme Medium par exemple ? Vous avez déjà vu le code source d’une page Medium ? Faites-le et vous supprimerez immédiatement votre compte si vous en avez un. C’est ce que j’appelle le "paradoxe Medium" : tout projet minimaliste va soit disparaitre, soit grandir assez pour voir apparaitre une surcouche alternative permettant un accès minimaliste… au service minimaliste (scribe.rip pour Medium, Nitter pour Twitter, Teddit pour Reddit, etc.). D’ailleurs, vous connaissez beaucoup de monde qui surfe sur le web sans différents adblocks ? On est désormais habitué à une couche de complexité qui sert à contourner les couches de complexités que nous avons nous-mêmes implémentées.

L’industrie du web est une gigantesque pyramide de Ponzi qui tente d’exploiter jusqu’au trognon des utilisateurs contrôlés, humiliés et traités de crétins. Mais le web est devenu trop important. Il est devenu un pilier sociétal. Fuir le bateau n’est pas une option. Nous sommes à un moment crucial pour l’histoire de l’humanité. Et pour sauver l’humanité, il faut sauver le web. Revenir aux fondamentaux. Afficher du texte sur l’écran d’un citoyen.

Concervoir des systèmes qui s’apprennent. Et donc ne changent pas. Respecter l’humain. Et donc lui donner le texte dont il a besoin sans l’espionner. Sans l’assommer. Bordel, je veux juste commander un hamburger, pas installer votre app moisie.

L’année passée, je ne suis posé la question pour mon propre blog. Il m’a fallu beaucoup de temps pour arriver à une simple conclusion. Pour répondre à la question « pourquoi ? ». Et la réponse était : pour être lu ! J’ai réécrit tout mon blog sous forme de pages statiques que je génère avec mon propre script Python. C’est très simple en fait lorsqu’on sait ce qu’on veut. La page d’accueil de mon blog, sous Wordpress, faisait presque 1 Mo. Elle fait désormais 5 ko. J’ai retiré toutes les images qui n’aident pas à la lecture. Je pense que les réseaux sociaux sont un obstacle à la lecture. Ils nous déconcentrent, nous manipulent. Du coup, j’ai supprimé tous mes comptes exceptés Mastodon.

Est-ce que tenter d’augmenter le nombre de followers sur un réseau m’aide à être lu ? Non. Ce nombre n’aide rien. Il est de toute façon faux, fictif. Supprimés les concours de followers. En tout et pour tout, en plus du HTML, j’ai ajouté 40 lignes de CSS. Pas une de plus. Chacune n’a été ajoutée que si elle pouvait aider la lecture de mes écrits sans a priori esthétique.

On pourrait croire que ça fait un blog un peu rétro, genre brutaliste. Pourtant, dès les premiers jours, j’ai reçu plusieurs demandes pour mon « template ». Y’a 40 lignes de CSS dont la moitié servent juste au menu au-dessus de chaque page !

Je me suis aussi cassé la tête sur l’idée d’une pagination pour naviguer entre les articles, sur un moteur de recherche. Mais j’affiche désormais simplement la liste de tous mes billets sur une page. Aussi simple que cela. Ne me dites pas que ça ne « scale pas » : y’en a presque 900 ! Le moteur de recherche ? Un simple ctrl+f dans votre navigateur. Encore un truc apprenable qui est ignoré, car la complexité le rend inutilisable sur la plupart des sites « modernes ».

La conséquence la plus étonnante de tout cela, c’est le nombre de lecteurs qui me contactent à propos d’anciens billets. C’est simple, rapide et ça charge instantanément même sur les mauvaises connexions. Du coup les gens me lisent. C’est tellement inhabituel de ne pas devoir attendre, de ne pas devoir se casser la tête.

J’ai un très bon laptop et pourtant, sur le web, chaque page met quelques fractions de seconde à s’afficher. À chaque page, mes bloqueurs empêchent des centaines de requêtes, évident des mégaoctets entiers de téléchargement. Et les responsables de cet état de fait sont dans cette salle. Ils l’ont implémenté sans demander « pourquoi ? ».

Alors je vous le demande. Non plus comme un confrère ingénieur, mais comme un citoyen du web qui en a assez de devoir considérer son propre navigateur comme un territoire hostile. Apprenez à demander « pourquoi ? ». Puis à répondre « non ». Plutôt que de réfléchir sur le prochain framework JavaScript ou l’utilitaire de tracking de statistiques et le surdimensionnement du data center pour héberger un elasticsearch clustérisé à redondance asynchrone dans des containers virtualisés à travers un cloud propriétaire à charge répartie monitoré depuis une app custom nodejs qui achète automatiquement des certificats d’offset CO2 pour obtenir le label de datacenter durable, le tout à travers des transactions byzantines sur une blockchain permissioned qui trade de manière décentralisée sur le marché parallèle.

Bon, en fait, les blockchains permissioned, c’est une arnaque sémantique. Cela veut juste dire « base de données centralisée ». Les offsets carbone sont une vasque escroquerie. Ce sont les indulgences de notre siècle enrobées d’un capitalisme foncièrement malhonnête (si vous achetez des offsets carbone, vous pouvez arrêter, vous êtes en train d’enrichir des escrocs tout en encourageant un système qui a démontré faire pire que mieux). Et votre application distribuée va de toute façon se casser un jour la gueule le jour où une mise à jour sera faite dans un obscur repository github dont vous ignorez l’existence, entrainant une réaction en chaine démontrant que votre app sans single point of failure n’était pas sans single point of failure que ça finalement.

