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[Exclusif] Laurent Fabius contre Columbo…

Wednesday 13 August 2014 at 10:36

Fabius hier, sur France Info, vous trouverez la version toilettée sur le site du Ministère

Ukraine / Russie, comme d’hab…

Q – La Russie envoie un convoi humanitaire en Ukraine. Vous craignez que ce ne soit pas seulement un convoi humanitaire ?

R – Oui, c’est tout le problème. La Russie dit : «J’envoie des camions pour des raisons purement humanitaires», mais il y a une règle dans ces opérations. C’est que ce n’est possible qu’avec l’accord du pays dans lequel on envoie cette aide humanitaire et avec l’aide de la Croix-Rouge. Or, cette question n’est pas encore réglée. Évidemment, il faut être extrêmement prudent, parce que cela pourrait être une couverture de la part des Russes pour s’installer près de Louhansk et de Donetsk et pratiquer la politique du fait accompli.

Q – Il y a donc là une violation du droit international ?

R – Il y a des discussions avec la Croix-Rouge. Cette opération n’est possible et justifiable qu’à partir du moment où la Croix-Rouge aura donné son aval, où il n’y aura pas de forces militaires autour et il n’y aura pas simplement les Russes mais d’autres et l’Ukraine serait d’accord, ce qui à l’heure où je parle n’est pas le cas.

Q – Et si la Croix-Rouge ne donne pas son accord, qu’est-ce qui se passe ? Les camions arriveront à peu près d’ici deux jours. Ils partent aujourd’hui de Moscou.

R – À ce moment-là, il ne faut pas les autoriser à passer.

Q – Ça veut donc dire une action ? Une réaction de quelqu’un ? De la communauté internationale ?

R – Non. Je pense qu’il y a une pression des Russes et il faut qu’en face de la pression des Russes, la Croix-Rouge – qui est une organisation tout à fait respectée et respectable – agisse comme elle doit le faire avec la communauté internationale.

P.S. “la communauté internationale.” = “les pays vendus aux États-Unis…”, vous l’aurez corrigé…

Mais alors en Irak…

 - Laurent Fabius, la France a commencé à apporter de l’aide humanitaire en Irak. Qu’en est-il de l’aide militaire ? Vous avez dit que vous vouliez que ça se fasse dans un cadre européen. Où en êtes-vous de vos discussions avec nos voisins ?

R – Prenons les choses une par une si vous le voulez bien. Sur le plan humanitaire, j’ai convoyé dimanche dernier dix-huit tonnes à destination d’Erbil. Dans les deux jours qui viennent, il va y avoir un nouvel envoi de vingt tonnes d’équipements, de potabilisation d’eau et de médicaments. Cela va être fait dans les deux jours et arrivera aussi dans la région kurde. Dans les jours suivants, un troisième envoi est prévu avec des vivres. Ça, c’est sur le plan humanitaire français. Sur le plan européen, j’ai demandé immédiatement à la suite de mon voyage, à l’Europe qu’on établisse un pont européen humanitaire. Pour que ce ne soit pas la France toute seule, ou la France et tel pays de manière désordonnée, mais que l’ensemble des pays d’Europe puissent coordonner leur action. Aujourd’hui même, il y a une réunion de ce qu’on appelle le COPS (Comité politique et de sécurité), c’est-à-dire des représentants des différents pays au niveau européen, pour mettre cela en musique, et j’espère que cela va être fait. Ça, c’est sur le plan humanitaire.

Q – Pour l’instant, aucun pays ne vous a donné son accord ?

R – La réunion d’aujourd’hui a pour but de coordonner l’action des différents pays européens. J’espère bien qu’ils vont donner leur accord. On ne peut pas rester sans réaction lorsqu’on voit des centaines et des milliers de gens, des enfants et des femmes mourir de faim. C’est de cela qu’il s’agit.

Q – Et pour l’aide militaire ?

R – Deuxio, il y a le politique et tertio, il y a le militaire. Sur le plan politique, vous avez vu ce qu’il se passe. Très heureusement, l’ancien Premier ministre M. Maliki qui était responsable d’une grande partie de ce désastre, a été remplacé par M. Al-Abadi que nous soutenons. Le président Massoum, qui est le président irakien, dit à M. Al-Abadi : «Vous êtes en charge», mais M. Maliki s’accroche si je puis dire. La position de la France est tout à fait claire : nous soutenons le Premier ministre qui a été désigné régulièrement et nous espérons bien qu’il y aura un gouvernement d’union nationale. Ça, c’est sur le plan politique interne.

Q – Et le troisième point, le plan militaire.

R – Le troisième point est l’aspect militaire. Il y a un déséquilibre évident parce que d’un côté, cet horrible groupe terroriste de l’État islamique dispose d’armes très sophistiquées, qu’ils ont d’ailleurs prises pour une bonne part à l’armée irakienne qu’ils ont mise en déroute. De l’autre côté, les Peshmergas, c’est-à-dire les combattants kurdes, sont extrêmement courageux mais n’ont pas les mêmes armes. On peut rester comme cela et dire : «C’est désolant, on n’y peut rien» mais telle n’est pas notre position. C’est la raison pour laquelle j’ai demandé à Mme Ashton de réunir au plus vite le Conseil des affaires étrangères, l’ensemble de mes collègues, pour qu’on prenne au niveau européen des décisions sur ce point.

[Columbo] Excusez-moi monsieur le ministre, je suis le lieutenant Columbo de la brigade criminelle. Désolé de vous déranger, mais il y a un point que je comprends mal… Vous nous dites qu’il faut armer les combattants kurdes car ils n’ont pas les “armes sophistiquées” qu’ont les terroristes.

