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C’est la vie !

Wednesday 17 July 2013 at 23:50

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Un mois à vivre. La nouvelle est un choc. Aussitôt, les idées sur ce que je dois faire avant l’échéance fatidique se bousculent dans ma tête. De manière absurde, mes premiers réflexes sont de lister mes mots de passe, de réfléchir à transférer mes bitcoins vers ma compagne. Je vais passer en revue mes priorités lorsque, soudain, mon réveil sonne.

Je suis quelqu’un dont les rêves s’entrelacent fortement avec la réalité. Il existe des anecdotes de ma vie dont, aujourd’hui encore, je ne sais si je les ai vécues ou rêvées.

Ce rêve me marquera, me poursuivra. Pendant deux jours entiers, l’idée planera et je devrai me convaincre que ce n’était qu’un songe, que je vais vivre.

Mais les questions posées ne sont pas de celles qu’on écarte d’un revers de main : en quoi suis-je si sûr de vivre ? Et que ferais-je si j’étais réellement condamné ?

Ouvrir un blog. Écrire. Oui, c’est ce que je ferais.

Au fond, pourquoi ne pas écrire ce blog maintenant ? Pourquoi ne pas exorciser cette angoisse, ce sentiment d’impuissance ?

J’abandonne très vite l’idée de le faire sur mon propre blog. Cela inquiéterait trop mes amis, ma famille. Je passerais mon temps à démentir. De plus, l’aspect fictif concentrerait les lecteurs éventuels sur la forme, sur le style.

Je vais donc lancer un blog anonyme. Je vais créer un personnage. Ce personnage sera aisé, sera plus vieux que moi et aura des enfants indépendants. La raison est simple : je ne veux pas m’apitoyer sur une famille, sur l’injustice de la mort d’un jeune homme. Je veux tenter de percevoir les pensées d’un homme mûr qui a vécu une vie relativement heureuse, qui a accomplit ce qu’il devait faire mais qui part néanmoins trop tôt. Cet homme sera ce que je peux devenir si ma carrière d’ingénieur est un succès selon les critères en vigueur dans notre société : beau poste, beau salaire, belle maison, enfants indépendants et femme amoureuse. Cet homme s’appellera Lionel. À l’exception de quelques détails mineurs, ce sera moi et personne d’autres.

Le parallèle entre mon idée et le roman de Victor Hugo « Les derniers jours d’un condamné » s’impose. Du coup, le nom de mon projet est tout trouvé « Le blog d’un condamné ».

Dans mon entourage, plusieurs personnes ont perdu des proches ou des amis d’une manière brutale. Des migraines ? Des troubles et, lors d’un scanner la découverte d’une tumeur au cerveau ou d’un cancer du foie. Espérance de vie ? Un an, un mois voire une semaine en fonction des cas.

J’interroge, je me documente. Quelles ont été leur réaction ? Comment cela s’est-il passé avec la famille ? Qu’ont-ils dit ? Les prédictions des médecins sont-elles fiables ?

Ce projet grandit, mes notes s’accumulent mais je retarde sans cesse l’échéance de l’écriture. Vers la fin du mois de mai je décide de me forcer à écrire en rendant ce blog public. Le premier lundi de juin sera le jour du diagnostic.

Et parce que je veux également capter les instants en dehors des moments d’écriture, le personnage disposera d’un compte Twitter. Il ne suivra personne et s’exprimera rarement. Tout cela me forcera à écrire pendant un mois, à exhumer ce sentiment qui m’obsède : ma mort se rapproche à chaque instant.

J’avoue que je triche un peu : j’écris une semaine de billets à l’avance, afin de ne pas être pris de cours en cas d’imprévu. Mais, pour garder la spontanéité, je ne m’autorise qu’une seule et unique relecture. Les billets seront écrits chacun d’une traite, dans l’urgence. N’est pas Victor Hugo qui veut et la qualité s’en ressent forcément.

Le lundi arrive et je crée un compte Tumblr. Je n’avais jamais essayé cette plate-forme, c’est l’occasion. La photo de profil par défaut est particulièrement hideuse et me gêne. Mais je vis à travers les yeux de mon personnage. Je me rends sur Google Images et je tape le mot « espoir ». Le ballon rouge en forme de cœur me parle. Je ne cherche pas plus loin.

J’ouvre également un compte Twitter. Comme pour le blog, je choisis “uncondamne”, en honneur à Victor Hugo. Lors de la création d’un compte Twitter, il faut obligatoirement suivre des comptes. Lady Gaga, Justin Bieber. Je les supprime immédiatement car, c’est décidé, mon compte ne suivra personne.

Un email arrive dans ma boîte. Le compte Twitter a été désactivé pour comportement louche. Je le réactive et, pour éviter pareille mésaventure, je décide de suivre des comptes. Twitter m’en propose automatiquement dont celui du Monde.

La personnalité de L… s’affine. En bon ingénieur approchant de la soixantaine, il sera passionné par l’actualité. Et amateur d’œnologie. Découvrant Twitter pour la première fois, il ne pourra résister à suivre le Monde. Twitter propose alors de suivre d’autres journaux et des journalistes. Quatre séries de cinq propositions que mon personnage acceptera, par curiosité devant ce nouvel outil.

Le premier billet est posté. C’est trop long, trop littéraire, trop ampoulé. Je ne pense pas que cela attirera beaucoup de lecteurs. Ce n’est pas le but, je suis le seul spectateur de l’expérience, je ne cherche pas à rameuter le public.

Néanmoins, avoir quelques lecteurs serait une motivation et un gage de réalisme. Je décide donc d’un petit mensonge promotionnel et poste sur le forum Doctissimo, le seul endroit où j’imagine qu’il puisse avoir de l’intérêt pour ce genre de texte. Rétrospectivement, ce mensonge sera une erreur. Je recevrai d’ailleurs beaucoup plus tard un message agressif d’un employé de Doctissimo qui menacera de révéler mon identité.

L’expérience est lancée.

Deux heures plus tard, je découvre avec surprise que le compte Twitter est pris d’assaut. Les réactions fusent et certaines sont très violentes. Une seule question est sur les lèvres : est-ce un buzz ? Devant des messages haineux du type « Si tu n’es pas vraiment condamné, t’inquiète pas, tu le seras quand on saura qui tu es ! », je prend peur. Je pense arrêter tout. Je n’irai pas plus loin.

Et puis je réfléchis. Je n’ai pas à me faire dicter ma conduite. Ce sont des émotions que j’ai en moi, que je souhaite exprimer. En postant le second billet, je sais que j’irai jusqu’au bout, quoi qu’il arrive.

Alors, je continue. Mon personnage, mon moi a pris le dessus. Je suis devenu un simple lecteur. J’observe sa vie. Afin de rendre l’histoire crédible, j’interroge du personnel médical, je lis de nombreux livres de témoignages sur la mort d’un proche. L’un raconte un décès chez une personne bouddhiste. Deux autres se passent dans des milieux très catholiques. Je lis deux livres de Gabriel Ringlet, j’étudie un manuel à l’usage des personnes confrontées professionnellement au deuil. Je passe une soirée à interroger une infirmière spécialisée dans les soins palliatifs et j’en tire des expériences, des dizaines d’anecdotes comme le mariage, le bénévole qui apporte un accompagnement spirituel, la pudeur du malade face à sa famille.

Tout est vrai. À l’exception de la blague de mon personnage, sa fausse mort, qui est un fantasme personnel, tout est véridique. L’histoire de D… m’a été racontée par son banquier, qui a du gérer les soucis financiers de son épouse. L’histoire de R… me fut confiée par une infirmière. La détection, l’annonce et l’évolution de la maladie de L… sont elles-même calquées, au jour près, sur un cas existant de cancer du cerveau. Certains commentateurs sur le web se découvrent soudainement experts en oncologie et dénoncent l’impossibilité de mourir si vite sans symptômes, l’irréalité d’un médecin qui donne une échéance précise. D’autres soutiennent qu’il s’agit d’un texte militant pour ou contre l’euthanasie.

Et si je vous racontais cette anecdote d’une personne arrivée aux urgences pour un mal de dos et décédée d’un cancer du poumon une semaine plus tard ? Ou celle de cette échéance de trois mois annoncée maladroitement par le médecin par téléphone ? Si je vous disais que, dans mon pays, l’euthanasie est parfaitement légale et acceptée, que j’ignorais qu’elle ne le fut point en France ?

Après les deux premiers jours, je pense avoir épuisé le sujet. Il n’y aura plus rien à dire. Quand l’inspiration me manquera, L… mourra. Mais il refuse. Pour survivre, il me dicte des idées, des phrases dont je ne suis plus que l’interprète. Pendant un mois, je vis avec L…, il est moi et je suis lui. J’ai parfois du mal à faire la part des choses, je me sens triste, une boule se forme dans ma gorge à des moments inattendus de la journée. Ses réflexions me bouleversent, me font relativiser. Parce que je voulais pousser la logique jusqu’au bout, L… était condamné, pas de happy end possible. Il devait mourir trois ou quatre jours avant l’échéance fatale. Il parviendra à la repousser de deux jours avant d’arrêter d’écrire et de me laisser, moi aussi, dans l’expectative.