Je sais, le client est roi. Il faut payer les factures. À partir d’un certain montant, on obéit. Et à partir d’un autre, on prétend aimer ça : « Oh oui, c’est génial, nous rêvons de développer un showroom virtuel pour vos nouveaux SUVs. Un véritable challenge ! Un peu comme ce système de ciblage publicitaire pour adolescents que nous avons développé pour Philipp Morris, n’est-ce pas Brenda ? »

L’important n’est pas de devenir parfait ni puriste. Nous sommes tous pleins de contradictions. L’important est d’arrêter de se mentir, de justifier l’injustifiable. De savoir pourquoi on fait les choses. Mettre le nez de vos commanditaires dans leur propre caca en leur posant la question : « pourquoi ? ». Et, sur le web, de revenir à l’essentiel : afficher du texte.

Cette réflexion m’a amené à écrire avec… une machine mécanique. À publier en utilisant une technologie complètement libre, sans monopole, sans app store et avec une empreinte écologique non négligeable, mais bien moindre que l’informatique : le livre. Un livre qui sera toujours lisible, échangeable, copiable quand toutes les lignes de code que nous avons produit collectivement auront depuis longtemps été oubliées.

Écrire à la machine et lire des livres papier sont des actes rebelles. Mais j’aime trop l’informatique pour m’en passer. Je veux qu’elle redevienne rebelle. Qu’elle redemande « pourquoi ? ». Je vous demande de m’aider. Je vous confie cette mission : l’informatique doit cesser d’être une religion prônant l’obéissance, la soumission, l’humiliation, la consommation. Elle doit redevenir une science. Un art.

Une liberté…

Ingénieur et écrivain, j’explore l’impact des technologies sur l’humain. Abonnez-vous à mes écrits en français par mail ou par rss. Pour mes écrits en anglais, abonnez-vous à la newsletter anglophone ou au flux RSS complet. Votre adresse n’est jamais partagée et effacée au désabonnement.

Pour me soutenir, achetez mes livres (si possible chez votre libraire) ! Je viens justement de publier un recueil de nouvelles qui devrait vous faire rire et réfléchir.

Source: https://ploum.net/2023-03-30-tnt23-pourquoi.html


Dédicaces à la foire du livre de Bruxelles ce samedi 1ᵉʳ avril

Monday 27 March 2023 at 02:00

Dédicaces à la foire du livre de Bruxelles ce samedi 1ᵉʳ avril

Ce samedi 1ᵉʳ avril, je dédicacerai mon roman et mon recueil de nouvelles à la foire du livre de Bruxelles.

Bon, dit comme ça, c’est pas très rigolo comme poisson d’avril, mais là où c’est plus marrant c’est que je serai sur le stand du Livre Suisse (stand 334). Ben oui, un Belge qui fait semblant d’être suisse pour pouvoir dédicacer à Bruxelles, c’est le genre de brol typique de mon pays. Bon, après, je vais sans doute être démasqué quand je sortirai ma tablette de « vrai » chocolat (belge !)

Y a des blagues, comme disait Coluche, où c’est plus rigolo quand c’est un Suisse…

Bref, rendez-vous de 13h30 à 15h et de 17h à 18h30 au stand 334 (Livre Suisse) dans la Gare Maritime. C’est toujours un plaisir pour moi de rencontrer des lecteurices qui me suivent parfois depuis des années. Ça va être tout bon !

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Source: https://ploum.net/2023-03-27-foire-du-livre-bruxelles.html


De l’importance de comprendre ce qu’est une licence

Tuesday 14 March 2023 at 01:00

De l’importance de comprendre ce qu’est une licence

On entend souvent que les programmes informatiques ou les œuvres en ligne sont publiées sous une licence. Qu’est-ce que cela signifie ? Et en quoi est-ce important ?

Pour simplifier, dans nos sociétés, tout échange se fait suivant un contrat. Ce contrat peut être implicite, mais il existe. Si j’achète une pomme au marché, le contrat implicite est qu’après avoir payé, je reçois ma pomme et je peux en faire ce que je veux.

Pour les biens matériels dits « rivaux », le contrat de vente implique souvent un transfert de la propriété du bien. Mais il y’a parfois d’autres clauses au contrat. Comme les garanties.

Là où les choses se corsent, c’est lorsque le bien échangé est dit « non-rival ». C’est-à-dire que le bien peut être copié ou acheté plusieurs fois sans impact pour les acheteurs. Dans le cas qui nous concerne, on parle typiquement d’un logiciel ou d’une œuvre numérique (film, livre, musique …). Il est évident que l’achat numérique ne nous donne aucune propriété sur l’œuvre.

Il faut signaler que, pendant longtemps, la non-rivalité des biens comme les musiques, les livres ou les films a été camouflée par le fait que le support, lui, était un bien rival. Si j’achète un livre papier, j’en suis propriétaire. Mais je n’ai pas pour autant les droits sur le contenu ! Les supports numériques et Internet ont dissipé cette confusion entre l’œuvre et le support.

Pour réguler tout cela, l’achat d’une œuvre numérique ou d’un programme informatique est, comme tout achat, soumis à un contrat, contrat qui stipule les droits et les obligations exactes que l’acheteur va recevoir. La licence n’est jamais qu’un contrat type, une sorte de modèle de contrat standard. Ce contrat, et une bonne partie de notre société, se base sur la présupposition que, tout comme un bien rival, un bien non-rival se doit d’avoir un propriétaire. C’est bien entendu arbitraire et je vous invite à questionner ce principe un peu trop souvent admis comme une loi naturelle.

