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Accord à Minsk pour un cessez-le-feu et un retrait de l’artillerie (EDIT)

Thursday 12 February 2015 at 13:35

Restons quand même prudents (Merkel prévient qu’il y a encore de «gros obstacles»), mais c’est un très bonne base !

Ça va mieux quand même mieux quand les Américains ne s’en mêlent pas…

Il prévoit en gros que les armes vont se taire et reculer, que l’Ukraine va être plus décentralisée, le Donbass va voter, et Kiev récupérera le contrôle de sa frontière.

Vous notez que c’est du pur bon sens, que c’est ce que demandait Kissinger ou Poutine depuis le début, et ce que je défendais depuis le début…

Presque 1 an de guerre pour en arriver là…

Après je reste dubitatif sur primo la capacité de Kiev à faire accepter ça à ses milices et secundo à ce que le Parlement ukrainien accepte une large décentralisation… Nous verrons…

P.S. contrairement à ce que je lis souvent, les représentants du Donbass étaient bien là et ont évidement signé l’accord. Les dirigeants qu’on voit sur les photos n’ont pas signé l’accord, ils ont simplement accepté d’en être les garants…

Bon résumé du Point

Les dirigeants européens et les présidents ukrainien et russe sont parvenus jeudi à Minsk à se mettre d’accord pour imposer dès dimanche un cessez-le-feu et créer une zone démilitarisée élargie en Ukraine, mais de “gros obstacles” subsistent, a prévenu Angela Merkel au terme de négociations marathon. Cet accord, qui selon Berlin est encore loin d’apporter la paix en Ukraine, reprend les grandes lignes des accords déjà signés à Minsk en septembre et qui prévoyaient déjà cessez-le-feu, retrait des pièces d’artillerie ou échanges de prisonniers.

Mais le fait qu’il ait été conclu au plus haut niveau, entre Vladimir Poutine opposé à Petro Porochenko, soutenus par Angela Merkel et François Hollande, donne plus de poids à l’accord. Formellement toutefois, le président russe n’a rien signé. Les Européens, leur protégé ukrainien et lui-même n’ont accouché que d’une “déclaration de soutien” au texte, lui signé par les rebelles séparatistes et par les émissaires de Kiev, sous le patronage de la Russie et de l’OSCE. “On a réussi à trouver un accord sur l’essentiel”, s’est félicité Vladimir Poutine, François Hollande évoquant un “règlement politique global” même si “tout n’est pas encore accompli”.

De son côté, la chancelière Angela Merkel a douché les espoirs d’une paix immédiate, déclarant ne se faire “aucune illusion” sur le fait qu’il y ait encore “de gros obstacles” à surmonter avant d’arriver à une solution au conflit ukrainien. L’accord “n’est pas une solution globale et encore moins une percée”, a renchéri le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, tout en saluant un “pas en avant qui nous éloigne d’une spirale d’escalade militaire”, mais “sans euphorie, car cela a été une naissance difficile”. Les dirigeants séparatistes ont estimé que l’accord pouvait faire espérer une “solution pacifique” au conflit.

Cessez-le-feu

La feuille de route signée par le Groupe de contact, constitué de représentants ukrainiens et les rebelles pro-russes, encadrés par leurs homologues russes et de l’OSCE, porte sur un cessez-le-feu en vigueur dès dimanche, et sur le retrait des belligérants et de leurs armes lourdes permettant la création d’une zone tampon élargie, passant de 30 kilomètres à 50 à 70 kilomètres autour de la ligne de front.

“Toutes les questions ont été traitées par ce texte qui a été signé par le groupe de contact et les séparatistes”, a déclaré le chef de l’État français, lors d’une déclaration commune, aux côtés de la chancelière allemande.

La signature de cet accord intervient après une nuit blanche pour François Hollande, Angela Merkel, Vladimir Poutine et Petro Porochenko à Minsk pour tenter d’arracher un plan de paix pour l’Ukraine. Jusqu’à l’annonce du président russe, qui a marqué la fin des négociations, peu de signes tangibles permettant d’espérer la conclusion d’un accord avaient été observés, alors que le temps presse et que les violences en Ukraine n’ont pas faibli, douze personnes au moins ayant péri ces dernières heures dans des combats et bombardements.

Dans le fief rebelle de Donetsk, les tirs d’artillerie tirés des positions séparatistes n’ont pas cessé de la nuit.

