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Télécharger un film sur The Pirate Bay

Thursday 29 August 2013 at 14:26

TPBAFKposter

Si vous vous intéressez à la culture numérique et à la mouvance pirate, je vous recommande chaudement le documentaire TPB:AFK, qui signifie « The Pirate Bay: loin du clavier ». Il raconte l’histoire des personnes derrière The Pirate Bay, le site de partage de fichiers le plus populaire au monde, ainsi que toutes les péripéties judiciaires ayant notamment conduit à la création du Parti Pirate.

Le film a été initialement diffusé sur… The Pirate Bay bien évidemment. Aussi, je vous propose un petit guide pas-à-pas pour télécharger et visionner le film.

Se rendre sur The Pirate Bay

L’adresse officielle de The Pirate Bay est thepiratebay.sx. Dans la plupart des cas, il suffit de cliquer sur le lien pour vous y rendre. Malheureusement, dans des pays comme la Belgique il se peut que l’accès soit bloqué. Soit le site ne répond pas, soit il semble chercher pendant des heures, soit vous avez un effrayant écran vous informant que le site est bloqué.

Sur internet, la véritable adresse d’un ordinateur est ce qu’on appelle une adresse IP, quatre chiffres du genre 194.71.107.80. Comme les chiffres sont difficiles à retenir, on utilise généralement un nom de domaine, de type ploum.net ou thepiratebay.sx. Lorsque vous tapez l’adresse thepiratebay.sx, votre navigateur interroge ce qu’on appelle un serveur DNS, généralement géré par votre fournisseur d’accès internet. La demande est du genre : « Hey mec, quelle est l’adresse de thepiratebay.sx ? » et la réponse « Attends, je regarde, c’est 194.71.107.80 ! ».

Ce que fait le législateur belge, c’est d’interdire aux fournisseurs d’accès internet de répondre correctement à des requêtes concernant certains sites, notamment thepiratebay.sx. Pour contourner cela, il suffit d’utiliser un autre serveur DNS que celui de son fournisseur d’accès internet. Ou, tout simplement, de connaître l’adresse IP.

Dans notre cas, il suffit donc de taper 194.71.107.80 dans la barre d’adresse de votre navigateur.

Trouver un fichier sur The Pirate Bay

tpb1
The Pirate Bay se présente comme un simple moteur de recherche. Et, en effet, ce n’est rien d’autre. Ce qui pose d’ailleurs de savoir pourquoi celui-là est interdit plutôt qu’un autre. Enfin, continuons et entrons le titre du film que nous voulons voir.

tpb2

Plusieurs résultats s’affichent avec pas mal d’informations qui ne sont pas toujours très claires. La première chose que je fais c’est de simplifier l’affichage en cliquant sur « Simple » et puis sur le haut de la colonne « SE ». SE est le diminutif de « Seeders » qui signifient le nombre de personnes qui sont actuellement en train de fournir le fichier en question. Plus il y a de fournisseurs, plus le téléchargement sera rapide. Sans fournisseurs du tout, il sera impossible de télécharger le fichier.

tpb3

Voilà, l’affichage est un peu plus clair. Un point important à prendre en considération est la taille. Si vous voulez de la très haute qualité, vous pouvez télécharger la version de 6Go. Personnellement, j’estime que la version de 974Mo est bien assez grosse pour un film de 90 minutes. Et elle a également suffisamment de fournisseurs (196) pour m’assurer un téléchargement rapide. Je clique donc sur cette version.

tpb4

Voici la fiche du document demandé. Il y a généralement toutes les informations nécessaires. N’hésitez pas à aller faire un tour dans les commentaires en bas de page pour voir si les autres utilisateurs ont des problèmes ou non avec ce fichier.

Télécharger le fichier

Pour télécharger, il vous suffit de cliquer sur le lien « Get this torrent » à côté de l’aimant rouge. Attention, il y a parfois des liens publicitaires à l’intitulé trompeur. Ne confondez pas (et installez Adblock) !

Si rien ne se passe, c’est que vous n’avez pas logiciel pour télécharger les torrents. Je vous recommande d’installer Deluge puis de réessayer de cliquer sur le lien (UPDATE: suppression de la recommandation de µTorrent, qui serait bardé de publicités).

Une fenêtre s’ouvre vous demandant où sauvegarder le film et votre téléchargement se lance. Une fois celui-ci terminé, n’hésitez pas à laisser votre logiciel Bittorrent ouvert afin de devenir vous-même un « seeder » et d’aider d’autres à télécharger.

tpb5

Pour terminer

Un torrent peut contenir plusieurs fichiers. Par exemple, le torrent de 974 Mo contient également les sous-titres en anglais. Les sous-titres en français sont disponibles séparément sur The Pirate Bay. À titre d’exercice, je vous laisse les télécharger. Ils sont trouvables avec la recherche « tpb afk french ».

Enfin, si vous avez apprécié le film, n’hésitéz pas à soutenir le réalisateur par un achat ou un Flattr.

Bon visionnage !

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Source: http://ploum.net/telecharger-un-film-sur-the-pirate-bay/


La liberté de soutenir

Tuesday 27 August 2013 at 16:17

Ballons rouges sur fond de ciel bleu

Chers créateurs,

Vous êtes de plus en plus nombreux à faire appel aux dons, à offrir votre travail en échange d’un prix libre. J’en suis très heureux car je fais de même. Mais lorsque je vois un travail qui me plaît, je suis souvent surpris par le peu de liberté que j’ai pour envoyer mon argent. Lorsque je demande si il y a un compte Flattr ou une adresse Bitcoin, je me vois rétorquer « Nous utilisons Paypal uniquement ».

Offrez la liberté de vous soutenir

Chez les programmeurs, il y a un adage qui dit « Soyez libéral dans ce que vous acceptez et strict dans ce que vous envoyez ». L’aphorisme me semble convenir également à ce cas de figure.

Vos supporters sont prêts à vous donner de l’argent. C’est extraordinaire. La moindre des choses ne serait-elle pas de leur laisser le choix du mode de paiement voire même de la nature de ce paiement ?

Personnellement, j’adore Flattr et Bitcoin. Je n’hésite pas à faire des dons en utilisant ces deux méthodes. Par contre, je suis très réservé sur Paypal dont la commission est énorme pour des petites sommes. Je ne fais donc pas de don avec cette méthode. Il n’empêche que j’accepte Paypal car j’estime que c’est le choix de chacun. Si quelqu’un souhaite me soutenir et apprécie le service Paypal, c’est son droit le plus strict de préférer cette méthode.

Même si ce n’était pas votre intention au départ

Si vous n’offrez pas votre contenu en ligne volontairement, il y a beaucoup de chances pour qu’il s’y trouve malgré tout, accessible gratuitement par tout un chacun. Acheter votre disque ou votre livre est donc de facto un don déguisé. Votre fan paie pour vous soutenir alors qu’il peut accéder au contenu librement.

Vous pouvez insultez vos fans, les traiter de pirates. Mais c’est dommage. Certains seraient sans doute prêts à vous soutenir mais ils n’ont que faire d’un bout de plastique ou d’une pile de papier et savent que vous ne toucherez qu’un très faible pourcentage de chaque achat.

Pourquoi ne pas prendre acte de cet état de fait et offrir à vos fans la liberté de vous soutenir, de la manière qui leur convient le mieux ? Des expériences de ce type ont déjà été tentées avec succès.