Il est important de signaler que chaque transaction vient avec son propre contrat. Il est possible de donner des droits à un acheteur et pas à un autre. C’est d’ailleurs ce principe qui permet la pratique de « double licence » (ou dual-licensing).

Droits et obligations définis par la licence

Dans notre société, toute œuvre est, par défaut, sous la licence du copyright. C’est-à-dire que l’acheteur ne peut rien faire d’autre que consulter l’œuvre et l’utiliser à des fins personnelles. Tout autre utilisation, partage, modification est bannie par défaut.

À l’opposé, il existe le domaine public. Les œuvres dans le domaine public ne sont associées à aucun droit particulier : chacun peut les utiliser, modifier et redistribuer à sa guise.

L’une des escroqueries intellectuelles majeures des absolutistes du copyright est d’avoir réussi à nous faire croire qu’il n’y avait pas d’alternatives entre ces deux extrêmes. Tout comme on est soit propriétaire de la pomme, soit on n’en est pas propriétaire, la fiction veut qu’on soit soit propriétaire d’une œuvre (détenteur du copyright), soit rien du tout, juste bon à regarder. C’est bien entendu faux.

Si la licence est un mur d’obligations auxquelles doit se soumettre l’acheteur, il est possible de n’en prendre que certaines briques. Par exemple, on peut donner tous les droits à l’utilisateur sauf celui de s’approprier la paternité d’une œuvre. Les licences BSD, MIT ou Creative Commons By, par exemple, requièrent de citer l’auteur original. Mais on peut toujours modifier et redistribuer.

La licence CC By-ND, elle, oblige à citer l’auteur, mais ne permet pas de modifications. On peut redistribuer une telle œuvre.

Un point important c’est que lorsqu’on redistribue une œuvre existante, on peut modifier la licence, mais seulement si on rajoute des contraintes, des briques. J’ai donc le droit de prendre une œuvre sous licence CC By, de la modifier puis de la redistribuer sous CC By-ND. Par contre, je ne peux évidemment pas retirer des briques et faire l’inverse. Dans toute redistribution, la nouvelle licence doit être soit équivalente, soit plus restrictive.

Le problème de cette approche, c’est que tout va finir par se restreindre vu qu’on ne peut que restreindre les droits des utilisateurs ! C’est d’ailleurs ce qui se passe dans des grandes entreprises comme Google, Facebook ou Apple qui utilisent des milliers de programmes open source gratuits et les transforment en programmes propriétaires. Un véritable pillage du patrimoine open source !

Le copyleft ou interdiction de rajouter des briques

C’est là que l’idée de Richard Stallman tient du génie : en inventant la licence GPL, Richard Stallman a en effet inventé la brique « interdiction de rajouter d’autres briques ». Vous pouvez modifier et redistribuer un logiciel sous licence GPL. Mais la modification doit être également sous GPL.

C’est également l’idée de la clause Share-Alike des Creative Commons. Une œuvre publiée sous licence CC By-SA (comme le sont mes livres aux éditions PVH) peut être modifiée, redistribuée et même revendue. À condition d’être toujours sous une licence CC By-SA ou équivalente.

Par ironie, on désigne par « copyleft » les licences qui empêchent de rajouter des briques et donc de privatiser des ressources. Elles ont souvent été présentées comme « contaminantes » voire comme des « cancers » par Microsoft, Apple, Google ou Facebook. Ces entreprises se présentent désormais comme des grands défenseurs de l’open source. Mais elles luttent de toutes leurs forces contre le copyleft et contre l’adoption de ces licences dans le monde de l’open source. L’idée est de prétendre aux développeurs open source que si leur logiciel peut être privatisé, alors elles, grands princes, pourront l’utiliser et, éventuellement, très éventuellement, engager le développeur ou lui payer quelques cacahouètes.

La réalité est bien sûr aussi évidente qu’elle en a l’air : tant qu’elles peuvent ajouter des briques privatrices aux licences, ces monopoles peuvent continuer l’exploitation du bien commun que représentent les logiciels open source. Elles peuvent bénéficier d’une impressionnante quantité de travail gratuit ou très bon marché.

Le fait que ces monopoles morbides puissent continuer cette exploitation et soient même acclamés par les développeurs exploités illustre l’importance fondamentale de comprendre ce qu’est réellement une licence et des implications du choix d’une licence plutôt qu’une autre.

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Source: https://ploum.net/2023-03-14-importance-des-licences.html


Losing Signal

Thursday 9 March 2023 at 01:00

Losing Signal

Warning to my friends : Until further notice, consider I’m not receiving your Signal messages.

Update on March 13th: I’ve managed to get back on signal by installing a beta version. The bug was acknoweledged by the developers and fixed promptly. Which is nice! My reflections on using centralized services still apply. I should consider this as a free warning who should prompt me to get back on XMPP or to investigate Matrix. But I’m really happy to know that, for the time being, Signal is still caring about non-Google users.

Signal, the messaging system, published a blog post on how we were all different and they were trying to adapt to those differences. Signal was for everyone, told the title. Ironically, that very same day, I’ve lost access to my signal account. We are all different, they said. Except myself.

What is this difference? I’m not sure but it seems that not having a standard Android phone with Google Play services play a huge part.

How I lost access

I’m using an Hisense A5 Android phone. This is one of the very rare phones on the market with an eink screen. While this is not recommended for most users, I like my eink phone: I only need to charge it weekly, it’s not distracting, I don’t want to use it most of the time. I feel that coloured screens are very aggressive and stressful.

