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Eric Denécé : “Voulons-nous la paix chez nous, ou sommes-nous des gens vendus ?”

Thursday 19 November 2015 at 06:00

Il ne pratique pas la langue de bois notre 007…

Ancien officier des services de renseignement français et actuellement directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), Eric Denécé parle dans cet entretien des aspects qui ont favorisé le renforcement de la capacité de nuisance des terroristes. L’un de ces aspects, explique-il, est la politique française envers la Syrie.

Des extrémistes français se trouvent parmi Daech et Al Qaîda en Syrie et en Irak. Quelle menace pour la France ?

Eric Denécé : C’est une menace importante contre laquelle nous agissons trop timidement. Nos services n’ont pas reçus d’ordre des autorités pour agir contre ces ressortissants français qui sont au sens propre des criminels et des traîtres, collaborant avec des ennemis de la France, responsables d’attentats.

Il s’agit bien d’une intelligence avec l’ennemi et nous ne pouvons objectivement accepter que de tels individus reviennent en France commettre des actions ou répandre le fiel de leur idéologie haineuse.

Ne croyez-vous pas que la politique prônée par le président François Hollande envers la Syrie favorise la menace terroriste contre la France ?

rôôôôô on voit que la journaliste n’est pas française, malpolie va, tu ne travailleras jamais au Monde !

Elle y contribue indéniablement. Mais les attentats d’hier à Paris montrent que malgré notre soutien irresponsable à l’opposition djihadiste de Bachar El Assad et notre silence sur la guerre d’agression de l’Arabie saoudite au Yémen, les terroristes frappent quand même la France. C’est l’illustration horrible mais parfaite des errements complets de notre politique étrangère qui est sans vision, sans compréhension.

En soutenant, finançant et armant les «rebelles» en Syrie, certains États ne sont-ils pas en train de renforcer la capacité de nuisance des terroristes ?

Bien évidemment. En particulier l’assistance que continuent à prodiguer aux djihadistes syriens l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie ne vont faire que prolonger le conflit et renforcer ces groupes qui connaissent de sérieux problèmes depuis le début de l’intervention russe. C’est une fuite en avant irresponsable de la part de ces trois Etats qui voient leur stratégie contrée par l’entrée en jeu de Moscou.

Bachar ne tombera pas, et ça, ils ne le supportent pas. Le jeu des Américains est aussi particulièrement ambigu. Récemment encore, Zbigniew Brzezinski, l’ancien conseiller à la sécurité nationale de Jimmy Carter disait, à propos de Jabhat Al-Nosrah « si les Russes continuent à bombarder nos gars, il faut qu’Obama riposte » !

Quelles conséquences sur la sécurité mondiale ?

Le risque principal est un durcissement de la position russe à l’encontre des acteurs régionaux, surtout si Moscou découvrait que des missiles antiaériens sont fournis délibérément aux Takfiris ou que le soutien aux islamistes radicaux du Caucase s’accroît.

Les États à l’origine de ce type d’action auraient alors du souci à se faire. Mais la vraie question est : comment réagirait ensuite les Américains. Pour le moment, les relations entre Moscou et Washington – malgré les discours destinés à l’opinion – sont moins antagonistes que les médias le disent. Le risque est donc pour l’instant mesuré.

L’ingérence militaire étrangère en Libye n’a-t-elle pas favorisé l’extension du terrorisme dans plusieurs pays, dont la France ?

Bien sûr, les erreurs n’ont pas commencé avec François Hollande, mais avec Nicolas Sarkozy et l’intervention en Libye, qui a crée le chaos en Afrique du Nord et au Sahel.

Rappelons également que l’Occident dans son ensemble, dont la France, a reconnu le régime illégitime si ce n’est illégal de Morsi et des Frères musulmans en Égypte et a initialement condamné l’intervention de l’armée pour les chasser du pouvoir.

Pour ce qui est de la guerre en Syrie, les projecteurs sont braqués sur les négociations de Vienne. Que peut-on attendre de cette rencontre ?

C’est difficile à dire, car plusieurs pays campent sur leurs positions. La France et le Royaume-Uni réclament toujours obstinément le départ de Bachar, et la Russie et l’Iran ne remettront jamais en cause leur soutien à Damas.

Les Américains eux-mêmes sont pessimistes à l’orée de ce nouveau round de discussions. Mais cela ne veut pas dire que des progrès vers une solution sont impossibles.

Sofiane Abi

Source : El Watan, 14/11/2015

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BFM :

Après les attentats de Paris, il est “inacceptable” d’exiger le départ du président syrien Bachar al-Assad comme “condition préalable à toute union contre le terrorisme”, a déclaré mercredi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov lors d’une conférence de presse. “J’espère qu’il y aura un changement de position chez nos autres partenaires occidentaux, comme il y en a eu, malheureusement au prix de terribles actes terroristes, chez nos collègues occidentaux”, a déclaré Sergueï Lavrov en référence à la France touchée par une série d’attaques meurtrières. “Il est inacceptable d’exiger des conditions préalables à toute union contre le terrorisme“, a-t-il affirmé en référence aux Américains qui continuent de demander le départ du président syrien avant toute chose.