Je comptais publier un message décrivant le projet à l’arrêt du blog. Mais la création a dépassé son concepteur. L’ampleur du phénomène a échappé à mon contrôle. Ce projet était personnel, je ne souhaite pas le transformer en vitrine promotionnelle pour ma petite personne.

Néanmoins, j’estime important de laisser une porte ouverte. Je crée une adresse mail anonyme que je place dans le dernier billet. Cet élément n’était pas prévu, pas logique mais, pour une fois, j’ai pris la bonne décision.

En quelques jours, ce sont plus de 600 courriels qui arrivent dans ma boîte et je continue à en recevoir une grosse dizaine par jour. Sur cette masse de messages, deux se révéleront franchement négatifs et trois entièrement neutres. Quand au reste, jamais je ne me serais attendu à cela.

Ils me racontent des vies, des instants, des émotions. Un tel me confie son désespoir à la mort de son père et puis son progressif retour à la joie de vivre. Un couple m’annonce, suite à la lecture du blog, s’être réconcilié et considérer leur relation sous un autre jour. Une dame me raconte avoir commencé à prendre des leçons de piano, rêve trop longtemps refoulé. Des personnes de toutes les religions m’envoient, avec respect et humanité, ce simple mot : « Merci ». À la lecture de tous ces messages, les larmes me sont souvent montées aux yeux.

J’ai trompé le monde avec une fausse histoire ? Mais la toute grande majorité de ceux qui m’écrivent ne sont pas dupes. Ils me disent « Condoléances si cette histoire est vraie et merci à l’écrivain si ce n’est pas le cas ». Et si certains m’en veulent, considèrent que c’est un manque de respect pour les personnes malades, je leur répondrai : « C’est le plus bel hommage dont j’étais capable ».

Beaucoup ont demandé une version plus durable de cette histoire. Il n’est pas dans mes moyens d’imprimer un livre papier mais j’ai décidé de créer un livre électronique, auquel j’ai ajouté une série de petites nouvelles. J’ai intitulé ce recueil « C’est la vie ! ». Parce que vous m’avez fait confiance, parce que nous avons partagé ces moments, je vous le confie. Je vous laisse le lire et le partager autour de vous.

Télécharger « C’est la vie ! » (format .epub)

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Merci pour votre attention durant cette lecture, merci pour vos messages, merci pour avoir partagé avec moi les émotions de L…. Je vous souhaite une merveilleuse seconde vie.

Lionel Dricot, 16 juillet 2013

 

MÀJ 17 juillet : j’ai supprimé le mot de passe. Cette page était au départ destinée à ceux qui avaient réagi au blog d’un condamné et à ceux qui avaient, d’une manière ou d’une autre, soutenu mon blog. Mais elle est à présent largement partagée et le mot de passe perd toute son utilité.

 

Merci d'avoir pris le temps de lire ce texte. Ce blog est payant mais vous êtes libre de choisir le prix. Vous pouvez soutenir l'écriture de ces billets via Flattr, Patreon, virements IBAN, Paypal ou en bitcoins. Mais le plus beau moyen de me remercier est de simplement partager ce texte autour de vous.

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Source: http://ploum.net/cest-la-vie/


L’inauguration du RER

Tuesday 16 July 2013 at 11:34

Je me fraie un passage dans la foule clairsemée de la gare d’Ottignies. Une rumeur court : le ministre arrive.

En effet, une berline noire ancien modèle, conduite par un chauffeur humain, s’arrête sur l’aire de débarquement. Quelques vieux téléphones se dressent au dessus de la foule pour prendre des photos, les journalistes et blogueurs portent tous en même temps l’index à la monture de leurs lunettes afin d’enregistrer l’événement. Serrages de mains. Sourires de façade.

Alors que la petite troupe se dirige au pas vers le quai où attend une rame flambant neuve, j’observe le chauffeur qui part garer la voiture. Les jeunes adolescents présents se la montrent du doigt. Un véritable chauffeur humain ! Quel anachronisme ! Le ministre serait venu en diligence tirée par quatre chevaux qu’ils n’auraient pas réagi autrement.

À l’exception du ministre, la majorité des personnes présentes est venue en voiture partagée, sans même y penser. Une fois l’événement joint au dossier de presse ajouté à votre calendrier, et pour peu que votre abonnement Cambio soit en ordre, vous n’avez plus rien à faire : la durée du trajet est automatiquement calculée en fonction de votre position et une voiture vient vous attendre devant chez vous ou là où vous vous trouvez. Votre téléphone vibre, vous sortez, entrez dans la voiture et continuez votre travail sur un clavier portatif. Vous pouvez également lire un livre ou regarder un film dans vos lunettes.

Si vous n’avez pas un abonnement exclusif, qui est un peu plus onéreux, vous risquez de partager la voiture avec un inconnu. Aujourd’hui, je suis tombé sur un journaliste complètement réactionnaire qui s’enthousiasmait de cette inauguration du RER afin de renforcer la compétitivité de la fédération Wallonie-Bruxelles par rapport à la Flandre. Un discours sur la croissance tout droit sorti du vingtième siècle. Je me suis d’ailleurs demandé s’il venait juste d’être décongelé. Comme il était très bavard, j’ai pu faire une croix sur mon film et j’ai, intérieurement, reconsidéré l’upgrade de mon abonnement vers la formule exclusive.

Un ruban barre l’accès au quai flambant neuf du RER. Le ministre est souriant, détendu. Il est socialiste, comme le veut la tradition wallonne, mais ce n’est plus qu’un épithète, un contre-sens, un synonyme de népotisme gérontocratique. Car je ne l’aime pas ce ministre. Pendant des années, il a lutté contre les voitures autonomes sous prétexte de sécurité, de mise en danger de la vie des passagers. Il avait soutenu une campagne de dénigrement où on voyait un bébé entouré de robots patibulaires issus d’un mauvais film de série Z avec le slogan : « Leur confierez-vous la vie de votre enfant ? ».

Le fait que son épouse soit au conseil d’administration d’un des grands constructeurs automobiles n’a, selon lui, eu aucune influence sur sa position. Ces révélations le forcèrent néanmoins à démissionner. Que la mortalité routière chuta de 200 à trois morts par an après la généralisation des voitures autonomes ne l’empêcha pas de se représenter aux élections et de l’emporter haut la main. On avait tellement parlé de lui, on l’avait tellement caricaturé sur le web que tout le monde connaissait son nom.

Voilà, il a coupé le ruban. Quelques applaudissement saluent l’exploit. Il prononce quelques mots et pénètre dans le wagon rutilant. Mais, entre nous, qui prendra jamais ce RER ?

Ceux qui n’utilisent pas les voitures partagées sont, en majorité, de la génération consumériste. Ils achètent pour posséder et non par utilité, permettant la survivance d’une industrie moribonde. La voiture personnelle est chez eux un symbole de puissance, de richesse, de virilité. Inutile de préciser que, chez les plus jeunes, l’image perçue oscille entre l’irresponsabilité écologique et un folklore décati, à mi-chemin entre le phonographe et l’éclairage à la bougie.

Quoiqu’il en soit, ces deux générations se rejoignent amplement sur le fait qu’ils ne prendront pas le RER. Les partisans de la voiture personnelle pensent que c’est un bon moyen de transport pour ceux qui ne savent pas s’acheter un véhicule. Les autres pensent que c’est une bonne alternative pour ceux que rebute la voiture partagée.

En 2021, alors que la mise en service de la ligne était, une fois de plus, retardée, quelques voix ont émis des doutes sur l’utilité de continuer. Elles furent bien vite muselées. Après les milliards déjà dépensé, les décennies de chantier, il était impossible de faire marche arrière. J’avoue que reconnaître son erreur aussi tardivement aurait été un véritable suicide politique. Tout le monde savait que c’était inutile mais personne n’osait le dire.

Alors on a continué. On applaudit et on mange les petits fours payés par le contribuable. On sirote un mauvais mousseux dans une coupe biodégradable. Et on se prend à rêver de ce qui se serait passé si on avait pu prévoir cela bien plutôt, avant 2010 ou 2015. Mais qui aurait pu conjecturer une telle évolution des transports ?

 

Photo par Jean-Paul Remy

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Source: http://ploum.net/post/linauguration-du-rer


À l’ombre de la Grande Boucle (première partie)

Sunday 14 July 2013 at 13:28

Ceci est le billet 1 sur 1 dans la série À l'ombre de la Grande Boucle

— Monsieur le président directeur général, la parole est à vous.
— Merci Boris ! Avez-vous vérifié la sécurité de la pièce ? Pas de mouchard ? Pas d’écoute ?
— Tout a été fait monsieur le président directeur général. Chacun d’entre nous est clean. La pièce est garantie.
— Bon, Armstrong, veillez commencer présentation !

« Comme vous le savez certainement, nos laboratoires de génie génétique ont récemment mis au point un virus, le X1, qui entraîne un légère mutation de l’ADN humain. Chez la personne infectée, les globules rouges voient leur capacité de transport de l’oxygène augmentée de 10% à 15%. Cet effet est permanent même après disparition totale du virus.

Contrairement à l’EPO ou à l’autotransfusion, il ne s’agit pas d’augmenter le nombre de globules rouges mais bien l’efficacité de chacun.

