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Quelle planification pour accompagner la bifurcation écologique ? Pour un nouveau modèle de développement

Friday 6 January 2023 at 06:40

La planification des années 1930-1940 est née dans le sillage de la guerre civile en Russie, de la crise économique et sociale de 1929 en Allemagne, de la seconde guerre mondiale aux États-Unis ou en France. Faudra-t-il attendre les catastrophes majeures qui vont se succéder à un rythme accéléré – la pandémie en étant le premier signe, tout comme l’incertitude inquiétante provoquée par la guerre en Ukraine – plutôt que de les prévenir à l’aide d’une planification démocratique et écologique ?

Par Daniel Bachet, professeur émérite à l’Université d’Evry-Paris-Saclay, membre de l’Association du Manifeste pour l’Industrie (MAI).

Devant un contexte mondial marqué par des politiques économiques qui dégradent les écosystèmes et compromettent l’avenir de l’humanité, nous faisons l’hypothèse selon laquelle une planification conçue et débattue démocratiquement est fondatrice d’un nouveau système économique et social, plus sobre, plus écologique et plus redistributif. On peut penser que l’usage de la planification est indispensable si l’on veut faire face à l’urgence climatique et conduire réellement une transition-bifurcation aboutissant à la neutralité carbone et à la protection de la biodiversité. Nous ne traiterons ce thème que dans le cadre de l’État-Nation, bien que les règles européennes et internationales produisent des effets bien réels sur chaque système socio-productif en raison des interdépendances unissant ces trois espaces géographiques.

La pensée néolibérale considère souvent le marché comme un gigantesque algorithme servant à établir des prix et à déterminer des incitations. Or, il a été démontré que l’imprévisibilité du futur limitait radicalement le rôle cognitif des prix. Tout choix économique et donc tout choix d’investissement fait intervenir des valeurs sociales, morales ou éthiques[1]. L’idée selon laquelle un marché pourrait déterminer la valeur de tout ce qui nous entoure est dangereuse car le marché est aveugle aux usages et aux caractéristiques des acheteurs. Si le choix de prendre soin des personnes âgées, d’augmenter le nombre d’enseignants ou bien de développer des activités bancaires lucratives se décide à partir d’un système de prix déterminés par l’offre et la demande, l’arbitrage se fera en faveur de vendeurs de contrats bancaires ou de traders. Laisser aux marchés le soin de générer des prix pour déterminer nos choix sociaux, c’est créer une société dans laquelle les écoles et les hôpitaux sont délabrés alors que les vitrines des magasins sont chatoyantes et allumées nuit et jour.

Or, la planification a précisément pour but de corriger les échecs du marché et de promouvoir des développements d’activité que les marchés ne peuvent ou ne veulent pas financer. C’est pourquoi un discours institutionnel fait aujourd’hui un retour remarqué sur le devant de la scène. Ainsi, les notions de « souveraineté industrielle » ou « d’indépendance nationale » sont de nouveau convoquées dans le débat public en particulier par le chef de l’Etat lorsqu’il déclare en juillet 2021 « La première [décision], c’est la nécessité de moins dépendre de l’étranger pour certains produits essentiels, certains services, certaines technologies. C’est la nécessité de retrouver le chemin d’une indépendance française et européenne. Parce que nous avons vécu durant cette crise[2] les conséquences de cette dépendance »[3]. La question est de savoir si la décision de recréer, en septembre 2020, un Haut-Commissariat au Plan (HCP) doit plus à la nécessité d’une « ardente obligation »[4] ou simplement à un affichage consistant à souscrire à l’esprit du temps.

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