Tant que c’est rentable

Les excuses des créateurs pour ne pas accepter un moyen de paiement relèvent très souvent de la paresse. Ils n’ont pas le temps ni l’envie de se pencher sur des solutions nouvelles. À mes yeux, cela fait pourtant partie du travail d’un créateur qui souhaite être rémunéré. C’est une marque de respect envers les personnes qui vous soutiennent.

Mais, parfois, ce n’est tout simplement pas possible. Une solution peut se révéler plus coûteuse que ce qu’elle ne rapporte. Ainsi, Numerama a abandonné l’utilisation de Flattr. La raison ? Ce genre de dons est encore une zone grise au niveau comptable, un risque qui, à l’époque, n’était pas contre-balancé par les quelques dizaines d’euros mensuels.

Dans des cas similaires, le plus simple est d’expliquer, sur votre page de dons, que vous n’acceptez pas les paiements selon telle méthode en donnant la raison. N’hésitez pas à revoir votre opinion régulièrement car le monde évolue rapidement.

Un zeste de curiosité et de respect

Un jour, en sortant du supermarché, un mendiant me tend une main suppliante. Sans réfléchir, j’attrape des paquets de nourriture qui dépassent de mon caddie et je les lui tends. Il refuse en me faisant signe qu’il préfère du cash. Je reprends mes paquets, hausse les épaules et tourne le dos sans rien donner, vexé.

Lorsqu’un fan vous fait part d’un nouveau moyen de recevoir des dons, prenez le temps de l’investiguer. Peut-être que cette solution est particulièrement exotique et qu’elle ne vous rapportera que quelques euros sur l’année. Mais, comme l’illustre mon anecdote, refuser un don sans explication est extrêmement vexant. C’est un manque de respect vis-à-vis de quelqu’un qui vous offre sa confiance et son attention.

Et puis, peut-être que cette solution deviendra subitement populaire l’année prochaine. En attendant, les petits ruisseaux ne font-ils pas les grandes rivières ?

 

Photo par Kathy

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Source: http://ploum.net/la-liberte-de-soutenir/


Désactivez votre messagerie vocale

Friday 23 August 2013 at 15:00

Le téléphone sonne. Machinalement, vous regardez dans votre sac. Deuxième sonnerie. Il n’y est pas, vous l’avez laissé sur la table du salon. Troisième sonnerie. Vous vous ruez dans le salon. Quatrième sonnerie. Vous l’avez saisi à l’envers et le retournez. C’est un appel de votre conjoint. Bizarre, vous êtes légèrement inquiet. Cinquième sonnerie. Vous décrochez. Zut, après la cinquième sonnerie, votre répondeur se met en route. Vous vous demandez pourquoi il vous appelle à cette heure-ci. Vous l’appelez. Vous tombez sur sa messagerie. Forcément, il est en train de laisser un message sur la votre. Vous attendez. Une seconde, dix secondes. Nouvel essai. De nouveau la messagerie. Vous laissez un message demandant pourquoi il vous a appelé. Vous racrochez. Vous écoutez votre messagerie. Pour écouter le message, tapez 1. Vous tapez 1. Message reçu… aujourd’hui… à… treize… heures… trente… quatre. « Appelle moi quand tu as ce message ! ». Et si c’était urgent ? Ou grave ? Vous commencez à paniquer, tous les scenarios catastrophes se bousculent dans votre tête. Vous réessayez d’appeler votre conjoint. De nouveau le répondeur. Vous racrochez. Ah, un SMS. Il vous informe que vous avez un nouveau message. Rebelote.  Pour écouter le message, tapez 1. Message reçu… aujourd’hui… à… treize… heures… trente… cinq. « Bizarre, je tombe sur ta messagerie. Tout va bien ? Appelle-moi, bisous ! ». Vous décidez de vous calmer et d’attendre cinq minutes sans toucher au téléphone histoire de ne plus vous appeler en même temps. Après trois minutes trente, vous craquez. Chance ! Votre conjoint n’avait pas encore craqué ! Vous l’avez au bout du fil. « Dis, je suis au supermarché. On a encore du papier toilette en réserve ? ».

Cette histoire, je suppose que vous l’avez tous vécue à des degrés divers. Et le coupable est tout désigné : la messagerie vocale.

Depuis plusieurs années, j’ai complètement désactivé la messagerie vocale de mon téléphone et je pensais vous en parler un jour. Aujourd’hui, j’apprends que Korben fait de même, me coiffant au passage sur le sujet. Je partage entièrement ses raisons : si je ne décroche pas, envoyez moi un SMS ou un email. Je n’ai ni le temps ni l’envie de passer par un menu audio afin de prendre une minute à écouter un message qui passerait en une seconde par écrit (je vous ai dit que je lisais vite ?).

Vous allez me dire que c’est un choix personnel, une question de goût. Non, c’est également une question de respect de moi-même et de mes correspondants. C’est un acte citoyen pour rendre le monde (très légèrement) meilleur.

Stress !

Comme le montre l’histoire précédente, la messagerie est un générateur de stress. La raison est simple : son existence met un ultimatum au temps dont vous disposez pour décrocher. Si vous n’arrivez pas à décrochez à temps, vous savez que vous risquez une histoire comme celle racontée plus haut. Il s’ensuit que chaque coup de fil pour lequel vous souhaitez décrocher devient une course contre la montre. Avec, à la clé, un ou deux messages qu’il faudra vider de la messagerie à travers un obscur menu audio. Ce stress n’est peut-être pas conscient mais il est plus que certainement présent.

Admettons que vous reconnaissiez le numéro de votre patron ou d’un employeur potentiel chez qui vous avez postulé. Une réaction logique voudrait que vous laissiez sonner quelques secondes de plus, le temps de respirer un grand coup ou de vous mettre dans un endroit favorable. Malheureusement, la crainte de la messagerie vous en empêchera, vous forçant à répondre sous le coup de la surprise et de l’émotion.

La vie moderne est déjà assez fournie en stress sans qu’il soit utile d’en rajouter de manière artificielle.

Pognon !

Tout cela n’est pas non plus gratuit. Chaque appel sur un répondeur est une communication au tarif normal. Si le forfait de votre correspondant facture la minute entamée, cela peut très vite chiffrer, même s’il raccroche aussitôt qu’il reconnait un répondeur. Votre correspondant était prêt à dépenser pour communiquer avec vous mais il est toujours frustrant de voir son argent dépensé de manière inutile. Dans l’historiette ci-dessus, ce n’est qu’au quatrième appel que la communication a pu s’établir, pour un coût total pouvant aller à 60 ou 70 centimes… pour rien !

En désactivant votre messagerie, vous laissez votre correspondant contrôler son budget. Il peut décider de vous envoyer un SMS ou un email.

Avec votre forfait optimisé, le cout sera sans doute plus proche de 10 centimes, cela ne vous semble pas grand chose. Mais si vous multipliez cela par des millions d’utilisateurs, je me demande parfois si ce n’est pas à dessein que les opérateurs téléphoniques configurent par défaut la messagerie après un temps très court.

Désactivation totale

D’ailleurs, désactiver totalement le répondeur n’est pas chose aisée. Dans la plupart des cas, il faudra contacter votre opérateur. Renseignez-vous également sur le net car on vous répondra souvent que c’est impossible. Je vous ai parlé de Mobile Vikings et, chez eux, il faut entrer le code ##002# sur son téléphone.