Négociations difficiles

Les pourparlers étaient plus que compliqués. La géographie d’abord : les négociations se sont déroulées dans deux endroits de la capitale biélorusse. D’un côté, les dirigeants européens et les présidents russe et ukrainien. De l’autre, le groupe de contact sur l’Ukraine. Le sommet de Minsk a été un ballet de conseillers, de portes ouvertes et refermées, de conciliabules à trois – Hollande-Merkel avec Poutine, Hollande-Merkel avec Porochenko – et de négociations autour d’un plateau repas dans l’imposante salle aux colonnes de marbre de la présidence biélorusse.

Jusqu’à jeudi matin, le président Petro Porochenko se montrait pessimiste. “Malheureusement, il n’y a pas encore de bonnes nouvelles. Pour l’instant, il n’y a aucune nouvelle”, a déclaré Petro Porochenko à l’AFP. “Il y a des conditions (posées par les Russes) que je considère comme inacceptables”, a-t-il ajouté. Signe que les discussions étaient cependant entrées dans une phase décisive, les dirigeants séparatistes de la “république” autoproclamée de Donetsk, Alexandre Zakhartchenko, et de Lougansk, Igor Plonitski, avaient rejoint le Groupe de contact pour les négociations. L’accord devait porter “sur la mise en oeuvre concrète de l’accord de Minsk du 5 septembre”, selon une source proche des négociations.

Resté pour l’essentiel lettre morte, le “protocole” de cessez-le-feu signé le 5 septembre à Minsk, développé par un mémorandum du 19 septembre, est jusqu’à présent le seul accord signé par toutes les parties pour tenter de régler un conflit qui a fait plus de 5 300 morts en dix mois.

La rencontre en Biélorussie a été organisée au terme d’une semaine d’intenses consultations diplomatiques dont les dirigeants français et allemand, qui s’étaient rendus vendredi à Moscou pour y rencontrer M. Poutine, ont pris l’initiative. Avant le sommet, les soldats ukrainiens et rebelles intensifiaient leurs combats sur le terrain pour arriver en position de force à la table des négociations.

Selon l’Élysée, le président français et la chancelière allemande avaient annoncé compter “tout essayer” pour trouver une issue diplomatique à une crise qui a généré la pire période de confrontation entre la Russie et les Occidentaux depuis la fin de l’URSS en 1991. De Washington, le président américain Barack Obama avait fait monter les enchères en appelant Vladimir Poutine pour lui dire que s’il poursuivait sa stratégie “agressive” en Ukraine, la Russie verrait le “prix à payer” augmenter.

Source : Le Point

L’accord

Le résumé n’est pas encore disponible en français, mais RT en donne le détail (je mettrais ça en français plus tard). Si quelqu’un peut traduire en commentaire – merci ! 

Notez les différences pour les photos :)

Source : RT.com (et ici)

Le Courrier de Russie a traduit l’accord :

  1. Cessez-le-feu immédiat et universel dans les zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk et respect strict de ce cessez-le-feu à compter du 15 février 2015 à minuit (heure ukrainienne).
  2. Retrait de tous les armements lourds par les deux côtés, à des distances égales, afin de créer des zones de sécurité : d’une largeur de 50 km minimum d’écartement pour les systèmes d’artillerie d’un calibre de 100 mm et plus, d’une largeur de 70 km pour les lance-roquettes multiples, et d’une largeur de 140 km pour les lance-roquettes Tornado-S, Ouragan, Smertch et les systèmes de missiles tactiques Totchka (Totchka U) :

– pour les troupes armées ukrainiennes : depuis la ligne de démarcation de fait ;

– pour les formations armées des zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk : depuis la ligne de démarcation établie par le mémorandum de Minsk du 19 septembre 2014.

Le retrait des armements lourds énumérés plus haut ne doit pas commencer plus tard que le lendemain du cessez-le-feu, et être achevé dans une période de 14 jours.

Ce processus sera assisté par l’OSCE avec le soutien du Groupe de contact tripartite.

  1. L’OSCE assurera une surveillance et un contrôle efficace du régime de cessez-le-feu et du retrait des armements lourds dès le premier jour du retrait, en y employant toutes les ressources techniques nécessaires, notamment des satellites, des drones, des systèmes de radiolocalisation, etc..
  2. Le lendemain du retrait, entamer le dialogue sur les modalités de conduite d’élections locales, conformément à la législation ukrainienne et à la loi ukrainienne « Sur le régime temporaire d’autogestion locale dans des zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk », et également sur le régime futur de ces régions, sur la base de la loi ukrainienne.