The Hisense A5 comes with proprietary crapware in Chinese and without Google Play Services. That’s fine for me. I don’t want Google services anyway and I’m happy with installing what I need from Aurora store and F-Droid. For the last three years, it worked for me (with some quirks, of course). Signal worked fine except for notifications that were sometimes delayed. I considered that as a feature: my phone is in do not disturb all the time, I don’t want to be interrupted.

On March 7th, I made a backup of my Signal messages and removed the application temporarily as I wanted to quickly try some open source alternatives (signal-foss and molly). Those didn’t work, so I reinstalled Signal and asked to restore the backup.

Signal asked for my phone number, warned me that I had no Google Play Services then re-asked for my number then re-warned me. Then asked me to prove that I was a human by solving a captcha.

I hate captcha. I consider the premises of captcha completely broken, stupid and an insult to all the people with disabilities. But those were the worst I had ever seen. I was asked to look on microscopic blurry pictures, obviously generated by AI, and to select only "fast cars" or "cows in their natural habitat" or "t-shirt for dogs" or "people playing soccer".

Now, I’ve a question for you. Is a car looking like an old Saab fast enough? While a cow on the beach is probably not in its natural habitat, what about a cow between two trees? What if the t-shirts are not "for" dogs but with dogs on them. And what if the drawing on the t-shirt is a mix between a dog and a cat? What if there’s a player holding a golf club but hitting a soccer ball? Even with a colour screen, I’m not sure I could answer those. So imagine on an eink one…

Signal is for everyone but you need to answer those idiocy first. It should be noted that I have a very good eyesight. I cannot imagine those with even minor disabilities.

Of course I did try to solve the captcha. But, after each try, I was sent back to the "enter your phone number" step, followed by "no Google services warning" then… "too many attempts for this number, please wait for four hours before retrying".

I have no idea if my answers were bad or if there’s a bug where the captcha assumes Google Play Services. I’ve tried with the APK official version and the Google Play Store version (through Aurora), they all fail similarly. In three days, I’ve managed twice to pass the captcha and receive an SMS with a confirmation code. But, both times, the code was rejected, which is incomprehensible. Also, I learned that I could only read the code from the notification because opening the SMS app reinitialised Signal to the "enter your number" step, before the captcha.

Centralisation is about rejection of differences

What is interesting with corporatish marketing blog posts is how they usually say the exact opposite of what they mean. Signal blog post about differences is exactly that. They acknowledge the fact that there’s no way a single centralised authority could account for all the differences in the world. Then proceed to say they will do.

There’s only one way for a centralised service to become universal: impose your vision as a new universal standard. Create a new norm and threat every divergence as a dangerous dissidence. That’s what Facebook and Google did, on purpose. Pretending to embrace differences is only a way to reject the differences you don’t explicitly agree.

Interestingly, Signal is only realising now that they have no choice but do the same. At first, Signal was only a niche. A centralised niche is not a real problem because, by definition, your users share a common background. You adapt to them. But as soon as you outgrew your initial niche, you are forced to become the villain you fought earlier.

Moxie Marlinspike, Signal’s founder, is a brilliant cryptographer. Because he was a cryptographer, he did what he found interesting. He completely rejected any idea of federation/decentralisation because it was not interesting for him. Because he thought he could solve the problems of world with cryptography only ("when you have a hammer…").

He now must face that his decision has led to a situation where the world-freeing tool he built is publishing facebookish blog post about "differences" while locking out users who do not comply with his norm.

Like Larry Page and Serguei Brin before him, Moxie Marlinspike built the oppression tool he was initially trying to fight (we have to credit Bill Gates, Steve Jobs and Mark Zuckerberg for being creepy psycho craving for power and money since the beginning. At least, they didn’t betray anything and kept following their own ideals).

That’s the reason why email is still the only universal Internet communication tool. Why, despites its hurdles, federation is a thing. Because there is no way to understand let alone accept all variations. There’s a world of difference between Gmail interface and Neomutt. Yet, one allows you to communicate with someone using the other. Centralisation is, by its very definition, finding the minority and telling them "you don’t count". "Follow the norms we impose or disappear!"

It is really about Google’s services after all…

One problem I have with my Hisense A5 is that my banking application doesn’t work on it, expecting Google Play Services.

To solve that issue, I keep in a drawer an old Android phone without sim card, with a cracked screen, a faulty charging port and a bad battery. When the bills-to-pay stack grows too much, I plug that phone in the charger, fiddle with it until the phone start, launch the banking app, pay the bills, put that phone back in the drawer.

After fiddling for two days with Signal on my eink phone, I decided to try on that old phone. I installed Signal, asked to connect to my account. There was no captcha, no hassle. I immediately received the SMS with the code (on the Hisense eink phone) and could connect to my Signal account (losing all my history as I didn’t transfer the backup).

At least, that will allow me to answer my contact that they should not contact me on Signal anymore. UPDATE: signal account was unexpectedly disconnected, telling me signal was used on another phone.

Signal automatically trusted a phone without sim card because it was somewhat connected to Google. But cannot trust a phone where it has been installed for the last three years and which is connected to the related phone number. Signal vision of the world can thus be summarised as: "We fight for your privacy as long as you agree to be spied on by Google."

Centralisation is about losing hope

One thing I’ve learned about centralised Internet services is that you can abandon all hopes of being helped.

There’s no way Signal support could help me or answer me. The problem is deep into their belief, into the model of the world they maintain. They want to promote differences as long as those differences are split between Apple and Google. They probably have no power to make an exception for an account. They could only tell me that "my phone is not supported". To solve my problem, they should probably reconsider how the whole application is built.

