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Actu’Ukraine, 3 septembre, par Nicolas

Thursday 4 September 2014 at 00:15

Nicolas est citoyen franco-américain, a vécu au Japon, en Allemagne et en Russie, et est actuellement traducteur et consultant export en Italie (Cf. www.foreignoutlook.com pour le contacter)

Je lui ai proposé de développer ses commentaires dans des billets réguliers

Commençons par des nouvelles du front, en prenant comme référence la dernière carte de kot ivanov

Lougansk

“A l’heure de la mise sous presse, il s’avère que l’information concernant la prise de l’éaéroport de Donetsk était anticipée. L’aéroport est cependant totalement encerclé, ce qui n’était pas le cas jusqu’alors, et même “doublement encerclé ” dit le ministre de la défense de la RPD Vladimir Kononov, qui considère dans cette vidéo (https://www.youtube.com/watch?v=i8s7BLMuOy8) que la seule chance des troupes assiégée de survivre est la reddition. Ils n’ont pour l’instant pas l’occasion de se rendre selon ses propos. La même vidéo montre l’aéroport de Donetsk, qui était encore récemment un aéroport très moderne (peut-être le plus moderne du pays, reconstruit en 2012) vu d’un petit drone.

Les troupes novorusses font des progrès au nord de Lougansk, avec la prise d’un village situé à 90 km au nord (Starobelsk, combats confirmés par témoin sur place), ce qui n’est pas encore indiqué sur la carte de kot-ivanov.

Il reste 2 poches / chaudrons sur le territoire de la RPL.

Debaltsevo

Cette ville à l’est de Gorlovka reste au mains de Kiev, malgré des efforts menés depuis le 24 août pour la reprendre. Depuis quelquess jours les troupes novorusses y font là aussi des progrès qui pourrait permettre de prendre la ville dans moins d’une semaine.

Donetsk

L’aéroport de la ville n’est toujours pas aux mains de la RPD (République Populaire de Donetsk), avec quelques centaines de soldats qui y sont toujours retranchés (beaucoup de mercenaires étrangers, disent certaines sources), mais quelques progrès ont été réalisés, et deux petits groupes de soldats de Kiev se sont rendus. Il est probable que la RPD contrôlera l’aéroport dans quelques jours. En effet le contrôle de l’aéroport étaient important pour Kiev dans le cadre d’une prise de la ville, qui n’est plus d’actualité. Les troupes actuellement dans l’aéroport seront donc probablement envoyées vers le sud pour défendre Marioupol.

Les combats se poursuivent au sud de Donetsk, à l’avantage là encore de la RPD. Pour la première fois depuis longtemps, Donetsk n’a subit aucun bombardement pendant 2 jours consécutifs, mais ce calme n’a pas duré puisque la ville a de nouveau été subi les attaques de pièces d’artillerie « Ouragan » (BM-27) dans la nuit du 2 au 3, et continue de subir les attaques des saboteurs de Kiev. D’autres villages et bourgs des environs continuent également de subir attaques de saboteurs et bombardements par mortiers, notamment 7 morts et 2 blessés parmi la population d’Enakievo. Il resterait 1500 « soldats » de Kiev dans la banlieue sud de Donetsk (Elenovka, 25 km du centre-ville).

CNN a parlé du désastre humanitaire à Donetsk , en montrant des habitants qui accusent Porochenko du désastre.

