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Actu’Ukraine par Nicolas, 6 septembre

Saturday 6 September 2014 at 05:00

Avant de passer à la situation militaire, une information dans la catégorie “C’est-tellement-n’importe-quoi-que-c’est -probablement-de-la-propagande-novorusse-mais-en-fait-non”:

Le premier ministre de Kiev Iatseniouk a annnoncéle lancement du projet “Mur” : la construction d’un mur métallique tout le long de la frontière entre l’Ukraine et la Russie. Difficile d’exprimer en quelques lignes à quel point c’est n’importe quoi, mais résumons:

Bref, c’est grotesque.

Mais le symbole de “c’est nous qui construisons le mur de Berlin maintenant” est éloquent…

Dernière minute. Les détails de ce “mur” ont été publiés. Il y a une version sans fossé pour les régions où la situation est plus simple, et la version ci-dessous, avec un fossé de 3 mètres de profondeur. La frontière pourrait être fermée sur 500 km (dont les régions de Lougansk et Kharkov) dès aujourd’hui. Encore une bonne nouvelles pour les citoyens russes d’origine ukrainienne, et inversement, ainsi que pour tous les habitants des zones frontalières.

 

Dans la même catégorie (“C’est-tellement-n’importe-quoi-que-c’est -probablement-de-la-propagande-novorusse-mais-en-fait-non”), signalons sans commentaire la formation d’un bataillon d’enfants de 2 à 10 ans en Prikarpatie : “Jeunes Bandéristes”.

Bref bref, passons à la situation militaire (et humanitaire), front par front, en nous appuyant comme d’habitude sur la carte de kot-ivanov

Lougansk

Comme la carte le montre partiellement, la deuxième offensive a déjà commencé. En effet la Novorossie avance désormais vers le nord de Lougansk. Le 3 septembre, 29 blindés de Kiev auraient été détruits à Bakhmoutovka (~45 km au nord de Lougansk, point 7 de la carte) par l’artillerie de RPL, et d’autre part comme je le signalait le 3 septembre, le village de Starobelsk (à 90 km au nord de Lougansk) a été pris dès le 1er septembre, d’après un témoin sur place, qui précise que les habitants, dans l’ensemble, sont calmes et continuent une vie normale. Pendant la seule journée du 3 septembre, 14 villages ont pris ou repris par l’armée de la RPL. Les troupes de Kiev occupent encore des positions dans la banlieue nord de Lougansk, mais reculent : la petite ville de Metallist (banlieue proche de Lougansk) est déjà aux mains de la RPL, et doit maintenant avancer vers Schastié (point 6 de la carte, à 20 km du centre-ville de Lougansk) où l’artillerie de RPL a déjà détruit 2 blindés de transport et un entrepôt de carburant. La situation humanitaire reste très difficile à Lougansk (eau / gaz / électricité) mais la prise (le 4 septembre) de la colline de Vergounka, depuis laquelle Kiev bombardait Lougansk depuis des mois pourrait améliorer la situation. Cette prise a permis à l’armée de RPL de récupérer des armes, des munitions et même plusieurs blindés.

Le bataillon Aïdar menace de détruire la centrale électrique de Schastié s’ils sont contraints au retrait, ce qui aurait d’énormes conséquences humanitaires et économiques. Cette information est passée à la télé ukrainienne Hromadskoe, qui s’est déjà illustré en diffusant un appel au génocide des habitants du Donbass.

Debaltsevo

Cette ville de RPD, à la limite de la RPL est aux mains de Kiev depuis fin juillet, et a une importance stratégique en raison de sa situation de carrefour des routes européennes E40 (Calais… Kharkov-Lougansk-Volgograd…Kazkhstan) et E50 (Brest…Dnipopetrovsk-Donetsk-Rostov…Daghestan) et de nœud ferroviaire (notez la densité ferroviaire du Donbass nettement supérieure à celle de l’Ukraine, ce qui traduit la différence de densité du tissu industriel et minier). La Novorossie a besoin de Debaltsevo pour fonctionner normalement militairement mais aussi économiquement. Les Novorusses tentent depuis le 24 août de reprendre cette ville, et des combats ont été signalés ces derniers jours. La ville n’est pas complètement encerclée, et les troupes de Kiev peuvent donc recevoir des renforts par le nord, mais les convois sont attaqués par les saboteurs novorusses. Le 4 septembre, les médias de Kiev ont annoncé que le 11ème bataillon y est encerclé par les troupes novorusses. Le même jour, le bataillon Kiev-2 et le 25ème bataillon ont quitté la ville. Le 5, les troupes de RPD ont commencé le “nettoyage” de la ville.