Tiens, d’ailleurs ma femme me disait qu’elle n’avait pas vu d’armes spécialement “sophistiquées” à la télévision, mais on en reparlera plus tard…

Non, mais ce qui me chiffonne, c’est que vous dites que les terroristes les ont prises à l’armée régulière qu’ils ont même “mise en déroute”.

Alors je me demandais, sachant que ce sont les Américains qui avaient fourni à l’armée ces “armes sophistiquées”, comment les terroristes, qui sont des va nu-pieds, avaient réussi à battre l’armée irakienne professionnelle qui avait alors ces fameuses ”armes sophistiquées”, et pourquoi les Peshmergas n’arrivent pas à leur tour à les prendre aux troupes – cette fois non professionnelles – des terroristes ?

Je pose la question, car comme ma femme dit souvent “tu sais, il faut bien vérifier, car les politiques ont une sérieuse tendance à nous prendre pour des cons…”, et donc, je me demandais si, par hasard, on n’aurait pas armé des personnes non loyales qui auraient simplement retourné les armes contre nous…

Q – Pour le moment, il n’y a aucun accord avec d’autres pays ?

R – Il n’y a pas encore de date et je redemande que ce soit fait d’urgence. Je sais bien que dans les pays occidentaux, c’est la période des vacances, mais enfin quand il y a des gens qui meurent, j’allais dire qui crèvent, il faut revenir de vacances ! J’ai demandé et Mme Mogherini, la ministre italienne, aussi, que cela soit fait en urgence et j’attends que l’urgence soit respectée.

Q – Quel serait l’objectif ? Arrêter la progression de ces combattants islamistes ? C’est-à-dire les circonscrire à une région particulière ou les détruire et les empêcher de construire leur État islamique ?

R – Vous savez, quand vous voyez ce que font ces gens et ce qu’ils ont l’intention de faire, c’est en gros tuer tous ceux qui ne pensent pas comme ça, qui n’abjurent pas leur religion, pratiquer les tortures, les viols systématiques. Enfin, ce sont des gens absolument inhumains ! Il ne s’agit pas simplement de dire : «C’est regrettable. Passons notre chemin.» Il s’agit d’aider les Kurdes et les Irakiens à avoir les moyens de résister et, si possible, de les battre. Car leur objectif, Madame, ce qu’ils appellent le Khalifa islamique, ce n’est pas simplement l’Irak, c’est l’Irak, c’est la Syrie, c’est la Jordanie, c’est Israël, c’est la Palestine, excusez du peu. C’est ça, l’objectif. Et nous, nous tous, qui ne pensons pas comme eux, que ce soit au Proche ou Moyen-Orient ou en Europe, nous sommes des chiens à écraser et à détruire. Quand on est dans cette situation, il faut évidemment garder son calme, mais il faut aussi donner les moyens aux uns et aux autres de résister, et si possible de les neutraliser.

Faisons attention à un point, tout de même, j’attire votre attention là-dessus. C’est qu’il y a beaucoup de combats qui ont lieu au niveau des Kurdes, c’est-à-dire au Nord de l’Irak, mais vous avez vu peut-être que si les Kurdes ont pu reprendre deux villages hier, en revanche il y a une ville qui n’est pas loin de Bagdad, qui a été prise par l’État islamique. Quand vous regardez la carte, faites attention à ce qu’il n’y ait pas simplement l’attention portée sur ce qui se passe au Nord de l’Irak, mais il y a aussi la question de Bagdad. J’étais dimanche à Bagdad, qui est une ville totalement en état de guerre, vous avez des tanks à tous les coins de rues, et le front est à cent vingt kilomètres.

[Columbo] Excusez-moi de nouveau monsieur le ministre, c’est toujours le lieutenant Columbo de la brigade criminelle.

Désolé de vous déranger, mais il y a encore un point que je comprends très mal…

Vous nous dites qu’il faut armer les combattants kurdes, car on ne peut pas laisser des civils “crever” face à des terroristes (évidemment “inhumains” – et pour qui nous serions des “chiens à écraser et à détruire”), et qu’il faut envoyer de l’aide humanitaire et  leur donner les moyens de résister.

Alors je comprends mal, parce que hier, je regardais sur Internet (là par exemple) avec ma femme des vidéos atroces de pauvre civils innocents massacrés par les bombes de leur propre armée dans l’Est de l’Ukraine. Et vous venez de dire plus haut qu’il ne fallait pas laisse passer un convoi humanitaire, et qu’il fallait sanctionner la Russie que vous accusez (sans preuves, mais on y reviendra) d’armer les Ukrainiens de l’Est, que ma femme trouve d’ailleurs aussi “courageux” que les Peshmergas, et qui, eux non plus, n’ont pas les mêmes “armes sophistiquées” que l’armée ukrainienne.

Or, je rappelle aussi avoir entendu (et on peut l’écouter ici) l’ancienne Premier ministre ukrainienne, dont le bras droit est l’actuel Premier ministre, dire que : Il est temps de prendre nos armes et d’aller tuer ces maudits russes ainsi que leur leader. J’aurais trouvé un moyen de tuer ces connards. [...] J’espère que je serai capable d’impliquer toutes mes relations. Et j’utiliserai tous mes moyens pour faire se soulever le monde entier afin qu’il n’y ait même plus un champ brulé en Russie. [...] Ils doivent être détruits avec des armes nucléaires.“, ce qui pourrait tout de même permettre de conclure que bons nombre de dirigeants ukrainiens considèrent les Russes comme “des chiens à écraser et à détruire.”

Et donc, je me demandais, avec vos positions, si un Russe ne pourrait pas penser, à raison, qu’on se fout vraiment du monde en général, et d’eux en particulier ?

Source: http://www.les-crises.fr/exclusif-laurent-fabius-contre-colombo-ca-marche/