Un essai grandeur nature est actuellement en cours sur notre équipe cycliste participant au tour de France. Il est extrêmement concluant. Aucun contrôle positif, une moyenne nettement améliorée, des résultats et la capacité pour toute l’équipe de rester groupée dans les difficultés là où une équipe traditionnelle n’envoie généralement qu’un baroudeur qui sera hors course le lendemain.

Selon nos conseillers, il ne s’agit pas de dopage mais bien d’optimisation d’entraînement, au même titre qu’un régime spécifique. D’ailleurs, aucun produit interdit n’est utilisé. La modification physiologique étant permanente et non-réversible, elle ne peut être considérée comme illégale sans circonvenir à loi anti discrimination du CIO.

D’un point de vue éthique, aucun effet secondaire n’a été observé et ce virus permet donc à nos coureurs de diminuer la dose des produits traditionnels, dont la nocivité sur le long terme n’est plus à démontrer..  »

Une main s’éleva dans l’assemblée.

— Monsieur le président directeur général, je pense que tous les administrateurs ici présent sont au courant de l’existence du X1. J’ai du mal à croire que vous ayez convoqué cette assemblée confidentielle uniquement pour partager avec nous les bons résultats de notre équipe cycliste.

Le président se redressa dans le dossier de son fauteuil. D’un tiroir, il extirpa un cigare. D’un seul coup d’œil, les voisins les plus proches remarquèrent qu’il s’agissait d’un véritable Havane, entièrement prohibé sur le territoire de l’Union, et non un de ces succédanés électroniques.

— Mon petit Gilbert, vous pensez bien que, aussi plaisante que soit une victoire de notre équipe au tour de France, on ne dépense pas des millions en génie génétique pour faire pédaler quelques paysans et obtenir quatre victoires d’étapes au lieu de deux. Le marché du X1 est beaucoup plus large, beaucoup plus juteux. Pas en millions mais en milliards. Un seul mot : militaire. Voyez-vous où je veux en venir ?

Le visage brusquement livide, Gilbert déglutit en se rasseyant :
— Très bien, Monsieur le président directeur général, très bien.

— Cependant, ceux qui suivent cette épreuve sportive auront remarqué que d’autres coureurs commencent à se démarquer. Alors que nous entrons dans la troisième semaine et que notre équipe garde une moyenne et une énergie jamais vue à ce stade de la compétition, elle se fait de plus en plus concurrencer. Nos médecins sur place ont mené l’enquête et ils n’y a aucun doute : le virus a muté ! Il est devenu contagieux !

Des voix s’élevèrent, un brouhaha agita soudain l’assemblée.

— Monsieur le président directeur général, cela signifie-t-il que des coureurs font une utilisation, professionnelle qui plus est, de notre propriété intellectuelle sans notre accord ?

— Il faut absolument mettre en place une stratégie de quarantaine et faire payer une licence à toute personne infectée !

— Nos concurrents risquent de mettre la main sur le virus, c’est irresponsable !

— Du calme, du calme !

D’une voix ferme et autoritaire, le président avait repris le contrôle sur l’assemblée.

— Si je vous ai réunis, c’est justement pour trouver une solution. Nous disposons d’un arsenal de juristes et d’un appui politique sans faille grâce au fait que nous employons plusieurs dizaines de milliers de personnes dans l’Union. Nous avons les contacts nécessaires dans la plupart des médias et disposons d’une dizaine de blogueurs influents que nous avons, à dessein, alimenté d’informations négatives à notre encontre pour leur bâtir une crédibilité au-dessus de tout soupçon. Notre travail aujourd’hui est donc clair : mettre en place une stratégie globale, non seulement pour le X1 mais également pour les futurs virus de génie génétique que nous produirons.

Il avala une profonde bouffée de cigare.

— Messieurs, nous sommes à la pointe de l’innovation, nous améliorons le genre humain lui-même. Nous allons forcément nous heurter à la foule réactionnaire et conservatrice. Vous risquerez même de douter ! Souvenez-vous que des dizaines de milliers d’emplois dépendent de nous. Alors, au travail !

À suivre…

Photo par Michael Ziemann

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Source: http://ploum.net/a-lombre-de-la-grande-boucle-premiere-partie/


Ce blog est payant

Wednesday 10 July 2013 at 12:12

Voilà, ce blog est désormais officiellement un blog payant. En contrepartie, je vous laisse la liberté de choisir le prix ainsi que la manière de me payer.

Comme je l’ai déjà écrit, vous pouvez utiliser Flattr. Ou bien Bitcoin. Vous pouvez décider de m’envoyer une fois pour toute, par le moyen de votre choix, une petite somme pour un abonnement annuel ou à vie. Vous pouvez décider que le temps passé à me lire est un paiement amplement suffisant. Vous partagez mes articles autour de vous ou sur les réseaux sociaux ? Alors peut-être estimerez-vous qu’il s’agit là d’un paiement en nature. Vous pouvez m’offrir une eau gazeuse lors d’une conférence, m’inviter un week-end dans votre maison de campagne, m’envoyer un t-shirt, une carte postale ou un mail exprimant votre gratitude.

Quoiqu’il en soit, je ne jugerai pas, je vous laisse la liberté. Car, si ce blog est payant, le prix est entièrement libre, même si vous le fixez à rien du tout. Voir mes articles lu et partagés est déjà un paiement en soi.

Un prix libre ? N’est-ce pas une utopie ?

Dans un monde où les biens sont rares, la théorie libérale veut que le prix tende automatiquement, grâce à la main invisible du marché, vers sa valeur réelle. Ce postulat est à ce point ancré dans nos mentalités que peu d’entre nous savent se départir de l’équation valeur = prix. Ou imaginer que la valeur puisse être différente pour chacun.

Or, dans un monde virtuel où la rareté n’a plus court, il est évident que ces théories libérales doivent être revues en profondeur. Plutôt que de mettre en cause la théorie, les conservateurs ont donc tenté d’implémenter la rareté artificielle, que ce soit techniquement avec les DRMs, législativement avec des lois criminalisant le partage d’informations ou culturellement, avec du lavage de cerveau.

Plutôt que de suivre cette approche, j’ai décidé d’explorer l’alternative. Et si la théorie était inapplicable ? Et si la valeur n’était plus corrélée au prix ? C’est déjà le cas avec, par exemple, la musique en ligne. Le MP3 piraté a-t-il moins de valeur aux yeux de l’auditeur que celui acheté à prix d’or ? Non, la musique procure autant de plaisir dans les deux cas. Pour un prix nul ou un prix fixé par le distributeur, vous obtenez la même valeur.

Dans ce cas, pourquoi acheter ? Deux raisons, dont aucune n’est liée à la valeur de la musique : un incitant moral négatif et un incitant moral positif.

L’incitant négatif, c’est la peur de se faire prendre, c’est le refus d’outrepasser la loi. Cet incitant est puissant et c’est pourquoi les lobbies industriels ont tant fait pression auprès du législateur. Il n’en reste pas moins que, personnellement, je trouve moralement inacceptable de soutirer de l’argent en utilisant la crainte ou la culpabilité. Ce n’est rien d’autre que du racket, de l’extorsion.

L’incitant positif, c’est le désir de soutenir l’artiste, de montrer notre appréciation envers son travail, de lui permettre de consacrer autant de temps que possible à son art. C’est un incitant merveilleux. Par contre, c’est dommage que le prix soit fixé. Certains aimeraient montrer leur soutien mais de manière plus raisonnable, les fins de mois étant difficiles. D’autres aimeraient, au contraire, contribuer plus amplement à ce créateur qui change leur vie.

Si vous avez, ne fut-ce qu’une fois dans votre vie, acheté un bien disponible gratuitement pour « soutenir l’artiste », si vous avez donné un pourboire dans un restaurant, si vous avez jeté une pièce à une artiste que vous appréciez dans le métro, alors vous avez fait l’expérience du prix libre. Ne le confondez pas avec la charité, il s’agit bel et bien d’un prix, d’un échange économique.

Mais pourquoi rendre ce blog payant ? Pourquoi monétiser ?

Je me permets de faire la leçon aux créateurs, je critique certains modèles économiques mais je suggère des nouvelles formes de monétisation. À ce titre, il serait hypocrite de ne pas appliquer les méthodes que je préconise.

D’autres part, oui, j’aimerais pouvoir consacrer plus de temps à l’écriture. À l’heure où mes revenus Flattr représentent entre 3% et 5% de mes revenus mensuels, ce rêve ne semble plus complètement absurde. Difficile à atteindre, certes, mais possible. À plus petite échelle, la monétisation garde un sens pour couvrir les frais d’hébergement et mettre, pourquoi pas, un peu de beurre dans les épinards.

Enfin, et ce n’est pas le moindre des arguments, pour la fierté et la motivation. Il y a peu de temps, l’idée de gagner de l’argent avec ma plume m’aurait semblé inconcevable. Aujourd’hui, c’est un fait. Chaque don, fut-il de 0,01 bitcoin ou de 10 centimes, me remplit de fierté et de motivation. Si quelqu’un, dans le monde, estime mes écrits au point de faire la démarche de me rétribuer, à sa manière, c’est un signal très fort, un véritable symbole, un incitant à continuer.

