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[70e AG ONU] SG ONU : “Notre objectif ne doit pas être de garder les gens en vie mais bien de leur donner une vie décente”

Monday 12 October 2015 at 03:29

Nous entamons cette semaine une série sur les discours lors de la 70e Assemblée générale de l’ONU.

Nous avons pensé qu’il serait intéressant de diffuser la vision des chefs d’État des plus grands pays, afin d’avoir une vision du monde non tronquée par le filtre de nos médias.

Afin d’avoir la vision la plus exhaustive possible, nous n’avons pas fait de sélection. Certains discours sont ainsi très éloquents, d’autres parfois un peu creux -ainsi va le monde…

Vous constaterez la nette différence entre les discours des chefs d’État occidentaux (toujours prêt à expliquer comment doit être gouverné tel autre pays) et les autres (qui respectent les souverainetés)…

Nous commençons par le Secrétaire général de l’ONU, qui a ouvert les travaux.

Intervention Ban Ki-moon, ONU, 28 septembre 2015

Nous avons entamé cette 70éme session de l’Assemblée générale par un succès retentissant, l’adoption du programme de développement à l’horizon 2030, y compris 17 objectifs qui vont nous inspirer, les Objectifs du Développement Durable : ODD.
Notre but est clair, notre mission est possible et notre objectif ultime est à notre portée. Il s’agit de mettre fin à la pauvreté extrême d’ici 2030 et d’assurer une vie dans la paix et la dignité pour tous. Ce qui importe à présent, c’est de transformer ces promesses qui existent sur papier en véritable changement sur le terrain.

C’est cela notre devoir et bien plus encore envers les plus vulnérables, les opprimés, les déplacés et tous les laissés pour compte de notre temps. C’est là notre devoir envers un monde dans lequel l’inégalité va croissant, un monde dans lequel la confiance s’érode et le mécontentement envers les autorités se fait sentir de toutes parts. C’est cela notre devoir envers les générations futures, comme le dit la Charte en ces mots mémorables. En cette année, alors que nous célébrons le 70éme anniversaire des Nations Unies, nous devons répondre à cet appel lancé par la Charte. Nous devons entendre les voix de ce qui sont « nous, les peuples ». C’est comme cela que nous pourrons surmonter les réalités sombres de notre présent, c’est comme cela que nous pourrons saisir la chance incroyable que nous offre cette ère.

Les objectifs du millénaire pour le développement Durable ont permis de sortir des centaines de millions de gens de la pauvreté. Nous sommes prêts à poursuivre dans cette voie et à aller plus loin, beaucoup plus loin. Il ne s’agit pas simplement d’ajouter de nouveaux objectifs mais de se donner un plan dont les objectifs se combinent intimement avec les Droits de l’Homme, l’Etat de droit et l’autonomisation des femmes, éléments essentiels d’un ensemble intégré. Les objectifs mondiaux sont universels. Vous dirigeants du monde vous êtes engagés à aller de l’avant sans faire de laissés pour compte et à aider en priorité ceux qui en ont le plus besoin. La dynamique enclenchée peut nous servir à conclure un accord propice sur le changement climatique en décembre à Paris. On voit poindre des changements considérables visant à réduire les émissions nocives de gaz à effet de serre. J’ai visité de grandes installations solaires, reflet d’un nouvel avenir énergétique. L’action climatique a le vent en poupe. Cela étant, il est clair que les objectifs nationaux présentés par les Etats membres ne suffiront pas. Le choix qui s’offre à nous est le suivant : revoir nos ambitions à la hausse ou, en ce qui concerne le réchauffement climatique, risquer de dépasser le seuil de 8° que les scientifiques nous disent de ne pas franchir. Nous n’atteindrons les objectifs de développement durable qu’en nous organisant mieux. Faisons tomber les murs, soyons critiques, engageons les ministères et les autres institutions à cesser de poursuivre des objectifs contradictoires. Ne restons pas chacun dans notre coin mais unissons nos forces pour un bon usage de l’information dont nous disposons, planifions à long terme et ayons la volonté de faire les choses autrement.

Le financement sera un test décisif. Je me félicite du programme d’action d’Addis Abeba qui a été adopté et de l’engagement renouvelé pris par les pays développés d’investir 0,7% du produit national brut dans l’aide publique au développement. L’aide fonctionne mais trop peu de pays ont atteint cet objectif. Et je voudrais rendre hommage aux pays qui ont atteint cet objectif et exhorter les autres à suivre cet exemple.

