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[Analyse] La France doit-elle s’inquiéter des “pratiques inqualifiables” d’Amazon ?

Friday 15 August 2014 at 05:02

Les billets du jour semblent décousus, mais pas du tout.

Ils visent vraiment à souligner comment les médias “fabriquent le méchant”, souvent à tort ou de manière très exagérée.

Donc après le méchant Russe, le méchant Turc, voici le méchant Marchand en ligne américain…

Analyse donc d’un billet du Nouvel Obs – et c’est loin d’être le pire…

Tandis qu’Amazon fait la guerre à Hachette aux Etats-Unis, et qu’Aurélie Filippetti dénonce une “atteinte à la diversité littéraire”, quelques raisons de dédramatiser.

Aux États-Unis, Amazon et Hachette Books sont en conflit au sujet des livres numériques. Amazon veut imposer à tous les livres numériques un prix unique de 9,99$, alors que la filiale américaine de l’éditeur propose des tarifs compris entre 12,99$ et 19,99$.

Salauds d’Amazon, diviser le prix des livres électroniques par 2 !!!

Pour obliger Hachette à réduire ses marges, Amazon a recours depuis le mois de juin à des méthodes qualifiées par certains de «déloyales» contre les ouvrages édités chez Hachette: allongement des délais de livraison, refus d’effectuer les rabais ou d’enregistrer les précommandes. Ce week-end, 909 auteurs ont attaqué Amazon en publiant une lettre ouverte à Amazon dans le «New York Times».

Mardi 12 août, Aurélie Filippetti a salué leur coup de gueule. La ministre de la Culture a confié au «Monde» : “Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d’Amazon. C’est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l’accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale.”

Je vois mal le problème particulier. La pression entre l’acheteur et le fournisseur professionnels, c’est bien aussi vieux que le commerce, non ?

Et en particulier, c’est bien une des bases de la grande distribution au sens large, non ?

Mais SURTOUT, si le raisonnement peut tenir pour la grande distribution (si Carrefour déréférence une marque, tous les acheteurs proches d’un Carrefour en seront évidement privés – il ne vont pas aller chez Auchan à 40 km plus loin pour un paquet de pâtes – et cela arrive, lire ici par exemple), c’est juste du DÉLIRE de parler de ça pour Internet !!! Mais quelle que soit la part de marché d’Amazon, s’il manque un produit chez eux (ce qui est mauvais pour leur image) que vous désirez, ben vous cliquez et allez chez Fnac.com ou Décitre ou le site d’un libraire !!!

Bref, Amazon essaie de diviser le prix des livres par 2, et c’est une “pratique inqualifiable” – heureusement que la ministre défend le livre. Ministre des bobos germanopratins serait mieux adapté quand même…

Dernier point : il est honteux d’accuser Amazon pour la diversité culturelle, alors que c’est un outil qui l’a relancé. En effet, vu sa taille Amazon vend plein de fonds de catalogues d’éditeurs, qui, sans lui, auraient été pilonnés. C’est pour ça que j’ai déjà rencontré plusieurs éditeurs très contents d’Amazon…

Alors, la France doit-elle s’inquiéter de l’irrésistible ascension d’Amazon ? Sa «diversité littéraire et éditoriale» est-elle menacée ?

Mais quelqu’un a-t-il déjà vu un papier dans un média avec “ la France doit-elle s’inquiéter de l’irrésistible ascension de Carrefour ?” juste pour savoir ? Ou non, mieux :  ” la France doit-elle s’inquiéter de l’irrésistible ascension de Hachette ?” ? Oups, je suis bête, non bien sûr, sinon, il n’y a plus de pub vendue… (Amazon n’a pas encore compris qu’il fallait acheter les médias chez nous…)

1. Amazon pourrait-il imposer ses tarifs en France ?

Théoriquement, non, car le prix des livres est protégé par deux lois. La fameuse «loi Lang», ou «loi sur le prix unique du livre», promulguée le 10 août 1981. Elle impose que le prix soit déterminé par l’éditeur, et respecté par tous les détaillants – traditionnels ou en ligne -, quelle que soit la période de l’année. Le détaillant a droit à un rabais limité à 5% du prix.