Marioupol

Marioupol est l’objectif stratégique prioritaire. Les troupes novorusses font des progrès dans la partie sud de la RPD, et Marioupol est désormais entièrement encerclée, y compris par la mer où les Novorusses ont réussi à attaquer 2 bateaux des Gardes-Côtes. Ils ne rencontrent quasiment aucune opposition sur le terrain conquis depuis le lancement de l’offensive (à l’exception notable de la ville de Volnovakha, à mi-chemin entre Marioupol et Donetsk, dont la prise a été affirmée puis démentie), mais leurs progrès sont freinés par le manque d’effectifs, d’où le besoin d’en terminer avec les poches / chaudrons plus au nord, dont l’encerclement mobilise de nombreux moyens. La route Donetsk-Marioupol serait actuellement entièrement sous le contrôle de la RPD, jusqu’à la banlieue nord de Marioupol. Les troupes qui encerclent Marioupol par l’ouest doivent renforcer leurs positions et se préparer à l’arrivée de 2 ou 3 divisions blindées ennemies. Les progrès se font très progressivement, en prenant des villages très peu ou pas défendus.
Il a été annoncé que Marioupol ne serait pas prise par un grand assaut, et c’est effectivement indispensable pour conserver la population de son côté (qui d’après Colonel Cassad soutient à 60% la Novorossie malgré un lavage de cerveaux médiatiques très intensif). Des groupes de saboteurs sont donc à l’œuvre pour affaiblir les troupes retranchées et les contraindre à la reddition sans avoir à utiliser l’artillerie sur des zones urbaines.

D’après les communications radios interceptées, les troupes de Kiev sont paniquées et démoralisées. Elles sont également insuffisamment équipées en blindés, au point de devoir bricoler des blindages très approximatifs sur des camions, en les transformant en « cercueil roulant » selon l’expression des rebelles.

Situation générale

Colonel Cassad estime les forces Novorusses entre 29000 et 33000 (je disais 30000 il y a quelques jours, avec un flot de plusieurs centaines de volontaires par jour depuis le début de l’offensive), et les forces de Kiev autour de 40000, essentiellement des soldats très mal formés et peu motivés.

En ce qui concerne le matériel, côté Kiev les pertes matérielles dépassent très largement leur capacité de remplacement : on approche les 30 blindés perdus chaque jour en moyenne (seulement 12 hier dont 2 tanks capturés, mais les totaux quotidiens inférieurs à 20 blindés sont devenu une exception), pour un total dépassant les 1000 voire 1300 blindés perdus, soit probablement plus de la moitié de tous blindés disponibles au début de la guerre. L’état major novorusse avance 700 blindés détruits pour le mois d’août. Les quantités de blindés vendus par les pays russophobes sont mal connus mais certainement inférieures à 10 par jours (58 tanks de Hongrie notamment), la production probablement de l’ordre de 1 ou 2 par jour, et les réparations se passent catastrophiquement mal, le matériel ayant passé 23 ans à rouiller sans aucun entretien, avec en plus des vols de pièces (que l’intention soit le sabotage ou le complèment de revenus).

Côté Novorossie, la reddition des troupes de Kiev prises dans les poches ont fournis d’énormes quantités de matériels, notamment bien plus de 100 blindés  (il y a eu au moins de jours de redditions massives qui ont apporté environ 50 blindés chacun) et des dizaines de pièces d’artillerie lourde, et le passage à l’offensive a très largement augmenté le flot de volontaires qui était jusqu’à 700 par jour au début de l’offensive selon Pavel Goubaryov.

Il aura donc suffi de 2 mois pour que Kiev perde un avantage colossale qu’avait une armée de 20 000 à 40 000 hommes disposant d’environ 2 000 blindés sur une bande de quelques centaines d’hommes déterminés mais sans aucune armes lourdes, à l’exception de 2 tanks de la seconde guerre mondiale qui servaient jusqu’alors de monuments.

De nombreuses interviews de soldats de Kiev montrent des hommes perdus, qui ne savent pas pour quoi ils se battent, qu’on a amené à l’armée par la ruse, par la menace de prison, et qui réalisent qu’ils ne sont pas des libérateurs mais des agresseurs. Voir aussi cette vidéo d’artilleurs de Kiev à qui l’on a montré les résultats de leurs bombardements. Leurs officiers leur mentait sur les cibles.

L’apparent retournement de situation des 10 derniers jours fait dire à beaucoup, malgré les propos très clairs des observateurs de l’OSCE (pas des russophiles) qui observent la frontière russo-ukrainienne sans rien voir, que la Russie est entrée en Ukraine.