Si vraiment cela s’avère impossible chez votre opérateur, n’hésitez pas à résilier votre contrat. Vous serez surpris à quel point ce petit changement peut, chez certains, être un soulagement voire un changement radical dans la manière d’approcher les communications téléphoniques.

Faites un geste pour vous et pour les autres, désactivez votre répondeur !

 

Photo par Studio Tempura

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Source: http://ploum.net/desactivez-votre-messagerie-vocale/


La première guerre civile mondiale

Wednesday 21 August 2013 at 19:55

English version available on Falkvinge.net.

Chaque jour qui passe apporte son lot de confirmation sur une vérité que beaucoup voudraient ignorer : nous sommes en guerre. Une guerre larvée, relativement calme mais une guerre tout de même.

Contrairement à une guerre traditionnelle, une guerre civile n’a pas de front bien tracé, de belligérants clairement identifiables à la couleur de leur uniforme. Chaque camp est partout, au sein d’une même ville, d’un même quartier, d’une même famille.

D’un côté, nous avons une classe de pouvoir. Riches, puissants, ils ont l’habitude de contrôler, ils ne connaissent pas le doute. Ils décident et sont intimement persuadés de le faire dans l’intérêt général. Beaucoup, ni riches ni puissants, les soutiennent. Par peur du changement. Par habitude. Par intérêt personnel. Par crainte de perdre certains acquis. Ou par incapacité intellectuelle de comprendre la révolution à l’œuvre.

De l’autre, voici la génération numérique. Issus de tous les sexes, tous les âges, toutes les cultures, tous les emplacements géographiques. Ils discutent entre eux, s’échangent des expériences. Découvrant leurs différences, ils se cherchent des points communs en remettant tout en question, jusqu’à la foi et aux valeurs profondes de leurs parents.

Cette population a développé des valeurs qui lui sont propres mais également une intelligence analytique hors du commun. Les outils dont elle dispose lui permettent de pointer très vite les contradictions, de poser les questions pertinentes, de soulever le voile des apparences. À travers des milliers de kilomètres de distance, ses membres peuvent ressentir de l’empathie pour tous les humains.

Un fossé grandissant

Longtemps, j’ai été persuadé qu’il ne s’agissait que d’une question de temps. Que la culture numérique imprégnerait de plus en plus chaque individu et que les plus réfractaires finiraient par disparaître, au fil des générations et du renouvellement naturel.

Malgré la popularisation des outils tels que le smartphone ou Twitter, cette fracture ne s’est pas résorbée. Au contraire, elle n’a fait que s’empirer. L’ancienne génération n’a pas adopté la culture numérique. Elle s’est contentée de manipuler aveuglement les outils sans les comprendre, en une parodie désespérée du culte du cargo. Résultats : des musiciens qui insultent leurs propres fans, des journaux dont le site web, envahi de publicités, semble être une copie conforme de la version papier, des jeunes politiciens qui utilisent Facebook ou Twitter comme une machine à publier des communiqués de presse sans jamais tenter de communiquer avec leur électorat.

Il y a 40 ans, deux journalistes révélaient au monde que le président de la nation la plus puissante utilisait les services secrets pour mettre sur écoute ses adversaires politiques. Ce travail d’investigation leur vaudra le prix Pulitzer et mènera à la démission du président.

Aujourd’hui, des acteurs imprégnés de culture numérique révèlent au monde que le président à mis le monde entier sur écoute ! Qu’il envoie des hommes massacrer cyniquement des civils. Ces révélations leur vaudront 35 ans de prison pour l’un et une traque à travers le monde entier pour l’autre. Le président en question est, quant à lui, titulaire d’un prix Nobel de la paix.

La mort du journalisme

Contrairement au Watergate, il n’est plus possible de compter sur la presse. Une grand partie des journalistes ont tout simplement cessé tout travail de fond ou d’analyse. Les journaux sont devenus des organes de divertissement ou de propagande. Un esprit un peu critique est capable de démonter la majorité des articles en quelques minutes de recherches sur le web.

Et lorsque certains journalistes commencent à creuser, ils voient leur famille se faire arrêter et détenir sans raison, ils reçoivent des menaces politiques et sont forcés de détruire leur matériel. Le site Groklaw, qui fut un site déterminant dans la publication d’actualités liées à des grands procès industriels, vient de fermer car sa créatrice a pris peur.

La classe dirigeante a décidé que le journalisme devait se contenter de deux choses : faire craindre le terrorisme, afin de justifier le contrôle total, et agiter le spectre de la perte d’emplois, afin de donner une impression d’inéluctabilité face aux choix personnels.

Bien sûr, tout cela n’a pas été mis en place consciemment. La plupart des acteurs sont intiment persuadés d’œuvrer pour le bien collectif, de savoir ce qui est bon pour l’humanité.

On vous fera croire que l’espionnage des mails ou l’affaire Wikileaks sont des détails, que les questions importantes sont l’économie, l’emploi ou les résultats sportifs. Mais ces questions dépendent directement de l’issue du combat qui est en train de se jouer. Les grandes crises financières et les guerres actuelles ont été créées de toutes pièces par la classe actuellement au pouvoir. La génération numérique, porteuse de propositions nouvelles, est bâillonnée, étouffée, moquée ou persécutée.

L’état de panique

En 1974, pour la classe dirigeante il est plus facile de sacrifier Nixon et de faire tomber quelques têtes avec lui. Le parallèle avec la situation actuelle est troublant. La classe dirigeante a peur, elle est dans un état de panique et n’agit plus de manière rationnelle. Elle cherche à faire des exemples à tout prix, à colmater les fuites en espérant qu’il ne s’agit que de quelques cas isolés.

Ils n’hésitent plus à utiliser les lois anti-terroristes de manière inique, contre les journalistes eux-mêmes. Ceux qui prédisaient de telles choses il y a un an étaient traités de paranoïaques. Mais les plus pessimistes ne les avaient probablement pas imaginées aussi rapidement, aussi directement.

La destruction des disques durs du Guardian est certainement l’événement le plus emblématique. Son inutilité, son absurdité totale ne peuvent masquer la violence politique d’un gouvernement qui impose sa volonté par la menace à un organe de presse reconnu et réputé.

Cet épisode illustre la totale incompréhension du monde moderne dont fait preuve la classe dirigeante. Un monde qu’elle pense diriger mais qui échappe à son contrôle. Se drapant dans la ridicule autorité de son ignorance, elle déclare ouvertement la guerre aux citoyens du monde entier.

Une guerre qu’elle ne peut pas gagner, qui est déjà perdue. Mais qu’elle va tenter de faire durer en entraînant dans leur chute de nombreuses victimes qui seront injustement emprisonnées pendant des années, torturées, arrêtées, harcelées, détruites moralement, poussées au suicide, traquées à travers le monde.

C’est déjà le cas aujourd’hui. Et parce que vous aurez eu le malheur d’être sur le mauvais avion ou d’avoir envoyé un email à la mauvaise personne, vous pourriez être le prochain sur la liste. Il n’y a pas de neutralité possible. Nous sommes en guerre.

 

Photo par Jayel AheramEnglish version available on Falkvinge.net.