On explique souvent que cette loi a évité à la librairie indépendante de se faire avaler par les grandes surfaces. Elle a même fait des émules : 13 pays européens, ainsi que le Japon, la Corée du Sud et le Mexique l’ont adoptée. Très récemment, Israël aussi.

16 pays sur la Planète – impressionnant… Donc 15 pays de l’UE ne l’ont pas adoptée, pas plus que les USA, l’Australie, etc.

Chez nous, la «loi sur le prix du livre numérique» du 26 mai 2011 a étendu le principe au numérique. De la même façon, c’est à l’éditeur qu’elle donne le pouvoir de fixer son prix de vente «pour tout type d’offre à l’unité ou groupée». Cette loi s’impose à tous les revendeurs, où qu’ils soient, dès lors qu’ils proposent des offres de livres numériques aux acheteurs situés en France.

2. Amazon peut-il contourner la loi ?

Depuis longtemps, Jeff Bezos, le PDG d’Amazon, essaye de faire tomber la loi Lang en France. Il s’est entretenu avec plusieurs parlementaires sur le sujet. On le soupçonne fréquemment de dépêcher des lobbyistes bruxellois auprès de la Commission européenne.

Jusqu’en juillet dernier, Amazon arrivait à faire pression sur le prix des livres en proposant à la fois un rabais de 5% (comme la loi l’autorise) et la gratuité des frais de livraison. Si cette pratique arrangeait bien les acheteurs, on ne pouvait pas en dire autant pour les libraires.

C’est bien de choisir son camp. À un moment, j’ai cru qu’ils défendaient le livre, je suis tarte quand même…

Pour les aider à contrer les conditions de vente imbattables de leur rival virtuel, le gouvernement a adopté le 8 juillet 2014 la «loi encadrant les conditions de la vente à distance des livres», dite loi «anti-Amazon». Ce texte, déposé à l’origine par l’UMP, interdit aux sites de vente en ligne de cumuler le rabais de 5% et la livraison offerte. Fin de l’histoire ?

Certainement pas. Amazon a immédiatement trouvé la parade: désormais, il facture ses frais de port à… 1 centime d’euro. Celle-là, Aurélie Filippetti ne l’avait pas vu venir. Elle a toutefois expliqué au «Monde»: “Nous n’avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C’était un combat politique. Nous savions qu’ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l’argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d’Amazon.”

Ah. Bah oui, ça ne se fait pas quand on est journaliste d’écrire  que 900 parlementaires ont voté à l’unanimité un texte qui a simplement augmenté de 5 % les prix des livres en ligne ! (bah oui, c’est pour aider le livre, vous comprenez…) Mais si on le dit clairement, les lecteurs du site risquent de ne pas être contents…

Mais le géant américain a plus d’un tour dans son sac. Pour offrir des prix de ventes avantageux, il peut jouer avec les livres dits «d’occasion comme neufs». Sur le site, on s’aperçoit par exemple que le roman de Maylis de Kerangal, «Réparer les vivants», qui coûte normalement 18,90€, est proposé sur Amazon à 13€ en «occasion comme neuf». En ajoutant les 2,99€ de frais de port, il revient donc à 15,99€: une affaire bien plus intéressante que les 5% de remise autorisés.

Oh c’est du lourd, la journaliste découvre le principe des ventes d’occasion !!!

Eh oui, c’est moins cher que du neuf, bravo ! Mais juste, tout livre d’occasion a d’abord été vendu NEUF avant !!!! Et là, ce n’est pas Amazon qui le vend, c’est un particulier… Mais bon, c’est pas grave (je lui dis que sur leboncoin, il y a une offre à 2 €, état “tout pourrave car tombé dans la baignoire” ?)