Le financement en faveur du climat sera crucial également. J’exhorte les pays développés à atteindre l’objectif convenu de 100 milliards de dollars d’ici 2020, pour faire en sorte que le fonds d’aide pour le climat soit fonctionnel. Le monde continue de dépenser des milliards en dépenses militaires inutiles. Pourquoi est-il plus simple de trouver de l’argent pour détruire les peuples et la planète que pour les protéger ? Les générations futures dépendent de nous, attendent que nous rectifiions nos priorités.

Les souffrances aujourd’hui ont atteint des sommets auxquels on n’avait pas assisté depuis des générations. 100 millions de personnes ont besoin aujourd’hui d’aide humanitaire et au moins 60 millions de personnes ont été forcées de fuir leur foyer, de fuir leur pays. Les Nations Unies ont lancé un appel pour récolter près de 20 milliards de dollars pour répondre aux besoins cette année, c’est-à-dire six fois plus que les montants d’il y a 10 ans. Les institutions humanitaires onusiennes et nos partenaires travaillent dans des conditions extrêmement difficiles pour atteindre les personnes qui en ont besoin. Les Etats membres ont déjà été généreux mais les demandes croissantes se multiplient plus vite que les annonces de financement. Le sommet humanitaire mondial de 2016 sera un moment clef pour réaffirmer notre solidarité et déterminer comment nous pouvons au mieux bâtir la résilience des communautés et remédier aux situations d’urgence. Le système humanitaire mondial n’est pas défectueux mais il est à court de ressources nous ne recevons pas suffisamment de moyens pour sauver des vies. Nous avons récolté à peu près la moitié de ce dont nous avons besoin pour aider les peuples d’Irak, du Soudan du Sud et du Yémen. Et nous n’avons récolté qu’un tiers de ce dont nous avons besoin pour la Syrie. Notre plan d’action pour l’Ukraine n’est financé qu’à 39% et l’appel lancé pour la Gambie, pays dans lequel un enfant sur quatre souffre de retard de croissance, cet appel n’a reçu aucune réponse.

Des chiffres aussi bas signifient que la souffrance atteint de nouveaux sommets. Les peuples ont besoin d’aide d’urgence mais ce dont ils ont encore plus besoin ce sont de solutions durables.

Ces populations sont contentes d’avoir un abri mais elles méritent à leur tour de rentrer chez elles. Notre objectif ne doit pas être de garder les gens en vie mais bien de leur donner une véritable vie, une vie décente. Le Liban, la Jordanie et la Turquie accueillent avec grande générosité des millions de réfugiés syriens et irakiens. Les pays du monde en développement continuent d’accueillir de grands nombres de réfugiés alors qu’eux-mêmes ont des moyens limités. Les individus se déplacent à une échelle jamais vue auparavant dans les Amériques, le Sahel, dans les mers de Méditerranée. Autant de flux et de mouvements qui suscitent des problèmes complexes et déchaînent les passions.

Certains critères doivent nous guider dans notre réaction face à cette situation: le Droit international, les Droits de l’homme et la compassion tout simplement. Chaque pays doit faire davantage pour endosser ces responsabilités. Je souhaiterais faire l’éloge de ceux en Europe qui ont respecté les valeurs de l’Union et ont accordé asile à ces personnes. Dans le même temps j’exhorte l’Europe à en faire davantage. Après la Seconde Guerre mondiale c’étaient les Européens qui avaient besoin de l’assistance du monde. Après demain, le 30 septembre, j’organiserai une réunion de haut niveau afin de promouvoir une stratégie globale afin de réagir à la crise des réfugiés et des migrants. Nous devons lutter contre les trafiquants et remédier aux pressions auxquelles sont confrontés les pays de destination. Nous devons lutter également contre la discrimination. Au XXI° siècle, il ne s’agit pas de bâtir des barrières ou des murs ; avant tout nous devons nous pencher sur les causes profondes du problème dans les pays d’origine.

Les Syriens fuient leur pays, leur foyer à cause de l’oppression, de l’extrémisme, de la destruction, de la peur. Quatre années de paralysie diplomatique au sein du Conseil de sécurité et en d’autres endroits ont rendu cette crise incontrôlable. La responsabilité de mettre fin à ce conflit incombe au premier chef aux parties syriennes. En effet ce sont elles qui ont réduit leur pays à un tas de ruines mais il ne suffit pas de chercher des solutions à l’intérieur de la Syrie.