Pourtant il suffit de regarder 2 cartes pour comprendre qu’il n’y a pas eu un retournement de situation, mais la suite logique des événements précédents.

carte des combats selon le SNBO et selon la Novorossie, fin août
La première carte montre la situation fin août telle que présentée par le SNBO (la filiale ukrainienne de la CIA) montrant Lougansk totalement assiégée, Donetsk coupée de Lougansk  et de la Russie, et plus aucun espoir pour les rebelles. La deuxième carte montre la situation présentée à la même époque par les rebelles : une grande partie des régions de Donetsk et Lougansk aux mains des rebelles, et de nombreuses troupes ukrainiennes enfermées dans des poches (aussi appelées chaudrons puisque c’est le même mot en russe). Il s’est avéré que la première carte ne représentait pas du tout la réalité, et que les troupes qui avaient profondément pénétré en territoire rebelles s’étaient pour l’essentiel irrémédiablement prises à un piège tendu par les stratèges de la Novorossie. Igor « Strelkov » (Guirkine de son vrai nom, mais il signe « Strelkov » les documents officiels) en tête. Ce n’est pas la propagande russe qui l’affirme, mais un commandant du bataillon « Azov », dans cette vidéo traduite par Vincent Parlier qui traduit de nombreuses vidéos en français sur le sujet.  Ce commandant constate l’incompétence absolue des officiers supérieurs de Kiev.

Le célèbre rebelles “Abkhaze” (probablement ressortissant d’Abkhazie dont il a le drapeau cousu sur le torse) signalait dans cette courte interview tournée dès le début août que les troupes de Kiev auxquelles il faisait face à Chakhtyorsk, selon les communications radios interceptées,  arrivait à bout de force. L’évolution qui nous a semblé brutale à travers les verres déformants des médias n’a donc pas été une surprise pour les rebelles qui étaient sur place.

L’autre leçon du retournement apparent de situation est que les troupes novorusses sont remarquablement coordonnées (on l’a encore vu plus récemment avec les assaut simultanés sur les aéroports de Donetsk et Lougansk) alors qu’il n’y a aucune coordination entre les différentes divisions de Kiev, en particulier entre l’armée régulière et les bataillons de volontaires. Il est improbable qu’envoyer les étudiants ukrainiens au front permette de repousser une armée novorusse déterminée, de mieux en mieux équipée (grâce à Kiev) et bien organisée.

Négociations et mécontentement

Le gouvernement de Kiev, guidé par l’hubris américain, est incapable de négocier et mènera probablement à l’échec des négociations de cette semaine. Cependant le moment où le gouvernement de Kiev sera véritablement contraint de négocier approche. Dans cette perspective, il est important d’avancer autant que possible militairement afin d’être dans la meilleure position possible pour négocier. D’une part, la prise de Marioupol semble indispensable car Marioupol est économiquement indispensable au Donbass. D’autre part, entrer dans la région de Zaporojié apporterait un atout dans ces négociation pour exiger un retrait de tous le nord du Donbass, qui reste aux mains de Kiev. Les responsables politiques des Républiques Populaires affirment vouloir libérer l’ensemble de leur territoire (correspondant aux région de Donetsk et Lougansk) avant le Nouvel An, et l’objectif semble parfaitement réaliste. Le vice-premier-ministre de la RPD, Andreï Pourguine a en revanche affirmé n’avoir aucune intention de prendre Kiev.

Le mécontentement dans la population ne faiblit pas, on note une manifestation de mères de soldats, soutenue par Svoboda et Secteur Droit devant le parlement de Kiev (la “Rada”). Les supporters d’Euromaïdan ont apporté une guillotine devant le parlement pour symbolyser leur volonté (“Volonté” est le nom du parti en question) de nettoyer la politique ukrainienne. Si les mouvements d’extrême-droite s’y mettent, pas sûr que les troupes novorusses aient besoin de prendre Kiev pour que ce gouvernement tombe bientôt. L’effondrement économique et social, les coupures de chauffage et d’eau chaudes ne vont pas aider à améliorer leur popularité, et pas sûr que les livraisons de charbon australien et néo-zélandais soit la meilleure solution pour l’approvisionnement énergétique ukrainien.