Donetsk

L’aéroport de Donetsk est toujours encerclé et est le théâtre de combats. Sa prise a été annoncée un peu trop tôt le 3 septembre, il n’était qu’entièrement encerclé (et même doublement encerclé). Une première tentative de prendre cet aéroport s’était soldé au tout début de la guerre par le premier échec cuisant de la rébellion qui y avait perdu environ 40 hommes. Il semble que le commandant responsable de cet échec est en réalité fidèle à Kiev et a volontairement mené les rebelles au carnage. Par la suite, les propos de ce même commandant (qui évidemment ne fait plus partie de la rébellion) ont permis aux médias occidentaux d’affirmer qu’un commandant rebelles avait abattu le MH17. C’est tellement simple de manipuler l’opinion, parfois.

En ville, les bombardements ont été intensifs hier (le premier témoin dit “…c’est pour ça que je pars pour la rébellion” – regarder après 2:00, on comprends sans comprendre les paroles) et dans la nuit, avec un tir nourri d’artillerie BM-27 “Ouragan”. Une partie des bombardements aveugles semblent réalisée par les troupes assiégées dans l’aéroport. Un lance missile “Totchka-U” a été détruit. Les saboteurs de Kiev continuent leurs actions en ville, et la RPD continue de les pourchasser et d’en arrêter. L’approvisionnement en eau pourra être rétabli aujourd’hui après des réparations.

Il reste plusieurs  chaudrons / poches (autant apprendre le mot russe “kotyol“, après tout en France on connaît bien glasnost, perestroïka, izba et douma… kotyol est donc une poche, en jargon militaire, mais aussi une marmite – dans tous les cas, celui qui est dedans est cuit) près de Donetsk, qui continuent de mobiliser de nombreuses troupes novorusses, ce qui les empêchent de progresser plus au sud. Notamment, le contrôle de la route Donetsk-Marioupol reste disputé autour de Volnovakha. Kiev fournit des efforts relativement important pour rester dans cette ville et couper ainsi la principale ligne d’approvisionnement des troupes novorusse (la N-20 Slavyansk-Donetsk-Marioupol). Les saboteurs s’efforcent d’anéantir les convois de renforts (un blindé de transport et 2 camions de munitions détruits cette nuit). La RPD a progressé, en libérant notamment Elenovka, au sud de Donetsk.

Marioupol et le sud de la RPD

Les troupes novorusses gagnent du terrain et ont notamment pris Telmanovo, un gros village à 10 km de la frontière russe. Comme indiqué plus haut, le contrôle de la route Donetsk-Marioupol reste disputé, mais il semble que le 5, les rebelles contrôlent l’ensemble de la route N-20, y compris Volnovakha (ce n’est pas encore confirmé). Le 4 septembre, les novorusses sont arrivés en banlieue est de Marioupol. Un premier combat a d’abord eu lieu avec un petit groupe de 4 blindés novorusses venus en éclaireurs. Le fait que ces éclaireurs n’aient pas conquis Marioupol a permis aux médias de Kiev d’affirmer que leur “armée” avait repoussé et endommagé (voire détruit) une colonne de blindés novorusses. Le soir venu l’attaque est arrivée, au nord-est de la ville. Un commandant du bataillon “Azov” se plaint de ne pas avoir reçu le soutien promis en artillerie (incompétence ou manque de moyen ?) et affirme que toutes ses “misérables” armes lourdes ont été anéanties. Clairement les moyens militaires de Kiev à Marioupol sont insuffisants pour faire face à la progression novorusse. Des combats pendant la matinée ont permis aux troupes novorusses d’avancer, face à un ennemi affaibli (plus que 60 hommes dans le bataillon Azov, sans armes lourdes). Les Novorusses affirment être déjà entrées dans la partie est de Marioupol, et précisent disposer de 5000 hommes pour cette opération prioritaire, soit au moins le double de Kiev. Les Novorusses ont perdu environ 15 hommes et de tanks, contre 30 hommes et plusieurs blindés pour Kiev, et parlent (avant le cessez-le-feu annoncé depuis) de la campagne pour Zaporojié et Dnipropetrovsk, dans le cadre de la réalisation de la Grande Novorossie.