Vous remarquerez au passage le titre subtilement faux (c’est l’exigence du départ comme condition de négociation qui est jugé inacceptable) :

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“Eric Denécé : Bien sûr qu’il faut une unité nationale. Mais nos hommes politiques, de gauche comme de droite, portent une telle  responsabilité, à la fois dans les restrictions budgétaires dans le dédain de la sécurité, mais également dans une politique étrangère totalement irresponsable, en partenariat avec le Qatar, l’Arabie Saoudite et la Turquie, des pays qui nourrissent l’idéologie que est à la base même…

Journaliste : alors, on coupe nos liens avec ces pays du jour au lendemain, on arrête de leur vendre des avions…

Eric Denécé : oh, oui, sincèrement ! Mais qu’est-ce que nous voulons . Voulons-nous la paix chez nous, ou sommes-nous des gens vendus ? Pour cinq avions, sommes-nous prêts à laisser des régimes wahhabites financer des attentats sur notre sol ? Il y a des tas de preuves qui sont aujourd’hui balayées d’un revers de la main par nos politiques. Et ça n’a pas commencé avec le gouvernement socialiste, son prédécesseur faisait de même. Il y a une responsabilité réelle de la classe politique par les alliances, par les accords passés avec ces gens-là. On observe même aujourd’hui qu’un certain nombre de frappes sur le islamistes en Irak ne portent pas leurs fruits. Et on s’interroge. Depuis des années, on se dit : il y a des dizaines de milliers de combattants sur le terrain, il y a des centaines voire des milliers d’opérations aériennes qui ont été lancées, et quel est le résultat ? Nul ! Aujourd’hui un certains nombre d’informations commencent à sortir selon lesquelles dès qu’il y a des opérations communes de la coalition avec la participation de certains pays du golfe, les informations sont données à l’État islamique, ce qui réduit l’efficacité des frappes.”  [Eric Dénécé, C dans l'air, 18/11/2015]

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Laissons le mot de la fin au général Desportes :

Q : Les moyens du renseignement ont été fortement renforcés. Que peut-on faire de plus pour prévenir la menace ?

R : On n’empêchera jamais un fou d’Allah de sortir de sa voiture et de mitrailler des passants. Mais la France ne peut se permettre de baisser les bras. Sur le plan intérieur, le seul renseignement ne nous permettra pas de résoudre le problème. Il faut agir aussi sur les racines du terrorisme. Une partie de la population est en état de relégation et de désespérance. Tant que le terreau est favorable, les pousses prendront. La réponse est donc forcément longue et compliquée et nous ne serons pas à l’abri d’autres attentats importants. Il faut non pas des réponses ponctuelles mais des mesures prises par un homme d’État qui pense au-delà des échéances électorales de court terme.” [Général Desportes, La Croix, 16/11/15]

aussi chez l’Obs :

Comment faire quand personne n’est d’accord  ?

- Une réponse militaire n’est jamais qu’un pis-aller. Elle ne permet pas de régler tous les problèmes, mais elle doit permettre de créer une situation autorisant des solutions stratégiques et politiques. On ne viendra pas à bout de Daech sans vision commune entre les différents pays. Il faut à tout prix que la France, les Etats-Unis, la Turquie, Israël, mais aussi la Russie et l’Iran travaillent ensemble à élaborer une vision future du Moyen-Orient. Même si les positions sont éloignées, il faut trouver un compromis à partir duquel on va pouvoir établir une stratégie.

L’immense avantage de Daech sur nous, c’est qu’eux ont une stratégie, une vision, une ambition très claire, qu’ils poursuivent inexorablement alors que nous, en face, nous n’avons aucune stratégie, nous avons au mieux une tactique. Et c’est pourquoi depuis août 2014, nous n’avons cessé de perdre du terrain.

Selon vous, il faudrait donc s’allier avec Poutine, et soutenir Bachar al-Assad…

- Il faut hiérarchiser les problèmes. Daech, est aujourd’hui notre problème numéro un, beaucoup plus menaçant sur l’échelle des risques que le problème d’Assad. La priorité des Russes n’est pas de maintenir Assad. On l’oublie, mais Poutine a même envisagé de le destituer il y a deux ans. Mais quels choix avons-nous ? Il faut être pragmatique. Trois forces sont aujourd’hui en mesure de s’imposer en Syrie : le Front al-Nosra, un groupe salafiste allié à al-Qaïda ; Daech et Assad. Cette troisième option n’est pas satisfaisante, mais c’est la moins menaçante. Il faut être réaliste. Daech ne sera détruit que si on arrive à mettre en place une stratégie commune. Ce 13-Novembre est un brutal retour au réel.

Difficile pourtant de lutter pour la démocratie en s’alliant à ceux qui la bafouent quotidiennement ?

- Il n’y a que les nantis pour s’adonner à des leçons de morale. Assurer la sécurité intérieure doit être la priorité du gouvernement. En 1941, quand il a fallu s’allier avec Staline contre le péril nazi, on l’a fait sans se poser de question. Comme le disait Churchill, “les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts.”

Maintenant, il faut aussi faire évoluer notre stratégie militaire. Aucune guerre n’a été gagnée seulement avec des bombardements aériens. On ne peut pas raser les villes pour les libérer. Des combats au sol ne règleront pas un problème qui est avant tout politique. Dans le cadre d’une stratégie commune, il faudrait que tout le monde tire dans le même sens, que le président turc Erdogan mette fin, par exemple, aux trafics de pétrole à la frontière turco-syrienne, ce qui assècherait les finances de Daech. Là encore, il faut une stratégie globale, militaire, sociétale, et diplomatique.” [Général Desportes, L'Obs, 15/11/15]

Source: http://www.les-crises.fr/eric-denece-voulons-nous-la-paix-chez-nous-ou-sommes-nous-des-gens-vendus/