John Pilger, qui a succombé à une fibrose pulmonaire à l’âge de 84 ans, était un journaliste qui n’hésitait jamais à dire l’inavouable. Pendant un demi-siècle, dans les journaux et dans ses films documentaires – souvent pour ITV, mais plus tard aussi au cinéma – il est devenu une voix de plus en plus forte pour ceux qui n’ont pas de voix, et une épine dans le pied de ceux qui détiennent l’autorité.
Source : The Guardian, Anthony Hayward
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Il était un fervent critique de la politique étrangère des États-Unis et du Royaume-Uni. En 2006, lors d’une table ronde organisée à l’université de Columbia, à New York, pour discuter de Breaking the Silence : War, Lies and Empire [Briser le silence : la guerre, les mensonges et l’Empire, NdT], Pilger a affirmé que « les journalistes du soi-disant courant dominant portent une grande part de responsabilité » dans la dévastation et les vies perdues en Irak, en ne remettant pas en question et en n’exposant pas « les mensonges de Bush et de Blair. »
L’impact du journalisme de Pilger a été énorme. En 1979, il est entré au Cambodge après que les Vietnamiens eurent chassé Pol Pot et les Khmers rouges meurtriers. Dans un reportage qui a occupé une grande partie de la première moitié du Daily Mirror, il a révélé que plus de deux millions de personnes, sur une population de sept millions, étaient probablement mortes à la suite d’un génocide ou de la famine, tandis que deux autres millions risquaient de mourir de pénuries alimentaires ou de maladies.