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Source: http://ploum.net/la-premiere-guerre-civile-mondiale/


Open Letter to Flight Attendants

Monday 19 August 2013 at 12:40

Dear flight attendant,

I’ve printed this letter that I’m handing to you because you are asking me to stop reading during take off or landing.

We all know that commercial flying is nowadays full of idiotic rules. The “potentially dangerous bottle of water that you have to throw in a trash can because it contains more than 100ml” is one. Asking me “to switch off all electronic devices” is another.

The good old mobile phone

Mobile phones try to stay connected with the closest antenna by adjusting its transmission power. As antennas get further, the phone increases its emitting power. If you put two hundreds phones in a small volume and quickly get away from any antenna, phones will all start to send full power signals at the same time.

Is it bad? There’s no proof that it can do any harm. But it would drain all the batteries while being, at best, useless. Hence, it did make sense to ask people to switch off their phone during a flight.

Smartphones and tablets

On modern devices, phone is only one amongst many features. It makes a lot of sense to use your phone or tablet during a flight. That’s why manufacturers invented a new function called “flight mode” which shut down the phone feature. Problem solved?

No because some flight attendants still stick to the old “shut down your phone” mantra. I’ve heard a stewardess explicitly explaining that “flight mode” was for flight but that the phone/tablets must be off during take off and landing. An explanation probably made up on the fly to cover the fact that she was not understanding herself what she was asking to the passengers.

It can’t do any harm

No, it can not do any harm to the plane. You don’t need to be a PhD in physics to understand one simple fact: I flew in airplanes where there was wifi available on board and a seven inches LCD screen with a computer allowing me to play some video games in every single seat. Despite hundred of screens being turned on during the whole flight, we landed safely. Do you really think that my phone or tablet can do more harm than hundred of computers? Would my laptop be allowed on board if there was a slight chance of interfering with the plane?

Today, you asked me to shut down my e-book reader. Technically, an e-ink e-book reader like mine is nearly off most of the time. It only briefly wakes up when I turn the page. Do you really expect me to stop reading during take off and landing because of the indistinguishable electrical activity when I turn a page? I’ve once joked to a flight attendant: I’m only reading this page, I will not turn the page. Is it forbidden to stare at the screen of a turned off device?

Passengers are laughing

The worst thing about this whole story is that people stop listening to cabin crew or trusting their authority. When I’m asked to shut down my e-book, I simply close the leather cover and I reopen it as soon as the steward is on the next seat. Half the plane is doing that anyway. When someone is asked to turn his smartphone off, do you really believe that he will go through the menu and wait for the shutting down process to happen? No, he just put it in his pocket or turn off the screen with a hypocritical smile.

As more and more passengers use those devices, they start to feel the stupidity of the rule. I’ve witnessed people starting to laugh behind the back of the attendants. I’ve seen two passengers, that don’t know each other, share a knowing look after being required to stop reading and surreptitiously reopening their Kindle together.

The solution

The solution is easy and straightforward. Instead of asking people to turn off their devices, simply ask them to put them in flight mode. Simple and efficient. And you know what? I’ve already met flight attendants doing it. They see me reading and they ask me “flight mode?”. And I answer yes because I’ve disabled the wifi on my e-book reader. And I feel happy. And I feel some respect for that particular flight attendant. And I feel like I’m living in the 21st century.

If those explanations seem obvious to an engineer like me, I understand that most people are not into technology or mobile gadgets. That’s why, instead of laughing behind your back, I decided to write you this letter. I hope this will help. And don’t worry: even with the stupidest boss in the world, you cannot lose your job because “a few passengers were in flight mode instead of having their phones completely turned off”. Those phones are already on anyway. So let’s try to act intelligently together.

Thanks a lot for your work and caring about us during this journey.

Respectfully,

A passenger

 

Picture by Brian Herzog

 

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Source: http://ploum.net/open-letter-to-flight-attendants/


Printeurs 1

Thursday 8 August 2013 at 23:26

Ceci est le billet 1 sur 3 dans la série Printeurs

Coup de foudre ! Mon esprit conscient ne l’avait pas encore aperçue que j’eu l’impression d’avoir mis les doigts sur une capa de plusieurs microfarad. La foule de hackers sortait de la conf de CrazyDog, je rangeais paisiblement ma tablette dans la poche dorsale de ma veste quand, soudainement, un éclair passa devant mes yeux, mon cœur s’arrêta, mon diaphragme se cabra.

Abasourdi, je restai interdit, la respiration courte et sifflante. L’hétérosexualité n’est habituellement pas ma tasse de thé mais, sur le coup, elle avait frappé fort. La lèvre pendante, incapable de prononcer un mot, j’étais foudroyé.

Reprenant mes esprits et apercevant la cause de mon émoi, je visualisai intérieurement l’icône photo puis identification.

Il y avait peu de chances pour que ça fonctionne. À la Grey Hat Conf, la majorité de l’auditoire s’est effacée des réseaux et porte un maquillage holo. Mais, coup de bol, j’avais accès à son profil. Enchanté Eva, merci de partager tes infos avec les participants. Officiellement, tu es célibataire, voilà qui est fort intéressant !

Tout ça est un peu trop facile. Fini l’ère baroque de la chasse au partenaire sexuel avec son excitation, ses imprévus, ses frustrations. Les algos de matching ont optimisé à l’extrême le rendement du processus amoureux. Quelques nostalgiques comparent même notre ère sociale à l’architecture fonctionnaliste. Mais, en ce moment, peu me chaut. Le temps de trouver une surface plane pour taper et j’envoie à Eva une invitation lui proposant de discuter du contenu de la conf de CrazyDog. C’est une excuse tellement misérable qu’elle ne risque pas de se méprendre sur mes intentions.

Dans mon champs de vision, un point rouge clignote. Je visualise l’ouverture d’une enveloppe. Sa réponse, elle a déjà accepté ! Aussitôt, mon regard fourmille de bannière colorée qui vantent le restaurant le plus susceptible de lui plaire dans la limite de mon budget.

Il m’a suffit d’un regard et de quelques pensées pour organiser mon rencard de cette nuit. Tout en marchant vers mon hôtel, je me met à fantasmer sur sa peau mate et ses longs cheveux noirs. J’ai du penser trop fort : mon champ de vision ne cesse de se remplir d’images vantant les mérites de sites pornographiques spécialisés dans les filles à la peau foncée. Si j’avais un esprit plus puritain, l’algo les filtrerait automatiquement. Pas de chance, je suis assez libéral.

Par contre, ce n’est pas le genre de distractions que j’ai envie de m’offrir pour le moment. Le profil d’Eva est passionnant. Elle a publié pas mal de billet sur la construction atomique. Ce que je fais avec le plastique et les métaux dans mes printeurs, elle le fait atome par atome. Pris d’un doute affreux, je me demande si mon neurex est bien uniquement en lecture. Le matching semble trop parfait ! Pourtant, personne n’a encore réussi à influencer la pensée. Ce n’est pas faute d’avoir essayé mais le neurex n’est finalement qu’un simple capteur de conductivité porté en serre-tête à la surface du cuir chevelu.

Quoiqu’il en soit, je ne veux pas gâcher la soirée qui s’annonce avec de la publicité. Je commande donc six heures sans pub. J’écorne mon budget voyage mais un véritable coup de foudre, ça se fête ! Le clavier numérique s’affiche sur mon avant bras, je confirme la transaction en entrant mon code PIN.

