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[Fascinant] La BCE demande aux banques grecques de ne plus acheter de dette d’Athènes

Wednesday 25 March 2015 at 15:46

C’est quand même fascinant cette histoire…

L’État grec se finance en émettant des obligations à court terme ; mais comme plus personne n’en veut, seules ses banques privée en achètent. Elles en déposent ensuite une partie à la Banque centrale de Grèce en échange de liquidités d’urgence.

Alors d’un côté, trèèèès courtermiste, la BCE a raison : c’est très dangereux pour les banques.

Mais d’un autre, cela va garrotter le gouvernement grec, qui n’aura que 2 solutions : ou tout céder à l’UE, et dans les grandes largeurs ; ou bien quitter l’euro, et tout faire péter.

Ils sont donc trèèès joueurs à la BCE là – et ça en est fascinant, de mettre une pression folle, faisant fi de contraintes politiques de base sur quelqu’un qui peut vous détruire. Ou bien ils savent que Syriza n’est qu’une grosse baudruche… À suivre donc – parce que dans ces conditions, cela ne va pas durer très longtemps…

La Banque centrale européenne estime que la dette du pays fait peser un risque sur les établissements financiers grecs, a indiqué mercredi à l’AFP une source au fait du dossier. Or, ces derniers permettent à Athènes de se maintenir à flot financièrement…

La BCE, chargée depuis novembre 2014 de la supervision des banques européennes en sus de son mandat de politique monétaire, met désormais la pression sur les établissements financiers grecs.

Elle s’émeut du “risque que le bilan (des banques grecques) soit plombé par des actifs de mauvaise qualité”, a expliqué une source au fait du dossier à l’AFP, mercredi 25 mars. L’institution a intimé aux banques “de ne pas augmenter leur risque” dans une “communication” cette semaine. Elle leur demande notamment d’arrêter d’acheter de la dette d’Athènes.”C’est quelque chose à prendre au sérieux”, de la part des banques, a précisé la source, qui s’exprimait sous couvert d’anonymat.

Le Financial Times et le Wall Street Journal avaient auparavant fait état d’une lettre envoyée mardi 24 mars aux banques hellènes. La BCE n’a pas commenté ces informations.

Athènes écoule ses bons du trésors auprès des banques grecques
C’est principalement auprès des banques grecques qu’Athènes écoule les bons du trésor émis à intervalles réguliers, qui lui servent à rembourser les précédents et à se maintenir à flot financièrement, alors que les caisses de l’Etat sont presque à sec. Mais la dette grecque est considérée comme un investissement “pourri” par les agences de notation.

Par ailleurs, la BCE a arrêté début février d’accepter de la part des banques leurs obligations souveraines grecques comme garanties dans ses opérations hebdomadaires de prêts, importante source de financement pour elles. Avant cette date, les banques grecques bénéficiaient d’un régime de faveur leur permettant d’apporter ces titres en garantie, mais les incertitudes entourant l’avancement d’Athènes dans ses réformes depuis l’arrivée au pouvoir fin janvier du gouvernement d’Alexis Tsipras ont conduit l’institution à faire sauter ce dispositif.

Les banques grecques se refinancent à l’heure actuelle auprès de la banque centrale du pays, avec des prêts d’urgence, plus chers pour elles, dans le cadre d’un mécanisme appelé ELA et approuvé par la BCE.

Source : La Tribune

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Grèce : derrière les sourires, le noeud coulant se resserre encore

Angela Merkel et Alexis Tsipras ont voulu détendre l'atmosphère lundi, mais sans avancer sur les dossiers.

Angela Merkel et Alexis Tsipras ont voulu détendre l’atmosphère lundi, mais sans avancer sur les dossiers. (Crédits : Reuters)

Romaric Godin  |  24/03/2015

La visite d’Alexis Tsipras à Berlin a donné une impression de détente. En réalité, la pression continue à augmenter sur le gouvernement grec qui ne devrait avoir d’autres choix que de céder aux réformes voulues par les Européens.