Technically, this specific problem is new. Three years ago, I had no problem installing Signal on my phone and no captcha to solve. But once you sign up for a centralised service, you are tied for all the future problems. That’s the deal. I was similarly locked out from my Whatsapp account because I didn’t accept a new contract then forgot to open the app for several months (I was disconnected at the time ).

That’s what I like so much about federated protocols (email, fediverse). I can choose a provider where I know I will have someone in front of me in case I have a problem. Either because I’m a customer paying the expensive tiers for quick support (Protonmail) or because I trust the philosophy and donate appropriately (my Mastodon server is hosted by La Quadrature du Net, I trust that team). I also know that I can easily migrate to another provider as soon as I want (considering mailbox.org instead of protonmail).

As a chat tool, Signal is better than many other. But it’s centralised. And, sooner or later, a centralised service faces you with a choice: either you comply with a rule you don’t agree, either you lose everything.

With every centralised service, the question is not if it will ever happen. The question is "when".

Either you conform to the norm, either you are too different to have your existence acknowledges.

That’s also why I’ve always fought for the right to differences, why I’ve always been utterly frightened by "normalisation". Because I know nobody is immune. Think about it: I’m a white male, cis-gendered, married with children, with a good education, a good situation and no trauma, no disability. I’m mostly playing life with the "easy" setting.

I’m sure lots of reaction to this post will be about how I made mistakes by "trying signal-foss" or by "using a completely weird and non-standard phone".

That’s exactly the point I’m trying to prove.

I’ve suddenly been excluded from all the conversations with my friends because I very slightly but unacceptably deviated from the norm.

Because, three years ago, I thought having a black and white screen on my own phone was more comfortable for my eyes.

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Source: https://ploum.net/2023-03-09-losing-signal.html


About Bluesky and Decentralisation

Friday 3 March 2023 at 01:00

About Bluesky and Decentralisation

Jack Dorsey, Twitter co-founder, is trying to launch Bluesky, a "decentralised Twitter" and people are wondering how it compares to Mastodon.

I remember when Jack started to speak about "project bluesky" on Twitter, years ago. ActivityPub was a lot more niche and he ignored any message related to it. It definitely looked like a NIH syndrome as he could, at least, have started to discuss ActivityPub pros and cons. I was myself heavily invested in decentralised protocols (from blockchain to ActivityPub). It was my job to keep an eye on everything decentralised and really tried to understand what BlueSky was about.

My feeling was, in the end, clear: Jack Dorsey wanted a "decentralised protocol" on which he had full power (aka "VC-style decentralisation" or "permissioned-blockchains").

You have to keep in mind that those successful in the Silicon Valley know only one kind of thinking: raise money, get users, sell off. They can’t grasp decentralisation other than as a nice marketing term to add to their product (and, as Ripple demonstrated during the Cryptobubble, they are completely right when it comes to making tons of money with shitty tech which pretends to be decentralised while not being it at all).

To my knowledge, acknowledgement of ActivityPub existence by BlueSky came very late after the huge Mastodon burst caused by Elon Musk buying Twitter from Jack Dorsey. It’s more a "oh shit, we are not the first" kind of reaction.

But even without that history, it’s important to note that you don’t simply design a decentralised protocol behind closed doors then expect everybody to adopt it. You need to be transparent, to discuss in the open. People need to know who is in charge and why. They also need to know every single decision. Decentralisation cannot be done without being perfectly free and open source. That’s the very point of it.

If we don’t want to consider the hypothesis that "bluesky decentralisation" is simply cynical marketing fluff, I think we can safely assume that Jack Dorsey has hit his mental glass ceiling. He doesn’t get decentralisation. He doesn’t have the mental model to get it. He will probably never get it (he became a billionaire by "not getting it" so there’s no reason for him to change). The whole project is simply a billionaire throwing money at a few developers telling him what he expects to hear in order to get pay. A very-rich-man’s hobby.

There’s no need to analyse the protocol or make guess about the future. It’s a closed source beta application with invite-only membership. It is not decentralised. It cannot be decentralised.

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Source: https://ploum.net/2023-03-03-bluesky.html


We need to talk about your Github addiction

Wednesday 22 February 2023 at 01:00

We need to talk about your Github addiction

Listen my fellow geeks in code, we need to have a serious conversation about Github.

At first, Github was only a convenient way to host a git repository and to collaborate with others. But, as always with monopolies, once you are trapped by convenience and the network effect, the shitification process starts to try to get as much money and data from you.

First of all, let’s remember that Github is a fully proprietary service. Using it to host the development of a free software makes no sense if you value freedom. It is not like we don’t have many alternatives available (sourcehut, codeberg, gitlab, etc). It should be noted that those alternatives usually offer a better workflow and a better git integration than Github. They usually make more sense but, I agree, it might be hard to change ten years of suboptimal habits imposed by the github workflow.

One thing that always annoyed me with Github is the "fun factor". Emojis appearing automatically in messages I’m trying to post, intrusive notifications about badges and followers I earned. Annoying, to say the least. (Am I the only one using ":" in a sentence without willing to make an emoji?)

But I discovered that Github is now pushing it even more in that direction: a feed full of random projects and people I don’t care about, notifications to get me to "discover" new projects and "follow" new persons. They don’t even try to pretend to be a professional platform anymore. It’s a pure attention-grabbing personal data extorting social networks. To add insult to injury, we now know that everything published on Github is mostly there to serve as training data for Microsoft AI engines.