Les troupes novorusses ont également avancé par l’ouest, où elles auraient encerclé le village de Mangouch.

En ville, le recrutement forcé pour creuser les tranchées et défendre la ville s’accélère. Une manifestation contre “l’agression russe” a rassemblé… plusieurs centaines de personnes, selon l’AFP. Dans une ville de 500000 habitants, ça donne une indication de ce que pense la population. Selon des témoins, des snipers prennent placent, et les forces de Kiev auraient miné les environs de la ville.

Situation générale

En ce qui concerne la vie quotidienne des habitants de Novorossie, elle reste très difficile dans les villes du front, en raison des fréquentes coupures d’eau, de gaz et d’électricité, mais aussi des bombardements. Cependant la vie a déjà repris son cours normal dans les villes qui se trouvent à plusieurs dizaines de kilomètres des combats., comme Chakhtyorsk qui avait été au cœur de violents combats il y a quelques semaines : Des habitants commencent à y revenir, et l’usine de pain a repris son travail. Les autres infrastructures de la ville sont en cours de réparation.

À Donetsk, qui reste la cible de bombardements, les transports en commun fonctionnent, et une station de filtrage de l’eau est en cours de réparation selon 112.ua. Lire les médias ukrainiens, c’est comme lire l’Immonde, l’Aberration, L’Iliade ou l’Odyssée. On sait bien que les événements relatés relèvent de la mythologie (grecque ou otanienne), que Zeus n’a pas participé à la guerre de Troie, ou qu’Hollande ne représente pas la France, mais entre les lignes on trouve souvent des infos intéressantes.

La situation militaire continue d’évoluer favorablement pour la Novorossie, qui gagne une douzaine de villages chaque jours, et continue de faire environ 200 prisonniers par jour en moyenne (96 près de Svetloe -RPD- le 3 septembre par exemple). Cependant le rythme de la progression est limité par ses manques d’effectifs et de moyens lourds, dont une grande partie reste consacrée à l’encerclement de nombreux bataillons de Kiev. Ainsi, la résistance de soldats de Kiev, assiégés, affamés et sans espoirs de quelconques victoires, ralentit les progrès novorusses. Le manque d’effectif novorusse devrait rapidement être compensé par le flux massif de volontaires. L’état-major novorusse a affirmé hier l’envoi aujourd’hui de 1500 recrues nouvellement formée vers le front. Des recrues jeunes et ayant suivi une formation assez courte, mais très motivées et encadrées par des officiers ayant fait leur preuve, ce qui est bien plus que ce que l’on peut dire des soldats du camp d’en face, recrutés de force, souvent mal nourris et menées par des officiers faisant régulièrement preuve de leur incompétence, alcoolisme, lâcheté et désorganisation, régulièrement dénoncés par leur troupe.. Il y a peu d’information sur la durée de la formation des volontaires, mais on peut estimer que de 5000 à 10000 volontaires se sont inscrits en août, ce qui permettrait d’avoir prochainement l’effectif dont la Novorossie a besoin.
Du côté de Kiev, la morgue de Zaporojié reçoit chaque jour des cadavres de soldats. On parle de 50 cadavres par jour pour cette seule morgue. Au moins une vidéo (choquante, disponible sur le site de Liveleak) en témoigne. Toujours en dans la région de Zaporojié, les civils sont mis à contribution pour creuser des tranchées.