La monétisation ne va-t-elle pas pervertir le contenu ?

Tout indicateur, de quelque nature que ce soit, va déformer le créateur. Un blogueur qui vit de la pub va avoir tendance à écrire des articles courts pour que le visiteur clique le plus vite possible sur la réclame clignotante. Un autre, consultant compulsivement ses statistiques, va avoir tendance à écrire des billets qui ramènent le plus de visiteurs. Un troisième va tenter, inconsciemment, de générer le plus de commentaires. Enfin ce dernier, obsédé par son score Klout, délaisse totalement son blog pour avoir le plus de retweets.

Il n’existe pas de réelle perversion ni de pureté originale. Nous sommes des humains qui évoluons avec les interactions. Refuser l’évolution n’a donc pas de sens.

En ce sens, j’estime que le prix libre est une excellente chose. Il va me pousser à écrire des articles auxquels les lecteurs attachent une grande valeur, des billets qu’ils ne pourront pas trouver ailleurs et qui leur apporteront quelque chose. Ce sera ma seule statistique, mon indicateur.

Le danger hypothétique est de voir une personne très riche tenter d’orienter ma motivation en faisant de très gros dons pour les billets d’un sujet précis. Mais, outre la faible probabilité que ça arrive, ce danger est fortement mitigé par le fait que le nombre de personnes ayant fait un don (ou un flattr) est pour moi plus importante que la valeur du don lui-même.

Conclusion

Ce blog est donc payant. Je ne fais pas appel à la charité. Je ne demande pas de la compassion ni de l’aide (je ne suis pas l’UMP). Il s’agit d’un véritable échange économique. À la différence du commerce classique, c’est vous qui fixerez le prix. Selon votre ressenti, selon la valeur que vous apportent mes écrits et selon vos propres possibilités.

Mais je n’insisterai jamais assez sur le fait que votre temps à me lire et à me partager autour de vous est déjà le plus beau des paiements.

 

Photo par Thomas Schlueter.

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Source: http://ploum.net/post/ce-blog-est-payant


La révolte des rebelles apatrides

Monday 8 July 2013 at 20:10

Lorsque j’ai découvert Wikileaks pour la première fois, j’ai été émerveillé par un outil qui ne pouvait qu’amener plus de transparence, qui pourrait aider les oppressés à lutter contre les gouvernements totalitaires, les employés à dénoncer les entreprises mafieuses et corrompues. Un réel instrument de démocratie. Je n’imaginais pas un seul instant qu’il s’agissait d’une déclaration de guerre à l’encontre des démocraties établies, que je finirais par me sentir moi-même un rebelle apatride.

Sa première révélation d’envergure fut de nous ouvrir les yeux sur les guerres modernes que les médias nous décrivent comme propres, aseptisées, sans bavures. Avec parfois un malheureux cercueil brillant qui revient au pays recouvert d’un drapeau, de médailles et d’honneurs. Comme nous le savions tous au fond de nous, les guerres sont sales, pleines de dommages collatéraux, de sang, de hurlements. La mort est donnée par un soldat contrôlant un joystick, les yeux rivés sur son écran mais les membres arrachés continuent de voler dans la poussière.

Ingénu, je pensais que ces révélations nous permettraient d’ouvrir les yeux, de taire l’hypocrisie latente. Oui, la guerre est sale et affreuse. Si vous voulez la faire, ayez au moins le courage d’en accepter les conséquences !

Au lieu de cela, j’ai assisté à une chasse aux sorcières pour trouver le responsable de la fuite. Aucun questionnement de fond, uniquement une mesure d’urgence, une vengeance. Il a été arrêté, détenu dans des conditions jugées inhumaines par l’ONU et, trois ans plus tard, est toujours dans l’attente d’un jugement. Personne n’a de nouvelles de lui.

L’individu n’est pas dangereux. Il a déjà fait ses révélations. Il ne peut plus nuire à la société. Pourtant, il est détenu comme le pire des criminels. Et, selon mon code moral, il n’a pas un instant nuit à la société, au contraire, il s’est comporté en héros. Il a bravé sa hiérarchie afin de servir l’humanité dans son ensemble.

Son gouvernement, ami de mon pays et dirigé par un prix Nobel de la paix, ne cherche pas à le punir. Il cherche à faire un exemple, le plus horrible possible afin de dissuader d’autres candidats.

Le porte-parole du site ayant hébergé la vidéo est lui-même recherché. Mais, de manière étrange, on ne lui reproche rien si ce n’est une affaire de viol. Or, il se voit obligé de se réfugier dans une ambassade et d’y trouver l’asile politique car le gouvernement du pays où il se trouve, ami du mien, risquerait de le livrer à un autre gouvernement, ami du mien également mais qui n’est pourtant pas le sien. Nul n’ose imaginer ce qui lui arriverait…

Je veux me rassurer, me dire que c’est simplement un violeur qui a profité de son aura médiatique pour échapper à sa peine. Mais ce n’est pas logique. Un an enfermé dans une ambassade pour échapper à un procès qui semble anecdotique ? Sans compter que le sort de l’informateur pose un fâcheux précédent.

Vient ensuite un jeune homme brillant, intelligent. Un petit génie. Qui décide de rendre public des millions d’articles scientifiques. Une démarche admirable dont nul ne peut nier le bénéfice pour l’intérêt général. Son gouvernement, ami du mien, décide de le poursuivre, de le persécuter à tel point qu’il se suicidera.

Enfin, voici le quatrième larron. Lui aussi cherche la transparence, l’ouverture. Il nous révèle que son gouvernement a probablement accès à tous mes fichiers, mes emails, qu’il me surveille. Il se croyait à l’abri et le voilà obligé de fuir à travers le monde. Aucun pays ne veut l’accueillir, le protéger.

Il n’est pourtant pas dangereux. Il a sans doute déjà fait toutes les révélations qu’il avait à faire. Mais il faut faire un exemple, le punir, le pourchasser.

Je voudrais l’accueillir chez moi, dans mon pays. Mais à peine poserait-il un pied ici qu’il serait immédiatement envoyé chez lui et mis au secret voire torturé.

Autour de moi, j’observe un consensus important sur le fait que ces hommes sont des bienfaiteurs de l’humanité. Les opposants les plus acharnés se contentent de mitiger leur action. Et pourtant, ils seraient expulsés comme terroristes s’ils venaient à mettre le pied ici.

Je vis dans un pays qui serait prêt à envoyer un bienfaiteur de l’humanité à la torture. Mon gouvernement considère que les échanges commerciaux et les accords de coopération sont plus importants que les droits de l’homme ou le respect de la vie privée de ses citoyens.

Soudainement, j’ai pris conscience que je n’étais plus représenté par aucun gouvernement d’aucun pays. Tout comme des millions de gens, j’essaie d’appliquer mes valeurs personnelles d’entraide, de coopération, de respect de l’humain, de partage de la connaissance. Une nébuleuse imprécise de gouvernements et de gros intérêts industriels est en train de prendre forme, de s’unir pour contrer ce en quoi je crois. Même des institutions respectées, comme le comité Nobel, ont choisi leur camp. Une guerre a été déclarée. Les citoyens de l’humanité, rebelles apatrides, s’opposent à leurs propres dirigeants démocratiquement élus.

Ils sont quatre martyrs médiatiques. Leur sort est lointain, anecdotique. Mais mon propre gouvernement est complice ! Si une situation propice se présentait pour moi de faire une action bénéfique à l’humanité, aurais-je le courage ? Oserais-je devenir un criminel dans mon propre pays ?

Mais si mes « représentants » ne respectent plus mes valeurs fondamentales, si je ne peux plus leur faire confiance pour ma propre vie, de qui sont-ils vraiment les représentants ?

 

Photo par Chris Wieland

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Source: http://ploum.net/post/la-revolte-des-rebelles-apatrides


Changez de vie, apprenez à lire

Saturday 29 June 2013 at 01:28

La personne me tend une feuille imprimée, un article de journal ou une page de livre.
— Cela devrait t’intéresser.
Je m’en saisis et jette un œil puis, le rendant à son propriétaire :
— Merci !
— Quoi ? Ça ne t’intéresse pas ? Tu ne vas pas le lire ?
— Si, je viens de le lire à l’instant.

Beaucoup pensent que je me moque. D’autres que j’ai la chance d’être porteur d’un extraordinaire don de lecture photographique. La réponse est bien plus simple : j’ai appris à lire et je m’exerce quotidiennement. Vous en êtes probablement autant capable que moi.

Pourquoi lire rapidement ?

La quantité d’information écrite dans le monde est inimaginable. Pour chaque composant de votre vie, il existe des centaines ou des milliers de textes affirmant tout et son contraire. Plus vous en lirez, plus vous pourrez confronter des idées, devenir critique, bâtir votre propre pensée. Mais il ne s’agit pas seulement d’utilitaire. La fiction est le souffle épique de nos vies, une source d’inspiration, de créativité. Ah, si seulement vous aviez le temps de lire tout cela !

Ce temps, lire rapidement vous l’offre !