En effet cette lutte est également alimentée par les puissances régionales et rivalités régionales. Les armes, l’argent qui affluent dans ce pays ne font qu’alimenter la violence. Mon envoyé spécial fait tout ce qui est en son pouvoir pour atteindre un règlement pacifique. Il est à présent temps pour les autres, au premier chef le Conseil de sécurité et les acteurs régionaux clef d’en faire de même. Cinq pays, cinq pays plus particulièrement jouent un rôle clef dans ce règlement : la Fédération de Russie, les Etats-Unis, l’Arabie saoudite, l’Iran, la Turquie. Mais tant que l’un n’acceptera pas de compromis avec les autres, il sera inutile de s’attendre à quelque changement que ce soit sur le terrain. Or, les Syriens innocents paient le prix du terrorisme et des barils d’explosifs.

Et l’on ne peut permettre l’impunité en cas de crimes horribles notre engagement envers la justice doit nous pousser à renvoyer la situation devant la Cour d’Appel internationale.

Au Yémen, 21 millions de personnes c’est-à-dire 80% de la population a besoin d’aide humanitaire. Or toutes les parties foulent au pied la vie humaine et la plupart des victimes résultent des frappes aériennes. Je demande qu’on mette fin à ces bombardements ; des bombardements qui détruisent également des villes yéménites, les infrastructures et le patrimoine du pays.

En cet instant également les guerres des autres menées par procuration alimentent les combats et j’exhorte donc encore une fois toutes les parties à revenir à la table des négociations pour discuter en toute bonne foi et résoudre cette crise par le dialogue grâce à mon envoyé spécial. Que ce soit clair, il ne peut y avoir de solution militaire à ce conflit.

Nous devons également mettre en garde contre le dérapage dangereux dans le processus de paix au Moyen-orient. Les activités de peuplement se poursuivent, les actes d’incitation et de provocation se multiplient. Il est donc essentiel pour les Israéliens et les Palestiniens de reprendre la communication et il est essentiel pour la communauté internationale de faire pression sur les parties pour les amener à communiquer. Le monde ne peut plus attendre que les dirigeants se décident à choisir la voie de la paix.

Daesh, Boko Haram et al Shabad restent des menaces de grande ampleur surtout pour les femmes et les filles qui sont prises pour cibles systématiquement. Le monde doit unir ses efforts contre la brutalité sans bornes de ces groupes. Nous devons également lutter contre l’exclusion et le désespoir qui apportent de l’eau au moulin des extrémistes. En outre, les Etats ne peuvent jamais violer les droits de l’Homme dans la lutte contre le terrorisme. De telles exactions ne font qu’alimenter le cercle vicieux.

Au début de l’année prochaine, je présenterai à l’Assemblée générale un plan d’action global sur la façon dont nous pouvons lutter contre l’extrémisme violent et le terrorisme.

Je me félicite de l’accord historique atteint entre la République islamique d’Iran et les pays les cinq plus un. Le dialogue et la diplomatie patiente ont porté leurs fruits. J’espère que cet esprit de solidarité entre les membres permanents du Conseil de sécurité pourra se manifester également dans d’autres situations épineuses, telles que le conflit en Syrie, au Yémen ou en Ukraine.

Nous devons bâtir sur les accords récents atteints en Soudan du Sud.

Nous devons parachever les accords en Libye et épargner à ces pays davantage de souffrances.
Le moment est venu d’entamer un dialogue renouvelé afin de également remédier aux tensions sur la péninsule coréenne. J’appelle tous les partis à s’abstenir de toute action qui risquerait d’accroître la méfiance. Je les encourage, à l’inverse, à promouvoir la réconciliation et à œuvrer en faveur de la dénucléarisation de la péninsule. Je suis prêt à appuyer cette coopération intercoréenne et nous devons également accélérer nos travaux en faveur du bien-être de la population de la République populaire de Corée.

Je suis vivement préoccupé par les restrictions croissantes imposées à la liberté des médias et à la société civile à travers le monde. Ce n’est pas un crime lorsque les journalistes, les militants des Droits de l’Homme ou d’autres jouissent de leurs droits de base. Nous devons préserver cette marge de manœuvre pour la société civile et la presse afin qu’ils puissent faire leur travail vital sans crainte de représailles ou d’emprisonnement.