Mon champ de vision me semble soudainement merveilleusement dégagé voire vide. J’apprécie la sensation. Tiens, un nouveau point rouge. Eva me précise de venir décontracté, qu’elle n’a pas eu le temps de rentrer à l’hôtel et portera son t-shirt de la journée. Je réponds que, bien entendu, ce sera décontracté, que je suis dans la même situation, qu’elle ne doit pas s’inquiéter. Un mec qui drague, ça raconte vraiment n’importe quoi ! Ma réponse à peine envoyée, je plonge dans la douche aux huiles essentielles odorantes. Je vais lui sortir le grand jeu !

Les gouttelettes chaudes crépitent sur mon corps, je me détends complètement. Waw ! Une douche sans pub ! Quel pied ! Il faudra que je pense à faire cela plus souvent.

À suivre…

 

Photo par Dan Tentler

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Source: http://ploum.net/printeurs-1/


Exploring Artistic Business Models in the 21st Century

Tuesday 6 August 2013 at 21:35

Most artists don’t earn any money

Being a pirate, I’m often asked: “How would artists earn money if everybody was like you?”. My first answer is that, in general, artists are currently not making any money at all. Only a tiny minority of artists are making a living from their art and, from that minority, only a handful are actually really rich because they created a very successful business around their art.

Everybody can be an artist. I would say that, in one way or another, most humans are artists. Turning art into an income is another process. You need to become an entrepreneur and create a business model. Proof is that the most talented artists are very rarely the best paid.

Making money, being it from art or from anything else, is called entrepreneurship. Failing at creating a business can happen and is never the fault of the customers. If they don’t pay, it’s because the business doesn’t answer the needs of today’s world.

That’s said, let’s explore the possible business models for artists that are supposedly threatened by piracy: musicians, movie makers, writers. But the following applies to any field where the work can be digitalised: journalists, software developers, bloggers. They are probably artists too, in their own way.

Organising events

The oldest and most traditional business for artists is to organize events where people would pay to attend. Concerts, theatres, plays. The problem is that events don’t scale well. The artist has to travel to the place and perform. Business people don’t like when it doesn’t scale because they can’t sit on a stream of income. Money goes directly to the organizers and to the artists, with very few intermediaries. Events, including movies, are still hugely popular and don’t seem to be threatened by piracy.

But earning money with events only applies to some kind of art. It is a lot harder for writers, journalists or software developers to gather the crowd to their gig.

Selling the Material Support

In that business model, you don’t sell the art itself. You sell a material support that allows people to enjoy a work. Books, CDs, DVDs, newspapers, boxed software. But this business is based on scarcity: people buy it because there’s no other way to get the content.

Internet make the whole idea of material supports obsolete. The solution was to try to implement, on the internet, the limitation of the real world and transform an unlimited virtual world into an artificial scarcity world. Hopefully, this failed.

One problem with the material support business model is that it created a whole bunch of intermediaries. The authors only earn a few percents of the selling price and intermediaries have now a conflict of interest: on one side, they want to spread the art as much as possible but, on the other hand, they want to prevent at all costs people to access the art without paying.

Trying to sell material support is turning into an absurd paradox. As always when an industry is dying, the business turned to moral perversion. Marketing money is now mostly spent to make you believe that you are morally obliged to pay or artists/your country/children will die.

Surrounding the Work with Advertisements

One solution to this paradox was to earn money through advertising. By earning money through ads, you do not need to restrict the spread of the work.

But advertising has its own problem. Firstly, there’s still many intermediaries. In fact, there’s even more than before. You basically pay for you art when you buy that product you have been subconsciously convinced to choose. Even though that product is twice the price of the other brand, you pay for it, convinced that ads had no impact on your decision. From what you paid, only a microscopic fraction goes to the artist. So tiny that it becomes ridiculous.

People started to circumvent ads with AdBlock. Once again, morality was used as a marketing argument, asking people to turn-off AdBlock “to support the work”.

The other major problem with advertising is that the customer is not the people enjoying the art anymore. The customer is now the advertiser. As a consequence, the artist doesn’t try to make art for the public, he tries to maximize the value of an ad placement near his art.

Experimenting the Free Price

I consider myself as an artist. I write Free Software, I write fiction, I write a blog. If I’m not the most talented artist in town, I consider those activities as art. I earned some money by selling books and putting ads on my website but I’ve never been convinced by those business model. In the end, I decided to not make any money as an artist and it was fine.

But the challenge of a new business model is quite interesting. I came across this idea of Free Price. The Free Price principle is simple: art is freely available to anybody and people pay what they want, how they want.

Some say that it will not happen, that most people will not pay. But, on the other hand, there’s less intermediaries. It means that if a small percentage of your current audience agree to pay you, you make more money than with another business model. That’s what Radiohead experienced with great success in 2007 with In Rainbows.

With a free price, artists are compelled to distribute their work as much as possible. The so-called piracy becomes the best marketing tool in history. The broader your audience, the more you may receive.

Also, a free price means that people can give more if they feel it worth it. As an artist, you are compelled to make something that gives value to your audience. In the end, it’s a win-win for both the artist and the audience. For example, the software Gimp received a donation of $5,000 from an artist that was using it and thought it was bringing a lot of value to his work.

Of course, there are a lot of people that will never pay. Maybe, they have very good reason for not paying. Or they are greedy. It doesn’t matter. As an artist myself, I feel good knowing that everyone can access my art without any money restriction.

 

Picture by Epoxides

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Source: http://ploum.net/exploring-artistic-business-models-in-the-21st-century/


Les filons chocolatifères de la Lune

Wednesday 31 July 2013 at 15:07

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— Papiers s’il-vous-plait !

Depuis sa cahute de plexiglas blindé, le cerbère aux sourcils épais inspecte ma cybercarte.

— Motif de votre séjour sur la Lune ?
— Je suis ingénieur. J’ai été engagé par le conglomérat des compagnies chocolatifères afin d’optimiser le rendement…
— C’est bon, m’interrompt-il ! Pas de liquides ? Pas d’armes ? Pas de coupe-ongle ? Pas de dentifrice ni de coton-tiges ? Pas de chaussettes en soie ? Pas de trottinette à moteur ?
— Non, répondis-je machinalement.

Quelque part au début du siècle, la liste des objets interdits à bord des stratavions avait échappé à tout contrôle. Entité vivante indépendante, elle croissait de manière organique, se nourrissant de notre bêtise et de nos craintes. Mais quand on voyage, on ne s’arrête plus à ces considérations.

Après la fouille, le contrôle de mes bagages, de mes chaussures et mes deux passages successifs aux détecteurs, je prends place dans le stratavion. Je suis excité ! C’est la première fois que je me rend sur la Lune. En tant que jeune ingénieur, je suis très fier de ce nouveau poste.

Les compagnies chocolatifères exploitent chacune un gisement particulier du sol lunaire. Les mines produisant le chocolat le plus pur sont étalées dans la mer de la Tranquilité. Mais le chocolat issu de Copernic ou d’Eratosthène a un goût praliné tout particulier. Bref, les compagnies se font une concurrence sévère.

Regardant autour de moi, je constate que nous ne sommes que deux passagers. Le reste du stratavion semble être du fret. Probablement du matériel et du ravitaillement pour les mineurs.