Lire et non vocaliser

Lire, c’est donner un sens à un ensemble de lettres. C’est un processus très rapide. Malheureusement, la majeure partie d’entre nous ne sait pas lire. En fait, nous associons les lettres à un son que nous prononçons dans notre tête. Cela porte le nom de vocalisation. Ensuite seulement, notre audition entre en jeu pour nous faire comprendre le sens du texte.

Une personne qui vocalise pourra lire à peine plus vite qu’une personne qui lit tout haut. En fait, la personne ne sait pas réellement lire. Elle sait déchiffrer et elle écoute. Concentrée sur la vocalisation, elle perd beaucoup de temps et de sens.

Apprendre à ne plus vocaliser est difficile mais pas impossible. Cela vient à la longue, en lisant rapidement. Si vous avez des enfants, vous pouvez les aider : interdisez à tout prix la lecture à haute voix et l’ânonnement. Interrogez-les sur le sens d’un texte et ne leur faite pas déchiffrer syllabe après syllabe. Associez toujours un mot complet avec sa signification plutôt qu’avec le son.

Suivez une formation à la lecture rapide

La lecture rapide est un ensemble de techniques très utiles. N’hésitez pas à suivre une formation. Notez les exercices et pratiquez les régulièrement. Entraînez-vous.

Une bonne formation vous apprendra comment exercer vos yeux pour lire vite et vous enseignera pourquoi lire vite peut, en fait, vous procurer plus d’informations qu’une lecture profonde. Vous apprendrez également à ne plus avoir peur de la vitesse. Malheureusement, la qualité des formateurs est très variable. Je ne suis pas un formateur compétent moi-même mais peut-être essaierais-je de partager quelques astuces et exercices dans de prochains billets.

Je vous donne néanmoins une astuce importante : n’ayez pas peur de la vitesse. Ne revenez jamais en arrière, même si vous pensez n’avoir rien compris. Avancez, lisez, forcez votre cerveau à suivre le rythme de vos yeux et non le contraire.

Analysez votre cible

Le secret de la lecture ultra rapide est, tout d’abord, de ne pas lire ce qui est inutile. La première chose à faire est donc de lire le tout dernier paragraphe. Si le titre et la conclusion ne vous donne pas une idée claire du contenu, il y a de fortes chances que le texte ne soit pas structuré et soit inintéressant. Si la conclusion est intéressante, la question suivante qui se pose est : ai-je besoin de connaître le cheminement de l’auteur ? Dans bien des cas, ce n’est pas nécessaire. Si oui, vous pouvez passer à la deuxième étape : scannez les titres ou la table des matières. L’essentiel d’un texte peut se comprendre à ses titres. Personnellement, je fais généralement cela en partant de la fin et en remontant.

Vous seriez étonnés de constater que, à cette étape-ci, alors que vous avez passé une à deux minutes sur le texte, vous avez une meilleur compréhension globale du contenu que quelqu’un qui a tout lu de manière séquentielle en une grosse vingtaine de minutes. C’est d’ailleurs une expérience édifiante que l’on réalise au début d’une formation à la lecture rapide. N’ayez donc pas peur de rater quelque chose, vous en savez déjà plus que la majorité des lecteurs !

Parfois, il faut aller en profondeur. Ou bien il s’agit d’un texte de fiction que l’on souhaite déguster et non pas scanner en commençant par la fin. Agatha Christie en commençant par la fin, ça perd tout de suite de son charme…

Séparez la lecture de votre procrastination web

Si vous lisez ce blog, il y a de grandes chances que votre première source de textes à lire soit le web. Pendant longtemps, j’ai considéré le web comme n’étant pas une réelle source de lecture. Sur le web, ce sont essentiellement des discussions mais un vrai article fouillé se lit sur du papier, pensais-je. Pour cette raison, je ne publiais pas sur ce blog mes textes plus travaillés. Mon erreur venait du fait que, sur le web, nous sommes en permanence sollicités. À peine un texte a-t-il été commencé que la souris passe machinalement sur l’onglet suivant. Une notification avertit de l’arrivée d’un mail. Le texte nous semble fade, inintéressant comparé à cette hilarante vidéo de chats qui sautillent. Or, ce n’est pas le texte qui est en cause mais bien la manière de lire. Le cerveau a acquis un réflexe de suractivité lorsque nous sommes face à notre ordinateur.

Inutile de lutter contre cela. Au contraire, acceptons-le ! Désormais, je n’essaie plus de lire les articles plus long que la hauteur de mon écran. Je les ajoute à Pocket en utilisant l’extension de mon navigateur. Lorsque je suis assis à mon bureau devant mon écran, je ne lis jamais ! Je procrastine, je saute d’un lien à l’autre, je collecte mais je n’essaie même pas de me concentrer.

En lieu et place, je garde des plages privilégiées pour la lecture. Avant d’aller dormir, une fois la connexion coupée, je lis au minimum une demi-heure de fiction. Quand aux articles dans Pocket, je les lis depuis mon téléphone quand je suis à la… enfin… vous comprenez quoi. Là !

Attention, ce n’est pas exclusif. Il m’arrive de lire de la fiction et des articles sauvegardés quand l’envie de lire me prend. Mais ces deux périodes sont des pauses déconnectées, loin de mon ordinateur. Avec un peu d’habitude, cela devient un réflexe. Mon cerveau entre en mode lecture dans ces moments.

Investissez dans du matériel

Loin de moi l’idée de pousser au consumérisme mais deux achats ont révolutionné ma vie en ligne et m’ont fait reconsidérer ma vision du web: mon premier smartphone et mon premier livre électronique. Si vous aimez lire, l’investissement en vaut clairement la peine. Prenez un smartphone avec un grand écran et installez-y Pocket. J’ai également lu plusieurs livres sur mon téléphone en utilisant FBReader mais, dès que vos finances vous le permettent, passez au livre électronique. Grâce à Calibre, je convertis les PDFs que je souhaite lire. Mon ebook est toujours dans ma poche, je dévore livre sur livre sans m’arrêter, que ce soit du domaine public ou en version piratée. Quel plaisir de partir pour une longue période sans devoir faire un choix cornélien ! Fini le « Zut, il me reste à lire quatre chapitres de ce Dostoïevski mais il met mon bagage en sur-poids » !

De manière étonnante, le livre électronique a satisfait à la fois mon appétence de lecture et mon pervers besoin d’avoir un jouet électronique entre les mains. La lecture est devenue un véritable jeu vidéo !

Conclusion

J’observe autour de moi une certaine division entre les lecteurs avides et les technophiles. Les premiers considèrent toujours le web comme un succédané d’impression. Un texte sur le web n’est pas un « vrai » texte. Chez les seconds, j’observe une tendance à la perte de lecture. Lecteurs fanatiques pendant leur adolescence, ils reconnaissent lire de moins en moins, passer les liens qui débouchent sur un texte trop long. Ou bien ils accumulent dans un répertoir « À lire ». Moins ils lisent, moins ils ont envie de lire.

Or, le web est une source intarissable de textes. Il semble évident que les textes imprimés non-disponibles sur le web se raréfient et vont bientôt disparaître. Le web donnera à tout un chacun la possibilité de lire n’importe quel texte écrit au cours de l’histoire de l’humanité. Devant un tel trésor, nous avons la fâcheuse tendance à perdre notre capacité de lecture au lieu de l’améliorer. Mais nous pouvons, individuellement, inverser ce penchant en adaptant notre mode de lecture et en utilisant les outils à notre disposition.

Chaque jour, la lecture change ma vie. Et puis, je vais être honnête avec vous : je vends ma came. Je produit des billets kilométriques sur ce blog. Certains me disent de les réduire afin d’attirer un plus grand lectorat. Plutôt que de m’abrutir, de niveler par le bas, je préfère partager avec vous ce qui me rend tous les jours plus intelligent. Car, devenir plus intelligent, j’en ai grandement besoin ! Je ne dois pas être le seul. Alors, n’arrêtons pas de lire !

 

Photo par Paul Lowry

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Source: http://ploum.net/post/changez-de-vie-apprenez-a-lire


Flattr’s biggest problem

Monday 24 June 2013 at 19:48

And how I work around it

A few months ago, I tried to convince you to spend 2€ per month to reward the content you like.

Lot of people are enthusiastic with Flattr. But there’s a recurring complain that there’s not enough content accepting Flattr.

This is a real concern. Flattr was build around a model where more or less every creator has a personal blog or website. Unfortunately, there’s a clear trend that creators are now increasingly regrouping on a few centralized platforms. Creators don’t have the control of the platform and, as such, cannot add a Flattr button.

This raises a lot of questions about centralization and gives the feeling that, besides a few blogs like mine, there’s nothing to Flattr on the web. It looks like you are standing alone on a desert island with your money.

Enter the unclaimed Flattr

Did you know that you can flattr someone which is not on Flattr yet? It is called an “unclaimed Flattr”. The money remains on your account until the creator sign-in. So don’t hesitate to use this feature.

What is great with unclaimed Flattrs is that you can flattr nearly everything on the web without thinking about it. If, for a given month, you flattr only unclaimed things, it will cost you nothing for that particular month.

To Flattr something, even if it has no Flattr button, install the Flattr browser extension for Firefox or for Chrome. When the content you are currently viewing can be flattered, a little Flattr icon will be show in the address bar. Click on it and confirm your flattr.