En trop d’endroits on voit une menace poindre, celle de faire un bond en arrière par rapport à la démocratie alors que des dirigeants s’efforcent de rester en poste au-delà de leur limite de mandats. Nous voyons des pétitions, des manifestations organisées par la volonté spontanée du peuple. J’exhorte donc les dirigeants du monde à respecter la limite constitutionnelle de leur mandat.

Prises ensemble, ces crises nous ont fait atteindre les limites des outils légaux dont nous disposons pour la résolution des conflits et des réponses que nous donnons aux crises humanitaires. Un peu plus tôt ce mois-ci, j’ai exposé ma vision pour renforcer les opérations de paix des Nations Unies en m’appuyant sur les recommandations du Groupe indépendant.

Nos opérations de maintien de la paix et missions politiques ont besoin de capacités accrues et d’objectifs politiques clairs. Ce qu’il nous faut, c’est un engagement renouvelé en faveur de la prévention, des partenariats régionaux plus forts et un soutien plus déterminé à la consolidation de la paix.

Il faut aussi mettre en avant le potentiel des femmes dans la promotion de la paix telle que l’envisage la Résolution 1325 du Conseil de sécurité. J’espère que l’Assemblée générale réagira promptement témoignant ainsi de son engagement fort dans ce sens. Les gens aujourd’hui, ainsi que les générations qui leur succèderont ont besoin que nous fassions tout ce qui est en notre possible pour saisir cette occasion et accomplir des progrès « compréhensifs ».

Les Nations Unies ont émergé des débris d’un monde morcelé pour apporter l’espoir, l’espoir que, par notre action collective, nous pourrions éviter une autre catastrophe mondiale.

Au cours de ces 70 dernières années nous avons aidé à libérer des millions de personnes du colonialisme ; nous avons contribué à la lutte réussie contre l’Apartheid. Nous avons également éradiqué des maladies mortelles, défendu les Droits de l’Homme, consolidé les cas de droit. Nous avons fait cela et bien plus, cependant c’est loin d’être suffisant.

Nous traversons une ère de dures épreuves mais également une ère qui nous offre beaucoup de chances à saisir. Nous sommes plus connectés aujourd’hui que jamais auparavant, nous sommes mieux informés que jamais auparavant, nous avons de meilleurs outils que jamais auparavant.

Les recettes d’un changement positif sont connues. Nous avons entre les mains les ingrédients du succès.

Nous continuons également à réformer l’Organisation même si savons que nous devons en faire davantage aussi bien au niveau administratif qu’au niveau politique.

Nous pouvons tirer notre force de l’autonomisation des femmes mais nous devons encore intensifier nos efforts afin d’assurer la parité, assurer une planète 50-50.

Les jeunes du monde m’inspirent. Ils représentent la moitié de la population mondiale et nous devons faire entendre leur voix davantage dans la prise de décision à travers le monde.

Je suis impressionné de la manière dont nous pouvons tous ensemble unir nos efforts pour une cause vitale tel que le programme d’action à l’horizon 2030.

Il y a un an, alors que nous nous rassemblions pour le débat général, la crise d’épidémie Ebola, en Afrique de l’ouest, faisait des victimes au quotidien. Les familles en étaient dévastées, la crainte s’en faisait sentir et les prévisions étaient effrayantes pour les mois à suivre. Aujourd’hui, grâce aux efforts collectifs de toutes les communautés et des gouvernements du monde, les cas d’Ebola ont considérablement diminués. L’épidémie n’est pas terminée, nous devons rester vigilants mais nos efforts fonctionnent et les enseignements que nous devons en tirer présagent un avenir plus sûr pour tous.

Lorsque nous oeuvrons de concert, il n’y a pas de limites à ce que nous pouvons réaliser.

Il y a trois jours, des jeunes venant de nombreuses nations se sont rassemblés ici sur le balcon de ces salles et ils ont demandé une chose avant tout : du changement, du changement.

Il n’est rien que nous puissions dire aux enfants du monde qui les persuaderait que le monde doit rester tel qu’il est aujourd’hui. Cela signifie que nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour combler le fossé entre le monde tel qu’il est aujourd’hui et le monde tel qu’il devrait être demain.

Voilà quelle est la mission des Nations Unies.

Oeuvrons ensemble pour faire de ce monde un monde meilleur pour tous , un monde dans lequel tout un chacun vivra dans la prospérité et la dignité.

Je vous remercie.

Source : ONU 28/09/2015  transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

Source: http://www.les-crises.fr/70e-ag-onu-sg-onu/