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Chez les gendarmes à 9 ans pour une querelle d’école…

Monday 11 May 2015 at 00:50

J’aime de plus en plus mon pays, on sent qu’il glisse sur une jolie pente…

Florence et Patrick Moreau sont indignés par le sort qui a été réservé à leur fils Jordan, aujourd'hui traumatisé par son audition chez les gendarmes./Photo DDM, Michel Viala

Florence et Patrick Moreau sont indignés par le sort qui a été réservé à leur fils Jordan, aujourd’hui traumatisé par son audition chez les gendarmes./Photo DDM, Michel Viala

Jordan a été entendu, mardi après-midi, à la gendarmerie de Saint-Lys, parce qu’il avait tiré les cheveux d’une camarade de classe dont il était amoureux. Ses parents sont consternés…

En pleurs et tellement traumatisé qu’il ne veut plus revenir à l’école… Le petit Jordan, 9 ans, vit un véritable cauchemar dont ses parents ont beaucoup de mal à lui expliquer les ressorts.

«Il a eu droit au même traitement qu’un criminel pour une banale histoire de gamins et de cour d’école», s’indigne son père, Patrick Moreau, qui n’en revient toujours pas du sort que l’on a réservé à son fils. Mardi après-midi, Jordan a été convoqué avec sa famille à la gendarmerie de Saint-Lys pour répondre d’une plainte déposée par la mère d’une de ses camarades de classe. «Je pensais que c’était une affaire classée, confie Patrick Moreau. Il y a une quinzaine de jours, l’école nous avait téléphoné pour nous faire part de l’incident en nous disant qu’il y avait eu un petit souci et nous avions réprimandé Jordan pour son comportement». Son comportement ? Une réaction violente dans la cour de l’école contre «son amoureuse» de CM1. Trois gifles et des cheveux tirés.

«Il n’avait jamais fait ça, raconte son père. Apparemment, sa petite copine lui a dit qu’elle avait quelqu’un d’autre et qu’elle ne voulait plus de lui et Jordan a mal réagi. C’est une querelle comme on en voit souvent dans les cours de récréation. Un coup je t’aime, un coup je t’aime plus». Mais la mère de la victime ne l’a pas entendu de cette oreille. Et Jordan a été interrogé pendant une demi-heure par un gendarme. «On a vu qu’il était très mal à l’aise, mais il ne faisait que son boulot,

Ses collègues de juillet 1942 aussi je pense… Mais bon, c’est le boulot, hein…

constate Florence Moreau, la mère de Jordan, entendue elle aussi après son fils. Il nous a dit qu’un article de loi était sorti et que la gendarmerie était tenue de prendre toutes les plaintes qui lui étaient soumises. Au final, on a perdu deux heures pour régler une histoire de tirage de cheveux, c’est aberrant».

Jordan est sorti de cette audition en pleurant, impressionné par les conséquences de son geste. «C’est vraiment n’importe quoi, peste Patrick moreau, il n’y a même pas eu de blessures et l’école, qui est vraiment bien, avait eu, je crois, la réaction nécessaire et suffisante». Côté gendarmerie, on se borne à préciser que la plainte a été instruite conformément à la loi et que toutes les parties, directrice de l’établissement comprise, ont été entendues. «On nous a dit qu’il fallait maintenant attendre la décision du procureur pour savoir s’il donnait suite à la plainte ou pas, s’inquiète Patrick Moreau. La décision ne s’est pas fait attendre. Hier soir, le parquet des mineurs de Toulouse a décidé de classer l’affaire. Mais Patrick Moreau, qui a pris les conseils d’un avocat, s’interroge sur les leçons à tirer de cette histoire. Faut-il déclencher une telle machinerie judiciaire pour un accrochage qui se serait réglé en d’autres temps en famille ? La réponse est sans doute dans la question.

En janvier, un enfant entendu pour apologie du terrorisme

Dans un tout autre registre, au lendemain des attentats du mois de janvier, à Paris, une autre affaire concernant un enfant en milieu scolaire avait fait polémique, après l’audition par les policiers d’un élève de 8 ans. Dans son école de Nice Ouest, le petit garçon avait refusé de participer à la minute de silence pour les victimes. Interrogé par un enseignant sur son attitude, il aurait alors répondu : «Je ne suis pas Charlie, je suis avec les terroristes». C’est l’enseignant qui avait déposé plainte, provoquant un bel imbroglio. Le comité contre l’islamophobie en France (CCIF), association qui lutte contre les actes et les propos antimusulmans, avait ensuite affirmé que directeur de l’école avait interpellé l’enfant, qui jouait dans le bac à sable, en lui disant : «Arrête de creuser dans le sable, tu n’y trouveras pas de mitraillette pour tous nous tuer.» Des propos confirmés par l’avocat de la famille du garçon qui avait ensuite manifesté ses regrets. Peut-on incriminer de si jeunes enfants ? La loi prévoit qu’un mineur de moins de 10 ans peut rendre des comptes devant la justice s’il est doté de discernement. C’est-à-dire qu’il est capable de comprendre les conséquences de ses actes.

Il ne peut pas être mis en garde à vue. La police ou la gendarmerie peut l’interroger avec ses parents, mais il doit pouvoir quitter les locaux si lui-même ou ses parents le désirent. Le mineur de moins de 13 ans ne peut être placé en détention provisoire, en revanche, il peut être placé en foyer d’accueil.

Repères – Le chiffre : 10

Un mineur de moins de 10 ans ne peut être placé en garde à vue. Il peut être entendu avec ses parents, mais doit pouvoir quitter les locaux de police quand il le souhaite.

«Il a eu droit au même traitement qu’un criminel pour une banale histoire de gamins et de cour d’école»

Patrick Moreau, agriculteur, père de Jordan

Source : Gilles Souillès, pour La Dépêche, le 17 avril 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/chez-les-gendarmes-a-9-ans-pour-une-querelle-decole/