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La dette-Covid et l’Euro, entre annulation et servitude volontaire – par Eric Juillot

Friday 5 March 2021 at 06:50

Christine Lagarde a été très claire : l’annulation des dettes publiques contractées en réponse à la crise sanitaire est « inenvisageable ». Elle constituerait « une violation du traité européen qui interdit strictement le financement monétaire des États[1] ».

Seule, au milieu de la tempête, la présidente de la BCE entend donc maintenir fermement le cap de l’orthodoxie monétaire, faisant du remboursement de la dette — quelles que soient ses causes — un horizon indépassable de la pensée économique. Sans doute tient-elle les propos que sa fonction lui impose, sans doute estime-t-elle nécessaire de préserver un dernier vestige de l’ordre en place, quand tous les autres ont été piétinés après 2008, ou balayés depuis un an.

Mais le simple fait qu’elle soit acculée à une posture défensive sur la question de la dette — sensible entre toutes — prouve qu’une époque s’achève : des millions de citoyens découvrent, étonnés, qu’il est donc possible d’annuler certaines dettes publiques sans que le monde ne s’écroule. Il n’est pas sûr que la morale de bon père de famille qui soutient la thèse défendue par Lagarde — et qui constitue le niveau zéro de la réflexion économique en la matière — permette de penser clairement la situation actuelle.

Une dette inutile ?

L’apparition de la dette-covid s’inscrit dans un contexte particulier. Si Mme Lagarde a formellement raison lorsqu’elle rappelle que les traités de l’Union Economique et Monétaire interdisent le financement direct des États par la BCE — ce à quoi reviendrait l’annulation de cette dette — elle passe sous silence le fait que, depuis dix ans, sous l’effet de la crise économique et financière de 2008, l’institution qu’elle dirige aujourd’hui est sortie allégrement du cadre juridique censé la contraindre, pour mettre en œuvre un financement quasi-direct des États, avec son vaste « programme d’achat de titres publics » mis en œuvre à partir de 2015[2]. Ainsi la Banque de France (agissant pour le compte de la BCE) détient-elle aujourd’hui 22 % de la dette publique française, contre 5 % à la fin de 2014[3].

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Source: https://www.les-crises.fr/de-la-dette-covid-a-leuro-entre-annulation-et-servitude-volontaire-par-eric-juillot/