3. Combien pèse Amazon sur le marché du livre français ?

Le cybermarchand est le troisième libraire français, après la Fnac et les centres Leclerc.

Ah, “centre Leclerc”, ça compte pour “libraire” maintenant ?

Selon «Xerfi», il devrait même devenir «premier du livre tous formats avant 2017». Ce qui est déjà certain, c’est qu’Amazon a révolutionné notre manière d’acheter des livres.

Toutefois, en France, Amazon ne vend que 8% des livres, ce qui n’est rien comparé à ses résultats américains: là-bas, il assure la distribution de 65% des livres numériques et d’environ 35% des livres traditionnels. 2013 a d’ailleurs marqué un tournant chez les Américains, puisque l’achat de livres en ligne (imprimés ou numériques) a dépassé pour la première fois l’achat de livres dans un lieu physique.

Bon déjà, intermède mathématique, 8 % par rapport à 35 %, ce n’est pas “rien”, c’est presque le quart…

Ensuite, la journaliste n’est sans doute jamais allée aux USA (peut-être n’a-t-elle même jamais passé le périphérique, et croit que la Province, niveau librairie, c’est comme Saint Germain des Près), mais, intermède démographique, je rappelle que la densité de population aux USA est de 31 hbt/km²  contre 112 hbt au km² en France – ce qui n’est pas “rien”, mais est à peine le quart… (tiens, tiens…). Et donc, quand tu es fin fond de l’Utah, heureusement qu’il y a Amazon, car le libraire les plus proche est 800 km… Et que sans libraire en ligne, ben il n’y aura pas de vente de livres (comme dans la moitié de la France)

Le 18 juillet, Amazon a dévoilé son nouveau service, censé révolutionner le secteur: Kindle Unlimited, surnommé le «Netflix du livre». Pour 9,99$ par mois, l’utilisateur peut lire tous les ouvrages qu’il souhaite, sur Kindle uniquement, bien sûr.

Purée, ce sont quand même des ordures ces gens-là…

Son succès dépendra du catalogue disponible. Pour le moment, le «Big Five» des éditeurs américains (Haper Collin, MacMillan, Penguin, Simon & Schuster, et… Hachette) a refusé de s’y associer. Kindle Unlimited n’est disponible qu’aux États-Unis. Son arrivée en France n’a pas été annoncée.

4. Le livre numérique s’impose-t-il en France?

Selon le Syndicat national de l’édition, le numérique représentait en France 4,1% des ventes de livres en 2013 (soit 105 millions d’euros de chiffre d’affaires). Dans un communiqué de presse datant du 26 juin 2014, le syndicat expliquait : “À catalogue égal, nous pouvons estimer que pour les livres grand public publiés à la fois sous forme numérique et imprimée, la part du numérique représente 5 à 7%.”

Et 5 à 7%, c’est peu, quand on sait qu’aux États-Unis, le marché des e-books représente 30 % des ventes parmi les livres grand public (soit quelque 5 milliards de dollars).

20 % ce n’est pas “peu”, quand on voit la rapidité de la croissance et le retard temporel entre les pays – qui resteront cependant différents…

5. Amazon domine-t-il le marché des liseuses ?

Pour lire numérique, les Américains privilégient la liseuse Kindle d’Amazon, qui a fait littéralement décoller les ventes d’e-books (jusque-là minimes) lors de sa première commercialisation, en 2007. Amazon refuse toutefois de communiquer sur ses chiffres de vente. Le site n’a fait qu’une seule exception, en décembre 2011, lors de la sortie du Kindle Fire : il annonçait avoir vendu ce mois-ci 1 million de Kindle, tous types confondus, par semaine.

