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[Guerre 2] L’administration Obama intensifie l’imprudente confrontation avec la Russie, par Stephen F. Cohen

Tuesday 16 February 2016 at 02:08

Stephen F. Cohen est un grand universitaire américain spécialiste de la Russie soviétique, ancien conseiller de George H. W. Bush lors de l’effondrement de l’URSS.

Source : Le Figaro, 10/02/2016

Les 28 pays membres de l’Otan ont adopté mercredi à Bruxelles de nouvelles dispositions pour dissuader la Russie de toute initiative militaire dans les pays baltes et en Europe de l’Est.

On est chez les cinglés à ce stade… Triste époque.

C’est l’une des conséquences de l’annexion de la Crimée par la Russie il y a près de deux ans, et des tensions dans l’est de l’Ukraine: l’Otan va renforcer sa présence militaire en Europe de l’Est et dans les pays baltes. Réunis à Bruxelles, les ministres de la Défense des 28 pays alliés, ont approuvé mercredi «une présence avancée dans l’Est de l’Alliance» atlantique, a déclaré le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg.

En cas d’attaque éventuelle, l’objectif est de déployer rapidement des forces terrestres, aériennes et navales dans les régions menacées. Selon un principe de rotation, il s’agit aussi de prépositionner des forces dans les États baltes et en Pologne, d’y installer des entrepôts et d’organiser régulièrement des manœuvres conjointes en s’appuyant sur la force de réaction rapide. Les ministres de la Défense ont aussi convenu de porter les effectifs de la force de réaction rapide de 13.000 à 40.000 hommes, et de créer une force d’intervention encore plus réactive, opérationnelle en quelques jours, forte de 5.000 hommes et dotée d’un appui aérien et naval.

L’an dernier, les ministres de la Défense de l’Otan avaient déjà décidé de renforcer la présence de l’Otan en Europe de l’Est pour rassurer les pays alliés d’Europe de l’Est, comme l’ouverture de centres logistiques, le prépositionnement de matériel, l’envoi d’avions de chasse dans les pays baltes ou le déploiement de davantage de navires en mer Baltique et en mer Noire.

Les États-Unis vont investir 3 milliards d’euros

À terme, l’Otan aura un millier de soldats dans chacun des six pays qu’elle entend protéger : Lituanie, Lettonie, Estonie, Pologne, Bulgarie et Roumanie. Ces troupes seront appuyées par la force de réaction rapide interarmées qui réunit aviateurs, marins et membres des forces spéciales. Lors de son prochain sommet en juillet à Varsovie (Pologne), l’Otan devrait donner plus de détails sur ce déploiement.

Dans ce cadre, les États-Unis vont en profiter pour muscler leur présence militaire en Europe. Washington veut consacrer en 2017 un budget de 3,4 milliards de dollars (3 milliards d’euros) à cette «initiative de réassurance européenne». «Cela ne ressemblera pas à ce qui se passait au temps de la Guerre froide mais constituera quand même une sérieuse dissuasion», a commenté le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, qui a souligné la nécessité pour tous les États membres de l’Otan de contribuer à ce financement.

Le secrétaire général de l’Alliance, Jens Stoltenberg, doit rencontrer le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, vendredi à Munich. Il lui expliquera qu’il s’agit de mesures défensives. «Notre dissuasion est basée sur une combinaison de cette présence avancée, et de notre capacité à renforcer rapidement, si besoin» les troupes déjà déployées à l’Est, a souligné Jens Stoltenberg, alors que Moscou met régulièrement en garde contre le «stationnement permanent» de forces de combat alliées à sa frontière qui serait contraire à l’Acte fondateur Otan-Russie, signé en 1997.

(avec Reuters et AFP) Source : Le Figaro, 10/02/2016

L’administration Obama intensifie l’imprudente confrontation avec la Russie, par Stephen F. Cohen

En quadruplant les dépenses militaires sur les forces de l’OTAN à la frontière de la Russie, Washington risque de transformer la nouvelle guerre froide dans une brulante…

Par Stephen F. Cohen, The Nation – 9 février 2016

Des soldats américains déployés en Estonie prennent part à l’opération Atlantic Resolve, visant à démontrer l’engagement des alliés de l’OTAN.

L’administration Obama vient d’imprudemment intensifier sa confrontation militaire avec la Russie. L’annonce du Pentagone qu’il va plus que quadrupler les dépenses militaires des forces des États-Unis et l’OTAN dans les pays sur ou à proximité des frontières de la Russie pousse la nouvelle guerre froide vers une guerre réelle, peut-être même nucléaire.

Le mouvement est sans précédent dans les temps modernes. À l’exception de l’invasion de l’Union soviétique par l’Allemagne nazie, la puissance militaire occidentale n’a jamais été placée si près de la Russie. La décision de l’administration Obama est dans le style de roulette russe de Washington, ce qui rend la nouvelle guerre froide encore plus dangereuse que la précédente. La Russie va certainement réagir, probablement en déplaçant plus de ses propres armes lourdes, y compris des missiles avancés, à ses frontières occidentales, peut-être même avec un certain nombre d’armes nucléaires tactiques. En effet, une nouvelle et plus dangereuse course américano-russe  aux armements nucléaires est en cours depuis plusieurs années, que la récente décision de l’administration Obama ne peut qu’intensifier.

Cette décision aura également d’autres conséquences lamentables. Elle va saper les négociations en cours entre le secrétaire d’État John Kerry et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov sur les crises ukrainienne et syrienne, et elle continuera à diviser l’Europe elle-même, qui est loin d’être unie sur une approche de plus en plus belliciste de Washington envers Moscou.

Étonnamment, ces développements potentiellement fatals ont à peine été rapportés dans les médias américains, et il n’y a pas eu de débat public, pas même parmi les candidats à la présidentielle actuels au cours de leurs débats. Jamais dans les temps modernes une telle situation internationale désastreuse été tellement ignorée dans une campagne présidentielle américaine. La raison peut être que tout ce qui concerne la nouvelle guerre froide dans les relations américano-russes depuis que la crise ukrainienne a éclaté en novembre 2013 a été attribuée à la seule «agression» du président russe Vladimir Poutine ou à “la Russie de Poutine” – une affirmation très discutable , mais correspondant à la narrative habituelle dans les médias.

Chaque candidat à la présidentielle et les autres dirigeants des deux partis, ainsi que les rédacteurs et les écrivains dans les grands médias qui prétendent couvrir la campagne 2016, l’état de notre nation, et les affaires du monde sont professionnellement et moralement tenus de mettre ces évolutions désastreuses au premier plan.

Sinon, ils seront sévèrement jugés par l’histoire – à la condition toutefois qu’il y ait encore quelqu’un pour l’écrire…

Par Stephen F. Cohen, The Nation – 9 février 2016

P.S. en complétement une interview en anglais :


Source: http://www.les-crises.fr/ladministration-obama-intensifie-limprudente-confrontation-avec-la-russie-par-stephen-f-cohen/