Car les compagnies sont toutes confrontées à un problème commun : le coût prohibitif du transport. Raison pour laquelle les industries terrestres tournent toujours à plein régime, produisant un chocolat à base de cacao, certes d’une qualité inférieure mais ô combien moins onéreux. Seules quelques élites privilégiées peuvent se payer quotidiennement le fameux chocolat lunaire. Pour les autres, comme moi, il s’agit d’un luxe rare et dispendieux.

Luxe que mon séjour sur la Lune devrait mettre à ma portée, du moins, je l’espère.

Afin de résorber en partie ce problème pécuniaire, les compagnies ont décidé de mettre temporairement leur rivalité de côté et de créer un bureau d’optimisation, bureau pour lequel je viens d’être engagé.

Je me demande à quoi ressemblera mon travail. L’optimisation a un côté excitant, passionnant. Oui, je me demande…

*

Après les formalités d’usage ( non, je n’ai pas acheté des armes ni enfilé des chaussettes en soie durant le voyage ! ), je débarque dans le hall désert de l’astroport. Machinalement, je sautille d’une jambe sur l’autre, encore peu habitué au sixième de gravité ambiant.
— Monsieur Kautedaure ?
Je me retourne. Un petit bonhomme à la barbiche blanche s’approche de moi en rigolant. Ses yeux se plissent derrière ses lunettes d’argent et son costume de laine trop serré semble n’avoir pour seul but que d’empêcher ses membres de se séparer du tronc en une autonome sarabande.
— C’est moi, dis-je d’un air un peu hautain.
— Hi hi hi. Enchanté mon garçon. Je suis le professeur Kalebo. Hi hi. Je suis le président du bureau d’optimisation.

Je déglutis de surprise. Se faire accueillir à sa descente de stratavion par son supérieur, voilà qui écorne sévèrement le protocole.

Il me saisit le bras et se met à m’entraîner en direction du métro lunaire.

— Viens mon garçon. Hi hi. Veux-tu te reposer ? Je te conseille de ne pas déballer tes affaires de suite. Hi hi.
— Je ne suis pas fatigué, Monsieur, fais-je en insistant lourdement sur la majuscule.
— En effet, pas de décalage horaire à craindre. Hi hi. Non, pas de décalage.
— Je suis disposé à me mettre de suite au travail, Monsieur.
— Au travail ? Hi hi, d’accord, au travail !

Il ricane, sautille. De temps en temps, ses yeux roulent derrière les montures argentées et se fixent une seconde sur moi tandis qu’il lisse sa moustache ou sa barbiche. Nous montons dans une rame qui, comme tout ce que j’ai vu jusqu’à présent, est déserte.

— De quel travail parlais-tu au juste ? Hi hi !

Je manque d’éclater de colère.

— Mais de mon… de notre travail ! Le rendement, l’optimisation.
— Ah oui, le rendement. Hi hi ! Vaste sujet s’il en est. Par où commencerons-nous ? Oui, par où ?
— Par les mines, proposé-je.
— Excellente idée, hi hi ! Les mines. Très bien les mines.

Quel étrange personnage. Je suis pris d’un affreux doute : et s’il s’agissait d’un imposteur ? Peut-être me laissé-je entraîner par un fou ? Dangereux. Il pose sur moi un regard pénétrant, comme s’il lisait dans mes pensées.

— Rassurez-vous mon garçon, je ne suis pas fou. Hi hi. Juste follement amusé. Vous allez voir, vous le serez vous aussi. Fou ou amusé, hi hi, je ne sais pas encore lequel.

Après tout, me dis-je, je suis physiquement supérieur à lui en tout point. Je me résous donc à suivre mon impromptu cicérone.

— Arrêt « Mine Principale », tout le monde descend ! Venez mon garçon ! Hi hi.

D’un geste énergique, il me pousse hors du wagon et m’entraîne à travers un réseau de gigantesques couloirs souterrains. Les murs irréguliers sont couverts d’appareillages, des lumières de chantier balisent le chemin. Malgré la course folle, je ne peux m’empêcher d’être fasciné. Les mines. Les fameuses mines chocolatifères de la Lune !

Alors que mon étrange guide s’arrête un instant pour me laisser reprendre mon souffle, je suis frappé par le calme qui règne. Un silence profond, pénétrant.
— Où sont les mineurs ? Et le minerai chocolatifère ?
— Nous y voilà, hihi, bonne question. Tu as mis du temps pour la poser mon garçon !

Son regard pétille de joie refoulée. Du revers de sa jaquette élimée, il essuie un sourire amusé. La moutarde commence à me monter au nez.
— Où sommes-nous donc ? Vous moquez vous donc de moi depuis mon arrivée ?

Sous le coup de la colère, je tape du pied et m’envole d’un bon mètre. Mon extravagant directeur prend soudain un visage sérieux.
— Depuis bien plus longtemps que ton arrivée mon garçon. Mais rassure-toi, tu n’es pas le seul. Vous êtes des milliards !
— Expliquez-vous ! fais-je d’une voix que je veux dure mais où perce un réel étonnement.
— Regarde autour de toi mon garçon ! Regarde et touche !

Il se saisit d’un marteau-piqueur qui traîne contre un mur et me le met de force entre les mains.
— Creuse, mon garçon ! Extrait donc le fameux chocolat lunaire !

Embarrassé, je m’approche de la paroi. De près, la délicieuse teinte marron laisse place à des reflets de roche. Je tend la main: la pierre est froide, sableuse au toucher.
— Mais ce sont des rochers !
— Que t’attendais-tu donc à trouver mon garçon ?
— Du minerai chocolatifère pardi !
— Vraiment ? Du chocolat ? Sur la lune ? Hi hi ! Et pourquoi pas des rivières de caramel ou des arbres à sucres d’orge ? Tu te crois donc dans un conte pour enfant mon garçon ?

Mon estomac se contracte. Pendant une fraction de seconde, mon cœur s’arrête de battre et je me sens défaillir.
— Mais… le chocolat… le bureau d’optimisation…
Se départissant de sa morgue, il éclate d’un grand rire sonore qui se répercute étrangement sur les parois de la mine. Il rit aux éclats, se tenant les côtes sans pouvoir reprendre son souffle. Humilié, je me tiens à ses côtés, ne sachant si je dois le relever ou l’abandonner à son sort afin de trouver une personne censée.
— Excuse-moi mon garçon, hoquette-t-il en essuyant une larme. J’avais beau m’y attendre, je n’ai pas résisté à ton air proprement ahuri. Hi hi ! Excellent, excellent !
— Et si vous vous expliquiez ? fais-je, vexé. Que signifie tout ceci ?
— Écoute ton intelligence ! Écoute tes sens ! Penses-tu qu’il puisse exister du chocolat sur la lune ?
— Bien sûr, d’ailleurs j’en ai une fois goûté…
— Je parle de ton intelligence, pas de ce que tu as pu apprendre ou entendre dire. Trouve-tu cela logique ?
— Et bien…
— Vois-tu un seul gramme de chocolat dans cette mine ?
— Pas vraiment, non, mais…
— As-tu vu un seul ouvrier ? Es-tu venu avec un stratavion empli de travailleurs ?
— Non…
— Que peux-tu déduire de tout cela ?
— Mais… Le chocolat que j’ai goûté ? Le chocolat vendu en magasin ? D’où provient-il ?
— Des usines de chocolat bon sang. D’où crois-tu donc qu’il puisse venir ?
— Mais il coûte tellement cher !
— L’imagination humaine est sans limite lorsqu’il s’agit d’augmenter les prix.