Conférence Russie- Novorossie- Ukraine

Le 29 août derniers’est tenue à Yalta (en Crimée – il existe un village Yalta près de Marioupol) sur le thème Russie-Novorossie-Ukraine

Une vidéo de cette conférence montre notamment le célèbre commandant “Mozgovoï”, de la RPL, demander à tous ceux qui souhaite jouer un rôle politique en Novorossie à prouver par leur valeur militaire qu’ils sont dignes d’occuper une fonction de député, maire ou autre.

Une journaliste du journal espagnol El País a soulevé la question de la présence de citoyens russes se battant au côté des rebelles, et y voyant une implication directe du gouvernement russe. Mozgovoï a invité la journaliste à venir constater sur place, par elle-même (de fait les journalistes sur places ne voient pas cette “invasion” tant décriée) et ce fut l’occasion de rappeler que lors de la guerre civile espagnole, les volontaires venaient de France, Etats-Unis, Russie, Allemagne, Hongrie etc. Or Staline n’a forcé ni Malraux ni Hemingway à aller soutenir ce combat pour la liberté et contre Franco.

Le conseiller de Poutine Sergueï Glazyov était également présent et a notamment parlé de l’illégitimité des oligarques au pouvoir à Kiev, de leurs violations des droits de l’homme.

Le journaliste Maksim Chevtchenko a souligné que l’objectif du “fascisme de Kiev” était de diviser pour les générations à venir par la haine mutuelle la population de l’Ukraine entre russes ethniques et ukrainiens ethniques (ce qui permettrait de réaliser enfin le rêve de Bismarck…)

Les étrangers dans les rangs de Kiev

On parle beaucoup des étrangers dans les rangs de la Novorossie. De fait personne n’a jamais caché qu’il y a environ 10% de citoyens russes dans l’armée de Novorossie, ainsi que de nombreux Serbes, mais aussi des Polonais, des Français, des Italiens, des Espagnols etc. De l’autre côté, on constate également la présence de citoyens de divers pays. Un soldat du bataillon Azov parle de la présence de Français, Suédois, Géorgiens… dans les rangs du bataillon Azov, mais qui semblaient là comme des participants à un loisir extrême…

Un volontaire du bataillon “Donbass” américain d’origine ukrainien est allé en Ukraine par convictions, pour aller “tuer ces terroristes qui ont envahi l’Ukraine”, Franko (mort récemment) parle dans cette vidéo de ses convictions. Ce qui est intéressant, c’est qu’il dit que les volontaires sont surtout excédé par la corruption généralisée, et portés par un esprit de révolutionnaire. Le fait de soutenir des milliardaire ne leur semble pas contradictoire avec cet esprit révolutionnaire. Il constate lui aussi la totale incompétence des officiers supérieurs de Kiev, l’absence de stratégie, et l’absence d’ingénieurs du génie. Il finit son interview en indiquant que l’élite politique doit être détruite.

Chronique de la haine ordinaire

2 septembre : Discours d’O Tyagnibok à la Rada

“le parlement doit voter pour préserver la vie de tous les Ukrainiens” (sauf de l’Est sans doute)

Avec une pépite : “Moscou a fait la guerre à l’Ukraine durant des siècles : les rois, Staline, Brejnev, Eltsine ou la Russie de Poutine ont toujours voulu la guerre avec l’Ukraine et l’on considérée comme une source de matières premières et d’esclaves, de serfs”

Il a juste oublié que Staline était Géorgien, Brejnev Ukrainien – comme la plupart des dirigeants et hauts fonctionnaires de l’URSS. Quant à Eltsine qui voulait la guerre à l’Ukraine… no comment.
Comme la télévision ukrainienne a méchamment retiré toute trace de Svoboda sur ses vidéos et ses photos, une photo montrant des drapeaux, lors de la manifestation devant laRada…
Une petite campagne made by Svoboda, genre faite la guerre pas l’amour (la guerre et non des fleurs)

Dernière minute : Porochenko et Poutine se sont parlé et ont échangé leur point de vue sur le conflit. Leur opinion sur les moyens de résoudre le conflit convergent en grande partie, indique la présidence russe. dans les médias, ça s’est transformé en un accord de cessez le feu entre l’Ukraine et la Russie…

Source: http://www.les-crises.fr/actu-ukraine-03-09/