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La Russie doit travailler avec les États-Unis en Syrie, et non pas contre eux, par Zbigniew Brzezinski

Thursday 22 October 2015 at 03:38

Source : The Financial Times, le 29/09/2015

Nous devrions persuader Moscou d’agir en collaboration avec nous pour résoudre le problème syrien, écrit Zbigniew Brzezinski

Un chasseur russe atterrit en Syrie, le 1er octobre ©Reuters

Nous savons tous comment la Première Guerre mondiale a commencé. Des actes de violence individuels répétés ont déclenché des opérations militaires majeures, opérations qui manquaient autant d’une orientation stratégique globale que d’objectifs clairs. Le reste est de l’histoire : quatre ans de boucherie pour des buts définis largement après les faits par les puissances victorieuses.

Il est encore temps d’éviter une désastreuse reproduction de ce scénario, qui cette fois-ci déstabiliserait le Moyen-Orient et tout spécialement la Syrie. J’ai soutenu Barack Obama dans sa décision initiale de ne pas utiliser la force pour résoudre la tragédie syrienne. L’utilisation des forces américaines pour évincer Bachar el-Assad – si ardemment défendue par certains de nos amis au Moyen-Orient – n’a pas de sens en l’absence d’un véritable consensus national en sa faveur, que ce soit en Syrie, ou aux États-Unis.

OB : soulignons ici sa real-politic bienvenue…

En outre, que cela nous plaise ou non, M. Assad n’était ni enclin à obtempérer aux demandes pressantes de Washington lui demandant de quitter le pouvoir, ni intimidé par nos efforts confus visant à organiser une véritable résistance démocratique face à son régime.

Cependant, une avancée a depuis lors été effectuée dans les négociations nucléaires très difficiles avec l’Iran, pour lesquelles les États-Unis et la Russie ont coopéré avec d’autres grandes puissances afin de surmonter les obstacles. On aurait donc pu croire que la prochaine étape à franchir pour arriver à une résolution du problème syrien pouvait impliquer un nouvel effort commun, cette fois avec l’aide des acteurs si importants que sont la Chine et la Russie.

Au lieu de cela, Moscou a choisi l’intervention militaire, sans aucune coopération politique ou tactique avec les États-Unis – la principale puissance étrangère engagée directement, mais si peu efficacement, à destituer Mr Assad. Dans ce but, il a lancé des attaques aériennes contre des éléments syriens qui sont soutenus, formés et équipés par les Américains,

OB : dont des membres d’Al-Qaïda Syrie, hein…

infligeant des dégâts et faisant des victimes.

OB : c’est le but des Russes en effet, ce qui change…

(donc une mobylette et deux pelleteuses, dont une a survécu – coriace la pelleteuse syrienne…)

Au mieux, c’était une illustration de l’incompétence militaire russe ; au pire, la preuve d’une volonté dangereuse de mettre en évidence l’impuissance politique américaine.

1 Les Russes reconnaissent toujours Assad comme le président légitime Syrien

2 Assad appelle les Russes à l’aide face à une rébellion islamiste armée

3 Les russes bombardent les islamistes, armés par les États-Unis

Faut être Américain pour voir une preuve de l’incompétence militaire russe, mais bon…

Dans les deux cas, l’avenir de la région et la crédibilité des ÉU aux yeux des pays du Moyen-Orient sont tous deux en jeu. Dans ce contexte évoluant très rapidement les États-Unis n’ont qu’une seule option valable pour protéger leurs intérêts dans la région : demander à Moscou de cesser les actions militaires qui les touchent directement. La Russie a le droit de soutenir M. Assad, si elle le souhaite – mais toute répétition de ces attaques pourrait provoquer des représailles.

Al-Qaïda Syrie = un intérêt militaire américain dans la région, ok.

La Russie peut soutenir M. Assad, mais sans attaquer les rebelles qui le combattent. Elle peut donc envoyer à Assad autant de SMS de soutien qu’elle le souhaite, CQFD.

Les présences navales et aériennes russes en Syrie sont fragiles, géographiquement isolées par rapport à leur patrie. Elles pourraient être rendues inoffensives si elles persistaient à provoquer les ÉU.

Bombarder Al-Qaïda Syrie = provoquer les États-Unis, ok

Mais, mieux encore, on pourrait persuader la Russie d’agir en collaboration avec les ÉU pour une résolution de ce problème régional qui dépasse largement les intérêts d’un seul État.

Si cela devait arriver, même une collaboration politique et militaire ÉU-Russie limitée sur le Moyen-Orient pourrait favoriser un développement géopolitique positif supplémentaire : l’engagement constructif de la Chine à contenir les dangers d’un embrasement général du Moyen-Orient. Pékin a un enjeu économique important dans la prévention d’un plus grand conflit au Moyen-Orient. La Chine aurait intérêt non seulement à éviter la propagation de ce chaos, mais aussi à accroître son influence régionale.

La France et la Grande-Bretagne ne peuvent plus jouer de rôle décisif au Moyen-Orient.

RIP François Hollande

Les ÉU, eux, trouvent qu’il est difficile de le jouer seuls. La région elle-même est divisée selon des lignes de fracture confessionnelles, ethniques et territoriales, et elle s’enfonce dans une violence de plus en plus grande. Cela demande une assistance étrangère mais pas sous une nouvelle forme de domination néocoloniale.

“L’assistance étrangère” a déjà bien aidé à l’enfoncement dans la violence ne fait…

La puissance américaine, utilisée intelligemment et de manière décisive pour la mise en place d’une nouvelle formule pour la stabilisation de la région, est nécessaire.

Comme en Irak et en Libye…

La Chine préfèrerait sans doute rester sur la touche. Il se peut qu’elle attende le bon moment pour tirer les marrons du feu. Mais le chaos régional pourrait facilement se propager vers le nord, submergeant ensuite l’Asie centrale et du nord-est. La Russie et la Chine pourraient alors être affectées. Mais les intérêts américains et des amis de l’Amérique – pour ne pas parler de la stabilité régionale – souffriraient également. Il est temps, donc, d’une stratégie audacieuse.

L’auteur est l’ancien conseiller sur la sécurité nationale de Jimmy Carter, ancien président des États-Unis d’Amérique

Source : The Financial Times, le 29/09/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

 

Source: http://www.les-crises.fr/la-russie-doit-travailler-avec-les-etats-unis-en-syrie-et-non-pas-contre-eux/