«Écrivez, on s’occupe du reste», un documentaire consacré à Amazon diffusé sur Arte le 16 avril dernier, dévoilait des chiffres significatifs : “À l’échelle mondiale, Amazon est indéniablement le leader du livre numérique. Mais en France, le Kindle a un rival de taille: la liseuse Kobo, vendue par la Fnac. En 2012, son fondateur, Michael Serbinis, se félicitait d’avoir dépassé Amazon, tant par le nombre de liseuses que par le nombre d’e-books vendus. Preuve que chez nous, la firme de Seattle n’est peut-être pas indétrônable.

Non, la question ce n’est pas “Amazon est-il indétrônable”, c’est, “Mais comment diable la Fnac, au vu de son image et de son implantation, a-t-elle pu être aussi mauvaise pour se faire tailler des croupières par un concurrent sans guère d’avantage compétitif par rapport à elle, dans un marché de prix unique du livre ????”. Une des réponses est “entreprise sombrant dans le financiarisme avec ses reventes permanentes” vs “entreprise avec un PDG brillant bâtissant à long terme”.

Chloé Thibaud

Une journaliste qui ira loin ! :)

Source : Nouvel Obs

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Extrait du papier du Monde :

“Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L’e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu’une partie minoritaire de son chiffre d’affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l’impact dans ses comptes sera donc faible, d’autant plus qu’elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.”

Ben, pourquoi ne pas donner les chiffres ?

“Hachette Livre”, année 2013  : 2,07 milliards d’euros de chiffre d’affaires sur le livre, résultat opérationnel courant (Résop) de 223 millions d’euros – soit près de 11 % de bénéfice !

Amazon, 2e trimestre 2014 : 19,34 milliards de dollars, une perte nette de 126 millions de dollars – soit -0,7 % de pertes…

Lequel est le méchant ?

“Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l’a imitée. Ce dumping n’a pas été vu d’un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à… 1 centime d’euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.”

J’ai déjà expliqué qu’il n’y avait aucun dumping (vente à perte, je le rappelle), alors que, livraison comprise, Amazon fait facilement 25 % de marge nette sur les livres… Ce n’est juste pas le même modèle. Quand vous achetez un livre en librairie, vous avez eu AUSSI une livraison gratuite du livre, mais à la librairie, et pas chez vous…

“Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. ”

Hein ??? Contourné par le méchant Amazon ? Là encore, le Monde ne vous dira pas clairement : tiens la loi c’est + 5 % sur le prix du livre en ligne…

“Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu’elle devrait verser au vu de son chiffre d’affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu’elle bénéficie de fait d’un avantage concurrentiel injustifié.”

Euh, quel impôt Amazon est censé payer ? Si c’est l’impôt sur les bénéfices, comme il est en perte, il n’y a pas une grosse évasion…

On en a déjà parlé sur ce blog :

Alors oui, Amazon  économise peut-être 5 ou 10 M€ d’impôt. Mais Microsoft et “Saint” Apple, c’est 300 M€ chacune, Google 150 M€.  C’est qui le méchant ? “Bizarre”, on ne parle jamais de cette énorme évasion d’Apple quand ils sortent un iphone…

“De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d’Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d’affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l’essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal.”

 Ben oui, désolé, ils vont aller rejoindre les maréchaux-ferrants et les vendeurs de bougies…

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Quelques infos pertinentes sur Les Echos

“Amazon a publié sur son site un communiqué qui réclame une baisse du prix des e-books, à 9,99 dollars au lieu de 14,99 ou 19,99 dollars. Selon ses calculs, ce tarif permettrait de vendre 1,74 fois plus d’exemplaires. Au final, les revenus du secteur augmenteraient alors de 16 % et les auteurs élargiraient leur audience de 74 %. Amazon veut, aussi, des changements dans la répartition des revenus, demandant 30 % des recettes.”

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Ici :

“Pour y parvenir, le groupe Internet de Jeff Bezos n’hésite pas à impliquer directement les auteurs. La fin justifie les moyens ?  Amazon.com Inc propose que les auteurs rattachés à la branche américaine de la maison d’édition Hachette (propriété du groupe Lagardère) conservent la totalité des recettes des ventes de livres électroniques écoulées sur son site marchand.

