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L’ultimatum des républicains à Vlad, par Pat Buchanan

Thursday 7 August 2014 at 02:01

Patrick Joseph « Pat » Buchanan est un journaliste et homme politique américain, commentateur politique sur la chaine MSNBC, cofondateur du magazine The American Conservative et cofondateur de la fondation paléo-conservatrice The American Cause. Conseiller politique des présidents Richard Nixon, Gerald Ford et Ronald Reagan, il fut deux fois candidat à l’investiture républicaine de la présidence des États-Unis et a reçu en 2000 la nomination du Reform Party of the United States of America pour l’élection présidentielle des États-Unis d’Amérique 2000.

Par Patrick J. Buchanan, 29 juillet 2014

Le parti républicain étant de nouveau uni, on peut s’attendre à ce qu’il prenne le contrôle du Sénat en Novembre, en plus de déjà contrôler la Chambre des Représentants.

Mais avant que les conservateurs orthodoxes ne se réjouissent trop vite, il leur serait judicieux de s’intéresser de près à la politique étrangère qu’ils voudront imposer à la nation.

En particulier, ils devraient prendre le temps de lire le projet de loi S. 2277, le “Russian Aggression Prevention Act of 2014″ (la loi de 2014 visant à empêcher une agression russe), texte introduit par le Sénateur Bob Corker le 1er mai, et soutenu par la moitié du comité républicain au Sénat.

En tant que cadre républicain au comité des relations internationales, Corker est sur la bonne voie pour devenir président du Sénat, si son parti remportaient les élections. Sous cet angle, cette proposition pose un problème majeur.

Le texte de Corker aurait pour conséquence de considérer la Moldavie, la Géorgie et l’Ukraine comme “alliés majeurs hors-OTAN” des Etats-Unis. Il permettrait en outre de déployer des forces de l’OTAN en Pologne, Lituanie, Estonie, Lettonie ; d’accélérer la mise en place des systèmes de missiles anti-missiles en Europe de l’Est, et d’autoriser les américains à fournir une aide en renseignements ou en conseillers à l’armée Ukrainienne, qui fait face aux séparatistes appuyés par la Russie dans le Donbass.

Le texte S. 2277 amènerait le Secrétaire d’Etat à intensifier ses pressions pour solidifier les institutions démocratiques au sein de la Fédération de Russie, c’est-à-dire, par la subversion, à affaiblir le gouvernement de Poutine et à entrevoir un changement de régime.

Si Poutine, au bout de 7 jours, n’abandonnait pas la Crimée et n’interrompait pas son aide aux rebelles séparatistes d’Ukraine, alors un bouquet de sanctions serait imposé aux officiels russes, aux banques et aux compagnies d’énergie, dont Gazprom.

Pour faire court, c’est un ultimatum à la Russie: elle devra faire face à une nouvelle guerre froide si elle ne quitte pas l’Ukraine et la Crimée. Et cette déclaration étasunienne considérerait d’anciennes républiques soviétiques (la Moldavie, l’Ukraine et la Géorgie) comme des alliés.

Un pays petit et faible serait contraint d’accepter un tel diktat de la part d’une superpuissance.

Mais en Russie l’anti-américanisme est virulent et bien ancré dans les esprits, et les actions de Poutine en Ukraine reçoivent le soutien public. La Russie veut que Poutine dise aux Américains ce qu’ils peuvent en faire de leur ultimatum.

Ainsi, la réponse Russe n’est pas difficile à prévoir.

Nos demandes pour qu’elle quitte la Crimée et qu’elle abandonne sa base navale bicentenaire de Sébastopol à Poroshenko et ses alliés étasuniens, seront balayées par un ricanement.

Poutine nous expliquerait que la Russie a voté son retour en Russie. Il nous dirait: “ça c’est à nous et on va le garder. Débrouillez-vous avec ça.”

Pour donner du sens à notre nouvelle ligne rouge, on enverrait alors des armes à Kiev. Dans ce cas la Russie, de par ses forces plus importantes dans la région, envahirait alors l’Est de l’Ukraine, par précaution.

Que ferait nos alliés de l’OTAN à ce moment-là ?

Face à la directive imposant au Département d’Etat de collaborer avec les ONG en Russie, ce qui est une ingérence flagrante dans les affaires internes d’une nation souveraine, la Russie répondrait en expulsant toutes ces organisations de Moscou.

Resterions-nous assis les bras croisés si une telle ingérence se produisait aux Etat-Unis ? Pourquoi devrions nous penser que eux ne feraient rien ?

Et de quel droit pourrions nous dire aux Russes quel type de gouvernement ils devraient avoir ? En faisons nous de même avec nos amis en Arabie Saoudite ou au Koweït ? Y-a-t’il plus de libertés en Egypte, où nous envoyons chaque année des milliards d’aide étrangère, qu’en Russie ?

Y-a-t’il plus de libertés en Chine?

Comment Pékin réagira-il si Corker et les autres déclaraient ouvertement, non seulement leur droit mais aussi leur intention de faire passer des fonds américains à des organisations civiles pour mettre un terme à la loi Chinoise du Parti unique?

Le peuple russe, soutenant aujourd’hui Poutine à 80 %, semble plus heureux avec son gouvernement que les Américains le sont avec le nôtre.

Mais c’est peut-être cette idée d’installer une défense anti-missile balistique, un système ABM, en Pologne et en république Tchèque, qui est la plus dangereuse de toutes.

Poutine a déjà indiqué que cela constituerait le franchissement de la ligne rouge, que si nous commencions à implanter des missiles anti-missiles en Europe de l’est, il répondrait en installant des missiles offensifs.

Le traité INF Reagan-Gorbachev pour éliminer tous les missiles nucléaires de portée intermédiaire d’Europe – les SS-20 soviétiques et nos missiles Pershing II – serait à jeter à la poubelle.

Une mini-crise des missiles cubains pourrait avoir lieu en Europe de l’Est.

Comment nos alliés allemands réagiraient-ils au déploiement de missiles à Kaliningrad, l’ancienne capitale prussienne du Konigsberg, coincées entre la Lituanie et la Pologne ?

La Russie et l’Ukraine sont des nations siamoises depuis un millénaire. Quand, où et comment se sont-elles séparées et sont devenues notre préoccupation stratégique ?

Sous la présidence Obama, les Etats-Unis ont refusé d’intervenir dans des conflits internes en Syrie, Ukraine ou en Libye ainsi que de revenir en force en Iraq. Il nous retire d’Afghanistan. L’impérialisme américain se replie. Le retranchement est en cours.

Si l’offre alternative des républicains à Obama est un retour à l’interventionnisme forcené de Bush fils, cela obligera certains d’entre nous à quitter le navire…

Patrick J. Buchanan

Source : antiwars.com, traduction collective pour www.les-crises.fr 

 

Source: http://www.les-crises.fr/l-ultimatum-des-republicains-a-vlad/