Developers are now raw meat encouraged to get stars, followers and commit counters, doing the most stupid things in the most appealing way to get… visibility! Yeah! Engagement! Followers! Audience!

Good code is written when people are focused, thinking hard about a problem while having the time to grasp the big picture. Modern Github seems to be purposely built as a tool to avoid people thinking about what they do and discourage them from writing anything but a new JavaScript framework.

There’s no way I can morally keep an account on Github. I’ve migrated all of my own projects to Sourcehut (where I’ve a paid account) or to my university self-hosted gitlab.

But there are so many projects I care about still on Github. So many important free software. So many small projects where I might send an occasional bug report or even a patch. For the anecdote, on at least two different occasions, I didn’t send a patch I crafted for small projects because I didn’t know how to send it by mail and was not in the mood to deal with the Github workflow at that particular time.

By keeping your project on Github, you are encouraging new developers to sign up there, to create their own project there. Most importantly, you support the idea that all geeks/developers are somehow on Github, that it is a badge of pride to be there.

If you care about only one of software freedom, privacy, focus, sane market without monopoly or if you simply believe we don’t need even more bullshit in our lives, you should move your projects out of Github and advocate a similar migration to projects you care about. Thanks to git decentralisation, you could even provide an alternative/backup while keeping github for a while.

If you don’t have any idea where to go, that should be a red light in your brain about monopoly abuses. If you are a professional developer and using anything other than Github seems hard, it should be a triple red light warning.

And I’m not saying that because grumpy-old-beard-me wants to escape those instagramesque emojis. Well, not only that but, indeed, I don’t wanna know the next innovative engagement-fostering feature. Thanks.

The best time to leave Github was before it was acquired by Microsoft. The second-best time is now. Sooner or later, you will be forced out of Github like we, oldies, were forced out of Sourceforge. Better leaving while you are free to do it on your own terms…

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Source: https://ploum.net/2023-02-22-leaving-github.html


Une boucle d’inspiration

Monday 20 February 2023 at 01:00

Une boucle d’inspiration

Parodie d’une expérience biologique improbable, les tasses s’empilaient dans un coin du bureau, chacune contenant un sachet de thé ayant atteint un degré différent de décomposition, de moisissure.

D’une gorgée sèche, l’auteur aspira le restant de la tasse encore tiède qu’il tenait à la main avant de l’empiler machinalement sur les cadavres de ses prédécesseuses. Nerveusement, il jouait avec une mèche de sa barbe, tentant d’ignorer l’écran de son ordinateur sur lequel clignotaient des messages.

« Rappel : on a besoin du texte de ta nouvelle pour aujourd’hui »

« Urgent : nouvelle aujourd’hui chez imprimeur »

« Urgent : appel téléphonique maintenant ? »

Il se retourna avec sa chaise de bureau et regarda par la fenêtre. Le fil était donc cassé ? Lui qui, depuis l’adolescence, croyait disposer d’un vivier infini d’histoires était pour la première fois de sa vie paralysé par la page blanche. Il n’y arrivait plus.

Un léger grattement se fit entendre à la porte. Il grogna.

— Quoi ?

— Tu n’irais pas prendre un peu l’air mon chéri ? Tu as une mine épouvantable.

— Je travaille, je dois terminer cette nouvelle.

— Et ça avance ?

Il détourna son regard en haussant les épaules

— Je suis juste calé sur le dernier passage. J’ai bientôt fini.

Elle n’insista pas et se retira en fermant la porte. L’auteur regarda sa montre. Pour remplir son obligation, il devait désormais produire une page par quart d’heure. Dans peu de temps, ce serait une page toutes les dix minutes.

Il y a à peine une grosse semaine, il se sentait à l’aise avec l’échéance. « Une page par jour, c’est faisable ! » avait-il pensé.

Mais rien. Le vide. Il avait passé ces dernières semaines obnubilé par les œuvres produites par des algorithmes, jouant avec les demandes, partageant et admirant les résultats les plus absurdes sur les réseaux sociaux.

Il avait d’ailleurs fait le vœu de ne jamais s’aider de tels outils. Après tout, il était écrivain. Il était un artisan fier de son travail.

Par contre, il pourrait… Mais oui !

Lançant son navigateur, il se rendit sur la page de son générateur d’images préféré et se mit à taper.

« Je suis écrivain de science-fiction. Voici en lien mon recueil de nouvelles précédent. Génère l’illustration d’une de mes nouvelles inédites. »

Il attendit quelques secondes.

Une image s’afficha. Celle d’un homme au visage passablement banal assis devant un laptop. Il tenait une tasse de thé et, en y prêtant attention, sa main droite avait au moins sept doigts. Son dos était légèrement tordu selon une courbe peu réaliste. L’écran de l’ordinateur était étrangement pentagonal.

L’auteur soupira. Ce n’est pas ce qu’il avait espéré. Son téléphone sonna. Il le mit en mode avion. Sa femme vint frapper à la porte de son bureau.

— C’est ton éditeur qui demande pourquoi tu ne réponds pas, dit-elle en tenant son propre téléphone contre son oreille.

— Dis-lui que je le rappelle dans une heure !

Elle transmit puis, masquant le haut-parleur.

— Il te donne une demi-heure.

— D’accord !

Une demi-heure. Trois minutes par page. Lui qui s’estimait productif lorsqu’il écrivait une page complète par jour.

Il soupira. Il s’était juré de ne pas… Non ! Ce n’était pas possible ! Mais il n’avait pas le choix.