Sans tarder, pas plus tard que 30 jours à compter de la date de signature de ce document, adopter un décret de la Rada suprême d’Ukraine mentionnant le territoire sur lequel s’étend le régime particulier, conformément à la loi ukrainienne « Sur le régime temporaire d’autogestion locale dans des zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk », sur la base de la ligne fixée dans le mémorandum de Minsk du 19 septembre 2014.

  1. Garantir la grâce et l’amnistie, par le biais de l’adoption et de la mise en vigueur d’une loi interdisant la poursuite et la condamnation des personnes en lien avec les événements ayant eu lieu dans les régions ukrainiennes actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk.
  2. Garantir la libération et l’échange de tous les otages et personnes illégalement détenues sur la base du principe « tous contre tous ». Ce processus devra être achevé au plus tard cinq jours après le retrait.
  3. Garantir l’accès sécurisé, la fourniture, la conservation et la distribution d’aide humanitaire aux nécessiteux sur la base d’un mécanisme international.
  4. Détermination des modalités du rétablissement total des liens socio-économiques, notamment les versements sociaux, comme le paiement des retraites et les autres versements (encaissements et recettes, paiement en temps voulu de toutes les factures communales, rétablissement de l’imposition dans le cadre du champ juridique de l’Ukraine).

À cette fin, l’Ukraine rétablira la gestion en segment de son système bancaire dans les régions touchées par le conflit, et il sera peut-être crée un mécanisme international pour faciliter ces versements.

  1. Rétablissement d’un contrôle total du gouvernement ukrainien sur la frontière étatique dans toute la zone de conflit, qui doit commencer le lendemain des élections locales et s’achever après la fin du règlement politique universel (élections locales dans des zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk sur la base de la loi ukrainienne et réforme constitutionnelle) d’ici la fin de l’année 2015, sous condition de l’exécution du point 11 – par des consultations et en accord avec les représentants des régions particulières de Donetsk et de Lougansk dans le cadre du Groupe de contact tripartite.
  2. Évacuation depuis le territoire de l’Ukraine de toutes les formations armées et de la technique militaire étrangères, ainsi que des mercenaires, sous la surveillance de l’OSCE. Désarmement de tous les groupes illégaux.
  3. Conduite d’une réforme constitutionnelle en Ukraine, avec entrée en vigueur d’ici fin 2015 de la nouvelle constitution, qui servira d’élément clé de la décentralisation (avec prise en compte des particularités des zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk, acceptée par les représentants de ces régions), et également adoption d’une législation permanente sur le statut spécial des régions particulières de Donetsk et de Lougansk, avant la fin de l’année 2015.
  4. Sur la base de la loi ukrainienne « Sur le régime temporaire d’autogestion locale dans les zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk », les questions concernant les élections locales seront débattues avec les représentants des régions particulières de Donetsk et de Lougansk dans le cadre du Groupe de contact tripartite. Les élections seront conduites dans le respect des standards de l’OSCE correspondants et sous la surveillance du BIDDH de l’OSCE.
  5. Intensifier l’activité de Groupe de contact tripartite, notamment par le biais de la création de groupes de travail pour l’exécution des aspects correspondants des accords de Minsk. Ces groupes reflèteront la composition du Groupe de contact tripartite.

Ces mesures, conformément à la loi « Sur le régime temporaire d’autogestion locale dans les zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk », incluent ceci :

– Les personnes liées aux événements ayant eu lieu dans les régions de Donetsk et de Lougansk ne seront ni condamnées, ni poursuivies, ni discriminées ;

– droit à l’autodétermination linguistique ;

– participation des organes d’autogestion locale à la désignation des responsables des organes du Parquet et des juges dans les zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk ;

– possibilité pour les organes centraux du pouvoir exécutif de conclure avec les organes d’autogestion locale correspondants des accords relatifs au développement économique, social et culturel des zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk ;

– l’État assurera le soutien du développement socio-économique les zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk ;

– contribution des organes centraux du pouvoir à la collaboration transfrontalière des zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk avec les régions de la Fédération de Russie ;

– création de détachements de milice populaire selon les décisions des conseils locaux, dans le but de maintenir l’ordre public dans les zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk ;

– les mandats des députés des conseils locaux et des responsables élus lors des élections anticipées fixées par la Rada suprême d’Ukraine par cette loi ne peuvent être suspendus avant terme.