La visite d’Alexis Tsipras à Berlin a atteint son but : celui de ramener un semblant de calme et de respect dans la crise avant tout politique qui oppose la Grèce à ses créanciers. Finis donc, du moins en apparence, les débats sur les doigts d’honneur et les menaces de part et d’autres. Place aux sourires et aux échanges d’amabilités. Du moins en apparence.

Maintien de la situation objective

Car, dans les faits, ce voyage n’a rien réglé. La situation objective reste la même que celle qui a commencé le 20 février dernier avec l’accord (qui prend de plus en plus la forme d’un pseudo-accord) au sein de l’Eurogroupe. La Grèce a un besoin pressant de liquidités et ses créanciers européens attendent qu’elle se range à « leur » raison pour libérer les fonds. Ce lundi 23 mars, Angela Merkel n’a, en réalité, pas bouger d’un pouce. Elle a même précisé explicitement (mais avec le sourire de circonstance) qu’elle ne pouvait en réalité rien pour la Grèce. Selon Bild Zeitung, citant des « participants » aux discussions, il n’a, du reste, été discuté de rien de concret concernant ce problème. Autrement dit, Angela Merkel a renvoyé Alexis Tsipras face à l’Eurogroupe et à la troïka. On revient donc au point de départ.

Un apaisement inquiétant ?

Concrètement, cette visite du premier ministre hellénique à la chancellerie n’a donc été qu’une entreprise de communication. Elle rassure tout le monde. Mais en réalité, elle est fort inquiétante, car elle prouve que Berlin reste dans sa position hiératique d’attente. Et qu’attend Angela Merkel ? Qu’Athènes propose enfin une liste de réformes conforme à ce que l’on entend par réformes chez les hauts fonctionnaires européens. Lundi, du reste, fort opportunément, l’agence allemande DPA annonçait que « selon des sources proches du ministère grec des Finances », la Grèce pourrait proposer un relèvement de la TVA sur les nuitées d’hôtel, le tabac et l’alcool, une hausse de la taxe de séjour dans les îles, un relèvement à 67 ans (contre 62 ans aujourd’hui, même s’il sera toujours possible de partir à cet âge avec 40 ans de cotisations) de l’âge minimal de départ à la retraite et une accélération des privatisations. Ce programme pourrait être en réalité les conditions auxquelles les créanciers sont prêts à accorder quelques milliards d’euros à la Grèce.

La carotte et le bâton

On comprend donc aisément la stratégie d’Angela Merkel : elle n’a aucune raison d’avancer autrement que sur le plan de la communication. Dans les faits, le temps joue pour elle. Plus les caisses grecques se vident, moins Alexis Tsipras n’aura le choix des « réformes. » Ce qui importe pour Berlin comme pour Bruxelles, c’est avant tout de dissimuler cette stratégie du « nœud coulant » où l’on laisse le patient grec s’asphyxier de plus en plus jusqu’à ce qu’il accorde tout ce qu’on lui demande. D’où ces sourires et cette bonne volonté affichée. D’où aussi les deux milliards d’euros de « fonds inutilisés » qui vont être mis à la disposition de la Grèce par l’Union européenne. Une manne subitement découverte et qui vient fort opportunément « réparer » l’impair d’un fonctionnaire de la Commission qui, mardi 17 mars, avait voulu bloquer la mise en place de la loi sur l’urgence humanitaire. Et pour enfoncer le clou, voici que Jean-Claude Juncker lui-même adopte le vocabulaire de Syriza et parle d’urgence humanitaire.

Pourquoi la Commission a-t-elle subitement découvert et libéré ces fonds «inutilisés » ? On peut faire confiance aux fonctionnaires européens pour trouver une réponse « rationnelle » à cette question. Mais, en réalité, c’est une opportunité supplémentaire de convertir le nouveau gouvernement grec aux « bonnes » réformes. Avec ces 2 milliards d’euros, qui sont une bonne nouvelle pour l’économie grecque qui en a fort besoin, Alexis Tsipras dispose, s’il le souhaite d’un argument supplémentaire pour « vendre » les réformes promues par les Européens aux Grecs et les faire accepter par la population et la majorité à la Vouli, le parlement grec. Bref, Bruxelles joue la carotte, l’Eurogroupe le bâton. Mais le but est le même : faire accepter au gouvernement Syriza des réformes qu’il pouvait le 25 janvier juger inacceptables.

