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La dévotion vide de la presse américaine, par Chris Hedges

Monday 2 April 2018 at 05:00

Source : Truthdig, Chris Hedges, 11-03-2018

M. Fish / Truthdig

Étourdie par son tout nouveau sentiment de mission et de raison d’être, la presse mène une croisade morale contre Donald Trump. Les stations de radio et les publications papier ont perdu leur traditionnelles prétentions « d’impartialité » et « d’objectivité ». Elles fulminent contre Trump, l’inculpant – à tort – d’avoir été élu grâce à l’ingérence russe et le traitant de menteur, d’ignorant et d’incompétent. Ils donnent du temps d’antenne à ses critiques les plus virulents et à ses étranges partenaires, telles qu’Omarosa Maniguault-Newman, une ancienne star de « The Apprentice » à présent conseillère congédiée de la Maison Blanche et Stormy Daniels, une actrice de film X qui affirme avoir eu une relation d’ordre sexuelle avec Trump. C’est un très bon divertissement. C’est très bon pour l’audimat. C’est très bon pour les profits. Mais ce n’est pas moral et ce n’est pas du journalisme.

La dévotion vide est un masque pour l’intérêt personnel. Elle s’accompagne de la vénération des politiques en place, des généraux, des patrons du renseignement, des directeurs d’entreprise et des apologistes mercenaires qui ont mené le coup d’État des entreprises à l’origine de notre système de « totalitarisme inversé ». Ces organisations d’entreprise qui ont une grande emprise sur le pays et qui ont supervisé sa désindustrialisation et le démembrement de ses institutions démocratiques, plongeant plus de la moitié du pays dans un état chronique de pauvreté et de misère, sont inattaquables. Elles sont décrites comme des forces au service du progrès. Les criminels de Wall Street, y compris les directeurs de firmes financières telles que Goldman Sachs sont traités avec révérence. La liberté de commercer est assimilée à la liberté. Les représentants démocrates tels que Barack Obama – qui a attaqué les libertés individuelles, a transféré des millions de dollars aux oligarques régnants, a étendu les guerres de drones pour permettre l’assassinat ciblé de citoyens américains et a eu recours à l’Espionage Act pour faire taire les journalistes d’investigation – sont acclamés comme des champions de la démocratie. On parle avec dévotion des processus démocratiques, des libertés, des politiques électorales et des droits inscrits dans notre Constitution, de la procédure officielle à la vie privée, qui n’existent plus. C’est un grand jeu de tromperie sous couvert d’une moralité vide de sens.

Ceux qui sont mis de côté par le capitalisme des grandes entreprises – Noam Chomsky les appelle les « unpeople », les non-personnes – sont rendus invisibles et dans le même temps sont insultés. Les « experts » dont les opinions sur toutes les questions sont amplifiées, allant des problèmes économiques à l’impérialisme et à la politique, sont au service de think tanks financés par des entreprises, tels que l’Heritage Foundation et l’Institut Américain de l’Entreprise, ou sont d’anciens haut-responsables militaires et du renseignement, ou sont des politiques responsables de l’échec de notre démocratie, et sont généralement employés par ces grandes entreprises. Les chaînes d’information ont aussi l’habitude incestueuse de donner la parole à leurs propres célébrités journalistiques. L’ancien directeur de la CIA, John Brennan, un des nombreux anciens haut-responsables maintenant sur les ondes, s’est reconverti en analyste du renseignement et de la sécurité nationale pour NBC et MSNBC. Brennan était l’architecte de la désastreuse tentative d’armement des rebelles « modérés » syriens qui a coûté des centaines de millions de dollars, il a supervisé l’extension frénétique de l’utilisation des drones dans les zones de guerre et il a lancé le bobard selon lequel la Russie aurait manipulé la dernière élection présidentielle américaine. Les plus fins critiques de l’impérialisme, dont Andrew Bacevich, sont bannis, tout comme ceux qui critiquent le pouvoir des entreprises, dont Ralph Nader et Chomsky. Ceux qui dénoncent la gâchis au sein de l’armée, comme le Professeur Émerite Ted Postol du MIT, qui a révélé l’existence de l’inutile programme des missiles anti-balistiques à 13 milliards de dollars, restent non entendus. Les défenseurs de la couverture maladie universelle, comme le Dr. Margaret Flowers, sont maintenus à l’écart des débats nationaux portant sur les soins médicaux. Il existe une longue liste de ceux qui sont censurés. L’éventail des opinions acceptables est tellement étroit qu’il n’existe presque pas.

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