Unfortunately, not every web page can be flattered. So let me explain how I manage to give 62 flattrs this month.

Flattering blogs, articles, comics and social network messages

The web extension allows me to see immediately if a blog or a website has a Flattr account. I can even flattr each Wikipedia page!

If there’s no Flattr icon, I use this little trick: I flattr the Twitter account of the blog. If I liked the article Foo from blogger Bar, I simply find the tweet from @Bar that announced the article Foo. I then click on the tweeting date to open the tweet full page.

If you do that, you will see that the Flattr icon appears in your address bar. Indeed, you can flattr individual tweet. That makes one more pending flattr for this creator.

flattr_tweet

Of course, I also sometimes flattr individual tweets that I particularly enjoy. The same can be done with pictures on Instagram and even messages on App.net but I did not found anyone using the later. Maybe it would be nice to be able to flattr a Tumblr post?

Flattering videos, music and podcasts

Every video on Youtube or Vimeo can be flattered if you have the browser extension installed. Same for any audio track or podcast on Soundcloud. If I appreciate a content on this platform, I flattr it without any second thought. Unfortunately, Dailymotion support is missing.

Grooveshark also has a Flattr setting where you can automatically Flattr any artist you are listening to. Most artists are not registered on Flattr yet but I flattr anyway. If any artist I like ever complains about piracy, I will happily point to the money waiting on Flattr.

Flattering pictures

To get illustrations for this blog, I look on Flickr or 500px for Creative Commons pictures. Any picture on those platforms can be flattered and I make sure to do it for each picture I re-use. It even happens that the author is already on Flattr, such as this one, used in an article in French.

I still miss to be able to flattr pictures on DevianArt but, on 500px and Flickr, I’ve no hesitation to Flattr any nice picture randomly appearing in front of my eyes.

Software

There’s a growing list of software accepting Flattr donations. I try to regularly flattr software I use. If your favourite piece of code is not on Flattr, you can still flattr any tweet from the official account.

Also, any GitHub repository and any commit can be flattered. I tend to flattr external contributions to my own projects or commits fixing an annoying bug.

For example, I started flattering commits to the repository of the WordPress theme I use for this blog, even though the author was not on Flattr (he joined recently). If you like the theme of this blog, don’t hesitate to give a little Flattr to the Github repository.

Automatic flattering

The best of all is that you can make it automatic. In your Flattr preferences, you can link your accounts so, for example, each time you like a Youtube video or an Instagram picture it receives a flattr.

FlattrStar is a third party service which extends this functionality. It allows to flattr each favourite tweet, favourite artists on Last.fm and many more.

Conclusion

Not everything is flattrable and this is a problem. Each time you interact with a creator, don’t hesitate to talk about Flattr. She might not be immediately interested but it may ring a bell if multiple fans start to ask for a Flattr button. Don’t hesitate to suggest ideas. What about a 9gag Flattr integration? Or a Reddit integration? (EDIT:Reddit integration is possible through Fleddit)

In the meantime, there’s already a huge amount of content that can receive flattrs. If this is not enough for you, keep your Flattr fee to the minimal 2€ per month and, like me, continue to make unclaimed flattrs. You can also subscribe to a few charities. Charities don’t pay the 10% Flattr fee. 100% of your money is directly going to them.

In the worst case, you will spend 2€ per months to help charities and creators. In the best case, you will have fuelled a cultural revolution.

 

Picture from Daniel Colquitt

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Source: http://ploum.net/post/flattrs-biggest-problem


Augmentez la taille de votre… visibilité

Friday 21 June 2013 at 12:48

Dans « Qui veut la peau de Roger Rabbit ? », le producteur de cinéma véreux lance une friandise à Dumbo et se tourne vers le détective en lui disant :
— Ce qui est marrant avec Dumbo, c’est qu’il ne travaille que pour des cacahuètes.
Ce à quoi Eddy Vaillant répond :
— Moi je ne travaille pas pour des cacahuètes.

Chez les blogueurs ou toute personne produisant du contenu pour le web, il existe un principe similaire. Seulement, les cacahuètes sont remplacées par une phrase magique : « Augmenter votre visibilité ».

En échange d’ « augmenter votre visibilité », on demandera au blogueur toute sortes de services : placement de pubs, articles sponsorisés. Je vous ai raconté comment on me proposait de l’argent pour insérer des liens. Mais il est important de préciser que, à chaque fois, on me proposait « d’augmenter ma visibilité ou un paiement, au choix ». Généralement, l’augmentation de la visibilité est présentée comme la plus avantageuse et le paiement vivement déconseillé.

Avec raison vu que cette « augmentation de visibilité » ne coûte rien, ne sert à rien et est de toutes façons impossible à vérifier. Au pire, rien ne sera fait et vous n’aurez même pas la moindre cacahuète. Au mieux, votre adresse sera placée dans des fermes à liens ou des sites partenaires et vous recevrez des statistiques vous prouvant ô combien votre visibilité a augmenté. Ce qui vous fait une belle jambe. Pendant que l’agence se frotte les mains en vous pointant du doigt : « Ce qui est marrant avec le blogueur, c’est qu’il ne travaille que pour des cacahuètes ».

Mais certains poussent le vice à l’extrême. Ils vont reprendre votre contenu sur leur propre site, ils vont y ajouter des pubs et, en échange, vont prétendre vous apporter « de la visibilité ». Le plus connu étant Paperblog.fr qui, chaque année, me relance pour que je fasse partie de leur réseau en m’expliquant ô combien ce serait génial pour moi si le contenu de mes billets pouvait être agrémenté de pub sur leur site.

Que les choses soient claires : le contenu de mon blog est sous licence libre. N’importe qui peut le reprendre et le republier avec des publicités dessus. Mais n’attendez pas de moi que je considère cela comme un honneur, que je prenne une seconde de mon temps pour soumettre mon blog ou que je signe des conditions d’utilisation, quelles qu’elles soient.

Le web moderne et les réseaux sociaux ont ceci de magnifique que vous n’avez plus besoin d’intermédiaire. Vous voulez de la visibilité : alors produisez du contenu intéressant, drôle, pertinent, émouvant. Vous voulez être influent ? Alors sortez-vous les doigts du Klout et écrivez, enregistrez, filmez. Postez le et tout le reste viendra naturellement.

Mais au plus vous produirez, au plus vous serez soumis à des sollicitations qui vous promettront d’augmenter ou de mesurer votre audience, votre influence, votre visibilité. Ce n’est qu’un mirage dans lequel vous risquez de diluer votre créativité. Dans certains cas, de créateur, vous devenez vous-même le produit. Ou le faire-valoir d’un produit. Gardez en tête que tout ce qui n’est pas du contenu issu de votre sueur et de vos tripes ne peut pas augmenter votre visibilité de manière significative ou durable.

Alors, lorsque vous appréciez du contenu, encouragez l’auteur à ne pas céder à la tentation en le partageant, en l’encourageant et en le soutenant. Si vous êtes créateur, et nous le sommes tous un peu, ne laissez pas ces sirènes vous faire perdre votre temps et gâcher votre talent pour des cacahuètes.

Et puis, le plus important, souriez ! Car si tu souris, tu verras que les choses ne vont pas si mal que ça, si tu souris, la chance a une chance de passer par là

 

Photo par Henry Mestre

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Source: http://ploum.net/post/augmentez-la-taille-de-votre-visibilite


Le rôle secret de PRISM dans l’échec de l’attentat fritier

Wednesday 19 June 2013 at 13:35

Le scandale PRISM a révélé que le gouvernement américain espionnait les citoyens de tous les pays. Mais pour le brigadier Alzeway, responsable de la section de protection des friteries de la police de Bruxelles, c’est tout à fait normal. Selon lui, ce programme a déjà sauvé des vies. Il cite le cas de Kevin Dupont, condamné l’année passée à trente ans de réclusion pour terrorisme et atteinte grave à la sécurité de l’état.

Monsieur Alzeway, vous estimez que PRISM a permis l’arrestation de Kevin Dupont.

Tout à fait, le parcours de Kevin est typique de ce milieu. Frustré car ses parents ne le laissent pas sortir après une heure du matin, l’enquête révélera également qu’il avait de mauvais points en gym et que le prof de latin le considérait comme médiocre.

Bien qu’issu d’une famille catholique, il décide de se tourner vers l’islam radical afin d’extérioriser sa haine de la société. Il devient membre d’Al-Qaeda en s’inscrivant sur un site internet terroriste. Il devra d’ailleurs recommencer trois fois l’inscription à cause du captcha anti-spam.

Là, il reçoit une formation en ligne à l’utilisation terroriste des réseaux sociaux. Il décide de faire exploser une friterie mais pas n’importe laquelle : celle de la place Flagey. Tout un symbole !

Quel a été le rôle exact de PRISM dans ce dossier ?

Kevin communiquait avec d’autres membres de son forum terroriste via Twitter et Facebook. Il fera l’erreur que même les plus grands professionnels, voire des ministres, font : ils enverra un tweet public en pensant l’envoyer en DM (Direct Message dans le jargon terroriste). Le message : « On va faire pêter la mayo place Flagey, #lol ». Le mot « mayo » est bien sûr un code pour désigner un explosif puissant. Nous n’avons pas déchiffré le « #lol » mais il s’agit certainement d’un code d’activation comme le prouve le signe bizarre devant.