Ce que la Grèce pourrait obtenir : du temps

Dans ces conditions, on voit mal comment Alexis Tsipras pourrait résister. Selon le porte-parole du gouvernement, une liste de réformes « qui n’auront pas d’impact récessif sur l’économie » sera présentée d’ici à lundi. Dans la foulée, selon des informations publiées le 23 mars par le quotidien grec To Vima, si l’Eurogroupe valide cette liste, 4,9 milliards d’euros pourraient être débloqués. Il s’agira de 1,2 milliard d’euros de la dernière tranche de l’aide européenne, du déblocage des 1,9 milliard d’euros d’intérêts engrangés par la BCE sur les bons grecs et de 1,8 milliard d’euros de remboursement d’aide bancaire trop perçue par le fonds européen de stabilité. De quoi tenir jusqu’en… juillet, date à laquelle la Grèce va devoir rembourser 3,5 milliards d’euros à la BCE. Autrement dit, les créanciers de la Grèce vont conserver la maîtrise du temps. Ils vont défaire un peu le nœud coulant, puis recommencer à serrer. Avec toujours le même but : ne pas laisser d’initiatives à Athènes, notamment sur la renégociation de la dette dont on notera qu’il n’est plus guère question.

Comment faire passer les réformes en Grèce ?

L’enjeu pour Alexis Tsipras sera désormais de faire passer ses reculs pour des victoires. Il dispose de quelques arguments : les 2 milliards d’euros de l’UE, on l’a vu, pèsent lourd (c’est plus de 1 % du PIB), mais il peut aussi insister sur cette loi pour gérer la crise humanitaire qu’il est parvenu à faire adopter, malgré la résistance de l’UE ou sur le nouvel objectif d’excédent primaire pour 2015 (qui reste à définir). Surtout, Alexis Tsipras pourra s’appuyer sur un argument massue : il faut stopper la détérioration de l’économie, condition nécessaire à l’application du programme de Syriza. Et pour cela, il faut accepter les conditions de l’Eurogroupe. A ce point, le nœud coulant aura réalisé parfaitement son œuvre. Sera-ce suffisant pour conserver sa majorité parlementaire et sa très grande popularité alors qu’il pourrait accepter une hausse de la TVA que même le gouvernement précédent avait refusée ? Les Grecs semblent désormais surtout soucieux de sortir de la crise, et on les comprend. Il devrait pouvoir passer dans l’opinion.

Triple revers pour Alexis Tsipras ?

Reste néanmoins que si ce scénario se confirme, Alexis Tsipras aura subi un triple revers, même s’il faudra se garder de juger son gouvernement au bout de deux mois avec des exigences démesurées. Le premier, c’est le maintien de la Grèce dans ce « péonage » de la Grèce décrit par l’économiste Costas Lapavitsas et qui consiste à mobiliser l’essentiel des ressources de l’Etat pour le remboursement des créanciers. Le second, ce sera de ruiner la marge de manœuvre des partis proches de Syriza en Europe en prouvant qu’une victoire électorale ne permet pas réellement de renverser la vapeur. Enfin, il hypothèque l’avenir des négociations, en se retrouvant dans une situation étroite de dépendance et en ayant fait aveu de faiblesse.

Victoire des créanciers ?

Pour autant, chacun, Grecs comme créanciers, devrait, au final, se considérer comme vainqueur. Mais il n’est pas certain que la victoire des créanciers ne soit rien d’autre qu’une victoire à la Pyrrhus. Leurs « réformes » ne permettront pas de redresser réellement la Grèce et cette « victoire » ne découragera guère les électeurs des partis « populistes » dans d’autres pays, notamment ceux qui prônent des solutions plus radicales et qui, en réalité, se trouvent renforcés par l’autisme de l’Eurogroupe, dans leur idée que seule la rupture paie…

Source : Romaric Gaudin, La tribune, 24/03/2015

Source: http://www.les-crises.fr/fascinant-la-bce-demande-aux-banques-grecques-de-ne-plus-acheter-de-dette-dathenes/