Ce document a été signé par les membres du Groupe de contact tripartite :

L’ambassadeur Heidi Tagliavini (OSCE)

Le deuxième président d’Ukraine L.D. Koutchma

L’ambassadeur de Fédération de Russie en Ukraine M. I. Zoubarov

A.V. Zakhartchenko (République de Donetsk)

I.V. Plotnitskiï  (République de Lougansk)

O.B.  : Objectivement, cela semble censé, non ?

Pour finir, la une de Sputnik, orienté Russie :

Propagande du Monde (1)

Tout est dans la photo et le titre : 100 % narrative !!

Ukraine : Merkel et Hollande arrachent un plan de paix à Poutine

Angela Merkel et François Hollande, à Minsk, le 12 février. 

Après dix-sept heures de négociations, les plus longues et les plus tendues qu’ils ont sans doute jamais eu à affronter, les quatre chefs d’Etat russe, ukrainien, allemand et français réunis à Minsk, la capitale biélorusse, sont parvenus, jeudi 12 février à midi (heure locale), à un plan de paix sur l’Ukraine.

Accompagné d’Angela Merkel, François Hollande a fait une courte déclaration : « Ce fut une longue nuit et un long matin, mais nous sommes arrivés à un accord sur le cessez-le-feu et à un règlement politique global. Le cessez-le-feu prendra effet le 15 février à 0 heure et le règlement global portera sur l’ensemble des questions jusqu’au contrôle des frontières, le retrait des armes lourdes, la décentralisation et la reprise des questions économiques. La chancelière et moi-même, avec Petro Porochenko et Vladimir Poutine, nous nous sommes engagés à vérifier la mise en œuvre de ce processus ».

Soulagé et épuisé, le président français a encore tenu à «saluer [l’Ukrainien] Petro Porochenko, qui a tellement engagé son pays dans la voie d’un règlement pacifique, et le président Poutine, qui a fait pression autant que nécessaire sur les séparatistes. Même si tout n’est pas accompli, c’est un espoir et un soulagement », a-t-il conclu avant d’embrasser la chancelière allemande. Vladimir Poutine et Petro Porochenko se sont exprimés chacun de leur côté. Dans un communiqué commun aux quatre chefs d’Etat, ils réaffirment leur « plein respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine ».

Signe de la tension ambiante et de l’âpreté des négociations, un rebondissement de dernière minute a failli tout faire capoter. Alors qu’une annonce semblait imminente vers 10 h 30, tout est allé à vau-l’eau entre Poutine, Porochenko, Merkel et Hollande. Le premier est sorti s’isoler dans un bureau au troisième étage, sans un mot. Le second a filé au deuxième étage faire des déclarations selon lesquelles « les conditions posées par les Russes sont inacceptables », tout en affirmant qu’il restait tout de même « un espoir ». Les deux derniers sont alors, à leur tour, sortis du salon où le quator se trouvait retranché depuis des heures au rez-de-chaussée pour tenter de rattraper Poutine d’un côté, persuader Porochenko de l’autre, et tout le monde a fini par redescendre pour se retrouver à huis clos. Il a fallu une heure et demie de plus pour venir à bout des derniers différends, au terme d’une nuit de négociation, qui a pris parfois l’allure d’un vaudeville surréaliste.

Espoir et déconvenues

Dans la foulée de l’annonce de l’accord, le document, dont les quatre chefs d’Etat présents à Minsk se portent garants et caution, a été formellement paraphé par le « groupe de contact », qui réunit les protagonistes du conflit ukrainien (Kiev et les séparatistes prorusses) ainsi que l’Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe (OSCE), déjà à l’origine d’un premier protocole d’accord pour la paix, signé également à Minsk le 5 septembre 2014, mais resté lettre morte.

Commencé mercredi à 20 heures, « Minsk 2 », rehaussé par la présence des quatre chefs d’Etat, s’est éternisé au rythme d’une étrange alternance d’espoir et de déconvenues. La conclusion d’un accord semblait buter sur deux points essentiels : le contrôle de la frontière russo-ukrainienne par l’OSCE, dont Moscou ne voulait pas entendre parler ; et l’organisation d’élections locales dans le Donbass, fief des séparatistes prorusses, que Kiev refusait d’envisager, craignant, à terme, une « fédéralisation », voire un démembrement, de son territoire. « Nous avons avancé sur beaucoup de choses, nous avons une base », tentait de se consoler une source diplomatique française au petit matin.

