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(Actualisation – Synthèse) Comment nos députés nous ont finalement bien rackettés pour le compte d’Amazon…

Friday 18 July 2014 at 02:00

Billet à jour au 15/07/2014

Synthèse

Autant je peux comprendre à la limite (sans l’accepter) que, dans son état sinistré actuel, la presse ne comprenne rien à l’Ukraine, mais alors qu’elle ne comprenne rien non plus à une loi simple, cela devient très inquiétant…

Alors, on va reprendre très simplement le sujet, qui n’a rien de compliqué…

Quand on achète un livre dans une librairie, au prix éditeur de 20 €, on paie 3 choses :

  1. le livre (9 €) – payant l’auteur (2 €), l’éditeur, l’imprimeur et la TVA
  2. la diffusion et la livraison du livre dans la librairie (4 €)
  3. le libraire (7 €) – payant le local et les salaires

prix du livre

Mais les livres ne sont pas vendus qu’en librairie – loin de là :

lieux achat du livre

On a 3 autres gros vecteurs de diffusion, à coûts internes décroissants : les grandes surfaces culturelles (FNAC…), les grandes surfaces généralistes (Carrefour), et Internet.

Quand on arrive à de la vente par Internet, par exemple Amazon, on a environ ces coûts :

  1. le livre (9 €) – payant l’auteur (2 €), l’éditeur, l’imprimeur et la TVA
  2. la livraison du livre dans l’entrepôt Amazon (0 €) : cela ne coûte rien, (en gros) l’imprimeur envoie directement les exemplaires chez Amazon
  3. Amazon (3 €) – payant l’entrepôt, les salaires, et le site

Amazon serait donc en mesure de vendre le livre 12 € au lieu de 20 €.

Pour éviter cela, la loi Lang a fixé un prix unique du livre : tous les vendeurs doivent vendre le livre à 20 €.

Par dérogation, les vendeurs peuvent, s’ils le souhaitent, appliquer une réduction de 5 % – et le vendre 19 €.

Jusqu’à présent, Amazon (et la Fnac) appliquaient la baisse de 5 % ET fournissaient la “livraison gratuite” – les libraires hurlant au “dumping” (pointant même souvent l’optimisation fiscale d’Amazon).

MAIS la livraison n’avait rien de “gratuite” : vendant 19 € un livre qu’ils pouvaient vendre 12 €, le consommateur payait largement la livraison dans le prix.

Ce qui est logique : dans le prix éditeur, donc en librairie, on paie déjà la livraison de l’éditeur jusqu’à la librairie. Chez Amazon, c’est le même prix, sauf qu’Amazon n’a pas encore livré le livre…

Alors je comprends que les libraires se plaignent de ne pas pouvoir expédier un livre à leur acheteur gratuitement, mais il est évident qu’un circuit éditeur -> grossiste -> libraire -> client ne peut rivaliser en termes de coût avec un circuit  éditeur -> Amazon -> client : C’est NORMAL, il y a une livraison de plus dans le 1er + une librairie à financer !

Je ne sais pas vous, mais quand j’achète un livre, je n’ai pas le besoin qu’il se ballade dans une librairie (ni au Pérou) avant d’arriver chez moi…

Mais le législateur s’en est mêlé – hélas…

La loi 2014-779

Je vous passe les rebondissements dans sa conception

la loi indique désormais :

« Lorsque le livre est expédié à l’acheteur et n’est pas retiré dans un commerce de vente au détail de livres, le prix de vente est celui fixé par l’éditeur ou l’importateur. Le détaillant peut pratiquer une décote à hauteur de 5 % de ce prix sur le tarif du service de livraison qu’il établit, sans pouvoir offrir ce service à titre gratuit. »

Kafka a encore frappé : donc la déduction de 5 % ne peut porter que sur des frais de livraison qui ne peuvent plus être gratuits.

Le but du législateur est clair : il faut que les livres sur Internet soient plus chers que précédemment (RAPPEL : le but affiché est d’aider le livre, hein…)

La conséquence prévisible de la loi est évidente :

de la loi sur le livre

La presse

La presse a été lamentable, comme d’habitude :

Mention spéciale au NouvelObs :

Cependant, Félicitations du Jury à L’Informaticien (Guillaume Perissat) et Numérama (Guillaume Champeau), qui ont bien compris et bien informé leurs lecteurs :

Les conséquences

Simples !

Avant :

Après :

Donc tout va bien, le Larousse est désormais moins cher à l’étranger qu’en France !

Merci les députés – n’hésitez pas à partir en vacances surtout !

Ce qu’il fallait faire

Cette histoire est vraiment exemplaire du degré de bêtise ambiante, et d’incapacité à résoudre un problème par le Politique.

Au final, qu’a fait le législateur ? Il a créé une sorte de taxe de 5 % sur les ventes Amazon, payée par le consommateur, est reversée à… Amazon ! (Texte voté à l’unanimité !!!!)

Qui voit donc son bénéfice sur les ventes de livres augmenter d’environ +20 % à +25% !!!!

Messieurs les élus, n’hésitez donc pas à faire une loi anti-Berruyer, je suis preneur…

Je propose à la place de cette ânerie ceci :

1/ on crée une Autorité Indépendante de Soutien aux Librairies ;

2/ cette Autorité va lever une nouvelle taxe :

Elle vise à compenser l’excès de bénéfice indu de ces structures, en raison de la loi sur le prix unique. Cette taxe va rapporter environ 120 M€ par an. Il est fort probable qu’elle ne soit pas répercutée par les vendeurs en ligne ;

3/ cette autorité va gérer la distribution des sommes collectées sous forme de subventions aux 3 000 libraires français, avec des règles fixées par décret et claires. En donnant par exemple une somme fixe de 30 000 € par an à chacun, au titre de la subvention à “l’activité d’intérêt général de diffusion de culture”, modulée en fonction des frais et contraintes des zones. Ainsi, le consommateur ne paie pas plus cher, et on aide VRAIMENT les libraires à ne pas mourir – ce qui va être fait dans 5 ans sinon, même avec cette loi…

4/ on réfléchit à passer le rabais sur la loi Lang à - 10 % - ce serait encore  moins que les -15 % en Italie, où il  reste pourtant plein de libraires (2100 dont 1300 indépendants, plus qu’en France)… Le consommateur y gagnerait un peu sans que cela chamboule les librairies (désormais subventionnées)…

Bref à vous de choisir ce qui peut le mieux aider les librairies et aider aux achats de livres :

Source: http://www.les-crises.fr/comment-nos-deputes-nous-ont-rackettes/