Nouvel onglet dans le navigateur. Ses doigts tremblants se mirent à taper sur son clavier. L’adresse du site s’auto-compléta un peu trop facilement, comme lorsqu’un barman vous appelle par votre prénom et vous demande « comme d’habitude ? » avec l’objectif d’être sympathique mais ne faisant que souligner la trop grande fréquence avec laquelle vous fréquentez son établissement.

— Génère-moi une nouvelle inédite dans le genre de celle de mon recueil principal.

— Bonjour. Je suis un assistant AI. Il s’agit d’une requête explicite de création artistique. Je suis disposé à générer cette nouvelle mais celle-ci sera alors soumise au droit d’auteur et mes créateurs devront être notifiés. Dois-je continuer ?

— Non.

L’auteur se mit à réfléchir. Il glissa-déposa l’image précédemment générée vers la page du navigateur.

— Sur cette image, un écrivain est en train de taper une nouvelle.

— Oui, c’est à cela que ressemble l’image. C’est une belle image.

— C’est une nouvelle de science-fiction.

— D’accord, j’aime la science-fiction.

— J’aimerais que tu me donnes le texte de la nouvelle que cet écrivain est en train d’écrire.

La page mit quelques secondes à se charger puis les mots commencèrent à apparaitre à l’écran.

« Parodie d’une expérience biologique improbable, les tasses s’empilaient dans un coin du bureau, chacune contenant un sachet de thé ayant atteint un degré différent de décomposition, de moisissure. D’une gorgée sèche, l’auteur aspira le restant de la tasse encore tiède qu’il tenait à la main avant de l’empiler machinalement sur les cadavres de ses prédécesseuses. Nerveusement, il jouait avec une mèche de sa barbe, tentant d’ignorer l’écran de son ordinateur sur lequel clignotaient des messages. »

Cette nouvelle nouvelle étant nouvelle, elle ne fait donc pas partie de mon premier recueil « Stagiaire au spatioport Omega 3000 et autres joyeusetés que nous réserve le futur » qui est désormais disponible dans toutes les bonnes librairies. S’il se vend bien, mon éditeur me demandera certainement un second recueil dans lequel celle-ci pourra se glisser. Vous voyez certainement où je veux en venir… Autant faire un clin d’œil à une chauve-souris aveugle !

Ingénieur et écrivain, j’explore l’impact des technologies sur l’humain. Abonnez-vous à mes écrits en français par mail ou par rss. Pour mes écrits en anglais, abonnez-vous à la newsletter anglophone ou au flux RSS complet. Votre adresse n’est jamais partagée et effacée au désabonnement.

Pour me soutenir, achetez mes livres (si possible chez votre libraire) ! Je viens justement de publier un recueil de nouvelles qui devrait vous faire rire et réfléchir.

Source: https://ploum.net/2023-02-20-boucle-inspiration.html


Chez mon libraire…

Thursday 16 February 2023 at 01:00

Chez mon libraire…

Mon recueil de nouvelles « Stagiaire au spatioport Omega 3000 et autres joyeusetés que nous réserve le futur » est désormais, tout comme mon roman « Printeurs », disponible dans toutes les bonnes librairies de France, Suisse et Belgique.

Certains d’entre vous en ont d’ailleurs été témoins et m’ont très sympathiquement envoyé, par mail ou sur Mastodon, des photos de mes livres sur les présentoirs de leurs dealers préférés. Une initiative qui m’a fait incroyablement plaisir ! À tel point que je vous invite à continuer et, pourquoi pas, à le faire pour d’autres auteurs que vous aimez bien en les mentionnant et en ajoutant le hashtag #chezmonlibraire.

L’importance du libraire

Beaucoup d’entre nous, et surtout moi, se sont laissés attirés par les sirènes du tout-en-ligne, de la dématérialisation des services. Certains parmi vous ont tenté dès le début de tirer la sonnette d’alarme. Force est de constater qu’ils avaient amplement raison : c’était un leurre ! Maintenant que nous sommes prisonniers du tout puissant monopole d’Amazon, les livreurs sont soumis à des cadences infernales tandis que la qualité de nos bibliothèques tend à diminuer dangereusement. Loin de nous recommander, les algorithmes nous poussent essentiellement aux achats inutiles, s’appuyant sur d’autres algorithmes écrivant des recommandations factices. Le tout pour nous faire acquérir des livres qui sont, de plus en plus, écrits par des algorithmes.

C’est le phénomène de merdification, indispensable aux néomonopoles : après avoir attiré les utilisateurs en finançant des services à perte grâce à l’argent des investisseurs, il est temps de passer à la caisse et de rentabiliser en pourrissant autant que possible la vie des utilisateurs prisonniers.

Sur Amazon, cela passe par recommander les produits qui vont rapporter le plus de sous à Amazon. Notamment les livres autoédités souvent générés artificiellement.

L’idée est simple : lorsqu’un sujet est subitement à la mode, par exemple les blockchains, demander à un algorithme de rédiger un livre sur le sujet et le publier directement Amazon en utilisant les capacités de "print on demand". Le livre ne sera imprimé que lorsqu’il sera effectivement commandé. Après l’ère des fake-news, voici venu celui des fake-books. Notons qu’il n’a pas fallu attendre des algorithmes pour écrire ce genre de livres : des éditeurs peu scrupuleux ont, de tout temps, su tirer parti de la misère des écrivains pour leur faire rédiger à moindre prix des livres au titre alléchant, mais vides de contenu.