L’algorithme PRISM détectera immédiatement une menace. Le FBI sauvegardera ce tweet sur une disquette et l’enverra au service de la sûreté belge par colis non prioritaire (à cause des restrictions budgétaires). Il ont d’abord essayé de nous envoyer un fax mais on n’avait plus de papier thermique au ministère. Une fois que nous avons finalement reçu la disquette, nous avons immédiatement plongé dans le profil Facebook de l’intéressé. Des échanges sur les murs de ses condisciples sont sans équivoque. Notamment :

« Je vais me faire péter le bide place Flagey. Il ne restera plus une frite ! »

C’est effectivement très inquiétant. Comment avez-vous réagi ?

Le temps était compté. Nous avons envoyé immédiatement le squad d’intervention et l’avons arrêté avant qu’il ne sorte de chez lui.

Nous l’avons arrêté et jugé. Les preuves étaient accablantes : il se laissait pousser la barbe depuis plusieurs mois, même si à son âge cela ne se voyait pas. Il avait aimé la page Facebook de Dieudonné.

Mais il était moins une. Devant la recrudescence de la menace, nous nous sommes rendu compte que nous n’arriverions pas toujours à temps. Que se serait-il passé si Kevin était resté sur le forum plutôt que de passer sur Facebook et Twitter ? Car nous n’avons pas accès à ce forum. Nous avons des agents qui tentent de s’inscrire mais ils n’ont pas encore réussi à passer le captcha.

Quelles sont les mesures concrètes que vous avez prises après l’affaire Kevin ?

On ne badine pas avec la sécurité de l’état. Quelques internautes anarchistes se plaignent de PRISM mais se rendent-ils compte que ce programme n’est même pas suffisant ? Nous avons du mettre sur pied un plan d’alerte. Des militaires, équipés d’armes lourdes, patrouillent dans le métro et les toilettes des stations d’autobus. Dans les aéroports, nous avons fait interdire les bouteilles d’eau de plus de 50ml.

Mais elles étaient déjà interdites, non ?

Seulement celles de plus de 100ml. Nous avons augmenté le niveau de sécurité. Nous sommes sur le qui-vive.

Effectivement, c’est logique. Est-ce que ça marche ?

Plutôt bien oui. J’ai vu plusieurs fois des gens changer de trottoir pour éviter de croiser un barbu à l’air louche. C’est que les citoyens commencent à se rendre compte du danger. Grâce à une coopération sans faille avec les médias, les petits vieux n’osent plus sortir de chez eux. Au moins, ils sont en sécurité.

Cela fonctionne tellement bien que nous pouvons dès à présent considérer que chaque personne qui sort sans crainte de chez elle est un suspect potentiel. Son comportement n’est pas normal.

Merci brigadier Alzeway, c’est rassurant de savoir que notre sécurité est dans les mains d’hommes comme vous.

Tout le plaisir est pour moi. Soyez prudent !

 

Photo par Zoolette Des Bois

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Source: http://ploum.net/post/le-role-secret-de-prism-dans-lechec-de-lattentat-fritier


Pourquoi ne peut-on pas dépasser la vitesse de la lumière ?

Monday 10 June 2013 at 12:42

Vous allez enfin comprendre la relativité restreinte d’Einstein

Les amateurs de physique ou de science-fiction le savent: rien ne peut aller plus vite que la lumière dans le vide, à savoir 299 792 km/s (kilomètres par seconde). C’est d’ailleurs de là que découle notre définition moderne du mètre.

Mais pourquoi cette constante est-elle si importante ? Pourquoi est-on si sûr de ne pouvoir atteindre 299 793 km/s ? Si l’explication semble réservée aux docteurs en physique, elle est en fait relativement simple à comprendre dans son essence. Relativement étant le mot approprié.

Laissez-moi 20 minutes pour vous expliquer tout cela. Vous allez voir, c’est fascinant et magique à la fois. J’ai fait le choix douloureux de me passer d’équations. J’ai tendance à trouver les équations explicites mais, il faut le reconnaître, elles sont intimidantes. Je m’excuse donc auprès des puristes, ceci est un exercice de vulgarisation.

Relativité Galiléenne

La relativité est un concept parfaitement intuitif. En théorie, il stipule que tout repère inertiel est équivalent à un autre. Un repère inertiel, terme très important, désigne tout simplement un point que vous choisissez comme un repère. Pour être inertiel, ce repère doit être à vitesse constante et non pas en accélération ou décélération.

Ainsi, imaginons que vous courriez à 20km/h dans un TGV roulant à 300km/h. Un observateur sur le quai d’une gare traversée vous verrait passer à 320km/h, son repère inertiel est le quai de la gare. Pourtant, pour les passagers du train, dont le repère inertiel est le train lui-même, vous faites bien du 20km/h. Si le train roule le long de l’autoroute et croise une voiture roulant à 120km/h, le conducteur de la voiture vous verrait passer à 440km/h, son repère inertiel étant sa voiture ! 440km/h, un beau sprint, n’est-ce pas ?

Cette relativité des vitesses est appelée « relativité galiléenne ». Nous en faisons l’expérience tous les jours. Si une hôtesse de l’air vous sert un café dans un avion volant à 800km/h, le café tombe droit dans votre tasse et n’est pas plaqué sur votre chemise. La raison est que vous, la tasse, l’hôtesse et le café avez tous la même vitesse. De manière relative, vous êtes à 0km/h l’un par rapport à l’autre, vous êtes tous dans le même repère inertiel alors que vous allez à 800km/h par rapport au sol qui est un repère inertiel différent.

Logiquement, on en déduit que pour aller à la vitesse de la lumière, il suffirait d’avoir un train qui roule dans un train qui roule dans un train, etc. Toute vitesse semble donc possible, il suffit d’additionner. Pourquoi la vitesse de la lumière serait-elle une limite ?

L’électromagnétisme

Faisons un bond vers le XIXème siècle. À cette époque, on connaît déjà expérimentalement une approximation de la vitesse de la lumière. Maxwell, un scientifique de génie, travaille sur les ondes électromagnétiques, des ondes qui permettent de transmettre des informations à distance. Grâce à un travail mathématique complexe, Maxwell démontre que la vitesse des ondes électromagnétiques dans un milieu dépend uniquement de deux coefficients: la permittivité électrique et la perméabilité magnétique. Pour le vide, ces deux valeurs sont connues.

Le résultat de son équation est que la vitesse d’une onde électromagnétique est extrêmement proche de la valeur connue de la vitesse de la lumière. Cela prouve sans l’ombre d’un doute ce que certains soupçonnaient : la lumière n’est qu’une manifestation des ondes électromagnétiques.

Ces ondes peuvent en effet avoir plusieurs fréquences. À la fréquence 150 kHz (une vibration de 150.000 battements par seconde), ce sont les ondes longues utilisées par les radios longue distance. En augmentant un peu la fréquence, on arrive à la radio FM puis on monte de plus en plus, passant par les fréquences utilisées par nos GSM, nos routeurs Wifi, pour arriver au spectre visible. Nos yeux sont en effet des organes sensibles aux ondes électromagnétiques mais seulement dans une zone de fréquence déterminée.

Les changements de fréquence dans cette zone sont les changement de couleur (ainsi, le rouge a une fréquence plus basse que le bleu). Si on augmente encore la fréquence, on redevient invisible et on obtient l’ultraviolet puis les rayons X.

Tout cela n’est donc qu’électromagnétisme et se déplace à la vitesse de la lumière. Après tout, la radio et le wifi ne sont qu’une forme de lumière invisible à nos yeux.

Le paradoxe

Il y a cependant un problème. Selon Maxwell, la vitesse de la lumière ne dépend que du milieu, pas de la vitesse relative de ce milieu.

En toute logique, si je braque une lampe de poche envoyant de la lumière à 299.792km/s vers un TGV roulant vers moi à 300km/h (ou 0,08km/s), la lumière devrait toucher le TGV à 299.792,08km/s. De même, si la lampe de poche est sur une fusée qui s’éloigne de la terre à 100.000km/s, la lumière devrait arriver sur terre à 199.792km/s.

Or, les équations de Maxwell prédisent qu’il n’en est rien. La vitesse de la lumière ne dépend pas du repère inertiel. Quelle que soit votre vitesse par rapport à la source de lumière, vous voyez la lumière à la même vitesse. Comme si les passagers d’un train et ceux sur le quai de la gare vous voyaient tous à la même vitesse !

Ce résultat est énorme et va bouleverser la physique de l’époque. Soit Maxwell s’est trompé, malgré le nombre d’expériences confirmant ses prédictions, soit Galilée lui-même est dans l’erreur, chose qui semble incroyable.

L’éther

Une tentative d’explication est faite avec l’éther. L’éther serait un matériau très ténu qui composerait l’univers entier. L’éther représenterait un repère inertiel et les équations de Maxwell ne s’appliqueraient que dans ce repère précis. La vitesse de la lumière ne serait pas absolue et, un vaisseau se déplaçant à 100.000km/s à travers l’éther vers une source de lumière verrait bien cette lumière à 399.792km/s.