Mais que la nuit fut longue ! Sur son compte Twitter, le ministère des affaires étrangères ukrainien Pavlo Klimkin décrivait au matin des membres de délégations « littéralement endormis ». Hormis un court moment passé dans la grande salle solennelle du Palais de l’indépendance, un gigantesque bâtiment mi-soviétique, mi-mauresque mis à la disposition des participants du sommet par le président biélorusse Alexandre Loukachenko, les quatre dirigeants, constamment ravitaillés par des chariots de fruits et de café, sont restés enfermés dans le petit salon du rez-de-chaussée avec leurs interprètes. Le « groupe de contact » d’un côté, les sherpas des présidents de l’autre, ont travaillé sans relâche, tandis que l’épuisement gagnait les diplomates.

Tension palpable

L’ancienne éminence grise de Vladimir Poutine, Vladislav Sourkov, ex-chef de l’administration présidentielle russe chargé notamment des régions irrédentistes d’Ossétie du Sud et d’Abkhazie, reconnus comme des Etats indépendants par Moscou après 2008, était venu en renfort. A un journaliste qui tentait de confirmer, jeudi vers 9 heures du matin, la proximité d’un accord, M. Sourkov a répondu, cynique: « Ce n’est qu’un début ».

Tout a commencé dans le désordre et dans une tension palpable d’entrée de jeu. Juste un peu avant l’arrivée des hôtes de Minsk, mercredi, en début de soirée, un journaliste russe de LifeNews, média réputé proche des services russes, a aboyé à la face de l’une de ses consœurs ukrainiennes, provoquant un petit mouvement de surprise parmi les quelque 400 correspondants internationaux présents.

Tension aussi, dans le visage grave et fermé de Petro Porochenko, arrivé le premier et aussitôt apostrophé par un média russe. « Pourquoi votre armée bombarde-t-elle des civils ? » Depuis Kiev, quelques heures plus tôt, le président ukrainien avait élevé la voix en se disant prêt à « introduire la loi martiale sur tout le territoire de l’Ukraine » en cas d’échec des négociations. « Nous sommes pour la paix, mais nous allons casser la gueule [à l’ennemi], avait tonné le chef de l’Etat ukrainien devant son conseil des ministres. Si nous devons défendre notre terre, nous allons le faire. »M. Porochenko ne nomme jamais la Russie, il dit « le pays voisin » : « Le pays voisin tente avec insistance d’exporter l’idée d’une fédération [en Ukraine]. L’ironie est que l’Etat voisin est le plus centralisé de la région ».

Navettes

En fin d’après-midi, l’hôte biélorusse, Alexandre Loukachenko, a débuté ses navettes entre les salons de son palais et le tapis rouge de l’accueil. Angela Merkel et François Hollande sont arrivés ensemble depuis l’aéroport, dans une même voiture pourvue de deux fanions. Puis survient Vladimir Poutine, seul. Il est 19 h 45 à Minsk 2, lorsque les quatre dirigeants s’enferment avec leurs interprètes dans la petite salle qui n’était pas celle prévue à l’origine.

Selon quelques brèves images diffusées par les télévisions autorisées à immortaliser la scène, la poignée de mains entre Vladimir Poutine et Petro Porochenko est glaciale. Les deux hommes paraissent se jauger du regard, tandis que François Hollande et Angela Merkel affectent des airs faussement détachés.

Et le huis clos s’éternise. A l’extérieur, on guette le moindre signe, on interprète la moindre rumeur. Poutine aurait cassé un crayon entre ses doigts. Porochenko a quitté un instant la réunion, c’est un fait, mais l’a-t-il fait sur un coup de sang ou pour s’entretenir avec un conseiller ? Des témoins assurent que la première hypothèse prévaut. Les ministres des affaires étrangères patientent à la porte. Le Russe Serguei Lavrov part s’isoler, puis revient la main dans une poche. L’Allemand Franz-Walter Steinmeier maintient envers et contre tour un air de bonhomie. Son porte-parole annonce qu’il annule son déplacement au Brésil. « Les négociations ne sont pas faciles ; mais elles continuent. »

«On vous réveillera»

Le président biélorusse, lui, patiente dans un coin du gigantesque hall de marbre, entouré de ses gardes du corps. « On est chez lui, mais on ne veut pas de lui, c’est quand même spécial », note un membre d’une délégation. La sécurité biélorusse annonce : « Dans cinq minutes, une photo commune ! » Loukachenko, privé de visa aux Etats-Unis et en Europe depuis 2011 en raison de sa façon autoritaire d’exercer le pouvoir, y tient. C’est le seul moment où il peut espérer jouer un peu plus qu’un rôle de figurant. Tout est prêt dans l’immense hall. Cinq drapeaux sont disposés à l’aplomb d’un lustre rutilant : de gauche à droite, l’ukrainien, le français, l’allemand, le russe. Et le biélorusse. Mais la photo tarde.