Devant le foisonnement, l’abondance des informations, une nouvelle ère s’ouvre à nous : l’ère du filtre. Nous avons besoin de construire des filtres qui nous préservent de l’agression informationnelle et sensorielle permanente.

Ces filtres existent. Ils sont humains.

Pour les livres, on les appelle les libraires ou les bibliothécaires.

Pour une personne très sensible comme moi, allergique aux centres commerciaux, les librairies et les bouquineries sont des oasis de calme et de bonheur au milieu des villes. J’aime bien fouiller, écouter les conseils. Mon portefeuille apprécie moins, mais, dans ces occasions, il n’a plus voix au chapitre.

Moi qui ne supporte pas la plupart des musiques populaires crachées par les enceintes connectées dans les parcs, les rues ou par les radios dans les magasins, je me ressource dans le silence des papiers froissés. Et, allez comprendre, lorsqu’une bouquinerie diffuse de la musique, c’est toujours de la bonne, de l’excellente musique !

Pour soutenir ce blog, allez chez votre libraire !

Ma ville a vu disparaitre coup sur coup deux bouquineries (remplacées par un commerce d’alimentation et un vendeur de sacs à main) et sa librairie principale. Cette perte m’a fait comprendre l’importance et la fragilité des petits commerces du livre (j’ai d’ailleurs dit à ma femme que le jour où Slumberland, mon fournisseur de bédés, ferme, on déménage ailleurs).

Si vous voulez soutenir ce blog, soutenir mon travail, je vous demande une chose : commandez, dans la mesure de vos moyens, mon livre dans une librairie, si possible indépendante.

Non seulement vous soutiendrez mon travail, mais vous soutiendrez également votre libraire et vous risquez de découvrir des livres imprévus. Ce faisant, vous attirerez l’attention du libraire sur mes livres ce qui lui permettra de potentiellement les recommander à d’autres.

Pour moi, soutenir son cerveau, les penseurs et créateurs se fait #chezmonlibraire.

Et lorsque ce n’est pas possible, je vous invite à préférer les librairies en ligne indépendantes.

La piste cachée

Je comprends parfaitement celles et ceux qui préfèrent la version électronique. C’est mon médium de choix pour les romans rapides comme Printeurs. Le livre papier reste cependant un bel objet à offrir.

Et puis, ce n’est pas que je veuille attiser votre curiosité, mais les acheteurs du livre papier de « Stagiaire au spatioport… » (oui, même moi je trouve ce titre trop long à taper) bénéficieront d’une surprise ! Car, à ma connaissance et s’il faut en croire Wikipédia, le livre serait le premier à disposer d’un morceau caché !

Je rassure les lecteurs électroniques : le morceau caché y est également présent. Il n’est juste pas caché, c’est moins rigolo.

PS: L’image d’illustration m’a été envoyée sympathiquement par un lecteur depuis la librairie de son quartier. Si vous m’avez envoyé ce genre de photos sur Mastodon, pourriez-vous les reposter avec le tag #chezmonlibraire ? Je découvre qu’il est impossible de retrouver des messages dans Mastodon si on ne les a pas bookmarkés…

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Source: https://ploum.net/2023-02-16-chez-mon-libraire.html


Modern AI and the end of privacy

Wednesday 15 February 2023 at 01:00

Modern AI and the end of privacy

When you think about it, the gigacorps currently developing consumer-facing AI chatbots are also the same companies which are spying the most heavily on our private life.

Well, it’s obvious because every single company is now trying to spy on you as much as it can and gathering so much data that they can’t even handle it (no later than last week, I have asked to be removed from some shop databases, received a reply telling me that everything was erased yet I’m still receiving daily spam from them). Companies have so many data, duplicated in many backups, they don’t even know what to do with it.

And those data, sooner or later, will be used to train AI. In fact, they already were for years: look no further than reply suggestions from Gmail.

The first consequence is that AI chatbot will quickly start to argue with you, insult you or, why not, send you dick pics. Those are, after all, a huge part of written human communications.

But the terrifying part is probably that there’s no way to prevent leaks. Anybody using a trained chatbot will quickly find ways to ask if Alice and Bob were exchanging emails and what it was about. If Eve was sick or not.

Worst of all, most of it will probably be hallucinations: false data invented by the AI itself. But a few clickbait stories with real information leakage will be enough to cast a doubt that any answer by an AI "might be true".

Despite many warnings, we have offered total control of our lives to a few monopolies. Even if you were careful enough, public data about you are probably enough to "sounds mostly true". Most of your emails ended in a Gmail or Outlook inbox even if you don’t use those services yourself.

In my latest book, the short story "Le jour où la transparence se fit" is about the brutal and sudden disappearance of privacy. I’m glad the book is now in stores because, in a few months, it will probably not sound like science fiction any more…

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Source: https://ploum.net/2023-02-15-ai-and-privacy.html


On Humans and Machines

Saturday 11 February 2023 at 01:00

On Humans and Machines

In the ultimate form of marketing-capitalism, companies try to transform human workers into replaceable working machines and ask them to produce machines that should sound like they are humans.

To achieve that, they build machines that learn from humans.

While humans believe that, in order to gain success, they need to act like machines acting like humans. That’s because the success is defined by some counters created by the machines. The machines, themselves, are now learning from machines that act like humans instead of learning from humans.

So, in the end, we have humans acting like "machines learning from machines acting like humans" built by humans actings like machines.

That’s make "being human" really confusing. Hopefully I don’t need to think about what "being a machine" means.

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Source: https://ploum.net/2023-02-11-human-and-machines.html