La théorie de l’éther pose plusieurs problème. Notamment que l’éther doit être très rigide pour avoir une vitesse de propagation importante tout en étant infiniment fluide, pour ne pas offrir de friction au mouvement des planètes. Ajoutons à cela que l’idée d’un référentiel inertiel “absolu” et plus important que les autres est dérangeante. Mais moins que de remettre en question la relativité de Galilée.

Michelson et Morley tentent alors une expérience visant à prouver l’existence de l’éther. Pour simplifier, disons qu’ils vont envoyer deux rayons lumineux parcourir la même distance mais perpendiculairement l’un à l’autre. En effet, si éther il y a, le mouvement de la terre dans cet éther doit provoquer l’équivalent d’un “vent”. Imaginez-vous sur le toit du TGV, comme dans Mission Impossible. Si vous lancez deux billes perpendiculairement sur le toit, le vent provoqué par la vitesse va modifier leur trajectoire et vous pourriez déterminer la vitesse du TGV ou au moins sa direction.

À la surprise générale, le résultat de cette expérience est sans appel: il n’y a et ne peut y avoir d’éther. La physique est dans une impasse.

Les transformations de Lorentz

À peu près à la même époque, un scientifique du nom de Lorentz s’amuse à comprendre les lois qui régissent de manière générale un repère inertiel. Ainsi, la position d’un objet par rapport à un repère inertiel dépend de sa vitesse, de sa position initiale et du temps écoulé dans ce repère. Exemple : si vous connaissez la position et la vitesse d’un train à minuit, vous pouvez très simplement calculer sa position à n’importe quel moment de la journée tant que sa vitesse est constante.

Tout cela semble très logique mais Lorentz remarque que ses équations ne donnent aucun lien entre les repères inertiels. Ainsi, si je suis sur le quai de la gare avec un chronomètre et que je mesure un coureur dans un TGV traverser le quai de gare, long de 100m, en 1,16 seconde, je peux affirmer qu’il fait du 310km/h à mes yeux. Mais je ne peux rien affirmer de ce qui se passe à l’intérieur du TGV lui-même.

Il est donc nécessaire d’introduire un lien entre les repères inertiels. Le lien le plus logique est de poser que le temps s’écoule de manière identique dans chaque repère inertiel, que 1,16 secondes à bord du train correspondent bien à 1,16 seconde sur le quai. En faisant cela, les équations de Lorentz (appelées les transformations de Lorentz) se simplifient et deviennent identiques à celle de Galilée.

Le TGV faisant du 300km/h, j’en déduis que le coureur fait du 10 km/h.

Remarquons qu’il s’agit d’un postulat: on affirme que le temps est identique dans chaque repère mais on ne le démontre pas.

Einstein

Il faut parfois un éclair de génie pour débloquer une situation. Et cet éclair, c’est Einstein qui l’a. À la manière du jeu enfantin « on disait que », il décide de postuler « on disait que la vitesse de la lumière est la même dans tous les référentiels inertiels ». Il pose donc ce postulat à la place du principe de simultanéité. En effet, la liaison entre tous les repères inertiels sera dorénavant une même et unique vitesse de la lumière. Cela rend inutile le postulat sur un écoulement du temps constant. Ce dernier n’avait, comme nous l’avons vu, de toutes façons jamais été démontré.

Notre cher Albert reprend donc les équations de Lorentz et postule une vitesse de la lumière identique dans tous les référentiels. Mathématiquement, le résultat devient étonnant. La vitesse observée depuis le quai est toujours la vitesse du train plus la vitesse du coureur mais le tout est divisé par un facteur (1 – v1 v2/c²) où v1 est la vitesse entre les référentiels (entre la gare et le tgv), v2 la vitesse entre le coureur et le TGV et c la vitesse da la lumière.

Pour une vitesse très faible (jusqu’à quelques milliers de km/h), ce facteur reste très proche de 1. En effet, v1 v2/c² est alors très proche de 0, le facteur vaut 1 et on divise notre résultat par 1, donc on ne change rien. Même pour un hypothétique coureur dans un avion volant à 10.000km/h, le facteur est 0,99999, ce qui est inobservable dans notre vie de tous les jours.

Mais que se passe-t-il si le TGV accélère soudain à la moitié de la vitesse de la lumière ? Le symbole v1 vaut la moitié de c. (1 – v1 /c²) vaut alors 0,5. Si, avec votre chronomètre, vous avez mesuré depuis le quai que le coureur faisait du 10km/h dans ce train ultra rapide, en fait, il sprintait à du 11,6km/h. De même, vous avez pu voir une horloge dans le train. Mais pendant que votre chronomètre indiquait 10 secondes, celle dans le train n’en indiquait que 8,6. Le temps ne s’écoule pas à la même vitesse ! (Update : les valeurs sont sans doute fausses mais l’idée est là)

Impossibilité d’atteindre la vitesse de la lumière

Il s’en suit logiquement qu’il est impossible d’atteindre la vitesse de la lumière. En effet, même si vous embarquez dans votre train semi-luminique un autre train semi-luminique, vous n’observerez, depuis le quai de la gare, qu’une vitesse totale de 80% de la vitesse de la lumière.

Arriver à la vitesse de la lumière revient donc à parcourir la moitié du chemin puis la moitié puis la moitié puis la moitié, chaque moitié requérant un effort semblable. Au final, la vitesse de la lumière est donc un objectif qui s’éloigne à chaque fois qu’on s’en approche.

Une autre conséquence, de taille, est que le temps ne s’écoule plus de la même manière entre référentiels inertiels. Ainsi, les chronomètres 1 et 2 ne seront plus liés. Cela parait fou mais, quand on y pense, cette constance du temps à toujours été prise pour acquise et n’avait jamais été démontrée. L’impasse de la physique venait du fait que, nous basant sur l’intuition, nous pensions que le temps s’écoulait de manière uniforme. Le génie d’Einstein a été de remettre cela en question et de découvrir que l’écoulement du temps dépendait en fait de la vitesse à laquelle nous nous déplaçons.

Intuitivement, il y a une certaine logique. Pourquoi le temps devrait-il s’écouler à la même vitesse dans différents repère inertiels ? Quelle serait cette constante naturelle fondamentale qui définit l’écoulement du temps ? La réponse est claire et nette: il n’y en a pas. La seule constante fondamentale est la vitesse de la lumière. Si l’homme a l’impression que le temps coule à la même vitesse, c’est parce qu’il n’a jamais été assez vite pour en ressentir les effets. L’humain reste toujours très proche d’un seul repère inertiel : la terre. Un peu comme un escargot ne comprendra jamais les notions d’aérodynamisme, l’air étant complètement fluide à sa vitesse de déplacement.

Conclusion

Avec cette œuvre scientifique majeure appelée « relativité restreinte », Einstein conciliera le grand paradoxe physique de son temps, à savoir l’incompatibilité de l’électromagnétisme avec les lois de la mécaniques classiques. Notons que si l’histoire retient son nom pour cet exploit, il n’est, comme tout scientifique, que le dernier maillon d’un chaîne, se basant sur les travaux de Maxwell, Lorentz et bien d’autres.

Cette découverte remet fondamentalement en question la manière dont nous percevons le monde. Le fait que le temps ne s’écoule pas partout à la même vitesse semble impossible mais sera vérifié. Einstein s’attaquera ensuite au fait de passer d’un repère inertiel à un autre, ce qui entraîne accélérations et décélérations. La théorie qui s’occupe de ce cas de figure est appelée « relativité générale » et remettra en question encore plus de choses, y compris la gravitation.

Toutes ces découvertes ont été validées par l’expérience et ont eu des applications pratiques importantes. Si les satellites ne prenaient pas en compte la différence d’écoulement du temps, les GPS ne fonctionneraient sans doute pas du tout, ou avec des erreurs importantes.

Il est tentant de se dire que Galilée s’était trompé, que sa théorie était fausse. Pourtant, nous l’utilisons encore tous les jours. Cela illustre bien la démarche scientifique. Ainsi, il conviendrait mieux de dire que Galilée a été imprécis. Et que, dans les domaines où la précision n’est pas critique, utiliser Galillée est une approximation largement suffisante. Galilée a, sans le savoir, posé une hypothèse (la constance de l’écoulement du temps) qui s’est révélée fausse. Mais sans Galilée, nous n’aurions jamais pu aller plus loin. Avant de nager comme un athlète, il faut savoir nager tout court.

De même, si atteindre la vitesse de la lumière semble impossible, il reste la possibilité qu’Einstein aie été imprécis, que ses équations se basent sur une hypothèse qui se révélera fausse dans le futur.

C’est peut-être ce qui rend la science si excitante: toujours à la recherche de l’inconnu, toujours à l’affût d’une erreur laissée par un prédécesseur, toujours en train de remettre notre vision du monde en question.

 

Sources : Physique IV, partie B : Physique Corpusculaire par le professeur Jan Govaerts, UCL février 2001. Science & Vie Junior Hors Série Einstein, avril 1996. Photo par Kevin Harber.

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Source: http://ploum.net/post/pourquoi-ne-peut-on-pas-depasser-la-vitesse-de-la-lumiere