Enfin, les ministres rentrent, et, à 22 heures, la photo finit par se faire, juste le temps d’un coup de flash : à peine quelques secondes au pied des drapeaux, chacun devant le sien. Puis, c’est en version élargie aux délégations que les discussions reprennent dans la grande salle réservée aux rencontres solennelles – rarissimes, il faut bien le dire, à Minsk. En montant un escalier, Petro Porochenko glisse un œil derrière lui, comme pour surveiller le chef de « l’Etat voisin » qui le suit de près, en compagnie de Loukachenko.

Le temps s’étire. Bientôt, les quatre dirigeants traversent de nouveau tout le palais pour s’enfermer dans le petit salon. « Vous n’allez pas vous coucher? On vous réveillera ! » lance aux journalistes Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin.

Source : Le Monde

Grosse propagande du Monde (2)

Un accord de paix imparfait et fragile sur l’Ukraine

Vosu avez l’accord, à vous de juger maintenant ! (Eh oui les gars, c’est moins simple qu’avant la propagande…)

Par Yves-Michel Riols

L’accord sur l’Ukraine arraché dans la douleur, jeudi 12 février à Minsk, est forcément imparfait et fragile. Mais, en son absence, le scénario était écrit d’avance. La poursuite de la guerre masquée que mène la Russie en Ukraine depuis bientôt un an, avec son corollaire de tragédies quotidiennes : des victimes civiles de plus en plus nombreuses, des villes rasées et un flux incessant de réfugiés.

Dans ce contexte, la question n’était pas tant de savoir s’il était possible de parvenir à une paix « juste », mais d’esquisser une méthode pour freiner le bain de sang. Le président russe, Vladimir Poutine, a lâché le minimum : l’engagement à œuvrer à la mise en place d’un cessez-le-feu dans l’est de l’Ukraine, à partir du dimanche 15 février. De son côté, le président ukrainien, Petro Porochenko, a précisé que le retrait des armes lourdes commencera deux jours plus tard et que les deux camps auront 19 jours pour libérer leurs otages. Quant à François Hollande, il a évoqué un « espoir sérieux, même si tout n’est pas encore accompli », lors d’une déclaration commune, jeudi, aux côtés de la chancelière allemande, Angela Merkel.

Une fausse retenue

Vladimir Poutine pouvait difficilement faire moins et renvoyer, à nouveau, François Hollande et Angela Merkel les mains vides, comme il l’avait fait la semaine dernière, à Moscou. L’affront aurait été total alors que les dirigeants français et allemand avaient pris le lourd risque de briser le cordon sanitaire diplomatique autour de M. Poutine en se rendant dans la capitale russe, le 6 février, après s’être déplacés, la veille, à Kiev.

En cela, M. Poutine est resté prévisible. Depuis le début du conflit en Ukraine, il a, à chaque fois, feint la retenue à l’approche des rencontres des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne (UE) pour désamorcer les représailles. Le même scénario vient de se répéter puisque M. Hollande et Mme Merkel sont attendus, jeudi à Bruxelles, pour une réunion de l’UE, où la question de nouvelles rétorsions contre la Russie aurait forcément dominé les débats en cas de fiasco à Minsk.

Autre élément prévisible : Vladimir Poutine tient rarement parole. Il ne comprend que le rapport de force et le fait accompli. La Russie n’a jamais respecté les premiers accords de Minsk, conclus le 5 septembre 2014. Elle a continué à envoyer des hommes et du matériel militaire à travers une frontière dont elle s’est arrogé le contrôle. Et si M. Poutine n’a pas donné suite aux nombreuses tentatives d’ouvertures diplomatiques menées sans relâche par le couple franco-allemand depuis des mois, c’est qu’il ne cherche pas à stabiliser l’Ukraine. Au contraire, il veut affaiblir le gouvernement de Kiev par tous les moyens, militairement, économiquement et politiquement.