Dans l’ensemble, l’issue ne fait donc aucun doute, sauf apport militaire massif venant de l’étranger. Les armes lourdes soviétiques déjà fournies par certains pays de l’ancien bloc soviétique sont loin de pouvoir compenser l’absence de formation, de motivation et de discipline de “l’armée ukrainienne”.

Escalade Otanienne et aide des pays russophobes…

Au niveau international, la situation est assez étrange. Le 3 septembre, Porochenko et Poutine ont discuté de la situation, le Kremlin a diplomatiquement  constaté une certaine convergence de point de vue concernant la résolution du conflit. Les médias ont alors affirmé que les deux chefs d’État avaient conclus un cessez-le-feu. Peu importe que ni l’un ni l’autre ne contrôle les armées qui se font face (Poutine n’est pas président de Novorossie, et Porochenko ne contrôle pas les bataillons de volontaires), les journalistes ne s’embarrassent pas de ce genre de détails. Nous avons maintenant l’annonce bidon d’un cessez-le-feu, pour aujourd’hui à 15 heures, qui ne sera pas respecté. Pour ce qui est de la réalité, les États-Unis préparent l’escalade du conflit. Le 2 septembre un avion de transport militaire américain s’est posé à Kiev, avec à son bord Carl Levin, chef de la commission des armées du sénat américain. Il n’est probablement pas venu les mains vides. Peu après ont été annoncés des exercices de l’OTAN près de Lvov, du 13 au 26 septembre. L’objectif est donc clairement l’escalade du conflit et l’anéantissement de la rebellion novorusse.

Les pays russophobes continuent d’apporter une aide matérielle à l’armée de Kiev. Les Allemands fournissent des gilets pare-balles, d’autres pays (dont la Croatie) apportent des hélicoptères, etc. Il n’y a aucune intention de cesser les hostilités. Les États-Unis veulent le contrôle des ressources énergétiques du Donbass, la Novorossie veut l’indépendance, et Marioupol.

… contre le plan de paix de Poutine…

Comme on le sait bien, la Russie est un pays extrêmement agressif. Elle a repoussé une invasion polonaise en 1612, elle a résisté à l’invasion napoléonienne de 1812, elle a résisté à l’invasion allemande de 1941, et elle s’acharne à placer son territoire tout près des bases militaires américaines. Pour satisfaire les dirigeants américains, il suffirait pourtant qu’elle cesse d’exister. Prouvant une fois de plus l’agressivité de la Russie, Poutine a proposé un plan de paix en 7 points qui permettrait de mettre un terme au bain de sang.

1-Arrêt des opérations offensives des forces armées rebelles
2-Retrait des forces ukrainienne à une distance excluant la possibilité de bombarder les villes avec l’artillerie
3-Contrôle international du cessez-le-feu
4-Exclusion de l’utilisation de l’aviation contre les civils de la zone du conflit
5-Échange sans condition des prisonniers : tous contre tous
6-Ouverture d’un couloir humanitaire pour les réfugiés et les convois humanitaires
7-Réparation des infrastructures civiles endommagées.

Goubaryov a immédiatement rétorqué qu’il était d’accord avec le plan de paix de Poutine… à l’exception du premier point

Il demande un référendum dans chaque région de “l’ex-Ukraine” pour que chaque région puisse décider de rester ukrainienne, devenir indépendante ou rejoindre la Novorossie (l’autodétermination des peuple, pas vraiment la tasse de thé de l’OTAN). Il termine en affirmant que les rebelles se battent pour la Novorossie, de Lougansk à Odessa.

On voit donc qu’entre la surenchère otanienne qui veut plus s’impliquer dans le conflit et la Novorossie qui gagne du terrain et veut au minimum minimorum l’ensemble du Donbass, le cessez-le-feu est aussi illusoire que les précédents. Si les combats baissent d’intensité cela permettra aux Ukrainiens de réorganiser leurs forces, mais le répit sera probablement de courte durée.

 

Mise à jour “cessez-le-feu” : Dans les 2 heures suivant le cessez-le-feu, Kiev continuait de bombarder Makeevka, Gorlovka, Yasinovka… Cette trêve est aussi factice que la précédente.

Source: http://www.les-crises.fr/actu-ukraine-6-septembre/