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Elu président, Erdogan annonce une “nouvelle ère”, nie toute dérive autoritaire

Friday 15 August 2014 at 02:08

Un petit point rapide sur la Turquie. Pas pour parler du fond – je n’ai pas étudié la question, je n’ai lu que nos médias, donc je sais que je ne suis pas correctement informé. Mais ce que je trouve intéressant, c’est de porter un regard sur la façon dont nos médias relatent le sujet.

Analyse de l’article du Nouvel Obs.

Recep Tayyip Erdogan a été élu dès le premier tour, après une campagne au ton très agressif. “Nous sommes désormais confrontés à un pouvoir oppresseur”, dénonce (sic.) ses opposants.

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 2003, a été élu dimanche président de la Turquie pour un mandat de cinq ans qu’il a promis sous le signe de la réconciliation et de l’unité, en niant toute dérive autoritaire.

Donc on reste vigilant et on verra, on est d’accord ?

Comme le suggéraient les sondages, l’homme fort du pays a largement devancé ses deux adversaires dès le premier tour de ce scrutin disputé pour la première fois au suffrage universel direct, avec 52% de suffrages.

Eh bien 52 % au premier tout, ce n’est pas trop mal quand même…

Candidat commun de l’opposition social-démocrate et nationaliste, Ekmeleddin Ihsanoglu, un historien réputé de 70 ans qui a dirigé l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a réuni plus de 38% des suffrages, alors que celui de la minorité kurde, Selahattin Demirtas, en a rassemblé près de 10%.

“Je serai le président de 77 millions de Turcs”

Même si elle est loin du raz-de-marée prédit par les sondages, cette victoire constitue un succès pour Recep Tayyip Erdogan, qui rejoint ainsi le père fondateur de la République laïque, Mustafa Kemal Atatürk, dans le club des dirigeants les plus emblématiques du pays.

Ah, c’est presque un échec donc ?

Après une campagne au ton très agressif où il a multiplié les attaques contre ses rivaux, le nouveau chef de l’Etat s’est voulu apaisant en annonçant une “nouvelle ère”, loin des “disputes du passé” qui ont agité ses onze ans de règne.

“Je serai le président de 77 millions de Turcs, et pas uniquement de ceux qui ont voté pour moi”, a-t-il assuré devant des milliers de fidèles réunis sous le balcon du quartier général de son parti à Ankara. “Je prie tous ceux qui me qualifient de dictateur et d’autocrate de revoir leur position”, a-t-il lancé à ceux qui l’accusent de vouloir restreindre les libertés ou d’islamiser le pays.

Comme Recep Tayyip Erdogan a toutefois confirmé son intention de conserver les rênes de la Turquie au poste de président, dont il veut considérablement renforcer les prérogatives au prix d’une réforme de la Constitution.

“Le président élu et le gouvernement élu oeuvreront main dans la main”, a-t-il souligné après avoir glissé, en famille, son bulletin dans l’urne à Istanbul.

Dès les résultats définitifs connus, le Premier ministre s’est aussi symboliquement rendu à la mosquée Eyüp Sultan d’Istanbul pour prier, comme le faisaient les sultans avant de monter sur le trône de l’Empire ottoman, ont rapporté les télévisions turques.

“Je suis fier de dire que je suis turc”

Sans surprise, Recep Tayyip Erdogan a facilement pris le dessus sur ses deux rivaux, au terme d’une campagne qu’il a écrasée de son charisme, de la puissance financière de son Parti de la justice et du développement (AKP) et de son emprise sur les médias du pays.

Toute ressemblance avec un pays occidental serait fortuite ?

Ekmeleddin Ihsanoglu et Selahattin Demirtas ont tous les deux pris acte de leur défaite mais dénoncé une compétition “injuste” ou “inéquitable”.

Sitôt les résultats connus, des milliers de partisans ont envahi les rues des grandes villes pour célébrer, à grands coups de klaxon, la victoire de leur héros.

L’oppression, quoi…

“On est trop content ! Vraiment, on l’adore, on l’aime car tout ce qu’il a fait, c’est bien”, a exulté Yigit Cöskün dans les rues d’Istanbul. “A présent, nous sommes un pays reconnu par tous les leaders internationaux. [...] Je suis fier de dire que je suis turc”, a renchéri, drapeau turc en main, Türgüt Gübahar.

Scandale de corruption

Paradoxalement, le triomphe attendu de Recep Tayyip Erdogan intervient au terme d’une année politique très difficile pour son camp.

En juin 2013, des millions de Turcs ont dénoncé dans les rues sa dérive autoritaire et islamiste. La sévère répression de cette révolte a sérieusement écorné l’image du régime.