Affaiblir Kiev

Même si elle est déplaisante, la question qui se pose désormais est celle du moindre mal. Une « guerre totale », selon l’expression de M. Hollande, serait une catastrophe pour l’Ukraine. L’armée ukrainienne, à en croire les experts militaires, n’a ni les moyens, ni le savoir faire pour reconquérir le Donbass. Une telle option aurait un coût humain et social phénoménal. De plus, les Européens estiment, à tort ou à raison, qu’une telle stratégie ferait le jeu de M. Poutine, qui ouvrirait alors davantage les vannes de l’armement russe aux séparatistes de l’est de l’Ukraine.

Dans l’immédiat, les prochaines semaines vont donner lieu à d’épineuses tractations sur la mise en œuvre de « Minsk 2 ». Les paramètres sont connus – statut des territoires de l’est du pays, contrôle de la frontière, étendue de la zone sous influence des séparatistes, échange de prisonniers, etc. Si compromis final il y a, il se traduira forcément par une forme de mise sous tutelle russe d’une partie du territoire ukrainien. Le tout étant de savoir jusqu’où ira cette emprise. « Nous sommes engagés dans un conflit de longue durée, il faut se préparer à vivre avec la menace russe pendant 20 à 30 ans », prédit un diplomate ukrainien.

Tssss, l’erreur de faire voter les gens … (notez qu’il ne l’indique pas)

Et ce que pense un diplomate russse… on en le saura jamais !

Bataille économique

Face à ce scénario prévisible au goût amer pour les Ukrainiens, les Européens disposent néanmoins d’une boîte à outils. Elle n’est pas spectaculaire, mais elle peut être efficace, sur le long terme. Dans un premier temps, les Vingt-Huit peuvent maintenir les sanctions contre la Russie, tant que Moscou continuera sa campagne de déstabilisation de l’Ukraine. Et à défaut de livrer une bataille militaire, les Européens peuvent s’engager, avec les Etats-Unis, dans la bataille économique en octroyant massivement de l’aide à l’Ukraine. Pour éviter qu’à la déroute militaire s’ajoute aussi l’effondrement social.

Tant qu’on aide pas les Grecs en effet…

Ce n’est pas un hasard si Christine Lagarde, la directrice du Fonds monétaire international, a proposé, jeudi matin, l’octroi d’un nouveau prêt de 17,5 milliards de dollars (15,5 milliards d’euros) sur quatre ans à l’Ukraine. Une somme sans doute insuffisante au regard des défis à surmonter. Le financier George Soros a récemment estimé que l’Ukraine aurait besoin d’un « plan Marshall » de l’ordre de 40 milliards de dollars (35 milliards d’euros). Quoi qu’il en soit, si l’Ukraine devient un Etat failli, Vladimir Poutine aura atteint tous ses objectifs.

Et pourquoi on parle de Soros en conclusion, juste comme ça ? C’est un expert du sujet ? Il n’a qu’à commencer à le payer lui le plan Marshall, il peut…

Yves-Michel Riols
Journaliste au Monde

Source : Le Monde 

Rappel : Articles 1, 2 et 9 de la  Charte de Munich (ou Déclaration des devoirs et des droits des journalistes) :

  • 1. Respecter la vérité, quelles qu’en puissent être les conséquences pour lui-même, et ce, en raison du droit que le public a de connaître la vérité
  • 2. Publier seulement les informations dont l’origine est connue ou les accompagner, si c’est nécessaire, des réserves qui s’imposent ; ne pas supprimer les informations essentielles et ne pas altérer les textes et les documents
  • 9. Ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire ou du propagandiste 

Le récit d’une négociation ubuesque

« Cela a bien failli par échouer… ». François Hollande, les traits tirés malgré le maquillage pour atténuer sa fatigue après seize heures d’épuisantes négociations à Minsk , ne cache pas que le sommet « de la dernière chance » pour la paix en Ukraine était à deux doigts de finir dans l’impasse. « Ce matin, il y a eu des tensions à cause du refus des séparatistes de signer », a confié aux Echos le président juste après la fin des discussions. Les rebelles pro-russes de l’est de l’Ukraine, partie prenante des négociations du groupe de contact en charge avec Kiev, Moscou et l’OSCE de la mise en œuvre des mesures de paix, se sont opposés sur plusieurs points clefs de l’accord : conditions du cessez le feu, délimitation de la ligne de démarcation, création d’une zone démilitarisée, réforme de décentralisation-fédéralisation de l’Ukraine, définition du statut des régions aux mains des séparatistes… « Mais tout est bien qui finit bien ! », se félicite François Hollande tandis que le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius ironise sur « les fameuses nuits de Minsk ».