Des sauvages inhumains…

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Le papier des Inrocks, qui ont ressorti Malet, dont j’avais déjà parlé ici, qui a dit « Les travailleurs chez Amazon ont des conditions de travail dignes du XIXe siècle », en renvoyant aussi vers cette critique très drôle : Drame : un journaliste découvre le monde du travail

Si on ne peut que déplorer les conditions de travail (il me semble quand même qu’il n’y a pas d’enfants et que les gens ne bossent pas 60 heures par semaine comme au XIXe siècle), j’attends de voir des enquêtes montrant qu’elles sont significativement différentes de celles de la grande distribution). Ce que je trouve choquant – outre ces conditions – c’est le coté Tartuffe des belles âmes vomissant Amazon et allant faire leurs courses chez Auchan sans se poser de questions (“mais c’est de l’exploitation françaiiiiise Moooonsieur !!!”)… Mais bon, quel journal fera de la pub à un livre dénonçant les conditions de travail chez Carrefour ou les pratiques commerciales d’Hachette ?

En tous cas, c’est là où on peut en vouloir à la Fnac, non seulement de n’avoir pas été innovante, mais SURTOUT de ne même pas être capable de COPIER le site internet d’Amazon… (passez 5 minutes sur le site des 2, vous verrez…)

“Ce qu’il faut avant tout rappeler c’est qu’Amazon a une culture d’entreprise particulière et un but ultime : être en mesure de tout vendre et de tout livrer, en une journée, n’importe où sur la planète. Cela afin de faire d’Amazon la passerelle unique pour toute consommation marchande. Qu’il s’agisse de livres, de lessive, ou d’un motoculteur. Amazon n’opère pas comme un commerçant traditionnel. L’idéologie de Jeff Bezos est libertarienne, anarcho-capitaliste. J’ai découvert lors de mon immersion que cette multinationale cultive une attitude violente, basée sur le rapport de force, que ce soit avec ses travailleurs, ses concurrents, ou, comme c’est le cas désormais avec Hachette, avec ses fournisseurs. Ce qui est frappant dans ce conflit l’opposant à Hachette, c’est le type de moyens utilisés : Amazon a notamment communiqué l’adresse électronique personnelle d’un cadre d’Hachette en poussant les consommateurs à lui adresser leurs plaintes. Ce sont des méthodes archaïques. Amazon les emploie car l’entreprise ambitionne d’être le numéro 1 en tout.”

Il a bien fait d’enquêter…

“Quand Amazon freine la circulation de produits Hachette, l’entreprise s’érige comme capable de décider de ce qu’est un bon ou un mauvais prix, se comportant comme une autorité morale qui décide de ce que devrait être le prix d’un livre. C’est quelque chose de très dangereux. C’est au boulanger à fixer le prix de son pain en fonction du cours du blé et de son approche du métier. C’est la même chose pour le monde de l’édition. Quand une multinationale prétend agir pour le bien de l’humanité, il s’agit selon moi d’être méfiant.”

Je ne savais pas que Panzani imposait ses prix à Carrefour…

“En apparence Amazon prétend “démocratiser” l’édition en permettant à n’importe quel auteur de proposer son ebook à la vente sur sa plateforme. Pourquoi pas ? Mais en réalité le projet d’Amazon va plus loin, il est de tuer l’édition traditionnelle pour se substituer à elle, de vendre à partir de ses tablettes des films, des livres, de la musique directement téléchargeables. Amazon devenant alors éditeur, producteur, diffuseur et vendeur. Dans ce scénario digne d’un roman d’anticipation mais qui se fait plus vrai chaque jour un peu plus, Amazon pourrait se retrouver en situation de monopole au sein de l’industrie culturelle.”