Brusquement, il me tourne le dos et se met à marcher vers la rame de métro.
— Attendez ! Fais-je d’une voix involontairement suppliante. Et ces vaisseaux qui débarque du chocolat en provenance de la lune ? Ma sœur les a vu atterrir ! Ils regorgent de chocolat.
Il m’adresse un regard par dessus son épaule :
— C’est vrai. Il y a beaucoup de chocolat qui transite par la lune. Que crois-tu que contenait les caisses de matériel avec lesquelles tu es arrivé ?

Un monde s’effondre. Mon rêve le plus cher se brise. Refusant d’y croire, je décide d’en avoir le cœur net. En quelques bonds je le rattrape et l’empoigne par les revers.
— Sale petit bonhomme. Je vais te faire ravaler tes mensonges ! Pourquoi fais-tu cela ?
— Me rosser apaisera sans doute ta colère mais cela ne fera pas apparaître du chocolat pour autant, balbutie-t-il à moitié étranglé. N’est-il pas amusant de constater que tu es arrivé à ces conclusions par toi-même, en confrontant ton intelligence à des faits tangibles. Mais que c’est à moi que tu en veux. Hi hi !

J’éclate en sanglots tandis qu’il me pousse gentillement dans le wagon ouvert qui semble nous attendre.
— Pourquoi ? Mais pourquoi donc ?
— Simple raison marketing. N’est-ce donc pas une bonne idée après tout ? Je suis d’ailleurs ébahi que cela aie été possible.
— Je me sens trompé, spolié. Les chocolatiers sont-ils donc tous des crapules ?
— Bien sûr que non mon garçon ! Ils ne sont pas plus au courant que tu ne l’étais.

Devant mon regard étonné, il éclate une fois de plus en un rire chuintant.
— Excellent ! Excellent ! Quel merveilleuse tête d’ahuri. Tu as du talent mon garçon.
— Que… Que voulez-vous dire les chocolatiers ne sont pas au courant ?

Il prend son temps et se met à admirer l’intérieur du métro comme si c’était la première fois qu’il le voyait. Le bougre, il sait maintenir l’attention de son auditoire. Nous voilà de retour à notre point de départ. Poussant un soupir, il se tourne vers moi et m’entraîne dans le hall d’accueil.
— Nul ne sait si certains y ont vraiment cru au départ. D’ailleurs, ce n’est pas très important. Le seul fait est qu’un ingénieur a un jour prétendu qu’il devait y avoir du chocolat sur la Lune, qu’il a réussi à se faire payer le voyage et à revenir avec un peu de chocolat. Les compagnies ont commencé à vendre du chocolat comme s’il venait de la lune et ça s’est avéré rentable. Afin de préserver le secret, les ingénieurs complices se sont mis à envoyer des petites quantités de chocolat sur la Lune et à le réenvoyer sur terre. Pour épater les directeurs en visite, on a construit cette unique galerie minière et ce métro à deux stations bien que le plan en indique seize.
— Et les conseils d’administration n’ont jamais rien vu ? Cela parait tout bonnement improbable !
— As-tu déjà essayé d’expliquer à un financier qu’il a investi des millions pour rien ? Hi hi, tu devrais ! Ils réagiront exactement comme toi : en te traitant de menteur. À partir d’une certaine somme, un administrateur à toujours raison. Même si cela lui coûte encore plus cher.

Sans force, je me laisse tomber sur le sol, abasourdi.
— Je me sens anéanti.
— Mais mon garçon, tu es sur la Lune. Te rends tu compte de l’infime minorité d’humains qui a eu la chance de quitter la Terre ? Tu es un veinard mon garçon.
— Tout cela n’est que tromperie et malhonnêteté.
— La morale n’est qu’une arme de contrôle des foules. L’individu en est exempt. Vis, profite ! La Lune, par l’espace, tu es sur la Lune ! Debout !

Son enthousiasme est communicatif. Je sens mon sourire se réveiller. Une douce chaleur envahit ma poitrine. D’un bond je me lève.
— C’est vrai, je devrais en profiter, être heureux. Je suis sur la Lune ! Mais que vais-je faire ? Je n’ai plus aucun projet maintenant.
— Que dirais-tu de m’aider à démontrer que le sous-sol de Mars regorge de pâte de fruit ?

Je manque de m’étouffer.
— Pardon ?
— Tu n’as jamais eu envie d’explorer Mars mon garçon ?

Limelette, 4 janvier 2012, rêve du 5-6 décembre 2010

L’illustration est de Pedro Szekely.

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Source: http://ploum.net/les-filons-chocolatiferes-de-la-lune/


The Last GUADEC?

Tuesday 23 July 2013 at 11:06

Last year, during GUADEC, there was that running joke amongst some participants that this was the last GUADEC. It was, of course, a joke. Everybody was expecting to see each other in Brno, in 2013.

One year later, most of those who were joking are not coming to GUADEC. For them, the joke became a reality.

I believe the root cause is that GNOME has never been able to clearly offer an answer to one very simple question: what is GNOME? (baby don’t hurt me, don’t hurt me, no more)

People are increasingly leaving the desktop computer to use phones, tablets and services in the cloud. ChromeOS has successfully filled the gap between desktop and mobile devices and is becoming the dominant OS. Most people don’t need more than a Chromebook. In fact, it’s way easier to fill most current needs with a Chromebook.

One could say that the professional world is not following, that GNOME is targeting businesses or those who can’t work on a simple notebook/tablet. But we know that this is only a matter of time, that enterprises are simply lagging, on purpose or not. After all, some are still using Windows NT. And what was impossible to do in the cloud one year ago is already becoming the standard, like basic photo editing or video conference.

Of course, Android and Chrome OS are not free. Worst, the recent PRISM scandal has put under light the true importance of free software and transparent web services. Thousands of people understood the problem and decided to download the most popular free operating system of our time: Cyanogenmod, the free version of Android which reacted to PRISM by offering an incognito mode.

The switch is deeper and quicker than anything we imagined. Take a look at screens during a free software hackers conference. Yes, that’s it: Unity. Besides some Macbook and some Chromebook, it’s Unity everywhere. Unity who abandoned GTK+ to switch to Qt, renaming Qt Creator to Ubuntu SDK. Even Subsurface, Linus Torvald’s pet project, is switching from GTK+ to Qt. If you spot a GNOME desktop in a conference, chances are that you are dealing with a Red Hat employee. That’s it. According to Google Trends, interest in GNOME and GTK+ is soon to be extinct.

For years, I’ve been a proud GNOME supporter. I’ve been increasingly interested by the usability of the desktop, by the innovation of GNOME 3. But, today, who really cares about Unity/GNOME/KDE or GTK+/Qt when all you need to do is to launch a browser full screen? All I need, all I want are web based versions of the free software I use. Not an WinXP replacement.

Only a few years ago, GNOME was at the centre of the creative world. Remember Maemo and the N700? This was ground-breaking. A mobile full-fledged OS was the future. Multiple companies emerged from the chaos to provide support, expertise, innovation. But the last remaining bastard child of this era, Tizen, has been definitely buried only a couple of weeks ago.