« On s’y perd et on… le perd »

Les deux hommes ne sont en effet pas prêts d’oublier ces seize heures de négociations et d’intrigues passées, avec la chancelière Angela Merkel, le chef du Kremlin Vladimir Poutine et le président ukrainien Petro Porochenko dans les salons et couloirs du palais de l’indépendance bâtie à Minsk par le président biélorusse Alexandre Loukachenko. Un curieux bâtiment moderne au style pourtant post-soviétique, kitch à souhait avec ses énormes lustres et son marbre omniprésent. « C’est l’horreur ! On s’y perd et on… le perd », a avoué, dépité, l’un des responsables de la sécurité du président français. Car, vers 10 heures, on ne savait plus très bien où se trouvait François Hollande. C’était en plein psychodrame. Un accord venait pourtant d’être annoncé imminent, les journalistes étaient conviés dans un salon pour la signature et chaque chef d’Etat devait faire une déclaration. Mais à la dernière minute, les négociations ont bloqué. Les émissaires, qui toute la nuit ont assuré la navette entre la salle des chefs d’Etat et celle du groupe de contact incluant les représentants des séparatistes pro-russes, ont repris leurs allers-retours frénétiques de textes sans cesse corrigés.

Ballet incessant des chefs d’Etat

Sur fond de refus des séparatistes, Vladimir Poutine et Petro Porochenko se seraient alors querellés, provoquant la fin brutale des discussions à quatre. Le chef du Kremlin est monté seul au troisième étage du palais de Minsk. Le président ukrainien, lui, est monté au deuxième où, dans un salon, il s’est entretenu avec Angela Merkel et François Hollande. La chancelière allemande et le président français l’auraient convaincu de reprendre le dialogue avec le chef du Kremlin. Ils l’ont alors laissé dans le salon du deuxième étage pour monter tous les deux au troisième étage et s’entretenir avec Vladimir Poutine pour le convaincre à son tour de reprendre la discussion à quatre. C’est à ce moment-là que le sommet a plongé dans la confusion et que les services d’ordre ont été pris un peu au dépourvu sur les déplacements incessants de leurs chefs d’Etat…

Porochenko et Poutine ont su se parler

L’humeur n’a en fait pas cessé de changer dans les coulisses des négociations. Sergeï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, est ainsi apparu très enthousiaste puis, au grès des discussions, très tendu. Vladislav Sourkov, l’un des conseillers de l’ombre de Vladimir Poutine, a au contraire semblé imperturbable tout le long de la nuit, maniant l’ironie avec les journalistes et envoyant ses acolytes finaliser les détails de l’accord avec les représentants des séparatistes. Un moment clef pour sortir les négociations de l’impasse a eu lieu au milieu de la nuit. Peu après 2 heures, entre différents rounds de négociations, parfois à quatre entre chefs d’Etat, parfois en mode élargi avec les délégations de ministres et d’experts, Petro Porochenko, Angela Merkel, François Hollande et Vladimir Poutine se sont retrouvés debout derrière leur table ronde. Des discussions animées mais constructives, des faces à faces entourés d’un petit groupe de conseillers et traducteurs. L’immense porte blanche et dorée du salon de ces négociations avait été laissée entrouverte pendant quelques minutes. Le spectacle de Petro Porochenko et Vladimir Poutine parlant ouvertement mais concrètement était saisissant, loin des subites tensions plus tard dans la matinée et des regards en chiens de faïence de la veille au soir. En cette nuit de négociations marathon, les deux hommes ont donc bel et bien su se parler pour obtenir l’accord de paix

Source : Les Echos

Pour finir :

Heiiiiiihheeeiiiiiiimmmmmoooouuuuiii, “l’Europe” !!!!

Alors que c’est la démonstration par A+B de l’inutilité et même de la nocivité de l’organisation de Bruxelles, heureusement totalement absente de ce process…

Du lourd dans l’article :

Source: http://www.les-crises.fr/accord-a-minsk-pour-un-cessez-le-feu-et-un-retrait-de-lartillerie/