“En réalité l’entreprise gagne sans cesse des parts de marché : pour vendre un article, que ce soit un livre, un article de sport ou des condiments pour grillades, Amazon mobilise 14 fois moins de main-d’œuvre que dans un commerce traditionnel, et pour le même chiffre d’affaires. Amazon est comme un poisson carnassier qui mange les autres petits poissons du lac, un à un. ”

“Tous les biographes de Jeff Bezos le racontent, et les hagiographes le racontent aussi : il ne s’est pas lancé dans le commerce du livre par amour des ouvrages. Il souhaitait seulement optimiser les possibilités d’Internet en choisissant la marchandise idéale : il s’avère que le livre est “la marchandise” qui a le plus grand nombre d’exemplaires uniques, il l’a donc choisie dans un pur objectif de profit. Je l’ai bien vu lors de mon immersion en équipe de nuit dans l’entrepôt de Montélimar : le livre est traité comme une marchandise à part entière, disposé sur les étagères parmi tous les autres articles que vend Amazon, un classique de la littérature pouvant cotoyer un slip en coton et un ours en peluche.”

Des barbares quoi…

“Amazon détruit plus d’emplois qu’il n’en crée : les commerces de proximité sont aussi la réalité urbanistique d’un territoire. Imagine-t-on vivre dans un monde orwellien où l’accès à la consommation se ferait essentiellement via le e-commerce ? ”

Comme la grande distribution, quoi…

“À propos des formes de résistance à Amazon, elles sont de plus en plus nombreuses.”

Les résistances à la connerie des médias sont en revanche limitées…

“J’espère qu’à la suite de la mobilisation littéraire américaine les auteurs européens prendront eux aussi conscience qu’Amazon représente une réelle menace pour la diversité éditoriale, et non seulement pour les grands groupes comme Hachette.”

Bizarre, je n’ai jamais acheté autant de livre que depuis que je suis client d’Amazon… Ils ont un marketing très efficace pour vous présenter des livres satisfaisant les désirs et gouts très efficace. C’est sans comparaison avec un librairie (dans mon cas personnel)  - et je ne classe pas Leclerc dedans… Je rappelle qu’environ 20 % des acheteurs (les plus gros, plus de 10 livres par an) représentent 60% des ventes…

D’ailleurs voici le Top 10 des ventes de 2013 :

Donc en fait, il y a un “impératif culturel” qui fait que je dois payer plus cher mes livres pour que la filière physique puisse vendre des BD, des livres de cul et des romans à la noix ? OK, je n’avais pas compris…

“La loi dite “anti-Amazon” a eu l’utilité d’un sabre de bois pour attaquer un mastodonte. J’espère que ce n’était qu’une première étape dans le plan d’action du gouvernement français. S’il y a un plan…”

LOL.

Bon, je rappelle que je ne suis pas spécialement pro-Amazon (pas plus que pro-Russe), et que j’ai défendu l’idée d’abroger cette loi stupide, et de taxer Amazon pour redistribuer l’argent aux libraires indépendants…

Enfin, je ne veux pas atténuer les conditions de travail déplorables chez Amazon. Mais je ne pense pas qu’elles soient différentes de la moyenne du secteur, bien au contraire, et que c’est bien un système général à dénoncer, et pas une entreprise bouc-émissaire (dont les pratiques doivent évidemment être surveillées de près). Petits exemples pour finir :

P.S. je rappelle ceci :

Quand on achète un livre dans une librairie, au prix éditeur de 20 €, on paie 3 choses :

  1. le livre (9 €) – payant l’auteur (2 €), l’éditeur, l’imprimeur et la TVA
  2. la diffusion et la livraison du livre dans la librairie (4 €)
  3. le libraire (7 €) – payant le local et les salaires

prix du livre

 

Source: http://www.les-crises.fr/la-france-doit-elle-s-inquieter-des-pratiques-inqualifiables-d-amazon/