L’hiver dernier, c’est un scandale de corruption sans précédent qui a éclaboussé le pouvoir. Recep Tayyip Erdogan a dénoncé un “complot” de son ex-allié islamiste Fethullah Gülen, avant de purger la police et de museler les réseaux sociaux et la justice.

C’est vrai qu’en France, la corruption des élus, on connait pas…

Mais, même contesté comme jamais, Recep Tayyip Erdogan a remporté les élections locales de mars et reste très populaire dans un pays qu’il a débarrassé de la tutelle de l’armée et dont la majorité religieuse et conservatrice a profité de la forte croissance économique sous son règne.

L’armée est certes garante de la laïcité, mais peut être aussi que le peuple préfère la Démocratie ?

Ah, sinon, quelle est la règle pour savoir dans quels pays ont qualifie des dirigeants légitimement élus de “tsars”, “sultans”, “règne”, “maitre du….” ? Jamais entendu parler du “Maître de la Maison Blanche” ni du “règne de Merkel”

Malgré le ton modéré du premier discours du président élu, l’opposition a dénoncé la volonté de Recep Tayyip Erdogan de présidentialiser le système politique turc et agité le spectre d’une dérive vers un régime autocratique.

J’adore toujours quand, comme en Ukraine, des Français accusent un président de vouloir présidentialiser le régime, sachant qu’on doit être le pire régime démocratique présidentiel au monde…

Mais bref, conclusion : les Turcs sont des imbéciles, qui ne votent pas pour le bon candidat… Comme les Palestiniens ou les Russes, quoi…

“Nous sommes désormais confrontés à un pouvoir oppresseur qui n’est plus contrôlé par la Constitution mais essaie d’imposer son propre régime arbitraire”, a ainsi lancé le porte-parole du Parti républicain du peuple (CHP), Haliç Koç.

“Pour de nombreuses raisons, la principale difficulté pour Erdogan n’est pas de remporter la présidentielle, mais ce qui va suivre”, a pronostiqué l’universitaire Ziya Meral, de l’université britannique de Cambridge.

Source : Nouvel Obs.

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En bonus, encore du GRAND Canard enchainé (numéro du 13/08/2014) :

Devenu parano et mystique, il dénonce sans fin, depuis, le « complot de l’étranger » , voit des « traîtres » partout, a fait suspendre « Twitter » et « Facebook » pendant la campagne des municipales et, tout récemment, a voulu interdire aux femmes de sourire en public, tout en traitant une journaliste de « femme effrontée »…

Mégalo, il souhaite remodeler le visage d’Istanbul comme celui de la République turque : doubler le Bosphore par un canal, bâtir un troisième grand pont et, enfin, ériger dans son ancien quartier, sur la rive asiatique, la plus grande mosquée du monde,  visible de toute la ville.

Allah lui serait-il monté à ‘la tête ?

C’est quand même étonnant que 52 % des Turcs aient voté pour un type “parano et  mystique”, non ? Il avait peut être fait aussi des choses bien, non ?

Ah non, “c’est le méchant”, j’avais oublié… Comme à chaque fois qu’un dirigeant essaie d’exalter (de bonne ou mauvaise façon) tout esprit patriotique ou de fierté nationale… (et non, je n’ai aucune sympathie pour des islamistes…)

Et sinon, je me demande ce qui peut bien se passer dans le cerveau d’un “journaliste” pour écrire qu’un Président  ”a voulu interdire aux femmes de sourire en public”, sans se poser plus de question (façon “les pro-russes crèvent les yeux des prisonniers”). Je rappelle que c’est le vice Premier ministre Bülent Arinç, “qui avait déjà multiplié ces derniers temps les condamnations des séries et programmes télévisés invitant selon lui à l’addiction sexuelle, estime que la femme turque doit rester « décente », et donc ne « pas rire à gorge déployée devant tout le monde » ; elle doit aussi veiller à sa chasteté de manière à demeurer « bonne à marier », une question pour lui de « droiture morale ».” (RFI).

C’est évidemment  nul, d’un autre âge, mais enfin on est loin d’une loi pour interdire aux femmes de rire en public… Mais comme d’habitude, nos suprémacistes blancs bien pensants sont là pour expliquer au reste du monde comment penser et vivre – façon sociétés primitives… Ce qui ne peut que bien se terminer…

Notez aussi qu’un journal turc pourrait titrer “Quand les députés français appellent à exterminer le Roms”, ce serait d’une grande honnêteté intellectuelle…

P.S. d’ailleurs, (même si je soutiens les revendications kurdes, par cohérence intellectuelle) les Turcs doivent apprécier ça – encore de la haute diplomatie :

Source: http://www.les-crises.fr/elu-president-erdogan-annonce-une-nouvelle-ere-nie-toute-derive-autoritaire/