I can’t accept that all we will keep from this wonderful story is a bunch of coloured t-shirts. We are multiple companies that were created during the GNOME golden era. We are a family of hackers, volunteers and friends. We are a community. We share a lot of experience, we share values. The free software ecosystem has produced hugely successful products which are still unmatched in the cloud offering: Gimp, Inkscape, LibreOffice, Blender to name a few. Even my own pet project, Getting Things GNOME, has no satisfactory web equivalent. And when a web solution exists, it is often a proprietary, centralized, privacy crushing one. There’s surely room for free solutions. That’s why LibreOffice is already investigating the web/mobile space.

For all those reasons, I would like to take the time to sit down together and discuss about the GNOME or free software business future during a BOF. How can we evolve? Can we move the GNOME spirit into a web browser? How can we make use of our history and bring freedom to users instead of becoming just another web dev consultancy company?

How can we ensure, together, that this will not be the last GUADEC?

 

Picture by Ana Rey

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Source: http://ploum.net/the-last-guadec/


Aimez-vous lire des histoires ?

Sunday 21 July 2013 at 18:28

Parce que, justement, j’aime en écrire. Depuis la fin de mon adolescence, j’écris des nouvelles de fiction que personne ne lit et qui pourrissent sur mon disque dur en attendant le jour où, pas magie, ils se retrouveront publiés dans un livre.

Plusieurs raisons m’ont, jusqu’ici, retenu de publier ces nouvelles sur le web.

1. Sur un blog, le texte n’est pas franchement mis en valeur, entre les boutons de partage et les liens.
2. Les gens ne lisent pas sur le web. Ils regardent des vidéos, des photos mais ne savent plus lire.
3. Je fais beaucoup de fautes d’orthographe, les nouvelles sont encore loin d’être parfaites et fignolées.
4. Dans un texte de fiction, je mets généralement beaucoup plus de moi que dans un billet de blog. Cela peut paraître absurde mais je n’ai pas envie de publier ces nouvelles gratuitement. Un vieux relent de « Si c’est gratuit, c’est que c’est forcément moins bien que le payant ».
5. Publier sur le web, c’est perdre le contrôle. Un texte sur du vrai papier d’arbres morts semble toujours bien cadré, bien comme je le veux. Sur le web, il risque d’être copié-collé, déformé, réutilisé.
6. Être lu, c’est s’exposer à énormément de critiques, c’est risquer de voir son travail détruit par la plume acerbe d’un commentateur anonyme.
7. Une fois une nouvelle publiée sur le web, elle ne sera plus « originale » et n’aura plus aucune chance d’être publiée dans un « vrai livre ».

Cela fait beaucoup de raisons qui, pendant des années, m’ont convaincu de garder ces textes en chantonnant : « Un jour, mon éditeur viendra, un jour il me dira… ». Un jour qui ne risquait pas d’arriver vu que je n’ai jamais pris la peine d’envoyer le moindre manuscrit à un éditeur, que je n’ai jamais été assez satisfait de moi pour faire lire une nouvelle à plus d’une ou deux personnes voire pas du tout. Et que ma production littéraire est tombée à un niveau proche de zéro, pâtissant de la concurrence déloyale de mon blog.

Mais la plume me démange. La spontanéité du blog et l’immédiateté des réactions sont très motivantes. Comment transférer cette motivation à la fiction ? J’ai repris les problèmes dans l’ordre.

1. Charlie Merland a créé ce magnifique thème de blog qui met le texte en valeur et encourage à la lecture. De plus, je peux également fournir une version epub et pdf.
2. Il existe des gens qui lisent sur le web. Pour les autres, j’ai décidé de prendre le taureau par les cornes en les encourageant à pratiquer la lecture.
3. Contrairement à un texte papier, un texte sur le web peut être corrigé et amélioré en continu. Du coup, je compte sur vous, amis lecteurs, pour me signaler les erreurs, pour me donner des conseils, y compris dans la mise en page, dans la génération de fichiers epub. Si vous préférez éviter les textes moins travaillés, attendez les recueils.
4. J’ai résolu ce point en rendant l’entièreté de mon blog payant. N’est-ce pas machiavélique ?
5. Ici, j’ai travaillé sur moi-même et découvert que perdre le contrôle, c’est gagner de la liberté. En publiant des textes, je me libère. En fait, j’aspire maintenant à ce que mes textes soient repris, déformés, réutilisés. Amusant retournement de situation.
6. Le blog d’un condamné m’a fait prendre conscience que les critiques ne sont pas toujours cohérentes. Certains m’ont reproché ma verbosité, une plume un peu trop grandiloquente voire légèrement amphigourique. D’autres, au contraire, ont décrié un style misérable, des phrases trop courtes et un vocabulaire limité. De cette expérience, je tire la conviction que la seule manière de plaire à tout le monde, c’est ne rien faire, ne rien écrire. Je vous fait également confiance, chers affidés, pour me faire des critiques constructives en pointant des manières de m’améliorer. Je progresserai certainement mieux de cette façon qu’en ne publiant rien du tout.
7. Récemment, une connaissance voulait partager avec moi un livre qui lui avait plu sur Google Book. Un message d’erreur m’a signalé que ce livre n’était pas disponible dans mon pays. Est-ce cela le monde dans lequel je veux vivre ? Est-ce dans une prison que je souhaite voir un jour mes écrits alors que je rêve de partage sans contrainte ?

J’ai donc décidé de publier, de temps en temps une nouvelle de fiction plus longue qu’un billet de blog. Celle-ci sera à chaque fois accompagnée d’une version epub et pdf. Quand le matériel sera suffisant, je les regrouperai en recueils. Si vous aimez, vous pourrez soutenir le texte sur Flattr ou le payer en bitcoins. Je compte sur votre indulgence pour les textes les plus anciens. Et quand à ceux qui n’aiment pas mes fictions, rassurez-vous : le reste du blog continuera comme avant et vous ne serez pas obligé de lire !

Pour ceux qui voudraient encourager l’écriture de ces nouvelles, j’ai également ouvert un compte Patreon. Ici, contrairement à Flattr, vous payez à l’avance. Le principe est de fixer une somme, à partir d’un dollar, qui me sera versée à chaque fois que je publie une nouvelle. Comme vous pouvez fixer un montant maximum par mois, c’est une bonne alternative pour ceux qui ne sont pas convaincu par Flattr : en fixant un don de un dollar et un maximum de un dollar par mois, vous dépenserez 0,75€ les mois où je publie au moins une nouvelle et rien les autres. La commission de Patreon est également plus faible que Flattr, peut-être que certains d’entre vous préférerons me soutenir de cette façon.

Devançant les accusations de mercantilisme, je rappelle que le prix est entièrement libre. Si je multiplie les méthodes de paiement, c’est pour donner à chacun l’opportunité de me payer selon sa préférence. Je ne souhaite pas que la même personne me fasse des dons en bitcoins, par Flattr et par Patreon. De plus, en cette période de crise, débourser quelques euros est parfois une véritable gageure. Ne faites donc pas de sacrifice pour moi, ne ressentez pas la moindre culpabilité : si vous êtes un peu serré au niveau budget ou si vous avez d’autres priorités financières, vous avez malgré tout toujours besoin d’un peu de rêve et de bonheur. Je tenterai d’y contribuer en vous offrant, de bon cœur, mes écrits.

De mon côté, j’espère que votre accueil me motivera à écrire les dizaines de nouvelles en chantier depuis plus d’une décennie. Bonne lecture !

 

Photo par Olli Thomson

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